Article:Introduction à la Bible

De mipe
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J.N. Darby

Écrire une introduction à la Bible est une entreprise assurément difficile et sérieuse au plus haut degré. Comment en serait-il autrement lorsqu’il s’agit de présenter un livre qui renferme l’ensemble de toutes les pensées de Dieu et de toutes Ses voies relativement à l’homme, ainsi que Son propos arrêté à l’égard du Christ et de l’homme en Lui — un livre qui fait connaître en même temps ce que Dieu est, quelle est la responsabilité de l’homme envers Lui, ce qu’Il a fait pour l’homme, et les nouvelles relations avec Dieu dans lesquelles celui-ci entre par Christ — un livre qui révèle ce que Dieu est moralement dans Sa nature, et les économies au cours desquelles Il se glorifie devant les cieux et leurs habitants — un livre qui dévoile les secrets du cœur humain et met à nu son état, et qui, en même temps, place à découvert devant lui les choses invisibles — un livre qui commence au point où le passé touche à l’éternité, et qui nous conduit, par le développement et la solution de toutes les questions morales, au but où l’avenir se perd dans l’éternité selon Dieu — un livre enfin qui sonde les questions morales dans la parfaite lumière de Dieu pleinement révélé, et nous fait connaître le fondement de nouvelles relations avec Lui selon ce qu’Il est en Lui-même et selon ce qu’Il est en amour infini ? Prendre un tel livre pour montrer l’enchaînement de ses diverses parties, leur relation entre elles et avec l’ensemble, afin d’ouvrir à l’esprit humain (dans la mesure où il est donné à l’homme de le faire, car Dieu seul le peut d’une manière efficace) le chemin pour comprendre les voies de Dieu comme Il les a révélées, est une tâche dont la difficulté et le sérieux sont bien propres à faire reculer l’esprit de celui qui veut l’entreprendre, car il se trouve en présence des pensées de Dieu exprimées par Lui-même. Quelle chose, en effet, digne de toute admiration, que cette divine parenthèse ouverte entre l’éternité passée et l’éternité à venir ! Durant son cours, la fébrile activité de l’homme déchu, sous l’instigation de celui qui exerce la puissance du mensonge et du meurtre, se déploie en des pensées qui périront toutes, mais dans cette même période aussi, la nature et les pensées de Dieu, Son être moral et Son propos arrêté, jusqu’alors cachés en Lui de toute éternité, se révèlent et s’accomplissent par le moyen du Fils — tout en mettant l’homme à l’épreuve et manifestant ce qu’il est — afin de paraître, en leur résultat final, dans une éternité de gloire où Dieu, entouré de créatures bénies rendues capables de Le connaître et de Le comprendre, se manifestera comme lumière et comme amour dans le fruit de Ses pensées éternelles et impérissables. Alors tout ce qui a été opéré par Sa grâce et par Sa sagesse, à travers les choses qui paraissent ici-bas, sera mis en évidence dans ses fruits glorieux et éternels ; alors Dieu — Père, Fils, et Saint Esprit, connu de Lui-même avant que le temps fût — sera connu d’innombrables êtres heureux, connu dans la jouissance de leur propre bonheur, quand le temps ne sera plus. Et ce monde est la scène où tout ce qui se fait concourt à ce but ; et le cœur de l’homme est le lieu où tout se passe et se réalise moralement, si Dieu, en qui et par qui et pour qui sont toutes ces choses, demeure en lui par Son Esprit pour lui donner de l’intelligence, et si Christ, objet et centre de tout ce que Dieu accomplit, est aussi son unique objet. Or la Bible est la révélation que Dieu nous a donnée de tout ce merveilleux système et de tous les faits qui s’y rapportent. Ne comprend-on pas que l’on recule devant la tâche d’exposer de telles choses ? Mais nous avons à faire à un Dieu de bonté. Il prend plaisir à nous aider dans tout ce qui peut nous servir à entrer dans l’intelligence de la révélation qu’Il s’est plu à nous donner de Ses pensées.

De grands principes caractérisent cette révélation : nous en dirons un mot avant de nous occuper des détails.

La première grande idée qui imprime son caractère sur la révélation de Dieu, est celle des deux Adam. Il y a deux hommes, le premier et le second : l’un, l’homme responsable ; l’autre, l’homme des conseils de Dieu, en qui, tout en confirmant le principe de la responsabilité, Dieu se révèle Lui-même, et en même temps fait connaître Ses conseils souverains et la grâce qui règne par la justice. Ces deux principes dominent tout le contenu de la Bible. Seulement, bien que dans les voies de Dieu Sa bonté se montrât continuellement jusqu’à la venue de Son Fils, la grâce, dans la pleine force du terme, ne se révélait que prophétiquement avant cette venue, et encore assez voilée pour ne pas porter atteinte à l’état où en étaient alors les relations de l’homme avec Dieu ; aussi le faisait-elle souvent sous des formes qui ne se comprennent que lorsque le Nouveau Testament en a fourni la clef.

Cela nous conduit à considérer deux autres principes qui se trouvent révélés et développés dans les Écritures. D’abord le gouvernement de Dieu dans la scène de ce monde, gouvernement sûr, mais longtemps caché, excepté en Israël où il se manifestait sur une petite échelle. Mais, là même, il apparaît encore peu distinct aux yeux des hommes, parce que l’iniquité prévalait (Ps. 73), et que Dieu avait au milieu de ce gouvernement des voies plus profondes et des bénédictions plus grandes pour les siens — voies dans lesquelles, pour le bien spirituel de ceux-ci, Il se servait de maux infligés selon les principes de Son gouvernement. La partie historique de la Bible fait connaître à l’homme spirituel le cours de ces voies ; les Psaumes présentent les réflexions faites sur elles par l’Esprit de Christ dans les fidèles, les expressions s’élevant parfois jusqu’à l’expérience de Christ Lui-même, et devenant ainsi directement prophétiques. Mais n’anticipons pas. L’autre principe divin est la grâce souveraine qui prend de pauvres pécheurs, efface leurs péchés, et les place dans la même gloire que le Fils (devenu homme dans ce but), « conformes à l’image de son Fils », et cela selon la justice de Dieu, en vertu du sacrifice de Christ par lequel Il a pleinement glorifié Dieu à l’égard du péché. Des traits de cette grâce souveraine se retrouvent dans le gouvernement de Dieu, et se montrent quand ce gouvernement a produit son effet ; mais c’est dans la gloire céleste qu’elle est pleinement révélée.

Au gouvernement de Dieu se rattache étroitement la loi, qui présente la règle du bien et du mal, selon Dieu, et qui fonde cette règle sur Son autorité. Le Seigneur nous en fournit l’expression en tirant de diverses parties du Pentateuque les principes qui, s’ils étaient établis dans le cœur et y opéraient, conduiraient à l’obéissance envers Dieu et à l’accomplissement de Sa volonté, et produiraient ainsi la justice humaine. Les dix commandements ne créent pas le devoir ; l’existence de celui-ci est fondée sur les relations dans lesquelles Dieu a placé l’homme.

Il y a, entre les dix commandements et les principes de la loi posés par Jésus, cette différence, que ceux-ci, extraits par Lui des livres de Moïse, embrassent le bien absolu tout entier, sans question de péché, tandis que les dix commandements supposent le péché, et, sauf un seul, sont prohibitifs de toute infidélité aux relations dont ils traitent. Il est important de remarquer que le dernier de ces commandements défend le mouvement du cœur vers les péchés précédemment condamnés : « l’aiguillon est dans la queue ». Outre cela, les diverses relations sont la base du devoir, les commandements défendant aux hommes d’y manquer. Mais le principe de la loi, de toute loi, est que l’approbation de Celui envers qui je suis responsable, mon acceptation par Celui qui a le droit de juger de la fidélité à ma responsabilité, ou de mes manquements — mon bonheur, en un mot — dépend de ce que je suis à cet égard, de ce que je suis envers Lui. Les relations sont établies par la volonté et l’autorité du Créateur, et lorsque j’y manque, je pèche contre Lui qui les a établies, je Lui désobéis et je méprise Son autorité. Le principe de la loi est que l’acceptation de la personne dépend de sa conduite ; la grâce, au contraire, fait ce qu’elle veut, agissant en bonté, selon la nature et le caractère de Celui qui fait grâce.

Il y a, en contraste avec la loi, un autre élément important des voies de Dieu, savoir les promesses. Elles commencent avec la chute ; mais, comme principe dans les voies de Dieu, elles datent d’Abraham, alors que le monde était déjà tombé, non seulement dans le péché, mais dans l’idolâtrie, Satan et les démons s’étant mis à la place de Dieu dans l’esprit de l’homme. Or l’élection d’Abram, son appel, et le don des promesses qui lui a été fait, se rattachent tous à la grâce. Aussi Abram a suivi Dieu[1] vers le pays que Dieu lui indiquait, mais il n’y posséda pas où poser son pied. C’est ce qui introduit un autre principe vital : vivre de foi, recevoir la parole de Dieu comme telle, et compter sur la fidèle bonté de Dieu. La promesse dépendait évidemment de la grâce ; elle n’était pas la chose donnée, mais la parole de Dieu assurait celle-ci. La foi comptait sur cette promesse, et, plus ou moins clairement, introduisait la pensée d’une bénédiction en dehors du monde ; autrement celui qui avait la foi n’aurait rien eu par sa foi. La conscience de la faveur de Dieu était sans doute beaucoup, mais elle dépendait de la foi en Sa fidélité relativement à ce qu’Il avait promis.

Au sujet des promesses il est un point important à signaler : il y a des promesses sans condition, et des promesses sous condition. Les promesses faites à Abraham, à Isaac, et à Jacob, étaient sans condition ; celles faites en Sinaï le furent sous condition : la Parole de Dieu ne confond jamais les unes avec les autres. Moïse rappelle celles qui furent faites à Abraham, à Isaac, et à Israël c’est-à-dire à Jacob (Ex. 32, 13) ; Salomon parle de ce qui est arrivé sous Moïse (1 Rois 8, 51-53). Ce qui est dit en Néhémie 1 se rapporte à Moïse, et en Néhémie 9, d’abord à Abraham comme source de tout, puis à Moïse, lorsqu’il s’agit des voies de Dieu. C’est cette différence que l’apôtre établit aux versets 16-20 du chapitre 3 de l’épître aux Galates. Sous la loi, lorsqu’il y avait un médiateur, la jouissance de l’effet de la promesse dépendait de la fidélité d’Israël aussi bien que de la fidélité de Dieu ; mais alors on voit que tout était perdu dès le commencement. L’accomplissement de la simple promesse de Dieu dépendait de Sa fidélité ; dans ce cas, tout était sûr. Le passage de l’épître aux Galates auquel nous avons fait allusion, nous apprend de plus que c’est à Christ, second homme, que les promesses faites à Abraham ont été confirmées, et elles s’accompliront certainement — toutes oui, et toutes amen, quand arrivera Son jour, que les prophètes ont toujours eu en vue. Ici la différence, déjà signalée, entre le gouvernement de ce monde et la grâce souveraine retrouve son application. Les prophètes ne parlent pas de la grâce qui nous place dans le ciel ; en effet, la prophétie se rapporte à ce qui est terrestre, et, pour ce qui concerne le Seigneur Jésus, elle renferme la révélation de ce qu’Il devait être sur la terre à Sa première venue ; puis, continuant le sujet, elle nous dit ce qu’Il sera sur la terre lorsqu’Il reviendra, sans qu’il soit fait allusion à ce qui devait avoir lieu entre les deux avènements. Toutefois les faits relatifs à la personne du Seigneur sont annoncés dans les Psaumes qui nous révèlent davantage Son histoire personnelle : Sa résurrection (Ps. 16), Son ascension (Ps. 68), Sa séance à la droite de Dieu (Ps. 110) ; et, quant au Saint Esprit, ils nous apprennent qu’Il le recevra comme homme — que les dons ne sont pas seulement des dons de Dieu, mais que Christ les recevra « dans l’homme », c’est-à-dire comme homme en rapport avec l’humanité. D’un autre côté, sauf les souhaits de David aux psaumes 72 et 145, où il s’agit de ce qui concerne la personne du Seigneur, il n’est pas question, dans les Psaumes, de l’état de choses qui suivra Son retour, tandis que cet état futur est largement dépeint dans les prophètes, quant à l’accomplissement des promesses faites aux Juifs et quant aux conséquences qui en découleront pour les nations. — Un autre point est à remarquer : lorsque les prophètes donnent de la part de Dieu des encouragements à la foi pour le temps où ils parlaient et les circonstances pénibles d’alors, l’Esprit de Dieu s’en sert pour porter les pensées en avant dans l’avenir, quand Dieu interviendra en faveur de Son peuple[2].

Finalement, quand le péché était déjà là, quand déjà la loi avait été violée, quand les prophètes mêmes, envoyés de Dieu, avaient vainement rappelé Israël à son devoir et réclamé pour Dieu du fruit de sa vigne, le Messie promis arrive avec les preuves évidentes de Sa mission, preuves que l’intelligence humaine pouvait reconnaître et que, de fait, elle a reconnues (Jean 2, 23 ; 3, 2). Dieu parle dans la personne du Fils (Héb. 1), le grand prophète promis. Mais en même temps le Père a été révélé dans le Fils, et l’homme n’a pas voulu Dieu. Le Fils de Dieu était là, délivrant l’homme de tous les maux extérieurs que le péché avait introduits dans le monde et de la puissance de Satan qui s’y rattachait ; mais cette manifestation de Dieu en bonté n’eut pour effet que de faire ressortir la haine contre Dieu qui se trouve dans le cœur de l’homme : les Juifs ont perdu ainsi tout droit aux promesses, et l’homme a rejeté Dieu manifesté en bonté ici-bas. L’histoire de l’homme responsable était terminée, car nous ne parlons pas ici de la grâce, sauf en tant que la présence de Dieu en grâce mettait cette responsabilité à l’épreuve. Non seulement le péché et la violation de la loi étaient déjà là, mais les hommes, alors que Dieu était présent en bonté, ne leur imputant pas leurs péchés, ne pouvaient supporter Sa présence. Toute relation de l’homme avec Dieu était impossible sur le terrain de ce que l’homme se montrait être, malgré les miracles, tous de bonté[3], et non seulement de puissance, accomplis par Jésus, ainsi qu’Il a dit Lui-même (Jean 15, 22-25) : « Ils n’ont pas de prétexte pour leur péché… ; ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père » (Jean se sert toujours de l’expression de « Père », quand il parle de Dieu agissant en grâce). Oui, et c’est une vérité solennelle, l’histoire de l’homme est terminée moralement ! Mais elle prend fin pour ouvrir, Dieu en soit béni, la porte de la grâce infinie devant Celui qui, dans le Fils, se révèle comme le Dieu de grâce (Jean 12, 31-33). La croix du Christ dit : L’homme ne veut pas Dieu, même quand Il vient en grâce (2 Cor. 5, 17-19) ; mais elle dit aussi : Dieu est infini en grâce, n’épargnant pas même Son Fils pour réconcilier l’homme avec Lui-même[4].

Retraçons brièvement, au point de vue historique, les voies de Dieu à l’égard de la responsabilité de l’homme. Il est frappant de voir, dans l’histoire de celui-ci, que toutes les fois que Dieu a établi quelque chose de bon, la première chose que l’homme ait faite a toujours été de le ruiner. Le premier acte de l’homme a été un acte de désobéissance : il est tombé dans le péché et a rompu toute relation entre lui et Dieu ; dès lors il a eu peur de Celui qui l’avait comblé de bontés. Noé, échappé au déluge qui avait englouti tout un monde, à sa famille près, s’enivre, et en lui l’autorité se déshonore et se perd. La loi ayant été donnée, Israël se fait un veau d’or avant que Moïse fût descendu de la montagne. Dès le premier jour de leur service, Nadab et Abihu offrent du feu étranger, et Aaron reçoit la défense d’entrer dans le lieu très saint avec ses vêtements de gloire et de beauté, et même d’y entrer en aucune manière, sauf au grand jour des expiations (Lév. 16). Salomon, fils de David, tombe dans l’idolâtrie, et le royaume est divisé. Le premier chef des nations, celui à qui Dieu avait remis le pouvoir, fait une idole et persécute ceux qui étaient fidèles à l’Éternel. L’église extérieure, ou de profession, n’a pas échappé davantage à la loi commune de la désobéissance et de la ruine.

Si nous considérons maintenant les voies de Dieu à l’égard de l’homme dans le laps de temps qui s’écoule entre Adam et le Christ, nous trouvons d’abord l’homme innocent jouissant, sans peine quelconque, des biens terrestres ; et pour lui le mal n’existait pas. La responsabilité était mise en évidence par la défense de manger du fruit d’un certain arbre. C’était une simple affaire d’obéissance. Cette défense, ou cette loi, ne supposait pas le mal : Adam aurait pu manger du fruit de l’arbre comme de tout autre ; il n’y aurait eu en soi aucun mal à le faire, si cela n’avait pas été défendu. L’homme succombe à la tentation. Il perd Dieu, et se cache de devant Lui avant d’être chassé par Lui. Puis il est chassé judiciairement du jardin où il pouvait jouir de la présence de Dieu, qui, en effet, vient l’y chercher au frais du jour ; il acquiert une conscience : il apprend, et cela malgré lui — non par une loi imposée, mais intérieurement — à faire la différence entre le bien et le mal. Sans doute la conscience peut être horriblement endurcie ou fourvoyée ; toutefois elle est là, dans l’homme : quand un homme fait ce qui est mauvais, sa conscience le condamne. La loi de Dieu est la règle de la conscience, mais elle n’est pas elle-même la conscience qui se sert de cette règle. L’homme est désormais déchu, car il a désobéi ; il a renoncé à dépendre de Dieu et à Lui être soumis, il a peur de Dieu et cherche à se cacher de Lui (si cela était possible) ; puis il est chassé du jardin, privé de toutes ces bénédictions au milieu desquelles il goûtait la bonté de Dieu, dans lesquelles il pouvait Le reconnaître et même jouir de Sa présence, car « l’Éternel Dieu se promenait dans le jardin » (Gen. 3, 8). La volonté propre et la convoitise étaient entrées dans la nature de l’homme, la culpabilité et la peur de Dieu, dans sa position ; mais ensuite il est chassé judiciairement d’un lieu qui ne convenait plus à son état, et, moralement, il est chassé d’auprès de Dieu. Quelle chose horrible s’il avait pu manger de l’arbre de vie, et remplir le monde de pécheurs immortels ne craignant pas plus la mort que Dieu ! Dieu ne l’a pas permis.

Mais nous avons à noter des circonstances très intéressantes, qui se rattachent au jugement sous lequel l’homme est tombé. Nous l’avons vu, Adam a fui la présence de Dieu. Le jugement prononcé sur lui, sur Adam et Ève (Gen. 3, 14-19), est un jugement terrestre et non un jugement de l’âme. Adam, Ève aussi, sont placés tous deux dans le malheur et sous le joug des labeurs, des souffrances et de la mort. Avant d’être chassé, Adam, par la foi, à ce qu’il semble, reconnaît la vie là où la mort est entrée (Gen. 3, 20) ; mais il y a plus : il y a la promesse, quant à la femme, de la semence qui briserait la tête du serpent. Le Christ, semence de la femme par qui le mal est entré dans le monde, devait détruire toute la puissance de l’Ennemi ; puis, comme le péché avait détruit l’innocence de l’homme et lui avait donné, par la honte de sa nudité, la conscience qu’elle était perdue, Dieu lui-même, en faisant intervenir la mort, revêt Adam et sa femme et couvre leur nudité (Gen. 3, 21). Auparavant il y avait chez l’homme l’inconscience du mal ; maintenant le mal lui est connu, mais il est couvert par l’acte même de Dieu. L’homme avait cherché à se cacher à lui-même son péché, mais lorsqu’il entend la voix de Dieu, à quoi servent les feuilles de figuier ? Elles ne sont rien pour une conscience réveillée en la présence de Dieu : « Je me suis caché », dit-il, « car j’étais nu ». Remarquons qu’avant de le chasser, Dieu ne lui rend pas l’innocence, ce qui était impossible ; Il fait mieux : afin de voir son œuvre à Lui, Il revêt Adam et sa femme, chose que leur état rendait nécessaire à Ses yeux et qu’Il accomplissait dans Sa grâce ; à cela s’ajoute la déclaration de l’écrasement futur de celui qui les avait induits au mal. Cependant l’homme est chassé du jardin où il jouissait, sans la foi, de toute les bénédictions de Dieu. Il devra labourer la terre, mourir, et, jusqu’à ce qu’il meure, être séparé du Dieu qui, auparavant, se promenait au frais du jour dans le jardin où l’homme demeurait. Désormais l’homme ne peut plus connaître Dieu que par la foi, si la foi est dans son cœur — principe nouveau et de toute importance. Il avait perdu Dieu, acquis une conscience, et devait travailler péniblement pour gagner sa vie temporelle ; il devait vivre, s’il le pouvait, trouver Dieu, s’il le pouvait ; mais il était dorénavant hors de l’enceinte que Dieu visitait, et où l’abondance de Ses bénédictions était dispensée sans être accompagnée de peine, ni de labeur. L’homme avait fui la présence de Dieu, et Dieu avait chassé l’homme. Adam n’était plus, ni quant à l’état de son âme, ni judiciairement, dans la relation où Dieu l’avait formé afin qu’il fût avec Lui : il était dans le péché. Nous le répétons, l’homme avait fui la présence de Dieu, et Dieu l’avait chassé de la position dans laquelle Il l’avait placé en le créant ; il était maintenant étranger à Dieu, avec une mauvaise conscience, n’ayant que juste assez de connaissance de Dieu pour avoir peur de Lui. Il avait appris toutefois que la semence de la femme écraserait la tête du serpent. La grâce et l’œuvre de Dieu l’avaient pourvu d’un vêtement qui, tout en rendant témoignage à la mort, couvrait parfaitement et de la part de Dieu la nudité dont il avait conscience, et qui était l’expression de sa chute et de son état de péché. L’homme est dehors ; y aura-t-il un lieu où il puisse entrer auprès de Dieu pour l’adorer et pour être moralement avec Celui qu’il avait abandonné ?

Cette nouvelle question surgit maintenant dans l’histoire d’Adam.

Abel offre un sacrifice qui ne lui coûte rien, pour ainsi dire ; mais il l’offre par la foi, reconnaissant qu’il est pécheur, hors du jardin, éloigné de Dieu, et que la mort est entrée. Il reconnaît en même temps la grâce divine qui avait couvert la nudité de ses parents, et il s’approche de Dieu par un sacrifice de propitiation, qui seul pouvait ôter le péché et permettre à un pécheur de s’approcher de Dieu en vertu de la mort d’un autre. Le caractère de Dieu, en amour et en justice, d’une part, et de l’autre, l’état d’Abel, étaient reconnus dans l’offrande de celui-ci : il l’offre par la foi, et Dieu l’accepte, ainsi que la personne d’Abel lui-même, en rendant témoignage à ses dons (Héb. 11, 4). Abel était agréé de Dieu selon la valeur de ses dons, c’est-à-dire de Christ. Dieu Lui-même avait couvert la nudité d’Adam ; Abel vient, reconnaissant sa position et la nécessité du sacrifice expiatoire par lequel seul il pouvait entrer dans la présence de Dieu. Caïn, au contraire, se présente avec le fruit de son dur labeur. L’homme, puisqu’il était hors de la présence de Dieu, devait venir à Lui et l’adorer : tous ceux qui ne sont pas ouvertement des apostats, non seulement de Christ, mais de Dieu, reconnaissent cela. Caïn le reconnaît, mais de quelle manière ? Il croit pouvoir s’approcher tel qu’il est. Et pourquoi pas ? Quant au péché, il n’y pense pas. Le fait que Dieu avait chassé l’homme du paradis, ne changeait rien pour lui. Il se présente comme si rien n’était arrivé ; puis, moralement aveugle et insensible, il offre le fruit de son travail, c’est vrai, mais ce qui était la preuve de la malédiction qui reposait maintenant sur la terre. Il ne reconnaissait ni ce qu’il était, ni ce que Dieu était — ni le péché, ni la malédiction qui pesait sur son travail, fruit du péché. Une fois que l’homme était hors du paradis, il s’agissait pour lui de s’approcher de Dieu, et Dieu lui-même, dans ce trésor de grands principes déposés dans la Genèse, proclame pour tous les siècles comment cela peut se faire. Tous ces récits renferment les fondements de nos relations avec Dieu, et montrent en même temps l’état de l’homme.

Le péché se complète : nous avons vu, en Adam, le péché contre Dieu ; le péché de l’homme contre son frère vient ensuite. Caïn est irrité de ce que Dieu l’a rejeté, et le meurtre entre dans le monde : Caïn tue son frère. Dieu l’interpelle, non pas en lui disant comme à Adam : « Où es-tu ? » car Adam aurait dû se trouver plein de joie auprès de Dieu, et ces mots : « Où es-tu ? » impliquaient toute sa position ; à Caïn Dieu dit : « Qu’as-tu fait ? ». Mais nous avons auparavant l’entretien de Dieu avec Caïn au sujet de l’état de ses relations avec Lui : « Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé ? » et « son désir sera tourné vers toi[5], et toi tu domineras sur lui » ; si tu fais mal, le péché — ou un sacrifice pour le péché, le mot hébreu ayant ces deux sens — est « près » (textuellement est « couché à la porte »), c’est-à-dire, il y a un remède : ce sont les principes généraux de nos relations avec Dieu. Si l’on fait ce qui est bon, on est agréé de Dieu, et si l’on a fait ce qui est mauvais, la grâce de Dieu a placé à la porte un sacrifice pour le péché. Remarquez ici que le sacrifice d’Abel n’était pas un sacrifice pour le péché ; ni Caïn ni Abel ne viennent à Dieu avec la conscience chargée d’une transgression connue. C’est l’état de chacun d’eux qui est en vue, l’état de l’homme devant Dieu : l’un, l’homme qui, se reconnaissant chassé d’auprès de Dieu, s’approche de Lui selon la grâce ; l’autre, l’homme naturel, insensible au péché. La réponse de Dieu à Caïn parle de transgression positive, et cela confirme l’idée que, dans ce passage, il est question d’un sacrifice pour le péché, et non du péché même. Mais, comme nous l’avons dit, Caïn se rend coupable de péché contre son frère, ce qui était impossible à Adam : il complète ainsi le péché dans son second caractère. Dieu prononce le jugement sur Caïn, qui, maudit dans son travail, fugitif et vagabond, se laisse aller au désespoir. Puis, abandonnant entièrement la présence de Dieu qui lui parlait, il va s’établir dans le pays où Dieu l’avait fait être vagabond (« Nod »), et le monde commence. Caïn bâtit une ville et l’appelle du nom de son fils ; ses enfants s’enrichissent, inventent l’art de mettre en œuvre les métaux, et introduisent les agréments des arts : on cherche à se rendre aussi heureux que possible sans Dieu. Outre la vérité générale, nous pouvons voir en Caïn un type des Juifs, meurtriers du Seigneur : ils en portent la marque sur leur front. Lémec se laisse aller à sa propre volonté et prend deux femmes, mais il est, nous le pensons, un type d’Israël à la fin des jours. Seth est l’homme selon le propos arrêté de Dieu — type de Christ. Les deux familles d’hommes sont établies sur la terre ; mais déjà la haine de l’une contre l’autre apparaît en Caïn et Abel (comp. 1 Jean 3, 11-12). Nous avons ensuite le témoignage de Dieu en Énoch qui annonce la venue du Christ en jugement, et en Noé qui passe par le jugement terrestre et renaît, pour ainsi dire, en vue d’un monde nouveau.

Nous nous sommes étendu sur cette partie de l’histoire, parce qu’elle présente l’état de l’homme déchu et les principes selon lesquels il entre en relation avec Dieu, sans institutions religieuses, mais non sans témoignage de la part de Dieu. La vie éternelle aussi est manifestée en figure en Énoch, comme l’était, en Abel, le sacrifice par lequel l’homme déchu peut s’approcher de Dieu, et, en Adam et Ève, sous le jugement où l’homme se trouve, la grâce souveraine qui les a vêtus avant de les chasser d’Éden. Enfin, en Noé, la fin du siècle est annoncée, ainsi que le passage à travers le jugement. Tout cela est rappelé, quant au fond des principes, en grâce, dans le chapitre 11, 1-7, de l’épître aux Hébreux. Mais l’homme déchu allait toujours en empirant ; il ne reste de fidèle que Noé, que Dieu sauve lorsqu’Il détruit le monde. Il est important de remarquer que, dans les faits rapportés jusqu’ici, et qui contiennent des principes beaucoup plus profonds et éternels dans leur nature et leur effet, l’histoire de cette époque du jugement sur Adam et sur le monde est une histoire d’ici-bas, et que les jugements sont gouvernementaux et se rapportent aux choses de la terre.

Un nouveau monde commence avec Noé : il débute avec le sacrifice. Ici, des « holocaustes » sont expressément nommés : ils étaient agréables à Dieu. Dieu déclare qu’il ne maudira plus la terre et ne frappera plus tout être vivant, mais que les saisons se succèderont, selon l’ordre établi par Lui, aussi longtemps que durera la terre. Mais l’homme n’est plus, comme dans le paradis, l’autorité qui s’exerce en paix, donnant souverainement leurs noms aux animaux : la crainte de l’homme doit désormais dominer sur toutes ces créatures. L’homme pouvait les manger, mais il ne devait pas toucher au sang, signe de la vie. De plus l’autorité du magistrat est établie pour restreindre la violence qui s’était déchaînée. Celui qui attenterait à la vie de l’homme encourrait la perte de sa vie : Dieu exigerait du sang pour le sang répandu, et l’homme était revêtu de l’autorité nécessaire pour faire valoir cette loi. Ensuite Dieu donne l’arc-en-ciel comme signe de son alliance avec la création tout entière : c’est le témoignage qu’il n’y aura plus de déluge. Nous vivons sur la terre sous ce régime.

Hélas ! Noé, jouissant de la bénédiction accordée, manque à sa position, s’enivre et se déshonore. Le monde se divise en trois parties, l’une en relation avec Dieu ; une autre, maudite, mentionnée en vue de l’histoire d’Israël ; une troisième, la masse des Gentils. Les hommes cherchent à s’élever sur la terre et à centraliser la puissance de leur race dont l’unité subsiste encore ; mais Dieu confond leurs desseins avec leur langage. Après cela la puissance impériale s’établit sur la terre avec Nimrod. Babel et le pays de Shinhar commencent à venir en évidence. C’est notre monde.

Un autre élément important se dessine dans l’histoire : l’idolâtrie s’introduit. Non seulement Satan, comme tentateur, rend l’homme méchant, mais il se constitue son Dieu, afin de l’aider à satisfaire ses passions. Ayant perdu Dieu, avec lequel il avait été autrefois en relation, et avec lequel ces relations avaient été renouées dans la personne de Noé, l’homme se fait un dieu de chaque puissance de la nature qui devient un jouet pour son imagination et un moyen de satisfaire ses convoitises ; ayant perdu Dieu, l’homme n’avait plus que l’idolâtrie : la partie même de la race humaine qui était en relation avec l’Éternel (Gen. 9, 26) est spécialement signalée comme y étant tombée (Jos. 24, 2). Terrible chute ! Quoique l’homme ne pût pas se débarrasser de la conscience qu’il y avait un Dieu, un Être au-dessus de lui, et bien qu’il le craignît, il s’est créé une multitude de dieux inférieurs par lesquels il cherchait à bannir cette crainte et à obtenir une réponse à ses désirs, en cachant ce qui, au fond, était et restait toujours pour lui, un « Dieu inconnu ». Les étoiles, les ancêtres fils de Noé, des membres de la race humaine encore plus anciens et moins connus, les forces de la nature, tout ce qui n’était pas l’homme, mais agissait et opérait sans lui, la nature se reproduisant après sa mort, la génération des êtres vivants, tout se divinisait à ses yeux. L’homme ne possédait pas le vrai Dieu ; il lui fallait un Dieu, et, dépendant et misérable, il se faisait des dieux selon ses passions et son imagination, et Satan en profitait. Pauvre humanité sans Dieu ! C’est alors que Dieu intervient en Souverain. Remarquons en passant qu’Il diminue de moitié la durée de la vie de l’homme, lors du déluge, et la réduit encore une fois, au temps de Péleg, époque où la terre fut partagée, Dieu assignant à chaque peuple sa place (Deut. 32, 8).

Comme nous venons de le dire, l’influence universelle de l’idolâtrie amène une intervention de Dieu, intervention qui imprime son caractère sur Ses voies les plus importantes : Il appelle Abraham et le fait sortir de ce milieu corrompu, afin qu’il devienne la souche d’un peuple qui Lui appartînt. En Abraham, le père des fidèles, trois et même quatre grands principes sont mis en évidence : la volonté souveraine de Dieu, autrement dit l’élection, puis l’appel de Dieu, les promesses, et le culte constant rendu par l’homme devenu étranger sur la terre. Ces deux faits, la possession des promesses et la non-possession des choses promises, engageaient les affections et l’espérance dans un domaine en dehors de ce monde, sans doute encore d’une manière vague, mais plus tard des révélations y ont été ajoutées. Ces principes ont dès lors caractérisé le peuple de Dieu.

Voici donc le résumé de ces nouvelles voies de Dieu : le monde s’étant adonné à l’idolâtrie, Dieu appelle un homme pour qu’il soit à Lui, en dehors du monde, et fait de cet homme le dépositaire des promesses. Il y avait eu des fidèles avant Abraham, mais non la souche d’une race comme l’était Adam, chef de la race déchue ; mais Abraham est chef de race, car nous-mêmes, étant de Christ, nous sommes la semence d’Abraham.

Rien n’est plus instructif que la vie d’Abraham, mais nous ne pouvons indiquer ici que ce qui caractérise les voies de Dieu. Abraham déclare qu’il est pèlerin et étranger ; arrivé dans le pays que Dieu lui donnait, mais où il n’a pas où poser son pied, il élève un autel à Dieu : il n’a que sa tente et son autel ; il dresse sa tente et bâtit son autel là où il séjourne. Mais il a failli, lorsque, sans consulter Dieu, il est descendu en Égypte. Dieu le garde, mais Abraham n’a pas d’autel depuis son départ du pays de Canaan jusqu’à ce qu’il y retourne. Les promesses lui sont faites : il aura une postérité nombreuse (Israël), à laquelle le pays de Canaan sera donné en possession perpétuelle ; puis toutes les nations de la terre seront bénies en lui. Le fils, en qui étaient les promesses, ayant été offert à Dieu et recouvré comme ressuscité d’entre les morts, en figure — la promesse de la bénédiction des nations est confirmée à la semence, c’est-à-dire à Christ (comp. Gal. 3, 16). Les promesses sont sans condition : il s’agit du propos arrêté de Dieu. Israël en bénéficiera aux derniers jours ; les chrétiens, sans parler des révélations et des faits accomplis qui sont d’une importance infinie, en jouissent maintenant. Sara veut avoir « la semence », selon la chair, avant le temps fixé. Mais tout devait être sur le principe de la promesse : c’est la grâce, la foi, l’espérance, car alors rien n’était accompli ; et cela reste encore vrai, quant à la gloire, sauf à l’égard de la personne du Christ. En attendant, Dieu était le Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et de Jacob, les cohéritiers de la même promesse. En Isaac, nous avons le type des relations de Christ avec l’Église ; Jacob nous fait entrer dans la sphère du peuple terrestre.

Jacob s’étant rendu en Égypte, les Israélites, ses descendants, sont assujettis au joug de l’esclavage, à la dure servitude des Égyptiens, comme nous le sommes au péché dans la chair. Ce fait introduit un nouveau principe d’une immense portée, celui de la rédemption, accompagné d’une autre vérité : l’existence d’un peuple de Dieu sur la terre, d’un peuple au milieu duquel Dieu demeure (Ex. 3, 7, 8 ; 6, 1-8 ; 29, 45, 46). C’est la grâce souveraine qui pense à la misère du peuple, et qui entend le cri des fils d’Israël. Mais Israël était dans le péché tout autant que les Égyptiens ; comment donc Dieu pouvait-Il le délivrer ? Il a trouvé une rançon : le sang de l’agneau pascal, figure de Christ, est répandu, par la foi, sur le linteau et sur les deux poteaux de la porte de chaque maison des Israélites, et Dieu, qui frappe en jugement, « passe par-dessus » le peuple abrité par le sang. Israël mange l’agneau qui avait été sacrifié et l’avait garanti du jugement ; il le mange avec des herbes amères et du pain sans levain, avec l’amertume de l’humiliation et la vérité dans le cœur, les reins ceints, le bâton à la main, les sandales aux pieds ; puis il quitte en hâte l’Égypte. Ensuite le peuple, arrivé à la mer Rouge, est délivré : « Tenez-vous là », dit Moïse, « et voyez la délivrance de l’Éternel ». La puissance de l’Égypte tombe sous le jugement de Dieu exécuté sur elle ; désormais Israël est hors d’Égypte, délivré et amené à Dieu. La rédemption est complète ; le peuple ne verra plus les Égyptiens, à jamais (Ex. 14-15).

Il y a aussi maintenant une vie dont Dieu prend soin. Israël doit boire les eaux amères de la mort (c’est Mara) que Christ a subie dans sa réalité pour nous ; il est nourri de la manne, Christ, et abreuvé de l’eau du rocher, laquelle est l’Esprit de Dieu ; puis il est soutenu d’en haut dans le combat. Dans ces récits, tout est grâce ; Dieu agit en grâce et se glorifie au milieu des manquements de l’homme ; de plus l’homme est avec Dieu, car la rédemption nous amène à Dieu (Ex. 19, 4) ; mais le voyage sous la grâce pour arriver auprès de Lui, est ajouté dans ses grands principes. L’établissement du sabbat, car le peuple racheté avait part au repos de Dieu, accompagne la manne, Christ — de même que le combat vient après l’eau du rocher.

Quelques versets du chapitre 15 de l’Exode réclament ici notre attention. Nous y trouvons : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté, tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (v. 13) ; mais d’autre part, nous lisons, au verset 17 : « Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation… » : c’est-à-dire que les fils d’Israël étaient non seulement amenés jusqu’à Dieu, leur rédemption étant absolue et complète, mais qu’ils devaient aussi être introduits dans l’héritage promis. Le lecteur remarquera qu’il n’est question du désert, ni en Exode 3, ni dans le chapitre 6, ni dans le passage que nous citons, Exode 15, 1-21. L’œuvre de la rédemption étant parfaite, le désert n’est pas nécessaire. Le brigand sauvé était propre à être avec Christ dans le paradis, comme nous le sommes aussi (Col. 1, 12). Le désert ne fait pas partie des conseils de Dieu qui, pour ce qui nous concerne, se rapportent à la rédemption et à l’héritage ; il fait partie des voies de Dieu (voyez Deut. 8, 2-3, etc.). Dieu nous éprouve, afin que nous nous connaissions nous-mêmes et que nous connaissions Dieu. Tous les professants sont mis à l’épreuve sur la base d’une rédemption accomplie : s’ils n’ont pas la vie, ils tombent en chemin, tandis que les vrais croyants persévèrent jusqu’au bout. De plus, l’état du peuple est mis à l’épreuve, et il est châtié (Deut. 8, 5, 15, 16). Dans cette position on est, en principe, sous la loi ; il s’agit de ce que nous sommes devant Dieu à l’égard de Son gouvernement, mais c’est sous la verge de la sacrificature que nous sommes conduits (la mort d’Aaron termine cette partie du type ; puis la « génisse rousse » est donnée comme provision spéciale pour les souillures que l’on contracte dans le désert). Il en est autrement lorsqu’il s’agit de la justification : alors, à la fin du désert, de notre vie d’épreuve ici-bas, il est dit : « Selon ce temps (la fin du désert) il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ? ». Tout le long du chemin la question était : Qu’est-ce qu’Israël a fait ?

De même que la mer Rouge est, en type, la mort de Christ pour nous, le Jourdain est notre mort avec Lui. Après le Jourdain viennent nos combats en Canaan, comme armée de Dieu, contre les malices spirituelles dans les lieux célestes. Mais auparavant nous trouvons Guilgal, l’application de notre mort avec Christ à l’état de l’âme, dans les détails pratiques. Le camp était toujours à Guilgal : c’est là qu’est le souvenir de notre identification, par la foi, avec Christ dans la mort, identification représentée par le Jourdain. Après cela, la manne, type de Christ descendu ici-bas et provision pour le désert, est remplacée par le vieux blé du pays, figure d’un Christ céleste. Enfin le Chef de l’armée de l’Éternel se présente.

Le succès dans la guerre et la bénédiction dans le désert dépendaient de l’état de ceux qui étaient en relation avec Dieu : Il bénissait, mais en même temps Il gouvernait au milieu de Son peuple. Pour nous, les deux choses, le désert et la guerre (guerre dans laquelle Israël est engagé comme armée de l’Éternel), n’ont pas lieu au même moment, mais dans la même durée de la vie humaine. Seulement le salut, la rédemption, est à la mer Rouge ; la délivrance expérimentale se trouve au Jourdain. La verge frappait la mer, et il n’y avait plus de mer, si ce n’est comme sauvegarde du peuple. L’arche demeure dans le Jourdain jusqu’à ce que tous aient passé. Il est bon de remarquer que les conditions, les « si », ne se rapportent pas au salut, mais au voyage du désert. Pour ceux qui ont la foi et la vie, on trouve, avec les « si », la promesse d’être gardés jusqu’au bout, de sorte que pour la foi il n’y a pas d’incertitude : mais dans le désert il s’agit de relations expérimentales avec un Dieu vivant, et non d’une œuvre accomplie.

Quant à Israël historiquement, il avait accepté au Sinaï les promesses sous condition d’obéissance. C’est la première alliance, établie par le moyen d’un médiateur, ce qui suppose deux parties. Or la jouissance des résultats de la promesse, dépendant de la fidélité de l’homme autant que de celle de Dieu, n’était pas assurée au-delà de ce que pouvait offrir de sécurité la plus faible des deux parties contractantes ; aussi, avant même que Moïse fût descendu de la montagne, le peuple avait fait le veau d’or. Comme l’ancienne, la nouvelle alliance sera établie avec Israël et Juda quand le Seigneur reviendra, pardonnant leurs péchés pour ne s’en plus souvenir, et qu’Il accomplira son œuvre en écrivant Sa loi dans les cœurs et non sur des tables de pierre. Mais le fait que le peuple, au Sinaï, consent à recevoir la bénédiction sous condition d’obéissance préalable, est de toute importance : il changeait le caractère du péché et l’aggravait en ce que non seulement les choses en elles-mêmes étaient mauvaises, mais en ce qu’elles devenaient la transgression de la loi qui attachait formellement l’autorité de Dieu aux obligations résultant des relations dans lesquelles l’homme se trouve, obligations que la loi défendait de violer. Les relations et les obligations existaient déjà, mais la loi faisait de la violation de ces dernières une transgression positive de la volonté expresse de Dieu. Sous la loi il y allait non seulement de la justice humaine, mais de l’autorité de Dieu. Le dernier commandement, « Tu ne convoiteras point… », ne s’occupait pas des actes de péché, ni proprement du péché dans la chair, mais de ses premiers mouvements, et faisait faire à l’âme née de Dieu la découverte de la racine du péché dans la chair. À supposer que toute la loi eût été accomplie, ce n’était encore que la justice humaine.

Une autre grande vérité, déjà indiquée, se trouvait maintenant réalisée : Dieu demeurait ici-bas au milieu de Son peuple ; c’était là, au milieu d’Israël, qu’Il avait établi son trône. Deux choses s’y rattachaient : le gouvernement direct de Dieu, connu par la foi comme le Dieu de toute la terre, et l’existence d’un lieu reconnu où l’on s’approchait de Dieu. Seulement Dieu ne se révélait pas ; Il restait caché derrière le voile. Mais là on offrait les sacrifices ; là se réalisaient et se centralisaient toutes les relations religieuses du peuple avec Dieu, du moins celles qui avaient rapport au culte. C’est là qu’on purifiait chaque année la demeure de Dieu, là que s’effaçaient les péchés d’Israël par des sacrifices, figures de celui de Christ. En même temps le tabernacle était l’expression des choses célestes ; seulement le voile qui fermait l’entrée du lieu très saint n’était pas encore déchiré, l’homme n’y entrait pas, sauf le souverain sacrificateur une fois l’an. Tel était l’état du peuple. Il avait accepté la loi comme étant désormais la condition de l’accomplissement des promesses ; Dieu était présent au milieu du peuple, mais inaccessible derrière le voile, et le gouvernement de Dieu s’exerçait au milieu du peuple et en sa faveur. Mais le tabernacle et toutes ses ordonnances n’étaient que l’ombre, non « l’image même » des choses ; c’est pourquoi l’épître aux Hébreux procède plus par voie de contraste que de comparaison.

Remarquons en passant la grâce et la condescendance de Dieu dans Ses voies envers Son peuple. Celui-ci était-il dans l’esclavage ? Dieu se présente comme son rédempteur. Doit-il errer comme pèlerin dans le désert ? Dieu veut aussi demeurer dans une tente avec lui. Faut-il livrer le combat en Canaan ? Voici Dieu avec l’épée nue, chef de l’armée de l’Éternel. Le peuple est-il établi en paix dans sa terre ? Dieu s’y fait bâtir une demeure telle que les palais des rois.

Ayant passé en revue ce qui se rapporte au trajet du peuple dans le désert, disons quelques mots du Deutéronome, qui est un livre à part. Mais auparavant faisons quelques courtes remarques sur le contenu du Pentateuque.

La Genèse pose les bases et tous les grands principes des relations de l’homme avec Dieu : la création, Satan, la chute, le sacrifice, la séparation des saints d’avec le monde, le jugement du monde, le gouvernement qui met un frein au mal, l’appel de Dieu lorsque l’idolâtrie a été introduite, les promesses, la semence de Dieu, les fidèles, pèlerins et étrangers sur la terre, mais rendant à Dieu un culte régulier ; du reste aucune autre institution religieuse ; la résurrection, en Isaac ; les Juifs, peuple terrestre, en Jacob. Dans l’Exode, nous avons la rédemption, la loi, le tabernacle, un peuple de Dieu, la présence de Dieu sur Son trône sur la terre, l’ancienne alliance, la sacrificature ; dans le Lévitique, le détail des sacrifices, les prescriptions relatives à la pureté cérémonielle et en particulier ce qui a trait à la lèpre, le grand jour des expiations, les fêtes, l’année sabbatique et celle du jubilé, où chacun rentrait dans son héritage, et enfin les menaces prophétiques en cas de désobéissance de la part du peuple ; dans les Nombres, le dénombrement du peuple, la séparation des Lévites, la loi sur la jalousie, le nazaréat, l’histoire de la traversée du désert avec la nuée pour guide et sous la sacrificature, et, se liant à l’histoire de la conduite des enfants d’Israël durant cette traversée, la génisse rousse. Le peuple, sauf deux hommes et les petits enfants, périt dans le désert ; l’appréciation finale de Dieu quant à Israël est prononcée, selon Sa grâce souveraine, par Balaam. On trouve aussi dans le livre des Nombres les détails des sacrifices pour les jours de fête et particulièrement pour celle des tabernacles, la loi relative aux vœux, la prise de possession du pays à l’est du Jourdain, le serpent d’airain, l’héritage des Lévites, et les villes de refuge. Dans tous ces livres, non seulement les rites et les cérémonies sont des types, mais l’histoire elle-même est typique, et représente des choses spirituelles : « toutes ces choses », dit Paul, « leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10, 1-13). À part Lévitique 8-9, nous n’avons aucune preuve qu’un seul sacrifice ait été offert dans le désert, si ce n’est à Moloch et à Remphan. Le livre du Deutéronome occupe une place à part : supposant que le peuple est dans le pays de Canaan, il lui rappelle sa désobéissance et insiste sur l’obéissance due à l’Éternel ; il a pour but de le tenir lié à son Dieu. Un lieu devait être désigné dans le pays, où l’arche serait placée et le culte établi, où toutes les fêtes se célébreraient, où toutes les offrandes et les dîmes seraient apportées, sauf ce que l’on donnait au Lévite, la troisième année, dans le lieu où il demeurait[6]. Il n’est presque pas fait mention des sacrificateurs dans ce livre ; le peuple est directement en relation avec l’Éternel. La bénédiction est promise à l’obéissance, et le jugement doit atteindre la désobéissance. Le livre se termine par un cantique prophétique annonçant l’apostasie du peuple et le jugement de Dieu, jugement qui fondra aussi sur les nations qui auront opprimé Israël. — Dans l’Exode et le Lévitique, il est question de s’approcher de Dieu ; dans le Deutéronome, de jouir des bénédictions de l’Éternel, en montrant un esprit de grâce envers ceux qui sont dans le besoin, et comme étant placé directement sous la main de l’Éternel, et observant avec fidélité la loi qu’Il avait donnée. Plusieurs ordonnances sont répétées, relatives aux fêtes et aux villes de refuge, mais ce qui distingue le livre, c’est un peuple sans roi, sans prophète (bien que nommés, les sacrificateurs ne paraissent guère), mis en possession de la terre pour servir l’Éternel qui la lui avait donnée ; seulement Dieu suscite, quand il le faut, à l’époque à laquelle ce livre se rapporte, des hommes extraordinaires pour relever le peuple tombé en décadence par suite de ses péchés : mais, comme nous l’avons dit, c’est essentiellement l’Éternel et le peuple.

Le livre de Josué raconte la prise de possession du pays de Canaan. La responsabilité du peuple y est mise en évidence, mais, en somme, Dieu est avec lui : aucun ennemi n’a pu se maintenir dans la guerre contre Israël. Dieu fut avec Josué tous les jours de sa vie, et cela continua durant les jours des anciens qui avaient été témoins oculaires des œuvres merveilleuses de l’Éternel. Mais aussitôt après (on le voit dans le livre des Juges), le peuple tombe dans l’idolâtrie. N’ayant pas exterminé les nations sur lesquelles Dieu exécutait le jugement par son moyen, il apprend leurs voies iniques et idolâtres ; il tombe sous le jugement de Dieu, et est livré entre les mains de divers tyrans et persécuteurs. De temps à autre Dieu suscitait un juge pour délivrer Israël, et il y avait soulagement et bénédiction durant sa vie ; puis, après sa mort, le peuple retombait dans la même désobéissance et était de nouveau livré à ses ennemis.

Enfin, au temps de Samuel, Éli, juge et sacrificateur, meurt ; sa famille est retranchée, l’arche est prise, et les relations d’Israël avec Dieu sur le pied de sa propre responsabilité prennent fin. Dieu, néanmoins, poursuit Ses voies, et la prise de l’arche devient l’occasion de les mettre en évidence. Christ en est le centre : Il est prophète, sacrificateur, et roi. Le souverain sacrificateur servait de point de contact entre le peuple responsable et Dieu ; l’arche était le lieu où ce contact pouvait être maintenu. Mais l’arche est prise. Désormais plus de jour d’expiation, plus de trône de Dieu au milieu du peuple, plus d’aspersion du sang selon l’ordre de la maison de Dieu ! Celui qui était assis entre les chérubins, où était-Il ? Sans doute, Il a frappé le faux dieu par Sa grande puissance, seulement ce n’est pas en Israël, mais chez les Philistins. Tout était fini pour Israël sur le pied de sa responsabilité ; mais la souveraineté de Dieu et Sa bonté souveraine ne peuvent être mises de côté ni limitées. Il intervient par un prophète : Il suscite Samuel, comme jadis Il avait fait monter Son peuple d’Égypte avant que l’arche existât. Le prophète que Dieu, dans Sa souveraineté, envoie, devient le lien entre le peuple et Dieu. Dieu Lui-même était le roi d’Israël ; mais le peuple, voulant ressembler aux nations et marcher par la vue, et non par la foi, s’établit pour roi un homme, Saül. En général Saül réussit ; mais, abandonné de Dieu à cause de sa désobéissance (qui était celle d’Israël), il tombe par la main des ennemis pour la destruction desquels il avait été suscité. Mais Dieu, en vue de Christ, voulait un roi, et David fut ce roi. Le sacrificateur, le prophète, et le roi, révèlent la pensée de Dieu à l’égard de Son Oint. Mais le fils de David, Salomon, tout béni qu’il fût, ayant manqué, ainsi qu’il est toujours arrivé à l’homme, le royaume fut divisé.

Il y a quelques remarques à faire à l’égard de la royauté elle-même. La royauté, à proprement parler, est la puissance efficace en exercice. Dans le royaume de Dieu, c’est celle de Dieu ; le roi qui règne de la part de Dieu en Israël, est l’instrument de l’intervention de Dieu, en pouvoir, au milieu de Son peuple. Nous avons vu la marche de l’homme responsable, sous la sacrificature, et, à côté de cela, le prophète agissant de la part de Dieu par la parole ; c’était déjà la grâce ; mais maintenant la puissance s’unit à la grâce pour accomplir les intentions de Dieu. Dieu avait bien su, sans l’homme, se délivrer et se venger des faux dieux ; mais Il voulait régner dans l’homme : c’est le troisième caractère de Christ. Comme Prince de paix, c’est Salomon qui est le type du Seigneur ; toutefois c’est en David, souffrant et libérateur de son peuple, que se montre d’une manière caractéristique l’exercice de Son pouvoir. Ce sera le moyen du rétablissement d’Israël, aux derniers jours (au psaume 72 nous avons le roi et le fils du roi). David donc ramène l’arche de Kiriath-Jéarim, seulement il ne la place plus dans le tabernacle auquel se rattachait la forme extérieure du culte, mais sur la montagne de Sion, que Dieu avait choisie pour être le siège de la royauté (voyez Ps. 132 ; 2 Sam. 6 ; 1 Chron. 16). Alors pour la première fois (car maintenant c’était la grâce, et la grâce exercée en puissance), David institue le chant du cantique : « Sa bonté demeure à toujours ». Ce cantique fut chanté de nouveau sous Néhémie — l’occasion était frappante pour le faire — et on l’entend en vue des derniers jours, dans les psaumes 106, 107, 118, 136. Bien que la royauté fût placée historiquement sur le pied de la responsabilité, le grand et infaillible principe de la grâce agissant en puissance était maintenant établi — la bonté assurée de Dieu envers Israël dans la personne de Christ : « Sa bonté demeure à toujours ». David avait reçu la promesse d’une semence et d’une maison qui ne manqueraient jamais (2 Sam. 7, 12-16 ; 1 Chron. 17, 11-14). Le Christ, vrai Fils de David, a une position nettement définie et établie de la part de Dieu, quoique, pour le moment, la maison de David ait été placée sous la responsabilité et ait aussitôt manqué (2 Sam. 23, 5 ; comp. Héb. 12, 18-22). Le temple bâti sur le mont Morija, tout en étant la demeure de Dieu, n’avait pas une promesse de durée perpétuelle.

En résumé, le livre de Josué, commençant à Guilgal par la mort, dont le Jourdain et la circoncision sont le type, nous présente la puissance spirituelle de Christ, chef et conducteur de Son peuple. Les Juges nous montrent la chute du peuple, mais l’intervention de Dieu en grâce ; ensuite vient Samuel, le dernier des juges, puis la royauté.

Israël, savoir les dix tribus, a bientôt abandonné l’Éternel, tout en se prévalant de son nom ; Juda a décliné moins rapidement. C’est l’histoire que nous racontent les livres des Rois et des Chroniques : ce dernier, écrit, ou du moins achevé, après le retour de Babylone. Le livre des Rois renferme surtout l’histoire d’Israël (après la division du royaume) ; nous y voyons l’intervention de l’Éternel, par le moyen d’Élie et d’Élisée ; toutefois l’histoire de Juda est continuée dans ce livre jusqu’à la captivité. Le livre des Chroniques est essentiellement l’histoire de la famille de David. Le David des Chroniques diffère beaucoup de celui des livres de Samuel. Ces derniers présentent David dans son caractère historique, David mis à l’épreuve et responsable. Le même principe se retrouve au livre des Rois qui contiennent l’histoire du peuple et la conduite de ses rois au point de vue de leur responsabilité. Au contraire, le premier livre des Chroniques nous montre le David de la grâce et de la bénédiction, selon les conseils de Dieu. On comprend ainsi pourquoi ce livre passe sous silence l’histoire d’Urie et de Bath-Shéba, et celle des derniers jours de Salomon. Le mal n’est raconté que lorsque l’intelligence de l’histoire en rend le récit nécessaire.

Israël, en établissant le culte des veaux d’or, a donc rompu avec le temple, et, de fait, avec l’Éternel. Sans doute la responsabilité se rattache à la fonction de roi, mais Israël lui-même n’est jamais sorti de sa fausse position. Soit pour Israël, soit pour Juda, cette époque est caractérisée par le ministère de prophètes envoyés de Dieu. Dieu pense aux fidèles qui sont en Israël, alors que le prophète n’en trouve plus : touchant témoignage de Sa grâce ! Tout grand qu’était le prophète qui n’a pas même passé par la mort, Dieu avait connu sept mille hommes, quand Élie, ne voyant que lui-même, disait : « Je suis resté, moi seul ». On remarquera que les prophètes en Israël et ceux qui rendaient témoignage en Juda, avaient des caractères très distincts. Une grande partie du livre des Rois raconte l’histoire d’Élie et celle d’Élisée. Leur témoignage se rapportait aux droits de l’Éternel au milieu d’un peuple apostat, et servait à maintenir, dans le cœur des fidèles cachés parmi ce peuple, la foi en Celui qu’Israël avait abandonné. Ils ne rendaient point de témoignage quant au Messie à venir[7], ni quant aux voies de Dieu en général ; mais ils faisaient des miracles, ce qu’on ne voit pas (sauf le signe donné à Ézéchias) chez les prophètes de Juda, parce que, dans le royaume de Juda, la profession du culte de l’Éternel subsistait toujours. Élie et Élisée maintenaient, dans leurs personnes, le témoignage de l’Éternel chez un peuple apostat, et, de même que Moïse lorsqu’il établissait ce témoignage, ils faisaient des miracles pour le maintenir personnellement. Les prophètes de Juda insistaient sur la fidélité que devait garder envers l’Éternel un peuple faisant profession de servir le vrai Dieu et de posséder Son temple. Ils encourageaient la foi personnelle, non par des miracles déclarant la puissance de l’Éternel, mais par la promesse donnée au peuple selon l’amour de Dieu et selon Sa fidélité qui ne peut se démentir.

Israël, emmené captif par les Assyriens, est resté perdu parmi les nations ; mais il ne l’est pas pour toujours : le Messie, quand Il viendra, le retrouvera. En attendant, les voies de Dieu se sont poursuivies publiquement dans l’histoire de Juda. Le ministère des prophètes a continué jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède, comme le dit Jérémie, c’est-à-dire jusqu’à la captivité de Babylone, et même au-delà. Mais la captivité de Babylone avait, quant à la terre, une portée immense : le trône de Dieu cessait d’être sur la terre. Le temps des nations, de la puissance des « bêtes » dont parle Daniel, avait commencé, et continuera jusqu’à la destruction de la dernière bête par la puissance du Seigneur Jésus, à Sa venue. Seulement le Christ a dû être présenté aux Juifs comme roi : c’est l’histoire de l’évangile à leur égard. L’ayant rejeté, ils sont dès lors « vagabonds » sur la terre, mais ayant sur eux la marque de Dieu afin d’être conservés (sans être, comme Israël, perdus au milieu des nations), pour les jours de bénédiction qui les attendent. C’est alors qu’ils se repentiront — du moins un résidu d’entre eux — et verront Celui qu’ils ont percé. Les expressions « le Dieu des cieux » et « le Dieu de toute la terre » ne sont jamais confondues dans la prophétie. L’histoire d’Israël sous l’ancienne alliance, alors que la bénédiction dépendait de l’obéissance de l’homme, était terminée ; mais la promesse restait encore, la promesse du Messie et de la nouvelle alliance. Dieu, dans Sa bonté, met au cœur de Cyrus, qui ne s’était pas abandonné à l’idolâtrie grossière de Babylone et qui détestait les idoles, de faire rentrer ne fût-ce qu’un résidu d’Israël dans le pays de la promesse, et même d’aider au rétablissement du temple du vrai Dieu et de son culte. C’est au milieu de ce résidu que le Messie promis est venu en Son temps, mais pour des desseins bien plus glorieux encore que le rétablissement d’Israël, tout en soumettant l’homme à une dernière épreuve. Venu dans l’humiliation afin d’être tout près de l’homme, démontrant par Ses paroles et par Ses œuvres qui Il était, et comment Il était au-dessus de tout, mais venu en grâce et en bonté envers l’homme, accessible à tous, abolissant tous les effets du péché, Il rencontra le péché, manifesté selon son vrai caractère dans l’homme, en ce que celui-ci rejette Dieu dans la personne du Sauveur.

En résumé, éprouvé par l’Ennemi, lorsqu’il est dans l’innocence, l’homme tombe ; il est mis à l’épreuve sans loi, et le péché règne ; sous la loi, il la transgresse ; ensuite, l’homme étant déjà pécheur et transgresseur, Dieu vient en bonté, ne lui imputant pas ses péchés, mais il n’a pas voulu recevoir Dieu. L’histoire de l’homme responsable est dès lors terminée ; Israël en même temps a perdu tout droit à l’accomplissement des promesses, données d’ailleurs sans condition, car il a rejeté Celui en qui cet accomplissement avait lieu.

Il nous reste à fournir quelques données sur les prophéties pour faciliter l’intelligence de ces révélations de Dieu, puis à passer rapidement en revue les hagiographes. De tous les prophètes, Ésaïe est celui qui embrasse l’horizon le plus étendu. Aussi longtemps qu’Israël est reconnu de Dieu, l’Assyrien est l’ennemi. Il en sera de même aux derniers jours ; mais, tandis que ce que les prophètes disent de lui encourage la foi de leurs contemporains, ce qu’ils annoncent n’aura son plein accomplissement que dans ces jours-là. Une brève analyse d’Ésaïe nous donnera le cadre complet de la prophétie, les autres prophètes fournissant des détails qui n’exigent que peu de mots. Les quatre premiers chapitres sont une préface qui constate la ruine morale de Jérusalem et de Juda, les jugements qui fondront sur eux, et leur restauration, amenant la paix, anéantissant l’homme et sa gloire, et révélant Christ, la gloire du résidu. Au chapitre 5, le jugement est fondé sur l’abandon, par le peuple, de la position dans laquelle Dieu l’avait placé au commencement ; au chapitre 6, sur son incapacité à se tenir en la présence de ce Dieu qui devait venir. Telles sont les bases du jugement de l’homme, d’Israël, et de l’Église ; mais, au milieu de l’aveuglement général du peuple, il devait y avoir un résidu fidèle. Ensuite nous trouvons Emmanuel, fils de la vierge, sûr fondement de confiance pour la foi, et, d’autre part, l’Assyrien, verge de Dieu ; mais aussi (jusqu’à la fin du v. 7 du chap. 9) l’effet de la présence d’Emmanuel, pierre d’achoppement pour le peuple duquel Dieu cache sa face, toutefois un sanctuaire, et finalement le restaurateur du peuple en gloire. Les chapitres 7 ; 8 ; 9, 1-7 sont une parenthèse qui introduit Christ. Le verset 8 du chapitre 9 reprend le fil de l’histoire du peuple dans ses diverses phases, versets 8-12, 13-17, 18-21 ; 10, 1-4 ; puis vient l’Assyrien, avec lequel les châtiments prennent fin. Les chapitres 11 et 12 dépeignent la pleine bénédiction de la fin : le Saint d’Israël est de nouveau au milieu du peuple ; cela complète la revue des grands éléments de la prophétie. Les chapitres 13 à 27 annoncent le jugement des Gentils, de Babel, la ville où Israël a été captif, et qui caractérise les temps des Gentils et la captivité d’Israël. Le jugement de l’Assyrien vient après celui de Babylone, ce qui montre qu’il s’agit des derniers jours, car, historiquement, la grandeur et l’empire de Babel ont été fondés sur la chute de l’Assyrien. Après Babylone viennent les autres pays ; seulement, au chapitre 18, on voit Israël ramené dans sa terre, mais pillé par les nations au moment de sa floraison apparente. Jérusalem et son chef subissent le jugement ; ensuite le monde entier est bouleversé, et le Seigneur, qu’attendaient les fidèles, arrive. Les puissances de méchanceté en haut sont jugées, et les rois de la terre le sont sur la terre (24, 21). Le voile qui empêchait les nations de voir sera ôté, l’opprobre du peuple sera aboli, et la première résurrection aura lieu ; la puissance du serpent parmi les peuples sera détruite ; l’Éternel prendra soin d’Israël comme d’une vigne qui fait Ses délices (chap. 25-27). Aux chapitres 28 à 35, nous avons une série de prophéties spéciales qui dépeignent le dernier assaut des nations contre Israël, l’Iduméen et l’Assyrien s’y trouvant en évidence, mais chacune de ces prophéties se termine par la pleine bénédiction d’Israël et par la présence du Roi (Christ). Puis viennent quatre chapitres renfermant l’histoire de Sankhérib, qui a fourni l’occasion de la prophétie, mais où Ézéchias guéri, type de Christ ressuscité, et la délivrance de l’attaque de l’Assyrien, préfigurent les événements des derniers jours. Depuis le chapitre 40 jusqu’à la fin, nous trouvons la controverse de l’Éternel avec Israël, qui avait abandonné son Dieu pour les idoles, et le jugement du grand centre de l’idolâtrie sur la terre, de Babel, dont s’est emparé Cyrus, appelé ici par son nom. En un mot, c’est le jugement de l’idolâtrie ; puis vient le rejet du Christ. La première partie s’étend jusqu’à la fin du chapitre 48 ; la seconde, dont Christ est le sujet, depuis le chapitre 49 jusqu’à la fin du chapitre 57. Depuis ce dernier chapitre nous voyons Dieu réclamant l’exercice de la justice, puis, après quelques reproches adressés à Israël, nous assistons à sa gloire aux derniers jours.

Nous nous sommes un peu étendu sur le livre d’Ésaïe, parce qu’il contient le cadre entier de la prophétie, ainsi que les pensées de Dieu lorsque Israël était encore reconnu ; tandis que Daniel nous donne l’histoire des puissances des nations figurées par des « bêtes », lorsque les Juifs sont captifs et, par conséquent, en dehors du gouvernement direct de Dieu. Les autres prophètes traitent des détails : Jérémie, du dedans (le trône de Dieu étant encore à Jérusalem), s’occupe de la ruine de Juda ; Ézéchiel, d’Israël déjà rejeté, l’envisageant du dehors.

Jérémie insiste sur l’iniquité qui avait amené la ruine, mais au chapitre 31 il annonce la grâce et une nouvelle alliance avec Juda et Israël ; et, dans ce chapitre, ainsi que dans les deux suivants, la pleine bénédiction pour Juda et pour Israël. Nous trouvons ensuite le jugement des nations. Ézéchiel introduit l’Éternel Lui-même, exécutant le jugement sur Jérusalem qu’Il avait quittée, Son trône, dès lors, n’étant plus là ; Juda et Israël sont donc dans la même position devant Dieu, aussi Ézéchiel s’occupe-t-il de l’un et de l’autre. Aux chapitres 34 à 37, nous voyons Dieu rétablissant Israël et le purifiant : Juda et Israël sont unis ensemble pour ne plus être séparés ; Christ (David) se trouve là, et le sanctuaire de Dieu est au milieu d’eux. Aux chapitres 38 et 39, la puissance du nord, Gog, prince de Rosh, Méshec et Tubal, monte pour ravager la terre d’Israël. Le jugement que l’Éternel exécute sur lui fait connaître le nom de l’Éternel et montre aussi qu’Israël avait été en captivité à cause de ses iniquités. Ézéchiel donne ensuite le plan du nouveau temple.

À Daniel, captif à Babylone, mais se gardant pur de toute souillure, est confiée la révélation de ce qui concerne les quatre monarchies des nations. Les six premiers chapitres de son livre racontent l’histoire de ces empires comme étant celle du monde : Daniel n’est là qu’un interprète. Les six derniers chapitres nous montrent les mêmes empires en relation avec Israël captif. Comme partout dans la prophétie, la délivrance d’Israël est annoncée à la fin, ainsi que le jugement de ses oppresseurs. Daniel aura sa part dans cette bénédiction.

Osée prédit la transportation des dix tribus, puis il annonce que, par suite de la captivité de Juda, il n’y aura plus de peuple de Dieu reconnu sur la terre, mais qu’à la fin Juda et Israël s’établiront un seul chef (Christ), et que cette journée de bénédiction sera grande. Israël doit rester longtemps sans le vrai Dieu et sans faux dieu, sans sacrifice et sans idole, mais il reconnaîtra aux derniers jours l’Éternel et David (Christ) ; sa repentance est dépeinte au dernier chapitre. Joël annonce, à l’occasion d’une famine, la destruction de l’armée du Nord ; puis il prédit le don de l’Esprit à toute chair avant que n’arrive le jour grand et terrible de l’Éternel. Amos, après avoir annoncé le jugement qui fondrait sur plusieurs nations de Canaan, déclare que la patience de Dieu ne supportera plus l’iniquité d’Israël ; mais il proclame aussi, comme tous les prophètes, le retour et la bénédiction du peuple, ajoutant qu’il ne serait plus jamais arraché de son pays. Abdias prophétise contre Édom, dont la jalousie et la haine implacables contre Jérusalem se retrouvent souvent dans le cours de la prophétie ; puis il annonce la journée de l’Éternel pour juger les nations, et comme toujours, la délivrance de Sion. Jonas a un caractère spécial. Si l’Éternel avait choisi Israël pour être un peuple à part, afin de conserver la connaissance de Son nom sur la terre, Il n’en est pas moins le Dieu des nations, et un Dieu de bonté et de miséricorde. Lorsque les privilèges que Dieu accorde obscurcissent la connaissance de ce qu’Il est en Lui-même, la possession de ces privilèges donne naissance à un dur esprit de parti ; cela s’est vu clairement chez les Juifs. Il est remarquable que dans le livre de Jonas, le témoignage de la miséricorde divine soit adressé au grand ennemi du peuple de Dieu. On voit aussi dans ce prophète les voies de Dieu, au cas où la repentance se manifeste. Sous certains rapports, Jonas est un type connu du Sauveur. Le sujet du chapitre 4 est en contraste avec la bénédiction spéciale des Juifs à la fin : Dieu est aussi le Dieu des nations. La prophétie de Michée ressemble à celle d’Ésaïe sous bien des rapports, mais le développement des plans de Dieu est beaucoup moins complet dans son livre, qui s’adresse davantage à la conscience du peuple. Il conclut en affirmant que les promesses faites à Abraham et à Jacob seront accomplies. Nahum montre l’indignation de Dieu s’élevant contre l’arrogance de la puissance et de la domination humaines ; il annonce la destruction de Ninive (l’Assyrien) qui ne se relèvera jamais, et Juda sera finalement délivré. Dans le livre d’Habakuk on trouve l’expression de la foi en l’Éternel en dépit de tout, ainsi que les voies de Dieu dans l’histoire du peuple. Le prophète se plaint de l’iniquité qui l’entoure en Israël, et Dieu lui fait voir les Chaldéens qu’Il amène afin de châtier le pays à cause de cette iniquité : alors l’affection du prophète pour le peuple se réveille, et il se plaint des Chaldéens. Dieu lui montre qu’il lui faut vivre par la foi : Il punira ces ennemis violents, dont les passions Lui ont servi de verge pour châtier Israël ; mais le fidèle doit attendre. La journée de l’Éternel viendra, et la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l’Éternel comme le fond de la mer est couvert par les eaux. Le prophète rappelle l’ancienne délivrance d’Israël et se réjouit en l’Éternel, bien qu’aucune bénédiction ne paraisse encore de sa part. Sophonie annonce sur le pays un jugement qui ne laissera échapper aucune iniquité : c’est la journée de l’Éternel, journée de colère, de trouble et de détresse, où le pays sera dévoré par la colère de l’Éternel. Les débonnaires devront rechercher l’Éternel, afin d’être « à couvert » (2, 3) ; Israël d’abord, ensuite les Gentils, seront jugés, l’Assyrien étant le chef de ces derniers (car ici Israël est reconnu). Ensuite vient ce qui concerne Jérusalem ; Dieu l’avait avertie, comme s’Il avait dit : Celle-ci se repentira ; mais elle s’est corrompue, allant de mal en pis. Le prophète en prend occasion pour inviter le résidu à s’attendre à l’Éternel qui allait rassembler toutes les nations afin de les juger dans Sa colère. Alors un changement complet aura lieu : toutes les nations invoqueront l’Éternel d’un cœur pur, et Israël étant ramené de cœur à l’Éternel, l’iniquité ne se trouvera plus chez lui ; l’Éternel fera de lui un peuple de renom et de gloire parmi toutes les nations, conclusion en harmonie avec toutes les voies de Dieu dont parlent les prophètes.

Les prophètes suivants, ayant prophétisé après le retour de Babylone, ont un autre caractère. Aggée, quoique simple et court, présente un grand intérêt. Il insiste pour que le peuple pense à l’Éternel et non à ses affaires temporelles ; il l’appelle à continuer la construction du temple interrompue par ses ennemis, à le faire en se confiant en l’Éternel et sans attendre la permission du roi de Perse. Les Juifs obéissent à cette parole, et de fait, lorsqu’ils agissent par la foi, ils sont aidés providentiellement, en ce que le roi leur accorde son autorisation. Mais, pour la foi, c’était Dieu qui dirigeait tout, car c’est Lui qui dispose les cœurs des rois. C’est toujours ainsi que la foi agit selon la Parole de Dieu, qui, dans le cas présent, venait par les prophètes Aggée et Zacharie. Le prophète annonce ensuite que Dieu allait ébranler les cieux et la terre, en sorte que toute puissance humaine serait mise de côté, ainsi que les puissances spirituelles qui sont dans les airs. Alors aura lieu ce que la multitude des disciples fit entendre par inspiration lors de l’entrée de Jésus dans Jérusalem : « Paix au ciel » ; et la puissance de Christ, chef d’Israël, identifiée avec celle de l’Éternel, sera établie. Zacharie s’occupe du rétablissement de Jérusalem en ce temps-là, mais en donnant l’histoire de la ville jusqu’à la première venue du Christ, et même jusqu’à la seconde. Il ne parle qu’occasionnellement de la destruction des nations qui ont ravagé Jérusalem. Celle-ci est justifiée, puis bénie par l’administration de la grâce, selon l’ordre parfait et divin ; les méchants sont relégués et trouvent leur place avec Babylone, puis Christ est introduit. Une seconde prophétie commence au chapitre 7, et introduit, au chapitre 11, le rejet de Christ à sa première venue ; Israël est alors livré entre les mains d’un méchant pasteur. Puis Jérusalem doit être le lieu où les nations seront jugées, et l’esprit de grâce et de supplications étant répandu sur le peuple, celui-ci se repentira d’avoir mis à mort l’homme qui est le compagnon de l’Éternel. La ville sera prise, mais l’Éternel sortira pour juger Ses ennemis, et tout sera sanctifié dans Jérusalem. Malachie nous fait voir la décadence morale du peuple après son retour de Babylone ; mais il y a un résidu au milieu de la ruine. La mission de Jean-Baptiste est prédite, la journée de l’Éternel vient, et la venue d’Élie est annoncée ; le peuple est ramené à la loi.

Remarquez bien que le christianisme ne paraît pas ici, mais le Christ et son rejet ; le pasteur est frappé et les brebis sont dispersées (Zach. 13), puis le jugement arrive. Dans ces trois prophéties, prononcées après le retour de Babylone, lorsque l’un des empires représentés par les « bêtes » de Daniel, avait déjà succombé, et quoiqu’il soit fait allusion aux nations (car c’était leur temps, elles possédaient le monde), on constate un rétrécissement notable du cadre de la prophétie, et l’on y rencontre beaucoup plus de détails qui ont une application directe au Christ. On y trouve, il est vrai, l’Égypte et l’Assyrie (Zach. 10), ces grands acteurs parmi les nations ; on les y voit jugés, mais attendant encore les derniers jugements ; ils font place aux bêtes de Daniel, toutes associées à la captivité des Juifs, car cette captivité caractérisait la position du peuple. Lorsque l’Assyrien était sur la scène, le trône de Dieu se trouvait au milieu du peuple à Jérusalem ; ici, bien que la captivité sous le pouvoir des nations subsiste encore et soit reconnue, l’horizon, comme nous l’avons dit, se rétrécit, et la scène est davantage remplie de Christ lui-même et des détails qui se rapportent à Jérusalem restaurée ; puis vient la grande journée de l’Éternel.

Il nous reste à dire quelques mots sur les Hagiographes.

Daniel en fait partie pour les Juifs. Nous avons parlé de son livre comme prophétie, bien qu’il ait un caractère à part, le trône de Dieu ayant disparu de la terre, et le prophète étant à Babylone. Mais il partage bien le caractère des autres hagiographes, qui renferment des discours moraux, ou des histoires de détail pendant qu’Israël est rejeté, et qui présentent l’expression de l’affection du Christ pour Israël. On y trouve les relations de Dieu avec l’homme, et les soins providentiels qu’Il prend de son peuple lorsqu’Il n’avait point de rapport avec lui comme peuple, et qu’Il ne le reconnaissait pas comme tel.

Les Psaumes exposent cet état de choses plus complètement qu’aucun autre livre des Écritures. Deux principes sont à la base de tout le livre : le premier, c’est qu’il y a, au milieu des méchants, un résidu qui craint Dieu ; le second, c’est que l’Éternel et Son Oint rencontrent l’opposition du peuple et des nations (Ps. 1 et 2). Nous avons ensuite les conseils de Dieu dans l’Oint, Fils de Dieu et Roi de Sion, puis Dominateur de toute la terre. S’Il est rejeté, les fidèles doivent souffrir et charger leur croix (Ps. 3-7). Au psaume 8, Il est présenté comme fils de l’homme établi sur toutes les œuvres de Dieu. Avec le psaume 9 commence l’histoire du résidu au milieu d’Israël. Quelques principes serviront de fil conducteur dans la lecture de ce livre. On sait que les Psaumes sont divisés en cinq livres : Psaumes 1-41 ; Psaumes 42-72 ; Psaumes 73-89 ; Psaumes 90-106 ; Psaumes 107-150. La méthode suivie en général dans le livre des Psaumes est de mettre d’abord en avant une pensée première et fondamentale, puis d’y ajouter les expériences du résidu dans les circonstances présentées comme base. Ainsi les psaumes 9 et 10 sont la base ; les psaumes suivants, jusqu’à la fin du psaume 18, l’expression des sentiments qui sont en rapport avec elle ; mais les trois derniers nous présentent plus directement le Christ. Le psaume 18 est remarquable, en ce qu’il relie aux souffrances de Christ toute l’histoire d’Israël, depuis l’Égypte jusqu’à la fin. Les psaumes 19, 20, 21 sont les divers témoignages de Dieu : la création, la loi, et Christ. Le psaume 21 montre l’introduction de Christ dans la gloire. Le psaume 22 Le présente, non pas en rapport avec les Juifs, mais comme fait péché devant Dieu. On ne trouve pas la confession des péchés avant le psaume 25. Il est davantage question du Christ personnellement dans ce premier livre, et le résidu se trouve à Jérusalem, mais en présence de la puissance des méchants. — Dans le second livre, le résidu est vu hors de Jérusalem. Au psaume 45 le Messie est introduit, et dès lors nous trouvons le nom de l’Éternel. Lorsque nous rencontrons le nom de Jéhovah, la foi reconnaît la relation du peuple avec Dieu (comp. psaume 14 et 53). Remarquons ici que le premier ou les premiers versets d’un psaume donnent habituellement la thèse, les versets qui suivent décrivant le chemin pour y arriver. Dans ce second livre, les afflictions du Christ tiennent une large place, puis viennent les souhaits de David pour l’établissement de son fils dans le règne millénaire. — Le troisième livre, tout en faisant mention de Juda et de Sion, embrasse tout Israël, revient ainsi en arrière, repasse l’histoire du peuple et la poursuit jusqu’à l’alliance assurée faite avec David et avec sa semence. — Après avoir rappelé Moïse et dit comment l’Éternel avait été le Dieu d’Israël en tout temps, après avoir parlé du Messie et du sabbat, le quatrième livre introduit l’Éternel venant établir Son règne et décrit Sa marche à partir d’en haut, jusqu’à ce qu’Il soit assis entre les chérubins, et que les nations soient appelées à se prosterner devant Lui et à Lui rendre culte. Nous trouvons dans ce livre les principes du règne de Christ, Son rejet, Sa divinité et la durée de Ses jours comme homme ressuscité, et enfin la bénédiction du peuple et du monde par Sa présence. Dieu se rappelle sa promesse faite à Abraham. Israël a été infidèle, mais Dieu, en grâce, s’est souvenu de lui. — Le cinquième livre va jusqu’à la fin ; il expose les principes et les voies de l’Éternel et le retour du peuple dans sa terre (psaumes des degrés). En attendant, Christ s’est assis à la droite de Dieu, fait Seigneur comme Fils de David. La bonté de l’Éternel demeure à toujours ; la loi est écrite dans le cœur d’Israël qui s’était égaré. Ensuite, après les psaumes des degrés et le jugement de Babylone, vient le grand « Hallel » ou Alléluia, série de cantiques de louanges. Les psaumes 72 et 145 sont les seuls qui décrivent prophétiquement le règne lui-même.

Le livre des Psaumes commence en montrant le Christ rejeté ; puis, introduisant Son retour pour établir le règne, il donne les voies du peuple et son rétablissement dans sa terre. Remarquons aussi que, dans les Psaumes, on ne trouve jamais Dieu comme Père, ni les sentiments qui appartiennent à l’adoption. On y voit bien la confiance, l’obéissance, la foi au milieu des difficultés, le dévouement (comme dans le psaume 63), la foi aux promesses, la fidélité, mais jamais la relation de fils avec un père. Faute de prendre garde à ce point, le caractère de la piété de plus d’une âme sincère s’est trouvé rabaissé par la lecture même de ce précieux livre.

Le livre de Job nous montre l’homme mis à l’épreuve. Pourra-t-il, lui, l’homme renouvelé par la grâce, comme nous le dirions avec notre connaissance actuelle, l’homme juste et intègre dans ses voies, pourra-t-il posséder en lui-même la justice, et se maintenir devant Dieu en présence de la puissance du mal ? Telle est la question posée par ce livre. On y voit encore les voies de Dieu pour sonder les cœurs et leur donner la connaissance de leur véritable état devant Lui. Ce sujet est d’autant plus instructif qu’il nous est présenté en dehors de toute économie, de toute révélation particulière de la part de Dieu. Job est un homme pieux, comme pouvait l’être un descendant de Noé qui n’avait pas perdu la connaissance du vrai Dieu, à une époque où le péché se propageait de nouveau dans le monde, et où l’idolâtrie commençait à s’établir, bien que le juge fût prêt à la punir. On voit aussi en Job un cœur qui, tout en étant rebelle à Dieu, compte sur Lui, un cœur qui se tourne vers Dieu qu’il ne trouve pas, un cœur qui, parce qu’il connaît Dieu, tout en étant insoumis, réclame pour Lui des qualités que les froids raisonnements de ses amis ne savent pas Lui attribuer ; et toutefois il se complaît dans son intégrité et s’en fait un vêtement de propre justice qui lui cache Dieu et qui cache Job à lui-même. Élihu lui reproche ces choses, tout en lui expliquant les voies de Dieu. Enfin Dieu se révèle à Job et son cœur est brisé ; puis Dieu le guérit et le comble, en paix, de bénédictions. Ce livre fournit encore un tableau des voies de Dieu à l’égard des Juifs, et aussi l’enseignement de l’Esprit sur le rôle de Satan dans les voies et le gouvernement de Dieu sur la terre.

Le Prédicateur ou « l’Ecclésiaste » se demande s’il est possible de trouver du bonheur sous le soleil. Tout est vanité dans les efforts de l’homme ; mais il y a une loi, règle parfaite de conduite pour l’homme, et toute œuvre sera pesée au jugement de Dieu. On ne voit pas, dans ce livre, de relation positive avec Dieu ; on y trouve le Dieu créateur, et l’homme dans le monde tel qu’il est, mais non pas l’Éternel, et encore moins le Père.

Il en est autrement des Proverbes. Ce livre nous présente la sagesse d’une autorité qui bride la volonté de l’homme, réprime la corruption et la violence, et de plus met un frein à la satisfaction de soi-même, qui est le danger de l’homme ; nous y voyons aussi les conseils de Dieu, révélés en ce que la sagesse de Dieu (Christ), l’objet de Son bon plaisir, trouve ses délices dans les fils des hommes, et cela avant que le monde fût (chap. 8). Partout, dans ce livre, nous avons l’Éternel ou Dieu qui s’est fait connaître et qui agit par le moyen d’une autorité confiée à l’homme, aux parents, etc. Ensuite Dieu nous y donne les enseignements propres à faire éviter à chacun les pièges tendus dans ce pauvre monde, sans que l’on soit obligé d’apprendre par sa propre expérience toute l’iniquité dans laquelle il est plongé.

Les livres d’Esdras et de Néhémie renferment l’histoire de la réintégration nationale de Juda, au double point de vue religieux et civil. Esdras vient après Jéshua et Zorobabel. On voit en ceux-ci des hommes qui agissent par la foi : ils dressent un autel pour leur être une défense contre les ennemis qui les entourent ; ils comptent sur Dieu (Esdr. 3, 2). Les prophètes Aggée et Zacharie encourageaient les Juifs de la part de Dieu, qui a répondu à leur foi. Plus tard Esdras arrive, homme fidèle, dévoué et se confiant en l’Éternel : instruit dans la loi, il met de l’ordre dans la conduite du peuple. Toutefois il semblerait que, sous l’influence du penchant naturel du cœur humain, cet ordre ait dégénéré en pharisaïsme. Pour le moment, la fidélité de la part des Juifs consistait à être séparés comme peuple de Dieu, à exiger une généalogie juive connue, spécialement pour les sacrificateurs, et à renvoyer les femmes étrangères. Néhémie rétablit les murailles et la ville ; il est un homme fidèle et dévoué, mais qui aime à parler de sa fidélité ; car l’Écriture présente ces deux caractères tels qu’ils se trouvaient en lui.

Le livre d’Esther fait voir la manière dont Dieu, dans Sa providence, tout en restant caché Lui-même, prend soin d’Israël. On a souvent remarqué que Dieu n’est pas nommé dans ce livre : c’est précisément ce qui convient, puisqu’il s’agit de la providence de Dieu quand Dieu ne se montre pas ouvertement.

Le Cantique des Cantiques présente le renouvellement des relations du Fils de David avec le résidu fidèle d’Israël aux derniers jours, quand ce résidu sera pour lui « Mon plaisir en elle » (És. 62, 4). On remarquera que lui s’adresse toujours à la Sulamithe quand il parle d’elle ; tandis qu’elle parle de lui comme de l’objet de ses affections, mais rarement à lui. L’affection de l’Église est plus calme que celle qui est exprimée dans le Cantique, parce que l’Église jouit déjà de l’amour de Christ comme d’une chose connue, et se trouve dans une relation fermement établie, bien que les conséquences n’en soient pas toutes accomplies : personnellement, le croyant peut entrer davantage dans les sentiments que ce livre exprime.

Il y a deux petites portions des hagiographes qui en sont détachées dans nos bibles. Ce sont : les Lamentations de Jérémie, et Ruth. La touchante histoire de cette dernière place devant nos yeux des mœurs très primitives, et, en même temps, des traits de caractère admirables, et porte en elle-même un cachet incontestable de réalité. Elle est importante en ce qu’elle retrace la généalogie de David et par conséquent du Christ, et nous montre une femme d’entre les Gentils admise dans cette généalogie. Les Lamentations ont un caractère de douleur produit par le sentiment que Dieu a frappé Son peuple, abattu Son autel, détruit Sa maison. Pour le moment, sous l’ancienne alliance, c’en est fait de Jérusalem et du peuple de Dieu. Jérémie voit avec l’œil de Dieu, du dedans (là où étaient la maison de Dieu et le siège de son autorité), et il n’y a plus de remède ! On doit se rappeler que les livres d’Esdras et de Néhémie racontent le retour d’un résidu des Juifs, ramené par la miséricorde de Dieu, afin qu’il y eût un peuple auquel la grâce pût présenter Celui qui avait été promis.

L’histoire de l’homme, envisagé comme ayant à répondre de sa propre conduite, mis à l’épreuve sans loi et, plus tard, sous la loi, est terminée. Dès la chute, avant que l’homme fût chassé du jardin d’Éden, la bonté de Dieu avait donné la promesse d’un Sauveur qui écraserait la tête du serpent ; mais, pour le moment, Dieu laissa les hommes à eux-mêmes. Épargnant ce qu’il fallait conserver pour peupler le monde nouveau, le déluge mit fin à une race déchue plonge dans la corruption et la violence. Cependant le cœur de l’homme resta le même (Gen. 6, 5 ; 8, 21) : dans ce monde renouvelé tous les hommes tombèrent bientôt dans l’idolâtrie. Alors la grâce appelle Abraham, et les promesses formelles relativement à la semence lui sont données. Quatre cent trente ans plus tard, cette race d’Abraham, mise à part pour Dieu, est placée sous la loi, règle parfaite de ce que l’homme devrait être, si l’on tient compte du fait que la loi défend la convoitise. Les prophètes rappellent la loi à la conscience du peuple, mais ils soutiennent en même temps la foi de ceux qui étaient fidèles au milieu de l’infidélité générale, rappelant, confirmant et développant la promesse de la « semence » et celle de la venue de la grande et terrible journée de l’Éternel. On en voit un exemple dans les dernières paroles du prophète Malachie (chap. 4). La promesse de la semence et l’appel à la conscience ont été constamment répétés par les prophètes, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède. Dieu cependant a accompli la promesse en envoyant le Christ, semence de David. C’est la grâce de la part de Dieu. C’était sans doute la fidélité à Sa promesse, et, dans ce sens, la justice en Dieu (telle est la portée de 2 Pier. 1, 1), mais il ne s’agissait plus de la responsabilité de l’homme à observer une règle qui lui était imposée : il s’agissait de recevoir le Christ. Il y avait plus encore. Le Christ était la Parole faite chair. Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, et ne leur imputant pas leurs péchés. Il est venu vers les siens, mais ils ne L’ont pas reçu : le monde n’a pas voulu de Lui, il ne Le connaissait pas ; le Père a été manifesté dans le Fils, dans Ses paroles et dans Ses œuvres, mais le monde ne L’a pas connu : « Ils ont vu », dit le Sauveur, « et ils ont haï et moi et mon Père ». Ainsi les Juifs ont perdu tout droit aux promesses en rejetant Celui en qui elles s’accomplissaient. Bien plus, l’homme, non seulement a été désobéissant, mais, tout en l’étant, il a montré sa haine contre Dieu manifesté en grâce envers lui dans cet état. Du côté de la responsabilité de l’homme, toute relation avec Dieu était impossible. La croix est la manifestation publique de ce rejet, de cette inimitié contre Dieu ; et, en même temps, elle est la manifestation de l’amour de Dieu pour l’homme tel qu’il était. Elle est plus encore : elle est l’accomplissement d’une œuvre parfaite de propitiation, un sacrifice pour ôter le péché, une base toute nouvelle de relation entre l’homme et Dieu, relation qui dépend non de la responsabilité de l’homme — sur ce terrain il était perdu — mais de la grâce infinie de Dieu : Il n’a pas épargné Son propre Fils qui, par l’Esprit éternel, s’est offert à Lui sans tache, en sorte que la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur. Les promesses seront accomplies ; le croyant possède la vie éternelle, et la possédera en gloire, lorsqu’il sera rendu semblable au Fils de Dieu rentré dans la gloire comme homme ; car il faut que le cœur de Dieu, Son amour, soit satisfait, Sa sainte justice manifestée et honorée ; il faut que Son Fils, qui avait quitté la gloire pour nous et qui s’est humilié en étant obéissant jusqu’à la mort, soit exalté selon toute la gloire qui Lui est due. Nous sommes ainsi amenés sur le terrain de l’évangile.

Le Nouveau Testament a un caractère bien différent de l’Ancien. Ce dernier nous apporte la révélation des pensées que Dieu a communiquées à ceux qui ont été les instruments de cette révélation, et nous fait adorer la sagesse qui s’y développe ; mais Dieu reste toujours caché derrière le voile. Dans le Nouveau Testament, Dieu se manifeste. Dans les évangiles on Le trouve Lui-même, doux, débonnaire, humain, Dieu sur la terre ; ensuite nous Le voyons répandant une lumière divine dans les communications subséquentes de l’Esprit Saint. — Auparavant Dieu avait fait des promesses, et avait aussi exécuté des jugements ; Il avait gouverné un peuple sur la terre, et avait agi envers les nations en vue de ce peuple auquel Il avait donné Sa loi, et à qui Il avait accordé, par le moyen des prophètes, une lumière croissante, annonçant toujours plus clairement la venue de Celui qui devait tout lui dire de la part de Dieu. Mais la présence de Dieu lui-même, homme au milieu des hommes, vient tout changer. Ou bien l’homme aurait dû Le recevoir dans la personne du Christ comme couronnement de bénédiction et de gloire, Lui dont la présence devait bannir tout mal, développer et amener à la perfection tout élément de bien, et donner en même temps un objet et un centre à toutes les affections rendues parfaitement heureuses par la jouissance de cet objet ; ou bien, en rejetant un tel Christ, notre misérable nature devait montrer ce qu’elle est réellement, c’est-à-dire inimitié contre Dieu, et rendre évidente la nécessité d’un ordre de choses complètement nouveau, où le bonheur de l’homme et la gloire de Dieu seraient fondés sur une nouvelle création. Nous savons ce qui est arrivé : Celui qui était l’image du Dieu invisible a dû dire, après l’exercice d’une parfaite patience : « Père juste, le monde ne t’a pas connu », et bien plus encore, hélas : « Ils ont haï et moi et mon Père » (Jean 17, 25 ; 15, 24).

Cependant ce triste état de l’homme n’a pas empêché Dieu d’accomplir Ses conseils ; il Lui a fourni, au contraire, l’occasion de Se glorifier en les accomplissant. Dieu n’a pas voulu rejeter l’homme avant que l’homme L’eût rejeté. Il en avait été ainsi dans le jardin d’Éden : l’homme, conscient du péché, ne pouvant supporter la présence de Dieu, s’éloigna de Lui avant que Dieu l’eût chassé du jardin. Mais lorsque l’homme, de son côté, eut entièrement repoussé Dieu venu en bonté au milieu de sa misère, Dieu fut libre (si l’on ose parler ainsi, car l’expression est moralement juste) de poursuivre Ses desseins éternels. Or, dans ce cas, Dieu n’exécute pas le jugement comme Il le fit en Éden, où déjà l’homme était éloigné de Lui ; mais la grâce souveraine, lorsque l’homme est manifestement perdu et s’est déclaré ennemi de Dieu, poursuit son œuvre pour faire éclater Sa gloire aux yeux de l’univers dans le salut des pauvres pécheurs qui avaient rejeté Dieu. Cependant, afin que la sagesse de Dieu fût manifestée même dans les détails, cette œuvre de grâce souveraine, dans laquelle Dieu se révélait, dut se coordonner avec toutes Ses voies précédentes révélées dans l’Ancien Testament, laissant ainsi toute sa place à Son gouvernement du monde.

De tout cela il résulte qu’en dehors de la grande idée dominante, il y a, dans le Nouveau Testament, quatre sujets qui se déroulent aux yeux de la foi. Le grand sujet, le fait par excellence, c’est que la lumière parfaite est manifestée : Dieu lui-même se révèle. Cette lumière est manifestée dans l’amour, l’autre nom essentiel de Dieu.

En second lieu, Christ, qui est la manifestation de cette lumière et de cet amour, et qui, s’Il eût été reçu, aurait été l’accomplissement de toutes les promesses, est présenté à l’homme, et en particulier à Israël responsable, avec toutes les preuves personnelles, morales, et de puissance, qui laissent ce peuple sans excuse. Puis, Christ étant rejeté, Son rejet devient le moyen par lequel le salut s’accomplit ; un nouvel ordre de choses (la nouvelle création, l’homme glorifié, l’Église participant avec Christ à la gloire céleste) est placé sous nos yeux.

Troisièmement, les rapports entre le nouvel et l’ancien ordre de choses, à l’égard de la loi, des promesses, des prophéties ou des institutions divines sur la terre, sont exposés clairement, soit en ce qu’ils présentent le nouvel ordre comme accomplissement et mise de côté de ce qui avait vieilli, soit en ce qu’ils constatent le contraste qui existe entre l’ancien et le nouvel ordre de choses, soit en ce qu’ils démontrent la sagesse parfaite de Dieu dans tous les détails de Ses voies.

Enfin le gouvernement du monde de la part de Dieu est mis en évidence, et la parole prophétique annonce les jugements et les bénédictions qui accompagneront la reprise des relations de Dieu avec Israël, rompues à l’occasion du rejet du Messie.

On peut ajouter que tout ce qui est nécessaire à l’homme, pèlerin sur la terre, jusqu’à ce que Dieu accomplisse dans Sa puissance les desseins de Sa grâce, lui est abondamment fourni. Sorti, à l’appel de Dieu, de ce qui est rejeté ou condamné (et non encore mis en possession du lot que Dieu lui a préparé), l’homme qui a répondu à cet appel a besoin d’une direction ; il lui faut connaître les sources de la force nécessaire pour marcher vers le but de sa vocation, et les moyens pour s’approprier cette force. Dieu, en l’appelant à suivre son Maître que le monde a rejeté, ne l’a pas laissé sans lui fournir toute la lumière et toutes les directions propres à l’éclairer et à l’encourager dans son chemin.

Les évangiles racontent la vie du Seigneur, et Le présentent à nos cœurs, soit par Ses actes, soit par Ses discours, dans les divers caractères qui, sous tous les rapports, Le rendent précieux aux âmes des rachetés, selon l’intelligence qui leur est accordée et selon leurs besoins. Ces caractères forment ensemble la plénitude de Sa gloire personnelle, pour autant que nous sommes capables de la saisir tandis que nous sommes dans des vases d’argile ici-bas. Il faut en excepter ce qui concerne les relations de Christ avec l’Église, car, sauf l’annonce du fait que Christ bâtirait une Église sur la terre, c’est par le Saint Esprit, envoyé après Son ascension, qu’Il a donné aux apôtres et prophètes la révélation de ce précieux mystère. — Il est évident que le Seigneur a dû réunir en Lui sur la terre, selon les conseils de Dieu et selon les révélations de Sa Parole, plus d’un caractère pour l’accomplissement de tout ce qui a trait à Sa gloire et pour le maintien et la manifestation de celle de son Père. Mais pour que cela eût lieu, il a fallu aussi qu’Il fût quelque chose, soit qu’on Le considère comme marchant ici-bas, soit au point de vue de Sa vraie nature. Christ a dû accomplir le service qu’il Lui appartenait de remplir envers Dieu, comme étant le vrai serviteur par excellence, et comme servant Dieu par la Parole au milieu de Son peuple (voyez, par exemple, Ps. 40, 8, 9, 10 ; És. 49, 4, 5, et d’autres passages).

Une foule de témoignages avait annoncé que le Fils de David siégerait de la part de Dieu sur le trône de son père ; et l’accomplissement des conseils de Dieu à l’égard d’Israël se rattache, dans l’Ancien Testament, à Celui qui devait venir ainsi, et qui, sur la terre, devait avoir la relation de Fils de Dieu avec l’Éternel Dieu. Le Christ, le Messie — ou l’Oint, mot qui n’est que la traduction de ce nom — devait paraître, et se présenter à Israël selon la révélation et les conseils de Dieu. Les Juifs bornaient leur attente à peu près uniquement à ce caractère de Christ, Messie et Fils de David, et encore était-ce à leur manière, n’y voyant que l’élévation de leur nation, sans avoir le sentiment de leurs péchés et des conséquences de ces péchés. Cependant ce caractère de Christ n’était pas tout ce que la parole prophétique, qui avait déclaré les conseils de Dieu, annonçait à l’égard de Celui que le monde même attendait. Christ devait être Fils de l’homme. Ce titre que le Seigneur Jésus aime à se donner, est d’une grande importance pour nous. Le Fils de l’homme, selon la Parole, est l’héritier de tout ce que les conseils de Dieu destinaient à l’homme, comme devant appartenir à sa position dans la gloire, de tout ce que Dieu devait donner à l’homme selon ces conseils (voyez Dan. 7, 13-14 et Ps. 8, 5-6 ; 80, 17). Mais pour être héritier de ce que Dieu destinait à l’homme, Christ devait être homme. Le Fils de l’homme était vraiment de la race de l’homme, précieuse et consolante vérité ! Né d’une femme, Il était réellement et véritablement un homme, participant au sang et à la chair, fait semblable à Ses frères, à part le péché. Dans ce caractère Il a dû souffrir et être rejeté ; Il a dû mourir et ressusciter pour hériter toutes choses, pour les posséder dans un état absolument nouveau, l’état d’un homme ressuscité et glorifié ; car l’héritage était souillé, l’homme en rébellion contre Dieu, et les cohéritiers de Christ aussi coupables que les autres.

Jésus donc devait être le serviteur par excellence, le grand prophète, Fils de David, et Fils de l’homme ; par conséquent vrai homme sur la terre, né d’une femme, né sous la loi, de la postérité de David, héritier des droits de la famille de David, héritier des destinées de l’homme selon l’intention et les conseils de Dieu. Pour cela, il fallait qu’Il glorifiât Dieu selon la position dans laquelle se trouvait l’homme qui avait failli à sa responsabilité, qu’Il satisfît à cette responsabilité en y glorifiant Dieu, et qu’Il rendît, durant Sa vie ici-bas, le témoignage d’un prophète, « du témoin fidèle ». Qui pouvait réunir dans sa personne tous ces caractères ? Cette gloire était-elle seulement une gloire officielle dont l’Ancien Testament avait annoncé qu’un homme devait hériter ? L’état de l’homme, manifesté sous la loi, démontrait l’impossibilité de le faire participer, tel qu’il était, à la bénédiction de Dieu. Le rejet du Christ y ajoutait la dernière preuve. En effet, l’homme avait besoin par-dessus tout d’être réconcilié avec Dieu, en dehors de toute économie et du gouvernement spécial d’un peuple sur la terre. L’homme était pécheur ; une rédemption était nécessaire pour la gloire de Dieu et le salut des hommes. Mais qui pouvait l’accomplir ? L’homme en avait besoin pour lui-même ; un ange devait garder sa place, la remplir, et ne pouvait faire davantage ; autrement il n’eût pas été un ange. Qui donc d’entre les hommes pouvait être héritier de toutes choses, et avoir toutes les œuvres de Dieu placées sous sa domination, selon la Parole ? C’était le Fils de Dieu qui seul devait les hériter ; c’était Celui qui les avait créées qui devait les posséder. Celui donc qui devait être le serviteur, Fils de David, Fils de l’homme, rédempteur, était le Fils de Dieu, le Dieu créateur.

À ces différents caractères de Christ se lie non seulement le caractère particulier de chacun des évangiles, mais aussi la différence qui existe entre les trois premiers et celui de Jean. Ceux-là montrent Christ présenté à l’homme, afin que l’homme Le reçoive, et Son rejet par l’homme ; Jean, au contraire, prend dans ce rejet le point de départ de son évangile, et présente la nature divine manifestée dans une personne, en présence de laquelle l’homme et le Juif se sont trouvés et qu’ils ont rejetée : « Il était dans le monde, et le monde fut fait par Lui, et le monde ne l’a pas connu… ».

Mais revenons un peu en arrière. Matthieu montre l’accomplissement de la promesse et de la prophétie. Nous voyons, dans son évangile, Emmanuel au milieu des Juifs, et rejeté par eux ; ils heurtent ainsi contre la pierre d’achoppement. Puis Christ est présenté comme un semeur de la parole : car il était inutile de chercher du fruit. Viennent ensuite l’Église et le royaume, substitués à Israël qui aurait été béni selon des promesses, mais qui les a refusées en rejetant la personne de Jésus. Toutefois, quand ils recevront le Seigneur après le jugement, les Juifs seront reconnus comme objets de miséricorde. L’ascension n’est pas mentionnée dans Matthieu ; c’est sans doute pour cette raison que ce n’est pas Jérusalem, mais la Galilée, qui est la scène de l’entrevue du Seigneur avec Ses disciples après la résurrection. Jésus est avec les pauvres du troupeau qui ont écouté la parole du Seigneur, dans ce lieu où la lumière s’est levée sur le peuple assis dans les ténèbres. La mission de baptiser part aussi de là, et s’applique aux nations. Marc place devant nous le serviteur-prophète, Fils de Dieu. Luc nous présente le Fils de l’homme ; les deux premiers chapitres nous offrent un délicieux tableau du résidu d’Israël. Jean, comme nous l’avons dit plus haut, nous fait connaître la personne divine et incarnée du Seigneur, fondement de toute bénédiction, et une œuvre de propitiation qui est la base même de la condition où le péché ne se trouvera plus, de cieux nouveaux et d’une nouvelle terre où la justice habite. À la fin de l’évangile nous avons la promesse du Consolateur ; tout cela en contraste avec le judaïsme. Au lieu de faire remonter le Seigneur à Abraham et à David, souches de la promesse, ou à Adam, comme Fils de l’homme qui apporte la bénédiction à l’homme, ou bien au lieu de nous raconter Son ministère actif comme le grand prophète qui devait venir, Jean nous montre dans le monde une personne divine, le Verbe fait chair.

Paul et Jean nous font connaître ce que nous sommes dans une position entièrement nouvelle en Christ ; mais le grand objet de Jean est de nous révéler le Père dans le Fils, et ainsi la vie par le Fils en nous, tandis que les écrits de Paul nous montrent le chrétien présenté à Dieu en Christ et nous révèlent Ses conseils de grâce. À ne considérer que les épîtres, Paul seul parle de l’Église, sauf que Pierre (1 Pier. 2) mentionne l’édification de pierres vivantes pour former un édifice non encore achevé ; mais Paul seul parle de l’Église comme « corps » de Christ.

Les Actes racontent l’établissement de l’Église par le Saint Esprit venu du ciel, ensuite les travaux des apôtres à Jérusalem ou en Palestine, et ceux d’autres ouvriers du Seigneur. Ils nous disent spécialement l’œuvre de Pierre, puis celle de Paul, et se terminent par le récit du rejet de l’évangile de Paul par les Juifs de la dispersion.

Exposer même sommairement le contenu des épîtres nous conduirait trop loin : bornons-nous à dire quelques mots de leur ordre chronologique, faisant seulement remarquer qu’elles développent l’efficacité de l’œuvre de Christ et l’amour du Père révélé en Lui.

Il faut placer au premier rang celles dont la date est certaine : la première et la seconde aux Thessaloniciens, la première et la seconde aux Corinthiens, l’épître aux Romains, celles aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens, à Philémon, ces quatre dernières écrites durant la captivité de Paul. L’épître aux Galates fut écrite de quatorze à vingt ans après l’appel de l’apôtre, et après qu’il eut travaillé quelque temps dans l’Asie Mineure, peut-être lors de son séjour à Éphèse, en tous cas peu de temps après la fondation des assemblées de la Galatie. La première à Timothée fut écrite à l’occasion du départ de l’apôtre d’Éphèse ; l’époque exacte n’en peut être fixée ; la seconde prend place à la fin de la vie de Paul quand il était près de souffrir le martyre. L’épître à Tite se rattache à un voyage de Paul en Crète, sans que nous sachions quand ce voyage s’est effectué (on a pensé que ce pourrait être à l’époque du séjour de l’apôtre à Éphèse) ; moralement elle est synchronique de la première à Timothée, l’intention de Dieu n’ayant pas été de nous donner des dates chronologiques. La sagesse divine ne l’a pas voulu, mais l’ordre moral est très clair ; on le voit dans la manière dont la seconde épître à Timothée se rattache à la ruine de la maison de Dieu dont la première établissait l’ordre.

L’épître aux Hébreux fut écrite à une époque relativement tardive, en vue du jugement qui allait tomber sur Jérusalem : elle appelait les Juifs chrétiens à se séparer de ce que Dieu était sur le point de juger.

L’épître de Jacques se rapporte à l’époque où cette séparation n’avait eu lieu en aucune manière : des chrétiens juifs y sont envisagés comme faisant encore partie de l’Israël qui n’était pas définitivement rejeté ; ils reconnaissent seulement Jésus comme le Seigneur de gloire. De même que d’autres épîtres catholiques, celle de Jacques fut écrite aux derniers jours de l’histoire apostolique, alors que le christianisme avait trouvé une large entrée au milieu des tribus d’Israël, et que le jugement allait clore leur histoire. Celles de Jean furent écrites plus tard encore.

La première épître de Pierre nous fait voir que l’évangile s’était déjà beaucoup répandu parmi les Juifs ; elle est adressée aux chrétiens juifs de la dispersion. La seconde épître est postérieure, cela va sans dire, et appartient à la fin de la carrière de l’apôtre, quand le temps de déposer sa tente et de quitter ses frères approchait. Il ne voulait pas les laisser sans les avertissements que les soins apostoliques ne leur fourniraient bientôt plus ; c’est pourquoi, de même que l’épître de Jude, cette seconde épître de Pierre voit ceux qui avaient renié la foi abandonnant le sentier de la piété, et des moqueurs s’élevant contre le témoignage de la venue du Seigneur.

Dans la première épître de Jean, selon le témoignage de cet apôtre lui-même, nous sommes à « la dernière heure » : des apostats étaient déjà manifestés, des apostats de la vérité du christianisme, niant le Père et le Fils, et y joignant l’incrédulité juive, pour nier que Jésus fût le Christ.

L’épître de Jude vient moralement avant celle de Jean. Elle nous montre de faux frères qui s’étaient glissés furtivement au milieu des saints, et nous conduit jusqu’à la révolte finale et au jugement. Elle diffère de la seconde épître de Pierre en ce qu’elle n’envisage pas le mal comme une simple iniquité, mais comme un abandon du premier état.

L’Apocalypse complète le tableau en montrant Christ comme juge au milieu des églises représentées par les lampes d’or. La première église ayant abandonné son premier amour, est avertie qu’à moins qu’elle ne se repente et ne retourne à son premier état, sa lampe serait ôtée. Le jugement final de l’Église se trouve dans Thyatire et dans Laodicée. Ce livre montre ensuite le jugement du monde et le retour du Seigneur, le royaume et la cité céleste, et enfin l’état éternel.

Le caractère général d’apostasie et de chute qui se retrouve dans tous les derniers livres du Nouveau Testament, depuis l’épître aux Hébreux jusqu’à l’Apocalypse, est bien remarquable. Les épîtres de Paul, sauf la seconde à Timothée, qui fournit les directions individuelles pour la marche au milieu de la ruine, tout en annonçant à l’avance cet état de choses, nous présentent le travail et les soins du sage architecte. L’intérêt de leurs dates se rattache à l’histoire des Actes ; mais l’épître aux Hébreux, les épîtres catholiques et l’Apocalypse nous montrent toutes le déclin déjà arrivé (la première épître de Pierre, qui porte le moins ce cachet, nous dit cependant que le temps était venu pour que le jugement commençât par la maison de Dieu) ; elles nous font voir par conséquent le jugement de l’église professante, ensuite, prophétiquement, celui du monde révolté contre Dieu. Ce caractère final des épîtres catholiques a quelque chose de frappant et d’instructif.



  1. Il ne l’a fait d’abord qu’à moitié ; mais nous parlons ici des voies de Dieu.
  2. Cela se rattache à ce qui est dit en 2 Pierre 1, 20-21. Les circonstances du moment n’expliquent pas la portée des prophéties des Écritures ; ce qui est dit fait partie du grand système des voies de Dieu.
  3. Sauf une seule exception, la malédiction du figuier, qui est l’expression de cet état de choses à la fin de la carrière du Seigneur.
  4. Le rejet du Christ, venu comme Messie promis et étant en même temps Dieu manifesté en chair, la fin des voies de Dieu envers Son peuple, ainsi que la manifestation de la haine de l’homme contre Dieu, coïncidaient ; la déchéance d’Israël de tout droit aux promesses, et la condamnation de l’homme dans son état de nature, sur le principe de la responsabilité, avaient lieu simultanément.
  5. Comparez ces mots avec le jugement prononcé sur la femme (Gen. 3, 16).
  6. On trouve cela, historiquement, dans les livres Apocryphes (voyez Tobie 1, 6-8).
  7. L’œil spirituel peut cependant discerner dans leur histoire un témoignage caché. Élie en Horeb replace, pour ainsi dire, la loi violée entre les mains de l’Éternel ; puis il retrace chaque pas d’Israël : Guilgal, où celui-ci a été mis à part pour Dieu ; Béthel, lieu de la promesse faite à Jacob pour la terre ; ensuite Jéricho, lieu de la malédiction ; enfin le Jourdain ou la mort, puis Élie monte au ciel. De là, Élisée repasse par la mort et entre dans sa carrière de service. Mais les miracles d’Élie sont des miracles de jugement, ceux d’Élisée, sauf le second, des miracles de bonté et de grâce.