Messager Évangélique:Correspondance (octobre 1861)

De mipe
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Cher frère,

Quelques-uns de vos lecteurs n’ont pu admettre ce qui est dit dans les pages 213 à 215 du n° 11 de votre journal, concernant les mots éterneléternellement, qui, selon votre correspondant, ne désignent pas toujours ce que nous entendons ordinairement par ces mots : savoir, un état de choses qui subsistera à jamais ; — mais s’appliquent aussi en plusieurs endroits, soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament, à un état de choses limité, à une période de mille ans. Je prends donc la liberté de vous envoyer quelques passages à l’appui de cette assertion, afin d’aider vos chers lecteurs à comprendre la pensée qui me paraît établie par l’auteur de l’article en question.

1° Pour ce qui concerne la royauté terrestre, dirai-je, de Christ, nous lisons en Daniel 2, 44 : « Et, au temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais dissipé,… et il sera établi éternellement ». — Daniel 7, 27 : « … son royaume est un royaume éternel ». — Luc 1, 33 : « Et il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et il n’y aura pas de fin à son règne ». Maintenant, en connexion avec ces passages, il est bon de lire 1 Corinthiens 15, 24-28 ; parce que ce passage-ci jette un grand jour sur la portée que nous devons donner aux mots que j’ai soulignés. Voici donc ce qui nous est enseigné touchant le règne médiatorial de Christ, ce règne qui, dans quelques passages, est appelé éternel. L’apôtre nous dit ici que le Fils remettra le royaume à Dieu le Père et qu’après tout, Lui-même aussi sera assujetti.

2° Pour ce qui concerne la bénédiction rattachée à ce règne et de laquelle Israël jouira, le même mot est employé : voyez Ésaïe 60, 21 : « ils posséderont éternellement la terre ». — Joël 3, 20 : « La Judée sera habitée éternellement et Jérusalem d’âge en âge ». Il y a aussi plusieurs autres passages, où les mots perpétuel et perpétuité se rencontrent, avec un sens limité ; comme en Lévitique 16, 34 ; Nombres 25, 13 ; Psaumes 37, 39 et 132, 14. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de multiplier les citations sur ce sujet, celles-ci peuvent suffire pour aider nos chers frères à comprendre que l’Esprit de Dieu peut, à son gré, se servir d’un même mot tout en l’appliquant à deux états de choses entièrement différents, l’un limité, l’autre non. D’un autre côté, je ne crois pas qu’une telle assertion puisse ou doive jeter le trouble dans l’âme d’aucun de vos lecteurs, ni qu’elle ouvre une porte par laquelle l’ennemi puisse entrer pour saper l’assurance de la foi, concernant l’avenir glorieux qui est devant nous et les bénédictions qui nous y sont réservées. Des incrédules, il est vrai, pour nier l’éternité des peines réservées aux méchants, se sont servis de quelques-uns des passages que nous examinons : Luc 1, 33, par exemple ; mais cela n’a fait que donner plus de force aux paroles de l’apôtre : « que l’homme qui n’a que l’âme ne comprend pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu ». En outre, le Nouveau Testament emploie souvent une expression qui lui est particulière, par laquelle l’Esprit Saint désigne un temps illimité, éternel ; ce sont ces mots : « aux siècles des siècles », presque exclusivement employés quand il s’agit d’honneur, de louange et de gloire dus à Dieu. Voici quelques passages où ces mots se trouvent : Gal. 1, 5 ; 2 Tim. 4, 18 ; Héb. 13, 21 ; Phil. 4, 20 ; 1 Tim. 1, 17 ; 1 Pier. 4, 11 ; 5, 11 ; Apoc. 1, 6 ; 5, 13 ; 4, 10, etc.

Éphésiens 3, 21 nous découvre l’Église comme éternel centre de louanges pour Dieu. En Romains 11, 36 et 16, 27 (version nouvelle), le mot éternellement a le même sens et la même portée que l’expression « aux siècles des siècles » ; par conséquent il diffère ici, comme dans d’autres endroits, de l’emploi que l’Esprit en fait dans les passages que nous avons examinés plus haut.

Ces mots : « aux siècles des siècles », sont aussi employée quand il est parlé des peines éternelles, voyez Apocalypse 14, 10, 11 ; 20, 10 ; et du règne des saints quand l’état de choses qui doit succéder à celui qui subsiste aujourd’hui, sera manifesté : Apocalypse 22, 5.

Oh ! béni soit Dieu, de ce que dès maintenant, et par Sa grâce, nous pouvons Lui donner gloire, par Jésus Christ notre Seigneur !

Un de vos lecteurs.


À quoi nous ajoutons que les mots éternel, perpétuel, etc., signifient, en général, ce qui doit durer pendant toute une économie ou un état de choses, soit sur la terre, soit au ciel ; il suffit donc, en quelque sorte, pour déterminer si l’on doit leur donner un sens limité ou non, de juger, d’après le contexte, s’ils s’appliquent à la terre actuelle ou au ciel, à Israël ou à l’Église, au millénium ou à ce qui doit le suivre.

(Rédacteur)