Traité:Quelques conseils aux femmes

De mipe
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« Que les femmes âgées… enseignent de bonnes choses ; qu’elles instruisent les jeunes femmes à aimer leurs maris, à aimer leurs enfants, à être sages, pures, occupées des soins de la maison, bonnes, soumises à leurs propres maris, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée »

Au commencement Dieu créa les cieux et la terre, et après qu’Il eut tout créé Il vit que cela était très bon. Tout était parfait comme Lui-même. Pour qui fit-Il ces cieux avec ces nombreuses étoiles, ce soleil bienfaisant et cette lune qui servent de signes pour les saisons ; cette terre produisant son jet d’elle-même ; ces eaux pour arroser et fertiliser la terre ; ces milliers d’animaux de toute espèce et enfin ce jardin d’Éden, ce paradis, ce lieu de délices — en vue de qui Dieu fit-Il toutes ces choses ? Tout a été créé pour l’homme et en vue de l’homme. Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, et Il le créa à l’image de Dieu… Quel honneur ! La créature ressemblait à son Créateur ! Oh ! c’était très bon. Il établit l’homme seigneur de toute la création : ce fut Adam qui donna le nom à chaque chose ; mais il ne se trouvait point d’aide pour Adam qui fût semblable à lui. Dieu vit qu’il n’était pas bon que l’homme fût seul ; Il fit tomber un profond sommeil sur Adam, et lui forma une femme d’une de ses côtes. À son réveil, Adam joyeux dit : « Cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair ». Dieu donc lui donna une aide. Nous voyons déjà ici, avant la chute, une différence établie entre l’homme et la femme, l’un était le seigneur et l’autre, quoique unie à lui par les liens les plus intimes (ils ne sont plus deux, mais une seule chair), était son aide ; c’était la possession de l’homme, il y prenait son plaisir. Dieu l’avait créée pour lui, c’était un don précieux de Son amour. La création tout entière, quelque parfaite, quelque satisfaisante qu’elle pût être, n’aurait rien été pour l’homme, s’il n’eût pas eu cette compagne, cette aide, ce second lui-même.

Heureux couple ! ils étaient ensemble dans ce jardin préparé par Dieu ; rien n’y manquait, tout était agréable à la vue et bon à manger. Ils y étaient dans l’innocence ; ils étaient nus et n’en avaient pas de honte ; rien ne troublait leur bonheur ; ils étaient seigneurs du jardin. Dieu les rencontrait là : c’était comme le lieu de rendez-vous entre le Créateur et celui qu’Il avait créé à Son image ; ils pouvaient converser avec leur Dieu et ne pas mourir ! Pourrions-nous croire, si nous n’en portions pas les tristes conséquences, que toutes ces grâces n’ont pas suffi à les rendre obéissants ? Dieu avait dit à Adam : « Tu mangeras librement de tout arbre du jardin, mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement »… Mais, ô malheur ! bientôt une autre voix que celle de leur Dieu se fait entendre dans ce jardin, une voie perfide, audacieuse, qui ose dire que Dieu a trompé l’homme ! L’adversaire s’approche de la femme, cette créature plus faible, que Dieu avait donnée à Adam pour aide. « Quoi ! lui dit-il, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? ». La femme lui répondit : « Nous mangeons du fruit des arbres du jardin ; mais, du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point, et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez ». Alors le séducteur, de sa voix trompeuse, lui dit : « Vous ne mourrez point certainement, car Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal ». La convoitise entre dans son cœur, elle oublie la défense de son Créateur, elle écoute, croit le séducteur, prend de sa main maudite ce fruit défendu et en donne à son mari qui, lui aussi, oublie son Dieu… Ils mangent ! et leurs yeux sont ouverts… Ô confusion ! ils voient qu’ils sont nus ; la voix de Dieu les fait fuir, ils se cachent, ils ont peur de Celui à qui ils ont désobéi. Au frais du jour, Dieu cherche cet homme créé à Son image, Sa voix appelle : « Où es-tu ? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ?… ». Adam honteux répond : « La femme, que tu m’as donnée pour être avec moi, elle, m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé ». Dieu dit à la femme : « Qu’est-ce que tu as fait ? »… « Le serpent m’a séduite et j’en ai mangé ». Dieu lui dit : « Je rendrai très grandes tes souffrances et ta grossesse ; en travail tu enfanteras des enfants, et ton désir sera tourné vers ton mari, et lui dominera sur toi », et à Adam Il dit : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’ai commandé, disant : Tu n’en mangeras pas, maudit est le sol à cause de toi ; tu en mangeras en travaillant péniblement tous les jours de ta vie. Et il te fera germer des épines et des ronces… À la sueur de ton visage tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, car c’est de lui que tu as été pris ; car tu es poussière et tu retourneras à la poussière ».

Cette terre qui avait été préparée pour que l’homme et les animaux y trouvassent leur nourriture dans le repos en la présence de Dieu, cette terre est maudite, l’homme doit pourvoir à ses besoins, à la sueur de son front. Les animaux devenus féroces se dévorent les uns les autres. Le péché entre dans le monde et, avec le péché, la mort, la malédiction. La créature de Dieu, faite à Son image, devient semblable à son séducteur, menteur et meurtrier… bientôt Caïn tue Abel. Adam et Ève sont chassés de ce jardin, dans lequel ils pouvaient avec bonheur se trouver en la présence de leur Dieu, et l’homme serait toujours resté dans cette position, si Dieu, dans Ses compassions qui sont au-dessus de toutes ses œuvres, n’eût pas fait, tout en condamnant le serpent, une promesse qui devait s’accomplir par le moyen de la femme, cause d’un si grand malheur.

La semence de la femme « brisera la tête » du serpent. Elle doit toujours enfanter avec douleur à cause de sa désobéissance, néanmoins, nous dit l’apôtre, elle sera sauvée en enfantant, si elle persévère « dans la foi, et l’amour et la sainteté avec modestie » (1 Tim. 2, 15). Son malheur n’est pas éternel. C’est d’une femme que doit naître le Sauveur qui, par Son obéissance parfaite à Dieu et en faisant par Lui-même l’expiation des péchés de l’homme, pourra l’introduire de nouveau en la présence de Dieu, parfait et dans les mêmes relations que Celui auquel Il disait : « Tu es mon Fils ». Dieu créera de nouveau l’homme à Son image, les fils ressembleront au Père, ils seront à Sa table, Dieu leur pardonnera toutes choses : Tout a été créé par ce Fils bien-aimé, et nous aussi, comme fils, nous serons héritiers avec Lui.

Mais revenons à la position de la femme. Cette femme qui d’abord était une heureuse aide de son mari, pouvait, dans son innocence, jouir de ce qu’était pour elle celui duquel elle avait été tirée. Après la chute, Dieu la place dans une autre condition. Il avait dit à Adam : « Fructifiez et multipliez, et remplissez la terre ». C’est un ordre qui doit avoir son accomplissement. Après le déluge Dieu répète les mêmes paroles à Noé : « Fructifiez et multipliez, et remplissez la terre », mais après la chute, avec le péché, la mort entre dans le monde. Depuis lors elle ravit à la terre ses habitants, elle se promène partout, et n’est-ce pas pour cela que Dieu dit à la femme : « Je rendrai très grandes tes souffrances et ta grossesse » ? La terre doit être remplie selon l’ordre de Dieu et jusqu’alors la tâche de la femme n’est pas finie, elle ne cessera pas d’enfanter avec douleur. Dieu lui dit encore : « Ton désir sera tourné vers ton mari et lui dominera sur toi… ». Il dominera sur toi, c’est Dieu qui l’a dit et comme la femme ne peut pas se soustraire à l’enfantement avec douleur, elle ne peut pas davantage changer la position que Dieu lui a faite relativement à son mari… « il dominera sur toi »[1]. La femme a oublié la sentence de son Dieu et elle passe souvent sa vie à regimber, mais en vain, contre cette position de dépendance, conséquence de sa faute. Voilà pourquoi sans doute les apôtres reviennent si souvent sur les devoirs de la femme. Nous allons examiner les divers passages qui se rapportent à ce sujet. Que Dieu dans Sa bonté bénisse Sa Parole et que le Seigneur soit plus glorifié par Ses servantes qui auront appris à être bonnes et soumises à leurs maris.

Paul écrit à l’assemblée d’Éphèse (5, 22) :« Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur, parce que le mari est le chef de la femme… Comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leur maris en toutes choses ». Ce n’est pas nouveau de commander aux femmes : « Soyez soumises à vos maris ». Les lois civiles et religieuses n’oublient pas de le répéter à chaque mariage ; mais voyons un peu ce que veulent dire ces deux mots, chef, soumission. « Le mari est le chef de la femme ». Le centenier avait compris cette position de chef, lorsqu’il envoya des gens vers Jésus pour Lui dire de ne pas prendre la peine de descendre chez lui, mais de dire seulement un mot et que son serviteur serait guéri ; « car moi aussi, ajoute-t-il, je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats, et je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient, et à mon esclave : Fais cela et il le fait ». C’était là de l’ordre. Ce chef avait-il moins d’amour, moins de bienveillance pour ses subordonnés, quoiqu’il parlât ainsi avec autorité ? Au contraire, son esclave est malade, il s’occupe de lui et fait tout pour qu’il soit guéri. Dans une armée, si les soldats se débandent, qu’ils n’obéissent plus au chef, c’est une confusion, tandis que si tous marchent dans l’ordre, le corps entier est considéré dans le chef ; l’honneur est pour tous ; le subalterne est fier de la gloire du chef ; il y a sa part. Ce même principe se retrouve en toute chose. Dieu a établi un ordre auquel on doit se soumettre. Soumettez-vous les uns aux autres. On doit être soumis aux autorités non seulement à cause de la crainte de la punition, mais aussi à cause de la conscience. Le serviteur doit être soumis à ses maîtres, non seulement pour plaire aux hommes, mais dans la crainte de Dieu. Quant à la femme, il semble que ce serait bien naturel qu’elle fût l’égale de son mari, elle est douée des mêmes facultés, ils ont un même but en s’unissant, leur cœur est satisfait, un même amour les anime, mais Dieu dit à la femme : Parce que tu as obéi à la voix du serpent, « ton désir sera tourné vers ton mari et lui dominera sur toi ». Il faut que la femme se souvienne que c’est un châtiment qui pèse sur elle ; ce n’est pas par promesse ou pour une récompense que le mari doit dominer sur elle. En se mariant, la femme entre dans une position toute nouvelle, elle aura bien vite à apprendre ce que sa mère n’aura peut-être pas eu la sagesse de lui enseigner : la soumission, c’est-à-dire la disposition à ranger sa volonté à celle de son mari, lors même qu’elle contrarierait tout à fait la sienne. Il n’y a pas besoin de soumission lorsqu’on a une même pensée, un même désir que son mari ; c’est lorsque ces volontés diffèrent que s’exerce la soumission.

Quelque bien assortie que soit l’union, étant deux, il peut ne pas y avoir toujours une seule pensée et un même sentiment ; on ne tarde pas à le voir, et c’est sur ce commencement que je désire particulièrement attirer l’attention : c’est le moment le plus sérieux de la vie et duquel dépend souvent le bonheur ou le malheur des époux. La jeune femme qui peut-être n’a jusque-là été que flattée, dont la volonté n’a été que rarement brisée, est tout étonnée de trouver, dans celui qu’elle aime, une manière d’être, de faire, de penser, qui n’est pas à l’unisson avec ses propres habitudes. Elle ne manquera pas de montrer combien les choses iraient mieux si l’on faisait comme elle l’entend. Quelquefois le mari, par amour pour elle, pour ne pas lui faire de la peine, cède. C’est un grand triomphe pour la femme, elle est tout heureuse d’avoir eu la victoire ! Et pourtant cette victoire n’en est pas une. Le mari a pris la position de soumission, et l’ordre établi de Dieu est déjà dérangé : par là, une position fausse s’introduit. Il est donc très important de commencer à cheminer ensemble, à la lumière de Dieu et sous Son regard, dans l’obéissance. Mais, dira-t-on, c’est un peu fort si la femme n’a rien à dire ! Elle a souvent bien plus de sagesse que son mari ; elle lui est supérieure à bien des égards. Cela est fort possible ; il n’est pas rare, en effet, de voir des femmes qui ont beaucoup plus de savoir-faire que leurs maris ; cela trouvera sa place si la femme emploie sa supériorité à être d’autant plus fidèle à la position que Dieu lui a faite. Écoutons ce que dit Paul à Timothée (1 Tim. 2, 11-14) : « Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission ; mais je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni d’user d’autorité sur l’homme : mais elle doit demeurer dans le silence ; car… Adam n’a pas été trompé ; mais la femme, ayant été trompée, est tombée dans la transgression ». L’apôtre rappelle ici la cause de cette position de dépendance de la femme vis-à-vis de son mari, c’est qu’elle est « tombée dans la transgression » ; la sentence de Dieu demeure donc la même sous toutes les économies. La grâce, cette grâce précieuse, par laquelle la femme, malgré sa chute, sera néanmoins sauvée, si elle persévère dans la foi et dans la sanctification, cette grâce qui nous a mis dans la liberté des enfants de Dieu, ne nous a pas délivrés de cette sentence : « Tu enfanteras avec douleur et ton mari dominera sur toi ».

« Que la femme apprenne dans le silence en toute soumission ». Que Dieu nous donne de comprendre toute la portée de cette parole : « apprendre dans le silence »… Mais qu’apprendra-t-elle ? Son mari n’aura peut-être rien de bon, ni d’utile à lui enseigner ; ce qu’elle apprendra, ce sera de se taire, et par là d’obéir à son Dieu. Si son mari n’est pas capable de l’enseigner, c’est le Seigneur qui instruira Sa fidèle servante et qui l’aidera à marcher dans le chemin béni où elle sera entrée. Dans la première épître de Pierre (3, 1, 2), Dieu fait une promesse qui doit faire vibrer d’espérance le cœur d’une femme chrétienne à l’égard de son mari qui serait encore étranger à la foi. « Pareillement, vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans la parole par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte ». Ils seront gagnés sans la parole, c’est-à-dire, sans que la femme soit appelée de Dieu à discourir ; et, bien certainement, toutes ces paroles ne feraient que jeter le trouble dans leur cœur et dans leur maison. Mais voyant « votre bonne conduite accompagnée de crainte, ils seront gagnés sans la parole ». Voilà un vrai triomphe ! un homme gagné, gagné pour le ciel, en voyant la bonne conduite de sa femme. Son silence, sa soumission par obéissance à son Dieu auront été efficaces, tandis que des discours seraient probablement restés sans effet.

La foi peut être longtemps exercée, de longues années peuvent s’écouler, sans qu’aucune manifestation sérieuse paraisse, mais ne perdez pas courage, comptez sur Celui qui a fait les promesses ; elles sont toutes « oui et amen en Christ ».

Lorsque Dieu fit à Abraham la promesse que sa postérité serait comme le sable de la mer, sa foi fut longtemps exercée ; ce ne fut que vingt-cinq ans après que naquit cet Isaac, le vrai fils de la promesse. La foi d’Abraham a failli, mais la promesse est demeurée. La femme, quelque fidèle et quelque désireuse qu’elle soit d’obéir à son Dieu dans la soumission à son mari, y manque bien souvent. La chair, la volonté propre, des impatiences, viendront peut-être humilier celle qui, pendant un temps, aura cru être victorieuse sur elle-même. Mais, si Dieu a prononcé une sentence irrévocable sur la position de la femme, Il est aussi un Dieu plein de miséricorde qui sait quelle est la faiblesse de notre nature ; et, si Sa compassion s’est montrée pour Ève après sa chute, s’Il a fait des promesses pour sa postérité, s’Il a eu soin de couvrir Lui-même sa nudité (Il lui fit une robe de peaux), c’est aussi Lui qui a couvert nos péchés et qui pardonne nos iniquités. Si la crainte de Dieu est vraiment dans le cœur ; si un désir sincère de marcher dans l’obéissance anime les faibles filles d’Ève, elles ne manqueront pas d’être relevées, consolées par le Seigneur qui sympathise à nos infirmités. Il connaît les machinations de Satan contre les fidèles. De quel amour le Seigneur Jésus n’était-Il pas animé pour Pierre, parce qu’Il savait à quel point cet apôtre allait être aux prises avec Satan, jeté par terre, humilié par sa chute en reniant son Seigneur ? « Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme du blé, mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ». Quel amour, quelle sollicitude dans cette parole du Sauveur à Son disciple infidèle : « J’ai prié pour toi ». Le Seigneur est toujours le même, Il connaît la tendance de nos cœurs : s’ils sont dirigés de Son côté, Il nous en tient compte ; Il connaît toute notre faiblesse et aussi les attaques de l’adversaire ; nous avons toutes Ses sympathies, Il prie aussi pour nous. La femme ressemble souvent à Pierre ; comme lui, elle aime de tout son cœur, elle se croit capable du plus grand dévouement, mais survient-il quelques difficultés, toute sa faiblesse se montre : elle raisonne… et tombe ! puis toute confuse, elle pleure. Pleurs souvent bien amers, mais salutaires. Il est bon que la femme sache qu’il n’y a point de paix dans la rébellion, de quelque nature qu’elle soit.

En lisant ces lignes, on pensera peut-être que si elles sont selon la vérité, la position de la femme est malheureuse. Il n’en est point ainsi. Le mariage ayant été établi de Dieu est honorable. C’est un lien sacré ; les rapports les plus intimes sont sanctifiés ; l’épouse a l’époux, et tant que l’époux ne lui est pas ôté, elle peut se réjouir en lui. C’est une position normale que celle d’être mariée ; voilà pourquoi le cœur a généralement cette tendance. La position de la femme est honorable et elle sera heureuse et bénie, si elle la garde soigneusement, telle que Dieu la lui a faite. Qu’y a-t-il de plus beau qu’une union où tout marche dans l’ordre, où la femme modeste, ayant à cœur d’obéir à Dieu et de plaire à son mari, s’applique à étudier son caractère, ses goûts, afin de ne faire que ce qui lui est agréable ? Elle se donne de tout son cœur à lui et s’occupe de tout ce qui peut contribuer au bonheur et à l’ordre de sa maison. Son mari l’aime, et s’estime heureux d’avoir une telle compagne ; trouvant en elle son plaisir, il lui ouvre tout son cœur, lui fait part de ses projets, de ses espérances ; il lui dit tout parce qu’il sait que les désirs de sa femme se rapportent aux siens et qu’il n’a pas à risquer de troubler leur paix par sa confiance. Sa femme est sa gloire, il l’honore autant qu’il l’aime. Se confiant à sa sagesse, il lui abandonne tous les soins de sa maison, pendant que lui, comme chef (et aussi parce qu’il a désobéi à Dieu), doit pourvoir, à la sueur de son front, à l’entretien de sa femme et de ses enfants. Que la famille soit aisée, pauvre ou riche, la tâche de la femme est, à quelques égards, la même, toujours laborieuse, et il est bon qu’elle ait été habituée au travail. Aussi la mère du roi Lemuel (Prov. 31) dit à son fils : « Une femme vertueuse ! Qui la trouvera ? Car son prix est bien au-delà des rubis. Le cœur de son mari se confie en elle, et il ne manquera point de butin. Elle lui fait du bien et non du mal, tous les jours de sa vie. Elle cherche de la laine et du lin, et travaille de ses mains avec joie. Elle est comme les navires d’un marchand, elle amène son pain de loin. Elle se lève quand il est encore nuit, et elle donne la nourriture à sa maison, et la tâche à ses servantes… Elle étend sa main vers l’affligé, et tend ses mains au nécessiteux. Elle ne craint pas la neige pour sa maison, car toute sa maison est vêtue d’écarlate… Elle ouvre sa bouche avec sagesse, et la loi de la bonté est sur sa langue. Elle surveille les voies de sa maison et ne mange pas le pain de paresse. Ses fils se lèvent et la disent bienheureuse, son mari aussi, et il la loue : Plusieurs filles ont agi vertueusement ; mais toi, tu les surpasses toutes ! La grâce est trompeuse et la beauté est vanité : la femme qui craint l’Éternel, c’est elle qui sera louée ».

Quel beau tableau ! Quelle est la femme qui ne serait pas heureuse et fière qu’on pût rendre d’elle un tel témoignage ? Le secret pour y parvenir, autant que cela est possible dans notre faiblesse, se trouve dans le dernier verset (v. 30) que nous venons de citer. « La femme qui craint l’Éternel sera louée ». La crainte de son Dieu, de son Créateur, de Celui qui a prononcé la sentence contre la femme, voilà ce qui fait sa force, ce qui procure la bénédiction. C’est un sentiment très beau, louable, juste, qu’une femme agisse toujours en vue de plaire à son mari ; mais si elle ne le fait pas tout premièrement pour obéir à Dieu, dans la crainte de Dieu, ayant sérieusement compris et accepté la condition qui lui a été faite après la chute, elle ne tardera pas à rencontrer des difficultés qui la feront sortir de la position heureuse dans laquelle elle se trouvait au milieu de sa famille. Il y a tant de circonstances dans la vie qui exercent le cœur de la femme ! et son mari est souvent la source de ses peines. Quelles ne seraient pas ses souffrances si elle ne pouvait épancher son cœur dans le sein de son Dieu ! Si elle sait qu’Il ne lui permet, ni de prendre de l’autorité sur son mari, ni de l’enseigner, mais qu’elle doit demeurer dans le silence, elle sait aussi que Dieu est son aide, et que c’est Lui qui est au-dessus de l’homme. C’est Lui qui de Son bras puissant peut garder, conduire, enseigner, corriger, incliner le cœur de celui qui peut-être a brisé le sien. L’Éternel qui se laissa fléchir dans Sa lutte avec Jacob, qui toucha le cœur justement irrité d’Ésaü, tellement qu’au lieu de tuer son frère qui lui avait dérobé son droit d’aînesse, lorsqu’il rencontre Jacob, il pleure sur son cou et le baise ; ce Dieu, toujours le même, ne peut-Il pas amener le cœur de l’homme à l’obéissance, et le ramener à sa femme s’il s’en est détourné ? Lorsque Abraham, dans sa lâcheté, se laissa enlever sa femme, dont il avait dit qu’elle était sa sœur, quel autre que Dieu aurait pu garder cette « belle » femme ? Il ne permit pas que le roi la touchât… Oh ! si nous savions comprendre tout le soin que Dieu a de Ses pauvres créatures déchues ; si nous avions l’œil ouvert pour discerner Sa bonne main dans tous les détails de la vie ; si nous croyions réellement que les cheveux même de notre tête sont comptés, avec quelle confiance ne pourrions-nous pas répondre à cette condescendante et tendre sollicitation de nous décharger sur Lui de tous nos soucis ! Si la femme a appris à le faire, elle peut, malgré sa faiblesse, rencontrer et surmonter les difficultés qui seront mises sur son chemin. Elle ne se dépitera pas, quand même elle trouverait que son mari ne conduit pas sa maison avec sagesse : elle attendra, demeurant tranquille, sachant que Celui en qui elle se confie, Celui à qui elle a l’habitude de tout dire, l’exaucera au temps convenable. Elle continuera à être bonne, douce et soumise à son mari, et « s’il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils seront gagnés sans la parole par la conduite de leurs femmes… dans la crainte… dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu ».

Il n’est que trop fréquent de rencontrer des unions malheureuses, des femmes qui pleurent et se dépitent, des intérieurs de famille, où il n’y a point de paix, parce que le mari et la femme sont divisés. Le plus souvent, il faut en convenir, la faute n’en est-elle pas à la femme qui, au lieu d’être une aide pour son mari, le contrarie, l’entrave par des petitesses qui, souvent réitérées, ferment le cœur et ôtent la confiance du mari ? Elle perd par là un terrain qu’elle regagnera difficilement, même en apprenant comment Dieu veut que son mari domine sur elle, et ne permet pas qu’elle prenne de l’autorité sur lui. La tâche de la femme étant grande, il est important que chaque jour elle la commence de bonne heure ; c’est un des caractères qui distinguent la femme vaillante, dont parlent les Proverbes : « elle se lève quand il est encore nuit », et voilà pourquoi tout est en ordre dans la maison ; la nourriture est prête ; les servantes ont leur tâche ; les vêtements se préparent. Et aussi, dans le silence du matin, l’âme peut jouir plus intimement de son Dieu, sa voix ne se perd pas parmi tant de voix tumultueuses qui se font entendre, lorsque toute la maison est en activité. Nourrie et abreuvée de ces eaux que Dieu donne, la femme fortifiée pourra, appuyée sur le Seigneur, aller à la rencontre des difficultés qui l’attendent. Chaque jour a sa peine, et suffisamment de peine, pour que Dieu nous invite à ne pas y ajouter le souci du lendemain. Pendant qu’Israël était dans le désert, nourri par la bonté de Dieu de cette manne qui lui descendait du ciel, ils devaient la recueillir avant le lever du soleil, et alors ils en avaient en abondance pour toute la journée. Arrivaient-ils trop tard, ils n’en avaient point jusqu’au lendemain. N’en est-il pas de même pour nous ? Si l’on passe souvent des journées dans la sécheresse et sans force pour le combat, cela ne vient-il pas de ce que, n’ayant pas cherché la nourriture spirituelle dès le matin par la prière et la lecture des Écritures, on ne trouve plus rien qui fasse du bien pendant la journée : le soleil, la chaleur du jour ont tout ravi et on marche sous un fardeau pesant, parce qu’on ne s’est pas, dès le matin, déchargé sur le Seigneur de tous ses soucis ?

Les enfants, ce fruit béni du mariage, deviennent une source de joie ou de tourment pour les parents, selon la manière dont ils sont élevés. Autant que cela est possible, que la santé de l’enfant et de la mère le permettra, elle devra nourrir ses enfants. Ce n’est pas dans l’ordre de la nature qu’une mère laisse son enfant pour en nourrir un autre. Les affections sont dérangées et la mère qui se sera privée de donner les premiers soins à son enfant, l’aimera moins, peut-être beaucoup moins que ses autres enfants qu’elle aura toujours eus avec elle ; cela pourra devenir une source de jalousie pour le pauvre enfant et de douleur dans la famille. Il est bon que la mère surveille ses enfants dès le berceau ; déjà là, ils peuvent contracter des habitudes qui, si elles passent inaperçues, peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur la santé, et plus tard sur la moralité de l’enfant. Les soins d’une bonne mère, les premières directions données à ces jeunes cœurs encore dociles, peuvent avoir une influence pour toute la vie. Si Dieu confie des enfants dans Sa grâce, c’est afin qu’on les élève pour Lui dans la discipline du Seigneur.

L’enfant doit obéir, c’est l’ordre de Dieu : « Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur » (Col. 3, 20). La mère doit donc enseigner l’obéissance à ses enfants, non seulement pour sa propre satisfaction, mais aussi parce que cela est agréable au Seigneur. Puisque l’enfant doit apprendre l’obéissance, on ne peut pas trop tôt le former à cela. Lorsque l’on voit la volonté propre se développer, c’est alors que la mère sage commencera son œuvre : une tâche qui pourra quelquefois, il est vrai, être pénible à ses entrailles maternelles, mais qui, poursuivie, portera ses fruits. L’enfant voit bientôt si, par ses cris, il obtient ce que sa mère n’a pas d’abord jugé convenable de lui accorder. Si la mère cède, elle obéit à l’enfant ; c’est beaucoup plus grave qu’on ne le pense généralement ; c’est une désobéissance à Dieu qui, comme toutes les désobéissances, a ses fâcheuses conséquences. Si une mère ne fait pas obéir ses enfants, que devient-elle lorsque plusieurs de ces petits êtres, qui devraient être sa joie et lui faire honneur, la tourmentent comme à l’envi ? L’un la harcèle pour une chose, l’autre pour une autre. Ils savent qu’ils n’ont qu’à faire assez de tapage pour obtenir à la fin ce qu’ils désirent. La pauvre mère est malheureuse ; sa tâche lui paraît au-dessus de ses forces ; et pourtant serait-il si difficile d’obtenir la soumission ? N’est-ce pas une chose toute naturelle à l’enfant d’aimer sa mère ? Son premier sourire n’est-il pas pour elle ? Sa figure ne s’épanouit-elle pas lorsqu’il la voit venir ? S’éloigne-t-elle, son œil se remplit de larmes. À mesure que l’enfant grandit, l’aime-t-il moins ? Non, sans doute. L’enfant croit tout ce que sa mère lui dit ; il pense qu’elle peut toute chose, et il sait aussi que sa mère l’aime : voilà l’ordre de la nature, et c’est sans doute pour cela que Jésus dit : « Si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux » (Matt. 18, 3). L’enfant croit, point de doute : « Maman l’a dit », toute autre voix ne serait pas écoutée. Pourrait-on croire, si on ne le rencontrait pas souvent, qu’il y a des mères assez peu sages pour tromper la crédulité de ces petits êtres que Dieu leur a confiés ? Souvent au lieu d’avoir l’énergie de faire obéir l’enfant, la mère est assez faible pour le tromper, et quelquefois même pour l’épouvanter par des menaces qu’elle se garderait bien de mettre à exécution. Lequel est le plus à plaindre, du pauvre enfant qui ne sait plus s’il doit croire sa mère, ou de la mère qui, par sa faute, a perdu la confiance de son enfant et par là son autorité, et qui est entrée dans un chemin où le secours de Dieu lui manquera ? Car nous ne pouvons pas faire intervenir Dieu dans le mensonge ; c’est le diable qui est le père du mensonge.

Il est donc fort important que la jeune mère comprenne toute la gravité de ces tromperies dont on entoure l’enfance et qui peuvent avoir toute la vie les conséquences les plus funestes. Est-il étonnant que le mensonge se développe chez un enfant, lorsque sa mère s’est permis de lui faire (comme on dit) de petits mensonges innocents ? Ah ! prenez-y garde : jamais le mensonge n’est innocent. « Car celui qui veut aimer la vie et voir d’heureux jours, qu’il garde sa langue de mal et ses lèvres de proférer la fraude » (1 Pier. 3, 10). La mère donc qui désire des jours heureux (et qui ne les désire pas ?) marchera dans la vérité et y fera marcher sa maison. Si l’enfant aime et honore sa mère, la soumission, l’obéissance ne sera pas si difficile, surtout si, dès les premiers ans, on l’a exigée de l’enfant. Sans doute il y a des moments difficiles, la mauvaise nature que nos enfants apportent en naissant se montre et se développe ; mais si l’enfant sait que sa mère ne cédera pas ; s’il a été châtié et maté dans ses essais de désobéissance, il n’engagera pas de luttes où il sait qu’il aura la verge, et la verge autant de fois qu’il voudra résister. « Ne manque pas de corriger le jeune garçon ; quand tu l’auras frappé de la verge, il n’en mourra pas… mais tu délivreras son âme du shéol » (Prov. 23, 13, 14). Ce passage de l’Écriture nous montre toute l’importance que Dieu attache à la discipline de l’enfant : il faut ne pas épargner la verge. Cette première et fidèle éducation a des conséquences pour la vie entière. « Élève le jeune garçon selon la règle de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point » (Prov. 22, 6), et « tu délivreras son âme du shéol ».

Si, d’un côté, il est bon, selon l’ordre de Dieu, de ne pas épargner la verge à l’enfant, d’un autre côté, il est très important de le faire avec sagesse. Il doit être aussi pénible à la mère de prendre la verge qu’à l’enfant de la recevoir ; elle lui montrera combien elle est peinée d’être obligée de le punir, et par là, elle le fera avec calme. Si elle se sent irritée, qu’elle retarde la punition. Elle pourra dire à l’enfant quelle sera la nature de son châtiment et en remettre l’exécution au moment où elle a l’habitude de prier avec lui : alors, comme en la présence de Dieu, le châtiment ne manquera pas d’être efficace, tandis que si la mère, dans son impatience et peut-être même en colère, frappe son enfant, elle ne pourra que produire un mauvais effet. « N’irritez pas vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés » (Col. 3, 21).

On doit exiger l’obéissance des enfants, tant que, sous le toit paternel, ils trouvent la nourriture, le vêtement et les soins maternels qui leur sont justement dus. Dès le plus bas âge, la mère apprendra à son enfant à se souvenir de son Créateur. « Souviens-toi de ton Créateur dans les jours de ta jeunesse, avant que soient venus les jours mauvais, et avant qu’arrivent les années dont tu diras : Je n’y prends point de plaisir » (Eccl. 12, 1). La mère priera avec ses petits enfants ; elle leur enseignera à prier, non point des prières apprises par cœur ; mais, selon le besoin, elle repassera avec eux ce qui s’est passé pendant la journée, confessera à Dieu les fautes, les désobéissances qui auront eu lieu, bénira Dieu pour les nombreux bienfaits dont nous sommes, chaque jour, les objets de Sa part. Si la mère n’habitue pas son enfant à prier haut avec elle dès sa tendre enfance, c’est une joie dont elle sera probablement privée toute sa vie ; et pourtant quelle douceur n’y a-t-il pas pour une mère, de trouver dans son fils, dans sa fille, des amis avec lesquels elle peut fléchir les genoux devant Dieu ; et ensemble, chacun selon le besoin qu’il en éprouve, présenter en liberté leurs requêtes, leurs adorations à Celui qui est la source de toute grâce, de toute bénédiction !

Le père, cela va sans dire, comme chef, réunira toute sa maison (hôtes et domestiques) pour le culte de famille, et bienheureux celui qui peut dire : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel ». Lorsque Dieu voulut détruire Sodome, Il dit : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ?… car je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel » (Gen. 18, 17-19). Le moment le plus opportun pour le culte de famille, n’est-il pas après le repas, lorsque tous sont encore autour de cette table qui, par la bonté de Dieu, a été couverte d’aliments pour la nourriture de nos corps ? Serait-ce trop d’accorder aussi à l’âme quelques miettes de ce pain de la vie, quelques gouttes de ces eaux rafraîchissantes que Jésus donne, lorsqu’on Lui en demande ? Daniel, ce serviteur béni de Dieu, fléchissait les genoux trois fois le jour malgré la défense du roi. Il n’est pas rare de rencontrer des familles qui font profession d’aimer Jésus et qui n’ont point de culte de famille. Le matin, dit-on, on n’a pas le temps, les enfants vont trop tôt aux classes ; à midi ce n’est pas l’habitude, et, le soir, on a sommeil, les enfants s’endorment… Ah ! prenez-y garde, si vous n’avez pas le temps d’élever vos enfants pour le Seigneur, vous n’en manquerez pas toutefois pour les élever de manière à faire leur chemin dans le monde ! Vous pourrez bien les voir réussir dans le monde ; mais, si vous les voyez n’estimer que le monde, se soucier fort peu des choses spirituelles, à qui en sera la faute, sinon aux parents qui n’auront pas eu à cœur de servir l’Éternel, eux et leurs enfants ?

Une grande responsabilité repose sur la mère, c’est elle qui doit veiller à ce que le matin tout soit prêt à temps, afin que dans la paix, sans précipitation, la famille puisse rendre son culte à Dieu. Si, par des circonstances particulières, le père ne peut pas être avec la famille pour le culte, la mère fera la lecture de la Bible ; et si, dès le bas âge de ses enfants, elle s’est appliquée à la lire avec eux, à la leur expliquer et à prier avec eux, il sera bien simple pour elle de remplacer son mari. Autant il est convenable que la femme se taise, et qu’elle apprenne dans le silence, avec toute la maison réunie, lorsque son mari est là, autant il est dans l’ordre qu’elle remplace le chef de la famille en son absence. Si le cœur du mari n’est pas encore attaché au Seigneur, il sera bien aise de laisser à sa femme le soin du culte pour les enfants, surtout si par son amour pour lui, sa soumission, sa sagesse dans la maison, elle a su gagner sa confiance ; elle pourra aussi prendre ses enfants avec elle pour le culte public. Si elle a compris pour elle-même qu’elle doit rendre son culte à Dieu avec les fidèles, elle y fera assister ses enfants avec elle dès l’âge le plus tendre, elle ne permettra pas qu’ils se lient avec le monde, parce que l’Écriture dit que « quiconque veut être ami du monde, se constitue ennemi de Dieu… ». Et qui voudrait que son enfant fût un ennemi de Dieu ?… La pente est glissante, très glissante, n’y exposez pas vos chers enfants que Dieu, dans Sa grâce, a sanctifiés, mis à part du monde avec nous : « Le mari incrédule est sanctifié par la femme… autrement vos enfants seraient impurs, mais maintenant ils sont saints » (1 Cor. 7, 14). Si nous les gardons, et les faisons marcher avec nous dans la position que Dieu leur a faite, nous pouvons avoir confiance qu’ils ne s’écarteront pas du chemin du salut. Ayant appris de bonne heure à connaître Jésus comme Sauveur, Dieu comme un bon Père, l’incrédulité qui sépare l’homme de Dieu n’aura pas d’entrée dans leur cœur. Combien de parents qui, faute d’avoir fait à leurs enfants une habitude de servir Dieu avec eux, ont à gémir de les voir suivre un autre chemin !… Ils vont comme leurs cœurs les mènent. Ils vont peut-être même avec quelque bonne façon, quelque succès dans le monde.

On dira peut-être : Mais qu’est-ce qu’on entend par le monde ? Il faut bien être dans le monde, y gagner sa vie, y faire ses affaires ? Cela est vrai, aussi Jésus après avoir dit à Ses disciples qu’ils n’étaient pas du monde, dit à Son Père : « Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal » (Jean 17, 15). Jésus ne désirait pas qu’ils fussent ôtés du monde pour aller s’enfermer dans quelque cloître : ils devaient, au contraire, être la lumière du monde, vue et connue des hommes. Dans la pensée du Seigneur, il y a deux choses très distinctes : le monde, d’un côté ; et, de l’autre, les fidèles ; ce sont tous des hommes, et je dirai même, tous aussi méchants les uns que les autres. « Il n’y a point de juste, non pas même un seul » ; le cœur de l’homme est désespérément méchant en tout temps ; tous sont au même rang, tous perdus, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. Voilà la juste appréciation que Dieu fait de l’homme (Rom. 3, etc.). Mais parmi cette race méchante, il y en a qui ont cru Dieu ; ils ont cru au témoignage qu’Il a rendu de Son Fils, ils ont cru à ce Jésus qui a quitté le ciel pour venir régler notre compte de péchés en les expiant Lui-même sur la croix. Ils ont cru, voilà tout ce que Dieu attend d’eux. En retour de leur foi, Il leur accorde la vie éternelle, Sa propre vie (Lui seul existe de toute éternité) et le droit d’être faits Ses enfants. « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus » (Gal. 3, 26). Voilà donc, parmi ces fils des hommes tous méchants, les uns qui deviennent une famille vivante pour l’éternité, et les autres qui restent morts, tout en faisant peut-être grand bruit dans ce monde[2].

Les uns sont affectionnés à Dieu qu’ils connaissent comme Père, à Jésus comme à leur Sauveur et au ciel comme étant le lieu où leur bonheur leur est assuré. Les autres marchent plus ou moins honorablement dans ce monde ; mais ils sont sans connaissance de Jésus ; ils ne L’honorent pas, Son nom n’est pas bienséant dans leur société. On peut y parler de tous les grands hommes, mais de Celui qui, au pris de Sa vie sur la croix, a opéré la réconciliation de Dieu avec les hommes, de Lui, de ce Jésus toujours méprisé dans le monde, on n’ose pas parler ! Il ne serait pas non plus convenable qu’on s’entretînt des grands hommes de Dieu. Abraham, Joseph, Moïse, Daniel, etc., sont aussi, sans doute, de l’histoire trop ancienne pour qu’il soit séant de prononcer leur nom dans un siècle de progrès comme celui-ci. C’est là le monde, où Jésus n’a pas Sa place. Or, comme Il n’était pas du monde, nous ne sommes pas non plus du monde, et nous devons en garder nos enfants comme nous-mêmes. Il est large, le chemin qui laisse dans la mort, mais il est étroit le chemin qui mène à la vie ; il y en a peu qui le suivent. Il y aura peut-être de la perte pour nos affaires temporelles à ne pas faire comme tout le monde ; mais Jésus a dit : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume… » (Luc 12, 32). Le monde n’en donne pas autant. Le fils prodigue, qui avait essayé de goûter de ses plaisirs, après qu’il eut tout dépensé pour eux, aurait voulu se rassasier des gousses que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait. Dieu donne la vie et promet un royaume, le monde refuse des gousses et laisse mourir… Et l’on veut du monde ! Pauvres enfants, qui avez peut-être été poussés dans le monde par vos parents, que Dieu vous ouvre les yeux ! Et vous qui avez des entrailles de mère, qui aimez et cherchez le bonheur pour vos enfants, ne préférez-vous pas les élever pour Dieu que de les lancer dans la voie large qui mène à la perdition ? Ah ! prenez-y garde, la pente est glissante et elle est douce au cœur naturel ; si vous laissez mettre le pied de votre enfant dans ce chemin, vous ne serez point sûres de pouvoir le retenir ; et après… Allez le demander aux parents qui pleurent sur leurs enfants, ils vous diront ce qu’ils éprouvent en voyant les objets de leur amour, de leurs espérances, ne vivre que pour le monde, sans affection pour Dieu et probablement peu attachés à leurs parents qui n’ont pas su les garder dans l’obéissance et dans la piété. La mère sage évitera tout ce qui pourrait être une tentation pour ses enfants. Lorsqu’il y a ce qu’on appelle des fêtes innocentes, où l’on se porte en foule ; où des gens, fort honorables du reste, se trouvent aussi ; où quelquefois, même des personnes qui font profession d’aimer et de servir Jésus ne voient pas de mal à aller avec leurs enfants, plus tout cela a bonne façon, plus c’est dangereux. Le mal ne commence pas par des vices grossiers. La mère pieuse et prudente profitera de ces jours-là pour diriger les pas de ses chers enfants, petits et grands, d’un tout autre côté, et leur fera goûter les douceurs de la vie de famille en dehors des fausses joies du monde.

S’il est bien entendu que les parents ne permettent pas à leurs enfants de prendre part à aucun des plaisirs du monde, les enfants seront beaucoup plus facilement soumis. Pourquoi regretteraient-ils ce qu’ils ne connaissent pas, n’y ayant jamais participé ? On n’aime pas un jeu, ou telle autre chose, avant d’en avoir fait l’essai ou de l’avoir vu. C’est sans doute pourquoi les aveugles-nés sont, en général, joyeux.

Il est de toute importance que la mère veille à créer, au sein de la famille, des jouissances tout autres que celles du monde. Elle habituera ses enfants à chercher leur bonheur dans l’obéissance à Dieu, à faire du bien aux malheureux, à travailler pour quelque chose de bon, à chanter les louanges du Seigneur, s’entretenant par des psaumes, des cantiques. La mère sera l’amie, et comme la sœur aînée de ses heureux enfants.

Les enfants doivent honorer leur père et leur mère. C’était un commandement de la loi qui est répété sous l’économie de la grâce : « Honore ton père et ta mère afin que tu prospères ». Les parents donc, doivent s’appliquer à se faire respecter ; jamais le père ne blâmera la mère en présence des enfants, et encore moins la mère son mari. Si l’un d’eux trouve à propos de corriger, de châtier l’enfant, l’autre se gardera bien de prendre le parti de l’enfant en sa présence.

Il faut en convenir ; dans leur tendresse mal entendue pour leurs enfants, les mères ne s’opposent que trop fréquemment au châtiment, quelquefois il est vrai un peu sévère, des pères, et, par là, elles font souvent un mal immense : d’abord elles désobéissent à Dieu, en n’étant pas soumises à leurs maris ; puis elles jettent dans le cœur de l’enfant de la méfiance contre le père ; et cela devient encore souvent un sujet de querelle entre le père et la mère. Une parole dite mal à propos peut allumer un grand feu, et qui l’éteindra ?

Si le chef de la famille est réellement fâcheux, qu’il ne soit ni bon père, ni bon mari, la position de la femme est bien difficile et bien douloureuse ; et elle aurait bien de quoi perdre courage, si elle ne savait pas que « Dieu est pour nous » et que Sa force opère. S’Il permet de telles épreuves, Il a aussi en réserve d’abondantes bénédictions pour ceux qui souffrent injustement et qui le supportent. Si, au milieu des difficultés de sa maison, une mère sait garder cet esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu, elle n’aura pas à s’inquiéter de ce qu’elle pourrait avoir à craindre. L’œil et la main de son Dieu sont sur elle pour la délivrer au temps convenable. « Car que sais-tu, femme, si tu ne sauveras pas ton mari ? ». « Si même il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans la parole… ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte ». Quels que soient les défauts du père, la mère les cachera autant que possible aux enfants.

Notre Dieu est un Dieu de paix, et Il nous dit de rechercher la paix et de la poursuivre. Puissions-nous nous y appliquer de tout notre cœur. « Il n’y a point de paix pour le méchant », a dit Dieu. « Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi en Christ vous a pardonné ». Si, par notre manque de vigilance, la paix a été troublée entre le père et la mère, que le soleil ne se couche pas sur votre irritation ; que tout se règle le soir devant Dieu (loin de la présence des enfants), non point en se faisant des reproches qui ne feraient qu’aigrir davantage les cœurs, mais en confessant ses fautes et en s’humiliant devant Dieu, afin que les prières entre le mari et la femme ne soient pas interrompues. Qu’y a-t-il de plus triste que de se coucher avec de l’aigreur dans le cœur, de se lever avec la même aigreur, et de passer ainsi peut-être des semaines ? Comment pourrait-on prier dans de telles dispositions ? Comment s’approcher de ce Dieu de grâce quand nous avons le cœur plein de courroux ? Que la femme ne reste pas dans une telle position ; qu’elle retourne à son mari, lors même qu’à ses yeux il aurait eu des torts envers elle, et qu’elle examine si peut-être ce n’est point parce qu’elle ne lui a pas été soumise que tout ce trouble est venu dans sa maison. Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il donne la grâce aux humbles ; ne craignons donc pas de nous abaisser et Il nous élèvera quand il en sera temps.

Si les enfants ne peuvent pas recevoir au sein de la famille l’instruction qui leur est nécessaire, les parents apporteront beaucoup de soins pour voir à qui ils remettront ce dépôt qui leur a été confié. Dès la première école, l’enfant subit une bonne ou une mauvaise influence, comme nous l’avons déjà vu. Avec la même bonne façon, on peut donner à l’esprit des enfants deux directions toutes différentes : le ciel ou la terre. Celui qui aime Jésus qui est au ciel tournera leurs regards de ce côté-là. Celui qui ne Le connaît pas a ses affections aux choses de la terre et dirigera aussi les enfants vers le monde. Mieux vaut mille fois que les enfants soient moins instruits, que mal instruits. La science n’est souvent qu’une entrave pour la foi. Jésus en élevant Ses regards au ciel, disait : « Je te rends grâce, ô Père ! de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux petits enfants ». Ce n’est pas que je veuille dire qu’il faut abandonner les enfants, les laisser croupir dans l’ignorance ; bien loin de là, les parents doivent tout sacrifier pour mettre leurs enfants en état de gagner honorablement leur vie et de pourvoir aux besoins de leur famille, si Dieu leur en accorde une ; mais ils doivent sérieusement considérer dans quel centre ils les placent, quelle que soit la vocation à laquelle ils se proposent de les vouer. « Ne vous abusez pas, les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs ».

J’aime à le répéter encore, c’est dès la première enfance que la mère dirigera le cœur de ses enfants vers l’amour de Dieu et du Sauveur. Non seulement elle les fera prier le soir, mais elle les habituera aussi à rendre grâces pour leur nourriture, leur faisant remarquer combien Dieu est bon de pourvoir ainsi chaque jour aux besoins de nos corps. Jésus, lorsqu’Il rompait du pain, levait Ses yeux au ciel et bénissait Dieu. Nous voulons bien que nos enfants nous remercient, et c’est très juste ; mais n’est-il pas encore plus juste qu’on rende grâces à Celui qui, dans Sa bonté infinie, pourvoit aux besoins de toutes Ses créatures ? C’est Lui qui donne la semence au semeur, et qui, quoique les oiseaux ne sèment ni ne moissonnent, les nourrit cependant.

Dieu est amour et c’est ainsi qu’on doit Le faire connaître aux enfants. Souvent des mères en font plutôt un épouvantail. Dieu te punira si tu n’es pas sage, leur dit-on. Dieu n’aime pas les enfants méchants, etc. Ce langage n’est pas juste. Si Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils, combien plus les enfants que Jésus donne comme exemple, et desquels aussi Il dit, lorsque les disciples voulaient les chasser : « Laissez-les venir à moi et ne les en empêchez pas ! ». Dieu aime les enfants tels qu’ils sont, mais Il n’aime pas leurs méchancetés ; c’est là ce qu’il faut leur faire comprendre en leur montrant combien il est triste de désobéir à un Dieu si bon qui nous aime et qui nous donne chaque jour des marques de Son amour.

Il est assez ordinaire que les mères redoutent une nombreuse famille. Cela se comprend, la chair craint la souffrance : mais, pourtant, si Dieu confie des enfants afin qu’on les élève pour Lui, c’est une grâce ; et, dans le ciel, il n’y en aura point de trop. Et déjà ici-bas, quel que soit le nombre d’enfants dont se compose la famille, n’y a-t-il pas dans le cœur de la mère assez d’affection pour tous ? Et même, n’est-il pas bien reconnu qu’à mesure que le nombre en augmente l’amour maternel se développe et que le dernier-né a toujours la plus grande part à sa tendresse ? Voudrait-elle que Dieu lui ôtât ce petit être pour lequel elle s’est peut-être affligée avant qu’il fût né ? Non, elle l’aime, elle a oublié tout son travail, et elle est bientôt dédommagée de toutes ses douleurs par le doux et innocent sourire de son enfant. En Israël, les femmes regardaient comme un grand honneur d’avoir beaucoup de fils et de filles. Loin de se lamenter, leurs bouches s’ouvraient en louanges, lorsque le nombre en était augmenté. Dans le psaume 128, on voit, comme récompense de celui qui craint Dieu, « que sa femme sera au-dedans de sa maison comme une vigne féconde, et que ses fils seront comme des plants d’oliviers autour de sa table ».

Si Dieu donne des enfants comme une bénédiction, c’est aussi Lui qui pourvoit aux besoins de la famille. Les petits enfants sont plus précieux à Ses yeux que des oiseaux, lesquels pourtant Il nourrit ; et, si Dieu revêt l’herbe des champs, combien plus vous, ô gens de petite foi ! Que les mères ne se laissent donc pas abattre par les difficultés de leur position, mais que dans leur cœur elles honorent Dieu par une entière confiance en Ses soins et Son amour.


Comme nous l’avons déjà vu, le mariage est honorable, il est dans l’ordre de la nature. Il n’y a donc rien d’étonnant ni de blâmable à ce que les jeunes personnes aient le désir de se marier, et elles ne pécheront point en se mariant, pourvu que ce soit dans le Seigneur. Si une femme bonne est une faveur de l’Éternel (Prov. 18, 22), je pense qu’un bon mari ne procède pas moins de Lui. Dieu nous invite à nous décharger sur Lui de tous nos soucis, à Lui exposer tous nos besoins ; cette invitation s’adresse à tous ; et pourquoi celle qui désire avoir un compagnon de voyage, ne le demanderait-elle pas à Celui qui, voyant qu’il n’était pas bon que l’homme fût seul, lui donna une aide, et qui avait préparé à la fidèle Ruth un Boaz, dans un pays éloigné ? Les jeunes personnes pieuses, qui ont vraiment à cœur d’être fidèles, éprouvent peut-être quelque inquiétude, en considérant combien sont clairsemés les jeunes gens qui servent le Seigneur ; mais Celui qui disait qu’Il pouvait des pierres mêmes susciter des enfants à Abraham ne peut-Il pas des fils des hommes faire des enfants de Dieu par la foi en Jésus, s’il est bon qu’elles aient un mari ? Dieu aura toujours des Boaz pour les fidèles servantes du Seigneur, qui, comme Ruth, sont prêtes à tout quitter pour Le servir fidèlement.

Rien ne se fait souvent plus légèrement qu’un mariage, et pourtant c’est la chose la plus sérieuse ; aussi ne peut-on pas trop recommander aux jeunes personnes et aux parents, de bien en considérer la gravité. Comme la première condition de bonheur pour la femme, c’est qu’elle soit soumise à son mari, que ses désirs se rapportent aux siens, comment une jeune personne pieuse pourrait-elle s’unir à celui dont tous les désirs se rapportent à la terre, puisqu’elle doit subordonner les siens à ceux de son mari ? Il ne peut y avoir aucun repos pour le cœur dans une union où l’un aime et sert le Seigneur, et où l’autre, s’il n’a pas la foi en Jésus pour son Sauveur, est encore, quoi qu’il en soit de l’apparence, en état d’inimitié contre Dieu, peut-être même, sans s’en rendre compte ; cela ne se manifestera que trop tôt… Et que de douleurs, de peines, de déceptions n’y aura-t-il pas dans une telle union ? Il est surtout frappant, en considérant l’histoire du peuple d’Israël, de voir combien souvent des mariages avec des étrangères ont été l’occasion de chutes pour tout le peuple et par là de châtiments de Dieu sur lui. Salomon lui-même, cet homme choisi de Dieu, loué à cause de sa sagesse, à la renommée duquel la reine de Sheba vint rendre hommage et lui dit : « Heureux tes gens ; heureux ceux-ci, tes serviteurs, qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse. Béni soit l’Éternel, ton Dieu, qui a pris plaisir en toi » ; ce sage Salomon aima et prit pour femmes des étrangères… et, dans son amour pour elles, il bâtit un haut lieu pour faire des encensements à leurs faux dieux ; son cœur se détourna de ce Dieu qui, outre la sagesse, lui avait donné une gloire telle qu’aucun homme n’en a jamais eue sur la terre. Voilà les fruits d’une mauvaise union : ce qui est bon ne rend pas sain ce qui est mauvais, mais ce qui est mauvais corrompt ce qui est bon. Et qu’est-ce que Salomon dit à la fin de ce règne glorieux, mais où son cœur s’égara : « Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite du vent ». Voilà le monde. Oh ! mieux vaut, bien mieux vaut ne pas se marier que de se mal marier. L’apôtre Paul dit : « Mais je voudrais que vous fussiez sans inquiétude… La femme qui n’est pas mariée a le cœur occupé des choses du Seigneur, pour être sainte, et de corps et d’esprit ; mais celle qui s’est mariée a le cœur occupé des choses du monde, comment elle plaira à son mari. Mais je dis ceci pour votre propre avantage, non pour vous enlacer dans des liens, mais en vue de ce qui est bienséant et pour que vous vaquiez au service du Seigneur sans distraction » (1 Cor. 7). Servir le Seigneur sans distraction, que pourrait-on désirer de plus doux ? Jouir en tranquillité d’esprit de l’amour de son Sauveur, c’est un avant-goût de notre bonheur céleste. Voilà ce qui est placé devant celle qui, « n’étant pas sous l’empire de la nécessité… a décidé dans son cœur de garder sa propre virginité… Celui qui se marie fait bien, et celui qui ne se marie pas fait mieux » (1 Cor. 7). Et bienheureuses sont celles qui seront trouvées saintes de corps et d’esprit, ayant soin des choses qui regardent leur Seigneur, lorsqu’Il viendra pour donner à chacun sa louange.

Quant à la veuve, si sa position est bien douloureuse, n’ayant plus son compagnon de voyage, celui que son cœur aimait et en qui il se reposait, le père de ses enfants, le soutien de la famille ; si elle a de quoi continuer dans le deuil et la tristesse sa course ici-bas, elle a, d’un autre côté, toute la sollicitude de Dieu pour elle. Il est « le père des orphelins et le juge des veuves ; celui qui affermit l’orphelin et la veuve » (Ps. 68, 5 ; 146, 9) ; et, à ce titre, ne s’engage-t-Il pas à pourvoir à tout ? « Que tes veuves se confient en moi » (Jér. 49, 11). « N’opprimez pas la veuve » (Zach. 7, 10). « Le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci : de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction » (Jacq. 1, 27). Dieu a donc à cœur le bien de Ses veuves ; Il les recommande à la bienveillance, afin que leur isolement soit adouci. La veuve est honorable ; elle inspire, tout à la fois, la compassion et l’intérêt. Si, d’un côté, elle est privée de son mari, d’un autre, elle peut se consacrer davantage à Dieu sans distraction : « celle qui est vraiment veuve et qui est laissée seule, a mis son espérance en Dieu, et persévère dans les supplications et dans les prières, nuit et jour » (1 Tim. 5, 5). Quelle douceur ! Mais la veuve qui veut retourner aux plaisirs du monde, nous dit l’Écriture, est « morte en vivant », et dans ce cas, bien mieux vaut qu’elle ait un mari qui domine sur elle. Si le souvenir de son mari, et la sollicitude que lui attire son titre de veuve, de la part de Dieu, ne lui suffisent pas pour qu’elle demeure comme elle est, qu’elle se remarie ; elle ne pèche pas, pourvu que ce soit dans le Seigneur. Mais quel profit en aura-t-elle ? Celle qui est mariée s’occupe des choses du monde pour plaire à son mari, mais la veuve s’occupe des choses qui sont du Seigneur pour plaire à son Seigneur en toute liberté.

Le temps est court. Bientôt le terme de notre pèlerinage amènera le moment du repos et le bonheur. Les noces s’apprêtent : nos places sont préparées ; bientôt notre céleste Époux nous appellera pour nous présenter à Son Père (et notre Père) comme une épouse glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, sainte et irrépréhensible. Bientôt Il jouira du fruit du travail de Son âme, lorsqu’en face des cieux et de la terre, Il fera paraître avec Lui, dans la gloire, ces pécheurs qui, dans le monde, auront cru en Lui, auront aimé et confessé Son nom, par lequel seul on peut avoir entrée dans le ciel.

Bientôt « tout œil le verra » ! « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! ». Jésus dit : « Oui, je viens bientôt. Amen ».

Tenons nos lampes prêtes,
Vierges, préparons-nous.



  1. Un dominateur ne veut pas dire un despote. On peut être un très précieux dominateur. Lorsque Joseph récita ses songes, ses frères lui dirent : « Domineras-tu sur nous ? ». Il domina en effet sur l’Égypte et sur Israël, et bien heureux furent-ils que Dieu leur eût donné un tel dominateur préparé par Sa grâce pour la conservation de leur vie ! La domination du mari, quoique de fait un châtiment de Dieu sur la femme, est bien ce qui convient à sa faiblesse, et si le mari n’est pas réellement un homme fâcheux, il n’est pas si malheureux pour la femme de n’avoir d’autre responsabilité que celle de faire la volonté de son mari et de rapporter ses désirs aux siens ; c’est dans tous les cas le seul chemin de la paix, parce que c’est celui de l’obéissance.
  2. Lorsque Dieu fit la défense à Adam Il lui dit : « Le jour que tu en mangeras, tu mourras certainement ». Adam a vécu longtemps après avoir reçu en lui l’effet de la sentence de mort ; et toute sa race jusqu’à la fin sera une race de morts (« laisse les morts enterrer leurs morts », disait Jésus à un disciple qui tardait à Le suivre) ; c’est au milieu de ces morts que Jésus a apporté la vie éternelle, à tous ceux qui croient. Ils peuvent bien mourir comme les autres, à cause de la nature qu’ils ont d’Adam, mais ayant reçu une nouvelle vie, celle de Dieu, quand ils délogent, c’est pour vivre avec Christ, qui leur dit : « Parce que je vis, vous aussi vous vivrez. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ».