Livre:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit (W.K.)/Méditation 6
Nous sommes arrivés au moment où Dieu s’étant pleinement manifesté en Christ, Israël aurait dû reconnaître le Messie comme Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. Et la foi aurait dû voir en Christ mort et ressuscité, comment Dieu est pour nous. Mais Dieu allait maintenant prendre un nouveau caractère, et faire un pas immense en avant : Il voulait être Dieu en nous. Ceci ne pouvait avoir lieu sans l’effusion du précieux sang de Jésus. Et le Saint Esprit ne pouvait demeurer que là où avait eu lieu l’aspersion de ce sang. Selon la parole du Seigneur, les disciples s’assemblent jusqu’à ce que, comme Il le leur avait annoncé, ils soient « baptisés de l’Esprit Saint, dans peu de jours » (chap. 1, 5).
« Et comme le jour de la Pentecôte s’accomplissait, ils étaient tous ensemble dans un même lieu ». Dieu introduit ce fait nouveau d’une manière appropriée à Sa sagesse, par un signe extérieur. Soudain il se fit un son d’en haut, le Saint Esprit descendant du ciel, « un son, comme un souffle violent et impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues divisées, comme de feu ; et elles se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer » (chap. 2, 1 à 4). Il est vrai que le Saint Esprit était déjà descendu auparavant, mais pour demeurer dans un seul homme — l’homme Christ Jésus. Dans le cas de Jésus, il n’était besoin d’aucune œuvre préparatoire, mais la manière, aussi bien que la forme sous laquelle l’Esprit descendit sur le Seigneur Jésus attestaient l’immense différence qui existe entre Lui, en qui il n’y avait point de péché, et nous qui avions besoin d’être délivrés à la fois de nos péchés et du péché. Or cette œuvre souveraine de la grâce de Dieu a été accomplie par le moyen des souffrances et de la puissance en résurrection de Celui qui, n’ayant point de péché, subit et la mort et le jugement.
Pour Jésus, le Saint Esprit apparut sous la forme d’une colombe — belle expression de la manière dont l’Esprit s’adaptait à cet homme sur lequel Il pouvait venir et demeurer sans qu’il y eût effusion de sang. Le Saint Esprit pouvait adopter cet emblème bien connu de la pureté, en descendant ainsi pour habiter dans le Fils de l’homme. Mais dans le cas de l’homme, c’est-à-dire de ces croyants assemblés à Jérusalem, Il descend sous la forme de langues divisées, parce que Dieu allait maintenant se rendre à Lui-même un vaste et puissant témoignage ; la bonne nouvelle allait être propagée. En outre ces langues étaient « comme de feu ». Le jugement du péché avait eu lieu à la croix. L’état de l’homme avait rendu le jugement nécessaire et en fait, avait été déjà jugé par Dieu en Christ, parfait sacrifice pour le péché. La langue « comme de feu » en constituait le rappel nécessaire, quel que pût être le déploiement de la puissance du Saint Esprit, et elle rendait témoignage à la grâce divine.
Dans ces langues diverses qui depuis Babel divisaient les hommes condamnés par le juste déplaisir de Dieu, Sa miséricorde allait maintenant s’étendre jusqu’à eux. Les « choses magnifiques de Dieu » devaient ainsi être proclamées à toute nation sous le ciel. Ce fait attire l’attention générale ; toutes sortes de préjugés relatifs à ce phénomène étrange et inconnu remplissent les esprits des assistants. Mais Pierre explique comment cet événement répond à la prophétie. Il n’affirme pas que c’est l’accomplissement de la déclaration de Joël ; car cet accomplissement dans un sens plein et entier n’aura lieu que dans un jour à venir. Néanmoins ce qui se passait, loin d’être équivoque et douteux, devait être reconnu comme venant de Dieu. C’était ce qui a été dit par le prophète Joël : « Et il arrivera aux derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ». Il ne s’agissait que du principe de la prophétie ; car, en fait, bien qu’il y eût diverses langues parlées, et que cette multitude vînt de toutes les nations, il ne s’agissait pourtant que de Juifs. Toutefois le fait que des paroles étaient prononcées dans les langues des Gentils (encore que les personnes qui écoutaient fussent juives) annonçait pour tout esprit intelligent ce que Dieu allait produire en temps opportun.
Gardons-nous de limiter l’œuvre de Dieu à tel ou tel de ses aspects. Le déploiement de la puissance de l’Esprit manifestée en ce jour-là avait une signification variée. C’était d’abord l’accomplissement de la promesse du Père, la grande et infinie vérité de la descente du ciel du Saint Esprit Lui-même. C’était aussi l’accomplissement de l’assurance spéciale que le Seigneur avait donnée à Ses disciples, qu’Il les baptiserait du Saint Esprit, ce qui aurait pour effet la formation « d’un seul corps ». Ils pouvaient ne pas connaître, et effectivement ils ne connaissaient pas encore, ce qu’impliquait cette doctrine du « seul corps », jusque-là complètement cachée. Elle attendait un autre ministère et un serviteur de Dieu approprié, Paul, qui se désignera lui-même comme « né hors de temps ». De fait cette doctrine ne fut révélée, selon la sagesse de Dieu, qu’après la réjection, par les Juifs, du témoignage de Sa grâce (chap. 7). Alors seulement les Gentils sont effectivement appelés (chap. 8), et le « seul corps » formé de Juifs et de Gentils, uni par le Saint Esprit descendu du ciel, peut être manifesté d’une manière conforme aux voies de Dieu. Mais déjà, ce qui était la puissance de ce corps, la personne qui seule était à même de le former, était de fait donnée alors en ce jour de la Pentecôte.
Il fallait aussi, conformément à la parole prophétique, que soient opérés des signes et des prodiges. Et enfin des dons variés allaient être communiqués de la part du Seigneur, pour Son œuvre ici-bas : « Étant monté en haut, il a… donné des dons aux hommes… les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs » (Éph. 4, 8, 11). Ceci a évidemment eu lieu par le Saint Esprit ; c’était, selon 1 Corinthiens 12, « la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité ».
Toutes ces opérations bien distinctes furent simultanément accomplies ce jour-là en même temps que l’Esprit de Dieu était donné pour demeurer en chacun de ceux qui croyaient. Ainsi, nous avons ce qui était individuel et ce qui était collectif, ce qui était universel et ce qui était particulier, le tout accompli en ce jour de la Pentecôte, chaque manifestation toutefois devant être distinguée de l’autre. Certaines épîtres embrassent une partie, d’autres une partie différente de ce vaste sujet. Nous reviendrons plus loin sur chacune d’elles, mais ce sur quoi nous insistons particulièrement en ce moment, c’est la grande vérité du don du Saint Esprit, distincte d’une opération spéciale de Sa puissance par le moyen d’hommes ayant reçu des dons particuliers.
Ces derniers dons diffèrent ; alors que l’Esprit est un seul et même don (Éph. 4, 4), rien moins qu’une personne divine, descendant ici-bas pour habiter en chaque chrétien et dans l’Église. Ce serait évidemment détruire la vérité que de voir en Lui des différences sinon des contradictions. Il peut y avoir variété dans les formes et les mesures sous lesquelles Sa puissance se déploie ; il peut y avoir, et il y a en fait différents degrés dans la jouissance de Sa présence. Mais un fait demeure : Il habite également en tout croyant qui se repose sur la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. Et que peut-il y avoir de plus glorieux ?
Ce n’est pas tout ! L’Esprit demeure non seulement en nous, mais avec nous. Tandis que les langues se posent sur chacun des disciples, simultanément un vent impétueux remplit toute la maison. La présence de l’Esprit de Dieu est attestée par un double signe : ce qui demeure sur chaque personne et ce qui, d’une manière générale, remplit la maison où ils sont assis. Cette double vérité de la présence de l’Esprit avec et dans les croyants traverse tout le livre des Actes. Par exemple, au chapitre 4, quand le lieu où ils étaient fut ébranlé (v. 31), était-ce le fait que l’Esprit de Dieu habitait dans cette personne-ci, ou dans celle-là ? Évidemment non : le Saint Esprit était là et faisait sentir Sa présence au milieu d’eux. Lors de la fraude d’Ananias et de Sapphira, qui pouvait dire que ceux-ci mentaient à un croyant plutôt qu’à un autre ? Pierre déclare que ce n’est « pas aux hommes, mais à Dieu », qu’ils ont menti, à Dieu présent dans l’Église, c’est-à-dire au Saint Esprit. Lui est Dieu descendu sur la terre et peut maintenant en justice, selon la plénitude de la grâce, demeurer en ceux qui non seulement étaient pécheurs par nature, mais encore avaient le sentiment profond de ce qu’était le mal hérité d’Adam.
Eh bien, malgré ce qu’ils avaient été et malgré ce qu’ils ressentaient, la grâce de Dieu dans le don de Jésus était si bénie, le caractère de Son amour dans la mort et la résurrection du Seigneur était si riche, que le Saint Esprit pouvait en justice, et pour la gloire du Père et du Fils, descendre et demeurer en eux sur la terre. Et celui qui demeurait réellement dans chaque croyant était avec eux lorsqu’ils se réunissaient ou qu’ils travaillaient à l’œuvre. Ainsi par exemple, au chapitre 8, l’Esprit dit à Philippe : « Joins-toi à ce char ». Un ange du Seigneur lui avait préalablement enseigné la direction qu’il devait prendre. Pourtant ce ne fut pas l’ange mais l’Esprit qui lui parla quand il fut question de s’adresser directement à une âme. L’ange était simplement l’expression de la providence de Dieu sur son chemin. Il en est encore ainsi aujourd’hui. Nous ne voyons pas les anges et pouvons ne pas avoir conscience de leur action, mais elle n’en est pas moins aussi réelle que jadis. Et pareillement à l’égard de l’Esprit de Dieu. Nous pouvons ne pas entendre Sa voix comme Philippe l’entendit ce jour-là, mais le fait n’en est pas moins certain. L’Esprit est à l’œuvre. Sans doute, Il attend que l’état des cœurs soit approprié, bien que ce soit un état que Lui seul puisse produire ; mais Il est aussi actif maintenant que jamais.
Un peu plus loin encore l’Esprit ordonne : « Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (chap. 13, 2). Il est donc évident que l’Esprit de Dieu n’agit pas seulement au-dedans, car il ne nous est pas dit que c’est en Paul ou en Barnabas qu’Il agissait ; il ressort au contraire de l’ensemble du passage que cette action était extérieure. L’Esprit parlait à leur sujet, plutôt qu’à eux et plutôt encore qu’Il n’opérait en eux. Sans doute le Saint Esprit était-Il déjà réellement en eux, mais Il se fait entendre ici Lui-même, sans mention d’un intermédiaire humain, comme une personne divine descendue ici-bas pour y manifester la grâce et la gloire du Seigneur. Et l’on retrouverait aisément ces mêmes principes à travers tout le livre des Actes. C’est ainsi que dans une autre occasion, l’Esprit de Jésus enseigne à Paul où il doit aller (chap. 16). Il n’est pas nécessaire de multiplier les exemples.
Mais il est un autre point d’une immense importance, qui a souvent causé à certains une grande perplexité : c’est la différence dans la manière dont est donné le Saint Esprit. L’incrédulité se prévaut des modes variés dans lesquels l’Esprit de Dieu est conféré, pour nier que l’on puisse recevoir le Saint Esprit aujourd’hui comme autrefois, ou au contraire pour préconiser quelque panacée de charlatanerie religieuse par le moyen de laquelle on pourrait infailliblement attendre le Saint Esprit.
C’est pourquoi je passerai en revue les grandes occasions que l’Esprit de Dieu rapporte pour notre instruction, espérant montrer clairement qu’il n’y a rien d’arbitraire dans la manière dont le Saint Esprit était conféré, rien non plus qui donne à l’homme comme tel la moindre importance. Au contraire, la sagesse de Dieu s’y montre pour consoler, affermir l’âme, et augmenter en nous le sentiment de Sa grâce. Combien il est évident, ici encore, que la simplicité dans les choses de Dieu est le secret réel pour les comprendre ! Car la simplicité n’est pas occupée de nos affaires propres, ni surchargée par les pensées des autres ; elle a confiance en Dieu et sait qu’Il a toujours devant Lui Son grand objet : celui de glorifier Christ, par qui le Père a été glorifié.
Dans la première occasion, c’est-à-dire au jour de la Pentecôte, nous avons bien la plus ample et, dans un certain sens, la plus riche forme sous laquelle le Saint Esprit a été donné d’en haut. La plus haute des autorités nous déclare que Jésus « étant exalté à la droite de Dieu et ayant reçu de la part du Père le Saint Esprit promis, il a répandu ce que maintenant vous voyez et entendez ». Des témoignages palpables et irrécusables de l’accomplissement de la promesse du Père étaient là. Le Saint Esprit en Lui-même n’était pas perceptible par les sens. Seule était discernable la puissance extérieure qui L’accompagnait. Il est très important de faire cette distinction, sans laquelle les hommes sont en danger, en l’absence de signes extérieurs, de nier ou de mépriser cet incomparable don qui est toujours au-dessus de ses effets. Quelle que soit l’importance des signes, ils n’étaient pour l’homme que des garants accompagnant le don et la présence invisibles du Saint Esprit désormais présent sur la terre.
La réponse de Pierre à ses auditeurs de Jérusalem jette une lumière considérable sur ce point. Ouvertement accusés par l’apôtre d’avoir rejeté et crucifié leur propre Messie que Dieu avait exalté à Sa droite, ces Juifs étaient angoissés au sujet de leur état. Pierre leur dicte ce qu’ils ont à faire : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Pesons bien ces paroles. Pierre ne les invite pas positivement à croire. Inutile de dire que c’est dans Sa sagesse que Dieu les appelle à se repentir plutôt qu’à croire. Nous voyons l’inverse dans une autre occasion : lorsque Paul et Silas invitèrent le geôlier de Philippes à croire, plutôt qu’à se repentir.
Une telle différence a sa raison d’être, et ne doit être pour personne une cause de perplexité. Dieu a écrit ainsi, et Il mérite toujours toute confiance. Sans la foi, nous le savons, il ne peut y avoir de vraie repentance envers Dieu. Il peut y avoir contrefaçon dans la foi, comme il peut y avoir aussi contrefaçon dans la repentance ; mais où la puissance de Dieu produit la vraie repentance, il y a nécessairement la vraie foi et réciproquement.
Cependant, chacun le sait par expérience et la Parole de Dieu, qui est la clef de toute connaissance, le montre, il existe des différences dans la forme du sentiment et de l’expression de l’âme devant Dieu. En l’un prédomine une profonde œuvre morale dans la conscience ; dans un autre c’est la joie et la paix en croyant qui sont les plus apparentes. Néanmoins il ne peut y avoir d’œuvre réelle de quelque valeur spirituelle dans la conscience sans la foi, et il ne peut y avoir la foi selon Dieu sans une œuvre vraie de l’Esprit dans la conscience. Pierre à Jérusalem exhorte les Juifs à se repentir et Paul de son côté déclare aux Athéniens que « Dieu ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent » (Act. 17, 30). En d’autres occasions, tant Juifs que Gentils étaient invités et pressés de croire. La vérité est que les uns et les autres se repentaient et que les uns et les autres croyaient ; mais il se rattache une signification importante au fait qu’il est insisté sur l’une plutôt que sur l’autre.
Selon la sagesse de Dieu, ce qui convenait dans l’occasion qui nous occupe, c’était l’humiliation de ces Juifs orgueilleux. Aussi est-ce la repentance, c’est-à-dire ce qui brise la chair et traite l’homme comme ne valant rien, qui est mise en avant. « Repentez-vous », enjoint l’apôtre, « et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ » — au nom de Celui-là même que vous avez crucifié et rejeté. En Lui est la seule source de bénédiction. Il est l’unique espérance pour vos âmes. — Ils furent effectivement brisés et amenés à recevoir la Parole. Ce n’était pas encore le jour de la puissance de Dieu selon le psaume 110, mais c’était le jour de Sa grâce. Celle-ci avait touché leurs cœurs et leur faisait accepter la sentence de Dieu contre eux-mêmes. Ils pouvaient alors croire du mal d’eux-mêmes et c’est la dernière chose que l’homme consente à croire. Ils étaient réellement amenés à ce point d’être prêts à se reconnaître méchants dans la présence de Dieu. C’est pourquoi Pierre s’applique à faire pénétrer ce sentiment dans leurs consciences.
Il ne prend pas pitié d’eux parce qu’ils étaient à juste titre saisis de componction, mais insiste au contraire sur la nécessité d’être entièrement humiliés devant Dieu. Pierre pouvait le faire d’autant plus volontiers qu’il connaissait en Jésus une grâce prête à répondre à ces dispositions. Aussi ajoute-t-il : « Que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ ». Plus la grâce est proclamée, plus aussi nous pouvons inviter à une vraie repentance, et plus les âmes peuvent la supporter. Ne craignons pas d’y insister et ne nous contentons pas d’employer des termes vagues, en disant : « On doit se repentir si l’on croit ». Ce n’est pas ainsi que Dieu soulève la question. Il amène les âmes à sentir leur état réel devant Lui. C’est toujours une grande bénédiction pour tous, et d’ailleurs si ce n’est pas de bonne heure qu’une âme est travaillée à ce sujet, elle se réserve pour plus tard des exercices humiliants et pénibles. Car si nous n’apprenons pas ce que nous sommes au début de notre carrière, si nous n’avons pas alors un profond sentiment de notre péché ainsi qu’il convient à un nouveau converti, peut-être faudra-t-il que nous l’apprenions par quelque grande chute, par un péché manifeste. Un éloignement flagrant de Dieu sera peut-être nécessaire, suivi d’un retour pénible, après avoir erré d’autant plus loin de Lui que nous aurons eu trop peu le sentiment du péché au commencement de notre profession chrétienne. Qu’elles sont nombreuses les âmes qui ont passé par là ! Ajoutons que les plus exposés sont ceux qui ont grandi dans la connaissance de la grâce — enfants de parents chrétiens — lorsque devant Dieu, leur conscience n’a pas été sondée en proportion.
Remarquons que, lorsque l’apôtre exhorte les Juifs à se repentir et à être baptisés au nom de Jésus Christ pour la rémission des péchés, il conclut : « et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Assurément, s’ils se repentaient, ce ne pouvait pas être sans l’opération du Saint Esprit. L’exhortation de l’apôtre aurait été sans objet pour ceux qui l’entendaient s’ils n’avaient pas cru au nom du Seigneur Jésus ; et qui leur donnait cette foi avec la repentance, si ce n’est le Saint Esprit ? Il s’ensuit que la réception de l’Esprit telle que Pierre la présente ensuite, est une chose entièrement différente de l’acte d’amener des hommes à croire et à se repentir. C’est une opération ultérieure[1], une bénédiction distincte et corollaire, un privilège fondé sur la foi déjà agissante dans le cœur. Il est si peu vrai qu’un homme reçoit « le don du Saint Esprit » au moment même où il croit, qu’il est permis de douter qu’un cas semblable se soit jamais présenté. Non seulement nous n’en trouvons aucun exemple dans la Parole, mais il semble bien que celle-ci en exclut la possibilité. La raison en est bien simple : le don du Saint Esprit est fondé sur le fait que nous sommes fils par la foi en Christ, croyants se reposant sur la rédemption en Lui : ce don suppose donc clairement que l’Esprit de Dieu, opérant en nous, nous a déjà régénérés. Ainsi le don du Saint Esprit n’est pas fait en vue de la repentance, ni dans le but de faire recevoir Christ par la foi. Nous voyons ici l’inverse : après que les âmes se sont repenties et ont été baptisées au nom de Jésus pour la rémission des péchés, elles reçoivent le don du Saint Esprit comme privilège subséquent.
Un autre point ne doit jamais être perdu de vue : c’est que le don du Saint Esprit ne signifie jamais les dons. Beaucoup confondent le don avec les dons, mais la Parole de Dieu fait toujours la distinction, employant même dans l’original un mot différent pour les désigner. Les deux choses sont invariablement séparées. Quelqu’un peut recevoir par l’Esprit la puissance nécessaire pour porter l’évangile au monde, ou pour être pasteur ou docteur dans l’Église. Cependant, le don du Saint Esprit est un privilège totalement différent, à savoir cette bénédiction commune que nous voyons ici conférée à toute âme qui se repentait et était baptisée.
L’appel de Pierre à ces Juifs est immédiatement suivi de la réception de la Parole, après quoi « ils sont baptisés » au nom du Messie qu’ils avaient autrefois méprisé. « Et en ce jour-là furent ajoutées environ trois mille âmes ». Ces nouveaux croyants, la dernière partie de ce chapitre nous les montre remplis de grâce et de puissance de la part de Dieu.
L’occasion suivante (chapitre 8) présente un état de choses entièrement différent. Étienne avait rendu son témoignage, et les Juifs l’avaient absolument et définitivement rejeté. Comme leurs pères, ils résistent au Saint Esprit en résistant à Étienne qui en était rempli. Celui-ci scella de son sang son témoignage ; et la persécution dont il fut la première victime dispersa toute l’Assemblée qui était à Jérusalem à l’exception des apôtres. Ceux-là mêmes que le Seigneur avait appelés pour aller dans le monde entier furent exceptés de cette dispersion. Tellement l’homme, même dans le meilleur état, est lent à entrer dans les conseils de la grâce de Dieu et à travailler à leur accomplissement !
Mais Dieu Lui-même voulait les accomplir, dût-Il se servir pour cela de circonstances pénibles. Si l’amour, si la puissance de la grâce, si le sentiment du besoin des âmes et de la gloire de Christ, ne réveillaient pas ceux qui avaient reçu ce commandement, Dieu aurait soin que des vases plus faibles, mais pourtant remplis des puissantes nouvelles de sa grâce, répandent en tous lieux la bonne odeur de Christ. Et ainsi ils allèrent « çà et là annonçant la parole ». Philippe, qui au chapitre 6 avait été choisi pour le service journalier, maintenant que ce service se trouve brusquement interrompu acquiert « un bon degré » et s’en va prêchant l’évangile. Il visite l’ancienne rivale de Jérusalem, la ville de Samarie. Les Juifs n’avaient pas de relations avec les Samaritains. Ils n’avaient pas su gagner leur confiance, ni leur faire accepter la vérité telle qu’ils la connaissaient, c’est-à-dire telle qu’elle était renfermée dans la loi commise à leur charge. Mais l’évangile va maintenant démontrer sa puissance là où la loi a été infructueuse. Philippe annonce Jésus avec tant de force et de simplicité, et il est si béni dans sa prédication, que la ville entière est dans une grande joie. Même le plus méchant d’entre ceux qui sont là, homme depuis longtemps versé dans la connaissance des voies et des ruses du diable, est impressionné par la sainte influence de la vérité, sans que, toutefois, elle pénètre dans sa conscience ni gouverne son cœur. Néanmoins, le courant est trop fort pour qu’il puisse y résister. Simon le magicien s’incline devant la vérité de l’évangile ; intellectuellement du moins, et il est baptisé avec les autres.
Mais là, prenons-en bien note, le don de l’Esprit Saint n’est encore fait à personne. Et voilà qui souligne la différence entre le don de l’Esprit et l’œuvre par laquelle Il amène une âme à se repentir et à croire à l’évangile. On ne peut douter que la masse des Samaritains convertis n’ait été composée de vrais croyants, lors même que Simon ne l’était pas. Pourtant l’Esprit Saint n’était « encore tombé sur aucun d’eux ». Ce n’est pas seulement qu’ils n’avaient pas encore parlé d’autres langues, ou qu’il n’y avait pas encore eu de prodiges accomplis, sauf par l’évangéliste lui-même (v. 6, 7, 13). La descente du Saint Esprit est une chose totalement différente, bien qu’elle puisse être accompagnée de ces manifestations extérieures de Sa puissance. Confondre ces deux choses c’est porter le plus grand coup à la vérité capitale de la présence de l’Esprit Saint. Car alors l’absence de manifestations extérieures (ce qui est le cas aujourd’hui) signifierait que le Saint Esprit n’est pas présent non plus dans l’Église. Il est donc évident qu’on va loin dans l’incrédulité si l’on ne distingue pas entre les signes et témoignages fournis par l’Esprit et l’Esprit Lui-même. Je répète que ce n’est pas seulement le pouvoir de faire des miracles qu’ils n’avaient pas reçu, mais que l’Esprit Saint n’était pas encore venu sur eux. Cela, l’Écriture l’affirme, et c’est ainsi que nous lisons : « Les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant entendu que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant descendus, prièrent pour eux, pour qu’ils reçussent l’Esprit Saint : car il n’était encore tombé sur aucun d’eux, mais seulement ils avaient été baptisés pour le nom du Seigneur Jésus ».
Nous rencontrons tout de suite une notable différence par rapport à la Pentecôte. À Jérusalem, quand les Juifs se repentirent et furent baptisés au nom du Seigneur Jésus, l’Esprit Saint vint sur eux sans délai. À Samarie au contraire, il n’était tombé sur personne, bien qu’ils eussent cru et eussent été baptisés. D’où vient cela ? D’une raison bien digne de Dieu. La nature humaine est telle que si le Saint Esprit était descendu sur ces croyants de Samarie à la prédication de Philippe, l’ancienne rivalité de la Samarie aurait subsisté. La Samarie n’aurait pas manqué de lever de nouveau la tête, et la grâce même de l’évangile aurait servi d’appui à ses prétentions religieuses. Placées d’emblée sur un pied d’égalité devant cette nouvelle et extraordinaire bénédiction de l’évangile, Jérusalem et « cette montagne-ci » auraient continué à se faire concurrence. Et l’effet que Dieu avait l’intention de produire par la présence de l’Esprit Saint aurait été manqué, à savoir la manifestation de l’unité dans l’amour, le maintien à la fois d’une seule tête et d’une seule énergie — une tête en haut et une puissance en bas opérant dans le corps comme réponse à la gloire de Christ. Dieu rendit cette rivalité impossible et prit soin que rien ne pût justifier l’esprit d’indépendance, qui est le plus grand principe destructeur de la vérité de l’Église de Dieu sur la terre.
C’est pourquoi, lorsque l’assemblée de Jérusalem entendit cela (ou tout au moins les apôtres, car l’assemblée était maintenant dispersée), ils envoyèrent Pierre et Jean, deux des principaux, appelés aussi des colonnes (Gal. 2, 9). Ceux-ci prièrent ; mais Dieu en outre montre clairement pour quelle raison Il avait différé le don de l’Esprit Saint. L’imposition des mains des apôtres devait avoir lieu pour exprimer à la fois la bénédiction que Dieu communiquait par les apôtres et l’identification de l’œuvre en Samarie avec celle de Jérusalem. Elle attestait devant le monde entier que Dieu ne souffrirait dans Son Église rien qui ressemble à une rivalité, que ceux qui étaient à la tête de l’œuvre dans un endroit n’étaient pas moins indispensables dans l’autre.
Ainsi donc chaque différence dans la manière de communiquer la même bénédiction témoigne de la sagesse et des soins que Dieu déploie envers nos âmes. Oui, la moindre de ces différences que nous offre la Parole contribue à prouver combien Dieu nous aime, combien le Seigneur prend soin de l’Église, et comment, même dans la manière dont Il communique cette suprême bénédiction de l’Esprit, Il veut nous armer contre notre propre nature.
La circonstance suivante (Act. 10) se présente encore autrement. Corneille, le centurion gentil, reçoit pendant qu’il prie et jeûne à Césarée un visiteur angélique qui lui ordonne d’envoyer chercher Simon Pierre. Ce dernier se trouve à Joppé, où, pendant qu’approchent les serviteurs de Corneille, il lui survient une triple vision concernant cette grande affaire. Pierre, encouragé par l’Esprit, se met à la disposition des messagers de Corneille et les accompagne à Césarée. Dès qu’il ouvre la bouche, c’est pour appeler leur attention sur ce qui avait pour lui une extrême importance ; car, au commencement, c’était bien à contrecœur qu’il était venu. N’avait-il pas osé contester avec le Seigneur qui lui commandait de tuer et de manger du contenu de la grande toile ? Il n’avait, disait-il, jamais mangé ce qui est impur ou immonde. Mais par trois fois, il entend cette parole de blâme : « ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur » ; et finalement il fait son profit de la leçon. « En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable ».
Ainsi donc, il est évident que le premier appel aux Gentils n’est pas adressé à un païen idolâtre. Pierre ne parle, dans le cas présent, que d’un homme qui déjà craignait Dieu et pratiquait la justice. Tel était le cas de Corneille. Ce n’était pas une âme inconvertie, mais une âme qui craignait Dieu. Il abondait en prières et en aumônes. Il est certain que ce ne sont pas les prières et les aumônes de la propre justice qui auraient pu le recommander à Dieu. Semblables choses, lorsqu’elles sont présentées à titre de propitiation pour l’âme devant Dieu, appartiennent, nous le savons, aux ressources sacrilèges de l’incrédulité. Mais Corneille craignait Dieu en réalité et non pas seulement par profession extérieure. Il était régénéré, et Dieu avait signalé son état et la connaissance qu’Il avait de sa justice dans le message dont l’ange était chargé — message qui me paraît parfaitement impossible d’interpréter comme signifiant que Corneille n’avait que la profession extérieure de la connaissance du vrai Dieu. Son état était celui que le Seigneur avait produit et qu’Il pouvait par conséquent reconnaître comme Lui était agréable. Et de la part du Seigneur, c’était sagesse et grâce qu’en allant vers les Gentils, Il commençât par une âme dont aucun Juif ne pouvait nier la piété.
C’était bien, à n’en pas douter, la même miséricorde infinie qui sauvait les perdus et, parmi eux, le premier des pécheurs. Toutefois ici, il ne s’agissait pas de réveiller pour la première fois une âme morte dans ses péchés, mais plutôt d’asseoir une âme déjà réveillée sur un terrain connu de relation avec Dieu et de parfaite liberté, de telle sorte que nul de ceux qui craignaient Dieu et Sa Parole ne pût contester son titre. En d’autres occasions nous voyons la conversion et l’affranchissement se produire à peu près simultanément ; mais il n’en est pas ainsi de Corneille, qui, au moment choisi de Dieu, reçoit avec toute sa maison la parole de Pierre.
Ce n’était pas la première fois, remarquons-le, qu’ils entendaient cette parole : « Vous connaissez, leur dit Pierre, la parole que Dieu a envoyée aux fils d’Israël… ce qui a été annoncé par toute la Judée ». Il est donc clair que ce centurion, non seulement craignait et priait Dieu auparavant, mais qu’il avait connaissance de ce qui avait été prêché par toute la Judée. Comment se faisait-il que cela n’ait pas été appliqué à sa propre âme et accepté réellement par lui ? Simplement parce que Corneille craignait Dieu et tremblait à Sa parole, sentiment qui était juste à sa place. Cette révérence envers Dieu pouvait le rendre lent à saisir Ses voies. « Si Dieu a envoyé sa Parole à Israël, pouvait-il se dire, je sais qu’elle est certaine pour lui ; et heureux le peuple qui a un tel Dieu ! Mais moi, je ne possède aucun droit ». Aussi attendait-il que la parole lui fût envoyée à lui-même. L’évangile, proclamation de la parole de la grâce de Dieu à toute créature, était alors une chose nouvelle. Corneille avait connaissance, sans doute, des anciennes Écritures. Il ne mettait pas en question les promesses, non plus que leur accomplissement en faveur d’Israël par Christ et en Christ.
Mais maintenant la Parole lui était envoyée à lui, Corneille, un Gentil, par le moyen de Pierre. « Comme Pierre prononçait encore ces mots » (plus particulièrement, je suppose « tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit », etc.), cette vérité fut empreinte sur son âme. C’était un témoignage direct, et qui, selon tous les prophètes, ouvrait la porte à n’importe qui : « Quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés. Comme Pierre prononçait encore ces mots, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole ». Quoi ! sans le baptême ? Sans l’imposition des mains ? Sans qu’on priât pour eux ? Oui, sans aucune condition préalable, sur-le-champ, pendant que la parole est prêchée par l’apôtre Pierre, le Saint Esprit leur est donné à tous.
Chacune de ces trois grandes expériences est donc introduite d’une manière différente, conforme au plan divin. À Jérusalem, les Juifs non seulement devaient croire à l’évangile, mais encore être baptisés au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés, avant de recevoir le don de l’Esprit Saint. En Samarie, il n’a pas suffi qu’ils soient baptisés d’eau ; il a fallu aussi la prière et l’imposition des mains des apôtres, à défaut de quoi le Saint Esprit ne serait descendu sur aucun d’eux. À Césarée, par contre, avant le baptême et sans imposition des mains de la part de l’apôtre, le Saint Esprit tombe sur eux tous. Le Dieu seul bon et seul sage, dans Sa parfaite grâce, reconnaissait ces Gentils. Le moment était venu de révéler pleinement Sa pensée, aussi la première manifestation de Sa grâce envers eux eut lieu d’après ce riche et singulier procédé. Lors de la conversion des trois mille âmes, il avait fallu le brisement de cœur des Juifs qui s’étaient montrés endurcis et orgueilleux dans leur mépris pour Jésus de Nazareth. Il est nécessaire qu’ils ploient les genoux à ce nom-là ; bien plus, c’est en ce nom qu’il leur faut être baptisés ; de toute autre manière, ils n’auraient pu recevoir l’Esprit. À leur tour, les Samaritains reçoivent une leçon spéciale pour contrecarrer leur tendance à l’indépendance et pour établir le grand principe de l’Assemblée universelle (pas seulement d’églises multiples), que Dieu formait sur la terre.
Mais dans la scène qui nous occupe, Dieu voulait encourager et gagner les Gentils que Pierre lui-même avait méprisés. En effet, il ne s’était pas conformé à l’ordre du Seigneur d’aller et de faire disciples toutes les nations. Les apôtres, s’il nous est permis de le remarquer, étaient tous lents à agir dans l’œuvre du Seigneur ; ils étaient peu entrés dans Sa puissante grâce qui surpassait tellement les pensées de Ses propres enfants. Mais lorsque Pierre prêcha à Césarée, combien Dieu blâma — quoique dans une pleine miséricorde — la lenteur de Son serviteur ! À peine les paroles tombèrent-elles de ses lèvres qu’il se manifesta une grâce telle que Jérusalem n’en avait pas vu et dont la Samarie n’avait pas été témoin. Selon la sagesse de Dieu, aucun délai ne s’écoule, aucune imposition des mains n’est exigée pour que la complète bénédiction divine soit communiquée.
Sans doute y avait-il dans les âmes de ces Gentils une œuvre préalable de l’Esprit qui leur avait donné la repentance envers Dieu et la foi en Jésus. Cela est toujours nécessaire. Mais ils n’avaient à se soumettre à aucun acte extérieur préparatoire qui les aurait rendus dépendants des chrétiens d’origine juive. Le baptême se présentait ensuite comme un privilège (ce qu’il est réellement) qui ne pouvait pas leur être refusé. Pour le Juif, pour le Samaritain, Dieu posait certaines conditions propres à les humilier. Aux Gentils au contraire, Il ne donne qu’un précieux encouragement. En les attirant, Il prend soin de fermer la bouche à tous les contradicteurs. Jusque dans la manière dont Il fait le don, Dieu prouve qu’Il déploie une grâce d’autant plus grande que ceux qui en sont les objets sont plus éloignés. Il n’y a jamais eu de miséricorde plus riche que celle qui a cherché et trouvé les pauvres Gentils.
La présence de Pierre à Césarée, lui qui était incontestablement placé au premier rang et qui avait imposé les mains aux Samaritains, confirme que si Dieu avait voulu l’utiliser ici de la même manière, Il l’aurait fait. À tous, l’apôtre annonce les étonnantes nouvelles, mais c’est là tout ce qu’il est appelé à faire. Aucune action préparatoire de l’homme telle que l’imposition des mains ou le baptême n’a lieu avant que le Saint Esprit soit donné, bien que Pierre fût là et pour baptiser et pour imposer les mains si l’intervention d’un apôtre avait été nécessaire. En vérité l’homme disparaît devant le déploiement de la grâce divine, et combien c’est heureux que nous ayons là notre bénédiction et notre place devant Dieu !
Nous y trouvons de quoi répondre à ceux qui insistent sur la nécessité d’avoir aujourd’hui des apôtres. L’incrédulité méprisa les apôtres lorsqu’ils étaient ici-bas ; l’incrédulité prétend maintenant que leur présence est indispensable comme unique canal de la communication de l’Esprit, alors que ce canal n’existe plus aujourd’hui. Comment donc, nous qui ne sommes ni Juifs ni Samaritains, recevons-nous le Saint Esprit ? De la même manière que Corneille, sans aucun intermédiaire humain. On peut dire que ceux qui dans la chrétienté se prévalent de tels intermédiaires prennent en fait la position des Samaritains ou des Juifs. Au contraire, c’est à ceux qui se contentent de reconnaître qu’ils ne sont que des pécheurs d’entre les nations, que le Seigneur fait don de Sa plus riche miséricorde. Puissent ceux qui s’attachent encore aux formes et aux ordonnances, à des instruments humains quels qu’ils soient, consentir à prendre leur véritable place, afin que, disposés à accepter leur néant, ils reçoivent la pleine bénédiction qui est selon le cœur de Dieu ! C’est ainsi que Dieu bénissait au commencement et c’est encore ainsi qu’Il bénit aujourd’hui. D’après l’Écriture, ce sont les Gentils et non les Juifs qui reçoivent le Saint Esprit sur la simple prédication de la Parole ! Et n’est-ce pas par le même moyen, c’est-à-dire par la Parole de la grâce de Dieu, qu’Il est encore aujourd’hui communiqué ?
Dans certains cas, sans doute, il peut se passer quelque délai. Vous pouvez trouver des âmes réellement touchées par l’Esprit de Dieu — je ne veux pas dire touchées seulement d’une émotion sentimentale et passagère, mais travaillées par une œuvre réelle de grâce dans le cœur et la conscience — tout en n’ayant pas la paix et en n’étant pas établies dans le repos et l’affranchissement dans le Sauveur. Ce cas n’est pas rare, aussi gardons-nous de mettre en doute la réalité de l’œuvre de Dieu dans une âme sous prétexte que cette âme n’entre pas encore dans la simple et pleine conscience de tout ce que Christ a fait pour elle. Il peut nous arriver de faire du mal à un jeune converti en exigeant trop tôt la pleine expérience chrétienne et en ne reconnaissant pas suffisamment l’œuvre de Dieu en lui.
Mais il existe un danger inverse. Ne soyons satisfaits de l’état spirituel de quelqu’un que quand il est établi dans l’affranchissement et qu’il a conscience d’une pleine délivrance devant Dieu. Se contenter d’une mesure moindre est une forme d’incrédulité et révèle un manque de connaissance de la Parole et de la grâce de Dieu. C’est sous-estimer la présence et l’opération de l’Esprit de Dieu dans l’âme. Il est bon d’appeler les choses par leur nom. On ne peut être que malheureux sous un sentiment de péché ou d’anxiété tant qu’on n’a pas saisi la grâce de Dieu qui y correspond.
Sans doute lorsque quelqu’un soupire après Jésus, quand même il ne possède pas la paix de la conscience et encore moins celle du cœur, nous devons appeler cela conversion et y reconnaître une œuvre de la grâce de Dieu. Mais « s’installer » dans cet état, ou supposer qu’il suffise à un homme de se tourner du péché vers Dieu et de sentir son indignité en regardant à Jésus, est également une faute. C’est gravement méconnaître la plénitude de l’évangile ; c’est pour ainsi dire s’accrocher à Jésus plutôt que de trouver en Lui une paix positive. Efforçons-nous plutôt de persuader les âmes qu’elles possèdent en Jésus bien plus que ce qui touche le cœur et réveille la conscience. Une réelle conviction de péché et des désirs tournés vers Dieu ne constituent pas le véritable état chrétien. Je crois que nous manquons si nous n’insistons pas auprès de ceux qui se sont arrêtés là, pour le leur faire comprendre. Puisque la Parole nous apprend qu’une pleine paix est la portion des enfants de Dieu, devons-nous nous déclarer satisfaits tant qu’ils n’en jouissent pas ? Apprenons-leur plutôt à connaître la position glorieuse et bénie dans laquelle Dieu introduit les siens. Position dans laquelle toutes les craintes, tous les doutes s’évanouissent sous le sentiment de la grâce parfaite qui nous a rapprochés de Lui, sans qu’il reste devant Lui contre nous l’ombre d’un péché ou d’une incertitude.
Aussi longtemps qu’un croyant connaît le combat et le trouble intérieur, ses sentiments ne dépassent pas ceux des saints de l’Ancien Testament. La seule différence est que ceux-ci ne pouvaient aller au-delà. Le Libérateur n’était pas encore venu ; la délivrance n’avait pas encore été opérée. Le fondement béni sur lequel on reçoit la paix d’après le principe de la foi et par la grâce de Dieu n’avait pas encore été posé devant eux ; et les voies de Dieu ne peuvent être anticipées. Nous ne pouvons devancer Dieu, mais nous pouvons Le suivre et considérer Sa bonté comme par derrière (Ex. 33). Maintenant le salut est venu. Christ a passé ici-bas ; Il est mort et ressuscité ; et cependant les âmes vivifiées ne saisissent pas toujours au même moment les puissants résultats qui découlent de ce grand fait. Il peut bien arriver qu’elles le fassent et je ne doute pas qu’il se présente encore des cas analogues à celui du geôlier de Philippes. À l’heure même où la conscience de cet homme fut atteinte, il se fit en lui et chez les siens une œuvre complémentaire de Dieu, en vertu de laquelle il put se réjouir immédiatement avec toute sa maison. Quelque misérable qu’eût été cet homme l’instant d’avant, la grâce divine le rendit sur l’heure même pleinement heureux. Ainsi donc, nous sommes loin de nier que la même double opération puisse avoir lieu dans un laps de temps très court, mais le cas est plus rare qu’on ne le suppose.
Prenez par exemple l’apôtre Paul. Si jamais homme fut converti, c’est bien celui-là. Il fut sur le chemin de Damas le témoin et l’objet d’une manifestation de puissance extraordinaire. Pourtant il est évident que Dieu ne l’établit pas sur-le-champ dans une pleine liberté. Pendant trois jours et trois nuits, Saul fut aveugle et bouleversé au point de ne manger ni de boire ; image de son état spirituel. Il avait réellement contemplé Christ dans la gloire, et cela pour la délivrance de son âme. Mais avait-il été amené aussitôt à la paisible jouissance de tout ce qu’il avait vu et entendu ? Je ne doute pas qu’il se fît en lui une œuvre immédiate, fruit de la vérité agissant dans l’homme intérieur. Cependant il ne connut le repos et la pleine liberté qu’après qu’Ananias fut venu à lui et qu’il eut été baptisé. Nous savons que c’est à ce moment-là qu’il fut rempli de l’Esprit Saint et que, comme c’est toujours le cas, il entra dans la conscience de la pleine bénédiction.
Cet intervalle de temps entre les deux expériences ne met pas en cause la plénitude de l’évangile, non plus que l’affranchissement qu’il apporte. Mais il explique l’état intermédiaire dans lequel gémissent beaucoup d’âmes. Si nous avons de la sollicitude pour elles, nous saurons les reconnaître à des signes qui ne trompent pas. Bien qu’elles soient l’objet d’une action réelle de l’Esprit de Dieu, ces âmes peuvent néanmoins rester dans cette condition pendant des jours, des semaines, des mois, des années avant d’être amenées dans un complet affranchissement devant Dieu. Or, là où on entre dans l’affranchissement, il y a, selon moi, non pas seulement la vie, mais la réception de l’Esprit Saint.
Je voudrais dire encore un mot avant de quitter cette partie du sujet. Chaque fois que Dieu commence une œuvre en quelqu’un, Il l’achève, lors même que les deux opérations mentionnées ci-dessus ne se suivent pas immédiatement. La gloire de Dieu exige que jamais, en ceux qui meurent, l’œuvre ne soit restée incomplète. Chaque fois que Dieu vivifie, Il donne aussi le Saint Esprit. Je ne crois pas que ce soit toujours au premier moment, et, de fait, l’Écriture semble montrer le contraire ; mais celui que Dieu entreprend de bénir maintenant, sera tôt ou tard, soyons-en certains, amené à la jouissance simple et entière de la paix avec Dieu (progrès qui n’est pas à confondre avec l’intelligence spirituelle, chose, hélas, trop rare chez les croyants). Nous savons tous comment des âmes vraiment pieuses peuvent rester malheureuses pendant des années ; mais pour ma part je n’en connais pas une seule qui n’ait été rendue joyeuse avant que le Seigneur l’appelle à Lui. J’ai été personnellement témoin de cas véritablement merveilleux, où se sont complètement évanouis tous les doutes et toutes les craintes qui avaient assombri l’existence entière de personnes qui pourtant avaient la vie. Avant de quitter ce monde, elles ont pu voir la grâce de Dieu dissipant enfin tous les nuages qui avaient plané sur leur âme. En conclusion, lorsqu’une âme est vivifiée par l’Esprit de Dieu ou convertie, ce qui au fond signifie la même chose, il se pourra qu’elle reçoive le Saint Esprit aussitôt après, mais il se pourra aussi qu’elle ait à attendre, à cause d’un manque de soumission présente à la justice de Dieu.
Il est bon de remarquer qu’à Césarée le baptême suit le don de l’Esprit. L’apôtre Pierre attire l’attention sur le fait que non seulement l’Esprit Saint tombe sur eux comme il était tombé sur les Juifs le jour de la Pentecôte, mais que ceux des nations se mettent à parler en langues. Il se produisait le même irrécusable témoignage du grand don. Ce fait avait une importance considérable en ce qu’il fermait la bouche aux fidèles de la circoncision qui accompagnaient l’apôtre. En les entendant magnifier Dieu, Pierre s’écria : « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau ? ». Il savait parfaitement bien comment le préjugé des Juifs pourrait se montrer. C’était également une chose nouvelle que les Gentils soient baptisés d’eau. « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, afin que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous-mêmes ? ».
Encore un autre fait à observer, à l’appui duquel l’Écriture fournit d’ailleurs d’autres preuves, c’est que le baptême n’a jamais été institué pour être, dans son administration, le privilège d’un personnage officiel dans l’Église. Pierre est là, et si l’on eût rattaché à cet acte une question de dignité ou de supériorité chez les personnes, assurément c’est à un apôtre que fût revenu le droit de baptiser. Eh bien ! le texte indique clairement que ce n’est pas lui qui administre le baptême. Il a soin que Corneille et les siens soient baptisés, et même il le commande, mais il n’est dit nulle part qu’il les baptise lui-même. Pareillement lorsqu’il parle de son œuvre à Corinthe, Paul est heureux de rendre grâces à Dieu de ce qu’il n’a baptisé aucun d’eux, à l’exception d’un nombre insignifiant (1 Cor. 1, 14 à 17). Je ne doute pas qu’ici Pierre n’ait été divinement conduit à s’abstenir de baptiser. Dieu qui opérait à Sa propre louange ôtait ainsi toute occasion de donner gloire à l’homme. Le grand apôtre Paul lui-même fut baptisé par un simple disciple ; et, assurément, si la personne de celui qui baptisait avait ajouté quelque chose à l’acte, nous pouvons penser que cette distinction aurait été particulièrement maintenue par Dieu lorsqu’il s’agissait de baptiser un apôtre. Mais Ananias, sur l’ordre de Dieu, va vers Saul qu’il appelle « frère », et le baptise sur-le-champ. On n’attend aucun personnage officiel.
N’est-ce pas une preuve étonnante de l’incrédulité des hommes, que l’on passe par-dessus un fait aussi patent ? Les anciens ou les modernes se flattent-ils de faire mieux que l’Écriture ? Connaissent-ils la volonté du Seigneur mieux que les écrivains inspirés ? L’usage qui consiste à faire de ministres officiels de l’évangile les seules personnes compétentes pour baptiser, n’a nullement le sceau de Dieu. La Parole met le plus grand soin à montrer que le baptême pouvait être appliqué sans eux. Pour Corneille, par exemple, il n’était pas besoin de chercher quelqu’un remplissant une fonction élevée, puisqu’un apôtre était présent. Si l’ordre selon Dieu avait exigé la forme que les hommes ont imposée depuis, pourquoi aurait-elle été omise dans une occasion aussi sérieuse, occasion dont la religion n’aurait pas manqué de faire un précédent pour tous les temps à venir ? Or, de même que Saul, le centurion gentil et sa maison sont baptisés par ceux que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de laïques. Les apôtres et les évangélistes ont quelquefois baptisé ; mais le baptême n’était nullement considéré comme un rite officiel ; d’autres frères pouvaient baptiser et le faisaient même quand un apôtre était présent.
Il ne reste plus qu’un seul cas, relaté dans les Actes, sur lequel nous avons quelques mots à dire en rapport avec notre sujet. « Or il arriva, comme Apollos était à Corinthe, que Paul, après avoir traversé les contrées supérieures, vint à Éphèse ; et ayant trouvé de certains disciples, il leur dit : Avez-vous reçu l’Esprit Saint après avoir cru ? Et ils lui dirent : Mais nous n’avons même pas ouï dire si l’Esprit Saint est. Et il dit : De quel baptême donc avez-vous été baptisés ? Et ils dirent : Du baptême de Jean. Et Paul dit : Jean a baptisé du baptême de la repentance, disant au peuple qu’ils crussent en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés pour le nom du Seigneur Jésus ; et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent » (Act. 19, 1 à 6). Voilà une circonstance dont le sens est bien clair, et qui n’est pas moins remarquable que celles que nous venons d’examiner. L’apôtre, sans doute, avait discerné chez ces « disciples » d’Éphèse un manque de liberté qui le porta à s’informer s’ils avaient reçu l’Esprit Saint « après avoir cru ». Il est donc vrai — et cela l’était certainement dans la pensée de l’apôtre — qu’on peut recevoir le Saint Esprit après avoir cru. Il ne met pas en question la réalité de leur foi ; mais il avait un motif pour demander s’ils avaient reçu le Saint Esprit depuis qu’ils étaient dans la foi. Et leur réponse est également simple. « Nous n’avons même pas ouï dire si l’Esprit Saint est ».
Non pas qu’ils aient prétendu ignorer l’existence de l’Esprit. La question portait sur Sa réception par les croyants, promesse ancienne dont ils ne savaient pas qu’elle était réalisée. Jean avait annoncé que Celui dont il était le précurseur ne baptiserait pas d’eau seulement, mais de l’Esprit Saint. En fait, tout lecteur de l’Ancien Testament connaissait non seulement l’existence de l’Esprit, mais la bonne promesse de Dieu, que dans les derniers jours l’Esprit serait répandu. Et, de tous les prophètes, Jean est celui qui a le plus insisté sur cette vérité, que le Messie serait l’instrument de cette œuvre et de cette faveur merveilleuse parmi les hommes. Mais, pour une cause ou pour une autre, ces disciples ne savaient pas que la promesse était actuellement en voie d’accomplissement, que des croyants juifs, samaritains et gentils avaient déjà reçu l’Esprit, par l’ouïe de la foi et non par des œuvres de loi.
L’apôtre leur demande ensuite de quel baptême ils ont été baptisés. À quoi ils répondent qu’ils ne connaissent que le baptême de Jean. Ceci provoque une importante explication. Jean n’avait pas été au-delà du baptême de la repentance. Il avait, en effet, insisté sur ce jugement de soi-même que l’Esprit seul produit dans les âmes quand elles s’inclinent devant la Parole de Dieu, jugement qui leur découvre leur ruine morale devant Lui. Mais la puissance qui est basée sur la rédemption n’avait pas encore été communiquée. Et cette puissance ne pouvait demeurer dans un homme pécheur aussi longtemps que n’avaient pas eu lieu l’effusion et l’aspersion du sang qui était en quelque sorte le fondement de l’habitation de l’Esprit. Or, c’est cette puissance, communiquée en vertu de l’œuvre de Christ, qui lie l’âme délivrée et rachetée avec Celui qui a remporté la victoire, et la conduit victorieusement au travers d’un monde méchant. Jean ne pouvait que dire aux hommes de croire en Celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Christ. Tandis que Paul prêche un Sauveur déjà venu et qui a effectué la rédemption. « Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés pour le nom du Seigneur Jésus ; et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent ».
Ici encore les signes extérieurs ne manquent pas ; mais, pas plus que dans les autres circonstances, ils ne sont confondus avec le don du Saint Esprit. Ces disciples sont baptisés du baptême chrétien ; le baptême de la repentance était insuffisant. Ils sont baptisés au nom de Celui qui mourut et ressuscita ; et là-dessus, ils reçoivent l’Esprit, mais cette fois avec l’imposition des mains de Paul. C’est ainsi que si Dieu a honoré Pierre et Jean en Samarie, Il n’honore pas moins l’apostolat de Paul. Et l’on remarquera aussi que, comme Pierre et Jean avaient rempli cet office non à Jérusalem, mais dans sa religieuse rivale, Samarie, de même Paul est appelé à imposer les mains, non pas à des Gentils convertis par sa prédication, mais à des disciples déjà baptisés du baptême de Jean.
Il n’y a donc en cela rien qui soit de nature à susciter une difficulté, ni à affaiblir la portée des explications précédentes. Les deux cas dans lesquels des apôtres imposèrent les mains à des croyants afin que ceux-ci reçoivent l’Esprit sont des cas exceptionnels et subordonnés aux occasions principales où nous ne voyons pas que pareil acte soit accompli par les apôtres. Dans la première et la principale de ces circonstances, la visitation des Juifs à la Pentecôte, l’Écriture ne fait pas mention d’un seul cas d’imposition des mains ; et d’ailleurs, qui aurait pu imposer les mains à ceux qui, les premiers, reçurent le Saint Esprit en ce jour-là, que ce soient les apôtres ou les cent vingt disciples ? Dans la pensée de Dieu, ce don devait émaner directement de Sa main. La conclusion est évidente : si même aujourd’hui il existait des apôtres, l’imposition de leurs mains ne serait pas nécessaire pour que nous, ou tous autres croyants gentils, recevions le Saint Esprit. Croyant en Christ par leur parole, nous avons eu part à la bénédiction de la même manière que nos devanciers ; savoir ces premiers chrétiens, non Juifs, à Césarée.
Le Seigneur soit béni non seulement pour le don de Son Esprit, mais pour Sa Parole écrite, qui manifeste la folie des hommes prétentieux et réprouvés quant à la foi, lesquels cherchent à inquiéter les timides et à enhardir les superstitieux. Puissions-nous retenir, « selon la foi des élus de Dieu… la connaissance de la vérité qui est selon la piété, dans l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles ! » (Tite 1, 1, 2).
- ↑ L’intervalle entre ces deux opérations peut différer beaucoup selon le cas. Il peut être réduit au point que la seconde apparaisse comme quelque chose d’immédiat, quoique distinct. L’auteur revient sur ce sujet dans la méditation n° 10. Voir aussi pages 170 et 171 de la présente méditation (Réd.).