Messager Évangélique:Alliance ou unité

De mipe
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Tout ce que l’Écriture nous rapporte au sujet d’Israël et de ses rois, nous a été donné pour notre instruction ; car « tout leur arrivait en types et a été écrit pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (voy. 1 Cor. 10, 1-11). Les types en eux-mêmes ne sont pas une révélation et ne peuvent pas servir de base à une doctrine, mais la révélation étant donnée, ils servent, dans les desseins de Dieu, à la mettre en lumière d’une manière toute spéciale, en la rendant, pour ainsi dire, palpable dans ses différentes parties. Le voile qui couvre la face de Moïse et qui demeure sur le cœur dans la lecture de l’ancienne alliance, trouve sa fin en Christ ; et l’âme qui s’est tournée vers le Seigneur sait discerner, dans les ombres et les figures, soit la glorieuse personne du Christ Lui-même, soit les choses célestes, ou les actes futurs du gouvernement de Dieu, ou encore les directions pour la conduite de l’homme de Dieu sous l’économie de la grâce (voyez Luc 24, 44, 45 ; Jean 1, 46 ; 5, 46 ; 1 Cor. 10, 1-11 ; Col. 2, 17 et toute l’épître aux Hébreux, particulièrement les déclarations explicites de 8, 5 ; 9, 8, 23 ; 10, 1 ; etc.).

C’est en suivant ces directions de Dieu Lui-même sur la manière dont nous devons user de l’Ancien Testament, que je désire appeler l’attention des chrétiens sur une instruction pratique très précieuse que nous offre l’histoire des règnes de Josaphat et d’Ézéchias, telle qu’elle nous est rapportée dans les chapitres 17, 1 à 21, 1 ; et 29 et suivants du second livre des Chroniques ; mon but est de diriger leurs pensées, non pas sur leurs frères pour les juger, mais sur Dieu et sur les directions de Sa Parole, pour leur propre conduite. « Bienheureux celui qui ne se juge pas lui-même en ce qu’il approuve » (Rom. 14, 22).

Dieu, en appelant Abraham et en délivrant plus tard de l’Égypte sa postérité, avait voulu se former un peuple qui, au milieu des nations idolâtres, fût le témoin du seul vrai Dieu et racontât Sa louange par les bénédictions dont il jouirait sous Son gouvernement (És. 43, 1-21 ; Deut. 32, 8-10 ; 7, 6). Il avait délivré Israël de l’Égypte pour Lui être un peuple saint, précieux entre tous les peuples de la terre, et en dépit de son infidélité et de ses rébellions, et des châtiments qu’elles avaient amenés, Il lui avait donné David pour roi et avait affermi son trône au plus haut degré de la gloire dans la personne de Salomon, son fils. « Salomon fut roi sur tout Israël ;… et Juda et Israël étaient en grand nombre comme le sable qui est sur le bord de la mer… ; ils mangeaient et buvaient et se réjouissaient ;… et Juda et Israël habitaient en assurance, chacun sous sa vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, durant tout le temps de Salomon » (voyez 1 Rois 4).

Mais à l’avènement de Josaphat au trône et plus tard à celui d’Ézéchias, toute cette gloire était perdue : l’infidélité de Salomon et la rébellion du peuple avaient amené de nouveaux châtiments, et, en particulier, la fait capital du déchirement du royaume (1 Rois 11, 1-13, 29-37 ; 2 Chron. 10, 16-19). Quant à l’histoire d’Israël sous sa responsabilité, c’en était fait désormais de l’unité du royaume : la division existait ; il y avait, d’un côté, Juda et Benjamin, de l’autre les dix tribus ; et quelles que soient dorénavant la piété de quelques-uns des rois ou la repentance passagère du peuple et les bénédictions qui en furent la suite, la division ne cessera plus, si ce n’est au jour où Israël et Juda ayant entièrement failli, Dieu Lui-même interviendra dans Sa souveraineté pour les réunir de nouveau sous le sceptre béni du vrai David, selon la prophétie d’Ézéchiel, chapitre 37, 15-28 ; lisez-la.

Le dessein de Dieu dans l’appel d’Israël et l’état pratique du peuple au point de vue de sa responsabilité étant ainsi bien établis, nous avons à examiner maintenant la conduite publique de Josaphat et ensuite celle d’Ézéchias au milieu de l’état de choses que les péchés de Salomon et la rébellion des dix tribus avaient amené en Israël, en nous souvenant toujours que « ces choses leur arrivaient en types, et ont été écrites pour nous ».

Josaphat trouva Juda et Israël divisés, et il commença par se bien fortifier contre Israël. Il rechercha le Dieu de son père, et ne fit pas selon ce que faisait Israël ; il établit des gouverneurs et avec eux des Lévites et avec eux des sacrificateurs qui enseignèrent en Juda, ayant avec eux le livre de la loi de l’Éternel ; et la crainte de l’Éternel fut sur tous les royaumes qui étaient autour de Juda… ; il ôta aussi partiellement, ou pour un temps, les hauts lieux et les bocages. Mais à côté de toute cette piété du roi et de la prospérité de Juda, deux traits fâcheux caractérisèrent le règne de Josaphat : ce sont, d’abord, ses alliances avec les rois d’Israël, et ensuite, « les hauts lieux ne furent point ôtés, parce que le peuple n’avait point encore disposé son cœur envers le Dieu de ses pères (voy. chap. 17 et 18, 1 et 20, 35). Les pensées de Josaphat ne s’étendaient pas au-delà de Juda ; une fois le royaume bien fortifié et gouverné, ce dont il paraît avoir pris grand soin (chap. 17, 1, 2, 12-19), il oublie la position de la famille de David devant Dieu, ainsi que celle de Jérusalem et de Juda (1 Rois 11, 36, comp. Ps. 78, 67-71 ; Ps. 89 ; 87 ; 122 ; 132, 11-18, etc.), et il fait alliance avec Israël et ses rois. Son cœur n’est pas assez près de Dieu pour qu’il connaisse les pensées de Dieu en sorte qu’il soit conduit par elles : il place Juda sur le même rang qu’Israël, il reconnaît Samarie à côté de Jérusalem, et lui, le fils de David, il s’associe à Achab et Achazia dans leurs entreprises (chap. 18 ; et 20, 35-36). Nous voyons que Dieu reconnaît sa piété (chap. 17, 3-11 ; 19, 3 ; 20, 32, etc.), mais l’Écriture nous dit aussi ce que valaient ses alliances, et quels châtiments elles attirèrent sur lui (chap. 19, 2 ; 20, 37) ; et puis les hauts lieux ne furent point ôtés, parce que le peuple n’avait pas encore disposé son cœur envers le Dieu de ses pères.

Ézéchias suit une autre voie ; les forteresses, les gouverneurs, les gens de guerre n’occupent pas le premier rang dans les actes de son gouvernement, mais « la première année de son règne, au premier mois, il ouvrit les portes de la maison de l’Éternel. Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, comme avait fait David, son père ; il ôta les hauts lieux, mit en pièces les statues, coupa les bocages, et il brisa le serpent d’airain que Moïse avait fait, parce que jusqu’à ce jour-là les enfants d’Israël lui faisaient des encensements… ; et il mit son espérance en l’Éternel, le Dieu d’Israël, et après lui, il n’y eut point d’autre roi semblable à lui entre tous les rois de Juda comme il n’y en avait point eu entre ceux qui avaient été avant lui ; il s’attacha à l’Éternel et ne s’en détourna point ; et il garda les commandements que l’Éternel avait donnés à Moïse. Et l’Éternel fut avec lui partout où il allait, et il prospérait » (2 Rois 18, 1-7). Ézéchias s’attache à l’Éternel et met son espérance en Lui ; il sait en quoi consiste la vraie gloire d’Israël et où réside la source de toute bénédiction pour lui et pour son peuple ; son cœur est là où devait être le cœur de tout vrai Israélite : c’est pourquoi le premier acte de son règne est d’ouvrir les portes de la maison de l’Éternel et de donner ainsi à Dieu, dans le royaume, la place qui Lui appartient.

Toutes les bénédictions et la gloire d’Israël se rattachaient en effet à Jéhovah et à Sa présence dans le lieu qu’Il avait choisi pour y demeurer et qui est Son repos à perpétuité. Le mal et la misère présente tenaient à ce qu’on L’avait abandonné, qu’on Lui avait associé des idoles et qu’on avait fermé Sa maison. Ézéchias la rouvre, et ayant rassemblé les sacrificateurs et les Lévites, il confesse le péché des pères, et sanctifie le temple en jetant dehors toutes les choses souillées qui s’y trouvaient. Il rétablit le culte de Jéhovah et sanctifie Son nom au milieu d’Israël (comp. Matt. 6, 9) : il traite alliance avec Jéhovah, le Dieu d’Israël (chap. 29).

Quand Dieu a Sa place au milieu du peuple, Ézéchias et les principaux du peuple paraissent devant Lui ; ils amènent des holocaustes et des sacrifices pour le péché, pour le royaume, pour le sanctuaire et pour Juda ; et ils posèrent leurs mains sur eux, et les sacrificateurs les égorgèrent et offrirent en expiation leur sang vers l’autel afin de faire propitiation pour tout Israël, car le roi avait ordonné cet holocauste et ce sacrifice pour le péché pour tout Israël (chap. 29, 20-24). De fait, le pouvoir d’Ézéchias ne s’étendait pas au-delà de Juda, mais le peuple de Jéhovah, c’était Israël, tout Israël, et le roi s’identifie avec lui et l’embrasse tout entier dans l’œuvre de restauration qu’il a entreprise. À tous égards, il tient ferme la vérité : il ne s’habitue pas à l’état présent d’Israël, mais il voit le peuple selon les pensées de Dieu, et par elles il est rendu capable d’en mesurer la chute et d’en confesser le péché devant Dieu, en offrant l’holocauste et le sacrifice pour le péché, afin de faire ainsi propitiation pour tout Israël. Les péchés de la nation et de ses rois ont pu amener la division du royaume, et ils peuvent tenir loin de Jérusalem les dix tribus séparées, mais l’infidélité de la nation ne change pas le fait que Juda et Israël sont un seul peuple, et Ézéchias, bien qu’il ne domine que sur Juda, est assis sur le trône de David.

C’est ainsi qu’Ézéchias se présente devant l’Éternel avec les principaux, et les sacrificateurs, et les Lévites et toute l’assemblée. Dieu est reconnu et sanctifié, et le peuple coupable est placé sous le sang du sacrifice de propitiation ; et maintenant que les bases de la communion et des relations du peuple avec Dieu sont rétablies sur leur seul vrai et éternel fondement, Ézéchias peut faire un pas de plus dans l’œuvre qu’il poursuit : il envoie vers tout Israël et tout Juda, « et il écrivit même des lettres à Éphraïm et à Manassé, afin qu’ils vinssent en la maison de l’Éternel à Jérusalem, pour célébrer la Pâque à l’Éternel, le Dieu d’Israël » (chap. 30, 1).

La pâque était la première des fêtes juives ; elle était le mémorial de la délivrance du peuple hors d’Égypte, et elle devait rassembler tout le peuple, une fois l’an, devant l’Éternel à Jérusalem, comme peuple racheté, mis à part pour Dieu, nourri du sacrifice même qui était le fondement de son salut (Deut. 16, 16 ; Ex. 12 ; Lév. 23, 4-8). Ézéchias veut donc célébrer la pâque comme cela avait été prescrit, « au lieu que l’Éternel a choisi pour y faire habiter son nom » (Deut. 16, 2 ; et 30, 5). Il ne descend pas à Samarie pour y faire alliance avec Israël et s’unir à lui pour des œuvres communes ; il n’ignore pas non plus le péché et la chute du peuple, mais ayant mis son espérance en Dieu, il saisit le lien qui unit tout Israël à Dieu, et au milieu de la division et de la ruine du royaume, il sait agir selon Dieu et ouvrir devant le peuple la seule vraie voie pour sa restauration. Il a confessé déjà le péché d’Israël et a fait la propitiation pour tout Israël, et maintenant ses courriers vont de ville en ville par le pays d’Éphraïm et de Manassé, et même jusqu’à Zabulon, invitant le peuple à retourner à l’Éternel, à tendre les mains vers Lui et à venir à Son sanctuaire qu’Il a sanctifié pour toujours, afin de servir l’Éternel et que l’ardeur de Sa colère se détourne d’eux : « Enfants d’Israël, retournez à l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël !… ». Ézéchias n’abaisse pas le principe de sa conduite au niveau de l’état d’infidélité et de division dans lequel le peuple est tombé : il ne met pas sur la même ligne le fils de David et le roi d’Israël, Jérusalem et Samarie, Juda et les dix tribus. Le commandement de l’Éternel fait que ses yeux voient (Ps. 21, 8), et pour lui toute chose prend sa vraie place. Il ne ramène pas les dix tribus sous son sceptre, aussi n’est-ce pas le but qu’il poursuit ; il ne recherche pas une alliance et les multitudes qu’elle rassemble sous un faux-semblant d’unité, tout en laissant subsister le mal et la division ; mais il saisit cette grâce toute-puissante qui s’est formé Israël pour son peuple, et qui veut le rassembler autour du mémorial de sa délivrance, devant son trône à Jérusalem, car c’est Jérusalem toujours qui est la ville où Il a mis son nom (comp. 1 Rois 11, 36). Par la voie qu’il a ouverte au peuple, il sauvegarde les justes droits d’un Dieu saint vis-à-vis d’un peuple rebelle et en chute, et il tient ferme en même temps les dons et la vocation de Dieu qui sont sans repentance. Son appel signale le mal là où il est, le confesse, et en sépare ; et il rassemble autour de l’Éternel un peuple de franche volonté, qui peut célébrer la fête de sa délivrance au lieu que l’Éternel a choisi.

Sans doute, il faut le répéter, tout Israël ne monte pas à Jérusalem, car on se moquait des courriers et on s’en raillait : mais quelques-uns s’humilièrent et vinrent à Jérusalem. La main de l’Éternel fut aussi sur Juda pour leur donner un même cœur afin qu’ils exécutassent le commandement du roi et des principaux, selon la parole de l’Éternel. C’est pourquoi il s’assembla un grand peuple à Jérusalem pour célébrer la fête solennelle des pains sans levain, au second mois, de sorte qu’il y eut une fort grande assemblée. Et ils se levèrent et ôtèrent les autels qui étaient à Jérusalem et tous les tabernacles dans lesquels on faisait des encensements, et les jetèrent au torrent du Cédron… Les enfants d’Israël qui se trouvèrent à Jérusalem célébrèrent donc la fête solennelle des pains sans levain, pendant sept jours, avec une grande joie ;… et les Lévites et les sacrificateurs louaient l’Éternel… ; et toute l’assemblée résolut de célébrer sept autres jours, et ainsi ils célébrèrent sept autres jours en joie ;… et depuis le temps de Salomon, fils de David, roi d’Israël, il ne s’était point fait dans Jérusalem une telle chose, etc. (ch. 30 ; 31).

Tout cela renferme une profonde instruction pour nous, qui sommes placés, non pas au milieu d’Israël en chute et déchiré, mais au milieu des ruines de l’Église divisée. Accepterons-nous cette division et ce triste état comme un fait irrémédiablement accompli, dont nous n’avons pas seulement à porter la responsabilité, mais qui doit être désormais la mesure et le principe inévitable de notre conduite ? Au lieu de confesser le péché et l’infidélité du peuple de Dieu, et de nous fortifier en Celui qui demeure fidèle, « car il ne peut se renier lui-même », et de tenir ferme ce que Sa souveraine grâce a établi et sait maintenir et faire triompher en dépit de la faiblesse de l’homme, commencerons-nous par admettre, et par justifier peut-être la division et l’infidélité de la chrétienté ? Commencerons-nous par nous fortifier d’abord contre Israël pour descendre ensuite à Samarie et y faire alliance avec un état de choses qui, quoi qu’il en soit, était le fruit du péché et de la désobéissance à Dieu (comp. 1 Rois 10 et 12, 16-19 ; 2 Chron. 10, 16-19), comme l’est maintenant l’état de l’Église ? Dieu nous garde non seulement de la rébellion d’Israël et de ses rois, qui divisa le peuple de Dieu, mais aussi de la voie de Josaphat qui accepta la division, au lieu de s’en humilier, qui mit l’ordre dans son royaume « avec des gouverneurs, et des Lévites et des sacrificateurs », opposant Juda à Israël, une division du peuple à une autre division, pour les unir ensuite, à la façon des rois de la terre, par une alliance extérieure.

Christ est mort « non seulement pour la nation (les Juifs), mais pour rassembler en un tous les enfants de Dieu dispersés (Jean 11, 51, 52), et nous tous qui avons cru, nous avons été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (1 Cor. 12, 13). Le Saint Esprit est venu sur la terre et il habite dans l’Église (Jean 7, 39 ; 14, 16-18, 25 ; 16, 7-15 ; Éph. 2, 19-22 ; Apoc. 22, 17). Il y a ainsi, sur la terre, une unité qui est « l’unité de l’Esprit », le fruit de la mort de Jésus, l’œuvre de Dieu, et cette unité subsiste toujours, quoique sa manifestation, confiée à la responsabilité de l’homme, ait failli entre les mains de celui-ci, comme il était arrivé d’Israël qui en était venu à former deux royaumes, alors que Dieu pourtant n’avait délivré qu’un seul Israël, et ne reconnaissait qu’un seul Israël et ne doive non plus régner que sur un seul Israël dans la personne du vrai David.

Comme aux jours d’Ézéchias, la foi aujourd’hui met son espérance en Dieu ; elle compte sur Dieu et sanctifie Son nom, Lui donnant la place qui Lui appartient. Dans la communion de Dieu et initiée aux pensées de Dieu par la Parole qui est la lumière de son sentier, elle s’identifie en Esprit avec « tout le peuple », elle confesse son péché et le triste état dans lequel il est tombé, et s’en humilie, et ayant rétabli le culte et les relations publiques du peuple avec Dieu sur les bases éternelles qui seules peuvent le réunir selon Dieu autour du centre que Lui-même a posé, elle invite tous les saints, « tous ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur », à se rassembler, non plus à Jérusalem, mais autour du nom de Jésus et du mémorial de Sa mort, en attendant qu’Il vienne. La foi ne cherche pas à excuser ou à justifier l’état actuel de l’Église ; elle ne cherche pas non plus une union extérieure sur un principe humain et faux ; mais dans la conscience du triste état du peuple de Dieu, et dans le sentiment de la fidélité de Celui qui ne peut se renier Lui-même, elle garde « l’unité de l’Esprit » et en tient le drapeau haut élevé dans tous ses actes. L’alliance de Juda et d’Israël, sous Josaphat et Achab ou Achazia, ce n’était pas l’unité, mais une union extérieure de deux royaumes qui restaient divisés ; — mais le principe qui rassemblait Juda et les « quelques-uns d’Israël » à Jérusalem, à l’appel d’Ézéchias, c’était l’unité, une unité incomplète, il est vrai, quant à sa réalisation dans le moment présent, car tout Israël ne monta pas à Jérusalem, mais une unité vraie quant au principe, établie, reconnue et bénie par Dieu. L’appel d’Ézéchias présentait à tout Israël ce qui rassemblait les saints autour de Dieu sur le principe divin de la grâce, en vertu du sacrifice de propitiation, avec la confession du péché et dans la séparation du mal ; et ce même appel, Dieu l’adresse aujourd’hui à Son peuple, à tous ceux qui L’invoquent d’un cœur pur.

Le principe de l’union humaine et des alliances est doux à la chair ; il donne une place à la volonté, au choix, aux préférences des hommes ; il se prête aux transactions, au plus et au moins. L’unité est un fait et un principe divin, qui se réalise dans la communion de Dieu et l’obéissance à Sa Parole : elle est tout d’une pièce, si je puis dire ainsi, et ne peut devenir l’objet d’un traité. L’alliance est des hommes ; elle accepte et laisse subsister le mal sous un faux-semblant d’unité ; l’unité est de Dieu, et dans la séparation d’avec le mal. L’alliance a affaire à la volonté ; l’unité lie la conscience ; l’alliance embrasse des masses, et unit ce qui, après tout, reste divisé ; l’unité retient le Chef (Col. 2, 19) et rassemble ce que Dieu a uni, et le fait par une œuvre morale et individuelle qui sépare du mal.

Si plusieurs, regardant aux hommes et aux difficultés, enfoncent comme Pierre quand il vit « que le vent était fort » (Matt. 14, 30), ou se détournent à droite ou à gauche, ne nous laissons pas ébranler, mais recherchons nos voies et assurons nos pas devant Dieu.

Dieu n’a pas caché aux siens qu’il viendrait des « temps fâcheux » (2 Tim. 3, 1) ; et Lui qui prend soin des oiseaux des cieux, Il a su aussi pourvoir dans Sa grâce à tout ce qui est nécessaire à Ses enfants pour qu’ils puissent traverser ces temps dans ce sentier dont la lumière va croissant jusqu’à ce que le jour soit dans sa perfection. L’homme et tout ce que Dieu a confié à sa responsabilité peut faillir, mais Dieu ne peut se renier Lui-même ; Il est le rocher éternel que les grosses eaux battent en vain et sur lequel tout croyant peut affermir ses pieds au mauvais jour. Satan et l’homme et sa sagesse nous montrent les vagues et l’abîme, les misères, les difficultés, les incertitudes et l’infidélité des hommes ; nous avons affaire à la puissance de l’adversaire sous toutes ses formes ; mais notre Dieu tourne les regards de Ses enfants vers Lui et vers la Parole de Sa grâce. Dieu demeure élevé au-dessus de tout ; Christ a rencontré et vaincu tout ennemi, et entre Ses mains puissantes, fidèles et miséricordieuses, les dangers et les difficultés mêmes que nous trouvons sur notre chemin, au lieu de nous ébranler, seront bénis, comme le bâton et la houlette du Berger qui conduit Ses brebis. « Avant que je fusse affligé, je m’égarais ; mais maintenant j’observe ta parole » (Ps. 119, 67 — comp. 1 Pier. 4, 12-19). Dieu nous a unis sur la terre, avec tous les saints en un même corps par la mort de Son Fils et le baptême de l’Esprit ; et Il nous invite, non pas à monter à Jérusalem où montent les tribus selon l’usage d’Israël, mais à garder l’unité de l’Esprit et à nous rassembler en tous lieux sur le pied de cette unité autour du seul drapeau de la foi chrétienne — le saint nom du Fils de Dieu. « Quand je serai élevé, j’attirerai tous les hommes à moi-même » (Jean 12, 32 ; comp. Jean 4, 21-24 ; Matt. 18, 17-20 ; Héb. 10, 25 ; 2 Tim. 2, 20-24). Au milieu des saints réunis ainsi autour de Lui, « seul fondement qui puisse être posé », Il a placé pour nous le mémorial de Sa mort, la communion de Son corps et la communion de Son sang, et a fait en même temps de cette fraction d’« un seul pain », la manifestation de l’unité du corps, de tout le corps (1 Cor. 10, 16, 17).

« Obéissance vaut mieux que sacrifice, et se rendre attentif vaut mieux que la graisse des moutons » (1 Sam. 15, 22). « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité » (Jean 17, 17). « Et maintenant, frères, je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés » (Actes 20, 32) !