Traité:Sur l’évangélisation

De mipe
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C.H. Mackintosh

Un mot à l’évangéliste

Il ne nous semble pas inutile de donner quelque conseil, quelque encouragement à tous ceux qui sont engagés dans ce travail béni de la prédication de l’évangile de la grâce de Dieu. Nous sommes conscients, dans une mesure, des découragements que rencontre chaque évangéliste, quelles que puissent être sa sphère de travail et la mesure de son don ; c’est pourquoi nous désirons fortifier les mains et réconforter les cœurs de tous ceux qui risqueraient de se décourager ainsi. Nous sentons de plus en plus l’immense importance d’un témoignage évangélique sérieux et fervent, partout, et nous redoutons beaucoup tout abandon de ce témoignage. Nous sommes impérativement appelés à « faire l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim. 4, 5), et à ne pas nous laisser écarter de ce travail par quelque argument ou quelque considération que ce soit.

Que personne ne s’imagine qu’en écrivant ceci nous voulions rabaisser, dans la plus petite mesure qui soit, la valeur de l’enseignement, ou de l’exhortation. Rien n’est plus loin de notre pensée ! « Il fallait faire ces choses-ci, et ne pas laisser celles-là » (Matt. 23, 23). Nous ne voulons pas comparer le travail de l’évangéliste à celui du docteur, ou mettre en valeur le premier aux dépens du second. Chacun a sa propre place, son propre intérêt et son importance.

N’est-il pas à craindre par ailleurs, que l’évangéliste abandonne son propre travail, si précieux, pour se consacrer à l’édification et à l’enseignement ? L’évangéliste ne risque-t-il pas de se transformer en docteur ? Nous le craignons, et c’est dans cette crainte que nous écrivons ces quelques lignes. Nous constatons avec une profonde inquiétude que plusieurs, qui étaient connus parmi nous comme des évangélistes sérieux et dont le travail était béni, ont presque abandonné leur travail et sont devenus des docteurs, des enseignants.

C’est extrêmement regrettable. Nous avons réellement besoin d’évangélistes. Un vrai évangéliste est presque aussi rare qu’un vrai pasteur. Combien ces deux dons sont rares, hélas ! Ils sont étroitement liés : l’évangéliste rassemble les brebis ; le pasteur les nourrit et prend soin d’elles. Dans son travail, chacun est tout près du cœur de Christ, le divin évangéliste et pasteur. C’est de l’évangéliste que nous nous occupons maintenant, pour l’encourager dans son travail et le mettre en garde contre la tentation de s’en détourner. Nous ne pouvons pas nous permettre, à l’heure actuelle, de perdre un seul ambassadeur, ou d’avoir un seul prédicateur qui se taise. Nous savons bien qu’il y a, à certains endroits, une forte tendance à décourager le travail d’évangélisation. Il y a un triste manque de sympathie envers le prédicateur de l’évangile, et par conséquent, de coopération active avec lui dans son travail. Et même, certains parlent de la prédication de l’évangile d’une manière qui révèle peu de communion avec le cœur de Celui qui pleurait sur les pécheurs non repentis et qui pouvait dire, au tout début de Son ministère : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres » (És. 61, 1 ; Luc 4, 18). Et aussi : « Allons ailleurs dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis venu » (Marc 1, 38).

Notre précieux Sauveur était un prédicateur infatigable de l’évangile, et tous ceux qui sont remplis de Sa pensée et de Son Esprit s’intéresseront vivement au travail de ceux qui cherchent, dans leur faible mesure, à faire de même. Cet intérêt se manifestera, non seulement par la prière sincère pour demander la bénédiction de Dieu sur ce travail, mais aussi par des efforts diligents et persévérants pour amener des personnes à venir écouter la bonne nouvelle du salut.

Voilà comment aider l’évangéliste ! Ce chemin est ouvert à tout membre du corps de Christ : homme, femme ou enfant. Tous peuvent ainsi concourir à faire avancer le glorieux travail d’évangélisation. Si chacun dans l’assemblée travaillait diligemment et avec prière de cette manière-là, quelle différence cela ferait pour les chers serviteurs du Seigneur qui cherchent à faire connaître les immenses richesses de Christ !

Mais, hélas, il en est souvent bien autrement. Il nous arrive d’entendre ceux-là même qui sont considérés comme étant spirituels et ayant de l’intelligence, dire, en parlant de réunions pour le témoignage de l’évangile : « Oh, je n’y vais pas, c’est seulement l’évangile ». Pensez donc ! « Seulement l’évangile », autrement dit seulement le cœur de Dieu, seulement le précieux sang de Christ, seulement le glorieux rappel de l’œuvre du Saint Esprit.

Rien n’est plus triste que d’entendre des chrétiens parler de cette manière. Cela montre bien que leur âme est très loin du cœur de Jésus. Nous avons toujours remarqué que ceux qui méprisent le travail de l’évangéliste et en parlent sans considération, sont des personnes peu spirituelles ; et que, inversement, les enfants de Dieu les plus dévoués, les plus fidèles et les mieux instruits dans la Parole, prennent toujours un profond intérêt à ce travail. Comment pourrait-il en être autrement ? Les Saintes Écritures elles-mêmes ne témoignent-elles pas clairement de l’intérêt de chaque personne divine pour le travail de l’évangile ? Qui a prêché l’évangile le premier ? Qui fut le premier messager du salut ? Qui, le premier, annonça la bonne nouvelle du talon brisé de la semence de la femme (Gen. 3, 15) ? L’Éternel Dieu Lui-même, dans le jardin d’Éden. Cela nous parle. Ensuite, qui fut le prédicateur le plus sérieux, le plus actif et le plus fidèle que la terre ait jamais porté ? C’est le Fils de Dieu. Et qui a prêché l’évangile pendant les dix-huit derniers siècles ? C’est le Saint Esprit, envoyé du ciel.

Ainsi, le Père, le Fils et le Saint Esprit sont engagés effectivement dans le travail d’évangélisation. S’il en est ainsi, qui sommes-nous pour oser parler légèrement d’un tel travail ? Que plutôt notre être moral tout entier soit réveillé par la puissance de l’Esprit de Dieu, afin que nous soyons capables d’ajouter un amen fervent et profond à cette précieuse parole inspirée : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut » (És. 52, 7 ; Rom. 10, 15).

Mais il se peut que ces lignes soient lues par quelqu’un qui a été engagé dans un travail d’évangélisation, et qui commence à se sentir découragé. Il se peut qu’il ait été appelé à prêcher au même endroit pendant des années, et se sente accablé à la pensée d’avoir à s’adresser aux mêmes personnes, sur le même sujet, semaine après semaine, mois après mois, année après année. Il se peut qu’il ressente le besoin de quelque chose de nouveau, de rafraîchissant, quelque changement. Il se peut qu’il soupire après une nouvelle sphère, où les sujets qui lui sont familiers seront nouveaux pour les autres. Ou, si cela n’est pas, il se peut qu’il croie devoir remplacer par des études et expositions de la Parole les prédications de l’évangile, ferventes, directes et sérieuses.

Si telles se trouvent être les pensées du lecteur, qu’il se souvienne que le grand thème du vrai évangéliste, c’est Christ. La puissance pour présenter ce thème, c’est le Saint Esprit. Celui à qui ce thème doit être présenté, c’est le pauvre pécheur perdu. Or la personne de Christ est toujours aussi nouvelle, la puissance du Saint Esprit toujours aussi fraîche, la condition et la destinée de l’âme toujours aussi profondément dignes d’intérêt. En outre, chaque fois que l’évangéliste se lève pour prêcher, qu’il se rappelle que ses auditeurs inconvertis sont totalement ignorants de l’évangile, qu’ainsi il devrait parler comme si c’était la première fois qu’ils entendaient le message, et comme si c’était la première fois que lui le présentait. Car, rappelons-le, la prédication de l’évangile, dans le sens divin du terme, n’est pas la simple exposition stérile de la doctrine évangélique, des mots et des phrases rabâchés maintes et maintes fois d’une manière routinière et ennuyeuse. Loin de là ! L’évangile est en réalité la présentation du cœur plein d’amour de Dieu, jaillissant et s’écoulant en fleuve de vie et de salut vers le pauvre pécheur, de la mort expiatoire et de la glorieuse résurrection du Fils de Dieu. Et tout cela extrait de la mine inépuisable qu’est l’Écriture, dans l’énergie, le rayonnement et la fraîcheur toujours actuels du Saint Esprit. De plus, le seul but du prédicateur, c’est de gagner des âmes pour Christ, à la gloire de Dieu. Pour cela, il travaille et plaide, pour cela il prie, pleure et souffre, pour cela il tonne, il supplie, il lutte avec le cœur et la conscience de ses auditeurs. Son but n’est pas d’enseigner des doctrines, bien que des doctrines puissent être présentées, ni d’exposer l’Écriture, bien que l’Écriture puisse être expliquée. Ces choses sont du domaine du docteur. Mais, ne l’oublions jamais, le but de l’évangéliste est d’amener le pécheur à rencontrer Christ, de gagner des âmes à Christ. Que Dieu, par Son Esprit, garde ces choses toujours présentes à nos cœurs, afin que nous nous intéressions davantage au glorieux travail de l’évangélisation !

En conclusion, nous voudrions simplement ajouter un mot d’exhortation à propos de la réunion d’évangélisation. En toute affection, nous voudrions dire à nos chers compagnons d’œuvre : Cherchez à consacrer cette heure-là à l’œuvre du salut des âmes. Il y a cent soixante-huit heures dans une semaine, et c’est certainement le moins que nous puissions faire que de consacrer une de ces heures à ce travail capital. C’est pendant cette heure-là que nous pouvons retenir l’attention de nos auditeurs inconvertis. Utilisons-la pour faire pénétrer en eux la merveilleuse histoire de l’amour gratuit de Dieu et du plein salut en Christ.

Une devise pour l’évangéliste

« Évangéliser dans les lieux qui sont au-delà de vous » (2 Cor. 10, 16). Ces paroles qui révèlent le cœur de l’apôtre, largement ouvert, plein de dévouement et de renoncement à lui-même, sont aussi un beau modèle pour l’évangéliste de toute époque. L’évangile se répand partout, aussi l’évangéliste est appelé à voyager. L’évangéliste, qualifié et envoyé par Dieu, dirigera ses yeux vers le monde entier. Il embrassera d’un cœur aimant toute la famille humaine. Maison après maison, rue après rue, ville après ville, province après province, pays après pays, continent après continent, d’un pôle à l’autre pôle : tel est le champ de la bonne nouvelle, et par là, de son prédicateur. Continuer vers « les lieux qui sont au-delà de vous » doit toujours être la grande devise de l’évangéliste. À peine la lumière de l’évangile a-t-elle brillé de ses rayons vivifiants dans un endroit, que le porteur de cette lampe doit penser aux régions plus lointaines. Ainsi le travail continue, ainsi la puissante marée de la grâce avance, éclairant et sauvant avec puissance, dans un monde de ténèbres qui gît dans « le pays de l’ombre de la mort » (És. 9, 2).

Lecteur chrétien, pensez-vous aux « lieux qui sont au-delà de vous » ? Cette expression peut signifier, dans votre cas, la maison voisine ou la rue voisine, le village voisin, la ville voisine, le pays voisin ou un autre continent. Que votre cœur considère quelle est l’application de ce verset pour vous. Mais, dites-moi, pensez-vous aux « lieux qui sont au-delà de vous » ? Je ne voudrais pas que vous abandonniez la place que vous occupez maintenant ; en tous cas pas avant que vous ne soyez pleinement persuadé que votre travail, là où vous êtes, est achevé. Mais souvenez-vous que le charme de l’évangile ne devrait jamais rester à la même place. « Plus avant » est la devise de tout vrai évangéliste. Laissez les bergers rester auprès des troupeaux. Mais que les évangélistes se rendent ici et là, pour rassembler les brebis. Qu’ils fassent sonner les trompettes de l’évangile de tous côtés dans ce monde de ténèbres, pour rassembler les élus de Dieu. C’est le dessein de l’évangile ; ce devrait être l’objet de l’évangéliste, tandis qu’il soupire après « les lieux qui sont au-delà ». Quand César aperçut depuis la Gaule les falaises de Grande-Bretagne, il lui tarda d’y emmener son armée. Ainsi l’évangéliste, dont le cœur bat à l’unisson de celui de Jésus, désire, tandis qu’il porte ses yeux sur la carte du monde, annoncer l’évangile de paix dans des régions qui restent jusqu’ici enveloppées dans l’obscurité de la nuit, couvertes du sombre manteau de la superstition, ou ruinées par l’influence desséchante de la « forme de la piété » sans « la puissance » (2 Tim. 3, 5).

Ce serait, je le crois, une question profitable pour beaucoup d’entre nous, de nous demander dans quelle mesure nous nous acquittons de notre sainte responsabilité envers les « lieux au-delà ». Je suis convaincu que le chrétien qui ne cultive pas et ne manifeste pas un esprit évangélique, est dans un état absolument déplorable. De même, que l’assemblée qui ne fait pas preuve d’un esprit évangélique est dans un état de mort. Une des marques les plus manifestes de croissance et de prospérité spirituelles, soit pour un individu soit pour une assemblée, est une sollicitude sincère pour la conversion des âmes. Cette sollicitude de cœur se traduira par d’abondants efforts en vue du bien des « lieux au-delà ». Il est difficile de croire que « la Parole de Dieu habite… richement » (Col. 3, 16) en celui qui ne fait aucun effort pour la communiquer aux pécheurs qui l’entourent. Peu importe l’ampleur de cet effort, cela peut être de glisser quelques mots dans l’oreille d’un ami, de donner un traité, d’écrire un mot, de murmurer une prière. Mais une chose est certaine : un chrétien vivant, en bonne santé spirituelle, sera un chrétien ayant à cœur l’évangile, un annonciateur de bonnes nouvelles, quelqu’un dont la sympathie, les désirs et l’énergie seront toujours dirigés vers les « lieux au-delà ». « Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, car il faut que j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis venu » (Marc 1, 38). Telles étaient les paroles du vrai évangéliste.

Il ne fait aucun doute que beaucoup de serviteurs de Christ se sont trompés, sous une influence ou une autre, en restant trop localisés, trop attachés à un endroit. Ils se sont enfermés alors dans une routine, prêchant toujours au même endroit, et ainsi, dans bien des cas, se sont paralysés eux-mêmes, entravant leurs auditeurs. Je ne parle pas ici du travail du pasteur, de l’ancien, du docteur, qui doit, bien sûr, être mené au milieu des croyants. Je parle ici de l’évangéliste : celui-ci ne devrait jamais accepter d’être attaché au même endroit. Le monde entier est sa sphère, les « lieux au-delà » sa devise, appeler les élus de Dieu est son objet, l’action de l’Esprit sa ligne directrice. Si le lecteur se trouve être l’un de ceux que Dieu a appelé à être évangélistes et qualifié pour cela, qu’il se souvienne de ces quatre choses : la sphère, la devise, l’objet et la ligne directrice, qu’il doit avoir absolument pour être un ouvrier qui porte du fruit dans la moisson.

Enfin, que le lecteur soit un évangéliste ou pas, je désirerais sincèrement l’engager à examiner dans quelle mesure il cherche à propager l’évangile de Christ. Nous ne devons pas rester oisifs. Le temps est court ! L’éternité s’approche à grands pas ! Le Maître est infiniment digne que nous Le servions fidèlement de tout notre cœur ! Les âmes sont très précieuses ! Le temps du travail va bientôt se terminer ! Alors, au nom du Seigneur Jésus, levons-nous et agissons ! Et quand nous aurons fait tout ce que nous pouvons dans les contrées avoisinantes, portons la précieuse semence vers les « lieux qui sont au-delà de nous ».

Le travail d’un évangéliste (Act. 16, 8-31)

Nous avons commencé par adresser quelques mots à l’évangéliste ; nous continuons maintenant par quelques remarques sur le travail évangélique, et nous ne pouvons pas mieux faire que de prendre pour point de départ ce qui nous est rapporté sur le travail missionnaire d’un des plus grands évangélistes qui aient jamais vécu. Le passage de l’Écriture cité en tête de ce chapitre nous montre comment le grand apôtre des nations, guidé assurément par le Saint Esprit, agit envers chacune des trois catégories d’auditeurs qui y sont mentionnées. Nous avons d’abord « le chercheur sincère », ensuite « le faux professant », enfin « le pécheur endurci ». L’ouvrier du Seigneur rencontre ces trois catégories de personnes partout et à tout moment ; c’est pourquoi nous pouvons être reconnaissants d’avoir un récit inspiré sur la manière d’agir à l’égard de chacune d’elles. Il est vraiment désirable que ceux qui annoncent l’évangile sachent s’occuper des états d’âme variés qu’ils rencontrent chaque jour, et il n’y a pas de moyen plus efficace d’acquérir cette compétence que l’étude soigneuse des modèles que nous donne le Saint Esprit de Dieu.

Commençons par examiner le cas du

Chercheur sincère

L’infatigable apôtre, au cours de ses voyages missionnaires, arrive en Troade. Là, une vision lui apparut pendant la nuit : « Un homme macédonien se tenait là, le priant et disant : Passe en Macédoine et aide-nous. Et quand il eut vu la vision, aussitôt nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, concluant que le Seigneur nous avait appelés à les évangéliser. Quittant donc la Troade, nous fîmes voile, tirant droit sur Samothrace, et le lendemain à Néapolis, et de là à Philippes, qui est la première ville du quartier de la Macédoine, et une colonie ; et nous séjournâmes quelques jours dans cette ville. Et le jour du sabbat, nous sortîmes hors de la porte et nous nous rendîmes au bord du fleuve, où l’on avait l’habitude de faire la prière ; et, nous étant assis, nous parlions aux femmes qui étaient assemblées. Et une femme nommée Lydie, marchande de pourpre de la ville de Thyatire, qui servait Dieu, écoutait ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu’elle fût attentive aux choses que Paul disait. Et après qu’elle eut été baptisée ainsi que sa maison, elle nous pria, disant : Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y contraignit » (Act. 16, 9-15).

Ici, donc, nous avons une scène touchante : quelque chose qui vaut la peine d’être considéré et médité. Nous voyons quelqu’un qui, ayant par grâce obtenu une mesure de lumière, la mettait en pratique et cherchait sincèrement à en posséder plus. Lydie, la marchande de pourpre, appartenait à la même catégorie que l’eunuque d’Éthiopie et le centurion de Césarée. Tous trois apparaissent dans la Parole inspirée comme des âmes vivifiées, mais pas libérées, pas en repos, pas satisfaites. L’eunuque (Act. 8) était venu d’Éthiopie à Jérusalem à la recherche de quelque chose sur lequel son âme anxieuse pourrait se reposer. Mais il avait quitté Jérusalem dans le même état d’insatisfaction, et il se penchait pieusement et sérieusement sur la précieuse Parole. L’œil de Dieu était sur lui, et Il envoya Son serviteur Philippe avec le message exact dont l’eunuque avait besoin pour résoudre ses difficultés, répondre à ses questions, et mettre son âme en paix. Dieu sait comment provoquer de telles rencontres. Il sait comment préparer le cœur pour le message et le message pour le cœur. L’eunuque était un adorateur de Dieu ; mais Philippe est envoyé pour lui enseigner comment voir Dieu dans la face de Jésus Christ. C’était exactement ce dont il avait besoin. Ce fut un flot de lumière rafraîchissante qui fit irruption dans un esprit sincère, mettant son cœur et sa conscience en repos, et il repartit tout joyeux. Il avait suivi avec droiture la lumière au fur et à mesure qu’elle éclairait son âme, et Dieu lui en envoya plus.

Il en est toujours ainsi : « Car à quiconque a, il sera donné, et il sera dans l’abondance » (Matt. 13, 12). Il n’y a jamais eu d’âme qui, ayant sincèrement agi selon la lumière qu’elle avait, n’en ait reçu plus. C’est très consolant et très encourageant pour tout chercheur anxieux. Si mon lecteur est de ceux-là, qu’il prenne courage. S’il est un de ceux en qui Dieu a commencé à travailler, qu’il soit alors assuré « que Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre, l’achèvera jusqu’au jour de Christ » (Phil. 1, 6). Il mènera très certainement à bonne fin ce qui concerne Son peuple.

Mais qu’aucun de ceux qui ne connaissent pas le Seigneur comme leur Sauveur ne se croise les bras, ni ne se repose sur ses deux oreilles, disant froidement : « Je dois attendre le moment de Dieu pour avoir plus de lumière. Je ne peux rien faire, mes efforts sont inutiles. Quand le moment de Dieu sera là, tout sera clair ; jusque-là, je dois rester comme je suis ». Les pensées et les sentiments de l’eunuque éthiopien étaient tout différents. C’était quelqu’un qui recherchait la vérité avec sincérité. Et tout chercheur sincère est certain de finir par trouver avec joie. Il ne peut en être autrement, car Dieu « est le rémunérateur de ceux qui le recherchent » (Héb. 11, 6).

Ainsi en est-il aussi du centurion de Césarée (Act. 10). C’était un homme de la même trempe. Il vivait selon la lumière qu’il avait. Il jeûnait, il priait et il donnait l’aumône. Il ne nous est pas dit s’il avait lu le sermon sur la montagne, mais il est remarquable de voir qu’il s’exerçait lui-même aux trois grands aspects de la justice pratique qui nous est présentée par le Seigneur en Matthieu 6. Au verset 1 : « Prenez garde de ne pas faire votre aumône (ou : votre justice) devant les hommes ». Ensuite nous avons les trois aspects de la justice : donner l’aumône (v. 2), la prière (v. 6), le jeûne (v. 16). C’était exactement ce que faisait Corneille. Bref, il craignait Dieu et pratiquait la justice selon la lumière qu’il avait. Il se conduisait et marchait selon le modèle que Dieu avait placé devant lui. Sa justice dépassait celle des scribes et des pharisiens ; c’est pourquoi il entra dans le royaume. Il fut, par grâce, un homme authentique qui suivit sincèrement la lumière lorsqu’elle pénétra dans son âme, et il fut amené dans la pleine clarté de l’évangile de la grâce de Dieu. Dieu envoya Pierre à Corneille comme Il avait envoyé Philippe à l’eunuque. Les prières et les aumônes étaient montées en mémorial devant Dieu, et Pierre fut envoyé avec le message du salut complet par un Sauveur crucifié et ressuscité.

Il est possible que certaines personnes, bercées par la douce insouciance d’un christianisme facile, et élevées dans le formalisme désinvolte d’une religion qui satisfait les appétits de l’homme et pour qui le ciel est toujours propice, soient prêtes à condamner la conduite pieuse de Corneille, et à la juger comme étant le fruit de l’ignorance et du légalisme. De telles personnes n’ont jamais su ce que c’était que de se refuser un seul repas, ou de passer une heure en prière réelle et sincère, ou d’exercer une vraie charité envers les pauvres. Peut-être ont-ils lu ou entendu dire que le salut ne peut être obtenu par de tels moyens, que nous sommes justifiés par la foi sans œuvres, que le salut est pour celui qui ne fait pas d’œuvres, mais qui croit en Celui qui justifie l’impie.

Tout cela est très juste, mais quel droit avons-nous d’imaginer que Corneille priait, jeûnait et donnait l’aumône pour acquérir le salut ? Aucun, si du moins nous sommes soumis au récit inspiré, et nous n’avons aucun moyen de savoir quoi que ce soit d’autre de ce personnage intéressant et véritablement exceptionnel. Il fut informé par l’ange que ses prières et ses aumônes étaient montées pour mémorial devant Dieu. N’est-ce pas une preuve très claire que ses prières et ses aumônes n’étaient pas une façade de propre justice, mais les fruits d’une justice basée sur la connaissance qu’il avait de Dieu ? Sûrement les fruits de la propre justice et du légalisme n’auraient jamais pu monter vers le trône de Dieu en mémorial. Pierre n’aurait jamais pu dire non plus en parlant d’un légaliste qu’il était quelqu’un qui craignait Dieu et pratiquait la justice (Act. 10, 35).

Non, Corneille était quelqu’un de tout à fait sincère. Il vivait selon ce qu’il connaissait, et il aurait eu tort d’aller plus loin. Pour lui, le salut de son âme immortelle, le service pour Dieu, et l’éternité, étaient des réalités importantes et qui l’absorbaient entièrement. Ce n’était pas un professant insouciant, désinvolte, insipide, tenant des discours sans aucune valeur, et ne faisant rien. Il appartenait à une autre sorte de personnes radicalement opposée. Il appartenait à la catégorie de ceux qui font, et non de ceux qui disent. Il était un de ceux sur lesquels le regard de Dieu se pose avec satisfaction, et sur qui la pensée du ciel s’attache avec un profond intérêt.

Ainsi en était-il aussi de Lydie, la marchande de pourpre de Thyatire. Elle appartenait à la même école. Elle était sur le même plan que l’eunuque et le centurion. C’est très heureux de considérer ces trois âmes, de penser à l’une en Éthiopie, une autre à Césarée, et la troisième à Thyatire, ou à Philippes. Il est particulièrement rafraîchissant de mettre en contraste de telles âmes sincères, diligentes et pieuses, avec bien d’autres qui, de nos jours, se glorifient de leur lumière et de leur connaissance, qui connaissent dans leurs têtes le « plan du salut », comme on l’appelle, qui ont les doctrines de la grâce sur leurs lèvres, mais le monde dans leur cœur, dont le seul centre d’intérêt est le moi, moi, moi : misérable objet !

Nous aurons l’occasion de parler plus en détails de cela à propos du cas suivant ; mais pour l’instant, continuons à nous occuper de cette âme sérieuse : Lydie. Et nous devons confesser que c’est un sujet bien plus réconfortant. Il est très clair que Lydie, comme l’eunuque et Corneille, était une âme en éveil : elle adorait Dieu, elle ne demandait pas mieux que de quitter son commerce et d’aller à une réunion de prière, ou à n’importe quel endroit où on pourrait recevoir du bien spirituel. « Les oiseaux de même plumage volent ensemble », et ainsi, Lydie trouva bientôt l’endroit où quelques âmes pieuses, quelques esprits de la même famille, avaient l’habitude de se rencontrer pour s’attendre à Dieu dans la prière.

Tout cela est magnifique. Il est rafraîchissant de voir un tel sérieux. Il est certain que le Saint Esprit a écrit ce récit pour notre instruction, comme toute l’Écriture d’ailleurs. C’est un exemple auquel nous faisons bien de réfléchir. Lydie saisissait diligemment toutes les occasions ; en vérité, elle montrait les véritables fruits de la vie divine, l’action authentique de la nouvelle nature. Elle découvrit l’endroit où des croyants se rassemblaient pour la prière, et prit place au milieu d’eux. Elle n’avait pas croisé les bras et ne s’était pas assise, satisfaite d’elle-même, pour attendre, avec une nonchalance irréfléchie, et une oisiveté coupable, qu’une chose extraordinaire et indéfinissable, ou un changement mystérieux, vienne sur elle. Non, elle est venue à la réunion de prière, l’endroit où l’on exprime ses besoins, où l’on s’attend à la bénédiction ; et là, Dieu a entendu Lydie, puisqu’il est certain qu’Il entend tous ceux qui fréquentent de tels lieux dans le même esprit qu’elle. Dieu ne manque jamais de répondre à un cœur qui L’attend. Il a dit : « Ceux qui s’attendent à moi ne seront pas confus » (És. 49, 23). Et, comme un rayon de soleil, dans le Livre inspiré brille cette promesse assurée et touchante : Dieu « est le rémunérateur de ceux qui Le recherchent » (Héb. 11, 6). Il envoya Philippe à l’eunuque dans le désert de Gaza, Il envoya Pierre au centurion de la ville de Césarée, Il envoya Paul à la marchande de pourpre, près de la porte de la ville de Philippes, et Il enverra un message au lecteur de ces lignes s’il cherche sincèrement le salut de Dieu.

C’est toujours un moment très émouvant lorsqu’une âme préparée est amenée au contact de l’évangile complet de la grâce de Dieu. Il se peut que cette âme ait été dans un profond et douloureux exercice pendant de longs jours, cherchant du repos mais n’en trouvant pas. Le Seigneur a travaillé par Son Esprit, préparant le terrain pour la bonne semence (Luc 8, 15). Il a creusé de profonds sillons pour que la précieuse semence de Sa Parole puisse prendre racine d’une manière permanente, et porte du fruit à Sa louange. Le Saint Esprit n’agit jamais hâtivement. Son travail est profond, sûr et solide. Ses plantes ne sont pas comme le kikajon de Jonas qui, né en une nuit, a péri en une nuit. Tout ce qu’Il fait tiendra, béni soit Son nom. « J’ai connu que tout ce que Dieu fait subsiste à toujours » (Eccl. 3, 14). Quand Il convainc, convertit et libère une âme, le sceau de Sa propre main, éternelle, est sur ce travail, dans toutes ses phases.

Quel moment plein d’intérêt que celui où Lydie, dans l’état d’âme où elle se trouvait, fut mise en contact avec le glorieux évangile que Paul apportait (Act. 16, 14). Elle était tout à fait préparée pour ce message, et certainement, le message était aussi tout à fait préparé pour elle. Il lui apportait des vérités dont elle n’avait jamais entendu parler et auxquelles elle n’avait jamais pensé. Comme nous l’avons déjà remarqué, elle vivait selon la lumière qu’elle possédait ; elle adorait Dieu ; mais, certainement, elle n’avait aucune idée de la glorieuse vérité qui était dans le cœur de cet étranger qui s’était assis près d’elle à la réunion de prière. Elle était venue là, pieuse et sincère comme elle l’était, pour prier et adorer, pour obtenir quelque rafraîchissement pour son esprit après les labeurs de la semaine. Combien peu elle s’imaginait qu’à cette réunion elle entendrait le plus grand prédicateur qui ait vécu, à l’exception du Seigneur, et qu’elle entendrait les vérités les plus élevées qui soient jamais tombées dans les oreilles d’un être humain.

Mais il en fut ainsi. Comme il était important que Lydie soit allée à cette mémorable réunion de prière ! Heureusement qu’elle n’avait pas agi comme beaucoup aujourd’hui qui, après une semaine de travail à l’usine, au champ, au magasin, profitent de leur dimanche pour rester au lit ! Combien de personnes voit-on à leur travail toute la semaine, le faisant avec soin, mais que vous chercherez en vain à la réunion le dimanche. Comment cela se fait-il ? Ils vous diront peut-être qu’ils sont si exténués le samedi soir qu’ils n’ont pas assez d’énergie pour se lever le dimanche, et alors ils passent cette journée en paresse, à flâner et à se dorloter. Ils ne s’occupent pas de leur âme, ni de l’éternité, ni de Christ. Ils s’occupent d’eux-mêmes, de leur famille, du monde, de l’argent ; et ainsi on les trouve debout à l’aube, le lundi, partant à leur travail.

Lydie n’appartenait pas du tout à cette classe de personnes. Elle faisait son travail, comme toute personne sensée. Certainement qu’elle avait de la pourpre d’excellente qualité, et qu’elle était une marchande honnête, dans tous les sens du mot. Mais elle ne passait pas le sabbat au lit, à flâner dans sa maison, ou à se soigner, ou à parler avec ostentation de ce qu’elle avait à faire pendant la semaine. Nous ne pensons pas non plus qu’elle était de ces personnes occupées d’elles-mêmes, qu’une averse suffit à empêcher d’aller à une réunion. Non, Lydie était d’une autre trempe. C’était une femme sincère, qui savait que son âme devait être sauvée, que l’éternité était devant elle, et que le Dieu vivant voulait être servi et adoré.

Plût à Dieu que nous ayons plus de « Lydie » de nos jours ! Cela donnerait au travail de l’évangéliste un charme, un intérêt, une fraîcheur après lesquels beaucoup de serviteurs du Seigneur soupirent en vain. Il nous semble que nous vivons dans des temps de terrible inconscience quant aux choses éternelles et divines. Hommes, femmes et enfants déploient assez d’énergie pour gagner de l’argent, pour leurs plaisirs et pour ce qu’ils poursuivent, mais quand il s’agit des choses de Dieu, de leur âme et de l’éternité, c’est l’indifférence. Mais chaque battement de cœur, chaque seconde nous rapproche du moment où l’indifférence sera changée en « pleurs et en grincements de dents ». Si cela était ressenti plus profondément, il y aurait beaucoup plus de « Lydie », préparées à être attentives à l’évangile que Paul prêchait.

Quelle force et quelle beauté dans ces mots : « Le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu’elle fût attentive aux choses que Paul disait ». Lydie n’était pas une de ces personnes qui vont à la réunion pour penser à tout sauf à ce qui est dit par les serviteurs du Seigneur. Elle ne pensait pas à sa pourpre, ni à ses prix, ni à ses gains ou ses pertes probables. Combien y en a-t-il parmi ceux qui remplissent les salles de réunion, qui suivent l’exemple de Lydie ? Hélas, bien peu, craignons-nous. Le travail, les tendances du marché, la situation financière, l’argent, le plaisir, l’habillement, des futilités, que de sujets occupent nos pensées ! On est préoccupé, les pensées vagabondent, et ainsi le pauvre cœur est à l’autre bout du monde au lieu d’être attentif aux choses qui sont dites.

Tout cela est extrêmement solennel. Il est indispensable de s’y arrêter et d’y penser. Est-on conscient que la prédication de l’évangile rend responsable celui qui l’entend ? On oublie que l’évangile ne laisse jamais une personne inconvertie là où elle l’a trouvée. Ou bien elle est sauvée en recevant l’évangile, ou bien elle est plus coupable qu’avant en le rejetant. Il est donc très sérieux d’écouter l’évangile. On peut assister à des réunions d’évangélisation par habitude, pour remplir un devoir religieux, parce qu’on n’a rien d’autre à faire et qu’on s’ennuie, ou parce qu’on pense qu’en y allant on acquiert du mérite. Ainsi, des milliers de personnes assistent à des prédications où les serviteurs de Christ, bien que n’ayant pas le don de Paul, ni sa puissance, ni son intelligence, présentent la précieuse grâce de Dieu qu’Il a manifestée en envoyant Son Fils unique dans le monde pour nous sauver de la misère, des tourments éternels. La vertu et l’efficacité de la mort expiatoire de l’Agneau de Dieu notre divin Sauveur, les terribles réalités de l’éternité, les horreurs de l’enfer et les joies inexprimables du ciel, toutes ces questions vitales sont présentées par les messagers du Seigneur selon la mesure de grâce octroyée à chacun, et combien cela a peu d’effet ! Ils discourent « sur la justice et sur la tempérance et sur le jugement à venir », et malgré cela, combien peu sont ne serait-ce qu’« effrayés » (Act. 24, 25) !

Pourquoi donc ? Quelqu’un prétendra-t-il s’excuser d’avoir rejeté l’évangile parce qu’il serait incapable de le croire ? Se référerait-il au cas qui est devant nous en disant : « Le Seigneur a ouvert son cœur ; et s’il faisait la même chose pour moi, moi aussi je serais attentif à ce qui est dit dans les réunions, mais tant qu’Il ne l’a pas fait, je ne puis rien faire » ? Un tel argument ne vous servira à rien au jour du jugement. Vous ne pourrez pas vous en servir ce jour-là, car vous faites une application fausse de la belle histoire de Lydie. Il est vrai que le Seigneur a ouvert son cœur, mais Il est tout prêt à ouvrir le vôtre aussi, même si vous ne possédez que le centième de la sincérité de Lydie.

Vous savez bien, lecteur, que cette grande question, comme toute autre, présente deux côtés. Il est facile de dire : « Je ne puis rien faire », et cela peut vous sembler incontestable. Mais qui vous a enseigné cela ? Où l’avez-vous appris ? Nous vous demandons solennellement dans la présence de Dieu : Pouvez-vous lever les yeux vers Lui et dire : « Je ne peux rien faire, je ne suis pas responsable » ? Dites-nous, est-ce que le salut de votre âme immortelle serait la seule chose pour laquelle vous ne pourriez rien faire ? Vous pouvez faire beaucoup de choses pour le monde, pour vous-même, pour Satan ; mais quand il s’agit de Dieu, de l’âme, de l’éternité, vous diriez froidement : « Je ne peux rien faire, je ne suis pas responsable » ?

C’est faux ! Présenter de tels arguments, c’est ne voir qu’un côté des choses. C’est le résultat du raisonnement pernicieux de l’esprit humain qui tord et déforme certaines vérités de l’Écriture. Il ne sert à rien d’avancer de tels arguments. Le pécheur est responsable ; et toute théologie, tous raisonnements, et toutes les objections plausibles mais trompeuses que l’on arriverait à réunir, ne supprimeront jamais ce fait important et solennel.

C’est pourquoi nous appelons le lecteur à s’occuper avec sérieux du salut de son âme, comme l’a fait Lydie. Laissez de côté toute autre question, tout autre détail, tout autre sujet, sans importance en comparaison de cette seule question importante : le salut de votre âme, si précieuse. C’est alors, vous pouvez en être sûr, que Celui qui envoya Philippe à l’eunuque, Pierre au centurion, Paul à Lydie, vous enverra aussi un messager et un message, et qu’Il rendra aussi votre cœur attentif. Il n’y a aucun doute à cela, car l’Écriture déclare que Dieu ne veut pas « qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pier. 3, 9). Tous ceux qui périssent, après avoir entendu le message du salut, la belle histoire de l’amour gratuit de Dieu, de la mort et de la résurrection du Sauveur, périront sans avoir la moindre excuse et, coupables, descendront en enfer en ayant leur sang sur leurs têtes. Alors, leurs yeux seront ouverts. Ils comprendront trop tard qu’ils s’étaient leurrés par de piètres arguments, et que ces arguments les avaient conduits dans une position entièrement fausse et endormis dans le péché et la mondanité.

Mais arrêtons-nous un moment à cette expression : « les choses que Paul disait ». L’Esprit de Dieu n’a pas jugé bon de nous donner, même un bref résumé, de la prédication de Paul à cette réunion de prière. Nous devons donc nous reporter à d’autres passages des saintes Écritures pour avoir une idée de ce que Lydie a entendu dans cette occasion. Prenons, par exemple, ce passage où Paul rappelle aux Corinthiens l’évangile qu’il leur avait prêché : « Or je vous fais savoir, frères, l’évangile que je vous ai annoncé, que vous avez aussi reçu, et dans lequel vous êtes, par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous tenez ferme la parole que je vous ai annoncée, à moins que vous n’ayez cru en vain. Car je vous ai communiqué avant toutes choses, ce que j’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il a été ressuscité le troisième jour, selon les écritures » (1 Cor. 15, 1-4).

Sans aucun doute ce passage de l’Écriture contient un résumé de ce que Paul a dit à Philippes, au cours de cette réunion de prière. Le grand thème de la prédication de Paul était Christ, Christ pour le pécheur, Christ pour le croyant, Christ pour la conscience, Christ pour le cœur. Jamais il ne se permit de s’écarter de ce grand sujet. Mais, avec une constance admirable, toutes ses prédications et ses méditations L’avaient comme centre. S’il appelait les hommes, tant Juifs que nations, à se repentir, la puissance de sa prédication c’était Christ. S’il les exhortait à croire, l’objet qu’il présentait à leur foi c’était Christ, par l’autorité de l’Écriture. S’il « discourait sur la justice et sur la tempérance et sur le jugement à venir », Celui qui donnait force et puissance morale à ses raisonnements, c’était Christ. En résumé, Christ était l’essence même, la somme, la substance, le fondement et la maîtresse pierre de la prédication et de l’enseignement de Paul.

Mais, pour ce qui nous concerne maintenant, il y a trois grands sujets que nous trouvons dans la prédication de Paul, et sur lesquels nous désirons attirer l’attention du lecteur. Ce sont premièrement, la grâce de Dieu ; deuxièmement, la personne et l’œuvre de Christ ; troisièmement, le témoignage du Saint Esprit tel qu’il nous est donné dans les Saintes Écritures.

Nous ne prétendons pas entrer ici dans ces vastes sujets, nous les mentionnons simplement, et nous demandons instamment au lecteur d’y réfléchir, de les méditer et de chercher à les faire siens.

1) La grâce de Dieu : Cette libre et souveraine faveur est la source de laquelle coule le salut, le salut dans toute la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de ce mot si précieux, le salut qui s’étend, comme une chaîne d’or, du cœur de Dieu Lui-même, jusque dans l’abîme le plus profond de la culpabilité du pécheur et de sa condition ruinée, et qui remonte au trône de Dieu, salut qui répond à tous les besoins du pécheur, qui imprègne toute l’histoire des croyants, et glorifie Dieu de la manière la plus élevée qui soit.

2) Ensuite, la personne de Christ et Son œuvre accomplie sont le seul canal par lequel le salut puisse couler vers le pécheur coupable et perdu. Il ne s’agit pas de l’église et de ses sacrements, de la religion avec ses rites et ses cérémonies, ni de l’homme ou de ses actes quels qu’ils puissent être. Il s’agit de la mort et de la résurrection de Christ. « … je vous ai communiqué… que Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures, et qu’il a été enseveli et qu’il a été ressuscité le troisième jour, selon les écritures » (1 Cor. 15, 3-4). C’était l’évangile que Paul prêchait et par lequel les Corinthiens furent sauvés. Et l’apôtre déclare avec une insistance solennelle que si un homme prêche un autre évangile : « qu’il soit anathème » (Gal. 1, 8-9). Terribles paroles pour notre époque !

3) Mais, troisièmement, l’autorité par laquelle nous recevons le salut, c’est le témoignage du Saint Esprit dans l’Écriture. C’est « selon les Écritures » (1 Cor. 15, 1-5). Quelle vérité sûre et réconfortante. Il ne s’agit pas de sentiments, d’expériences ou de preuves, mais simplement de foi en la Parole de Dieu, produite dans le cœur par l’Esprit de Dieu.

Il est très sérieux, pour l’évangéliste, de penser que là où l’Esprit de Dieu travaille, Satan est sans aucun doute aussi à l’œuvre. Nous devons nous en souvenir et être toujours préparés à cela. L’ennemi de Christ, l’ennemi des âmes, est toujours en éveil, rôdant pour voir ce qu’il peut faire, soit pour empêcher, soit pour corrompre le travail de l’évangile. Cela ne doit pas effrayer ni même décourager le serviteur, mais il est bon de s’en souvenir et d’être sur ses gardes. Satan fera tout pour gâter ou empêcher le travail béni de l’Esprit de Dieu. Il a montré qu’il était l’ennemi vigilant et toujours inlassable de ce travail, depuis les jours d’Éden jusqu’à maintenant.

En retraçant l’histoire de Satan, nous le trouvons agissant sous deux caractères, tour à tour comme un serpent ou comme un lion, utilisant la ruse ou la violence. Il cherchera à tromper, et s’il ne peut pas y réussir, il utilisera la violence. Il en est ainsi dans ce seizième chapitre des Actes. Le cœur de l’apôtre avait été encouragé et rafraîchi par ce que nous pourrions appeler une belle conversion, à tous égards authentique et incontestable. Ce fut direct, positif et clair. Lydie reçut Christ dans son cœur, et sur-le-champ se plaça sur le terrain chrétien en se soumettant au baptême. Mais ce ne fut pas tout. Elle ouvrit immédiatement sa maison aux serviteurs du Seigneur. Sa foi n’était pas uniquement des lèvres. Elle ne s’est pas contentée de dire qu’elle croyait, elle a prouvé sa foi en Christ, non seulement en entrant dans l’eau du baptême, mais en s’identifiant elle-même, ainsi que toute sa maison, avec le nom et la cause de Celui qu’elle avait reçu dans son cœur par la foi (v. 15).

Considérons maintenant quelque chose de tout différent. Le serpent apparaît sur la scène comme

Le trompeur

« Or il arriva que, comme nous allions à la prière, une servante qui avait un esprit de python et qui, en prophétisant, procurait à ses maîtres un grand gain, vint au-devant de nous. Et marchant après Paul et nous, elle criait, disant : Ces hommes sont les esclaves du Dieu Très-haut, qui vous annoncent la voie du salut. Et elle fit cela pendant plusieurs jours. Mais Paul, affligé, se retourna et dit à l’esprit : Je te commande au nom de Jésus Christ de sortir d’elle. Et à l’heure même il sortit » (Act. 16, 16-18).

Nous avons ici une circonstance bien propre à éprouver la spiritualité et l’intégrité de l’évangéliste. Beaucoup de gens auraient accueilli ces mots, sortant de la bouche de cette jeune fille, comme un témoignage encourageant pour leur travail. Pourquoi Paul en fut-il donc affligé ? Pourquoi ne lui permit-il pas de continuer à témoigner de l’objet de sa mission ? Ne disait-elle pas la vérité ? N’étaient-ils pas les serviteurs du Dieu Très-haut ? Et ne montraient-ils pas le chemin du salut ? Pourquoi s’en affliger, pourquoi faire taire un tel témoignage ? Parce que cela provenait de Satan et assurément, l’apôtre ne voulait pas recevoir de témoignage de ce dernier. Il ne pouvait pas permettre à Satan de participer à son travail. Certainement, il aurait pu parcourir les rues de Philippes en étant reconnu et honoré comme un serviteur de Dieu, s’il avait seulement consenti à laisser le diable prendre part à son travail. Mais Paul ne pouvait pas consentir à cela. Il ne pouvait pas supporter que l’ennemi se mêle du travail du Seigneur. S’il l’avait laissé faire, le coup de grâce aurait été donné au témoignage rendu à Philippes. Permettre à Satan de participer au travail aurait entraîné la ruine totale de la mission de Paul en Macédoine.

Il est très important pour le serviteur du Seigneur de réfléchir à cet incident. Nous pouvons être assurés que le récit de cette servante a été écrit pour notre instruction. Ce n’est pas seulement un récit de ce qui s’est passé, mais un exemple de ce qui peut se passer, et qui arrive chaque jour.

Il y a aujourd’hui dans la chrétienté des multitudes de faux professants. C’est triste d’avoir à le dire, mais c’est ainsi, et nous devons attirer l’attention du lecteur sur ce fait. Nous sommes entourés de toutes parts par ceux qui ne donnent qu’un simple assentiment de pure forme aux vérités chrétiennes. Ils vont de l’avant, semaine après semaine, année après année, prétendant croire certaines choses qu’ils ne croient, en réalité, pas du tout. Il y en a des milliers qui, chaque dimanche, prétendent croire au pardon des péchés. Cependant, si on interrogeait ces personnes, on trouverait, soit qu’ils n’accordent aucune pensée à ces choses, soit s’ils le font, qu’ils estiment de la plus haute présomption d’être sûr du pardon de ses péchés.

C’est très sérieux ! Imaginez une personne, disant devant Dieu : « Je crois au pardon des péchés », alors qu’en fait elle n’y croie pas ! Y a-t-il quelque chose qui endurcisse davantage le cœur, qui étouffe plus la conscience que cela ? Nous sommes fermement persuadés que les formes et les formules de la chrétienté professante ruinent davantage les âmes que tous les aspects réunis de la dépravation morale. Il est vraiment effrayant de voir ces multitudes innombrables qui se pressent en ce moment sur les chemins battus de la profession religieuse conduisant aux flammes éternelles de l’enfer. Nous nous sentons responsables de lancer cet avertissement. Nous désirons que le lecteur prenne très solennellement garde à cette question.

Nous avons présenté cet exemple particulier, uniquement parce qu’il se rapporte à un sujet d’intérêt très général et de grande importance. Relativement peu de personnes sont au clair et affermis sur cette question du pardon des péchés. Bien peu peuvent, calmement, résolument, dire : « Je sais que mes péchés sont pardonnés ». Bien peu jouissent réellement du plein pardon de leurs péchés, par la foi au précieux sang qui purifie de tout péché. Ainsi, combien il est solennel d’entendre des personnes exprimer des paroles telles que celles-ci : « Je crois au pardon des péchés », alors que, en réalité, elles ne croient pas à leurs propres paroles ! Le lecteur a-t-il l’habitude d’utiliser de telles paroles ? Les croit-il ? Dites-moi, cher ami, vos péchés sont-ils pardonnés ? Êtes-vous lavé dans le précieux sang expiatoire de Christ ? Sinon, pourquoi ? Le chemin est ouvert. Il n’y a pas d’obstacle. Vous êtes invité maintenant, sans aucune restriction, à jouir des résultats gratuits de l’œuvre rédemptrice de Christ. Même si vos péchés sont comme le cramoisi, même s’ils sont noirs comme la nuit, noirs comme l’enfer, même s’ils s’élèvent comme une terrible montagne à la vue de votre âme troublée, et menacent de vous précipiter dans la perdition éternelle, ces mots brillent néanmoins d’un éclat divin et céleste dans l’Écriture inspirée : « Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1, 7).

Mais attention, cher ami, n’allez pas de l’avant, semaine après semaine, vous moquant de Dieu, endurcissant votre cœur, exécutant par une fausse profession les desseins du grand ennemi de Christ, Satan. C’est ce que cette servante, possédée par un esprit de divination, faisait, et son histoire est similaire à cet horrible état présent de la chrétienté. Quel fut le thème de ses paroles, pendant ces « plusieurs jours » pendant lesquels l’apôtre considérait minutieusement son cas ? « Ces hommes sont les esclaves du Dieu Très-haut, qui vous annoncent la voie du salut ». Mais elle n’était pas sauvée, elle n’était pas délivrée, elle était elle-même, pendant tout ce temps, sous la puissance de Satan.

Il en est ainsi dans la chrétienté et pour chaque faux professant où qu’il soit dans toute l’église professante. Nous ne connaissons rien de plus terrible, même dans les plus profonds abîmes du mal moral, ou dans les ténèbres les plus obscures du paganisme, que l’état des professants insouciants, endurcis, satisfaits d’eux-mêmes, terrain inculte, qui, chaque dimanche, expriment, dans leurs prières et dans leurs chants, des mots qui, en ce qui les concerne, sont entièrement faux.

Cette pensée est parfois presque accablante. Nous ne pouvons pas nous y arrêter, c’est vraiment trop douloureux. Nous mettons encore une fois solennellement le lecteur en garde contre la moindre mesure de fausse profession. Qu’il ne dise ni ne chante jamais rien qu’il ne croie pas dans son cœur. Le diable est derrière tout ce qui est fausse profession, et de cette manière, il cherche à jeter du discrédit sur le travail du Seigneur.

Mais qu’il est rafraîchissant de voir comment le fidèle apôtre agit envers cette servante. S’il avait cherché à poursuivre ses propres desseins, ou s’il avait été simplement le ministre d’une religion, il aurait accueilli ces paroles comme un compliment bien fait pour augmenter sa popularité ou pour attirer l’attention sur sa cause. Mais Paul n’était pas ministre d’une religion, il était ministre de Christ, ce qui est totalement différent. Et nous pouvons remarquer que cette servante ne dit pas un seul mot de Christ, elle ne prononce pas le nom précieux et incomparable de Jésus. Il est passé sous silence. C’est là la marque de Satan. « Nul ne peut dire Seigneur Jésus si ce n’est par l’Esprit Saint » (1 Cor. 12, 3). On peut parler de Dieu et de religion sans qu’il y ait de place pour Christ dans les cœurs. Les pharisiens, dans Jean 9, 24, pouvaient dire à l’aveugle guéri : « Donne gloire à Dieu » ; mais en parlant de Jésus, ils disaient : « Cet homme est un pécheur ».

Il en est toujours ainsi dans le cas d’une religion corrompue, ou de fausse profession. Il en était ainsi pour cette servante en Actes 16. Elle ne disait pas un mot de Christ. Il n’y avait pas de vie, pas de vérité, pas de réalité. C’était creux et faux. Mettre Christ de côté venait de Satan, c’est pourquoi Paul ne pouvait pas l’accepter. Il en fut affligé et le refusa complètement.

Puisse tout le monde être comme lui, avoir un œil simple pour détecter, et un cœur intègre pour rejeter l’œuvre de Satan dans beaucoup de ce qui se passe autour de nous ! Paul, par grâce, possédait un tel œil. On ne pouvait pas le tromper ; il vit que l’affaire tout entière était un effort de Satan pour s’introduire dans l’œuvre et pour essayer ainsi de la gâter entièrement. « Mais Paul, affligé, se retourna et dit à l’esprit : Je te commande au nom de Jésus Christ de sortir d’elle. Et à l’heure même, il sortit ».

Ce fut véritablement un acte spirituel. Paul ne s’était pas hâté d’affronter le démon, ni même de se prononcer sur son cas ; il attendit plusieurs jours. Mais au moment même où l’ennemi fut détecté, Paul lui résista et le repoussa fermement et sans compromission. Un ouvrier moins spirituel aurait pu laisser passer la chose, en pensant que cela aurait pu favoriser l’œuvre et concourir à son progrès. Paul pensait différemment, et il avait raison. Il ne voulait recevoir aucune aide de Satan. Il n’allait pas accepter une telle entremise dans son travail ; alors, au nom de Jésus Christ, ce nom que l’ennemi avait exclu de ses discours avec tant de soin, il met Satan en fuite.

Mais à peine Satan avait-il été repoussé comme le serpent, qu’il prend le caractère du lion. Ayant échoué par la ruse, il essaie la violence. « Mais ses maîtres, voyant que l’espérance de leur gain s’en était allée, ayant saisi Paul et Silas, les traînèrent dans la place publique devant les magistrats. Et les ayant présentés aux préteurs, ils dirent : Ces hommes-ci qui sont Juifs, mettent tout en trouble dans notre ville et annoncent des coutumes qu’il ne nous est pas permis de recevoir ni de pratiquer, à nous qui sommes Romains. Et la foule se souleva ensemble contre eux ; et les préteurs, leur ayant fait arracher leurs vêtements, donnèrent l’ordre de les fouetter. Et leur ayant fait donner un grand nombre de coups, ils les jetèrent en prison, en commandant au geôlier de les garder sûrement » (v. 19-23).

Ainsi l’ennemi semble triompher ; mais rappelez-vous que les soldats de Christ gagnent leurs plus éclatantes victoires par des défaites apparentes. Satan fit une grande erreur en jetant les apôtres en prison. Il est en effet consolant de penser qu’il n’a jamais rien fait d’autre que des erreurs depuis sa chute jusqu’à maintenant. Toute son histoire, du commencement à la fin, n’est qu’un tissu d’erreurs.

Et ainsi, comme nous l’avons déjà remarqué, Satan fit une grande erreur en jetant Paul dans la prison de Philippes. En raisonnant selon la chair, on pourrait croire le contraire, mais selon le jugement de la foi, le serviteur de Christ était bien mieux à sa place en prison à cause de la vérité, plutôt que dehors, pour le déshonneur de son Maître. En vérité, Paul aurait pu s’éviter cela. Il aurait pu être un homme honoré, reconnu comme « un esclave du Dieu Très-haut », si seulement il avait accepté le témoignage de cette servante, et souffert que Satan l’aide dans son travail. Mais il ne pouvait pas faire cela, et ainsi il devait souffrir. « Et la foule » (toujours inconstante et facilement changeante) « se souleva ensemble contre eux ; et les préteurs, leur ayant fait arracher leurs vêtements, donnèrent l’ordre de les fouetter. Et leur ayant fait donner un grand nombre de coups, ils les jetèrent en prison, en commandant au geôlier de les garder sûrement. Celui-ci, ayant reçu un tel ordre, les jeta dans la prison intérieure et fixa sûrement leurs pieds dans le bois » (Act. 16, 22-24).

On aurait pu croire que c’était la fin du travail de l’évangéliste dans la ville de Philippes, un véritable arrêt de la prédication. Mais pas du tout ! La prison était l’endroit précis où devait se trouver l’évangéliste à ce moment-là. Son travail était là. Il devait rencontrer à l’intérieur des murs de la prison, un auditoire qu’il n’aurait pu trouver dehors. Et ceci nous amène au troisième et dernier cas : celui du

Pécheur endurci

Il est très peu probable que le gardien de la prison eût trouvé le chemin de la réunion de prière, au bord du fleuve. Il s’intéressait peu à de telles choses. Ce n’était pas un chercheur sincère, ni un professant. C’était un pécheur endurci, qui avait une activité endurcissante. Les gardiens, de par leur travail, sont, en général, des hommes durs et sévères. Sans doute il peut y avoir des exceptions : on trouve des hommes au cœur sensible qui font ce travail. Mais, en règle générale, ils ne sont pas tendres ; cela leur conviendrait peu. Ils ont à faire avec la pire classe de la société. Ils sont au courant de bien des crimes et ont la charge de nombreux criminels. Habitués à la rudesse et à la grossièreté, ils deviennent eux-mêmes ainsi.

En jugeant d’après le récit inspiré placé devant nous, nous pouvons bien nous demander si le geôlier de Philippes était une exception à cette règle concernant les gens de sa profession. Il ne semble certes pas avoir montré beaucoup de douceur à l’égard de Paul et de Silas, mais plutôt de la rigueur. Il « les jeta dans la prison intérieure et fixa sûrement leurs pieds dans le bois ».

Mais Dieu avait en réserve les richesses de Sa grâce, pour ce pauvre gardien cruel et endurci. Et comme il était peu vraisemblable qu’il aille écouter l’évangile, le Seigneur lui envoya l’évangile ; et, bien plus, Il se servit du diable pour le lui envoyer. Le geôlier ne savait guère qui étaient ceux qu’il jetait ainsi dans la prison intérieure, et il ne se doutait pas de ce qui allait se passer avant qu’un nouveau jour se lève. Et nous pouvons ajouter que Satan savait peu ce qu’il faisait en envoyant les prédicateurs de l’évangile en prison pour être là le moyen de la conversion du gardien. Mais le Seigneur Jésus Christ savait ce qu’Il allait faire de ce pauvre pécheur endurci. Il peut tourner la colère de l’homme en gloire et empêcher le mal.

C’était Son dessein de sauver le geôlier ; et Satan, loin de faire échouer ce projet, fut, en fait, l’instrument de son accomplissement. Dieu dit : « Mon conseil s’accomplira, et je ferai tout mon bon plaisir » (És. 46, 10). Et quand Il déploie Son amour envers un pauvre pécheur perdu et misérable, Il l’amènera au ciel, en dépit de toute la méchanceté et de la fureur de l’enfer.

En ce qui concerne Paul et Silas, il est tout à fait évident qu’ils étaient à leur place dans cette prison. Ils y étaient pour l’amour de la vérité, et c’est pourquoi le Seigneur était avec eux. Ainsi ils étaient parfaitement heureux. Bien qu’ils fussent enfermés à l’intérieur des sombres murs de la prison, avec leurs pieds fixés dans le bois, ces murs ne pouvaient pas entraver leurs esprits. Rien ne peut ôter la joie de celui qui a le Seigneur avec lui. Shadrac, Méshac et Abed-Nego étaient heureux dans la fournaise de feu ardent. Daniel était heureux dans la fosse aux lions. Paul et Silas étaient heureux dans la prison de Philippes : « Or sur le minuit, Paul et Silas, en priant, chantaient les louanges de Dieu ; et les prisonniers les écoutaient ».

Quels sons étranges sortaient de la prison intérieure ! Il est certain qu’on n’en avait jamais entendu de pareils auparavant. C’étaient des malédictions, des jurons, des paroles blasphématoires, des soupirs, des pleurs et des gémissements qui sortaient de ces murs. Mais entendre, à minuit, des paroles de prière et de louange devait sembler vraiment étrange. La foi peut chanter aussi mélodieusement dans une prison qu’à une réunion de prière. Peu importe l’endroit où nous nous trouvons, pourvu que nous ayons toujours Dieu avec nous. Sa présence illumine la cellule la plus obscure et transforme une prison en la porte même du ciel. Il peut rendre joyeux Ses serviteurs où qu’ils soient et leur donner la victoire dans les circonstances les plus contraires. Il les fait chanter de joie dans les scènes où la nature humaine aurait été submergée de douleur.

Mais le Seigneur avait Son œil sur le geôlier. Il avait écrit son nom dans le livre de vie de l’Agneau avant la fondation du monde, et Il allait le conduire maintenant dans la pleine jouissance de Son salut. « Et tout d’un coup il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison furent ébranlés ; et incontinent toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent détachés » (v. 26).

Si Paul n’avait pas été en pleine communion avec la pensée et le cœur de Christ, il se serait sûrement tourné vers Silas en disant : « C’est le moment de nous échapper ; Dieu est manifestement intervenu en notre faveur et a placé devant nous une porte ouverte ; la providence a certainement placé cette occasion devant nous ». Mais non, Paul était mieux instruit. Il était en pleine communion avec les pensées de son Maître, et il connaissait Son cœur. Ainsi il ne fit aucune tentative de fuite. Les exigences de la vérité l’avaient conduit en prison, l’activité de la grâce le fit rester là. La providence ouvrit la porte, mais la foi refusa de sortir. On parle d’être guidé par la providence, mais si Paul s’était laissé guider ainsi, le geôlier ne serait jamais devenu un joyau de sa couronne.

« Et le geôlier, s’étant éveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée et allait se tuer, croyant que les prisonniers s’étaient enfuis » (v. 27). Cela prouve, très clairement, que le tremblement de terre avec toutes les circonstances qui l’accompagnaient, n’avaient pas touché le cœur du geôlier. Il supposa naturellement, quand il vit les portes ouvertes, que les prisonniers s’étaient enfuis. Il ne pouvait pas les imaginer assis tranquillement en prison, alors que les portes étaient ouvertes et que leurs chaînes étaient déliées. Alors qu’adviendrait-il de lui si les prisonniers étaient partis ? Comment pourrait-il affronter les autorités ? Impossible ! Tout, mais pas cela ! La mort, même de sa propre main, était préférable.

Ainsi, le démon avait conduit ce pécheur endurci jusqu’au bord du précipice. Il allait lui donner le coup final et fatal pour le précipiter dans les flammes éternelles de l’enfer quand, voici, une voix d’amour retentit à ses oreilles. C’était la voix de Jésus, par la bouche de Son serviteur, une voix de tendre et profonde compassion : « Ne te fais point de mal ».

Ce fut irrésistible. Un pécheur endurci pouvait faire face à un tremblement de terre, à la mort elle-même, mais il ne pouvait pas résister à la puissance profondément bouleversante de l’amour. Le cœur le plus dur doit céder sous l’influence morale de l’amour. « Et ayant demandé de la lumière, le geôlier s’élança dans la prison, et tout tremblant il se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Et les ayant menés dehors, il dit : … que faut-il que je fasse pour être sauvé ? ». L’amour peut briser le cœur le plus dur. Et certainement il y avait beaucoup d’amour dans ces mots : « ne te fais pas de mal », prononcés par celui qu’il avait traité si durement quelques heures auparavant.

Remarquons bien qu’il n’y avait aucun reproche, ni la moindre intention de blâme dans les paroles de Paul au gardien. C’était la manière de faire de Christ, le chemin de la grâce divine. Si nous examinons les évangiles, nous n’y trouvons jamais le Seigneur faisant des reproches à un pécheur. Il a des larmes de douleur, des paroles touchantes de grâce et de tendresse, mais pas de reproches, pas de blâme pour le pauvre pécheur en détresse. Nous ne pouvons pas citer ici les nombreuses illustrations et les preuves de cette affirmation, mais il suffira au lecteur de se reporter au récit de l’évangile pour en constater la vérité. Considérez le fils prodigue, le brigand : pas un mot de reproche ni envers l’un ni envers l’autre.

Le Seigneur agissait toujours ainsi ; de même aussi Paul, conduit par l’Esprit de Dieu. Pas une parole au sujet du rude traitement quand il les jeta dans la prison intérieure, pas un mot des chaînes. « Ne te fais pas de mal », puis, « crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta maison » !

Telle est la riche et précieuse grâce de Dieu. Elle brille, dans cette scène, d’un éclat peu commun. Elle se plaît à prendre des pécheurs endurcis, à toucher et à subjuguer leur cœur dur, et à les conduire dans la vive lumière d’un plein salut. Et tout cela d’une manière qui Lui est bien particulière. Oui, Dieu a Sa façon de faire les choses, béni soit Son nom ! Et quand Il sauve un misérable pécheur, Il le fait de telle sorte que cela prouve que Son cœur est tout entier engagé dans ce travail. C’est Sa joie de sauver un pécheur, même le plus grand, et Il le fait d’une manière digne de Lui-même.

Et maintenant, examinons le fruit de tout cela. La conversion du geôlier ne fait aucun doute. Sauvé alors qu’il était au bord de l’enfer, il a été amené dans l’atmosphère même du ciel. Préservé du suicide, il a été conduit dans le cercle du salut de Dieu ; et les preuves de cela étaient aussi claires qu’on pouvait le désirer : « Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison. Et il les prit en cette même heure de la nuit, et lava leurs plaies, et sur-le-champ il fut baptisé, lui et tous les siens. Et il les fit monter dans sa maison, et fit dresser une table ; et croyant Dieu, il se réjouit avec toute sa maison » (v. 32-34).

Quel merveilleux changement ! Le gardien impitoyable est devenu l’hôte généreux ! « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5, 17). Nous voyons clairement maintenant que Paul avait raison de ne pas se laisser guider par les circonstances ! Combien cela est meilleur et plus élevé d’être guidé par « l’œil de Dieu » ! Quelle perte éternelle cela aurait été pour lui s’il était sorti quand la porte s’est ouverte ! N’était-ce pas mieux de se laisser conduire dehors par la main même de celui qui l’avait jeté à l’intérieur ? Cette main qui avait été un instrument de cruauté et de péché est maintenant l’instrument de la justice et de l’amour. Quel triomphe magnifique ! Et en même temps, quelle scène ! Satan n’avait pas prévu une telle conséquence de l’emprisonnement des serviteurs du Seigneur ! Ses plans étaient complètement déjoués. La situation était absolument retournée contre lui. Il pensait entraver l’évangile, et voici qu’il l’a aidé à avancer. Il avait espéré se débarrasser de deux serviteurs de Christ, et voilà qu’il perd un des siens ! Christ est plus fort que Satan ; et tous ceux qui se confient en Lui et agissent selon Ses pensées, participeront maintenant assurément aux victoires de Sa grâce, et brilleront sous l’éclat de Sa gloire pour toujours.

Voilà pour « le travail de l’évangéliste ». Telles sont les scènes qu’il peut avoir à traverser, tels sont les cas auxquels il peut être confronté. Nous avons vu le chercheur satisfait, le trompeur réduit au silence, le pécheur endurci sauvé. Puissent tous ceux qui avancent avec l’évangile de la grâce de Dieu, savoir comment répondre aux divers types de personnes qu’ils peuvent rencontrer sur leur chemin ! Puisse-t-il y en avoir beaucoup qui se lèvent pour faire l’œuvre d’un évangéliste !

Lettres à un évangéliste

Lettre 1

Cher A.

J’ai recherché ces temps derniers, à travers les évangiles et les Actes, les différentes mentions du travail d’évangélisation. Cela m’a beaucoup intéressé et je crois que cela m’a été profitable. Il m’a semblé qu’il serait peut-être opportun de vous présenter, comme à quelqu’un qui s’occupe beaucoup de ce travail béni, quelques-unes des pensées qui me sont venues à l’esprit. Je me sentirai beaucoup plus libre de cette manière que si j’écrivais un traité formel.

Avant tout, j’ai été frappé de la simplicité avec laquelle l’évangélisation était menée au début, si différemment de ce qui se fait parmi nous. Il me semble qu’aujourd’hui nous sommes bien trop gênés par des règles conventionnelles, trop enchaînés par les habitudes de la chrétienté. Nous manquons de sens spirituel, ne sachant pas nous adapter aux situations que Dieu place devant nous. Nous nous imaginons que, pour évangéliser, il doit y avoir un don spécial ; et que même quand il y a ce don spécial, il doit y avoir beaucoup de conventions et d’arrangements humains. Quand nous parlons de faire le travail d’un évangéliste, nous avons à l’esprit, pour la plupart d’entre nous, de grandes salles publiques, des assistances nombreuses, pour lesquelles il faut un don et une puissance d’élocution considérables.

Il est bien certain que, vous comme moi, nous croyons que, pour prêcher l’évangile en public, il doit y avoir un don spécial du Chef de l’Église ; et de plus, nous croyons, selon Éphésiens 4, 11, que Christ a donné et donne encore des évangélistes. C’est clair, si nous nous laissons guider par l’Écriture. Mais je trouve dans les Actes et dans les évangiles qu’une grande part du travail béni d’évangélisation a été accompli par des personnes qui n’étaient pas du tout spécialement douées, mais qui avaient un amour sincère pour les âmes, et un sens profond de la valeur précieuse de Christ et de Son salut. Et, de plus, je trouve, dans ceux qui étaient spécialement doués, appelés et désignés par Christ pour prêcher l’évangile, une simplicité, une liberté et une absence d’apprêt dans leur manière de travailler, que je désire beaucoup pour moi-même et pour tous mes frères.

Examinons un peu l’Écriture. Prenons cette merveilleuse scène de Jean 1, 36 à 46. Jean rend témoignage à Jésus de tout son cœur : « Voilà l’Agneau de Dieu ! ». Son âme était uniquement occupée par l’objet glorieux. Quel en fut le résultat ? Deux disciples l’entendirent et suivirent Jésus. Et après ? L’un des deux qui avait entendu Jean parler et qui avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon Pierre. Et que fait-il ? Il alla d’abord trouver son frère Simon, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (ce qui, interprété, est Christ). Et il le mena à Jésus » (v. 42). Et aussi : « Le lendemain… Jésus trouve Philippe, et lui dit : Suis-moi… Philippe trouve Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus le fils de Joseph… Viens et vois » (v. 44-46).

Voilà la manière de faire après laquelle je soupire ardemment : un travail individuel dans lequel on peut être conduit à arrêter une personne qui passe sur notre chemin, à chercher notre propre frère pour l’amener à Jésus. Je suis convaincu que nous manquons en cela. C’est très bien de rassembler des foules, et de leur adresser un message, selon que Dieu en donne la capacité et l’occasion, et ni vous ni moi ne voudrions écrire un seul mot qui rabaisserait la valeur d’un tel travail. Louez des salles, des locaux, des théâtres, distribuez des invitations, ne négligez pas un seul moyen légitime de répandre l’évangile ! Cherchez à atteindre les âmes le mieux possible ! Loin de moi l’idée de décourager quiconque cherche à contribuer ainsi à l’œuvre.

Mais n’avez-vous pas le sentiment que nous avons davantage besoin de travail individuel, de plus d’entretiens particuliers, sérieux, personnels avec les âmes ? Ne pensez-vous pas que si nous avions plus de « Philippe », nous aurions plus de « Nathanaël » ? Si nous avions plus d’« André », nous aurions plus de « Simon » ? Je ne puis m’empêcher de le croire. Il y a une puissance extraordinaire dans un appel personnel sincère. N’avez-vous pas remarqué que souvent, c’est à la fin d’une prédication publique, lorsque commence le travail d’approche personnel, que des âmes sont touchées ? Comment se fait-il alors qu’il y ait si peu de ce dernier travail ? N’arrive-t-il pas souvent, dans nos prédications publiques, qu’après que le message ait été donné, qu’on ait chanté un cantique et adressé une prière à Dieu, tout le monde se disperse sans aucun effort pour faire un travail individuel ? Je ne parle pas ici du prédicateur qui, lui, ne peut pas atteindre tout le monde, mais du grand nombre de chrétiens qui l’ont écouté. Ils ont vu des étrangers entrer dans la salle, ils se sont assis à côté d’eux, ils ont, peut-être, remarqué leur intérêt, vu des larmes couler, et pourtant ils les ont laissé partir sans aucun effort d’amour pour les atteindre ou pour continuer le bon travail.

Bien sûr, on pourrait dire : « Il vaut beaucoup mieux laisser l’Esprit de Dieu poursuivre Son propre travail. Nous pourrions faire plus de mal que de bien. Et, de plus, les gens n’aiment pas qu’on leur adresse la parole. Ils trouveront cela indiscret, et se détourneront tout à fait ». Il y a beaucoup de vrai dans cette remarque, j’en suis bien conscient. Il est à craindre que de grandes erreurs ne soient commises par des personnes malavisées qui s’introduisent sur le terrain personnel et sacré des exercices profonds de l’âme avec Dieu. Cela demande du tact et du discernement ; en un mot, cela demande une action directe du Saint Esprit qui rende capable de s’occuper des âmes, pour savoir à qui parler, et ce qu’il faut dire.

Ceci admis, en règle générale, quelque chose nous manque lors de nos prédications publiques. N’y a-t-il pas un manque de cet intérêt profond, personnel, plein d’amour pour les âmes, intérêt qui s’exprimera de mille manières et agira puissamment sur le cœur ? Je confesse que j’ai été souvent peiné par ce que j’ai vu dans des réunions d’évangélisation : des étrangers entrent, et on les laisse trouver un siège où ils peuvent. Personne ne semble penser à eux. Des chrétiens sont là, mais ils bougeront à peine pour leur faire de la place. Personne ne leur offre de bible ou de cantique. Et quand la prédication est finie, on les laisse aller comme ils sont venus ; pas un seul mot affectueux pour leur demander s’ils ont apprécié la vérité qui a été prêchée ; pas même un regard aimable qui pourrait gagner la confiance et engager la conversation. Au contraire, il y a une réserve glaciale équivalant presque à de la répulsion.

Tout cela est très triste. Peut-être me direz-vous que la description que je fais est exagérée. Hélas ! elle n’est que trop vraie. Et ce qui la rend plus déplorable encore, c’est que l’on reconnaît que beaucoup de personnes fréquentent nos salles d’évangélisation et de réunions avec un profond exercice, et qu’elles n’ont que le désir d’ouvrir leur cœur à quelqu’un qui pourrait leur apporter un petit conseil spirituel ; mais, par timidité, réserve, nervosité, elles hésitent à faire le premier pas, et n’ont plus qu’à retourner chez elles, dans leur chambre, dans leur solitude et leur tristesse, pour pleurer toutes seules parce que personne ne prend soin de leur âme précieuse. Pourtant, je suis persuadé qu’on remédierait à tout cela si les chrétiens qui assistent aux réunions d’évangélisation étaient davantage à la recherche des âmes : s’ils y assistaient, non pas tellement pour leur propre intérêt que pour être des collaborateurs de Dieu, en cherchant à amener des âmes à Jésus. Il n’y a pas de doute qu’il est très rafraîchissant d’entendre l’évangile prêché pleinement et fidèlement, mais ce ne le serait pas moins si en plus on était profondément intéressé par la conversion des âmes, et si on faisait de ferventes prières à Dieu à ce sujet. En outre, cela ne gênerait en rien la jouissance et le profit personnel des croyants que de cultiver et de montrer un intérêt vivant, affectueux, pour ceux qui les entourent, et de chercher, à la fin de la réunion, à aider ceux qui peuvent en avoir le besoin et le désir. Cela marque fortement le prédicateur, la prédication et toute la réunion, lorsque les chrétiens qui y assistent prennent réellement à cœur leurs hautes et saintes responsabilités envers Christ et envers les âmes. Cela donne un ton, une atmosphère qui doivent être ressentis pour pouvoir être compris ; mais quand on les a une fois ressentis, on peut difficilement s’en passer.

Mais hélas ! combien souvent il en est autrement ! Combien souvent c’est triste, froid, décourageant de voir tout le monde se disperser au moment où la réunion est finie ! Pas de groupes s’attardant affectueusement et se rassemblant autour des nouveaux convertis ou de ceux qui pourraient être dans l’anxiété. Il y avait là des chrétiens âgés et expérimentés, mais au lieu d’attendre, avec la ferme espérance que Dieu pourrait, dans Sa grâce, se servir d’eux pour dire un mot opportun à celui qui est chargé, ils se précipitent dehors comme si c’était une question de vie ou de mort qu’ils soient rentrés chez eux à une certaine heure.

Ne supposez pas que je veuille instaurer des règles pour mes frères. Loin de moi cette pensée ! J’épanche simplement, librement, les pensées de mon cœur. Je suis persuadé qu’il y a là une lacune. Je suis convaincu qu’aucun chrétien n’est en bon état s’il ne cherche pas, d’une manière ou d’une autre, à amener des âmes à Christ. Et, sur le même principe, aucune assemblée de chrétiens n’est dans un bon état si elle n’est pas profondément évangélique. Nous devrions tous être à la recherche des âmes ; et alors, il est certain que nous verrions des résultats encourageants. Mais si nous nous satisfaisons de ne voir jamais aucun fruit, aucune conversion, de semaine en semaine, de mois en mois, et d’année en année, notre état est vraiment lamentable.

Mais il me semble vous entendre dire : « Où sont les passages de l’Écriture que vous deviez citer ? Où sont les nombreuses citations des évangiles et des Actes ? ». J’ai simplement jeté sur le papier les pensées qui ont occupé mon esprit depuis pas mal de temps ; et maintenant, la place me manque pour continuer. Mais si vous le désirez, je vous écrirai une seconde lettre sur ce sujet. En attendant, puisse le Seigneur, par Son Esprit, nous rendre plus sérieux dans la recherche du salut d’âmes immortelles, par tout moyen légitime ! Puissent nos cœurs être remplis d’un authentique amour pour les âmes précieuses, et alors nous serons sûrs de trouver des moyens et des chemins pour les atteindre !

Je reste, croyez-moi, mon bien cher A., votre compagnon d’œuvre profondément attaché.

Lettre 2

Il y a, en relation avec notre sujet, une chose qui m’a beaucoup occupé. C’est l’immense importance qu’il y a à cultiver une foi sincère dans la présence et sous l’action du Saint Esprit. Nous avons besoin de nous rappeler à tout moment que nous ne pouvons rien et que c’est Dieu le Saint Esprit qui peut tout. Dans l’œuvre de l’évangélisation, comme dans toute autre œuvre, il est bien vrai que ce n’est « ni par force ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées » (Zach. 4, 6). Si ce sentiment demeure en nous, nous serons gardés dans l’humilité, et aussi dans un sentiment d’heureuse confiance. Dans l’humilité parce que nous ne pouvons rien faire ; plein d’heureuse confiance, parce que Dieu peut tout. De plus, cela aura pour effet de nous garder sobres et paisibles dans notre travail, non pas froids et indifférents, mais calmes et sérieux, ce qui est une chose très importante à l’heure actuelle. J’ai été très frappé par une remarque faite récemment par un serviteur âgé, dans une lettre adressée à quelqu’un qui venait d’entrer dans le champ : « L’excitation », dit l’auteur, « n’est pas l’effet de la puissance, mais de la faiblesse. Le sérieux et l’énergie sont de Dieu ».

C’est très vrai et très précieux. Mais je pense que les deux phrases ne doivent pas être séparées. Si nous devions choisir entre les deux, je pense que vous et moi, préférerions la deuxième ; pour la bonne raison que beaucoup de personnes, je le crains, regarderaient comme de l’« excitation » ce que vous et moi considérerions réellement comme de la « ferveur et de l’énergie ». J’avoue que j’attache de la valeur au profond sérieux dans le travail. Je ne vois pas comment un homme qui réalise dans quelque mesure la solennité de l’éternité et l’état de tous ceux qui meurent dans leurs péchés, pourrait ne pas être profondément et entièrement sérieux. Comment serait-il possible à quelqu’un de penser à une âme immortelle se tenant sur le bord de l’enfer, et en danger d’y être précipitée à tout moment, sans être sérieux et fervent ?

Mais ce n’est pas cela, l’excitation. Ce que j’entends par excitation, c’est l’activité de la vieille nature, la stimulation de la chair qui agit sur les sentiments naturels, une exaltation qui ne relève que des sentiments. Tout cela est sans valeur et éphémère. Et de plus, c’est une source de faiblesse supplémentaire. Nous ne trouvons jamais rien de semblable dans le ministère de notre Seigneur, ni dans celui de Ses apôtres ; et pourtant, quelle ferveur, quelle énergie inlassable, quelle tendresse n’y trouvons-nous pas ! Une ferveur, une énergie qui s’accordait à peine un moment de repos ou de rafraîchissement ; une tendresse qui pouvait pleurer sur les pécheurs sans repentance. Nous voyons tout cela, mais pas d’excitation. En un mot, tout était le fruit de l’Esprit éternel, tout était pour la gloire de Dieu, marqué par le calme et la solennité qui conviennent à la présence de Dieu, et par une profonde ferveur montrant que le sérieux de l’état de l’homme était pleinement ressenti.

Eh bien ! cher frère, c’est précisément ce dont nous avons besoin, et ce que nous devrions cultiver diligemment. C’est une grande grâce que d’être gardé de toute excitation provenant de la vieille nature et, en même temps, d’être dûment pénétré de la grandeur et de la solennité du travail. Ainsi, l’esprit sera gardé dans un juste équilibre, et nous serons préservés de la tendance à être occupés de notre travail, simplement parce que c’est le nôtre. Et nous nous réjouirons de ce que Christ est magnifié, et que des âmes sont sauvées, quel que soit l’instrument utilisé.

Récemment, j’ai beaucoup repensé à l’époque mémorable quand, dix ans auparavant, l’Esprit de Dieu travaillait si merveilleusement dans le nord de l’Irlande. J’ai appris de précieux enseignements par ce que j’ai vu à ce moment-là. Ceux qui ont eu le privilège d’être les témoins de la grande vague de bénédiction qui a déferlé sur cette région, n’oublieront jamais cette époque. Si je m’y réfère maintenant, c’est en relation avec le sujet de l’action de l’Esprit. Il est bien certain que le Saint Esprit a été attristé et que Son action a été entravée pendant cette année 1859, par l’action de l’homme. Vous vous souvenez comment ce travail a commencé ; vous vous souvenez de la petite école au bord de la route, où deux ou trois hommes se rencontraient, semaine après semaine, pour répandre leur cœur en prière devant Dieu, pour qu’Il veuille intervenir au milieu de la mort et des ténèbres qui régnaient tout autour d’eux ; pour qu’Il ravive Son travail, et qu’Il envoie Sa lumière et Sa vérité avec la puissance de convertir les âmes. Vous savez comment ces prières ont été entendues et exaucées. Vous et moi avons eu le privilège d’assister à ces scènes de réveil, et je suis certain que le souvenir de ces choses est encore frais à votre mémoire, comme il l’est pour moi aujourd’hui.

Quel était le caractère particulier de ce travail à son début ? N’était-ce pas manifestement un travail de l’Esprit de Dieu ? N’a-t-Il pas pris et utilisé les instruments les moins capables, les plus dépourvus, à vue humaine, pour l’accomplissement de Son dessein de grâce ? Quelles sortes de gens ont été principalement utilisés pour la conversion des âmes ? N’étaient-ils pas, pour la plupart, « illettrés et du commun » (Act. 4, 13) ? Et, de plus, tout arrangement humain et toute routine officielle avait fermement été mis de côté. Des ouvriers vinrent de l’usine, des champs et de l’atelier, pour adresser un message à des foules. Nous avons vu des centaines de personnes suspendues aux lèvres d’hommes qui ne pouvaient pas dire cinq mots sans faute de grammaire. En résumé, une vague puissante de vie et de puissance spirituelle déferla sur nous, balayant à ce moment-là quantité de conventions et refusant toute autorité humaine dans les choses de Dieu et le service de Christ.

Dans la mesure où le Saint Esprit était reconnu et honoré, la merveilleuse œuvre progressait. Et, d’autre part, dans la mesure où l’homme animé d’un sentiment d’importance s’agitait en intervenant dans le domaine de l’Esprit éternel, le travail était entravé et étouffé. J’ai vu l’illustration de cela dans d’innombrables cas. Un effort important était fait pour obtenir que l’eau vive coule par les canaux officiels et sectaires, mais le Saint Esprit ne le ratifiait pas. De plus, en plusieurs endroits se manifestait un vif désir de tirer un profit sectaire de ce mouvement béni, et cela contristait le Saint Esprit.

Ce n’était pas tout. On mit sur un piédestal le travail et les ouvriers. Les conversions jugées « frappantes » furent claironnées partout et mises en évidence dans les journaux. Voyageurs et touristes de toutes provenances allèrent rendre visite à ces personnes, notèrent leurs paroles et leurs actes, et en portèrent le compte-rendu jusqu’aux extrémités de la terre. Beaucoup de pauvres gens qui avaient jusqu’alors vécu dans l’obscurité se trouvèrent tout à coup les objets de l’intérêt général du public. On proclama leurs faits et gestes dans la presse et du haut des chaires ; et comme on pouvait s’y attendre, ils perdirent complètement la mesure. Des fourbes et des hypocrites firent leur apparition de toutes parts. Cela devint un point d’honneur d’avoir une expérience étrange et extravagante à raconter, un rêve remarquable ou une vision à relater. Et même là où cette manière de faire irréfléchie n’entraînait pas la fausseté et l’hypocrisie, les jeunes convertis devinrent méprisants et hautains, et regardaient de haut les chrétiens d’âge et d’expérience, ainsi que ceux qui n’avaient pas été convertis de la même manière qu’eux, « frappés », comme on disait alors.

De plus, des gens de très mauvaise renommée, qui semblaient convertis, furent conduits de lieu en lieu, on afficha leurs noms dans les rues, et des foules se rassemblèrent pour les entendre raconter leur histoire, qui n’était très souvent qu’un ramassis de détails sur des actes immoraux et des excès dont on n’aurait jamais dû parler. Plusieurs de ces personnages douteux abandonnèrent d’ailleurs tout cela plus tard, et retournèrent avec encore plus d’ardeur à leurs pratiques précédentes.

J’ai été témoin de ces choses dans plusieurs localités. Je suis convaincu qu’alors, le Saint Esprit a été contristé et étouffé, et que le travail en a été gâté. C’est pourquoi nous devrions chercher avec sérieux à honorer le Saint Esprit, nous reposer sur Lui dans tout notre travail, Le suivre là où Il nous conduit, et non pas courir devant Lui. Son travail restera : « Tout ce que Dieu fait subsiste à toujours » (Eccl. 3, 14), « les choses qui se font sur la terre… tout est l’œuvre de Dieu » (Eccl. 8, 16). Le rappel de ces paroles gardera toujours l’esprit dans un sain équilibre. C’est un grand danger pour les jeunes ouvriers de s’enthousiasmer tellement pour leur travail, leur prédication, leurs dons, qu’ils en perdent de vue le Maître Lui-même. En outre, ils peuvent en arriver à faire de la prédication le but au lieu du moyen. C’est nocif de toute manière. Cela leur nuit, et gâte leur travail. À partir du moment où je fais de la prédication mon but, je suis en dehors de la pensée de Dieu, dont le but est de glorifier Christ, en dehors de la pensée de Christ, dont le but est le salut des âmes et la pleine bénédiction de Son Église. Mais là où on laisse au Saint Esprit Sa place, là où Il est reconnu et cru comme il se doit, tout sera bien ; il n’y aura pas d’exaltation de l’homme, pas d’orgueil agité, pas d’excitation, on ne se glorifiera pas des fruits de son travail. Tout sera calme, tranquille, authentique, dénué de prétention, dans une attente simple, fervente, confiante et patiente de Dieu. Le moi sera dans l’ombre, et Christ sera exalté.

Je pense souvent à une de vos paroles. Je me rappelle vous avoir entendu me dire une fois : « Le ciel sera l’endroit le plus sûr et le meilleur pour connaître les résultats de notre travail ». C’est une vérité à retenir pour tout ouvrier. Je frissonne quand je vois des noms de serviteurs de Christ vantés par la presse, avec des allusions flatteuses sur leur travail et ses fruits. Ceux qui écrivent de tels article devraient réfléchir à ce qu’ils font, ils devraient se demander s’ils ne favorisent pas ce qu’ils devraient désirer voir mortifié et réprimé. Je suis pleinement persuadé que le chemin tranquille, retiré, caché, est le plus sûr et le meilleur pour l’ouvrier de Christ. Cela ne le rendra pas moins fervent, n’entravera pas son énergie, mais au contraire l’augmentera et l’intensifiera. Que Dieu nous garde d’écrire une seule ligne, de prononcer une seule parole qui puisse tendre, dans quelque mesure que ce soit, à décourager ou à entraver un seul ouvrier dans toute la vigne de Christ. Ce n’est pas le moment de faire une chose pareille. Nous désirons voir les ouvriers du Seigneur sérieux et fervents ; mais nous sommes convaincus que ce sérieux, cette vraie ferveur, découleront toujours d’une dépendance totale du Saint Esprit.

Je me suis bien étendu sur ce sujet, sans même me référer aux passages de l’Écriture auxquels je faisais allusion dans ma dernière lettre. Mais, bien-aimé frère dans le Seigneur, vous êtes heureusement familier avec les évangile et les Actes, et ainsi vous savez que le Seigneur Lui-même, et tous ceux qui ont cherché à marcher sur Ses traces bénies, ont reconnu et honoré l’Esprit éternel comme étant Celui par qui toutes leurs œuvres devaient être faites.

Je m’arrête, cher frère et compagnon d’œuvre, vous recommandant de tout mon cœur à Celui qui nous a aimés, et qui nous a lavés de nos péchés dans Son sang, et nous a appelés au privilège d’être ouvriers dans Sa moisson. Qu’Il vous bénisse abondamment, vous et les vôtres, et vous rende encore plus utile !

Votre affectionné compagnon d’œuvre.

Lettre 3

Un autre point est intimement lié au sujet traité dans la lettre précédente : c’est la place que la Parole de Dieu occupe dans l’œuvre de l’évangélisation. Dans ma dernière lettre, je me suis occupé du travail du Saint Esprit, et de l’immense importance qu’il y a à Lui laisser la place qui Lui appartient. Je n’ai pas besoin de vous dire combien la Parole de Dieu est clairement liée à l’action du Saint Esprit. Tous les deux sont inséparablement associés dans les paroles marquantes de notre Seigneur à Nicodème, si peu comprises, malheureusement si mal appliquées : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3, 5).

Il ne fait aucun doute pour vous et moi que, dans le passage ci-dessus, c’est la Parole qui est présentée sous l’image de « l’eau ». Dieu merci, nous ne sommes pas disposés à accréditer l’absurdité de la régénération par le moyen du rituel du baptême. Nous sommes entièrement convaincus que personne n’a eu, ni n’aura, ni ne pourrait obtenir la vie par le moyen de l’eau du baptême. Tous ceux qui croient en Christ doivent être baptisés, mais c’est totalement différent de l’erreur fatale de substituer un rite à la mort expiatoire de Christ, à la puissance régénératrice du Saint Esprit, et à l’action vivifiante de la Parole de Dieu. Je ne perdrai pas votre temps ni le mien à combattre cette erreur, certain que vous êtes d’accord avec moi que, quand le Seigneur parle d’être « né d’eau et de l’Esprit », Il parle de la Parole et du Saint Esprit.

Ainsi, c’est la Parole qui est l’instrument suprême à utiliser dans le travail d’évangélisation. Plusieurs passages de l’Écriture sainte établissent cela avec une telle clarté et une telle netteté que cela ne supporte aucune contradiction. En Jacques 1, 18, nous lisons : « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité ». De même, en 1 Pierre 1, 23, nous lisons : « vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu ». Et la suite du passage, qui est d’une importance capitale en rapport avec notre sujet : « Parce que toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe : l’herbe a séché et sa fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Or c’est cette parole qui vous a été annoncée ».

Ce dernier verset est d’une valeur incalculable pour l’évangéliste : la Parole de Dieu est clairement l’instrument, le seul, celui qui est pleinement suffisant, qu’il ait à utiliser dans son glorieux travail. Il doit apporter la Parole aux gens ; plus il le fera simplement, mieux ce sera. L’eau pure doit pouvoir couler du cœur de Dieu vers le cœur du pécheur, sans être colorée par le canal à travers lequel elle passe. L’évangéliste doit prêcher la Parole, et il doit la prêcher en toute dépendance de la puissance du Saint Esprit. C’est le vrai secret d’une prédication efficace.

Mais si j’insiste sur ce point, et je crois qu’on ne pourra jamais trop le faire, je suis loin de penser que l’évangéliste doive exposer à ses auditeurs vérités sur vérités. Au contraire, ce serait une grave erreur. Il doit laisser cela au docteur ou au pasteur. Je crains que souvent une grande partie de notre prédication ne passe par-dessus la tête de nos auditeurs, parce que nous cherchons à exposer des vérités plutôt qu’à atteindre les âmes. Nous sommes peut-être satisfaits d’avoir donné un message très clair et énergique, un exposé de l’Écriture très intéressant, très instructif, quelque chose de très utile pour les enfants de Dieu ; mais l’auditeur inconverti n’a été ni remué, ni atteint, ni touché, il n’y a rien eu pour lui. Le prédicateur a été plus occupé de son exposé que du pécheur, plus préoccupé de son sujet que des âmes.

C’est une grave erreur, dans laquelle nous tous, moi en tout cas, tombons facilement. Je la déplore profondément, et désire sincèrement la corriger. Et je me demande même si ce ne serait pas précisément la raison de notre manque de fruit. Je ne devrais peut-être pas dire « notre manque », mais « mon manque ». Je ne pense pas, sachant ce que je connais de votre ministère, que cette erreur puisse vous être imputée. Cependant, c’est vous qui serez le meilleur juge. Mais je suis certain d’une chose, c’est que l’évangéliste qui portera le plus de fruits sera celui qui gardera ses yeux fixés sur le pécheur, celui dont le cœur désirera le salut des âmes, celui dont l’amour pour les âmes précieuses confine à la passion. Ce ne sera pas celui qui exposera le plus de vérités, mais celui qui soupirera après les âmes, qui aura le plus de fruits dans son ministère.

J’affirme cela, tout en reconnaissant clairement que la Parole est le grand instrument du travail de la conversion. Ce fait ne doit jamais être perdu de vue, jamais affaibli. Peu importe l’instrument utilisé pour creuser le sillon, la forme que peut revêtir la Parole, le moyen par lequel elle peut être transmise, c’est seulement par « la Parole de la vérité » que les âmes sont engendrées.

C’est une vérité divine que nous devrions toujours avoir à l’esprit. Mais ne constatons-nous pas souvent que ceux qui entreprennent de prêcher l’évangile, tout particulièrement s’ils restent au même endroit, quittent facilement le domaine de l’évangéliste, domaine béni s’il en est, pour entrer dans celui du docteur ? Je le déplore et le désapprouve complètement. Je sais que je suis moi-même tombé dans cette erreur, et je le regrette amèrement. Je vous écris librement et en toute affection : Le Seigneur m’a récemment fait réaliser beaucoup plus profondément l’immense importance d’une fidèle prédication de l’évangile. Je ne rabaisse pas, que Dieu m’en garde, la valeur du travail d’un docteur ou d’un pasteur. Je crois que, là où il se trouve un cœur qui aime Christ, il sera heureux de nourrir et de soigner les précieux agneaux et brebis du troupeau de Christ, ce troupeau qu’Il a acquis par Son propre sang.

Mais les brebis doivent être rassemblées avant qu’elles puissent être nourries ; et comment peuvent-elles être rassemblées sinon par une prédication fidèle de l’évangile ? C’est le noble travail de l’évangéliste d’aller sur les sombres montagnes du péché et de l’erreur, de sonner la trompette de l’évangile et de rassembler les brebis. Je suis convaincu que la meilleure manière d’accomplir ce travail sera, non pas une exposition élaborée de vérités, ni des méditations, même claires, précieuses et instructives, ni de beaux exposés de vérités prophétiques, dispensationnelles, ou doctrinales, de toute valeur et importantes à leur place, mais la présentation fervente et sérieuse de ce qui touche directement les âmes immortelles : paroles d’avertissement, appels solennels, plaidoyers sincères sur la justice, la tempérance et le jugement à venir, annonce, bien faite pour réveiller, de la mort et du jugement, de l’effrayante réalité de l’éternité loin de Dieu, de l’étang de feu et du ver qui ronge et ne meurt pas.

En résumé, cher ami, je suis frappé de voir combien nous avons besoin de prédicateurs qui réveillent les âmes. J’admets que l’on trouve dans la Parole aussi bien l’enseignement de l’évangile, que la prédication de l’évangile. Par exemple, en Romains 1 à 8, Paul enseigne l’évangile, alors qu’en Actes 13 ou 17 il le prêche. Prêcher l’évangile est de la plus grande importance, en tous temps, car un certain nombre d’âmes travaillées sont présentes à nos prédications publiques, et elles ont besoin d’un évangile libérateur, complet, clair, élevé, l’évangile de la résurrection.

Cela dit, je continue à croire que ce qui est nécessaire pour qu’une évangélisation porte du fruit, ce n’est pas tant une grande quantité de vérités, qu’un amour fervent pour les âmes. Voyez le célèbre évangéliste Georges Whitefield. Quel était le secret de son succès ? Vous avez sans doute examiné ceux de ses sermons qui ont été imprimés. Y avez-vous trouvé un grand déploiement de vérités ? Je dois dire que j’ai plutôt été frappé du contraire. Mais il y avait en Whitefield ce que vous et moi ferions bien de désirer ardemment avoir et cultiver. Il avait un amour brûlant pour les âmes, une soif de leur salut, une puissante action sur leur conscience. Avec hardiesse, il plaçait solennellement les gens face à face avec leur conduite passée, leur situation présente et leur destinée future. Voilà ce que Dieu reconnaissait et bénissait ; et Il le fera encore maintenant. Je peux dire, sous le regard de Dieu, que si nos cœurs désiraient avec ardeur le salut des âmes, Dieu nous utiliserait dans ce travail divin et glorieux. Mais d’autre part, si nous nous abandonnons aux influences desséchantes d’un fatalisme froid, sans cœur et sans Dieu ; si nous nous contentons d’un évangile formel et conventionnel, c’est très triste. Si, pour employer une expression familière, notre prédication est basée sur le principe de « c’est à prendre ou à laisser », avons-nous besoin de nous étonner de ne pas voir de conversions ? Nous aurions plutôt de quoi nous étonner s’il y en avait.

Je suis convaincu que nous avons besoin de méditer sérieusement ce grand sujet pratique. Il requiert l’attention calme et solennelle de tous ceux qui sont engagés dans ce travail. Il y a des dangers de tous côtés. Mais je ne puis pas concevoir qu’un chrétien soit satisfait en négligeant sa responsabilité de rechercher des âmes. Quelqu’un pourrait dire : « Je ne suis pas un évangéliste, ce n’est pas mon domaine, je suis plutôt un docteur ou un pasteur ». Bien, je comprends cela. Mais qu’un docteur ou un pasteur puisse avancer sans rechercher ardemment les âmes, cela je ne puis l’admettre un seul instant. Bien plus, quel que soit le don de quelqu’un, ou même s’il n’en avait aucun de marquant, cela n’a pas la moindre importance : il peut, il doit entretenir l’ardent désir d’amener des âmes au salut. Même si on ne fait pas partie des pompiers, est-il normal de passer à côté d’une maison en feu sans donner l’alarme ? Même si nous ne commandons pas un bateau de sauvetage, ne devons-nous pas chercher à sauver un homme qui se noie ? Quel homme dans son bon sens prétendrait le contraire ? Ce serait monstrueux ! Ainsi, ce n’est pas tant le don ou la connaissance des vérités qui est nécessaire, mais un amour profond et sincère pour les âmes, un sentiment intense du danger qu’elles courent, et le désir de leur délivrance de la perdition.

Toujours, cher A., votre compagnon d’œuvre très affectionné.

Lettre 4

En vous écrivant ma première lettre, je ne pensais pas allonger la série jusqu’à la quatrième. De toutes façons, le sujet m’intéresse beaucoup, et il y a encore deux ou trois points sur lesquels j’aimerais m’entretenir brièvement avec vous.

D’abord, je ressens profondément le manque d’esprit de prière dans notre travail d’évangéliste. J’ai traité du travail de l’Esprit, de la place que doit avoir la Parole de Dieu ; mais je suis frappé de voir notre carence en ce qui concerne la prière sincère, persévérante et confiante. C’est le vrai secret de la puissance. Les apôtres déclaraient : « Et, pour nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service de la Parole » (Act. 6, 4).

L’ordre biblique, c’est d’abord la prière, puis le service de la Parole. La prière apporte la puissance de Dieu, et c’est ce dont nous avons besoin. Ce n’est pas la puissance de l’éloquence, mais la puissance de Dieu qui ne peut être obtenue qu’en s’attendant à Lui. « Il donne de la force à celui qui est las, et il augmente l’énergie à celui qui n’a pas de vigueur. Les jeunes gens seront las et se fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants : mais ceux qui s’attendent à l’Éternel renouvelleront leurs forces ; ils s’élèveront avec des ailes, comme des aigles ; ils courront et ne se fatigueront pas ; ils marcheront et ne se lasseront pas » (És. 40, 29-31).

Dans le service, nous agissons de façon beaucoup trop mécanique, si je puis m’exprimer ainsi. Il y a beaucoup trop de ce que j’appellerais de la routine. J’ai bien peur que plusieurs d’entre nous soient davantage sur leurs jambes que sur leurs genoux ; plus souvent dans un wagon de chemin de fer que dans leur chambre ; davantage sur le chemin que dans le sanctuaire ; davantage devant les hommes que devant Dieu. Cela ne pourra donner de bons résultats. Si nous ne nous attendons pas à Dieu, il est impossible que notre prédication soit revêtue de puissance et couronnée de fruits. Considérez notre Maître Lui-même, le parfait serviteur. Voyez comme on Le trouve souvent en prière. À Son baptême, au moment de la transfiguration, avant de choisir et d’envoyer Ses disciples, bref, nous Le trouvons encore et toujours en prière. Une fois Il se lève bien avant le jour pour s’adonner à la prière ; à un autre moment Il passe toute la nuit à prier, parce qu’Il passait la journée à travailler.

Quel exemple pour nous ! Puissions-nous Le suivre ! Puissions-nous apprendre un peu mieux ce que c’est que de souffrir en prière. Combien peu nous connaissons cela ! Je parle pour moi. Il me semble quelquefois que nous sommes tellement pris par nos engagements à prêcher que nous n’avons plus de temps pour la prière, pas de temps pour la méditation, pas de temps pour être seul avec Dieu. Nous entrons dans une sorte de tourbillon de travail public ; nous nous précipitons de lieu en lieu, de réunion en réunion, et notre âme n’ayant pas été en prière, est stérile. Pouvons-nous nous étonner du peu de résultat que nous obtenons ? Comment y en aurait-il alors que nous négligeons de nous attendre à Dieu ? Nous ne pouvons pas convertir les âmes, Dieu seul le peut ; et si nous avançons sans nous attendre à Lui, si nous permettons au service public de supplanter la prière personnelle, nous pouvons être assurés que notre prédication sera stérile, inutile. Nous devons réellement nous adonner à la prière si nous voulons voir du fruit produit par le ministère de la Parole.

Ce n’est pas tout. Non seulement nous négligeons la sainte et précieuse pratique de la prière dans le privé, mais même dans nos réunions de prières publiques, nous manquons à cet égard. La grande œuvre de l’évangélisation n’y est pas suffisamment rappelée. On ne la présente pas devant Dieu d’une manière précise, sérieuse et persévérante. Le sujet peut être mentionné occasionnellement, d’une manière superficielle et formelle, et puis il est mis de côté. Il y a, en général, un grand manque de sérieux et de persévérance dans nos réunions de prières, pas seulement en ce qui concerne l’évangélisation, mais aussi pour les autres sujets : il y a souvent beaucoup de formalisme et de faiblesse. Nous ne donnons pas l’impression de prendre les choses à cœur ; nous n’avons guère l’esprit de la veuve de Luc 18, qui fléchit le juge inique par la simple puissance de son importunité. Nous semblons oublier que Dieu veut qu’on s’adresse à Lui, et qu’Il est le rémunérateur de ceux qui Le recherchent diligemment.

Cela ne sert à rien de dire : « Dieu peut agir sans que nous Le priions sincèrement ; Il accomplira Ses desseins et rassemblera les siens ». Nous savons tous cela, mais aussi que Celui qui a choisi la fin, a choisi les moyens. Si nous manquons dans notre service, Il prendra d’autres ouvriers. Le travail sera accompli, cela ne fait aucun doute, mais nous perdrons la dignité, le privilège et la récompense de notre service. Cela nous est-il égal ? N’est-ce rien pour nous d’être privés du doux privilège d’être collaborateurs de Dieu, d’avoir communion avec Lui dans l’œuvre bénie qu’Il poursuit ? Qu’il est triste que nous l’apprécions si peu ! Et pourtant, y a-t-il quelque chose qui nous le fasse davantage goûter que la prière sincère en commun ? Chaque croyant peut s’y joindre, tous peuvent y participer par un chaleureux « amen ». Tous ne sont peut-être pas prédicateurs, mais tous peuvent prier, se joindre à la prière en pleine communion.

Et ne trouvez-vous pas, cher frère, qu’il y a toujours de profondes et réelles bénédictions lorsque l’assemblée se rencontre pour prier de tout cœur pour l’évangile et pour le salut des âmes ? Je l’ai toujours constaté. C’est chaque fois une source d’indicible réconfort, de joie et d’encouragement, de voir l’assemblée poussée à prier, car alors je suis sûr que Dieu bénira abondamment.

Quand les choses se passeront ainsi, que cet excellent esprit animera toute l’assemblée, vous pouvez être certain qu’il n’y aura pas de difficultés pour ce qu’on appelle « la responsabilité de la prédication ». Peu importe alors qui fera le travail, pourvu qu’il soit fait aussi bien que possible. Si l’assemblée s’attend à Dieu, en ferventes intercessions pour l’avancement de l’œuvre, la question de savoir qui prêchera ne se posera pas, pourvu que Christ soit prêché et que des âmes soient bénies.

Une autre chose m’a beaucoup préoccupé ces derniers temps, c’est notre manière de faire avec les jeunes convertis. Il est certain qu’il faut énormément de soins et de précautions, sinon nous risquons de prendre pour une action de l’Esprit de Dieu ce qui ne l’est pas. Il y a là un grand danger. L’ennemi cherche toujours à introduire de mauvais matériaux dans l’assemblée, afin de pouvoir ruiner le témoignage et amener du discrédit sur la vérité de Dieu.

Tout cela est absolument vrai, et demande beaucoup de discernement. Mais ne vous semble-t-il pas que c’est souvent dans le sens contraire que nous errons ? Ne décourageons-nous pas souvent les jeunes convertis par une attitude raide et incompréhensible à leurs yeux ? N’y a-t-il pas souvent dans notre pensée et notre comportement quelque chose qui repousse ? Nous nous attendons à ce que les jeunes chrétiens soient parvenus à un niveau d’intelligence spirituelle qu’il nous a fallu des années pour atteindre. Et plus encore. Quelquefois, nous les faisons passer par une sorte d’examen qui ne fait que les tourmenter et les rendre perplexes.

Ce n’est assurément pas bon. Jamais l’Esprit de Dieu ne voudrait troubler, plonger dans la perplexité ou repousser une chère âme anxieuse qui cherche à s’enquérir. Il n’est jamais selon la pensée ou le cœur de Christ de remplir de désespoir le plus faible agneau du troupeau qu’Il a acheté par Son sang. Il voudrait que nous cherchions à les amener avec douceur et tendresse, à les apaiser, à les nourrir et à les chérir, selon tout l’amour de Son propre cœur. Il est très important de nous mettre nous-mêmes de côté et d’être prêt à discerner et à apprécier l’œuvre de Dieu dans une âme plutôt que de la gâcher en plaçant nos misérables humeurs comme pierres d’achoppement sur son sentier. Nous avons besoin de la direction et du secours divins en cela comme en toute autre partie de notre travail. Mais, Dieu soit béni, Il est suffisant pour cela comme pour tout le reste. Attendons-nous à Lui, attachons-nous à Lui et puisons dans Ses immenses richesses pour chaque cas qui se présentera à nous, pour les besoins de chaque instant. Il ne décevra jamais un cœur qui s’attend à Lui avec confiance et dépendance.

Il faut maintenant que je termine cette série de lettres. Je pense que j’ai traité la plupart, sinon tous les sujets auxquels je pensais. Vous n’oublierez pas, j’espère, bien-aimé dans le Seigneur, que, dans toutes ces lettres, j’ai simplement jeté mes pensées sur le papier le plus librement possible, et avec toute l’intimité d’une vraie amitié fraternelle. Je n’ai pas écrit un traité formel, mais épanché mon cœur à un ami bien-aimé, à un compagnon d’œuvre. Tous ceux qui pourraient lire ces lettres doivent garder cela à l’esprit.

Que Dieu vous bénisse et vous garde. Qu’Il couronne votre travail de Sa plus riche et meilleure bénédiction ! Qu’Il vous garde de toute œuvre du diable, et vous préserve jusque dans Son propre royaume éternel.

Croyez-moi, mon très cher A., votre profondément attaché…

Lettre 5

Il semble que je doive pendre la plume, une fois de plus, pour vous parler de certains points touchant à l’évangélisation et qui se sont imposés à moi ces derniers temps. Je souhaiterais ardemment que trois côtés de ce travail occupent une place bien plus importante parmi nous : le dépôt de traités, la prédication de l’évangile et l’école du dimanche.

Je suis frappé de ce que le Seigneur réveille l’attention en ce qui concerne l’importance des dépôts de traités, comme moyens d’action de valeur pour l’évangélisation. Mais je me demande si nous prenons cela vraiment à cœur. Comment cela se fait-il ? Les livres et les traités ont-ils perdu leur intérêt et leur valeur à nos yeux ? Ou bien la faute en incombe-t-elle à la manière de tenir nos dépôts de traités ? À mon avis, c’est là qu’il y a une lacune.

Je verrais volontiers un dépôt bien tenu dans chaque ville importante. Par « bien tenu », je veux dire qu’il serait entrepris et géré comme un service pour le Seigneur, avec un véritable amour pour les âmes, un réel intérêt pour la propagation de la vérité, et en même temps avec de sérieuses compétences en gestion. J’ai connu plusieurs dépôts qui sont tombés à zéro à cause du manque de sens commercial de ceux qui les dirigeaient. Ils semblaient très sérieux, tout à fait sincères, mais absolument incapables de diriger une affaire. Bref, c’étaient des personnes entre les mains desquelles n’importe quelle affaire aurait périclité. Ainsi, en plusieurs endroits, ce travail si utile et intéressant qu’est la tenue d’un dépôt est malheureusement totalement négligé.

Comment pouvons-nous le mieux atteindre les personnes à qui sont destinées les traités et les livres ? Je pense que c’est en exposant ces publications en vitrine, là où cela est possible, de sorte que les passants puissent les voir, entrer et acheter ce qu’ils désirent. Plusieurs âmes ont été arrêtées de cette manière. Plusieurs, je n’en doute pas, ont été sauvées et bénies par le moyen de traités qu’ils avaient vu pour la première fois dans une vitrine ou sur un comptoir. Mais là où une telle chose n’est pas possible, le local de l’assemblée est l’endroit le plus approprié pour un dépôt de traités.

Il y a un réel besoin d’un dépôt de traités dans chaque grande ville, tenu par quelqu’un qui ait de l’intelligence et de saines habitudes de gestion, qui soit capable aussi de parler aux gens au sujet des traités, et de recommander ceux qui pourraient être utiles à des âmes anxieuses qui recherchent la vérité. De cette manière, j’en suis sûr, beaucoup de bien pourrait être fait. Les chrétiens de la ville sauraient où aller pour trouver des traités, non seulement pour leur propre usage, mais aussi pour les distribuer. Il est certain que si une chose vaut la peine d’être faite, elle vaut la peine d’être bien faite ; et si ce n’est pas utile de s’occuper d’un dépôt, nous ne savons pas ce qui pourrait l’être.

Le dépôt de traités doit être pris en charge comme un service dépendant de Christ. Et je suis assuré que là où il est ainsi entrepris et poursuivi, avec énergie, zèle et droiture, le Seigneur le reconnaîtra et lui fera porter des fruits. N’y a-t-il personne qui veuille entreprendre ce travail précieux pour l’amour de Christ et non pour une rétribution ? N’y a-t-il personne qui veuille s’y engager avec une foi simple, comptant sur le Dieu vivant ?

C’est là qu’est le fond de la question. Pour cette branche de l’œuvre, comme pour toutes les autres, nous avons besoin de personnes qui fassent confiance à Dieu et qui renoncent à elles-mêmes. Un grand point serait gagné si le dépôt de traités était placé sur son vrai terrain, considéré comme une partie intégrante de l’évangélisation, entreprise avec la conscience de la responsabilité devant le Seigneur et poursuivie avec l’énergie de la foi dans le Dieu vivant. Chaque côté de l’œuvre de l’évangile : le dépôt, la prédication et l’école du dimanche, doit être poursuivie de cette manière. Il est bon et très important d’avoir une pleine et chaleureuse communion dans tout notre service ; mais si nous attendons la communion et la coopération pour commencer un travail qui entre dans le domaine de la responsabilité personnelle d’un ou de plusieurs, nous n’avancerons pas beaucoup et même le travail risque de ne pas se faire du tout.

J’aurai l’occasion de revenir plus particulièrement sur cette question lorsque je traiterai de la prédication ou de l’école du dimanche. Ce que je désire maintenant, c’est de montrer que le dépôt de traités est un aspect très important et très efficace de l’évangélisation. Si nos amis en sont profondément convaincus, nous aurons gagné un grand point. Je dois vous confesser que j’ai été souvent douloureusement peiné par la façon froidement commerciale avec laquelle on parle de la publication et de la vente des livres et des traités, une manière convenant peut-être aux affaires purement commerciales, mais qui est choquante lorsqu’il s’agit de la précieuse œuvre de Dieu. J’admets parfaitement, et même je lutte pour cela, que l’administration du dépôt réclame de bonnes et saines habitudes de gestion, et des principes de droiture morale en affaires. Mais en même temps je suis persuadé que le dépôt de traités n’occupera jamais la place qui convient, n’aura pas son plein sens, n’atteindra pas son vrai but, s’il n’est pas fermement établi sur une base sainte et considéré comme une partie intégrante de la merveilleuse œuvre à laquelle nous sommes appelés : l’œuvre active, sérieuse, persévérante de l’évangélisation.

Et ce travail doit être entrepris avec un sens de la responsabilité envers Christ, et avec l’énergie de la foi dans le Dieu vivant. Une assemblée de croyants ou bien quelque riche particulier ne pourra pas choisir un protégé incapable et lui confier la direction de cette affaire afin de lui procurer un gagne-pain. Il est très précieux pour tous d’avoir communion dans le travail ; mais je suis absolument convaincu que le travail doit être entrepris comme un service pour Christ, directement, et poursuivi avec l’amour des âmes et un véritable intérêt pour la diffusion de la vérité.

J’espère vous parler encore au sujet des deux autres côtés de mon sujet.

En attendant, je reste, bien cher A., votre compagnon d’œuvre profondément attaché…

Lettre 6

Dans une lettre précédente, je me suis arrêté sur l’immense importance de maintenir, avec zèle et persévérance, une fidèle prédication de l’évangile, pure et claire, poursuivie avec l’énergie de l’amour envers les âmes précieuses, et en rapport direct avec la gloire de Christ ; un ministère qui s’adresse seulement aux inconvertis, et par conséquent, tout à fait distinct de l’enseignement, de l’étude, de l’exhortation dans le sein de l’assemblée ; ces dernières étant, cela va sans dire, tout aussi important aux yeux de notre Seigneur Jésus Christ.

Mon but, en reparlant de ce sujet, est d’attirer votre attention sur un point précis qui s’y rapporte, et qui me semble avoir grand besoin d’être clarifié dans la pensée de quelques-uns de nos frères. Je me demande si, en règle générale, nous sommes tout à fait au clair quant à la question de la responsabilité individuelle dans le travail de l’évangile. Je reconnais, bien sûr, que celui qui enseigne ou exhorte est appelé à exercer son don, dans une grande mesure, sur le même principe que l’évangéliste ; c’est-à-dire sous sa propre responsabilité envers Christ ; et que l’assemblée n’est pas responsable de son service individuel, à moins qu’il ne vienne à enseigner quelque mauvaise doctrine, auquel cas l’assemblée serait obligée de s’en occuper.

Mais ce qui m’occupe, c’est le travail de l’évangéliste qui, lui, doit exercer son service en dehors de l’assemblée. Son champ de travail est le vaste monde. « Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création » (Marc 16, 15). Voilà la sphère d’action de l’évangéliste : tout le monde et toute la création. Il peut partir du sein de l’assemblée, et y revenir chargé de gerbes d’or ; néanmoins, il part avec l’énergie de sa foi personnelle dans le Dieu vivant, et sur la base de sa propre responsabilité envers Christ ; l’assemblée n’est pas responsable de la manière particulière dont il pourra accomplir son travail. L’assemblée sera naturellement appelée à intervenir lorsque l’évangéliste présentera le fruit de son travail en la personne d’âmes disant être converties et désirant être reçues en communion à la table du Seigneur. Mais c’est une tout autre chose qui doit être traitée à part. On doit laisser l’évangéliste libre, je le maintiens. On ne doit pas l’obliger à suivre des règles ou des ordonnances, ni le freiner par des us et coutumes particuliers. Il y a bien des choses qu’un évangéliste au cœur large se sentira parfaitement libre de faire, et qui pourraient ne pas s’accorder avec le jugement spirituel ou les sentiments de quelques frères de l’assemblée ; mais, pourvu qu’il ne transgresse aucun principe scripturaire, ces frères n’ont pas le droit de l’entraver.

Lorsque j’emploie les expressions : « le jugement spirituel et les sentiments », je les prends dans leur sens le plus élevé, et j’ai pour l’objecteur le plus grand respect. Je pense qu’il n’est que juste et convenable que tout homme fidèle ait le droit de voir ses sentiments et son jugement, sans parler de sa conscience, traités avec le plus grand respect. Mais il y a malheureusement, partout, des personnes étroites d’esprit, qui désapprouvent tout ce qui ne correspond pas à leurs propres idées, qui voudraient asservir l’évangéliste à la manière de faire exacte qui, selon leur pensée, convient à l’assemblée de Dieu lorsqu’elle est réunie pour l’adoration à la table du Seigneur.

C’est une erreur complète. L’évangéliste doit pouvoir poursuivre le cours régulier de son chemin sans s’arrêter à de telles étroitesses et ingérences. Prenez, par exemple, la question du chant des cantiques : l’évangéliste peut se sentir parfaitement libre d’utiliser un genre de cantiques ou de chants d’évangélisation qui ne conviendraient pas du tout à une réunion d’assemblée. Le fait est qu’il chante l’évangile dans le même but qu’il le prêche, c’est-à-dire pour atteindre le cœur du pécheur. Il est tout aussi prêt à chanter « viens » qu’à le prêcher.

Telle est ma pensée depuis bien des années. Cela me frappe de voir que nous sommes en danger de glisser vers la fausse notion, en vigueur dans la chrétienté, d’établir un ordre et une organisation humaine. Cette même notion est à l’origine du fait que les quatre murs à l’intérieur desquels l’assemblée se réunit sont considérés par beaucoup comme une « chapelle », et l’évangéliste à qui il arrive d’y prêcher comme le « ministre de la chapelle ».

Nous avons à nous garder soigneusement de tout cela ; mais mon but en en parlant est de clarifier ce qui se rapporte à la prédication de l’évangile. Le vrai évangéliste n’est ni le ministre d’une chapelle, ni l’organe d’une congrégation, ni le représentant d’un corps, ni l’agent rémunéré d’une société. Non, il est l’ambassadeur de Christ, le messager d’un Dieu d’amour, le héraut de bonnes nouvelles. Son cœur est rempli d’amour pour les âmes, ses lèvres guidées par le Saint Esprit, ses paroles revêtues de puissance divine. Laissez-le tranquille ! Ne l’enchaînez pas avec vos règles et vos ordonnances ! Laissez-le à son travail et à son Maître ! Et, de plus, souvenez-vous que l’Église de Dieu a une tribune assez vaste pour toutes sortes d’ouvriers et toute espèce de travail, à condition que le fondement de la vérité ne soit pas ébranlé. C’est une erreur fatale que de vouloir couler tout le monde et toute chose dans le même moule. Le christianisme est une réalité vivante et divine. Les serviteurs de Christ sont envoyés par Lui et sont responsables envers Lui. « Qui es-tu, toi qui juges le domestique d’autrui ? Il se tient debout ou il tombe pour son propre maître » (Rom. 14, 4).

Ces choses réclament un examen sérieux si nous voulons éviter de ruiner parmi nous le travail béni de l’évangélisation.

Il y a encore un autre point dont je voudrais vous parler avant de terminer ma lettre, parce que c’est une question plutôt controversée en certains endroits. Je fais allusion à ce qui a été appelé « la responsabilité de la prédication ». Combien de nos frères ont été et sont encore troublés par cette question ! Et pourquoi ? Je suis persuadé que c’est parce qu’ils ne comprennent pas la vraie nature, le vrai caractère et la véritable sphère du travail de l’évangélisation. Ainsi, nous avons eu certaines personnes qui réclamaient que la prédication dans les réunions d’évangélisation soit laissée « ouverte » (NdT : c’est-à-dire que la prédication soit « ouverte » à tous ceux qui pensent être appelés à prendre la parole). « Ouverte » pour quoi ? Voilà la question. Bien trop souvent, elle s’est avérée « ouverte » à un genre de méditation tout à fait inadaptée à beaucoup de ceux qui étaient venus seuls, ou qui avaient été amenés par des amis, et qui espéraient entendre l’évangile dans son sérieux, sa clarté et sa plénitude. Dans de telles circonstances, nos amis ont été déçus, et les inconvertis absolument incapables de comprendre la signification de la réunion. Certainement, de telles choses ne devraient pas exister ; et elles ne se passeraient pas si seulement chacun voulait bien tenir compte de la chose la plus simple qui soit, c’est-à-dire la différence entre d’une part toutes les réunions où les serviteurs de Christ exercent leur ministère sous leur propre responsabilité, et d’autre part toutes celles qui sont purement des réunions d’assemblée, soit pour la fraction du pain, soit pour la prière, soit pour un autre objet.

Votre profondément attaché…

Lettre 7

À cause d’un manque de place, j’ai dû clore ma dernière lettre sans même mentionner l’école du dimanche. Il faut pourtant que je consacre quelques pages à cet aspect du travail qui occupe depuis trente ans une très grande place dans mon cœur. Je considérerais cette série de lettres comme incomplète si je n’abordais pas ce sujet.

On pourrait se demander jusqu’à quel point l’école du dimanche peut être considérée comme faisant partie intégrante de l’évangélisation. C’est pourtant essentiellement sous ce jour que je la considère. J’estime que c’est une partie importante et très intéressante de l’œuvre de l’évangile. Ceux qui s’occupent de l’école du dimanche sont des ouvriers dans le grand champ de l’évangile, au même titre que l’évangéliste ou le prédicateur de l’évangile.

Je suis bien conscient qu’une école du dimanche diffère matériellement d’une prédication ordinaire de l’évangile. Elle n’est pas convoquée de la même manière, ni conduite de la même façon. Celui qui tient une école du dimanche joue à la fois, pour ainsi dire, le rôle de parent, de professeur et d’évangéliste. À ce moment-là, il prend la place des parents, il cherche à faire le travail d’un professeur, mais il vise le but inestimable d’un évangéliste : le salut de l’âme des chers petits qui lui sont confiés. En ce qui concerne sa manière d’arriver à son but, les détails de son travail et les moyens qu’il peut utiliser, il est seul responsable.

Je suis bien conscient que l’on fait objection à l’école du dimanche, en disant qu’elle a tendance à empiéter sur l’instruction donnée par les parents. Je ne vois pas la moindre force à cet argument. Le vrai but de l’école du dimanche n’est pas de supplanter l’éducation des parents, mais de la soutenir là où elle existe, et de la remplacer là où elle n’existe pas. Il y a, comme nous le savons très bien, des centaines de milliers de chers enfants qui ne reçoivent aucune instruction de leurs parents. Des milliers n’ont pas de parents du tout, et des milliers d’autres ont des parents qui sont pires que de ne pas en avoir. Regardez ces multitudes qui hantent les cours, les allées et les rues de nos grandes villes, qui mènent une existence qui semble à peine supérieure à celle d’un animal, et beaucoup d’entre eux sont comme de petits démons incarnés.

Qui peut penser à toutes ces précieuses âmes sans souhaiter de tout cœur bon courage à tous les véritables moniteurs d’école du dimanche et sans désirer ardemment qu’il y ait plus de zèle et d’énergie dans ce travail béni ?

Je dis véritables moniteurs parce que je crains que beaucoup ne s’engagent dans ce travail sans être ni sérieux, ni vrais, ni capables. Beaucoup, je le crains, l’entreprennent comme un travail religieux à la mode, convenant aux membres les plus jeunes des communautés religieuses. Beaucoup aussi le considèrent comme une sorte de contrepartie à leur semaine de satisfactions égoïstes, de frivolités, de mondanité. De telles personnes sont une véritable entrave plutôt qu’une aide dans ce saint service.

D’autre part, il y a aussi des personnes qui aiment sincèrement le Seigneur, et désirent Le servir dans le travail de l’école du dimanche, mais qui ne sont pas réellement qualifiées pour le faire. Elles manquent de tact, d’énergie, d’ordre ou d’autorité. Elles n’ont pas la faculté de s’adapter aux enfants, et de gagner leurs jeunes cœurs, ce qui est essentiel pour un moniteur d’école du dimanche. C’est une grande erreur de penser que quiconque se tient « sur la place du marché à ne rien faire » (Matt. 20, 3), est apte à entrer dans ce travail particulier. Au contraire, il faut être entièrement préparé par Dieu pour cela. Et si on demande : « Comment serons-nous pourvus en ouvriers qualifiés pour cette branche de l’évangélisation ? », je réponds : « de la même manière que dans n’importe quel autre domaine de ce travail : par la prière sincère, persévérante, confiante ». Je suis absolument persuadé que si les chrétiens étaient plus exercés par l’Esprit de Dieu pour ressentir l’importance de l’école du dimanche, si seulement ils pouvaient se rendre compte que, tout comme le dépôt de traités et la prédication de l’évangile, c’est une partie de l’œuvre glorieuse à laquelle nous sommes appelés à collaborer dans ces derniers jours de l’histoire de la chrétienté, s’ils étaient davantage imprégnés de la pensée que l’école du dimanche a une nature et un but évangélique, ils seraient plus zélés, plus sérieux dans leurs prières, dans le particulier aussi bien qu’en assemblée, pour demander au Seigneur qu’Il suscite au milieu de nous plusieurs ouvriers zélés, dévoués et engagés de tout leur cœur dans le travail de l’école du dimanche.

C’est là ce qui nous manque ; que Dieu, dans Sa grâce abondante, y pourvoie ! Il le peut, et certainement Il le veut. Mais alors, on s’attendra à Lui et on Le recherchera ; et « Il est le rémunérateur de ceux qui Le recherchent » (Héb. 11, 6). Je pense que nous avons beaucoup de sujets de reconnaissance et de louanges pour ce qui a été fait dans le domaine de l’école du dimanche ces dernières années. Je me souviens de l’époque où nos frères semblaient négliger entièrement cette partie du travail. Encore maintenant, beaucoup la traitent avec indifférence, affaiblissant les mains et décourageant les cœurs de ceux qui y sont engagés.

Mais je ne veux pas m’attarder à cela, mon sujet est l’école du dimanche et non pas ceux qui la négligent ou s’y opposent. Je bénis Dieu pour les encouragements que je vois. J’ai souvent été extrêmement réjoui et rafraîchi en voyant quelques-uns de nos plus vieux frères se lever à la fin du culte pour arranger les bancs sur lesquels les chers petits allaient s’asseoir pour écouter la belle histoire de l’amour du Sauveur. Et qu’est-ce qui peut être plus beau, plus touchant ou plus approprié, pour ceux qui viennent de se souvenir de l’amour de notre Sauveur mourant, que de chercher, ne serait-ce que par l’arrangement des bancs, à réaliser Ses paroles vivantes : « Laissez venir à moi les petits enfants » (Matt. 19, 14) ?

J’aurais bien des choses à ajouter, quant à la façon de conduire une école du dimanche ; mais peut-être est-il aussi bien que chaque ouvrier soit entièrement rejeté sur le Dieu vivant pour recevoir aide et conseil dans les détails. Nous devons toujours nous souvenir que l’école du dimanche, comme le dépôt de traités et la prédication de l’évangile, est un travail dont la responsabilité est individuelle. C’est un point important, et là où il est pleinement compris, là où le cœur est vraiment sérieux et l’œil simple, je crois qu’il n’y aura pas de grande difficulté quant à la manière de travailler. Un cœur large et le ferme dessein de poursuivre la grande œuvre et de remplir la glorieuse mission qui nous a été confiée nous délivreront réellement de l’influence desséchante des humeurs et des préjugés, misérables obstacles à « toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée » (Phil. 4, 8).

Que Dieu verse Sa bénédiction sur toutes les écoles du dimanche, sur les enfants, et ceux qui s’en occupent ! Qu’Il bénisse aussi tous ceux qui sont engagés de quelque manière que ce soit dans l’instruction des jeunes ! Qu’Il réjouisse et rafraîchisse leur esprit en leur donnant de récolter plusieurs gerbes d’or là où ils sont placés dans le grand et glorieux champ de l’évangile !

Croyez-moi toujours, cher A., votre profondément attaché…

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Je crois qu’en tous temps, la bénédiction dans l’assemblée dépend de la mesure dont on pratique l’évangélisation… Dieu aime les âmes et, si nous ne les cherchons pas, Il établira Son témoignage ailleurs.

J.N. Darby



Soyez certains… qu’il est de toute importance de ne jamais s’ingérer dans le service les uns des autres… Je considère comme une vérité certaine, que chaque saint a une tâche qui lui est confiée par le Seigneur, tâche que personne d’autre ne pourrait accomplir aussi bien que lui.

W. Kelly



Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu et, considérant l’issue de leur conduite, imitez leur foi (Héb. 13, 7).