Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit/Partie 6

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Méditation 6 — Le don de l’Esprit et les dons — Actes 2, 33-38

Le temps était maintenant pleinement venu. Dieu s’était manifesté Lui-même. Israël aurait dû reconnaître ce jour-là le Messie comme Emmanuel, c’est-à-dire, Dieu avec nous. Et la foi aurait dû voir en Christ mort et ressuscité, comment Dieu est pour nous. Mais Dieu allait maintenant prendre un nouveau caractère, et faire un pas immense en avant : Il allait être Dieu en nous. Ceci ne pouvait pas se faire sans l’effusion du précieux sang de Jésus. Là où il y avait aspersion de ce sang, le Saint Esprit pouvait venir et demeurer. C’est pourquoi les disciples s’assemblèrent selon la parole du Seigneur, jusqu’à ce que, comme Il le leur avait dit, « ils fussent baptisés de l’Esprit Saint dans peu de jours ».

« Et comme le jour de la Pentecôte était venu, ils étaient tous d’un commun accord dans un même lieu ». Dieu introduisit cette nouvelle chose, d’une manière appropriée à Sa sagesse. Soudain il vint un son d’en haut, car c’était le Saint Esprit qui descendait du ciel, et il plaisait à Dieu d’accorder qu’un signe extérieur accompagnât ce fait sans précédent : « Un son du ciel comme d’un vent violent et impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues divisées comme de feu, et elles se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer ». Il est vrai que le Saint Esprit était descendu sur eux déjà auparavant, mais ç’avait été pour demeurer dans un homme — l’homme Christ Jésus. Dans le cas de Jésus, il n’y eut pas d’œuvre préparatoire ; mais la manière même en laquelle le Saint Esprit descendit, aussi bien que la forme qu’il Lui convint de prendre en descendant sur le Seigneur Jésus, attestaient l’immense différence qui existe entre Lui, en qui il n’y avait point de péché, et nous, si grandes que soient les bénédictions et la délivrance que nous avons reçues. Car c’est de nos péchés et du péché que nous sommes délivrés ; et cette œuvre souveraine de la grâce de Dieu a eu lieu par le moyen des souffrances et de la puissance de la résurrection de Celui qui, n’ayant point de péché, subit et la mort et le jugement.

Pour Jésus, le Saint Esprit apparut sous la forme d’une colombe — belle expression de la manière dont le Saint Esprit s’adaptait à cet homme auquel Il pouvait venir et dans lequel Il pouvait demeurer, sans qu’il y eût effusion de sang. Le Saint Esprit pouvait adopter cet emblème bien connu de la pureté, en descendant ainsi pour habiter dans le Fils de l’homme. Mais dans le cas de l’homme, c’est-à-dire dans le cas des croyants qui étaient assemblés à Jérusalem, attendant la puissance d’en haut, ainsi que le Seigneur le leur avait dit — la forme n’était pas celle d’une colombe, mais la forme de langues. L’image appropriée était celle de langues divisées, parce que Dieu allait maintenant répandre un vaste et puissant témoignage. Quelle que fût la responsabilité d’Israël, quel que fût le témoignage qui devait être rendu dans cette terre et à ce peuple, Dieu qui connaissait la fin dès le commencement, avait Sa pensée et Son regard dans ce fait même, arrêtés sur la propagation de la bonne nouvelle et sa présentation au Gentil aussi bien qu’au Juif. Les langues étaient « divisées », mais elles étaient « comme de feu » aussi. Il y avait eu le jugement du péché à la croix. Il y avait en l’homme ce qui rendait le jugement nécessaire et ce qui, de fait, avait été déjà jugé par Dieu en Christ comme sacrifice pour le péché. La langue « comme de feu » témoignait donc (quel que pût être le déploiement de la puissance du Saint Esprit et l’évidence de Son action en pleine grâce), que c’était la grâce ici, comme en tout ce à quoi le péché se rattache, « régnant par la justice par Jésus Christ notre Seigneur ».

Ainsi donc, le Seigneur accomplissait ce à quoi Il avait préparé les disciples. Dans les langues diverses auxquelles les hommes d’autrefois avaient été condamnés par le juste déplaisir de Dieu, Sa miséricorde allait maintenant s’étendre jusqu’à eux. Les œuvres merveilleuses de Dieu devaient ainsi être proclamées à toute nation sous le ciel. Ceci attirait l’attention universelle. Toutes sortes d’idées relatives à cet étrange et inconnu phénomène remplissaient les oreilles et les esprits des hommes. Mais Pierre explique comment ces choses étaient ce qu’on devait attendre, d’après la parole sûre de la prophétie. Il n’affirme pas que c’était l’accomplissement de la déclaration de Joël, dans son sens complet et absolu, mais c’était « ce qui a été dit », et rien autre chose. L’accomplissement des paroles dans un sens plein et entier, aura lieu en un autre jour. — Néanmoins ce qui avait lieu, loin d’être de mauvaise renommée, méritait d’être pris en considération — d’être accepté et prisé comme venant de Dieu. C’était « ce qui a été dit par le prophète Joël : Et il arrivera aux derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ». Ce n’était que le principe de la prophétie ; car, en fait, bien qu’il y eût diverses langues parlées, et bien que tous ceux qui étaient là vinssent de toutes les nations qui sont sous le ciel, il ne s’agissait pourtant que de Juifs. Toutefois, dans le fait que des paroles étaient prononcées dans les langues des Gentils, encore que les personnes qui écoutaient fussent juives, il y avait pour tout œil intelligent, l’indication de ce que Dieu allait produire en temps opportun.

Mais il est une vérité très importante qu’il est bon d’établir tout d’abord — d’établir, il est vrai, par la Parole de Dieu, vérité que nous ferons bien de retenir et de ne jamais abandonner. Il n’y avait pas une chose seulement, mais des choses variées dans le déploiement de la puissance de l’Esprit manifestée en ce jour-là. Nous ne devons pas limiter à quelque partie spéciale de Ses opérations, ce que l’Esprit produisit. D’abord, et avant tout, il y avait l’accomplissement de la promesse du Père, il y avait la grande et infinie vérité de la descente du ciel du Saint Esprit Lui-même. Ensuite, il y avait l’accomplissement de l’assurance spéciale que notre Seigneur avait donnée à Ses disciples, qu’Il les baptiserait du Saint Esprit, ce qui aurait pour effet la formation « d’un seul corps ». Ils pouvaient ne pas connaître et effectivement ne connaissaient pas encore, ce que « un seul corps » impliquait ; je crois pouvoir dire en vérité, qu’il n’y avait pas un seul croyant qui le sût. La doctrine du « seul corps », avait été jusque-là complètement cachée ; elle attendait un autre ministère, et un serviteur de Dieu approprié, qui parle de lui-même comme de quelqu’un né hors de temps. De fait cette doctrine ne fut, et l’on peut dire, ne pouvait être révélée, selon la sagesse de Dieu, qu’après la réjection, par les Juifs, du témoignage de Sa grâce. Alors, quand les Gentils sont effectivement appelés, ou que leur appel est en voie d’accomplissement, le « seul corps », formé de Juifs et de Gentils et joint dans ses parties par le Saint Esprit descendu du ciel ; le « seul corps », dis-je, pouvait être manifesté d’une manière conforme aux voies de Dieu. Cependant, ce qui était la puissance de ce corps, cette personne qui seule était à même de le former, était de fait donnée alors et dans cette circonstance : « Vous serez baptisés du Saint Esprit (sans qu’il y ait de conséquences tirées), dans peu de jours ».

Puis, et à côté de cela, il devait s’opérer des signes et des prodiges conformément à la parole du prophète, et ils furent opérés. De plus, il y avait la communication de dons variés de la part du Seigneur, pour Son œuvre ici-bas : « Quand il est monté en haut, il a donné des dons aux hommes »« les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et docteurs ». Ceci avait évidemment lieu par le Saint Esprit, ou, comme il est écrit en 1 Corinthiens 12, « la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité ».

Toutes ces choses distinctes, qu’il ne faut nullement confondre entre elles, furent concurremment accomplies en ce jour-là. De plus, l’Esprit de Dieu fut donné pour demeurer en chacun de ceux qui croyaient. Cela était bien clairement une conséquence de la même grande vérité. Ainsi, nous avons ce qui est individuel et ce qui était collectif — ce qui était universel et ce qui était particulier, le tout mis à exécution en ce jour de la Pentecôte, chaque chose toutefois devant être distinguée de l’autre. Telles épîtres embrassent une partie, telles autres une autre partie de ce vaste sujet. Dans une occasion prochaine, nous aurons de plus amples détails sur chacune de ces parties, mais ce sur quoi j’insiste particulièrement en ce moment, c’est la grande vérité même du don du Saint Esprit, comme distincte d’une opération distincte de Sa puissance, par le moyen de membres particuliers.

Ces dons-ci diffèrent, mais celui-là est, et doit être un seul et même don, le don du Saint Esprit. Ailleurs, il y a de grandes et nombreuses différences, mais ici il ne saurait y en avoir ; et cela est manifeste quand on comprend que nous parlons d’une personne divine, descendant ici-bas pour habiter en chaque chrétien et dans l’Église. Ce serait évidemment détruire la vérité que de dire qu’il y a des différences en Lui. Il peut y avoir variété dans les formes et les mesures sous lesquelles Sa puissance se déploie ; il peut y avoir et il y a différents degrés auxquels la joie de Sa présence est goûtée, mais le fait demeure (et que peut-il y avoir de plus béni et de plus glorieux que ce fait ?) que, quant à Lui-même, Il habite également en tout croyant qui se repose sur la rédemption accomplie dans le Christ Jésus.

En outre il y a, comme nous le savons, cette circonstance qu’Il est non seulement en nous, mais avec nous. En conséquence, nous voyons que, tandis que les langues se posent sur chacun des disciples, il y avait simultanément un vent impétueux qui remplissait toute la maison. Il y avait ainsi ce qu’on pourrait appeler un double signe de la présence de l’Esprit de Dieu — ce qui demeurait sur chaque personne et ce qui, d’une manière générale, remplissait la maison où ils étaient assis. Ainsi nous pouvons voir çà et là dans le livre des Actes, sans aller plus loin, que le fait que le Saint Esprit est , aussi bien qu’Il est en eux, est retenu présent à la pensée. Par exemple, au chapitre 4, quand le lieu où ils étaient fut ébranlé, qu’est-ce que cela avait à faire avec ce fait particulier que l’Esprit de Dieu habitait dans cette personne-ci, ou dans celle-là ? Le Saint Esprit était là et Il faisait sentir Sa présence au milieu d’eux. Ainsi, encore, lorsque Ananias et Sapphira mentirent, qui pourrait dire qu’ils mentaient à un croyant plutôt qu’à un autre ? Il nous est rapporté que ce n’était « pas aux hommes », mais « à Dieu », qu’ils mentaient. Mais c’était Dieu présent dans l’Église — c’était Dieu descendu sur la terre et qui pouvait maintenant en justice, selon la plénitude de Sa grâce et l’expression de cette grâce la plus bénie qui puisse se concevoir sur la terre, qui pouvait, dis-je, demeurer jusque dans ceux qui non seulement avaient été pécheurs, mais qui avaient encore le sentiment le plus profond possible de ce qu’était le mal naturel qu’ils avaient hérité d’Adam. Mais pourtant, malgré tout cela, malgré ce qu’ils avaient été et malgré ce qu’ils se sentaient être encore en dehors de Christ, la grâce de Dieu dans le don de Jésus était si bénie, le caractère de Son amour dans la mort et la résurrection du Seigneur était si riche, que le Saint Esprit pouvait en justice, et pour la gloire du Père et du Fils, descendre et demeurer en eux sur la terre.

C’est pourquoi nous voyons partout qu’il est parlé de l’Esprit de Dieu non seulement comme de Celui qui demeurait réellement dans chaque croyant, mais qui était avec eux lorsqu’ils se réunissaient ensemble ou qu’ils travaillaient à l’œuvre ici-bas. Ainsi, par exemple, nous lisons au sujet de l’Esprit, qu’Il dit à l’évangéliste Philippe : « Joins ce chariot » (chap. 8). Un ange du Seigneur lui avait dit préalablement la direction qu’il devait prendre. Toutefois, ce ne fut pas l’ange, mais l’Esprit qui lui parla quand il fut question de s’adresser directement à une âme. L’ange était simplement l’expression de la providence de Dieu marquant son chemin : naturellement, cela demeure encore une vérité. Nous pouvons ne pas voir les anges, ou n’avoir pas conscience de leur action, mais elle n’en est pas moins aussi véritable que jamais. Et pareillement à l’égard de l’Esprit de Dieu, nous pouvons ne pas L’entendre comme Philippe L’entendit alors, mais le fait est aussi certain qu’il l’était en ce jour-là. Selon la promesse de Christ : Il travaille. Sans doute, Il attend que l’état soit approprié, bien que ce soit un état de cœur que Lui seul puisse produire, mais Il travaille aussi véritablement maintenant que jamais. Ainsi, nous voyons un peu plus loin que l’Esprit dit (chap. 13) : — « Séparez-moi Barnabas et Paul » pour l’œuvre à laquelle Il les avait appelés. Ainsi, il est évident que l’Esprit de Dieu n’agit pas seulement au-dedans — car il ne nous est pas dit que c’est en Paul ou en Barnabas qu’Il agissait ; je crois que l’impression qu’on peut retirer de l’ensemble du chapitre est que cette action était extérieure, c’est-à-dire que l’Esprit parlait à leur sujet, plutôt qu’à eux et plutôt encore qu’Il n’opérait en eux. Sans doute nous savons que toutes ces choses sont vraies en leur temps. Le Saint Esprit était réellement en eux, et y était auparavant ; mais néanmoins le Saint Esprit se montre ici comme une personne divine qui était descendue ici-bas, et là donnait effet à la grâce et à la gloire du Seigneur. Et l’on pourrait retrouver ces mêmes principes à travers tout le livre, ainsi que nous le verrions aisément. Ainsi encore dans une autre occasion, l’Esprit de Jésus enseigne à Paul où il doit aller (chap. 16). Toutefois il n’est pas nécessaire que je multiplie les exemples.

Mais il est un autre point d’une immense importance, qui cause souvent une grande perplexité à certaines âmes : c’est la différence dans la manière dont le Saint Esprit est conféré. L’incrédulité, particulièrement où elle prend la forme de l’exaltation de l’homme par la superstition (et en vérité elle a constamment ce caractère, à moins qu’elle ne prenne la forme plus basse encore qui consiste à rejeter et à nier entièrement ce qui est de Dieu), l’incrédulité travaille activement à ces matériaux-là. Mais soit que l’incrédulité se traduise par l’exaltation de l’homme comme tel, ou par l’indifférence à l’égard de Dieu et une insouciance ouverte et complète quant à tout ce qui concerne l’âme, dans les deux cas elle est disposée à se prévaloir des modes variés dans lesquels l’Esprit de Dieu est conféré, pour nier que vous puissiez avoir le Saint Esprit, aujourd’hui comme autrefois, ou bien pour réclamer la confiance à l’endroit de quelque spécifique de charlatanerie religieuse par le moyen duquel on pourrait infailliblement attendre le Saint Esprit.

Or, pour ces motifs, je passerai en revue les grandes occasions que l’Esprit de Dieu rapporte pour notre instruction, et j’espère montrer cela d’une façon bien claire, à tout homme qui reconnaît l’autorité de la Parole de Dieu, qu’il n’y a rien de capricieux dans la manière dont le Saint Esprit était donné, qu’il n’y rien qui donne à l’homme comme tel la moindre importance, qu’il n’y a rien qui soit plus propre à diminuer la confiance du plus faible enfant de Dieu, et que quand nous connaissons pleinement, ou au moins d’une manière relativement pleine, la pensée révélée de Dieu, il y a tout au contraire pour consoler et affermir l’âme, et augmenter en nous le sentiment de Sa grâce et de Sa sagesse ; car nous aurons des preuves abondantes de Sa sainte attention en toutes les circonstances possibles. Combien il est évident par là que la simplicité dans les choses de Dieu est le secret réel pour voir les choses clairement ! Car la simplicité n’est pas occupée de nos affaires propres, ni surchargée par les pensées des autres ; mais elle a confiance en Dieu et elle sait qu’Il a toujours devant Lui Son grand objet : celui de glorifier Christ, par qui le Père a été glorifié.

Dans la première occasion, c’est-à-dire au jour de la Pentecôte, nous avons bien la plus ample et, dans un certain sens, la plus riche forme sous laquelle le Saint Esprit a été donné d’en haut. C’est pourquoi nous ferons bien d’accorder une attention spéciale au récit inspiré que Dieu nous en fournit. Nous apprenons par la plus haute des autorités, que Jésus « étant exalté par la droite de Dieu et ayant reçu de la part du Père le Saint Esprit promis, il a répandu ce que maintenant vous voyez et entendez ». C’est-à-dire, qu’il y avait devant eux des témoignages palpables et irrécusables de l’accomplissement de la promesse du Père. Le Saint Esprit promis n’était pas en Lui-même une chose qui tombât sous les sens, néanmoins il y avait une puissance extérieure qui L’accompagnait. Il est très important de distinguer cela, car autrement les hommes sont en danger, s’il y a absence de signes extérieurs, de nier ou de mépriser cet incomparable don qui est toujours au-dessus de ses effets. Quelle que soit l’importance de ces signes, ils n’étaient pour l’homme que les garants accompagnant le don et la présence du Saint Esprit, comme chose nouvelle sur la terre.

Mais, de plus, la réponse de Pierre aux interrogateurs anxieux de Jérusalem, jette une lumière considérable sur ce point. Dans l’angoisse quant à leur état, se sentant si ouvertement accusés par l’apôtre comme coupables d’avoir rejeté et crucifié leur propre Messie, et cela encore dans la présence de Dieu qui L’avait exalté à Sa droite, l’apôtre leur dit : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Pesez attentivement les paroles. Il ne les invite pas seulement à croire. Je n’ai pas besoin de dire que c’est dans Sa sagesse que Dieu les appelle à se repentir plutôt qu’à croire. Il n’y a rien de vain dans l’Écriture. Nous voyons l’inverse dans une autre occasion : ce fut lorsque Paul et Silas convièrent le geôlier alarmé de Philippe à croire plutôt qu’à se repentir.

Mon désir, bien entendu, n’est pas de causer la moindre perplexité à une âme quelconque, mais au contraire de délivrer d’un tel sentiment les faibles qui peuvent voir cette différence sans la comprendre. Ce n’est pas l’homme qui a, ou qui aurait employé de telles paroles. Dieu a écrit ainsi, et Il mérite toujours toute confiance. Nous ne devons pas supposer qu’il y ait là affaire d’indifférence, dans l’emploi des termes choisis. J’accorde pleinement et j’insiste là-dessus, que sans la foi, il ne peut pas y avoir de vraie repentance envers Dieu. Il peut y avoir contrefaçon dans la foi, comme il peut y avoir aussi contrefaçon dans la repentance ; mais où la puissance de Dieu produit la vraie repentance, il y a nécessairement la vraie foi et réciproquement.

Cependant, chacun sait par expérience (et nous voyons cela dans la Parole même de Dieu — qui est la clé de tout ce que nous connaissons et expérimentons) qu’il y a des différences dans la forme du sentiment et de l’expression de l’âme devant Dieu. Car dans l’un prédomine une profonde œuvre morale dans la conscience ; dans un autre c’est la joie et la paix en croyant, qui sont les plus apparentes. Mais, néanmoins, sans la foi, il ne peut pas y avoir dans la conscience d’œuvre réelle de quelque valeur spirituelle, et il ne peut pas y avoir la foi selon Dieu, sans une œuvre vraie de l’Esprit dans la conscience. Si Pierre à Jérusalem, exhorte les Juifs à se repentir, Paul le fait pareillement envers les Athéniens, disant : « que Dieu annonce à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils se repentent ». En d’autres occasions, et des Juifs et des Gentils étaient invités et pressés à croire. La vérité est que les uns et les autres se repentaient — les uns et les autres croyaient ; mais il y a toujours une signification, et une signification importante, quand c’est sur l’une que l’on insiste plutôt que sur l’autre.

La chose nécessaire en cette occasion — la chose convenable selon la sagesse de Dieu — c’était l’humiliation de ces Juifs orgueilleux. De là vient que c’est la repentance, c’est-à-dire, ce qui brise la chair et traite l’homme comme ne valant rien, qui est mise en avant. « Repentez-vous », dit l’apôtre, « et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus » — au nom de Celui-là même que vous avez crucifié et rejeté. En Lui est la seule source de bénédiction. Il est la seule espérance pour vos âmes. Ils furent brisés et amenés à vouloir. C’était le jour de la grâce de Dieu, sinon encore le jour de Sa puissance d’après le psaume 110. La grâce avait touché leurs cœurs, la grâce leur faisait recevoir et endosser la sentence de Dieu contre eux-mêmes. Ils pouvaient alors croire du mal d’eux-mêmes et c’est la dernière chose que l’homme consente à croire. Ils étaient réellement amenés à ce point, qu’ils voulaient bien se croire méchants dans la présence de Dieu. C’est pourquoi il presse ce sentiment sur leurs consciences.

Il ne prend pas pitié d’eux parce qu’ils étaient justement percés au cœur, mais il insiste, pour ainsi dire, sur la nécessité de recevoir ce qui les humilierait davantage encore devant Dieu. Pierre pouvait le faire d’autant plus volontiers, qu’il connaissait en Jésus une aussi ample grâce. Comme il le dit lui-même : « Que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ ». Plus la grâce est proclamée, plus aussi nous pouvons provoquer et plus les âmes peuvent supporter avec une entière et saine repentance. En vérité, nous pouvons insister là-dessus et non pas rester dans des termes vagues, en disant : « On doit se repentir si l’on croit ». Ce n’est pas ainsi que Dieu pose la question. Il amène les âmes à sentir leur état réel devant Lui. C’est toujours une grande bénédiction pour tous, et laissez-moi dire en passant, que si ce n’est pas de bonne heure qu’une âme est travaillée à ce sujet, il lui reste pour un autre jour des exercices humiliants et pénibles. Car si nous n’apprenons pas en simplicité, au début de notre carrière, ce que nous sommes, si nous n’avons pas alors un complet sentiment de notre péché, ainsi qu’il sied à un nouveau converti, peut-être faudra-t-il que nous l’apprenions par quelque grande chute, par un péché manifeste, par un éloignement flagrant de Dieu, par un retour pénible, après avoir erré d’autant plus loin de Lui, que nous aurons eu trop peu le sentiment du péché au commencement de notre profession chrétienne. Qu’elles sont nombreuses les âmes qui ont passé par là ! Peut-être devrais-je ajouter qu’à mon avis il n’y en a point qui soient en aussi grand danger de tomber dans cette omission que ceux avec lesquels nous avons le plus communément à faire. Plus le sentiment de la grâce du Seigneur est grand, plus est grand le danger, et particulièrement pour les jeunes, si, devant Dieu, la conscience n’est pas sondée en proportion.

Dans ce cas donc, lorsque l’apôtre les exhortait à se repentir et à être baptisés au nom de Jésus Christ pour la rémission des péchés, vous remarquerez ce qui suit : « et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Assurément, s’ils se repentaient, ce n’était pas sans le Saint Esprit. Lorsqu’ils recevaient le nom du Seigneur Jésus Christ et trouvaient en Lui la rémission, et qu’ils étaient ensuite baptisés — baptisés en Son nom — ce qui aurait été, sans doute, absolument vain pour les âmes qui étaient devant l’apôtre, si elles n’avaient pas cru en Son nom — on ne doutera pas que ce fût le Saint Esprit qui leur donnait la repentance et la foi en Son nom. Ainsi donc, il est évident que la réception du Saint Esprit telle qu’elle est présentée ici, est une chose entièrement différente de l’acte d’amener des hommes à croire et à se repentir. C’est une opération subséquente, une bénédiction séparée et adjointe ; c’est un privilège fondé sur la foi déjà agissante dans le cœur. Il est si peu vrai qu’un homme reçoit le don du Saint Esprit au moment même où il croit, qu’il est permis de douter que jamais un cas semblable se soit présenté depuis le commencement du monde. Je n’entends pas nier que le don du Saint Esprit puisse avoir lieu pratiquement en la même occasion, mais jamais dans le même moment, ou du moins, j’aimerais qu’on me produisît une preuve tirée de la Parole de Dieu, ou un exemple tiré de l’expérience pratique. Je n’ai jamais vu un cas pareil, non plus que je n’en ai entendu parler et (ce qui plus est) je crois que l’Écriture en exclut la possibilité. La raison en est bien simple aussi. Le don du Saint Esprit est fondé sur le fait que nous sommes fils par la foi en Christ, croyants se reposant sur la rédemption en Lui. Cela suppose donc clairement que l’Esprit de Dieu nous a régénérés. Nous pouvons voir l’importance de cette remarque en considérant, en une autre occasion, quelques-unes des épîtres. Ici, je ne fais que toucher à ce point parce qu’il est très évidemment impliqué dans ce verset. Ainsi le don du Saint Esprit n’est pas fait en vue de la repentance, ni de faire recevoir Christ pour la foi. Ce qui est vrai, c’est qu’après que les âmes s’étaient repenties et avaient été baptisées en Son nom pour la rémission des péchés, elles recevaient le don du Saint Esprit comme privilège subséquent.

Il y a une autre chose que je voudrais faire remarquer, une chose non moins importante qu’une autre à ne pas perdre de vue : c’est que le don du Saint Esprit ne signifie jamais les dons. Il en est beaucoup qui confondent le don avec les dons. Dans la Parole de Dieu, ils ne sont jamais confondus et jamais ne présentent la même idée. Il y a même un terme différent, non pas dans notre langue, mais dans celle dont s’est servi le Saint Esprit. Les deux choses sont invariablement distinctes. L’une et l’autre pouvaient se donner dans la même occasion. Quelqu’un pourrait avoir le don et jouir de la présence de l’Esprit de Dieu dans son âme. Il pourrait aussi recevoir de l’Esprit, puissance pour porter l’évangile au monde, ou pour être pasteur ou docteur dans l’Église. Cependant, le don du Saint Esprit est absolument un autre privilège. C’est le Saint Esprit Lui-même qui est donné et non pas seulement la puissance dont Il revêt quelqu’un en vue de certaines fins. Il pouvait y avoir ceci également, mais le don du Saint Esprit était cette bénédiction commune qui était alors conférée à toute âme qui se repentait et était baptisée.

Cela était immédiatement suivi de la réception joyeuse ou du moins de la réception de la Parole, car le mot « avec joie » est de source douteuse. « Ils reçurent sa parole, cela est certain, mais ce pouvait être avec un sentiment solennel aussi bien qu’avec un sentiment de joie, et ils furent baptisés au nom du Messie qu’ils avaient autrefois méprisé ». « Et en ce jour-là furent ajoutées à l’Église environ trois mille âmes ». Et on les voit dans la description de la dernière partie de ce chapitre, pleines de grâce et de puissance de la part de Dieu.

En passant à la crise suivante (chap. 8) — nous avons une scène entièrement différente. Étienne avait rendu son témoignage, dont le résultat fut une complète réjection du côté des Juifs ; Étienne était rempli de l’Esprit Saint, eux, Lui résistaient. Comme leurs pères avaient fait, ainsi firent-ils. Étienne scella de son sang son témoignage ; et la persécution qui éclata sur lui, comme première victime, dispersa toute l’Assemblée qui était à Jérusalem, à l’exception des apôtres. Ceux-là même que le Seigneur avait appelés pour aller dans tout le monde, furent exceptés dans la dispersion, et ceux-là seuls. Tellement l’homme, même dans le meilleur état, est lent à entrer dans les conseils de la grâce de Dieu et à travailler à leur accomplissement ! Mais Dieu Lui-même les accomplirait, dût-Il se servir pour cela d’une cause pénible. Si l’amour, si la puissance de la grâce, si le sentiment du besoin des âmes et de la gloire de Christ, ne réveillait pas ceux qui avaient reçu le commandement, Dieu aurait soin que des vases plus faibles, mais pourtant remplis des puissantes nouvelles de Sa grâce, répandissent la bonne odeur de toutes parts ; et ainsi ils « allaient çà et là annonçant la parole ». Philippe, qui, parmi tous, avait été établi par les apôtres aussi bien que choisi par la multitude pour le service journalier, Philippe, maintenant que cette affaire est brusquement terminée, gagne un haut degré et s’en va prêchant l’évangile. Il visite l’ancienne rivale de Jérusalem, la ville de Samarie. Là, les Juifs n’ayant pas été fidèles à établir l’autorité de la loi, se retiraient dans l’isolement et n’avaient pas de relations avec les Samaritains. Ils n’avaient pas gagné leur confiance, ni rendu recommandable cette forme de la connaissance et de la vérité telle qu’elle est renfermée dans la loi qui avait été commise à leur charge. Mais l’évangile allait maintenant démontrer sa puissance où la loi avait été infructueuse ; et Philippe annonça Jésus avec tant de force et de simplicité, et il fut si béni dans sa prédication, que la ville entière était dans une grande joie. Même le plus méchant d’entre ceux qui étaient là — homme depuis longtemps versé dans la connaissance des voies et des ruses du diable — fut impressionné par la sainte influence de la vérité, sans que, toutefois, elle eût pénétré dans sa conscience ni gouverné son cœur. Néanmoins, le courant était trop fort pour qu’il y pût résister. Simon le magicien s’incline devant la vérité de l’évangile, intellectuellement du moins, et est baptisé avec les autres. Mais là, prenez-en bien note, le don de l’Esprit Saint ne fut encore fait à personne.

Un tel fait montre la distinction bien claire qui existe entre le don du Saint Esprit et l’œuvre ou opération par laquelle Il amène une âme à se repentir et à croire à l’évangile. Il n’est pas douteux, quant à la masse des convertis samaritains, qu’ils fussent de vrais croyants, lors même que Simon ne l’était pas. Néanmoins, l’Esprit Saint n’était « encore tombé sur aucun d’eux ». Ce n’est pas seulement qu’ils n’avaient pas encore parlé d’autres langues, ou qu’il n’y avait pas encore eu de prodiges accomplis, sauf par l’évangéliste lui-même (v. 6, 7, 13). La descente du Saint Esprit est une chose totalement différente, bien qu’elle puisse être accompagnée de ces manifestations extérieures de Sa puissance. Il ne faut jamais confondre ces deux choses comme si elles n’en faisaient qu’une. Les confondre, serait porter le plus grand coup à la vérité capitale de la présence de l’Esprit Saint ; car si on le fait, il en résultera, et c’est notre cas actuellement, que nous n’aurons pas de Saint Esprit présent puisque nous n’avons plus ces manifestations extérieures de puissance. Il est donc évident qu’on va loin dans l’incrédulité, si l’on ne distingue entre les signes et témoignages fournis par l’Esprit et l’Esprit Lui-même. Je répète que ce n’est pas seulement le pouvoir de faire des miracles qu’ils n’avaient pas reçu, mais que l’Esprit Saint n’était pas encore venu sur eux. Cela, l’Écriture l’affirme, et c’est ainsi que nous lisons : « Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant entendu que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant descendus, prièrent pour eux, pour qu’ils reçussent l’Esprit Saint : car il n’était encore tombé sur aucun d’eux ; seulement ils avaient été baptisés au nom du Seigneur Jésus ».

Nous rencontrons tout de suite une notable différence, qui fait un contraste marqué avec le jour de la Pentecôte. Là, quand ils se repentirent et furent baptisés au nom du Seigneur Jésus, l’Esprit Saint vint sur eux. Ici, Il n’était tombé sur aucun d’eux, quoiqu’ils eussent cru et eussent été baptisés. D’où vient cela ? D’une raison bien sérieuse et bien digne de Dieu, j’en suis persuadé. Telle est la nature humaine que, je n’en puis douter, si le Saint Esprit fût descendu sur ces croyants de Samarie à la prédication de Philippe, l’ancienne rivalité de la Samarie eût subsisté. La Samarie aurait levé de nouveau la tête, et la grâce même de l’évangile aurait servi d’appui à ses prétentions religieuses. Jérusalem avait, il est vrai, goûté cette nouvelle et extraordinaire bénédiction de l’évangile ; mais n’en est-il pas de même de la Samarie ? Ainsi, Jérusalem et « cette montagne-ci » auraient continué de dresser leurs têtes, en opposition l’une à l’autre, et l’effet que Dieu avait l’intention de produire par la présence de l’Esprit Saint aurait été manqué. Au lieu de la manifestation de l’unité dans l’amour, au lieu du maintien et d’une seule tête et d’une seule énergie — une tête en haut et une puissance en bas, opérant dans le corps comme réponse à la gloire de Christ — il y aurait eu une nouvelle institution à Samarie aussi bien qu’une nouvelle société à Jérusalem. Dieu rendit cela impossible — impossible, du moins, pour celui qui était attentif à Ses voies. Il n’y eut pas même l’apparence d’une sanction accordée à l’indépendance — le plus grand principe destructeur de la vérité de l’Église de Dieu sur la terre.

En conséquence donc, lorsque l’assemblée de Jérusalem, ou tout au moins les apôtres entendirent cela (car l’assemblée était maintenant dispersée), ils envoyèrent deux des chefs, deux des colonnes, Pierre et Jean. Ils prièrent ; mais il y eut, en outre, une indication plus particulière encore de l’intention qu’avait Dieu en différant ainsi le don de l’Esprit Saint. Il y eut l’imposition des mains des apôtres ; et cette imposition des mains était un acte qui exprimait à la fois la bénédiction que Dieu communiquait par les apôtres et, pour ainsi dire, l’identification avec l’œuvre à Jérusalem. Cela attestait devant le monde entier que Dieu ne souffrirait, dans Son Église, rien qui ressemblât à la rivalité — que ceux qui étaient à la tête de l’œuvre dans un endroit, n’étaient pas moins indispensables dans l’autre. Ainsi donc, Dieu montre, comme cela m’apparaît dans ce fait même, que quoiqu’il y ait une différence dans la manière de communiquer la bénédiction, cependant cette différence même est due à la sagesse et aux soins que Dieu déploie envers nos âmes aussi réellement qu’à la sagesse et aux soins qu’Il met dans la communication du don. Sans doute, le don du Saint Esprit constitue la principale partie de la bénédiction ; mais alors, il y a toujours la bonté et la sagesse de Dieu dans les moindres différences que nous offre Sa Parole. Ainsi, bien que nous ayons ici une différence très marquée avec le jour de la Pentecôte, tout contribue à prouver combien Dieu nous aime, combien le Seigneur prend soin de l’Église, et comment, même dans la manière dont Il communique cette suprême bénédiction de l’Esprit, Il procède de façon à montrer, si les saints ont la sagesse d’être attentifs à Ses voies et de chercher à comprendre la méthode de Ses dons, comment Il voudrait nous armer contre notre propre nature.

Il y a une autre chose qui se présente à nous dans la circonstance suivante (Act. 10) — une troisième variété. L’apôtre Pierre est enfin sommé par Dieu, à qui il plaisait de donner un double témoignage de Son dessein. Corneille, le centenier Gentil, eut, pendant qu’il jeûnait et priait à Césarée, un visiteur angélique qui lui ordonna d’envoyer chercher Simon Pierre. Quant à l’apôtre lui-même, il lui survint, à Joppé, une extase le jour d’après, et il eut jusqu’à trois fois une vision concernant cette grande affaire, afin que chaque parole en fût en quelque sorte établie par trois témoignages distincts. Pierre, encouragé davantage encore par l’Esprit (Act. 10, 19, 23), se met à la disposition des messagers de Corneille et s’en va avec eux. Dès qu’il ouvre la bouche, c’est pour appeler leur attention sur ce qui était excessivement prééminent dans son esprit ; car, au commencement, c’était bien à contre gré qu’il allait, puisqu’il avait, pour ainsi dire, osé contester avec le Seigneur dans la vision de la « grande toile ». Lorsque le Seigneur lui commanda de tuer et de manger, il n’avait, disait-il, jamais mangé ce qui est impur ou immonde. Mais il reçoit, à réitérées fois, cette parole de blâme : « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur » ; et finalement il fait son profit de la leçon : « En vérité, je comprends que Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes ; mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable ».

Ainsi donc, il est évident que d’abord l’appel n’est pas adressé à un païen idolâtre. Pierre ne parle, dans le cas présent, que d’un homme qui déjà craignait Dieu et pratiquait la justice. Tel était le cas de Corneille. Ce n’était pas une âme inconvertie, mais une âme qui craignait Dieu. Il abondait en prières et en aumônes. Il est certain que ce ne sont pas les prières et les aumônes de la propre justice qui auraient pu le recommander à Dieu. Semblables choses, lorsqu’elles sont présentées à titre de propitiation pour l’âme devant Dieu, appartiennent, nous le savons, aux ressources sacrilèges de l’incrédulité. Mais Corneille était un homme qui craignait Dieu en réalité et non pas seulement par profession extérieure. Il était régénéré, et Dieu avait signalé son état et la connaissance qu’Il avait de sa justice dans le message dont l’ange était chargé — message qu’il me paraît parfaitement impossible d’interpréter comme signifiant que Corneille n’avait que la profession extérieure de la connaissance du vrai Dieu — la chose la plus invraisemblable, même aux yeux des hommes, qui se puisse concevoir, et qui est toujours une abomination aux yeux de Dieu. En lisant de nouveau le récit, je puis librement déclarer que son état était celui que le Seigneur avait produit et qu’Il pouvait distinctement reconnaître comme Lui étant agréable. Et de la part du Seigneur, c’était sagesse et grâce qu’en allant vers les Gentils Il commençât par une âme dont pas un Juif ne pouvait nier la piété. C’était bien, à n’en pas douter, la même miséricorde infinie qui sauvait ceux qui étaient évidemment perdus et, parmi eux, le premier des pécheurs. Mais pourtant ici, il ne s’agissait pas de réveiller pour la première fois une âme morte dans ses péchés, mais plutôt d’asseoir une âme déjà réveillée sur un terrain connu de relation avec Dieu et de parfaite liberté, de telle sorte que nul de ceux qui craignaient Dieu et Sa Parole ne pût contester son titre. Dans la plupart des cas, les deux choses — la conversion et l’affranchissement — pourraient avoir lieu simultanément ; mais il n’en est pas ainsi de Corneille, qui, en temps dû, reçoit avec sa maison la parole de Pierre.

Remarquez aussi que c’était une parole qu’on n’entendait pas pour la première fois. « Vous connaissez la parole… qui a été par toute la Judée ». Il est donc clair que ce centenier, non seulement craignait et priait Dieu auparavant, mais qu’il avait connaissance de ce qui avait été prêché par toute la Judée. Comment se faisait-il que cela n’eût pas été appliqué à sa propre âme et reçu en plein par lui ? Simplement parce que Corneille craignait Dieu et tremblait à Sa parole. Ce n’était pas sous cette forme que la foi en Dieu opérait maintenant, mais c’était une chose juste à sa place. Cette révérence envers Dieu pouvait le rendre lent à anticiper Ses voies. « Si Dieu a envoyé Sa Parole à Israël, pouvait-il dire, je sais qu’elle est sûre pour eux, et heureux le peuple qui a un tel Dieu ! Mais moi, qui et que suis-je ? ». À cause de cela même il attendait jusqu’à ce que la parole fût envoyée à lui-même. C’est précisément ainsi qu’agit maintenant l’évangile. L’évangile est la proclamation de la parole de la grâce de Dieu à toute créature ; mais alors c’était une chose nouvelle. Corneille avait connaissance, sans doute, des anciennes Écritures et ne doutait pas au sujet des promesses ; il ne les mettait pas en question comme vérités abstraites, non plus que leur accomplissement par Christ et en Christ pour Israël.

Mais maintenant la parole était envoyée à lui, Corneille, un Gentil, par l’autorité de Dieu, au moyen de Pierre. Ainsi qu’il est dit ici : « Comme Pierre prononçait encore ces mots » (plus particulièrement, je suppose : « Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit », etc.), cette vérité fut empreinte sur son âme. C’était tout au moins un témoignage direct, et qui, selon tous les prophètes, ouvrait la porte à n’importe qui : « Quiconque croit en lui, reçoit la rémission des péchés. Comme Pierre prononçait ces mots, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole ». Quoi ! sans le baptême ? Sans l’imposition des mains ? Sans qu’on priât pour eux ? Oui, sans rien de tout cela, sans autre difficulté, sur-le-champ, même pendant que la Parole est prêchée par l’apôtre Pierre, le Saint Esprit leur est donné à tous.

Ici donc, nous avons une phase nouvelle, une phase entièrement différente, non seulement différente du témoignage rendu en Samarie, mais de tout ce dont on avait fait l’expérience à Jérusalem. Là, il fallut que le Juif fût baptisé, et c’est seulement ensuite qu’il reçoit l’Esprit Saint. Ce n’était pas assez qu’il crût l’évangile ; il fallait qu’il fût baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés (baptisé d’eau, naturellement), « et vous recevrez le don de l’Esprit Saint ». En Samarie, il n’avait pas suffi qu’ils fussent baptisés d’eau ; il fallait qu’il y eût la prière et l’imposition des mains des apôtres — à défaut de quoi le Saint Esprit ne serait descendu sur aucun d’eux. À Césarée, avant le baptême et sans imposition de mains de la part de l’apôtre, le Saint Esprit tombe sur eux tous. Comment cela pouvait-il se faire ? Le Dieu seul bon et seul sage reconnaissait ces Gentils en profonde grâce. Le moment était venu de produire Sa pensée plus ouvertement, et la première manifestation de Sa grâce envers eux, eut lieu d’après ce riche et singulier procédé. Ce pouvait n’être pas une occasion aussi publique que lorsque les trois mille âmes furent ajoutées. Toutefois, ce que l’on vit alors, c’est le brisement de cœur des Juifs qui s’étaient montrés endurcis et orgueilleux envers Jésus de Nazareth. À ce nom-là il faut qu’ils ploient les genoux ; bien plus, c’est en ce nom qu’il leur faut être baptisés ; de toute autre manière ils n’auraient pu recevoir l’Esprit. À leur tour les Samaritains recevaient une leçon spéciale pour contrecarrer la propension qui leur était particulière et pour établir le grand principe de l’Église ou Assemblée (pas seulement des églises), que Dieu formait sur la terre. Mais ici, Dieu voulait encourager et gagner les Gentils que Pierre lui-même avait méprisés. Car, après que le Seigneur lui eut dit d’aller et de faire disciples toutes les nations, il n’était pas allé ; après même que l’Église fut poussée à parler, il traînait en longueur. Ils étaient tous tardifs (m’est-il permis de le dire ?) ; ils restaient en arrière dans l’œuvre du Seigneur ; ils étaient peu entrés dans Sa puissante grâce, qui surpassait tellement les pensées de Ses propres enfants et qui était dirigée par la main de Dieu, bien que manifestée avec peu de cœur du côté de l’homme (car ce fut bien à peu près là tout, jusqu’à ce que Pierre ait été amené sur le terrain). Mais lorsqu’il prêcha à Césarée, combien Dieu blâma — quoique dans une pleine miséricorde — la lenteur de Son serviteur. Dès que les paroles tombèrent de ses lèvres, il se manifesta une grâce que Jérusalem n’avait point vue et dont la Samarie n’avait pas été témoin ; car là, il y avait eu, dans la sagesse de Dieu, un moment d’intervalle et une imposition des mains des apôtres avant que la complète bénédiction fût communiquée.

Mais ici, rien de la sorte ; tout était de pure grâce. Sans doute il y avait dans leurs âmes une œuvre antécédente de l’Esprit, qui leur avait donné la repentance envers Dieu et la foi en Jésus. Cela est toujours nécessaire. Mais il n’y avait pas d’acte extérieur, auquel ils eussent à se soumettre, tandis que l’accomplissement en aurait été commis à d’autres. Le baptême se présentait ensuite comme un privilège (ce qu’il est réellement) qui ne pouvait pas leur être refusé. Pour le Juif, pour le Samaritain, il ne manquait pas d’éléments humiliants. Pour les Gentils, au contraire, il y avait un doux encouragement. Dieu les attirait et fermerait la bouche de tous les contradicteurs. Il fournissait, jusque dans la manière dont se faisait le don, la preuve la plus magnifique qu’en allant au-devant des plus éloignés Il montre, en raison même de l’éloignement, une plus grande grâce. Il n’y a pas eu de miséricorde plus riche que celle qui a cherché et trouvé les pauvres Gentils.

Et remarquez-le bien, frères, c’est ainsi que nous recevons le Saint Esprit, c’est-à-dire en prenant la place de Gentils. Nous ne sommes pas Juifs ; nous ne sommes pas Samaritains. Que d’autres se prévalent, si cela leur convient, de ce que le Saint Esprit est descendu du ciel : plût à Dieu qu’ils se prévalussent de ce qui a été fait le jour de la Pentecôte à Jérusalem, et dans la Samarie un peu plus tard ! Il n’y eut pas d’apôtre appelé à imposer les mains aux Gentils. Pierre était là, lui qui certainement était placé au premier rang et qui avait imposé les mains aux Samaritains ; mais le fait de sa présence à Césarée rendait la grâce de Dieu d’autant plus transcendante. À tous il déclara les étonnantes nouvelles, mais c’est là tout ce qu’il fut appelé à faire. Il ne s’agissait pas ici d’une action préparatoire de l’homme, telle que l’imposition des mains ou le baptême. Rien de cela n’a lieu avant que le Saint Esprit soit donné, bien que Pierre fût là et pour baptiser et pour imposer les mains si c’eût été nécessaire. Il n’y avait donc pas d’empêchement dans les circonstances, si tel eût été l’ordre de Dieu. L’homme disparaît, pour ainsi dire, dans le débordement de la grâce de Dieu, et combien c‘est heureux que nous ayons là notre bénédiction et notre place devant Dieu ! En cela Dieu nous a donné largement de quoi répondre aux hommes qui insistent de toutes leurs forces sur la nécessité d’avoir des apôtres, alors qu’il n’y en a pas. L’incrédulité méprisa les apôtres lorsqu’ils étaient ici-bas ; l’incrédulité prétend maintenant que leur présence est indispensable comme unique canal de la communication de l’Esprit, alors que ce canal ne se trouve nulle part. Quelle bonté du Seigneur qu’Il nous ait laissé dans Sa Parole écrite la preuve que de tels hommes ne savent ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils fondent leur affirmation. Que d’autres, si cela leur plaît, se rejettent dans la place qui, sans doute, leur convient, la place des Samaritains ou des Juifs ; qu’ils se disent Juifs alors qu’ils ne le sont pas : c’est à ceux qui se contentent de reconnaître qu’ils ne sont que pécheurs d’entre les Gentils, que le Seigneur fait don de Sa plus riche miséricorde. Puissent ceux qui s’attachent encore aux formes et aux ordonnances, à des instruments humains d’une espèce ou d’une autre, consentir à prendre leur véritable place, afin que, disposés à accepter leur néant, ils reçoivent la pleine bénédiction qui est selon le cœur de Dieu ! C’est ainsi que Dieu bénissait alors, et c’est ainsi qu’Il aime encore à bénir. Il nous convient donc d’apprécier hautement Sa grâce. Comme Paul pouvait dire qu’il glorifiait son ministère, de même devrions-nous, ce me semble, glorifier la grâce qui nous est divinement adressée, à nous qui, par nature, ne sommes que des Gentils répudiés. Nous pouvons dire beaucoup à la louange de Celui qui a le moyen de bénir des êtres tels que nous ; car si c’est ainsi qu’Il bénissait alors, le fondement de Sa bénédiction n’a pas changé et c’est encore ainsi qu’Il bénit aujourd’hui. Je ne dis pas qu’il y ait le même genre d’évidence, mais que tel est le principe révélé de la bénédiction de Dieu envers les Gentils. Si vous vous inclinez devant le témoignage de Dieu se répandant sur toute la terre, ne voyez-vous pas que, d’après l’Écriture, ce sont les Gentils et non les Juifs qui reçoivent le Saint Esprit sur la simple prédication de la Parole ? Et n’est-ce pas par le même moyen, c’est-à-dire par la Parole de la grâce de Dieu, qu’Il est encore aujourd’hui communiqué ?

Dans certains cas, sans doute, il peut y avoir quelque délai. Vous pouvez trouver des âmes réellement touchées par l’Esprit de Dieu — je ne veux pas dire touchées seulement dans les sentiments, touchées d’une émotion passagère, mais travaillées par une œuvre réelle de grâce dans le cœur et la conscience, tout en n’ayant pas la paix et en n’étant pas établies dans le repos et l’affranchissement dans le Sauveur. Ce cas n’est pas rare, et, en telle occurrence, nierons-nous qu’il y ait une œuvre de Dieu ? Fermerons-nous les yeux sur la partie existante de l’œuvre, parce qu’il n’y a pas tout ce que nous pourrions et devons désirer ? Dirons-nous que parce qu’il manque la conscience d’une pleine délivrance devant Dieu, il n’y a rien du tout ? Cela, je le laisserai dire à d’autres, mais je n’oserai pas même le penser. Je conjure mes frères de ne pas se livrer à une semblable incrédulité, et j’espère que personne ici ne croira nécessaire de mettre en doute la réalité de l’œuvre de Dieu dans une âme par la raison que cette âme n’entre pas encore dans la simple et pleine conscience de tout ce que Christ a fait pour elle. Il peut quelquefois nous arriver d’être intempestifs avec les âmes et de leur faire ainsi beaucoup de mal en ne reconnaissant pas suffisamment l’œuvre de Dieu en elles.

Mais il y a encore un autre danger. Ne soyons satisfaits de ce qu’une personne se montre vraiment pénitente et regarde vraiment à Christ que quand elle est établie dans l’affranchissement. Se satisfaire à moins est également de l’incrédulité et révèle un manque de connaissance de la Parole et de la grâce de Dieu ; c’est rester au-dessous de la plénitude de la présence et de l’opération de l’Esprit de Dieu dans l’âme. Il est bon d’appeler les choses par leur véritable nom. On ne peut être que malheureux sous un sentiment de péché ou d’anxiété en réponse auquel on n’a pas saisi la grâce de Dieu en rédemption. Mais cependant lorsqu’on soupire après Jésus, quand même on ne possède pas la paix de la conscience et encore moins celle du cœur, nous devons appeler cela conversion et le considérer comme une œuvre de la grâce de Dieu. Toutefois, s’asseoir dans cet état, ou supposer qu’il suffise qu’une âme se tourne du péché vers Dieu et sente son indignité en regardant à Jésus, est également une faute. Cela est bien au-dessous de la plénitude de l’évangile ; c’est s’accrocher à Jésus plutôt que trouver en Lui une paix positive. Nous devons, au contraire, nous efforcer de persuader les âmes qu’il y a en Jésus bien plus que ce qui touche le cœur et réveille la conscience, quelque réel que puisse être le sentiment du péché et vrai le désir qui recherche ce qui est de Dieu. Je crois que nous manquons tous si nous n’insistons pas auprès des âmes qui se sont arrêtées là, pour leur faire comprendre qu’elles ne sont pas encore dans ce que l’Écriture reconnaît pour être le véritable état du chrétien devant Dieu. Si la Parole entend que les enfants de Dieu jouissent d’une pleine paix, devons-nous nous déclarer satisfaits de quelque chose de moins ? Nous ne devons jamais reconnaître qu’un esprit renouvelé, mais encore sous la loi, soit le résultat complet de la vérité qui est en Jésus, quoique nous soyons tenus de reconnaître la sincérité de la personne qui est dans cette position. Dieu met bien plus que cela à la disposition des siens ; dans la place de bénédiction qu’Il leur offre, tous les doutes, toutes les craintes, toutes les anxiétés s’évanouissent sous le sentiment de la grâce parfaite qui nous a rapprochés de Lui sans qu’il reste devant Lui contre nous l’ombre d’un péché ou d’une incertitude.

Il est évident qu’aussi longtemps qu’il y a combat et trouble intérieur, on est dans les sentiments qui se trouvaient chez les saints de l’Ancien Testament. La seule différence est que ceux-ci ne pouvaient pas aller au-delà ; le temps n’en était pas encore venu. Le Libérateur n’était pas là ; la délivrance n’avait pas encore été opérée. Le fondement béni sur lequel on reçoit la paix d’après le principe de la foi et par la grâce de Dieu, n’avait pas encore été posé devant eux, et l’on ne peut pas anticiper les voies de Dieu. Nous ne pouvons pas courir en avant de Lui. Nous pouvons Le suivre et nous devrions nous réjouir de voir Sa bonté lorsqu’elle se présente à nous ; mais nous ne pouvons pas précéder Dieu. Maintenant le salut est venu. Christ a passé ici-bas ; Il est mort et ressuscité ; et cependant les âmes vivifiées ne saisissent pas toujours en un moment les puissants résultats qui découlent de ce grand fait. Il peut bien arriver qu’elles le saisissent, et je ne doute pas qu’il se présente encore des cas analogues à celui du geôlier de Philippe. Là, à l’heure même où la conscience de cet homme fut atteinte, il y eut une œuvre supplémentaire de Dieu en vertu de laquelle lui et sa maison purent se réjouir immédiatement. Quelque misérable qu’il pût être l’instant avant, sur l’heure même la grâce divine le rendit pleinement heureux. Ainsi donc, je suis loin de nier que la même chose puisse avoir lieu dans le même laps de temps ; mais je dis que le cas est plus rare qu’on ne le suppose.

Prenez, par exemple, l’apôtre Paul. Si jamais homme fut converti, ce fut bien celui-là — sur le chemin de Damas et par une manifestation de puissance extraordinaire. Pourtant, il est certain que Dieu ne l’établit pas sur-le-champ dans une pleine liberté. Pendant des jours et des nuits il fut aveugle et exercé au point de ne manger ni de boire ; et tout cela concordait avec son état spirituel. Il avait réellement vu Christ dans la gloire, et cela pour la délivrance de son âme ; mais avait-il été amené aussitôt à la paisible jouissance de tout ce qu’il avait vu et entendu ? Je ne doute pas qu’il se fit en lui une œuvre immédiate, fruit de la vérité agissant dans l’homme intérieur ; cependant il ne connut le repos et la pleine liberté qu’après qu’Ananias fut venu à lui et qu’il eut été baptisé. Nous savons que c’est à ce moment-là qu’il fut rempli de l’Esprit Saint et que, comme c’est toujours le cas, il entra dans la conscience de la pleine bénédiction. Cela n’ôte rien à la plénitude de l’évangile, non plus qu’à l’affranchissement qu’il apporte ; mais cela fournit une réponse à des faits qui se rencontrent actuellement et explique certain état dans lequel nous voyons des âmes qui, après tout, ne peuvent jamais être courbées sous une théorie. Il est des faits persistants, qui chaque jour tombent sous les yeux sans même qu’on les recherche, si seulement nous avons de la sollicitude pour les âmes. Prenez-en note, où que vous les rencontriez, et vous apprendrez qu’il y a là une action réelle de l’Esprit de Dieu sur les âmes et qu’on peut néanmoins rester dans cette condition pendant des jours, des semaines, des mois, des années. Puis, il est assez fréquent de voir, après cela, l’âme amenée dans un complet affranchissement devant Dieu. Or, là où l’on entre dans l’affranchissement, il y a, selon moi, non pas seulement la vie, mais la réception de l’Esprit Saint.

Je voudrais dire encore un mot avant de quitter cette partie du sujet. Dans tous les cas où Dieu commence l’œuvre, Il l’achève toujours, lors même que les deux choses n’auraient point lieu simultanément. Je suis donc fermement convaincu, d’après la Parole de Dieu, confirmée aussi par tout ce que l’expérience a pu m’enseigner, que jamais, dans ceux qui meurent, l’œuvre n’est restée incomplète. Là où Dieu crée à nouveau, Il donne assurément aussi le Saint Esprit. Je ne crois pas que ce soit toujours au premier moment, et, de fait, l’Écriture me semble prouver le contraire ; mais celui que Dieu entreprend de bénir maintenant, sera, tôt ou tard, on peut en être sûr, amené à la jouissance simple et entière de la paix avec Dieu. Vous remarquerez que je ne parle pas ici de l’intelligence spirituelle. Si je traitais ce point, j’aurais à constater douloureusement combien c’est chose rare chez les croyants. Nous savons tous comment des âmes vraiment pieuses peuvent rester malheureuses pendant des années ; mais il ne m’est jamais échu d’en voir une seule qui n’ait été rendue joyeuse avant que le Seigneur l’appelât à Lui. J’ai été témoin de cas véritablement merveilleux, où se sont complètement évanouis tous les doutes et toutes les craintes qui avaient assombri l’existence entière de personnes qui pourtant avaient la vie ; et d’autres que moi, j’en suis assuré, ont pu en voir autant, peut-être davantage. Ils ont pu voir la grâce de Dieu dissipant enfin tous les nuages qui avaient plané sur l’âme. Mais rattache-t-on généralement ce fait à sa cause réelle ? — De ce qui m’a occupé je conclus donc que lorsqu’une âme est vivifiée par l’Esprit de Dieu, ou convertie, ce qui, substantiellement, signifie la même chose (en considérant seulement à un autre point de vue l’œuvre de l’Esprit), il se pourra qu’une telle âme reçoive éventuellement le Saint Esprit, mais il se pourra aussi qu’elle ait à attendre par raison d’un manque de soumission présente à la justice de Dieu.

Il est bon de remarquer qu’à Césarée le baptême suit le don de l’Esprit. L’apôtre Pierre attire l’attention sur ce fait que non seulement l’Esprit Saint tombe sur eux comme Il était tombé sur les Juifs le jour de la Pentecôte, mais que ceux des nations aussi parlaient en langues. Il y avait le même irrécusable témoignage du grand don. Ce fait était de grande importance en ce qu’il fermait la bouche aux fidèles de la circoncision qui accompagnaient l’apôtre. Lorsqu’il les entendit magnifier Dieu, « Pierre répondit : Quelqu’un pourrait-il refuser de l’eau ? ». Il savait parfaitement bien comment le préjugé des Juifs pourrait se montrer. C’était également une chose nouvelle que les Gentils fussent baptisés d’eau. « Quelqu’un pourrait-il refuser de l’eau, pour que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu comme nous l’Esprit Saint ? »

Encore un autre fait à observer (à l’appui duquel l’Écriture fournit d’ailleurs des preuves abondantes), c’est que le baptême n’a jamais été établi pour être, dans son administration, le privilège d’un personnage officiel dans l’Église. Pierre était là, et si l’on eût rattaché à cet acte une question de dignité ou de supériorité dans les personnes, assurément c’est à un apôtre que fût revenu le droit de baptiser. Au contraire, la seule forme du récit indique que ce n’est pas lui qui appliqua le baptême. Il eut soin qu’ils fussent baptisés, et même il le commanda, mais il n’est dit nulle part qu’il les baptisa lui-même. Pareillement, Paul était heureux de pouvoir, en parlant de son œuvre à Corinthe, rendre grâces à Dieu de ce qu’il n’avait baptisé aucun d’eux, à l’exception d’un nombre insignifiant. Je ne doute pas qu’ici Pierre fût, quoique pour une raison bien différente, conduit de Dieu à s’abstenir de baptiser. S’il eût baptisé, combien les hommes eussent aimé à s’emparer de la circonstance ! Combien l’on se serait efforcé de tirer de là quelque chose pour glorifier l’homme, alors que Dieu opérait à Sa propre louange ! Mais il n’en fut pas ainsi. Le glorieux apôtre Paul lui-même fut baptisé par un simple disciple ; et, assurément, si la personne de celui qui baptisait eût ajouté quelque chose à l’acte, nous pouvons croire que cette distinction aurait été particulièrement maintenue lorsqu’il s’agissait de baptiser un apôtre. Mais Ananias, sur l’ordre de Dieu, va et dit : « Saul, frère », et le baptisa sur-le-champ. On n’attendit pas de personnage officiel. N’est-ce pas une preuve étonnante de l’incrédulité des hommes, que l’on passe par-dessus un fait aussi patent et aussi accablant ? Les anciens ou les modernes oseraient-ils se flatter de faire mieux que l’Écriture ? Connaissent-ils ou peuvent-ils communiquer la volonté du Seigneur envers Ses serviteurs ou envers l’Église mieux que les écrivains inspirés ? L’usage qui consiste à faire des ministres de l’évangile les seules personnes compétentes pour baptiser, n’a pas le sceau de Dieu. La Parole met le plus grand soin à montrer que le baptême pouvait être appliqué sans eux, et cela, lorsqu’il n’y avait pas nécessité de recourir à d’autres. Pour Corneille, par exemple, il n’était pas besoin de chercher quelqu’un remplissant une fonction élevée, puisqu’il y avait un apôtre au lieu même. Si l’ordre selon Dieu eût demandé la forme que les hommes ont imposée depuis, pourquoi aurait-elle été omise dans une occasion aussi sérieuse, qui ne pouvait que devenir un précédent pour tous les temps à venir pour ceux qui se placent sous l’autorité de l’exemple apostolique ? De même que Paul, le centenier gentil et sa maison sont baptisés par ceux que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de laïques. Les apôtres et les évangélistes ont quelquefois baptisé ; mais le baptême n’était nullement considéré comme un rite officiel : d’autres frères pouvaient baptiser et baptisaient en effet, même quand l’apôtre était présent. Mais je dis ceci en passant.

Il ne reste plus qu’un seul cas, relaté dans les Actes des apôtres, sur lequel j’ai quelques mots à dire en rapport avec le sujet que je traite. « Or il arriva, comme Apollos était à Corinthe, que Paul, après avoir traversé les contrées supérieures, vint à Éphèse, et ayant trouvé de certains disciples, il leur dit : Avez-vous reçu l’Esprit Saint après avoir cru ? Et ils lui dirent : Mais nous n’avons pas même ouï dire si l’Esprit Saint est. Et il leur dit : De quel baptême donc avez-vous été baptisés ? Et ils dirent : Du baptême de Jean. Paul dit : Jean a baptisé du baptême de la repentance, disant au peuple qu’ils crussent en Celui qui venait après lui, c’est-à-dire dans le Christ Jésus. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent » (Act. 19, 1-6). Voici une circonstance dont le sens est bien clair, et qui, de plus, est aussi remarquable qu’aucune de celles que nous avons examinées. L’apôtre, sans doute, avait discerné dans ces « disciples » une certaine gêne qui le porta à s’informer s’ils avaient reçu l’Esprit Saint depuis qu’ils avaient cru. Il est donc vrai — et cela l’était certainement dans la pensée de l’apôtre — qu’on peut recevoir le Saint Esprit après avoir cru. Il ne met pas en question la réalité de leur foi ; mais il avait un motif pour demander s’ils avaient reçu le Saint Esprit depuis qu’ils étaient dans la foi. Et leur réponse est également simple. « Nous n’avons pas même ouï dire si l’Esprit Saint est ». Ils ne prétendaient pas, comme on l’infère quelquefois d’une façon peu intelligente, ignorer l’existence de l’Esprit. La question portait sur la réception du Saint Esprit par les croyants. Cela constituait une promesse ancienne, et Jean-Baptiste (à qui ceux-ci se trouvaient plus ou moins étroitement rattachés) en rendant témoignage à la venue imminente du Messie — bien plus, à Sa présence au milieu d’Israël — déclarait tout aussi explicitement que Celui-ci ne baptiserait pas, comme le précurseur, d’eau seulement, mais de l’Esprit Saint. En fait, tout lecteur de l’Ancien Testament connaissait non seulement l’existence de l’Esprit, mais la bonne promesse de Dieu, que dans les derniers jours l’Esprit serait répandu ; et de tous ceux qui ont été appelés à enseigner, Jean est celui qui a le plus insisté auprès de ses disciples sur cette vérité que le Messie serait l’instrument de cette œuvre et de cette faveur merveilleuses parmi les hommes. Mais, pour une cause ou pour une autre, ceux-ci ne savaient pas que la promesse était actuellement en voie d’accomplissement, que des croyants juifs, samaritains et gentils avaient déjà reçu l’Esprit, par l’ouïe de la foi et non par des œuvres de loi.

L’apôtre leur demanda ensuite à quoi ils avaient été baptisés, et là-dessus ils répondent qu’ils ne connaissaient pas autre chose que le baptême de Jean. Ceci provoqua une importante explication. Jean n’avait pas été au-delà du baptême de la repentance. Il avait, en effet, insisté sur ce jugement de soi-même que l’Esprit seul produit dans les âmes qui s’inclinent devant la Parole de Dieu, jugement qui leur découvre leur ruine morale devant Lui. Mais elle n’avait pas encore été communiquée, la puissance qui est basée sur la rédemption et qui ne pouvait demeurer dans un homme pécheur aussi longtemps que n’avaient pas eu lieu l’effusion et l’aspersion du sang qui était en quelque sorte le fondement de l’habitation de l’Esprit. Or, c’est cette puissance, communiquée en vertu de cette œuvre, qui lie l’âme délivrée et rachetée avec Celui qui a remporté la victoire, et la conduit victorieusement au travers d’un monde méchant. Jean ne pouvait que dire aux hommes de croire en Celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Christ. Paul prêchait un Sauveur déjà venu et qui avait effectué la rédemption. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent.

Ici encore les signes extérieurs ne manquèrent pas ; mais, pas plus que dans les autres circonstances, ils ne sont confondus avec le don du Saint Esprit. Ces disciples sont baptisés du baptême chrétien ; le baptême de la repentance était insuffisant. Ils sont baptisés au nom de Celui qui mourut et ressuscita ; et là-dessus, ils reçoivent l’Esprit, mais non pas cependant sans l’imposition des mains de Paul. C’est ainsi que si Dieu a honoré Pierre et Jean en Samarie, Il n’élève pas moins l’apostolat de Saul de Tarse. Et l’on remarquera aussi que, comme les délégués apostoliques avaient reçu cette distinction, non à Jérusalem, mais dans sa religieuse rivale, Samarie, de même Paul est appelé à imposer les mains, non pas à des Gentils convertis par sa prédication, mais à des disciples déjà baptisés du baptême de Jean.

Il n’y a donc en cela rien qui soit de nature à susciter de la difficulté, ni à affaiblir le sens de ce que j’ai cherché à expliquer en toute simplicité par la Parole de Dieu. Les deux cas dans lesquels des apôtres (un ou plusieurs) imposèrent les mains à des croyants afin que ceux-ci reçussent l’Esprit, sont des cas exceptionnels et subordonnés aux occasions principales, où nous ne voyons pas que pareil acte soit accompli par les apôtres. Dans l’une et la plus considérable de ces circonstances (la visitation des Juifs à la Pentecôte), l’Écriture ne fait pas mention d’un seul cas où il y eut imposition des mains ; et il n’y avait assurément personne pour imposer les mains à ceux qui, les premiers, reçurent le Saint Esprit en ce jour-là, soit les apôtres, soit les cent vingt : Dieu s’était réservé que ce don émanerait directement de Sa main. Dans l’autre circonstance collatérale, nous savons en toute certitude que les mains ne furent pas imposées aux croyants avant qu’ils eussent reçu l’Esprit ; et cela est d’autant plus important pour nous que, comme Gentils, nous tombons naturellement sous le cas dont Corneille et sa maison sont le type. La conclusion est donc irrésistible : c’est que si même il existait des apôtres, l’imposition de leurs mains ne serait pas nécessaire pour que nous, ou tous autres croyants gentils, reçussions l’Esprit Saint. Ce n’est pas par un tel moyen que, d’après Sa Parole, Dieu communiqua l’Esprit à l’incirconcision. Croyant en Christ par leur parole, nous avons eu part à la bénédiction de la même manière que nos prototypes à Césarée.

Le Seigneur soit loué, non seulement pour le don de Son Esprit, mais pour cette Parole écrite, qui manifeste la folie d’hommes prétentieux, réprouvés quant à la foi, qui cherchent à alarmer les timides et à enhardir les superstitieux. Puissions-nous retenir, selon la foi des élus de Dieu, la connaissance de la vérité qui est selon la piété, dans l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles !