Écho du Témoignage:Les dispersés parmi les Gentils

De mipe
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Esther

Dans les livres d’Esdras et de Néhémie que nous avons médités, nous avons vu les captifs ramenés à Jérusalem pour y attendre la venue du Messie, afin qu’il fût manifesté si Israël accepterait le Messager et Sauveur que Dieu voulait leur envoyer. Avec ce livre d’Esther, nous sommes dans une scène toute différente. Les Juifs sont encore au milieu des Gentils.

Nous l’examinerons dans la suite de ses dix chapitres ; et dans l’action dont ils font le récit, nous trouverons :

L’Éternel Dieu opérant d’une manière merveilleuse, mais en secret.

Les Juifs eux-mêmes.

Le Gentil, ou le pouvoir.

Le grand adversaire.

Chapitres 1 ; 2

Le livre s’ouvre en nous présentant un tableau du Gentil maintenant en autorité. C’est, cependant, le Perse, et non le Chaldéen : « la poitrine d’argent », non pas « la tête d’or » de la grande statue que vit Nebucadnetsar. C’est plutôt le chapitre second de l’histoire de la suprématie des Gentils sur la terre que le chapitre premier, que nous lisons ici. Nous le voyons plutôt dans les progrès qu’au commencement de sa carrière ; mais sous le rapport moral, il est le même. Pareil à Moab, sa saveur lui demeure toujours, et son odeur ne s’est point changée. Toute la hauteur qui s’était manifestée en Nebucadnetsar, apparaît de nouveau chez Assuérus. On n’aperçoit dans cet homme de la terre nul esprit, nul fruit de repentance, nulle connaissance de lui-même, ou de ce qui lui convient en tant que créature. Le mensonge du serpent, qui façonna l’homme au commencement, est à l’œuvre avec autant d’ardeur que jamais. Le vieux désir d’être comme Dieu se révèle aujourd’hui chez le Perse, comme il s’était révélé auparavant chez le Chaldéen. L’un avait bâti sa ville royale, et la considérait avec orgueil et disait : « N’est-ce pas ici Babylone la grande que j’ai bâtie pour être la demeure royale par le pouvoir de ma force, et pour la gloire de ma magnificence ? ». L’autre fait maintenant un festin, et pendant cent quatre-vingts jours montre aux principaux seigneurs toute la puissance de son royaume, « les richesses de la gloire de son royaume, et la splendeur de l’excellence de sa grandeur ». Bien plus, car le Perse l’emporte : nous trouvons dans la Perse une audacieuse affectation d’être comme Dieu que nous n’avons pas vue à Babylone. Elle nous frappe dans trois ordonnances persanes célèbres :

1° Personne ne devait paraître en la présence du roi sans y avoir été appelé. Dans le cas de la violation de cette loi du royaume, la vie et la mort de l’infracteur dépendaient du bon plaisir du roi.

2° Personne ne devait être triste devant le roi ; tout son peuple devait considérer son visage ou sa présence comme la source efficace de la joie et de l’allégresse.

3° Aucun décret de son royaume ne pouvait être révoqué : il tenait ferme à toujours.

Voilà certes des prétentions ! C’est le comble dans la carrière de l’homme visant à se présenter comme Dieu ; et ne savons-nous pas que cet esprit travaillera jusqu’à ce que le Gentil ait rempli la mesure de son iniquité ? Mais la main de Dieu commence maintenant à opérer ses merveilles, au milieu même de la scène de fête et d’orgueil par laquelle le livre s’ouvre. La joie du banquet royal fut interrompue ; une tache dépare l’éclat de toute cette magnificence : la reine gentile refuse de servir d’occasion ou d’être tributaire de ce jour de réjouissance publique ; et cela conduit à la manifestation du Juif, et, en définitive, à l’élévation de ce peuple à la principale part dans l’action et à la position la plus éminente sur la terre, au-delà de tout ce qu’on avait pu penser ou prévoir.

C’était un bien petit commencement d’un pauvre caractère et d’une importance insignifiante. L’humeur de Vasthi, qui la poussa à une ligne de conduite qui mettait sa vie en péril, fut le premier petit feu « qui alluma quelle grande quantité de bois » : c’est une misérable, une méprisable circonstance. Que peut-il y avoir de plus bas que l’humeur, pouvons-nous dire, d’une femme altière ? Et pourtant, Dieu effectue par elle des résultats connus dès lors de Lui-même dans Son conseil, mais dont l’accomplissement sera vu au jour prochain de la gloire des Juifs.

« Avec une sagesse qui n’est jamais en défaut, il conserve soigneusement dans des mines dont on ne saurait sonder la profondeur, Ses brillants desseins, et accomplit Sa volonté souveraine ».

Vasthi est déposée. Elle est rejetée comme femme du Perse ; et il faut qu’on en cherche de plus dignes pour prendre sa place.

Ici peut s’élever la question : Jusqu’à quel point un membre du peuple juif pouvait-il profiter d’une occasion pareille ? La sainteté profite-t-elle de la corruption ? Le peuple de Dieu peut-il oublier son nazaréat, sa mise à part pour Lui ? Et néanmoins, Esther consent à se présenter devant le roi en ce moment-là, comme de pair avec toutes les filles de ses sujets incirconcis !

Cela est de nature à nous étonner, si nous jugeons des choses par une lumière moins pure et moins vive que celle dans laquelle Dieu Lui-même habite. Le simple sentiment moral de l’homme — l’injonction des ordonnances légales — la voix du Sinaï lui-même, souvent ne suffirait pas. Il nous faut marcher dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière. Il faut que nous connaissions « les temps » comme jadis Issacar, avant que nous soyons capables de déclarer comme il faut « ce qu’Israël devait faire ».

Des hommes de Bethléhem de Juda n’ont-ils pas pris des femmes d’entre les filles de Moab, sans en être repris ? Joseph ne s’est-il pas écarté, dans son mariage, de la sainteté d’Abraham, et Moïse des ordonnances de la loi, dans le sien ? Rahab, toute fille qu’elle était des incirconcis, n’a-t-elle pas été adoptée par Juda, et n’a-t-elle pas eu une place éminente dans la suite des ancêtres selon la chair du Seigneur de David ? Et Samson ne prit-il pas pour femme, une femme de Thimna qui appartenait aux Philistins ?

Le peuple de Dieu n’était pas dans l’état normal, lors de ces événements étranges ; et c’est là leur justification morale. La lumière de la sagesse divine divinement dispensée devient le juge, plutôt que les ordonnances. Les Juifs étaient maintenant dans la dispersion. Joseph, si nous voulons nous exprimer ainsi, est de nouveau en Égypte ; Moïse en Madian ; et les fils de Bethléhem de Juda au pays de Moab ; et Esther est aussi peu reprise pour être allée vers le roi de Perse, que furent censurés Joseph pour avoir épousé Asnath, Moïse pour avoir épousé Séphora, ou Makhlon pour avoir épousé Ruth ; et ils ne sont ni les uns, ni les autres, l’objet d’un reproche ou d’un jugement devant Dieu pour ces choses ; absolument de la même manière que David, lorsqu’il mangea des pains de proposition. Bien plus, ces choses procédaient de Dieu, comme le mariage de Samson avec une femme d’entre les Philistins, semble nettement reconnu comme ayant ce caractère (Jug. 14, 4).

Les conseils de Dieu recevront leur accomplissement ; les fruits de Sa grâce seront recueillis ; et les ordonnances de justice, non plus que les arrangements qui nous conviennent, si nous étions dans l’intégrité de notre position et dans une condition bien réglée, n’interviendront pas.

Chapitre 3

Le Juif, chose étrange, devient, ainsi que nous l’avons vu, important pour le pouvoir — c’est-à-dire, pour le Perse ; mais plus important que je ne l’ai encore fait observer : il devient important pour sa sûreté aussi bien que pour ses jouissances. Car Mardochée devient son protecteur, comme Esther était devenue sa femme. Nous voyons cela à la fin du chapitre 2. Le roi est redevable à l’une et à l’autre. En dépit de toute sa grandeur et de toutes les ressources, pour le bonheur et la force, qui s’attachaient à toute sa grandeur, il est le débiteur des dispersés de Juda. Ils ont de l’importance pour lui. Son cœur et sa tête, comme je puis bien m’exprimer, doivent tous deux reconnaître cela.

Mais si le Juif est ainsi personnellement amené d’une manière étrange à une position de faveur, l’ennemi du Juif s’est élevé d’une façon non moins étrange à une haute et honorable position, et s’est placé dans la position même qui lui donnera les moyens de satisfaire toute son inimitié. Un Amalékite est le premier après le roi, en dignité et dans le gouvernement : Haman l’Agaguite est élevé au-dessus de tous les seigneurs de la nation. Pour quelle raison ? C’est ce qui ne nous est point dit. Il n’est question ni de grandes qualités qu’il aurait possédées, ni de grands services publics qu’il aurait rendus ; et c’est, apparemment, le bon plaisir du roi qui l’avait ainsi voulu. Il était étranger à la nation, d’un pays éloigné, et d’une race presque entièrement oubliée, pourrions-nous dire, distinguée jadis au temps de l’enfance des nations, mais, à cette époque, à peu près effacée des pages de l’histoire, remplacée par d’autres d’une importance bien autrement grande que celle qu’elle eût jamais possédée : les Assyriens d’abord, puis les Chaldéens, et maintenant les Perses. Et néanmoins, c’est un Amalékite que nous voyons placé immédiatement après le roi, n’ayant que lui pour supérieur quant à la dignité, aux honneurs, et à la puissance.

Cela est étrange, certes. Le grand ennemi d’Israël aux jours où Israël était dans le désert, apparaît encore ici dans le même caractère et au temps de la dispersion d’Israël (voyez Ex. 17). Chose étrange, un Amalékite est le plus rapproché du trône de Perse ! Le cœur du grand monarque de cette époque est entièrement tourné en sa faveur pour le mettre en position de jouer le vieux rôle amalékite de défiance envers Dieu, et d’inimitié contre Son peuple. Nous ne nous serions pas attendus à une telle chose. Ce nom, le nom d’Amalek, devait être effacé de dessous les cieux, et depuis les jours de David jusques à maintenant, puis-je dire, on n’a point aperçu ce peuple. Mais aujourd’hui, voilà qu’il apparaît de nouveau, nous saurions à peine dire comment ; et il apparaît, environné d’éclat et de puissance comme dans un jour de triomphe.

En vérité, je le répète, cela est étrange. C’est quelqu’un de ressuscité ; quelqu’un dont la blessure mortelle a été guérie ; « qui était, et qui n’est pas, et qui sera présent ».

L’Agaguite est ici comme le représentant du grand ennemi, de l’orgueilleux apostat qui résiste à Dieu et à Son peuple, et à Ses desseins. Tous les âges ont vu de pareils représentants, qui ont préfiguré ce puissant apostat qui doit tomber au jour du Seigneur. Nimrod l’a représenté dans les jours de la Genèse ; Pharaon, en Égypte ; Amalek, dans le désert ; Abimélec au temps des juges, et Absalom en celui des rois ; Haman le représente ici, au jour de la dispersion ; et Hérode, dans le Nouveau Testament. L’exaltation du moi, une orgueilleuse incrédulité, et la défiance que produit la peur de Dieu, avec une profonde inimitié pour Son peuple, tels sont les traits que nous remarquons, en totalité ou en partie, chez eux tous ; comme on les verra déployés sous une forme parfaite d’audace, d’apostasie terrible, dans la personne de la bête qui, avec ses confédérés, tombe en présence du cavalier monté sur le cheval blanc, au jour du Seigneur, ou du jugement des vivants. Les prophètes ont parlé d’elle, comme du « roi qui fera sa volonté » ; comme de « l’étoile du matin, fille de l’aube du jour » ; comme « du prince de Tyr », pouvons-nous ajouter ; comme « de l’insensé qui dit en son cœur qu’il n’y a point de Dieu », et sous d’autres titres encore. Et l’Apocalypse de l’apôtre nous la présente sous la figure d’une bête qui a dressé son image pour le culte et l’étonnement de tout le monde, qui a imprimé sa marque comme une flétrissure sur le front de tous les hommes, dont la blessure mortelle était guérie, qui était, n’est plus, et néanmoins doit être.

Nous pouvons remarquer en outre que le dessein du grand adversaire est, aussi bien que sa personne, présenté dans ce grand Haman. Il lui faut le sang de tous les Juifs : son cœur ne saurait se contenter de la vie de celui qui avait refusé de s’incliner devant lui ; il lui faut la vie de tous les membres de la nation. Il respire l’esprit de l’ennemi d’Israël qui dira bientôt : « Venez, et détruisons-les en sorte qu’ils ne soient plus une nation, et qu’on ne fasse plus mention du nom d’Israël » (Ps. 83). L’Amalékite et sa société jettent le sort, pur, uniquement pour fixer le jour où on accomplirait cette œuvre d’extermination. Mais, comme nous le savons, on peut « jeter le sort au giron, mais tout ce qui en doit arriver est de par l’Éternel » (Prov. 16, 33). Et tel fut le cas ici. Il est accordé onze longs mois, depuis le treizième jour du premier mois jusqu’au treizième jour du douzième mois, c’est-à-dire, depuis le jour où le sort fut jeté jusqu’au jour désigné par le sort pour être celui du massacre de la nation, de manière à ce que Dieu fit mûrir Ses desseins envers Son peuple et à l’égard de Ses adversaires.

Quelle voix claire et forte cela fait retentir à nos oreilles ! Il n’y a ni discours, ni paroles, mais la voix est entendue ; Dieu n’est pas même nommé, mais c’est l’œuvre de Sa main et le conseil de Son cœur.

Haman ne trouve pas d’obstacle de la part du roi son maître. Il dit au roi qu’il y a un peuple dispersé dans toutes les provinces de son royaume, qu’il ne lui est pas avantageux de laisser vivre, parce que ses coutumes et ses lois sont différentes de celles de tous les autres peuples — secret de l’inimitié du monde alors et encore aujourd’hui (voyez Act. 16, 20, 21). Le décret, conformément au désir d’Haman, sort du palais de Suse, et il poursuit en toute hâte sa marche vers toutes les parties du monde, dans tout l’empire du grand monarque persan, « la poitrine d’argent ». Comme conséquence de ce décret, tous les membres de la nation reçoivent en eux-mêmes la sentence de mort. Il aurait atteint effectivement les captifs retournés à Jérusalem aussi bien que ceux de la dispersion, la Judée n’étant à cette époque qu’une province de l’empire perse. Mais les Juifs ont à apprendre à se confier en Celui qui ressuscite les morts, qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient, et qui agit en ce monde en puissance de résurrection. Il faut que le résidu d’Israël apprenne à marcher sur les traces de son père Abraham. C’est la foi qui doit être exercée — car « le Seigneur ne veut pas se révéler encore de quelque temps, quoiqu’il pense à eux, et qu’il les abrite sans se manifester à eux ».

Mardochée apparaît ici comme le représentant de ce résidu, le possesseur, à cette heure solennelle, de la foi semblable à la foi d’Abraham.

La piété de cet homme cher et honoré commence à se montrer dans son refus de se prosterner devant l’Amalékite. Le devoir ordinaire de n’adorer que le vrai Dieu, le Dieu d’Israël, lui aurait interdit cela ; et un Juif pouvait-il s’incliner devant un membre de cette race avec laquelle le Dieu des Juifs avait déjà déclaré qu’Il aurait toujours la guerre ? devant un homme qui, au lieu de se prosterner devant le Seigneur des cieux et de la terre, s’était même mis en avant pour insulter à Sa présence et à Sa majesté, et pour exterminer Son peuple même devant Sa face ? Mardochée risquera sa vie par ce refus ; eh bien, soit. Il est dans le même sentiment que ses frères Shadrac, Méshac, et Abed-Nego, qui peuvent dire à un Haman antérieur : « Il n’est pas besoin que nous te répondions sur ce sujet. Voici, notre Dieu que nous servons, nous peut délivrer de la fournaise du feu ardent, et il nous délivrera de ta main, ô roi. Sinon sache, ô roi, que nous ne servirons point tes dieux, et que nous ne nous prosternerons point devant la statue d’or que tu as dressée ».

Cette conduite est véritablement belle dans ce qui la produit, mais plus belle encore dans les traits qui l’accompagnent ; car l’excellence du caractère résulte de l’heureuse combinaison des qualités. Nous devons « renoncer à nous-mêmes comme hommes », et néanmoins « que tout parmi vous, se fasse dans l’amour », est-il écrit. En Celui en qui se trouvait toute gloire morale, comme d’autres l’ont dit, il n’y a eu « rien de saillant », toutes les qualités se combinant chez Lui d’une manière parfaite. Nous apercevons en Mardochée cela. Il a « la bonté », et avec elle « la justice ». Il était rempli de bienveillance et de tendresse, et élevait sa cousine orpheline comme si elle eût été sa propre fille. Mais à présent il est fidèle et inflexible, et il s’abandonnera lui-même comme homme, si alors il a tout fait dans l’amour. Il ne s’inclinera pas et ne rendra pas hommage, au commandement du roi, quoique sa vie puisse en dépendre.

Chapitres 4 ; 5

Les divers exercices d’âme, par lesquels nous voyons dans ces chapitres passer Esther et Mardochée, sont d’un grand intérêt. La main et l’Esprit de Dieu travaillent ainsi ensemble d’une manière merveilleuse dans l’histoire d’Israël, comme nous le remarquons dans les Psaumes et dans les Prophètes — la main formant les circonstances dans lesquelles ce peuple se trouve, et l’Esprit formant ses pensées : deux choses qui occupent une très grande portion de la parole prophétique. Et nous trouvons ici de vivantes illustrations personnelles de ce double fait, dans les exercices du cœur par lesquels passent ces deux saints de Dieu distingués, et dans les circonstances merveilleuses à travers lesquelles ils sont conduits.

À la publication du décret fatal, Mardochée jeûne et se lamente à grands cris, revêtu d’un sac ; mais en même temps, il compte sur la délivrance. Une telle harmonie, une telle combinaison de sentiments est pleine de gloire morale. Élie en fournit un exemple en son jour — car il savait que la pluie était proche, et il ne s’en penche pas moins contre terre, et n’en met pas moins son visage entre ses genoux, comme quelqu’un en « fervente supplication » (1 Rois 18 ; Jacq 5, 16-18). Nous en trouvons un autre exemple dans le Seigneur Lui-même. Il sait et déclare qu’Il va réveiller Lazare de son sommeil, du sommeil de la mort ; et néanmoins Il pleure comme Il approche du tombeau. Il en est de même ici de Mardochée. Il ne veut pas quitter ses vêtements de deuil ; il refuse de se consoler pendant qu’il existe un décret contre son peuple, quoiqu’il compte, et compte sûrement, qu’il sera délivré d’une manière ou de l’autre. C’est là une de ces combinaisons qui sont nécessaires au caractère ou à la force morale, et dont j’ai déjà signalé un exemple dans ce « vrai Israélite ».

Esther n’est pas moins belle dans sa génération, comme un vaisseau plus faible. Il se peut qu’elle ait été fortifiée par Mardochée, mais elle sympathise profondément, avec tendresse, avec les angoisses de sa nation. Elle voit la difficulté et sent le danger ; et elle parle un moment de ses circonstances. Rien de mal en cela. Elle dit à Mardochée le risque qu’elle courrait si elle entrait dans la présence du roi sans y avoir été appelée. Rien de mal, je le répète, à parler ainsi du point de vue de ses circonstances, quoique ce pût être de la faiblesse. Mais Mardochée la conseille, comme un vaisseau plus fort ; et il apparaît comme quelqu’un au-dessus des circonstances et des affections, dans la cause de Dieu et de Son peuple. Il envoie à Esther un message péremptoire quoiqu’il eût tant d’affection pour elle ; et il demeure calme et d’un cœur ferme au milieu de ces dangers. Il est assis dans cette voie au-dessus des déluges d’eau, dans la précieuse force de Celui qui en a foulé pour nous toutes les vagues. Il ne se trouve ni levain ni miel, comme je puis m’exprimer, dans l’offrande qu’il fait — il ne prend pas conseil de la chair et du sang, et ne regarde pas non plus aux eaux grossissantes. Sa foi est en victoire — et le vaisseau le plus faible est fortifié par son moyen. Esther se décide à entrer vers le roi. Si elle doit périr, qu’elle périsse — mais elle est édifiée de manière à tout hasarder pour son peuple. Cependant, tout en ne se « décourageant » pas sous l’épreuve, elle ne la « méprisera » pas non plus — car elle veut que Mardochée et ses frères attendent dans un esprit d’humiliation et de dépendance, de sorte qu’elle puisse recevoir miséricorde, et que sa résolution de se présenter devant le roi ait un résultat heureux.

En conséquence, à l’expiration des trois jours de jeûne dont ils étaient convenus, elle prend sa vie en sa main, et se tient dans le parvis de dedans du palais du roi pendant que le roi était assis sur son trône royal. Mais les cœurs des rois sont dans la main du Seigneur ; et c’est ainsi que la chose se trouve être dans ce cas, et Esther trouve grâce aux yeux d’Assuérus qui lui tend le sceptre d’or.

C’était tout. Cet acte disait le résultat de toute l’affaire. Tout dépendait du mouvement du sceptre d’or. C’était l’Esprit de Dieu, le conseil et le bon plaisir, la souveraineté et la grâce de Dieu, qui avaient arrangé tout cela. La nation était déjà sauvée. Le sceptre avait tout décidé en faveur des Juifs et à la confusion de leurs adversaires, fussent-ils aussi élevés et puissants, aussi nombreux, et aussi subtils que possible. Dieu avait pris la chose en Sa propre main — et s’Il est pour nous, qui sera contre nous ? « Tu seras loin de l’oppression », disait maintenant l’Éternel à Son Israël, « et tu ne craindras rien ; tu seras, dis-je, loin de la frayeur ; car elle n’approchera point de toi. Voici, on ne manquera pas de comploter contre toi, mais ce ne sera pas de moi ; quiconque complotera contre toi, tombera pour l’amour de toi. Voici, c’est moi qui ai créé le forgeron soufflant le charbon au feu, et formant l’instrument pour son usage ; et c’est moi qui ai créé le destructeur pour dissiper — nulles armes forgées contre toi ne prospéreront, et tu convaincras de malice toute langue qui se sera élevée contre toi en jugement » (És. 54).

Esther s’approcha et toucha le sceptre. Elle usa de la grâce qui l’avait visitée ; mais elle en usa avec révérence ; et le sceptre fut fidèle à lui-même. Il n’éveilla pas une espérance qu’il ne fût pas prêt à réaliser. Il lui avait déjà parlé de paix ; et la paix, et bien plus que la paix, lui sera ratifiée. « Qu’as-tu reine Esther », lui dit Assuérus, « et quelle est ta demande ? Quand ce serait jusqu’à la moitié de mon royaume, il te sera donné ».

Cela est bien précieux. Le sceptre, disons-le encore, fut fidèle à lui-même. Quelle vérité nous est là présentée ! La promesse de Dieu, l’œuvre du Seigneur Jésus, sont comme ce sceptre. Elles ont précédé — gages signés pour ainsi dire de la main et émanés de la bouche de notre Dieu, et l’éternité leur sera fidèle ; et des âges innombrables de gloire, témoignant du salut, les ratifieront. Rien n’est trop précieux pour racheter de tels gages : — ici de même, la moitié de l’empire du roi est mise aux pieds et à la disposition d’Esther.

Mais la ligne de conduite qu’elle suivit à l’égard de l’occasion favorable qui lui était ainsi offerte, est l’un des fruits les plus excellents et les plus merveilleux de la lumière et de l’énergie de l’Esprit, que nous contemplons au milieu des nombreuses merveilles de ce livre, dans toute cette œuvre de la grande main de Dieu.

Au lieu de demander la moitié du royaume — au lieu de désirer sur le champ la tête du grand Amalékite, elle prie le roi de venir avec Haman au festin qu’elle leur a préparé. Voilà, certes, une chose étrange ! Qui se serait attendu à une telle manière d’accepter une pareille promesse et un gage pareil, en quelque sorte sans limites ? Elle rappelle à mon esprit la réponse du divin Maître, de Celui qui est « la sagesse de Dieu », à la femme samaritaine. Elle demandait de l’eau vive, et Il lui dit d’aller appeler son mari ! Réponse étrange et inexplicable, semblerait-il. Mais, ainsi que nous le savons, c’était un rayon de la plus pure lumière jaillissant de la source même de la lumière. Il en est de même ici. Cette réponse d’Esther était certainement étrange ; mais on verra qu’elle n’était rien moins que la preuve de la parfaite sagesse de l’Esprit qui maintenant l’illuminait et la dirigeait. Elle fut le moyen de conduire le grand adversaire en avant à la pleine maturité de son apostasie, à cette immense élévation en orgueil, en contentement de soi, d’où la main de Dieu s’était préparée dès le commencement à le précipiter. Sous la direction de l’Esprit, Esther en agit avec Haman, comme la main de Dieu en avait jadis agi avec Pharaon en Égypte. Le vaisseau de colère s’était de nouveau préparé pour le jugement, et Dieu allait de nouveau démontrer en lui Sa puissance. Haman était le Pharaon du jour, « l’homme de la terre » de maintenant, « le roi de tous les enfants d’orgueil », et il devait tomber du faîte auquel ses propres convoitises et le dieu de ce siècle pressent ses pas. Esther est, entre les mains de Dieu, l’instrument qui lui fournit l’occasion de remplir ainsi la pleine mesure de son apostasie. Elle montre merveilleusement qu’elle est dans le secret de tout cela. Elle invite Haman et le roi le second jour aussi bien que le premier — eux deux seulement ; et cela fait, l’apostat avait atteint la hauteur vertigineuse d’où il était destiné à tomber.

Il ne peut supporter tout cela. C’est trop pour lui. Son cœur est surchargé ; l’orgueil satisfait l’a rassasié. Haman ne peut se contenir — mais la corruption le pousse dans la voie de la nature ; triste sentence contre la nature. Mais il en est ainsi. C’était naturel qu’il exposât toutes ses gloires à sa femme et à ses amis. La chair et le sang sont capables d’apprécier l’orgueil, et l’orgueil doit avoir autant de courtisans et d’admirateurs qu’il se peut. Il faut aussi qu’il ait ses victimes. Mardochée refuse encore de s’incliner, et un gibet haut de cinquante coudées est dressé pour qu’il puisse y être pendu.

Chapitres 6 ; 7

Il n’y a rien de secret qui ne doive avoir son jour de mise en évidence. Ce que Mardochée avait appris au roi touchant les eunuques Théresh et Bigthan, quoique jusqu’ici resté dans l’oubli ou négligé, doit être rappelé maintenant. Les larmes, les baisers, et le nard de la pécheresse pleine d’amour de Luc 7, ainsi que les manques d’égard correspondants du pharisien sont passés sous silence pour un moment ; mais ils sont tous mis en lumière avant que la scène finisse : car il n’est rien de secret qui ne doive venir en évidence. Dieu ne laisse rien passer. L’acte de Mardochée ne restera pas toujours dans l’oubli. Il sera reconnu, et il le sera à la face même de son grand adversaire — comme les actes de la pécheresse si pleine d’amour pour Jésus, furent tous récités à l’ouïe de son accusateur (Luc 7, 36-50).

La nuit qui suivit le premier festin de la reine Esther fut pour le roi Assuérus une nuit d’insomnie. Car, de même que Dieu envoie le sommeil à Ses bien-aimés, de même Il leur tient parfois les yeux éveillés par les pensées de leur tête sur leur lit. Il agit sur le cœur des enfants des hommes, en les instruisant par des méditations durant les heures de la nuit. Il en est ainsi pour le Perse dans le chapitre qui nous occupe. Ne pouvant dormir, le roi se fait apporter le livre des chroniques du royaume où se trouvait consigné l’acte de Mardochée, et y lit le récit de cet acte qui avait eu lieu quelques années auparavant. Et comme il est vrai de l’homme qu’il donnera tout ce qu’il a pour sa vie, le roi, à la soudaine découverte, à laquelle il ne s’attendait pas, de l’acte de Mardochée par lequel sa vie avait été préservée, estime maintenant qu’on ne saurait rien faire de trop élevé, ou de trop honorable en sa faveur.

Arrêtons-nous ici un moment, et considérons le merveilleux entrelacement de circonstances que nous trouvons dans cette histoire. Il y a mine et contre-mine, une roue au-dedans d’une autre roue, comme il est dit, circonstances dépendant d’autres circonstances ; et chacune en particulier et toutes ensemble arrangées pour coopérer à l’accomplissement des œuvres de Dieu.

Cette histoire nous présente la merveilleuse réapparition du Juif et de l’Amalékite. Étrange phénomène en vérité ! Comme je l’ai dit plus haut, qui aurait jamais pensé à une telle chose ? Le Juif et l’Amalékite reproduits dans les lointains royaumes de Perse, et placés là dans des positions diverses de faveur et d’autorité autour du trône ! Puis l’humeur de Vasthi et la beauté d’Esther qui se rencontrent au même moment ; le fait que c’est Mardochée qui surprend le secret du complot contre la vie du roi ; le sort désignant à onze mois de distance le jour du massacre d’Israël, pour que les conseils de Dieu aient le temps de mûrir, et que des changements puissent s’effectuer ; ensuite le cœur du roi mû à tendre le sceptre d’or à Esther ; et ici, maintenant, l’insomnie du roi, et ses pensées qui se portent vers le livre des mémoires du royaume ; et comme couronnement de ce concours merveilleux de circonstances, Haman qui entre à ce moment même dans le parvis du palais. Quel tissu à la fois de la chaîne et de la trame en tout cela ! Quel entrecroisement de circonstances ! Quel curieux ouvrage de couleurs diverses ! Et comme nous l’avons déjà vu et fait remarquer, Dieu qui ne se montre point, et n’est pas même nommé !

Pensée précieuse ! Satisfait de l’œuvre de Ses mains, et dans les conseils de Son esprit, le Seigneur peut être caché pour un temps, et rester sans être célébré. Dans notre mesure, nous sommes appelés à quelque chose de semblable. Nous devons éprouver notre propre œuvre, nous réjouir en nous-mêmes seulement et non dans un autre, sans faire connaître nos secrets, sans chercher à attirer les regards de nos compagnons. Et quelle grande chose véritablement de travailler sans être vu, de servir sans être remarqué ! Conseils profonds de cette sagesse qui connaît la fin depuis le commencement, et merveilleuse opération de cette main qui peut changer comme il lui plaît même les cœurs des rois !

Haman tombe. Qui dirait ce qu’un jour peut amener, comme on dit communément ? L’histoire de cet homme nous montre qu’il en est ainsi en effet. Zéresh et ses amis ont à recevoir, avant que commence le festin du second jour, un Haman bien différent de celui qu’ils avaient félicité après la fin du premier. Haman tombe, et tombe réellement. Mais nous devons nous arrêter un peu sur ce fait considérable, afin d’en bien connaître le caractère, car il est d’une grande importance pour faire ressortir le jugement de Dieu.

1. Il fut permis à Haman de prospérer ainsi et d’atteindre une telle maturité de grandeur, pour qu’il pût tomber à l’heure du comble de l’orgueil et de l’audace.

Cela est fort instructif, car telles ont été et sont encore les voies de Dieu. Les constructeurs de la tour de Babel purent continuer leur œuvre, jusqu’à ce qu’ils en eurent fait une merveille. Nebucadnetsar eut le temps de finir sa grande cité. La bête de l’Apocalypse prospérera jusqu’à ce que tout le monde soit dans l’admiration après elle. Ici de même Haman est supporté jusqu’à ce qu’il soit parvenu au faîte. C’est alors, au moment de leur élévation la plus orgueilleuse, que le jugement de Dieu les visite tous. Hérode, autre personnage pareil, fut frappé de Dieu et mourut, comme le peuple, en l’écoutant, s’écriait : « Voix d’un dieu, et non point d’un homme » (voyez Ps. 37, 35, 36).

2. Il est pris dans son propre piège. L’honneur qu’il avait préparé pour lui-même est accordé à Mardochée ; et le gibet qu’il avait préparé pour Mardochée, il s’y voit lui-même suspendu.

Ceci encore est propre à nous instruire ; car telles ont été et sont encore les voies de Dieu. Les accusateurs de Daniel sont jetés dans la fosse qu’ils avaient préparée pour lui, et les flammes dévorèrent les hommes qui avaient saisi les enfants de la captivité pour les jeter dans la fournaise. C’est de la même manière qu’il est prédit des adversaires et des apostats des derniers jours de l’histoire de ce monde : « leur propre iniquité viendra sur eux » (Ps. 7 ; 9 ; 10 ; 35 ; 57, 141 ; etc.). Satan lui-même, qui possède l’empire de la mort, est détruit par le moyen de la mort.

3. Il tombe soudainement. Ainsi en sera-t-il du dernier grand ennemi. Le jugement de Dieu doit être semblable à un voleur dans la nuit ; semblable à l’éclair qui sort de l’orient et brille jusqu’à l’occident. « En une seule heure », est-il dit de la Babylone apocalyptique, « elle a été désolée ». Tels furent aussi les jugements qui éclatèrent sur le monde antédiluvien, et sur les villes de la plaine, « figures aussi », avec cette chute de l’Agaguite, d’un jugement à venir.

4. Il tombe complètement, entièrement détruit.

Telle est aussi la destinée du grand ennemi, et, avec lui, du cours de ce monde actuel.

Les enfants de Judas retranchés (Ps. 109), les petits enfants d’Édom froissés contre les pierres (Ps. 137), les fils d’Haman, tous pendus après lui — sont autant de traits qui illustrent, d’une manière instructive pour nous, la totale destruction et l’anéantissement de tout ce qui maintenant est sujet de scandale, la purification de tout par le balai du jugement divin. La « meule » d’Apocalypse 18 nous le déclare, et prophéties sur prophéties l’ont depuis longtemps annoncé.

Cette chute du grand Amalékite est pleine de signification typique dans tous les traits qui la signalent. Le moment actuel de l’histoire du monde la rend particulièrement significative et instructive pour nous. Jour après jour, nous voyons le Seigneur permettre aux desseins du monde de mûrir, de développer graduellement leurs merveilleux traits divers, et à l’ensemble de son système d’accomplir tous les genres de progrès, jusqu’à ce qu’il attire de nouveau sur lui, comme jadis la tour de Babel, la visitation du ciel en jugement. Et celle-ci accomplit aussi en un moment, d’une manière soudaine, toute son œuvre qui (chose précieuse à dire !) ne laissera pas subsister une trace du monde de l’homme, dont l’orgueil et la folie avec tout leur fruit seront consumés et auront disparu, et à la suite de laquelle brillera un monde tel qu’il le faut pour la présence du Seigneur de gloire.

Chapitres 8-10

Ce livre se clôt par la délivrance des Juifs au moment même fixé pour leur destruction, et par leur exaltation dans le royaume, et la célébration de leur joie.

Mystérieuse opération de la main de Dieu ! L’Amalékite, le grand adversaire, abattu au moment de sa plus orgueilleuse élévation, et entièrement détruit ; le Juif, sa victime, qu’il avait désignée et qu’il attendait, délivré quand il n’y avait plus qu’un pas entre lui et la mort, puis comblé de faveurs et d’honneurs, et élevé au premier rang et à la plus haute autorité après le roi.

Quelle histoire ! vraie dans toutes ses circonstances et typique aussi dans toutes ; tableau anticipé de ces derniers jours de l’histoire du Juif et de la terre dont les prophètes ont parlé maintes fois, de la ruine de l’homme de la terre, et de l’exaltation du peuple de Dieu en son propre royaume !

Au lieu de se tenir encore à la porte du roi, Mardochée vient maintenant devant le roi et reçoit l’anneau de son doigt, sceau de la charge et de l’autorité dans lesquelles il est établi. C’est ainsi que le Juif est transporté à la fin. Toute l’Écriture nous y prépare, et nous l’avons ici en figure. La partie historique de l’Ancien Testament finit ici, et ici finit comme dans un type l’histoire de la terre.

Voici, d’après la prophétie, les grands traits, les traits principaux de l’histoire d’Israël :

1. Le rejet de cette nation ; la face de Dieu lui est cachée, et néanmoins Sa providence veille à sa conservation au milieu des Gentils.

2. L’élection d’un résidu parmi les Juifs, et cette repentance à la fin, qui les mène, nationalement, au royaume.

3. Le jugement de leurs adversaires et de leurs oppresseurs, avec la ruine spéciale de leur grand ennemi infidèle.

4. Leur délivrance, leur exaltation, et leur bénédiction dans les jours du royaume, et leur suprématie sur les nations.

Ce sont là quelques-unes des grandes choses dont traitent les prophètes, et nous les trouvons dans ce petit livre d’Esther. De sorte que, puis-je dire encore, ce dernier document de l’histoire du peuple d’Israël sous les temps de l’Ancien Testament, garantit et typifie sa conservation à travers tout le cours de la suprématie des Gentils, et sa gloire dans les derniers jours, lorsque le jugement de leurs ennemis sera accompli.

Certains traits détachés du royaume millénial sont également représentés ici. La frayeur des Juifs tombe sur leurs ennemis, sur ceux qui étaient autour d’eux, et ils ne tentent pas de leur faire du mal. Telle avait été leur portion dans les jours glorieux de leur histoire, et telle elle sera encore selon les promesses de la prophétie. Suse, la capitale du monde gentil d’alors, se réjouit de l’exaltation du Juif ; et, comme toute l’Écriture nous le déclare, le monde entier se réjouira à l’ombre du trône d’Israël dans les jours prochains du royaume. Un grand nombre des gens du pays se firent Juifs ; et nous lisons fréquemment pareille chose dans les prophètes comme devant se réaliser à la fin ; dans ce passage, par exemple : « Et plusieurs peuples iront, et diront : Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies et nous marcherons dans ses sentiers ; car la loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel sortira de Jérusalem ». Le trône qui avait exalté le Juif et renversé son oppresseur, exerce la domination universelle, imposant un tribut sur le pays et sur les îles de la mer ; selon ce que nous savons, que, bientôt, le roi en Sion « dominera depuis une mer jusqu’à l’autre et depuis le fleuve jusqu’au bout de la terre ».

Et ici, qu’il me soit permis d’ajouter qu’Assuérus représente l’autorité, l’autorité royale sur la terre. Il occupait alors le trône qui avait l’autorité suprême parmi les nations. Il était « l’autorité », et il représente d’une manière mystique, ou en figure, l’autorité qui se trouvera dans un chef divin au jour du royaume. C’est ainsi, je l’accorde, que l’autorité remise aux mains de ce Perse est d’abord exercée en mal, servant, comme il le fit, les méchants desseins d’Haman, quoique maintenant il exalte le juste. Néanmoins, c’est l’autorité, l’autorité royale en la terre, qu’il représente. Précisément comme Salomon à Jérusalem. Personnellement, il fit le mal : il se peut qu’il se soit repenti ; mais ses voies personnelles n’en furent pas moins mauvaises aussi bien que bonnes. Cependant, en général et dans un sens typique, il représentait l’autorité, et était la figure de Christ sur le trône de Sa gloire, ce trône qui doit gouverner le monde en justice.

Tout cela est d’une beauté mystérieuse et plein de signification. Les jours d’Assuérus et de Mardochée étaient les jours de Salomon et de la prophétie, les jours du millénium qui approche, les jours du royaume de Dieu sur la terre et parmi les nations. C’étaient les jours de Joseph en Égypte. Mardochée en Perse était comme Joseph en Égypte — le premier livre historique de l’Ancien Testament et le dernier nous donnant ces aperçus divers, mais de même nature, du royaume qui s’établira au terme et après le jugement des royaumes des Gentils.

Les jours de Purim célèbrent tout cela. Ils constituent le triomphe après la victoire, la joie du royaume à la suite de l’établissement du royaume. Les Juifs prirent sur eux, conformément à la parole de Mardochée et d’Esther, de faire du quatorzième et du quinzième jours du douzième mois, le mois d’Adar, des jours de festin et de joie, parce que ces jours-là ils avaient eu du repos du côté de leurs ennemis, et que leur deuil s’était changé en allégresse, en lumière, et en gloire. C’était une espèce de Pâque, célébrant la délivrance du pays de Perse, comme cette fête célébrait celle du pays d’Égypte. Ou, si vous l’aimez mieux ainsi, Purim était un autre cantique sur le rivage de la mer Rouge, ou un autre cantique de Debora et de Barak sur la chute du Cananéen. Il redit encore le cantique qui doit être chanté sur la mer de verre en Apocalypse 15, ou, dirai-je, si vous le préférez, la joie d’Israël dans les jours prochains du royaume, quand il puisera des eaux des fontaines de cette délivrance (És. 12). Les psaumes 124 et 126, composés qu’ils sont pour les jours futurs de la gloire et de l’allégresse d’Israël, respirent véritablement l’esprit qui a dû animer Israël en ce jour de Mardochée et d’Esther. Il est beau de suivre toutes ces traces, de voir toutes ces répétitions, dirai-je, à mesure que nous poursuivons notre route, en attendant le chœur parfait des harmonies éternelles, jour, qui ne tardera pas à se lever, de la présence de la gloire. C’est dans cet esprit-là qu’en Actes 4, l’Église aux jours de son enfance murmure le psaume 2, quoiqu’il ait été composé pour le jour où le roi selon Dieu s’assied sur la montagne de Sion, après que l’ennemi a péri et que les rois de la terre ont appris à se prosterner devant Lui. Le Dieu bienheureux se réjouit dans Ses œuvres : « c’est pour ton plaisir qu’elles existent et qu’elles furent créées » (vers. angl.). C’est pourquoi, Il conserve les œuvres de Ses mains comme leur Créateur. Il prend plaisir dans les conseils de Sa grâce et de Sa sagesse ; c’est pourquoi Il a conservé jusqu’à présent la nation juive, et Il la conservera jusqu’à ce que le fruit de Ses conseils se manifeste dans Son royaume. Et ainsi, Son royaume s’élèvera sur les ruines et le jugement des nations ; et le monde de Christ, « le monde à venir », resplendira de lumière, de pureté, et de bénédiction, après la disparition de « ce présent monde mauvais ».

Ce royaume qui vient, ce monde millénial, est le sujet dont les prophètes parlent sous toutes les formes du langage ; mais il nous a été aussi présenté depuis le commencement sous toutes les formes dans ses détails, ses fragments, ses spécimens, dirai-je, dans des morceaux historiques détachés, comme nous l’avons vu se montrer à la fin du livre d’Esther. Les ordonnances, les prophéties, et les livres historiques ont, d’une manière différente, accompli ce service.

Avant que les saints antédiluviens aient disparu de la scène, l’esprit de prophétie parle par Lémec et fait entendre, quant à eux, une parole de promesse relativement à la terre : qu’au temps convenable, il y aurait en elle soulagement au lieu de malédiction (Gen. 5).

En Noé, comme dans le monde nouveau, nous voyons une illustration de cette prophétie de Lémec ; car après le jugement du déluge, la terre s’élève de nouveau comme dans une forme nouvelle, ou un état de résurrection ; et nous avons devant nous un gage ou une préfiguration de l’époque milléniale.

Le pays d’Égypte, sous le gouvernement de Joseph, est une « figure pareille ». Sous la loi nous trouvons des figures du même repos millénial dans le sabbat hebdomadaire, dans la fête annuelle des Tabernacles, dans le jubilé de chaque cinquantième année.

Un moment dans les jours de Josué, quand les tribus d’Israël furent entrées dans le pays, célébrèrent la Pâque comme un peuple circoncis, et ensuite mangèrent des pains sans levain faits du blé du pays, nous avons, sous une autre forme, un témoignage rendu au même heureux mystère (Jos. 5).

Plus tard, le règne glorieux de Salomon nous dit le même secret sous une forme plus étendue, et d’une manière plus complète et plus riche.

J’aurais pu faire remarquer encore que la rencontre de Jéthro avec Israël racheté, à la montagne de Dieu, durant les jours du désert, était (quoique sous une forme différente) la préfiguration des mêmes jours glorieux qui approchent (Ex. 18).

Et ainsi maintenant, dans les jours de la dispersion, comme je puis les appeler, se trouve la même préfiguration, dans les événements racontés à la fin de ce livre d’Esther.

Prophéties sur prophéties accompagnent ces ordonnances et ces histoires ; de sorte que c’est par la bouche non seulement de beaucoup de témoins, mais de témoins variés, que le royaume qui a encore à être établi, et la gloire qui a encore à être révélée, nous sont attestés. Ce sont là des répétitions du grand, du magnifique résultat des conseils de Dieu, de ce dessein qui sera manifesté dans « l’administration de la plénitude des temps ».

Le Nouveau Testament nous fournit des figures et des promesses semblables. La transfiguration nous parle de ce résultat. Le rétablissement ou la palingénésie nous en parle. L’action dans l’Apocalypse a pour premier but de l’amener ; et ensuite, à la fin, il brille à notre vue, lorsque la sainte cité descend du ciel ayant la gloire de Dieu, et que les nations marchent à sa lumière.

Ainsi la fin d’Esther se trouve en harmonie avec les choses du commencement à la fin, avec tout ce que contient le volume, avec tous les actes et toutes les paroles de Dieu dans le cours de l’histoire de ce monde. C’est vraiment admirable ! Quel témoignage touchant les écrits qui se trouvent dans la Bible ! Quelle preuve que c’est le même Esprit qui respire dans toutes ses parties ! Avec quelle force cela nous crie que « de tout temps Dieu connaît toutes ses œuvres » ! Dans ce plan merveilleux, nous avons notre place propre et notre propre moment.

Conclusion

Après avoir lu séparément les livres d’Esdras et de Néhémie[1] comme l’histoire des captifs retournés à Jérusalem, et le livre d’Esther comme l’histoire des captifs dispersés, nous voudrions maintenant les méditer ensemble quelques moments. Ainsi que nous le voyons, ils nous présentent deux catégories de captifs distinctes l’une de l’autre, deux portions du peuple juif. Ils jettent du jour sur des parties différentes du conseil et de la sagesse de Dieu touchant ce peuple, et nous donnent des leçons qu’il importe extrêmement à nos âmes de bien apprendre.

Dans chacune de ces scènes, au milieu de chacune de ces deux grandes sections du peuple de Dieu, nous avons, pour ainsi dire, une estrade distincte, dressée pour l’exposition de plusieurs portions ou de portions différentes des voies de Dieu avec lui.

Les captifs de retour de Babylone sont ramenés chez eux et laissés au pays afin qu’ils soient mis de nouveau à l’épreuve — car éprouver les siens, telle a été la voie de Dieu depuis le commencement, quoiqu’Il l’ait fait de différentes manières. Israël avait déjà été mis à l’épreuve par le don de l’autorité. Il avait reçu un pays gras et bon, et avait été conduit de force en force jusqu’à ce qu’il eût formé un royaume florissant, un royaume qui avait attiré les regards des rois de la terre, et faisait l’admiration du monde.

Mais il avait été infidèle dans cette administration. Il avait abusé du pouvoir qui lui avait été confié, et s’était rebellé contre les droits souverains de Celui qui l’avait ainsi établi et ordonné comme le peuple chef, le peuple suzerain, sur la terre. Et en conséquence, le pouvoir, la suprématie sur la terre, ou la principale autorité parmi les nations, lui fut enlevée et donnée aux Gentils.

Cependant, voilà maintenant les Israélites de nouveau chez eux. La captivité dans laquelle leur infidélité les avait conduits a pris fin, et une partie du peuple se trouve de nouveau dans le pays de leurs pères. Car il entre dans le plan de Dieu de les soumettre à une autre épreuve. Dieu va leur envoyer le Messie dont la mission et le ministère auront pour but de leur offrir, dans une salutaire miséricorde, la grâce qui apporte le salut, afin qu’il soit manifesté s’ils répondront aux appels de l’amour, puisqu’ils ont déjà prouvé qu’ils n’avaient pas de fidélité pour Celui qui leur avait confié la puissance.

C’est là ce que nous dit le fait du retour d’Israël (ou de Juda) de Babylone. Ce sont encore des Juifs dans leur propre pays. Aussi, dès qu’ils se voient de nouveau chez eux, se comportent-ils en Juifs. Ils observent les ordonnances — ils dressent l’autel national — ils reconstruisent le temple — ils se tiennent séparés des païens — ils lisent les Écritures — ils gardent les voies du Dieu d’Israël, autant que le permet leur assujettissement à la puissance qui est en la main du Gentil. Et le Dieu d’Israël les avoue. Il les bénit. Il les garde. Il peut bien exercer leur foi et leur patience, mais Il n’en est pas moins avec eux. Comme dans les temps anciens, Il leur donne des chefs, des libérateurs et des docteurs ; Il leur envoie Ses prophètes, et leur accorde des jours de réveil, des jours de la nouvelle lune au septième mois.

Nous connaissons tout cela, certes. Ce fut véritablement une espèce de Réformation dans leur histoire religieuse. Dans la suite, ils ne se rendirent plus coupables d’idolâtrie ; mais d’autres corruptions pénétrèrent et travaillèrent rapidement — comme nous l’apprennent non seulement les livres d’Esdras et de Néhémie eux-mêmes, mais plus particulièrement la prophétie de Malachie. Et le premier des écrits du Nouveau Testament vient confirmer cela, car l’évangile de Matthieu nous laisse voir pleinement et d’une façon bien claire que les Juifs revenus de la captivité étaient profondément incrédules, aussi infidèles aux doctrines et aux offres de la miséricorde, que leurs pères l’avaient été dans l’administration du pouvoir. « Il vint chez soi, et les siens ne l’ont point reçu »[2].

Il en est ainsi, en effet. Et de même qu’après qu’ils se furent montrés infidèles au sujet de la puissance, la puissance fut abandonnée aux Gentils, ainsi maintenant, depuis qu’ils sont infidèles à l’égard de la grâce, la grâce a visité le monde — car l’évangile est prêché partout et le salut de Dieu est présenté aux yeux de tous jusqu’aux extrémités de la terre.

Cette marche dans les voies de la sagesse divine, ou dans les dispensations de Dieu, est remarquablement belle et conséquente. Toute mise à l’épreuve aboutit pour l’homme à la chute, et il faut que Dieu agisse pour nous, et non pas avec nous. Cette épreuve nouvelle par le ministère du Messie ne fait que constater, comme par la bouche d’un autre témoin, que l’homme est incorrigible et incurable. Toute tentative ayant pour but de faire quelque chose de lui, ou de faire quelque chose avec lui, ne sert qu’à manifester une fois de plus la misère de sa condition, jusqu’à ce qu’il soit laissé nu à sa honte. Ce n’est point à titre de créature mise à l’épreuve qu’il peut entrer dans le royaume, même si c’est par la grâce qu’il a été éprouvé. Cette voie a toujours pour résultat son jugement, comme n’étant qu’« argent réprouvé ». « Le soufflet est brûlé, le plomb est consumé par le feu, le fondeur a fondu en vain ».

Oui, certainement, il faut qu’il soit sauvé par la grâce, et non pas simplement qu’il soit mis à l’épreuve par elle. Le premier avènement du Messie, ou l’offre du salut, n’introduisit pas Israël dans le royaume ; il le laissa peuple jugé, dispersé, pillé, non sauvé, et non béni, seulement condamné sur une démonstration de sa culpabilité plus complète que jamais.

Nous arrivons cependant à une scène différente. C’est une autre portion du peuple, les captifs dispersés, et non ceux qui étaient revenus, que nous allons considérer maintenant ; car en eux est dressée une autre estrade, comme je puis bien m’exprimer encore, pour l’exposition des voies de Dieu. Ils nous apparaîtront comme les gages et les témoins, non plus d’un peuple éprouvé, mais d’un peuple sauvé, sauvé par la grâce agissant dans sa souveraineté, et introduit dans le royaume.

Ceux-là n’avaient pas profité de l’occasion favorable qui leur avait été offerte de retourner chez eux. Leur position témoigne contre eux. Ils demeuraient parmi les incirconcis ; ils jouaient le rôle du corbeau dans l’arche de Noé ; ils semblaient se contenter du monde souillé. Ils sont, pouvons-nous dire, comme des Gentils ; et nous n’apercevons pas chez eux ni les fêtes, ni les ordonnances, ni même la Parole de Dieu. Mais j’accorde qu’ils sont encore Juifs. La grâce abonde à leur égard, et tels qu’un autre buisson tout en feu qui ne se consume pas, ils sont conservés en vie au milieu des Gentils. On ne voit pas Jéhovah les reconnaître, comme Il reconnaissait leurs frères retournés à Jérusalem : cependant Ses yeux sont sur eux, et ils sont gardés en vie ; et il en est ainsi jusqu’à ce que vienne le moment convenable pour qu’Il se lève pour agir avec eux d’une manière dont tous Ses prophètes ont parlé.

Tout cela se voit dans Esther, ce merveilleux petit livre qui clôt la partie historique de l’Ancien Testament. On y voit un résidu. Dieu s’occupe merveilleusement de lui tant par les actes de Sa main qu’au moyen de Son Esprit ; mais Il reste toujours caché. Nous avons remarqué ce fait, en méditant le livre d’Esther ; et nous citions en outre comme exemples des voies de Dieu avec Israël dans toutes les périodes de son histoire où il se trouvait dans un état irrégulier, anormal, le mariage de Joseph avec une Égyptienne, celui de Moïse avec une fille de Madian, d’autres cas analogues, et le mariage d’Esther avec Assuérus le Perse. Car ces faits étaient en harmonie avec les voies de Dieu Lui-même à l’égard des Israélites : quand ils Lui étaient infidèles, Il allait en visiter d’autres. La puissance d’abord, ainsi que nous l’avons vu, et maintenant la grâce et le salut, ont passé à d’autres, puisque Israël a été désobéissant et rebelle. Quelle harmonie en tout cela ! Quelle constance, quelle perfection, quelle unité dans les voies de la sainte sagesse de Dieu ! Les frères de Joseph lui furent infidèles et le chassèrent : il se maria et devint en Égypte un important personnage. Les frères de Moïse lui furent infidèles et le forcèrent de s’éloigner : il se maria et fut heureux en Madian. Le peuple de Jéhovah lui fut infidèle, et Il donna la puissance aux Gentils. Les siens furent infidèles au Messie, en ne le recevant pas et le rejetant : et c’est au monde entier que maintenant Il dispense la grâce et le salut.

Sûrement le Seigneur connaît la fin depuis le commencement ; sûrement Sa voie est devant Lui.

« Sa sagesse veille toujours. Sa vue n’est jamais trouble. — Il connaît la voie qu’Il prend — Et je veux marcher avec Lui.

Puisse-t-il nous être donné de dire cela et de le faire ! et de marcher aussi avec Lui dans le sentier de la sagesse et dans les voies de Ses dispensations, comme de gloire en gloire, de marcher dans la lumière comme Lui-même « est dans la lumière ».

Mais d’autres merveilles se présentent encore à nous sur cette double scène, c’est-à-dire, dans l’histoire des captifs de retour et dans l’histoire des captifs dispersés.

Ainsi que je l’ai déjà fait observer, Malachie commence à donner à entendre quelle sera la fin des captifs revenus à Jérusalem ou mis à l’épreuve. Tout faillira, comme tout a failli. Les écrits du Nouveau Testament affirment ce que Malachie a insinué ; les évangélistes justifient les pressentiments et les allusions des prophètes. Mais Esther nous fait connaître ce qu’il adviendra de la dispersion, ou de cette partie des captifs qui restèrent parmi les Gentils. Finalement Dieu agira à leur égard dans Sa grâce souveraine ; ils seront menés à travers « la grande tribulation » et, par ce chemin, conduits au royaume. Dans cette histoire, ou sur cette scène, nous voyons le peuple juif, conduit à la veille et au bord de son entière destruction, délivré par la main de Dieu opérant à cette fin des merveilles, et ensuite établi par le pouvoir qui régit la terre, dans les postes élevés de la gloire, de l’influence, et de l’autorité, tous ses ennemis étant jugés et détruits ou recherchant sa faveur et une part dans sa bénédiction[3].

Tels sont les secrets que nous enseignent ces livres ou ces deux scènes d’action différente. L’homme est mis à l’épreuve et faillit. Le pécheur est l’objet de l’activité de la grâce, et il est sauvé.

Et c’est depuis le commencement que Dieu s’occupe de nous apprendre ces secrets ; et nous sommes destinés, destinée heureuse et bénie ! à les célébrer éternellement. L’homme est dévoilé dans toute la misère de sa nature ; Dieu est manifesté dans toutes les richesses et toute la gloire de la sienne. L’homme est entièrement mis à nu à sa honte ; Dieu est souverainement exalté, et Sa gloire brille de l’éclat le plus radieux.

Il en fut ainsi dans l’histoire d’Adam, dès les tout premiers jours. Il fut mis à l’épreuve, et y faillit, et se ruina lui-même. — Dieu alors s’occupa de lui en grâce, et il fut sauvé au moyen de la mort et de la résurrection de Christ, par la foi en la semence de la femme, semence qui tour à tour est brisée et brise.

Il en fut ainsi encore en Israël. Israël fut placé sous la loi. Mais les ombres des biens à venir accompagnaient la loi. Sous sa propre alliance, sous la loi, Israël fut ruiné comme Adam. Mais Dieu ne laisse pas d’agir au milieu du peuple qui s’est détruit lui-même, qui s’est volontairement ruiné, et, par des ordonnances, des prophéties, et des gages de différentes sortes, Il lui a toujours parlé de grâce et de salut final.

Et aujourd’hui, pareillement, l’évangile fait ressortir complètement ce que nous sommes, mais nous sauve pleinement, actuellement, parfaitement, et à jamais. Et dans tous les âges de la gloire, il sera proclamé que nous sommes un peuple lavé, un peuple racheté, qui devons tout à la grâce et à la rédemption, tout en étant glorifiés pour toujours.

De sorte que ces deux scènes, la scène dressée au milieu des captifs de retour et la scène dressée au milieu des captifs dispersés, sont en parfaite harmonie avec toutes les voies divines depuis le commencement, et avec ce qui doit être célébré et dont le souvenir doit rester éternellement. Seulement, nous avons encore à nous émerveiller de ce nouveau témoignage de la voie de Dieu, Sa voie nécessaire, parfaite, dans un monde tel que celui-ci.

Comme tout cela complète la partie historique divine de l’Ancien Testament ! Cette partie se termine ici, et nous sommes bien heureux de la posséder telle qu’elle est.

La voie du Seigneur Lui-même dans ce livre-ci est particulièrement surprenante. En apparence, Il néglige Son peuple. Il garde le « silence » à son égard ; Il ne se montre pas ; il n’y avait point de miracles. Son nom, comme nous l’avons tous remarqué, n’est pas mentionné une seule fois dans tout le livre. Son peuple, au milieu même de tous ses exercices de cœur, sous l’action des circonstances les plus accablantes, ne parle jamais de Dieu. À coup sûr, cela est bien propre à étonner. Mais c’est aussi admirable qu’étonnant. C’est parfait à sa place et à son moment ; car pendant ce présent siècle gentil, Dieu se tient à l’écart d’Israël, comme Joseph en Égypte, ou Moïse au pays de Madian, étaient loin de leurs frères — ainsi que je l’ai déjà remarqué, et que de nombreuses déclarations des prophètes l’ont annoncé à l’avance (voyez Ps. 74 ; És. 8, 17 ; 45, 15 ; 18, 4 ; Os. 5, 15 ; etc.). Et le Seigneur Jésus parlant comme le Dieu d’Israël, à la fin de Son ministère, leur dit : « Voici, votre maison vous est laissée déserte ; car je vous dis que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Matt. 23, 39).

Mais Il s’occupe d’eux. Leurs noms sont écrits sur la paume de Ses mains. Il ne révoque pas le jugement ; mais au temps convenable, Il se réveillera pour leur délivrance. C’est Jésus endormi dans la barque, pendant qu’elle est ballottée par les vents et les flots ; mais à l’heure du besoin des siens, Il se réveilla, et se leva pour apaiser toute cette fureur qui s’était soulevée contre eux.



  1. Voir pour Esdras tome 2, page 343, et pour Néhémie, tome 3, page 51.
  2. Qu’on me permette d’exprimer la pensée, que je crois vraie mais que je ne voudrais pas enseigner avec autorité, qu’entre les témoignages de Sa bonté que Dieu laissa parmi les captifs revenus de Babylone, et qui étaient autant d’avant-coureurs ou autant de gages d’un Messie venant en grâce, il faut placer le réservoir de Béthesda. C’était, en vérité, un témoignage extraordinaire de Dieu comme étant « celui qui guérit ».
  3. La grande tribulation, le temps de la détresse de Jacob, dont parlent les prophètes, trouvera les Juifs chez eux dans leur propre pays, quoiqu’ils soient actuellement dispersés comme aux jours d’Esther, mais n’importe. En tant que nation, ils doivent entrer dans le royaume en passant par la tribulation.