Études Scripturaires:Considérations sur la vie et les temps d’Ézéchias
2 Chroniques 29-32 et Ésaïe 36-39
Traduit de l’anglais par C.F. RecordonC.H. Mackintosh
Le chrétien doit à la fois se tenir en garde contre l’inaction, d’un côté, et contre tout service inopportun, d’un autre. L’inaction est tout à fait incompatible avec le caractère d’un enfant de Dieu ; la même grâce qui nous rend honteux de nos pauvres et misérables services, nous pousse en avant en excitant en nous un sérieux désir d’être plus et mieux employés aux affaires de notre Dieu. Il est vraiment déplorable que nous ayons besoin d’être exhortés à n’être pas oisifs et paresseux. Le chrétien devrait trouver aussi naturel d’agir pour Dieu, qu’il est naturel pour l’homme du monde d’accomplir les devoirs et les fonctions de la vie ordinaire. S’il n’agit pas, il y a lieu de douter qu’il vive. Il est un état qui s’appelle « le nom de vivre » ; il n’en est point qui puisse s’appeler « le nom d’agir », c’est-à-dire d’agir pour Dieu.
D’un autre côté, nous devons toujours nous rappeler, que Dieu ne peut ni ne veut être débiteur de l’homme, vu que c’est « Lui qui donne à tous la vie, la respiration et toute chose ». L’homme s’efforce continuellement de faire de Dieu son débiteur, mais tous ses efforts sont inutiles, et celui qui y persiste se trouvera à la fin en différend avec Dieu. Et ce différend entre Dieu et l’homme ne peut être réglé ici-bas que d’une seule manière : il faut que l’homme devienne le récipient et le débiteur, sinon il demeure toujours éloigné de Dieu.
C’est essentiellement du second des extrêmes, ci-dessus mentionnés, que je compte m’occuper dans cet écrit. Un service inopportun ou défectueux, parce qu’il n’est pas le résultat direct de notre communion avec le Seigneur, mis en contraste avec le service découlant de cette communion, tel est le sujet que je me propose surtout de développer — sujet sur lequel la vie et le temps d’Ézéchias me fournira bien des lumières.
Il y a trois rois de Juda, dont les règnes sont rapprochés et réunis par le Saint Esprit en tête des livres de trois prophètes. Ésaïe, Osée et Michée prononcèrent leurs charges prophétiques, « aux jours de Jotham, Achaz et Ézéchias, rois de Juda ». Ce rapprochement indique, je pense, des relations morales entre ces trois règnes, sur lesquels je dirai quelques mots.
Le temple de Jérusalem était le grand centre ou le point de ralliement de l’ancien peuple d’Israël ; les affections de tout véritable Israélite étaient liées à ce saint édifice ; et quant aux rois de Juda leurs actes relativement au temple donnent toujours la mesure de leur caractère. Parmi ces rois, chacun de ceux auxquels ce beau témoignage pouvait être rendu : « Il fit ce qui est droit devant l’Éternel », avait, en général, à cœur le temple et le culte du Dieu d’Israël ; tandis que chacun de ceux dont il est écrit : « Il fit ce qui est déplaisant devant l’Éternel », se signalait par l’abandon de la maison de Dieu et l’idolâtrie.
Jotham, roi de Juda, occupa une position intermédiaire entre ces deux catégories de rois ; il n’était pas un idolâtre, et cependant la maison de l’Éternel n’avait pas, dans ses pensées, la place dont elle était digne. Il est écrit « qu’il n’entra pas, comme son père, au temple de l’Éternel », aussi peut-on dire de lui, qu’il commença son œuvre en dehors du sanctuaire. Il sortit sur les montagnes pour y bâtir de grands édifices, avant d’être entré dans le sanctuaire pour y adorer ; — on le voit sur le champ de bataille avant de l’avoir vu à l’autel ; — il recherche des architectes et des hommes de guerre, avant de rechercher les sacrificateurs, les ministres du sanctuaire, et cela affecte ou corrompt tous ses autres actes. Il fit, il est vrai, beaucoup de choses — « il bâtit des villes, des châteaux et des tours » — il alla même jusqu’à « bâtir la plus haute porte de la maison de l’Éternel » — bien plus, il est dit de lui « qu’il avait dirigé ses voies devant l’Éternel, son Dieu ». Eh bien ! malgré tout cela, il y a un « mais » ou « néanmoins » « le peuple se corrompait encore » — « les hauts lieux ne furent point ôtés ; le peuple sacrifiait encore et faisait des encensements dans les hauts lieux » (comp. 2 Rois 15, 35 et 2 Chron. 27, 2). C’est là, pour nous, une leçon qui devrait nous enseigner à veiller avec le plus grand soin sur l’état de nos cœurs, de peur qu’il n’arrive que même nos services — nos vrais et raisonnables services ne viennent se placer entre nos âmes et la personne de Christ. Nous devrions souvent nous retirer dans la solitude pour passer au crible de la Parole les motifs de nos diverses œuvres — de nos prédications, de nos publications, de nos correspondances, de nos visites, etc. Quoi que nous fassions, nous devrions nous asseoir pour nous juger nous-mêmes quant à nos intentions secrètes dans toutes ces choses. Quand le Seigneur viendra, « il manifestera » non pas seulement l’œuvre de nos mains, mais « les conseils des cœurs ». — Pensée des plus solennelles ! — Alors combien d’actes éclatants de service, combien de sermons éloquents, combien de livres bien écrits, combien de visites faites avec ostentation — seront plongés dans l’éternel oubli ; ou, s’ils sont rappelés, n’auront d’autre effet que de charger la conscience et d’aggraver la condamnation de l’âme égarée qui, peut-être, s’était mise à l’œuvre sans avoir connu par expérience cette loi fondamentale de la maison de Dieu, savoir que vis-à-vis du Seigneur tout homme doit être un mendiant. En d’autres termes, je parle de celui qui, dans toutes ses paroles et ses actes, n’a jamais eu d’objet plus élevé que le moi.
Quant à Achaz, nous nous bornerons à dire qu’il était ouvertement opposé à Dieu et à Sa vérité. Il négligea le temple — il en ferma les portes — il en éteignit les lampes — il en brisa tous les vaisseaux et dressa des autels idolâtres dans tous les coins de Jérusalem. Bien plus, étant allé à Damas au-devant du roi d’Assyrie, il vit là un autel dont il envoya le modèle à Urie, le sacrificateur, qui en fit un tout semblable à Jérusalem, à la place du véritable autel qu’il fit reculer. En un mot il bouleversa totalement l’ordre divin du culte. « C’était toujours le roi Achaz ». — De quelque manière que nous considérions l’histoire de ce méchant homme, elle abonde pour nous en avertissements bien sérieux ; et tout particulièrement quand nous l’envisageons comme successeur de Jotham. Ah ! si nos cœurs ne sont pas, avant tout, dévoués au service du sanctuaire — si nous n’apprécions et ne cultivons pas la communion secrète avec Dieu — si l’œuvre du dedans ne marche pas du même pas que l’œuvre du dehors — si nous lisons et enseignons plus que nous ne prions — si nous agissons plutôt en vue de l’homme qu’en vue de Dieu, nous pouvons être assurés que nous allons au-devant de quelque grande chute. La seule chose qui peut nous garder dans un esprit de service vraiment fidèle, c’est la communion, et si nous la négligeons, tout va mal. Ainsi, en considérant ces deux règnes comme moralement liés entre eux, l’apostasie ouverte d’Achaz n’est, après tout, que ce que nous pouvions attendre comme conséquence du service défectueux de Jotham. Si nous nous occupons à bâtir sur les collines, tout en négligeant la maison de Dieu, on nous verra bientôt abandonner le vrai culte du Seigneur, et nous laisser aller à l’idolâtrie. C’est bien le cas de demander, à quoi servent « des châteaux et des tours », tandis que les portes du temple de Jéhovah sont fermées ? ou des victoires sur les Ammonites, tandis que la lampe de Dieu n’éclaire plus le lieu saint ? Ah ! tout cela ne sert de rien et ne durera guère ; tout cela fera bientôt place aux actes beaucoup plus décidés d’un Achaz, qui ne peut pas demeurer dans une position de juste milieu.
De ce qui précède nous pouvons tirer d’utiles enseignements : nous y apprenons, en particulier, que la communion avec Dieu doit toujours primer le service pour Dieu — que la communion intime avec Dieu ne doit jamais être entravée ou remplacée par des occupations publiques, même pour des œuvres de piété. Il n’y a que trop de gens aisément disposés à accomplir des actes éclatants, par lesquels ils ont l’air de servir Dieu, et qui se montrent fort peu empressés à rechercher la communion individuelle avec Dieu. Rappelons-nous donc bien que, si nos cœurs ne rendent pas pleinement hommage à Dieu, quoi que nous fassions de nos mains en fait de service extérieur, ou de notre intelligence en fait d’enseignement, le fondement sur lequel tout cela repose n’en est pas moins incontestablement ruineux, et que tout l’édifice ne tardera pas à crouler. Et plus cet édifice sera élevé ou apparent, plus grande sera la chute, plus lamentable la désolation. — Je suis convaincu que ces choses devraient attirer la plus sérieuse attention des chrétiens de profession, dans un temps comme le nôtre, où les manifestations extérieures sont si multipliées, et où l’on connaît si peu l’efficace vitale de la vie divine dans l’âme — dans un temps signalé par tant de prédications, par tant d’écrits — hélas ! et par si peu de vie — par tant de produits de la tête et des mains, et par si peu qui viennent du cœur et des affections — par tant de choses pour les yeux des hommes, et si peu pour les yeux de Dieu. Nous ne devrions pas cesser de crier à Dieu, pour Lui demander de la force et encore de la force, oui, de la force spirituelle — sans laquelle toutes nos œuvres ne sont que pure vanité.
Revenons à Ézéchias, dont l’histoire nous présentera plus de sujets d’encouragement et de joie que celle de ses deux prédécesseurs sur le trône de Juda. Il est écrit de lui, que « la première année de son règne, au premier mois, il ouvrit les portes de la maison de l’Éternel et les répara ». C’était là un heureux commencement de son règne — un gage réjouissant de ce que devait être le reste de sa carrière. Celui qui commence ainsi avec Dieu, est sûr d’arriver tôt ou tard au but. Le long du chemin il peut rencontrer des difficultés, des tentations, des douleurs, des temps de doute et d’obscurité ; il peut faire des chutes, qui lui apprennent à connaître toute sa faiblesse : néanmoins, en définitive, l’issue prouvera que celui qui commence la course dans le sanctuaire la terminera dans la gloire. « Ceux qui sont plantés dans la maison de l’Éternel fleuriront dans les parvis de notre Dieu » (Ps. 92, 13). C’est là ce que, par grâce, Ézéchias semble avoir expérimenté ; nous le trouvons, tout d’abord, commençant par le bon bout, si nous pouvons nous exprimer ainsi. Il ne sort pas sur les montagnes pour y bâtir, mais il procède immédiatement à l’œuvre d’une réformation radicale. Il donne charge aux Lévites d’entrer dans l’intérieur de la maison de l’Éternel, et d’en jeter hors toutes les choses souillées ; et ayant ainsi rendu à Dieu un sanctuaire approprié à Sa sainteté, il est bien persuadé que, une fois ce devoir accompli, tout le reste suivra de soi-même. Et ici encore Ézéchias nous donne une importante leçon. Dans les expériences et les voies d’un chrétien, tout dépend de la place que Dieu occupe en son cœur ; en d’autres termes, il existe une relation morale des plus intimes entre l’idée que nous nous faisons de Dieu et notre conduite. Si nos pensées au sujet de Dieu sont rabaissées, la règle de notre marche chrétienne sera également rabaissée ; si, au contraire, elles sont élevées, il en résultera une marche en rapport avec elles. Ainsi, quand, au pied du mont Horeb, les Israélites « changèrent leur gloire en la figure d’un bœuf qui mange l’herbe », voici le jugement de l’Éternel sur leur état : « Ton peuple, dit-il à Moïse, s’est corrompu ». Remarquez cette expression : « il s’est corrompu ». Ils ne pouvaient faire autrement que se corrompre, dès l’instant que leurs pensées sur la dignité et la grandeur de Dieu étaient ravalées à tel point qu’ils en vinssent, ne fût-ce que pour un moment, à s’imaginer que Dieu était semblable à « un bœuf qui broute l’herbe ».
L’enseignement que nous présente le premier chapitre de l’épître aux Romains est tout à fait analogue à ce que nous venons de dire. Là, l’apôtre, parlant par le Saint Esprit, nous fait voir la cause de toutes les abominations des Gentils dans ce seul fait, « qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu ». Ainsi eux aussi « se sont corrompus ». C’est là un principe d’une immense influence pratique. Nous ne pouvons rabaisser Dieu sans nous rabaisser nous-mêmes. — C’est ici, me semble-t-il, tout autre chose qu’une simple question de doctrine ; c’est un principe qui, bien supérieur à toutes les vues purement systématiques de la vérité, nous fait sonder les plus profonds replis de notre âme, pour apprendre, comme sous les regards pénétrants du Dieu jaloux, quelle est la valeur des pensées que chacun de nous, chaque jour et à chaque heure, se forme de ce Dieu grand et saint. Et ce n’est pas ici une face peu importante de la vérité, que nous puissions impunément laisser de côté ; si nous la négligeons, il n’en faut pas davantage pour expliquer, en grande partie, notre pauvre marche et notre peu de vie. Dieu n’est pas suffisamment exalté dans nos pensées — Il n’occupe pas la première place dans nos affections — Nous ne vivons pas assez dans l’atmosphère de Sa divine bienveillance et de Sa fidélité — Notre état d’esprit, nos expériences, nos services, nos luttes, nos peines, nos infirmités ne parviennent que trop souvent à se placer entre nos âmes et Dieu, et à obscurcir la sanctifiante clarté de Sa face. Or toutes les fois que nous nous laissons préoccuper par nos intérêts propres, toutes les fois que nos propres affaires ou circonstances agissent sur nous, de manière à troubler notre paix, et à entraver la confiance de nos cœurs en l’amour qui nous a rachetés, et en l’éternelle efficace de l’œuvre de l’expiation, nous sommes sur une pente qui conduit aisément à la pauvre religion et au légalisme naturels de l’homme, ou à une mondanité décidée et à une marche moralement mauvaise.
Ce courant de pensées m’a été suggéré par le premier acte du roi Ézéchias, qui posa un bon fondement — qui agit dans l’esprit du précepte que le Seigneur Jésus devait donner plus tard à ses disciples : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus ». Il sentait que la maison de Dieu devait avoir le pas sur des fortifications et des constructions de châteaux et de villes ; il ne pouvait pas supporter la pensée de demeurer dans une maison lambrissée, tandis que le temple de l’Éternel était encore négligé et souillé : c’est pourquoi il entra, pour ainsi dire, tout droit dans l’intérieur du sanctuaire, et c’est de là qu’il partit pour travailler au-dehors. Arrêtons-nous un moment ici, afin de considérer le contraste qui existe entre l’ordre du service selon l’homme et l’ordre du service selon Dieu. L’homme dit : Commencez au-dehors, puis travaillez au-dedans. L’Écriture dit : Commencez au-dedans, puis travaillez au-dehors. L’homme dit : Sortez sur les montagnes et bâtissez-y des châteaux et des tours, venez ensuite dans le sanctuaire, en vertu de ce que vous avez fait, et mettez-y toutes choses en ordre. L’Écriture dit : Entrez d’abord dans la maison de Dieu, et, de là, travaillez au-dehors, faisant une chose après l’autre, jusqu’à ce que vous vous trouviez en état de construire des forteresses, si vous y êtes appelé. En un mot, l’homme dit : Travaillez pour avoir la vie ; l’Écriture dit : Travaillez parce que vous avez la vie. L’homme dit : Faites et vivez ; Dieu dit : Vivez et faites. Contraste bienheureux pour le pauvre pécheur, qui sent que la voie de Dieu peut seule répondre à ses besoins.
Mais pour revenir à notre sujet, nous trouvons, il me semble, un ordre selon Dieu dans tous les actes d’Ézéchias, dans tous ceux, au moins, qui ont rapport à la réformation du peuple. On peut dire de lui, que, sauf dans l’affaire des ambassadeurs du roi de Babylone, toutes ses œuvres sont commencées, continuées et achevées en Dieu. Il résolut de célébrer la pâque à l’Éternel, et d’agir en cela d’après la largeur des principes mêmes de Dieu relativement à tout Israël. Ses idées sur cette grande fête ou sur l’efficace du sang de purification, n’étaient pas égoïstes : elles ne s’arrêtaient pas aux étroites limites de Juda ou de Jérusalem ; non, car il avait ordonné aux sacrificateurs d’offrir un holocauste et un sacrifice pour le péché, pour tout Israël (2 Chron. 29, 24). Sans doute, Israël était tombé dans une affreuse apostasie, il était plongé dans la plus grossière idolâtrie ; eh bien ! il n’en était pas moins vrai que le sang, qui pouvait purifier Juda, pouvait aussi purifier Israël, et que l’un et l’autre en avaient également besoin. De même, ne pouvons-nous pas dire que toute âme vraiment enseignée de Dieu aura toujours aussi cette largeur de pensées au sujet de toute la famille de Dieu ? La Parole ne connaît pas de sections dans le corps de Christ ; si vous ne pensez pas à tout le corps, au fond vous ne pensez donc à rien. Toute vérité à ce sujet, pour être complète, doit être considérée comme portant sur tout le corps : que ce soit la rédemption à laquelle nous avons part, le ministère par lequel nous sommes entretenus, ou l’espérance qui nous anime, tout doit être considéré en relation avec le corps tout entier. « Tous mes membres ont été écrits dans ton livre »[2]. « Il garde tous ses os, pas un d’eux n’est brisé ».
C’est cette largeur de cœur et de vues, embrassant tout Israël, qui met le roi Ézéchias à même d’envoyer ce touchant message, par tout Israël et Juda : « Enfants d’Israël ! retournez à l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, et d’Israël ; et Il se retournera vers le reste d’entre vous, qui est échappé des mains des rois d’Assyrie » (30, 6). Ce message respire, à la fois, de la puissance morale et de l’intelligence spirituelle ; il nous apparaît comme provenant du sanctuaire — ou comme procédant d’un homme qui, en quelque mesure, a compris la largeur des pensées de Dieu. C’est, en effet, selon le conseil de Dieu, qu’Israël et Juda foulent ensemble les parvis terrestres et soient placés sous l’efficace du même sacrifice. Josaphat avait fait alliance avec Achab pour faire la guerre (2 Chron. 18). Cette alliance, nous le savons, était décidément mauvaise. Le but en était pourtant bon, car elle avait pour objet de reprendre Ramoth de Galaad, une des villes de refuge, qui était tombée sous la puissance du roi de Syrie. Délivrer cette ville des mains de l’ennemi devait, aux yeux de Josaphat, paraître une chose fort désirable, propre à justifier son alliance avec Achab. Néanmoins, tout cela était mauvais. La base de leur union était mauvaise ; car cette union n’était pas fondée « sur le sang de l’Agneau » ; aussi, malgré le but religieux et bon en soi, qu’elle avait en vue, Dieu ne pouvait l’approuver, et elle devint pour Josaphat la source de bien des douleurs.
Il n’en est nullement de même dans le cas du pieux Ézéchias. S’il a à cœur de réunir Israël et Juda, ce n’est pas pour recouvrer une ville de refuge — ce n’est pas même pour un but religieux. Non — mais il cherche à rassembler leurs tribus dispersées, autour du seul autel à Jérusalem, la ville « à laquelle montent les tribus ». Il élève un centre d’unité, autour duquel tout Israélite pouvait se rallier, parce qu’il était Israélite — mais qui n’avait aucun attrait pour ceux dont les cœurs étaient incirconcis.
Et ici, disons-le en passant : il est essentiel de comprendre, que l’union chrétienne exige, tout aussi formellement, l’exclusion de ceux dont la profession et la vie prouvent qu’ils sont du monde, que l’admission de ceux qui sont de Dieu, quelques faibles et chancelants qu’ils puissent être. La reconnaissance de ce principe préserverait les chrétiens de deux extrêmes, savoir : d’un côté, un esprit latitudinaire, et d’un autre, un esprit de secte. Nous ne devons ni recevoir, ni reconnaître comme frères ceux dont toute la conduite manifeste l’affection de la chair et la mondanité, et, d’une autre part, malheur à nous, si nous repoussons même le plus faible des agneaux de Jésus ! Ce n’est pas de la charité, d’admettre à la table du Seigneur un pêle-mêle de mondains, de profanes et de méchants ; ce n’est pas de la pureté, d’en fermer l’accès à l’un des moindres de ces petits qui croient en Jésus et qui désirent Le suivre, lors même que ce petit n’a pas encore pu s’élever à la hauteur de nos principes et de notre point de vue quant à la marche. Notre devise à cet égard doit être celle-ci : « Recevez-vous les uns les autres, de même que le Christ aussi nous a reçus, pour la gloire de Dieu » (Rom. 15, 7).
Il est encore fort important pour nous de comprendre quel fut le sentiment, qui mit Ézéchias en état d’envoyer en Israël l’invitation dont nous avons parlé. Si ce roi de Juda eût été animé de l’exclusivisme froid et desséchant de la chair, il eût abandonné les enfants d’Israël à leurs idoles, il n’eût pensé qu’à sa propre satisfaction et au bien de ceux qui étaient immédiatement en communion avec lui. Mais non ; son cœur avait été amolli et ses affections s’étaient dilatées en la présence de Dieu ; — il avait expérimenté la douceur et l’efficace expiatoire du sang, efficace qui, seule, il le savait, pouvait répondre aux besoins des idolâtres Israélites ; — il savait aussi que l’agneau immolé sur l’autel était la divine base de l’union pour tous : c’est pourquoi il cherchait, par la puissance attractive de la grâce, à rassembler « les enfants de Dieu qui étaient dispersés ». Et n’y a-t-il pas encore pour nous une profonde instruction à retirer de tout cela ? Pourquoi ne réussissons-nous pas mieux à rassembler les enfants de Dieu ? Cela ne viendrait-il pas du peu de soin que nous mettons à manifester, en pratique, la vérité de cette parole du Seigneur Jésus : « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, je tirerai tous [les hommes] à moi » (Jean 12, 32) ? Nous n’agissons pas d’après le grand principe proclamé par Ézéchias, quand il disait : « L’holocauste et le sacrifice pour le péché doivent être offerts pour tout Israël ». La table du Seigneur est pour tous ceux qui Lui appartiennent (les cas de discipline réservés), et non pas seulement pour ceux d’entre eux qui adoptent telle ou telle opinion. Comme l’état des choses serait différent, si tous ceux qui aiment réellement le nom de Jésus, agissaient dans l’esprit d’Ézéchias. Alors au lieu d’adopter comme base d’union des principes qui, tout en admettant les incirconcis, excluent l’Israël de Dieu, nous n’aurions qu’une seule base d’union : « le sang de l’Agneau » ; nous n’aurions qu’un seul centre, une seule table, un seul et même objet. Il y aurait ainsi un témoignage positif, soit par paroles soit par œuvres, contre tout ce qui pourrait, le moins du monde, empêcher la manifestation de l’unité du corps. Et si l’on demandait : Mais que devons-nous donc élever comme enseigne ou comme base d’union ? la réponse serait : Absolument rien autre si ce n’est le nom de Jésus — séparé de tout ce qui pourrait exclure ceux qui portent, qui aiment, qui invoquent le nom de Jésus, ou admettre ceux qui ne portent pas et n’aiment pas ce beau nom. Tel est, pour nous dans notre faiblesse, le moyen de maintenir, en la proclamant, l’unité du corps de Christ. Il ne s’agit pas ici de savoir si nous pouvons espérer d’arriver à l’union de tous les chrétiens avant le retour du Seigneur. Si nous avions à décider cette question et d’autres analogues avant d’agir, nous ne ferions jamais rien du tout. — Et si, sous prétexte que nous ne pouvons pas nous attendre à voir tous les saints unis avant que le Seigneur vienne, nous nous croyions autorisés à former des sectes ou à en approuver et en soutenir la formation et l’existence ; nous pourrions tout aussi bien dire que, parce que nous ne pouvons pas être tout à fait affranchis de la corruption qui habite en nous, tant que nous sommes dans ce corps, il est complètement inutile de chercher à la combattre et à la surmonter. Non, notre responsabilité, comme individus, est de faire, dans la force et sous la dépendance de Dieu, tout ce qui dépend de nous pour conserver et réaliser l’unité du corps, en désavouant et rejetant tout ce qui tend à le diviser. Ézéchias n’eut pas l’idée de s’enquérir, avant tout, si c’était bien le moment convenable pour unir les deux maisons ; il savait que c’était selon le conseil de Dieu qu’elles fussent unies : sachant cela, il s’efforçait, autant qu’il était en lui, d’atteindre ce but. De même l’Esprit mettra toujours sous nos yeux les conseils de Dieu et nous portera à agir d’après un principe divin, pour leur réalisation. Si c’est le conseil de Dieu (et qui pourrait en douter ?) que Ses enfants soient « rassemblés en un », leur état de dispersion et de division doit toujours être opposé à ce conseil. Aussi nous pouvons être assurés que, quand nous travaillons à conserver l’unité du corps, l’objet de nos efforts est vraiment divin ; seulement ayons bien soin d’agir à cet égard selon Dieu.
Et comme d’anciens principes continuent à agir, et que d’autres commencent à se manifester, les chrétiens, me semble-t-il, sentiront toujours plus l’importance d’être bien au clair sur les principes de la vérité, relatifs à la base divine de l’union et de la communion chrétiennes. C’est pourquoi je voudrais rappeler encore à mes chers lecteurs les deux passages suivants, savoir Jean 11, 52 et 12, 32, qui jettent une lumière, à la fois simple et claire, sur le sujet de l’union chrétienne : « Jésus devait mourir… afin de rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » ; et ailleurs : « Moi, quand j’aurai été élevé de la terre, je tirerai tous les hommes à moi ». Ici Christ est présenté comme le grand centre, autour duquel tous ses membres doivent accomplir leur course, comme des planètes autour de leur soleil central. Si donc Christ est le centre, n’est-ce pas un grand péché d’adopter quelqu’autre centre, fût-ce même une vérité ou un article de foi ; tout comme ce fut un grand péché pour Jéroboam, de rompre l’unité du peuple terrestre de Dieu en érigeant des veaux à Béthel et à Dan, lorsque Jérusalem était le grand et seul centre de cette unité ? Je crois que, tout au moins, les conséquences se montreront aussi désastreuses, dans un cas que dans l’autre, quant au témoignage dans le monde. Car remarquez les résultats de l’acte de Jéroboam : au lieu d’un centre il y en eut trois, savoir Jérusalem, Béthel et Dan ; et par cela même, les Israélites ne pouvaient se diriger vers ces divers centres sans s’éloigner les uns des autres ; tandis que, s’ils avaient conservé le seul centre divinement établi, cela aurait efficacement garanti le rassemblement des enfants d’Israël, car tous devaient monter à Jérusalem, du nord, du midi, de l’orient et de l’occident, mais tous ne devaient pas aller à Dan et à Béthel, vu que ce n’étaient là que des établissements humains et non divins. Or Ézéchias, bien convaincu que Jérusalem était le centre, autour duquel toutes les tribus devaient se réunir, pouvait dire en les invitant à y monter : « Retournez à l’Éternel, le Dieu de vos pères », langage tout-à-fait insoutenable, si Jérusalem n’était pas le centre divinement établi.
Quant à nous, ce n’est pas Jérusalem, mais le nom de Jésus, qui constitue le centre et le lien de l’unité ; et quand une chose quelconque est ajoutée au nom de Jésus comme nécessaire à notre union, l’unité est méconnue, elle reçoit une atteinte, et une secte est formée. Ce nom n’est-il donc pas suffisant ? Si les croyants sont introduits par le sang de Jésus dans le lieu très saint — si, par grâce, ils y sont tous ensemble — si leurs noms sont inscrits tous ensemble dans le livre de vie de l’Agneau — s’ils sont ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes dès maintenant en Esprit et par la foi, pour être bientôt, en réalité, enlevés ensemble à la rencontre du Seigneur en l’air, pourquoi ne seraient-ils pas ensemble ici-bas ? Nous sommes, tous ensemble, unis aux yeux de Dieu ; de plus, nous allons tous au lieu, où nous serons consommés en un à la vue de toutes les intelligences créées : devrions-nous donc, en chemin, nous enfermer dans nos petits enclos, et de là nous jeter réciproquement des regards hostiles ? Ah ! non, mais que plutôt tous ceux qui comprennent ce précieux principe d’union chrétienne agissent en conséquence, et Dieu en sera certainement glorifié.
Je voudrais ajouter que, comme le nom de Jésus est le seul lien d’union pour les chrétiens, de même le Saint Esprit est la seule puissance du ministère pour les chrétiens. Que ces deux principes soient reçus et maintenus dans toute leur force et nous verrons bientôt où ils conduisent.
Enfin, tout en cherchant à amener le peuple de Dieu à la liberté et à la jouissance de l’unité de l’Esprit, ne perdons jamais de vue la ruine irrémédiable de l’église professante comme corps de témoins sur la terre. — Les efforts que l’on tente pour le rassemblement des saints actuellement se présentent parfois à mon esprit, comme ayant du rapport avec « le cri de minuit » de Matthieu 25. On a déjà fait remarquer, que, quand le moment de l’arrivée de l’époux est là, toutes les vierges sages sont trouvées ensemble. C’est bien là ce que la parabole nous dit : Celles qui avaient de l’huile étaient toutes ensemble et prêtes ; mais celles qui n’en avaient point — les folles — les professants et rien de plus — se dispersent de côté et d’autre pour chercher de l’huile. Oh ! que cela puisse réveiller dans les cœurs de tous les vrais croyants le désir d’être trouvés ensemble, quand Jésus arrivera !
Revenons à Ézéchias, et remarquons le double effet produit par son message à tout Israël : « On se moquait d’eux (des courriers, porteurs du message), et l’on s’en raillait ; toutefois quelques-uns… s’humilièrent, et vinrent à Jérusalem » (30, 10, 11). Voilà encore un fait très instructif. L’invitation fut accueillie bien différemment par les divers individus qui l’entendirent ; mais cet accueil, quoique si varié, prouvait que le message était divin — et que c’était bien du sanctuaire qu’il procédait. En effet, il faut nécessairement de deux choses l’une, ou que la grâce humilie le cœur, ou qu’elle provoque la haine et les moqueries : l’un et l’autre de ces effets démontrent également la divine origine de la grâce. « Nous sommes pour les uns, odeur de mort à mort ; et pour les autres, odeur de vie à vie ». Cependant Ézéchias pouvait supporter l’opprobre et le mépris, parce qu’il connaissait la valeur du sang qui avait été répandu ; et, d’un autre côté, en apprenant que « quelques-uns s’humiliaient », il se trouvait amplement dédommagé de toutes les peines qu’il avait prises pour envoyer au loin cette invitation. Eh bien ! si nous marchions dans l’énergie de la grâce divine, nous serions témoins des mêmes résultats ; plusieurs, sans doute, se moqueraient, mais quelques-uns aussi s’humilieraient ; tandis que nous ne voyons ni l’un ni l’autre de ces effets, au moins dans la mesure où l’on pourrait les voir : au contraire, le statu quo ne semble que trop être, comme on dit, à l’ordre du jour de toutes parts ; ce qui suffit pour démontrer le triste état des esprits et des choses. Les saints ne sont pas attirés à se rassembler : les mondains, de leur côté, ne sont pas atteints jusqu’au cœur par l’épée tranchante du saint témoignage. Une lamentable tiédeur — une misérable neutralité quant aux choses de Dieu, voilà ce qui ne caractérise que trop généralement les chrétiens de nos jours ; tandis que les choses de ce monde sont poursuivies et recherchées avec une vitalité et un empressement, qui démontrent clairement de quel côté tendent nos affections. Si cette déplorable tendance n’était pas combattue, tout serait bientôt complètement ruiné parmi nous. Nous ne pouvons pas demeurer neutres. Il faut absolument ou rassembler avec Christ ou disperser. Si nous ne travaillons pas pour Christ, nous travaillons contre Lui — ne rien faire pour Christ, c’est faire quelque chose pour Satan. Mais, comme nous l’avons déjà dit, on remarque un ordre divin dans les actes d’Ézéchias, et c’est ce que nous verrons, je pense, à chaque pas de sa carrière. Il ne regardait pas le fait de l’idolâtrie des Israélites comme un obstacle à la manifestation de son amour pour eux, ni à ses efforts pour les amener à la seule vraie place de bénédiction. Il voulait chercher à les rallier autour du seul centre commun — savoir l’autel à Jérusalem ; — il voulait rassembler les tribus d’Israël autour de l’agneau pascal, en faisant complètement abstraction de leur chute — il voulait agir dans l’esprit de la parole de l’Éternel, par le prophète Ésaïe : « Consolez, consolez mon peuple ». Toutes ces actions étaient en harmonie avec quelques-uns des plus beaux principes de la vérité. C’est toujours une des voies de Dieu, d’éloigner l’âme du mal en lui présentant quelque chose de bon. Ézéchias n’aurait pas agi selon ces voies divines, s’il eût commencé à célébrer la Pâque avec la maison de Juda, puis envoyé des messagers dans les villes d’Israël pour y prêcher contre l’idolâtrie. En agissant ainsi, il n’aurait eu aucune puissance. L’une des plus fâcheuses conséquences de l’idolâtrie consistait dans son opposition à l’unité du peuple de Dieu qu’elle déchirait en partis et en sectes. Comment donc Ézéchias aurait-il pu témoigner contre les schismes en Israël, si lui-même n’eût pas commencé son œuvre sur le seul principe de l’unité ? Il eût été tout aussi sectaire de restreindre le privilège de la fête à la seule tribu de Juda, que d’élever un autre autel ou un autre centre d’unité. Le vrai et le meilleur moyen de délivrer les chrétiens de l’esprit de secte, c’est de leur faire goûter la douceur de l’unité. C’est ainsi qu’en jugeait Ézéchias, et il agissait en conséquence. « Les enfants donc d’Israël qui se trouvèrent à Jérusalem célébrèrent la fête solennelle des pains sans levain, pendant sept jours, avec une grande joie ; et les Lévites et les sacrificateurs louaient l’Éternel chaque jour, avec des instruments qui résonnaient à la louange de l’Éternel ; et Ézéchias parla à tous les Lévites qui étaient entendus dans tout ce qui concerne le service de l’Éternel, il leur parla selon leur cœur ; et ils mangèrent des sacrifices dans la fête solennelle pendant sept jours, offrant des sacrifices de prospérité, et louant l’Éternel, le Dieu de leurs pères. Et toute l’assemblée résolut de célébrer sept autres jours ; et ainsi ils célébrèrent sept autres jours en joie » (30, 21-23).
C’était là le vrai moyen de faire comprendre à Israël le mal de l’idolâtrie. Ils n’avaient jamais passé des jours aussi heureux autour du veau de Dan. Jamais, sous l’influence du système de religion politique, inventé par Jéroboam, ils n’avaient goûté de telles joies. Non, rien ne pouvait toucher le cœur d’un véritable Israélite, comme les chants d’un sacrificateur ou Lévite divinement établi — rien ne pouvait nourrir et réjouir son âme comme le sacrifice divinement institué. Et quel bonheur que nous aussi nous puissions juger de la valeur d’un système ou d’une institution par ses effets sur l’âme : tout ce qui est réellement de Dieu rendra l’âme vraiment heureuse ; au contraire, tout ce qui n’est pas de Dieu produira de tout autres effets. Ainsi dans l’intéressante scène que nous venons de rappeler, en contemplant la joie de cette très grande assemblée, on pouvait être sûr que Dieu était là, et, par conséquent, que l’influence qu’exercerait cette assemblée serait des plus efficaces. L’esprit qui y régnait ne pouvait manquer d’agir d’une manière décidément hostile contre tout le système d’idolâtrie et de sectairianisme, qui avait répandu son influence délétère sur les cités d’Israël. Une influence morale opposée et puissante allait sortir de Jérusalem comme un torrent pour renverser les autels et les idoles du pays d’Israël — et si elle eût continué à se développer, elle aurait détruit pour toujours le grand siège de l’idolâtrie et de l’esprit de secte.
La leçon morale que nous pouvons tirer de cela est aussi importante qu’elle est simple. Le vrai principe, d’après lequel il faudrait procéder à toute réformation, ne consiste pas tant à renverser ce qui est faux, qu’à édifier ce qui est vrai. Ézéchias sentait que, si seulement il pouvait assembler Israël autour du vrai autel, et les amener à savourer la douceur du vrai culte du Dieu de leurs pères, les faux autels seraient bientôt abattus ; et il ne fut pas entièrement déçu dans son attente, car « sitôt qu’on eut achevé toutes ces choses, tous ceux d’Israël qui s’étaient trouvés là, allèrent par les villes de Juda, et brisèrent les statues, et coupèrent les bocages, et démolirent les hauts lieux et les autels de tout Juda et Benjamin ; et ils en firent de même en Éphraïm et en Manassé, jusqu’à détruire tout. Puis tous les enfants d’Israël retournèrent chacun en sa possession dans leurs villes » (31, 1). Voilà le service rattaché d’une manière bénie au culte, seule source dont il puisse émaner à la gloire de Dieu. On aurait pu naturellement s’attendre à ce que ces autels eussent attiré l’attention et excité l’indignation des enfants d’Israël, lorsqu’ils étaient en route pour monter à Jérusalem ; mais tel ne fut pas le cas. Non, il fallait d’abord qu’ils expérimentassent la puissance et la bénédiction de la vérité dans leurs âmes — il fallait d’abord, pour ainsi dire, qu’ils se désaltérassent à la source même — il fallait qu’ils montassent au sanctuaire à Jérusalem, où était le vrai sacrificateur offrant le vrai sacrifice : ce n’est qu’après avoir reçu la force et la joie en la présence de Dieu, et au milieu de Son peuple d’adorateurs, qu’ils furent capables d’aller et d’agir au-dehors comme de fidèles témoins. Dans le fait, la même ligne de conduite est suivie, à la fois, par Israël et par Ézéchias. Ce dernier commença avec Dieu dans le sanctuaire ; Israël en fit autant. Ézéchias ouvrit les portes de la maison de l’Éternel avant de mettre la main sur un seul autel idolâtre. De même, c’est à l’autel de Dieu que les enfants d’Israël trouvèrent la force de renverser les autels de Satan. Mais comme, dans le cas d’Ézéchias, dès l’instant qu’il eut ouvert les portes du temple, il devait nécessairement abattre et démolir de fond en comble les autels des idoles ; ainsi, dans le cas des Israélites, dès l’instant que Dieu les avait fortifiés, ils devaient nécessairement employer cette force à combattre le mal. Impossible qu’ils puissent détruire l’idolâtrie en allant de Dan à Jérusalem. Non, car ils faisaient ce voyage dans le but d’acquérir de la force, en sorte que, en revenant de Jérusalem, ils pussent agir en témoignage pour Dieu contre le mal. Toutes les fois qu’il nous arrive de nous éloigner de la position où Dieu nous a placés, nous ne devons jamais nous laisser séduire et circonvenir par la défection, mais, au contraire, rebrousser chemin aussitôt et rentrer, par l’humiliation et la confession, dans notre position de bénédiction et de témoignage. De cette manière, nous obtiendrons une vue exacte de la chute ou de la défection, et une force réelle pour y résister et la combattre. Pendant leurs quarante jours d’allégresse, les enfants d’Israël avaient ainsi bien compris combien étaient hideux l’idolâtrie et le sectairianisme, et en même temps, ils avaient acquis de la puissance pour exécuter un jugement sur cet état de choses, et c’est ce qu’ils n’auraient jamais pu recevoir à Dan. Ce n’est que quand nous sommes parvenus à nous échapper d’un édifice qui va crouler, que nous pouvons nous faire une idée juste et réelle de l’imminence de sa ruine finale.
Ainsi nous voyons qu’il était également en harmonie avec le principe divin, soit, pour les Israélites, de se rendre à Jérusalem « la ville de leurs fêtes solennelles », avant de mettre leurs mains sur un seul autel idolâtre ; soit, pour Ézéchias, d’entrer dans la maison de l’Éternel, avant de faire un seul acte pour le service de Dieu au-dehors. Les uns comme l’autre agirent d’après un principe vraiment divin. Quand les enfants d’Israël eurent une fois savouré l’efficace de leur ancien culte, ils purent, en quelque sorte, mesurer jusqu’à quel point ils s’en étaient écartés, et par conséquent le chemin qu’ils avaient à faire pour y revenir ; et quand Ézéchias eut goûté tant soit peu le bonheur d’avoir le vrai Dieu près de soi, dans le sanctuaire qu’Il s’était choisi, entre les chérubins, il avait tout ce qu’il fallait pour voir le mal — le mal abominable d’avoir des autels idolâtres élevés dans les rues de Jérusalem.
Je voudrais encore, avant de quitter ce sujet, adresser quelques mots pour la consolation de ceux de mes chers lecteurs, qui pourraient sentir avec douleur qu’ils se sont, en quelque mesure, éloignés de Dieu. Voici ce que je leur dirais : si vous avez réellement la conscience d’un état de chute ou de déclin spirituel — si vous avez péché ou contristé l’Esprit — si vous avez négligé de régler vos pensées et vos voies selon le Seigneur, en sorte que Satan ait pu en tirer parti pour vous affaiblir et vous troubler — si vous vous sentez repris pour quelques manquements dans le service et dans le culte — si, en un mot, il y a une chose quelconque qui soit comme un fardeau sur votre cœur ou comme un voile sur votre esprit : gardez-vous d’entretenir ce mal, de le couver dans votre âme ; mais comme les enfants d’Israël, approchez-vous immédiatement de l’autel de Dieu — fixez les yeux sur le sang — regardez directement à Jésus ; sachez voir en Lui la mesure de votre acceptation « devant le trône de Dieu », et soyez sûrs qu’en le faisant, vous sentirez votre esprit restauré et fortifié, pour combattre le mal qui vous abat dans la poussière et vous fait gémir tout le jour. Un vrai relèvement s’obtient, non pas tant par des efforts pour sortir des labyrinthes du mal et de la corruption, dans lesquels nous pouvons être égarés, mais bien plutôt en recevant, avec la confiance et la pleine certitude de la foi, le témoignage de Dieu quant à notre parfaite acceptation dans le Bien-aimé. Ainsi, tout ensemble, nous nous trouvons en plein sous les rayons de l’amour rédempteur de Dieu, et nous foulons sous nos pieds, dans le saint triomphe de la foi, le mal et toutes ses complications. « Grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » !
Mais revenons à Ézéchias. On ne pouvait pas s’attendre à ce que l’ennemi demeurât longtemps tranquille spectateur de cet heureux état de choses. Il y avait là trop de gloire pour Dieu, trop de bonheur pour le peuple de Dieu, pour qu’on supposât que l’adversaire pût demeurer impassible. Aussi, « après ces choses, et lorsqu’elles furent bien établies, Sankhérib, roi des Assyriens, vint, et entra en Judée, et se campa contre les villes fortes, faisant son compte de les séparer pour les avoir l’une après l’autre » (32, 1). Nous ne pouvons espérer d’aller en avant sans rencontrer des assauts. Nous avons un ennemi rusé, méchant et puissant, avec lequel il faut combattre ; et il est bien rare que nous puissions jouir, sur la terre, d’un jour de soleil radieux, sans aucune ombre qui l’obscurcisse. Ainsi Ézéchias et son réjouissant cortège d’adorateurs sont interrompus dans leur œuvre par Sankhérib et ses rudes soldats. Mais, béni soit Dieu, le sanctuaire et ses saintes occupations ne nous rendront jamais impropres au service actif. Au contraire, nous ne pouvons servir d’une manière efficace qu’autant que nous avons été dans le sanctuaire. C’est quand nous avons agi comme sacrificateurs au-dedans, que nous sommes bien préparés à agir comme Lévites ou comme hommes de guerre au-dehors ; il ne faut pas intervertir cet ordre divinement établi. Ézéchias se montra prêt pour l’action, quand vint le temps de l’action. Sans doute, il préférait infiniment le sanctuaire, avec son silence solennel, au tumulte du champ de bataille, et les aimables autels de Dieu aux châteaux et aux tours du génie militaire ; néanmoins, quand il le fallait, Ézéchias savait utiliser la sagesse qu’il avait acquise en secret, pour opérer la déroute de ses ennemis en public.
Il y a pourtant une différence sensible dans la manière dont les mêmes actes d’Ézéchias nous sont présentés en 2 Chroniques 32, et en Ésaïe 37. Là, ce qui me frappe, c’est que les faits y sont exposés plutôt comme un simple narré, tandis que, ici, ils sont considérés sous un point de vue moral et comme se rapportant aux futures destinées d’Israël. — Dans 2 Chroniques nous avons le détail des opérations militaires d’Ézéchias ; et dans Ésaïe elles sont complètement passées sous silence. Jetons donc un coup d’œil sur les dernières scènes de l’intéressante vie d’Ézéchias, telles que le Saint Esprit les met sous nos yeux dans le livre du prophète Ésaïe.
Ainsi que je viens de le dire, Ézéchias préférait infiniment le silence du sanctuaire au tumulte des combats. C’est ce qui est très manifeste dans toute sa carrière, mais tout spécialement dans ce qu’Ésaïe en rapporte ; la plus grande partie de son temps, sinon tout son temps, était consacrée à des services en rapport avec le sanctuaire. La place de Dieu « entre les chérubins » avait beaucoup plus d’intérêt pour lui que sa propre place sur le trône de David ; et il portait si loin son affection pour la maison de l’Éternel que, quand est venu le moment, où il semblerait devoir la quitter pour le champ de bataille, nous le voyons faisant du sanctuaire même son champ de bataille ; ce qui est encore particulièrement instructif. L’orgueilleux roi d’Assyrie était aux portes de Jérusalem, avec une armée victorieuse et puissante, et naturellement on s’attendrait à voir Ézéchias au milieu ou à la tête de ses hommes de guerre — endossant son armure — ceignant son épée — montant sur son chariot ; mais non : Ézéchias était bien différent de la plupart des rois et des capitaines — il avait découvert une place forte, tout à fait inconnue à Sankhérib — il avait trouvé un champ de bataille dans lequel il pouvait vaincre sans coup férir. Et remarquez quelle est l’armure dont il se revêt : « Et il arriva qu’aussitôt que le roi Ézéchias eut entendu ces choses, il déchira ses vêtements, et se couvrit d’un sac, et entra dans la maison de l’Éternel » (És. 37, 1). Telle était l’armure avec laquelle le roi de Juda allait en venir aux mains avec le roi d’Assyrie. Singulières armes, en vérité ! Qu’aurait dit Sankhérib, s’il avait vu cela ? Jamais encore il n’avait rencontré semblable antagoniste — jamais encore il n’avait eu affaire avec un homme qui, au lieu de se couvrir d’une cotte de mailles, endossait un sac ; au lieu de s’élancer dans son chariot sur le champ de bataille, allait tomber à genoux dans le temple. Comme cela eût paru étrange au roi d’Assyrie ! Il avait combattu avec les rois de Hamath, d’Arpad, etc. Mais il avait trouvé en eux des hommes qui faisaient la guerre de la même manière que lui ; c’étaient de tout autres adversaires qu’Ézéchias. En effet, ce qui donnait à celui-ci une puissance extraordinaire dans ce débat, c’était le sentiment qu’il n’était rien — qu’un « bras de chair » ne servait de rien ; et que, finalement, si l’on n’avait pas Jéhovah, l’on n’avait rien. C’est ce que l’on voit surtout dans la circonstance de la lettre qu’Ézéchias déploya devant l’Éternel. Par la foi, ce roi pieux était rendu capable de se retirer de la scène et d’envisager toute cette affaire comme une question à vider entre Jéhovah et le roi d’Assyrie. Ce n’était pas Sankhérib et Ézéchias, mais Sankhérib et Jéhovah. Et cela nous explique ce que signifiait le sac dont Ézéchias se couvrit : il se sentait complètement impuissant et sans force et il se plaçait devant Dieu comme tel : — il rappelle au Seigneur les paroles par lesquelles le roi d’Assyrie avait blasphémé le Dieu vivant — il en appelle à Lui pour qu’Il prenne la défense de la gloire de Son nom, étant bien assuré qu’en le faisant Il délivrerait Son peuple. Oh ! méditez sur cette merveilleuse scène : Entrez dans le sanctuaire et là contemplez cet homme solitaire, pauvre et faible d’apparence, à genoux, répandant son âme devant Celui qui habitait entre les chérubins : — point de préparatifs militaires — point de revues de troupes — « les anciens d’entre les sacrificateurs couverts de sacs », vont et viennent d’Ézéchias au prophète d’Israël — extérieurement tout semble la faiblesse même. De l’autre côté, voyez un puissant conquérant à la tête d’une nombreuse armée, excitée par la victoire et ardente au pillage. Assurément, on aurait dit en parlant selon l’homme : c’en est fait d’Ézéchias et de Jérusalem. Évidemment Sankhérib et sa redoutable armée vont engloutir, en un moment, cette poignée d’hommes ! Remarquez encore sur quel terrain Sankhérib se place ici. Il dit : « Qu’est-ce que cette confiance que tu montres ? Je te le dis, purs vains discours que de parler de tes moyens et de tes forces pour la guerre. Eh bien ! dans qui te confies-tu, pour t’être révolté contre moi ? Voici, tu te confies dans l’appui de ce roseau cassé, dans l’Égypte, qui pénètre et perce la main de quiconque s’y appuie ; tel est Pharaon roi d’Égypte, pour tous ceux qui se confient en lui. Et si tu me dis : C’est dans l’Éternel notre Dieu que nous nous confions ! N’est-ce pas lui, [te répondrai-je,] dont Ézéchias a détruit les hauts lieux et les autels, et a dit à Juda et à Jérusalem : C’est devant cet autel que vous adorerez ? » (És. 36, 4-7). Ainsi Sankhérib fait, de la réformation même qu’Ézéchias a effectuée, un sujet de reproches, voulant (telles étaient du moins ses vaines pensées) ne lui laisser aucun refuge, ou aucun fondement pour sa confiance. Il dit encore : « Et puis, est-ce malgré l’Éternel que j’ai marché contre ce pays afin de le ravager ? L’Éternel m’a dit : marche contre ce pays et ravage-le ! » (v. 10). C’était là mettre la foi d’Ézéchias à l’épreuve — la foi doit passer par le creuset — il ne suffit pas de dire que nous nous confions dans le Seigneur, il faut le prouver, et cela lors même que tout en apparence est contre nous. Comment donc Ézéchias va-t-il accueillir ces paroles hautaines ? Avec la silencieuse dignité de la foi : « C’était l’ordre du roi qui avait dit : Vous ne lui répondrez pas » (v. 21). Telle était l’attitude du roi aux yeux du peuple ; ou plutôt, telle est toujours l’attitude de la foi — il est calme — maître de lui-même — digne en présence de l’homme ; tandis que dans le même temps, il va s’abaisser jusque dans la poussière, dans le sentiment de son néant et de son indignité en présence de Dieu. L’homme de foi peut dire à ses compagnons : « Demeurez tranquilles et voyez la délivrance de l’Éternel », et, dans le même instant, faire monter à Dieu le cri de la grande faiblesse dont il a conscience (voir Ex. 14, 13-15). Il en fut ainsi du roi de Juda dans ce moment solennel et critique. Écoutons-le, lorsque, dans la retraite du sanctuaire où il s’est enfermé avec Dieu, il répand les anxiétés de son âme dans le sein de Celui qui était toujours disposé à l’écouter et puissant pour le secourir : « Ô Éternel des armées, Dieu d’Israël, qui sièges entre les chérubins, toi seul tu es le Dieu de tous les royaumes de la terre ; c’est toi qui as fait les cieux et la terre ! Éternel, incline ton oreille et écoute ! Éternel, ouvre ton œil et vois ! et entends toutes les paroles que Sankhérib nous adresse pour insulter au Dieu vivant ! Il est vrai, ô Éternel ! les rois d’Assyrie ont dévasté tous les pays et leur propre pays, et ils ont jeté leurs dieux au feu, car ils ne sont pas dieux, mais l’œuvre des mains de l’homme, du bois et de la pierre ; c’est pourquoi ils les ont détruits. Maintenant donc, ô Éternel, notre Dieu ! délivre-nous de sa main, afin que tous les royaumes de la terre reconnaissent que seul tu es l’Éternel » (37, 15-20).
Ainsi Ézéchias remet toute l’affaire entre les mains de Jéhovah, et s’en décharge complètement, comme si elle ne le regardait plus du tout. Ce n’est pas que la difficulté lui paraisse peu de chose — il admet que « les rois d’Assyrie ont dévasté tous les pays » — mais d’où vient cela ? Uniquement de ce que les dieux de ces contrées n’étaient pas comme Jéhovah — et que leurs habitants ne savaient pas ce que c’était que remettre leur cause entre les mains du Dieu vivant qui a fait les cieux et la terre. Voilà d’où provenait leur ruine. Quelle foi triomphante ! Quelle sainte hardiesse de confiance dans ce plaidoyer avec Dieu ! En l’entendant, nous pouvons bien dire : Où est la difficulté qu’une telle foi n’eût pas surmontée ! La foi, ayant affaire avec Celui qui a fait les cieux et la terre, ne tiendra guère compte d’une armée, quelque nombreuse qu’elle puisse être. La foi peut contempler des myriades d’anges et des montagnes couvertes de chariots de feu, qui sont là pour défendre celui qui se confie en Jéhovah.
Considérons maintenant comment la prière d’Ézéchias fut accueillie et exaucée d’entre les chérubins. Le Seigneur ne refusera jamais d’être mis en présence d’une difficulté, pourvu qu’on Le laisse agir et qu’on ne Lui dérobe pas la gloire de la délivrance… Écoutez Sa réponse dans cette occasion : « Ainsi parle l’Éternel, Dieu d’Israël : Sur la prière que tu m’as faite au sujet de Sankhérib, roi d’Assyrie, voici la parole que prononce l’Éternel sur lui : La vierge fille de Sion te méprise et te raille, et la fille de Jérusalem hoche la tête derrière toi. Qui as-tu insulté et outragé ? Et contre qui as-tu élevé ta voix ? Tu as porté avec hauteur tes yeux sur le Saint d’Israël ! » (v. 21-23). Nous avons dit qu’Ézéchias avait pu, par grâce, se débarrasser lui-même entièrement de la difficulté. Il déclarait son incapacité à lutter avec le roi d’Assyrie, par le fait même qu’il se couvrait d’un sac au lieu d’endosser une armure. Son attitude dans la maison de l’Éternel exprimait ceci : Dieu ou rien. Ainsi, parce que la foi de cet homme humble et humilié avait mis l’Éternel Dieu d’Israël directement en contact avec le roi d’Assyrie, le même Dieu d’Israël, dans Sa grande miséricorde, amène l’homme couvert de sac à partager les riches dépouilles de la victoire sur l’ennemi. Ézéchias avait dit : « Il a fait outrager le Dieu vivant » ; le Seigneur répond : « Qui as-tu outragé ? — le Saint d’Israël ». Encore une fois, voilà un adversaire tel que Sankhérib ne s’était nullement attendu à en rencontrer. — Il n’aurait jamais eu l’idée que sa lettre serait placée sous l’œil scrutateur du Dieu vivant. Il pensait n’avoir affaire qu’avec la chair et le sang, qu’avec l’épée et la lance, comme il y avait été accoutumé jusqu’alors ; mais, voici un homme de foi qui prie, et Dieu qui l’entend ; et l’ange de l’Éternel sort, et fauche en un moment « cent quatre-vingt-cinq mille hommes ; et au lever, le matin, ils étaient tous des cadavres sans vie » (v. 36).
Ainsi, nous entrevoyons quelque chose des vastes ressources d’Ézéchias. Il connaissait le prix de la solitude avec Dieu — il trouvait plus de consolation et de puissance réelle dans le secret de la présence de Dieu, que s’il eût été entouré de troupes et de guerriers en armes — il expérimentait, en quelque mesure, la réalité des paroles prononcées plus tard par l’apôtre : « Lorsque je suis faible, alors je suis fort ». Nous pouvons comprendre aussi que, si l’armée de Sankhérib eût compté des millions au lieu de milliers d’hommes, l’ange de l’Éternel ne les aurait pas moins, en un instant, balayés de dessus la face de la terre ; car quand Jéhovah a déterminé d’intervenir en faveur de Son peuple et en réponse à leurs prières, Il ne tient compte de rien ni de personne. « Il a renversé Pharaon et son armée dans la mer Rouge ; parce que sa bonté demeure éternellement » (Ps. 136, 15). Et il n’en est pas autrement aujourd’hui. Que la foi s’approche seulement du trône de la grâce, et il s’en suivra les plus étonnants résultats. « Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai ». Et encore : « Je vous dis que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour quelque chose que ce soit qu’ils demanderont, cela leur sera fait par mon Père qui est dans les cieux » (Matt. 18, 19). Oh ! combien peu nous avons l’idée de ce que notre Dieu ferait pour nous, si seulement nous L’honorions davantage ! Nous sommes trop restreints dans nos pensées et trop formalistes dans nos prières. Trop souvent nous ressemblons au roi d’Israël qui « frappa trois fois contre terre, puis s’arrêta », tandis qu’il aurait dû « frapper cinq ou six fois ». Il ne paraît pas avoir connu la signification et l’importance de l’acte de frapper, et l’on peut en dire autant de nous relativement à la prière. Glorifions donc le Seigneur, en Le faisant prendre part à toutes nos difficultés et soyons assurés qu’Il nous donnera de les surmonter toutes, quelles soient grandes ou petites : les plus grandes ne sont pas au-dessus de Sa puissance — Son amour s’abaissera jusqu’aux plus petites. « Le Seigneur est près. Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos demandes à Dieu par la prière et la supplication, avec actions de grâces ; et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4, 6, 7). Quel bel exemple de ces saintes dispositions nous offre Ézéchias ! Son commandement au peuple était : « Ne lui répondez pas ». Et pourquoi ? Parce qu’il savait que Jéhovah lui répondrait. Et c’est ce que Jéhovah fit en effet, béni soit à jamais Son grand nom ! Et cela de manière à prouver à Ézéchias qu’il n’avait rien perdu en se dévouant aux intérêts de la maison de Dieu. Jamais l’Éternel n’eût permis qu’on pût dire que le roi de Juda aurait dû fortifier son royaume contre les invasions de l’ennemi, plutôt que d’agir ou d’adorer dans le temple. Si Ézéchias avait montré de la sollicitude pour conserver à Jéhovah la place qu’Il affectionnait entre les chérubins, Jéhovah lui faisait voir miséricordieusement que, même au point de vue politique, il ne s’était pas trompé, car Dieu, dans une seule nuit, accomplissait ce que n’auraient pu faire les préparatifs militaires de toute une génération : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus ». Dieu ne sera jamais débiteur de personne ; mettons-nous seulement de cœur et d’âme à Son œuvre et le résultat démontrera que nous avons agi d’après des principes vraiment bons. « Éprouvez-moi en ceci, a dit l’Éternel des armées, si je ne vous ouvre les canaux des cieux, et si je ne répands sur vous la bénédiction de sorte que vous n’y pourrez point suffire » (Mal. 3, 10). J’ai lieu de croire que plusieurs parmi nous se sentent humiliés, et à bon droit, en pensant à l’extrême importance que nous attachons à nos propres affaires, tandis que les intérêts de la maison de Dieu — de l’Église du Dieu vivant — attirent si peu notre attention. Le Seigneur nous rappelle souvent nos manquements à cet endroit, en nous faisant voir que, malgré tout notre zèle à travailler pour le moi, nous n’atteignons pas notre but. « On regardait à beaucoup, et voici, tout est revenu à peu ; et vous l’avez apporté à la maison, et j’ai soufflé dessus : Pourquoi ? À cause de ma maison, dit l’Éternel des armées, laquelle demeure désolée, pendant que vous courez chacun à sa maison. À cause de cela, les cieux se sont fermés sur vous pour ne point donner la rosée et la terre a retenu son rapport » (Agg. 1, 9, 10). Le Seigneur agit ainsi avec Son peuple d’après un principe de justice rétributive, exprimé dans ces paroles : « Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Gal. 6, 7).
Au reste, ce mode d’action n’a absolument rien à faire avec la parfaite acceptation du croyant, par grâce, non plus qu’avec sa position devant Dieu en grâce. Ceci, que le Seigneur en soit béni ! est une affaire décidée et réglée, une fois pour toutes ; rien ne peut la remettre en question : néanmoins, l’apôtre, par le Saint Esprit, nous enseigne que « celui qui sème chichement, moissonnera aussi chichement ». Et c’est là un principe d’une application bien étendue. Peu importe que nous l’appliquions à telle ou telle manière de semer ; la grande affaire, c’est que nous sachions semer libéralement pour le Seigneur, sans cela Il ne nous accordera pas une abondante moisson. Si nous ne laissons pas nos esprits et nos cœurs s’intéresser à l’Église — aux agneaux et aux brebis du troupeau de Christ, devons-nous être surpris que nos âmes demeurent dans un état de sécheresse et de pauvreté ? Si nos esprits ne sont occupés que de nos propres affaires, de nos circonstances, de nos difficultés, de nos peines, de nos combats, devons-nous être surpris que souvent ces choses parviennent à accaparer toutes nos pensées ? Si Ézéchias n’avait songé qu’à bâtir « des châteaux et des tours » — s’il s’était uniquement appliqué à fortifier son royaume et à sauvegarder son trône, comment eût-il osé entrer dans la maison de l’Éternel pour y chercher du secours au moment du besoin ? Dans de telles circonstances, au lieu de la glorieuse réponse rappelée ci-dessus, n’eût-il pas pu s’attendre à en recevoir une dans ce sens : « Vas à tes châteaux et à tes tours, qu’ils te délivrent au temps de ta détresse, puisque tu y as mis ta confiance ». Mais tel ne fut pas le cas. Ézéchias avait pris soin de la maison de Jéhovah, et Jéhovah voulait prendre soin du royaume d’Ézéchias, car « Dieu n’est pas injuste pour oublier l’œuvre et le travail de l’amour ». Et il en est toujours de même. Que personne donc ne s’imagine que son âme puisse prospérer, s’il ne se dévoue pas aux intérêts de la maison de Dieu. Si nous voulons voir l’orgueilleux Assyrien abattu, il faut que nous vivions devant le Seigneur, davantage pour Lui ; il faut que nous soyons plus initiés à la jouissance intime de la présence de Dieu. Et cela, est-il besoin de le dire ? non pas dans l’intention de gagner quelque chose, mais par une consécration pure et positive au Seigneur, comme à Celui qui nous a tout donné, et qui, par Sa souveraine grâce, nous a faits tout ce que nous sommes, tout ce que nous serons à jamais.
Tel a donc été, jusqu’ici, le bon roi Ézéchias. Nous l’avons vu comme un sacrificateur dans le sanctuaire, comme un Lévite au milieu de ses frères, et comme un guerrier, ayant affaire avec l’ennemi du dehors ; et, dans toutes ces positions, nous avons remarqué en lui la même piété aimable et attrayante. Il nous offre un exemple remarquable de la bénédiction attachée à l’homme qui commence, continue et achève ses œuvres en Dieu. Il désirait remporter une glorieuse victoire sur son adversaire, mais il désirait y parvenir sans quitter sa douce retraite dans le sanctuaire. Il voulait faire du temple sa chambre de conseil, et c’était à genoux qu’il méditait ses dispositions militaires. Ainsi il vainquit — ainsi il remporta sans bruit une éclatante victoire. Le roi de Juda était sur ses deux genoux, tandis que le roi d’Assyrie allait être ramené en son pays avec une boucle en ses narines et un mors en sa bouche, comme une bête fauve ; frappant exemple de ce qui suit toujours l’orgueil. Et sa carrière ne se termina pas là. Quelque humiliant qu’il dût avoir été pour un conquérant aussi vain et aussi orgueilleux d’être obligé de battre en retraite, vaincu par il ne savait qui — par un homme couvert d’un sac — cependant quelque chose de pire encore l’attendait. Il s’imaginait naturellement trouver un asile assuré, au moins dans le temple de son dieu. Mais non ; il ne savait pas ce que c’était que se vêtir d’un sac en présence de Celui qui habitait entre les chérubins ; aussi quel traitement reçut-il devant l’autel même de l’objet de son culte ? « Il arriva qu’étant prosterné dans la maison de Nisroc son dieu, Adrammélec et Sharétser, ses fils, le tuèrent avec l’épée » (És. 37, 38). Telle sera la fin de tous ceux qui s’élèvent contre le Seigneur et contre Son peuple.
J’ai déjà fait observer que le prophète Ésaïe semble considérer la frappante histoire d’Ézéchias essentiellement sous son aspect moral et comme liée aux futures destinées de la maison d’Israël. En l’envisageant de cette manière, nous pouvons voir en Sankhérib un type « du roi qui fera selon sa volonté », qui s’élèvera au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore ; et qui « s’enorgueillira, s’élèvera par-dessus tout dieu, proférera des choses étranges contre le Dieu des dieux, et prospérera jusqu’à ce que l’indignation ait pris fin » (comp. 2 Thess. 2, et Dan. 11, 36-45). De même, Ézéchias, couvert d’un sac, peut être considéré comme un type du résidu fidèle aux derniers jours, criant à Dieu pour être délivré de la main du cruel et puissant oppresseur ; lorsque l’Éternel « le mènera au désert et lui parlera selon son cœur », et que, « la vierge, fille de Sion, hochera la tête après celui qui faisait trembler la terre et qui ébranlait les royaumes ». Alors, en effet, « les réchappés de la maison de Juda, les survivants pousseront des racines en bas et porteront du fruit en haut ; car de Jérusalem il sortira un résidu, et de la montagne de Sion des réchappés ; le zèle de l’Éternel des armées opérera ces choses » (És. 37, 31, 32).
La considération des derniers temps d’Ézéchias, envisagés sous ce point de vue, augmente beaucoup pour nous l’intérêt de son histoire ; car elle nous présente non seulement de profonds principes moraux pour notre conduite de chaque jour, mais encore une importante esquisse prophétique de l’histoire d’Israël dans les derniers temps. Ah ! qu’il nous soit donné d’aimer et d’apprécier toujours davantage les témoignages de notre Père céleste, et cela d’autant plus que nous comprenons la misérable instabilité de tous les événements d’ici-bas et de toutes les opinions humaines. « Toute chair est comme l’herbe, et toute sa grâce est comme la fleur d’un champ. L’herbe est séchée, et la fleur est tombée, parce que le vent de l’Éternel a soufflé dessus ; vraiment le peuple est comme l’herbe. L’herbe est séchée et la fleur est tombée ; mais la parole de notre Dieu demeure éternellement » (És. 40, 6-8).
Dans le chapitre 38 d’Ésaïe, nous voyons le roi Ézéchias extrêmement abaissé et abattu — amené jusqu’aux « portes du sépulcre » — et cela non pas, comme précédemment, relativement à l’état et aux circonstances de son royaume, mais dans sa propre personne. Il doit, pour ainsi dire, sentir le souffle desséchant du roi des épouvantements, comme naguère il a essuyé les arrogantes menaces du roi d’Assyrie. Il est mis à même d’éprouver qu’il doit chercher un refuge en Dieu, non seulement pour ce qui regarde son royaume, mais aussi pour ce qui le regarde lui-même. Ce fut pour lui un temps d’épreuve, mais aussi un temps salutaire. Il est aisé d’apercevoir la main d’un ami fidèle dans cette grave affliction. Ézéchias avait traversé bien des circonstances, dont l’ennemi eût pu facilement tirer parti pour l’enorgueillir. Une longue carrière de dévouement au service de Dieu — la glorieuse réformation dont il avait été l’instrument — l’influence bénie qu’il avait exercée sur les sacrificateurs et les Lévites, sur les hommes de Juda et d’Israël — et en dernier lieu, l’éclatante délivrance que l’Éternel des armées lui avait accordée, d’un ennemi des plus redoutables : tout cela était, certes, bien propre à exciter l’orgueil de son cœur ; et comme nous le verrons bientôt, Ézéchias n’en était pas à ignorer ce que c’est que l’orgueil. Eh bien ! n’avons-nous pas sujet d’admirer la fidélité de notre Dieu, quand, après avoir jeté un coup d’œil sur les brillantes scènes de la vie de cet homme pieux, nous prêtons l’oreille aux solennelles paroles par lesquelles s’ouvre ce chapitre : « Ainsi a dit l’Éternel : Mets en ordre ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus ». Il s’agit maintenant d’une affaire personnelle : « Ta maison ». Il s’était fort occupé jusqu’alors de la maison de Dieu, et cela de la manière la plus louable. Il avait eu vivement à cœur le bon état de son royaume, et certes avec raison ; autrement, il eût été indigne de s’asseoir sur le trône de David. — Mais il y avait encore quelque chose de plus profond que tout cela à effectuer. Le Seigneur voulait s’approcher davantage encore de Son serviteur. Il voulait traiter avec lui de sa maison. « Mets ta maison en ordre ». Parole des plus pénétrantes ! Plus d’une fibre secrète dans le cœur, inaperçue au milieu du tumulte d’un service plein d’activité, devait vibrer à ces mots — plus d’un recoin caché de l’âme devait s’ouvrir et se dévoiler, après avoir été, peut-être, longtemps comme fermé par un effet même des rapports continuels avec les hommes. Auprès du lit de maladie d’Ézéchias, on se sent comme dans une atmosphère profondément solennelle, qui nous frappe d’autant plus que la transition est des plus soudaines. Un instant auparavant nous le contemplions au milieu de la victoire et du triomphe ; maintenant nous le voyons « aux portes mêmes du sépulcre » ; naguère il s’offrait à nos yeux dans le sanctuaire « élevant la tête par-dessus ses ennemis qui étaient à l’entour de lui » ; un moment plus tard nous le voyons renversé par terre, et attendant le coup de l’ange de la mort : mais là comme ici nous reconnaissons le même Dieu. Dans le premier cas, il est vrai, c’est Dieu en grâce et en miséricorde ; dans le dernier, c’est Dieu en sagesse et en fidélité ; mais c’est toujours Dieu : et l’on sait à peine ce que l’on doit admirer le plus, de la grâce de ces paroles à Sankhérib : « La fille de Sion t’a méprisé » — ou de la fidélité de ces mots adressés à Ézéchias : « Mets en ordre ta maison ». Dans les unes, nous voyons Dieu délivrant Son serviteur d’un ennemi ; dans les autres, nous voyons Dieu le délivrant de lui-même.
Eh bien ! que va faire Ézéchias dans ce moment de détresse ? Il ne peut monter à la maison de l’Éternel ; mais il peut s’élever à l’Éternel Lui-même, et c’est ce qu’il fait. « Alors Ézéchias tourna sa face contre la muraille, et fit sa prière à l’Éternel »[3]. Voilà quelle était sa ressource en tout temps. « Mon âme, demeure tranquille, regardant à Dieu seul, car mon attente est en lui ». Le Seigneur se proposait de produire dans l’âme de son serviteur bien-aimé un sentiment convenable de son état de dépendance : Il voulait lui faire voir que la même main, qui naguère avait retiré son royaume de la gueule de l’adversaire, devait l’arracher lui-même de la gueule de la mort ; ou, en d’autres termes, que c’était seulement dans la puissance de la résurrection, que lui-même et son royaume pouvaient subsister d’une manière permanente. Quelle divine harmonie on découvre entre ces mots : « Mets en ordre ta maison », et ceux-ci : « Ézéchias tourna sa face contre la muraille » ! C’était là sa réponse. « Quoiqu’il n’en soit pas ainsi de ma maison avec Dieu, cependant il a traité avec moi une alliance éternelle, bien établie et assurée ; car c’est tout mon salut, et tout mon désir, quoiqu’il ne la fasse pas croître » (2 Sam. 23, 5 — version anglaise). Maintenant Ézéchias se remet lui-même, comme précédemment il avait remis son royaume, entre les mains de Jéhovah — c’est là sa seule place de vraie sécurité. Et remarquez comment le Seigneur rattache la délivrance du royaume au relèvement du roi : « Voici, je m’en vais ajouter quinze années à tes jours. Et je délivrerai de la main du roi des Assyriens, toi et cette ville, et je garantirai cette ville ». Cela nous enseigne avec la plus grande clarté que soit Juda soit le roi de Juda devaient passer par la mort et par la résurrection. C’est quelque chose de tout à fait en dehors des voies de la nature ; aussi les lois mêmes de la nature sont interverties : « le soleil rétrograde de dix degrés, par lesquels degrés il était descendu ». Quelle magnifique manifestation de la puissance de Dieu en grâce, agissant justement à l’encontre du cours de la nature ! Toutes les scènes de la vie d’Ézéchias nous présentent quelque chose de remarquable. Sa délivrance de l’Assyrien fut merveilleuse — sa délivrance de la mort l’est davantage encore. Il lui était donné de faire intervenir Dieu dans toutes ses difficultés, à tel point que sa délivrance devait nécessairement provoquer, dans une grande mesure, des actes remarquables de Dieu ; et, nous le savons, Dieu ne tient compte d’aucune chose quelconque qui se rencontre sur son chemin, quand Il veut agir en faveur de Son peuple : non seulement Il saura arrêter le cours du soleil, comme dans le cas de Josué, mais Il le fera rétrograder, s’Il veut déployer les divines énergies de Sa grâce et de Sa puissance afin de délivrer ceux qui s’appuient sur Lui pour être secourus. Ah ! nous pouvons bien dire que, quand la foi en appelle à la toute-puissance, il n’est rien de trop grand pour elle.
Cependant l’Éternel n’usa pas pour délivrer Son serviteur d’une méthode qui fût, le moins du monde, incompatible avec la divine leçon qu’Il voulait lui donner. Preuve en soit la lecture attentive de « l’écrit d’Ézéchias, roi de Juda, touchant ce qu’il fut malade, et qu’il guérit de sa maladie ». — L’expérience que respire cet écrit n’aurait jamais pu être acquise au milieu de la congrégation — ni sur le champ de bataille — ni dans une autre position quelconque que celle où Dieu venait de le placer, c’est-à-dire sur un lit de maladie. Nul ne peut enseigner comme Dieu.
Et si l’on demande quelle instruction spéciale Ézéchias reçut pendant sa maladie, le verset 15 répond par ces mots : « Que dirai-je ? Il m’a parlé et lui-même l’a fait : Je m’en irai tout doucement, tous les ans de ma vie, dans l’amertume de mon âme ». Ainsi, il apprit alors le besoin qu’il avait de s’en aller tout doucement. Et cette visitation était certes bien propre à lui donner cette leçon bénie, quoiqu’il dût, hélas ! l’oublier bientôt. Mais il y avait plus que cela : Ézéchias apprit quelque chose relativement à Dieu, aussi bien que relativement à lui-même, et c’est encore ce qui est précieux pour nous. Les secrets ressorts de nos cœurs ne sont mis à découvert, qu’autant que, en même temps, nous découvrons de secrets ressorts dans le cœur de Dieu. Un homme qui apprend seulement qu’il y a, dans son cœur, des péchés cachés et des principes de mal dont il n’avait pas l’idée auparavant, ne fait par là que plonger son esprit dans un misérable découragement. Ce n’est pas là apprendre quelque chose par un enseignement divin. Mais si, tout en découvrant son péché, il découvre aussi la grâce de Dieu qui ôte ce péché, voilà ce qui est divin — car ainsi il apprend, à la fois, à se connaître soi-même et à connaître Dieu. Eh bien ! ce n’est que quand un homme se connaît et connaît Dieu dans ses rapports avec lui-même, qu’il est réellement humilié. La grâce, tout en ôtant nos péchés, amène l’âme à une profonde humiliation à cause de ces péchés. Il en fut ainsi d’Ézéchias ; il fut enseigné à « s’en aller doucement », par la grâce qui avait pour toujours décidé la question du pardon de ses péchés. « Seigneur ! par ces choses-là on a la vie, et dans tout ce qui est en ces choses consiste la vie de mon esprit ; ainsi tu me rétabliras, et me feras revivre. Voici, dans ma paix une grande amertume m’était survenue ; mais dans ton amour tu as retiré mon âme de la fosse de corruption ; car tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos ». Voilà ce qui était une heureuse découverte faite par Ézéchias dans le cœur de Dieu ! Ce n’est pas seulement : « Tu as délivré le royaume de la main du roi d’Assyrie ». Non, mais : « Tu m’as retiré de la fosse de la corruption, car tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos ». Ainsi Ézéchias est délivré de lui-même, de ses péchés, de la fosse, pour prendre avec bonheur sa place parmi les « vivants », qui seuls peuvent « louer et célébrer » le nom de l’Éternel. Dans quelle position bénie l’âme de cet homme pieux est donc amenée par toutes les voies de Dieu mentionnées dans ce chapitre, qui commence par ces mots : « Mets en ordre ta maison », lesquels découvraient devant lui bien des choses propres à l’humilier ; mais ensuite il apprend à connaître mieux l’amour qui rachète et qui restaure, en sorte que, à cette sommation pénétrante : « Mets ta maison en ordre », il peut répondre par cette triomphante affirmation : « Tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos ». Quant à sa maison, il savait qu’il n’en « était pas ainsi avec Dieu » ; néanmoins il pouvait s’en remettre entièrement à la divine alliance qu’il savait être « bien établie et assurée ». « L’Éternel m’est venu délivrer ; et à cause de cela nous jouerons sur les instruments mes cantiques, tous les jours de notre vie, dans la maison de l’Éternel ».
Jusqu’ici, il est fort édifiant de voir le service du temple rétabli, Juda délivré de la main de l’oppresseur, et le roi de Juda tiré hors de la fosse de la corruption. On serait disposé à croire que maintenant la gloire va se manifester ; mais, hélas ! hélas ! il ne peut pas en être ainsi : tout ceci, quelque béni qu’il puisse être, n’est qu’une ombre de faits dont la révélation n’aura lieu que lorsque le vrai Roi de Juda s’assiéra sur le trône de David Son père, ayant en main le sceptre d’un royaume qui ne sera jamais ébranlé.
Considérons maintenant la dernière scène de la vie d’Ézéchias, qui ne démontre que trop clairement le fait, que la gloire ne pouvait pas encore se manifester. Nous ne nous arrêterons pas longtemps sur cette partie de notre sujet, sur laquelle le Saint Esprit lui-même ne s’arrête guère : car Il nous en donne le récit en deux versets, et Il résume en un seul verset le commentaire qu’Il en fait. Au reste nous voyons constamment le divin écrivain prendre beaucoup plus de plaisir à exposer les grâces que les chutes de ceux dont Il raconte l’histoire. C’est ce que l’on observe tout spécialement dans celle d’Ézéchias ; le récit de ses actes de fidélité occupe quatre longs chapitres dans le second livre des Chroniques, tandis que, relativement à sa chute, nous n’avons que ces quelques mots : « Mais, lorsque les ambassadeurs des princes de Babylone, qui avaient envoyé vers lui, pour s’informer du miracle qui était arrivé sur la terre, furent venus vers lui, Dieu l’abandonna pour l’éprouver, afin qu’il connût tout ce qui était en son cœur » (32, 31). Il y a là peu de paroles, mais que de choses elles nous disent ! Il fallait toute la connaissance qu’Ézéchias possédait de l’amour de Dieu en rédemption, pour qu’il pût être amené à connaître tout ce qui était en son cœur. Il fallait tout ce qu’Ézéchias avait appris de Dieu précédemment pour le rendre capable de sonder les replis et les profondeurs de son cœur et de voir « tout » ce qui y était. Oh ! qu’est-ce qui n’est pas compris, impliqué dans ce petit mot « tout » ? Qui pourrait en soutenir la portée, si ce n’est celui qui a appris à dire : « Tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos » ? Nul autre assurément. Ce n’est que quand nous savons que le Seigneur a pardonné toutes nos iniquités, et guéri toutes nos infirmités — que quand nous pouvons, par la foi, voir le bouc azazel, divinement institué pour cela, emportant avec lui dans la terre de l’oubli « toutes nos iniquités, et toutes nos fautes, et tous nos péchés » (Lév. 16, 21) — ce n’est qu’alors que nous pouvons aussi faire le tour de nos cœurs, les sonder et voir tous les maux affreux qu’ils contiennent. La connaissance, même fort imparfaite, de ce qu’il y a dans nos cœurs, sans une connaissance proportionnée de la grâce de Dieu en Christ, n’est pour nous qu’une terrible découverte dont nous sommes tout accablés ; mais quand nous commençons à connaître Dieu en la croix, plus il nous est donné de scruter notre propre corruption — plus nous approchons du terme de ce prodigieux mot « tout » — et plus nous apprécions la grâce de notre Dieu, et l’efficace purifiante du sang de notre Seigneur Jésus Christ.
Il est utile encore de remarquer comment, à chaque station successive de l’intéressante histoire d’Ézéchias, le Seigneur agit de plus en plus intimement avec lui. « Tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde » (Jean 15, 2). Plus un homme est dévoué au Seigneur, plus sa marche est vraiment élevée — et plus aussi le Seigneur veillera avec jalousie sur lui, afin d’avoir des preuves toujours plus signalées et plus bénies de son dévouement ; ou peut-être aussi dans le but d’exercer un jugement sur quelque mal secret qui jusqu’alors avait été latent et comme endormi dans le cœur. C’était ce dernier but, que le Dieu sage et fidèle avait en vue dans le cas d’Ézéchias.
Quant à ce qui concernait l’ordre du royaume, il est plus que probable que les circonstances récentes, et spécialement la défaite de Sankhérib, devaient avoir produit un effet puissant sur les nations d’alentour. Le témoignage quant au bon ordre du royaume était, on peut dire, surabondant. En outre, les cœurs joyeux des enfants d’Israël, lorsqu’ils s’en retournaient dans leurs tribus et dans leurs demeures, prouvaient bien évidemment que le service du temple était aussi en très bon ordre. En d’autres termes, Ézéchias avait le témoignage du monde, au-dehors, et de ses frères, au-dedans, quant à l’intégrité et à la droiture de ses voies, et tout cela était fort important. Il est heureux pour nous que nous ne donnions pas lieu au monde de nous injurier, ou à nos frères de nous suspecter. Nous devrions tous au moins connaître ce bonheur. Mais ce n’est pas là tout, tant s’en faut. Dieu examine nos voies de plus près que le monde ou l’Église. Il ne se contente pas d’un royaume en ordre, ni même d’une maison en ordre, mais élevant toujours plus la règle, Il veut encore un cœur bien en ordre. Ceci, me semble-t-il, est de nouveau plein d’instruction et propre à pénétrer nos consciences. Quand Ézéchias commença sa carrière publique, la première chose qui devait attirer son attention, c’était l’état de désordre de son royaume ; vint ensuite l’état de désordre de sa maison ; et à la fin, comme le plus difficile de tout, l’état de désordre de son cœur. Or, dans le fait qu’il fut appelé à soutenir cette dernière épreuve, nous voyons jusqu’à quel point Ézéchias avait surpassé même des hommes doués de grâces plus qu’ordinaires. Jotham, par exemple, ne fut jamais appelé à une pareille épreuve, et pourquoi ? Parce que, au début même de sa carrière, il manqua de fidélité. Il y eut un « mais » à son égard relativement au royaume, pour ne rien dire de sa maison ou de son cœur. Il n’en fut pas ainsi d’Ézéchias ; il n’y eut point de « mais » pour lui, sauf dans l’affaire des ambassadeurs, c’est-à-dire, en d’autres mots, que Dieu avait une question à régler avec lui quant à l’état de son cœur. Et ne pouvons-nous pas affirmer que Celui-là seul fut à même de soutenir la triple épreuve dont nous avons parlé, lequel a pu dire : « Je marcherai dans l’intégrité de mon cœur au milieu de ma maison » ?
Mais, demanderons-nous, d’où venait l’ennemi qui vainquit l’homme, que jusqu’ici nous avons vu marcher en avant dans les voies de Dieu avec tant d’assurance et tant de paix ? Il venait de Babylone. Oui, de Babylone, cette antique source de mal moral, dont un ruisseau avait empoisonné le camp d’Israël aux jours de Josué. « En ce temps-là Merodac-Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya des lettres avec un présent à Ézéchias » (És. 39). Voici un autre roi attaquant Ézéchias ; ce n’est plus le roi d’Assyrie avec une nombreuse armée ; ni le roi des terreurs avec une solennelle sommation de le suivre ; mais c’est le roi de Babylone avec un présent. Et quelque étrange que cela puisse paraître, le présent venant de Babylone se montre un adversaire trop puissant pour le cœur d’Ézéchias. Quand le roi d’Assyrie lui envoya des lettres, « il monta en la maison de l’Éternel, et les déploya devant l’Éternel ». Ainsi il fut vainqueur. Quand il fut sommé de se préparer à la mort, « il tourna sa face contre la muraille, et fit sa prière à l’Éternel ». Ainsi il fut relevé. Mais quand les ambassadeurs du roi de Babylone vinrent à lui, « il leur montra les cabinets de ses choses précieuses ». Ainsi il tomba. Avertissement des plus solennels ! Ézéchias n’était pas sur ses gardes. Il n’avait pas prié — il n’avait pas cherché le Seigneur — il n’avait point d’intelligence spirituelle pour découvrir l’hameçon qui était caché sous l’appât doré. S’il était allé dans le temple et qu’il eût déployé la lettre de Merodac devant l’Éternel, il eût été mis au-dessus de l’influence des attractions polies du monde, comme précédemment il avait été mis au-dessus de l’influence de ses menaces et de sa fureur. Le sanctuaire fût devenu pour lui un refuge aussi sûr contre les fourberies du serpent, qu’il l’avait été contre les rugissements du lion. Au reste la cause secrète de cette chute nous est dévoilée dans le saint commentaire de la Bible sur ce sujet : « Mais lorsque les ambassadeurs des princes de Babylone… furent venus, Dieu l’abandonna pour l’éprouver, afin de connaître tout ce qui était en son cœur ». Quand Dieu abandonne quelqu’un, un rien suffit pour le renverser.
Nous pouvons néanmoins retirer de la chute d’Ézéchias un enseignement qui est toujours de saison. Elle nous montre que les sourires du monde peuvent nous faire tomber, lorsque, peut-être, ses mépris n’avaient fait que nous pousser plus près du Seigneur. Il est bien plus mal aisé d’agir fidèlement avec un Gabaonite honnête en apparence ou avec un élégant Agag qu’avec les rudes Anakim, ces ennemis de Dieu prononcés et naturellement désagréables. Il est de même extrêmement difficile d’agir fidèlement avec les gens du monde, tout en recevant leurs compliments ou leurs politesses. Il faut une grande mesure de spiritualité pour pouvoir jouir de l’hospitalité ou s’asseoir à la table d’un homme du monde, et en même temps être fidèle envers lui quant à son âme : « Le présent aveugle les plus éclairés, et pervertit les paroles des justes » (Ex. 23, 8). C’est pourquoi le chrétien doit demeurer indépendant et séparé du monde. Si nous manquons de force spirituelle, il vaut mieux nous tenir, autant que possible, éloignés des mondains, que de nous mêler avec eux en déshonorant le Seigneur. Abraham ne voulut rien recevoir du roi de Sodome ni des Héthiens. Il ne voulut pas être débiteur des incirconcis. Étant ainsi séparé d’eux, il pouvait être un témoin vivant contre eux.
Nous pouvons aisément imaginer combien il eût été difficile pour Ézéchias d’amener le sujet de la vérité divine dans ses entretiens avec ces nobles étrangers : il ne pouvait pas aimer à traiter avec eux de semblables questions : le temps, le lieu, les circonstances devaient lui paraître peu convenables pour cela ; bien des pensées de ce genre devaient s’élever dans son esprit pour l’empêcher d’agir fidèlement avec ses hôtes. Et ni le monde au-dehors, ni même, peut-être, ses frères au-dedans n’eussent été capables de rien découvrir de mauvais dans ce qu’il fit en leur montrant la maison de ses trésors ; mais, hélas ! la pensée secrète qui l’y poussa était mauvaise : l’orgueil se cachait dans les profonds replis de son cœur — et au lieu de leur parler de Celui qui habitait entre les chérubins — de la magnifique délivrance de la main du roi d’Assyrie qu’il avait obtenue de Lui — des sérieuses leçons qu’il avait reçues « aux portes mêmes du sépulcre », de l’amour et du pardon de Dieu qui avait « jeté tous ses péchés derrière son dos » — au lieu de leur présenter ces importants sujets, « il leur montra les cabinets de ses choses précieuses, l’argent et l’or, et les parfums et les onguents précieux, et tout son arsenal (qui n’avait pas pu le défendre contre le roi d’Assyrie), et tout ce qui se trouvait dans ses trésors ; il n’y eut rien qu’Ézéchias ne leur montrât dans sa maison et dans toute sa cour ». Ainsi en tout cela il pensait à lui ; il n’y avait rien pour Dieu. Étrange, injustifiable oubli ! Tel est l’homme — même un homme de Dieu — quand il est abandonné à lui-même.
Mais maintenant que le mal a été pleinement manifesté non seulement aux regards de Dieu mais encore à ceux du roi lui-même, il est bien remarquable de voir comment le Seigneur, par Son prophète, cherche à diriger les pensées de Son serviteur vers la fin non seulement de son royaume, ou de sa maison, mais encore vers la sienne propre. « Voici, dit-il, venir les jours où tout ce qui est dans ta maison, et ce que tes pères ont amassé dans leurs trésors jusqu’à aujourd’hui, sera emporté à Babylone ; il n’en demeurera rien de reste, a dit l’Éternel. Même on prendra de tes fils qui sortiront de toi, et que tu auras engendrés, afin qu’ils soient eunuques au palais du roi de Babylone ». Ici, dis-je, Ézéchias était conduit à voir la fin de son royaume, de sa maison et de lui-même. Tout devait être transporté à cette même Babylone dont les ambassadeurs lui avaient été en piège. Tout ce dont son pauvre cœur pouvait se glorifier devant les hommes de ce monde est destiné à la ruine. Il avait exposé ses trésors à la vue du monde, et ces mêmes trésors, le monde allait les ravir ; mais « la paix et la vérité »[4], ou, en d’autres termes, les trésors qu’il possédait en Dieu, le monde ne pouvait ni les donner ni les enlever ; c’étaient des biens meilleurs et permanents, parce qu’ils étaient dans les cieux.
Nous voici arrivés à la fin de cette édifiante histoire. Les actes d’Ézéchias, depuis le premier au dernier, ont passé devant nos yeux : nous avons, pour ainsi dire, été initiés aux secrets de son royaume, de sa maison et de son cœur ; nous avons parcouru avec lui un règne de vingt-neuf ans, au terme duquel nous le laissons heureusement « en paix et en sûreté » ; nous l’avons vu dans les plus grandes épreuves conservant une confiance en Dieu inaltérable ; nous l’avons vu devant le monde et devant ses frères : et à une seule exception près, son sentier a été « le sentier du juste qui, comme la lumière resplendissante, augmente son éclat jusqu’à ce que le jour soit en sa perfection ». Eh bien ! cher lecteur chrétien, n’est-il pas bien consolant de penser que, quand nous sommes parvenus au terme de toutes les choses humaines, et que nous avons appris quelle est la fin de toute gloire terrestre ; de plus, quand nous avons appris, profonde et humiliante leçon ! à connaître nos propres cœurs et le mal qu’ils renferment, et découvert ainsi « la fin de toute chair » et de notre propre chair, entre autres — après tout cela, dis-je, n’est-il pas consolant de savoir que « la paix et la vérité » doivent être notre portion pour toujours ? — que notre Dieu de miséricorde, ayant « jeté tous nos péchés derrière son dos » — nous ayant fait remonter « hors de la fosse de corruption », et ayant « mis nos pieds sur un roc », veut mettre dans nos mains une harpe d’or, afin que, au milieu des bénédictions et du repos de sa maison, nous puissions célébrer « la paix et la vérité », pendant toute la durée de nos « jours », qui, nous le savons, sera éternelle ?
- ↑ Voir Messager Évangélique 1898.
- ↑ C’est ainsi que la Bible anglaise traduit la seconde phrase de Ps. 139, 16. Il faut pourtant dire que le mot membres ne se trouve pas dans l’original. (Trad.)
- ↑ Si l’on demandait pourquoi Ézéchias était si désireux de vivre encore, on pourrait répondre que, comme Juif, il était accoutumé à regarder une longue vie comme une bénédiction spéciale de la part du Dieu d’Israël ; tandis que, pour un croyant sous la dispensation de l’évangile, il serait le plus souvent inconséquent de rechercher une longue vie ici-bas. Un Juif pouvait souhaiter de vivre longtemps sur la terre ; mais le chrétien étant, dès à présent, citoyen des cieux, doit désirer que ce qui pour lui est, déjà actuellement, vrai en esprit et en principe, le soit en réalité, c’est-à-dire qu’il soit réellement dans le ciel.
- ↑ Traduction anglaise des mots du verset 8 d’Ésaïe 39, rendus dans Martin par « paix et sûreté » et dans Perret-Gentil par « prospérité et permanence ». (Trad.)