Livre:Études sur la Parole — Colossiens
destinées à aider le chrétien dans la lecture du Saint LivreJ.N. Darby
L’épître aux Colossiens considère le chrétien comme ressuscité avec Christ, mais non tel que l’épître aux Éphésiens nous le présente, comme assis dans les lieux célestes en Christ. Une espérance est réservée pour lui dans les cieux ; il doit penser aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre. Il est mort avec Christ et ressuscité avec lui, mais non pas assis dans les lieux célestes. Nous avons dans cette épître une preuve de ce que d’autres épîtres démontrent, savoir de la manière précieuse dont notre Dieu, dans Sa grâce, fait tourner toutes choses au bien de ceux qui L’aiment.
Dans l’épître aux Éphésiens, le Saint Esprit a développé les conseils de Dieu à l’égard de l’Assemblée — les privilèges de celle-ci. Il n’y avait rien à reprocher aux chrétiens[1] d’Éphèse, et ainsi l’Esprit pouvait saisir l’occasion que ce troupeau fidèle Lui offrait, pour développer tous les privilèges que Dieu avait ordonnés pour l’Assemblée en général, en vertu de l’union de celle-ci avec son Chef (sa Tête) Jésus Christ, ainsi que les privilèges individuels des enfants de Dieu.
Il n’en était pas de même quant aux Colossiens : ils étaient quelque peu déchus de cette position bénie, et avaient perdu la conscience de leur union avec la Tête du corps ; du moins, s’il n’en était pas réellement ainsi, ils étaient assaillis par le danger et exposés à l’influence de ceux qui cherchaient à les détourner et à les assujettir à l’influence de la philosophie et du judaïsme, de sorte que l’apôtre devait s’occuper du danger et non pas simplement de leurs privilèges. Cette union avec notre Tête, grâce à Dieu, ne peut être perdue ; mais nous pouvons la perdre comme vérité dans l’Église, et individuellement nous pouvons en perdre la conscience. Nous ne le savons que trop dans l’Assemblée d’aujourd’hui. Cela donnait toutefois à l’Esprit l’occasion de développer toutes les richesses et toute la perfection qui se trouvaient dans la Tête et dans Son œuvre, afin de ramener de leur affaiblissement spirituel les membres du corps ou de les maintenir dans la pleine jouissance pratique de leur union avec Christ, et dans la puissance de la position qui leur était acquise par cette union. Pour nous, cette épître aux Colossiens est d’une instruction perpétuelle à l’égard des trésors qui se trouvent dans la Tête.
Si l’épître aux Éphésiens nous expose les privilèges du corps, celle aux Colossiens nous révèle la plénitude qui est dans la Tête et le fait que nous sommes accomplis en Christ : ainsi dans la première de ces deux épîtres, l’Assemblée est la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ; tandis que dans celle aux Colossiens toute la plénitude de la déité habite en Christ corporellement, et nous sommes accomplis en Lui. Il y a toutefois une autre différence qu’il est important de signaler. Dans l’épître aux Colossiens, à part l’expression « amour dans l’Esprit », nous ne trouvons aucune mention du Saint Esprit, qui est pleinement en vue dans celle aux Éphésiens. Mais d’autre part, nous avons Christ comme notre vie, développé beaucoup plus en détail, ce qui est d’égale importance à sa place. Dans les Éphésiens, nous trouvons davantage le contraste du paganisme avec les privilèges et l’état des chrétiens. La manière dont l’âme est formée à la ressemblance vivante de Christ est très développée dans les Colossiens. Il s’agit plutôt, selon les expressions bien connues, de Christ en nous que de nous en Christ, quoique les deux choses ne puissent être séparées. Une autre différence importante est que, dans les Éphésiens, le sujet de l’unité du Juif et du Gentil en un seul corps occupe beaucoup de place. Dans les Colossiens, les Gentils seuls sont en vue, quoique en connexion avec la doctrine du corps de Christ. À part ces différences, nous pouvons dire que les deux épîtres ont une grande ressemblance dans leur caractère général.
Chapitre 1. — Elles commencent à peu près de même[2], étant écrites toutes deux de Rome lorsque l’apôtre y était prisonnier, et envoyées par le même messager et à la même occasion (comme aussi probablement celle de Philémon), ce dont les noms et les salutations qu’on y trouve font foi. L’adresse aux Éphésiens met peut-être les saints d’Éphèse plus immédiatement en rapport avec Dieu Lui-même, au lieu de les placer comme ceux de Colosses dans la communion fraternelle sur la terre ; les saints d’Éphèse ne sont pas appelés frères (Éph. 1, 1) mais seulement « saints et fidèles dans le Christ Jésus ». Ils sont envisagés dans les Colossiens comme marchant sur la terre, bien que ressuscités. C’est pourquoi l’on y trouve une longue prière pour leur marche, bien qu’ils soient sur un terrain saint et élevé en tant que délivrés. L’épître aux Éphésiens commence par tout le propos et tout le fruit des conseils de Dieu. Dans cette épître, le cœur de l’apôtre s’épanouit aussitôt, dans le sentiment de la bénédiction dont les Éphésiens jouissaient. Ils étaient bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. Pour les Colossiens, il y avait une espérance réservée dans les cieux. Une préface de plusieurs versets concernant l’évangile qu’ils avaient entendu sert d’introduction à sa prière pour leur marche et leur état ici-bas. Ceci nous amène au même point qu’Éphésiens 1, 7, mais avec un développement beaucoup plus étendu de la gloire personnelle de Christ ; nous y trouvons aussi davantage l’historique des voies mêmes de Dieu. Parmi les adresses à des assemblées, celle aux Colossiens a un caractère plus personnel que celle aux Éphésiens.
Mais considérons plus particulièrement ce qui est dit dans celle aux Colossiens. Ce fleuve de privilèges glorieux dont l’apôtre parle dans le premier chapitre de l’épître aux Éphésiens (v. 3-10), et les privilèges de l’héritage (v. 11-14) manquent ici ; ressuscités mais sur la terre, ils ne sont pas assis dans les lieux célestes, toutes choses devenant ainsi leur héritage. Ici, ce ne sont pas eux en Christ, mais Christ en eux, l’espérance de la gloire, et la prière mentionnée plus haut remplit le chapitre jusqu’à ce que nous arrivions au terrain commun de la gloire de Christ (Col. 1, 15) ; et même ici la gloire divine de Christ est présentée, tandis que, dans les Éphésiens, c’est le simple fait du propos de Dieu quant à Christ. Non seulement, dans les Colossiens, nous ne trouvons pas l’héritage de Dieu comme étant à nous, mais il n’y est pas parlé de l’Esprit comme arrhes. Ceci, comme nous l’avons vu, est caractéristique des Colossiens. Il n’y est pas parlé de l’Esprit, mais de la vie. Il y est insisté davantage sur la personne et la gloire divine de Christ, et sur notre état comme accomplis en lui ; mais pas de la même manière sur la position des saints auprès de Dieu. De plus, le saint étant envisagé comme sur la terre, et non en Christ dans les lieux célestes, il est question de sa responsabilité (1, 23). Le verset 3 du chapitre 1 de l’épître aux Colossiens répond au verset 16 du chapitre 1 de celle aux Éphésiens ; seulement on sent qu’il y a plus de plénitude dans la joie d’Éphésiens 1, 16. La foi en Christ et l’amour pour tous les saints se retrouvent, comme occasion de la joie de l’apôtre, dans les deux exordes.
Le sujet de la prière de Paul est tout autre dans l’épître aux Éphésiens, où il avait pu développer les conseils de Dieu à l’égard de l’Assemblée ; l’apôtre demande que les saints comprennent ces conseils, ainsi que la force par le moyen de laquelle ils y participaient. Ici, dans l’épître aux Colossiens, il demande que la marche soit dirigée par l’intelligence divine ; mais ceci tient à une autre cause, savoir au point de vue auquel il envisage les saints dans son discours. Nous avons vu que dans l’épître aux Éphésiens, l’apôtre les considère comme assis dans les lieux célestes : leur héritage par conséquent, c’est « toutes choses », car toutes choses doivent être réunies sous Christ comme Chef. Ici dans l’épître aux Colossiens, une espérance est réservée pour les saints dans le ciel ; la prière de l’apôtre donc, dans cette épître, s’occupe de la marche des saints, afin que celle-ci soit en harmonie avec le but qu’ils se proposent. Étant sur la terre et ne s’étant pas tenus collés à la Tête, les fidèles de Colosses étaient en danger de s’éloigner de ce but. Paul priait donc pour eux en vue de cette espérance céleste. Ils avaient entendu parler de cette espérance parfaite et glorieuse : l’évangile l’avait annoncée partout.
C’était cet évangile, prêché en vue d’une espérance réservée dans les cieux, qui avait produit des fruits parmi les hommes, des fruits caractérisés par leur source céleste. La religion des chrétiens, ce qui gouvernait leur cœur dans ces relations avec Dieu, était céleste. Or les Colossiens étaient en danger de rentrer dans le courant des ordonnances et des habitudes religieuses d’hommes vivant dans le monde, et ayant une religion en rapport avec le monde où ils demeuraient, une religion qui n’était pas éclairée et remplie de la lumière céleste. Il n’y a que l’union consciente avec Christ qui puisse nous y tenir en sûreté. Des ordonnances pour parvenir à Lui ne peuvent trouver place là où nous sommes unis à Lui ; la philosophie des pensées humaines, pas davantage, là où par l’énergie de la vie nous sommes en possession des pensées divines.
Combien cependant n’est-il pas précieux, si même nous ne sommes pas à toute la hauteur de notre vocation, qu’un objet, qui nous délivre de ce monde et des influences qui nous cachent Dieu, soit placé devant nos cœurs. Tel est le but de l’écrit de l’apôtre : il dirige les yeux des Colossiens vers le ciel pour qu’ils y voient Christ et retrouvent cette conscience qu’ils avaient un peu perdue ou étaient en danger de perdre, de leur union avec la Tête. Cependant ils n’avaient pas perdu le fondement, savoir la foi en Jésus et l’amour pour tous les saints. Il ne leur manquait que la foi pratique de leur union avec le Chef. Cette foi seule, toutefois, pouvait les maintenir dans l’élément céleste au-dessus des ordonnances de la religion humaine et terrestre.
L’apôtre, dans le but de les relever, prend comme de coutume son point de départ là où il trouvait du bien chez les saints auxquels il écrit. Cette espérance céleste leur était parvenue et avait produit des fruits. C’est ce qui distingue le christianisme d’avec toute autre religion, et en particulier d’avec le système judaïque, qui (lors même que, par la grâce, des individus soupiraient après le ciel), cachait Dieu derrière un voile et enveloppait la conscience loin de Lui dans une série d’ordonnances.
Or, fondé sur cette espérance, qui plaçait la vie intérieure du chrétien en rapport avec le ciel, l’apôtre demande que les Colossiens soient remplis de la connaissance de la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence spirituelle. C’est le fruit de la relation avec Dieu d’un homme ressuscité sur la terre. Ceci est tout autre chose que des commandements et des ordonnances. C’est le résultat de la communion intime avec Dieu et de la connaissance de Son caractère et de Sa nature en vertu de cette communion ; et, bien que les bénédictions que l’apôtre demande se rapportent toutes à la vie pratique, le genre d’intelligence qui fait le sujet de sa prière, comme tenant à la vie intérieure, laisse les ordonnances complètement en arrière. L’apôtre a dû commencer par ce bout, pour ainsi dire, par la vie chrétienne. Peut-être les Colossiens, de prime abord, n’ont-ils pas compris la portée de l’instruction, mais cette instruction renfermait un principe qui, déjà planté et capable d’être réveillé dans leur cœur, devait les conduire là où l’apôtre désirait en venir, et était en même temps un très précieux privilège dont ils étaient à même de saisir la valeur. Telle est la charité. L’apôtre développe, avec force et clarté, les privilèges des chrétiens, au point de vue qui le préoccupe, et il le fait comme quelqu’un qui sait ce que c’est qu’une telle marche, au reste avec la puissance de l’Esprit de Dieu. Ils ne sont pas au ciel mais sur la terre, et c’est le chemin qui convient à ceux qui sont ressuscités avec Christ et qui ont les yeux tournés de la terre vers le ciel. C’est la vie divine sur la terre, non le Saint Esprit plaçant l’âme du croyant au centre des conseils divins, comme en Éphésiens 3, en vertu de ce que Christ habite par la foi dans le cœur.
Le premier principe de cette pratique de la vie céleste est la connaissance de la volonté de Dieu ; c’est d’être rempli de cette connaissance, non de courir après elle comme après une chose en dehors de nous, ni avec indécision ou incertitude quant à ce qu’elle est, mais d’en être rempli par un principe d’intelligence qui vient de Dieu, et qui produit cette intelligence et la sagesse du chrétien dans l’âme elle-même. Le caractère de Dieu se traduit ainsi vitalement, dans la manière dont le chrétien apprécie tout ce qu’il fait. Et remarquons ici que la connaissance de la volonté de Dieu a pour base l’état spirituel de l’âme — la sagesse et l’intelligence spirituelle. Ceci est de toute importance dans la pratique. Des commandements humains particuliers quant à la conduite ne sauraient aucunement le remplacer : tout au plus pourraient-ils nous empêcher d’éprouver le besoin de l’intelligence spirituelle. Sans nul doute un esprit plus spirituel peut m’aider à discerner la volonté de Dieu[3] ; mais Dieu a lié la connaissance du sentier qui est selon Sa volonté, de Son sentier à Lui, avec l’état intérieur de l’âme, et Il nous fait traverser des circonstances — la vie humaine ici-bas — afin de mettre cet état à l’épreuve, de nous révéler à nous-mêmes quel est cet état et de nous y exercer. Le chrétien doit, par son état spirituel, connaître les voies de Dieu. Le moyen à employer c’est la Parole (comp. Jean 17, 17, 19). Dieu a un chemin à Lui que l’œil de l’aigle n’a pas aperçu, connu seulement de l’homme spirituel, lié à la connaissance de Dieu, procédant de cette connaissance et y conduisant (comp. Ex. 33, 13). Ainsi, quant à sa conduite, le chrétien marche d’une manière digne du Seigneur ; il sait ce qui convient au Seigneur[4], et il marche ainsi pour Lui plaire en toutes choses, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu (v. 10).
Ce n’est toutefois pas tout que la vie ait ce caractère ; elle porte du fruit à mesure qu’elle croît, et cela en rapport avec la connaissance croissante de Dieu. Mais cette relation du chrétien avec Dieu nous conduit à une autre bien précieuse considération. Non seulement le caractère et l’énergie vitale du chrétien se rattachent à la connaissance de Dieu, mais la force du Seigneur[5] s’y développe aussi. On puise de la force en Lui. Il en donne aux fidèles pour marcher ainsi — « fortifiés, dit-il, en toute force, selon la puissance de sa gloire ». Telle est la mesure de la force du chrétien, pour une vie en harmonie avec le caractère de Dieu ; ainsi le caractère de cette vie est révélé dans la gloire céleste en haut, en Jésus Christ ; sur la terre sa manifestation, ainsi que cela a eu lieu en Jésus Christ, se réalise en toute patience et constance avec joie, au milieu des peines et des afflictions de la vie de Dieu dans ce monde. Cette forme de la vie est aussi très frappante : toute force divine, selon la gloire de Dieu, est accordée en sorte que le chrétien soit patient et endure. Quel caractère sa vie revêt ainsi dans ce monde ! De plus, il y a un généreux support des autres que ce caractère nous met à même de montrer en tout temps. Aucun fruit de la puissance n’est plus évident que celui-ci. La volonté se trouve aussi vaincue. Ainsi, malgré tout ce que nous avons à endurer, nous jouissons d’une joie constante devant Dieu. C’est un tableau précieux de la manière dont la vie divine se manifeste.
Or ici l’apôtre rattache cette vie de patience à ce qui est sa source, son but, et à ce qu’elle possède actuellement par la foi. Nous sommes pleins de joie en marchant ainsi, et nous rendons grâces au Père, qui nous a rendus capables[6] de participer au lot des saints dans la lumière (v. 11, 12). Voilà les saints établis dans leurs relations propres avec Dieu (leur Père), dans le ciel — dans la lumière : or Dieu est lumière et Il habite en elle. Nous avons donc ici l’état de l’âme, le caractère de la marche et la force par laquelle nous marchons. Quant à la capacité d’être reçus devant Dieu dans la lumière, nous la possédons. En outre, nous sommes transportés dans le royaume du Fils de Son amour.
Le moyen employé pour nous placer dans la lumière, et le caractère pratique de l’œuvre qui nous y introduit, sont ensuite présentés, nous faisant connaître (dans les limites de cette épître) les conseils de Dieu, mais d’une manière pratique — dans leurs résultats à venir ou actuels — non point dans Sa pensée ou comme étant le mystère de Sa volonté.
Le Père nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de Son amour. Ce n’est point au moyen d’une règle judaïque pour un homme : c’est une opération de la puissance de Dieu, qui nous traite comme étant tous ensemble, et, par nature, esclaves de Satan et des ténèbres, et nous place, par un effet de cette puissance, dans une toute nouvelle relation avec lui-même. On retrouve bien ici, si l’on examine les principes à leur origine, ce qui est exprimé dans Éphésiens 1, 4 et 5 et 2, 1-6, quant à notre position précédente ; mais il est évident que la plénitude et la netteté d’une nouvelle création manquent[7]. Le « lot des saints dans la lumière », et « le royaume du Fils de son amour », nous rappellent Éphésiens 1, 4, 5 ; mais il n’y a pas ici la chose même, telle qu’elle est dans la pensée de Dieu, mais le fait que déjà ici-bas nous avons été rendus capables d’y participer ; on n’y trouve pas non plus par conséquent le développement d’une position avec laquelle on est familier, comme étant celle dans laquelle on se trouve. La puissance et l’amour du Père nous ont donné le droit d’y être. Le caractère de Dieu, comme lumière et amour, se trouve nécessairement révélé dans cette grâce, selon Sa relation avec Son Fils ; toutefois, ce qui est dit dans ces versets ne se rapporte pas à notre relation avec Dieu Lui-même, en laissant de côté la question de l’état dont Il nous a tirés, mais à l’œuvre en général qui nous place dans cette relation en contraste avec notre position précédente. Il nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et transportés dans le royaume de Son Fils bien-aimé ; nous avons part au lot des saints dans la lumière ; mais où est le « saints et irréprochables devant lui en amour » ? Où est notre relation avec Dieu, selon les conseils de Celui qui ne voyait que le bien qu’Il se proposait dans Son propre cœur — ou l’adoption pour Lui par Jésus Christ, par Sa prédestination éternelle dès les temps des siècles ?
Dans l’épître aux Éphésiens la délivrance est introduite comme une conséquence de la position dans laquelle se trouvent les héritiers, objets des conseils éternels de Dieu[8]. Ici la délivrance est le sujet principal. Qu’il est dangereux, désastreux, de s’éloigner de la Tête, et de perdre la pleine conscience, dans la lumière, de notre union avec Lui ! Qu’elle est parfaite et précieuse, cette grâce qui s’adapte à notre état, pour nous ramener à Dieu et nous faire jouir, selon Sa puissance et Sa grâce, de la position inestimable qu’Il nous a faite en Christ !
Le moyen que l’Esprit emploie ici pour accomplir cette œuvre de grâce, c’est le développement de la gloire du Seigneur, « du Fils de son amour ».
Ici seulement, à ma connaissance, le royaume est appelé « le royaume du Fils », et ce n’est, je le crois, que parce que ce passage introduit la personne du Fils, comme centre de tout, et nous donne la mesure de la grandeur de notre bénédiction. C’est le royaume de Celui à qui appartient cette place, le royaume du Fils de Son amour, dans lequel nous sommes introduits. C’est bien Son royaume ; et pour que nous saisissions le caractère actuel de ce royaume pour nous, et notre relation intime avec Dieu comme y ayant part, il est appelé le royaume du « Fils de son amour ». Ce titre constitue maintenant le fondement de la relation avec Dieu de ceux qui sont vraiment dans le royaume et y appartiennent, et il caractérise cette relation. Le royaume du Fils de l’homme est la manifestation de ce même royaume plus tard, en gloire et en gouvernement. Ici il est caractérisé par la relation personnelle du Fils Lui-même avec le Père, en ajoutant ce qui nous donne plein droit d’y avoir part, savoir « la rédemption par son sang, la rémission des péchés ».
Maintenant l’apôtre, ayant introduit le Fils dans Sa relation avec le Père, comme l’objet central et puissant qui devait attirer le cœur des Colossiens et les affranchir du joug des ordonnances, développe les diverses parties de la gloire de cette personne du Fils. Si la gloire propre de l’Église manque donc ici, celle de Jésus est d’autant plus en relief à nos yeux. C’est ainsi que Dieu tire le bien du mal et nourrit de toute manière Ses bien-aimés.
Le Seigneur Jésus est « l’image du Dieu invisible ». C’est dans le Fils de Son amour que nous voyons ce que Dieu est (comp. Jean 1, 18, et aussi 1 Jean 1, 2). C’est le premier caractère de la gloire personnelle du Sauveur et le centre essentiel de tout le reste. Or, à la suite de ce caractère propre de Sa personne, le Christ prend de droit une position qui Lui est propre dans la création, comme représentant Dieu. Adam était créé en quelque sorte à l’image de Dieu, et placé comme centre d’une création qui lui était assujettie ; mais il n’était après tout qu’une image du Christ, de Celui qui devait venir. Le Fils, dans Sa personne même, dans Sa nature (et pour nous comme dans le sein du Père), est Celui qui fait connaître Dieu, parce qu’Il Le présente dans Sa propre personne, et dans une pleine révélation de Son être et de Son caractère, devant les hommes et dans tout l’univers, car toute la plénitude de la déité habite en Lui corporellement. Toutefois Il est homme ; c’est sous cette forme qu’Il est vu des anges. Nous, nous L’avons vu des yeux ou par la foi. Ainsi Il est l’image du Dieu invisible. On a vu le parfait caractère et la présentation vivante du Dieu invisible en Lui. Merveilleuse vérité pour nous, eu égard à la personne de notre Sauveur !
Mais alors quelle place donc doit-Il avoir dans la création, quand Il y est entré selon les conseils éternels de Dieu ? Il ne peut y en avoir qu’une seule, savoir celle d’une suprématie sans contestation et sans controverse : Il est « le premier-né de toute la création » ; c’est là pour Lui un nom de relation et non pas de date à l’égard du temps. Il est dit de Salomon : « Je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre ». Ainsi le Créateur, quand Il prend place dans la création, est nécessairement le chef de celle-ci. Il n’a pas encore fait valoir Ses droits, parce que, en grâce, Il voulait accomplir la rédemption : mais nous parlons ici de Ses droits, droits que la foi reconnaît.
Il est donc l’image du Dieu invisible et le premier-né de toute la création, quand Il prend sa place dans celle-ci ; et la raison pour cela mérite qu’on y fasse attention : elle est simple, mais merveilleuse : Il l’a créée ! C’est dans la personne du Fils que Dieu a agi, quand par Sa puissance Il a créé toutes choses, soit dans les cieux, soit sur la terre, visibles, invisibles. Tout ce qui est puissant et élevé n’est que l’œuvre de Sa main ; tout a été créé par Lui (le Fils) et pour Lui. Ainsi quand Il prend ce tout, Il le prend comme Son héritage de droit. Merveilleuse vérité que celle-ci : Celui qui nous a rachetés, qui s’est fait homme, l’un de nous quant à la nature, pour accomplir ce rachat, c’est le Créateur ! Mais telle est la vérité.
En rapport avec cette admirable vérité, c’était une partie des conseils de Dieu, que l’homme domine sur toutes les œuvres de Ses mains ; ainsi Christ homme possède de droit cette domination, et de fait en prendra possession plus tard. Cette partie de la vérité dont nous parlons est traitée dans le chapitre 2 de l’épître aux Hébreux ; nous y reviendrons plus en détail en nous occupant de cette épître ; mais je l’introduis ici seulement, pour que nous comprenions les circonstances dans lesquelles le Fils prend possession de Son héritage. L’Esprit parle de Celui qui est homme, mais de Celui qui est, en même temps, le Créateur de toutes choses, le Fils de Dieu. Toutes choses ont été créées par Lui ; elles ont donc aussi été nécessairement créées pour Lui.
Jusqu’ici donc nous avons trouvé la gloire de la personne de Christ, et Sa gloire dans la création, en rapport avec Sa personne : en Lui on voit l’image du Dieu invisible ; Il a tout créé, tout est pour Lui, et Il est premier-né de tout ce qui est créé.
Un autre genre de gloire, une autre primauté se présente maintenant : Il prend une place spéciale en relation avec l’Assemblée dans la puissance de la résurrection. C’est l’introduction de la puissance divine, non pas dans la création, mais dans le domaine de la mort, pour que d’autres participent à la gloire du Christ, par la rédemption et par la puissance de la vie en Lui. La première gloire était, pour ainsi dire, naturelle — celle-ci spéciale, et acquise (quoiqu’en vertu de la gloire de Sa personne) en traversant la mort et toute la puissance de l’Ennemi dans la mort : aussi se lie-t-elle, ainsi que nous venons de le dire, à la rédemption, et à l’introduction d’autres personnes dans la participation aux mêmes privilèges. Il est le Chef (Tête) du corps qui est l’Assemblée, le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses Il ait la première place. Il est premier-né de la création ; Il est premier-né[9], selon la puissance de Sa résurrection, dans ce nouvel ordre de choses selon lequel l’homme est prédestiné à une position toute nouvelle, acquise par la rédemption, et dans laquelle il participe à la gloire de Dieu (autant que ce qui est créé le peut) et cela, en participant à la vie divine en Jésus Christ, le Fils de Dieu et la vie éternelle — et pour ce qui regarde l’Assemblée, comme membre de Son corps. Le Christ est premier-né de la création, premier-né d’entre les morts, Créateur, et victorieux sur la mort et la puissance de l’Ennemi : ce sont là les deux sphères du déploiement de la gloire de Dieu. La position spéciale de l’Assemblée, corps de Christ, fait partie de la dernière. Christ doit avoir cette gloire de résurrection, la primauté et la supériorité universelles aussi (comme étant homme), car toute la plénitude (la plénitude de la déité, voyez 2, 9) s’est plu à habiter en Lui. Quelle autre place pouvait-Il avoir que la première, en toutes choses ? Mais avant de nous occuper de ce qui suit, quelques remarques importantes restent à faire sur ce que nous avons déjà parcouru.
Le Fils nous est ici présenté comme Créateur ; non pas sans doute en excluant la puissance du Père, ou l’opération de l’Esprit : les trois sont un ; mais c’est le Fils qui nous est présenté ici. Au chapitre 1 de l’évangile de Jean, c’est la Parole, le Verbe, qui crée tout. Ici, et dans l’épître aux Hébreux, chapitre 1, c’est sous le nom de Fils que Celui qui est aussi la Parole nous est révélé. Il est la Parole de Dieu, l’expression de la pensée de Dieu et de Sa puissance ; c’est par Lui que Dieu opère et se révèle. Il est aussi le Fils de Dieu, et en particulier le Fils du Père. Il révèle Dieu, et celui qui L’a vu a vu le Père. En tant que né dans ce monde par l’opération de Dieu, par le Saint Esprit, Il est Fils de Dieu (Ps. 2, 7 ; Luc 1, 35) ; mais ceci est dans le temps, quand la création est déjà la scène de la manifestation des voies et des conseils de Dieu. Mais le nom de Fils est aussi le nom qui exprime la relation propre de Sa glorieuse personne avec le Père, avant que le monde fut. C’est dans ce caractère qu’Il a créé toutes choses. Le Fils doit être glorifié comme le Père. S’Il s’humilie Lui-même, ainsi qu’Il l’a fait pour nous, tout doit être remis entre Ses mains, afin que Sa gloire soit manifestée dans la même nature qu’Il a prise, s’étant abaissé jusqu’à la prendre. Déjà, la puissance de la vie et de Dieu en Lui a été manifestée par la résurrection ; de sorte qu’Il est déterminé Fils de Dieu en puissance par la résurrection. C’est là la preuve de cette puissance.
Ici, dans l’épître aux Colossiens, ce qui nous est présenté, c’est la gloire propre de Sa personne comme Fils avant que le monde fut. Il est Créateur comme Fils : il est important de le remarquer. Ensuite l’Écriture ne sépare pas les personnes dans leur manifestation. Si le Fils a opéré des miracles sur la terre, Il a chassé les démons par l’Esprit, et le Père qui demeurait en Lui (Christ) a fait les œuvres. Il faut aussi se souvenir que ce qui est dit de Christ dans le Nouveau Testament est dit de Lui lorsqu’Il a été manifesté en chair ; de Sa personne complète, de Lui, homme sur la terre ; non pas que nous ne séparions la divinité et l’humanité en pensée ; mais même en les séparant, nous avons à penser à la seule personne, à l’égard de laquelle nous faisons ainsi. Nous disons : Christ est Dieu, Christ est homme, mais c’est Christ qui est l’un et l’autre. Je dis cela ici, non pour faire de la théologie, mais pour attirer l’attention du lecteur sur l’expression remarquable : « En lui, toute la plénitude s’est plu à habiter » (v. 19). Toute la plénitude de la déité se trouvait dans le Christ. Les gnostiques, qui plus tard tourmentèrent tant l’Église, employaient ce mot de « plénitude » dans un sens mystique et particulier, pour donner l’idée de la somme et source (tant soit peu locale cependant, car elle avait un ὅρος des bornes, qui la séparaient de toutes autres choses) de divinité, qui se développait dans quatre paires d’êtres (ou émanations) dont Christ n’était que l’un[10]. Il n’est pas nécessaire d’entrer plus avant dans ces rêveries, à moins que ce ne soit pour faire remarquer qu’avec diverses nuances de vues, ces gnostiques attribuaient la création à un dieu soit inférieur, soit mauvais, qui était aussi l’auteur de l’Ancien Testament ; la matière, disaient-ils, ne procédait pas du Dieu suprême. Ils ne mangeaient pas de viande, ni ne se mariaient ; en même temps ils se livraient à toutes sortes de turpitudes et à la dissolution, et chose étrange, s’associaient avec le judaïsme, pratiquaient le culte des anges, etc.
L’apôtre était souvent en lutte avec ces instruments du diable dont Pierre aussi parle : ici il constate par la Parole de Dieu la toute plénitude de la déité de Jésus Christ. Loin d’être quelque chose d’inférieur, une émanation ; loin de tenir une place dans ces généalogies sans fin, quelque élevée que fût cette place, toute la plénitude elle-même habitait en Lui. Glorieuse vérité à l’égard de la personne du Seigneur notre Sauveur ! Nous pouvons laisser dans l’ombre toutes les folles rêveries des hommes, pour jouir de la parfaite lumière de cette glorieuse plénitude de Dieu dans notre Chef et Seigneur. Toute la plénitude se trouvait en Lui. Nous connaissons bien Dieu le Père, mais révélé par Lui — nous possédons bien l’Esprit, mais la plénitude en était en Lui : et parce que, ayant accompli notre rédemption et notre purification, Il a reçu cet Esprit pour nous. Et Dieu Lui-même dans toute Sa plénitude a été, sans réserve aucune, révélé dans la personne du Christ — et ce Christ est le nôtre, notre Sauveur, notre Seigneur. Il a été manifesté à nous et pour nous. Quelle glorieuse vérité !
C’est pour Sa propre gloire, sans doute, qu’Il doit être connu tel qu’Il est, comme amour ; mais il n’en est pas moins vrai que cette révélation a été faite en rapport avec nous. Ce n’est pas seulement le Fils révélant le Père, quelque doux et précieux que soit ce fait ; c’est la plénitude de la déité comme telle, qui se trouve révélée et mise en évidence en Christ. Le bon plaisir de la plénitude était de demeurer là.
Or Christ n’était pas seulement chef de la création en vertu de la gloire divine de Sa personne, et chef de l’Assemblée comme ressuscité d’entre les morts et vainqueur de la puissance de l’Ennemi. La création, et tous ceux qui devaient former l’Assemblée étaient également éloignés de Dieu, et ces derniers dans leur volonté même : pour être en relation avec Dieu, ils devaient être réconciliés avec Lui. Cette œuvre de réconciliation est la seconde partie de la gloire de Christ. Ce n’était pas seulement le bon plaisir de la plénitude de la déité d’habiter en Lui, mais de tout réconcilier avec elle par Lui, ayant fait la paix par le sang de la croix. Cette réconciliation de toutes choses, tant dans les cieux que sur la terre, n’est pas encore accomplie : la paix est bien faite par le sang, mais la puissance n’est pas encore intervenue pour faire tout rentrer, de fait, en relation effective avec Dieu, selon la valeur de ce sang.
Ainsi en Israël le sang était mis sur le propitiatoire, et l’expiation, la paix, était faite ; mais outre cela, on faisait aspersion du sang sur tout, et les péchés du peuple étaient confessés. Pour ce qui est de la création et d’Israël cela n’est pas encore accompli : tout ce qui est en dehors de la vie spirituelle reste encore loin de Dieu, quoique la paix soit faite. Nous savons que le bon plaisir de Dieu est de réconcilier avec Lui-même toutes choses, dans les cieux et sur la terre, par la vertu de ce sang. Tout rentrera dans l’ordre, sous un nouveau régime. Les coupables, restés dans leurs péchés, seront en dehors de cette scène de bénédiction ; mais les cieux et la terre seront complètement libérés de la puissance du mal, et, durant le millénium, délivrés de toute manifestation extérieure du mal — plus tard, absolument de sa présence même. Le mal sera exclu par la vertu de ce sang, qui a tranché entre le bien et le mal, selon le caractère de Dieu Lui-même, et a glorifié Dieu de telle sorte que la paix est faite. Dieu peut agir librement pour bénir. Mais ici l’œuvre de réconciliation est double, comme aussi la gloire de la personne de Christ, et en relation avec les mêmes objets que cette gloire. Il est dans les conseils de Dieu de réconcilier toutes choses avec Lui-même, dans les cieux et sur la terre, par Christ ; mais Il a déjà réconcilié les chrétiens. Ceux-ci, autrefois, non seulement souillés comme la créature, mais ennemis dans leur entendement, Il les a déjà réconciliés dans le corps de Sa chair, par la mort. L’œuvre parfaite que Christ a accomplie dans Son corps, en effaçant nos péchés, et en glorifiant parfaitement Dieu Son Père, nous a mis en relation avec Dieu dans Sa sainteté, selon l’efficace de cette œuvre ; c’est-à-dire que cette œuvre est efficace pour nous présenter parfaitement réconciliés, saints, sans tache, et sans reproche devant Sa face, ayant conscience de tout cela, ainsi que de l’amour qui l’a opéré et de la faveur dans laquelle nous sommes introduits, de sorte que dans le sentiment de ces choses le cœur est ramené à Dieu : nous sommes réconciliés avec Dieu. Cela suppose qu’on demeure ferme dans la foi jusqu’au bout.
La position des Colossiens donnait lieu à cet avertissement, car ils sont considérés comme marchant sur la terre[11]. Nous avons vu qu’ils s’étaient un peu éloignés ou étaient en danger de s’éloigner en perdant la conscience de leur union avec Christ.
On remarquera aussi que l’apôtre parle de son évangile, comme répandu dans tout le monde. La grâce avait dépassé les étroites limites du judaïsme et de l’attente du Messie, pour répandre le témoignage du parfait amour de Dieu, dans toute la création sous le ciel, ce dont Paul était l’instrument comme apôtre des Gentils[12].
Jusqu’ici donc, l’Esprit de Dieu nous a présenté les deux primautés de Christ : sur la création et sur l’Assemblée ; et les deux réconciliations qui leur correspondent, savoir : 1° la réconciliation des choses au-dessus desquelles Christ est placé, comme Chef de tout dans les cieux et sur la terre ; 2° celle des chrétiens eux-mêmes : celle-ci déjà effectuée ; la première, encore à venir. Or, maintenant le ministère de l’apôtre a le même double caractère. Sans doute il n’a pas à prêcher dans le ciel, mais son ministère s’exerce en tous lieux, sous le ciel, où il y a une âme pour entendre : il est serviteur de cet évangile-là ; puis il est serviteur de l’Assemblée, service ou ministère distinct, qui fait connaître la vraie position de celle-ci et ses privilèges, service lié d’ailleurs avec l’autre, en ce que l’évangile a aussi été porté aux Gentils pour les faire entrer (v. 23 et 25). Par cette seconde partie de son enseignement, l’apôtre complétait la Parole de Dieu — principe important pour ce qui concerne l’autorité exclusive de la Parole écrite, et qui montre que la totalité de cette Parole est déjà devant nous, totalité démontrée par les sujets qu’elle renferme. Tous les sujets que Dieu a voulu traiter dans Sa Parole sont entièrement complétés, à l’exclusion de tout autre sujet qu’on pourrait prétendre y introduire. Le cercle des vérités que Dieu avait à traiter, pour nous révéler la gloire de Christ, et nous donner un enseignement parfait selon Sa sagesse, est complet lorsque la doctrine de l’Assemblée est révélée : il n’y en a pas d’autres à ajouter[13].
Mais cette doctrine de l’Assemblée, en particulier, exposait l’apôtre à des persécutions et à des souffrances, que les Juifs par-dessus tout, et l’Ennemi de toute manière, cherchaient à lui faire subir ; mais il s’en réjouissait comme d’un privilège, parce que Christ avait souffert à cause de Son amour pour l’Assemblée, pour les siens. L’apôtre parle ici, non de l’efficace de la mort du Sauveur, mais de l’amour qui L’a porté à souffrir. À ce point de vue, l’apôtre peut avoir part à ces souffrances, et dans notre petite mesure, nous aussi, mais l’apôtre le pouvait d’une manière particulière, comme témoin spécial de cette vérité. Si Christ avait voulu accepter la position du Messie selon l’homme, Il aurait été bien reçu ; si Paul avait prêché la circoncision, le scandale de la croix aurait cessé : si la religion de Dieu avait reconnu l’homme, dans la chair, l’homme aurait pu avoir sa part à lui dans la religion de Dieu. Mais si Dieu est révélé, si Sa grâce s’étend aux Gentils, et si, sans tenir plus compte du Juif que du Gentil, Dieu forme, par cette grâce, une Assemblée, corps de Christ, qui partage la gloire céleste de Son Fils — voilà ce que la chair ne saurait supporter. Être ainsi exclue comme ne valant rien devant Dieu, même dans sa religion, quelle que soit la peine qu’elle se donne, est insupportable à la chair. Dans ce fait se trouve la source de l’inimitié de l’esprit judaïque qui est fondé sur la chair, sur l’homme, et qui reparaît constamment dans l’histoire de l’apôtre, soit comme excitant la haine des païens, soit comme corrompant la doctrine de Christ et la simplicité de l’évangile. La religion de la chair se glorifie de ses privilèges particuliers (voir Phil. 3).
Ainsi nous avons trouvé un double ministère, comme une double primauté de Christ, et une double réconciliation, dans chacun desquels se retrouvent les deux mêmes sujets, qui correspondent mutuellement l’un à l’autre : Christ Chef de toutes choses dans les cieux et sur la terre, Chef de l’Assemblée ; toutes choses dans les cieux et sur la terre doivent être réconciliées : les chrétiens sont réconciliés ; Paul exerce son ministère dans toute la création sous le ciel ; il est serviteur de l’Assemblée. Naturellement le ministère de Paul se bornait à la terre ; sous tous les rapports, l’étendue et la portée de la gloire de Christ et du ministère dépassaient les limites du judaïsme et contrastaient avec ce système tout entier.
L’apôtre insiste ensuite sur la seconde partie de son ministère dont il vient de parler, en s’arrêtant cependant plus particulièrement sur ce qui répondait aux besoins des Colossiens, et en le développant, pour affermir les cœurs de ceux-ci dans la jouissance de l’ensemble de ces précieuses vérités. Il complétait la Parole de Dieu en annonçant ce mystère, qui avait été caché dès tous les siècles et dès toutes les générations, mais était maintenant manifesté aux saints. Aucun déploiement des voies de Dieu depuis la création, eu égard aux vérités sur lesquelles il était fondé, dans la révélation de Dieu — de Sa puissance ou de Ses pensées (qui en formaient la base et lui donnaient son caractère), n’avait renfermé le mystère contenu dans la doctrine de l’Assemblée : il n’avait été communiqué à aucun de ceux qui faisaient partie des systèmes qui l’avaient précédé, ou qui éclairaient les autres comme instruments de la révélation de la lumière de Dieu. Les anges, les hommes, Israël, les prophètes l’ignoraient tous également. L’Assemblée, ce corps uni au Fils de Dieu fait homme et glorifié, et l’appel des Gentils à cette unité leur restaient cachés à tous.
Maintenant que Christ, Chef de l’Assemblée, Tête du corps, était glorifié, le mystère de ce corps était mis en évidence. L’apôtre insiste ici sur un côté particulier de ce sujet, qui, après la personne de Christ, forme le centre de toutes les voies de Dieu : ce côté, c’est Christ en nous (surtout en tant que Gentils), l’espérance de la gloire. Et en ceci encore nous voyons que les croyants sont considérés comme étant sur la terre, bien que dans la puissance de la résurrection. L’aspect du mystère est ici Christ en nous ici-bas, non pas l’union avec Lui dans la gloire, quoiqu’on ne puisse séparer les deux choses. De fait, ce mystère était de toute manière une pensée nouvelle, une vérité nouvelle. On avait bien la connaissance d’un Messie qui devait être manifesté parmi les Juifs, l’accomplissement de la gloire au milieu d’eux, les Gentils tout au plus ayant part à la bénédiction comme subordonnés au peuple de Dieu. Mais selon la doctrine de l’Assemblée, Christ d’une manière invisible demeurait au milieu des Gentils[14], et même en eux : et quant à la gloire, il n’était que l’espérance de celle-ci. Un Christ demeurant dans le cœur des hommes, d’hommes autrefois rejetés et étrangers aux promesses, et remplissant ce cœur de joie et de gloire, dans la conscience de leur union avec Lui, voilà le mystère merveilleux préparé de Dieu pour la bénédiction des Gentils. C’était ce Christ, un tel Christ, que Paul prêchait, exhortant tout homme, et enseignant chacun, selon le plein développement de la sagesse de Dieu. Cette sagesse opérait avec puissance par l’Esprit dans l’apôtre, pour présenter tout homme dans un état spirituel qui répondît à cette révélation du Christ, comme en étant aussi le fruit. Ce n’est pas que chacun voulût le recevoir, mais il n’y avait plus de limite à la sphère du témoignage ; toute distinction était effacée également par le péché et par la grâce : il n’y avait qu’une chose à faire et à chercher, savoir que tout homme, par la puissance de la Parole et de l’Esprit, reflétât Christ et crût jusqu’à la stature de Sa plénitude, révélée dans la doctrine confiée à l’apôtre. Paul travaillait à atteindre ce but, selon le travail de Christ en lui ; car Christ n’était pas seulement l’objet, mais la puissance qui agissait pour former les âmes d’après Son image.
Chapitre 2. — Or, cette puissance opérait dans la faiblesse de l’apôtre, dans un cœur humain qui sentait comme un homme, quoique selon Dieu, les nécessités des hommes et les difficultés qui se présentaient sur le chemin ; et cette puissance était le fruit de l’amour de Dieu. Il voulait que les Colossiens comprennent bien quel combat il avait pour eux et tous ceux qui ne l’avaient jamais vu, afin qu’ils soient encouragés et bien unis en amour ; en sorte que, dans toute la richesse d’une pleine assurance, ils comprennent le mystère de Dieu.
L’apôtre sentait bien que c’était là ce qu’il leur fallait, ce qui serait un moyen de bénédiction pour eux. Il savait que l’union avec Christ, connue dans le cœur, était ce qui garantissait des ruses de l’Ennemi, auxquelles les Colossiens étaient exposés ; il savait quel était le prix indicible de cette union, et même de sa réalisation par la foi. Il travaillait, combattait dans ses prières, car c’est bien un combat, pour que la pleine conscience de cette union avec le glorieux Chef soit opérée dans leurs cœurs, de sorte que le Christ qui est en haut soit en eux par la foi. Dans le mystère étaient renfermés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. Les fidèles de Colosses n’avaient pas à les chercher ailleurs ; la science faussement ainsi nommée pouvait prétendre leur fournir des hauteurs, auxquelles la simplicité de la doctrine de Christ n’atteignait pas ; mais de fait, la sagesse de Dieu, et la profondeur de Ses conseils, laissaient ces nuageux efforts de l’esprit humain à une distance infinie ; aussi étaient-elles vérité, réalité, au lieu de n’être que les créations de l’imagination inspirées par l’Ennemi.
C’est pourquoi l’apôtre avait mis en avant ces révélations merveilleuses de Dieu quant à la double gloire de Christ et quant à Sa personne. Il en parlait afin que personne ne séduise les Colossiens par des paroles persuasives ; il se prévalait de l’ordre qui se trouvait parmi eux, de leur foi, pour les mettre en garde contre les dangers auxquels les auraient exposés des pensées qui pouvaient se glisser subrepticement, inaperçues, dans leurs esprits, tandis que tout allait bien, et que la conscience de la foi demeurait encore sans être atteinte. C’est ce qui arrive souvent : on a la foi en Christ, on marche bien, on ne s’aperçoit pas que certaines idées renversent cette foi ; on admet ces idées, en maintenant toujours la profession de la foi à côté d’elles ; mais la force de la vérité, la conscience de l’union avec Christ et la simplicité qui est en Lui sont perdues. L’Ennemi a, dans cette mesure, atteint son but. Ce qu’on a reçu n’est pas le développement de Christ, mais quelque chose en dehors de Lui.
C’est pourquoi l’apôtre dit : « Comme… vous avez reçu le christ Jésus, le Seigneur, marchez en lui, enracinés et édifiés en lui, et affermis dans la foi, selon que vous avez été enseignés » (v. 6 et 7). Quand on a reçu Christ, tout le reste n’est qu’un développement de ce qu’Il est, et de la gloire que les conseils de Dieu ont attachée à Sa personne. Les connaissances, ou prétendues connaissances en dehors de cela, ne font que nous détourner de Lui, ne font que soustraire nos cœurs à l’influence de Sa gloire, nous jettent dans le faux, et placent nos âmes en rapport avec la création sans Dieu, et sans posséder la clef de Ses desseins. Ainsi, puisque l’homme est incapable de sonder ce qui existe et de s’en rendre compte, ses efforts pour le faire le poussent à inventer une masse d’idées sans fondement, et à essayer de remplir le vide qui se trouve dans ses connaissances à cause de son ignorance de Dieu, par des spéculations dans lesquelles, parce qu’il est loin de Dieu, Satan, sans qu’il s’en doute, joue le plus grand rôle.
L’homme, enfant d’Adam, n’est pas le centre du système immense des voies de Dieu. Hors de Christ, et sans Christ, il ne connaît pas ce centre ; il spécule sans fondement et sans fin, pour s’égarer toujours davantage. Sa connaissance du bien et du mal, l’énergie de ses facultés morales, ne font que l’égarer davantage, parce qu’il s’occupe de questions plus élevées que celles qui ont purement trait à l’ordre physique : et elles produisent en lui le besoin de concilier des principes en apparence incompatibles qui ne se concilient pas sans Christ. Au reste, la tendance de l’homme est toujours de faire de lui-même, tel qu’il est, le centre de tout : dès ce moment tout est déjà faux.
Les chrétiens doivent donc marcher avec simplicité dans les voies du Seigneur, tel qu’ils L’ont reçu, et leurs progrès doivent s’accomplir dans la connaissance de Christ, vrai centre et plénitude de toutes choses (v. 6).
Lorsque l’homme s’occupe philosophiquement de tout, l’insuffisance de ses propres ressources le jette toujours dans les mains d’un meneur intellectuel et dans les traditions ; et lorsqu’il s’agit de religion, dans des traditions qui développent la religion de la chair, et s’adaptent aux forces et aux tendances de celles-ci.
Au temps où l’apôtre écrivait, le judaïsme avait les prétentions les plus élevées dans ce genre de religion. Il s’alliait avec des spéculations humaines et les adoptait ; il les poursuivait même assidûment, offrant en même temps des preuves de son origine divine, que rendaient croyables l’absence des grossièretés de la mythologie païenne et les besoins qui satisfont la conscience de l’homme en l’existence d’un être divin. Cette pureté relative tendait à ôter, pour les esprits éclairés, ce qu’il y avait de dégoûtant dans le système païen. Le judaïsme avait, par la mort de Jésus, perdu tout droit à la prétention d’être le vrai culte de Dieu, et ainsi était propre, par les avantages qu’il offrait en vertu de la pureté comparative de ses dogmes, à servir d’instrument à Satan, pour s’opposer à la vérité. En tout temps, il avait été adapté à la chair et avait été fondé sur les éléments de ce monde, parce que, lorsqu’il était reconnu de Dieu, Dieu éprouvait l’homme par son moyen, dans la position où il se trouvait. Maintenant Dieu n’était plus avec le judaïsme ; les Juifs, mus par l’envie, poussaient les Gentils à la persécution, et le judaïsme s’alliait aux spéculations païennes pour corrompre et miner le christianisme, et pour détruire son témoignage.
En principe, il en est toujours ainsi. La chair peut paraître, pour un temps, mépriser les traditions, mais ce qui est purement intellectuel ne se maintiendra jamais au milieu de l’humanité, sans quelque chose de religieux. La chair n’a pas la vérité, ni le monde ce qui appartient à la foi ; et pour l’immense majorité, il faut la superstition et les traditions, c’est-à-dire une religion que la chair puisse saisir, et qui lui convienne. Dieu peut conserver encore, par Sa puissance, une partie de la vérité, ou laisser tout se corrompre ; mais dans l’un ou l’autre cas, la vraie position chrétienne et la doctrine de l’Assemblée sont perdues[15].
On peut bien trouver la philosophie séparée de la religion de la chair, et celle-ci séparée de la philosophie ; mais dans ce cas la philosophie est impuissante et athée ; la religion de la chair, étroite, légale, superstitieuse et, si elle le peut, persécutrice.
Dans notre chapitre nous trouvons la philosophie et le vide de la sagesse humaine, réunis avec la tradition des hommes, caractérisés comme « les éléments du monde », en opposition avec « le Christ » : car, en effet, nous avons un Christ céleste, qui forme un parfait contraste avec la chair dans l’homme vivant sur la terre ; un Christ en qui se trouvent toute sagesse et toute plénitude, et la réalité de tout ce que la loi prétendait nous donner, ou qu’elle présentait en figure : et en même temps une réponse à tous nos besoins. C’est ce que l’apôtre développe ici, en montrant la mort et la résurrection avec le Christ comme le moyen d’y avoir part.
Et premièrement, « en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (v. 9). En lieu et place des spéculations nuageuses des hommes et des éons fantastiques, nous avons la plénitude de Dieu, corporellement, dans un vrai corps humain, et ainsi efficacement pour nous, dans la personne de Jésus Christ. En second lieu, nous sommes « accomplis en lui » : nous n’avons besoin de rien qui soit hors de Christ[16]. D’un côté nous avons, en Lui, Dieu parfaitement présenté dans toute Sa plénitude ; de l’autre nous possédons en Lui la perfection et l’avons complètement devant Dieu : rien ne nous manque quant à notre position devant Dieu. Quelle vérité ! Quelle position ! Dieu, dans Sa parfaite plénitude, en Christ homme ; nous en Lui devant Dieu dans la perfection de ce qu’Il est ; en Lui, Chef de toutes les principautés et autorités, devant lesquelles l’homme, dans son ignorance, serait disposé à fléchir le genou ! Nous en Lui, en qui, quant à Sa personne, la plénitude de la déité habite ; en Lui qui, quant à Sa position et à Ses droits comme homme élevé en haut, est au-dessus de toute autorité et de toute principauté !
Ensuite l’apôtre entre dans des détails d’application, pour démontrer que les fidèles ont tout en Christ, envisagé selon la position qu’Il avait prise, sans avoir rien à chercher ici-bas.
La circoncision, signe divin de l’alliance de Dieu avec les Juifs et du dépouillement de la chair, exigée pour faire partie du peuple de Dieu, avait sa réalité en Lui. Les chrétiens, rendus participants de l’efficace de Sa mort, par la puissance de la vie qui est en Lui, et qui est la leur, se tiennent pour morts, et ont dépouillé le corps du péché par la foi. C’est la vraie circoncision de Christ, faite sans main. La circoncision faite de main n’était que le signe de ce dépouillement du corps de la chair, qui est le privilège du chrétien en Christ. Ayant une nouvelle vie en Christ, il a dépouillé efficacement le vieil homme.
Nous sommes ensevelis avec Christ par le baptême (car c’est la signification de cette cérémonie), dans lequel aussi nous sommes ressuscités avec Lui, par la foi dans cette opération de la puissance de Dieu, par laquelle Il a été ressuscité d’entre les morts. Le baptême était le signe et l’expression de cela[17] ; la foi dans l’opération de Dieu qui L’a ressuscité, le moyen par lequel s’effectue en nous cette merveilleuse résurrection avec Christ pour entrer dans un nouvel état et une nouvelle scène — cette heureuse mort, ou plutôt cette précieuse participation à la mort de Celui qui a tout accompli pour nous. Et quand je dis « la foi », c’est la puissance de l’Esprit de Dieu opérant en nous. Mais c’est la puissance de Dieu Lui-même, telle qu’elle a agi en Christ, qui opère en nous, pour nous donner la nouvelle position dans la vie. Considérée en rapport avec notre résurrection avec Christ, cette vie implique, par le fait même que nous la recevons, que nous sommes pardonnés parfaitement et pour toujours. Nous étions sous le poids de nos péchés, et morts dans nos péchés : Christ s’est placé sous ce poids, et Il est mort pour nous, accomplissant l’œuvre qui a ôté nos péchés par le fait qu’Il est descendu dans la mort. Ressuscités avec Lui, en tant que participants de la vie dont Il jouit comme ressuscité d’entre les morts, nous avons, comme Lui et avec Lui, laissé tout ce poids de péchés et de condamnation derrière nous, avec la mort dont nous avons été délivrés. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Nous ayant pardonné toutes nos fautes ».
Christ, en ressuscitant, a laissé derrière Lui la mort et le poids de la condamnation sous laquelle nous étions ; nous aussi, nous avons été ressuscités avec Lui. Il est de toute évidence que Dieu, en nous ressuscitant ainsi de l’état où nous étions, ne nous a pas ressuscités pour nous condamner, ou nous laisser sous une condamnation attachée à cette nouvelle vie qui est Christ même. Car Il avait déjà porté la condamnation, satisfait à la justice de Dieu et aboli le péché dans Sa mort, avant de nous communiquer la vie. Il nous fait sortir de la mort et de la condamnation, avec Christ qui l’a portée pour nous. Mais ceci se lie à un autre aspect de cette œuvre de grâce dont il est parlé ici, comme aussi dans les Éphésiens et même en Jean 5 et 2 Corinthiens 5. Celui qui est vivant dans les péchés est, devant Dieu, mort dans les péchés. Si je le considère comme vivant dans les péchés, il faut que la mort intervienne, et elle est intervenue à la croix (voir Rom. 6). Ce côté n’est pas mis en avant dans les Éphésiens ; la mort seule l’est dans les Romains ; dans les Colossiens, la mort et la résurrection en Christ, dont nous avons parlé. Il n’en est nullement question dans les Éphésiens ; nous y sommes envisagés comme morts dans nos péchés, morts devant Dieu, et tout ce qu’il y a de bon c’est une nouvelle création selon les conseils de Dieu. Nous sommes vivifiés ensemble avec Christ lorsque nous étions morts dans nos péchés. Ceci est aussi présenté dans les Colossiens, mais n’est pas mentionné comme étant une nouvelle création. Toutefois, dans les deux épîtres, il y a une nouvelle vie donnée lorsque nous étions morts ; seulement les Éphésiens commencent par cette vie en Christ ressuscité et exalté, et par la même puissance en nous. Dans les Colossiens elle est présentée comme complément à l’enseignement sur l’administration de cette doctrine de notre mort dans le baptême et de notre résurrection par la foi dans l’opération de Dieu en Christ. Dans les Éphésiens, la grâce nous trouve morts et nous vivifie avec Christ. Dans les Colossiens, elle nous trouve vivants dans nos péchés, introduit la mort et la résurrection, et complète cette œuvre en nous vivifiant avec Christ.
De même toutes les ordonnances, qui appartenaient aux éléments de ce monde et s’appliquaient à l’homme dans la chair, et pesaient comme un joug insupportable sur les Juifs (ordonnances auxquelles ils voulaient assujettir les autres), ces ordonnances — qui plaçaient la conscience sous le poids continuel d’un service non accompli par l’homme, d’une justice non satisfaite en Dieu — étaient effacées. Le Juif, dans ces ordonnances, avait, pour ainsi dire, apposé sa signature à sa culpabilité ; mais l’obligation a été détruite et clouée à la croix du Christ. La liberté nous est donnée, comme la vie et le pardon.
Ce n’est pas tout. Nous avions contre nous la force des principautés et des autorités — la puissance spirituelle de méchanceté : Christ les a vaincues et dépouillées sur la croix, ayant triomphé sur elles. Il a mis de côté tout ce qui était contre nous, afin de nous introduire parfaitement délivrés de tout, dans notre nouvelle position. Ici on remarquera que l’apôtre, dans ce qu’il dit de l’œuvre de Christ, ne va pas au-delà de ce que Christ a fait pour nous délivrer, et dans le but de nous placer dans les lieux célestes. Il parle au verset 10 des droits de Christ, mais non comme assis dans les lieux célestes ; ni comme ayant mené captifs les ennemis ; il ne nous voit pas assis en Lui dans les lieux célestes. Christ a fait tout ce qui était nécessaire pour nous y introduire, mais les Colossiens sont envisagés comme étant sur la terre, bien que ressuscités, et comme, pour le moins, en danger de perdre le sentiment de leur position en vertu de leur union avec Christ, et de retomber sous les éléments du monde et de la chair, de l’homme vivant dans la chair, qui n’est ni mort ni ressuscité avec Christ. L’apôtre cherche à les ramener en leur montrant comment Christ avait accompli tout ce qui était exigé, et avait ôté du chemin tout ce qui les empêchait d’arriver : mais il ne peut leur parler de la position elle-même ; les Colossiens n’y étaient pas d’une manière consciente. Dans les choses de Dieu on ne comprend pas une position sans y être. Dieu peut la révéler et nous en montrer le chemin. L’apôtre le fait ici pour ce qui est de la personne de Christ : cela seul pouvait y rappeler les Colossiens. En même temps il développe l’efficace de son œuvre pour affranchir les saints des liens qui les retenaient, et leur montrer que tout obstacle était ôté. Mais, en détail, il est obligé d’appliquer sa doctrine aux dangers dans lesquels les Colossiens se trouvaient, plutôt que d’en développer les glorieux effets dans le ciel.
Les ordonnances juives n’étaient que des ombres ; Christ était le corps (v. 17). En introduisant les anges comme objets d’hommage, et en les plaçant ainsi entre Christ et eux, on séparait les membres du corps de la Tête qui était au-dessus de toute principauté. La simplicité de la foi chrétienne retenait ferme la Tête, de laquelle tout le corps tirait directement sa nourriture, et ainsi croissait de l’accroissement de Dieu. Il pouvait sembler que c’était de l’humilité que de se placer ainsi en rapport avec les anges, comme avec des êtres supérieurs et élevés, et qui pouvaient servir de médiateurs ; mais il y avait deux vices d’une immense portée dans cette apparente humilité. 1° C’était un véritable orgueil que la prétention de pénétrer dans les secrets du ciel, dont on ne sait rien. Que savaient-ils d’une position des anges, qui rendrait ceux-ci les objets d’un pareil hommage ? C’était la prétention de monter au ciel pour mesurer, par eux-mêmes, leur relation avec les créatures de Dieu sans Christ et se placer même à son propre gré en relation avec elles. 2° C’était renier leur union avec Christ. S’ils étaient un avec Lui, il ne pouvait rien y avoir entre eux et Lui ; s’il y avait quelque chose entre eux et Lui, ils étaient morts et deux fois morts. De plus, par leur union avec Christ, ils étaient un avec Lui, qui est au-dessus des anges. Unis à Lui, ils recevaient, ainsi que nous avons vu, la communication par le moyen de tous les membres du corps, des trésors de grâce et de vie qui étaient dans la Tête. Les liens mutuels entre les membres du corps même étaient partant fortifiés, et ainsi le corps prenait son accroissement.
Deux applications de la doctrine qu’ils étaient morts avec Christ et ressuscités avec Lui suivent (chap. 2, 20). L’apôtre applique le principe de la mort à toutes les ordonnances, et à l’ascétisme qui traitait le corps comme une chose vile en elle-même, et qu’on devait rejeter. Au chapitre 3, verset 3, il emploie la résurrection pour élever les cœurs des Colossiens dans une sphère plus élevée et les ramener à Christ, en les poussant à regarder en haut, eux-mêmes étant morts quant au vieil homme[18].
Pour rendre ces instructions plus claires, en montrant leur suite, nous pouvons remarquer que l’apôtre signale le double danger, savoir la philosophie et les traditions humaines, en contraste avec Christ (chap. 2, 3 ; voir versets 9 à 15). Tout en nous identifiant avec Christ, il parle de la portée de l’œuvre de Christ Lui-même plutôt que de cette identification. Dans les versets 16 à 19, il applique cette œuvre : 1° au verset 16, à l’assujettissement aux ordonnances, c’est-à-dire, au côté juif de leur danger ; 2° au verset 18, à la philosophie gnostique[19], la science « faussement ainsi nommée », qui se liait au judaïsme (ou à laquelle le judaïsme s’alliait) au sein duquel elle se reproduisait sous une nouvelle forme. Depuis le verset 20, l’apôtre applique notre mort et notre résurrection avec Christ, aux principes dont nous venons de parler, ou à la délivrance des Colossiens, en élevant leurs pensées en haut.
Mais les Colossiens ne sont pas les seuls qui aient à courir ce danger. Au fond ces mêmes principes ont été la ruine de l’Église en tout temps, ce sont ceux du mystère d’iniquité[20] qui a tant mûri dès lors et a produit des effets si variés, avec des modifications si diverses par suite d’autres principes qui y ont aussi agi, et sous la providence souveraine de Dieu. Dans les versets qui suivent, nous verrons le principe profond, simple et décisif, qui se trouve engagé dans le raisonnement de l’apôtre sur la question qui nous occupe.
Les versets déjà cités, jusqu’au vingtième, avaient jugé tout ce système judéo-philosophique, au point de vue de l’œuvre de Christ et de Sa résurrection, ainsi que de l’union des croyants avec Lui, dans Sa position céleste.
Ce qui suit juge ce même système d’après notre position actuelle. Les versets qui précèdent le verset 20 avaient démontré que le système était faux, parce que Christ et Son œuvre étaient tels qu’ils sont dépeints dans ces versets ; ce que nous allons étudier montre que ce système est absurde et ne peut s’appliquer à nous d’aucune manière, à cause de notre position. D’un côté ce système est faux et nul dans toutes ses parties, si Christ est vrai et s’Il est dans le ciel ; d’un autre, le système est absurde dans son application à nous, si nous sommes chrétiens ; et voici pourquoi : ce système suppose la vie dans ce monde et des relations avec Dieu à acquérir, relations qui auraient leur fondement dans cette vie, tout en prétendant mortifier la chair ; et néanmoins il s’adresse à des personnes qui, pour la foi, sont des morts. Nous sommes, dit l’apôtre, morts aux éléments de ce monde, à tous les principes selon lesquels la vie de ce monde se dirige ; pourquoi donc, comme si nous y vivions encore, comme si nous étions encore en vie dans ce monde, nous assujettissons-nous à des ordonnances qui s’adressent à cette vie et la supposent, à des ordonnances qui s’occupent des choses qui périssent tandis que nous nous en servons, et n’ont aucun rapport avec ce qui est céleste et éternel ? Elles ont, il est vrai, une apparence d’humilité et d’abnégation, pour ce qui regarde le corps, mais elles n’ont aucun lien avec le ciel, sphère de la nouvelle vie, de tous ses motifs, et de tout son développement ; de plus, elles ne reconnaissent pas l’honneur de la créature comme sortie de la main de Dieu, et qui, comme telle, a toujours sa place et son honneur à elle. Elles placent l’homme dans la chair et sous la chair, tout en prétendant le délivrer de la chair, et elles séparent le chrétien de Christ en plaçant les anges entre l’âme, sa position et sa bénédiction célestes, tandis que nous sommes unis à Christ, qui est au-dessus de toutes ces puissances et nous sommes en Lui. Ces ordonnances s’occupaient des choses purement corruptibles ; elles ne se rattachaient pas à la nouvelle vie, mais à l’homme vivant de sa vie charnelle sur la terre, vie à laquelle le chrétien est mort moralement ; et pour ce qui regardait cette vie, elles ne reconnaissaient pas le corps comme créature de Dieu, comme cela doit se faire.
Ainsi ce système d’ordonnances ne possédait pas Christ, qui en était la substance. Il se rattachait à l’orgueil qui prétendait pénétrer dans le ciel, pour se mettre en relation avec des êtres qu’on ne connaît pas de manière à pouvoir entrer en relation avec eux — orgueil qui, en faisant ainsi, se séparait de la Tête du corps, de Christ, et reniait ainsi toute relation avec la source de la vie, et la seule vraie position de l’âme devant Dieu. Ce système faussait également la position du chrétien sur la terre, en le traitant comme vivant de la vie du vieil homme, tandis que le chrétien est mort ; et il déshonorait la créature comme telle, au lieu de la reconnaître, en tant que sortant de la main de Dieu.
Ce qui était un danger pour les chrétiens du temps de l’apôtre caractérise la chrétienté du temps où nous vivons.
Ainsi la position du chrétien est constatée ici, mais en appliquant la vérité de cette position plutôt à écarter les dangers qu’à développer les privilèges célestes du chrétien. Mais ainsi la grâce nous a pourvus de tout ce dont nos âmes ont besoin. Elle s’étend sur nos privilèges, en se servant de la foi des uns ; elle nous fournit des avertissements et des instructions inappréciables, en mettant à profit les fautes des autres.
Chapitre 3. — Maintenant commencent les exhortations directes, fondées sur la vérité qui a été développée, et adaptées à l’état dans lequel sont envisagés les Colossiens, c’est-à-dire comme ressuscités avec Christ, mais non comme assis dans les lieux célestes.
Ressuscités avec Christ, ils devaient penser aux choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu, et non pas à celles qui sont sur la terre. Les choses célestes et les choses terrestres ne peuvent aller ensemble. Regarder en haut et en bas, avoir nos motifs dans le ciel et sur la terre en même temps est impossible ; être tenté par les choses terrestres, avoir à les combattre, oui bien ; mais ce n’est pas là les avoir pour objets. La raison toutefois de cette abnégation des choses d’ici-bas se trouve dans notre position : nous sommes morts, et notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. L’apôtre ne dit pas qu’il nous faille mourir : l’homme ne le peut pas par la volonté de l’homme ; il ne peut renier la volonté par la volonté ; de plus, la volonté de la chair ne le fera jamais ; quand elle agit, elle n’abdique pas. Nous sommes morts : telle est la précieuse et consolante vérité, à l’égard du chrétien, en vertu de ce que Christ est mort pour lui. Il a reçu la vie de Christ, et tout ce que Christ a fait pour lui dans cette vie lui appartient. Ainsi il est mort, car Christ est mort pour lui ; la vie, à laquelle la force de la tentation, la culpabilité, les attaques du péché se rattachaient, n’existe plus pour la foi. Par la mort, tout ce qui se rattachait à cette vie a pris fin. Or, ce qui se rattachait à la vie du vieil homme, c’était le péché, la condamnation, la faiblesse, la crainte, l’impuissance contre les attaques de l’Ennemi : tout cela est passé ! Nous avons une vie, mais c’est en Christ ; cette vie est cachée avec Lui en Dieu. Nous ne sommes pas encore manifestés dans Sa gloire, tels que nous serons manifestés devant les yeux de tous dans les cieux et sur la terre ; notre vie est cachée, mais en sûreté, dans son éternelle source. Elle a le sort de Christ en qui nous la possédons. Il est caché en Dieu, ainsi aussi est notre vie : quand Christ apparaîtra, nous apparaîtrons aussi avec Lui.
On remarquera que l’apôtre ne parle pas ici de notre union avec Christ, mais de notre vie, du fait que nous sommes morts et que notre vie est cachée avec Lui en Dieu. Il ne parle pas de l’Assemblée pour ce qui est de notre position, il parle sans doute de Christ comme en étant le Chef, par rapport à Sa gloire personnelle, mais non par rapport à nous. Il parle de nous individuellement. Chacun a sa vie en Lui, en Christ sans doute, mais chacun l’a comme sienne : ce n’est pas l’union avec d’autres chrétiens qui occupe l’apôtre. Nous avons cette vie en Christ, mais cela ne constitue pas notre union en un seul corps avec Lui. Ce qui nous est présenté, c’est le caractère individuel du chrétien, pour lequel Christ, Chef dans le ciel, est tout.
Ce qui est aussi très important à remarquer, en rapport avec cette vérité, c’est que, dans l’épître qui nous occupe, il n’est nulle part question du Saint Esprit. L’apôtre parle aux Colossiens d’une manière pratique de leur amour dans l’Esprit, mais dans l’enseignement de l’épître, il ne nomme pas l’Esprit. Quand il dit même qu’il n’y a ni Juif, ni Grec, etc., c’est dans le nouvel homme, non parce que nous sommes un en Christ. L’individu devait tenir ferme la Tête : il n’était plus vivant dans ce monde, mais mort, et sa vie cachée avec Christ en Dieu ; mais cette vérité était pour lui une vérité personnelle, ce qu’il devait connaître et tenir ferme pour lui-même, comme vérité nécessaire, pour être garanti des ruses de l’Ennemi. En un mot, la vie en Christ est la grande vérité qui nous est présentée : ailleurs bien des choses dont l’apôtre parle ici seront mentionnées comme fruits de l’Esprit, par lequel la communion et l’union sont maintenues ; mais ici elles se rapportent simplement à la nature de la vie, dans laquelle ces fruits trouvent leur source. Il est tout naturel, par conséquent, que la portée et le rassemblement en un de toutes les relations spirituelles en Christ, qui fait partie de l’instruction divine quand le Saint Esprit est introduit, nous manquent ici.
Dans l’épître aux Éphésiens, l’opération du Saint Esprit se retrouve partout, et caractérise l’ensemble de ce qui est développé en communion avec la Tête, Christ, avec lequel nous sommes unis en un corps par l’Esprit : ainsi nous sommes individuellement scellés de l’Esprit de la promesse, arrhes de notre héritage ; nous avons tous accès auprès du Père par un seul Esprit ; nous sommes aussi édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ; l’union des Gentils et des Juifs en un seul corps est révélée maintenant par l’Esprit ; les saints sont fortifiés par l’Esprit dans l’homme intérieur ; il y a un seul corps et un seul Esprit ; on ne doit pas contrister l’Esprit ; on doit en être rempli ; la Parole même est l’épée de l’Esprit. L’union du corps avec Christ, notre résurrection avec Lui, le fait que nous sommes assis avec Lui en haut, en un mot, tout ce qui découle de cette union est pleinement développé ; mais en même temps, le Saint Esprit qui nous unit à Lui et tous ensemble en un seul corps — le Saint Esprit qui ici-bas caractérise la présence de Dieu dans l’Assemblée — le Saint Esprit qui agit en nous nous assure notre avenir et devient notre force pour le temps présent ; le Saint Esprit, dis-je, se retrouve partout dans l’épître, pour compléter la vérité et lui donner sa force actuelle pour nous ici-bas.
Plusieurs des exhortations de l’épître aux Éphésiens sont à peu près les mêmes que celles adressées aux Colossiens ; mais dans l’épître aux Éphésiens, elles se rattachent à l’Esprit, dans les Colossiens, à l’action de la Parole et de la grâce dans le cœur. Cela donne une immense portée, et beaucoup d’ensemble à la doctrine de l’épître aux Éphésiens pour ce qui regarde notre position ici-bas, parce que l’apôtre introduit Dieu Lui-même, et Dieu demeurant par l’Esprit en nous, et nous remplissant comme individus ou dans l’unité du corps. Il y est aussi donné à connaître l’étendue tout entière des conseils de Dieu.
Mais la possession de la vie est, d’autre part, aussi importante que la présence du Saint Esprit et le fait qu’Il habite dans le chrétien. Elle fait que la bénédiction reçue c’est nous-mêmes ; ce n’est pas simplement une opération en nous, et, comme nous l’avons vu, le caractère de la vie divine est beaucoup plus pleinement développé dans les Colossiens, tandis que les Éphésiens font voir davantage le contraste avec l’état précédent.
Dans l’épître aux Romains, nous trouvons, au chapitre 8, l’action et la présence du Saint Esprit présentées d’une manière très remarquable quant à l’individu. L’Esprit nous caractérise vitalement dans le principe de notre résurrection ; Il est le témoin en nous que nous sommes enfants, nous remplissant de joie et de l’espérance de la gloire comme héritiers ; Il est l’appui de notre faiblesse et la source de nos prières et de nos soupirs. Dans l’épître aux Romains, l’Esprit est en rapport avec notre relation personnelle avec Dieu. Dans celle aux Éphésiens, Il est présenté comme la présence de Dieu en nous, en rapport avec notre union avec Christ en un seul corps.
Il y a encore une chose à remarquer ici, qui jette de la lumière sur l’intention de l’Esprit dans ces épîtres. Le point de départ dans celle qui s’adresse aux Éphésiens, ce sont les conseils de Dieu : l’homme y est envisagé tel qu’il est, sans un mouvement de vie à l’égard de Dieu ; il est mort dans les fautes et dans les péchés, et, de sa nature, enfant de colère : Dieu est riche en miséricorde, Il le ressuscite avec Christ qui est descendu en grâce dans la mort et le place, selon Ses conseils, dans la même position où Christ se trouve. Nous sommes Son œuvre, créés de nouveau en Christ Jésus. Dieu veut nous placer devant Sa face, selon Ses propres conseils, et selon Sa nature. Il n’est pas dit que nous sommes morts avec Christ ; l’homme n’est pas envisagé comme vivant dans la chair, de sorte que d’une manière ou d’une autre, il ait dû mourir ; il n’était pas nécessaire de développer cette partie de la vérité. Les Éphésiens étaient dans le cas de saisir, d’un côté, le plein contraste entre Dieu et l’homme selon Ses conseils, et de l’autre, l’état de péché où l’homme se trouvait selon la nature. Dans l’épître qui leur est adressée, tout est l’œuvre de Dieu Lui-même, selon le dessein originel de Son propre cœur, de Sa nature et de Sa volonté[21]. L’homme est déjà mort, et Christ même n’est pas présenté en rapport avec Sa place dans la gloire avant d’avoir été vu d’abord comme mort, puis ressuscité et élevé dans les hauts lieux.
Les Colossiens étaient disposés à s’assujettir aux ordonnances, et partant, étaient dans le cas d’avoir égard à l’homme, comme vivant dans le monde. L’apôtre leur fait sentir que nous sommes morts avec Christ ; il était forcé de les suivre en grâce là où ils étaient ; car le danger pour eux était de prendre l’homme en considération, comme vivant sur la terre ; son but était de leur montrer cependant que le chrétien est déjà mort avec Christ, et qu’il est vivant sur la terre en tant que ressuscité avec Lui.
Dans les Éphésiens, l’homme ne meurt pas avec Christ ; il est mort dans ses péchés, lorsque Dieu commence à agir à son égard ; nul homme n’est vivant au point de vue de Dieu ; le chrétien est vivifié ensemble avec Christ, Christ Lui-même étant d’abord vu comme mort.
Pour nous tous cependant, le point de vue de l’épître aux Colossiens a sa valeur et une grande valeur, parce que la vie, la nouvelle nature, et la grâce opérant en elle, sont beaucoup moins mises en avant dans l’épître aux Éphésiens. Dans cette dernière, il s’agit de l’énergie de Dieu qui crée des hommes en Christ et les unit à Christ, remplit le fidèle et l’Assemblée ; ici, de la nature et du caractère du nouvel homme, et partant, de Christ ; oui, de Dieu Lui-même[22]. Nous aurions pu supposer qu’il n’y avait que le Saint Esprit agissant dans la plénitude de Sa force, et remplissant l’individu et l’Assemblée ; mais dans l’épître aux Colossiens, nous trouvons qu’il y a une nouvelle nature, un changement intrinsèque, non pas de la chair assurément, mais de l’homme. Car nous sommes envisagés, non pas simplement comme vivifiés par le Fils, mais comme morts et ressuscités avec Christ, l’homme qui est mort, de sorte que nous sommes sortis de l’ancienne position d’enfants d’Adam pour entrer dans celle d’hommes ressuscités avec Christ — nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau. Ceci est à la fois une position et un état devant Dieu, une source de dispositions, de sentiments, de désirs, de raisonnements et de capacités morales, qui sont en rapport avec la nature de Dieu elle-même, et cette nature la fait jaillir dans le cœur. Nous sommes renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés ; mais cette source est une vie, qui a besoin que le Saint Esprit lui révèle les objets qui y répondent, réveille ces dispositions et ces sentiments, les satisfasse et les fasse croître. Nous avons besoin que l’Esprit de Dieu agisse dans cette vie, pour lui donner de la force ; mais c’est une véritable vie, une nature qui a ses dispositions attachées à son existence même[23]. Cette vie, étant éclairée par le Saint Esprit, a la conscience de son existence, dans laquelle nous sommes enfants de Dieu, étant nés de Lui.
Quant à la vie de la chair, lorsque nous pensons à cette vie, il n’est pas non plus sans importance pour nous d’apprendre que nous sommes morts, bien que ce soit le côté négatif de la vérité ; que Dieu ne reconnaît rien de ce qui provient du vieil homme, et qu’Il prend plaisir dans une nature nouvelle qui est bien la nôtre par la grâce, mais qui est de Dieu Lui-même et le reflet moral de la sienne.
Nous sommes donc morts, et notre vie est cachée avec Christ en Dieu. Nous avons sur la terre des membres — point de vie reconnue — et nous avons à mettre à mort[24] tous ces membres du vieil homme. Le chrétien doit les renier en pratique, comme appartenant au vieil homme, tandis que Sa vie à Lui est là où est Christ. Ce que produisent ces membres attire la colère de Dieu sur les fils de la désobéissance (v. 6). Les chrétiens marchaient dans ces choses, ils y avaient leur vie : mais il n’en est plus ainsi ; non seulement ils renient les péchés grossiers, fruits de convoitises positives (v. 5, 6), mais tous les mouvements d’une volonté non brisée et d’un cœur indompté, tous les indices de l’opération de la volonté de cette nature qui ne connaît pas Dieu et n’agit pas dans Sa crainte, toute colère, toute malice et tout mensonge résultant de l’égoïsme ou de la crainte de l’homme (v. 8). La vérité règne dans le cœur qui a dépouillé le vieil homme, selon la simplicité du nouvel homme[25], qui aussi est renouvelé en connaissance, selon l’image de Celui qui l’a créé (v. 9, 10). Le nouvel homme marche dans la lumière. Ce n’est pas seulement qu’il ait une conscience qui juge le bien et le mal, selon ce que l’homme devrait être, selon sa nature comme créature responsable ; il y a un nouvel homme qui juge le vieil homme tout entier, jugeant du bien et du mal selon la connaissance de Dieu. C’est là le sens de dépouiller.
Avant le christianisme, qui est la pleine révélation de Dieu, il y avait bien, cela va sans dire, des âmes nées de nouveau ; mais leur règle, lorsqu’il eut été définitivement donné une règle, était la responsabilité de l’homme (quoi que pussent inspirer la piété et la grâce) et la loi qui était la mesure parfaite de ce que l’homme, comme être responsable envers Dieu, devait être. Les saints d’alors ne distinguaient pas un vieil homme et un nouvel homme, quoique au fond ils eussent nécessairement, dans une certaine mesure sous beaucoup de rapports, les dispositions du nouveau, et la conscience de l’ancien. Le sentiment, par exemple, du mal qu’il y a dans le mensonge n’avait nullement la place qu’il a pour le chrétien. Maintenant le nouvel homme est renouvelé en intelligence, selon l’image de Celui qui l’a créé[26]. Dieu Lui-même, dans Sa nature, est la mesure du bien et du mal, parce que le nouvel homme a l’intelligence de ce qu’est cette nature de Dieu : il en est rendu participant, et il a la lumière de Dieu. C’est la participation intelligente, par la grâce, à la nature de Dieu, qui est le merveilleux et précieux privilège du chrétien. Dieu opère dans cette nature, mais en la communiquant, Il a placé l’homme dans cette position. Christ est le parfait modèle de cette image, le type du nouvel homme.
Les autres différences ont disparu : il ne reste que le vieil homme, reconnu par le chrétien comme étant mort, et puis le nouvel homme. Pour celui-ci Christ est tout, de sorte qu’il n’y a que Lui qu’on voie et qu’on reconnaisse, et Christ est dans tous les croyants. Le chrétien revêt donc comme tel, comme élu, saint, bien-aimé (Christ étant sa vie), le caractère de Christ, la tendresse, la bonté, l’humilité, la douceur, la patience[27] ; il supporte, il pardonne aux autres s’ils l’ont offensé, comme Christ lui a pardonné. Enfin il revêt l’amour, lien de la perfection, ce qui donne un caractère divin à toutes les qualités énumérées, et qui ont été manifestées en Christ, et donne aussi une pierre de touche qui empêche de confondre une nature aimable avec la grâce divine ; car l’amour divin est saint.
Remarquons ici qu’en revêtant ces qualités, le saint le fait ayant conscience de la position bénie devant Dieu qu’expriment les mots « élus de Dieu, saints et bien-aimés ». C’est comme tel. Il ne saurait le faire autrement. C’est dans le sentiment de cette merveilleuse faveur que la grâce se développe dans nos cœurs. Il en est de même dans les Éphésiens : « comme de bien-aimés enfants ».
On trouve dans la nature humaine des dispositions qui peuvent ressembler à plusieurs de ces qualités ; mais l’énergie, les traits, le lien d’amour divin qui opère dans la conscience de la communion avec Dieu manquent totalement aux premières. Cela donne à la manifestation de ces qualités un caractère, un ensemble, une justesse d’application, une perfection, une convenance et une énergie que l’amour seul peut donner. C’est bien Dieu Lui-même qui est là, agissant dans Sa nature, qu’Il nous a communiquée : car « celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui ». Il y a, quant à l’état de l’âme, une couronne qui est le plus bel ornement du chrétien quand il suit continuellement cette marche : la paix de Christ règne dans le cœur, cette paix ineffable et douce que rien n’a pu troubler, bien que Son esprit ait traversé toutes les épreuves possibles, car Il marchait toujours avec Dieu. Dieu nous a aussi appelés à cette paix : Il est « le Dieu de paix ». Ici l’apôtre introduit l’unité du corps, non quant à ses privilèges en Christ, mais quant au fait que les chrétiens sont appelés à être ensemble dans l’unité, de laquelle la paix est le sceau et le lien. Et alors il y aura actions de grâces ; car l’âme est dans la conscience de l’amour et de l’activité de Dieu, et pour elle tout découle de cet amour.
Mais comme il y a la paix et les actions de grâces envers Dieu, il y a aussi le développement de la vie dans la connaissance de ce qui est révélé, sa nourriture et sa joie. L’âme en jouit en outre dans l’activité de la vie et de l’amour à l’égard des autres. La jouissance de Dieu et de ce qui se trouve auprès de Lui conduit à cette activité de l’âme. Quand celle-ci est réelle, elle est la liberté joyeuse d’une vie qui est en santé en elle-même, l’activité de l’amour qui est naturelle à cette vie et qui reçoit son énergie de la communion de Dieu, selon la nature divine. La parole de Christ expose tout ce qui est révélé à l’âme comme ce en quoi elle vit et s’épanouit librement ; elle est ainsi la « norme » et la puissance agissante et directrice, parce qu’elle est l’expression de cette nature, et la révélation de toutes ses voies et de son énergie active en Lui dans l’amour.
L’apôtre exhorte donc les Colossiens, afin que la parole de Christ habite en eux richement. Cette parole réalisée dans l’homme est le développement, selon la perfection de Dieu, du nouvel homme, et la sagesse de Dieu pour le former et le diriger. L’apôtre veut que ce développement et cette sagesse se réalisent pleinement dans le chrétien. C’est dans la communion du Seigneur, en s’entretenant avec Lui, que ce développement de vie s’accomplit ; la Parole étant ce en quoi on trouve la sagesse ; c’est aussi dans la mesure où ce développement a lieu que les saints peuvent s’enseigner et s’exhorter l’un l’autre. Mais alors ce n’est pas seulement la sagesse qu’on apprend et qui se déploie en nous, mais les affections, en rapport avec Celui en qui nous avons trouvé cette sagesse, de sorte que la manifestation de la vie de Christ, comme vraie sagesse dans le monde, trouve son expression dans nos cœurs, en louange, en actions de grâces : on chante avec joie l’excellence du Sauveur. Toutes les affections intimes, dans lesquelles la vie spirituelle se développe, s’expriment selon ce que nous avons appris : elles découlent de l’Esprit de Christ, et sont l’expression des rapports de l’âme avec Lui, et des sentiments qui sont le fruit de ces rapports dans le cœur. La personne du Christ, dans la conscience de Sa présence, comme objet de nos pensées, et dans les fruits moraux qui découlent de cette présence, entretient les relations et les communications de l’âme occupée de Ses louanges.
Mais cette conscience de relation avec Christ dans la vie qui est de Lui en nous s’applique à tout : rien ne se fait sans Lui. Il est la vie : tout ce que cette vie fait L’a Lui-même pour but, pour objet quant au cœur ; Il est présent comme le premier mobile et ce qui imprime à nos actes leur vrai caractère, et le cœur est préoccupé de Lui en les accomplissant. Tout se rapporte à Lui : nous ne mangeons pas sans Lui (comment ferions-nous autrement, puisqu’Il est notre vie ?) ; nous ne buvons pas sans Lui ; ce que nous disons, ce que nous faisons est dit et fait au nom du Seigneur Jésus. La conscience de Sa présence, le sentiment que tout se rapporte à Lui, qu’on ne peut rien faire, sinon charnellement, sans Lui, parce que la vie que nous avons de Lui agit avec Lui et en Lui, ne se sépare pas de Lui et L’a Lui-même pour objet en tout, de même que l’eau s’élève à la hauteur d’où elle est descendue — voilà le vrai caractère de la vie du chrétien. Et quelle vie ! Par Lui, demeurant dans la conscience de l’amour divin, nous rendons grâces à notre Dieu et Père.
Remarquez ici que la vie chrétienne n’est pas caractérisée seulement par de certaines qualités subjectives, qui découlent de Christ, mais par le fait qu’elle a Christ Lui-même pour but et pour objet du cœur et de la pensée, dans tout ce qu’elle fait à tous égards. Christ personnellement domine, et est présent au cœur en toutes choses.
La nature se confond souvent avec la grâce, aux yeux inexpérimentés des hommes, mais la conscience intelligente qu’on a de Christ comme objet du cœur, la conscience de Sa présence, du sceau de Son approbation quand on pense à Lui, ne se confond avec rien : rien n’y ressemble, aucune belle apparence n’en peut prendre la place. Quand Il se révèle au cœur, et que le cœur marche avec Lui et s’entretient avec Lui, ne cherchant que le regard de Sa face, le sceau de Sa faveur sur l’âme en toutes choses : alors Christ est connu, bien connu. Il n’y a que Lui qui se communique ainsi en grâce à l’âme qui marche dans les voies de Sa volonté exprimée dans Sa Parole.
Après ces grands et importants principes de la nouvelle vie, l’apôtre (v. 18 et suiv.) entre sur le terrain des diverses relations de la vie, et nous avertit de ce qui serait un danger pour ces relations, en montrant le caractère du chrétien dans chacune d’elles. De la femme il réclame « l’obéissance » : l’affection lui est naturelle ; « ton désir sera tourné vers ton mari ». À l’homme, il demande l’affection et la douceur : son cœur peut être indifférent et dur. Les enfants doivent être obéissants ; les pères doux, afin que les affections des enfants ne se refroidissent pas et qu’ainsi ils n’en viennent pas à chercher dans le monde un bonheur qu’ils devraient trouver dans le sanctuaire du cercle domestique, formé de Dieu comme sauvegarde pour ceux qui grandissent dans la faiblesse. Si Christ est reconnu, la famille est un précieux foyer de douces affections, où le cœur est élevé dans les liens que Dieu Lui-même a formés, cela en rapport avec le Seigneur, liens qui, en nourrissant les affections, préservent des passions et de la volonté propre. La famille, là où sa force est justement développée, a une puissance qui, malgré le péché et le désordre, réveille la conscience, et engage le cœur à se tenir loin du mal et de la puissance propre de Satan. C’est Dieu Lui-même qui a formé ces liens.
Je sais bien qu’il faut une autre puissance pour délivrer le cœur du péché et l’en préserver. La nature, même telle que Dieu l’a formée, ne donne pas la vie éternelle, ne nous rend pas l’innocence, ne purifie pas la conscience. On peut, par l’énergie de l’Esprit, se consacrer à Dieu en dehors de ces relations, les rompre même, si Dieu nous appelle par de plus puissantes obligations, ainsi que Christ nous l’enseigne dans l’évangile. Les droits de Christ sur l’homme perdu par le péché sont souverains, absolus et complets : Il a racheté l’homme ; le racheté n’est plus à lui-même, mais à Celui qui s’est donné pour lui. Là où les relations naturelles existent, le péché a tout perverti et a corrompu la volonté ; les passions entrent en jeu : mais les relations elles-mêmes sont de Dieu, et malheur à celui qui les méprise comme telles ! Si la grâce a agi, si la nouvelle vie est là, le cœur reconnaît ce que Dieu a formé : il sait qu’il n’existe pas de bien dans l’homme, il sait que le péché a tout gâté ; mais ce qui est gâté n’est pas péché en soi. Et là où ces relations existent, l’abnégation de la volonté, la mort au péché, l’intervention de Christ, l’opération de la vie en lui, rendent la force à ces relations ; et si elles ne peuvent pas leur rendre le caractère d’innocence, perdu à tout jamais, elles font des relations établies de Dieu une scène où la grâce opère, où la douceur, la tendresse, le secours mutuel et l’abnégation de soi-même, au milieu des peines et des difficultés que le péché a introduites, prêtent à ces relations un charme et une profondeur (au reste, c’est ce que Christ a fait à l’égard de toutes choses) que l’innocence même n’aurait pu offrir à nos regards. C’est la grâce, opérant dans la vie de Christ en nous, qui s’y déploie.
Être sans affections naturelles est un signe de l’apostasie sans espoir, de l’éloignement de Dieu et de l’égoïsme complet des derniers jours.
Je ne fais ici ni faux tableau, ni poésie, comme si le beau côté était tout ce qui est nécessaire ; je dis seulement que Dieu a formé ces relations, et que ceux qui ont la crainte de Dieu les respectent. Il faut la grâce. Elles offrent, par leur intimité même, l’occasion de manifester tout ce qu’il y a de plus pénible dans la nature humaine, si la grâce n’y agit pas. L’apôtre avertit ici les saints de ce danger. Si, dans ces relations, le Seigneur forme le lien, si notre lien encore plus étroit avec Lui fait la force de nos relations selon la nature, alors la grâce domine ici comme ailleurs, et ces relations forment pour ceux qui s’y trouvent la scène du doux déploiement de la vie de Christ.
On remarquera comment par conséquent l’apôtre introduit Christ, spécialement à l’égard de ceux qui sont soumis, femmes et enfants, pour sanctifier, par un motif aussi élevé, l’obéissance qui convient à leur position. Il le fait encore davantage là où les liens ne sont pas naturels, mais ont leur origine dans un monde de péché et ont été formés par le péché ; savoir dans les rapports des esclaves avec leurs maîtres. La grâce ne s’occupe pas à changer l’état du monde et de la société, mais à conduire les âmes au ciel, en les renouvelant selon l’image de Dieu. Je ne doute pas qu’elle n’ait beaucoup amélioré l’état social des hommes, parce qu’en plaçant la conscience immédiatement devant le seul vrai Dieu qu’elle a révélé dans Ses propres perfections, et en établissant par l’autorité de Dieu l’autorité des relations naturelles de la famille humaine, elle agit sur cette conscience, là même où le cœur n’est pas converti, et lui donne une règle de morale. Mais le christianisme, quant à sa doctrine à lui, traite le monde comme éloigné de Dieu et gisant dans le mal ; l’homme, comme enfant de colère et perdu.
Christ, le Fils de Dieu, qui, s’Il avait été reçu, aurait pu tout rectifier, et qui plus tard établira par Son règne la justice et la paix, a été rejeté du monde, et l’amitié du monde est inimitié contre Dieu. L’état de l’homme est traité, dans l’évangile, d’une manière plus profonde qu’au point de vue de l’état social de l’homme : il est envisagé au point de vue de la relation de l’âme avec Dieu, et par conséquent en rapport avec ce qui est éternel. Dieu nous communique une nouvelle vie, afin que nous jouissions avec Lui des nouvelles relations qui nous sont acquises par la rédemption. Or, comme Christ, de Son vivant, était l’expression de l’amour et de la bonté toute-puissante de Dieu, au milieu de la création déchue — maintenant que le monde L’a rejeté et s’est condamné en le faisant, Christ, demeurant par Sa grâce dans le cœur de celui qui a reçu la vie, est pour ce cœur une source de bonheur dans la communion de l’amour de Dieu, laquelle l’élève et le place au-dessus des circonstances, quelles qu’elles soient. L’esclave, en possédant Christ, est libre dans son cœur ; il est l’affranchi de Dieu Lui-même ; le maître sait qu’il a, lui aussi, un maître, et la relation dans laquelle il se trouve vis-à-vis de son esclave prend la forme de la grâce et de l’amour régnant dans le cœur de celui qui, dans cette relation, exerce l’autorité.
Mais, ainsi que je l’ai dit, pour le pauvre esclave, Christ est spécialement présenté comme sa ressource. L’esclave peut servir son maître, bon ou mauvais, avec fidélité, douceur et dévouement, parce qu’en le faisant il sert le Seigneur Lui-même et qu’il en a conscience : il aura sa récompense là où rien de ce qui est fait pour glorifier Christ n’est oublié, et où tous, maîtres et esclaves, sont devant Celui qui ne fait pas acception de personnes.
Deux principes agissent dans le cœur de l’esclave chrétien : dans toute sa conduite, sa conscience est devant Dieu ; la crainte de Dieu le gouverne, et non l’œil de son maître ; il a la conscience de sa relation avec Christ, de la présence de Christ, qui le soutient et l’élève au-dessus de tout. C’est un secret que rien ne peut lui ôter, qui domine tout, parce que cette présence est au-dedans de lui, en même temps qu’en haut dans le ciel : Christ en lui, l’espérance de la gloire. Oui, de quelle manière admirable la connaissance de Christ élève tout ce qu’elle pénètre, et de quelle manière consolante elle descend vers tout ce qui est désolé, abattu, vers tout ce qui soupire, vers tout ce qui est abaissé, dans ce monde de péché.
Trois fois dans ces deux versets, l’apôtre, tout en plaçant leur conscience en la présence de Dieu, introduit le Seigneur, le Seigneur Christ, pour en remplir le cœur de ces pauvres esclaves, et leur faire sentir qui ils servaient. Tel est le christianisme !
Chapitre 4. — L’apôtre termine son épître par quelques importantes exhortations générales.
Il veut que les saints se maintiennent par la prière dans la communion avec Dieu, et dans le sentiment de leur dépendance de Lui, dans la conscience de Sa proximité, et de Sa disposition à les exaucer ; car ce qui s’adresse au cœur ne suffit pas pour la marche : il faut que l’âme connaisse ses propres rapports avec Dieu, en s’exerçant dans ces rapports, et qu’elle reçoive directement de Lui ce qui l’assure de Son amour. On doit persévérer dans la prière. Si nous n’avons pas la force de Dieu, nous sommes en lutte avec le mal, qui a prise sur nos pauvres cœurs : il faut donc s’entretenir avec Dieu. On y veille avec propos arrêté du cœur ; ce n’est pas par occasion seulement : chacun peut crier quand il est dans le besoin, mais notre cœur, séparé du monde et de tout ce qui y tient, s’occupe avec Dieu de tout ce qui regarde la gloire de Son nom, selon la mesure dans laquelle nous nous y intéressons. On combat dans la prière avec un esprit de grâce et détaché de tout, n’ayant pour but, dans sa marche individuelle et dans l’Assemblée, que la gloire de Dieu. Ainsi on comprend que Dieu agit et ne nous abandonne pas, et les actions de grâces se retrouvent toujours dans les prières que nous Lui adressons.
Paul sentait qu’il dépendait ainsi de Dieu pour cette bénédiction, et il demandait d’avoir part aussi aux prières des Colossiens, pour que Dieu lui ouvre la bouche et qu’il annonce l’évangile comme il devait le faire.
Or, nous sommes dans un monde hostile, où l’hostilité se réveille facilement quand elle n’existe pas déjà ouvertement, et où l’on se scandalise vite des choses dans lesquelles peut-être le chrétien ne veut ni ne voit aucun mal. Il faut ôter l’occasion à ceux-là mêmes qui en cherchent une ; il faut que les saints marchent dans la sagesse à l’égard de ceux qui sont dehors.
Combien le dehors et le dedans sont nettement distingués ici ! Le dedans que Dieu reconnaît, c’est Sa famille, Son Église ; ce sont les siens. Le dehors c’est le monde, ceux qui ne se sont pas joints au Seigneur. La distinction est nettement tracée, mais l’amour est actif envers ceux de dehors ; et jouissant de la communion de Dieu, il est soigneux de ne rien faire qui puisse empêcher les autres de jouir de cette communion.
Mais il y a plus que cela : on doit « saisir l’occasion » (v. 5). L’homme naturel, préoccupé de ses affaires et peu disposé à s’occuper des choses sérieuses, n’offre guère l’occasion à l’amour chrétien de lui présenter la grâce et la vérité, et de l’engager à s’occuper de son âme, servant ainsi le Seigneur et usant de l’occasion en Son nom. Mais le cœur de l’homme ne peut se soustraire toujours à l’influence des circonstances qui l’entourent. Souvent celles-ci rendent témoignage à sa conscience et à son cœur qu’il est sous la domination du péché ; elles lui montrent qu’il mange déjà ici-bas ses fruits amers ; ces circonstances rappellent à sa conscience un Dieu trop oublié, et parlent avec la puissante voix de l’affliction à un cœur brisé. Alors du moins, ce cœur est heureux d’avoir une ressource en Dieu, quand le roseau cassé sur lequel il s’appuyait lui perce la main. Dieu Lui-même agit sur l’homme par ces occasions et dans toutes les circonstances de la vie. Quand le chrétien marche avec le Seigneur, il sait profiter des occasions qui lui sont ainsi offertes. Satan peut bien tromper l’homme, mais il ne peut empêcher Dieu de parler au cœur. On est heureux de marcher assez avec Dieu pour Lui servir de voix en parlant aux pauvres pécheurs ; aussi notre parole doit-elle être toujours l’expression de cette séparation du mal, de la puissance de la présence de Dieu qui nous éloigne du mal intérieurement, en sorte que notre conversation fasse sentir aux autres la force de cette présence de Dieu, et que — dans toutes les questions soulevées dans le cœur de l’homme égaré de son chemin dans la confusion et les ténèbres, et même par là égarant les autres — nous sachions donner une réponse qui vienne de la lumière, et qui apporte cette lumière avec elle.
Tychique devait assurer les Colossiens de l’intérêt que l’apôtre portait à leur bien-être, et de sa confiance dans l’intérêt qu’eux aussi lui portaient. Paul aime à rendre témoignage à l’amour des autres et à l’intérêt qu’eux aussi portent aux progrès de l’évangile et au bonheur des fidèles.
Marc, qui autrefois avait reculé devant les difficultés de l’œuvre, reçoit ici un témoignage de la part de l’apôtre ; plus tard, lorsqu’il eut su se rendre utile à Paul lui-même, il en reçut un meilleur encore (2 Tim. 4, 11) ; telle est la grâce. Le secret de l’intérêt que Barnabas prenait à Marc (Act. 15, 37-40) perce ici : Marc était son proche parent ; ce cher serviteur de Dieu était de Chypre comme lui ; il y alla et prit Marc avec lui. La chair et le judaïsme pénètrent partout. Il faut la puissance de l’Esprit de Dieu pour nous élever au-dessus des liens de la chair, et nous placer en dehors de son influence.
Démas ne reçoit aucun témoignage particulier ; l’apôtre fait part aux Colossiens de ses salutations, mais se tait sur lui. Dans la seule épître à Philémon il est nommé parmi d’autres comme co-ouvrier de l’apôtre ; plus tard, Démas a quitté Paul. C’était un frère ; l’apôtre reconnaît ses droits, mais ne dit rien : il n’a rien à dire. Les mots « et Démas » sont d’une singulière froideur, si on les compare avec le style ordinaire de Paul.
On peut remarquer que l’épître aux Éphésiens a été écrite en même temps que celle qui nous occupe et envoyée par le même Tychique, dont il est fait mention ici. L’épître « de Laodicée » (v. 16) est, je n’en doute pas, une épître écrite par Paul et qu’on devait recevoir dans cette assemblée de Laodicée, épître dont ceux de Colosses devaient profiter — peut-être l’épître aux Éphésiens, qui pouvait avoir été communiquée à l’assemblée de Laodicée. Quoi qu’il en soit, tout ce qui est dit à ce sujet, c’est que cette épître était celle dont l’assemblée de Laodicée était en possession, et nullement qu’elle lui eût été adressée directement, mais bien plutôt le contraire. Il est très possible qu’une lettre, que cent lettres aient été adressées par Paul à d’autres personnes ou à d’autres assemblées, lettres qu’il n’était pas dans les desseins de Dieu de conserver pour l’Église universelle ; mais ici il n’y a aucune preuve qu’une lettre ait été écrite à l’assemblée de Laodicée. Tychique était chargé de deux lettres ; il se peut qu’il en ait porté trois, dont l’une ne différait que dans quelques détails d’application et qui servait pour les Colossiens de confirmation à celle qu’ils avaient eux-mêmes reçue, sans que ce fût au fond une autre communication divine, profitable pour d’autres temps. Mais, je le répète, il ne paraît pas qu’il en soit ainsi, d’après ce qui est dit ici. On peut dire « une lettre venant de Laodicée » en parlant d’une lettre adressée à Laodicée et apportée de cette ville, mais ce n’est pas ainsi qu’on s’exprime en général. Nous avons vu que la lettre aux Éphésiens est une autre communication de l’Esprit de Dieu. Elle nous a été conservée : nous ignorons si celle venant de Laodicée était la même, communiquée seulement aux chrétiens de cette ville, ou bien si c’était une autre lettre dont les Laodicéens devaient faire part à l’assemblée des Colossiens qui était dans leur voisinage, lettre qui, n’ajoutant rien aux révélations divines, ne nous a pas été conservée.
Il paraît que les chrétiens n’étaient pas très nombreux à Laodicée. L’apôtre salue les frères de cette ville. Il y en avait quelques-uns qui se réunissaient chez un certain Nymphas ; ils n’étaient pas dans le cas de recevoir une lettre, qui leur fût adressée à eux en particulier, mais l’apôtre ne les oublie pas ; toutefois ce qu’il dit ici est une preuve presque certaine que l’apôtre ne leur avait adressé aucune épître. Il n’aurait pas envoyé, par l’entremise des Colossiens, des salutations aux frères de Laodicée s’il avait adressé, en même temps, une épître spéciale à ceux-ci. Le fait paraît assez clair : il y avait des frères à Laodicée, mais ils étaient peu nombreux et ne se trouvaient pas dans un état distinct qui donnât lieu à une épître. Mais cette petite assemblée chez Nymphas ne devait pas être oubliée et devait profiter des épîtres adressées à d’autres assemblées plus considérables, dont l’état exigeait une épître ou fournissait l’occasion d’en écrire une ; et ces épîtres, d’après les ordres de l’apôtre, étaient transmises à Laodicée.
Quant à l’épître aux Colossiens, ceci n’est pas une supposition : l’apôtre ordonne expressément aux chrétiens de Colosses de la faire lire à l’assemblée de Laodicée. Celle-ci avait reçu une autre épître encore d’une autre assemblée, et les Colossiens devaient profiter de cette épître-là aussi, de la même manière ; les deux assemblées, qui étaient voisines, devaient jouir mutuellement des grâces spirituelles qui leur étaient accordées.
L’apôtre n’oublie pas même des personnes particulières dont la charité devait se souvenir : Archippe reçoit une exhortation solennelle de penser au ministère que le Seigneur lui avait confié, et d’accomplir Son œuvre.
L’apôtre n’avait pas vu ces assemblées de Colosses et de Laodicée (voyez chap. 2, v. 1).
- ↑ Combien il est pénible de voir cette chère assemblée d’Éphèse prise plus tard pour exemple de l’abandon du premier amour (Apoc. 2) ; mais tout tend à sa fin.
- ↑ Le nom de Timothée ne se trouve pas dans l’adresse aux saints d’Éphèse.
- ↑ C’est une des séductions du cœur que, lorsque nous connaissons parfaitement la volonté de Dieu, nous allions demander avis à quelqu’un qui n’est pas plus spirituel que nous.
- ↑ Il est donné trois mesures de la marche du chrétien. Elle est ainsi qualifiée : digne de Dieu qui nous appelle à Son propre royaume et à Sa propre gloire ; digne du Seigneur, ici ; et digne de l’appel dont nous avons été appelés, c’est-à-dire du Saint Esprit habitant dans l’Église (Éph. 4), thème qui est ensuite développé à la fin du chapitre 3.
- ↑ L’antécédent est, je crois, ici le Seigneur ; mais la pensée du Seigneur et celle de Dieu n’en forment guère qu’une ici.
- ↑ Remarquez bien ici que Paul ne dit pas : « nous rendra capables », comme d’une chose à accomplir et dans laquelle on ferait du progrès.
- ↑ Nous verrons aussi plus bas que la base ou point de départ de l’épître aux Colossiens est un peu différente et, bien qu’il y ait quelque allusion aux vérités fondamentales de celle aux Éphésiens, se rapporte davantage à l’homme tel qu’il est trouvé de fait vivant dans le péché, et moins absolument aux pensées de Dieu Lui-même, qui trouve l’homme déjà mort dans ses péchés, et le forme de nouveau d’après Ses propres conseils. Mais de ceci nous parlerons plus tard. En outre, en Éphésiens 1, 6, notre position est la grâce parfaite en Christ ; en Colossiens 1, nous sommes déjà réellement délivrés du pouvoir des ténèbres et transportés dans le royaume du Fils de Son amour ; on n’y trouve pas χάρις (grâce) ou χαρίτωσις ἐν τῷ ἠγαπημένῳ (acceptation dans le Bien-aimé).
- ↑ Ceci tient au principe mentionné plus haut. Dans l’épître aux Éphésiens, tout est envisagé au point de vue des conseils éternels de Dieu, avant qu’il y eût du mal, au point de vue du bien qu’Il se proposait en Lui-même, quoique la rédemption fût nécessaire quand une fois le mal était entré, et qu’elle fût aussi à la gloire de Dieu Lui-même et fût la base de notre gloire dans l’accomplissement de Ses conseils. Dans l’épître aux Colossiens l’homme dans le mal est l’objet de la grâce.
- ↑ L’une de ces primautés dépend de Ses droits divins comme Créateur ; l’autre de Son œuvre et de la puissance déployée dans Son humanité dans l’acte de la résurrection. Il possède tout comme homme et tout par la puissance divine, mais on peut dire, en quelque sorte, qu’une partie de Sa gloire dépend de sa divinité, l’autre de Sa victoire comme homme.
- ↑ Ajouté même aux quatre, comme supplémentaire.
- ↑ Lorsque le chrétien est considéré comme étant en Christ, il n’y a point de « si » : nous sommes en Lui. Lorsqu’il est considéré comme pèlerin ici-bas, il est en route pour la gloire même, et doit tendre vers le but : alors viennent des « si » et des dangers, et le besoin d’être gardé. Mais alors le chrétien a la plus entière assurance qu’il sera gardé et ne périra jamais, qu’il sera fortifié jusqu’au bout et que la bonne œuvre sera achevée. L’âme sauvée est ainsi maintenue dans la dépendance de Dieu et dans la confiance en Sa fidélité.
- ↑ Remarquez comme tout est ici clairement dit et richement développé : verset 14, la rédemption et le pardon ; verset 21, la réconciliation avec Dieu ; verset 13, la délivrance et l’introduction dans le royaume ; verset 12, nous sommes rendus capables d’avoir part au lot des saints dans la lumière. Tout cela nous l’avons et en conséquence nous sommes appelés à marcher d’une manière digne du Seigneur.
- ↑ Il ne s’agit pas ici des dates des livres, mais du cercle des sujets. La loi, le royaume, la personne du Christ, la rédemption et les voies de Dieu avaient déjà été mis en avant. Il restait à révéler la doctrine de l’Assemblée pour rendre les communications de Dieu complètes en ce qui concerne les sujets auxquels ces communications se rapportaient.
- ↑ J’ai déjà fait remarquer que dans les Colossiens les Gentils sont surtout en vue, non pas l’union du Juif et du Gentil en un seul corps.
- ↑ Il y avait dans le système gnostique de très belles légendes contenant des vérités partielles ; mais les gnostiques avaient perdu Dieu et la vérité, ainsi que la réalité de la conscience devant Dieu.
- ↑ Ces expressions se rapportent au double caractère de Christ déjà mis devant nos yeux au chapitre 1. Elles nous présentent ce que nous avons en Christ d’une manière positive, comme ce qui suit s’applique à tout ce qui ici-bas peut nous empêcher d’en jouir. En Christ est la plénitude de la déité, objet de nos délices aussi, car en Lui nous possédons tout. Nous avons aussi en Lui une position au-dessus de toute créature selon la perfection qui L’a placé dans cette position suprême. Nous sommes accomplis (rendus complets, pleins) en Lui, qui est le Chef de toute principauté et de toute autorité. Quant à la phraséologie, le remplacement d’un mot par un autre, qui toutefois n’est pas meilleur en lui-même, fait saisir la pensée de l’apôtre : En Lui habite toute la perfection de la déité corporellement, et nous sommes complets en Lui.
- ↑ Quelques-uns ne lient pas « ressuscités » avec le baptême. Dans ce cas, il me semble que le passage doit se lire : « En qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ », ayant été ensevelis avec Lui dans le baptême, en qui aussi vous avez été ressuscités ensemble (dans le sens de : avec Christ) par la foi, etc. Le baptême signifie clairement la mort ; et ce n’est pas le fait d’être baptisé, mais celui de sortir de l’eau qui peut s’appliquer à la résurrection. Le sens du baptême, même comme figure, n’est aucunement le don de la vie, mais le fait de quitter la vie d’Adam par la mort (la mort de Christ) et d’entrer par cette porte dans une position entièrement nouvelle.
- ↑ Ces applications sont la conséquence du chapitre 2, 11, 12. Il est bon de remarquer que l’épître aux Romains, depuis le chapitre 5, 12, traite de la mort au péché dans laquelle l’homme, comme enfant d’Adam, était vivant. Dans les Éphésiens, l’homme est envisagé comme mort dans ses péchés devant Dieu. Les Colossiens traitent les deux sujets ; le chapitre 2, 11, 12 ajoute la résurrection avec Christ. Le verset 13 fait suite à la doctrine des Éphésiens. Les chapitres 2, 20 et 3, 1, font suite au chapitre 2, 11, 12, et nous présentent les exhortations en rapport avec le fait que le vieil homme a été dépouillé et le nouvel homme revêtu.
- ↑ Bien que ce mot ait l’apparence du savoir et ne paraisse peut-être pas scripturaire, il n’en est pas ainsi. La science, faussement ainsi nommée, dont l’apôtre parle ailleurs, est appelée en grec gnôsis et de là vient le nom de « gnostique », qu’on a donné à cette philosophie présomptueuse et corruptrice ; et de « gnostiques » qu’on a donné à ses sectateurs. Ce système joue un immense rôle dans l’histoire de l’Église, avec laquelle je n’ai rien à faire ici — mais ses principes se retrouvent constamment dans le Nouveau Testament, mis en avant par les apôtres pour les combattre. Les Juifs s’étaient beaucoup laissés aller à croire à la médiation des anges, quoique pas exactement sous la même forme que la philosophie gnostique.
- ↑ Ce mystère d’iniquité était à l’œuvre aux jours des apôtres. Paul y résista avec l’énergie du Saint Esprit. Après son départ, cette puissance fit défaut. L’Église historique n’a jamais eu les deux grands principes fondamentaux du christianisme : la perfection en Christ (« par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité »), et la présence et la puissance directrice du Saint Esprit ici-bas. Ces principes ont été supplantés par les sacrements et le clergé.
- ↑ C’est pourquoi nous ne trouvons pas la justification dans les Éphésiens. Cette épître traite d’une nouvelle création.
- ↑ Cette différence est d’un profond intérêt, et fait ressortir, d’une manière remarquable, la portée de l’épître aux Éphésiens — épître où tout se ressent du point de vue élevé auquel se place l’Esprit, et où tout découle des desseins originels et éternels de Dieu et de Son opération pour amener à la perfection Ses desseins, et le propos arrêté de Son propre cœur. Dieu veut avoir quelque chose selon Son cœur. Il le crée dans le but de montrer les immenses richesses de Sa grâce. Il a pris les morts et les hommes perdus ; mais ils ne sont rien que des objets de Ses opérations, propres à mettre ces opérations en évidence, à cause de l’état dans lequel ils se trouvaient. Dieu n’opère pas sur la nature de l’homme, parce qu’elle est contraire à la sienne, et, pour détruire cette contradiction, Il vivifie de la mort et crée. Dans les Colossiens, il s’agit de la mort du vieil homme qu’il était nécessaire de prendre en considération. Dieu soit béni, on a le droit de considérer le vieil homme comme étant déjà mort, puisque Christ est mort pour nous.
Je puis ajouter ici à ce que j’ai dit du Saint Esprit que lorsque, dans cette épître aux Colossiens, l’apôtre parle de la force de l’espérance en nous, il ne parle pas des arrhes de l’Esprit : c’est encore Christ en nous, l’espérance de la gloire. Partout c’est Christ, et Christ comme vie. - ↑ À cette différence entre l’action du Saint Esprit et l’existence de la nouvelle vie se rattache l’affranchissement de l’âme. Lorsque nous sommes nés de Dieu, nous avons nécessairement le désir de la sainteté ; l’amour agit en moi, la justice selon Dieu me réjouit ; mais en raison de ces sentiments, quoique mon cœur apprécie l’amour en Dieu, et que cet amour m’attire et m’inspire une certaine confiance, ma conscience me condamne, et je sens que je ne suis pas ce que j’aimerais être. Je suis sous la loi et incertain de ma relation avec Dieu. Quand j’ai appris la valeur du sang de Christ, quand j’ai appris que Christ est ma justice, le Saint Esprit, demeurant et agissant en moi, me donne conscience de ma relation avec Dieu. J’en ai conscience dans mon âme et le Saint Esprit m’en rend témoignage. Il y a la liberté.
- ↑ Mettre à mort et mourir au péché sont deux choses très différentes. La seconde suppose le mal dans la chose qui meurt (sauf, cela va sans dire, dans le cas de Christ qui mourut pour ceux qui avaient le mal en eux) ; tandis que mettre à mort est un acte de puissance accompli par ce qui est bon — le nouvel homme.
- ↑ Ces trois choses composent tout le caractère du mal dans l’homme : en général la violence et la corruption, cette dernière prenant la double forme de la convoitise et du mensonge. Ainsi, avant le déluge, la terre était corrompue devant Dieu et pleine de violence. Le mensonge est la forme de corruption de Satan, et la violence le caractérise aussi. Le Seigneur déclare qu’il est menteur et meurtrier (Jean 8, 44). L’homme ajoute la convoitise à cause de la chair.
- ↑ Remarquons ici la différence de la phrase correspondante dans les Éphésiens. Là le chrétien est créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité. Ici ce sont les perceptions nouvelles de la vie divine qui connaît Dieu. C’est notre état, non pas l’acte créateur de Dieu. Ce n’est pas qu’il y ait contradiction avec la pensée dans les Éphésiens ; au contraire, « renouvelé » est ici un autre mot dans les Éphésiens ; c’est ce qui est entièrement nouveau, ce qui n’a jamais été auparavant (ἀναϰαινούμενον). Dans les Éphésiens, « renouvelé », c’est ce qui est maintenu neuf et frais.
- ↑ Remarquons ici que la patience, le déploiement de la grâce et de la longanimité caractérisent le chrétien. Il est remarquable que ce soit le cas partout. C’est ce qui doit être dans un monde tel que celui-ci. Il en était ainsi en Christ. C’est ainsi qu’en 1 Corinthiens 13 les traits de l’amour sont tous subjectifs et ont ce même caractère ; non que ce soit là une définition de l’amour, mais c’est ce qui le caractérise. Où ces traits manquent, l’amour manque.
- Colossiens
- Darby J.N.
- Colossiens 1
- Colossiens 1 v. 1-8
- Colossiens 1 v. 9-14
- Colossiens 1 v. 15-19
- Colossiens 1 v. 20-23
- Colossiens 1 v. 24-29
- Colossiens 2
- Colossiens 2 v. 1-5
- Colossiens 2 v. 6-7
- Colossiens 2 v. 8-19
- Colossiens 2 v. 20-23
- Colossiens 3
- Colossiens 3 v. 1-4
- Colossiens 3 v. 5-10
- Colossiens 3 v. 11-15
- Colossiens 3 v. 16-17
- Colossiens 3 v. 18-25
- Colossiens 4
- Colossiens 4 v. 2-6
- Colossiens 4 v. 7-18