Écho du Témoignage:Remarques sur l’Apocalypse/Partie 11

De mipe
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Chapitre 18

Le cas de Babylone démontre d’une manière frappante, ce me semble, comment un jugement qui est dit émaner de Dieu, peut en même temps être exécuté par les hommes. Au chapitre 17, nous avons vu que Dieu se servira des dix cornes ou rois, dans les états desquels la terre romaine se trouvera divisée à la fin de cette dispensation — et qu’il donnera une prééminence particulière à ce qui est appelé « la bête », c’est à savoir, à la puissance qui sert de lien à ces autres parties autrement séparées et distinctes. Le grand chef impérial et les divers pouvoirs, distincts mais non plus indépendants — vassaux de celui-là — seront les instruments que Dieu emploiera pour infliger Ses jugements à Babylone.

Maintenant, au chapitre 18, il ne paraît pas un mot de cela ; et la différence entre les deux portions est si évidente, et si grande à première vue, que certaines personnes ont avancé résolument que le jugement du chapitre 17 était antérieur à celui du chapitre 18 ; que, dans le premier, la destruction de Babylone est le fait simplement de l’homme ; mais que, dans celui-ci, son jugement est postérieur et procède directement de Dieu. Mais je ne voudrais pas fonder un enseignement sur cette explication, concevant au contraire que, dans le même jugement, vous pouvez avoir le côté de Dieu et le côté de l’homme, Dieu agissant providentiellement, et les hommes — comme le moyen qu’Il emploie — frappant le coup. S’il y a réellement une distinction à faire, la « chute » vient avant la destruction finale. Il résulte pour Babylone de l’assaut des pouvoirs civils un avilissement total de sa condition ; ensuite, c’est un appel pressant de Dieu à Son peuple pour l’en faire sortir ; puis enfin arrive la complète et éternelle destruction de Babylone, de la part de Dieu.

Si nous considérons Babylone dans l’Ancien Testament, nous voyons précisément que les prophètes ont parlé de sa destruction comme du jour du Seigneur contre elle. « C’est ici l’œuvre du Seigneur l’Éternel des armées, dans le pays des Chaldéens » (Jér. 50, 25, vers. angl.). En même temps, il est tout à fait certain que l’instrument par lequel Dieu a amené la ruine de Babylone, est le célèbre Cyrus, chef de l’armée médo-perse. C’est de la même manière qu’en Apocalypse 17 nous sont présentés les vrais instruments humains. L’influence de Babylone s’étendait bien au-delà, mais les dix cornes de la terre romaine étaient les pouvoirs qui, en quelque sorte, rayonnaient de son centre même. Et c’est pour cela peut-être que Dieu fait voir dans ce chapitre que ces pouvoirs, qui semblaient si fortement attachés à Babylone dans un abject esclavage (le pouvoir impérial lui-même n’ayant guère été qu’une bête de somme pour elle), sont destinés à faire volte-face, à un certain moment désigné de Dieu, et à assouvir sur elle leur vengeance, leur dédain et leur haine. Ils ont des vues humaines, sans doute ; mais ils exécutent pour Dieu une œuvre de juste rétribution. Dieu leur aura mis au cœur de s’accorder pour donner leur royaume à la bête, jusqu’à ce que Ses paroles soient accomplies.

Mais au chapitre 18, les instruments humains disparaissent, et lorsque cet autre ange descend du ciel, il ne dit pas un mot de ceux dont Dieu s’était servi, comme moyen, pour faire tomber Babylone ; ils sont omis, et c’est le Seigneur Dieu qui la juge. Dieu aurait pu détruire Babylone sans les dix rois tout aussi aisément qu’avec eux ; ils n’étaient nécessaires en aucune façon : mais il convenait au gouvernement que Dieu exerce sur la terre d’employer les dix cornes pour humilier Babylone à la fin, puisqu’auparavant elle avait régné sur les rois de la terre et commis fornication avec eux. Ils pouvaient être, eux, des hommes méchants ayant de mauvais desseins : c’est pourquoi il est nécessaire qu’il soit directement montré aux saints que Dieu Lui-même est contre Babylone.

Considérons un peu maintenant ce nouveau point de vue, auquel nous ne trouvons plus sur la scène que deux parties : Babylone sur la terre, et Dieu dans le ciel. Et le Seigneur Dieu se prononce contre l’orgueilleuse et royale cité qui fut la constante ennemie de Dieu et de Son peuple — qui fut l’instrument de Satan pour séduire et entraîner ses victimes dans une alliance de méchanceté et dans l’idolâtrie. Tel est le caractère sous lequel Babylone est ici envisagée. Et néanmoins, c’est cette Babylone qui s’arrogeait la position et la fonction de faire connaître Dieu. Car la grande ville n’est pas une puissance athée ; elle n’est pas, comme la Babylone ancienne, un étranger de dehors, et employé de Dieu, comme moyen, pour infliger le châtiment à Son peuple d’Israël. Dans ma pensée, la Babylone de l’Apocalypse correspond aussi clairement que possible à la Babylone de l’Ancien Testament ; mais elle s’applique aux sujets du Nouveau. Dans l’Ancien Testament, la pensée de Dieu avait essentiellement pour objet Son peuple et le pays ; et il y avait aussi une ville sur laquelle Son œil se reposait avec une affection particulière, car Il n’aimait pas seulement le peuple, mais Il s’intéressait à ce qu’Il avait donné au peuple. Mais cet état de choses a complètement cessé depuis que le Seigneur Jésus a été crucifié. Depuis lors jusqu’à maintenant, il n’a pas existé de lieu plus saint qu’un autre. Celle qui avait été la sainte ville se trouvait être maintenant le champ même qui était taché du sang du Seigneur Jésus Christ. Mais l’œil de Dieu voyait que, dans la suite des temps, s’élèveraient une ville et un peuple de professants qui prendraient avantage de la révélation que Dieu avait donnée, et formeraient de l’état de corruption et de ruine du christianisme un système à eux, empruntant tout ce qu’ils pourraient au judaïsme et le mélangeant avec le mal des Gentils pour produire ainsi un système au plus haut degré haïssable pour Dieu et séduisant pour l’homme. Je n’ai donc aucun doute que, dans ce chapitre, c’est Rome qui est en particulier l’objet du jugement de Dieu ; non pas que Rome soit exclusivement ce qui est compris dans Babylone, mais parce que Rome en est le centre, parce que c’est, de toutes les villes, la plus coupable aux yeux de Dieu. Il ne s’agit pas de Rome sous sa forme païenne, ni de Rome telle qu’elle est de nos jours, encore qu’elle soit bien mauvaise et croissant, je crois, en méchanceté. Je crois que la Babylone de l’Apocalypse n’est pas simplement ce système qui s’oppose aujourd’hui au christianisme, mais la Babylone qui aura fait opposition au dernier témoignage que Dieu enverra — le témoignage de Dieu concernant Son propre royaume même qu’Il est près d’établir sur Son peuple bien-aimé. Car Dieu ne renonce jamais à Ses desseins. C’est une partie du caractère de Dieu de ne se repentir jamais de Ses dons et de Son appel. Là où il ne s’agit pas d’un dessein de miséricorde, mais d’une menace, Dieu peut fléchir, et Il aime à le faire. Qu’Il le fasse, nous le savons par l’histoire de Ninive (bien qu’un coup fut frappé plus tard et qu’un coup doive être frappé dans quelque temps futur). Il laissera les hommes dire qu’Il a changé de pensée là où il s’agit de différer le châtiment dû au péché ; mais, d’un autre côté, là où il y a de la part de Dieu dessein de bénir un peuple, Il n’y renonce jamais. Cela est digne de Lui. Il est plein de miséricorde. Il pourra permettre que la prophétie envoyée contre Ninive par Son serviteur Jonas ait l’air d’avoir été mise de côté ; Il ne se préoccupe pas de ce que les hommes en disent. Il veut bien leur laisser croire que, par grâce, Il a changé de pensée et que la sentence de destruction a été détournée là où il y a eu humiliation et repentance devant Dieu. Mais la chose réjouissante que nous voyons est celle-ci : — que lorsque la chute de l’homme, la chute de l’Église et autres apostasies pareilles paraissent avoir compromis le dessein béni que Dieu tient en réserve pour Son peuple et pour Sa propre gloire — tout ce qui est de Dieu ne fait que se déployer avec plus d’éclat un autre jour.

Considérons Babylone dans son histoire passée et voyons comment ce nom était approprié pour exprimer le mal spécial qui devait surgir de la corruption du christianisme. C’est en Genèse 10 qu’il est pour la première fois fait mention de Babel. Là, elle se trouve en connexion avec un homme plein de volonté, qui avait d’abord montré son adresse à l’endroit des animaux, et qui commença bientôt à tourner contre ses semblables toute l’habileté et toute l’expérience qu’il avait acquises dans une sphère moins élevée. Nimrod est le premier personnage avec lequel Babel soit associée ; c’est l’homme concentrant le pouvoir en lui-même. Mais au chapitre suivant (Gen. 11), nous avons une autre idée. C’est n’est plus seulement l’homme s’exaltant lui-même et en exaltant d’autres soumis à lui par la fraude ou par la force, mais c’est un grand effort des hommes se rassemblant entre eux pour bâtir quelque chose de permanent, de fort et de haut — une tour dont le sommet s’élève jusqu’aux cieux et qui leur attire un nom sur la terre. Ici donc, nous avons les deux pensées qui sont toujours plus ou moins directement liées avec Babylone. Elle peut se présenter sous la forme individuelle d’un homme qui s’exalte lui-même, ou bien sous la forme collective d’hommes qui combinent quelque grande entreprise ; ou, enfin, elle peut être un mélange de ces deux principes. Et c’est ce que vous trouverez plus clairement développé encore lorsque vous arriverez à l’histoire de la nation juive. Dieu appela les Juifs comme peuple, et leur conféra des privilèges et des bénédictions particulières. Ils tombèrent dans l’idolâtrie, le péché de Babylone qui en était la grande et primitive source ; et Babylone devint le principal instrument de jugement pour le peuple de Dieu, et la scène de la captivité de Juda. Là encore, vous avez Nebucadnetsar, la tête d’or de la statue, correspondant à Nimrod, et la grande ville qu’il bâtit correspondant à la tour de Babel — les deux idées impliquées dans ce nom se trouvant ainsi réunies comme en effet elles le furent bientôt au commencement, car Babel fut le commencement du royaume de Nimrod. Le cœur naturel convoite pour l’homme une élévation présente sur la terre, et une exaltation revêtue d’une sanction religieuse, mais tendant à un but d’idolâtrie.

Or, le Saint Esprit, dans le Nouveau Testament, relève le terme « Babylone », et l’applique à la corruption qui devait se développer dans la chrétienté professante. Lorsque Dieu sauve des âmes, Il ne leur permet pas de choisir leur propre voie dans le monde ; encore moins leur permettrait-Il de choisir leur propre voie dans l’Église. Celui qui comprend bien la place qui lui appartient comme étant à Dieu, a sa volonté brisée. Il a reçu le privilège de traiter sa nature comme une chose morte et mauvaise ; non pas sur le pied d’un esclave, qui travaille pour un salaire et parce qu’il y est obligé, mais dans la liberté d’un enfant de Dieu, de quelqu’un qui a été béni de Dieu et qui a à cœur les intérêts de son Père. Or, ce n’est pas la volonté de son Père que, dans le temps actuel, il se mêle avec le monde ou qu’il s’y crée une place. De fait, dans la pensée de Dieu, le monde, pour le chrétien, est quelque chose de trop inférieur, parce qu’il est pratiquement sous la puissance de l’ennemi. Il vient un temps où le monde sera placé sous l’autorité des enfants de Dieu, alors qu’ils jugeront le monde. Mais cela ne saurait avoir lieu jusqu’à ce que Satan soit ôté, et que le Christ soit publiquement exalté sur la terre aussi bien que dans le ciel. Jusque-là, les saints sont appelés à attendre dans la foi et dans la patience. Et tel est l’argument sur lequel l’apôtre insiste en 1 Corinthiens 6 pour démontrer que les frères en Christ ne devaient rien avoir à faire à présent avec les jugements de ce monde. Y porter leurs différends était au-dessous de leur dignité comme enfants de Dieu. C’est en vain que l’on essaierait de réformer le monde : une semblable idée n’entra jamais dans l’esprit de l’apôtre. Car la foi, en même temps qu’elle se réjouit dans la délivrance des pauvres pécheurs, considère le monde au point de vue de Dieu, c’est-à-dire, comme étant déjà jugé et n’attendant plus que l’exécution de la sentence à la venue de Christ.

Mais, si l’apôtre exhorte à la soumission envers les autorités qui existent, il ne dit jamais : Vous, frères, qui occupez des postes d’honneur sur la terre, vous devez continuer à y rester. Cela eût été annuler le but de Dieu dont les enfants ne sont pas du monde, de même que Christ n’est pas du monde. Car aujourd’hui Dieu n’entreprend pas de gouverner le monde, sauf par Sa providence secrète, bien entendu. Lorsque le royaume de ce monde deviendra effectivement sien, Il commencera par juger les corrupteurs de la terre, et plus particulièrement toute iniquité commise sous le nom de Christ. Ce n’est pas ce que Dieu fait maintenant ; Il met plutôt à l’épreuve les âmes de Ses saints, dans un lieu de tentation où tout est contraire à Son nom. S’ils sont fidèles, ils souffriront persécution ; s’ils sont infidèles, le monde pourra faire grand cas d’eux ; ils pourront en partager les aises et les honneurs ; mais Satan se servira assurément d’eux pour faire demeurer les choses tranquilles — car rien n’apporte au mal une sanction éclatante, autant que l’homme de bien qui se joint au monde et lui donne son appui. Souvenez-vous de Lot. Il siégeait à la porte de Sodome, là où s’administrait la justice. La position qu’il occupait là, était aussi déshonorante pour Dieu que misérable pour lui-même. À la fin, il fallut l’en arracher ; mais avant même qu’il fût emmené de Sodome, les plaines bien arrosées du Jourdain avaient perdu leur valeur à ses yeux. Son âme juste s’affligeait des actions iniques des habitants, et bientôt il devint l’objet de leurs railleries : « Celui-ci, disaient-ils, est venu parmi nous pour y séjourner, et il a la prétention de s’établir juge ! ». Ils voyaient l’inconséquence de sa position ; car les mondains sont prompts, en général, à discerner les manquements du croyant. Hélas ! il est facile de comprendre comment un homme peut être pieux, en somme, et se trouver désormais dans des circonstances où un chrétien ne devrait pas être et, dans la mesure de son manquement, n’être pas un vrai témoin pour Dieu. Que je considère le chrétien individuellement, ou bien l’Église, je vois que le but de Dieu est d’avoir, dans le monde, un témoignage à Sa propre gloire ; d’avoir les siens, non pas occupés à renverser le monde, encore moins à rechercher les honneurs et les richesses du monde, mais disposés, par amour pour Christ, à renoncer à ce qu’ils aiment le mieux, parce qu’ils ne regardent pas aux choses visibles, mais aux choses invisibles et éternelles. Voilà où Dieu met Son triomphe ; et c’est selon la mesure dans laquelle nous réalisons cela, que nous sommes de vrais témoins pour Dieu. De l’autre côté, si nous cherchons à gagner ou à retenir le monde avec Christ, nous voilà engagés dans le principe de Babylone.

Sans doute, les chapitres 17 et 18 de l’Apocalypse vont beaucoup plus loin, et montrent qu’un vaste système religieux corrompu est le sujet dont ils traitent. Cela ressort clairement de la comparaison du chapitre 17, 1, 2, 3, avec le chapitre 21, 9, 10, 11. Au chapitre 17, il est écrit : « Et l’un des sept anges… vint, et me parla, disant : Viens ici, je te montrerai le jugement (c’est-à-dire la sentence) de la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux ». Mais ensuite, au chapitre 21, 9, nous avons une autre scène. « Et un des sept anges… vint, et me parla, disant : Viens, je te montrerai l’épouse de l’Agneau, la femme ». Or, il est évident que le Saint Esprit emploie la même forme de langage pour introduire auprès de nous ces deux femmes, dans le dessein, me semble-t-il, de nous faire saisir le rapport qui existe entre elles. Le même guide, un des sept anges qui avaient les sept coupes, vient prendre Jean, et lui montre au désert cette femme terrestre et corrompue ; plus tard, dans la scène finale, il l’enlève sur une montagne excessivement haute et lui montre une femme céleste. Comme la femme céleste est le symbole de l’Église céleste, ainsi Babylone symbolise un corps religieux corrompu. C’est elle qui prend la place de l’Église et celle de témoin pour Dieu sur la terre, en même temps qu’elle soutient toute sorte de commerce mauvais avec ceux qui sont exaltés ici-bas. Il y a d’abord, comme d’usage, ce qui est charnel et terrestre, puis ce qui est spirituel et céleste. Après que le faux système de l’homme et de Satan a disparu, le système véritable est déployé dans la gloire de Dieu.

Or, bien que nous puissions nous attendre à un développement ultérieur de Babylone, comme opposée à Dieu dans le témoignage final du royaume, témoignage qui sera rendu devant toutes les nations avant que vienne la fin, cependant je ne pense pas qu’il y ait de difficulté à discerner dès à présent où se trouvent de la manière la plus complète les traits de Babylone. C’est un système religieux qui gouverne nombre de rois ; ce n’est pas un système qui soit à la merci des gouvernements séculiers. Cette dernière chose est bien un péché, mais ce n’est pas le mal dont il est parlé ici. Babylone est un système de corruption religieuse incomparablement plus ténébreux, plus profond, plus étendu — s’arrogeant exclusivement le nom d’Église de Dieu, s’établissant au-dessus des rois, intriguant avec eux, mais en même temps maintenant sa suprématie sur eux tous ; abrutissant les masses par le poison de ses excitantes faussetés ; se parant de toute la splendeur que lui ont acquise ses prostitutions dans le monde ; source de la pire idolâtrie qui existe sous le soleil ; et enfin manifestant un esprit sanguinaire de persécution contre les vrais saints et témoins de Jésus, sous l’effrayante prétention d’accomplir Sa volonté, d’agir sous Son autorité. Il est un système qui prétend à cette position, qui la prend comme donnée de Dieu, et dont le siège et le centre se trouvent au cœur même de ce qui fut jadis l’empire romain — un système religieux qui affecte la domination universelle, et qui, dans le but de la réaliser, ou bien cherche à captiver par l’art de la séduction, ou bien étouffe toute opposition dans le sang de ses victimes, les prétendus hérétiques. « Par tes breuvages empoisonnés toutes les nations ont été séduites. Et en elle a été trouvé le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre » (v. 23, 24). Pour toute personne non prévenue, qui lit avec calme cette description de Babylone et se demande quel est dans la chrétienté le corps professant où les idoles abondent ainsi, où il y a tant d’autorité sur les rois de la terre, le corps professant qui est si indulgent pour les méchants, si cruel pour les justes — pour toute personne non prévenue, il est impossible de ne pas voir et de ne pas répondre[1].

Quant aux églises grecque et orientale, quant aux églises établies d’Angleterre, d’Écosse, et autres églises nationales réformées, elles sont plus ou moins dans un état de complète subordination vis-à-vis du gouvernement qui a affaire avec chacune d’elles. Il peut y avoir, et je crois qu’il y a, du mal à cela. Mais il est deux manières par lesquelles un système religieux peut agir contrairement à Christ : ou bien par un coupable asservissement au monde, ou bien par une suprématie sur lui plus coupable encore — en un mot, en étant l’esclave du monde ou le maître du monde. Dans le temps actuel, il n’y a qu’un seul système religieux qui prétende avoir les rois à ses pieds, et ce système est l’église de Rome, qui, par conséquent, correspond à Babylone. C’est une grande erreur que de croire que nous en avons fini avec elle, ou que son jour est passé. Rome peut encore obtenir un triomphe passager. Ses émissaires sont activement répandus sur la surface du monde, et les fondements du protestantisme sont minés de toute part. Ceux qui s’attendent à voir le christianisme, dans l’état actuel des choses, renverser ses adversaires sur la terre, sont, selon moi, en grand danger de se trouver déçus dans l’espoir antiscripturaire d’obtenir une Église aussi grande ou plus grande dans le bien, que Rome ne l’est dans le mal. Car il surviendra encore une lutte terrible, et Rome, dans ma prévision, acquerra une influence universelle et étouffera toute voix qui lui sera contraire, excepté les soupirs des quelques témoins dont il est ici parlé, témoins qui meurent par elle, ou bien qui sortent du milieu d’elle. Dieu les entendra ; mais pour ce qui est de tout témoignage ouvert ou public à Lui-même, il sera absorbé par Babylone. Et quant à la destruction de Babylone, ce n’est pas par le moyen de l’évangile ou par la force de la vérité qu’elle sera effectuée, mais par la volonté et la colère des hommes. Partout où le romanisme emporte la victoire, l’incrédulité en est la conséquence infaillible ; aussi Babylone prépare-t-elle toujours la voie au dernier effort de la Bête contre l’Agneau. Mais avant que la fin arrive, la Bête obtient tout à fait la haute main, et Babylone devient sa pâture et celle des dix cornes.

Est-ce là ce qui nous est présenté ici ? L’homme est laissé de côté ; il n’est pas une seule fois fait allusion aux dix cornes dans le chapitre 18, bien qu’il soit fait allusion aux rois de la terre. Voici la différence : dans « les rois de la terre », sont compris, me semble-t-il, tous ces gouvernants de la chrétienté avec lesquels Babylone avait vécu dans les termes d’une coupable intimité, ou qui avaient soutenu avec elle de mauvaises relations. Les dix cornes sont les chefs de l’empire dans son état final de division et les instruments actifs de sa dévastation, comme cela nous est déclaré au chapitre 17. Les rois de la terre sont ceux qui mènent deuil sur elle, et non ceux qui la brûlent. Ici, au chapitre 18, son heure est venue, et c’est le Seigneur Dieu qui la juge.

Remarquez bien quelle est ici la voix qui vient du ciel : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés, et que vous ne receviez pas ses plaies » (v. 4). Recevoir de ses plaies n’est pas le motif divin pour se séparer d’elle. Les hommes se préoccuperaient passablement de ce sujet-là ; mais la grande chose que Dieu attend de Son peuple, c’est qu’ils ne participent pas à ses péchés. Je désire placer cette question devant chaque chrétien individuellement : Jusqu’à quel point avons-nous sympathie avec la pensée de Dieu concernant Babylone et ses péchés ? Jusqu’à quel point sentons-nous le mal qui est en elle et le jugeons-nous ?

Babylone n’a pas recherché le ciel, mais la terre ; elle n’a pas recherché les souffrances de Christ et les gloires qui doivent suivre, mais elle a aspiré à s’asseoir en reine et à ne point voir de deuil. Babylone est satisfaite d’une exaltation mondaine. Si vous marchez évitant toute chose semblable, Babylone n’a pas d’attraits pour vous. Et le danger actuel de chaque âme, par rapport à Babylone, c’est d’en venir graduellement à se soucier, comme chrétien, de ce que l’homme apprécie sur la terre et de se l’accorder. Dans ces dernières années, il s’est opéré un grand changement dans les pensées des chrétiens, en ce qui regarde la jouissance réelle de la prospérité et du plaisir en ce monde. Mais il y a dans tout cela un étonnant danger ; car quelle est la pensée de fond ? L’élévation, le progrès, l’exaltation de l’homme — l’homme montrant ce qu’il peut faire et améliorer. Et l’on cherche à rattacher à tout cela le nom et la sanction de Christ ! Hélas ! c’est là Babylone la grande (v. 9-19). En elle nous voyons le but auquel tend le désir du cœur, qui est de jouir, tout en professant d’être à Christ, de tout ce qui est dans le monde : la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Je ne m’étonne point qu’un homme inconverti cherche à rendre le monde agréable : c’est ce que Caïn a cherché ; et aujourd’hui il y a telle marche dont on peut dire que c’est marcher dans la voie de Caïn. Il y a ceux qui confectionnent toutes sortes d’instruments de musique, et ceux qui travaillent sur airain et sur fer. Il est vrai que ces choses ont pris naissance à une époque bien primitive du monde ; mais toutefois, ce n’est pas pour rien que l’Esprit de Dieu nous déclare qu’elles se trouvaient dans la famille de Caïn, et non dans la famille de Seth. Tout fils d’homme est tenu responsable devant Dieu, qu’il soit ou non converti, de reconnaître sa position de rejeté à cause de sa qualité de pécheur : il n’a pas le droit d’étouffer sa conscience dans les plaisirs et la gloire du monde. Mais si mauvais que cela soit, la chose que Dieu hait le plus, et qu’Il jugera publiquement de la manière la plus terrible, même dans ce monde, c’est de rattacher le nom de Christ à la satisfaction des convoitises mondaines. N’est-ce pas le désir même de beaucoup de chrétiens d’endosser la grandeur et les richesses du monde ? Je ne doute pas qu’on ne désire cordialement voir des âmes converties, mais on aimerait les voir apporter avec elles leur influence terrestre. Voilà l’esprit de Babylone. Ce que le Seigneur attend de nous, c’est que nous accomplissions la volonté de Dieu, que nous souffrions pour elle, et que nous la prenions patiemment. Tout ce que le cœur de l’homme convoite, sera trouvé enlacer la volonté de l’homme. Il n’est pas une seule place de distinction ou de gloire dans le monde, qui n’oblige celui qui l’occupe à faire l’abandon d’une bonne conscience envers Dieu. En d’autres termes, vous ne pouvez à la fois être membre du monde et agir fidèlement comme membre de Christ. Si vous estimez le monde et que vous désiriez le suivre, vous présenterez toutes sortes d’excuses et raisonnerez en faveur d’un compromis ; mais cela ne fera que montrer jusqu’à quel point le levain de Babylone a affecté votre âme.

Dieu rassemble les âmes autour de Jésus — c’est-à-dire de Jésus rejeté et monté au ciel. C’est pourquoi l’Église est établie sur ces deux vérités fondamentales. Elle a la croix, et elle est unie à Christ dans la gloire céleste, par le Saint Esprit envoyé ici-bas. Or, la croix et la gloire céleste ne peuvent se mélanger avec le monde. Voilà la chose même qui met mon cœur à l’épreuve. Si Christ est mon objet, je n’aurai pas besoin du monde ; je porterai — peut-être faiblement — mais toutefois je porterai mon regard en haut, vers le ciel ; et là je trouverai l’objet — l’unique objet — par lequel Dieu veut me fortifier, me donnant de vouloir souffrir dans la conscience que j’ai Christ dans la gloire. Là où l’Église cherche quelque chose d’autre, l’estime ou la gloire du monde, par exemple, ou même l’amélioration de la société, elle renie la gloire qui lui est propre.

Le papisme s’est mépris sur le véritable caractère de l’Église ; il a suivi le système juif et pensé qu’on devait apporter de l’or, de l’argent, des pierres précieuses et des choses délicates pour honorer le Seigneur (voyez v. 12-14). Mais Dieu est plus sage que les hommes, et montre que toute cette prétention à L’honorer n’est qu’une fausse apparence, et que ce qu’au fond les hommes recherchent, c’est de s’honorer eux-mêmes. Ils recherchent ce qui offre de l’attrait et fait d’eux-mêmes un sujet d’attraction, en même temps qu’ils cachent leur véritable but sous le prétexte du nom de Christ. C’est là ce que Dieu jugera, et ce qui infectera la chrétienté tout entière avant que ce jugement vienne. Vous me demanderez peut-être comment cela peut-il être possible, lorsqu’on voit se former un si grand nombre de sociétés, et une énergie si active — tant religieuse que morale — se déployer contre les diverses formes de mal public par tout le monde. Ce n’est pas ce que je vois, moi, que je vous déclare, mais ce que montre la Parole de Dieu — la prépondérance universelle, avant qu’arrive la fin, d’un système corrompu qui a évidemment son centre à Rome, encore qu’il étende plus loin son cercle, embrassant toutes les institutions religieuses quelconques[2] qui, si opposées au papisme qu’elles paraissent aujourd’hui, ne lient pas les âmes avec le ciel. Il n’y a pas de sécurité pour aucun de ceux qui bâtissent sur la terre. Les saints célestes seront retirés avant que le jugement tombe sur Babylone. Ce n’est pas à eux qu’il est fait allusion dans cette parole : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple ». Cela est dit du peuple terrestre de Dieu[3] pour un peu plus tard. Mais en même temps, ce principe trouve sa pleine application ; car l’essence même de Babylone est l’union du monde avec le nom de Christ. « C’est pourquoi sortez du milieu d’eux et vous en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous recevrai ».

Le Seigneur ne tiendra point pour innocent celui qui a la conscience de ce qui est dû à Christ, et n’y marche pas. À quiconque est dans ce cas je voudrais dire : Voilà où vous en viendrez : vous cheminerez pour un temps et serez troublé par la vérité, car elle vous condamnera ; mais sous peu vous trouverez que vous en avez perdu le goût, vous vous en fatiguerez et même vous tournerez contre elle, et dès lors vous serez moralement mûr pour Babylone quand elle se présentera devant vous. En ce qui me concerne personnellement, la question pour Dieu est de savoir si je suis coupable de l’esprit de Babylone. Si quelqu’un marche dans sa voie, il participe à son péché. Et qui s’oppose à la vérité autant que ceux qui la corrompent ? Qui hait autant que ceux qui sont condamnés d’eux-mêmes ?

Il y a maintenant une grande œuvre en train, non seulement pour dissoudre et détruire ce qui est ancien, mais pour unir et amalgamer en vue de diverses fins ; et ainsi que cela s’est vu dans la Babylone du commencement (Gen. 11), cette œuvre sera trouvée, dans le cours des temps, servir le dessein de cette grande cité avant que le Seigneur Dieu la juge pour toujours.

Je crois, sur le fondement de divers passages des Écritures, qu’il y aura un mélange étonnant du christianisme avec le judaïsme : et ce dernier, jugé par la nouvelle et pleine révélation qui est donnée de Christ dans le Nouveau Testament, ne vaut pas mieux que le paganisme (Gal. 4). Nous savons avec quelle tendresse le Saint Esprit supportait la faiblesse, les scrupules, l’attachement aux anciennes habitudes religieuses chez des chrétiens qui avaient été Juifs auparavant (Rom. 14) ; mais il en était bien différemment quand des docteurs cherchaient à imposer des ordonnances juives aux convertis d’entre les Gentils. Le même Esprit traitait un rite emprunté par les Gentils aux Juifs, comme étant en principe la même chose que l’ancienne idolâtrie païenne. « Mais maintenant, ayant connu Dieu, ou plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être asservis ? Vous observez des jours, et des mois, et des temps et des années ». Le papisme est aujourd’hui la plus saillante et la plus haïssable illustration de cet amalgame ; mais des abominations plus grandes apparaîtront encore. Le sacramentalisme et le rationalisme, dans ces pays protestants comme dans d’autres, se provoquent l’un l’autre à des excès sans exemple. De plus, où vit-on jamais une pareille indifférence publique, recherchant du loisir pour le commerce au-dehors et le développement social au-dedans ? On en verra le résultat dans les dernières phases de Babylone et de la Bête.

Dans le tableau qui est devant nous, nous avons les lamentations des rois, des marchands et de tous ceux qui avaient eu affaire avec le trafic impur de Babylone. Le ciel, et spécialement les saints (car c’est ainsi qu’on devrait lire), et les apôtres et les prophètes sont appelés à se réjouir du jugement de Dieu. « Dieu a vengé votre sang », ou, littéralement, jugé votre jugement, « sur elle ». Dans l’acte et la parole de l’ange puissant, qui termine le chapitre (v. 21, etc.), ce n’est pas seulement la violence et la totalité de sa ruine qui sont présentées, mais la raison de cette ruine par rapport aux nations : — « car par tes breuvages empoisonnés, toutes les nations ont été séduites ». Le dernier verset ajoute une autre et terrible chose — Babylone ayant hérité du sang que la coupable Jérusalem a répandu. « Et en elle a été trouvé le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre ».

Plaise au Seigneur qu’au lieu de regarder seulement le dehors et de nous occuper à condamner les autres, nous prenions grand soin de préserver nos propres âmes des souillures de Babylone ! Puissent nos affections rester vraies envers Lui, qui seul peut réellement nous garder des séductions de l’ennemi ! Nous sommes fiancés à Christ comme une vierge chaste. « Petits enfants, gardez-vous des idoles » !

Chapitre 19

Nous touchons à une portion plus brillante et plus heureuse de ce livre. Les jugements providentiels de Dieu, soit qu’ils aient été exercés secrètement comme dans les sceaux, soit qu’ils aient servi à appeler les hommes à la repentance comme dans les trompettes, ou soit qu’ils aient exprimé ouvertement la colère de Dieu comme dans les coupes, les jugements, disons-nous, ont eu leur cours et ont été pleinement exécutés. Et maintenant que Babylone, qui s’était donnée comme représentant Dieu dans Sa grâce et Sa vérité, s’était arrogé exclusivement le nom d’Église, d’épouse de Christ, a été mise de côté pour toujours, un terrible et pesant fardeau se trouve écarté de la joie des cieux qu’il affligeait et pour la bénédiction de la terre qu’il corrompait depuis longtemps.

Dieu était ainsi rendu libre, s’il nous est permis de tenir un tel langage, d’accomplir les choses magnifiques qu’Il s’était proposées en faveur de Sa créature pécheresse et perdue, et tout cela, comme ce devait être, par le moyen et à la gloire de l’Agneau. Nous trouvons donc au commencement du chapitre qui nous occupe, deux choses qui se lient. La première est une invitation à se réjouir. « La grande prostituée » avait été un obstacle insurmontable à la bénédiction, non pas simplement parce que tout en elle était mauvais, mais parce qu’elle faisait profession de tout ce qu’il y avait de saint et de vrai, tout en s’employant activement à corrompre la grâce et la vérité jusque dans leur source ; elle reniait Christ d’une manière complète et systématique, quoique étalant partout le symbole extérieur de Sa croix. Pour elle, c’était en vain que le caractère de Dieu s’était manifesté en Christ d’une manière éclatante ; c’était en vain que Dieu avait prononcé contre l’homme et le monde, et introduit une nouvelle création dont le Chef occupait déjà Sa place dans la gloire céleste. Elle associait Christ avec la chair et la terre, et c’est en elles qu’elle cherchait et plaçait ses trésors. Vainement Dieu avait manifesté la lumière et l’incorruptibilité par l’évangile : elle plongeait les hommes dans des incertitudes et des erreurs plus profondes que jamais, leur enseignant que tous les dons de Dieu, et le salut, et Lui-même, peuvent être achetés avec de l’argent, et berçant ainsi traîtreusement les âmes d’un faux espoir que tout irait bien pour elles, et que le jugement du Seigneur était encore fort éloigné. C’est ainsi qu’elle avait arrêté pour le monde, autant qu’il était en son pouvoir, le courant de la bénédiction. Mais le juste jugement de Dieu a maintenant fondu sur elle et il y a de la joie dans les cieux.

Au chapitre 18 la désolation était générale. Les rois de la terre qui avaient commis fornication avec Babylone étaient en lamentation ; les marchands qui s’étaient enrichis par elle menaient deuil. De fait, des hommes de toute condition avaient été enlacés dans ses pièges et tous étaient dans la désolation à cause de la ruine de cette cité. Mais les cieux étaient appelés à se réjouir, et nous avons dans le chapitre 19 la réponse à cette invitation : « J’entendis comme une grande voix d’une foule nombreuse dans le ciel » ; remarquez qu’il n’est pas dit précisément : J’entendis une grande voix d’une foule nombreuse, mais « comme une grande voix », etc. Le mot comme a souvent été laissé de côté, mais je crois qu’il doit figurer ici dans le texte, comme c’est le cas un peu plus loin, au sixième verset, où il est dit : Et j’entendis comme la voix d’une grande foule et comme la voix de grandes eaux, etc. « Et sa fumée monte aux siècles des siècles ». C’est là, pour ce qui concerne Babylone, son triste amen à la joie qui éclate dans les cieux.

Mais nous possédons quelque chose de plus précis qu’un son vague de louange et d’allégresse provenant des cieux : nous savons qui le fait entendre. Les vingt-quatre anciens qui sont en communion avec les pensées de Christ nous apparaissent ainsi que les quatre animaux qui, depuis le commencement, ont été associés avec les jugements providentiels de Dieu, ou, du moins, avec la plupart d’entre eux. Les anciens et les animaux « tombèrent sur leur face et rendirent hommage à Dieu qui est assis sur le trône disant : Amen ! Alléluia ! ». Ce n’est pas encore le Seigneur Jésus Christ Lui-même qui a pris Sa place sur Son trône, mais ils adorent « Dieu qui est assis sur le trône, etc. ». « Et une voix sortit du trône » (car dans ce moment aucune bouche ne peut demeurer fermée), disant : Louez notre Dieu vous tous ses esclaves, petits et grands. Et j’entendis comme la voix de grandes eaux et comme la voix de grands tonnerres, disant : Alléluia ! car le Seigneur notre Dieu, le Tout-puissant, est entré dans son règne. Réjouissons-nous et tressaillons de joie et donnons-lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues et sa femme s’est préparée ».

C’est ici que nous trouvons la seconde partie. Non seulement le jour de la prostituée est passé, mais, de plus, le moment de la pleine bénédiction de l’Épouse est venu.

Il est important de remarquer qu’il ne s’agit pas ici du temps où le Seigneur vient pour recueillir Son Église ; il est question d’une scène qui se passe dans les cieux et non de la réunion du Seigneur Jésus et de Ses saints en l’air. Quelques versets plus loin, nous voyons le ciel ouvert, et Christ en sort suivi de Ses saints. Rien ne peut prouver d’une manière plus claire qu’ils y avaient été déjà introduits. Il faut qu’ils se soient trouvés dans le ciel avant, pour pouvoir apparaître dans le cortège de Christ lorsqu’Il en sort pour exercer le jugement. Je le demande, comment se trouvent-ils là ? Il n’est pas dit que c’est à ce moment qu’ils ont été introduits dans la maison du Père. Du reste, tous les personnages qui viennent de nous être présentés nous sont connus, mais le fait que nous devons considérer est nouveau : il s’agit des noces de l’Épouse dans les cieux — des noces de celle pour laquelle Christ réserve la gloire la plus brillante. Elle se prépare ; et c’est alors qu’est annoncé, non pas simplement le chant de triomphe à cause du jugement du mal, mais bien le mariage de l’Agneau. « Réjouissons-nous et tressaillons de joie ». Remarquez qu’il n’est pas dit : Qu’elle se réjouisse et qu’elle tressaille de joie, mais « Réjouissons-nous ». C’est là une grâce qui s’étend à d’autres. « Et il lui a été donné d’être vêtue de fin lin éclatant et pur ». Quant à l’autre femme, elle avait aussi une sorte de fin lin et ses perles et ses autres atours (chap. 18, 12). Mais il n’est nulle part dit de Babylone qu’il lui a été donné : nous ignorons de quelle manière elle s’est procuré ces choses ; elle peut les avoir volées ou les avoir acquises d’une manière déshonnête ; mais de la femme de l’Agneau, il est dit qu’il lui a été donné d’être vêtue de fin lin éclatant et pur. Le fin lin est la justice des saints (v. 8).

« Et il me dit : Écris : Bienheureux et saints ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau ». Il y a évidemment une solennité particulière dans la conclusion de ce récit, car, après ces paroles, nous sommes, pour ainsi dire, invités à nous arrêter, à écouter et à considérer : « Ce sont ici les véritables paroles de Dieu ». À celle qui a suivi l’Agneau dans la souffrance et le mépris ici-bas est maintenant accordée la plus grande plénitude de joie. Mais les noces de l’Agneau sont seulement annoncées ici et non pas décrites. Le livre de l’Apocalypse n’a pas pour objet de nous décrire la maison du Père ni les scènes qui s’y passent. Dieu n’est jamais appelé notre Père dans ce livre parce que ce qui nous y est révélé, ce n’est pas l’intimité de l’amour de Dieu pour nous, mais plutôt la justice de Ses voies — l’établissement du royaume et la fin alors qu’Il sera tout en tous. À la vérité, un jugement impitoyable doit fondre sur tout ce qui est mal ; mais nous avons déjà vu cela, et lorsqu’arrive la part de Dieu et qu’il est question de la pleine bénédiction de l’Église, nous devons être satisfaits d’un simple avis — l’Épouse s’est préparée. Après ces mots, les noces sont laissées là, relativement cachées ; nous avons bien le son vague et lointain de ce qui se passe, mais c’est là tout. Il nous est parlé des invitations qui sont faites pour ce banquet, comme nous voyons au verset 9 : « Bienheureux sont ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau ».

Et maintenant, je voudrais, avant de poursuivre notre étude, vous prier de vous arrêter un instant pour considérer ce sujet. Dites-moi si c’est aller au-delà de la vérité que de supposer que l’Épouse, la femme de l’Agneau, est une catégorie de saints différente de celle des bienheureux qui sont conviés aux noces ? Quelles sont les personnes que le Seigneur a en vue dans ces deux symboles distincts ? Quant à l’Épouse, la femme de l’Agneau, on n’éprouve généralement aucune difficulté. Presque tous reconnaissent en elle l’Église que le Nouveau Testament présente continuellement comme l’épouse céleste du Seigneur Jésus Christ. Le chapitre 5 aux Éphésiens fait ressortir cette relation dans laquelle elle est avec le Seigneur, ainsi que le développement en sa faveur de la plénitude des affections de Christ. Il est aussi à remarquer que le Saint Esprit ne parle pas de ces relations comme devant exister plus tard, mais comme étant déjà établies maintenant. « Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle ». Cela est vrai à partir du moment où Dieu commença à former l’Église sur la terre par la présence du Saint Esprit envoyé du ciel.

L’Église est toujours considérée comme un corps réel parce que, là où est l’Esprit, là est l’Église. Le Saint Esprit a été envoyé ici-bas, et c’est Sa présence personnelle qui forme l’Église. C’est là la raison pour laquelle les saints qui délogent pour être avec le Seigneur, ne sont pas précisément appelés l’Église. Il est bien certain qu’individuellement ils sont membres de l’Église, mais les Écritures qui parlent de l’Église, ne la voient comme corps de Christ que dans son existence ici-bas. D’ordinaire, les gens parlent d’église visible et d’église invisible, d’église militante et d’église triomphante, et ils pensent que lorsque les chrétiens quittent ce corps pour être présents avec le Seigneur, c’est là et alors qu’on a plus particulièrement l’Église, et sa plus véritable saison. Toutefois, la Parole de Dieu ne s’exprime jamais de la sorte, mais elle affirme l’Église de ceux qui sont appelés, savoir toute réunion de personnes ici-bas qui sont baptisées d’un seul Esprit pour être un seul corps. Sans doute que lorsque tous les membres sont réunis de fait dans les cieux, c’est là l’Église, et c’est ainsi qu’il en est parlé en Éphésiens 5, 27, et peut-être dans quelques autres passages. Mais, en général, dans les portions des Écritures qui traitent de l’Église, ce terme signifie l’assemblée réelle de Dieu sur la terre à un temps donné. Le Saint Esprit y est, et partout où Il se trouve, Il unit les âmes pour ne former qu’un seul corps. C’est là une vérité puissante dont les conséquences sont des plus importantes ; car nous sommes, je le répète, placés, dès maintenant, dans cette relation avec Christ. Nous ne possédons pas simplement l’espérance d’être bientôt l’Épouse de Christ, nous Lui sommes fiancés déjà. Les noces auront lieu bientôt, et tout sera complet quand tous les membres seront réunis. Mais ce qui est infiniment précieux pour nous maintenant et d’une grande importance pratique, c’est que nous sommes déjà introduits dans cette position d’union avec Christ. Ce n’est pas seulement que l’affection sur laquelle le mariage repose existe dès à présent ; il y a plus que cela : le Saint Esprit se trouve sur la terre pour rassembler les saints et les unir à Christ dans le ciel, les rendant aussi réellement un avec Lui maintenant qu’ils le seront jamais. Lorsque Christ viendra, tous les obstacles disparaîtront ; tout ce que Satan emploie pour nous faire oublier notre relation avec Christ sera mis de côté, et nos corps vils seront rendus conformes au corps glorieux du Seigneur. Mais il est important de nous rappeler que notre unité avec Christ comme Son corps dépend de l’action du Saint Esprit qui nous unit maintenant à Christ dans le ciel. Nous sommes actuellement un avec Lui. Il semble donc que le Saint Esprit nous enseigne dans notre chapitre, que l’Épouse n’assiste pas seule aux noces, et qu’il s’y trouve aussi des invités : ce sont ceux que nous voyons conviés au banquet des noces de l’Agneau. Il peut vous revenir à la mémoire que Jean-Baptiste, parlant de lui-même, s’appelle l’ami de l’Époux, et je présume que ceux qui sont invités au banquet des noces de l’Agneau sont précisément ceux qui, dans d’autres passages, sont qualifiés du titre d’amis de l’Époux. Ce ne sont pas des anges, car l’expression « appelés ou conviés aux noces » ne serait pas employée à l’égard des anges. Ils ne sont effectivement jamais désignés dans l’Écriture sous le nom d’appelés, parce que les anges élus sont toujours demeurés dans leur état primitif ; et l’appel de Dieu ne s’adresse qu’à ceux qui sont dans une basse condition afin de les en retirer. Nous avons tous été habitués, je présume, à croire que si quelqu’un est maintenant un croyant ou un enfant de Dieu, il fait inévitablement partie de l’Église, et qu’il n’existe qu’une seule et même bénédiction pour tous les saints de tous les temps. Ici, nous trouvons le contraire positivement et nettement établi, et constaté par l’Écriture. Nous y voyons un banquet de noces dans lequel une place toute spéciale de joie et de bénédiction est réservée exclusivement à celle qui est appelée l’Épouse, la femme de l’Agneau ; composée peut-être, il est vrai, de myriades de personnes, mais reconnues ici comme ne faisant qu’un dans la bénédiction, et désignées par un seul et même terme, celui d’Épouse, pour faire voir qu’elles ont toutes la même portion d’amour et de félicité. Mais cela ne peut pas se dire de tous les saints, car il y en a qui occupent une position différente : ils assistent comme convives et non comme épouse au banquet de l’Agneau.

« Et il me dit : Ce sont ici les véritables paroles de Dieu ». Cet avertissement solennel me paraît très frappant, en ce qu’il semble prévoir l’oubli dans lequel les hommes allaient le laisser tomber. Jean allait rendre hommage à l’ange ! l’autre extrême, hélas !

Au commencement du livre, nous avons vu un avertissement analogue. Voici quelles sont les paroles que le Saint Esprit y a placées : « Bienheureux est celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites ». Il savait que bon nombre de personnes en feraient peu de cas et que, n’étant pas compris, ce livre serait considéré comme aride et inutile. Bien malheureuses sont les âmes qui peuvent s’écrier : « Il n’y a rien ici pour moi ». Il n’est pas de livre dans la Bible où le Saint Esprit recommande plus à notre attention, dès ses toutes premières lignes, les enseignements que Dieu nous donne, comme celui de l’Apocalypse. Et ce qui rend la chose encore plus remarquable, c’est que le même avertissement se trouve répété à la fin, après que toutes les voies de Dieu ont été déroulées devant nous. « Et il me dit (chap. 22) : Ces paroles sont certaines et véritables… Et voici je viens bientôt : bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre », non pas de quelques-unes de ses parties seulement, mais bien du livre entier. Cette déclaration a la portée la plus étendue : « Bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre ». Nous le voyons, le Saint Esprit prend une peine toute particulière pour nous mettre en garde contre l’incrédulité de nos cœurs, aussi bien que contre notre idolâtrie (v. 10).

L’avertissement que nous rencontrons au verset 9 du chapitre qui nous occupe semble destiné à nous prévenir contre les idées confuses et erronées qui, de nos jours, ont tant de crédit même parmi les chrétiens. « Écris : Bienheureux sont ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau. Et il me dit : Ce sont ici les véritables paroles de Dieu ». Outre l’Épouse, il y a d’autres personnes bienheureuses qui se trouvent là. Maintenant, si je jette un regard sur le douzième chapitre aux Hébreux, je découvre parmi les bénis, d’autres classes que celle qui compose l’Église des premiers-nés. « Mais vous êtes venus à la montagne de Sion et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ; et à des myriades d’anges, l’assemblée universelle ». Je ferai remarquer, en passant, que telle doit être la division de ces différentes catégories. Les mots « assemblée universelle » doivent se rattacher aux « myriades d’anges » (v. 22) et non « à l’église des premiers-nés ». La chose est rendue claire pour tout lecteur qui a soin de ne pas perdre de vue que la conjonction « et » se rencontre avant chaque nouvelle division. C’est là un fait admis par les personnes qui n’ont aucune prétention à ce qu’on appelle la lumière dispensationnelle, c’est-à-dire par des hommes qui donnent simplement leur opinion quant à la vraie construction de la phrase. Cela admis, remarquez ce qui se présente ensuite : « Vous êtes venus… à l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux ; et à Dieu, juge de tous ; et aux esprits des justes consommés ». Je n’ignore pas que certaines personnes ne voient dans tout cela qu’une seule et même chose ; elles disent que la Jérusalem céleste, la montagne de Sion, etc., et les esprits des justes consommés ne sont rien autre que l’Église des premiers-nés. Mais examinez de nouveau attentivement le passage et dites-moi s’il est possible d’admettre, pour un seul instant, une telle pensée. Il est question de Dieu Lui-même, et de Jésus le médiateur, et de myriades d’anges. Quelqu’un oserait-il affirmer que tout cela ne constitue qu’un seul et même sujet ? Et cependant on pourrait tout aussi bien le dire, si les autres sujets qui figurent dans cette scène ne sont pas positivement distincts.

Mais examinons quel peut être le véritable sens de ces versets : « Vous êtes venus à la montagne de Sion ; et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ». Lorsqu’il était fait allusion à la montagne de Sion, il était naturel qu’un Juif reportât ses pensées sur la cité terrestre qui s’élevait sur les pentes de cette montagne célèbre ; mais, dit le Saint Esprit, ce n’est point là votre portion. Vous êtes venus à la Jérusalem céleste[4] ; non pas à la cité de David, mais à la cité du Dieu vivant. Ensuite sont mentionnées les « myriades d’anges », et c’est ce qui est appelé « l’assemblée universelle ».

Nous avons donc, dans ce passage, plusieurs objets faisant partie de la gloire milléniale et auxquels il est dit que les saints sont déjà parvenus, du moins en esprit. Il y a la montagne de Sion ; il y a la cité céleste, image de la gloire qui sera prochainement manifestée, la cité qu’attendaient Abraham et les autres patriarches. Viennent ensuite les légions d’anges ; et enfin l’église des premiers-nés, non pas simplement la scène locale de la gloire céleste, mais bien l’assemblée entière des héritiers qui sont écrits dans les cieux en contraste avec le premier-né terrestre, Israël. Après cela, nous sommes élevés jusqu’à Dieu, juge de tous. Le Saint Esprit nous a fait monter graduellement depuis la montagne de Sion, et maintenant il nous fait redescendre, ayant vu Dieu dans Son caractère de juge, jusqu’aux esprits des justes consommés. La place que ces justes occupent est vraiment remarquable. Si nous avions eu à faire un tel classement, il est probable que nous aurions parlé d’eux plus tôt ; mais la raison pour laquelle le Saint Esprit les place à la fin est, sans doute, qu’Il avait en vue de corriger les tendances judaïques de ceux auxquels Il s’adressait, et de donner la prééminence à ce qui est céleste. En conséquence, ayant vu à leur place le siège céleste de la gloire et l’Église, nous trouvons Dieu Lui-même comme juge de tous, et en dernier lieu ces saints qui avaient connu Dieu comme agissant dans ce caractère ici-bas. Ils sont, à cause de cela, appelés les esprits des justes consommés. Ce sont, je n’en doute pas, les saints de l’Ancien Testament (comp. avec 11, 39, 40) car ce sont eux, et non pas l’Église, qui peuvent, avec le plus de justesse, être désignés sous le nom d’esprits des justes consommés. Ils étaient alors dans l’état de séparation (l’âme se trouvant séparée du corps) et y sont encore maintenant. Cela ne sera jamais vrai de l’Église considérée comme un tout. Lorsque viendra le moment où l’Église devra quitter ce monde pour aller à la rencontre du Seigneur, une partie sera trouvée sur la terre, mais non pas du tout dans la condition d’esprits ; il y aura ceux qui seront vivants et qui demeureront jusqu’à la venue du Seigneur. De l’Église, il est dit : « Nous ne dormirons pas tous ». Il n’est donc pas possible que cette description puisse jamais s’appliquer à l’Église comme telle.

Nous avons eu déjà l’Église séparée et distincte des esprits des justes consommés. Il n’est pas plus positif que ce sont des saints, qu’il ne l’est qu’ils ne sont pas l’Église. Apportons la lumière que nous recueillons de ce passage à notre étude du dix-neuvième de l’Apocalypse. Nous y lisons que l’Épouse s’est préparée, et nous ne sommes pas surpris d’y lire aussi, comme un symbole distinct dans le même cercle : « Bienheureux sont ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau ». Mais qu’on ne se méprenne pas sur ma pensée. Je n’affirme pas, remarquez-le, que ces invités dont parle notre chapitre soient les saints de l’Ancien Testament. Il se peut qu’il en soit ainsi ; mais je ne désire pas aller au-delà de la lumière que j’ai reçue de Dieu. Car il est possible que le banquet des noces s’étende à travers le millénium, et cela affecterait extrêmement le caractère des invités. Quoi qu’il en soit, le douzième aux Hébreux nous présente une classe de personnes qui occupera une position bénie dans la résurrection, mais tout à fait distincte de l’Église. Et ici, en Apocalypse 19, la scène qui nous apparaît se passe dans le ciel, et l’Épouse, la femme de l’Agneau, s’y trouve ; et, en outre, j’entends une voix qui dit : « Bienheureux sont ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau ». Ils sont bienheureux, ils sont appelés. Ils étaient autrefois pécheurs, mais ils ont été retirés de cette situation par la grâce de Dieu. Et maintenant ils assistent comme invités[5] aux noces de l’Agneau.

Mais une autre scène vient se présenter à nos regards. Il ne s’agit plus de ce qui se passe en haut ; le ciel s’ouvre : « Et voici un cheval blanc ; et celui qui était monté dessus appelé fidèle et véritable ; il juge, et combat en justice ». Ce n’est point une porte ouverte dans le ciel, ni le prophète enlevé là-haut comme au chapitre 4 ; il ne s’agit pas non plus de quelque chose qui s’y soit passé alors. Mais maintenant le ciel s’ouvre et nous voyons paraître le symbole de la puissance venant pour soumettre la terre et portant déjà les insignes de la victoire. Le cheval figure toujours la puissance en rapport avec la terre ; la couleur de celui qui nous apparaît est celle de la prospérité : c’est un cheval blanc. Personne, je présume, n’a l’esprit assez égaré pour supposer que lorsque cette vision recevra son accomplissement, il s’agira réellement de chevaux. C’est simplement un symbole qui passa devant les yeux du prophète pour figurer certains faits qui recevront bientôt leur accomplissement. Ce qui devait être démontré, c’est que les cieux allaient s’ouvrir en victoire sur la terre. Le Seigneur Jésus Lui-même est présenté comme le cavalier. Il est celui qui dirige la puissance victorieuse. « Et celui qui était monté dessus appelé fidèle et véritable ; il juge et combat en justice » (v. 11). C’est là le sujet de ce chapitre. Dans le chapitre suivant, ce n’est pas un cheval qui nous apparaît, mais bien un trône, symbole d’un tout autre caractère. Le trône implique l’idée de gouvernement et non celle de conquête ; le cheval signifie conquête et non pas règne. Ici le Seigneur Jésus se montre comme faisant éclater Sa puissance pour détruire Ses ennemis ; de même qu’au chapitre 20 nous avons le tableau de Son règne. « Ses yeux étaient comme une flamme de feu » ; c’est-à-dire que Son jugement est exercé avec une intelligence divine. « Et sur sa tête il y avait plusieurs diadèmes — ou couronnes royales. Et il portait un nom écrit que nul n’a connu que lui seul » (v. 12). Il ne sort pas uniquement revêtu d’une certaine gloire qui Lui a été conférée, Il vient exerçant Sa propre puissance divine. Il est parfaitement vrai qu’Il a un nom qui Lui a été donné, comme nous le voyons en Philippiens 2 : « C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom ». Mais ici, ce n’est pas, je crois, le nom de Seigneur, lequel nous confessons tous, mais plutôt « un nom que nul ne connaît que lui seul ». Il possède une gloire qui Lui est essentiellement propre et distincte de celle qu’Il reçut comme récompense, et qu’il ne Lui est pas possible de partager avec qui que ce soit, une gloire qui est à Lui en vertu de Son propre droit, comme personnellement Dieu. Le nom du Seigneur est mentionné ici pour faire connaître ce qu’Il est réellement dans Sa propre nature. Et c’est sous ce rapport qu’il est dit de Sa personne en Matthieu 11 : « Personne ne connaît le Fils sinon le Père ». Cette déclaration est remarquable ; son but est de nous mettre en garde contre le travail de notre imagination. Partout où il est question de Son Fils, Dieu se montre toujours jaloux à cet égard. Lorsqu’il est parlé du Père, voici ce qui est ajouté : « et celui à qui le Fils voudra le révéler » ; mais il n’est jamais dit que le Père révèle le Fils à qui que ce soit. « Personne ne connaît le Fils sinon le Père » — et nous nous arrêtons là. Ne pouvons-nous pas dire que Dieu veut ainsi nous prévenir contre la familiarité avec laquelle l’homme cherche à analyser la personne du Seigneur Jésus Christ ? Il n’est rien d’aussi offensant pour Dieu qu’une irrévérence pareille. L’humanité et l’humiliation du Seigneur Jésus sont clairement démontrées dans les Écritures, mais il n’est pas une des personnes de la sainte Trinité dont la gloire divine soit plus puissamment maintenue que celle du Fils — peut-être aucune qui le soit autant. C’est une chose remarquable que, tandis que des expressions à peu près analogues sont employées, d’abord à l’égard de Dieu comme tel, Romains 1, 25, puis à l’égard de Dieu comme le Père de notre Seigneur Jésus Christ, 2 Corinthiens 11, 31, et ensuite de Christ Lui-même, Romains 9, 5, il est remarquable, dis-je, que dans ce dernier cas, il soit ajouté quelque chose de plus touchant le Seigneur Jésus. Il est dit du Père, qu’Il est béni éternellement ; et de Christ, qu’Il est « Dieu sur toutes choses béni éternellement ». Le Saint Esprit savait que les hommes étaient prêts à outrager la personne du Fils et à porter envie à Sa gloire ; Il prévoyait que là même où ils feraient profession de Le connaître, ils seraient disposés à Le crucifier de nouveau ; et c’est pour cela qu’il n’est rien que le Saint Esprit maintienne avec plus de force que la gloire du Seigneur Jésus, comme de son côté aussi, l’adversaire fait de Christ l’objet de ses constantes attaques. Voilà quelle est la clef de la plupart des questions de doctrine qui s’élèvent comme des difficultés parmi les enfants de Dieu. Lorsque nos âmes sont profondément pénétrées de la pensée de Dieu de glorifier Christ et s’y tiennent fermement, Satan déploiera en vain toute sa puissance. Si la personne et la volonté de Christ sont pleinement discernées, toutes les difficultés disparaissent, qu’il s’agisse de doctrine ou de pratique. Aussi Satan voudrait-il nous empêcher d’en juger d’après leur rapport avec Christ ; il s’efforce de fermer nos yeux sur la gloire et la parole de Christ ; et lorsqu’il y parvient, nous sommes capables de tomber dans tous les pièges : car la même puissance d’aveuglement qui détruit l’homme du monde, agit aussi à l’égard du chrétien pour rendre ténébreuse sa marche et l’arrêter.

Mais revenons à notre sujet. Le verset 13 nous apprend que le Seigneur « était vêtu d’une robe teinte dans le sang ». Il ne s’agit pas maintenant pour Lui de souffrir, mais d’exercer la vengeance. Il vient pour exécuter le jugement de la justice et se revêt alors d’un titre bien connu. « La Parole de Dieu », tel a été le nom particulier qu’Il a pris lorsqu’Il était question de manifester la grâce et la vérité, et dont Il s’est servi pour nous rassembler autour de Lui et nous placer dans une même position avec Lui. Ici encore, Il est la Parole de Dieu comme manifestant le jugement divin. Je ne pense pas que ce soit à ce nom que le Saint Esprit fait allusion dans le verset précédent. Il me semble que le nom écrit qu’aucun homme ne connaît que Lui-même est, avec intention, laissé dans l’obscurité, et cela pour que nous ne perdions pas de vue la gloire divine et parfaite qui est essentielle au Fils de Dieu.

Nous apprenons maintenant que ce n’est pas seul que le Seigneur Jésus vient. Lorsque le ciel s’ouvre et que Christ paraît, Il est suivi de nombreuses armées. « Et les armées qui sont au ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et pur » (v. 14). Remarquez les mots « qui sont » ; parfois les traducteurs ne les ont pas insérés dans le texte, mais ils doivent néanmoins s’y trouver. « Et les armées qui sont au ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et pur ». Je ne doute nullement que les anges se trouveront dans le cortège de Christ ; il est même des portions des Écritures où il n’est question que des anges comme accompagnant Christ ; voyez par exemple 2 Thessaloniciens 1, 7. Dans notre chapitre, au contraire, il est parlé des saints et non des anges. C’est ainsi que fait le Seigneur : Il ne raconte pas les choses comme pourraient le faire les hommes. Il a toujours un objet moral en vue, et c’est pour cette raison qu’Il rappelle telle ou telle portion de la vérité qui se rapporte d’une manière spéciale au sujet qu’Il traite. Ainsi, en Matthieu 25, où le Fils de l’homme est vu assis sur le trône de Sa gloire, les saints anges sont mentionnés comme étant avec Lui. Et pourquoi cela ? Parce que les anges ont une relation toute spéciale, toute particulière avec le Seigneur Jésus, envisagé comme le chef de la gloire humaine (voyez Matt. 13, 41 ; 16, 27 ; Luc 9, 26). Supposons, un instant, que la reine d’Angleterre entreprenne un voyage pour des affaires politiques, elle serait, nous le savons, accompagnée de ses ministres d’état. Si, au contraire, elle se proposait de faire la revue de ses troupes, la présence de ces fonctionnaires ne serait plus requise, mais il faudrait alors qu’elle fût accompagnée des grandes autorités militaires. Si les affaires des hommes marchent ainsi avec ordre, à combien plus forte raison y a-t-il un ordre convenable dans les choses de Dieu. Le Seigneur est appelé Fils de l’homme en rapport avec Sa gloire terrestre : et lorsqu’Il prend en main le gouvernement du monde, Il a avec Lui Ses anges, qu’Il emploie comme les ministres de Sa puissance. Mais ici, Son nom n’est pas celui de « Fils de l’homme », Il est appelé « la Parole de Dieu » et il n’est point fait mention des anges en rapport avec ce nom. En tant que la Parole de Dieu, Christ fait connaître Dieu. Ici Il est l’expression de Dieu dans l’exercice du jugement. Précédemment Il L’avait montré en grâce, et c’est ce que nous avons dans l’évangile de Jean. Le Seigneur Jésus est donc toujours l’expression des pensées et des voies de Dieu, soit qu’il s’agisse de la grâce parfaite ou du jugement parfait.

Les armées qui sortent avec lui du ciel sont donc les saints. Le chapitre même décide la question, à ce qu’il me semble, car nous apprenons par le verset huitième que le fin lin dont ils sont revêtus (et c’est le même mot qui est employé), c’est la justice des saints. Il se peut que d’autres s’y trouvent, mais il n’en pourrait pas être fait mention convenablement, je pense, là où le Seigneur porte le nom de Parole de Dieu. Tandis que la mention des saints célestes est de la plus haute importance, précisément pour cette raison, que ce chapitre nous présente la relation la plus intime des saints avec Christ. Vous y trouvez l’Épouse de Christ, les noces de l’Agneau et la consommation de la joie de l’Église dans les cieux, joie à laquelle aucun étranger ne participe, pour ce qui concerne le monde.

Mais maintenant, Dieu va abattre toute l’iniquité de l’homme et de Satan sur la terre ; en conséquence, la Parole de Dieu descend du ciel, et ceux qui L’ont suivi pendant Sa réjection doivent aussi L’accompagner dans Ses jugements. Il est dit au chapitre 17, 14 : « L’agneau les vaincra… ceux qui sont avec lui sont appelés et élus et fidèles ». Ces paroles annonçaient que lorsque viendrait le moment du combat, le Seigneur ne paraîtrait pas seul, mais que les saints seraient avec Lui — les appelés et élus et fidèles ; et conformément à cette déclaration, ils sont ici. « Les armées qui sont au ciel le suivaient vêtues de fin lin blanc et pur ». Sûrement ils ne seront pas seuls à former le cortège, mais il est important de voir que ce sont là les saints.

Mais poursuivant la description qui nous est donnée, voici ce que nous lisons : « Une épée tranchante sortait de sa bouche afin qu’il en frappe les nations ; et c’est lui qui les gouvernera avec une verge de fer, et c’est lui qui foule la cuve du vin de la fureur du Dieu Tout-puissant », verset 15. C’est là un récit bien simple des divers jugements que le Seigneur exécutera lors de Sa venue. Il y a d’abord la puissance de Sa Parole symbolisée par l’épée tranchante sortant de Sa bouche. Si quelqu’un doit être détruit, la parole seule du Seigneur Jésus suffit pour cela. « Il a dit, et la chose a eu son être ». Le jugement a été exécuté. Mais, en outre, « Il gouverne (les nations) avec une verge de fer ». C’est là le jugement auquel il est fait allusion en Apocalypse 2, lorsqu’il est promis à ceux de Thyatire qui vaincraient qu’ils partageraient avec Christ le jugement sur les nations. « Et il foulait la cuve du vin de la fureur de la colère du Dieu Tout-puissant ». C’est là le jugement impitoyable que nous avons vu au chapitre 14. Il s’agit de la vengeance exercée contre tout mal d’un caractère religieux, iniquité à laquelle est toujours réservé le coup le plus sévère de Dieu. « Et il a sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (v. 16), le même titre que nous avons vu au chapitre 17, verset 14.

Mais, tandis que les invitations se faisaient pour le banquet des noces de l’Agneau, il se préparait un autre banquet bien différent : le grand souper de Dieu. Ce ne sont plus des bienheureux qui sont conviés par la grâce de Dieu. Un ange, obéissant à la parole qui lui a été adressée, et servant d’instrument à la puissance de Dieu, se tient debout dans le soleil — symbole de la puissance suprême — car il ne s’agit pas ici de quelque chose qui doive se passer secrètement. Il n’y a plus lieu à avoir patience : désormais tout est parfaitement connu. Il ne s’agit pas non plus d’un jugement partiel, mais bien d’un jugement complet et final. « Et il cria à haute voix, disant à tous les oiseaux qui volent par le milieu du ciel : Venez et assemblez-vous au grand souper de Dieu, afin que vous mangiez la chair des rois et la chair des chiliarques et la chair des puissants et la chair des chevaux et de ceux qui sont montés dessus, et la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands » (v. 17, 18). C’est, je crois, le même genre de contraste que nous avons signalé au chapitre 14, où nous avons remarqué les prémices au commencement du chapitre, et ensuite la moisson avant que le chapitre finît. Dans tout le chapitre qui nous occupe maintenant, nous avons le banquet de l’Agneau dans le ciel, et le grand souper de Dieu qu’Il fera pour ceux qui font leur proie de corps morts.

« Et je vis la bête et les rois de la terre et leurs armées assemblées pour livrer combat à celui qui était monté sur le cheval et à son armée. Et la bête fut prise et le faux prophète qui était avec elle et qui avait fait devant eux les miracles par lesquels il avait séduit ceux qui avaient reçu la marque de la bête et ceux qui avaient rendu hommage à son image » (v. 19, 20). Vous remarquerez qu’un des deux personnages dont il est question ici est appelé le faux prophète. Il a apparemment perdu sa puissance terrestre, et, en conséquence, il n’est pas présenté maintenant comme la seconde bête sortant de la terre avec des cornes semblables à celles d’un agneau, c’est-à-dire comme l’imitateur de la puissance de Christ. C’est simplement le faux prophète. Quelle qu’ait été sa puissance, elle se trouve maintenant abolie, et il apparaît dans son caractère ecclésiastique comme docteur de mensonges, c’est-à-dire en opposition énergique à la vérité de Dieu. Babylone avait disparu, mais il existait encore cette inique puissance ecclésiastique qui avait opéré avec la bête ; toutes deux sont ensemble les objets du même effroyable jugement de la part de Dieu. « Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre ».

Deux hommes ont été choisis entre tous les autres pour jouir d’une grâce et d’une gloire toutes spéciales. L’un d’eux faisait partie du monde antédiluvien au moment où il se hâtait vers sa fin. « Il marcha avec Dieu ; mais il ne parut plus parce que Dieu le prit ». Lorsque le monde eut vieilli dans le péché et que le peuple de Dieu se fut éloigné de Lui, Dieu intervint encore pour montrer que, quels que soient les temps et le développement du mal, il est toujours possible à Ses serviteurs de marcher avec Lui. Ainsi, lorsque Israël se fut avili dans le péché, Dieu plaça Son serviteur au milieu de ce peuple méchant et corrompu, et c’est dans un tel entourage qu’Élie rendit un témoignage que Dieu couronna par un enlèvement glorieux : car lui aussi fut retiré au ciel sans passer par la mort.

Notre chapitre nous présente un terrible contraste avec les exemples que nous venons de citer ; il nous fait voir deux individus mis à part de tous les autres, tous deux aussi bien remarquables pour Satan que Hénoc et Élie l’avaient été pour Dieu. Et ces hommes qui, l’un et l’autre, ont été à la tête d’une puissance corruptrice (l’un de la puissance ouvertement blasphématoire de la bête, l’autre d’une énergie plus subtile et plus corrompue, celle du faux prophète qui, d’une manière toute spéciale, s’était opposée à la personne du Seigneur Jésus Christ) se trouvent à la fin réunis pour une même condamnation. Si Dieu était intervenu pour enlever au ciel, par une faveur signalée, deux hommes vivants, Il intervient aussi maintenant pour précipiter en enfer deux individus qui ne sont point passés par la mort. Ils avaient été à la tête du mal ; ils avaient persécuté les saints et les avaient vaincus aux yeux des hommes ! Mais à présent leur jour est venu. « Et la bête fut prise et le faux prophète qui était avec elle et qui avait fait devant elle les miracles ». « Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre ».

Le Seigneur juge aussi leurs adhérents, mais non pas d’un châtiment aussi terrible. Ils sont réservés pour le jugement d’un autre jour, il faut qu’ils apparaissent et qu’ils se tiennent devant Dieu. En attendant, ils sont frappés « par l’épée de celui qui était monté sur le cheval, et tous les oiseaux sont rassasiés de leur chair ». Mais pour ce qui est des deux personnages dont nous venons de voir la condamnation, Dieu ne voulait, pour ainsi dire, avoir plus rien à faire avec eux : ils avaient été les chefs les plus méchants de l’iniquité du monde, et, en conséquence, le jugement s’exerce sur eux sommairement et pour toujours. Je ne connais pas dans les Écritures de jugement aussi effroyable. Penser que ces deux hommes doivent être précipités en enfer avant Satan lui-même ! Et, pensée solennelle ! le temps de cette crise approche rapidement. Il est difficile de se persuader pourtant que tel sera bientôt le sort des chefs de ces pays de l’Occident. Ils se trouveront réunis pour un combat près de Jérusalem ; car de même que la chrétienté prit naissance à Jérusalem, de même elle y trouvera sa fin terrible. Et comme l’empire romain apparaîtra de nouveau, de même le chef de la puissance politique sera trouvé soutenant le chef religieux de l’Orient, et en même temps soutenu par lui. Telle est la crise qui attend le monde comme Dieu nous le montre clairement dans Sa Parole. Et j’ai la ferme conviction, sans prétendre fixer l’époque, que déjà même la chose est en train. Il est facile de voir comment l’Orient tend de jour en jour à prendre la première place dans les préoccupations des puissances occidentales, et quelle extension rapide prennent ses rapports avec l’Occident. Ce sont là des faits qui se passent sous nos yeux, mais beaucoup de personnes savent que ces mêmes choses ont été affirmées longtemps avant que ces faits se fussent accomplis[6]. Il en a autrefois été question, et cela avec la même assurance, devant plusieurs de ceux qui lisent ces pages. C’est ainsi que ce qui se passe dans le monde vient d’une manière remarquable à l’appui de la prophétie. Ce ne sont pas les circonstances qui nous permettent de juger sainement, la Parole de Dieu suffira seule pour pénétrer nos âmes d’une conviction inébranlable ; car, soit que les événements doivent se passer sous nos yeux ou non, il est une chose certaine, c’est que nul homme n’a cru Dieu et a été confus. « Les jours et la parole de toute vision sont proches ».

Que le Seigneur nous accorde de nous rappeler qu’il y aura dans le monde une puissance trompeuse par laquelle les hommes seront séduits. Les hommes peuvent se figurer, et se figurent avoir assez d’intelligence pour discerner et repousser la bête et le faux prophète. Mais cela prouve seulement combien ils connaissent peu l’influence et l’action de Satan. Aujourd’hui sa puissance la plus dangereuse ne gît pas dans ce qui paraît ouvertement mauvais, mais dans ce qui revêt des apparences tranquilles et bonnes. C’est le cas encore, et ce l’était lorsque Christ se trouvait ici-bas. L’homme possédé d’une légion de démons reçut la délivrance et la bénédiction. Mais quant aux Gadaréniens, que firent-ils ? Ils supplièrent le Seigneur de se retirer de leurs quartiers.

Permettez-moi de vous demander s’il est quelque chose que vous préférez à Christ ? Il se peut que vous ne manifestiez pas une inimitié ouverte contre Lui. Peut-être aussi écoutez-vous l’évangile, mais l’avez-vous reçu ? Si non, où en êtes-vous ? Si quelqu’un écoute l’évangile sans le recevoir, il le rejette. Dieu ne nous permet pas de penser que nous avons quoi que ce soit à faire avant de le recevoir. Dieu, Lui, a tout fait. De sorte qu’il est positif que si je ne l’accepte pas, je le rejette, et Christ est prié de se retirer. Veuille le Seigneur vous accorder de ne pas vous trouver dans un état semblable de culpabilité présente et de misère éternelle.



  1. Les efforts faits par le célèbre et subtil Bossuet pour détourner de la Rome christianisée ou papale l’application de Babylone telle qu’elle est décrite en Apocalypse 17 et 18, ne sont pas seulement faibles ; mais, dûment passés au crible, ils font ressortir la vérité avec plus d’évidence encore. Son argument est celui-ci : que l’Église étant mariée à Christ, l’Église coupable serait une adultère plutôt qu’une prostituée. À quoi nous répondons que le mot fornication n’est pas seulement un terme générique, ainsi que chacun peut le voir tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, mais que, si même on en fait la plus rigoureuse application, le terme « prostituée » décrit le plus exactement le péché actuel, parce que l’Église est maintenant fiancée à Christ, et non pas mariée. Selon l’Apocalypse, le mariage n’est consommé qu’après le jugement final de Babylone, au chapitre 19.
  2. Babylone n’est pas seulement « la grande prostituée », mais « la mère des prostituées et des abominations de la terre ». Il y a en religion plusieurs sortes de corruption, parentes par nature, bien que Rome soit prééminente, « la mère et maîtresse » des autres, ainsi qu’elle le prétend.
  3. Il suit de là qu’il n’est pas besoin d’adopter l’idée bizarre de Vitringa, d’après laquelle le verset 6 serait adressé aux rois, ni de détruire la distinctive vocation pratique de l’Église en supposant qu’elle est le vengeur des fautes de Babylone. La justice rétributive de Dieu adressera d’une manière mieux appropriée Son appel à Son peuple, les Juifs, qui sont destinés à être les témoins de Son gouvernement en justice ici-bas.
  4. Elle n’est pas envisagée ici au même point de vue que dans l’Apocalypse, où elle symbolise l’Église même dans la gloire ; elle représente plutôt la demeure bienheureuse des saints célestes comme c’est aussi le cas, je pense, en Hébreux 11, 10, 16. Dans la dernière, la gloire est objective, et subjective dans la première.
  5. La note suivante, que je transcris de Daubuz, intéressera certainement beaucoup de lecteurs : « Autre chose est d’être les époux et autre chose d’être invité à un festin de noces. Cela est évident ; et le Saint Esprit distingue fort bien entre ces deux sortes de personnes. L’Épouse, à qui le fin lin est donné, se composant des personnes auxquelles une justification parfaite et les effets qui en découlent sont attribués, implique des personnes ressuscitées auxquelles Christ a ratifié Son contrat antérieur. Mais ceux qui ne sont qu’invités au festin ne sauraient être les mêmes personnes que les époux. Ceux qui sont honorés du fin lin, et déclarés par là pleinement justifiés et saints, doivent naturellement être heureux, mais cette déclaration de bonheur est faite aussi à l’égard d’une autre classe de personnes. Qui sont-elles donc ? Les nations converties, tous les hommes convertis qui, n’ayant pas goûté la mort, ni paru devant le tribunal de Dieu, jusqu’à ce que la mort et le hadès soient détruits, sont encore dans cette vie-ci et dans un état d’infirmité quant à leur chair ; n’étant pas impeccables sans doute, mais richement assistés par de très grandes et extraordinaires effusions de la grâce. Cependant, le Saint Esprit ne les déclare pas saints, expression qui à cette place aurait eu le sens de sainteté parfaite ; Il les dit simplement bienheureux ; tandis que ceux qui ont part à la première résurrection sont à la fois bienheureux et saints. Cette bénédiction et ce bonheur consistent comme on le voit chapitre 21, 24, en ce qu’ils marchent à la lumière de la nouvelle Jérusalem », etc. (comm. Perp. p. 869). On peut différer quant à la mesure d’adhésion à donner à ces pensées, mais qui n’en reconnaîtra l’intérêt et la finesse ?
  6. Ces lignes furent écrites en 1858. J’ai à peine besoin de faire ressortir quelle nouvelle force ces considérations reçoivent de la dernière guerre d’Italie et de la paix qui a suivi.