Traité:Jésus, la résurrection et la vie

De mipe
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« Jésus lui dit : Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? »

Ce chapitre de l’évangile de Jean nous présente de la manière la plus frappante les sympathies parfaites du Seigneur envers les siens dans toutes les épreuves et les vicissitudes de leur vie, même à l’égard des souffrances que la mort a introduites ; et de plus, il met en relief l’amour du Seigneur et Sa puissance sur la mort. Nous y apprenons ce que l’énergie, la plus grande énergie du mal, peut faire contre ceux qui sont les bien-aimés du Seigneur et, en même temps, comment Jésus annule complètement cette énergie du mal dans l’énergie et la force de Sa puissance. La Parole met à la fois devant nous, et le résultat complet du pouvoir de Satan, et le triomphe parfait du Seigneur sur ce pouvoir.

La mort est le résultat du pouvoir de Satan. En introduisant le péché dans le monde, Satan y a introduit la mort, car « les gages du péché, c’est la mort », le comble du pouvoir de Satan (voyez Rom. 5, 12 ; 6, 23). Satan introduisit le péché et la mort, au commencement, et il les introduisit par la ruse, car il est menteur dès le commencement et « il n’a pas persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui » (Jean 8, 44). Ce que Satan a été, il l’est toujours ; il est appelé « le serpent ancien », « le séducteur » : il séduisit Ève ; « il est menteur et le père du mensonge » (Apoc. 12, 9 ; 20, 2 ; 2 Cor. 11, 3 ; Jean 8, 44) ; et ayant menti, il devint meurtrier du premier Adam, et, dans un certain sens, meurtrier du second Adam. Il a été, et il est menteur : c’est là son caractère ; il est en tout exactement le contraire de Christ et opposé à Christ, qui est la vérité ; il est le destructeur de la vie, Christ donne la vie ; il est l’accusateur des frères, Christ leur avocat, leur médiateur ; il est le père du mensonge, Christ la vérité de Dieu. Il apparaît d’abord comme menteur ; puis en dénaturant la vérité et le caractère de Dieu, il devient meurtrier des âmes des hommes : il introduit la mort, la mort qui est l’expression et la mesure de son pouvoir ; — Christ est venu pour rendre impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable (Héb. 2, 14).

Le diable tue les âmes en faussant la vérité de Dieu (Gen. 3), et, à ce trait, nous apprenons sa subtilité : il introduit le mensonge et la mort par le moyen de la vérité de Dieu, en ne présentant celle-ci qu’en partie ; et étant ainsi d’abord menteur, il devient meurtrier. Les hommes ne connaissent pas les profondeurs de tromperie dont Satan fait usage : son plan n’est pas de mettre en avant dès l’abord une fausseté grossière et intelligible qui porte sur son front même l’empreinte du mensonge. Tout au contraire, ce qu’il avance, il le couvre de l’apparence de la vérité, de la forme de la vérité, en mêlant son mensonge en un certain sens avec la vérité. C’est ainsi qu’il séduisit Ève par sa ruse, et par elle Adam. Pour leur faire désirer et manger le fruit défendu, il leur dit sans doute un mensonge flagrant : « vous ne mourrez point certainement ! » mais il ajouta aussitôt : « vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal » (Gen. 3, 4, 5), et cela était vrai en partie, puisque, un peu plus loin, au verset 22, nous entendons Dieu Lui-même, disant : « Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal ». Avec tous les dehors de la bonté et de l’intérêt, Satan couvre son mensonge par ce qui était partiellement vrai, tout en cachant en même temps à l’homme la partie de la vérité qu’il lui était le plus important de connaître, savoir les conséquences qui résulteraient pour lui de l’acte auquel il était sollicité. Oui, Satan cache à l’homme que les gages du péché, c’est la mort ; il ne présente pas simplement à l’homme ce qui est faux, mais il tente l’homme en mêlant à son mensonge une apparence ou une partie de vérité, et, par ses appâts mortels, de menteur il devient meurtrier. Voilà comment nous a été introduit le pouvoir du mal, dont la mesure est la mort : car « le péché, étant consommé, engendre la mort » (Jacq. 1, 15).

Nous allons voir maintenant que le Seigneur a affronté et vaincu ce pouvoir par un pouvoir supérieur. Satan essaie de résister au Seigneur et d’établir son pouvoir en opposition avec celui du Seigneur. L’histoire de Job nous en offre un exemple, permis par Dieu pour le bien de Son serviteur et pour notre profit ; elle nous montre jusqu’où va ce pouvoir de Satan et dans quelles limites il est circonscrit par la toute-puissance de Dieu. Nous lisons : « un jour, il arriva que les fils de Dieu vinrent se présenter devant l’Éternel, et Satan aussi vint au milieu d’eux… Et l’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan… dit : De courir çà et là sur la terre et de m’y promener » (Job 2, 1, 2). Remarquez, frères, que Satan nous est représenté comme courant sur la terre et s’y promenant, comme rôdant autour de nous et cherchant « qui il pourra dévorer » (1 Pier. 5, 8) ; et s’il en est ainsi, nous avons besoin d’une grande prévoyance ; il faut que nous sachions veiller et prier. Mais Dieu veut que nous sachions en même temps que ce pouvoir de l’adversaire est un pouvoir permis, circonscrit, restreint et subordonné à la volonté de Dieu. C’est Dieu qui permet à Satan de toucher aux biens de Job : « Voici, tout ce qu’il a est en ta main », mais Dieu ajoute : « Seulement tu n’étendras pas ta main sur lui » ! Dieu permet, et Il limite la permission : Satan ne peut aller au-delà de ce que Dieu a permis.

Dès que Dieu lui en a laissé la liberté, Satan est à l’œuvre : « les bœufs labouraient et les ânesses paissaient auprès d’eux et ceux de Sheba sont tombés sur eux et les ont pris, et ils ont frappé les jeunes hommes » ; et encore : « le feu de Dieu est tombé du ciel et a brûlé les brebis et les jeunes hommes, et les a consumés… », et : « tes fils et tes filles mangeaient et buvaient… et voici, un grand vent est venu de delà le désert et a donné contre les quatre coins de la maison, et elle est tombée sur les jeunes gens et ils sont morts… » (Job 1, 14-19). La puissance de Satan est effrayante, mais le pouvoir souverain de Dieu la domine absolument : Dieu permet que Satan s’en prenne aux biens de Job, mais Il ajoute : seulement ne mets pas la main sur lui, rendant ainsi Job lui-même invulnérable. Plus tard Il permet à Satan d’étendre plus loin son pouvoir et de frapper le corps de Job, mais Il l’arrête encore ici, disant : « seulement épargne sa vie » ! Dès que Dieu a permis, Job est frappé d’un ulcère malin depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, mais sa vie est préservée, et toute la puissance de Satan ne peut la toucher, et quand les afflictions eurent achevé l’œuvre pour laquelle le Seigneur les avait permises, elles furent ôtées, car nous apprenons que « l’Éternel bénit la fin de Job plus que son commencement » (Job 42, 12).

Nous pourrions citer plusieurs exemples de la même nature pour montrer le pouvoir de Dieu dominant le plus grand pouvoir de Satan : ainsi, au chapitre 8 de l’évangile de Luc, nous trouvons un homme dans lequel plusieurs démons étaient entrés : c’est pourquoi il s’appelait Légion ; il ne portait point de vêtements, il demeurait dans les sépulcres nuit et jour et se meurtrissait avec des pierres ; personne ne pouvait le tenir lié, car il brisait ses liens et était emporté par le démon dans les déserts ; mais Dieu le gardait, et quel que fût le degré de son asservissement à Satan, Dieu, dans les voies de Sa grâce, l’avait gardé au désert et n’avait pas permis qu’il fût entraîné dans l’abîme, là où il eût été hors de la portée de la grâce. Toute l’affreuse puissance de Satan ne put l’amener jusque-là : devant Jésus, les démons reconnaissent le pouvoir suprême et souverain du Dieu vivant et ils prient Jésus de leur permettre d’entrer dans les pourceaux.

Au chapitre 3 du prophète Zacharie, nous trouvons un autre exemple de cette limitation du pouvoir de Satan et de son impuissance contre ceux que Jésus s’est engagé à défendre. Satan apparaît ici comme « l’accusateur des frères » (cf. Apoc. 12, 10), osant, dans son opposition, affronter le Seigneur dans l’exercice de Sa sacrificature. Joshua, type d’Israël, se tient devant l’ange du Seigneur, et Satan s’y tient également comme son accusateur : les accusations de Satan pouvaient être fondées et réelles en un sens, mais ayant été écartées par la toute-puissante grâce, elles ne sont pas reçues par le Seigneur pour amener Joshua sous la condamnation : l’Éternel tance Satan, disant : « Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ? ». L’office du Seigneur Jésus et celui de Satan sont ainsi mis en contraste l’un avec l’autre : Satan est l’accusateur, qui a le pouvoir de la mort ; Jésus, le sacrificateur qui intercède, Celui qui donne la vie ; l’un est le menteur dès le commencement, l’autre l’éternelle vérité ; l’un fait effort pour tenir le monde loin de Celui qui est le prince de la vie, et il exerce son pouvoir sur les enfants de désobéissance (cf. Éph. 2, 2, 3) ; l’autre, le Fils de Dieu, est venu au monde pour détruire les œuvres du diable et pour faire passer les âmes du pouvoir de Satan sous le pouvoir du Dieu vivant (1 Jean 3, 8 ; Col. 1, 13 ; Act. 26, 18 ; Héb. 2, 15).

Comme nous l’avons déjà fait remarquer, Satan acquit son pouvoir usurpé sur l’homme dans le premier Adam, en représentant le mal sous une apparence de vérité ; l’homme s’est élevé lui-même, il s’est confié à sa propre sagesse ; il a abandonné Dieu pour se confier à Satan, et ainsi il est tombé sous la puissance de Satan ; il est devenu « ténèbres », spirituellement, et Satan est le chef des dominateurs des ténèbres (cf. Éph. 6, 12). Et comme il a acquis ce pouvoir, il l’exerce, non en présentant le mal sous sa réelle et hideuse forme, mais en le cachant sous une forme plausible et insinuante : il couvre le mal de l’apparence de choses désirables pour rendre sage (cf. Gen. 3, 5, 6), et si l’homme est amené à échapper réellement à ses pièges artificieux, c’est en devenant fou aux yeux du monde et en se jugeant tel lui-même. Le résultat du péché, c’est la mort, cette punition dont l’homme avait été menacé quand Dieu lui avait dit : « Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement » (Gen. 2, 17) ! L’homme mangea du fruit de l’arbre, et il se vendit ainsi à celui qui avait le pouvoir de la mort, le diable.

Or, maintenant, Christ a été manifesté comme le Prince de la vie, et en opposition contre Lui, Satan s’efforce d’aveugler les pensées des hommes pour que la lumière de l’évangile de la gloire du Christ ne resplendisse pas pour eux (2 Cor. 4, 4) ; et si leurs yeux, en dépit de lui, ont été ouverts et qu’ils aient eu pour refuge de saisir l’espérance qui leur est proposée (Héb. 6, 18, 19), Satan cherche encore à troubler leur communion avec Dieu et leur jouissance de Son amour ; il cherche à obscurcir leur voie, et à faire obstacle, autant qu’il est en lui, par ses conseils ténébreux, à l’exercice de la sacrificature et de l’intercession de Christ et au témoignage de l’Esprit dans les âmes. Mais pour faire face à toutes les armes de ce pouvoir destructeur, nous avons Jésus qui a traversé les cieux, toujours vivant pour intercéder pour nous à la droite de Dieu ; et par l’énergie du Saint Esprit qui demeure en nous, nous sommes rendus capables de soutenir une lutte victorieuse, quoique pénible, avec toutes les tentations qui nous sollicitent au-dedans.

Le récit de la mort et de la résurrection de Lazare, qui a fait le sujet du chapitre 11 de l’évangile de Jean, démontre le pouvoir du Seigneur Jésus, qui rend vain le plus grand pouvoir de Satan dans la complète victoire sur ce par quoi Satan avait manifesté son triomphe sur l’homme. Le plus grand pouvoir de Satan, c’était la mort : mais ici, nous voyons ce pouvoir absolument soumis à un pouvoir supérieur que Jésus vient manifester à Béthanie dans la personne de Lazare. Marthe, la sœur du mort, dit à Jésus : « Seigneur, si tu eusses été ici mon frère ne serait pas mort ; mais même maintenant, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera » (v. 21-23). Dieu avait dit au commencement à Adam : « Tu mourras de mort », et ce pouvoir de la mort avait été senti et reconnu, il avait pesé sur l’homme, et il ne fut pas ôté et ne pouvait pas l’être, même pour ceux que le Seigneur aimait, si ce n’est par le pouvoir de Celui qui avait parlé au commencement. Rien, en effet, ne peut arrêter la mort que la présence du Seigneur Jésus Christ qui est « la résurrection et la vie ». Jésus dit à Marthe : « Ton frère ressuscitera » ; Marthe répond : « Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour ». Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? ».

Jésus est devenu la résurrection et la vie de Son peuple de deux manières : d’abord, quant à la rédemption des gages du péché, ayant payé, Lui juste, pour les injustes, tout ce qui, pour leurs transgressions, était dû à la justice éternelle ; ensuite, quant à l’union des siens avec Lui qui est la véritable vie de tout ce qui existe. Le Seigneur Jésus revendique ici ce pouvoir pour Lui-même, directement et personnellement : « Je suis la résurrection et la vie » ! Mais nous voyons en même temps dans quel sens Il parle ici de ce pouvoir qui Lui appartient, de ressusciter Ses créatures ; car Il restreint l’application de ce pouvoir à ceux qui croient : « Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais ». C’est de la foi en Lui que tout dépend ici : « parce que je vis, vous aussi vous vivrez », dit-Il à ceux qui croient en Lui : ils sont les « fils de la résurrection », et cette bénédiction découle pour eux de leur union avec Jésus par l’habitation de l’Esprit de vie en eux, selon qu’il est écrit : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous » (Rom. 8, 11).

Nous voyons ici la cause spéciale et particulière de la différence que Dieu fait ainsi en faveur de ceux qui croient : ils sont « enfants de Dieu » et par conséquent « fils de la résurrection » ; ils se trouvent devant Dieu dans une condition entièrement différente de celle des enfants du monde. Tous les hommes, sans doute, ressusciteront certainement au grand jour général des rétributions, mais ce fait est bien distinct de la puissance vivifiante de la vie qui nous est communiquée en vertu de notre union avec Christ. Tout genou fléchira devant Jésus, des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, justes et injustes, hommes, anges, principautés et puissances — tous confesseront qu’Il est Seigneur quand Il apparaîtra ; et le diable sur la terre, à Sa première venue déjà, Lui rendait ce témoignage : « Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ? » (Matt. 8, 29).

Il y a, en effet, un temps fixé, dont les démons même ont conscience, un temps où le jugement, dans toute sa portée, tombera sur eux. Quand le Seigneur était sur la terre, ils Le priaient, disant : « Ne nous commande pas d’aller dans l’abîme » (cf. Luc 8, 31). Quoique démons, et possédant le pouvoir qui appartient à ceux qui sont tels, ils reconnaissaient quelqu’un devant qui ils étaient impuissants ; mais le temps vient où Jésus, devant qui les démons, au jour de Son humiliation, se sont prosternés, liera les démons de chaînes éternelles et les empêchera de rôder davantage (cf. Job 1, 7 ; 2, 2 ; 1 Pier. 5, 8). Eux-mêmes sur la terre, lors de Son abaissement, ils ont reconnu ce pouvoir tout-puissant dans la personne de Jésus Christ, et sous la terreur qu’Il leur inspirait, ils ont supplié Jésus, disant : Ne nous tourmente pas avant le temps ! Ne nous commande pas d’aller dans l’abîme ! Jésus Christ est Seigneur de tous : Son autorité s’étend et s’exercera sur tous les impies aussi bien que sur les saints ; « en la résurrection » ils seront tous soustraits au pouvoir de Satan. Mais la résurrection dont Jésus parle ici est particulière aux siens : « Je suis, dit-il, la résurrection et la vie » ! « Je sais, dit Marthe, qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour ». Mais quelle consolation ce fait que Lazare ressusciterait au dernier jour pouvait-il donner à Marthe, puisque, en ce jour-là, le plus impie des pécheurs ressuscitera également ? La bénédiction, dont Jésus entretenait Marthe, c’est que là où Christ est devenu la vie de l’âme, Il apporte aussi la certitude d’une résurrection pour une vie éternelle dans la vie de Christ : là où entre cette vie, elle apporte avec elle au-dedans de l’homme ce sur quoi Satan, avec toute sa puissance, est incapable de prévaloir.

Les événements, qui font le sujet du beau chapitre qui nous occupe, nous montrent que ce fut pendant que Jésus était corporellement éloigné de Lazare que la mort eut son pouvoir sur celui-ci ; et il en est de même pour nous maintenant. La scène de famille qui se passa à Béthanie est un type de bénédictions merveilleuses pour l’Église : en l’absence de son Seigneur, l’Église éprouve ce qu’est le pouvoir de Satan et de la mort ; la mort règne sur ses membres ; mais il n’en sera pas toujours ainsi, car Christ visitera Sa famille affligée, et en ce jour-là, Sa présence même sera le pouvoir de la vie. Tel est le grand secret que nous avons à apprendre ici : la présence de Christ donne la vie spirituelle, et Sa présence corporelle non seulement ressuscite les morts, mais arrête, interrompt et anéantit pour les saints tout pouvoir ultérieur de la mort ; et dans la mesure selon laquelle Sa présence est sentie, le pouvoir de Satan et de la mort est annulé. Pendant Son absence, nous souffrons ; mais quand Il viendra, Il ôtera, à la fois, et la souffrance et ce qui produit la souffrance. Maintenant Il permet les tentations ; Il permet que Satan montre en elles son pouvoir, mais, même à présent, Il se fait connaître en esprit comme étant plus fort que Satan ; Il réveille l’âme et donne la vie à Son peuple. La souffrance, les afflictions et les misères de toute sorte, dont nous avons à souffrir ici-bas, sont occasionnées par Satan, et sont particulièrement le genre d’afflictions que le récit de Jean place ici devant nous. Mais Christ communique la vie et la liberté à ceux qui sont à Lui ; c’est pourquoi Il dit : « Je suis la vie » ! La mort peut encore venir sur eux dans ce monde, mais quand Christ viendra et se montrera, Sa présence qui auparavant réveilla l’âme spirituellement, sera puissante alors pour vivifier le corps mortel et le revêtir d’une glorieuse incorruptibilité. « Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ». Christ ressuscitera les corps de ceux qui sont morts, et Il arrêtera pour les saints vivants toute action de la mort : Celui qui vit et croit en moi, ne mourra jamais !

La conséquence de la présence de Christ en Esprit, est maintenant vie et liberté, car « là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté » (2 Cor. 3, 17). Pareillement, quand Christ sera présent en personne, tout esclavage, toute misère, toute affliction, s’évanouiront. Christ nous montre maintenant, en esprit, ce qu’Il fera bientôt en personne, quand le pouvoir de Satan sera entièrement ôté. Dès que Christ dit : « Me voici », le pouvoir de la mort n’est plus ; s’il s’agit de Sa présence spirituelle, le pouvoir de Satan est spirituellement anéanti, car là où Jésus a vivifié une âme en lui communiquant Sa vie, Sa présence nous a mis à l’abri de tous les résultats du pouvoir de Satan dans l’âme : le pouvoir du prince de l’air a été remplacé par le pouvoir du « Prince de la vie », le croyant ne sera plus en aucune manière assujetti au pouvoir de la mort quant à ses résultats, car il a été transporté dans une nouvelle position par la puissance vivifiante de Christ. Celui qui est « vivifié », est vivifié pour une vie spirituelle et éternelle, maintenant en esprit, bientôt en personne : ces deux choses sont inséparablement liées.

La puissance de la mort corporelle ne sera pas manifestée en tous, car nous lisons dans la première épître aux Thessaloniciens (chap. 4, 15, 16) que : « le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis, nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées… ». Et, dans sa première épître aux Corinthiens, le même apôtre déclare expressément que « nous ne nous endormirons pas tous » (1 Cor. 15, 51), mais il y aura des saints qui seront vivants à la venue de Christ, et qui par conséquent peuvent ne jamais mourir, selon la propre parole du Sauveur : « Quiconque vit et croit en moi, ne mourra point, à jamais ».

La présence de Christ amène naturellement avec elle l’absence de la mort : celui qui sera mort quand Christ viendra, sera ressuscité, et celui qui sera vivant sera changé, la puissance de la mort étant ainsi absolument ôtée par la présence de Christ. La certitude de cette résurrection est la conséquence de l’union vitale du croyant avec Christ ; c’est pourquoi ceux-là seuls en feront l’expérience, qui sont unis au Seigneur Jésus par une foi vivante. Cette résurrection est une chose tout à fait distincte de la résurrection de ceux qui seront appelés hors du sépulcre par la parole de la puissance du Fils de Dieu : la présence même de Christ vivifie le croyant, en vertu de ce qu’il a été fait participant de Sa nature divine, et dès lors c’est avec cette présence que le croyant a affaire : c’est elle qu’il attend.

L’enfant de Dieu désire ardemment de connaître cette puissance, pour l’accomplissement de laquelle Christ a dépensé le travail de Son âme pour annuler en sa faveur l’existence même du pouvoir de Satan, soit dans l’âme, soit dans le corps. Christ a triomphé du pouvoir de Satan dans l’âme de tout pécheur qui croit en Lui ; et Il triomphera aussi dans son corps. « Je suis la résurrection », aussi bien que « la vie », dit-Il ; « celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? ». Le sens de ces paroles n’est pas simplement que les hommes meurent et qu’ensuite Christ les ressuscite, mais le Seigneur veut dire que la puissance même qui a opéré sur eux pour la mort, cèdera à Sa présence, soit en Esprit, soit en personne. Christ, comme « les prémices », ressuscita pour montrer la certitude de la résurrection des siens ; puis, ceux qui sont de Christ ressusciteront à Sa venue ; et alors sera accompli ce qui est écrit : « La mort a été engloutie en victoire » (1 Cor. 15, 20-27, 54). Voilà ce que l’âme éclairée par Dieu est amenée à attendre, savoir l’exercice et le triomphe du pouvoir de Christ sur l’apogée du pouvoir de Satan. Si le Saint Esprit témoigne en nous de l’énergie de la vie de Christ qui a vivifié nos âmes, il nous donne ainsi la certitude que nos corps aussi seront vivifiés, car si Dieu crée un nouvel homme au-dedans, pensons-nous qu’Il laissera toujours cette puissance de vie dans un corps non racheté, assujetti au pouvoir de la mort et de la corruption ?

Mais le corps du chrétien n’est pas encore un corps vivifié : cela, nous l’éprouvons tous les jours tristement, et nous sommes amenés ainsi à nous demander quel est l’usage que nous pouvons faire ici-bas du corps mortel, puisqu’il ne participe pas encore à l’incorruptibilité qu’il attend. L’Écriture nous le dit clairement : il faut que notre corps devienne le serviteur du nouvel homme ; il faut que les instruments mêmes de la corruption servent à la sainteté. « Ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d’iniquité, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, et vos membres à Dieu, comme instruments de justice » (Rom. 6, 13). Tel est le seul usage que le chrétien doive faire de son corps. Il n’y a là nul esclavage : c’est au contraire la vraie et parfaite liberté ; c’est la liberté de l’enfant de Dieu (cf. Gal. 5, 1, 13), la liberté d’un homme qui est vivifié, rendu vivant, délivré de l’esclavage, fait un « nouvel homme ». — Satan fait la guerre contre le règne de cette nouvelle vie, mais le Seigneur Jésus ne reconnaît aucune des accusations qu’il produit contre les élus de Dieu, car ceux-ci sont rendus agréables dans le Bien-aimé. Christ exerce Son office de sacrificateur en opposition aux raisonnements et aux accusations de Satan contre les saints. Satan invoque les chutes du vieil homme, ces choses mêmes que sa malice a suggérées à l’esprit, les péchés mêmes que, à son instigation, la chair a accomplis ; il met ces choses en avant et s’efforce d’en faire peser le poids sur la conscience ; il reconnaît et donne une place au vieil homme, disant au chrétien : Te voilà ! Et si le chrétien ne résiste pas à cet assaut par un « Arrière de moi, Satan », alors Satan a réussi à troubler son bonheur. Mais — bienheureuse vérité ! — « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » et « là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté » (1 Cor. 6, 17 ; 2 Cor. 3, 17). L’Esprit présente Christ à l’âme dans Son office de sacrificateur, comme Celui qui s’est chargé de tout et a tout accompli pour le croyant ; mais jusqu’à ce que le corps entier, aussi bien que l’âme, soit vivifié par la vie de Jésus, nous ne pouvons pas entrer pleinement dans la bénédiction d’une si glorieuse liberté. Mais quand le moment sera venu, nous verrons de nos yeux notre complet triomphe sur le monde, la chair et le diable, et nous comprendrons toute la puissance de cette consolante vérité : « Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (Jean 14, 19).

Toutefois, en attendant, ne reconnaissant aucun bien dans la chair, nous trouvons la paix et la joie dans la foi simple en la promesse du Seigneur qui nous assure « qu’il transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire », et que « le péché ne dominera pas sur vous » (Phil. 3, 21 ; Rom. 6, 14). Le diable voudrait, s’il le pouvait, nous priver de cette paix en entrant à cette fin en controverse avec la conscience ; il cherche à soulever des doutes et des difficultés qui deviennent entre ses mains des armes redoutables, quand ils ne sont pas immédiatement repoussés et que nous ne saisissons pas Christ dans Son office de continuel médiateur et intercesseur. Au contraire, nous sommes fortifiés et la puissance de Satan est confondue, lorsque, dans la foi, nous regardons à Jésus, comme étant unis à Lui, et Le voyant, comme « la résurrection et la vie », nous dirigeant dans notre sentier en vue de ce jour où Sa gloire sera révélée et où nous pourrons voir et contempler notre complète victoire sur l’apogée du pouvoir du mal, en Celui qui est notre glorieux Chef.

Mais le diable est incessamment à l’œuvre ici-bas pour nous pousser à commettre le mal, à faire ce qui déshonore l’hôte saint qui habite en nous ; et quand nous lui cédons, la grâce de l’Esprit est obscurcie en nous. Et là est le secret de la tristesse de tant de chrétiens : beaucoup d’entre eux se laissent aller aux convoitises du vieil homme qui excluent la gloire, cherchant la jouissance de ce qu’ils font profession de combattre et ne marchant pas selon l’Esprit dans la liberté de Christ (cf. Gal. 5, 16) ; ils attristent l’Esprit (voyez Éph. 4, 30), et ainsi ils marchent sous le poids d’un lourd fardeau, non pas dans la conscience de ce que Jésus révèle quand Il dit : « Je suis la résurrection et la vie » ! Mais le temps vient, et il vient rapidement, où la présence du Seigneur sera toujours sentie, et où non pas par la foi seulement, mais manifestement, le pouvoir de Satan sera anéanti : oui, le jour est proche où ce corps corruptible que nous portons avec nous ne sera plus un obstacle et une entrave à notre bonheur spirituel, car il sera rendu entièrement conforme à l’image de Christ, au corps de Sa gloire (cf. Rom. 8, 29, 30 ; Phil. 3, 21 ; 1 Jean 3, 2 ; 1 Cor. 15, 49). Comme Christ a fait que les âmes des siens ici-bas portassent Son image (Éph. 4, 24 ; Col. 3, 10 ; 1 Cor. 15, 48 ; 1 Jean 4, 17), ainsi, alors, Il transformera leurs corps vils à l’image de ce corps qu’Il possède maintenant dans la gloire. « Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste ». « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; nous savons que quand il sera manifesté nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ». « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » !

Voilà ce que le chrétien se glorifie de contempler : la grâce du Saint Esprit l’y induit, car l’Esprit en entrant dans une âme y révèle toute cette gloire ; et plus l’Esprit dévoile de gloire, plus Il nous rend capables de triompher de la grandeur du pouvoir du mal ici-bas et de manifester la vie du Christ dans ce monde, à qui toutes ces choses demeurent cachées et qui, dans tout ce qu’il est, est opposé à Dieu (voyez Jean 1, 5, 10 ; 3, 19 ; 17, 25 ; 1 Cor. 2, 7-9 ; 1 Jean 2, 15, 16). La gloire de Christ est absolument inconnue du monde : le monde est conduit par l’esprit des ténèbres et il ne voit pas la lumière ; ses yeux sont aveuglés ; et quiconque est réellement conduit par l’enseignement de l’Esprit de gloire a pleine conscience que le monde n’est pas conduit par Lui. Christ a vivifié les âmes des siens par Sa vie (cf. 1 Cor. 15) ; et pour autant qu’ils reconnaissent cette puissance vivifiante, ils sont rendus capables de sympathiser avec Jésus Lui-même à toutes ces choses. Quand Il a été sur la terre, Il a cherché des consolateurs, mais Il n’en a pas trouvé (Ps. 69, 20) : personne n’avait de sympathies pour Lui. Dans Ses souffrances, Ses souffrances étaient pour Lui seul ; Il en portait seul le poids, personne ne les partageait, car à Gethsémané Ses disciples dormaient, et puis « le laissèrent et s’enfuirent » (Matt. 26, 56). Son cœur anticipait déjà cet abandon quand Il s’écriait : « Vous serez dispersés chacun chez soi, et vous me laisserez seul » (Jean 16, 32 ; cf. Matt. 26, 31). C’était de ce manque de sympathie pour Christ que Paul souffrait, quand il se plaignait de ce que « tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ » (Phil. 2, 21). Ici aussi, dans le récit de la résurrection de Lazare, Marthe, quoiqu’elle crût, quoiqu’elle fût aimée de Jésus, ne savait pas comprendre la parfaite sympathie du Sauveur pour les siens. « Je sais, dit-elle, qu’il ressuscitera en la résurrection au dernier jour ». Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? ». Jésus ne dit pas : Crois-tu qu’il ressuscitera ? mais : Crois-tu ce que j’ai dit de moi-même comme étant la résurrection et la vie de tout croyant ? Mais Marthe ne comprenait pas Jésus. Si elle eût saisi Sa pensée, elle en eût retiré la plus puissante consolation pour son âme ; mais au lieu de cela, elle répond : « Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde », et elle laisse là le Seigneur. Elle cherche ailleurs de la sympathie et Lui, la vie de toute consolation et l’âme de toute sympathie, Il est abandonné !

N’y a-t-il pas, maintenant, plusieurs enfants de Dieu qui agissent ainsi ? — Où voyons-nous cette fermeté et cette constance de satisfaction en l’amour de Christ qui exclut toute idée de chercher ailleurs de la sympathie ? Et pourquoi en est-il ainsi, chers amis ? Pourquoi rencontre-t-on tant de la faiblesse de Marthe parmi les saints ici-bas ? Hélas, comme Marthe, ils sont en souci et se tourmentent de beaucoup de choses, tandis qu’il n’est besoin que d’une seule. Marthe croyait ; mais elle était si faible, si terre à terre, qu’elle ne savait pas entrer dans le sentiment de la présence sympathisante du Sauveur et qu’elle courut ailleurs et envoya sa sœur Marie auprès de Jésus.

Chers frères, je vous demande, en terminant, si vous vivez de cette parole du Seigneur : « Je suis la résurrection et la vie » ? Avez-vous renoncé à toute fausse et insuffisante consolation ? Vos âmes sont-elles vivifiées pour connaître que la puissance de la mort est annulée partout où la présence de Jésus est reconnue, et attendez-vous, dans une joyeuse anticipation, ce temps où la présence de Jésus vivifiera vos corps mortels, et où, corps et âmes, à la fois, délivrés du péché, délivrés du pouvoir de la mort et de Satan, participeront à Sa sainte ressemblance ? Attendez-vous ce temps où nous n’offenserons plus Dieu en cédant au pouvoir de Satan ; ce temps où le diable n’aura plus la puissance de troubler notre paix, ni les choses de la chair celle de dissiper notre joie ; ce temps où notre repos sera glorieux, car nous nous reposerons avec notre Chef glorieux ; ce temps où notre joie sera complète, car nous entrerons dans la pleine et parfaite joie de notre Seigneur ? — Jusque-là, jusqu’à ce jour-là, chers frères, vivons dans cette bienheureuse attente, ayant nos lampes allumées, attendant la lumière du matin où notre Seigneur apparaîtra, témoins vivants de la vérité des promesses de Dieu, car « Celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » ! Amen !



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1864.