Écho du Témoignage:Remarques sur l’Apocalypse/Partie 1

De mipe
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Chapitre 1

Versets 1-3. — Tout chrétien qui a l’intelligence spirituelle de la Parole de Dieu, doit avoir remarqué plus ou moins pleinement le caractère particulier du livre dans l’étude duquel nous entrons maintenant. « Révélation de Jésus Christ que Dieu lui a donnée ». Le Seigneur Jésus est évidemment envisagé ici, non pas dans la place d’intimité qui est à Lui comme Fils unique dans le sein du Père, mais dans une place qui se trouve comparativement à une certaine distance vis-à-vis de Dieu. C’est bien Sa révélation, mais néanmoins c’est une révélation que Dieu Lui a donnée. Cela ressemble un peu à la remarquable expression que nous lisons en Marc 13, 32, qui en a embarrassé un si grand nombre : « Mais, quant à ce jour ou à cette heure, personne ne le sait, pas même les anges qui sont au ciel, ni même le Fils, mais le Père ». Dans tout cet évangile Jésus est le serviteur Fils de Dieu ; et la perfection d’un serviteur consiste à ne pas savoir ce que son maître fait — à ne savoir, si nous pouvons parler de la sorte, que ce qui lui est dit. Ici Christ reçoit une révélation de la part de Dieu ; car, quelque exalté qu’Il soit, c’est la position qu’Il a prise comme homme qui ressort éminemment dans l’Apocalypse. Et ce qui rend cela d’autant plus remarquable, c’est que de tous les écrivains inspirés du Nouveau Testament, aucun n’insiste sur la gloire souveraine et divine de Jésus avec autant d’abondance que saint Jean dans son évangile. Dans l’Apocalypse, au contraire, c’est le même saint Jean qui décrit Sa gloire humaine dans les détails les plus grands et les plus complets. En restant fidèle à ce point de vue, l’Apocalypse est destinée « à montrer à ses esclaves, les choses qui doivent arriver bientôt ». Quelle différence entre ce langage et celui de Jean 15 ! « Je ne vous appelle plus esclaves » ; et celui aussi de Jean 16 parlant de l’Esprit : « Celui-là me glorifiera, car il prendra du mien et vous l’annoncera » ; « Tout ce qu’a le Père est mien ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien et qu’il vous l’annoncera ». Aussi voyons-nous tout le long de cet évangile, du commencement à la fin, que le but du Saint Esprit est de donner aux disciples le titre et la conscience de leur position comme fils, avec et par Jésus, le Fils de Dieu dans le sens le plus élevé. C’est ainsi que nous lisons au chapitre 1, 11, 12 : « Il vint chez soi, et les siens ne l’ont point reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu » ; et qu’après Sa mort et Sa résurrection, le Seigneur dit, chapitre 20, 17 : « Va vers mes frères, et leur dis : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Naturellement ils étaient serviteurs aussi, et il n’y avait pas l’ombre d’un désaccord en cela. Cependant la différence des relations est immense ; et c’est à la plus basse des deux que l’Apocalypse s’adresse. La raison en est, je présume, en partie parce que Dieu révèle dans ce livre une certaine suite d’événements terrestres avec lesquels leur position la plus basse est le plus en harmonie (leur position plus élevée de fils étant plus appropriée à la communion avec le Père et avec le Fils) ; et en partie parce que Dieu semble ici préparer la voie pour en agir avec Son peuple dans le dernier jour, quand leur position comme Ses esclaves sera plus ou moins manifestée, mais non pas la jouissance d’une position d’intimité comme fils : c’est à l’intervalle qui suivra le départ de l’Église de ce monde que je fais allusion.

Les paroles qui suivent confirment fortement ce que nous venons de dire ; car le Seigneur « les a envoyé signifier par Son ange, à Son esclave Jean ». C’est-à-dire, que la communication prophétique est faite, non pas directement, mais par le moyen d’un ange ; et il n’est pas non plus fait mention de Jean comme du « disciple que Jésus aimait — qui aussi, durant le souper, s’était penché sur le sein de Jésus », mais comme de « son esclave » « qui a rendu témoignage de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus Christ, de toutes les choses qu’il a vues ». Il est bon de faire remarquer que le mot et, qui dans les versions ordinaires précède ce dernier membre de phrase, doit disparaître entièrement, ce qui ne fait pas une petite différence dans le sens ; car cette partie de la phrase : « toutes les choses qu’il a vues » ne doit pas être considérée comme une troisième division du témoignage de Jean ajoutée aux deux autres, mais plutôt comme expliquant et limitant ce qu’il faut entendre par la parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ. Les visions de Jean constituaient la parole et le témoignage dont il est question ici. La vraie manière de rendre le passage est celle-ci : « Qui a rendu témoignage de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus Christ — de toutes les choses qu’il a vues ». Comparer chapitre 22, 8.

Combien encore la révélation de Dieu que nous trouvons ici et le témoignage que Jésus rend dans ce livre, sont différents de ce que nous trouvons dans l’évangile de Jean ! La Parole de Dieu là, est le Seigneur Jésus Lui-même qui, au commencement, était auprès de Dieu, et était Dieu : l’expression parfaite et personnelle de Dieu, et cela non pas simplement comme Créateur de toutes choses, mais en grâce parfaite. « En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». « Et la Parole fut faite chair et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, gloire comme d’un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité ». Dans l’Apocalypse, au contraire, même lorsqu’il est parlé de Lui comme la Parole de Dieu, c’est comme l’expression du jugement divin, parce que dans tout son ensemble, le livre est éminemment un livre de jugement. « Il était vêtu d’une robe teinte dans le sang ; et son nom s’appelle la Parole de Dieu » (Apoc. 19, 13). De même aussi, dans l’évangile, c’est au Père que Jésus rend témoignage, comme c’est partout la joie du Père de rendre témoignage du Fils. Et même, vers la fin de Son ministère, le Fils Lui-même résume la substance et le caractère du témoignage qui se trouve là dans ces quelques paroles : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14, 9). Tout cela place dans un plus grand contraste les traits distinctifs de l’Apocalypse ; car le nom même du Père ne se présente que rarement dans toute l’étendue du livre, et lorsqu’il s’y trouve, ce n’est pas dans le but de révéler Son amour, comme Père, à Sa famille. Dans les chapitres 1 ; 3 et 14 il est fait mention de Lui comme tel, mais en rapport avec Jésus seulement. Le grand sujet du livre, c’est la manifestation de Dieu dans Ses jugements ici-bas, en rapport avec la manifestation du Seigneur Jésus « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ».

« Bienheureux est celui qui lit, et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche ». Quelle grave erreur pour des chrétiens, en présence d’une déclaration pareille, de juger inutile ce livre ou quelqu’une de ses parties, et d’estimer qu’on peut le mettre de côté en toute sûreté, soit comme trop difficile à comprendre, ou, si on le comprend, comme n’ayant pas de portée pratique sur l’âme ! C’est une chose bien remarquable, certes, que le soin particulier avec lequel le Seigneur l’a recommandé, non seulement ici au commencement, mais à la fin où nous lisons : « Ces paroles sont certaines et véritables, et le Seigneur, le Dieu des saints prophètes, a envoyé son ange, pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt. Et voici, je viens bientôt : bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre ». Ne semble-t-il pas que la prescience du Seigneur a anticipé dans de tels avertissements la négligence avec laquelle ce livre serait traité par les serviteurs, et qu’Il voulait par là les prémunir solennellement contre elle, en recommandant le livre à leur attention et à leur étude d’une manière aussi énergique ? Pour le dire en passant, il est un peu remarquable qu’une recommandation analogue à celle que nous avons ici se trouve à la fin de 1 Thessaloniciens, qui était la première des épîtres de Paul, et celle qui, plus que toutes les autres, développe la grande vérité de la venue du Seigneur (1 Thess. 5, 27). En Apocalypse 1, 3, le Seigneur prend soin d’encourager toute classe possible de personnes qui pourraient venir en contact avec ce livre. Non seulement l’individu qui le lit est déclaré bienheureux, mais la même bénédiction est prononcée sur ceux qui entendent ses paroles et qui gardent (ou observent) ce qui y est écrit. Et je suis bien certain que le Seigneur ne manque pas d’encourager Ses saints qui comptent sur Sa fidélité et Sa bénédiction assurées. Il n’a jamais cessé de faire sortir du bien de son usage, et particulièrement dans les temps de danger, et nonobstant tout mépris et toute fausse interprétation.

Je suis convaincu que les objections que l’on fait à l’étude de la prophétie proviennent d’une racine, quelquefois profondément cachée, d’incrédulité, qui suppose que toute la bénédiction que l’on peut retirer d’un sujet, dépend de la mesure dans laquelle il se rapporte immédiatement à nous ou aux circonstances dans lesquelles nous sommes. Aussi, lorsque j’en entends s’écrier qu’elle n’est pas essentielle, je voudrais leur demander : essentielle à quoi ? S’ils veulent dire que la prophétie n’est point essentielle au salut, j’en conviens. Mais alors dans quelle position se trouvent ces contradicteurs ! Leur sollicitude à n’examiner que ce qu’ils estiment indispensable au salut, montre qu’ils n’ont pas conscience du salut eux-mêmes, et que ce besoin de leur âme est la seule chose à laquelle ils soient sensibles. Or, nous tenons tous que ce n’est pas la prophétie, mais l’évangile, qu’il faut présenter aux inconvertis. La venue de Christ en gloire, qui est le centre de la prophétie non accomplie, doit être pour leurs cœurs un sujet d’épouvante, au lieu d’être simplement une question intéressante, et à discuter. Mais pour le croyant, la venue du Seigneur est « cette bienheureuse espérance ». Nous attendons du ciel le Fils de Dieu, et nous L’attendons non pas seulement sans anxiété aucune, mais avec joie, parce que nous savons qu’Il est ce « Jésus qui nous délivre de la colère qui vient ». Tandis que, pour tout homme qui n’a pas la paix par la foi en Son sang, occuper son esprit, soit de l’espérance de l’Église, soit des événements dont la prophétie traite, ne constitue qu’une diversion dont l’ennemi peut faire un terrible usage, si ce n’est pas une preuve de la mort complète de sa conscience quant à sa propre condition devant Dieu — quoique je sois loin de prétendre que Dieu ne peut pas faire servir cette vérité à la réveiller. D’un autre côté, la connaissance de la prophétie nous est indispensable pour apprécier comme il faut la gloire de Christ et la gloire qui doit être révélée. Faire peu de cas de la prophétie, c’est donc mépriser à son insu cette gloire et la grâce qui nous l’a fait connaître : c’est la démonstration la plus manifeste de l’égoïsme de nos cœurs qui voudraient que toute parole de Dieu se rapportât à nous directement et non pas à Christ.

Dieu suppose que Ses enfants aiment à être entretenus de tout ce qui glorifiera le Seigneur Jésus Christ. Le résultat aussi est bien frappant et sérieux : quand c’est Christ qui est l’objet de nos cœurs, tout est paix ; mais si notre propre bonheur constitue notre première pensée, il y a toujours mécompte et incertitude.

Une autre forme sous laquelle se produit cet égoïsme, et contre laquelle il faut se tenir en garde, parmi ceux qui entendent les paroles de cette prophétie, c’est l’idée que ses visions se rapportent à l’Église — que les sceaux, les trompettes et les coupes, par exemple, sont d’une haute importance et d’un grand intérêt, parce qu’ils nous concernent nous-mêmes (c’est-à-dire l’Église), soit dans le passé, soit dans l’avenir. Mais c’est là une erreur fondamentale ainsi que nous pouvons le voir d’après les paroles du verset que nous avons sous les yeux. Car le motif allégué en faveur de l’importance qu’il y a à faire attention à ce livre n’est pas que le temps est venu, ou que nous nous trouvons dans les circonstances décrites, mais bien qu’elles sont proches : « car le temps est proche ». S’il pouvait être profitable aux saints de Dieu, dans les jours de l’apôtre, quoique les jugements ne les concernassent pas personnellement, il peut pour le moins nous être aussi utile à nous-mêmes. Que le Seigneur nous donne d’apprécier de plus en plus la position dans laquelle Il nous a placés, d’être tranquillement instruits de ces choses à l’avance.

Versets 4-6. — « Jean, aux sept assemblées qui sont en Asie »[1]. Déjà les trois versets que nous avons considérés nous révèlent, dans une certaine mesure, les traits particuliers de ce livre qui sont évidements distincts de ceux que présentent les autres parties du Nouveau Testament. Dieu revient sensiblement aux principes d’après lesquels Il avait agi dans les temps de l’Ancien Testament. Chacun peut s’apercevoir que le sujet ici n’est point l’édification positive de l’Église, non plus que la manifestation des voies spéciales de Dieu en grâce, mais bien le jugement du mal, soit dans les églises, soit dans le monde. Aussi, en parfait accord avec cela, voyons-nous Dieu se présenter à Son peuple sous un aspect et sous un titre différents. « Grâce et paix vous soient de la part de celui qui est, qui était, et qui vient ». C’est exactement ce qui, dans le Nouveau Testament, correspond à Jéhovah dans l’Ancien. C’était Dieu se révélant comme Celui qui ne changeait pas ; le même hier, aujourd’hui et éternellement, et qui agissait au milieu d’Israël selon Ses voies immuables. Mais maintenant Dieu parle dans le langage des Gentils et traduit, pour ainsi dire, ce nom de Jéhovah qui ne leur avait été jamais communiqué ainsi auparavant, en ces expressions : « Celui qui est, qui était, et qui vient ». Il va en revenir à Son ancien peuple d’Israël ; mais avant qu’Il le fasse, il faut nécessairement qu’Il s’exécute sur cette masse professante qui s’appelle elle-même l’Église, un jugement qui la balaie. Et lorsque Dieu aura mis de côté les églises, Il introduira de nouveau Israël — non plus sur le principe de la loi, mais sur celui de la grâce. La loi prononçait la sentence de mort sur l’homme pécheur, mais la grâce de Dieu l’a exécutée sur la personne du Fils de Dieu. Nous le lisons dans Hébreux 2, 9, « de sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour chacun ». De même que dans la mort du Seigneur Jésus Christ, Dieu a exprimé Sa haine pour le péché avec plus de force qu’en toute autre chose, ainsi en proportion, et comme réponse à cette mort, la grâce coule maintenant avec le plus d’abondance. En ce jour-là Israël connaîtra aussi cela pour lui-même.

La manière dont le Saint Esprit est introduit ici forme un trait caractéristique du livre, aussi frappant que celle dont il a été parlé du Seigneur Jésus Lui-même. « Grâce et paix vous soient… et de la part des sept Esprits qui sont devant son trône ». C’est le même Saint Esprit dont il est parlé dans d’autres portions de la Parole de Dieu comme d’« un seul Esprit », qui est mentionné ici comme « les sept Esprits qui sont devant son trône ». Il en est parlé comme d’« un seul Esprit », là où il est question du corps qui est un, de l’Église, comme en Éphésiens 4, 4. Mais ici c’est par l’expression de « les sept Esprits » qu’Il est désigné, parce que lorsque Dieu aura terminé sa grande œuvre dans l’Église, Il retranchera infailliblement le Gentil infidèle, et ne rassemblera plus Juifs et Gentils en un corps sur la terre. Au contraire, Israël doit être élevé au-dessus des Gentils. Ce sera un état de choses tout à fait différent, et en conséquence le Saint Esprit est envisagé dans la variété de Ses opérations (comme Il est en connexion avec le Messie en Ésaïe 11) et non dans Son unité céleste. Il est ajouté « qui sont devant son trône » parce que le gouvernement de Dieu fait le grand sujet de ce livre.

En général, lorsque nous trouvons le souhait « grâce et paix vous soient » c’est « de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ ». Mais dans ce passage l’ordre est différent : d’abord c’est « de la part de Celui qui est, qui était et qui vient » ; c’est-à-dire Jéhovah ; ensuite « de la part des sept Esprits », etc. ; et enfin, « de la part de Jésus Christ », etc. La raison pour laquelle l’ordre habituel est abandonné ici, c’est, je pense, parce qu’il y est question de Jésus, non pas tant comme notre Seigneur, ni dans Sa gloire divine comme Fils de Dieu, mais spécialement en rapport avec la terre et avec Ses droits légitimes sur le monde. Il est « le témoin fidèle », tous les autres témoins ont été infidèles ; Lui seul a été le fidèle témoin pour Dieu sur cette terre. Mais en outre, Il était « le premier-né d’entre les morts » — la première personne qui fût entrée dans la vie de résurrection, de cette merveilleuse manière que la corruption ne peut jamais toucher. « Étant ressuscité d’entre les morts, Il ne meurt plus ; la mort n’a plus d’empire sur lui ». De plus, « Il est le Prince des rois de la terre ». Toutes ces choses néanmoins sont rattachées avec ce qu’Il était, est, et sera en tant qu’homme. C’est Jésus envisagé dans Ses rapports avec la terre.

Mais remarquez combien ce qui suit est beau. Aussitôt que Jésus est présenté à l’Église, et est annoncé comme « le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le Prince des rois de la terre », elle ne peut se contenir plus longtemps. Les saints interrompent, si nous pouvons nous exprimer de la sorte, le message de Jean, et éclatent en un cantique de louange — « À lui qui nous aime et nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père ; à Lui gloire et force aux siècles des siècles ! Amen ! ». C’est ainsi en effet que le texte correct donne ce passage : « À Lui qui nous aime », et non pas « qui nous a aimés ». C’est parfaitement vrai que Christ a aimé l’Église, et s’est donné Lui-même pour elle, comme Éphésiens 5 le fait voir ; et aussi qu’Il m’a aimé et s’est donné pour moi, comme nous le lisons en Galates 2. Mais le chapitre premier de l’Apocalypse me montre l’amour actuel de Jésus. Ce n’est pas qu’Il soit toujours à nous laver de nos péchés : Il nous a lavés par Son sang une fois pour toutes, et ainsi n’a pas à nous laver de nouveau. Naturellement il y a pourtant aussi la purification pratique journalière, le lavage d’eau par la Parole, mais ce n’est pas de cela qu’il est question ici. C’est une œuvre accomplie et qui dure jusqu’au bout à Sa gloire. Mais qu’il est précieux de savoir que, pendant que c’est ici le livre même qui nous révèle les voies et les moyens par lesquels Dieu allait mettre de côté Son peuple infidèle, et juger le mal du monde, de savoir, dis-je, qu’au milieu de tout cela nous pouvons regarder en haut dans une pleine confiance en Son amour actuel, qui toujours demeure, et nous écrier : « À Lui qui nous aime et nous a lavés de nos péchés dans son sang… À Lui gloire et force aux siècles des siècles ! Amen ! ».

Verset 7. — Après la salutation, « grâce et paix vous soient », etc. vient une interruption. C’est la voix des saints célestes qui éclatent en un chant de louange. Nous trouvons ensuite verset 7 ces solennelles, mais précieuses paroles : « Voici, Il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui ». Ceci ne fait pas partie du cantique, mais est un témoignage qui en est tout à fait distinct. Nous avons toujours ces deux choses : ce qui constitue la communion d’un saint de Dieu, et ensuite aussi ce qui est ou devrait être son témoignage.

La communion les uns avec les autres est une chose heureuse ; mais c’est la présentation de Christ et la connaissance de notre portion en Lui qui produisent le culte. Outre cela, le croyant est instruit par Dieu de ce qui vient sur le monde : et ceci est une partie de notre témoignage, mais ce n’est pas la chose dont le cœur devrait être le plus rempli. Vous ne trouverez jamais beaucoup de communion chez une personne occupée seulement de la prophétie. Ce serait très mauvais de mépriser la prophétie, et celui qui le fait tombera sûrement dans un piège ou dans un autre. Mais si quelqu’un est constamment occupé des détails de la prophétie, il n’y aura jamais chez lui de la puissance pour le culte, et il ne sera pas nécessairement délivré par là des voies du monde. On peut être capable de parler fort bien touchant les Juifs, le jugement de la bête, etc., et marcher néanmoins avec le monde. Mais si notre cœur est occupé de Jésus, et que ces choses-là viennent comme sur un arrière-plan, nous trouverons alors que le Saint Esprit nous montrera « les choses qui vont arriver ». C’est ainsi qu’il est dit en 2 Pierre 1, 19 au sujet de la parole de la prophétie : « À laquelle vous faites bien d’être attentifs ». Il importe extrêmement que je voie ce qui va arriver, et que je ne me laisse pas aller à une marche aisée ici-bas. Ce ne doit jamais être une consolation pour ceux qui suivent le courant du monde, de savoir que le Seigneur vient le juger. Mais il y a quelque autre chose qui devrait faire les délices de l’âme : l’aurore commençant à luire, et le lever de l’étoile du matin dans nos cœurs. Pierre ne parle point ici du jour qui vient sur le monde, mais veut prouver que la parole de la prophétie est une lampe admirable jusqu’à ce que vous ayez trouvé la lumière céleste, et l’étoile du matin levée dans vos cœurs — c’est-à-dire, l’espérance de la venue du Seigneur Jésus Christ comme la portion propre de l’Église, et qui n’est jamais présentée dans l’Écriture comme un événement prophétique. Christ attendu et connu comme quelqu’un qui peut venir à tout moment pour nous prendre à Lui, telle est notre bienheureuse espérance. C’est l’apôtre Paul qui expose particulièrement l’espérance de l’Église. Jean aussi regarde à Christ comme à l’Époux — à ce qu’Il est pour le cœur. Lorsque le Seigneur Jésus Christ vient pour nous prendre à Lui, Il n’est pas dit venir « avec les nuées ». La nuée était le symbole de la présence de Dieu en jugement. « Voici il vient avec les nuées ». C’est une révélation connue des saints célestes, et qui fait partie de leur témoignage, mais ce n’est point leur joie propre, la part de leur communion. « Oui, Amen ».

L’épître aux Colossiens expose très pleinement l’association des saints avec Christ (chap. 2 ; 3). Il est ma vie, et je suis un avec Lui. Ainsi, du moment que je trouve que Christ, mon Sauveur, est mort au monde, je deviens aussi mort au monde. Je ne trouve pas seulement que mon trésor là est jugé, mais je vois juger la religion même du monde, parce que Christ a été repoussé par la religion du monde. Quand Il viendra sur les nuées, tout œil Le verra. Mais tel ne sera point le cas lorsqu’Il viendra chercher Son Église. Maintenant Dieu rassemble les amis de Christ autour de Son nom. L’Église est un corps qui est appelé pendant que Christ ne se voit point, et le chrétien, ayant sa portion en Lui maintenant, est caché avec Lui. « Votre vie est cachée avec Christ en Dieu ».

Dans ce verset, il ne s’agit donc pas du Seigneur venant rencontrer les siens et les réunir à Lui-même dans l’air ; mais, « tout œil le verra… et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui ». Quand le Seigneur viendra prendre Son Église, ce sera bien différent. Dieu nous a unis au Seigneur Jésus Christ dans le ciel selon toute l’efficace de Sa mort et de Sa résurrection. Pour autant qu’il s’agit de l’esprit, cela est vrai dès à présent, et ce sera vrai du corps lui-même lorsque Christ viendra. La résurrection de Christ m’appelle à vivre complètement pour Dieu, comme la mort de Christ me fait être aussi mort en principe au monde que si j’étais déjà réellement enseveli. Hélas ! nous avons à reconnaître combien tristement nous manquons. Néanmoins, dit l’apôtre, « votre vie est cachée », etc. C’est la vie de Christ que vous avez reçue en vous. Aussi longtemps que Christ est caché, vous êtes cachés aussi. Mais le temps vient où ce ne sera plus le cas. « Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire ». Lorsque Christ viendra prendre Son Église, aucun œil ne Le verra si ce n’est ceux pour lesquels Il viendra. Le monde ne verra Christ que lorsqu’Il viendra en gloire, amenant Ses saints avec Lui — révélé du ciel avec les anges de Sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu (les Gentils) et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile du Seigneur Jésus Christ (les Juifs). Si le monde devait voir Christ venant seul en gloire avant que l’Église soit prise à Lui, il ne serait pas vrai que « quand Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi serez manifestés avec lui en gloire ». Lorsque Christ est caché, vous êtes cachés ; lorsque Christ apparaîtra, vous apparaîtrez aussi. Il n’est pas possible que le monde voie Christ venant prendre les saints, parce qu’autrement il Le verrait sans eux et avant eux ; tandis que le tout premier moment de Son apparition doit être celui de notre apparition avec Lui. Et cela ne repose pas seulement sur un mot, c’est la doctrine de tout le passage, et elle est confirmée par d’autres preuves dans tout le Nouveau Testament.

Dans la mort de Christ, nous sommes morts au monde ; en Sa résurrection, nous sommes ressuscités, et en conséquence nous devons avoir nos cœurs fixés aux choses célestes avant que nous les voyions. Et il y a plus que cela. Christ ne doit pas être toujours caché : Il va être manifesté, et, quand Il le sera, nous serons aussi manifestés en même temps que Lui. Il est évident qu’il faut que Christ et l’Église aient été ensemble avant d’être manifestés au monde, s’ils doivent apparaître ensemble. Cela est incontestablement enseigné en Apocalypse 19, où il nous est dit (v. 11) : « Je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; et celui qui était monté dessus appelé fidèle et véritable », etc. « Et les armées qui sont au ciel, le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur ». Le cheval est l’emblème du pouvoir ; le cheval blanc, d’un pouvoir prospère, victorieux. C’est le Seigneur Jésus Christ venant en jugement, ce qui sera le temps où Il viendra dans les nuées du ciel. Ces armées qu’on voit Le suivant du ciel, vêtues de fin lin, ne sont pas les anges. Le texte déclare que le fin lin (bussinon) est la justice des saints. Et ce qu’il y a de remarquable, c’est que partout où les anges sont décrits au chapitre 15, « comme vêtus d’un lin pur et éclatant », un terme différent (linon) est employé. Ce sont les saints célestes qui sont mentionnés dans le chapitre 19 comme les armées du ciel, etc. Ils étaient donc dans le ciel avant que la voie fut ouverte à Christ pour sortir en jugement ; et ils Le suivent du ciel quand Il vient. Je ne doute pas que les anges ne soient aussi dans Son cortège, ainsi que cela ressort d’autres passages ; mais il ne semble pas qu’il soit question d’eux ici.

Il y a dans la seconde venue du Seigneur deux périodes très importantes et très différentes : la venue de Christ pour recueillir à Lui Son peuple, et c’est là ce que l’Église doit attendre constamment ; et Sa venue pour juger le monde après qu’Il aura pris déjà les saints célestes, et que la méchanceté sera ensuite venue à son comble. Alors les cieux s’ouvriront tout à coup, et le Seigneur Jésus Christ viendra, et l’Église avec Lui, apparaissant ensemble dans les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. Demande-t-on : Quand tout cela se fera-t-il ? Il ne fut point dit à Israël quand il devait être délivré de la servitude d’Égypte. Le Seigneur allait les délivrer, mais Il ne le leur expliqua pas avant que cela eût lieu. De même, le Seigneur va mener l’Église au ciel par Son avènement. De plus, Il viendra et jugera la méchanceté du monde, et alors l’Église viendra avec Lui.

Verset 8. — Ici, il me semble que nous avons Dieu comme tel, plutôt que le Seigneur Jésus[2], exprimant les titres divers de Sa gloire comme une espèce de sceau de ce qui précède et une base pour ce qui suit et à quoi ils sont une introduction. « Moi je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui était et qui vient, le Tout-puissant ». Le premier nom est évidemment très convenable au livre qui clôt si admirablement les communications écrites de Dieu. Ce devait être profondément nécessaire aux saints de se souvenir de ce caractère-là de Dieu et de tous les autres exprimés ici, soit pour nous avant l’arrivée de l’épreuve, soit pour ceux qui seront appelés à la traverser.

Verset 9. — « Moi, Jean, qui suis aussi votre frère et qui participe avec vous à l’affliction, au règne et à la patience de Jésus Christ ». Ils sont tous liés ensemble. C’est avec intention que Jean parle de lui-même non comme membre du corps de Christ, mais comme leur frère et comme leur coparticipant dans l’affliction, peut-être à cause que après le départ de l’Église, il y aura des saints sur la terre et qui seront nos frères : il prend place avec eux. Quels que soient nos privilèges particuliers, le Saint Esprit aime de nous voir entrer autant que possible dans la position des saints de Dieu, dans tous les temps. Le livre de l’Apocalypse fut écrit pour l’Église juste au moment où elle tombait dans un état de ruine. Le chapitre 6 présente quelques-uns de ces coparticipants de l’affliction. Mais ce qu’ils disent prouvent qu’ils ne font point partie de l’Église. « Jusques à quand, ô Maître souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas, et ne venges-tu pas notre sang ? », etc. Nous trouvons dans le cas d’Étienne l’appel à Dieu qui appartient proprement au chrétien : « Seigneur ne leur impute point ce péché ». Le chrétien est toujours appelé à souffrir dans le monde. Ces saints de l’époque apocalyptique comprendront que le Seigneur est sur le point de juger, et ils Lui demanderont de le faire. Ce serait mal de le demander maintenant, car c’est encore le temps de la grâce. La foi règle toujours son langage sur ce que Dieu fait, et Il agit maintenant en grâce et non en jugement. Nous sommes appelés à sortir de la voie du monde, et nos cœurs devraient être rattachés à tout ce qui est glorieux et céleste ; car c’est l’objet actuel de Christ. Les robes blanches données dans le chapitre 6, à ces âmes qui avaient souffert, sont une marque évidente de l’approbation de Dieu. Elles devaient se reposer jusqu’à ce que leurs frères, qui devaient être mis à mort comme elles l’avaient été elles-mêmes, fussent accomplis. Le jugement doit prendre son cours alors.

« L’affliction, le règne et la patience ». Le royaume de Christ sera établi en puissance quand l’affliction et la patience auront complètement cessé. Mais à présent les circonstances de ce royaume sont la tribulation. Le royaume des cieux tel qu’il est présenté en Daniel, etc., n’était pas un mystère : il signifie le royaume des cieux sur la terre. Au lieu de trouver quand Il vint Sa place légitime comme Messie, Christ fut rejeté et monta dans le ciel ; et c’est là que viennent les mystères du royaume des cieux. Il en résulte qu’il doit y avoir souffrance, affliction et patience même dans le royaume de Christ. Lorsque Christ viendra en gloire, tout cela prendra fin. Ce sera alors le royaume et la puissance (voir Apoc. 12). Maintenant c’est le « royaume et la patience en Christ ». Cette expression « patience » est remarquable. Nous avons communion avec Jésus dans cette attente patiente : nous attendons ce qu’Il attend. Un homme qui est né de nouveau maintenant ne se trouve point dans le royaume et la puissance, mais dans le royaume et la patience en Christ Jésus. De là vient que la conséquence naturelle d’un tel état de choses c’est la souffrance ici-bas. Aussi voyons-nous ici Jean jeté dans l’île de Patmos pour la Parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus Christ.

C’est ainsi que Jean ne s’adresse point aux églises proprement dans son caractère d’apôtre, mais comme leur frère et leur compagnon, dans l’affliction, et le règne et la patience en Christ Jésus. Une chose remarquable que le christianisme a amenée, c’est que Dieu nous a ouvert un autre royaume d’un ordre différent du royaume terrestre, ou juif, un royaume dans lequel il y a de l’affliction, eu égard aux circonstances naturelles, et une espérance patiente comme la grande grâce qui correspond à cet état de choses et qui le distingue. Mais l’Église s’est dérobée à sa position de souffrance et de patience ; elle a recherché et pris dans le monde une position de puissance ; — position qui avait appartenu de droit uniquement aux Juifs, et qui, à cause des péchés d’Israël avait été dévolue aux empires gentils par la souveraineté divine. En présence de la chute et du mal, il ne convient à personne de parler haut ; et là où il y a réellement séparation d’avec le mal, il ne se trouvera rien de semblable. Partout où il s’agit de cesser de mal faire, il est de toute nécessité qu’on regarde au Seigneur, de peur qu’on ne dise : « c’est là ce que j’ai fait et ce que d’autres n’ont pas fait ». Dites plutôt que tout est de la grâce du Seigneur. Mais les chrétiens qui ont le désir de se tenir séparés du mal qui existe autour d’eux, sont en grand danger de se prévaloir un peu de ce qu’ils font quelque chose que d’autres ne font point. En présence du mal que nous avons quitté, et de celui que nous avons à juger en nous-mêmes, ce n’est pas le temps d’avoir de nous des pensées élevées. Lorsque Dieu déploiera la puissance envers la terre, les siens auront communion avec Lui dans ce qu’Il fera, comme ce fut le cas au pays d’Égypte, dans le désert, et en Canaan. Mais dans le christianisme, il ne s’agit pas de puissance sur la terre, mais de Jésus crucifié en faiblesse, et de puissance exercée pour Le ressusciter d’entre les morts. Il y aura de nouveau un terrible déploiement de la puissance de Dieu quand Il jugera non seulement les vivants mais aussi les morts. Mais pour nous, le feu de la colère de Dieu est tombé sur Christ, Son jugement a été sur la tête de Son Fils bien-aimé.

Et maintenant, c’est la gloire céleste que Dieu est occupé à imprimer sur le cœur des siens. Il forme leur caractère par ces deux grandes choses que nous trouvons en Christ : l’une est la croix, et l’autre la gloire dans laquelle Il a été pris désormais. C’est avec ce qu’Il a fait en Christ qu’Il veut que nous ayons communion. Christ devrait être aussi complètement empreint sur nos cœurs et dans nos voies que la loi l’était sur les tables de pierre. La vie d’une créature peut se perdre, mais ce que le chrétien possède est la vie de Christ — et la vie de Christ peut-elle jamais périr ? Christ a passé par la mort, afin de donner une vie d’un caractère tel que la mort ne pût la toucher. Lorsque l’Éternel Dieu fit l’homme, Il le fit de la poussière de la terre, mais Il souffla dans ses narines le souffle de la vie ; et c’est pour cela que l’âme est immortelle. L’homme a reçu cette vie directement du souffle de l’Éternel Dieu. Le péché cependant peut l’atteindre, et aussi la mort seconde — la misère éternelle dans le lac de feu pour l’âme et pour le corps. Mais la vie que Christ souffla après qu’Il fut ressuscité des morts (Jean 20, 22) était une vie que la mort ne pouvait jamais vaincre, ni plus jamais assaillir, sur laquelle rien n’avait droit ; et cette vie est celle de tout croyant. Et pourtant, il y en a qui s’imaginent que la vie d’un croyant peut se perdre ! Tout ce que je puis dire, c’est que Dieu n’en agit pas, avec ceux qui pensent ainsi, conformément aux pensés qu’ils ont de Lui. La vie est aussi forte dans l’arminien que dans le calviniste, parce que c’est la vie de Christ. Lorsqu’un homme a conscience d’avoir manqué et d’avoir péché contre Dieu, il est en grand danger de penser que c’en est fait de sa bénédiction. Mais non ; vous avez marché contrairement à la vie et contrairement à celui qui en est la source ; mais la vie elle-même est encore là, et ne saurait être atteinte ; elle est éternelle. Si on est occupé à regarder au-dedans de soi, à sa vie spirituelle, on n’aura jamais de consolation. C’est ici la preuve que je suis chrétien, c’est que j’ai reçu le témoignage de Dieu à Son amour pour moi en Jésus.

« Je fus en esprit, dans la journée du Seigneur ». Le « jour du Seigneur » (en grec, Kuriakê, jour seigneurial, dominical, dimanche) n’est pas du tout la même chose que « le jour du Seigneur » hêmera tou Kuriou de 2 Thessaloniciens 2, 2, et autres passages. La même expression (Kuriakos) était employée pour désigner la cène du Seigneur, parce que ce n’était point un souper ordinaire, mais un saint mémorial du Seigneur, et d’institution divine. Pareillement, le jour du Seigneur n’est point un jour ordinaire, mais un jour particulièrement mis à part, non comme commandement, mais comme expression du privilège le plus élevé, pour le culte du Seigneur. Le sabbat était le dernier jour que Jéhovah réclamait de la semaine de l’homme ; le jour du Seigneur est le premier jour de la semaine de Dieu, et dans un sens, pouvons-nous dire, de l’éternité de Dieu. Le chrétien commence par le jour du Seigneur, afin que cela donne, pour ainsi dire, un caractère à tous les jours de la semaine. En esprit le chrétien est ressuscité, et chaque jour appartient à Dieu ; en conséquence il doit ramener au modèle de ce commencement béni, le jour du Seigneur, tous les jours qui suivent dans la semaine. Rabaisser le jour du Seigneur au niveau d’un autre jour, ne fait que manifester avec quel plaisir le cœur se livre à tout ce qui est de nature à emporter un petit morceau de Christ. Celui qui obéit à Christ seulement parce qu’il est obligé de le faire, ne possède absolument pas l’esprit d’obéissance. Nous ne sommes pas sanctifiés seulement pour l’aspersion du sang, mais aussi pour l’obéissance de Jésus Christ — pour l’obéissance de fils sous la grâce, non pour celle de simples serviteurs sous la loi. La licence qui méprise le jour du Seigneur est détestable, mais ce n’est pas une raison pour que les chrétiens lui enlèvent son caractère, en confondant le jour du Seigneur, le jour de la création nouvelle, avec le sabbat de la nature ou de la loi.

En ce jour-là donc, de brillantes visions de gloire passèrent devant les yeux du prophète. D’abord Jean nous parle de ce qu’il vit en cette occasion : c’est ce que nous avons dans le reste du chapitre premier (v. 12-20). C’était la vision de la gloire de la personne de Christ au milieu des sept chandeliers d’or. « Les choses qui sont » (v. 19) nous sont présentées dans les chapitres 2 et 3 qui décrivent la condition de l’Église en ce temps-là. La troisième division de l’Apocalypse renferme « les choses qui doivent arriver après celles-ci ». Le mot « ensuite » est très vague ; car il peut signifier des milliers d’années après. L’expression « après celles-ci » rend beaucoup mieux le sens de la phrase. Elle désigne les choses qui suivront immédiatement « les choses qui sont » maintenant — c’est-à-dire, qui se passeront immédiatement après l’économie de l’Église. Celles-là, nous les trouvons à partir du chapitre 4 jusqu’à la fin du livre. Les « choses qui sont » continuent encore (dans l’application la plus importante du livre). Et qu’est-ce qui suivra ? « Les choses qui doivent arriver après celles-ci », lorsque l’Église aura cessé d’exister sur la terre.

Considérons un peu ce que vit l’apôtre. Avant tout, il entend derrière lui « une grande voix comme d’une trompette, disant », etc. « Et je me tournai pour voir la voix qui m’avait parlé, et, m’étant tourné, je vis sept chandeliers d’or ». Évidemment c’était en analogie avec le luminaire du tabernacle ; seulement en ce cas-ci, les luminaires étaient séparés, de sorte que le Seigneur pouvait marcher entre eux. Au milieu des sept chandeliers Jean voit « quelqu’un semblable au Fils de l’homme ». Jean 5 nous apprendra la portée de ceci, et pourquoi il est question en cette circonstance du Fils de l’homme et non du Fils de Dieu. Le Fils de Dieu est celui qui vivifie, parce qu’Il est une personne divine ; Il vivifie en communion avec le Père. Donnant ainsi la vie, Il est appelé le Fils de Dieu ; mais en tant que Fils de l’homme, Il exécute le jugement, parce que Dieu veut qu’Il soit honoré dans la nature même dans laquelle l’homme L’a outragé. Cela nous montre en même temps la portée de ce que nous trouvons dans l’Apocalypse. C’est comme Fils de l’homme sur la terre que Christ est présenté ici, et comme tel Il va exécuter le jugement sur les sept églises aussi bien que, dans peu, sur le monde. La « robe qui allait jusqu’aux pieds », dont Il était vêtu, n’exprime pas l’activité dans l’œuvre à accomplir, mais bien plutôt la dignité du jugement sacerdotal. L’« or » de la ceinture était le symbole de la justice divine, comme le lin est celui de la justice humaine. Le verset 14, comme je le suppose, doit commencer ainsi : « Mais la tête et les cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ». De sorte que, tout en étant le Fils de l’homme, et étant vu dans le vêtement et la position du sacrificateur occupé à discerner et à juger, on voit aussi en Lui les emblèmes de la gloire divine, comme cela ressort de la comparaison de ce passage avec Daniel 7. Ce qui est dit par Daniel de l’Ancien des jours, est appliqué par Jean au Fils de l’homme — l’Ancien des jours étant le Dieu éternel. Jean voit ici que le Fils de l’homme est Lui-même l’Ancien des jours. Celui qui a écrit : « la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu » et « la Parole fut faite chair », etc., voit aussi maintenant, dans une vision prophétique, l’humanité se combiner avec les emblèmes propres à la divinité, dans la personne du Fils de l’homme. La tête et les cheveux « blancs comme de la laine blanche, comme de la neige » expriment la plénitude de la sagesse divine. « Les yeux, comme une flamme de feu » désignent la pénétration qui le caractérisait. « Les pieds étaient semblables à de l’airain », etc. Ils ne pouvaient contracter aucune souillure, et sont inflexibles dans la force de jugement (v. 12-15).

Tel est Christ personnellement. Dans le verset 16, ce qui est décrit est relatif. Et « il avait dans sa main droite sept étoiles », l’emblème des anges, ou représentants de ceux qui ont l’autorité au milieu d’elles, des sept églises. La parole de jugement sortait de Sa bouche — parce que dans le Seigneur Jésus Christ, prononcer la parole, c’est en même temps frapper le coup. « Il a dit, et ce qu’il a dit a eu son être ». « Son visage était comme le soleil quand il luit dans sa force ». Les anges des assemblées étaient représentés comme des « étoiles », seulement comme subordonnés naturellement au Seigneur. L’autorité suprême est dans le Seigneur ; elle est universelle dans son étendue, et les étoiles sont dans les églises, Ses luminaires administrateurs, qu’Il maintient par Sa puissance. Il juge par Sa Parole ceux qui l’ont ou qui la rejettent.

Lorsque Jean voit cette merveilleuse vision du Fils de l’homme, il tombe à Ses pieds comme mort. Mais le Seigneur met Sa droite, puissante pour soutenir, sur Son pauvre serviteur qui est là tout tremblant, et même comme mort devant Lui, et lui dit : « Ne crains point, je suis le premier et le dernier, et le vivant, et j’ai été mort, et voici, je suis vivant au siècle des siècles ». Si le Seigneur Jésus Christ ne fût pas mort, nous ne L’eussions pas connu dans ce caractère béni et cette énergie de vie dans lesquels Il est maintenant — la vie avec plus d’abondance. Le christianisme présente Christ comme ayant passé par la mort, et comme ressuscité en triomphe pour Dieu et pour Son peuple. Jean va entendre parler de jugements ; mais la connaissance que la droite de Celui qui était vivant aux siècles des siècles avait été sur lui, et les paroles de Sa bouche, lui donneraient force et courage pour tout ce qui devait arriver. Et c’est dans cet esprit-là que ce livre a été écrit et devrait être lu. « Voici, je suis vivant aux siècles des siècles, et je tiens les clés de la mort et du hadès ». L’ordre de ces deux derniers mots dans le texte ordinaire est une erreur. Le hadès suit la mort ; il ne marche pas devant elle (Apoc. 6). Voyez aussi le chapitre 20 où la mort et le hadès sont mentionnés plusieurs fois dans leur ordre régulier. Il en est de même ici dans les manuscrits qui ont le plus d’autorité. Quand le Seigneur déclare qu’Il tient les clés de la mort et du hadès, Il insinue qu’Il est le maître absolu de tout ce qui appartient à la vie, soit pour le corps soit pour l’âme. C’est pourquoi, aussi, au verset 19, il faut intercaler un petit mot qui ajoute un peu à la force et à la connexion de ce qui est dit. « Écris, donc, les choses que tu as vues », etc. Parce que je suis ressuscité d’entre les morts, et que je suis vivant à toujours, et l’unique maître de la mort et du hadès, écris donc. Celui qui avait commandé à Jean d’écrire (v. 11, 19) était le Fils de l’homme avec les caractères de l’Ancien des jours ; mais Il était aussi le Seigneur vivant, le Seigneur ressuscité, la sécurité contre la terreur et la mort, Celui qui fortifiait Ses serviteurs en présence de la gloire : « Écris donc, les choses » etc. La nature humaine pouvait bien être confondue à la vue de tout ce qui apparaissait ; mais Celui qui était révélé à Jean se caractérisait Lui-même à la fois comme Dieu, et comme l’homme qui avait passé par la mort, et avait détruit son pouvoir pour les siens. Et cela devait être écrit — cette révélation de Jésus, comme Il avait été vu par Jean, ainsi que l’état présent de l’Église, et les choses qui le suivraient (v. 17-19).

Le verset 20 explique le mystère des étoiles et des chandeliers comme il a été déjà indiqué. C’est le lien de connexion entre la vision de Christ et le jugement de l’Église, ou maison de Dieu sur la terre (Apoc. 2 ; 3) aussi longtemps que son existence là est reconnue comme l’objet de Son gouvernement. Après cela, c’est le jugement du monde de la part du trône de Dieu dans le ciel et c’est respectivement des Juifs et des Gentils, mais jamais des églises, que traite cette partie du livre. À mesure que nous avancerons, on verra tout cela plus clairement.



  1. Ce mot Asie, ne désigne pas même l’Asie mineure mais seulement cette portion de sa côte occidentale qui formait la province proconsulaire romaine. Ce titre avait été donné au royaume de Pergame, précisément comme une partie du territoire carthaginois avait reçu le nom de province de Libye ou d’Afrique. — Quelques-uns expliquent l’absence de toute allusion à Colosses et à Hiérapolis, par la circonstance que ces villes avaient été détruites par un tremblement de terre, peu après la date de l’épître de Paul à la première. Si Eusèbe et Tacite parlent du même fait (car leurs dates différent), il semble que Laodicée, quoique enveloppée dans la même catastrophe, fut rebâtie avant le règne de Domitien. Mais en adoptant la date de l’historien romain (an 61), comment cela s’accorderait-il avec la date attribuée communément à l’épître aux Colossiens de l’an 64 ? Comment ne pas être surpris aussi, que quelqu’un d’impartial accueille l’idée étrange de Théodoret, que saint Paul fut le fondateur des églises de Colosses, de Laodicée et d’Hiérapolis ? Colossiens 2, bien compris, met les Colossiens et les Laodicéens parmi ceux qui n’avaient point vu l’apôtre dans la chair.
  2. À la fin du livre (chap. 22, 12) le Seigneur prend des titres pareils ; car s’Il est l’homme exalté, et s’Il doit venir et juger comme tel, Il est beaucoup plus, et aucune manière de désigner l’Éternel Dieu ne peut dépasser la dignité de Sa personne. Mais les paroles du texte ordinaire, au verset 11 (« je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier et »), sont une interpolation, et gâtent l’harmonie du contexte. Tous les meilleurs manuscrits, versions, etc., les rejettent et ont « Dieu » au verset 8.