Écho du Témoignage:Méditations sur le psaume 23/Partie 2
Avant d’en venir au verset 4, qui nous fournit une nuance plus prononcée encore des épreuves et des difficultés du désert, je voudrais considérer un instant une autre application du bois qui doit servir à notre édification.
En 2 Rois 6, 1-7, nous trouvons le récit des « fils des prophètes » se rendant sur les bords du Jourdain pour couper les troncs afin d’élargir leurs demeures. « Or les fils des prophètes dirent à Élisée : Voici, le lieu où nous sommes assis devant toi est trop étroit pour nous. Allons-nous-en maintenant jusques au Jourdain, et nous prendrons de là chacun de nous une pièce de bois et nous ferons là un lieu pour y demeurer. Et il répondit : Allez ». Les jeunes prophètes réclament avec sagesse la présence d’Élisée. Il consent à les accompagner et c’est alors qu’il opère en leur faveur un miracle qui leur épargne la perte du fer emprunté. « Et l’un d’eux dit : Je te prie, qu’il te plaise de venir avec tes serviteurs. Et il répondit : J’y irai. Il s’en alla donc avec eux ; et ils allèrent au Jourdain et coupèrent du bois. Mais il arriva que, comme l’un d’eux abattait une pièce de bois, le fer de sa cognée tomba dans l’eau ; et il s’écria et dit : Hélas ! mon seigneur, encore est-il emprunté. Et l’homme de Dieu dit : Où est-il tombé ? Et il lui montra l’endroit. Alors Élisée coupa un morceau de bois, et le jeta là, et il fit nager le fer par-dessus. Et il dit : Lève-le ; et cet homme étendit la main et le prit ».
Quelques-uns ont attribué une signification typique des plus profondes à cet incident qui, à une première considération, paraît sans importance ; d’autres ont craint de l’envisager de cette manière. Dans tous les cas, nous y rencontrons une illustration frappante de la puissance d’une vie de résurrection. Quant à la signification typique du Jourdain, tous la reconnaissent ; il est, nous le savons, le type de la mort. Le « fer de la cognée » était comme perdu et mort dans ses profondeurs. Mais ce qui est surtout intéressant et instructif en rapport avec ce miracle, c’est qu’Élisée était, en type, le prophète de la vie de résurrection. Il traversa le fleuve de la mort en compagnie d’Élie et fit dater son ministère de grâce et de puissance de résurrection du lieu et du moment où s’était accomplie l’ascension de ce prophète (2 Rois 2). Le ministère d’Élie, au contraire, était judiciaire dans son caractère. Son point de départ fut Sinaï, et cette montagne caractérisa tous les miracles qu’il opéra ; il ferma les cieux sur un peuple rebelle « et il ne plut point sur la terre durant trois ans et six mois ». Il fit tomber le feu du ciel sur les capitaines de l’idolâtre roi d’Israël. En Horeb il fut comme lié avec la loi violée et la responsabilité du peuple, de sorte que le jugement dut frapper son ministère.
Mais le point de départ d’Élisée est la résurrection et il se met en route les yeux attachés sur l’homme glorifié. C’est là que Dieu agit dans Sa grâce insondable — la place du Christ ressuscité Lui-même et des myriades de sauvés qui se groupent joyeusement autour de Lui. À peine les deux prophètes avaient-ils traversé le Jourdain, qu’Élie propose à Élisée de le bénir selon les désirs de son cœur. Non pas, remarquez-le, en rapport avec la loi ou les promesses terrestres, mais selon les désirs de son cœur. « Quand ils furent passés, Élie dit à Élisée : Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d’avec toi. Et Élisée répondit : Je te prie, que j’aie de ton esprit autant que deux ». Ils avaient laissé derrière eux la loi et la terre de la promesse ; la mort qui n’est que le jugement de Dieu contre le péché, se trouvait également passée, de sorte qu’Il demeurait libre de bénir. Voilà la grâce ! Et quelle signification cela donne au caractère de la mission d’Élisée et des voies de Dieu en grâce, par la mort et la résurrection de Christ jusqu’au temps actuel !
Mais repose-toi ici un moment, ô mon âme, et médite sur cette scène instructive. Dieu commence Son œuvre où Satan, le péché, et tout mal finissent la leur. Il vivifie les morts. Aucun mal ne peut jamais traverser la tombe de Christ. Le sentier de la vie et de la liberté sainte et heureuse se trouve au-delà du domaine de la mort. Élisée, remarque-le, retourne maintenant à Israël, mais tout est changé. Il agit en grâce selon le nouvel état de choses. Douce anticipation de ce Jésus ressuscité qui mourut pour nos péchés et pour la gloire de Dieu, de sorte que Sa grâce peut jaillir librement sur les enfants des hommes aujourd’hui, et le faire aussi d’une manière abondante à l’égard d’Israël aux derniers jours ! Élisée séjourne à Jéricho, le lieu maudit, mais il y apporte la puissance de Dieu en bénédiction et par cela éloigne la malédiction et purifie la source des eaux, de telle sorte que la mort et la stérilité du pays disparaissent. « Et les gens de la ville dirent à Élisée : Voici maintenant, la demeure de cette ville est bonne, comme mon seigneur voit ; mais les eaux en sont mauvaises, et la terre en est stérile. Et il dit : Apportez-moi un vase neuf, et mettez-y du sel. Et ils le lui apportèrent. Puis il alla vers le lieu d’où sortaient les eaux et il y jeta le sel, en disant : Ainsi a dit l’Éternel : J’ai rendu ces eaux saines ; elles ne causeront plus la mort ; et la terre ne sera plus stérile. Elles furent donc rendues saines, et elles l’ont été jusques à ce jour, selon la parole qu’Élisée avait proférée ».
Le sel est un symbole bien connu dans l’Écriture. Il représente ici la puissance de grâce en guérison, s’exerçant par le moyen de la mort et de la résurrection de Christ. La scène tout entière est richement et éternellement bénie. Le mal est vaincu, la malédiction est éloignée du pays — du monde — et spécialement de son peuple d’Israël ; et la source des eaux — la fontaine de la bénédiction — est assurée pour toujours. Le « vase neuf » peut, ce me semble, être considéré comme le type de l’état renouvelé de toutes choses sous le Christ dans les derniers jours. Le prophète se dirige ensuite vers Béthel qui, nous le savons, parle hautement de la fidélité invariable de Dieu envers Jacob et sa semence à jamais, et ainsi il lie désormais le peuple avec les conseils souverains de l’amour et de la grâce de Dieu. De là, le prophète s’en va à la montagne de Carmel, figure de la richesse du pays, associant ainsi le peuple avec la fidélité de Jéhovah et l’abondance de la terre. Quelle grâce ! La malédiction est ôtée — le péché effacé — la scène purifiée — la source des eaux assainie — le Dieu de Béthel reconnu et goûté, et les riches bénédictions du Carmel répandues sur tout le pays comme un champ fertile. Et malgré tout cela — ô vérité solennelle pour le temps actuel comme aussi pour tous les temps ! — si le témoignage de la grâce de Dieu est méprisé et Ses serviteurs injuriés, il faut que le jugement éclate (v. 23-24).
Voilà comment dans mes méditations, mes pensées se sont arrêtées à considérer le sentier mystérieux de ces deux grands serviteurs de Dieu, tel, du moins, qu’il est retracé dans ce second et merveilleux chapitre, tandis qu’en apparence ma méditation avait pour objet le miracle contenu dans le sixième. Mais le chemin que nous avons parcouru jette une lumière merveilleuse sur ce miracle qui nous paraît ressembler maintenant à un passage des Éphésiens ou de saint Pierre. « Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos offenses et dans vos péchés… il vous a vivifiés avec le Christ ». « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts ».
Il n’existe pas d’autre pouvoir pour sauver les perdus ou pour vivifier les morts que la croix de Christ. Quand l’arbre est jeté dans les eaux, le fer surnage. Du moment où la foi entrevoit la croix et où le Saint Esprit l’applique, l’âme est vivifiée ensemble avec Christ, ressuscitée ensemble et assise ensemble dans les lieux célestes en Jésus Christ. Tout cela s’opère en vertu de notre union avec Christ — dès le moment où nous croyons en Son nom et où nous nous confions en Sa croix. Mais jusque-là, hélas, l’âme est dans l’état de mort, quelles que soient ses apparences de vie, de gaieté ou de légèreté. Oh ! si seulement les pauvres âmes qui vivent dans l’indifférence en dehors de Christ pouvaient être rendues attentives à cela maintenant ! Quelle position que la leur ! Se trouver dans le lieu de la mort — les froides profondeurs du fleuve de la mort ! Quelle place basse et dégradante ! Quel avilissement pour une âme immortelle ! pour une âme qui peut être rendue capable par grâce de jouir de Dieu et de Son Fils, et de goûter à toujours toutes les gloires célestes !
Oh ! permettez-moi cette question : Où mon lecteur se trouve-t-il en ce moment ? Dans les profondeurs ou sur les hauteurs ? Il faut absolument que ce soit l’un ou l’autre, car il n’existe pas de place intermédiaire. Mourir dans le premier de ces états, c’est y demeurer à jamais — c’est être précipité dans un abîme d’angoisse et de désespoir. Il ne saurait survenir de changement après la mort. Et veux-tu, âme légère et étourdie, vendre ton bonheur éternel pour un moment de satisfaction présente ? Oh ! pourquoi être si insensée, si cruelle à l’égard de toi-même ? Était-ce convenable ou sage de la part d’Ésaü d’échanger tout le pays de Canaan contre un potage de lentilles, et cela parce que ce mets pouvait être savouré au moment même ? Trouves-tu qu’une telle conduite est grande, noble ou élevée ? Et y a-t-il chez toi de la sagesse à laisser échapper la Canaan céleste qui t’est présentée, pour jouir un instant seulement de ce que ce monde offre ? Je t’en conjure, réfléchis sérieusement à tout cela, cher et pauvre pécheur. Ta vie présente est des plus incertaines ; et quelles seraient les angoisses de ceux que tu laisserais sans aucune espérance dans ta mort ! Et pour toi, quelle éternité !… Qu’est-ce qui pourrait changer une coupe aussi amère ou lui ôter son fiel ? Oh ! toutes les considérations possibles te crient de regarder à Jésus maintenant, oui dès ce moment, avant même d’avoir mis de côté cette feuille. Que tes yeux et ton cœur s’élèvent à Lui. « Regardez à moi », dit-Il, « et soyez sauvés ». La grande œuvre de la rédemption a été achevée sur la croix ; il n’y a plus de raison pour un délai de ta part. « Tout est accompli ». Regarde seulement à Lui en croyant et te voilà sûrement et éternellement sauvé.
Mais, je le sais, quelques-uns allégueront comme excuse, que s’ils sont aussi morts et impuissants que l’était le fer au fond du courant, il faut qu’ils demeurent passifs dans tout le travail de la conversion. Il y a dans cette remarque une certaine mesure de vérité, qui est loin cependant d’être toute la vérité. L’âme est morte pour ce qui regarde Dieu et les choses spirituelles, mais elle est vivante quant au monde ; et, tandis qu’il n’y a ni cœur, ni énergie pour Christ et Son salut, on rencontre abondance de l’un et de l’autre pour les choses présentes ; aussi l’Écriture insiste-t-elle souvent sur la responsabilité du pécheur. Elle l’assure que l’œuvre par laquelle seule il peut être sauvé est achevée, et qu’il n’a qu’à le croire sur le témoignage ferme et positif de Dieu Lui-même, et, qu’en le croyant, il est sauvé et trouve un repos éternel en Jésus.
« Veux-tu aller avec cet homme ? ». C’est là une question tout à fait simple. Dites-moi quel est le pécheur qui ait quelque peu d’activité ou d’intelligence pour les choses présentes et qui ne puisse répondre : oui, ou non ?
« Crois au Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé ». « Or c’est ici le sujet du jugement, que la lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ». « Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car c’est ici le témoignage de Dieu qu’il a rendu au sujet de son Fils : Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au-dedans de lui-même ; mais celui qui ne croit pas Dieu, l’a fait menteur, car il n’a pas cru au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils ». « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Act. 16, 31 ; Jean 3, 19 ; 1 Jean 5, 9-10 ; Rom. 10, 13).
C’est ainsi que nous trouvons dans les types et dans les ombres, dans la réalité et dans la substance des choses, qu’il n’y a aucune vertu pour l’âme en dehors de Christ, de Christ crucifié. La connaissance de Jésus, de Son amour, de Sa croix, vivifie le pécheur mort et lui donne une place avec Jésus ressuscité. Elle fortifie le saint faible, relève l’esprit abattu, console l’âme affligée et brisée. Elle détruit la puissance des eaux du Jourdain et adoucit celles de Mara.
Verset 4. « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent ». — Ce verset de notre magnifique psaume est généralement envisagé comme décrivant l’expérience faite par le croyant dans le passage de la mort — la mort du corps. « La vallée » est considérée comme le sentier qui conduit d’une région de la vie à l’autre, et quoique ce sentier soit sombre et lugubre, le saint de Dieu n’a rien à redouter ayant le bâton du Berger pour le conduire et Sa houlette pour le soutenir et le fortifier.
Il y a assurément pour l’âme qui déloge toute raison de se reposer en toute tranquillité sur le Seigneur pour ce moment solennel et durant ce court et mystérieux passage ; mais je ne pense pas que le texte ait précisément ou uniquement rapport à l’expérience faite par le croyant quant à sa propre mort, mais plutôt à l’ombre épaisse que la mort d’un autre peut jeter sur son sentier à lui. Pour l’âme qui déloge, toutes les ombres s’enfuient ; mais ceux qui demeurent peuvent se trouver sous le poids de la tristesse et de l’abattement. Supposez qu’un cher et bien-aimé compagnon de voyage ait été recueilli dans les demeures d’en haut. Sa place est vide. Le cercle de famille est brisé par la douleur ; la scène entière est assombrie. Les pâles ombres de la mort jettent un voile sur toutes choses, et l’isolement éprouvé par le cœur ainsi déchiré transforme le sentier, autrefois si brillant et si joyeux, en « une vallée de l’ombre de la mort ». Mais les âmes heureuses des bien-aimés qui sont délogés reposent tranquillement dans la pure lumière de Dieu et dans la bénédiction sans mélange de Sa présence.
Dans le texte qui nous occupe, le pèlerin fait allusion, je n’en doute pas, à son passage à travers l’ombre de la mort et aux expériences qu’il y fait, et non pas à la mort elle-même. S’il s’agissait de sa mort à lui, elle ne pourrait être appelée une ombre. Traverser la mort, ou mener deuil en marchant à travers l’ombre de la mort, ce sont des choses qui diffèrent grandement.
Mais arrête-toi ici un moment, ô mon âme, car de semblables expériences réclament une sérieuse et profonde méditation. Il n’est pas, dans la création entière, d’événement plus solennel ! Le sanctuaire de Dieu est la place qui t’appartient. L’œil de Dieu, Sa parole et Son Esprit, peuvent seuls te guider.
L’expérience du croyant est changée, bien qu’il se trouve toujours sous les tendres soins du Berger et sous Sa main puissante. Oui, tout est transformé, transformé de lumière en ténèbres, de joie en tristesse, de force en faiblesse. Quelle transformation ! Au troisième verset le pèlerin goûte les eaux de Mara ; au quatrième il y est plongé. Mais c’est le Seigneur Lui-même qui l’a fait. Il faut donc que ce soit bien, sage et bon ; il faut que ce soit là certainement l’expression la plus forte de Son amour et de Ses soins les plus tendres comme Berger. « Tu es avec moi » — Oui, toi Seigneur, qui connais l’amertume des eaux et aussi la profondeur de ces mêmes eaux comme pas un des tiens ne les peut connaître.
Un de nos bien-aimés peut être malade, très malade, sans donner même aucun espoir de guérison ; toutefois l’âme est encore dans le corps, et nous pouvons encore échanger nos pensées. Mais du moment où l’âme a pris son essor vers le monde invisible, tout cela cesse, cesse d’une manière absolue, irréparable. L’être chéri qui nous a quittés est encore susceptible d’aimer. Que dis-je ? Plus que jamais il le fait, car « Dieu est amour » et le ciel est devenu sa demeure ; l’amour de l’affligé peut aussi être ranimé en une flamme ardente, et son désir de l’exprimer peut être devenu mille fois plus ardent : mais il n’y a plus possibilité de communiquer des pensées ou d’échanger des témoignages d’affection. Le sombre et impénétrable voile qui sépare les deux modes d’existence ne peut être écarté. La foi seule franchit la limite et contemple cet objet aimé se reposant comme chez lui dans le sein de Jésus, dans le paradis de Dieu. Pour un moment alors la vision est brillante, et quelques rayons de bonheur traversent l’esprit ; mais si un tendre souvenir vient émouvoir le cœur, de nouveau l’œil s’assombrit et une profonde tristesse s’appesantit sur l’âme. Tout semble avoir disparu, sauf la personne bénie du Seigneur ; mais Il est près, bien près, que Son nom en soit loué ! « Tu es avec moi ; ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent ».
Y eût-il seulement la possibilité d’échanger nos pensées et nos affections, quelle que pût être d’ailleurs la distance qui nous séparerait, ce ne serait plus la mort. Souvent, dans cette vie, nous nous séparons les uns des autres, sans que nous pensions pour cela avoir souffert une perte. Des lettres sont échangées ; et ainsi nous suivons en esprit les traces du cher absent et nous anticipons la joie du retour. C’est là la vie — l’objet des affections est possédé. Ce n’est plus la mort, ni ses ombres épaisses. Mais du moment que le Seigneur a retiré l’âme à Lui, toutes ces relations prennent fin et la terrible réalité de la séparation est sentie. Il se peut que le cœur brûle de la plus pure affection, car l’amour ne périt jamais — l’âme peut avoir besoin de dire quelque chose au bien-aimé absent ou d’entendre de lui quelques mots, mais tout est inutile. Le corps peut être là sous nos yeux et les traits n’exprimer qu’un paisible repos, mais tout ce qui pensait, aimait ou sentait est parti. Le silence règne, un silence indescriptible. Vous ne pouvez le réveiller, celui qui dort, et ce cœur qui aurait été ému par un soupir ou attendri par une larme, n’entend pas les sanglots les plus profonds et n’aperçoit pas les torrents de larmes qui sont versés. En vérité, c’est bien là la mort, la mort du corps mortel. Pour ceux qui demeurent c’est « la vallée de l’ombre de la mort ». Et parfois cette ombre parait si épaisse dans ce triste désert qu’il n’est pas jusqu’aux luminaires célestes qui ne semblent changés, et briller plutôt d’une manière tout autre.
Dans un tel moment, l’ennemi ne manque pas d’assaillir l’affligé de toutes parts au moyen de ses traits enflammés. Mille pensées peuvent surgir du passé ; et dans un instant la vie entière se présente à l’esprit plongé dans l’angoisse. Un temps mal employé, de précieuses occasions perdues, voilà les accusations qui, avec beaucoup d’autres, sont soulevées par l’Ennemi. Dans des circonstances aussi accablantes, une ferme confiance dans les déclarations simples et immuables de la vérité de Dieu peut seule soutenir l’âme ainsi frappée. Mais le bon et souverain Berger se tient là, tout près ; Il fait entendre Sa voix, et l’œil est tourné vers Lui. Il prend dans Ses bras l’âme fatiguée, la cache sur Son sein et l’élève bien au-dessus des sentiments de la nature et des malices spirituelles. Mais que seraient vraiment ces épreuves et ces luttes si nous ne pouvions avec vérité nous écrier : « Tu es avec moi, ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent » ?
Rien ne nous est connu de l’état et des occupations des bien-aimés qui nous ont devancés, sauf ce que les Saintes Écritures nous en révèlent. Mais, béni soit le Dieu de toute grâce ! la brillante clarté d’un ciel sans nuages resplendit sur la scène entière — les rayons de la lumière divine percent à travers les épaisses ténèbres des plus sombres jours terrestres et nous l’entrevoyons derrière le voile. De la chambre de mort jusqu’à la maison où il y a plusieurs demeures, un brillant chemin a été frayé et consacré pour le croyant par le Christ ressuscité et victorieux. La lumière de la gloire « a été maintenant manifestée par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1, 10).
Vérité glorieuse ! assurance précieuse pour le croyant — pour tout croyant dans le Christ Jésus ! — la mort a été abolie sur la croix et Jésus en a triomphé pleinement dans Sa résurrection ; par l’évangile, la vie éternelle pour l’âme et l’incorruptibilité pour le corps ont été mises en lumière d’une manière claire, évidente et parfaite. Il se peut qu’il y ait beaucoup de faiblesse chez plusieurs chrétiens dans la manière dont ils se saisissent de ces vérités précieuses, mais les faits bénis n’en demeurent pas moins les mêmes. Ils sont tous liés à la personne de Christ ; et, du moment où Il est reçu et cru, le croyant est associé à Lui, au-delà de la puissance de la mort et du sépulcre. « Je sais, dit l’apôtre, en qui j’ai cru et je suis persuadé qu’il est puissant pour garder ce que je lui ai confié jusqu’à ce jour-là » (v. 12). Christ personnellement était son objet, son seul objet. Tout ce qui tenait au cœur de l’apôtre, jusque dans la gloire, Lui était confié.
Que ces vérités sont puissantes ! Quel repos elles apportent à l’âme qui traverse la sombre vallée ! La mort annulée — la vie éternelle de l’âme possédée, l’immortalité du corps assurée, telle est la sûre portion de tous ceux qui se sont endormis en Jésus — de tous ceux qui peuvent dire avec l’apôtre : « Je sais en qui j’ai cru » — de tous ceux qui regardent simplement à Jésus par la foi et qui se reposent pour leur salut sur Lui seul.
Médite ici un moment, ô mon âme, sur cette merveilleuse révélation, sur cette brillante splendeur et cette force puissante qui jaillissent des régions de la tombe demeurées jusqu’ici sombres et obscures. La victoire est complète ! Christ a personnellement traversé les terreurs de la mort et écarté du sentier de tous ceux qui Le suivent, jusqu’à la moindre difficulté et au moindre danger. Celui qui est descendu dans les parties les plus basses de la terre se trouve maintenant dans la gloire. Et de cette gloire — la gloire de Dieu dans l’homme ressuscité — la lumière divine resplendit dans ces sombres et solitaires profondeurs. Les horreurs de la mort ont disparu, les ténèbres du sépulcre ont été illuminées et si les ombres de la mort s’aperçoivent, ce n’est plus que du côté humain ; elles ne sont éprouvées que par nos pauvres cœurs charnels.
La mort elle-même, si justement appelée le roi des épouvantements, est complètement vaincue par l’homme. Chacune des circonstances qui accompagnent la mort et le sépulcre est assujettie et pour toujours. Le Seigneur est ressuscité des morts et Il nous associe avec Lui-même dans Sa vie de résurrection, Sa puissance et Sa gloire. Dans quelle position bénie nous avons été amenés ! Nous sommes placées sur le même terrain de triomphe que le vainqueur Lui-même, et nous jouissons avec Lui des trophées de Ses victoires.
Qu’est la mort ? Qu’est-ce que le passage de la mort ? Quelles en sont les issues ? Voila autant de questions qui jusqu’à maintenant n’avaient pas été pleinement résolues dans les Écritures. Jusqu’au temps où notre précieux Sauveur est apparu, est mort, est ressuscité et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile, on ne connaissait relativement que peu de chose sur ces sujets solennels. Sûrement, les âmes pieuses qui, dans les temps de l’Ancien Testament, avaient été amenées par l’Esprit à se confier en Dieu pour les jours de leur pèlerinage, ces âmes, dis-je, pouvaient aussi se reposer sur Lui en pleine paix à l’heure de leur départ. Le dernier aperçu que nous avons de Jacob est réellement admirable. Nous le voyons comme un pèlerin âgé appuyé sur son bâton et adorant le Dieu vivant. Le tableau que présente Joseph est celui de la paix et du triomphe. « Par la foi, Jacob en mourant bénit chacun des fils de Joseph et adora appuyé sur le bout de son bâton. Par la foi, Joseph en terminant sa vie, fit mention de la sortie des fils d’Israël et donna un ordre touchant ses os » (Héb. 11, 21-22).
Mais, pour le Juif comme tel, le sujet de la mort était évidemment un sujet plus sombre qu’il ne l’est pour le chrétien ; et, en conséquence, l’application du verset 4 (psaume 23) diffère quelque peu dans le dernier cas. C’est des Juifs que l’apôtre parle lorsqu’il dit : « qui par la crainte de la mort étaient assujettis toute leur vie à la servitude ». Il se peut que des chrétiens tombent dans cet état et que d’autres y aient toujours été, mais c’est assurément contraire à la réjouissante lumière et à l’heureuse liberté de l’évangile. Ceux qui sont dans un tel état n’ont jamais, nous le craignons, ni vu ni compris que le grand principe sur lequel Dieu bénit le chrétien est la mort et la résurrection de Christ. L’union avec Christ, voilà le seul fondement de notre paix avec Dieu et de notre plein affranchissement de toute crainte de la mort.
Il est vrai aussi que, pour le Juif comme tel, ce monde était la terre des vivants ; c’était le lieu de sa bénédiction. La grande promesse faite à l’obéissance était celle-ci : « Afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l’Éternel ton Dieu le donne ». « N’eût-ce été, dit le psalmiste, que j’ai cru que je verrais les biens de l’Éternel en la terre des vivants, c’était fait de moi » (Ps. 27, 13). Pour le chrétien, nous pouvons le dire, c’est la terre des mourants. « Je meurs chaque jour », dit Paul. C’est aussi la terre de la mort — la mort du Seigneur Jésus Christ ; en conséquence c’est la vallée de l’ombre de la mort. La croix a projeté ses ombres épaisses sur la scène entière. Où donc, demandera-t-on, se trouvent la joie et la bénédiction du chrétien ? Dans les lieux célestes en Christ.
Le ciel est la demeure du chrétien ; il est loin de chez lui en ce monde. Comme hommes, nous disons du lieu de notre naissance que c’est notre pays ; le chrétien a donc le droit de dire du ciel que c’est son pays. Il est né de Dieu — né en haut. Et la place, les circonstances, et la compagnie qui conviennent à sa nature comme enfant de Dieu, se trouvent dans les lieux célestes. Jamais, jamais il ne saura ce que c’est de respirer l’air natal et de se sentir chez lui, jusqu’à ce qu’il atteigne les rivages de sa patrie. Aussi, les soupirs et les désirs instinctifs du cœur d’arriver à la maison du Père, sont-ils seuls naturels.
Ici, dans ce corps de péché et de mort et durant le temps de notre séjour dans ce monde mauvais où Christ a été crucifié, nous pouvons jouir d’une bonne mesure de communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ par la puissance du Saint Esprit ; mais c’est là un effet de la grâce au milieu du mal, et de la présence du Saint Esprit dans le croyant. Le Père prend soin des enfants — le Berger veille sur le troupeau, et la présence du Saint Esprit sur la terre est la puissance par laquelle nous jouissons de notre héritage en haut.
Mon âme, c’est là une grande et importante vérité ; je veux dire la vérité qui a trait à la nouvelle naissance — la nouvelle vie — cette vérité que tu es née de Dieu, née d’en haut et vivifiée ensemble avec Christ ! Quoi donc ! que résulte-t-il de cela ? Que tu es un enfant de Dieu, un héritier de Dieu et un cohéritier de Christ, placé en Lui bien au-dessus de la puissance de la mort et du sépulcre. Je le répète, médite d’une manière profonde et soutenue sur ce que renferme cette vérité étonnante, merveilleuse. La connaissance que tu en retireras sera puissante pour te faire comprendre les expériences du désert, pour te soulager des pesants fardeaux du désert, et répandra un flot de lumière sur la sombre vallée.
Il n’est pas douteux que tous ceux qui ont été vivifiés depuis l’entrée de la mort par le péché, ont reçu leur nouvelle vie par Christ et par la puissance du Saint Esprit. L’apôtre faisant allusion aux saints de l’Ancien Testament s’exprime ainsi : « l’Esprit de Christ qui était en eux ». Il est cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui, au temps convenable, a été manifestée. Il n’y a pas d’autre vie, il n’y en a nulle part ailleurs pour l’âme morte dans ses fautes et dans ses péchés. « Et c’est ici le témoignage, que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans Son Fils. Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. Qui croit au Fils à la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (1 Jean 5, 11-12 ; Jean 3, 36). Et cependant, bien que, dès le commencement, la vie n’ait été trouvée qu’en Christ et par Lui, il paraît évident que la condition de la vie goûtée par le chrétien est toute différente de celle que possédaient les saints de l’Ancien Testament. « Je suis venu afin qu’elles aient la vie et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10, 10). Cette vie abondante, nous n’en doutons pas, c’est la vie en résurrection (Jean 20, 22).
Non seulement le chrétien est un enfant de Dieu, mais il est aussi vivifié ensemble avec Christ, ressuscité ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes en Jésus Christ. Remarquez maintenant dans quelles scènes de bénédictions cette grande vérité — cette union avec Christ introduit le croyant. Unis à Lui, la Tête glorifiée, nous sommes faits participants de tous les privilèges de Sa propre position devant Dieu.
Il est la source jaillissante de la vie nouvelle du croyant ; elle est entretenue par Lui continuellement. Ni le péché, ni Satan, ni la mort ne peuvent jamais y toucher. Le chrétien a commencé déjà, par la foi, son éternité avec Christ, aussi n’a-t-il pas besoin d’attendre pour cela d’être par la mort ou par la venue du Christ.
Le fondement pour l’âme de toute cette grande vérité c’est la mort et la résurrection de Christ. Celui qui n’a pas connu le péché a été fait péché pour nous afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. Dans la grandeur de Son amour Il a porté le fardeau de nos péchés en Son corps sur le bois et a goûté la mort dans toute son amertume pour nous ; Il a aboli le péché qui était la source et l’aiguillon de la mort et cela par le sacrifice de Lui-même. Mais Dieu a ressuscité Son Bien-aimé et nous a vivifiés ensemble avec Lui, de telle sorte que nous connaissons maintenant, d’une manière assurée, béni soit Son nom, que notre nature mauvaise a été jugée et que notre péché et nos péchés ont été entièrement effacés — que la justice a été divinement accomplie — que notre paix avec Dieu est faite et que nous sommes un avec Jésus ressuscité, dans une sphère toute nouvelle, où aucun mal ne peut pénétrer et où la lumière de la face de Dieu resplendit sur nous d’une manière parfaite et pour toujours (2 Cor. 5, 21 ; 1 Pier. 2, 24 ; Héb. 2, 9 ; 9, 26 ; Col. 2, 12-13 ; Éph. 2 ; 1 Cor. 15).
C’est la seule position de laquelle la mort puisse être envisagée franchement et avec calme. De même autrefois Josué, laissant la rive de Canaan, revint jusqu’au centre du Jourdain et y planta douze pierres de triomphe. Placé du côté céleste, il pouvait contempler avec calme la rivière de la mort et redescendre jusque dans ses profondeurs. Mais les sacrificateurs étaient là devant lui, avec l’arche de l’alliance ; et avec « le Seigneur de toute la terre », il était aussi facile de traverser le Jourdain que la mer Rouge.
Mais pour l’homme naturel qui sait n’être ni pardonné, ni sauvé, la mort doit être une chose épouvantable. S’il s’arrête tant soit peu à cette pensée et s’il y a chez lui de l’intelligence et de la franchise, cette idée doit être pleine de terreur. La mort et le jugement, fruits du péché, sont les deux grands sujets de la frayeur de l’homme, et cela bien justement. Oh ! combien doivent être terribles en vérité, pour une âme immortelle, les conséquences de la mort et du jugement ! Et combien aussi la mort est humiliante pour l’homme naturel ! Il succombe. L’homme fort doit se courber et s’humilier devant elle. Le riche et le savant sont aussi incapables l’un que l’autre de l’éviter ou de lui résister. C’est un ennemi implacable qui ne peut être apaisé ou renvoyé, et contre lequel on ne peut se mettre en garde ; il est avide, rapace, insatiable.
Mes sollicitations seront-elles assez puissantes pour engager mon lecteur à prêter une sérieuse attention à ce sujet, si du moins il se trouve dans la condition qui vient de nous occuper ? Mais que ce soit maintenant ! oh ! tout juste maintenant, sans un délai quelconque. Le temps s’enfuit, les jours s’envolent et ceux qui te restent sont peut-être bien courts. Alors que t’arrivera-t-il ? Les siècles éternels commenceront et avec, une éternité de bénédiction ou d’angoisse sans mélange.
Dans tout le vaste champ de la nature humaine déchue, il n’est rien de plus affreux que la mort. Car dans ce champ aussi bien que dans la forêt, « au lieu auquel l’arbre sera tombé, il demeurera ». Que c’est solennel ! Éternellement solennel ! C’est dans l’état où la mort rencontre une âme que cette âme sera trouvée aussi devant le grand trône blanc et durant la longue, longue éternité. Au-delà de la mort, le temps de la repentance n’existe plus. Le sort est invariablement fixé du moment où l’esprit quitte le corps. C’est là le dernier changement, un changement qui ne doit être remplacé par aucun autre à jamais. Oh ! alors cher lecteur, prête l’oreille aux affectueuses supplications de quelqu’un qui aime ton âme et qui t’avertit solennellement de ne pas négliger son salut ! « Car que profiterait-il à un homme de gagner le monde entier s’il fait la perte de son âme ? ». Le monde matériel tout entier ne vaut pas, à beaucoup près, dans l’appréciation du Sauveur, une seule âme immortelle… Et il se peut que le bonheur éternel de ton âme précieuse ne t’ait pas, une fois même, occupé sérieusement. Les choses les plus ordinaires de cette vie, ou peut-être même le soin d’orner ta personne, ont plus de part dans tes pensées que l’éternelle destinée de ton âme ou que les souffrances et la mort de Christ par lesquelles seules tu peux être sauvé.
Prête ton attention, je te prie, mon compagnon de péché, à ce sujet de toute importance. Coûte que coûte, cède à ses droits pressants. Cela devrait-il t’occasionner la rupture de plus d’un engagement pris quant à cette vie ou la ruine de toutes tes espérances terrestres, ne t’arrête pas à cela ; oh ! ne permets pas que de semblables considérations te retiennent sur le terrain enchanté de ce monde ou qu’elles t’empêchent de te décider pour Christ. Rappelle-toi, et la chose est évidente aussi bien que certaine, que celui qui n’est pas du côté de Christ, est du côté de Satan et partagera avec lui l’étang de feu. C’est là la seconde mort. Pensée terrible ! Oh, que te dirai-je ? Comment plaiderai-je avec toi ? Tomberai-je à tes pieds pour y répandre mes larmes suppliantes ? Serai-je comme un fou à tes yeux ? Mes instances paraîtront-elles être les paroles d’un fanatique ou celles d’un juste entre tous ? Eh bien soit, que tout cela se dise et plus encore. La conviction me presse de parler, et non les convenances. Je serai satisfait pourvu que, te jugeant toi-même, tu fuies aussitôt vers Jésus lequel a payé la rançon pour le rachat du pécheur. Te voir à la fin, comme un joyau dans la couronne du Sauveur, ou comme un monument de la grâce sur les plaines éternelles de la gloire, ne serait-ce pas une riche compensation à l’épithète de fou ou d’insensé qui peut m’être donnée dans ce monde ? Je le dis sérieusement, des larmes de sang, s’il m’était possible de les répandre, ne seraient pas trop pour exprimer le malheur d’une âme qui refuse la provision que Dieu a faite pour Sa propre gloire dans notre éternel bonheur.
Jésus, le saint et bienheureux Fils de Dieu, « a été fait un peu moindre que les anges… de sorte que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour chacun » (Héb. 2, 9). Tout est simplement exprimé là. Si ceux qui prêchent exagèrent parfois, les Écritures ne le font jamais. Que nous apprend alors ce texte ? Tout naturellement cette vérité-ci que le péché non jugé amène le pécheur précisément à la place où la grâce de Dieu a amené Christ. C’est en grâce et en amour qu’Il prit la place du pécheur — la place de la malédiction — la place de l’abandon dans laquelle il n’était pas possible que la coupe de la colère s’éloignât de Lui. À la croix, nous voyons où le péché conduit — ce qu’il mérite et comment Dieu le traite. Sans nul doute, le péché a été mesuré et traité dans la sainte personne de Jésus comme il ne pourra l’être, même dans l’étang de feu. La haine de Dieu contre le péché a été parfaitement exprimée à la croix. Une seule goutte de cette coupe qu’Il dut boire jusqu’à la lie — un seul coup de ce jugement qui tomba entièrement sur Lui suffirait pour précipiter dans les profondeurs d’un abîme de désespoir tout un monde de pécheurs rebelles. Mais, dans ce lieu, hélas ! la coupe ne sera jamais vidée, le jugement jamais épuisé.
Ne pouvons-nous pas nous écrier, en vérité : Si ces choses ont été faites au bois vert, que deviendra le bois sec ? Si le seul arbre vrai et vivant a senti d’une pareille manière les flammes de la justice divine, comment un arbre sec et pourri les soutiendra-t-il ? Si Celui qui n’avait pas en Lui-même une parcelle de péché a été ainsi traité lorsque le péché Lui a été imputé, où paraîtra l’impie et le pécheur ? À quoi, mon ami, te servirait le roseau pourri de tes bonnes œuvres dans les eaux grossissantes du Jourdain ? Il est une chose parfaitement claire, c’est que celui qui rejette aujourd’hui l’arbre vert de Dieu, n’aura rien à dire lorsque plus tard Dieu rejettera le sec.
Oh ! que le Seigneur fasse que ce ne soit jamais ton cas, mon lecteur, ni celui d’aucune âme qui aura une fois lu ou entendu ce texte magnifique : « Jésus a été fait un peu moindre que les anges… de sorte que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour chacun ». Quelle révélation du cœur de Dieu pour nous, « par la grâce de Dieu » ! Et quelle œuvre bénie accomplie par le Fils ! Il a goûté la mort pour que nous ne sussions jamais ce qu’elle est. Oh ! crois-le — repose-toi sur Jésus — confie-toi en Son œuvre accomplie, et glorifie-toi dans ce fait que le Dieu de toute grâce t’aime et qu’Il a donné Son Fils bien-aimé afin qu’Il goûtât la mort pour toi, pécheur. Oh ! que je puisse maintenant entendre de ta bouche ces mots : « Que le Seigneur soit béni ! Il a goûté la mort pour moi pécheur, je le crois maintenant ; l’amertume de la mort est passée et, eussé-je mille cœurs, Il les posséderait tous ».
Oui, mon âme, plaide encore, plaide avec ferveur, auprès des pécheurs qui ne sont pas préparés à la mort. « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint », dit l’apôtre, « nous persuadons les hommes ». Mais maintenant, pour un moment, arrête tes regards sur le triomphe du saint dans cette heure si solennelle ! Tu as considéré le côté humain, le côté de la sombre vallée, mais vois à présent le côté céleste, le chemin de la gloire. Suppose donc ceci :
Le messager de paix est venu — venu pour clore dans un tranquille repos les jours d’un pèlerin qui a passé peut-être une quarantaine d’années dans le désert. Il est, dirons-nous, fatigué par la marche, mais ses sympathies sont toutes avec Christ et avec les siens, et il affectionne le témoignage de Jésus sur la terre. Mais le temps déterminé par le Seigneur est venu. Le lien est rompu ; le corps tombe, mais l’âme heureuse est libérée — elle est présente avec le Seigneur.
Ici arrête-toi un moment, ô mon âme. Dis-le moi : Qu’est ce lien qui vient de se rompre ? Le lien qui enchaîne la vie divine dans le vaisseau de terre. « Car nous savons que si notre maison terrestre, qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux ». L’apôtre parle ici au nom de tous les chrétiens. « Nous savons ». Rien, absolument rien, dans un cas pareil, qui présente la mort comme « les gages du péché ». Christ notre garant a subi pour nous le châtiment, et d’une manière si complète, pouvons-nous dire, qu’il n’est pas du tout nécessaire que le chrétien meure. Et ce qui est certain, c’est que tous les chrétiens ne mourront pas. « Nous ne nous endormirons pas tous », dit clairement l’apôtre, « mais nous serons tous changés ». Et ailleurs : « Puis, nous les vivants qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Cor. 15, 51 ; 1 Thess. 4, 17). La dissolution de la tente, qu’elle soit brusque ou paisible, ne porte pas atteinte à la vie éternelle de Jésus ressuscité. Elle ne fait que dissoudre ses relations avec le vaisseau de terre. L’homme nouveau en Christ ne peut jamais goûter la mort.
Mais il peut être profitable de s’arrêter quelques instants sur cette vérité consolante et bénie à laquelle il vient d’être fait allusion, c’est-à-dire, que les chrétiens ne mourront pas tous, mais que beaucoup seront seulement changés et enlevés ensemble avec les morts ressuscités pour rencontrer le Seigneur en l’air. Il ressort, d’une manière évidente, des passages déjà cités, que ceux qui seront vivants sur la terre lorsque le Seigneur viendra, ne passeront pas du tout par la mort. Dans leur cas, comme le dit l’apôtre, « ce qui est mortel sera absorbé par la vie ». La puissance de vie dans le Fils du Dieu vivant sera telle que toute trace de mortalité dans la nature humaine disparaîtra instantanément de devant Lui. Ce sera englouti — annihilé. Et remarquez que, dans ce passage, c’est la mortalité et non la mort qui est dite absorbée par la vie. La mort aussi, nous le savons, sera engloutie en victoire. Dans un cas, l’apôtre fait allusion à ceux qui se sont endormis en Jésus ; dans l’autre, à ceux qui seront vivants sur la terre à Sa venue. Combien la parfaite exactitude des Écritures est magnifique et intéressante ! Si un seul mot est changé, ce changement est motivé par une cause importante. Les mêmes vérités, et la distinction qui existe entre elles, sont enseignées par le Seigneur lorsqu’Il parle de Lui-même comme la résurrection et la vie. « Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais » (Jean 11, 25, 26).
Mais pouvons-nous être surpris de cette manifestation de la puissance de vie dans le Seigneur qui vient ? Le péché, nous pouvons le dire, n’est qu’une chose accidentelle ; il n’a pas de part dans les arrangements divins ; il fut introduit par l’Ennemi. Mais jusqu’au moindre petit atome de ce poison du péché sera entièrement détruit, ainsi que ses pernicieux effets, pour les saints qui vivront à la venue du Seigneur. Il n’y a pas de nécessité à ce qu’ils meurent : Christ mourut pour eux. Oh ! combien cette pensée est douce ! Ce sera le même corps, mais sans le péché ni aucune de ses conséquences. Les corps de notre humiliation seront modelés sur Son corps de gloire, et cependant l’identité de chacun sera parfaitement conservée. Tout cela, remarquez-le, sera opéré par la puissance d’une vie que nous voyons maintenant en Jésus ressuscité ; et, ô vérité merveilleuse, cette vie est à nous — à nous maintenant — à nous en Lui où tout est victoire !
Il est intéressant, au plus haut point, de considérer ce que nous pouvons appeler les quatre phases dans lesquelles la vie divine est ici envisagée par l’apôtre (2 Cor. 4, 6-18 ; 5, 1-9). Mais, bien qu’elle soit vue sous quatre différents aspects, cette vie demeure invariablement la même. C’est la vie éternelle — la vie du Christ ressuscité et glorifié.
Au troisième chapitre, il avait parlé de l’évangile en contraste avec la loi — du ministère de la justice et de l’Esprit, en contraste avec le ministère de mort et de condamnation. La loi, en tant que présentant les justes droits de Dieu sur l’homme, le condamne aussitôt parce qu’il la viole. Mais l’évangile, au lieu de requérir la justice de l’homme, révèle celle de Dieu. Christ Lui-même est cette justice ; et lorsqu’Il est reçu par la foi, nous sommes faits justice de Dieu en Lui, et scellés du Saint Esprit. Et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté — liberté de l’asservissement de la loi et de la crainte de la mort.
Christ glorifié est le fondement de cette argumentation tout entière. « Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit ». L’homme Christ Jésus, qui a été sur la croix pour nous comme le porteur de notre péché, est maintenant assis sur le trône. Preuve bénie pour nos cœurs que toute la question du péché a été parfaitement et éternellement réglée. L’humanité a été portée sur le trône de Dieu et la gloire divine est pleinement révélée dans l’homme ressuscité. Il est aussi la manifestation bénie de notre place et de notre portion dans la même gloire. Ô vérité précieuse ! la contemplation de cette gloire, telle qu’elle resplendit en la face de Jésus, nous transforme à Son image par la puissance du Saint Esprit. Seigneur, accorde-moi la grâce de pouvoir vraiment méditer avec bonheur et intelligence sur ta propre gloire et d’en être ici, sur la terre, le véritable reflet !
L’apôtre prêchait au monde les bonnes nouvelles de Christ dans la gloire. « Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons le Christ Jésus comme Seigneur ». Il annonçait Christ victorieux du péché, de Satan, de la mort et du tombeau. Il invitait et sollicitait les pécheurs à croire en un Christ glorifié — à venir à Lui par la foi, à jouir de l’amour et à partager les bénédictions et les gloires du Sauveur. Christ a établi la justice pour le pécheur en la présence de Dieu, de sorte qu’il n’y a plus de place pour le doute ou la crainte. La pleine bénédiction est promise à tous ceux qui se confient en Lui. « Oh ! que bienheureux sont tous ceux qui se retirent vers Lui ». Quelle immense puissance dans un tel évangile ! mais aussi quelle faiblesse caractérise nécessairement tous les autres ! Tous ceux qui croient à l’évangile prêché par Paul sont introduits dans la pure lumière de la gloire, telle qu’elle est révélée en Christ. Ceux qui refusent la lumière sont malheureusement aveuglés par Satan, le dieu de ce monde. Quelle pensée ! En refusant le Sauveur glorifié, ils tombent, hélas, entre les mains de l’ennemi.
Le sixième verset donne l’explication de ce que nous appelons la première phase ou le premier état. « Car c’est le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir des ténèbres, qui a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ ». Le cœur est le vaisseau de la lumière. Une étincelle venue de la gloire est allumée dans le cœur humain. La vie divine, ainsi communiquée par la foi en un Christ glorifié, nous oblige à la manifester comme une lumière resplendissant dans les ténèbres : c’est la lumière de la vie, et elle provient directement de Dieu. Celui qui a d’abord dit à la lumière de resplendir des ténèbres a maintenant relui dans nos cœurs. Christ est notre vie, notre lumière, notre gloire. Dans ce monde obscur et ténébreux, et aux yeux des hommes, nous sommes appelés à être le reflet de notre Seigneur absent. C’est là la première phase de la nouvelle vie. Et combien elle est importante ! Quelle place elle nous donne ici-bas ! Les hommes de ce monde qui se refusent à lire la Bible et les livres religieux liront sûrement la vie des chrétiens. Oh ! que ne sommes-nous des épîtres de Christ lues et connues de tous les hommes ! De même que le Juif pouvait lire les dix commandements en portant les yeux sur les tables de pierre, oh ! que les yeux de ceux qui nous entourent puissent aussi lire Christ dans notre marche et notre conversation journalières.
« Mais nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous ». Voilà le second état. La vie divine est vue en contact avec le corps mortel et avec les infirmités et le mal qui s’y rattachent. Mais aucun mal ne peut jamais porter atteinte à la vie de Christ dans l’âme. Plus le vaisseau était assailli de toutes parts, plus il devenait évident que la puissance de Dieu s’y trouvait. Chez l’apôtre, elle s’élevait au-dessus de tout pouvoir de la mort et triomphait de toutes les difficultés de son sentier épineux. « Car nous qui vivons, dit-il, nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ». Cette mort journalière donnait plus d’éclat à la splendeur de la vie de Jésus. De même qu’avec les cruches de Gédéon, la lumière resplendit après que le vase a été rompu. Mais quelle expérience ! Quel combat ! Quel service ! Ses afflictions nombreuses et pesantes, il les considère comme légères et pour un temps en comparaison du poids éternel de gloire qu’il aperçoit devant lui. Encourage, Seigneur, et fortifie maintenant les cœurs de tes faibles et tristes enfants qui sont si loin de l’exemple que leur a laissé ton serviteur Paul !
Nous arrivons maintenant au troisième état, à l’état du dépouillement qui est celui dont s’occupe plus immédiatement notre méditation. Paul aurait préféré être dans cet état-là, bien qu’en même temps il vit dans l’homme Christ, glorifié dans le ciel, l’état parfait ou de résurrection qui est le quatrième. Le corps alors rendu parfait sera glorifié selon l’image de Christ en gloire. C’était le grand objet toujours présent à l’esprit de l’apôtre : « Car aussi nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, étant chargés ; non pas que nous désirions d’être dépouillés, mais nous désirons d’être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie » (voyez aussi Phil. 3).
Le quatrième état se trouvant à la venue du Seigneur, nous avons plus de lumière et un enseignement plus précis à ce sujet que sur l’état intermédiaire. Relativement peu nous est dit de cette troisième condition où l’âme est séparée du corps. Un voile est jeté dessus, nous n’en doutons pas, afin que cela ne vienne pas se placer entre nos cœurs et la venue de Jésus. Si toute la bénédiction que goûte maintenant l’âme qui est avec Jésus, nous avait été pleinement révélée, nous aurions été peut-être assez égoïstes pour y penser et pour la désirer avec une telle ardeur que le retour du Seigneur aurait perdu sa place et sa puissance dans nos cœurs. Le Saint Esprit sauvegarde de toutes manières et avec un soin particulier l’espérance de l’Église. Mais quoiqu’Il révèle assez pour répondre aux besoins de la foi quant aux bien-aimés qui nous ont devancés, toutefois, par amour, une lumière plus entière est refusée. Médite profondément, ô mon âme, sur ce qui est révélé et sois-y plus soumise ; et puisque tu connais l’amour de Jésus et l’immutabilité de ta vie divine à travers tous les changements, tu trouveras là une interprétation facile pour toutes choses.
« Car pour moi vivre, c’est Christ », dit l’apôtre, « et mourir un gain ». C’est là un contraste. Vivre, c’est Christ ; mourir serait un gain même sur cela. Plus loin, il ajoute : « Je suis pressé des deux côtés ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur ». « Avec Christ » serait son « gain » ; ce serait « de beaucoup meilleur ». Mais, avant tout, examine soigneusement l’état béni qu’il met en contraste avec le départ pour « être avec Christ ».
« Car pour moi vivre, c’est Christ ». Dans quelle proximité de Christ, dans quelle communion avec Lui doit se trouver le serviteur qui peut dire une pareille chose ! Elle renferme premièrement l’idée d’avoir Christ pour objet, pour motif, pour joie et pour force ; et puis aussi elle révèle un grand amour pour l’Église, un intérêt tendre et profond pour tout ce qui concerne le nom et la gloire de Christ et le bien-être de Son peuple. « Car pour moi vivre, c’est Christ », voilà qui résume en deux mots, avec l’énergie de l’Esprit, tout ce cœur ardent, toute cette brillante lumière, tout ce noble serviteur. Vient ensuite cette question importante : Quel serait le « gain » que la mort apporterait à une telle personne ? Elle serait « avec Christ » — dans la jouissance de Christ et personnellement dans le ciel. Ceci est, pour l’autre côté, comme un nouveau résumé présenté par l’énergie de l’Esprit de toute la bénédiction céleste « avec Christ ». Mais, demandera-t-on peut-être, l’âme ne perdra-t-elle pas beaucoup de ses jouissances actuelles lorsqu’elle aura atteint les choses plus élevées ? Assurément non ! Elle possédera celles-ci conjointement avec celles-là. C’est là le point qui est d’un intérêt si profond pour l’état de dépouillement. Nous ne pourrons jamais rien perdre de ce que nous possédons maintenant dans la communion avec Christ, parce qu’Il est déjà ressuscité et glorifié. Il est notre vie et cette vie n’a pas d’épreuve à subir. Elle laisse seulement, dans la mort, le corps misérable et embarrassant dans lequel elle a gémi étant chargée. Tout ce que nous connaissons maintenant, et toutes les choses dans lesquelles nous pénétrons par l’enseignement de l’Esprit, subsisteront à toujours. Nous ne perdons que ce qui appartient au premier Adam, mais rien absolument de ce qui appartient au second. Il y a une immense force dans le contraste que l’apôtre exprime par ces deux mots : beaucoup meilleur — beaucoup meilleur ! Cela sera vrai de tout ce qui concerne les relations de l’âme avec son Seigneur, soit quant aux choses plus élevées, soit quant aux choses plus basses.
Il n’est plus en notre pouvoir de communiquer au cher absent ce qui lui aurait donné de la joie tandis qu’il était ici-bas ; mais puisqu’il est présent avec le Seigneur, nous pouvons joyeusement compter sur Lui pour communiquer Lui-même à cet être aimé tout ce qui est digne de Son amour et tout ce qui est propre à augmenter le bonheur et à élever l’adoration. Tout est bien ! oui, réellement bien ! « Absent du corps, présent avec le Seigneur ». Dans quelle mesure l’âme séparée du corps peut-elle rendre ce qu’elle éprouve, c’est ce que nous ne pouvons définir ; mais, dans sa radieuse conscience d’elle-même, elle se souvient et elle aime. Ses pensées sont occupées du passé et du présent, et elles anticipent l’avenir. L’âme, ainsi heureuse, attend patiemment, avec Christ, le matin de la première résurrection, mais Son amour invariable et éternel est le festin béni qu’elle goûte actuellement.
Je voudrais encore faire allusion à un seul passage qui traite de ce sujet. Ce passage a toujours été le favori des pèlerins fatigués. Je veux parler des paroles adressées par le Seigneur au brigand converti : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». La douceur, la consolation et le repos de cœur que cette assurance procure, surpassent toute expression. L’âme est là « avec le Seigneur » et avec les bien-aimés qui nous ont devancés, revêtue de lumière et respirant une atmosphère céleste. Une mère a retrouvé son premier-né qui, depuis longtemps l’avait précédée, mais qu’elle n’avait jamais oublié. Quelle source nouvelle d’adoration pour elle ! « Magnifiez l’Éternel avec moi, et exaltons Son nom tous ensemble », voilà quel sera leur joyeux cantique. Là aussi, un mari rencontre la femme de sa jeunesse qui de bonne heure lui avait été redemandée, mais dont le cœur a été formé — pour un amour éternel. Il est vrai que les relations humaines y seront inconnues, mais les cœurs avec l’amour qui les remplit demeureront à jamais.
Mais à moins d’anticiper l’état de résurrection nous laissons, oui, même avec bonheur, nous laissons nos chers et bien-aimés absents « avec le Seigneur » dans le florissant jardin des plus riches délices du ciel. Pour le moment, nous cheminons souvent par la foi, entre la sombre vallée et ce brillant Éden d’en haut ; mais bientôt, oui bientôt, le Seigneur viendra. Toi, le Seigneur de cet heureux pays, dis-le, quand sera-ce bientôt ? Oh ! quand poindra le matin sans nuages ? « Encore un peu de temps ». Voilà la mesure que le Maître détermine Lui-même pour Son absence. Et lorsque cet heureux matin luira, nous aussi nous dirons adieu à cette vallée de larmes. Le travail de la foi sera achevé « car nous Le verrons comme Il est ». L’espérance aussi sera réalisée alors dans la personne du Seigneur. « Et ils verront Sa face ». Ces choses de toute importance pour la traversée de la vallée ne seront plus nécessaires. La foi, si habituée à prendre son essor, repliera alors ses ailes et pour jamais. Adieu, foi précieuse à laquelle je dois tant ! L’espérance bienheureuse qui a soutenu mon âme sera perdue dans les gloires de la Jérusalem céleste ; mais l’amour demeure ; oui l’amour, l’éternel amour, subsistera à jamais au milieu des rachetés.
Mais qu’arrivera-t-il, ô mon âme, à ce pauvre corps qui gît maintenant dans le tombeau ? Ce corps maintenant dans l’humiliation partagera, avant longtemps, la gloire éternelle avec l’âme. Les Écritures sont explicites sur ce point. Encore un ou deux passages et puis j’arrête ma méditation.
« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous ? » (1 Cor. 6, 19). Remarquez que le Saint Esprit a pris possession du corps. Il l’a ainsi approprié à Dieu. Le texte eût-il dit : « votre cœur est le temple du Saint Esprit », la question des affections aurait pu être soulevée, mais il s’agit du corps, ce qui nous assure clairement que le corps mort ou vivant est sous la garde du Saint Esprit — que, désormais Il est Lui-même le gardien du corps du croyant. Ailleurs, il est dit : « Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par Son Esprit qui habite en vous » (Rom. 8, 11). Ici il n’est pas seulement dit « vos corps », mais « vos corps mortels », ce qui parle au cœur dans la grâce la plus touchante. Mais quel volume complet nous possédons sur cette vérité en 1 Corinthiens 15 : « Le corps est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité ; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire ; il est semé en faiblesse, il ressuscite en force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel… Et comme nous avons porté l’image de Celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste ».
Nous faut-il davantage, ô mon âme, pour assurer le repos au cœur le plus aimant ? Que la patience ait son œuvre parfaite, le « peu de temps » sera bientôt écoulé. « La lamentation loge-t-elle le soir chez nous, le chant de triomphe y est le matin ».