Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes/Partie 1

De mipe
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Psaumes 1-11

Mon but, dans les pages qu’on va lire, n’est pas d’interpréter les Psaumes, ce qui a été essayé autre part, mais d’en tirer quelque instruction spirituelle et quelque édification pour l’âme. Les Psaumes jettent une lumière toute particulière sur le gouvernement de Dieu et sur la sympathie de l’Esprit de Christ pour Son peuple. Ces deux choses ont d’abord les Juifs pour objet et pour centre de leur action ; mais tout en admettant la grande différence qui existe entre la position des Juifs et la nôtre, entre la relation d’un peuple avec Jéhovah, et celle d’enfants avec leur Père, il n’en est pas moins vrai que les voies de Dieu en gouvernement s’appliquent aussi à nous chrétiens. Comme point de vue pour envisager le chrétien, le gouvernement de Dieu, quoique au second plan (l’autre point de vue, plus élevé, est céleste), n’en est pas moins important et d’un haut intérêt. C’est d’ici qu’on découvre tous les soins de la tendresse divine de Celui qui a même compté le nombre des cheveux de notre tête ; c’est ici que l’on apprend à connaître avec quelle sérieuse vigilance il faut marcher devant Dieu qui jamais ne s’écarte de Ses saintes voies, dont on ne se moque point impunément, dont les yeux sont continuellement sur les justes, quoique Sa grâce agisse en toutes choses pour rendre notre marche parfaite devant Lui. Le gouvernement de Dieu appliqué à la marche du chrétien est surtout exposé dans les épîtres de Pierre (voir 1 Pier. 1, 17 ; 3, 10-15, et le contenu de toute l’épître). Dans la seconde épître, le gouvernement de Dieu se poursuit jusqu’à la fin de toutes choses. La première épître présente surtout le gouvernement des justes ; la seconde, le jugement des méchants. Ce jugement est aussi mentionné dans la première comme mettant fin à la puissance du mal et introduisant la délivrance finale des justes. Pierre était l’apôtre de la circoncision, et c’est le gouvernement de Dieu qu’il a surtout en vue dans son enseignement.

1. Ce gouvernement sur la terre est clairement indiqué dans le psaume premier, ainsi que le caractère de ceux qui jouissent de la bénédiction de ce gouvernement.

Ce sont eux qui se tiennent séparés de la voie du méchant, qui se plaisent en la loi de Jéhovah et y méditent. La soumission à Christ, dans les conseils de Dieu dépositaire du gouvernement au terme de cette époque d’épreuve, tel est le sujet du psaume 2. Voici, en peu de mots, ce que nous trouvons dans le premier de ces deux psaumes qui sont la base de tous les autres : nulle participation au conseil des iniques, à la voie des pécheurs, ni au siège des moqueurs ; quoiqu’en connexion avec la responsabilité humaine dans la marche, on est préservé du mal. Les iniques forment des plans, suivent leur volonté, voient les choses à leur façon et agissent en conséquence ; ce n’est point là qu’est le juste. Le pécheur va son propre chemin où il trouve ses délices ; le juste ne marche point avec lui. Les moqueurs, à leur aise, injurient l’Éternel ; le juste ne siégera pas avec eux. Mais le jugement arrive, et les pécheurs ne pourront subsister dans l’assemblée des justes introduits alors dans le repos par la gloire de Dieu.

2. Le psaume 2 annonce le triomphe terrestre de Christ et Sa royauté en Sion, lorsque les Gentils Lui seront donnés en héritage. Ces événements ne sont pas encore accomplis. Le gouvernement de Dieu ne met pas les fidèles à l’abri de la souffrance, ainsi que cela aura lieu alors ; mais il fait tourner la souffrance en bénédiction spirituelle et retient encore Sa colère. Glorieuse récompense de nos légères afflictions ! Dans ces afflictions mêmes, nous reconnaissons notre Père. Nous nous adressons au Père, qui, sans égard aux personnes, juge selon l’œuvre de chacun, et nous passons le temps de notre séjour terrestre avec crainte, sachant que nous sommes rachetés. Dans ce psaume, les rois sont exhortés à se soumettre avant que le jugement n’arrive sur la terre. Mais ce jugement est à venir, et nous sommes encore à une école de patience, pendant laquelle les Psaumes nous donnent de précieux enseignements.

3. Examinons le contenu des premiers psaumes qui suivent. Les ennemis se multiplient ; mais le premier mot de la foi est : Seigneur ; l’âme trouve là sa sûreté, et de cette haute retraite, elle contemple ses ennemis. La foi se confie en Jéhovah. Si le mot Seigneur retentit dans mon cœur en présence de l’ennemi, tout va bien. Il s’occupe de ma cause et je suis en paix. Il est ma gloire, mon bouclier et ma retraite. Remarquons bien qu’il ne s’agit point ici d’un état d’indifférence quant à ce qui est bien ou mal, ni même d’une confiance indolente. Le désir et la dépendance sont actifs, c’est un lien entre l’âme et Jéhovah. J’ai crié et Il m’a exaucé ; point de doute à ce sujet ; c’est la confiance que si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, Il nous exauce ; nous recevons ce que nous avons demandé. Si nous sommes sincères, nous ne désirons rien qui soit contraire à Sa volonté ; mais, au milieu de l’épreuve et des difficultés, quelle chose immense que la certitude d’être exaucé, d’être secouru par le bras de Dieu, dans ce qui est selon Sa volonté ! Source de paix et de repos. Je me suis couché, je me suis endormi, je me suis réveillé, car le Seigneur me soutient. Que c’est grand et simple à la fois ! Cher lecteur, pouvez-vous dire cela ? L’épreuve trouve-t-elle votre cœur confiant en Dieu, comme en un père ; et quand elle redouble d’intensité, votre esprit est-il tranquille, votre sommeil est-il doux, votre coucher et votre réveil sont-ils paisibles, parce que vous savez que Dieu est, et qu’Il dispose de toutes choses ? Dieu se trouve-t-Il ainsi placé entre vous et le sujet de votre affliction ? Alors que peut-il vous arriver ? Qu’importe le nombre de vos ennemis, si Dieu est là ? L’Assyrien s’est enfui avant de pouvoir exécuter une seule de ses menaces ; ces menaces mêmes témoignent de sa mauvaise conscience et de sa peur. Insensés que nous sommes de mesurer toujours les difficultés et les épreuves d’après nos propres forces et non d’après celles de Dieu, Lui qui est toujours pour nous, si nous Lui appartenons ! Aux villes de Canaan, que leur servaient leurs murailles élevées, si ces murailles s’écroulaient au son d’une trompette ? Pierre eût-il marché plus facilement sur une mer calme que sur une mer en tourmente ? Notre sagesse est de savoir que nous sommes incapables de rien faire sans Jésus et, qu’avec Lui, nous pouvons tout ce qui est conforme à Sa volonté. Le secret pour demeurer en paix consiste à être occupé de Jésus pour l’amour de Lui ; et quand l’affliction surviendra, quoique nous n’y soyons pas insensibles, nous y trouverons Jésus et Sa tendre affection, et nous serons plus que vainqueurs.

Le psaume 4 nous présente un autre principe, non moins important : l’effet d’une bonne conscience lorsque nous crions à Dieu, en détresse ; non point d’une conscience justifiée du péché, mais d’une bonne conscience en pratique, qui se confie en Dieu. Si notre cœur ne nous condamne pas, dit l’apôtre, alors nous avons confiance en Dieu.

Écoute-moi lorsque je crie, ô Dieu de ma justice. Il n’est pas dit : Justifie-moi, mais : Écoute-moi. L’âme est angoissée, mais elle connaît la délivrance ; elle a déjà fait l’expérience de la bonté et de la fidélité de Dieu. Il est, Lui seul, la source de sa gloire et de son honneur. Combien c’était vrai de Christ ! L’homme s’en moque et a recherché la vanité. Mais il n’en reste pas moins vrai que Celui qui ne peut manquer à Sa parole a mis à part, dans Son conseil, les justes pour Son héritage. Ils sont tiens, a dit Christ. Nous sommes un peuple qui Lui appartient en propre. Cette vérité, nous n’en doutons pas ; mais en marchant dans la sainteté, elle nous est présente, elle est vivante pour nos âmes, nous voyons Dieu comme face à face et nous sommes certains qu’Il nous écoutera. Nous n’avons pas perdu le sentiment de ce qu’Il est pour nous dans telle ou telle circonstance ; notre âme n’est pas obscurcie. Or, rien ne se perd si facilement de vue que la dépendance de Dieu et la confiance pratique en Lui. Une bonne conscience avec le sentiment de la dépendance donne courage et fortifie, Certainement Dieu nous écoute lorsque, pleins de remords, nous crions à Lui ; c’est autre chose. Mais une bonne conscience donne assurance au jour de l’affliction, parce que notre esprit entrevoit Dieu ; nous L’apercevons au-delà de l’épreuve et nous fixons nos regards sur Lui. « Parlez en votre cœur et gardez le silence, sacrifiez des sacrifices de justice et confiez-vous en l’Éternel ».

Bien des gens disent : « Qui nous fera voir le bonheur ? ». Ils désespèrent d’en trouver. Mais dans toutes les circonstances de la vie, la lumière de Sa face est le seul vrai bonheur. La faveur de Dieu vaut mieux que la vie, en outre elle assure le bonheur. La puissance du mal n’a pas le dessus sur la puissance de Dieu. Lui-même en dispose, le détourne, le change en bénédiction, l’annule, comme bon Lui semble. La foi trouve cela dans la lumière de Sa face et l’âme surmonte l’épreuve pour se réjouir en Dieu. Il y a là plus de joie que dans les bénédictions temporelles incertaines et précaires ; puis la lumière de Sa face dans le malheur, c’est Lui-même, c’est pour mon âme l’assurance qu’Il est de mon côté. Aussi « moi je me couche et je m’endors », mon sommeil n’est point mêlé d’inquiétude, car quoiqu’il m’arrive, Dieu seul prend soin de moi.

Le psaume 5 fournit l’occasion de dire maintenant, pour n’y plus y venir, quelques mots sur l’appel au jugement de Dieu souvent mentionné dans ce livre. Toutes les fois qu’il se trouve en présence de son ennemi, l’opprimé se tourne vers Jéhovah et l’appelle à son secours. Il se fonde sur la justice de Dieu et sur le caractère de Son gouvernement qui ne sauraient tolérer le mal. Jéhovah exterminera l’homme fourbe et violent ; rien n’est plus juste. Le chrétien sent que Dieu ne doit pas laisser cours au triomphe du mal ; lorsqu’il réfléchit au gouvernement de Dieu, il se réjouit d’avance du jugement qui ôtera le mal ; non pas qu’il pense à la ruine du méchant, mais à la justice[1] et à son résultat. La vengeance appartient bien à Dieu, mais ce n’est point là qu’Il se plaît. La part du Juif étant sur la terre (« car les humbles hériteront la terre et se réjouiront dans une abondance de paix »), il désire, pour son propre repos, la destruction de l’homme fourbe et violent. Différente est la part du chrétien. Il laisse l’homme violent ici-bas et s’en va dans le ciel. Sa marche personnelle est en harmonie avec l’époque de grâce où il vit et qu’il quittera pour entrer dans la gloire. Même au temps du millénium pendant lequel Dieu exercera Son gouvernement pour retrancher le méchant, la grâce encore sera la place distinctive du chrétien. Le fleuve d’eau découle de la cité ; les feuilles de l’arbre de la vie duquel il savoure les fruits, sont pour la guérison des nations. Pour le moment, la place du chrétien n’est que grâce et patience. Il fait le bien, endure des outrages, souffre patiemment et sait que cela est agréable à Dieu. Il désirerait que le mal cédât devant la puissance du bien ; il sait que ce mal sera jugé, que le jugement dévorera les adversaires et, en les considérant comme tels, il peut se réjouir de voir leur puissance anéantie : juste jugement dont son âme reconnaît la nécessité ; mais, placé sur le terrain plus élevé de la grâce, le chrétien n’y cherche point sa délivrance.

Telle a été la position de Christ. C’est Lui qui exécutera le jugement auquel Son esprit fait appel dans ces psaumes. Mais au temps de Sa marche terrestre, pendant laquelle Il a été notre modèle, Christ n’a point appelé le jugement sur Ses ennemis ; « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font », telle fut Sa prière au milieu de leurs violences, et dans le jugement Il n’a point ouvert Sa bouche.

Le psaume 5 présente donc le jugement comme conséquence du gouvernement de Dieu quant à ce monde, gouvernement basé sur le caractère immuable de Jéhovah, et il attend ce jugement d’où découleront le bonheur et la joie du peuple de Dieu. Mais notre bonheur à nous est dans les cieux où il n’y a plus besoin de délivrance. Nous quittons cette terre.

Ainsi tout en désirant faire ressortir la vérité et la justesse de ce psaume, je ne le présente en aucune façon comme l’expérience d’un chrétien, sauf que notre cri de détresse s’adresse aussi uniquement à Dieu — nous pouvons ajouter : à notre Père.

Les psaumes 6 et 7 ont à peu près le même caractère que le précédent, ils appellent aussi le jugement. Mais le sixième se place sur un tout autre terrain que le cinquième et, à certains égards, il peut être présenté comme un exemple d’expérience chrétienne. Quand l’âme est en angoisse, le mouvement naturel de la foi est de recourir à Dieu comme à la source de sa consolation et de son espérance. La grâce immense que Dieu déploie en étant pour nous, le sentiment que rien n’égale Son amour, la confiance qui découle de la soumission : toutes ces choses attirent notre cœur vers Lui. Aussi n’est-il pas pour l’âme confiante, de temps plus doux que celui de l’épreuve. Cela suppose une volonté brisée, un cœur soumis et une pleine connaissance de l’amour de Dieu. Dans le cas contraire, l’épreuve, par le moyen de la grâce, opère la soumission, puis elle est retirée ; si elle continue, l’âme trouve son bonheur dans la sainte et parfaite volonté de Dieu et dans le fruit qu’elle y recueille. Mais il est un cas où l’épreuve, quoique tout aussi salutaire et pleine de grâce, trouve l’âme moins disposée à se confier en Dieu. C’est lorsque nous sommes éprouvés à cause de notre conduite. Il est difficile de voir l’amour de Dieu dans l’épreuve que nous subissons par suite d’un péché ; il est difficile de ne pas être désolés en sentant que cette épreuve, fruit du péché, est une juste punition et qu’ainsi nous n’avons pas le droit de croire qu’elle puisse s’allier avec l’amour de Dieu. À qui nous adresser, si ce n’est à Lui ? Mais comment chercher secours auprès de Celui que nous avons offensé ? Telle est l’angoissante difficulté d’une âme qui, se sentant elle-même la cause de son épreuve, sait qu’elle n’a pas le droit d’en réclamer la délivrance. En proie au désespoir, elle est près de succomber. C’est en une occasion semblable que le Seigneur intercéda pour Pierre, de peur que sa foi, sa confiance en Christ venant à être ébranlée, son amour et son espérance en la faveur divine faiblissant, il ne tombât, sous le poids du remords et du désespoir, entre les mains de Satan. Pierre, il est vrai, ne subissait alors aucun châtiment, mais le danger était le même. La foi empêche le désespoir, mais elle n’ôte point le sentiment du péché et de la justice du châtiment ; elle se confie en Dieu, en Son amour, en Sa bonté et, à travers la souffrance, elle voit la miséricorde. Le sentiment du péché devient plus profond, la peur des conséquences diminue, et le cœur, humilié, se confie en Dieu malgré tous les obstacles ; mais il sent que le châtiment est mérité, et même, jusqu’à un certain degré, en souffre peut-être encore. Voilà l’état dont le psaume 6 nous fournit un exemple. Nous y trouvons le cri de détresse au fort de l’épreuve, le recours à la grâce, la prière à Dieu de ne pas châtier dans Sa colère, et la confiance devant la pensée que la colère serait une juste conséquence du péché. Tout en reconnaissant la justice du châtiment, la foi s’appuie sur la grâce et dit : « Jusqu’à quand ? ». Il est impossible que Dieu abandonne à toujours ceux qui se confient en Lui ; la lumière se fera. Il y a une relation avec Dieu, et la foi compte sur cette relation. C’est donc avec certitude de délivrance que le cœur peut exposer sa détresse à un Dieu dont il connaît les compassions. Cette certitude est exprimée dans les trois derniers versets. On remarquera aussi, à propos de ce psaume que, dans le gouvernement de Dieu appliqué à cette terre, la mort est envisagée comme un retranchement ; c’était le cas pour les Juifs ainsi qu’on peut le voir dans l’histoire d’Ézéchias et même dans celle de Job. À certains égards, c’est aussi le cas pour le chrétien ; il y a des péchés à la mort, et la mort peut être employée comme moyen de discipline (voir 1 Cor. 11) ; elle peut aussi être différée (voir les épîtres de Jacques et de Jean). Quant à notre psaume, il n’entrevoit rien au-delà de la mort, si ce n’est les ténèbres ; le gouvernement de Dieu ne s’en occupe pas non plus. Lorsque le croyant est en paix, il considère la discipline, même justement sévère, comme un signe certain de la faveur divine. Son horreur du péché est alors plus réelle, parce qu’il redoute le péché même, non point ses conséquences. Peut-être les dards enflammés du méchant l’atteindront-ils, peut-être qu’enfin la terreur le menacera ; mais au travers de toutes ces choses, il voit la compassion et la fidélité de Dieu ; Christ intercédant pour lui, sa foi demeure ferme. C’est là cependant un terrible état ; mais le cœur s’attache à Dieu et peut dire : « Jusqu’à quand ? ».

Le psaume 7 contient un violent appel à la vengeance, sur la justice de l’opprimé et sur la certitude du jugement de Dieu. Ainsi l’assemblée des peuples reconnaîtra Jéhovah et L’entourera. Fort de sa justice, l’affligé appelle ici la colère de Dieu sur les iniques sans douter qu’elle les atteigne. Quelque juste et vrai que soit le contenu de ce psaume, il est impossible d’y voir l’expérience d’un chrétien, sauf en ce qui concerne le sentiment de justice devant Dieu et la confiance en Lui.

Le psaume 7 est donc l’expression de ceux qui, en butte à la haine des méchants, cherchent la délivrance, et non point de ceux qui souffrent avec Christ afin d’être glorifiés avec Lui.

Le psaume 8 célèbre le gouvernement millénial de Jéhovah et la gloire du Fils de l’homme, en rapport avec le peuple juif qui la proclame.

Je passe sur les psaumes 9 et 10, dont le premier célèbre le jugement des ennemis d’Israël, et le second raconte la méchanceté de leurs oppresseurs. Ces deux psaumes expriment l’assurance que Dieu voit l’oppression et n’oublie pas les humbles ; puis, lors de la délivrance, ils célèbrent la fidélité de Jéhovah. Le monde est jugé avec justice et Jéhovah se révèle par Son jugement. Il suffit d’attirer l’attention sérieuse du lecteur sur le jugement du monde, mentionné dans ces psaumes, et sur la scène principale de ce jugement dans le pays d’Israël. En toute occasion cependant, l’âme humble peut traverser l’oppression et l’épreuve dans la tranquille certitude que Dieu la voit et que sa cause est entre les mains de Dieu. Subît-elle même une épreuve par sa propre faute, humiliée elle peut encore compter sur Dieu.

Passons maintenant au psaume 11 et examinons quels sont les sentiments de ceux qui, souffrant sous l’oppression qui précède la délivrance, ont encore à posséder leurs âmes par leur patience. Une chose, en premier lieu, ressort distinctement de ce psaume (chose toujours vraie, quoique moins évidente qu’elle ne le sera alors), c’est l’impossibilité de compter sur l’homme et d’en espérer le moindre secours, l’instabilité de tout ce qui est terrestre, la ruine complète amenée par le mal. Quand les fondements sont renversés, que fera le juste ? Pour la foi, tout cela est vrai depuis que Christ a été rejeté ; mais jusqu’à présent et tant que dure Sa patience, la main de Dieu refrène le pouvoir du mal et il y a encore des âmes amenées à Christ. Les choses auxquelles ce psaume fait allusion, ne seront pleinement manifestées qu’au temps où le méchant dominera sur la terre avant que Dieu se lève pour le jugement et pour délivrer les humbles.

Des cas particuliers d’épreuve nous placent souvent, dans notre sphère restreinte, au milieu de circonstances analogues. Seulement n’oublions pas que nous avons affaire à un Père qui nous discipline pour notre bien, pour notre profit céleste et éternel, avec le même amour par lequel Il n’a point épargné Son propre Fils mais L’a livré pour nous.

La question posée dans ce psaume est celle-ci : « Quand les fondements sont renversés, que fera le juste ? ». À quoi aura-t-il recours comme assez divinement stable pour s’y appuyer ? Car le bien n’est nulle part et les méchants, n’étant arrêtés par aucun scrupule de conscience, usent de fraude pour détruire les justes. Il y a un moment où le Seigneur avertit de fuir, où il est tout à fait inutile soit d’agir, soit d’attendre avec patience. Mais tel n’est pas le cas ici, et cela n’arrivera que lorsque Dieu aura tout abandonné, pour un temps, entre les mains des méchants. La peur et l’incrédulité pousseraient à fuir, comme l’oiseau, en un lieu de la terre sûr et tranquille. La foi regarde plus haut : « C’est en Jéhovah que je me réfugie ». Se réfugier en Dieu qui est au-dessus de tout, qui connaît tout, auquel rien n’échappe, toujours fidèle, qui prend même soin de la vie d’un passereau, qui enfin dispose de tout quoi que l’homme propose, se réfugier en Dieu, notre Père, c’est la ressource et la paix du juste. Le propre de cette confiance illimitée est de rendre notre marche parfaite et de nous tranquilliser en tout temps ; car, dès que les circonstances extérieures ne dominent plus nos sentiments, l’âme se laisse conduire par la volonté de Dieu ; elle l’accomplit avec courage et avec tranquillité, sachant que le résultat est entre les mains du Seigneur. Toutefois, là ne se borne pas l’enseignement du psaume 11. Sur la terre, tout est bouleversement, confusion ; point de sécurité pour le juste. Mais Jéhovah est dans le palais de Sa sainteté, Son trône est dans les cieux ; Ses yeux considèrent, Ses paupières sondent les fils des hommes ; Il ne dort ni ne sommeille ; aussi les justes peuvent-ils Lui remettre leur cause sans souci. Nous trouvons ici une exposition des voies de Dieu au temps de l’affliction. Jéhovah sonde les justes. Lorsque les paupières de Celui qui voit toutes choses au point de vue de Sa sainteté, sondent les fils des hommes, Il a un but spécial quant aux justes. Il les éprouve et Il les crible. Cela est de toute importance. L’action de Dieu à l’égard des justes a pour but d’accomplir tout ce que Sa grâce s’est proposé en eux, de manifester Son caractère, de juger et de les faire juger tout ce qui ne s’accorde pas avec ce caractère divin, de leur faire comprendre ainsi ce qu’Il est Lui-même et de les y conformer moralement ; à la fois soumettant leur volonté et mettant en activité leurs affections par le sentiment de Sa fidélité et de Son amour. Briser la volonté est un moyen puissant d’ouvrir l’intelligence.

C’est de Son palais et de Son trône que Dieu gouverne ainsi. Dans le palais, tout le monde parle de Sa gloire. C’est là que l’homme s’approche de Lui ; là se révèle Son caractère, Sa nature, afin que, conformément à cette nature, l’homme entre en rapport et s’associe avec Lui. Du haut de Son trône, Il dispose toutes choses afin de nous accommoder à la gloire et à la sainteté du palais. La chair ne se plie pas volontiers à ces exigences ; mais cela prouve combien l’action de Dieu est nécessaire et profitable. Il sonde les fils des hommes, aucun de leurs faits et gestes ne Lui échappe, toutes choses sont découvertes aux yeux de Celui auquel nous avons affaire, et Il en juge. Mais surtout Il sonde les justes, et cela en contraste avec Sa haine des méchants sur lesquels Il déversera Sa colère. Lorsque Dieu sonde les justes, il s’agit avant tout de Sa nature et de Sa gloire qu’Il n’abandonne pas. Quoique Sa face considère les justes et quelque plaisir que Son amour prenne en eux, Il ne saurait se renier Lui-même ; c’est à Lui qu’Il veut les rendre conformes, et dans Son gouvernement se révèle Sa nature. Dieu s’est servi d’Israël pour démontrer à toute la terre qu’Il déteste le mal ; et plus ce peuple était près de Lui, moins Il pouvait tolérer en lui l’injustice : « Toi seul, je t’ai connu d’entre toutes les familles de la terre, c’est pourquoi je te punirai à cause de tes iniquités ». Aujourd’hui encore, malgré toute Sa grâce, on ne se moque pas de Dieu impunément. L’homme recueillera ce qu’il aura semé. Une foule de passages démontrent ce principe dans son application à Israël, et ce principe subsiste encore (Rom. 2, 6, etc.). Ce sont, nous l’avons dit, les épîtres de Pierre qui surtout révèlent ce gouvernement de Dieu, la première, quant aux justes, la seconde, quant aux méchants. En sondant et en éprouvant les justes, Dieu maintient Son caractère au milieu de ceux qui sont près de Lui. Mais Il les sonde aussi pour leur profit, et prouve ainsi, d’une manière précieuse, tout le soin qu’Il prend d’eux. « Dieu ne détourne pas ses yeux de dessus les justes », dit Élihu. Il est possible que nous soyons sous le poids de l’épreuve, si cela est nécessaire, et nous devons nous estimer bienheureux lorsque nous sommes en butte à diverses épreuves (épître de Jacques), sachant qu’elles produisent la patience. Or, en voici le résultat : « Que la patience ait une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits et accomplis dans toute la volonté de Dieu ». Nous devons nous glorifier dans les tribulations (Rom. 5) ; elles produisent la patience, et notre espérance n’en devient que plus brillante, l’amour de Dieu étant répandu dans nos cœurs — cette vraie clé de tout ce qui arrive.

L’amour de Dieu agissant comme discipline, nous fait conclure deux choses exprimées en Hébreux 12. La première, c’est qu’il ne faut pas mépriser la discipline nécessaire assurément, puisqu’elle provient de l’amour de Dieu ; la seconde, c’est que, pour la même raison, il ne faut pas perdre courage.

Le livre de Job nous apprend que Dieu a deux buts différents lorsqu’Il éprouve les saints. L’un est de leur faire connaître leurs transgressions, leurs fautes positives ; l’autre, de les détourner de leurs projets et d’empêcher leur orgueil (Job 33, 16, 17 ; 36, 7-9). Ce livre nous fournit une instruction toute divine des voies de Dieu quand Il sonde les justes. Il nous enseigne aussi cette autre vérité, importante pour les âmes exercées qui, trop souvent, s’arrêtent à des causes secondaires, savoir : que la discipline provient de Dieu, que Lui seul l’exerce. L’origine de tous les maux de Job n’était point l’accusation de Satan, mais bien ces paroles de Dieu : « As-tu fait attention à mon serviteur Job ? ». Dieu avait fait attention à lui et savait que l’épreuve était nécessaire. Il est vrai que l’instrument de cette épreuve était pervers, c’étaient aussi des désastres causés par Satan ; mais Dieu avait fait attention à Son serviteur, Il avait sondé le juste et mesuré d’avance l’étendue de l’affliction. Aussi, est-ce Lui qui arrêta Sa tempête au jour du vent d’orient ; et lorsqu’Il eut achevé Son œuvre (œuvre que Satan n’aurait jamais pu accomplir) et qu’Il eut amené Job à se connaître lui-même, alors Il le bénit abondamment.

Dieu nous humilie et nous éprouve afin que nous connaissions ce qu’il y a dans nos cœurs. Il nous fait vivre de foi avant de nous enrichir. Quand l’épreuve rencontre en nous la vérité et la puissance de la vie divine, elle nous développe et nous fait mûrir dans le sentiment de la grâce, elle détache notre esprit du monde pour le rapprocher de Dieu et le rendre intime avec Dieu. Quand l’épreuve rencontre la chair, celle-ci se révolte et décèle sa propre volonté ; mais cet état rendu sensible à la conscience, elle le juge devant Dieu et, en définitive, l’épreuve elle-même réussit à détruire la volonté. Assurément ce n’est pas l’épreuve en elle-même qui peut conférer la grâce ; mais dirigée par la main de Dieu, l’épreuve peut briser la volonté et mettre au jour un mal caché et inconnu, de manière que la vie nouvelle peut grandir et se fortifier.

Alors Dieu prend une plus large place dans le cœur, l’intelligence de Ses voies se développe, la dépendance et l’humilité augmentent, la vanité de ce monde devient plus évidente et sensible ; en apprenant à se connaître, on se méfie de la chair et de soi-même. Le chrétien se vide ainsi de lui-même, pour se remplir de Dieu ; les choses éternelles et véritables, les choses divines ont une plus grande part dans l’âme ; et tout ce qui est faux, mis au jour par la lumière, est aussitôt rejeté. Nos relations avec Dieu prennent plus de consistance et de sérieux, nous vivons plus constamment au milieu des scènes éternelles dans lesquelles Il a introduit nos âmes. Regardant alors en arrière, nous découvrons l’amour qui nous a conduits jusque-là et, pleins de reconnaissance, nous bénissons Dieu pour chaque épreuve. Il n’y a que l’épreuve pour nettoyer de tout alliage, pour nous affermir dans une espérance glorieuse et pure, et pour accroître notre intelligence de Dieu, étant, en proportion, dépouillés de nous-mêmes.



  1. Le mot justice correspond aux deux mots anglais justice et righteousness ; il s’agit ici du second qui signifie le contraire de l’iniquité ou du péché, comme dans Hébreux 5, 13 ; 1 Jean 3, 7.