Messager Évangélique:Explication de passages (juin 1861)/Partie 3

De mipe
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Un de nos abonnés a bien voulu compléter, par les lignes suivantes, la réponse que nous avions donnée à la page 138 à une question que, à dessein (nous l’avons fait entendre), nous ne voulions pas traiter plus à fond.

« En relisant et la question de la page 80, et la réponse donnée aux pages 138 et suivantes, il m’a paru qu’il y a quelques mots à ajouter.

Quant à la question, d’abord, elle a pour centre un mot français, par lequel les traducteurs ont, plus ou moins arbitrairement, traduit divers mots hébreux de l’Ancien Testament, ou grecs du Nouveau.

La réponse signale cet inconvénient et le corrige en donnant les divers mots hébreux ou grecs qui ont été traduits par enfer, et les passages où ils se trouvent. Mais elle s’en tient là, et ne donne ni la signification ni la portée de ces mots. Je vais essayer d’aller un peu plus loin, au risque, en étant moins prudent, de devenir plus téméraire.

Le mot shéol ne se trouve que dans l’Ancien Testament. Or ce livre, quoiqu’il parle de flammes éternelles (És. 33, 14), d’opprobres et d’infamies éternelles (Dan. 12, 2), et d’être exterminé éternellement (Ps. 92, 7), ne va pourtant au fond pas au-delà de ce règne dont la durée a été limitée dans l’Apocalypse à mille ans. Je crois donc qu’on peut en conclure que le mot shéol, là même où il s’agit d’un séjour des morts, ne comprend que le temps depuis leur mort jusqu’à la fin du règne, c’est-à-dire jusqu’au jugement final ; aussi l’a-t-on souvent traduit par sépulcre, et, comme le juste meurt aussi bien que le méchant, ce mot s’applique au lieu du séjour du juste aussi bien qu’à celui du méchant (Gen. 37, 35 ; 42, 38 ; 44, 29, 31 ; 2 Sam. 22, 6 ; Ps. 16, 10 ; 18, 5 ; 30, 3 ; 49, 15 ; 86, 13 ; 116, 3 ; És. 38, 10 ; Jon. 2, 3).

Dans le Nouveau Testament c’est ordinairement le mot hadès qui est traduit par enfer, et c’est effectivement par hadès que les Septante traduisent aussi ordinairement le mot shéol.

En tant que séjour des morts nous y voyons le riche de la parabole de Luc 16, et nous apprenons que pour lui c’était un lieu de tourments. Mais cette même parabole nous montre le pauvre, quoique reposant dans le sein d’Abraham, assez rapproché du riche pour qu’ils puissent converser ensemble, et je crois qu’on peut affirmer sans témérité qu’il était aussi dans le hadès. Au reste c’est le mot qui est employé dans Actes 2, 27, 31, traduction de psaume 16, 10, pour marquer le lieu dans lequel le Seigneur Jésus a séjourné entre Sa mort et Sa résurrection, et en 1 Corinthiens 15, 55, hadès désigne le lieu d’où sortiront les morts qui ressusciteront incorruptibles. Je crois donc que le hadès, comme le shéol, est le lieu où séjournent tous les morts quels qu’ils soient, avant la première résurrection (1 Cor. 15, 55), ou avant le dernier jugement (Apoc. 20, 13).

Le mot géhenne a évidemment une signification plus restreinte en ce qu’il désigne toujours un lieu de jugement (Matt. 5, 22, 29, 30 ; 10, 28 ; 18, 9 ; 23, 33 ; Marc 9, 43, 45, 47 ; Luc 12, 5).

Ensuite nous trouvons des expressions qui ne se rapportent que au lieu du jugement pendant le règne, comme :

La fournaise de feu ; là seront les pleurs et les grincements de dents (Matt. 13, 42, 50).

Le feu inextinguible (Matt. 3, 12).

Le feu (Matt. 13, 30).

Les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents (Matt. 8, 12 ; 22, 13 ; 25, 30 ; Luc 13, 28).

Les pleurs et les grincements de dents (Matt. 24, 51).

Le dehors (Matt. 25, 10 ; Luc 13, 25, 28).

Je pense que tout cela est compris dans la géhenne ; comparez Marc 9, 44, 46, 48.

Enfin nous trouvons une expression qui, sauf le jugement de la Bête et du faux prophète (Apoc. 19, 20), ne s’applique qu’au jugement final et éternel devant le grand trône blanc, c’est celle de étang de feu (Apoc. 20, 15), ou étang brûlant de feu et de soufre (Apoc. 21, 8) ; elle désigne donc le lieu des peines éternelles après ce jugement. »