Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit/Partie 10
Méditation 10 — Apocalypse 1, 4, 5 ; 19, 10
J’ai lu ces deux portions de l’Apocalypse, afin de faire ressortir le contraste de l’aspect de la vérité telle qu’elle nous est présentée par le Saint Esprit dans le dernier livre du Nouveau Testament, avec le témoignage des épîtres. Notre méditation aura donc ce soir un caractère quelque peu vagabond ; car, au lieu de m’en tenir à une portion particulière des Écritures, je m’efforcerai de rassembler, d’une manière quelque peu étendue, un certain nombre de passages épars dans les épîtres, et tout particulièrement dans celles de saint Paul, que nous n’avons pas encore considérées ou que nous avons parcourues dans un but différent. Après avoir jeté un regard rapide sur ces lumières éparses, je m’efforcerai de les mettre en regard avec ce que l’Apocalypse nous fournit sur le même sujet.
La Saint Esprit est toujours présenté, dans n’importe quelle portion de l’Écriture qui traite de Lui, selon le caractère du but qu’Il se propose dans cette même portion. Cette remarque ne s’applique pas plus à un sujet qu’à un autre, elle est aussi vraie en ce qui concerne le Saint Esprit que pour toute autre doctrine. Ainsi, par exemple, nous avons vu que la justice est le sujet de l’épître aux Romains et particulièrement la justice de Dieu. De là vient qu’il n’y a pas un seul mot sur le Saint Esprit jusqu’à ce que la doctrine de la justice ait été parfaitement éclaircie. La première allusion qui Lui soit faite, dans cette épître, ne se trouve qu’au chapitre 5, comme à vrai dire aussi, la première mention de l’amour de Dieu en rapport avec Lui, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer. « L’amour de Dieu, dit l’apôtre, est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné ». Ainsi la question entière de nos péchés et du jugement de Dieu contre eux, du péché et de la délivrance du péché, fut pleinement résolue avant que l’Esprit de Dieu fût Lui-même introduit. Il n’était pas convenable d’ouvrir l’œuvre qui doit continuer dans le cœur jusqu’à ce que Dieu se fût montré pleinement satisfait dans la rédemption et la résurrection de Christ. Mais c’est dans le chapitre 8 (c’est-à-dire, quand non seulement le sujet de nos péchés, mais celui du péché ont été pleinement discutés) que l’apôtre se lance dans une ample exposition doctrinale — la doctrine de l’Esprit envisagé à la fois comme condition, état du chrétien, et aussi comme personne qui demeure dans le croyant.
Mais comme nous avons déjà considéré cette vérité, je me contente d’y faire allusion. Laissez-moi seulement rappeler le fait, que tout est envisagé du côté de la justice, et cela d’une manière pratique, dès que tout est au clair quant à la justice de Dieu. « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ; car ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché a condamné le péché en la chair, afin que la justice de la loi fût accomplie en nous qui ne marchons point selon la chair, mais selon l’Esprit ». C’est de cette manière seulement que la justice de la loi pouvait être accomplie dans le saint, maintenant et dans un temps quelconque. C’est en marchant selon l’Esprit. Le croyant est d’abord rendu libre comme étant en Christ devant Dieu. Il doit y avoir liberté, aussi bien que vie ; et fondés sur cette justice, le dessein et le but de la loi sont accomplis dans le saint. Ce n’est pas exactement par le croyant ; encore moins est-elle accomplie pour le croyant, pensée qui est aussi dénuée de fondement, qu’elle mérite une qualification plus sévère. Elle est accomplie en nous, et par cela même, est une chose plus intrinsèque que si c’était simplement par nous. L’amour, nous est-il dit autre part, est l’accomplissement de la loi, et le Saint Esprit opère cela en nous comme possesseurs d’une nouvelle nature, et pouvant maintenant traiter le vieil homme comme jugé dans la croix. La nouvelle nature se manifeste dans son amour pour Dieu et pour l’homme ; et ainsi la justice de la loi (poursuivie en vain sous la loi) est accomplie en nous qui marchons selon l’Esprit. C’est le déploiement de ce qui est en harmonie avec la nature morale de Dieu, qui est ainsi accompli dans l’exercice du nouvel homme, par la puissance du Saint Esprit.
Cela fait voir combien la manière dont le Saint Esprit et le caractère de Son opération dans le croyant y sont présentés, est entièrement déterminée par le but de l’épître. Ayant proclamé d’abord la ruine de l’homme comme nécessitant l’évangile et la justice de Dieu telle qu’elle y est révélée, l’apôtre en vient maintenant à la réponse de justice pratique dans les enfants de Dieu, et le Saint Esprit prend Sa place, en rapport avec l’une et l’autre. Quand la question de la justice est pleinement éclaircie, il peut être fait librement mention de l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs et, plus loin, le Saint Esprit est manifesté comme une puissance, qui non seulement déplace le péché, mais la loi, comme pierre de touche extérieure qui ne peut, en aucune manière, rendre des êtres tels que nous capables d’effectuer une justice intérieure et pratique.
Dans la première épître aux Corinthiens, le Saint Esprit nous est présenté sous un aspect tout à fait différent, et avec une plénitude remarquable. Ce qui avait donné lieu à l’apôtre de l’écrire, c’est la manière dont la chair était à l’œuvre dans l’église de Corinthe où elle opérait sous toutes les formes possibles, excepté le légalisme. On y était trop relâché pour aimer la loi, mais leur état charnel était si grand qu’il n’y avait aucune puissance dans la loi, pour y remédier : la loi ne peut que condamner celui qui est charnel. Christ seul peut remédier à un mal pareil, et à tout autre mal, mais Christ aussi, rendu efficace par la puissance du Saint Esprit. De là vient que nous trouvons dans cette épître la sagesse de l’homme jugée d’abord par la croix (chap. 1) et ensuite supplantée par les communications de l’Esprit de Dieu. Ces communications qu’il relève dans le chapitre 2 sont présentées comme étant des révélations faites par l’Esprit, et rendues en paroles que le Saint Esprit donnait, comme Lui seul est pour l’homme la puissance pour les recevoir. Ainsi le Saint Esprit donnait la vérité, les paroles qui l’expriment et la capacité pour s’incliner et comprendre. Le Saint Esprit, au fait, s’occupe de toutes choses quant à la vérité de Dieu qui n’est bien vue qu’en Christ Lui-même. Il est donc évident que les Corinthiens, qui voulaient introduire quelque sagesse humaine dans l’espoir de rendre l’évangile plus agréable à la chair, étaient complètement en défaut, et de fait, en opposition avec la pensée de Dieu.
Puis encore le chapitre suivant (3) montre, quoiqu’il soit inutile d’en beaucoup citer, comment le Saint Esprit est envisagé comme ayant constitué les croyants en un temple de Dieu. Cela est présenté comme un fait positif ainsi que la sérieuse responsabilité qu’il y a à se mêler du sanctuaire de Dieu et à y faire entrer, soit des bagatelles de nulle valeur, soit une souillure positive ou un mal destructeur. « Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira ». Mais à supposer même qu’un homme ne corrompît pas le temple de Dieu, dans toute la force du mot, s’il introduisait des matériaux sans valeur, tout son travail serait perdu et brûlé ; quant à lui personnellement il serait sauvé, mais ce serait comme un homme à travers le feu. C’est une figure, mais une figure bien instructive, intimant l’application du jugement de Dieu sur l’œuvre, quoique l’homme lui-même puisse échapper.
L’application suivante, et bien solennelle, de ce don du Saint Esprit, concerne le corps du croyant. Ce n’est pas actuellement que les chrétiens constituent ensemble le temple de Dieu, mais que le corps de chaque chrétien est Son temple. C’est une des vérités capitales du christianisme ; car les Corinthiens tombèrent dans cette erreur qui s’est perpétuée de nos jours, à savoir, que pourvu que nous soyons dans un bon état intérieurement, le corps est sans conséquence — que nous ne devons pas être trop difficiles pour les choses extérieures, parmi lesquelles vient, cela va sans dire, le corps, comme instrument de l’activité extérieure de l’homme. Pour de tels esprits, être occupé du corps semblait être une pensée charnelle ; pourquoi ne pas insister sur l’homme intérieur ? Que tout aille bien pour l’âme, et nous pouvons en sûreté laisser tout le reste. Pas du tout, dit l’apôtre Paul ; le Saint Esprit se plaît à habiter dans l’homme et fait Son temple, non pas de l’âme, mais du corps. Si le corps est consacré au Seigneur, s’il est mis dans un état de séparation par la puissance du Saint Esprit, tout ira bien pour l’âme. Mais il se pourrait qu’on trouvât des prétextes, qu’on alléguât des excuses pour laisser le corps s’adonner librement à la sensualité, ou à une méchanceté avouée, tandis que des sentiments d’une fausse et orgueilleuse élévation rempliraient l’esprit. Il est évident qu’une telle chose est odieuse à Dieu. « Vous avez été achetés par prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Cor. 6).
Ensuite, au chapitre 12, pour ne pas m’arrêter sur tous les passages, le Saint Esprit est représenté dans l’Église, d’abord comme opérant par le moyen des dons, Sa manifestation étant donnée à chacun, vérité sur laquelle on a peut-être assez parlé pour excuser mon silence. Ensuite le chapitre 14 régularise l’exercice de ces dons, dans l’assemblée des saints, dans l’assemblée de Dieu. Ainsi est établi le principe important, que la possession de la puissance du Saint Esprit n’exempte aucun chrétien de l’autorité du Seigneur par Sa Parole. Mieux encore, c’est le Saint Esprit qui applique cette Parole, pour en agir avec la conscience du chrétien dans l’usage qui est fait de Sa puissance. En vain un homme alléguera-t-il avoir reçu une parole de Dieu, et prétendra-t-il qu’elle doit être prononcée. Il doit se taire, si elle n’est pas de saison, ou dans la place vraie. Une parole peut véritablement provenir du Seigneur ; mais Il tient à Son propre ordre dans Sa propre maison, et le Saint Esprit ne met nullement de côté la responsabilité personnelle dans l’exercice des dons. La Parole et la Parole seule — non pas l’Esprit, est la pierre de touche (comp. 2 Tim. 3). Il est inutile de dire que cela est une vérité inestimable, car la tendance des hommes qui croient réellement à l’action de l’Esprit de Dieu, est de soumettre plus ou moins la Parole à l’Esprit, au lieu de reconnaître ce qui est si clair dans l’Écriture, à savoir, que le Saint Esprit soumet Ses propres manifestations à l’autorité de la Parole du Seigneur — Parole qu’Il a Lui-même inspirée.
Ensuite, dans la seconde aux Corinthiens, après que Dieu avait agi puissamment pour réveiller et restaurer les âmes des saints, nous avons un passage d’un grand poids, en connexion avec notre thème. L’apôtre console expressément les saints qui avaient été abaissés. Lui-même avait subi une terrible persécution, mais en était sorti. Ensuite il leur dit : « que toutes les promesses de Dieu en Lui (Christ) sont oui, et amen en Lui, à la gloire de Dieu, par nous ». Quelques-uns lui avaient reproché de ne pas avoir poursuivi son dessein. Cette vacillation convenait-elle à un apôtre ? Si la parole de quelque homme peut avoir du poids, sûrement celle d’un apôtre devrait en avoir ; mais Paul n’était pas venu comme il l’avait promis. Le changement de son plan quant à la visite promise avait été artificieusement tourné contre son autorité. En tous cas, il répond : si je n’ai pas tenu ma promesse, Dieu tient les siennes dans l’évangile : « Tout autant qu’il y a de promesses de Dieu, en Lui est le oui et en Lui l’amen à la gloire de Dieu, par nous. Or, celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs ». C’est précisément ce qui a lieu dans les voies de Dieu avec l’âme et tout est ici présenté d’une manière et dans un ordre admirablement complets. Le croyant est établi par Dieu en Christ, ce qui naturellement suppose qu’il est vivifié de la vie de Christ. Je ne prétends pas dire que cet établissement en Christ soit simplement vivifiant ; mais que, lorsqu’une âme est ainsi établie, elle doit avoir été vivifiée. C’est la manière la plus forte d’établir la bénédiction, car Christ donne force et plénitude à ce dont on est en possession en conséquence d’un privilège accordé antérieurement. Puis encore il est déclaré oint, car le Saint Esprit est la puissance pour lui faire connaître toutes choses selon Dieu. « Vous avez une onction de la part du Saint » comme il est dit même des petits enfants en 1 Jean 2. Ainsi, immédiatement après qu’il est établi en Christ, l’onction est mentionnée — cette bénédiction par laquelle l’Esprit ouvre les yeux du croyant et lui donne puissance pour voir et comprendre les choses avec une capacité nouvelle et divine. De plus, l’Esprit scelle le croyant sur la base d’une rédemption accomplie et devient pour lui les arrhes d’un héritage futur : « Qui nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs ».
Arrivons maintenant à un autre passage, où se trouve la même double pensée — l’épître aux Éphésiens. Les courtes remarques que je ferai peuvent suffire pour les deux. En Éphésiens 1, 12-14 il est écrit : « Afin que nous soyons à la louange de Sa gloire, nous qui avons pré-espéré dans le Christ ». « Nous » signifie d’entre les Juifs qui anticipons la nation en étant amenés à faire reposer nos espérances sur Christ le Seigneur. « En qui, vous aussi (les Éphésiens) ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut, auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage » etc. Vous observerez que l’apôtre parle de l’Esprit Saint sous deux points de vue, et en rapport avec les deux principaux sujets qu’il a présentés et présente dans le chapitre. L’un est l’appel du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, l’autre l’héritage. Le Saint Esprit en agit avec nous en rapport avec les deux. Relativement à l’appel de Dieu, Il scelle le croyant, et relativement à l’héritage, Il est les arrhes dans nos cœurs. Dans l’un des cas, Il est la puissance d’une séparation consciente pour Dieu, sur le terrain de ce qui est maintenant achevé. Et ainsi, vous remarquerez que dans ce même verset il est dit : « Ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut ». Ce n’est qu’en conséquence de cela que le Saint Esprit daigne prendre une telle place dans le croyant. Il scelle la personne de celui qui se repose sur la rédemption et Il devient les arrhes de l’héritage de la gloire que nous partagerons avec Christ.
Il y a souvent sur ce sujet des difficultés dans l’esprit des enfants de Dieu. Mon unique but, mon seul désir en en disant ici quelques mots, c’est de contribuer par mon faible secours, à faire disparaître quelque peu la difficulté, et je dois ajouter quelque peu le préjugé qui obscurcit ce point. Ceux qui savent comment le monde a empiété sur le domaine des saints, ne seront pas surpris qu’il y ait quelque difficulté à comprendre un thème tel que celui-ci. Je fus reconnaissant, l’autre jour, en parcourant un ancien auteur puritain, de voir que même lui admettait cette distinction de la foi (et certainement ce n’est pas dans le puritanisme que je dois chercher l’intelligence de la doctrine du Saint Esprit). Toutefois, par cela même que je m’y attendais moins, il m’a été plus agréable de trouver un théologien élevé au-dessus des trop communes traditions légales de son parti. C’était un hommage rendu à la simple et précieuse vérité de Dieu par une âme pieuse. Il faut se rappeler aussi que cette âme pieuse et capable écrivait il y a deux cents ans, à une période critique, où le côté moral de la loi était soutenu avec plus d’ardeur encore qu’à aucune autre époque. Le légalisme est ordinairement le grand obstacle à une saine intelligence de la doctrine du Saint Esprit. C’est le légalisme sous une forme ou sous une autre qui cause les difficultés. Le Saint Esprit est la puissance de sainteté dans le croyant, comme la loi était la force du péché pour l’homme placé sous elle. La loi avait affaire avec la chair. Le Saint Esprit habite maintenant où est la nouvelle nature.
En vivifiant, l’Esprit de Dieu trouve une âme qui est absolument sans vie aucune à l’égard de Dieu. Il n’y a rien en elle, sinon la nature déchue, avant qu’Il communique la nouvelle créature par la foi en Christ. La foi en la Parole rattache l’âme à Christ ; il lui est communiqué une nouvelle nature qu’elle ne possédait pas autrefois. « Ce qui est né de l’Esprit est Esprit », comme la chair vient de la chair. Mais le sceau de l’Esprit suppose une chose sainte déjà existante, soit qu’on regarde à Christ ou aux saints comme ils sont en Christ. Naturellement, il n’y a pas de sceau sur la vieille nature. Le Saint Esprit scelle cette nouvelle nature ou plutôt la personne vivifiée. Mais n’y a-t-il pas plus encore ? Je crois que, dans notre cas, il y a une autre pensée. Ce n’est pas simplement qu’il doit y avoir quelque chose de bon et de saint à sceller, et qu’il serait monstrueux et absurde de supposer le Saint Esprit apposant Son sceau sur la chair ou la vieille nature : vivifier suppose une absence de vie ; mais sceller implique de plus qu’il y a quelque chose à sceller qui est selon Dieu. Car même une nouvelle nature n’est pas assez, parce que les saints avaient une nouvelle nature dès les temps de l’Ancien Testament (quoique pas révélée alors), pourtant il ne nous est jamais dit qu’ils fussent scellés du Saint Esprit. Mais maintenant, être scellé implique quelque chose de plus. Le sceau de l’Esprit ne vient pas simplement sur la vie, quoiqu’il la suppose toujours, mais suit la réception de « l’évangile de notre salut » : « En qui, ayant entendu la Parole de la vérité, l’évangile de votre salut, auquel aussi après avoir cru » (vers. angl.). Je ne mets pas ici une importance particulière sur le mot « après » mais je veux bien le prendre (comme quelques-uns soutiennent qu’il faut le faire) pour « ayant cru ». Cependant, en fin de compte, cela revient tout à fait au même. Dans mon opinion bien arrêtée, cela suppose que les saints avaient déjà cru et que le sceau était une action subséquente du Saint Esprit sur leurs âmes. En somme, les hommes ne sont pas scellés comme incrédules, ce qui serait, si elle était possible, la chose la plus misérable. Ils sont scellés comme croyants, de même qu’ils furent vivifiés comme morts dans leurs péchés.
La question du temps qui s’écoule entre croire et être scellé, est d’une importance médiocre, mais la distinction des deux choses est au contraire fort importante. N’y aurait-il qu’une minute d’intervalle, pourtant elles sont distinctes et le sceau suit la foi. L’incrédule a besoin d’être vivifié, le croyant d’être scellé. Loin de l’admettre comme un point douteux ou une proposition discutable, j’affirme que l’Écriture est positive et uniforme sur cette vérité, savoir, que le sceau de l’Esprit suit invariablement la foi, et dans aucun cas, n’est la même chose que la foi, ni n’arrive dans le même moment. Je maintiens que quiconque ne reconnaît pas cette vérité, confond l’action de l’Esprit de Dieu vivifiant ou donnant de croire, avec ce qui est d’une nature tout à fait différente. Il en résulte aussi le danger que les gens sont ainsi constamment exposés à confondre la condition des saints de l’Ancien Testament avec le christianisme. Sans aucun doute, le Saint Esprit s’occupait des âmes anciennement ; sans aucun doute, elles étaient vivifiées et croyantes. Étaient-elles scellées ? Avaient-elles les arrhes de l’Esprit dans leurs cœurs ? Ni l’un, ni l’autre.
Cela nous conduit à la raison de la différence. Ce n’était pas qu’ils fussent des incrédules ou qu’ils n’eussent pas la vie, car leur foi est certaine, et pour le royaume de Dieu, il est indispensable d’être né de nouveau. Mais l’évangile du salut n’était pas encore la base connue, publique pour la bénédiction de l’âme dans sa relation avec Dieu. C’est-à-dire, l’ancienne condition était toujours une condition simplement d’attente ; il n’y avait encore aucune communion goûtée avec Dieu dans la paix et la délivrance. Le christianisme a amené cela et plus encore. Christ est venu et a accompli la rédemption, et le Saint Esprit, envoyé maintenant du ciel, nous apporte, non seulement la promesse — car à elle toute seule la promesse n’est jamais le christianisme — mais les promesses vérifiées au plus haut degré en Christ Lui-même. Partout où ce n’est qu’une simple promesse, présentée à l’âme, l’évangile du salut n’est pas encore compris. J’admets, cela va sans dire, qu’il y a des promesses où l’âme a trouvé Christ. Quelques choses sont futures et, sans doute dans ce sens, elles ne sont pas encore accomplies (par exemple la résurrection du corps et le déploiement de la gloire). Mais je maintiens que l’Écriture attribue la plus grande importance possible au fait de (non pas une simple promesse maintenant) l’accomplissement en Christ ; et que c’est là précisément ce qui est maintenant prêché (pas promis) dans l’évangile. Ce n’est pas une simple espérance de Christ, ce qui est exactement la condition où se trouvent toujours ceux qui sont sous la loi. Ils soupirent constamment soit après le salut, soit pour avoir un intérêt en Christ, et ainsi de suite. Cela était bon dans l’Ancien Testament, et personne ne possédait de titre pour aller au-delà. Le Messie n’était pas venu, ni l’œuvre accomplie, aussi croire plus que cela eût été faire du sentiment, et non la vérité de Dieu ; de l’imagination, et non la réalité. Ce n’est pas selon le témoignage actuel de Dieu que de mettre en avant seulement la promesse ; en vérité, il n’y a pas actuellement une chose telle qu’une « promesse de pardon ». Le pardon est un fait actuel, tandis que la vie éternelle, tout en étant à venir, est une possession présente. Le salut, en un sens fort vrai, est la portion du croyant (Éph. 2), et tellement complet, qu’il est dit du croyant qu’il est ressuscité avec Christ et assis avec Lui dans les lieux célestes. Envisagé jusqu’à Christ, il est aussi parfait qu’il puisse jamais l’être, quoique nos corps doivent être changés plus tard à la ressemblance de Son corps. Dans ce sens-là, le salut est près — pas encore venu.
En conséquence, l’Esprit de Dieu prend une relation nouvelle ou un nouveau mode d’action en rapport avec ce développement des voies de Dieu et de la révélation de la pleine bénédiction. En ce qui intéresse l’âme, le salut est déjà parfait et le Saint Esprit (dans Ses relations avec elle maintenant) en est le messager et scelle la personne de celui qui croit à l’évangile. Le sceau suppose, non seulement une nouvelle naissance qui était vraie anciennement, mais outre cela, il est basé sur une rédemption complète et suppose l’œuvre de Christ connue. Nous-mêmes nous ne scellons pas une chose avant qu’elle ne soit faite. Personne ne penserait à sceller une lettre avant qu’elle ne soit écrite. Ainsi cela suppose toujours que la base sur laquelle repose déjà un objet scellé, est achevée et ferme. De là, l’acte du sceau, appliqué par le Saint Esprit, indique clairement l’état complet de ce qui est en question.
De même que le Saint Esprit scelle pour le chrétien le salut qu’annonce l’évangile (ce qui est de fait la manière par laquelle l’appel de Dieu se déploie maintenant en Christ), l’autre côté a sa place. Il y a ce qui n’est pas encore venu, et le Saint Esprit, même là, n’est pas présenté comme faisant une promesse, mais comme un gage. Il n’est pas plus un gage du salut de Christ que de l’amour de Dieu, mais un gage de l’héritage. Le chrétien a l’amour de Dieu aussi complet envers lui qu’il puisse jamais l’avoir. J’ai un tel salut pour mon âme que Dieu Lui-même ne peut pas le faire plus parfait ; mais je n’ai pas encore l’héritage, et le Saint Esprit, au lieu de m’en présenter simplement une promesse, m’en donne un avant-goût — me donne d’entrer dans l’anticipation, la joie et la bénédiction de ce qu’il est, même tandis que je suis encore dans le monde. C’est pour cela, ce me semble, qu’Il en est appelé les arrhes.
Cela peut suffire pour le texte en Éphésiens ; mais il me faut retourner pour un moment aux Galates, quoique cela puisse paraître du désordre : « Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi ou de l’ouïe de la foi ? ». Ils savaient bien, quoique séduits par les judaïsants, que les œuvres de la loi n’avaient jamais conduits à ce que le Saint Esprit leur fût donné, pas plus qu’à ce que des miracles fussent opérés parmi eux (chap. 3). Ce passage toutefois, n’est pas décisif pour tous les esprits sur la question de la distinction dont je parle. Je me référerai à une autre expression qui se trouve plus loin dans le chapitre 4, et qui est très explicite. Quand Son peuple était sous la loi « Dieu a envoyé Son Fils… afin qu’Il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption ; et parce que vous (Galates qui n’étiez pas sous la loi) êtes fils, Dieu (quand la rédemption fut accomplie) a envoyé l’Esprit de Son Fils dans vos cœurs criant : Abba, Père ». Ainsi c’est le Saint Esprit nous donnant la conscience de la relation qui nous appartient déjà par la foi en Christ (Gal. 3, 26). Ils étaient fils déjà — « parce que vous êtes fils ». Mais alors ils pouvaient, quand même, ne pas avoir la jouissance connue de cette relation ; pour cela « Dieu a envoyé l’Esprit de Son Fils dans vos cœurs criant : Abba, Père ». La signification et la force sont donc aussi claires que possible. Sous la loi, le croyant, quoique enfant, n’eut jamais la conscience de son adoption. Il était ostensiblement, et par sa propre expérience, dans la condition de serviteur, quoique seigneur de tout, comme l’apôtre l’explique au long. La raison en était que, dans la première période, il était sous la loi. Il ressemblait à un mineur « sous des tuteurs et des curateurs jusqu’au moment fixé par le père ». Il était tenu en esclavage sous les principes du monde, et la loi le châtiait et lui faisait sentir sa méchanceté, et la rébellion qui se trouve dans la nature humaine. Tout cela a continué sous le système légal ; mais maintenant est venu un état de choses entièrement différent, comme l’apôtre le montre ici.
Ainsi l’épître aux Romains nous a appris cette grande vérité du christianisme : que, quant à la chair, j’ai le droit, je suis même tenu de la considérer comme morte. Je ne suis jamais appelé à mourir à la chair. Une pareille idée est naturelle, piétiste, mystique, mais ce n’est nullement la vérité révélée en Christ. Je ne suis jamais appelé à mourir à la chair. Sans doute il est parlé de mourir d’une manière pratique à la nature et au monde — mourir tous les jours. Mais c’est une tout autre pensée, et où il s’agit de s’exposer continuellement pour Christ à l’épreuve et à la mort. Mais quant à la chair, j’ai le droit, par la grâce de Dieu, de dire que je suis déjà mort, et je suis appelé à me considérer désormais, et pour toujours, comme mort. Le mysticisme est un effort pour devenir mort en soi-même, et cela sonne bien ; mais la grâce me donne le titre de Christ pour croire dans la puissance de Sa mort pour moi, et de ma mort en Lui, de sorte que je puis sans présomption me tenir pour mort au péché, mais vivant à Dieu en Jésus Christ.
L’épître aux Romains nous a donné cet enseignement en connexion avec la justice ; mais ce qui est enseigné ici est en contraste avec le système légal de contrainte qui servait à en agir avec des mineurs. La rédemption nous a amenés, par la foi de Christ, dans la place de fils et nous avons l’Esprit du Fils de Dieu, donné comme puissance par laquelle nous crions Abba, Père. Telle est la connexion du Saint Esprit avec la doctrine de cette épître. Là, l’objet de l’ennemi était de tourner les croyants de la liberté par laquelle ils avaient été rendus libres, et de la relation bénie de fils devant leur Dieu et Père, pour les ramener sous les ordonnances de la loi sous une forme ou sous une autre. Le Saint Esprit est la puissance libératrice, qui nous est donnée, fondée sur la rédemption par Christ et en Lui.
Mais encore quelques mots sur le caractère pour lequel le Saint Esprit est présenté dans les Éphésiens avant de passer outre. Nous n’avons pas besoin de nous étendre sur toutes les allusions au Saint Esprit, car il n’y a pas un chapitre qui n’en fournisse une ou plusieurs. Dans le témoignage du chapitre 1 et du chapitre 2, le Saint Esprit est envisagé comme la puissance d’accès auprès du Père tant pour le Juif que pour le Gentil qui croient maintenant ; à la fin Il nous est présenté comme la puissance constitutive de l’habitation de Dieu. Ce n’est pas l’habitation de Dieu d’une manière extérieure, comme en Israël. Aucune nuée visible de gloire ne signale Sa présence dans l’Église. Mais il y a la plus grande réalité dans le fait que le Saint Esprit y habite. Dans le chapitre 3, le Saint Esprit n’est pas seulement une puissance révélatrice pour notre intelligence comme dans le chapitre 1, mais aussi une marque intérieure pour rendre plus profonde la communion spirituelle du chrétien et fortifier son homme intérieur selon toutes ces richesses qui sont en Christ. Dans le chapitre 4, la doctrine de l’Esprit de Dieu est largement développée, en relation avec le corps, aussi bien qu’avec les dons individuels. Par-dessus tout, dans la dernière partie du chapitre, il est fait allusion à Lui comme à la puissance active et la mesure personnelle de sainteté dans la marche. Ce qui est convenable au nouvel homme ce n’est pas simplement de faire ceci ou cela, mais de ne pas contrister cette personne divine par laquelle nous avons été scellés pour le jour de la rédemption. Ce n’est pas assez de savoir, comme vérité, le vieil homme jugé et le nouvel homme donné, mais il y a le Saint Esprit de Dieu que nous ne devons contrister d’aucune manière. Le chapitre 5 nous fournit une autre et très intéressante allusion au Saint Esprit. Là, nous sommes non seulement appelés à résister aux excitations charnelles, mais à être remplis de l’Esprit et en connexion avec cela « vous entretenant par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs au Seigneur ».
Et ici, je me permettrai quelques remarques qui, je crois, peuvent être utiles à des âmes souvent accusées d’inconséquence, parce qu’elles se servent de livres et d’hymnes et qu’elles objectent à l’usage de formules de prières. Dans le Nouveau Testament, il n’existe pas un corps de louanges préparées en vers pour l’usage des chrétiens. Il n’y a pas provision de psaumes, d’hymnes ou de chants spirituels, écrits, par inspiration, pour le chrétien : il y en a abondamment pour le Juif. Cela vous étonne-t-il ? Pour moi, c’est simple, convenable et plein d’intérêt. Le Juif avait besoin que de telles louanges fussent préparées pour lui ; le chrétien non, car le chrétien, ayant le Saint Esprit, comme le Juif ne l’avait pas, possède intérieurement une abondante source pour faire de la mélodie dans son cœur. Cela me semble être la raison pour laquelle il n’y a point de provisions extérieures fournies à cet égard pour les chrétiens. À l’Église, qui a le Saint Esprit toujours présent et habitant en elle, appartient la source de l’eau vive ; plus encore, chaque chrétien la possède individuellement, et ainsi, naturellement et d’une façon tout à fait normale éclate en psaumes, en hymnes et en cantiques spirituels. Ainsi ce qui, pour quelques-uns est la preuve d’un besoin de formes humaines, ou pour d’autres un motif pour retourner aux psaumes de David, est réellement la preuve la plus éclatante, dans la manière la plus simple possible, de la bénédiction actuelle de l’Église de Dieu et du chrétien, s’ils avaient seulement la foi pour se servir de leur bel héritage. Ceux qui sont sous la douloureuse expérience de la loi, et, pour cela même, ne peuvent pas entrer dans le culte chrétien, ont sans doute besoin d’être pourvus et de se stimuler par lui du recueil des psaumes juifs, lesquels, si seulement ils les comprenaient, supposent une expérience et une relation toutes différentes. Ils n’ont aucune source de joie en eux-mêmes, ils ont donc besoin d’une provision extérieure. Mais justement, parce que nous avons Christ et, de plus, le Saint Esprit comme puissance divine pour jouir de notre Sauveur, avec notre Dieu et Père, c’eût été abaisser la place de l’Église, si la Parole eût fait, pour nous, une provision de psaumes, d’hymnes et de chants spirituels. La sainte Écriture en agit avec le chrétien comme étant arrivé à l’état d’homme fait, et suppose l’Église, à moins qu’elle ne soit égarée par des séducteurs, dans une position de pleine liberté, devant Dieu, dans l’intelligence de Sa pensée et la confiance de Son amour, entrant dans les richesses de Sa grâce et de Sa gloire en Christ ; et cela, parce que le Saint Esprit habite et dans le chrétien et dans l’Église. La conséquence en est, que la conscience d’une telle bénédiction naturellement — pour ne pas dire nécessairement — trouve son expression, comme nous le voyons, non seulement dans la louange, mais, « s’entretenant par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs par le Seigneur ».
De plus, je ne doute nullement que ces psaumes, et ces hymnes et ces cantiques spirituels dont il est parlé ici ne fussent des compositions chrétiennes, non pas improvisées, ni empruntées au recueil de David, mais les propres expressions variées de l’esprit de louange dans les chrétiens. Ils étaient le fruit de l’Esprit de Dieu agissant dans les premiers croyants, les portant à exprimer leur propre joie pour Dieu, au lieu de les jeter sur une provision inspirée qui n’entre pas dans leurs joies et leurs privilèges distinctifs, mais, en tout, appartient à d’autres qui ne sont pas encore venus. Cela ne répond-il pas pleinement à ces personnes qui mettent en avant des difficultés captieuses et disent : « Après tout vous avez un livre d’hymnes et il nous faut des formulaires » ? Il me semble que oui. Les expressions ici montrent qu’il y avait des compositions poétiques de cette sorte, qu’il y avait une expression propre et caractéristique de louanges et d’actions de grâce, aussi bien que les diverses expériences spirituelles du chrétien. Ces variétés semblent représentées par ces « psaumes, hymnes et cantiques spirituels ». Elles ont chacune leur caractère propre particulier, et l’on ne peut prendre un livre chrétien de louanges à Dieu sans les y trouver toutes. Mais, je le répète, ces compositions sont libres, au milieu des chrétiens, au lieu d’être préparées par l’inspiration divine, en dehors d’eux ; en vérité, c’est une des particularités du Saint Esprit dans le Nouveau Testament. Il est descendu pour être en nous. Il n’est pas simplement Celui qui écrit pour nous et nous enseigne ; il y a en outre cette sorte de témoignage. Vous trouverez, particulièrement dans l’Apocalypse, et de temps en temps autre part même, encore le caractère prophétique de révélation connue : « L’Esprit dit que dans les derniers temps, etc. ». Ainsi, nous ne perdons dans le Nouveau Testament, ni l’élément prophétique qui abonde dans les anciens livres, ni la narration. Il y a dans les épîtres une instruction spéciale sur la marche et la conduite du chrétien, sur le ministère, etc. En outre le Saint Esprit dirige le chrétien dans la joie et la louange. Il n’abandonne pas Sa fonction de faire les injonctions empreintes d’autorité ou de visions prophétiques, mais ni l’une ni l’autre de ces choses n’est nullement le trait caractéristique du Saint Esprit, à l’égard du chrétien ou de l’Église. La louange des enfants, l’expression de la joie commune ou de la joie individuelle dans le Seigneur, ne peut que s’échapper du cœur, aussi bien que des lèvres, et cela aussi sous une forme poétique.
La seule allusion à l’Esprit de Dieu qui reste encore à examiner dans les Éphésiens se trouve dans le dernier chapitre, où nous sommes exhortés à prier par l’Esprit. « Priant toujours avec toute prière et supplication par l’Esprit ». Le Nouveau Testament ne parle jamais de la prière à l’Esprit, mais par l’Esprit. Il n’en résulte pas que l’Esprit ne soit pas digne de louanges et de prières ; qu’Il ne soit pas Dieu également avec le Père et le Fils ; mais il Lui a plu, depuis la rédemption, de prendre une place en nous, qui empêche qu’Il soit fait un objet de prière tant qu’Il habite en nous. La prière à Dieu implique l’Esprit avec le Père et le Fils. Par conséquent là où des sujets chrétiens sont révélés, c’est invariablement « priant par l’Esprit » et non pas Le priant Lui. S’adresser à l’Esprit serait, sans en avoir la conscience, ne pas croire au Saint Esprit comme habitant dans l’Église et dans le croyant ; comme c’est une expression de manque de foi, dans un des grands privilèges distinctifs du chrétien, toujours comme parmi ceux qui confondent l’état de l’Église avec la position juive.
Sans toucher aux passages de moindre importance dans les Philippiens qui parlent de l’Esprit, par rapport à Son caractère plutôt que comme personne habitant en nous (c’est-à-dire comme la source de la communion et du caractère du culte, en contraste avec ce qui était spécial), observons l’omission remarquable de l’Esprit de Dieu dans la doctrine de l’épître aux Colossiens. On l’a souvent fait remarquer, mais j’y fais allusion en passant. Cette épître fait ressortir d’une manière aussi frappante la nouvelle vie, que l’épître analogue aux Éphésiens met en relief le Saint Esprit. Il va sans dire que l’un et l’autre traits sont liés avec le caractère particulier de leurs épîtres respectives.
Dans Thessaloniciens le Saint Esprit est présenté avec une simplicité et une force extraordinaires, et cela de leur conversion à travers toute leur carrière (1, 5 ; 4, 8 ; 5, 19). Les textes ne demandent pas de remarques étendues, excepté peut-être le dernier qui est souvent mal compris : « N’éteignez pas l’Esprit ». C’est tout à fait autre chose que « contrister l’Esprit », contre quoi nous sommes avertis dans Éphésiens 4. Le contrister est évidemment une affaire tout à fait personnelle ; tandis que l’éteindre est justement d’une manière tout aussi excellente en rapport avec d’autres et principalement, je suppose, dans leur action publique ou au moins dans l’usage de leurs dons. Je ne dois pas être une entrave pour un autre, ni élever des difficultés, quant à la manifestation du Saint Esprit dans aucun frère. Cela peut être une grande ou une très petite œuvre, cela ne change rien à la question ; mais — est-elle de l’Esprit ? Du respect pour la présence et l’opération du Saint Esprit dans toutes les variétés de Son action dans l’Église garderait le plus grand d’éteindre l’Esprit dans le moindre. Certainement Dieu ne méprise pas le jour des petites choses.
Dans les deux épîtres à Timothée, il est constamment question de l’Esprit. J’ai fait remarquer l’épisode prophétique dans la première ; mais l’introduction du sujet en 2 Timothée 1, 7 est profondément intéressante aussi : « Car Dieu, dit l’apôtre, ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour et de conseil » (voyez aussi v. 14). Il n’est pas difficile de voir pourquoi le Saint Esprit est ainsi mentionné à cette place. Timothée tremblait devant les difficultés de la lutte chrétienne — devant cette tristesse et cette épreuve dans lesquelles le service de Christ, plus particulièrement au milieu des assemblées, conduit le serviteur fidèle. C’est pourquoi l’apôtre lui rappelle le don qui lui avait été accordé par l’imposition de ses propres mains, et ajoute que l’Esprit qui nous est donné, à nous autres chrétiens, n’est pas un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour et de conseil. Il y a, par conséquent, deux choses : le don qui lui est communiqué par l’imposition des mains de l’apôtre, et le caractère général de l’Esprit donné aux saints. Il est clair que le but était de fortifier l’homme de Dieu craintif. Pourquoi serait-il surchargé de tristesse par les difficultés, les dangers, les désappointements, ou même la défection de ceux qui avaient autrefois travaillé avec l’apôtre lui-même, et qui maintenant s’étaient tournés contre lui ?
Dans l’épître à Tite, nous avons un riche passage — non pas — concernant un don accordé à un serviteur bien-aimé ; mais la place commune de bénédiction dans laquelle le christianisme amène une âme (3, 4). « Mais quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous a sauvés, non sur le principe des œuvres accomplies en justice, que nous eussions faites, mais selon Sa miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, lequel Il a répandu richement sur nous par Jésus Christ notre Sauveur, afin qu’ayant été justifiés par sa grâce nous fussions, selon l’espérance, héritiers de la vie éternelle ». Ici nous avons non seulement le lavage de la régénération, ce qui, à mon avis, est commun à tous les saints de toutes les époques ; mais nous l’avons sous cette forme et dans cette plénitude qui maintenant appartiennent au chrétien. C’est « le lavage de la régénération, et le renouvellement de l’Esprit Saint, lequel il a répandu richement sur nous par Jésus Christ notre Sauveur ». Ceci paraît être distinctement la pleine puissance de la bénédiction qui caractérise le chrétien. La régénération simplement est universelle et le propre de tous les saints ; mais la riche effusion du Saint Esprit dans cette richesse est l’effet de la rédemption. Aussi cela est dit être « répandu abondamment sur nous par Jésus Christ notre Sauveur ». Ainsi le passage montre d’une manière bien frappante à la fois et ce qui est et doit toujours être vrai, et ce qui ne devint possible, selon les voies sages de Dieu, que lorsque l’obstacle fut ôté, la chair jugée, et que le Saint Esprit put être répandu richement, par Jésus Christ notre Seigneur.
Il y a plusieurs allusions dans l’épître aux Hébreux, mais je n’ai besoin, pour le moment, que de signaler deux expressions : — « l’Esprit de grâce » et « l’Esprit éternel ». Elles doivent être toutes les deux appliquées au Saint Esprit, et demeurent en contraste frappant avec les choses juives : « l’Esprit de grâce » en contraste avec la loi, et « l’Esprit éternel » avec des voies temporaires comme dans les temps anciens.
Nous arrivons ensuite en 1 Pierre 1 à un passage de grande importance pour le croyant : « Auquel salut les prophètes qui ont prophétisé de la grâce qui vous est destinée se sont enquis et l’ont diligemment recherché ; recherchant pour quand, et pour quel temps l’Esprit de Christ qui était en eux, rendant par avance témoignage, déclarait les souffrances qui devaient arriver à Christ et les gloires qui suivraient ; et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel ». Maintenant, ce passage demande et rémunérera richement la plus sérieuse attention. D’abord, nous avons là un énoncé clair de l’œuvre de l’Esprit de Christ dans les anciens prophètes ; mais ce qu’Il était en eux, c’était un esprit de prophétie, c’est-à-dire, Il leur a donné de témoigner de ce qui allait arriver. Il donna à leurs âmes de témoigner des souffrances qui appartenaient à Christ et aux gloires qui devaient suivre. À quel degré ils comprirent ces vérités, et jusqu’à quel point ils en purent jouir, sont d’autres questions ; mais l’une et l’autre furent mises devant eux. Nous trouvons tout cela dans les Psaumes et dans les prophètes en général, mais avec une clarté toute particulière dans Ésaïe, Michée, Daniel et Zacharie. Mais nous trouvons plus encore : « Et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel ». Ainsi, à présent que l’évangile est annoncé, parce que Christ est venu, et la grande œuvre de la rédemption accomplie, le Saint Esprit prend une place toute nouvelle — « envoyé du ciel », chose, vous le remarquerez, qui n’est pas dite de l’œuvre de l’Esprit de Christ auparavant. Évidemment la mission du Saint Esprit, envoyé du ciel, est tout à fait distincte des opérations de l’Esprit de Christ dans l’Ancien Testament, quelque bénies qu’elles fussent. C’est le Saint Esprit descendu du ciel qui est la puissance du croyant pour entrer dans ce qui est maintenant annoncé par l’évangile. En outre, il reste l’accomplissement de la prophétie à une autre époque ; quand le royaume sera (non pas prêché) mais établi en puissance et en gloire ici-bas.
En conséquence, il y a trois choses en tout : premièrement, le Saint Esprit prophétisant ; secondement la jouissance présente du salut de l’âme, proclamé par l’évangile dans la puissance du Saint Esprit envoyé du ciel ; en troisième lieu, la révélation de la grâce à l’apparition de Christ qui sera l’accomplissement des prophéties. C’est-à-dire qu’il y a une œuvre puissante accomplie, et sans aucun doute, la prophétie touche à cette œuvre, quoiqu’elle aille bien au-delà de ce que la prophétie a révélé. Finalement le plein accomplissement de la prophétie est réservé pour l’apparition du Seigneur en gloire. Entre les deux époques — après la venue de Christ pour souffrir, mais avant Son apparition en gloire — le Saint Esprit est envoyé du ciel ; et nous jouissons, dans la foi, par Sa puissance, de ce que l’évangile annonce de Christ. Nous trouverons l’importance de cela plus tard, quand nous examinerons l’Apocalypse ; mais ces remarques préliminaires peuvent servir à faire ressortir le contraste de ce que nous trouvons là.
Il est inutile de m’arrêter sur 2 Pierre, comme la principale allusion est simplement aux prophètes de l’Ancien Testament qui parlèrent sous l’influence du Saint Esprit.
1 Jean peut réclamer une attention particulière, comme nous avons là une pleine instruction quant au don du Saint Esprit en nous, par lequel nous avons Dieu habitant en nous, et nous-mêmes habitant en Dieu. Mais comme cela nous retiendrait en dehors de ce que nous nous sommes proposé ce soir, je ne le rappelle qu’en passant.
À la fin, nous arrivons à l’Apocalypse, où les premières paroles qui annoncent l’Esprit de Dieu placent le sujet sur un terrain entièrement nouveau — nouveau du moins dans le Nouveau Testament. Ici c’est tellement en dehors, non seulement de la phraséologie usuelle, mais de l’esprit, de parler de « sept esprits », que des anciens aussi bien que des modernes ont nié qu’il s’agit du Saint Esprit et ont appliqué la phrase aux sept anges qui se tiennent devant Dieu (Apoc. 8, 2). Moi-même, je ne mets pas en doute que l’allusion ne se rapporte à la puissance spirituelle septuple dont il est fait mention dans Ésaïe 11. Mais le style est sans précédent dans le Nouveau Testament. Naturellement la connexion est aussi différente ici, comme s’appliquant à un temps de transition de jugement sur les hommes, tandis que le prophète juif montrait combien la plénitude de l’Esprit devait reposer sur le Messie.
L’Apocalypse ne s’occupe donc nullement, dans ses visions prophétiques, des objets ordinaires au Nouveau Testament. Cela nous donne évidemment la clef du changement du style. Par suite l’Apocalypse — allant traiter, non pas du déploiement de la grâce, mais du gouvernement de Dieu — est remplie d’allusions à l’Ancien Testament. Nul n’est capable de comprendre le livre, s’il n’a pas les voies anciennes de Dieu présentes à son esprit. Mais on peut suivre ses communications d’une manière plus intelligente, si on n’oublie pas sa constante allusion à la loi et aux prophètes, tandis qu’en même temps, elle lie avec cela les éléments du Nouveau Testament, conduisant jusque dans l’état éternel d’une façon bien au-delà de l’Ancien Testament.
De là, quoique disant : « Grâce et paix vous soient ! », il est parlé de Dieu d’une manière toute différente de ce que nous avons vu jusqu’ici. C’est de la part de Celui « qui est, qui était et qui vient ». Il parle comme Jéhovah. C’est une traduction, si on peut parler ainsi, du Jéhovah hébreu dans le langage du Nouveau Testament. Comme Dieu est ainsi amené devant nous, il en est de même de Son Esprit — « les sept esprits qui sont devant son trône ». Quiconque est familier avec le Nouveau Testament doit être d’autant plus frappé d’une telle expression. N’est-il pas, sans cesse, question de l’Esprit ; — « d’un seul esprit » ? N’est-ce pas là l’enseignement emphatique de l’apôtre Paul ? Le principe et la puissance formatrice du corps de Christ, corps qui est un, n’est-ce pas qu’un seul et même Esprit habite dans chaque disciple de Christ, unissant étroitement et constituant en un tous les membres divers ? Oui, certainement. Et ici, dans les termes mêmes de la salutation, nous entendons parler des « sept esprits », et plus encore « des sept esprits qui sont devant Son trône ». C’est un autre ordre d’idées, complètement différent de ce que nous trouvons dans les épîtres. Il est partout ailleurs « le Saint Esprit envoyé du ciel » ; Il habite dans le croyant ; Il distribue et opère dans l’Église. Ici, c’est des sept esprits qui sont devant le trône de Dieu qu’il nous est parlé. D’où cela vient-il ? Nous entrons dans une scène de gouvernement et d’actes judiciaires. Nous fermons la céleste parenthèse de grâce, où Dieu fit le merveilleux déploiement du mystère, caché des siècles et des générations, dans la gloire de Christ en haut, et du chrétien et de l’Église unis là à Lui. Même dans la préface des sept églises et de Christ en relation avec elles, le jugement est le point capital, et le Saint Esprit est envisagé selon le caractère de gouvernement que le livre dans son ensemble nous révèle. Dieu Lui-même est présenté là, comme jugeant et prêt à gouverner directement plutôt que d’une manière providentielle. Par conséquent, c’est le livre où tous les systèmes, et l’homme comme tel, doivent être jugés. Les églises sont jugées en premier lieu ; le monde est jugé ensuite, puis les vivants (à l’apparition de Christ, et avant la fin de Son règne terrestre), puis, en dernier lieu, les morts sont jugés. Tout le long du livre ce n’est que jugement.
En harmonie avec cela, le Saint Esprit est envisagé conformément à un état de choses terrestre et judiciel, repris du point de vue de l’Ancien Testament, mais avec une profondeur caractéristique de la révélation finale et complète de Dieu. Le prophète parle « de sept esprits » ; c’est la perfection pleine, mais variée du Saint Esprit agissant selon les voies de Dieu développées en gouvernement, et pour cette raison ils sont désignés comme étant devant Son trône.
Dans les épîtres aux églises, il y a une manière de parler, même quand c’est à elles que la Parole s’adresse, remarquablement conforme à ce caractère : « Ce que l’Esprit dit aux églises ». Ce n’est pas l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans le saint ou dans l’Église. Ce n’est pas l’habitation de Dieu par l’Esprit. Mais même Lui, en s’adressant ici à elles, prend plutôt la place d’avertissement et de remontrance comme quelqu’un qui est dehors. Christ Lui-même agit de cette manière. Il n’est pas ici comme la Tête de l’Église, communiquant la nourriture et chérissant Son corps. Il apparaît, marchant revêtu des vêtements sacerdotaux — plus qu’un sacrificateur, mais comme sacrificateur aussi ; non pas certes intercédant pour le croyant et le relevant, mais, au contraire, le sondant avec Ses yeux comme une flamme de feu, et s’occupant de ce qui est contraire à la pensée de Dieu. C’est là évidemment la révélation que nous avons de notre Seigneur Lui-même, dans les choses vues. Par conséquent, Il est Lui-même décrit comme le Fils de l’homme — désignation extraordinaire relativement à l’Église, et pourquoi ? Pourquoi est-Il vu ici comme Fils de l’homme ? Il va prendre le royaume, et en attendant, le jugement Lui est donné parce qu’Il est le Fils de l’homme (Jean 5). Ainsi le Seigneur a pris la place de juge, quoique le sujet soit les églises elles-mêmes. Toute espèce de jugement est entre Ses mains. « Malheur à celui qui vivra quand Dieu fera ces choses ! ». En conséquence, nous trouvons que la meilleure de ces églises — la première du moins — est menacée d’avoir son chandelier ôté, si elle ne se repent (et s’est-elle repentie ?) ; tandis que la dernière, quoique appelée à se repentir, est positivement menacée d’être vomie de la bouche de notre Seigneur. Pour ce qui est des églises, il y avait donc réjection entière et sans espoir.
Vient ensuite un vaste changement ; et (quelle que soit la chose jugée), des rachetés — non plus sur la terre — sont glorifiés dans le ciel, et le Seigneur est vu en haut comme un agneau immolé (un Christ rejeté) dans la présence de Dieu et sur Son trône. Là aussi, nous voyons l’Esprit, mais encore comme sept esprits, symbolisés par sept lampes ou torches de feu (encore l’aspect judiciaire) ; comme aussi dans le chapitre suivant il y a puissance et activité dans les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre — il ne s’agit plus de la prédication de l’évangile par le Saint Esprit envoyé du ciel. L’Église n’est pas plus en vue que l’évangile mais c’est une mission sur toute la terre, où Il est un Esprit, non de grâce mais de gouvernement, qui en agit activement avec la terre dans son universalité. On n’entend même plus parler des églises ; elles ne sont pas même ici des objets de témoignage pour l’Esprit de Dieu. À partir de ce moment, Dieu est occupé d’autres plans, de plans terrestres, les cohéritiers célestes étant en haut avec Christ. L’Esprit de Dieu agit donc en vue de toute la terre.
Cela indique suffisamment le caractère si particulier de l’action du Saint Esprit dans cette période apocalyptique. La plus grande portion du livre traite de l’intervalle de transition après que les églises ont disparu de la scène, et avant que le Seigneur Jésus vienne du ciel avec Ses saints glorifiés, en vue du jugement de la terre. Je crois que c’est là, en abrégé, un exposé vrai du sujet principal de l’Apocalypse. Le sujet des églises est déterminé, et on n’en entend plus parler après le chapitre 3 (excepté dans les exhortations de la fin). Puis nous entendons parler, comme je l’ai déjà fait remarquer, des sept cornes et des sept yeux, représentant les sept esprits de Dieu répandus sur toute la terre. La période de la longue patience prend fin, et les jugements divins prennent leurs cours. Ce n’est pas qu’il n’y ait des saints appelés et rendant témoignage ; et il va sans dire qu’il ne pourrait pas y avoir des saints vivifiés sans la puissance vivifiante du Saint Esprit, agissant par la Parole, comme avant. Mais quel est le caractère de l’action du Saint Esprit dans et par ces saints qui suivent l’Église sur la terre ? Quelle est la nature de Ses communications à leurs âmes ? Quelle est l’expérience qu’Il forme au-dedans et quelle est la marche vers laquelle Il conduit au-dehors ? La réponse, dans les termes mêmes de l’Apocalypse, c’est que l’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus (car voilà quel doit être à mon avis l’ordre réel des termes du passage ; quoique, étant conçu dans la forme d’une proposition réciproque, la grammaire admette l’un ou l’autre).
Or, cela nous fait entrer de suite dans toute la différence des relations de l’Esprit de Dieu envers ces saints, comparées avec Son aspect envers l’Église et le chrétien. Le Saint Esprit, comme fait actuel et caractéristique, habite dans le croyant comme esprit de communion. Ce que j’apprends en Christ, j’en jouis comme étant mien. Tout cela est ma portion et mon bonheur. Dieu ne fait pas une seule révélation, concernant Son Fils, que je n’aie le droit de prendre comme consolation de mon cœur. Le chrétien a un intérêt direct dans toute Sa gloire. Il peut ne voir que ce qui Le présente comme objet d’adoration pour l’âme, en tant que le Fils du Père ; mais, pourtant rien ne le réjouit davantage, parce que, comme né de Dieu, ayant le Saint Esprit qui met le cœur au large, c’est la joie du croyant d’avoir quelqu’un au-dessus de lui quel que soit Son amour — quelqu’un devant lequel il peut se prosterner et adorer. Nous savons, hélas ! combien Jean montra là sa propre faiblesse (l’abus de ce qui en soi serait parfaitement juste, s’il s’agissait d’un objet divin) ; mais la gloire de l’ange obscurcit et divisa un petit moment l’hommage de son cœur : l’éclat de ce personnage révélateur était si brillant que le prophète allait l’adorer. Mais le croyant (dont le cœur connaît le Fils de Dieu, connaît Sa grâce, se réjouit dans Sa gloire selon que le Saint Esprit lui montre Jésus) est un adorateur empressé du Père comme aussi du Fils.
Dans toutes les autres choses où Christ n’est pas ainsi simplement le Fils, la personne éternelle et divine, l’objet du culte et de l’adoration, Il est Celui qui, à la fois est au-dessus de nous, et se plaît dans Son profond amour à partager avec nous Sa portion. De fait Il nous donne tout ce qui Lui a été donné. Tout ce qu’Il a acquis, Il le fait contribuer à notre bénédiction infinie. Observez dans tout cela, que c’est l’Esprit de Dieu qui prend des choses de Christ et nous les annonce. Il glorifie Christ mais en nous annonçant ce qui est à Lui. Il fait déborder nos cœurs de la joie de Christ que nous possédons.
Dans l’Apocalypse tel n’est pas le cas. Voyez les saints dans le chapitre 6, la première place où quelques-uns sur la terre nous soient présentés de fait, dans la partie prophétique. Ils demandent au Seigneur qu’Il juge leurs adversaires. Ils soupirent ardemment après quelque bien qu’ils ne possèdent pas. C’est le cas même dans le cantique de Salomon, et non pas ce qui appartient à l’Église, ou à la relation du chrétien, comme je vais le faire voir en parlant du livre de l’Apocalypse. Mais la position des saints sur la terre, après que l’Église a disparu, est telle que le Saint Esprit n’est que l’Esprit de prophétie. Le seul témoignage qu’Il rende à Jésus c’est comme un esprit prophétique, ce qui les rejette sur l’avenir — sur ce qu’ils doivent recevoir par Jésus, lorsqu’Il apparaîtra. Il n’en est pas ainsi pour le chrétien ; et c’est là un fait qui peut expliquer beaucoup quant aux principes divers dans les manifestations de Dieu et la bénédiction du saint. Deux choses sont nécessaires pour placer dans une véritable bénédiction actuelle. Il me faut un objet qui satisfasse mes affections, et il faut que je possède cet objet. Il me faut un stimulant pour mon attente, étant encore dans le corps et entouré d’objets dont Satan se sert pour m’éloigner de Dieu. Or, il est essentiel pour moi, que comme j’ai Christ pour mon cœur, je l’aie aussi comme attente dans l’autre sens de mon espérance. Il nous faut ces deux choses qui semblent être contradictoires, mais qui, en réalité, sont les éléments essentiels de la pleine bénédiction du saint et de l’Église. Si je n’ai pas devant mon cœur un objet qui puisse le satisfaire, quel exercice ou quel repos peut-il y avoir pour ses affections ? Mais le chrétien a Christ. Et c’est pour cela que le Saint Esprit le scelle, lui donne cette onction, lui donne de connaître ce qu’il a, comme Il est sa puissance pour jouir de Christ et de ce que Christ lui a donné. Mais alors le même Saint Esprit me conduit à attendre Christ. Nous trouverons cela aussi dans l’Apocalypse — pour nous, non pas pour ceux qui viendront après l’Église. Ce n’est qu’avec l’Épouse que l’Esprit dit : « Viens ». Ce n’est qu’en en agissant avec elle, qu’Il excite son cri et s’y joint en disant : « Viens ». Et Il dit : « Viens », parce que Celui qui nous aime le plus et qui est vraiment aimé de nos cœurs nous a dit qu’Il vient. Aussi l’Esprit, qui honore Sa parole, inspire ce désir et nous fait soupirer après Lui. Mais alors Celui que j’attends c’est Celui qui aime comme personne ne put jamais aimer — qui s’est dépensé Lui-même, dans Son amour. Ainsi j’ai et en même temps je n’ai pas. J’ai toute la bénédiction en conséquence de la possession par la foi, et néanmoins j’ai tout le stimulant de l’espérance qui me fait regarder hors de la scène présente, pour n’être parfaitement satisfait que lorsqu’Il m’aura, et que je L’aurai, dans la gloire céleste où Il est allé.
C’est là précisément ce que le cœur trouve dans le christianisme. Christ est descendu sur la terre et m’aime là où je suis. Il m’aima au milieu de ma folie et en dépit de mes péchés. En même temps Il est mon espérance ; et je serai semblable à Lui, et avec Lui, là où Il est. Et voilà ce qui se trouve dans le christianisme et nulle autre part. Cela ne pouvait pas être avant la venue de Christ, parce que l’objet n’était ni venu, ni pleinement révélé. Cela ne peut pas être après Sa deuxième venue. À Sa venue, il y aura bénédiction pleine et éternelle, et toute tristesse, toute difficulté s’évanouira. Alors, le sentier sur la terre sera un sentier aisé. Mais maintenant il y a l’opposition de l’Esprit de Dieu à la puissance de Satan. Par conséquent, il y a tous les éléments possibles pour entraver et éprouver l’enfant de Dieu. Mais il y a la bénédiction de la foi et de l’espérance. Le Saint Esprit est la source de toute puissance. Depuis la rédemption, Il prend Sa place dans le croyant et dans l’Église. Que la portion de l’Église de Dieu est belle !
Mais évidemment, quand l’Église s’en sera allée en haut, il n’y aura plus de condition pareille. L’Esprit de Dieu vivifiera les âmes comme Il le faisait avant d’être envoyé du ciel pour former l’Église. C’est-à-dire, qu’il y aura la même œuvre élémentaire du Saint Esprit, aussi longtemps qu’il y aura des âmes ici-bas, et un Dieu à connaître vitalement. En outre, l’Esprit Saint opérant d’une manière appropriée à l’économie rejettera les saints sur l’avenir. Il n’y a rien là d’étonnant, parce que c’est simplement l’ordre alors devant Dieu. Ainsi le contraste est manifeste. Les saints célestes auront été, juste auparavant, ôtés du monde : ici sont ces âmes qui sont préparées pour la terre milléniale. C’est absolument une période de transition ; mais la forme d’action et de témoignage de l’Esprit est de diriger les cœurs sur l’avenir qui va être révélé. L’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus. Ainsi ce n’est pas le déploiement de la plénitude de la rédemption. Ce n’est pas la puissance qui donne à l’âme la conscience de pénétrer « au-dedans du voile ». où il y a une ancre sûre et ferme pour l’âme. On n’y voit rien de notre paix et de notre joie : cela, les saints le possèdent maintenant en Jésus. Mais la forme emphatique de la communication implique que le Saint Esprit les dirigera à regarder à Lui pour l’avenir. Ils auront à attendre. D’autres âmes doivent aussi souffrir comme eux (Apoc. 6, 11). Par conséquent, nous trouvons des paroles telles que celles-ci : « Jusques à quand, Seigneur ! ». Ils attendent Celui qui doit venir, et rien que la toute-puissance de Dieu ne peut leur donner de croire cela, tant sera grande la séduction d’injustice.
Ce n’est pas à l’homme à disputer avec Dieu, et ce n’est pas au croyant à mettre en question la Parole de Dieu. Toute notre sagesse consiste à avoir sur-le-champ une foi simple dans les Écritures, ce qui a pour effet de mettre du calme dans l’âme, en présence de toutes les questions, de toutes les difficultés, et de tous les doutes de l’esprit sur ces matières. Si Dieu a révélé l’avenir, Il l’a révélé pour que nous le connaissions. Il est si peu vrai que le chrétien a assez à faire de s’occuper exclusivement de ses propres bénédictions qu’au contraire, vous dépouillez le chrétien d’une portion de son héritage particulier, si vous l’induisez à abandonner cette position avantageuse. Non seulement le chrétien possède maintenant la foi, et l’anticipation de l’espérance, mais il est ici placé sur une éminence d’où il embrasse l’avenir, regardant jusque dans l’éternité même. Quelle position peut être plus large, plus bénie que celle d’un chrétien ? Oh ! comme nous entrons peu dans notre propre bénédiction en Christ ! Combien peu nous la connaissons ! Comme nous en jouissons peu ! Les saints apocalyptiques n’auront pas cela, mais un témoignage prophétique de la part de l’Esprit de Jésus.
Il n’est pas nécessaire que j’en dise davantage sur ce sujet maintenant. Permettez-moi simplement de ramener votre attention sur les dernières paroles comme une preuve convaincante de ce qui a été avancé — que le Saint Esprit, dès que la prophétie est terminée, nous est présenté, à la fin, en union avec l’espérance de l’Épouse, expression qui signifie l’Église de Dieu et rien d’autre. Il me semble que c’est une erreur, une déception de l’ennemi d’appliquer, dans l’Apocalypse, ce terme d’Épouse à Jérusalem. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Que celui qui l’entend dise : Viens ». Ici, nous avons d’une façon évidente l’Esprit guidant l’Église, envisagée dans sa propre anticipation nuptiale de Jésus. La place même où cela se trouve rend l’appel plus frappant encore, parce qu’après avoir traversé le cours entier des voies de Dieu envers l’homme jusqu’à leur dernier terme, même après le jugement final devant le grand trône blanc, après avoir pleinement décrit les nouveaux cieux et la nouvelle terre, la joie propre du chrétien aurait pu être tant soit peu diminuée pour avoir été tellement occupé de prophétie. En vérité, une étude pareille est bien faite pour abattre l’esprit et le cœur quand il n’y a pas un contrepoids d’espérance céleste. Je suis persuadé que la prophétie toute seule tend à produire un effet terrestre sur l’âme du chrétien, et nous conduit à gaspiller l’énergie spirituelle destinée à Christ et à l’Église, ainsi qu’aux âmes dans leurs besoins et leurs dangers, si nous lâchons notre esprit après de minutieux détails de jugement terrestre ou de reconnaissance curieuse. Naturellement cela est positivement nuisible au saint de Dieu, en proportion de la mesure dans laquelle sont exclus Christ et les choses célestes.
Remarquez comment le Saint Esprit a pourvu ici à ce danger relativement à l’Église. Nous pouvons parcourir toutes ces visions prophétiques que Jean a écrites pour nous, et nous pouvons voir en elles un tableau complet de l’avenir où sont réunies en un foyer, dans l’Apocalypse, les lumières éparses dans le reste des Écritures. Après que tout cela est fait, la principale chose qu’Il entreprend c’est, pour ainsi dire, de nous faire regarder complètement hors des scènes terrestres et fixer notre vue sur notre propre objet à nous — Christ. Et cela me semble, sinon plus étonnant, du moins plus frappant dans un livre si éminemment prophétique. Toutefois ce dernier appel nous élève, de suite, hors de la région inférieure de la prophétie, dans ce qui convient mieux au cœur renouvelé dans ses plus vraies affections pour son propre et céleste objet — Christ en haut et revenant encore.
Que le Seigneur nous donne de jouir, avec une paix toujours plus profonde, de cette merveilleuse lumière que nous donne la Parole de Dieu au sujet du Saint Esprit qui daigne être en nous (quoiqu’uniquement pour l’amour de Christ) et cela à cause de Son estimation tant de Christ Lui-même que de cette rédemption qui est notre fondement immuable devant Dieu ! Puissions-nous ne pas seulement apprendre davantage sur l’Esprit, mais, guidés par Lui, avoir nos cœurs fortifiés, jouissant par Lui, en Christ, notre Seigneur, de tout ce qu’il a plu à Dieu de nous révéler dans Sa précieuse Parole !