Écho du Témoignage:Communion avec Christ/Partie 1

De mipe
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Toute notre bénédiction — tout ce que Dieu a à nous donner, et tout ce que nous pouvons recevoir — découle pour nous du fait béni que nous sommes associés avec le Christ de Dieu, dans Sa position comme rejeté sur la terre mais honoré dans le ciel.


De notre association avec le Christ Jésus dans Sa mort

Romains 6, 5. — « Si nous avons été identifiés[1] avec lui (Christ) dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection ».

Adam (le premier) devint transgresseur en Éden. Il y eut mort morale[2] dans le paradis ; pour ce qui est de la mort du corps, c’est hors du jardin qu’on la vit pour la première fois. En se rendant coupable de transgression, l’homme se plaça sous la colère, sous une colère dont toute la force ne se verra point jusqu’à l’infliction de la seconde mort.

Or, la miséricorde de Dieu s’est montrée en ceci — que, lorsque l’homme, comme tel, tous les hommes, se trouvaient sous le juste jugement de Dieu contre le péché de leur premier père Adam[3] — que tout homme avait reçu de ce chef de famille la loi du péché et de la mort dans ses membres — que chacun était en lui-même, de fait, aussi pécheur, et beaucoup, aussi, transgresseurs de la volonté connue de Dieu — s’aimant eux-mêmes, et haïssant Dieu et se haïssant les uns les autres — Dieu a donné Son Fils, en amour, afin que quiconque croirait en Lui ne pérît point, mais qu’il eût la vie éternelle. Ce Fils de Dieu alla, comme Fils de l’homme, à la croix, et y reçut — et dans quelle pleine mesure ! — les gages amers du péché dans Sa mort sur la croix. Quoique personnellement innocent, et non seulement innocent mais d’une pureté incorruptible, et qu’Il n’eût encouru aucune pénalité, Il fut traité comme s’Il était le seul qui eût encouru une pénalité — comme s’Il était coupable. Il lui fut donné une coupe à boire — la coupe de la colère, qui était due à nous seuls — et Il la but à notre place. Et maintenant, la voie est ouverte à Dieu pour agir envers ceux qui sont personnellement coupables sous la pénalité, comme s’ils étaient innocents et libres de toute pénalité. C’est cette voie qu’Il propose aux pécheurs. Son amour, Sa miséricorde et Sa compassion à procurer une pareille voie, ainsi que la perfection de l’œuvre, se voient dans l’évangile.

Dans un champ où le péché est entré, et par le péché la mort — où la sentence de mort repose sur tous, en ce que tous ont péché — où tous sont morts par l’offense de leur source commune — tous sous un jugement de condamnation, la mort régnant sur eux en ce qu’ils sont pécheurs et transgresseurs — nul n’étant capable de détourner la pénalité, nul en état de la porter — dans ce champ-là, dis-je, a été introduite la doctrine de la grâce par le moyen du Seigneur Jésus Christ. « Le don gratuit » ; « la grâce de Dieu, et le don par la grâce » ; « le don gratuit vient de plusieurs offenses en justification » ; « ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront en vie par un seul, Jésus Christ » ; « par une seule justice accomplie (les conséquences de cette justice furent) envers tous les hommes en justification de vie » ; « où le péché abondait, la grâce a surabondé, afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice en vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur » : — telles sont les expressions dans lesquelles le cinquième chapitre de l’épître aux Romains nous présente ce sujet béni.

Revenons maintenant à notre passage de Romains 6.

Dans toute religion qui repose sur ce que l’homme, comme créature, peut faire, on prend pour le moment certaines choses pour accordées : on suppose qu’il se trouve en lui une certaine puissance — qu’il peut, au moins, y avoir une certaine bonté de volonté, car, autrement, pourquoi et comment chercherait-il à traiter pour son propre compte avec Dieu ? S’il s’estimait ruiné sans espoir, sans force ni volonté pour Dieu, il essaierait difficilement d’utiliser son temps de manière à se préparer pour la mort et le jugement. Car, qu’il soit réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela d’être jugés, c’est une vérité qui caractérise non seulement la réalité de la position de l’homme comme créature, mais aussi toutes les pensées religieuses qu’il a comme créature. Comme créature tombée, il a à affronter la mort et à venir en jugement. La religion de la grâce est en parfait contraste avec cela : en elle, la mort et le jugement sont derrière nous, et non pas devant nous.

Ceci change tout ; car, évidemment, le croyant est rattaché par là à un système dans lequel une simple créature humaine, comme telle, n’a point place. Comme créature, je ne vais pas au-delà du champ des pensées d’une créature et de la ruine dans laquelle je suis ; je pense à employer ma vie de manière à faire face à la mort et à subsister au jugement. Mais, comme croyant, j’ai à faire avec la puissance de résurrection qui a fait sortir Christ du tombeau ; et la mort et le jugement sont derrière moi, pour que je sois capable de vivre dans la grâce. Quant à être sur les deux terrains à la fois, ou avoir un pied sur l’un, et l’autre pied sur l’autre, c’est absolument impossible.

Moi, la vie naturelle — la mort et le jugement à venir — tout cela est en contraste avec Christ, autrefois mort mais à présent vivant aux siècles des siècles, avec la puissance de la résurrection, le ciel et la gloire.

Je ne pense pas que les chrétiens aient remarqué suffisamment le contraste, ou qu’ils aient dans la mesure convenable le sentiment de l’impossibilité qu’il y a pour une personne de se trouver dans un temps donné sur les deux terrains. La religion de la nature suppose que je suis vivant ; celle de Christ que je suis mort et enseveli. La religion de la nature humaine déchue suppose que j’ai plus de pouvoir maintenant que je suis tombé, que n’en avait l’homme avant sa chute ; c’est-à-dire, que je puis détruire les effets de la chute dont mon premier père ne s’est pas gardé lui-même ; la religion de la grâce pose que la puissance est toute en Dieu et en Christ. La première suppose que je puis subsister devant Dieu dans mes péchés pour régler mes affaires avec Lui ; la seconde déclare que le Christ de Dieu a tout réglé devant Dieu, quand Il a été abandonné sur la croix, parce qu’Il portait mon fardeau et subissait la pénalité que j’avais encourue.

Un homme ne saurait être en Christ et hors de Christ dans le même temps. S’il est en Lui, tout est réglé ; s’il est hors de Lui, il est perdu.

Mais pour ce qui concerne le croyant en Christ : « Demeurerons-nous dans le péché ? » dit Paul. Loin de nous cette pensée. Si nous y sommes morts, comment y vivrions-nous ? Nous avons été identifiés avec Jésus Christ dans Sa mort — baptisés pour le Christ Jésus — baptisés pour Sa mort.

Placé sous une sentence de jugement pour la transgression d’Adam, moralement mort moi-même — transgresseur aussi et pécheur — je n’avais en moi-même rien à attendre que le châtiment, les conséquences pénales de cet état de péché. Mais Christ a subi la peine, a pris sur Lui, dans la coupe amère, les conséquences pénales, le châtiment qui m’était dû ; et la grâce m’a identifié avec Lui — m’a enseveli, par le baptême, pour Sa mort. La peine subie, je suis net. J’ai été identifié avec Christ dans la ressemblance de Sa mort, de telle manière que, aussi certainement qu’Il était personnellement innocent, Lui qui fut regardé comme coupable sur la croix, tout le moi, qui était si affreusement coupable, est tenu pour innocent. Christ était le Fils bien-aimé en qui Dieu a toujours mis Son bon plaisir. Il n’y avait en Lui, ni dans tout ce qu’Il fit, rien qui pût Lui attirer de la part de Dieu autre chose que Sa faveur. Même en allant à la croix, Il ne faisait qu’obéir : « Obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix » ; « la coupe que mon Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? ». « Voici, je viens pour faire, ô Dieu ! ta volonté ». Il n’y avait rien qui L’exposât à la colère, Il n’avait encouru aucune peine ; mais Il se chargea, Lui, le juste, du châtiment qui nous était dû. Il voulut se présenter au jugement à notre place. C’est de moi, de moi-même qu’il s’agit, et non de mes actions, de mes pensées, ou même de mes intentions. Ce qu’un homme est, l’état de son être, est infiniment pire que ses actions[4]. J’étais coupable, exposé à la colère de Dieu en raison de ce que j’étais ; mais, par la mort de l’innocent, je suis innocent devant Dieu.

En ce qu’Il est mort, Il est mort une fois pour toutes au péché[5] (Rom. 6, 10). Il n’y a qu’un sens dans lequel il peut être dit de Christ qu’Il est mort au péché, c’est dans ce sens qu’Il en a porté la peine. Nous étions moralement morts et sous la sentence de mort. Christ a subi la sentence, et pour tous ceux qui croient, toute l’affaire est finie. Le jugement d’Adam est passé et exécuté. La sentence contre toutes nos transgressions, tous nos péchés, péchés d’omission, et péchés de commission — et cela aussi, contre la racine même de toutes ces choses, le péché dans notre nature — est exécutée et passée, et ne peut plus jamais revivre. Ce qui était impossible à l’homme — ce qui, dans la nature des choses, semblait absurde — Dieu l’a rendu véritable pour la foi. « J’ai à vivre de manière à être en état, si possible, de rencontrer la mort, et ensuite de subsister devant Dieu dans le jugement », dit l’homme pensif et inquiet en dehors d’Éden. « Dieu a mis la mort et le jugement pour toujours derrière moi », tel est le langage de la foi ; « par la mort du Seigneur Jésus, ils sont passés pour moi, et non pas à venir ».

La foi laisse Dieu être véritable, quoique tout homme soit menteur, et, en conséquence, la foi reçoit le témoignage de Dieu. Celui qui a la foi est mort au péché ; — il a été baptisé pour la mort de Jésus Christ ; — enseveli avec Lui par le baptême pour la mort ; — le vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé ; celui qui est mort est quitte du péché, etc. Oui, tout ce dont l’homme dans sa condition naturelle d’homme dans sa nature déchue, avait à rendre compte à Dieu, tout ce qu’il pensait avoir à régler avec Dieu, mais que jamais il n’eût pu régler, tout cela a été réglé et expié entre Dieu et Christ. Dans la nature, la mort est pour l’homme la porte par laquelle il sort de la vie — de cette vie-ci — et entre dans le monde invisible ; et la seconde mort est la réalisation pleine et entière de ce qui dans la présence de Dieu constitue l’angoisse préparée pour le diable et ses anges, dont l’homme a été l’esclave. Dans la grâce, la mort de Christ est, pour la foi, la réponse, placée dans le passé, à tout ce qui était, ou semblait être, contre nous ; elle est la porte d’entrée de la vie — porte où toute notre culpabilité est laissée, car là le jugement contre nous est passé — porte dans la vie éternelle où tout est vie, amour et faveur.

Dans la dernière partie de Romains 5, Paul avait montré les deux chefs de race, Adam et Christ, et fait ressortir le contraste entre les positions et les portions de ceux pour lesquels ils étaient respectivement chefs de race devant Dieu. Dans le chapitre 6, il montre de quelle manière on passe de la position en Adam, dans laquelle sont tous les hommes par le fait de leur naissance, à la position en Christ qui appartient seulement à ceux qui ont la foi, et reçoivent la grâce que Dieu présente à la foi. La foi et la confession à salut (dit la Parole) nous identifient avec Christ ; et avec Christ non pas seulement comme Celui qui a des mérites et contre lequel personnellement ne peut s’élever d’accusation, mais avec Christ qui a subi dans Sa propre personne toutes les conséquences justement dues à tout ce à quoi nous étions exposés — envisagés comme faisant partie d’une race déchue, comme ayant en nous la loi du péché, comme ayant fait le péché, et comme ayant à rencontrer la mort et le jugement. Pas un seul article, pas un seul point de tout ce qui s’élevait contre nous, à quoi il n’ait été satisfait ; et plus encore, car « moi » — la créature déchue, moi, je suis mort. La foi nous place de l’autre côté de la mort et du jugement ; cela ne fait point partie de notre portion, héritage, ou lot, par Adam ; mais la foi nous établit dans la vie éternelle, et nous donne le ciel et la gloire. Pour la nature et le sens commun, comme dérivés d’Adam, la chose est impossible, déraisonnable, absurde ; et pour la nature, elle suppose une confusion du passé et de l’avenir. Quoi ! moi qui suis ici, avec la mort et le jugement devant moi, je dois considérer la mort et le jugement comme étant derrière moi ! Ainsi peut parler la nature, et elle pourrait bien ajouter : Il serait plus facile que le soleil s’arrêtât encore sur Gabaon et la lune sur Ajalon (Jos. 10, 12) — plus facile que l’ombre retournât encore en arrière des dix degrés par lesquels elle était descendue (2 Rois 20, 11 ; És. 38, 8), qu’il n’est possible que la chose soit ainsi ! Mais, pour la foi, c’est, et non seulement cela. Par la foi, non seulement je puis dire que je suis mort et que j’ai passé le jugement, de telle sorte qu’il ne peut y avoir rien contre moi, car qui punira un homme mort qui déjà a été pleinement jugé ? — la justice de Dieu, justice due à Christ qui mourut pour moi, est ma sûreté ; — mais je puis dire que je suis de nouveau vivant pour toujours, d’une vie que la mort ne saurait toucher, qui ne connaît pas de sépulcre, et est au-delà du jugement — bien plus, dans laquelle le jugement est changé en victoire.

C’est ainsi que Dieu estime, compte la chose, et, en conséquence, elle est sûre. Mais, en même temps que cela est vrai et assure tout pour la foi qui croit à la Parole écrite de Dieu, nous avons mieux que la simple connaissance que c’est ainsi compté et estimé : car le pourquoi de cela est révélé. Dieu nous a donné l’Esprit de Celui qui — étant saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, Lui-même le Juste — est mort pour nous, injustes. Cet Esprit nous a communiqué la nature divine, nous sommes nés d’une semence incorruptible. Et quoique les corps dans lesquels nous demeurons ne soient pas encore renouvelés, ils sont toutefois rachetés ; et la puissance qui les changera et les renouvellera se trouve en Celui qui est assis à la droite de Dieu. La grâce qui m’a fait un avec Christ — la grâce qui a donné Christ pour être la Tête de Son corps, l’Église — la grâce qui a voulu faire connaître en nous ses immenses richesses au moyen de l’amour de Dieu, sont le pourquoi et la cause de cette estimation, de ce compte que fait Dieu.

Je puis aussi signaler une différence, et pour une conscience en la présence de Dieu, et pour un homme renouvelé, elle est très importante — la différence entre, d’un côté, le fait que moi, dans ma nature, j’ai à mourir lorsque la providence de Dieu amène le moment pour cela, et ensuite à paraître en jugement devant le grand trône blanc après que les mille ans sont finis ; et, d’un autre côté, le fait que le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ, pour Lui assurer une race, a exécuté la sentence de mort et a opéré mon acceptation actuelle en dedans du voile où Christ, rejeté sur la terre, est assis à Sa droite ; et le moyen par lequel cela est effectué — la mort sur la croix, sous l’effet du jugement, du Fils de l’homme, qui était divinement parfait, et toutefois (preuve de Sa perfection) prit ma place et porta mon jugement. Lui-même, le juge des vivants et des morts, n’oubliera jamais Son jugement comme porté par Lui-même pour moi.

La différence est immense ; parce que c’est tout autre chose que les choses soient réglées conformément aux droits de Dieu en tant que Créateur sur une créature, ou qu’elles le soient conformément au droit de Dieu comme rédempteur pour se faire Lui-même un nom en déployant les richesses de Sa grâce dans le salut de rebelles.

La foi sait que c’est accompli ! Non pas seulement la mort de Christ sur la croix, mais la nôtre aussi à la culpabilité et à tout châtiment, par Lui. C’est accompli, la peine est subie, la culpabilité est passée ; nous étions coupables et sous le châtiment, mais nous n’y sommes plus, car la pénalité a été subie — c’est accompli ! Pour ce qui concerne la plupart des chrétiens, la vérité dont je parle ne s’est pas saisie de leurs cœurs, et leurs cœurs ne se sont pas saisis de cette vérité.

Quand ils pensent à ce qu’ils étaient par nature, ils savent peut-être que dans Sa miséricorde et Sa compassion, Dieu a trouvé en Christ une réponse à tout cela. Mais leur pensée à la plupart d’entre eux, est plutôt comme s’ils étaient un avec Christ expirant sur la croix, qu’un avec Christ comme ayant passé par la mort mais désormais vivant aux siècles des siècles. Leur esprit ne voit point la sentence comme ayant été jusqu’à présent pleinement exécutée — et ils n’ont jamais de paix solide. Ils veulent que leur vieil homme, leur moi originel soit encore en vie devant Dieu, quoique peut-être près de mourir. Quelques-uns pensent que ce vieil homme, ce moi originel, a encore à être crucifié, pour qu’ils puissent trouver acceptation auprès de Dieu ; mais naturellement, ils ne trouvent pas de quelle manière réaliser cela. D’autres en parlent aussi comme étant en voie de crucifixion, mais comme ne devant mourir que lorsque le corps et l’âme seront séparés ; — naturellement la paix est alors renvoyée jusqu’à la mort. D’autres encore demandent dans leurs prières que nous mourrions en Christ ; appliquant ainsi à tort à la question de leur acceptation solennelle devant Dieu, des passages qui, dans l’Écriture, s’appliquent à la marche de quelqu’un personnellement accepté. Ce verset, par exemple : « Par votre confiance que j’ai dans le Christ Jésus, je meurs chaque jour », est souvent appliqué de cette manière ; or, il ne signifie rien de pareil, mais bien une chose toute différente, savoir, que Paul ne se préoccupait aucunement de la conservation de la vie de son corps dans son état actuel, parce que sa résurrection était assurée ; et de plus, pour lui vivre c’était Christ, et mourir était gain. Il est encore deux autres passages dont on fait ainsi bien tristement un mauvais emploi, Romains 8, 13, et Colossiens 3, 5. Dans l’un et l’autre c’est de la marche et de l’œuvre de personnes acceptées que Paul parle, et non de l’œuvre par laquelle on obtient d’être accepté.

Dans le premier de ces deux versets, remarquez-le, la mortification des actions du corps découle de la vie en Christ et est le sentier dans la vie, la vie en gloire. Dire que la vie s’obtient par la mortification des actions du corps, c’est du romanisme et du légalisme de la pire espèce. Puis, quant à Colossiens 3, 5, il suffit de la simple lecture du passage : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est votre vie sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire. Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité qui est une idolâtrie » (v. 3-5).

Et observez ce que sont les membres dont il s’agit, la fornication, l’impureté, etc. Et (v. 6) ce sont les choses qui attirent la vengeance sur les fils de désobéissance — les choses qui caractérisaient autrefois ceux auxquels Paul écrivait (v. 7), mais qui ne devaient plus les caractériser maintenant. En outre, n’y a-t-il pas bon nombre de chrétiens qui ignorent réellement la force de la mort de Christ en jugement comme leur substitut, par suite d’un système qui, tout en reconnaissant Christ comme vivant afin d’intercéder pour eux, suppose leur vieux moi coupable vivant et reconnu aussi comme vivant et coupable devant Dieu ? Pendant qu’ils sont en saint commerce avec Dieu et avec l’Agneau, ils ont un sentiment béni actuel de l’abolition de leur culpabilité, ou, plutôt, ils oublient tout ce qui la concerne, et jouissent de leur acceptation et de leur sécurité ; mais quand ils se trouvent dans la routine de la vie ordinaire, ils sont, dans leurs propres pensées, véritablement coupables. Le fait est, qu’au lieu d’avoir été une fois pour toutes déchargés de tout ce qui appartient au premier Adam, et mis dans la liberté de marcher dans la puissance d’une nouvelle vie en Christ, ce sont des manquements et des péchés habituels, et une recherche nouvelle du pardon, de la paix et de l’acceptation qui marquent leur état et le cours de leur vie. L’habitude de manquer et de pécher se trouve ainsi justifiée. Adam est honoré et nourri et reconnu comme vivant, est soigneusement conservé, et il doit bien lui être permis de respirer et d’agir, pendant qu’il est en vie, conformément à sa nature — c’est-à-dire, de pécher ; et ils pensent que c’est là ce qui constitue une vie chrétienne, savoir, le soin de laver constamment, par de nouveaux recours au trône de la grâce et au sang devant ce trône, la souillure qui provient de nous-mêmes. Une vue pareille est la négation pratique que nous sommes morts avec Christ, et mène à la sanction du péché, et à la négation de la perfection du sacrifice offert une seule fois et de la purification du péché faite une seule fois aussi. Je ne l’ai jamais rencontrée là où il y avait une vue nette de la vie nouvelle en Christ ; elle ne pouvait même pas exister dans un cas semblable ; bien plus, on ne saurait avoir une vue nette de la vie nouvelle en Christ, à moins que l’on ne voie que nous sommes morts quant à tout ce que nous étions selon Adam : morts quant à la peine qu’il a encourue et à sa seigneurie sur nous.

Croyant en Christ, je suis un avec Lui. Un avec Celui qui (n’étant pas injuste, mais bien le seul juste) mourut pour moi (qui étais injuste) ; en tant que devant Dieu je dois reconnaître que si je suis si indissolublement un avec Christ dans Sa mort, par grâce et par la puissance divine, que je suis délivré de la position que j’avais en Adam, que Dieu n’a rien contre moi. Je suis justifié sur les chefs d’accusation : 1° que je suis un descendant d’Adam le rebelle ; 2° que j’ai une nature portée au péché par la loi du péché et de la mort dans la chair ; 3° que les résultats de cette nature en moi ne sont pas selon Dieu mais Lui sont contraires. À chacun de ces chefs d’accusation, je puis dire que j’étais coupable, mais que je suis net comme quelqu’un qui était coupable mais qui a été justifié. Je suis personnellement accepté — je n’ai pas de pardon à demander en vue de l’acceptation de ma personne — tout le pardon dont j’avais besoin en ce sens-là est par Christ mort et enseveli. Je n’ai pas besoin en ce sens-là de purification nouvelle, ni que Christ ou bien meure de nouveau ou répande plus de sang, ou offre de nouveau Son sang, ou m’en fasse encore l’application ; Ses mains, Ses pieds, Son côté et Son front, aussi bien que le fait qu’Il est assis à la droite de Dieu, me disent que tout cela est accompli. Je suis donc libre de marcher dans une vie nouvelle, savoir, dans la vie sans mélange que je possède en Christ, qui est en Dieu. Sûrement il n’existe pas en Lui de mélange de la vieille vie d’Adam le rebelle, et de la nouvelle vie du Christ de Dieu. Oui, dira-t-on, mais pour ce qui concerne les manquements pratiques, en avez-vous fini avec Adam ? N’avez-vous pas dans vos membres une loi de péché et de mort ? Que faites-vous de cela ?

Voici quelle serait ma réponse à une telle question. — Je puis envisager les choses : 1° selon Dieu, et selon la présence de Dieu, ou, 2° selon l’homme et la présence de l’homme, ou, 3° selon ce qui sera lorsque Dieu amènera les siens chez Lui en Sa propre présence.

1° Touchant les choses vues selon Dieu et la présence de Dieu, je ne puis savoir quoi que ce soit si ce n’est par l’Écriture. « Il est écrit » est la seule explication des pensées de Dieu pour ceux qui ont la foi et sont conduits par l’Esprit. Or, selon cette Parole, je trouve que ce que Christ a fait quant à ceux qui Lui sont unis, à Lui qui mourut une fois, quoiqu’Il vive maintenant aux siècles des siècles, les a déchargés personnellement et individuellement de toute culpabilité. Qui condamnera — qui mettra quelque chose à la charge de ceux que Dieu a justifiés par la mort et la résurrection de Christ ? Tout ce que j’étais, comme issu d’Adam, appartenant à Adam et en Adam, Christ l’a pris sur Lui-même ; ce que tout cela était a été pleinement manifesté une fois pour toutes sur sa croix, et le jugement qui devait frapper cela a été porté par Lui ; et d’un autre côté, tout ce que Christ était et tout ce qu’Il est, est à moi dans l’efficace de la vie nouvelle dans laquelle je suis associé avec Lui. Il y a même plus que cela, car la garantie que j’ai d’être plus tard avec Lui et semblable à Lui, se trouve en Lui-même qui est caché en Dieu ; et la réponse à toute ma marche dans le désert comme chrétien ici-bas se trouve en Lui comme vivant d’entre les morts, avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste.

2° Selon l’homme et la présence de l’homme. Le fait que je suis personnellement sans culpabilité devant Dieu, n’ôte pas de mes membres la loi du péché et de la mort. Alors, direz-vous, il me faut pécher encore et toujours manquer. Nullement. La loi du péché et de la mort est laissée en moi à cause du bon plaisir de Dieu, qui, comme le Dieu vivant, s’est plu à entreprendre de conduire Lui-même les siens à travers le désert. Il veut que nous trouvions grâce pour faire choix de Lui et de Ses voies de préférence à nous-mêmes et à nos propres voies ; et Il nous laisse pleinement le temps de faire voir si nous voulons nous identifier avec Lui qui s’est identifié le premier avec nous, si nous voulons nous approprier et Son sentier et Lui qui nous a appropriés à Lui-même. Ceci, toutefois, est du domaine du gouvernement de Dieu dans le temps ; de Dieu gouvernant les voies et formant pour l’éternité le caractère de ceux qu’Il a sauvés d’un salut éternel. Comme, selon l’homme et dans la présence de l’homme, je désire me justifier d’avoir salué Jésus Christ comme l’unique Sauveur, et préféré la justice qui est sur le principe de la foi à celle qui est sur le principe des œuvres ; je désire prouver que les œuvres de l’Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus sont meilleures que les œuvres de la chair sous la loi ; selon la nouvelle nature, je désire justifier Dieu, et Christ, et l’Esprit de grâce, contre le monde, Satan et la chair. Pour moi vivre c’est Christ et mourir c’est gain, car l’inscription « en toutes choses plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés », n’est point effacée de notre bannière. Je ne suppose pas un moment que le péché soit ôté de mon corps ; cela ne doit pas être ; en tant que chrétien, je ne désire même pas que cela soit pendant que je suis dans le désert. Dieu m’en garde. Non ; mais étant occupé de Christ en haut et de Christ dans la gloire qui vient, je puis, non pas moi pourtant, mais Christ qui habite en moi, le tenir assujetti. En mortifiant son corps et l’asservissant, Paul pouvait faire ce que Saul ne pouvait pas — rendre son corps et tous ses membres propres à glorifier Dieu, et se donner au service de Christ en dépit de Satan qui, au moyen de la convoitise et du train du monde, avait jadis été son maître absolu. Paul était par grâce lui-même le maître, quand il marchait près du Seigneur et réalisait la douceur de la victoire, non pas seulement sur celui qui avait été son maître, et sur les circonstances, mais encore sur lui-même.

La puissance de cette vie qui est la nôtre et de cette marche que nous devons suivre ici-bas ne se trouve pas dans la mort de Christ, bien qu’elle nous affranchisse de la voie de l’homme et de la terre, pour vivre la vie de Christ et du ciel sur la terre. N’était la mort de Christ, il n’y aurait pas une telle liberté ; mais la puissance de notre vie et de notre marche ici-bas gît dans la grâce vivante d’un Christ vivant. Tête au-dessus de toutes choses de Son Église qui est Son corps, et Lui-même le grand souverain Sacrificateur — le capitaine du salut. C’est comme vivant d’entre les morts qu’Il nous garde, que si nous manquons Il nous restaure, et qu’Il lave les siens de la souillure qu’ils contractent dans le désert à mesure qu’ils le traversent. Au lieu de cela, le misérable système que je signale nie dans la pratique cette grâce présente du Dieu vivant, et en niant notre mort par le moyen de Celui qui mourut, nous laisse continuer de pécher, et dans l’incertitude travailler en vue du pardon ; et il nie aussi pratiquement l’existence d’une Église militante sur la terre, ainsi que la grâce de Dieu qui, tout en assurant le salut de Lot aussi bien que celui d’Abraham, laissait à chacun après qu’il était sauvé de faire voir sa propre marche et les expériences qui en étaient la conséquence dans le désert[6].

3° Quant à ce qui sera quand Dieu amènera les siens chez Lui en Sa propre présence. Si Dieu nous a déjà identifiés, nous qui croyons, avec Son Christ qui est en Lui-même — s’Il nous permet ici-bas, chacun dans son petit coin de mondanité, de confondre le mal, et d’embrasser le bien en détail — un temps vient où nous qu’Il a rachetés, nous Le rencontrerons dans Ses propres circonstances et Sa gloire. La foi désire que la présence personnelle de Christ soit la place honorée de la pleine jouissance, et c’est elle seule — être avec Lui, Le voir, Lui être semblable — qu’elle attend ; et la foi voudrait L’attendre jusqu’à ce qu’Il ait Sa pleine joie, et jusqu’à ce qu’Il puisse recevoir Son Église, et se la présenter à Lui-même comme une Église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable. Je ne le voudrais pas autrement. Dans le désert, laissez-moi avoir la portion que Christ m’a marquée pour le désert ; laissez-moi souffrir avec Lui ; laissez-moi accomplir ce qui reste de ces souffrances de Christ ; si je dois être absent du corps et présent avec Lui-même en esprit — la patience et la félicité iront ensemble, comme à présent la patience et la souffrance vont ensemble ; — mais, ce n’est que lorsqu’Il aura Sa pleine joie, que je voudrais avoir la mienne, savoir à la seconde venue. Mais alors Il changera ce corps vil et le rendra semblable à Son corps glorieux par ce puissant pouvoir par lequel Il peut même s’assujettir toutes choses.

Comme en rapport avec le gouvernement du Seigneur dans l’Église (1 Cor. 11, 27-34), et avec l’ordre que le Père a établi dans Sa famille (1 Jean 2, 1), quelqu’un qui se sait sauvé peut très évidemment, si et quand il vient à manquer, faire confession de sa faute, et demander non seulement son pardon comme serviteur ou comme enfant, mais aussi que les conséquences de la faute soient écartées. Mais alors, remarquez premièrement qu’il n’y a que quelqu’un qui se sait déjà sauvé qui puisse penser à son œuvre comme serviteur ou à sa marche comme enfant. Si un homme non sauvé devait agir ainsi, ce serait de la propre justice, ce serait se justifier soi-même. Il n’est pas sauvé, ses œuvres ne sont pas, dans sa pensée, des fruits de l’Esprit et de la communion avec Christ. Que dois-je faire pour être sauvé ? est réellement la question qui lui convient ; c’est du moi et non de Christ qu’il s’agit. C’est une chose monstrueuse de penser aux œuvres, si elles sont bonnes ou mauvaises, si elles peuvent ou non être acceptées, en la présence de Celui qui a déjà condamné l’être même dont les œuvres sont en question. Et selon Jean 3, 18, l’homme est déjà sous la condamnation. Les pensées de l’homme sont qu’un pécheur doit travailler et qu’un saint, s’il s’en trouve, doit se reposer[7]. Le commandement de Dieu est que le pécheur se repose de ses propres œuvres, et que le saint travaille pour porter du fruit pour Dieu. Et le salut de l’âme est si entièrement distinct des œuvres devant Dieu, que l’Écriture ne fait jamais allusion aux œuvres d’un homme qui n’est pas sauvé, sauf pour faire voir qu’il est condamné ; l’arbre est condamné, et son fruit le prouve. D’un autre côté, jamais elle ne parle d’un homme sauvé, sans supposer qu’il aura des œuvres et du fruit pour Dieu, que Dieu aura à examiner. L’arbre était planté pour porter du fruit. Celui qui est un avec Christ est fertile.

Et, secondement, qu’on dise ce qu’on voudra quant à ce qu’on mange tous les jours, à toute heure, et en toute chose. Ce peut être vrai ou non — pour moi cela ne fait point de différence. — J’ai à imiter (non pas ces chrétiens-là mais) Paul, savoir comme il imitait Christ. Or, je nie entièrement que sa vie fût une vie de manquements continuels. Le cours même de sa vie justifiait sa parole : « Pour moi, vivre c’est Christ » ; et encore, « selon ma vive attente et mon espérance, que je ne serai confus en rien, mais qu’avec toute hardiesse (de ma part) maintenant encore, comme toujours, Christ sera glorifié en mon corps, soit par la vie, soit par la mort » (Phil. 1, 20).

Je sais qu’il est facile d’exciter la chair à dire, dans la confiance en soi-même : « Pour moi vivre sera Christ » ; mais je sais aussi que le premier pas dans la vie de l’obéissance nous donne lieu de demander jusqu’à quel point nous connaissons cette mort dont je parle ; je ne dis pas mourir, ni simplement bonne volonté de souffrir et disposition à se renoncer soi-même, mais jusqu’à quel point nous avons appris à nous tenir nous-mêmes comme déjà morts par Christ. C’est ce que Paul voyait et sentait être le cas quand il écrivait à Timothée. « Cette parole est certaine, car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui » (2 Tim. 2, 11).

Ici ce qui occupait la pensée de l’apôtre, ce n’était pas la valeur de l’association avec Christ qui était mort (comme en Rom. 6), de manière à délivrer judiciairement de toutes les peines reposant sur l’homme comme créature, et comme descendant d’Adam (lumière dans laquelle tout jugement est passé, et il n’en reste aucun sauf à nous juger nous-mêmes dans notre marche) ; mais c’était la valeur de cette association comme délivrant du moi, afin que nous puissions souffrir pour Christ et endurer la souffrance comme Ses bons soldats.

Un chrétien doit être pleinement assuré, par la foi et l’Esprit, que dans la présence de Dieu il est mort judiciairement en Christ — qu’il est considéré par Dieu en ce sens comme mort — qu’il est capable de se tenir lui-même pour mort afin de pouvoir se servir de cette mort contre Satan, le monde, et la chair ; planter là, si on me permet l’expression, et lui-même et tout ce que fournit le moi comme moyen de prise à Satan, au monde ou à la convoitise.

Le peu d’efficace que la plupart des chrétiens attribuent à la mort de Christ ; la manière dont ils l’ont judaïsée, au-dessous de son éternelle valeur et de l’estimation que le ciel en fait, et l’ont rabaissée jusqu’à n’être qu’une partie d’un système humain à eux, emprunté à la loi de l’humanité déchue et aux éléments du monde (choses qui l’une et l’autre caractérisaient le judaïsme), est un péché bien solennel. Voici en quels termes Paul charge les Colossiens (qui avaient été morts dans leurs offenses et dans l’incirconcision de leur chair (2, 13), c’est-à-dire moralement morts) : « Si vous êtes morts avec[8] Christ aux éléments du monde, pourquoi établissez-vous des ordonnances, comme si vous étiez encore en vie dans le monde ? » etc. (2, 20). Ils sanctionneraient la mondanité et accréditeraient leur propre chair, s’ils agissaient de la sorte. Et il ajoute : « Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (3, 3). « Morts », dit-il — fort correctement — « ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions » (3, 9). Puisque les fondements sont renversés, que fera le juste ?

Christ s’est tellement approprié tout ce que j’étais, qu’Il en a porté les stigmates dans Son propre corps ; mon âme connaît ces mains, ces pieds, ce côté, ce front — mais, béni soit Dieu, je les connais en Celui qui a été mort mais est de nouveau vivant ; je les connais en Celui qui régnera à toujours — comme l’Agneau qui a été mort, mais qui est de nouveau vivant aux siècles des siècles.

Lecteur ! si Dieu vous a fait comprendre ces choses, qu’Il daigne ajouter cette grâce, savoir qu’elles agissent sur vous avec puissance, et que vous trouviez puissance pour agir d’après elles.

Crucifiés avec Christ

Quoique j’aie parlé, en tout premier lieu, de notre association avec Christ, comme dans Sa mort — il y a notre association avec Lui en tant que sur la croix, qui, dans l’ordre des sujets, devrait venir naturellement avant l’autre. Suivant, toutefois, l’ordre que les besoins de la conscience semblaient suggérer, j’ai pris, d’abord, celle qui, selon que l’Écriture présente la vérité, donne de la manière la plus directe la liberté et la paix à l’âme.

Le fait d’être, par la grâce qui nous identifie avec Christ dans la mort, « morts au péché » — baptisés pour Sa mort — « ensevelis avec Lui pour la mort », et en tant que « morts — quittes du péché », change toute la position d’une âme. Il l’enlève de dessus un fondement, et l’établit sur un fondement tout autre ; la retire d’une place qui a un caractère, un jugement et des expériences qui lui sont propres, et l’établit dans une place toute différente, et ayant un caractère, un jugement et des expériences qui sont en contraste avec ceux de la première place, et qui lui sont particuliers.

Israël en Égypte faisait un grand contraste avec Israël hors d’Égypte. L’Égypte était le fourneau de fer, la maison de servitude, le pays de captivité — un lieu condamné, sous le jugement de Dieu ; et bien qu’elle pût avoir ses poireaux, et ses melons, et ses concombres, elle avait aussi son histoire de briques, et ses villes de greniers d’abondance qui devaient être bâtis par le labeur d’Israël. En outre, Israël était une nation d’esclaves, poussés de côté comme impropres à s’associer avec les seigneurs de la terre — les meurtriers de leurs enfants mâles. Hors d’Égypte, ils étaient les affranchis du Seigneur — engagés pour un pays découlant de lait et de miel, un pays de repos, et un lieu de bénédiction. Et ils dressaient leurs tentes autour de la tente de Jéhovah des armées, le roi de toute la terre, possesseur du ciel et de la terre.

Le dessein du Seigneur à leur égard avait toujours été le même ; mais ils sont successivement placés dans deux positions qui contrastent l’une avec l’autre. D’abord, la providence de Dieu les laisse tomber dans la condition d’une nation esclave en Égypte ; mais ensuite le Dieu de providence prend ce même peuple pour être Son fils premier-né, et renverse la puissance de leur oppresseur. C’est leur passage à travers la mer Rouge qui signala définitivement la rédemption des élus, car le retour des eaux qui détruisirent celui qui les poursuivait, leur ferma réellement l’Égypte, et les enferma avec Dieu dans le désert. Leurs positions sont au nombre de deux, et faciles à distinguer l’une de l’autre.

Ce sont aussi deux positions, et qui se distinguent par des traits bien contraires, que celle d’un homme quand il s’efforce de tirer une chose pure de lui-même, qui est impur, et la position du même homme quand la mort de Christ est devenue sienne. Il était un exilé d’Éden, membre d’une race sous le jugement, tellement misérable et ruiné lui-même qu’il s’estimait capable de trouver Dieu, et comme pécheur, de se tenir en Sa présence, et de régler les choses avec Lui en vue de la mort et du jugement à venir, et de ramener la vie, par sa propre puissance, là où régnait la mort. La base de sa position était la nature humaine en tant que créature. Mais il a appris que Christ mourut, Lui juste pour les injustes, et que la foi identifie le pécheur avec Celui qui mourut sous le châtiment dû aux pécheurs. Tout ce qu’il avait et tout ce qu’il était, a trouvé sa réponse et sa fin dans la mort de Christ. Une divine, indissoluble, association du vieux moi, et de tout ce qu’il avait ou était, avec la mort de Christ, le Fils de l’homme sous le jugement pour moi, est le terme, la fin de ce moi. « Je vis, non pas moi pourtant (le moi qui prit fin dans la mort du Fils de l’homme sous le jugement), mais Christ qui vit en moi ».

Les croyants incrédules d’aujourd’hui connaissent peu de la mort de Christ dans ce sens-là, comme la mer Rouge entre l’Israël de Dieu dans le désert et l’Égypte. Ils ont oublié que c’est « après avoir fait par Lui-même la purification de nos péchés », que c’est alors (et non pas avant) que Christ « s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux ». Ils ont laissé écouler que « nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » ; que Celui-ci, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés pour toujours (pour ce qui est de sacrifice expiatoire) « s’est assis à la droite de Dieu » ; — Il s’est reposé de toute offrande ultérieure, et s’est assis ; — « Car par une seule offrande, Il a rendu parfaits, à perpétuité, ceux qui sont sanctifiés ». Sûrement, si, au lieu de regarder au vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas l’homme, et de se juger eux-mêmes et leurs sentiments, conformément à ce qui se trouve dans le déploiement de la miséricorde de Dieu dans les cieux ; si, dis-je, au lieu de faire cela, quelques-uns sont absorbés dans ce qui se passe au-dedans d’eux-mêmes, et ainsi laissent écouler le déploiement de miséricorde dans les cieux, substituant aux voies de Dieu en miséricorde, la conduite de Dieu en gouvernement à l’égard de Son peuple sauvé, il y a grand danger et juste motif pour nous d’être dans l’incertitude à leur sujet. Quoique sans intention de leur part, ils ne se servent pas moins, dans la pratique, de la mort de Christ comme du moyen de se placer dans une position de jugement, et en dehors de la position de liberté et de paix de l’autre côté du jugement.

Pour ce qui est de la portée sur le croyant, par grâce, de la croix du Seigneur Jésus Christ, nous la trouvons expliquée en Romains 6, 6 et Galates 2, 20.

Ainsi que nous le verrons, la pensée que nous présentent ces passages n’est pas celle que nous portons la croix aujourd’hui (quoique cela, sous un autre rapport, comme peuple sauvé, puisse être enseigné ailleurs) ; mais ce qui nous est présenté, c’est l’estime que Dieu fait de « notre vieil homme », la manière dont Dieu l’a traité, une fois pour toutes, lorsque le Juste se tint autrefois devant Lui comme représentant les plusieurs injustes, et porta notre jugement à notre place.

« Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché » (Rom. 6, 6).

« Je suis crucifié avec Christ, mais je vis — non plus moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé, et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2, 20).

La croix était un châtiment honteux et cruel ; et lorsque Dieu donna Ses lois à Son peuple d’Israël, Il établit une autre manière de mettre un pécheur à mort, et stigmatisa la croix en disant : « Maudit est quiconque est pendu au bois » (Deut. 21, 23). De quelle manière merveilleuse Il avait ainsi en grâce anticipé une voie par laquelle Sa propre miséricorde se répandrait en faveur d’un peuple rebelle ! Nous pouvons voir cela en Galates 3, 10-13. « Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de la loi, sont sous malédiction ; car il est écrit : Maudit (est) quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire. Or, que par la loi personne ne soit justifié devant Dieu, (cela est) évident, parce que le juste vivra de la foi. Mais la loi n’est pas sur le principe de la foi, mais, celui qui aura fait ces choses vivra par elles. Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois ». Tous ceux qui sont sur le principe de la loi sont sous la malédiction, parce qu’elle maudit tous ceux qui ne la gardent pas, et que nul ne peut la garder ; mais Christ a porté la malédiction en Son propre corps sur le bois. Mais, alors, si Celui qui méritait toute bénédiction quand Il était notre substitut dans le jugement, a été ainsi traité, nous — le vieil homme — (c’est-à-dire ce que nous étions, et ce que notre corps est) y avons trouvé exprimée sur Lui l’estimation que Dieu en fait — Dieu l’a traité, quand nous étions représentés par Son Fils, d’une manière qui montre l’estimation qu’Il en fait, c’est-à-dire, qu’Il fait de nous selon notre relation avec Adam. La crucifixion et la mort ne sont pas nécessairement identiques ; un homme pouvait être sauvé de la mort quoiqu’il eût été exposé publiquement à la honte devant Dieu et devant les hommes, et qu’il eût été cloué à une croix ; aussi, Christ n’a-t-Il pas été seulement cloué à la croix, et n’y a-t-Il pas fait seulement des expériences, comme si, au lieu d’être le prophète, le sacrificateur et le Roi fidèle que Dieu prenait plaisir à honorer, Il avait été quelqu’un dont les péchés et les iniquités surpassaient en nombre les cheveux de Sa tête, et comme s’Il ne pouvait pas regarder en haut — Son cri avant qu’Il mourut fut : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » — mais, outre cela, Il a donné Sa vie en rançon pour nous.

L’estimation que Dieu fait de notre vieil homme, du « moi » qui a été crucifié avec Christ, est assez claire ; et c’est une bonne chose pour ceux dont les goûts et les pensées sont formés dans leur communion avec Dieu, de voir Son estimation de ce qu’ils étaient quand Il les trouva. Un peu plus de mépris et de dégoût pour notre propre vieux moi, et pour l’homme en lui-même, ne serait nullement en nous une chose mauvaise. La manière dont Dieu a traité notre représentant, nonobstant toute Sa perfection personnelle, a montré ce qu’Il pense de moi, et cela peut suffire pour former et fixer ma propre opinion.

Il est nécessaire qu’un chrétien ait les mêmes pensées que Dieu à l’égard de son vieil homme — de son ancien moi. Dieu a exprimé Ses pensées d’une manière qui n’a rien d’ambigu ; elles ont été fortement exprimées ; mais, si elles ont été exprimées avec force, quelle circonspection dans la manière dont Dieu les a exprimées ! Le propre Fils de Dieu crucifié, afin qu’on pût voir sur Lui, pendant qu’Il portait, en amour dévoué pour nous, le jugement qui nous était dû, ces pensées de Dieu concernant ce que nous étions par nature ! Et qu’on remarque bien, que, de même que Dieu, pour notre consolation et notre salut, tient notre vieil homme pour crucifié avec Christ, de même Il nous invite aussi à le tenir pour tel.

« Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché. Vous aussi tout de même tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché » (Rom. 6, 6, 11).

Paul connaissait la puissance qu’il y avait à prendre ainsi Dieu au mot ; et quelle force la foi par laquelle il disait : Je suis crucifié avec Christ (Gal. 2, 20), ne lui donnait-elle pas !

Au lieu de cette simplicité et de cette fermeté de foi, qui en Paul tenait pour vrai ce que Dieu déclarait, et en dépit de l’expérience et des sentiments, ajoutait foi à la déclaration de Dieu, et, par conséquent, agissait d’après elle, nous sommes enclins à tout changer. Paul prenait la manière de voir de Dieu, et agissait d’après ceci — d’après la manière de voir de Dieu — que « notre vieil homme est crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché ». Paul tenait que Dieu était véritable en cela et agissait en conséquence. Il se tenait lui-même pour avoir été « crucifié » et pour « être mort véritablement au péché », et agissait en conséquence ; car il savait qui avait dit : « Car le péché n’aura pas d’empire sur vous ». Au lieu d’une foi pareille à ceci, nous trouvons de nos jours qu’il n’y en a que peu qui reçoivent et tiennent ferme ce que Dieu a dit touchant le fait que le vieil homme a été crucifié et qu’il est mort, même dans la portée de cette doctrine à l’égard de leur justification ; et il y en a moins encore qui le reçoivent et le tiennent quant au principe du péché en eux.

Maintenant, la chose difficile n’est point que la foi donne les résultats de la foi, car les résultats de la foi découlaient aussi naturellement de la foi dans le cas de Paul, que les résultats de l’incrédulité, aujourd’hui, découlent naturellement de l’incrédulité. Paul se tenait lui-même pour crucifié et mort, parce que Dieu disait qu’Il le tenait pour tel, par Christ — et le péché n’avait pas d’empire sur Paul. De nos jours, les chrétiens reconnaissent la croix et la mort de Christ comme la seule porte du repos, mais ils ne tiennent pas que, pour ce qui tient au châtiment dû et à la puissance du péché en eux, ils sont morts par la crucifixion et la mort de Christ, et ainsi ils continuent à douter et à pécher. La difficulté ne consiste point dans la connexion entre la foi et les bonnes œuvres, ou entre l’incrédulité et les mauvaises œuvres ; la connexion est naturelle et assez facile dans les deux cas. Non ; voici plutôt où sont les difficultés : laisser Dieu être véritable et tout homme menteur ; croire Dieu et nous confier nous-mêmes implicitement à Lui et à Sa main.

Quelle différence entre être crucifié avec Christ (comme en Matt. 27, 44 ; Marc 15, 32 ; Jean 19, 32, nous lisons que deux larrons furent crucifiés sur le calvaire, quand le Seigneur fut crucifié) et cette bénédiction d’être crucifiés avec Christ, par grâce (Rom. 6, 6 ; Gal. 2, 20) !

Dans le premier cas (précisément comme dans la crucifixion du romaniste, et des autres religions charnelles qui se proposent de punir les corps des hommes pour les péchés de leurs âmes), toute la peine tombe sur la chair de péché ; dans le dernier cas, elle est tombée toute, et tombée dans des temps qui sont passés — la rétribution qui nous revenait justement — sur l’innocent Jésus, qui a porté nos péchés en Son propre corps sur le bois.

Voilà sur Romains 6, 6, et Galates 2, 20, et sur le croyant un avec Jésus, et qui doit tenir que son vieil homme et son ancien moi sont tenus par Dieu comme crucifiés avec le Christ Jésus.

La croix de Christ m’a marqué (dans tout ce que j’étais en tant qu’homme tombé) comme d’un stigmate ; mais, par contre, Sa mort m’a affranchi, sur-le-champ, de la peine due au péché, et de la liberté de continuer de pécher. Puissions-nous agir en conséquence !

Ensevelis avec Lui

Romains 6, 4 ; et Colossiens 2, 12.

Nous avons donc été ensevelis avec Lui, par le baptême pour la mort.

Ensevelis avec Lui dans le baptême.

Ce qui est enseveli est ôté de devant les yeux. Dieu a, dans Sa grâce, révélé, et la foi a reçu le témoignage, que tout ce que nous étions a disparu de la vue, par notre association avec le Seigneur qui mourut. Moi, non pas moi pourtant, mais Christ qui vit en moi, telle est l’expression dont se servit Paul en parlant de l’énergie qui agissait en lui comme apôtre. Mais que cela fût vrai de lui, en tant que Paul, il y avait eu à pourvoir au cas de Saul. Il avait eu à dire auparavant comme parlant de celui-là : « je suis (ou j’ai été) crucifié avec Christ » ; ce fut là son sort et sa fin en tant que Saul. La lumière d’un Christ vivant, ressuscité et monté en haut, avait brillé sur son âme, et il apprit que la grâce considérait tout ce qu’avait été Saul, tout ce qui était de Saul, comme tellement identifié avec ce Christ, que la fin de tout cela, en fait de mort et de jugement, était estimée de Dieu comme étant là — en Christ crucifié. Si Dieu l’estimait ainsi, il ferait de même ; et, en conséquence, il dit : « Je suis (ou j’ai été) crucifié avec Christ ». Mais si le chapitre relatif à Saul contenait cette vérité bénie, le chapitre relatif à Paul continuait par un : « Mais je vis, non pas moi pourtant, mais Christ vit en moi ». Mais il y avait cette très miséricordieuse provision à noter, quant à Saul, non pas moribond, mais défunt — à noter à la louange de la grâce qui voyait que la gloire de Dieu le requérait, et qu’il fallait cela pour la consolation de la personne ainsi trouvée et bénie — savoir, que le mort était aussi enseveli, ôté de la vue par la grâce de Dieu par Christ — enseveli avec Lui par le baptême. « Ensevelir nos morts de devant nous » est parfait en son temps et à sa place.

Abraham, et Isaac, et Jacob, et Joseph sentirent cela, et, par la foi, virent Dieu en rapport avec leur lieu de sépulture. Dieu vit d’avance le tombeau où le corps de notre Seigneur devait reposer, comme nous le montre Ésaïe 53. Des hommes pieux emportèrent aussi Étienne à son sépulcre ; et la sagesse et la grâce divines ont pourvu à un tombeau pour le « moi » qui fut Saul le persécuteur, et pour le « moi » quelconque, trouvé mort dans les offenses et dans les péchés, qui trouve grâce pour la vie éternelle. La loi pouvait maudire un tel être — elle pouvait le percer de part en part de ses foudres — elle pouvait faire voir qu’il n’y avait de vie en aucun de ceux qui se tenaient aux pieds de la montagne de Sinaï, et que la mort morale régnait dans chacun d’eux et chez tous ; — mais Moïse ne pouvait ni tuer ni mener à une fin la vie de quelqu’un comme Saul, ni lui donner une vie nouvelle. Mais Christ lui a assuré pleinement tous les avantages de la mort — lui a transféré Sa propre mort dans toute sa plénitude — a partagé avec lui la croix dans tout son fruit — et se déclare Lui-même le lieu de sépulture. Ensevelis avec Lui par le baptême pour la mort ; ensevelis avec Lui dans le baptême.

Toutes ces choses appartiennent à la foi, et par conséquent, sont ratifiées aux individus par la foi, et c’est par la foi que les individus en jouissent. Ce peut être vrai individuellement de chaque membre d’une famille ou d’une communauté, que cette famille ne se compose que de trois membres, comme un homme, sa femme et un enfant, ou que la communauté soit aussi nombreuse que l’est l’Église de Dieu ; — mais ces choses ne sont pas vraies de la famille, ou d’une communauté quelconque, comme telle. On ne saurait dire d’aucune famille, d’aucune communauté comme telle, qu’elle est « crucifiée, morte et ensevelie, en Christ ». Dire que l’Église est morte, crucifiée et ensevelie avec Christ, serait une proposition absurde ; et si elle signifiait quelque chose, elle signifierait quelque chose de bien éloigné de la vérité. C’est vrai cependant de tout membre de l’Église, quant à ce qu’il était ; et Dieu tient quiconque croit, pour crucifié, mort et enseveli avec Christ, pour ce qui est du vieil homme ; et la Parole nous commande de tenir cela comme la mesure et l’estimation que Dieu fait du moi en nous, en tant que formés ainsi en Christ — le crucifié.

« Être comme Dieu, connaissant le bien et le mal », c’est la folie pratique de notre « moi » tombé ; la croix pour Son Christ, est l’équivalent, selon Dieu, de cette folie en nous. Ainsi agit-Il, quand Il agit envers Christ selon Son estimation de nous — c’est ainsi qu’Il a flétri comme d’un stigmate notre moi, notre sagesse si contente d’elle-même, et notre amour du pouvoir.

Voilà donc pour ce qui concerne le « moi » qui était, et était envisagé comme se trouvant sur son propre fondement en tant que créature, sur les mérites et l’être de ce qui est, et est trouvé en nous-mêmes et de nous-mêmes devant Dieu. Par grâce, Dieu a dit de tout cela : « crucifié avec Christ, mort avec Christ, enseveli avec Lui ». L’estimation que Dieu fait de ce que chacun de nous était, le jugement de Dieu sur cela, et l’acte par lequel Dieu l’ôte, pour ainsi dire de devant les yeux, nous sont présentés dans la crucifixion, la mort et la sépulture du Seigneur. Ce qui était vrai de nous moralement, a été visité sur Lui d’une manière pénale. Dieu nous identifie tellement, nous tient tellement (dans tout ce que nous étions et avions de nous-mêmes) pour un avec Christ dans Sa crucifixion, Sa mort et Sa sépulture, que nous pouvons compter que c’est accompli, et que comme croyants nous sommes tenus de le faire. Dieu, qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient (Rom. 4, 17), est Celui avec lequel nous avons à faire. Il l’a compté ainsi. Qui Lui dira : Que fais-tu ? ou, qu’est-ce que tu as fait ? Ses droits sont-ils limités ? Son pouvoir est-il restreint qu’Il n’ait pas le droit de faire comme il Lui semble bon, ni le pouvoir d’accomplir ce qu’Il veut ? Non ; mais plutôt, Il a parlé et ne le ratifiera-t-Il point ? Si ce n’eût été pour tenir dans Sa grâce quiconque croit, pour un, selon tout ce qu’il avait ou ce qu’il est, pour un avec Christ, Christ n’aurait jamais été crucifié, ne serait jamais mort ou n’eût jamais été enseveli. Mais Il a été crucifié, mort et enseveli ; et la foi dit : « Et je suis crucifié, mort et enseveli avec Lui ».

La grâce divine est merveilleuse en puissance et en sagesse. Elle a fait que la mort et le jugement, qui sont en perspective devant l’homme dans l’avenue de la vie humaine, se trouvent dans une place rétrospective derrière le croyant dans le cours de la grâce. La grâce a su aussi comment substituer la mort du seul innocent et du seul juste, et le jugement sur la croix de Celui qui doit juger les vivants et les morts, à la place du pécheur qui croit et à la place du jugement du coupable qui s’accuse lui-même. Et non seulement la grâce a ainsi répondu par anticipation aux besoins du pécheur qui croit, mais elle a aussi dans la même et unique délivrance par la crucifixion, la mort et l’ensevelissement avec Christ, éteint tous les vieux comptes, toutes les vieilles dettes de famille. Il y avait un compte à régler en jugement à cause de la rébellion du premier chef de la famille ; un autre, à cause d’une nature en état de corruption provenue de lui — mise à l’épreuve, comme elle l’avait été, de toutes sortes de manières depuis la chute d’Adam, et toujours néanmoins se trouvant rebelle. La grâce a répondu à tout cela, a annulé tout cela : car si la peine portée par le Fils de l’homme sur la croix a été portée parce qu’Il était identifié avec des personnes dont le cas appelait le jugement, parce qu’Il a été substitué à elles dans le jugement, il a été pourvu à tout ; et la foi peut dire : « Je me tiens moi-même (tout ce que j’étais, comme simple créature, comme descendu d’Adam) pour crucifié, mort et enseveli ; et toute l’affaire est terminée pour moi, du moins, parmi les hommes, parce que Dieu a dit que c’est la fin de toute l’affaire avec Lui pour quiconque croit ».

Si un homme ne se tient pas lui-même pour crucifié, pour mort, pour enseveli avec Christ, où est sa foi — où est son intelligence de ce que Dieu tient pour vrai à l’égard de quiconque croit ? J’insiste là-dessus, 1° parce que je connais, par l’Écriture, et aussi par l’expérience, les besoins de l’âme et de la conscience du pauvre pécheur devant Dieu. Il n’y a pas de mesure du moi — c’est-à-dire, de mesure divine et parfaite — capable de satisfaire l’âme dans la présence de Dieu, parce qu’elle a satisfait Dieu Lui-même — sauf la croix du Christ Jésus ; il n’y a pas de fin pour le moi, sauf la mort du Christ Jésus ; il n’y a pas de lieu de sépulture pour le moi, à moins que ce ne soit le Christ Jésus Lui-même ; et 2° parce que à moins qu’un homme n’ait dit « mort », comment peut-il dire : « Je suis de nouveau vivant » ? Ceci nous mène au terme de la première partie de notre sujet.

Je désirerais placer devant ma propre conscience et celle de mon lecteur, cette question : — Jusqu’à quel point la conscience, dans la solitude secrète de la présence de Dieu — là où elle pense à la justice, à la tempérance et au jugement éternel à venir — connaît-elle ces choses comme réelles et existantes, selon les pensées que Dieu a de nous et de nos propres pensées de nous-mêmes ?

Crucifiés,
Morts et ensevelis,
avec Christ.



  1. Le mot rendu par identifiés avec est l'adjectif συμφυτος qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Il se trouve deux fois dans les Septante : 1° en Zacharie 11, 2, « la forêt plantée serré », où il représente le mot hébreu batsir rendu dans la version de Martin par « comme une place forte » ; 2° en Amos 9, 13, « les coteaux seront plantés », où il exprime la forme Hith-pahel de moy : Martin dit « les coteaux en découleront ». L’idée de « consolidation en un » de quelque chose qui pourrait être envisagé comme se composant de parties nombreuses, se découvre aisément dans toutes ces diverses manières de rendre le terme grec. Dans le grec ordinaire (comme en contraste avec le grec de la Bible), nous pourrions donner comme en étant la signification — Croissant ensemble, lié naturellement ou nécessairement ensemble ; comme, par exemple, les querelles vont naturellement avec un caractère disputeur, le courage avec un caractère viril, etc. Dans un sens secondaire, le mot s’applique à une blessure fermée, guérie, où les parties ont crû ensemble et ne font plus qu'un.
    Le mot φυσις vient de la même racine (sans le συν). Il est ainsi rendu en Éphésiens 2, 3 : « par nature des enfants de colère » ; et en 2 Pierre 1, 4 : « vous participiez à la nature divine ». La force de la préposition συν, en tant qu'ajoutée à l'adjectif, serait celle de co — associés avec, faits participants de ceci ou de cela, etc. — « faits d'une même nature ». La signification propre de φυτος est celle de croissance, comme de nature (en contraste avec l’art). Les expressions, « quand elle fut levée », « elle leva » (Luc 8, 6, 8), et « une racine d’amertume bourgeonnant en haut » (Héb. 12, 15) suggèrent la pensée (c’est ce qu’il me semble) du développement, selon la nature, de quelque chose qui existe, et naturellement, comme en contraste avec l’art.
  2. Par mort morale, et mort dans les offenses et les péchés, je comprends ce qui apparut dans l’homme aussitôt qu’il eut péché. Il fut incapable de se faire une juste idée de Dieu ou de lui-même. D’un côté, après avoir fait outrage à Dieu, il se défia, lui, comme transgresseur, de Celui qu’il avait outragé — il avait perdu toute capacité de reconnaître ce qui était vrai de Dieu. D’un autre côté, il se crut en état, après être tombé, de déjouer la toute-puissance et la toute-science, tandis qu’il n’était lui-même que la proie de Satan, qui s’était prise dans ses pièges (voir Gen. 3). Il était moralement mort à l’égard de Dieu.
  3. La loi de la souveraineté du Créateur sur la créature, ainsi que de l’obéissance et de la dépendance volontaire de la créature à l’égard du Créateur, avait été violée une fois pour toutes, en Éden par Adam ; et toute sa race était coupable, qu’elle le sût ou qu’elle ne le sût point.
  4. Il est intéressant de comparer des passages comme psaume 103 et Éphésiens 1 et 2. Le premier nous présente la manière dont un Juif bien enseigné, l’homme selon le cœur de Dieu, envisageait la miséricorde ; et le dernier, la manière dont l’envisageait l’apôtre de l’incirconcision. Puis aussi la manière dont un Juif apprenait le péché, par des actes accomplis, en 2 Samuel 11 et 12 (les terribles actes du péché du roi d'Israël revêtu de l’onction), mise en contraste avec ce que se trouvaient avoir été ceux que Dieu prenait pour qu’ils devinssent membres de Christ, en Éphésiens 1, 20 ; 2, 5, est fort instructive. Le principe est plus profond que la pratique ; il en est la racine.
  5. En ce qu’Il est mort, Il est mort une fois pour toutes au péché. Il n’y a qu’un sens dans lequel il peut être dit que Christ est mort au péché, celui qu’Il mourut au jugement, à la peine du péché, quand Il fut notre substitut dans le jugement. Il était Lui-même, ainsi que Sa position, d’une nature toute particulière. Ève était une côte prise d’Adam, et que la puissance divine avait bâtie en une femme ; et le Seigneur était la semence de la femme par le Saint Esprit qui l’avait couverte de Son ombre, et, en conséquence, cette sainte chose qui naquit d’elle fut appelée Fils du Très-haut. Mais de cette manière, il n’y avait pas seulement un corps humain, une âme humaine, et un esprit humain ; le Fils éternel de Dieu habitait dans cette chair sainte, innocente, et pure. Satan n’avait rien en Lui. La mort, en tant que gages du péché, ne Lui revenait point, ni par suite de Sa position, comme descendant d’Adam, ni par suite de Sa nature ; dire autrement serait un blasphème. Il avait le pouvoir de laisser Sa vie, et Il avait le pouvoir de reprendre Sa vie, et personne n’avait le pouvoir de la Lui ôter. Étant ainsi en Lui-même et dans Sa position, entièrement libre et net, Il se chargea volontairement de la peine due à d’autres ; et après l’avoir subie en mourant — étant mort à elle, sous son effet — Il en fut délivré, et ceux pour lesquels Il mourut trouvent en Lui leur délivrance de cette peine. Mais si nous trouvons la délivrance du châtiment, nous y trouvons aussi délivrance de beaucoup d’autres choses encore : comme 1° de la position des descendants d’Adam ; 2° délivrance de la puissance de la loi, et 3° des convoitises excitées par la loi, 4° délivrance de la domination de Satan, 5° du train de ce monde, et 6° délivrance de l’esclavage du péché dans la nature. Évidemment, on ne pourrait dire sans blasphème que l’une ou l’autre de ces choses ont été pour notre Seigneur Lui-même des fruits de Sa mort. Elles existaient toutes de fait, quant à Lui, antérieurement, sans quoi Il n’aurait pu devenir notre substitut ; Il n’aurait pas été propre à se donner pour les autres, s’Il se fût trouvé Lui-même, en quelque manière, sous le joug du péché.
  6. Ici pourrait venir la question de la responsabilité, simplement comme hommes, de ceux qui ne sont pas croyants, bien qu’ils aient les oracles de Dieu, et qui sont des professants. Mais je n’y entre pas ici, parce que, comme parlant à des croyants, je parle à des personnes qui n’ont pas besoin d’être convaincues de responsabilité comme hommes ayant la lumière, puisqu’ils se savent eux-mêmes perdus en Adam et trouvés en Christ.
  7. C’est peut-être en raison de cela que l’homme réserve le mot saint, contrairement à l’usage de la Bible, à ceux qui sont morts.
  8. Dans l’expression « morts avec », remarquez la différence qu’il y a entre « être mort judiciairement » selon Dieu, « ensemble avec Christ », et le fait d’être mort, selon l’homme, selon la nature, ensemble avec Christ. Les deux larrons sur la croix moururent tous les deux, selon l’homme, selon la nature, comme dirait l’homme, avec Christ. L’un mourut endurci dans le péché, l’autre crut pour la vie. C’est du dernier seulement que nous pouvons dire qu’il fut judiciairement identifié par Dieu avec Christ dans Sa mort, de telle sorte que toute la peine du péché fut ôtée de dessus lui par la mort de Christ. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. Pour le croyant, Dieu a uni d’une manière indissoluble « le péché » à la mort de Christ — c’en est fait, et pour toujours, de son châtiment, et aussi de la liberté de vivre en lui.