Livre:Études sur la Parole — La Genèse
J.N. Darby
- Cher frère,
Je me propose de vous donner un court résumé des principaux sujets de chaque livre de la Bible, espérant que cela pourra être de quelque secours aux frères dans l’étude du précieux volume que notre Dieu nous a donné.
Je ne prétends pas du tout vous présenter le contenu de chaque livre, mais seulement (dans la mesure de connaissance que Dieu m’accorde) une espèce d’index des sujets, les divisions des livres par sujets, et, autant que j’en suis capable, le but que s’est proposé l’Esprit de Dieu dans chacun d’eux.
La Bible est un tout qui nous présente Dieu sortant de Sa plénitude intrinsèque pour manifester tout ce qu’Il est, et pour faire entrer avec Lui, dans la jouissance de cette plénitude, ceux qui, ayant été rendus participants de Sa nature, sont devenus capables de comprendre et d’aimer Ses conseils et Lui-même.
Mais avant que ce plan de Dieu soit pleinement révélé, l’homme est introduit sur la scène comme un être responsable, et son histoire, comme tel, nous est donnée dans les diverses phases qu’il a traversées, jusqu’au moment où son inimitié contre Dieu se manifesta à la croix ; c’est alors que fut posé le fondement de la pleine révélation du plan de Dieu, et de l’accomplissement de Son bon plaisir dans l’homme, par le fait dans lequel fut révélé et glorifié le caractère divin tout entier, en amour et en justice, Dieu étant justifié à tous égards en introduisant l’homme dans la gloire.
La création a servi de sphère à cette manifestation de Dieu. Mais, comme manifestation, elle aurait été absolument imparfaite, quoiqu’elle déclarât Sa gloire jusqu’à un certain point.
De plus, le péché étant entré dans le monde, l’état de la création qui en était résulté, s’ajoutant aux effets de la providence qui réglaient l’ordre et les détails de cette création, tendait, dans la condition où se trouvait l’homme, à lui donner une fausse idée de Dieu. Car, par le fait que l’homme rapportait à Dieu cette création et ce gouvernement, il y voyait une puissance qui n’appartenait qu’au Créateur, et, en même temps, l’existence du mal renversait dans son esprit toutes les idées qu’il pouvait se former de Sa puissante bonté.
Tandis que l’intelligence de l’homme se consumait en vains efforts pour expliquer cet état de choses, les superstitions et la philosophie vinrent mettre le comble à son égarement. D’un côté, les superstitions faussaient encore plus les idées erronées que l’homme s’était faites de Dieu ; de l’autre, la philosophie l’amenait à nier l’existence d’un Dieu dont il sentait cependant le besoin, en vertu de l’incertitude où le plongeaient les efforts que faisait son esprit naturel pour se soustraire à l’empire des superstitions. Ces superstitions n’avaient, en effet, pour origine que Satan qui s’était emparé de l’idée de Dieu dans le cœur des hommes, pour la dégrader et fournir, sous ce nom, un aliment à leurs convoitises, consacrées par le nom de dieux, lesquels, en réalité, étaient des démons. Or la philosophie n’était que les efforts inutiles de l’esprit humain pour s’élever à l’idée de Dieu, hauteur à laquelle il était incapable d’atteindre, et à laquelle, par conséquent, il renonçait en s’en faisant gloire.
La loi même de Dieu, qui revendiquait Son autorité, en déclarant la responsabilité de l’homme devant Lui, ne révélait Dieu que dans l’exercice du jugement ; elle exigeait que l’homme fût ce qu’il aurait dû être, sans manifester ce que Dieu Lui-même était, si ce n’est en justice. Elle ne Le révélait nullement comme agissant en grâce, au milieu de la scène d’ignorance et de misère que le péché avait introduite dans l’humanité ; et, à vrai dire, elle ne le pouvait pas, car elle avait pour objet d’exiger de l’homme une certaine ligne de conduite, dont le législateur se constituait juge à la fin de la carrière de celui qui en était responsable.
Mais le Fils de Dieu, c’est l’introduction de Dieu Lui-même au milieu de toute cette scène ; il est le Témoin fidèle de tout ce que Dieu est dans ses rapports avec elle. En un mot, c’est le Fils qui révèle Dieu lui-même, et qui devient ainsi nécessairement le centre de tous Ses conseils et de toute la manifestation de Sa gloire, aussi bien que le but de toutes Ses voies.
Nous trouverons donc trois grands sujets dans la Bible : — la création, maintenant assujettie aux conséquences de la chute[1] ; — la loi, qui donnait une règle à l’homme au milieu de cette création, pour voir s’il pouvait y vivre selon Dieu et y être béni — et le Fils de Dieu.
La création et la loi sont liées au principe de la responsabilité de la créature, et nous trouverons tout ce qui est en rapport avec elles coupable ou corrompu. Le Fils, au contraire, Lui, la manifestation du Père, l’expression de Son amour, l’empreinte de la substance de Dieu, nous apparaîtra souffrant en amour, au milieu de cette création déchue et de la contradiction d’un peuple rebelle ; accomplissant plus tard, en bénédiction, par Sa puissance et par Son autorité, tous les conseils de Dieu par la réunion de toutes choses dans les cieux et sur la terre, ceux-là même qui l’ont haï et rejeté étant forcés de le reconnaître comme le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ; et, enfin, lorsqu’Il se sera assujetti toutes choses, remettant le royaume de Sa gloire comme Fils de l’homme à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous.
Outre tout cela, il y a d’abord, dans les conseils de Dieu, ceux dont le Dieu que nous connaissons en Jésus s’entoure, et qui seront formés à la ressemblance de Celui avec lequel ils sont associés comme fils, Lui-même étant le premier-né entre plusieurs frères qui jouiront éternellement avec Dieu de Sa faveur et de Sa bénédiction ; il y a ensuite un peuple terrestre, en qui Dieu manifeste sur la terre les principes de Son gouvernement et de Son immanquable fidélité. C’est à ce peuple, par conséquent, que la loi de Dieu est donnée. Enfin, existant dans les décrets de Dieu avant que le monde fût (mais cachée jusqu’au temps convenable où, son rachat ayant été accompli, le Saint Esprit pût, en demeurant en elle, lui en révéler toute l’efficace et toute l’étendue de son bonheur), il y a une Église, choisie en Christ, Son Épouse, appelée à partager avec Lui la gloire et le bonheur dont Il devait hériter comme Fils de Dieu et fidèle témoin de Sa gloire. La croix est le centre de tout ceci à tous égards. C’est à la croix que finit l’histoire de l’homme responsable, et c’est à la croix qu’elle commence dans la grâce régnant par la justice. Ici, le bien et le mal se rencontrent et sont pleinement mis en évidence : la haine dans l’homme et l’amour en Dieu, le péché et (dans l’effet de la croix) la justice en Dieu, le bien et le mal, sont amenés à une issue définitive. À la croix, Dieu est moralement et parfaitement glorifié ; l’homme jugé dans son péché et racheté en justice ; la domination du mal détruite, et celle de l’homme établie en justice comme Dieu l’avait voulue ; la mort et celui qui l’avait en sa puissance mis de côté. Tout cela est accompli par un acte d’amour qui a placé le Fils de Dieu, comme homme, à la tête de toutes choses en justice. Tout, par la croix, étant établi en résultat fermement et d’une manière immuable, sur le fondement de la rédemption, quelle sera la fin de ceux qui la méprisent !
Nous trouvons, en conséquence, dans l’ensemble de la révélation qui nous a été donnée, non seulement la création, la loi et le Fils de Dieu, mais encore les voies à l’aide desquelles Dieu a préparé et fait attendre la manifestation de ce dernier ; le développement de tous les principes d’après lesquels Il est entré en relation avec les hommes, les conséquences de la violation de la loi, et enfin la manifestation de l’Église sur la terre à la place de l’économie de la loi, les directions données à l’Église et, en même temps, la série des événements qui se rattachent à son existence et à son infidélité sur la terre, aussi bien qu’à celle du peuple terrestre de Dieu, et de l’homme lui-même responsable envers Dieu qui l’a mis en possession de l’autorité sur la terre. Le tout se termine par la gloire de Jésus, Fils de l’homme, qui maintient la bénédiction et l’union de toutes choses sous le règne de Dieu et, enfin, Dieu tout en tous.
L’histoire de Jésus, la position accordée à l’Église en gloire selon les desseins de Dieu (mystère caché dès les siècles), sa participation aux souffrances de Jésus, son union avec Lui et, en général, le témoignage du Saint Esprit donné d’en haut : toutes ces vérités sont pleinement révélées dans le Nouveau Testament. Les autres événements dont nous avons parlé précédemment forment la suite des siècles : l’Église est en dehors.
Ceci divise naturellement la Bible en deux parties : 1° celle qui parle des deux premiers sujets : la création et l’homme dans ses rapports avec Dieu, sans loi ou sous la loi, ce dernier cas étant celui de Son peuple ; 2° celle qui parle du Fils venu sur la terre, et de tout ce qui concerne l’Église et sa gloire. Tel est, en général, l’Ancien et le Nouveau Testament. Nous verrons cependant que, dans l’Ancien Testament, la promesse et la prophétie se rattachaient toujours au Fils, objet éternel des conseils de Dieu, de même que le Nouveau contient des prophéties sur les voies futures de Dieu envers la terre, et se rattache par là à l’Ancien ; puis nous verrons que le rejet du Fils a donné lieu à la présence du Saint Esprit sur la terre, fait qui a modifié totalement l’état du peuple de Dieu et introduit des sujets spéciaux dépendant de cette présence. Car il y a ceci de particulier dans la partie historique du Nouveau Testament, c’est que le Fils a été présenté premièrement au monde et au peuple sous la loi, pour les mettre à une nouvelle épreuve ; qu’Il n’est pas venu pour accomplir, en premier lieu, les conseils de Dieu, mais pour porter à l’homme, encore placé sous l’ancien ordre de choses, le témoignage fidèle de ce que Dieu est, au cas où l’homme aurait eu quelque capacité pour recevoir ce témoignage, et discerner Celui qui apparaissait en grâce, au milieu de la création déchue, dans la forme même et la nature de l’homme en qui la chute avait eu lieu. Il est venu également pour offrir aux Juifs, s’ils avaient voulu Le recevoir, le Seigneur de gloire, objet de toutes les prophéties et de toutes les promesses ; et, enfin, comme le monde ne L’a pas connu et que les siens ne L’ont pas reçu, Il est venu pour accomplir le sacrifice qui a formé la base d’un nouveau monde devant Dieu, et placé les rachetés dans la joie en la présence de son Père, héritiers de tout ce qui était rétabli en Jésus, le second Adam, pour faire de l’Église Son corps et Son Épouse.
Il résulte aussi de tout ce que nous venons de dire, que l’Ancien Testament renferme deux parties très distinctes par leur nature — quoique souvent unies dans le même livre et même parfois dans le même passage — savoir : l’histoire de l’homme tel qu’il était, soit avant, soit sous la loi, et des voies de Dieu à son égard ; et la révélation des pensées et des intentions de Dieu pour l’avenir, pensées et intentions qui se rattachent toujours au Christ. Cette révélation revêt quelquefois le caractère d’une prophétie positive, quelquefois la forme d’un événement typique qui préfigure ce que Dieu veut accomplir plus tard. Comme exemple de cette seconde expression des pensées de Dieu, je cite le sacrifice d’Isaac. Évidemment, dans l’obéissance touchante d’Abraham, il y a une instruction historique de toute importance ; mais, en outre, chacun y reconnaît facilement le type du sacrifice pour lequel Dieu s’est préparé un agneau, dont Isaac, bien-aimé de son père, n’était qu’une faible image, et dont la résurrection, non en figure seulement, mais en puissance, est la source de vie et d’espérance pour tout croyant.
Mais j’anticipe peut-être trop sur les détails ; venons-en au caractère général des livres de l’Écriture.
Celui de la Genèse est tout particulier. Elle nous présente, au début du saint Livre, tous les grands principes élémentaires qui se trouvent développés dans l’histoire des relations de Dieu avec l’homme, dont les livres suivants contiennent le récit. Tous ces principes s’y trouvent en germe, à moins qu’on n’en excepte la loi ; toutefois une loi fut donnée à Adam pendant son état d’innocence, et Agar, nous le savons, préfigure au moins le Sinaï. De tout ce qui a été accompli dans la suite, il n’y a presque rien dont l’expression ne se trouve dans ce livre sous une forme ou sous une autre. Aussi, tout en racontant la triste chute de l’homme, il dépeint les relations de l’homme avec Dieu, avec une fraîcheur de sentiment qui ne se trouve guère dans les hommes habitués plus tard à en abuser et à vivre dans une société qui se complaît en elle-même.
S’agit-il de la création, de l’homme et de sa chute, du péché, de la puissance de Satan, des promesses, de l’appel de Dieu, de son jugement sur le monde, de la rédemption, des alliances, de la séparation du peuple de Dieu, de sa position comme étranger sur la terre, de la résurrection, de l’établissement d’Israël en Canaan, de la bénédiction des nations, de la semence de la promesse, de l’élévation au trône du monde du Seigneur que ce monde avait rejeté — tout se trouve en fait ou en figure dans ce livre, et de plus, maintenant que nous en avons la clef, l’Église elle-même.
Examinons donc ce livre avec un peu de suite.
Premièrement, nous avons la création, au milieu de laquelle l’homme se trouve placé comme centre et comme chef. Elle nous montre l’œuvre de Dieu, et puis, à la suite de cette œuvre, le repos de Dieu, repos du travail sans que l’idée de quelqu’un qui y participe y soit présentée. Dieu Lui-même se reposait de Son œuvre ; l’homme va y prendre sa place bienheureuse, comme chef. Mais ici quelques considérations doivent nous arrêter un instant.
Cette révélation de la part de Dieu n’est pas une histoire de tout ce que Dieu a fait, mais ce que Dieu a donné à l’homme pour son profit, la vérité quant à tout ce avec quoi il a à faire : son objet spécial est de communiquer à l’homme ce qui concerne ses propres relations avec Dieu. Mis en rapport avec le second Adam, l’homme connaîtra un jour comme il a été connu, et déjà, par le moyen de l’œuvre de Christ, il a cette onction de la part du Saint, par laquelle il sait toutes choses : mais historiquement la révélation est partielle, elle se borne à communiquer ce qui intéresse la conscience et les affections spirituelles de l’homme. Il en est de même de toute la Bible.
Rien n’est dit de la création que ce qui place l’homme dans la position que Dieu lui avait assignée dans Sa création même, ou ce qui lui présente cette sphère de son existence comme l’œuvre personnelle de Dieu. Ainsi, il n’est pas fait mention des êtres célestes, ni de leur création : on ne les trouve qu’au moment où ils ont des relations avec l’homme, bien que, plus tard, il soit clairement reconnu, comme vérité, qu’ils sont créés de Dieu.
De même encore, quant à cette terre, il n’en est rien dit, sauf ce qui se rapporte à sa forme présente. Le fait est constaté que Dieu a créé toutes choses — tout ce que l’homme voit, tout l’univers matériel. « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». Ce qui peut être arrivé entre ce moment et celui où la terre (car c’est d’elle seulement qu’il est parlé) était vide et sans forme, est laissé dans une entière obscurité : les ténèbres couvraient alors la surface de l’abîme, mais il n’est question des ténèbres que comme couvrant la face de l’abîme.
Dieu fit sortir la terre de cet état de chaos et de ténèbres où elle était, y introduisant en premier lieu la lumière par Sa parole, puis Il forma les mers et le sec et la couvrit de plantes et de créatures vivantes. Une fois la terre ainsi préparée et formée, l’homme, fait à l’image de Dieu, y est placé comme dominateur de tout ce qui s’y trouvait ; ses fruits lui sont donnés pour nourriture, tandis que Dieu se repose de son travail, et signale par Sa bénédiction le jour qui vit la fin de Son œuvre. L’homme jouit des fruits des travaux de Dieu, plutôt qu’il ne participe au repos, car il n’a nullement pris part au travail.
L’ordre de cette œuvre créatrice de Dieu a été celui-ci :
Dans les quatre premiers jours, Dieu fait sortir la lumière et l’ordre du sein des ténèbres et de la confusion. Le premier jour, la lumière ; la scène de la puissance céleste au-dessus de la terre, le second jour ; Il sépara ce qui était formé et en ordre, d’une part, d’avec la masse puissante mais sans forme, des eaux, d’une autre part ; puis, Il orna de beauté et de fertilité la scène habitable et mise en ordre, dans le troisième jour. Les symboles d’une puissance directrice furent mis, d’une manière visible, à leur place, le quatrième jour. Le théâtre du développement et de la domination de l’homme était formé ; l’homme n’y était pas encore. Mais avant de créer l’homme, Dieu créa des êtres vivants de toute espèce dans les mers, sur la terre et dans l’air, qui devaient se propager et multiplier les preuves de la puissance vivifiante de Dieu, par laquelle Il pouvait communiquer à la matière une énergie vivante. Ainsi, non seulement fut formée une scène où les conseils de Dieu envers l’homme pouvaient se déployer, mais encore apparurent ces existences que l’homme devait gouverner de manière à manifester ses énergies et ses droits, selon la volonté de Dieu et comme tenant Sa place, comme étant Son vice-gérant sur la terre. L’homme est à part et distinct de tout, le centre de tout, le dominateur de toutes les créatures, auxquelles il s’intéresse parce qu’elles lui appartiennent, vivant dans sa propre sphère de bonheur selon sa nature, en ordonnant, quant aux autres créatures, toutes choses en bénédiction, car toutes lui sont assujetties. En un mot, l’homme est placé au milieu de toute cette création ainsi préparée. Mais ce n’est pas tout : il ne devait pas sortir de la matière par un simple acte de la volonté de Dieu, comme les animaux créés par cette puissance qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient, et elles existent. Dieu forma l’homme de la poussière, puis Il souffla dans ses narines une respiration de vie ; et l’homme devint une âme vivante, en relation immédiate avec Dieu. Comme l’apôtre le dit quelque part dans une citation : Nous sommes Sa race. Il n’est pas dit à son sujet : « Que la terre produise ! » mais : « Faisons l’homme ! » et Il créa l’homme à Son image ; Il le créa, sans doute, pour multiplier comme les autres créatures vivantes, mais Il lui donna la domination sur elles et en fit le centre et le chef de la création de Dieu sur la terre. Les semences de cette terre féconde lui furent données pour nourriture ; l’herbe verte qu’elle produisait fut de même donnée aux animaux. La violence et la mort n’existaient pas encore[2].
Nous verrons, dans le chapitre 2, un autre principe d’une immense importance, qui apparaît relativement à l’homme, quand la question de ses relations avec Dieu est mise en avant. Ici, c’est la création de l’homme, comme distincte de toute autre ; il est présenté comme l’ouvrage ou la créature de Dieu, le chef et le centre de tout le reste, le dominateur sur tous les êtres créés. Mais nous pouvons remarquer que quoique l’homme représente Dieu et soit fait à Sa ressemblance, il n’est question ici ni de justice, ni de sainteté ; celles-ci ont été introduites par la rédemption et la participation à la nature divine. Il y avait l’absence, mais l’ignorance du mal, non ce que Dieu est vis-à-vis du mal. Nous avons ici la position que l’homme occupe, bien plutôt que sa nature, quoique l’absence du mal et la source d’affections condescendantes comme centre de l’être doivent avoir existé dans l’homme, ces dernières étant plutôt la ressemblance, et la position plutôt l’image.
Les trois premiers versets du chapitre 2 appartiennent au chapitre premier : c’est le repos de Dieu. Au chapitre 2, nous avons les relations de l’homme avec Dieu, et sa position propre dans ces relations. C’est pourquoi le Créateur est appelé, pour la première fois, l’Éternel Dieu[3], Jéhovah, Élohim, non plus simplement Dieu comme créateur, mais Dieu en relation avec ceux qu’Il a créés. C’est aussi pourquoi nous avons le mode spécial de la création de l’homme.
Quelques mots quant au jardin : c’était un lieu de délices. Éden signifie « plaisir ». Il a entièrement disparu et il était destiné à disparaître, mais nous voyons par la description de deux de ses rivières, qu’il était sur cette terre réellement. Jéhovah-Élohim avait formé l’homme ; Jéhovah-Élohim avait planté le jardin. La rivière de Dieu qui devait arroser la terre, prenait sa source là. Les sources rafraîchissantes de Dieu se trouvent dans le jardin de Ses délices, et l’homme y avait été placé pour cultiver et garder le jardin. L’homme et la terre sont maintenant tous les deux en ruines.
Au chapitre 2, nous avons donc les relations spéciales de l’homme avec Dieu, ses relations avec sa femme (type de celles de Christ avec l’Église), ses rapports avec la création et les deux grands principes, desquels tout découle dans tous les temps, établis dans le jardin où l’homme a été placé en bénédiction, savoir : sa responsabilité dans l’obéissance, et une source souveraine de vie ; l’arbre de la science du bien et du mal, et l’arbre de vie. C’est à la conciliation de ces deux choses qu’est attaché le bonheur de l’homme. Il est impossible en dehors de Christ. C’est la question soulevée dans la loi, et qui a sa réponse dans la grâce en Christ. La loi mettait la vie à la suite de l’obéissance parfaite de celui qui connaissait le bien et le mal, c’est-à-dire la faisait dépendre de notre responsabilité ; tandis que Christ, qui a subi la conséquence de la chute et de la désobéissance de l’homme, devient, selon la puissance d’une vie qui a remporté la victoire sur la mort (fruit de cette désobéissance), une source de vie éternelle que le mal ne saurait atteindre. Il est devenu une source de vie divine, lorsqu’une justice parfaite a été accomplie par une œuvre qui a ôté toute coulpe à celui qui y a part, une justice dans laquelle nous sommes devant Dieu selon Sa propre pensée, Sa nature et Sa volonté juste. La sacrificature du Christ[4] s’applique aux détails du développement de cette vie au milieu du mal, et à la position de perfection divine dans laquelle nous sommes placés par Son œuvre ; la sacrificature concilie nos infirmités présentes avec la position que Dieu nous a donnée devant Lui.
Dans le jardin, la connaissance du bien et du mal n’existait pas encore pour notre premier père : l’obéissance (en s’abstenant d’un acte qui n’était point péché, s’il n’eût pas été défendu) constituait à elle seule l’épreuve qui lui était imposée. Ce n’était point une prohibition du péché, ni l’obligation imposée du bien comme en Sinaï, alors que le bien et le mal étaient connus.
Ce qui distingue l’homme de toute autre créature ici-bas, c’est qu’au lieu de sortir, comme être vivant, de la terre ou de l’eau, par la seule parole de Dieu, Dieu le forme et le façonne de la poussière, et le met, comme âme vivante, en rapport direct avec Lui, en soufflant dans ses narines l’esprit de vie. Toutes les créatures ayant vie sont appelées des âmes vivantes et mentionnées comme ayant l’esprit de vie, mais Dieu ne souffla jamais dans les narines d’aucunes d’elles, afin qu’elle devînt une âme vivante : l’homme était, par son existence, en relation immédiate avec Dieu, car il tenait sa vie immédiatement de Lui. C’est pourquoi il est appelé au chapitre 17 des Actes « la race de Dieu », et il est dit en Luc « (fils) d’Adam, (fils) de Dieu ».
Il est important d’envisager ce chapitre comme posant, d’une manière spéciale, tous les principes des relations de l’homme, soit avec Dieu, soit avec sa femme, soit avec la création inférieure. Ici, toutes choses, selon leur espèce comme créatures de Dieu, et dans l’ordre qui leur était propre, étaient en liaison avec la terre ; ce n’était pas le travail de l’homme qui leur donnait croissance et fécondité ; ce n’était pas non plus la pluie du ciel qui procurait d’en haut la fertilité. C’était de la terre que montait la vapeur qui en arrosait toute la surface, élevée par une puissance qui agissait sur la terre pour la bénédiction. Elle ne descendait pas. Cependant l’homme était dans une position particulière par rapport à Dieu. L’homme n’habitait pas dans le ciel, Dieu n’habitait pas sur la terre ; le fait de Sa demeure avec nous, ou de notre demeure avec Lui, est le fruit de la grâce et de la rédemption, qui aussi forment un temple pour Dieu. Mais Dieu avait formé un lieu de bénédiction et de délices particulier pour l’habitation de l’homme, et c’est là qu’Il le visitait.
De ce jardin, où il était placé par la main de Dieu, comme souverain du monde, sortaient les fleuves qui arrosaient le monde du dehors et en caractérisaient les parties. — Sur Adam reposait le devoir d’obéissance. Image de Dieu sur la terre, le mal étant étranger à sa nature, et comme centre d’un vaste système en liaison avec lui, il devait trouver son propre bonheur dans sa relation immédiate et dans ses rapports avec Dieu. Aussitôt que Dieu s’est racheté un peuple, Il habite au milieu de lui (Ex. 29, 46). Ici, Il créait, bénissait et visitait. Le bonheur et la sécurité d’Adam, centre conscient de tout ce qui l’entourait, consistaient dans sa dépendance de Dieu et dans ses rapports avec Dieu. C’est là, comme nous le verrons, ce qu’il perdit, et il devint le centre insatiable de ses propres désirs et d’une ambition qu’il ne put jamais satisfaire. Ainsi, la nature terrestre dans sa perfection, ayant pour centre l’homme en relation avec Dieu par sa création et par le souffle de vie qui était en lui ; de pures jouissances, une source de vie permanente et un moyen de mettre sa responsabilité à l’épreuve ; des sources de rafraîchissement universel pour le monde au-dehors, et, si l’homme demeurait dans l’état où il avait été créé, des rapports bénis avec Dieu dans cet état : — telle était la position du premier Adam dans l’innocence.
Afin qu’il ne fût pas seul, mais qu’il eût une aide, une compagne, une autre jouissance d’affection, Dieu forma, non pas un autre homme, car alors l’homme n’eût plus été un centre ; mais de l’homme lui-même Dieu forma sa femme, afin que leur union fût aussi intime et aussi absolue que possible, et qu’Adam demeurât chef et centre de tout. En outre, il la reçut de la main de Dieu même. Telle était la nature dont l’homme était entouré : celle que Dieu reconnaît toujours et contre laquelle l’homme ne pèche jamais impunément. Quoique le péché ait souillé et gâté tout cela, c’est le tableau de ce que Christ, l’Église et l’univers seront, lorsque tout sera rétabli en puissance par l’homme obéissant. Jusqu’ici tout était innocence sans connaissance du mal.
Au chapitre 3, nous trouvons, hélas ! ce qui a toujours eu lieu chez l’homme quand Dieu lui confie une responsabilité quelconque — la désobéissance et la chute. La subtilité de l’ennemi caché de nos âmes est à l’œuvre immédiatement. Son premier effet est la défiance qu’il inspire à l’homme à l’égard de Dieu ; ensuite viennent les convoitises et la désobéissance, l’injure complète faite à la vérité et à l’amour divin ; l’attrait des affections naturelles sur l’homme, la conscience de la nudité et de l’impuissance, les efforts pour se cacher à soi-même cette nudité ; la frayeur de Dieu qui porte à se cacher de Lui, l’impossibilité d’y réussir ; la disposition à se justifier, aux dépens des autres et même de Dieu, de ce dont on est soi-même coupable ; et puis, non la bénédiction ou le rétablissement de l’homme, non des promesses qui lui soient faites, mais le jugement porté sur le serpent et dans ce jugement la promesse faite au second Adam, homme vainqueur, qui en grâce doit naître du sein de la faiblesse et de la chute. C’est, en effet, la semence de la femme qui doit écraser la tête du serpent.
Remarquez combien la chute de l’homme et sa séparation d’avec Dieu sont complètes. Dieu l’avait abondamment béni ; Satan lui suggère l’idée que Dieu lui refuse les bénédictions les plus excellentes, et cela par un esprit de jalousie, de peur que l’homme ne soit semblable à Lui. L’homme se confie à Satan, comme étant rempli de bonté pour lui, plutôt qu’à Dieu, qu’il juge selon le mensonge de l’adversaire. Il croit Satan comme véridique au lieu de Dieu, quand Satan lui dit qu’il ne mourra point, tandis que Dieu lui avait dit qu’il mourrait ; et, pour satisfaire ses convoitises, il rejette le Dieu qui l’avait béni. Ne se confiant pas en Dieu, il suit sa propre volonté comme moyen plus sûr de trouver le bonheur : c’est ce que l’homme fait encore aujourd’hui.
Nous verrons, dans Philippiens 2, avec quelle plénitude, à tous ces mêmes égards, le Seigneur Jésus a glorifié Dieu et s’est conduit d’une manière, en tout, opposée à Adam. Nous pouvons remarquer encore qu’il agit ainsi pour s’exalter lui-même, pour être comme Dieu par usurpation ; précisément le contraire du Christ, qui, étant dans la gloire divine, ne regardait point comme une usurpation d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti Lui-même pour se rendre semblable à l’homme, et est devenu obéissant, au lieu de désobéissant, jusqu’à la mort. Remarquez enfin combien les efforts que l’on fait pour cacher à soi-même son propre péché, apparaissent vains, dès que la présence de Dieu est là. Adam, qui avait couvert sa nudité, parle de lui-même, en la présence de Dieu, tout comme s’il n’avait rien fait pour la couvrir. Il en est de même de tous nos efforts pour justifier ce qui doit cacher notre péché ou prouver notre justice. De plus, l’homme s’enfuit de devant Dieu, avant même que Dieu, dans Sa justice, le chasse de Sa présence et le prive de Sa bénédiction. Il faut une œuvre et une justice de Dieu pour couvrir la connaissance du bien et du mal dans la désobéissance. Comme représentant de la race, Adam n’a point de promesses ; il n’y en a point pour le premier Adam ; elles sont toutes dans le second Adam, la semence de la femme.
Ce qui suit est le résultat présent de la chute, quant au gouvernement de Dieu ; la sentence, quant au temporel, prononcée sur Adam et sur la femme, jusqu’à ce que la mort, sous la puissance de laquelle ils étaient tombés, s’emparât d’eux. Il y avait cependant un signe de gratuités plus profondes : Dieu les revêt d’un vêtement pour couvrir leur nudité, vêtement qui avait son origine dans la mort qui avait fait son entrée dans le monde, mais maintenant dans la mort d’autrui comme substitut, mort qui cachait par conséquent les effets du péché qui l’avait introduite. L’homme n’était plus nu, ni à ses propres yeux ni aux yeux de ceux qui le regardaient : Dieu lui-même l’avait vêtu.
Adam reconnaît que la vie subsiste encore et que Ève est la mère de tous les vivants (témoignage obscur, il est vrai, mais réel de sa foi, ce me semble). Mais il est justement chassé du jardin, un exilé du paradis et de Dieu, privé désormais de la participation à l’arbre de vie, afin qu’il ne puisse pas perpétuer ici-bas une vie de misères et de douleurs. Le chemin de l’arbre de vie est dorénavant inaccessible à l’homme[5] selon la nature, comme créature de Dieu. Il n’y a pour l’homme aucun retour possible au paradis et à l’innocence. Adam, déjà, dans un état de péché et d’éloignement de Dieu, devient le père d’une race qui participe de sa condition[6].
Mais la grâce pouvait agir ; la grâce d’un Dieu qui est au-dessus du péché de l’homme, et Abel s’approche de Lui par la foi.
Après la chute, s’opère la séparation entre la race de Dieu et celle de l’ennemi, entre celle du monde et celle de la foi. Abel vient comme coupable et incapable de s’approcher de Dieu, et en mettant la mort d’autrui entre lui et Dieu. Il reconnaît le jugement du péché, il a foi dans l’expiation. Caïn, travaillant honnêtement là où Dieu l’avait mis pour travailler, extérieurement adorateur du vrai Dieu, n’a pas la conscience du péché : il apporte les fruits mêmes qui sont signes de la malédiction : aveuglement complet du cœur et endurcissement de la conscience d’une race coupable chassée loin de Dieu. Il suppose que tout va assez bien ; pourquoi Dieu ne le recevrait-il pas ? Il n’y a chez lui aucun sentiment du péché et de la chute. C’est maintenant le péché non seulement contre Dieu, qu’Adam avait pleinement commis, mais contre son prochain, tel qu’on l’a vu à l’égard de Jésus. Caïn est un type frappant de l’histoire des Juifs.
Ces deux chapitres, dans la conduite d’Adam et dans celle de Caïn, nous montrent le péché sous toutes ses formes, comme un tableau mis devant nous : le péché, dans son caractère propre et originel, contre Dieu, puis plus particulièrement contre Christ, en figure dans la conduite de Caïn, avec ses conséquences actuelles manifestées en ce qui regarde la terre. Car nous pouvons remarquer dans le cas, soit d’Adam, soit de Caïn, que c’est le gouvernement de Dieu sur la terre qui est mis en évidence quant aux effets du péché. Il y a bien là la séparation d’avec Dieu d’un être capable de rapports avec Lui et primitivement formé pour ces rapports, mais elle est comme laissée à l’appréciation morale de l’âme. Le jugement publiquement révélé est celui des conséquences du péché sur la terre. Il est clairement dit : « Dieu chassa l’homme ». « Dieu chassa l’homme » avec lequel il avait entretenu des rapports ; et Caïn dit : « Je suis chassé de devant ta face » ; mais ce dont il est ici question, c’est de la condition terrestre. Adam est expulsé d’un paradis paisible et sans travail, pour labourer la terre et en manger le pain à la sueur de son front. Caïn[7], dans cette position même, est maudit de la part de la terre — où il est fugitif et vagabond. Mais il veut y être aussi heureux que possible ; annuler, s’il le peut, le jugement de Dieu, et s’établir à son aise comme chez lui sur la terre.
Remarquez aussi les deux solennelles questions de Dieu : « Où es-tu ? » c’est l’état de l’homme loin de Dieu et privé de tout rapport avec Lui ; et « Qu’as-tu fait ? » c’est le péché commis dans cet état, dont la consommation et le complet témoignage se rencontrent dans le rejet et la mort du Seigneur.
Dans l’histoire de Lémec, nous trouvons, du côté de l’homme, la propre volonté en convoitise : il avait deux femmes — et la vengeance pour sa défense propre ; mais je crois voir, dans le jugement de Dieu, une allusion à cette pensée, que, comme Caïn était le Juif conservé, quoique puni, sa postérité à la fin, avant que l’héritier fût suscité et que les hommes invoquassent Jéhovah sur la terre, serait sept fois plus l’objet des soins et de la sollicitude de Dieu. Lémec reconnaît qu’il a tué un homme, mais qu’il sera vengé si l’homme le touche à son tour.
Dans le chapitre 2 donc, nous trouvons l’homme dans l’ordre des bénédictions de la création — l’état dans lequel il se trouve ; dans le 3e, la chute de l’homme par laquelle ses relations avec Dieu, sur ce terrain, sont perdues ; dans le 4e, sa méchanceté, en connexion avec la grâce, dans le mauvais état résultant de sa chute ; ce que le monde devient alors, quand le pécheur est chassé de la présence de Celui qui l’acceptait en grâce au moyen du sacrifice, s’arrangeant à son aise, se procurant des plaisirs sans Dieu, qui toutefois le supporte ; un résidu conservé, l’héritier selon les conseils de Dieu suscité, et les hommes invoquant le nom de Dieu dans Ses relations avec eux, c’est-à-dire le nom de l’Éternel.
Chassé de la présence de Dieu, Caïn cherche dans l’importance de sa famille, dans les arts et les jouissances de la vie présente, un soulagement temporel, et s’efforce de rendre le monde, où Dieu l’a renvoyé vagabond, un séjour aussi agréable que possible loin de Dieu.
Le péché a ici le caractère d’oubli de tout ce qui s’est passé dans l’histoire de l’homme, de haine contre la grâce et celui qui en est l’objet et le vase, d’orgueil et d’indifférence, et enfin de désespoir, cherchant un soulagement dans la mondanité. Aussi trouvons-nous l’homme de grâce (Abel, type de Jésus Christ et des siens) rejeté ici-bas et laissé sans héritage ; l’homme, son ennemi, jugé et abandonné à lui-même, et un troisième homme (Seth), objet des conseils de Dieu, qui devient de Sa part héritier du monde. Toutefois, il faut se souvenir que ce ne sont que des figures ; dans l’antitype, l’homme rejeté, qui est héritier de tout, est le même que celui qui a été mis à mort.
Le chapitre 5 nous présente la famille de Dieu sur la terre, sujette à la mort, mais dépositaire des conseils et du témoignage de Dieu. Ici nous pouvons remarquer Hénoc, qui a sa part dans le ciel et qui rend témoignage au monde de la venue de Jésus en jugement, mais qui est élevé au ciel avant cette venue ; et puis, d’un autre côté, Noé, qui, averti pour lui-même, prêche la justice et le jugement, et qui traverse ces jugements pour recommencer un nouveau monde : figures de l’Église et des Juifs en connexion avec la venue du Christ.
Nous trouvons enfin, dans les géants, la force et la puissance sur la terre, comme la conséquence de l’abandon que les fils de Dieu ont fait de leur premier état, c’est-à-dire l’apostasie ; et Dieu exécutant, plus tard, le jugement, après avoir plaidé avec les hommes par le témoignage de Son Esprit, grâce qui a son terme ordonné. L’obéissance de la foi est la sécurité du résidu averti ; mais le principe de pervertissement agit en dépit du témoignage et agit pour accomplir le témoignage qu’il méprise. L’homme empire de plus en plus, la création de Dieu est complètement corrompue et remplie de violence : deux caractères universels de la volonté active loin de Dieu. Quant à l’homme, maintenant qu’il était abandonné à lui-même (car c’était le cas pour lui avant le déluge, sauf un témoignage de la grâce), il fut constaté que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que mal en tout temps. Dieu crée et détruit. Il appelle et Il ne s’en repent pas. La création était complètement corrompue, et Dieu veut détruire tout ce qui, en elle, a respiration de vie. Le témoignage de ces choses s’est répandu en tous lieux parmi les païens. Nous en avons un récit exact, mais court, bien suffisant pour montrer ce que l’homme était et ce qu’il est, et quelles sont les voies de Dieu envers lui.
Au milieu de la ruine et du jugement, Dieu indique un moyen de salut à travers le jugement. Le résidu, enseigné de Dieu, en profite ; le déluge vient sur les impies. Le jugement de Dieu s’accomplit, mais Il se souvient de Sa miséricorde. Jusqu’ici, quoique la semence de la femme eût été promise, le sacrifice introduit, et un témoignage donné, il n’y avait pas eu de rapports spéciaux entre Dieu et l’homme. L’homme marchait devant Dieu dans sa méchanceté ; il n’y avait ni appel, ni loi, ni jugement. Alors le monde et l’homme (excepté Noé et sa famille) furent jugés, et leurs actions furent couvertes par un déluge universel.
Au chapitre 9 commence l’histoire de la nouvelle terre ; Dieu bénit la terre plus qu’auparavant, et la bonne odeur du sacrifice donne au monde l’assurance que le déluge universel n’aura plus lieu désormais. Dieu fait dans ce but une alliance[8] avec la création ; le gouvernement est placé dans la main des hommes, et la mort commence à lui fournir sa nourriture. Il ne paraît pas que jusqu’alors il y ait eu de gouvernement ni d’idolâtrie. Il y avait eu le péché contre Dieu, la violence sans frein contre son prochain, et la corruption : les deux caractères constants du péché parmi les hommes, et même chez Satan pour autant qu’il est possible. Dieu, dans Sa miséricorde, a pris soin de Sa création ; mais, avec Noé, de nouveaux principes sont introduits. Le sacrifice de Christ (en figure) devient la base des voies de Dieu envers la terre, non pas seulement de l’acceptation de l’homme, comme dans le cas d’Abel ; et sur cette base une alliance est accomplie, c’est-à-dire que Dieu se lie Lui-même en grâce, en sorte que la foi a un fondement assuré sur lequel elle peut compter.
Un second principe, introduit alors, est fort important aussi : c’est le gouvernement placé dans la main de l’homme. L’alliance était sûre, car Dieu est fidèle, et ici Il se lie Lui-même. Le gouvernement fut confié aux mains des hommes. Hélas ! cette nouvelle épreuve eut bientôt le même résultat que les autres. Le gouvernement confié à Noé perd aussitôt son honneur. La terre, sous la grâce, soulagée, comme Lémec l’avait annoncé, par les soins de l’agriculture, devient par ses fruits un piège pour Noé, qui s’enivre ; son propre fils le déshonore, et attire la malédiction sur sa race. Ceci nous est donné en vue du peuple opposé à Israël, centre du gouvernement terrestre de Dieu, et des relations de Dieu avec cette famille.
Dans ces chapitres donc, nous sont présentées la vieille terre qui finit, et la nouvelle qui commence sur de nouveaux principes, et qui subsistera jusqu’au jugement par le feu. La chute de l’homme dans cette position est manifestée, puis vient le jugement de Dieu là-dessus, comme avec Adam et Caïn. Le jugement spécial et la bénédiction spéciale en rapport avec Israël commencent à paraître, car nous sommes encore sur la terre ; mais ici le cours historique de la famille de Noé est présenté en liaison avec ces deux points : la bénédiction de Sem et la malédiction de Cham. Dieu nous donne ainsi en quelques mots l’histoire tout entière du monde nouveau. Combien la Parole est puissante en toutes choses. Celui qui connaît tout, peut tout présenter d’une manière brève et sûre. Le chapitre 10, par les générations ou l’histoire des fils de Noé, nous amène à un nouveau sujet.
Nous avons aussi l’établissement de la nouvelle terre et son histoire prophétique générale, comme terre, dans la première mention qui est faite de Noé, et les communications de Dieu avec lui ; Sem étant reconnu sur elle comme la racine de la famille de Dieu dont le nom est allié au nom de Jéhovah ; puis le jugement spécial sur Canaan dont Israël, nous le savons, prit la place.
Les chapitres 10 et 11 nous présentent le monde tel qu’il a été peuplé et constitué à la suite du déluge, et les voies des hommes dans ce monde nouveau ; la grande scène de tout le développement de la race humaine qui a peuplé ce monde après le déluge, ainsi que les principes et les jugements sur lesquels il est fondé. Le chapitre 10 présente les faits ; le chapitre 11 nous raconte comment ils s’accomplirent en jugement ; puis la famille de Jéhovah reconnue, pour tracer la généalogie jusqu’au vase de la promesse : en un mot l’ordre de choses que Dieu a établi en général. La postérité de Noé est donnée par familles et par nations (chose nouvelle sur la terre), du sein desquelles, dans la race de Cham, s’élève la première puissance qui ait dominé par sa propre force et fondé un empire ; car ce qui est selon la chair vient le premier. À côté de cela, nous trouvons ensuite l’association unanime des hommes, dans le but de s’élever contre Dieu et de se faire un nom indépendant de Lui[9] : effort qu’il caractérise du nom de Babel[10], en confondant leur projet, et qui n’aboutit qu’au jugement et à la dispersion de la race, dont les membres deviennent, dès lors, jaloux et ennemis les uns des autres ; enfin, nous avons la généalogie de la famille dont Dieu s’appelait lui-même le Dieu ; car, de Sem, il a été dit : « Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem »[11].
Quelques mots suffiront pour faire sentir l’importance de ces chapitres : les précédents nous donnaient, après la création, les grands principes originels de la ruine de l’homme, aboutissant au jugement qui mit un terme à l’ancien monde. Ici, nous trouvons l’histoire de notre monde actuel, et, comme toujours dans la Genèse (qui découvre les racines de tout ce qui devait être, pour la révélation des pensées de Dieu et du développement de Son gouvernement), vu dans ses grands principes et dans ses sources originelles, qui impriment leur caractère aux résultats, jusqu’à ce qu’un autre jugement de la part de Dieu efface tout, sauf la responsabilité de l’homme, et donne lieu à un autre et meilleur monde. Le résultat de cette histoire, c’est que le monde est réparti par familles. Les habitudes modernes de ce monde ont pu effacer le souvenir et l’intelligence de ce fait, mais la puissance en subsiste. Il a ses racines dans le jugement de Dieu, et à mesure que la forme acquise de ce monde s’affaiblira, on l’apercevra toujours davantage, comme d’ailleurs il agit en réalité maintenant. Les chefs de ces familles sont au nombre de trois, d’abord nommés dans cet ordre : Sem, Cham et Japheth ; le premier formant la famille dans laquelle l’alliance devait être établie sur la terre et avec laquelle Dieu voulait être en relation ; puis, celui qui serait en hostilité avec la famille de Dieu, et enfin, quoiqu’il fût l’aîné et le plus orgueilleux, Japheth, le Gentil.
Dans le détail, Japheth est nommé le premier. Les îles des Gentils sont les contrées en général qui nous sont le plus connues ; elles sont peuplées des descendants de Japheth.
Mais les grandes questions morales et la puissance du bien et du mal dans le monde s’élevèrent ailleurs, et le mal alors prima le bien, car c’était le jour de l’homme. L’Orient, comme nous l’appelons, était entre les mains de Cham. C’est là que, pour la première fois, le pouvoir s’établit par la volonté de l’homme en Nimrod, qui fut un puissant chasseur : il employa la force et l’adresse pour amener les hommes indomptés ainsi que les animaux sous sa domination. Des villes s’élevèrent ; mais Babel fut le commencement de son règne. D’autres furent envoyés pour bâtir ou conquérir. Alors viennent les Égyptiens bien connus, « Mitsraïm ». Une autre branche de cette famille est signalée, comme composée des peuplades qui possédaient l’héritage que Dieu destinait à son peuple.
Sem vient le dernier ; il est le père des Hébreux, le frère de celui qui, possesseur du droit d’aînesse, l’a longtemps méprisé.
Tel est le résultat général du peuplement du monde sous la direction de Dieu.
Voici comment cela eut lieu : l’homme chercha à se faire un centre ; Adam, vivant sur la terre, aurait pu en être le centre et le lien avec Dieu ; mais la volonté ne voit que soi. Noé, dont l’influence eût été juste et bonne, n’a pas de place dans l’histoire depuis son sacrifice, à l’exception du fait par lequel il perdit la position d’autorité qui lui appartenait, en tombant dans le péché et ne sachant pas se gouverner lui-même[12]. Dès lors, la volonté propre imprima son caractère sur tout ; mais que faire avec une multitude de volontés, toutes impuissantes comme centres ? On chercha un centre et un intérêt commun, indépendant de Dieu et excluant Dieu. Les hommes devaient remplir la terre, mais ils ne pouvaient consentir à se disperser en paix et à devenir ainsi sans importance. Il leur fallait acquérir de la réputation pour être un centre, et Dieu, par un jugement, disperse et répartit en nations ceux qui ne voulaient pas remplir la terre en paix par familles. Des langues et des nations doivent être ajoutées aux familles pour désigner les hommes sur la terre. La place jugée devient le siège de la volonté énergique d’un homme — de la puissance apostate : le commencement du règne de Nimrod fut Babel. Les langues devenaient une bride pour les hommes, un lien de fer autour d’eux.
Avec Sem, l’histoire de Dieu commence ; Il est l’Éternel, Dieu de Sem : nous avons des dates et des époques, car, quelque forte que soit la volonté de l’homme, Dieu gouverne, et le monde doit obéir ; l’homme appartient à Dieu. Ici, nous voyons encore depuis quand l’âge des hommes fut abrégé et la terre divisée, car après tout Dieu en dispose. La vie de l’homme perdit encore une moitié de la durée à laquelle elle avait été réduite, après avoir déjà subi une diminution analogue immédiatement après le déluge. Le peuple de Dieu a toujours été le centre de l’histoire connue. Ceci nous amène jusqu’à Abram. Et ici encore, un nouvel élément de mal était devenu universel, au moins en pratique ; nous voulons parler de l’idolâtrie (voyez Jos. 24, 2), quoiqu’elle ne soit pas mentionnée ici. Nous avons l’homme dans le monde, et en Sem les plans providentiels et secrets de Dieu. Cependant cela finit par la puissance du mal.
Nous avons vu la méchanceté et la violence de l’homme, sa rébellion contre Dieu, et l’adresse de Satan pour l’amener là ; mais ici un pas immense est fait, une forme effrayante du mal paraît sur la scène. Satan occupe avec puissance l’esprit de l’homme, où il s’empare de l’idée de Dieu, en se plaçant lui-même entre Dieu et l’homme, en sorte que celui-ci adore les démons comme Dieu. L’Écriture ne nous dit pas quand l’idolâtrie commença, mais le passage indiqué ci-dessus montre qu’elle avait souillé même la famille de Sem, dans la branche de cette famille dont l’Écriture elle-même nous donne la généalogie comme celle de Dieu sur la terre, à l’époque où nous sommes arrivés. Il pouvait y avoir des individus pieux, mais le lien qui unissait le monde avec Dieu était rompu. Ils s’étaient livrés au culte et à la puissance de Satan même dans la famille de Sem qui, comme race, était en relation avec Dieu. Quel tableau de la nature humaine ! Quel tableau de la patience de Dieu !
Ici donc, nous changeons entièrement de système et d’ordre de pensées. Un principe, qui était, sans doute, en exercice dès le commencement, mais qui ne s’était point encore manifesté comme base d’un ordre de choses sur la terre, est proclamé et se dessine dans l’histoire de la terre.
Abram est appelé, élu, et devient le dépositaire personnel des promesses.
Ici, afin que le grand principe de l’appel et de l’élection soit gardé dans sa pureté, comme acte de Dieu, l’occasion qui y donne lieu, ou le fait auquel nous avons fait allusion, n’est pas mentionné. Dieu, après le jugement, intervient en grâce souveraine pour se choisir une famille qui Lui appartienne par l’appel de la grâce : principe de la plus haute importance. Cependant il est bon de remarquer ce que l’histoire de la Bible nous dit ailleurs, c’est qu’à cette époque, l’idolâtrie avait pris pied dans la famille de Sem même : « Vos pères, dit Josué (24, 2), Térakh, père d’Abraham et père de Nakhor, ont habité anciennement au-delà du fleuve, et ils ont servi d’autres dieux ». Or, ces dieux, c’étaient des démons (1 Cor. 10, 20)[13]. Ceci nous fait voir que, depuis l’époque où Dieu était intervenu en jugement[14] et en puissance, les démons avaient usurpé cette place dans l’esprit de l’homme, en apparaissant à ses yeux comme les sources de l’autorité qui se manifestait et des bénédictions encore accordées, et comme auteurs des châtiments infligés. Ces démons se prêtant aux convoitises du cœur corrompu de l’homme, l’homme, qui leur attribuait le pouvoir de répondre à ses désirs ou de détourner les choses qu’il craignait, fut conduit à leur faire l’hommage de son adoration, de sa reconnaissance et de sa frayeur. Ce ne fut plus seulement l’homme corrompu et en rébellion contre Dieu, ce fut la religion même qui le corrompait, l’homme se faisant une religion de sa corruption même. Les démons avaient occupé la place de Dieu dans son esprit, et usant de l’ascendant qu’ils avaient pris sur sa conscience, ils l’endurcirent et la faussèrent, de sorte qu’il devint religieusement mauvais, ce qui est la pire dégradation. Quel état ! Quelle folie ! Jusques à quand, Seigneur ? Mais, si la race humaine s’enfonce ainsi dans les ténèbres, en prenant les démons pour ses dieux ; si, dans l’impuissance de se maintenir seule, elle remplace la rébellion contre Dieu, par l’assujettissement à ce qui est plus élevé qu’elle dans la rébellion, et se met sous sa triste dépendance, Dieu se lève et nous transporte au-dessus de tout ce mal : par Son appel, Il nous introduit dans Ses propres pensées, plus précieuses que le rétablissement de ce qui est tombé. Il se sépare un peuple et lui donne des espérances en harmonie avec la majesté et l’amour de Celui qui l’appelle ; il le place dans une proximité de Lui où la bénédiction du monde, par Son gouvernement, ne l’aurait jamais placé ; il est son Dieu ; Il s’entretient avec lui d’une manière qui est en rapport avec cette intimité, et nous entendons parler, pour la première fois, de la foi (15, 6), basée sur ces entretiens et ces témoignages directs de Dieu ; quoiqu’elle puisse avoir opéré réellement depuis le commencement.
Depuis le douzième chapitre donc, se développe un tout nouvel ordre d’événements, relatifs à l’appel de Dieu, à Ses alliances, à Ses promesses, à Ses conseils, à la manifestation de Son peuple, comme peuple particulier sur la terre.
Avant le déluge, c’était l’homme tel qu’il est dans sa chute, devant Dieu ; et, quoiqu’il y eût un témoignage depuis le commencement, il n’y avait pas eu d’intervention dispensationnelle de Dieu dans Ses propres voies, mais l’homme, laissé à lui-même ensuite de ce témoignage, se livra à une telle violence et à une telle corruption, que Dieu envoya le déluge en jugement sur le monde. Après le déluge, Dieu étant intervenu en jugement, nous avons le gouvernement du monde et ce qui en advient ; mais les nations une fois formées, s’étant soumises à la puissance du démon, l’appel de Dieu, Ses élus et ensuite Son peuple, semence du dépositaire des promesses, se présentent à notre vue. C’est pourquoi nous voyons ces élus appelés à se séparer entièrement de tout ce qui les rattachait à leur position naturelle sur la terre, et, en même temps, à appartenir à Dieu, sur le principe de la promesse et de la confiance en la parole que Dieu avait prononcée : « Va-t’en de ton pays et de ta parenté, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai ». C’était là un événement bien solennel ; c’était en principe le jugement du monde, quoique ce fût selon la grâce envers ceux qui étaient appelés à en sortir.
Afin de bien comprendre ceci, il faut nous souvenir que le monde avait été constitué par le jugement de Dieu sur l’entreprise de la tour de Babel. Des nations et des pays avaient été formés, comme il en est encore de nos jours. C’était là le monde. Satan le dominait complètement. Or ce monde même, formé providentiellement par Dieu, Abraham était appelé à le quitter. Dieu voulait avoir en dehors du monde une famille, un peuple qui ne fût pas du monde, quoiqu’il en fût tiré. Un autre fait ajoute encore à l’importance d’Abraham : il y avait eu des saints isolés, connus ou inconnus, mais depuis Adam, il n’y avait pas eu de chef de race. Adam tombé était le père d’une race déchue. Abram fut appelé pour être la racine de l’arbre de la promesse, la racine du peuple de Dieu, naturel ou spirituel — le père de la circoncision, et le père de tous ceux qui croient.
Au commencement, Abraham tenait encore à sa famille, ou, du moins, il n’a pas rompu avec elle ; et bien qu’il quitte sa patrie sur l’appel de Dieu, il reste aussi loin qu’auparavant de la terre de la promesse ; car, lorsqu’il est ainsi appelé, l’homme doit être entièrement à Dieu sur un nouveau principe. — Enfin, il part, comme Dieu le lui avait dit.
Nous voyons donc Abram, appelé par la manifestation de la gloire de Dieu (comp. Act. 7), pour le voyage de la foi. Il reçoit les promesses, soit d’une postérité nombreuse, soit de la bénédiction de toutes les familles de la terre en lui[15].
Il part ; il arrive. Il n’y a pas beaucoup d’expériences ; quoiqu’il y ait une connaissance de Dieu plus profonde dans une marche qui est toute de foi ; la puissance de Dieu s’y déploie, et l’homme marche avec Dieu. Dans l’histoire de Jacob, au contraire, on remarque un grand nombre d’expériences. Arrivé en Canaan, Abram n’y possède rien ; car sa vie doit toujours être une vie de foi, et en comparant ce chapitre avec Hébreux 11, nous voyons ce qui résulte pour les croyants, du fait d’être laissés sur la terre comme étrangers et voyageurs, sans être mis en possession de ce qui leur est promis. Par l’obéissance de la foi, Abram entre dans la terre promise, et il n’a pas même où y poser son pied ; mais de ce fait (car Dieu, quoiqu’Il puisse mettre à l’épreuve, ne peut laisser la foi sans réponse), le patriarche a devant lui la cité qui a des fondements et une meilleure patrie. Lorsqu’il ne possède rien encore, l’énergie de la foi, par la grâce, le place dans une position qui le met forcément en rapport avec des choses meilleures et plus élevées, car Dieu l’avait appelé d’un appel personnel pour la bénédiction. De même, en pratique, nous sommes entrés dans l’Église et dans les choses célestes ici-bas ; mais nous avons la marche de la foi, non pas la possession, et la source céleste de tout est devant nous. À Ur, Abram ne pouvait pas voir la patrie céleste : étranger dans le pays de la promesse, cette patrie est l’objet naturel de son âme, selon la grâce. Tel est notre propre cas ; seulement Abram s’élève au-dessus de son appel, et nous entrons par l’Esprit dans les choses auxquelles nous sommes appelés.
Mais le Seigneur se révèle une seconde fois à Abraham dans le pays, dans le lieu auquel il avait été appelé. La première fois, le Dieu de gloire lui était apparu pour le faire sortir du pays qu’il habitait et le faire marcher dans le sentier de la promesse. La seconde fois, l’Éternel se révèle à lui pour l’admettre dans Sa communion, s’entretient avec lui, lui développe comment la promesse sera accomplie, et alors Abram Lui rend culte. Le fidèle, pèlerin et étranger n’a, sur la terre, que sa tente et son autel.
Nous avons ici la seconde partie de la vie de la foi. La révélation de Dieu, quand nous sommes loin de Lui, nous fait sortir dans le chemin de la foi et dirige notre marche vers le ciel ; quand nous jouissons de notre part céleste, Dieu se révèle à nous pour la communion, le culte et une pleine manifestation de Ses voies. Le Cananéen est dans le pays, l’héritier de la promesse ne possède rien de tout ce qui lui est promis. Nous avons à faire avec des méchancetés spirituelles dans les lieux célestes ; mais l’Éternel se révèle, montre l’héritier et l’héritage pour l’époque où le Cananéen sera loin : ainsi Abram adore par la foi, comme ci-devant il marchait par la foi. C’est là la complète et double portion de la foi.
Le reste de ce chapitre est l’historique de son manque de foi. Pressé par les circonstances, Abram ne consulte pas Dieu ; il se trouve en présence du monde où il cherche asile et secours, et renie sa vraie relation avec sa femme, précisément comme cela a eu lieu relativement à l’Église ; il est chéri du monde que Dieu juge enfin, et d’où Il le renvoie. Depuis le moment où Abram s’est mis en chemin pour l’Égypte jusqu’à son retour au point de départ, il n’a point eu d’autel élevé à l’Éternel. Quand il quitte l’Égypte et reprend sa position d’étranger en Canaan, il a son autel comme précédemment ; mais il faut d’abord qu’il revienne au même lieu où il avait bâti son autel au commencement et qu’il le retrouve là. Quel avertissement pour les chrétiens, quant aux relations de l’Église avec Christ ! Quoique le monde puisse parfois venir en aide à l’Église, ces relations avec Christ ne peuvent être maintenues dès que nous recherchons cette aide.
Rappelons ici une remarque faite ailleurs, que, dans les types, la femme représente la position où se trouvent ceux qui nous y sont présentés en figure — l’homme, la conduite, soit fidèle, soit infidèle, de ceux qui sont dans cette position.
Chapitre 13. Puis nous trouvons, dans la conduite d’Abram avec Lot, le désintéressement et le renoncement que produit la vraie foi. Ils font contraste avec la conduite de celui qui, tout en étant croyant, n’avait fait que suivre, quant à sa marche, la foi d’autrui. Lot est mis maintenant à l’épreuve par les circonstances qui surgissent, et cela, remarquez-le, dans le moment même où ils venaient ensemble de rompre leurs rapports d’incrédulité avec le monde chez lequel ils avaient cherché un refuge extérieur. Lot l’avait fait comme Abram ; mais, dans le fond du cœur et dans sa volonté, il aimait les aises de ce monde. Abram était revenu en esprit et franchement, peut-être avec une plus profonde expérience, à sa part de pèlerin en Canaan. Mais les avantages qu’il possède dans le pays amènent la difficulté, car un trésor sur la terre n’est pas le ciel, même si le possesseur de ce trésor a son cœur aux choses du ciel ; et ceci est une importante leçon ! Cependant la conduite d’Abraham est très belle. Lot choisit le monde qui lui paraît beau ; il ne le choisit pas comme l’Égypte, mais pour ses propres aises et comme ce qui lui semblait être Canaan : le monde qui, bientôt après, fut la scène et l’objet de ce qu’il n’apercevait pas au moment même de son choix, savoir des jugements assurés de Dieu.
Le renoncement d’Abram donne lieu, pour lui, à une connaissance bien plus claire de l’étendue et des détails de l’héritage dans lequel la bénédiction que Dieu a attachée à la promesse trouvera son accomplissement, et à une certitude bien plus ferme encore de l’infaillibilité de la promesse elle-même. C’est lorsqu’il cède à Lot tout ce que celui-ci voudra choisir, que Dieu dit à Abram de regarder, de là où il était, « vers le nord, et vers le midi, et vers l’orient, et vers l’occident », ajoutant qu’Il lui donnera, « à lui et à sa semence pour toujours », tout le pays qu’il voyait. En un mot, nous avons devant nous le croyant agissant dans l’esprit de la vocation céleste, le croyant fidèle, et, d’un autre côté, le croyant mondain.
Abram garde maintenant sa nouvelle position ; il demeure en Canaan, il s’y promène en long et en large comme un pèlerin, et y dresse sa tente et y bâtit son autel : c’est la marche de l’homme céleste. Lot avait élevé les yeux, poussé par sa volonté propre et par sa convoitise, et il avait aperçu la plaine du Jourdain bien arrosée. Pourquoi n’en jouirait-il pas ? Dieu fait lever les yeux à Abram, et lui montre toute l’étendue de la promesse, et, avec la promesse, Il lui dit de s’y promener dans sa longueur et dans sa largeur, pour réaliser, par expérience, la connaissance de toute l’étendue de la promesse qui lui est faite.
Bientôt la scène change : ce qui est lié au monde doit en subir les vicissitudes (chap. 14). L’homme pieux, quoique inconséquent, ne peut être content du mal. Lot souffre (2 Pier. 2, 7-8) par l’iniquité dont il est environné, et subit les ravages de la puissance du monde, dont Abram est vainqueur et dont il ne veut rien recevoir pour s’enrichir ; telles sont, à la fois, la juste discipline et les fidèles voies de Dieu. C’est ce qui donne lieu à la manifestation du roi-sacrificateur, roi de justice et roi de paix (type de Christ, Roi du monde millénaire), bénissant Abram victorieux, et de la part d’Abram bénissant le Dieu Très-haut qui avait livré ses ennemis entre ses mains.
Ce tableau donc nous représente le triomphe final de la famille de la foi sur le prince du monde, triomphe réalisé en Esprit par l’Église (et finalement dans la gloire), dans ses espérances célestes et dans son union avec Christ, et qui sera réalisé littéralement sur la terre par les Juifs, pour lesquels le Christ sera sacrificateur selon le type de Melchisédec. Ce type sera pleinement accompli dans la position qu’il prendra comme sacrificateur sur son trône, Médiateur dans ce même caractère, bénissant l’homme de la part de Dieu, et bénissant Dieu de la part de l’homme ; Dieu, Lui-même, prenant alors, complètement et réellement, le caractère de possesseur des cieux et de la terre.
Mais le contraste entre ceux qui, ayant leurs pensées aux choses célestes, ne s’établissent pas sur la terre et remportent la victoire complète sur le monde, et ceux qui, s’établissant sur la terre, subissent au contraire la puissance du monde ; puis le règne de Christ comme Roi et Sacrificateur, et Dieu qui prend toutes choses en main par Son moyen — tout cela nous est clairement et merveilleusement exposé. Comparez pour les Juifs le psaume 91. Ceci clôt l’histoire générale de ces grands traits des voies de Dieu : les choses célestes sont hors de vue, à moins que nous ne portions nos regards au-delà de la scène où allait la foi d’Abraham. Cependant le chemin de la foi, les tentations du monde, la victoire morale d’une foi sans égoïsme, qui regarde à Dieu et à Ses promesses comme sa portion et sa victoire finale, et enfin Dieu comme possesseur des cieux et de la terre — tout cela nous le trouvons pleinement développé ici et complétant la scène tout entière.
Quand Dieu s’est ainsi révélé selon Sa bénédiction établie en puissance sur la terre, par le moyen du roi-sacrificateur Melchisédec, il est naturel que la bénédiction actuelle du peuple élu y trouve place, et nous sommes amenés à la scène terrestre ; et, dans le chapitre 15, nous lisons l’instruction précise de l’Éternel à Abram pour ce qui regarde sa postérité terrestre et la terre qu’Il lui donne, le tout confirmé par une alliance où Dieu, lumière qui conduit et fournaise qui éprouve, daigne s’obliger à l’accomplissement de ce qu’Il a promis. La mort rend la chose sûre ; l’Éternel, en passant en grâce à travers ce qui Le liait, confirme ainsi l’alliance. Abram, héritier des promesses, en subit la frayeur et l’ombre. Ce n’est pas ici précisément l’expiation qui nous est représentée par le passage du brandon de feu et de la fournaise entre les pièces des victimes, mais une autre efficace du sacrifice, savoir : la confirmation des promesses, par la seule chose qui puisse leur donner cours en faveur de l’homme pécheur.
Il est évident que, quoique l’alliance fût faite en faveur du peuple terrestre, ce développement des voies de Dieu et l’établissement de cette alliance embrassent de nouveaux principes d’une grande importance pour tous. Dieu lui-même était le bouclier et la récompense d’Abram, avantage le plus élevé, si l’on se borne à ce qui peut être donné à l’homme[16]. Mais Abram a encore le sentiment de ses relations avec la terre comme une demeure en rapport avec la chair, et il était, en effet, dans les desseins de Dieu de le bénir de cette manière. Or cette bénédiction est, dans sa nature, juive ; aussi avons-nous ensuite la portion juive développée. Je n’ai point d’héritiers, dit Abram, personne pour continuer ma famille et la possession de mon héritage sur la terre selon la promesse ; car sur la terre où les hommes meurent, il doit y avoir succession ; et c’est ainsi qu’il en devait être. Mais, même quant à la terre, la bénédiction devait avoir lieu sur le principe de la dépendance de l’Éternel, par promesse et par foi. Quoique en rapport avec la terre, cette bénédiction ne devait pas s’accomplir selon la nature ; sur ce pied, tout était forclos pour Abram : il n’avait point de postérité. C’est pourquoi la semence de la foi et de la promesse apparaît ; non pas, il est vrai, la seule semence, mais les Israélites en tant qu’enfants de la promesse. Le principe est exprimé, la foi est comptée à justice, dès qu’Abram a cru Dieu. Ainsi, pour ce monde, Israël était la semence de la promesse, l’héritier ; puis vient l’alliance quant au pays, selon la promesse faite lors de l’appel d’Abram. Le Seigneur se lie Lui-même envers Abram, par l’obligation solennelle de la mort des victimes, comme nous l’avons vu (car, en effet, l’alliance est assurée par la mort du Christ, sans laquelle les Juifs ne pouvaient rien avoir) ; quant à l’accomplissement actuel, cette possession est liée aux souffrances du peuple en Égypte et à sa délivrance subséquente, quand les oppresseurs du peuple et les usurpateurs de l’héritage seront également jugés. Nous avons déjà signalé le caractère de l’acte par lequel fut faite l’alliance. Quant à la forme de cet acte, le lecteur peut comparer Jérémie 34, 18, 19. De plus, ce n’est point ici une promesse qui appelle Abram à sortir par la foi, mais c’est l’héritage assuré à sa postérité par alliance et sans condition. C’est la promesse à Israël, semence de la promesse, héritier en relation avec la terre et avec la chair. Remarquez, en outre, que l’oppression du peuple de Dieu, les souffrances prolongées de ce peuple, héritier promis, sont en connexion avec la patience de Dieu envers ceux qui doivent être jugés (comp. 2 Pier. 3, 9). Remarquez enfin, que les oppresseurs d’Israël sont jugés à cause d’Israël, de même que les usurpateurs de son héritage.
Ici se termine l’exposition des plans et des conseils de Dieu. Les voies de l’homme et les voies de Dieu en vue de leur accomplissement commencent à être développées avec le chapitre 15, ainsi que la marche et les obstacles venant de ceux avec lesquels Son peuple peut être en rapport, de quelque manière que ce soit. Ces développements vont jusqu’au chapitre 23, où Abraham cesse de représenter la souche de la promesse ; Sara, vase de la semence de promesse, meurt, et l’héritier ressuscité vient en évidence comme celui que Dieu met en avant. Ceux qui sont nés selon la chair (Ismaël) précèdent ceux qui sont nés selon la promesse.
Il nous est impossible de ne pas remarquer combien tous les grands principes des voies de Dieu et de la condition de l’homme, nous sont exposés dans la Genèse, et donnent à ce livre, particulièrement dans les parties que nous venons de parcourir, un caractère frappant et une fraîcheur si remarquable. C’est comme un résumé sommaire de l’état de l’homme et des voies de Dieu envers lui — non pas de la rédemption, ni de ses glorieux résultats, quoique nous y trouvions le sacrifice et le pardon des péchés. La rédemption se trouve dans l’Exode. L’état de l’homme, les voies de Dieu et Ses promesses fondamentales sont le sujet de la Genèse.
Chapitre 16. Abram, à l’instigation de Sara, cherchant à anticiper la volonté de Dieu et le moment ordonné pour l’accomplissement de la promesse, nous avons sous les yeux l’alliance de la loi en Agar, source de peines et d’inquiétudes. Dieu prend soin toutefois de la postérité selon la chair. L’application de ceci, comme figure, est évidente d’après l’épître aux Galates (chap. 4). L’orgueil de l’homme sous la loi est signalé par l’esprit d’Agar, mais son fils ne peut être héritier. L’impatience de l’homme qui ne veut pas s’attendre à Dieu quant aux moyens de l’accomplissement (il en fut de même de Jacob pour la bénédiction), est pleine d’avertissement moral pour nous. Elle est toujours une source de troubles et de douleurs. Agar, aussi, était une Égyptienne, mémorial encore d’un autre manque de foi en Abram. La loi et la chair et, de fait, le péché vont toujours ensemble (voir Jean 8, 34-36) ; en relation avec l’incrédulité de nature, c’est l’Égypte.
Les chapitres 12, 13 et 14 forment un seul sujet dépendant de la double manifestation de Dieu à Abram : d’abord pour l’appeler, et puis en Canaan. Nous trouvons développés dans ces chapitres, la puissance, la chute et le retour, ensuite une foi céleste qui persévère en contraste avec la mondanité, et, finalement, le déploiement de la puissance terrestre attachée à cette foi, se terminant par la victoire ; puis Dieu possesseur des cieux et de la terre, et Melchisédec.
Les chapitres 15 et 16 vont ensemble en ce sens que le chapitre 16 nous présente la tentative charnelle de Sara pour se procurer la semence promise par la parole de l’Éternel à Abram, au commencement du 15e. Ici tout est en chute à l’égard de cette promesse : toutefois les conseils de Dieu seront accomplis, mais selon la promesse et non pas selon la chair et la volonté de l’homme.
Au chapitre 17, nous rencontrons une nouvelle manifestation de l’Éternel à Abram, et nous sommes, je pense, sur un terrain plus élevé et plus saint. Il ne s’agit pas ici de vocation, ou d’adoration, ou d’une révélation par la Parole, indiquant comment Dieu accomplirait Ses promesses et par quoi son peuple passerait. Il ne s’agit pas de ce que Dieu est pour Abram ; mais de ce que Dieu est Lui-même. Ce n’est pas : « Je suis ton bouclier et ta grande récompense » ; mais : « Je suis le Dieu tout-puissant ». Ce n’était pas là tout ce que Dieu était, mais ce qu’Il était. C’était Son propre Nom, et Abram est appelé à marcher d’une manière qui réponde à ce nom. C’est pourquoi aussi il n’adore pas, il ne fait point de demande, quelque élevé que fût ce privilège, mais c’est Élohim qui parle avec lui. Les diverses parties de Ses conseils, quant à Abraham, sont développées, ainsi que ce qu’Abraham doit être devant Celui en qui il a cru. En général, l’alliance de Dieu était avec lui — Dieu s’engageant librement en grâce, selon Sa propre pensée, à faire devenir Abraham père d’une multitude de nations. Cette alliance a trois parties : Dieu serait Dieu à Abraham et à sa postérité après lui ; — le pays où il demeurait comme étranger lui serait donné et à sa postérité après lui ; — des nations et des rois sortiraient de lui. — Toutes ces promesses sont sans condition ; mais des principes sont exposés, qui, d’un côté, obligent Abraham et expriment le caractère de ceux qui jouissent des privilèges de Dieu, et, de l’autre, forment le sûr fondement de sa foi. Ces principes sont la circoncision, et la libre et souveraine promesse. La circoncision en contraste avec la loi (voir Jean 7, 22), mais exprimant la mort de la chair (comp. Rom. 4, 10-12)[17], et puis la promesse de l’arrivée immédiate de la semence est donnée ; Abraham jouit de la communion la plus intime avec l’Éternel, qui lui révèle ses conseils comme à un ami. L’intercession est le fruit de cette révélation (comp. És. 6). Le jugement tombe sur le monde, et tandis qu’Abraham, du haut de la montagne, s’entretient avec Dieu de ce jugement qui doit fondre sur la scène d’en bas où il ne se trouve pas, Lot, qui y avait pris place, est sauvé comme à travers le feu.
La justice du fidèle qui prend place au milieu du monde, le revêt du caractère de juge, en lui faisant perdre celui de témoin pour Dieu ; il est en même temps inutile et intolérable. Abraham échappe au jugement et le voit d’en haut ; Lot est sauvé du jugement qui tombe sur le monde où il se trouvait. Il craint la montagne où Abraham a joui de Dieu ; c’est pour lui un endroit qui inspire la frayeur ; il faut pourtant qu’il s’y sauve à la fin, comme pis-aller.
En général, Abraham a ici le caractère de communion avec Dieu, que donne la foi sans la vue ; non pas, sans doute, par une habitation du Saint Esprit en lui, conformément au privilège de l’Église (cela était réservé au temps de plus complète bénédiction, où le Chef de l’Église serait glorifié), mais comme caractère général de la bénédiction. La semence promise est annoncée comme devant venir, mais elle n’est pas encore introduite dans le monde (c’est-à-dire dans une gloire manifestée) ; cependant Abraham connaît cela et le croit, et en cela, comme nous l’avons vu, Dieu le traite en ami et lui dit, non pas ce qui le concerne lui-même, mais ce qui regarde le monde. Avec un ami je parle de tout ce que j’ai sur le cœur, et non pas seulement de mes affaires en ce qui le concerne. Puis, quand Abraham a reçu ces communications de la part de Dieu, il intercède auprès de Lui, comme étranger dans le lieu de la promesse, mais en communion avec Lui en haut. Cela fait ressortir en même temps la patience et la perfection de jugement qui sont en Dieu.
Dans le chapitre suivant (chap. 19), Lot, à cause de sa relation avec l’homme céleste, dépositaire des conseils et de la sagesse de Dieu, et intercesseur, Lot, étant lui-même en bas dans les plaines de ce monde, qu’il avait choisies comme les Juifs l’ont fait aussi, est délivré par la puissance providentielle ; mais il passe par la tribulation et fait la perte de tout ce pourquoi il avait refusé la position céleste et recherché la terre, ignorant qu’il était, soit du jugement, soit du trésor céleste. Bientôt, livré à l’irrésolution de l’incrédulité en présence du jugement visible, il cherche un refuge dans le lieu où Abraham avait été béni, où lui-même avait d’abord eu peur de s’enfuir, et qu’il avait précédemment abandonné pour les terres bien arrosées de la plaine ; mais là, dans une affreuse obscurité, il devient le père des races qui devaient être une épine continuelle pour le peuple de Dieu. Cette dernière partie est donnée historiquement, uniquement afin qu’Israël connût l’origine de Moab et d’Ammon, et afin de présenter un principe général applicable à tous les temps.
Ainsi la foi avait la place, et le monde avait été jugé. Il en sera de même au jour du Fils de l’homme, mais ici l’arrivée de l’héritier n’est pas encore présentée.
Chapitres 20, 21. Nous trouvons ici le sujet de l’héritier et le sentier de la foi sous un autre point de vue. Mais Abraham renie son union avec sa femme ; il est repris par le monde qui sait mieux que lui ce que cette union devrait être. Toutefois, Dieu garde Ses promesses dans Sa fidélité, et juge ceux qui ont osé toucher à l’épouse de celui auquel les promesses appartiennent. L’héritier de la promesse est né ; et l’héritier charnel ou selon la chair, fils de l’esclave ou de la loi, est entièrement rejeté. Maintenant Abraham reprend les puissants du monde, auprès desquels il avait renié son union avec sa femme.
Mais ces deux chapitres demandent de plus amples développements. Comme lors de la descente d’Abraham en Égypte, nous voyons chez lui l’incrédulité agissant par rapport à l’action spéciale de la foi à laquelle il avait été appelé par grâce, et qui devait se montrer, comme elle le fait toujours, en marchant dans l’intimité de la relation dans laquelle Dieu l’avait placé, relation dont la femme est l’expression. Ici, Sara est la mère de l’héritier du monde, la femme d’Abraham selon la promesse, et, pour ce qui regardait Abraham, sa femme selon l’espérance de l’Église, comme nous l’avons vu (quoique Israël fût selon la chair le vase de l’un et de l’autre). C’est cette position qu’Abraham renie. Sara est de nouveau sa sœur ; c’était plus mauvais que précédemment, car elle est, pour la foi, la mère de l’héritier du monde. Abimélec avait tort et agissait pour plaire à sa chair, quoique sans conscience de ce qu’il faisait, mais Abraham, devant Dieu, était dans une plus fausse position. Dieu avertit Abimélec, et préserve par Sa propre puissance Sara, que le manque de foi d’Abraham avait mise en rapport avec le monde ; Abimélec la renvoie avec ce poignant reproche pour l’Église, qu’elle aurait au moins dû connaître son union avec Christ. À tout prendre, cependant, Abraham était dans une position de foi et de bénédiction et, comme un des prophètes de Dieu auxquels personne ne devait nuire, il intercède pour le coupable Abimélec, car ici tout est grâce.
Maintenant l’héritier est né, l’héritier de la promesse. Cela a pour effet que, non seulement la différence est connue de la foi, mais que l’héritier de la servante est chassé et entièrement exclu de l’héritage. De fait, il est conservé conformément à la promesse de Dieu, figure en cela d’Israël sous la loi ; mais, en ce qui concerne une part quelconque à l’héritage, il est totalement rejeté. En outre, désormais Abraham ne craint plus en présence du prince de ce monde, mais il le reprend, maintenant que l’héritier est venu ; il a le monde aussi bien que la communion céleste, et le monde reconnaît que Dieu est avec lui en toutes choses. Aussi, le puits du serment où le fils de la servante avait trouvé l’eau de la délivrance, est à la fois le témoin des droits d’Abraham dans le monde et de la confession, par Abimélec, que Dieu est là avec Abraham. Là, selon le serment et selon ses droits reconnus par le monde, il plante un tamarisc (bosquet), c’est-à-dire il prend, en figure, possession de la terre, et adore Dieu en l’invoquant sous le nom du Dieu d’éternité. Il anticipe la pleine révélation de Celui qui, ayant fait des promesses à Israël, n’abandonnera jamais Son propre dessein en faveur de ce peuple, et venait en figure d’accomplir sur la terre ce dont Sa bouche avait parlé. Ce n’est pas, il est vrai, un privilège aussi béni que les relations célestes et la possession de la foi ; mais c’est une preuve de l’immuable fidélité du Dieu qui a fait les promesses. C’est là, où la puissance du monde avait été, qu’Abraham, accomplissant toujours en figure ces mêmes conseils de Dieu, demeure.
Mais, avec cette introduction de l’héritier, celui-ci devient nécessairement le sujet principal dont l’Esprit s’occupe, et le chapitre 22 commence par ces mots : « Or, il arriva après ces choses ». En effet, une nouvelle scène s’ouvre ici : l’héritier de la promesse est sacrifié et ressuscité en figure, et la promesse faite à Abraham est renouvelée à la semence. L’ancienne dépositaire ou l’ancienne forme de l’alliance de promesse elle-même (Sara), la mère de l’héritier, s’en va. (Chapitre 24) Abraham envoie Éliézer, intendant de sa maison, chercher une épouse dans ce pays, où Isaac ne doit pas retourner, image du monde tel qu’il est actuellement : beau type de la mission du Saint Esprit, qui, agissant après la mort et la résurrection du Seigneur, auprès des élus de Dieu qui doivent former l’épouse de l’Agneau, d’après les conseils du Père, la conduit à travers le désert auprès de l’Époux céleste, déjà parée des dons de son époux, mais attendant le moment où elle le verra hériter de tout ce qui appartient à son père. Le développement de l’Esprit dans l’homme est décrit d’une manière très instructive, quant aux détails de cette histoire, dans la conduite d’Éliézer : la simple soumission à ce qui était pour lui la parole de Dieu, même lorsque tout semblait bien aller (v. 21-23) ; son premier sentiment, la reconnaissance envers Dieu (v. 26) ; sa fidélité dans le service (v. 33) ; et autres choses semblables.
Chapitre 25. Nous trouvons ensuite l’élection de Dieu qui, maintenant, met à part Son peuple terrestre. Il est à remarquer combien peu il est parlé d’Isaac ici, si ce n’est pour dire qu’il demeure dans les lieux célestes pendant qu’on lui cherche une épouse sur la terre. Nous sommes sur la terre ; cependant les types célestes, la promesse et les principes en Abraham, et le peuple terrestre de la promesse en Jacob, sont des principes pleinement développés à travers tout. Jacob faisait cas des promesses de Dieu ; mais, si Lot se laissa entraîner vers la plaine bien arrosée du Jourdain, Jacob manifesta son incrédulité par le choix des moyens charnels qu’il employa pour obtenir l’accomplissement des promesses, au lieu de l’attendre de Dieu. Aussi ses jours furent-ils « courts et mauvais », et fut-il constamment la victime de menées pareilles aux siennes.
Tandis qu’en Isaac nous avons Christ ressuscité, Époux de l’Église, que le Saint Esprit est descendu chercher ici-bas pour le Seigneur qui est en haut, en Jacob nous avons Israël chassé du pays de la promesse, mais gardé de Dieu pour qu’il en jouisse plus tard. Je crois pourtant que, dans ses mariages, il nous présente le Seigneur qui, aimant Israël (Rachel), a reçu premièrement les Gentils, l’Église, et puis les Juifs.
Ces sujets nous conduisent jusqu’à la fin du chapitre 25 : le sacrifice et la résurrection du Christ, l’appel de l’Église et l’élection d’Israël, le plus jeune, pour que ce fût lui qui jouît de la promesse et de la bénédiction sur la terre. Quant à ce qui regarde le premier point, c’est-à-dire Isaac, type du sacrifice et de la résurrection du Christ, les promesses étaient garanties en Isaac vivant sur la terre. Il en a été de même en la personne du Christ. Or, en tant que les possédant dans l’héritier vivant sur la terre, Abraham devait tout abandonner dans une entière et absolue confiance en Dieu, et remettre tout avec Isaac entre les mains de Dieu. C’est ce que Christ aussi a fait : tout était à Lui en rapport avec la promesse en Israël ; Il abandonna tout sur la croix pour tout recevoir en résurrection de la main de Son Père. Remarquez ici que jamais on ne fait un sacrifice de quelque chose sans que nous soit révélée une base plus excellente pour nos relations avec Dieu en grâce, que celle que nous possédions auparavant ; car Dieu donne ce qui nous soutient dans le sacrifice, mais n’était pas nécessaire pour jouir de la chose abandonnée. Dieu avait donné des promesses en Isaac ; mais pour abandonner à Dieu un Isaac sacrifié, base de la promesse, il fallait connaître la résurrection, et en effet, Abraham estimait que Dieu était puissant pour le ressusciter d’entre les morts.
Dans l’épître aux Galates, la portée de cette partie de l’Écriture est considérée. Je me borne ici à faire observer que la promesse faite à Abraham au chapitre 12, est ici confirmée à la seule semence, Isaac, et à Isaac offert comme victime et ressuscité. Il y avait d’autres promesses faites à une postérité nombreuse comme les étoiles du ciel (ce qui était aussi une promesse) ; mais la promesse de la bénédiction des familles de la terre fut donnée d’abord à Abram seul (chap. 12), et confirmée ici à la seule semence (chap. 22). Aussi l’apôtre Paul parle d’une seule. Cette promesse à Abraham n’est pas mentionnée en d’autres passages ; elle est confirmée à la semence ressuscitée. À la fin du chapitre, à côté de la souche générale de diverses nations, l’origine de Rebecca est signalée.
Au chapitre 23, comme nous l’avons dit, l’instrument de la promesse, Sara, disparaît pour faire place à Rebecca, l’épouse du fils : mais avec tout cela, tout en ne possédant encore rien dans le pays où il doit acheter un sépulcre, Abraham a le gage assuré qu’il le possédera dans la suite. Il y enterre son mort.
Maintenant, il s’agit de chercher l’épouse de l’héritier. Remarquez d’abord qu’elle reçoit des témoignages de grâce, puis, comme une fiancée, des dons ; elle montre un esprit prêt par la grâce à suivre l’appel qui lui est adressé, et elle est conduite par Éliézer dans la solitude à travers le désert, laissant la maison de son père pour posséder tout avec Isaac, à qui son père a tout donné. Ici nous trouvons l’Église manifestement en scène. Isaac (l’homme ressuscité, entre Abraham l’homme de la promesse, et Jacob en qui l’histoire d’Israël commence) ne doit sous aucun prétexte retourner au pays de la nature, hors duquel sa femme allait être appelée. Isaac est exclusivement l’homme céleste. Rebecca doit aller à lui. Ayant Isaac dans ses pensées, son voyage est béni. Si elle eût pu oublier son époux, elle n’eût été qu’une étrangère qui aurait tout quitté pour rien, pour être finalement sans patrie et sans héritage. Telle est l’Église. Retourner en Mésopotamie, c’eût été abandonner Isaac.
Remarquez ensuite, dans l’action du Saint Esprit représenté par Éliézer, l’entière confiance en Dieu ; il demande et il est exaucé, mais ce doit être entièrement selon la parole (ici selon celle d’Abraham) : Est-elle de sa parenté ? Puis, quand la bénédiction est connue, l’action de grâce vient avant la joie ; enfin, Éliézer montre une entière et exclusive consécration au service qu’il doit accomplir ; il ne veut pas manger jusqu’à ce qu’il ait fait entendre son message ; ensuite point d’hésitation, il a une œuvre à accomplir et rien autre. Ah ! s’il en était de même de tous ceux qui sont à Christ ! Éliézer conduit Rebecca à Isaac qui est sorti à sa rencontre, et de là, Isaac la conduit dans la tente où, pour la consolation de son époux, elle remplace Sara, vase de la promesse, prenant la position de femme de l’héritier ressuscité, meilleure encore que celle de Sara. La carrière d’Abraham était terminée. Les promesses avaient cédé la place à l’Église appelée par grâce ; mais tout ce qui procède d’Abraham a une place dans la Parole de Dieu. Néanmoins, Isaac est l’héritier de tout, bien qu’Ismaël soit grand et qu’il ait des princes issus de lui.
Au chapitre 25, 19, commence, à certains égards, une nouvelle scène. De la femme stérile, car tout doit être grâce et puissance divine, naissent deux enfants, dans lesquels est manifestée l’élection, non seulement par la grâce qui appelle, mais en souveraineté et en contraste avec les œuvres. En Jacob, il n’y a rien de naturellement attrayant ; mais Ésaü méprise le don de Dieu. Son jugement provenait de lui-même ; il était profane, quoique Dieu, dans Ses conseils secrets, eût destiné la bénédiction à Jacob. Ésaü ne voyait rien au-delà des avantages terrestres du don ; il ne se souciait pas du Donateur ni de relations avec Lui. En tout ceci, nous trouvons simplement l’histoire des deux fils selon leurs caractères respectifs ; les voies de Dieu envers eux viendront plus tard.
Seulement alors commence l’histoire d’Isaac. Il est ici l’héritier désigné du monde ; mais comme tel, il doit avoir la portion d’Israël sur la terre, tandis que le chapitre 24 nous donne en figure l’histoire secrète de l’Église en rapport avec l’héritier ressuscité.
Chapitre 26. Isaac remplace ici Abraham comme héritier sur la terre. Isaac étant lui-même dans un pays étranger, c’est une nouvelle révélation, semblable à celle qui avait été faite à Abraham au commencement, sauf qu’Isaac était déjà dans une position résultat de l’appel de Dieu, mais non pas dans la jouissance du résultat de la promesse.
Il y eut une famine au pays où Isaac ne pouvait plus demeurer, et il alla vers ceux qui avaient, sans doute, en leur possession, une partie de ce pays, mais étaient les futurs ennemis et oppresseurs de son peuple. Mais Dieu lui apparut là, et lui dit de ne pas retourner dans le monde, mais de demeurer au pays qu’Il lui dirait. C’était un nouvel appel et dans des circonstances différentes de celle d’Abraham, l’Éternel lui apparaissant de nouveau et lui prescrivant, non de voyager dans le pays, mais de demeurer là où Il lui montrerait, et de ne pas chercher des ressources naturelles (en Égypte). Le pays est montré et les promesses renouvelées, soit quant à Israël, soit quant aux nations et à la terre. Il fallait qu’Isaac séjournât dans le pays où il se trouvait, c’est-à-dire où habitaient les Philistins. Ainsi le pays entier des Philistins et tout le reste lui fut donné, et il demeura à Guérar.
Nous avons ici la position d’Isaac, comme le commencement du chapitre 12 est la position d’Abraham. Depuis le verset 17 jusqu’à la fin, sa marche personnelle, quant à la foi, nous est présentée, comme celle d’Abraham, dans la dernière partie du chapitre 12, ainsi que l’établissement de ce qui devait être son partage dans sa postérité, selon la foi qu’il avait.
Il tombe moralement comme Abraham et d’une manière plus forte encore. Il renie sa femme et laisse entre les mains de l’ennemi les puits qu’Abraham avait creusés. Il avait manqué de foi en Dieu devant Abimélec, et quoique Dieu lui eût dit : « Demeure dans ce pays », il doit s’en retirer devant la volonté d’Abimélec ; puis il est chassé d’un puits à un autre puits, et ne trouve de place que là où le Philistin a place. Il rencontre Dieu à Beër-Shéba, où il a dressé sa tente, et où Abraham avait fixé ses limites avec Abimélec, après la naissance d’Isaac ; mais Abraham n’avait pas reçu de direction sur son habitation dans le pays, et avait repris Abimélec, dont les serviteurs s’étaient emparés d’un puits qu’Abimélec avait rendu. Abraham avait creusé tous ces puits, selon le besoin qu’il en avait comme étranger, et ils ne lui avaient pas été enlevés. Le seul au sujet duquel il y eut contestation, fut Beër-Shéba, et Abimélec le céda. Cependant Beër-Shéba, selon la providence divine, était la limite du pays, d’après la foi d’Israël. Les Philistins demeurèrent jusqu’à ce que vînt David, représentant du Christ ; les héritiers du pays ne le possédaient d’ailleurs pas entièrement.
Là, le Seigneur apparut et bénit Isaac. Là, Isaac séjourna et adora. Ce chapitre est l’histoire d’Isaac ; il répond aux chapitres 12-20 de celle d’Abraham.
La conduite d’Ésaü était aussi insouciante que ses pensées relativement à son droit d’aînesse étaient profanes.
Maintenant commence l’histoire de Jacob[18]. Héritier des promesses et les appréciant, il emploie, pour en finir, des moyens mauvais et honteux. Dieu répond à sa foi mais punit son péché et son infidélité. Dieu eût pu donner suite à la bénédiction par ses propres voies (ou Il aurait pu transposer les mains d’Isaac, comme il le fit pour Jacob) ; Jacob préféra ses voies et ne s’attendit pas à Dieu. Tout fut dirigé d’en haut pour répondre à la foi et punir le mal dans le croyant. Ésaü, de propos délibéré et en ayant le choix, avait abandonné son droit. Dieu n’était point dans ses pensées ; quand les conséquences sont là, il ne peut être l’objet de la bénédiction. Il faut agir par la foi seule, si l’on veut être béni. Jacob devient maintenant l’image d’Israël exilé et vagabond, héritier des promesses sur lequel Dieu veille, mais proscrit.
Les pèlerinages d’Abraham étaient dans la terre promise, ceux de Jacob en dehors d’elle ; choses bien différentes l’une de l’autre. Dieu était sans doute avec Jacob, et ne l’a jamais laissé. Mais Abraham marchait avec Dieu dans la réalisation de Sa présence ; il bâtissait son autel dans les divers lieux où il s’arrêtait au cours de son pèlerinage ; Jacob n’avait point d’autel, au cours du sien, loin du pays de la promesse ; car une marche comme la sienne éloigne de la communion de Dieu. De ce que Dieu, dans Sa fidélité, aille avec nous, il ne s’ensuit pas que nous soyons avec Lui.
Mais aussitôt que Jacob ploie sous le châtiment, pauvre, isolé, n’ayant que son bâton et une pierre pour chevet, Dieu se révèle à lui et lui garantit toutes les promesses. Dieu lui apparaît, non pas dans une pleine révélation de communion, mais dans un songe ; et ici toutes les promesses sont répétées, mais avec une notable différence d’avec toutes les précédentes : la promesse de la bénédiction des nations est faite à Jacob et à sa semence ; car ici la figure nous met en rapport avec le peuple d’Israël et la bénédiction de la terre ; ainsi, ce n’est pas simplement la seule semence, Christ, qui est en vue, mais la semence d’Israël en possession du pays, la possession de la terre pendant le millénium. Mais une autre promesse, précieuse et importante, est ajoutée, assurant Jacob que, quoique exilé et vagabond, Dieu le garderait partout où il irait, le ramènerait au pays, et ne l’abandonnerait point sans avoir accompli tout ce qu’Il lui avait dit ; Dieu était en haut de l’échelle, Jacob était l’objet de la promesse et de la bénédiction terrestre, mais la terre entière était sous le gouvernement providentiel des cieux ; et les anges avaient soin de Jacob, montant et descendant pour accomplir la volonté de Dieu[19].
Réveillé de son sommeil, Jacob se consacre à Jéhovah comme à son Dieu ; car Jéhovah se tenait au haut de l’échelle, et devient ainsi prophétiquement le Dieu d’Israël rétabli, avec lequel, quoique loin du ciel, était l’habitation de Dieu sur la terre en relation avec le ciel. C’était un vœu légal bien que juste et de tout point prophétique. Jacob est maintenant un étranger, et, à beaucoup d’égards, il représente Christ affligé dans l’affliction de Son peuple.
Je suis convaincu, comme je l’ai déjà dit, que dans les deux femmes, les Gentils et Israël nous sont présentés : Rachel, la première, aimée sur la terre, mais non possédée ; et Léa, la mère féconde d’enfants nombreux. Rachel eut aussi plus tard des enfants sur la terre. Rachel, représentant les Juifs, est la mère de Joseph, et plus tard de Benjamin, c’est-à-dire d’un Christ souffrant, glorifié parmi les Gentils, tout en étant rejeté par Israël, et d’un Christ régnant, fils de la douleur de sa mère, mais fils de la droite de son père !
L’histoire de Jacob est le triste narré de tromperies et de torts qui lui sont faits. Mais Dieu, selon sa promesse, le garde constamment. Quelle différence avec l’histoire d’Éliézer et d’Abraham, où l’on voit la puissance et le caractère du Saint Esprit. Ici la providence est à l’œuvre, mais c’est l’histoire de Jacob.
Lors du retour de Jacob, les armées de Dieu viennent à sa rencontre. Il reçoit une preuve nouvelle et merveilleuse des soins puissants et miséricordieux du Seigneur, qui aurait dû lui rappeler Béthel ; mais cela ne lui enlève pas sa frayeur. Il a de nouveau recours aux moyens de l’incrédulité, envoie en avant ses enfants, ses femmes et tout ce qu’il avait, mais la force n’était pas en cela ; Dieu, pour ne pas le laisser entre les mains d’Ésaü, le prend Lui-même en main. Il lutte avec Jacob, et, soutenant sa foi dans la lutte, lui donne dans la faiblesse (après la lui avoir fait sentir, et cela pour toute sa vie), la place et la part du vainqueur. Il est prince avec Dieu, et prévaut auprès de Dieu et des hommes.
C’est une merveilleuse scène : les voies de Dieu envers une âme qui ne marche pas avec Lui ! Toutefois ce n’est pas l’entretien calme d’Abraham avec l’Éternel, où Abraham intercède pour les autres, au lieu de lutter pour lui-même. Aussi Dieu ne révèle-t-il pas son nom à Jacob, ainsi qu’il l’avait fait à Abraham. Puis Jacob se sert toujours de voies détournées, car il n’allait pas à Séhir, comme il le disait ; mais il est délivré d’Ésaü comme il l’avait été de Laban, et enfin il s’établit à Sichem, achetant des terres, là où il aurait dû rester étranger. Dieu le retire de cette situation. Il n’est pas encore revenu au point où Dieu lui avait fait les promesses et assuré les bénédictions, c’est-à-dire à Béthel. Ici, toutefois, il a pu bâtir un autel en se servant du nom qui rehaussait sa propre position (33, 20). En cela il se prévalait de la bénédiction qui lui avait été accordée : acte de foi, il est vrai, mais qui s’arrêtait à la bénédiction elle-même, sans remonter jusqu’au bienfaiteur. C’est ce qu’il ne pouvait guère faire encore. Dieu agissait en sa faveur, et dans un sens il pensait à Dieu, mais ce n’était pas proprement la communion. N’en est-il pas de même de nous ?
Toutefois Dieu le conduit en avant, et lui dit de monter à l’endroit d’où il était parti, et de bâtir son autel au lieu même où il avait fait alliance avec Dieu, ce Dieu fidèle qui l’avait accompagné tout le long du chemin dans lequel il avait marché. Mais ici, quelle découverte ! Maintenant il doit rencontrer Dieu, et non plus simplement être l’objet de Ses soins, sans connaître Son nom, sans révélation complète de Lui-même, ce qui est tout autre chose que d’être simplement guidé de Lui. Alors, il se souvient qu’il y a de faux dieux dans sa famille ; c’est une chose qu’il savait, mais il n’y fait attention que lorsqu’il marche à la rencontre de Dieu. La rencontre de Dieu lui-même, non plus dans une lutte cachée et mystérieuse, mais comme face à face, met tout le mal à découvert. Jacob se purifie et monte à Béthel.
Là, Dieu se révèle ouvertement à lui en grâce, en lui déclarant Son nom comme Il l’avait fait à Abraham, et lui donne le nom d’Israël, comme s’il ne l’avait pas encore reçu.
Rachel donne naissance à celui qui, enfant de douleur pour sa mère, est le fils de la droite de son père, type remarquable de Jésus, le Seigneur. Il est temps maintenant que la promesse se réalise : c’est ce qui nous est présenté en figure, dans la personne de Benjamin, en puissance, dans celle de Christ. La position précédente d’Israël, représentée par Rachel, disparaît ; mais son souvenir est conservé dans le pays.
Le monde apostat s’établit en puissance, tandis que les héritiers de la promesse sont encore de pauvres pèlerins sur la terre. Ce dernier fait est l’objet d’une révélation spéciale.
Ce qui suit, depuis le chapitre 37, est l’histoire de Joseph. Cette histoire est si intéressante, que les enfants eux-mêmes y prêtent toujours une oreille attentive, bien qu’ils n’y aperçoivent pas toutes les beautés qu’elle renferme pour le croyant, qui y reconnaît la figure de Jésus ; tant il est vrai qu’il y a une beauté intrinsèque (pour le cœur qui n’est pas encore endurci) dans tout ce qui révèle le Seigneur.
Joseph est, dans les conseils de Dieu, héritier de la gloire et chef de toute sa famille, comme cela lui avait été révélé dans des songes (mais la foi seule pouvait le comprendre). Cela excite la jalousie de ses frères, d’autant plus qu’il est le bien‑aimé de son père. Ils le vendent aux Gentils, et le font passer pour mort, au lieu de le faire réellement mourir, ainsi qu’ont fait les Juifs au vrai Joseph.
Après cela, Juda tombe dans toutes sortes d’infamies et d’iniquités, ce qui ne le prive pourtant pas du privilège d’être la souche de la race royale.
Joseph est humilié par les Gentils, à la suite de fausses accusations. Il est mis en prison, ses pieds sont attachés aux ceps, le fer entre dans son âme jusqu’au temps où sa justice est mise au jour. La parole de l’Éternel le met à l’épreuve. Retiré de son humiliation, il est élevé à la droite du trône ; l’administration de toute la puissance des Gentils lui est confiée, tandis qu’il demeure inconnu de ses frères.
Dans l’humiliation, il est l’interprète des pensées et des conseils de Dieu ; dans son élévation, il administre avec puissance et avec la même sagesse qu’il avait manifestée déjà lorsqu’il était sous le poids de l’oppression, et il réduit toutes choses sous l’autorité immédiate de celui qui est assis sur le trône.
Une autre scène se présente : ses frères, poussés par la famine, sont amenés, par le chemin de la repentance et de l’humiliation, à reconnaître enfin dans la gloire celui qu’ils avaient autrefois rejeté quand il était en rapport avec eux. Benjamin, type de la puissance du Seigneur sur la terre parmi les Juifs, est réuni à celui qui, au temps où il leur est inconnu, a le pouvoir du trône parmi les Gentils. Christ embrasse ces deux caractères, mais cela amène l’union de tous les frères de Joseph avec lui.
Enfin, Jacob et les siens sont placés, comme un peuple à part, dans le pays le plus favorisé de tous ceux qui étaient sous l’autorité du grand roi.
Rien de plus touchant que la conduite de Joseph à l’égard de ses frères. Mais je dois laisser ces réflexions au cœur de mes lecteurs, les plaçant, autant que mes vœux le peuvent, sous l’influence précieuse de l’Esprit de Dieu.
Le rapide coup d’œil que je viens de donner, quant au type, est une application plus claire que ne pourraient le faire beaucoup de détails, et c’est ce qui est du plus profond intérêt. Remarquez seulement qu’ici la repentance des enfants de Jacob se lie immédiatement à leur conduite dans le rejet de Joseph, et c’est ce qui est placé sur la conscience de ses frères. Il en sera de même à la fin avec Israël. Il ne s’agit pas ici de leur péché quant à la loi (c’est ce que nous trouverons bien après leur arrivée à Sinaï), mais, en type, de leur péché par rapport au Messie. Leurs consciences sont tout à fait convaincues, et ils reviennent sur toutes les circonstances du rejet de leur frère ; ce n’est que graduellement que Joseph se fait reconnaître, et après divers exercices de cœur que ses actes produisent chez ses frères. À la fin, Juda est surtout mis en scène relativement à Benjamin ; c’est lorsque Juda prend à cœur l’affliction d’Israël au sujet de Benjamin et de la perte présumée de Joseph, et se soumet lui-même à la peine, que Joseph, dans sa gloire, leur est révélé comme leur frère : touchante scène ! La grâce parfaite de Joseph, à la fin, est une admirable représentation de la révélation que Christ fera de lui-même (45, 4, 8 et suiv.).
On est heureux de remarquer que, lorsque Jacob est présenté au Pharaon, bien qu’il reconnaisse que sa vie a été triste auprès de celle de ses pères, il se sent néanmoins en état, lui, berger méprisé, de bénir le monarque de tout le pays. Or, « sans contredit, celui qui bénit est plus grand que celui qui est béni ». Le plus petit et le plus chancelant des enfants de Dieu a la conscience de sa supériorité, en présence des gens les plus élevés de ce monde.
La descente en Égypte était selon Dieu : ainsi Israël est considéré ici comme y séjournant durant le temps voulu de Dieu, même alors qu’il est opprimé ; non pas comme chassé et vagabond par suite de sa désobéissance, quoique les deux choses soient vraies quand le dernier temps de son oppression arrivera, et même le sont déjà. Dieu, remarquez-le bien, apparaît à Jacob comme le Dieu d’Isaac, son père, et non comme le Dieu d’Abraham. Sa bénédiction était subordonnée à un Christ ressuscité. Ce qui dépend de la promesse, Israël l’a perdu en rejetant Christ ; mais Dieu peut lui apparaître en pure grâce, en rapport avec un Sauveur ressuscité, et c’est ce que nous voyons ici en figure. C’est pourquoi Israël est béni malgré tout, quoique longtemps opprimé et étranger.
La scène change dès que Jacob est en rapport avec Joseph. C’est la relation, dans le monde, avec un Christ glorifié qui lui est révélé. Il a le meilleur du pays, réglé d’après les ordonnances de Joseph et amené à une soumission universelle, comme appartenant au Pharaon, que Joseph représentait, et dont il exerçait l’autorité en sa présence. Beër-Shéba, la frontière d’Israël (dès qu’il l’eut passée, Jacob était un étranger hors de la terre de la promesse), est l’endroit où se passe cette révélation de Dieu.
On n’a pas manqué de voir, dans l’histoire de Joseph, un des types les plus remarquables du Seigneur Jésus. Ce caractère typique se rapporte même à bien des détails des voies de Dieu, concernant les Juifs et les Gentils.
Ainsi, au chapitre 48, à côté du caractère prophétique important dans l’histoire d’Israël, nous voyons Joseph héritier (la double portion assignée, parmi les Juifs, à l’aîné, héritier du père, lui étant donnée ; voir 1 Chron. 5, 1-2) ; et non seulement héritier, mais héritier en Canaan, héritier de Jacob, là où Rachel était morte, c’est-à-dire là où Israël, comme le peuple juif bien-aimé de Dieu, avait disparu. Ici encore tout est ordonné non selon la nature, mais selon le propos et les conseils de Dieu : Joseph, dans ses enfants, possède en héritage la portion arrachée par force des mains de l’ennemi ; car, depuis son rejet, Joseph figure toujours un Christ glorieux et, comme tel, héritier du monde.
Ensuite, nous trouvons le sort des enfants de Jacob, et deux faits : l’enterrement de Jacob et le commandement relatif aux os de Joseph, donnés comme gages certains que la terre de la promesse verra le retour d’Israël, laissé en Égypte, selon ce qui avait été dit à Abraham, et, en apparence, oublié, tandis que la patience de Dieu supportait encore l’iniquité des Amoréens. Or, Dieu ne frappe que lorsqu’il n’y a plus moyen de supporter le pécheur (chap. 49 et 50).
Remarquez la beauté de la grâce en Joseph (chap. 45, 7-8, et 50, 17, 19-20).
Il me semble que la différence entre la prophétie de Jacob et celle de Moïse, relatives aux douze tribus, est celle-ci. La première a pour objet, en premier lieu la responsabilité des chefs de ces tribus, tels que Ruben, Siméon, Lévi ; et, en second lieu, les conseils de Dieu, qui mettent au premier rang Juda, type du Seigneur dans la royauté, et Joseph, type du Christ nazaréen, séparé de ses frères et, plus tard, élevé dans la gloire. Les autres fils de Jacob, si l’on en excepte ce qui concerne Benjamin, qui ravage avec puissance, présentent quelques caractères généraux de la position et de la conduite des tribus d’Israël. Dan préfigure sa méchanceté et même son caractère de traître.
La prophétie de Moïse, à la fin du Deutéronome, prononcée au moment où Israël quitte le désert, donne plutôt son histoire considérée sous le rapport de son entrée dans le pays de Canaan. La sacrificature et le peuple y sont les deux points en saillie ; toutefois, la puissance et une bénédiction spéciale sont accordées à Juda dans cette dernière prophétie.
Mais j’ajoute quelques détails sur cette bénédiction prophétique.
Nous pouvons remarquer, dans les tribus, la responsabilité et la chute d’Israël en tant que premier-né selon la nature. Ruben représente Israël envisagé sous ce caractère. Siméon et Lévi, qui viennent ensuite et qui veulent maintenir leur droit par la force charnelle, ne valent pas mieux. Ensuite vient le décret de Dieu relativement au roi et à la tribu royale, jusqu’à la venue du Christ, auquel appartiendra le rassemblement des peuples. Joseph et Benjamin viennent à la fin : Joseph, comme représentant du Christ personnellement glorifié ; Benjamin, du Christ venant en jugement sur la terre. Joseph est un représentant personnel de Christ, séparé de ses frères, glorieux et béni comme héritier de toutes les ressources de Dieu. Avant cela, Dan, quoique reconnu comme une tribu qui juge, et ainsi Israël en lui, nous montre pourtant cette apostasie et cette puissance de Satan en Israël, qui pousse le résidu à regarder, au-delà de la portion d’un peuple infidèle, à tous égards, vers Celui qui est le salut. « Ô Éternel ! j’ai attendu ton salut ! ».
Je suis porté à croire que, dans les autres tribus, nous avons un contraste spécial entre l’état d’Israël opprimé, et celui où Christ, prenant en plein le caractère de Joseph dans la gloire, répondra à la foi du résidu, exprimée au verset 18 et plus loin. De cette manière, dans ces caractères des tribus, nous aurions toute l’histoire d’Israël.
Juda et Joseph ont été déjà particulièrement distingués dans l’histoire : Juda comme garant de Benjamin et lié à lui ; et Joseph dans toute son histoire. Ainsi, après Juda, dans Zabulon et Issacar, nous voyons Israël mélangé avec le monde, affairé sur la côte des mers, où il cherche son profit, et se faisant l’esclave de ce dernier pour trouver du repos ; mais cela aboutit à Dan et à l’apostasie ; en sorte que, dans l’esprit de la prophétie, le résidu attend le salut, qui doit lui arriver par le vrai Joseph. Tout est prospère pour celui qui attend ce salut. Autrefois vaincu, il est à la fin victorieux. Son pain est excellent et produit des délices royales dans son propre pays, sans qu’il les cherche en se mêlant et en s’assujettissant au monde. Nephthali est dans la liberté de Dieu et plein de paroles qui ont de la grâce. En Joseph et en Benjamin, nous voyons la garantie de toutes les bénédictions, dans le double caractère du Christ : héritier céleste de toutes choses ; puissance et force sur la terre pour la soumettre.
De cette manière, voici à quoi se résumerait la scène tout entière : — Ruben, Siméon et Lévi représentent le caractère moral et la chute d’Israël responsable. On y voit, comme toujours, la corruption et la violence. Tel est l’homme. Ensuite, le décret de Dieu en Juda. Il subsiste jusqu’à ce que vienne le Shilo, auquel appartient le rassemblement des peuples ; mais quand il vint en Juda, il fut rejeté, et il n’y eut point de rassemblement : Beauté et Lien furent rompus (Zacharie 11).
Puis, tel étant l’état d’Israël : relations avec les nations (quand elles n’ont pas lieu dans la puissance du Seigneur, elles n’amènent que la corruption) ; assujettissement à leur joug, en vue du repos et de la prospérité ; enfin, apostasie, toujours pourtant reconnu comme un peuple ; alors le résidu regarde à la seule source de la délivrance et attend, non pas le bien en Israël, mais le salut de la part de Dieu, l’Éternel.
Vient ensuite ce que nous avons déjà vu comme étant le double caractère du Christ : séparé de ses frères[20], puis glorifié, Joseph nous le représente comme l’homme céleste glorifié auquel tout est accordé, et Benjamin comme le Seigneur conquérant tout sur la terre.
En somme, nous avons dans ce chapitre l’histoire complète d’Israël de cette manière : en premier lieu sa chute, la corruption et la violence chez Ruben, Siméon et Lévi, comme nous l’avons déjà remarqué ; puis Juda, ou le dessein de Dieu dans Son peuple, en relation avec la souche royale de Shilo. Ceci est très simple : « À Lui sera le rassemblement des peuples » (verset 10). Ensuite Zabulon et Issacar nous sont montrés se mêlant avec les Gentils et se soumettant à eux en vue du gain et de la prospérité. Dan représente la ruse de la puissance satanique, alors que la foi attend le salut de l’Éternel. Gad, Aser, Nephthali, puis Joseph et Benjamin, le fruit et la puissance de ce salut, lorsque le Berger, la pierre d’Israël, sera là aussi, que la prospérité d’Israël débordera et que le pouvoir victorieux lui appartiendra.
Personnellement, la crainte de Dieu était en Joseph, du commencement à la fin ; c’est un principe de toute importance et la vraie base de la puissance. Quelle que fût sa gloire, il n’oublia pas Canaan ni la promesse terrestre. Il veut que ses os y soient transportés. Il en est ainsi du Christ. Joseph, quand Israël est décédé, pardonne à ses frères leurs torts et les entretient de ses richesses. Il en est encore de même du Christ. Il est au-dessus des lois et des justes craintes de ceux qui L’ont rejeté. Il veut bénir Israël avec Ses propres ressources de gloire céleste. Veuille le Seigneur en hâter l’accomplissement en son temps !
- ↑ Je m’en tiens ici plus particulièrement à la création inférieure, au milieu de laquelle l’homme a été placé. Il y a des anges tombés, et les cieux créés sont souillés par le péché ; mais ces anges étaient une création à part, ils étaient là pour célébrer avec joie la création telle que nous la voyons, c’est-à-dire comme une scène sur laquelle l’homme se meut. Cependant, comme créatures et comme êtres responsables, ils étaient capables de tomber, s’ils n’étaient gardés de Dieu, et c’est ce qui leur arriva. Mais ils formaient une création à part, et c’est pourquoi il n’est pas question d’eux dans l’histoire de la création de la Genèse.
- ↑ Rien n’est plus marqué que la position distincte de l’homme — cet être en qui aussi devaient s’accomplir les conseils de Dieu qui prend ses délices dans les fils des hommes et a manifesté Son bon plaisir dans les hommes (non pas seulement Sa bonté envers eux), par le fait que Son Fils est devenu homme. Ici, sans doute, nous avons l’homme responsable, mais la différence qu’il y a entre lui et toutes les autres créatures est aussi marquée que possible. Les jours de la création finissent avec la formule ordinaire : « Et Dieu vit que cela était bon » (chap. 1, 25), avant que l’homme soit mentionné. Alors vient un conseil solennel qui donne à l’homme une place spéciale : Dieu veut le créer à Sa propre image et à Sa propre ressemblance. Nous retrouvons deux fois ces mots : « Ainsi Dieu créa l’homme à sa propre image ». Faire de l’homme un simple animal est une chose monstrueuse qui renverse cette double déclaration emphatique de Dieu Lui-même et n’en tient pas compte. Dans l’ordre des créatures, l’homme est évidemment la contrepartie des voies de Dieu, quoique ceci ne soit accompli pleinement qu’en Christ, comme nous le montre le psaume 8 (comparer Rom. 5, 14 et Héb. 2).
- ↑ Jéhovah-Élohim est un nom personnel aussi bien que la déité, d’une manière générale. Il était important aussi pour Israël de savoir que son Dieu était le créateur de toutes choses. Cependant ce titre n’est employé que lorsqu’il s’agit de voies spéciales de Dieu et de rapports avec l’homme. La distinction entre les documents jéhovistiques et élohistiques n’est qu’un enfantillage, et vient d’une ignorance complète des voies et des pensées de Dieu. Il y a toujours une raison pour l’emploi de l’un ou de l’autre de ces noms : Élohim est simplement Dieu ; Jéhovah est Celui qui agit et gouverne dans le temps, qui demeure toujours le même, tout en ayant à faire avec d’autres.
- ↑ La différence entre la sacrificature et l’office d’avocat sera traitée en son lieu, dans les épîtres de Jean et de Paul. Je ferai seulement remarquer ici que la sacrificature se rapporte au secours pour les infirmités et à l’accès auprès de Dieu — l’intervention de l’avocat aux péchés et au rétablissement de la communion.
- ↑ Je crois que les chérubins représentent toujours le gouvernement et la puissance judiciaire.
- ↑ Quelle que soit la condition particulière d’Ève, ceci était l’expression de l’accomplissement de la promesse dans la nature, accomplissement qui était impossible. Le péché et la mort étaient là, et le jugement de l’espérance en la promesse liée à la nature avait été prononcé. « J’ai acquis un homme de par l’Éternel » était l’espérance en la promesse, mais l’attente de son accomplissement dans la nature. C’est pourquoi Caïn dut sortir de devant la présence de Jéhovah.
- ↑ Ce dernier nous est présenté pour la première fois sous son vrai caractère. Nod veut dire « vagabond ». Dieu l’a fait « Nod ». Il s’établit, appelle « le pays d’après son nom », ou du moins d’après le nom de son fils, comme un héritage ; il embellit sa ville par les arts et les délices de la musique. Le tableau est digne de notre attention.
- ↑ Alliance, appliquée à l’Éternel, exprime toujours, il me semble, quelque disposition établie de la part de Dieu et annoncée à l’homme, selon les termes de laquelle Dieu se met en relation avec l’homme, ou selon laquelle l’homme doit s’approcher de Dieu.
- ↑ L’idée que les hommes avaient voulu bâtir une tour assez élevée pour échapper à un nouveau déluge est une chose dont il n’y a pas la plus petite trace dans ce passage : leur tentative était l’effort, l’orgueil des hommes se coalisant pour se faire un centre et un nom sans Dieu. La naissance de la puissance et de la domination impériales, dans lesquelles la volonté et l’énergie individuelles prirent le dessus, vint après. Ce sont deux phases de l’effort humain sans Dieu.
- ↑ Il est beau de voir Dieu s’élever dans la Pentecôte au-dessus de cette confusion, et trouver, dans les effets du jugement même, le moyen de s’approcher du cœur de l’homme. Ainsi la grâce s’élevait par-dessus le jugement, lors même qu’elle ne s’exerçait pas avec la puissance qui régénère le monde.
- ↑ Jusqu’à ce verset, c’est toujours simplement « Élohim », Dieu.
- ↑ Ce fait est très frappant et caractéristique dans l’histoire de l’homme, après le déluge : il constate clairement et pleinement ce que l’homme devint.
- ↑ Ce passage est une citation de Deutéronome 32, 17.
- ↑ Savoir dans le déluge. Il ne paraît pas que l’idolâtrie se soit introduite auparavant.
- ↑ Cette dernière promesse dans l’histoire d’Abraham n’est répétée qu’au chapitre 22, et là à sa semence seule ; la promesse de la terre et d’une nombreuse postérité est souvent adressée à lui et à sa semence. C’est à cette promesse faite à Abraham au chapitre 12 et confirmée à la semence au chapitre 22, que l’apôtre fait allusion dans l’épître aux Galates. La postérité terrestre, au contraire, devait être nombreuse.
- ↑ Cette déclaration de Dieu au commencement du chapitre 15, se lie, il me semble, au refus d’Abram de prendre quelque chose du monde, qui se trouve mentionné à la fin du 14e.
- ↑ Je lis le verset 12 ainsi : « Père de circoncision » (c’est-à-dire de la vraie séparation pour Dieu, telle que Dieu la reconnaît), non seulement à ceux de la circoncision, mais à ceux qui marchent sur les traces de la foi d’Abraham, (foi) qu’il avait étant encore incirconcis. Dieu, autrement dit, les reconnaît (eux qui étaient des croyants d’entre les Gentils) comme étant véritablement circoncis. La promesse de l’arrivée immédiate de la semence est donnée ; mais cela lorsqu’Abraham, quant au corps, était mort ; et comme le caractère de la circoncision était péremptoire, il en était de même quant à la promesse : elle était faite au fils de la promesse, car la chair ne peut avoir à faire avec Dieu dans la lumière. Quoique Dieu pût bénir extérieurement la semence selon la chair, l’alliance était faite cependant exclusivement avec l’héritier de la promesse. La mort de la chair (car nous sommes loin de Dieu) et la simple grâce souveraine sont péremptoires. C’est la femme stérile qui doit être la mère d’une multitude de nations. Abraham se réjouit en la promesse et est obéissant à l’ordre de Dieu. Le chapitre 18 est encore une nouvelle révélation des voies de Dieu en relation avec l’héritier de la promesse, qui est ici l’objet principal en vue, et l’objet présent et immédiat de l’espérance. Cette partie du livre, en ce qui concerne le droit de l’héritier de la promesse, continue jusqu’au chapitre 21. Mais ici, je crois que l’héritier (c’est-à-dire la semence, mais qui est en même temps Jéhovah, le premier et le dernier) est considéré comme héritier du monde et juge, tandis que la relation personnelle d’Abraham avec Dieu existe, par grâce, par la promesse, quand il n’est pas question de l’héritier et, en tant que relation, est basée sur la foi et représente, en type, la position chrétienne. C’est pourquoi, Dieu lui-même étant connu — non seulement par Ses dons — Abraham s’élève plus haut qu’au chapitre 15, et au lieu de demander des faveurs pour lui-même, il intercède pour les autres.
Après le chapitre 22, on voit paraître les vrais types de l’Église, parce que l’héritier est là ; cependant, à côté de cela, nous avons ici de grands principes individuels. Abraham est habitué à la présence divine ; il la discerne bien vite, et quoiqu’il ne dise rien qui ait trait à la gloire divine jusqu’à ce que le Seigneur daigne lui-même se faire connaître, il agit cependant, dès le premier moment, avec une déférence instinctive qui est aussi pleinement reconnue par Celui qui le visite. Sous ce rapport, c’est une scène attrayante de sainte conscience de la présence de Dieu et d’attente respectueuse de Son bon plaisir. - ↑ En général, Abraham est la racine de toute promesse et l’exemple de la vie de la foi ; Isaac, de l’homme céleste, qui reçoit l’Église ; Jacob, d’Israël, héritier des promesses selon la chair.
- ↑ Christ est l’objet en Jean 1, l’échelle ne sert qu’à lier les deux parties de la scène.
- ↑ C’est ce qui caractérise Joseph, dans le Deutéronome aussi.
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