Écho du Témoignage:Le cantique de Salomon/Partie 2

De mipe
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Chapitre 2

Verset 1. « Je suis la rose de Saron et le muguet des vallées ».

Quelle merveilleuse chose que la grâce, la grâce de Dieu pour les pécheurs ! Quels changements extraordinaires elle opère dans les pensées, les intentions, les désirs, les affections ! Elle nous communique l’intelligence de ce que nous sommes aux yeux du Seigneur et à Son cœur. N’oublie point ceci, ô mon âme, et réfléchis-y profondément. La source est abondante, désaltères-y ta soif.

Connaître la grâce, c’est connaître Dieu et Son parfait salut en Jésus Christ, par l’enseignement et la puissance du Saint Esprit. Peu de temps avant, l’épouse avouait qu’elle était « brune… brune comme les tentes de Kédar » ; et maintenant, par la grâce, elle peut dire sans la moindre hésitation : « Je suis la rose de Saron et le muguet des vallées », la couronne et l’ornement de Saron, la beauté et le charme des vallées. Et remarquez ces expressions qu’elle emploie : « La rose… le muguet » ! Elle ne parle pas d’une manière générale de ses attraits qui lui ont gagné le cœur de l’époux, mais dans le sens le plus absolu. Elle ne tire pas vanité devant le public de ce qu’elle est, mais elle s’adresse directement à lui, avec le sentiment béni de la place qu’elle occupe dans son cœur. La communion est complète, car il ajoute aussitôt : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles », et plus tard, il dit ouvertement : « Ma colombe, ma parfaite est unique ; elle est unique à sa mère, à celle qui l’a enfantée ». Tel est le caractère distinctif de l’amour et de la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, et telle est la place spéciale qu’occupe l’Épouse à Ses yeux. Il va toujours plus loin qu’elle dans l’expression de Sa tendresse. Cela est très bien pour le cœur. Quelle différence entre le muguet si beau, si parfumé, et l’épine qui déchire !

Il est bien des personnes qui, à l’ouïe d’une pareille vérité, s’écrient : « Oh ! je ne suis pas digne d’une telle place ». C’est vrai, si vous parlez de votre propre mérite. Mais de quelle place vous jugez-vous digne ? Si ce n’est pas de celle-là, c’est d’une inférieure, je suppose. Est-ce là de l’humilité ? Non, mon ami, c’est de l’orgueil. Nous ne méritons aucune place en Sa présence.

En conséquence, s’il nous en est assigné une, c’est une grâce, une pure, une souveraine grâce. Être sur le seuil, en serait une aussi bien que d’être sur le trône.

Le fils prodigue pensait, sans doute, que ce serait témoigner beaucoup d’humilité que de dire à son père : « Traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Ce n’était pas de l’humilité, mais un reste d’orgueil et de légalisme. De telles pensées prennent leur origine dans le cœur naturel qui est essentiellement orgueilleux et porté à se placer sous la loi, et qui n’a aucune idée de sa propre condition, non plus que de la grâce de Dieu. Quelqu’un qui nous donne un véritable exemple d’humilité, c’est ce péager qui se tenait à l’écart et n’osait pas même lever les yeux vers le ciel (Luc 18, 13). Le fils prodigue n’avait pas plus de titres d’être reçu comme serviteur que comme fils. Il avait perdu tous ses droits sur le fondement de la justice. Tout ce qu’il avait à alléguer, c’était son pressant besoin. Il ne pouvait être reçu qu’en grâce ; s’il avait été rencontré en justice, il eût été condamné à jamais. Mais la grâce règne ; pas un mot n’est dit de ses péchés. Sur mille articles, il n’aurait pu répondre à un seul. La question du péché a été réglée entre Dieu et Christ sur la croix. Maintenant la grâce brille ; elle brille dans tout son céleste éclat. Le cœur du Père est le foyer d’où s’échappent ces rayons, et Il a dans tout cela Sa joie propre. Il agit de Lui-même, et comme Lui-même. Le fils prodigue n’a pas le temps d’achever le discours qu’il avait préparé ; il n’en vient pas au passage : « Traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Comment l’aurait-il pu ? La grâce le prévient ; son père court à sa rencontre, se jette à son cou et l’embrasse. La réconciliation s’effectue dès l’instant où ils se rencontrent. Le fils reçoit immédiatement le baiser de paix ; la grâce est gratuite. Dieu ayant accepté l’expiation de la croix, nous sommes réconciliés avec Lui au moment où nous Le rencontrons en Christ.

Une fois réconcilié par le sang de la croix, celui qui était auparavant perdu, ruiné, dégradé, redevient fils et héritier — héritier de Dieu, et cohéritier de Christ. Voilà la grâce, la grâce de Dieu en Jésus Christ ; mais il y a plus encore ; le même pécheur sauvé par grâce, brillera dans la grâce et sera le vase dans lequel elle se manifestera dans tout le cours de l’éternité pour tous ceux qui croient en Son nom. De même que des siècles innombrables succéderont aux siècles, de même tous ceux qui ont été les objets de cette grâce pendant le temps, brilleront d’une splendeur toujours croissante dans l’éternité. Oh ! quelle place pour le pauvre exilé qui n’avait ici-bas ni amis, ni famille, et cela pour toujours ! Mais Dieu veut établir Son caractère en grâce ; et tels sont les vaisseaux appropriés à Sa glorieuse et éternelle manifestation, dans la maison à plusieurs demeures : « Afin qu’il montrât, dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce, par sa bonté envers nous, en Jésus Christ » (Éph. 2, 7).

Verset 3. « Tel qu’est le pommier entre les arbres d’une forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ; j’ai désiré son ombre, je m’y suis assise, et son fruit a été doux à mon palais ».

De savantes recherches ont été faites, et de nombreux écrits publiés, pour essayer de démontrer à quelle espèce particulière appartenaient la rose et le muguet dont il est question dans le premier verset, et de quel arbre proprement il s’agit dans le troisième. Quelques auteurs soutiennent que la fleur désignée ici sous le nom de « rose de Saron », appartient à la famille des liliacées, et devrait être traduite par « le narcisse de Saron ». Nombre d’opinions diverses ont été également émises au sujet de ce que nous avons appelé le « muguet ». Des hommes pieux, éclairés, ont encore pensé que, dans le premier verset, nous avons la voix de l’époux et non celle de l’épouse. Et beaucoup d’écrivains, hélas ! se sont plus préoccupés des fleurs que des personnes. Mais sûrement, au second verset, l’époux reconnaît la personne qui a parlé au premier, pour sa bien-aimée : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles ». On est unanime à placer ces paroles dans la bouche du bien-aimé. Au premier verset, sans nul doute, c’est l’épouse qui parle. Dans le bonheur que lui procure la communion avec lui, elle déclare ce qu’il a fait d’elle dans sa grâce ; elle confesse qu’elle lui doit tout, et sa beauté, et l’affection dont elle se sent animée à son égard ; et, en se comparant à ces belles fleurs, elle se borne à répéter ce que lui-même lui a enseigné.

Mais remarque bien, ô mon âme, qu’elle dit : « Je suis le muguet des vallées », non pas des villes. C’est au fond de la vallée paisible qu’elle trouve son sol natal, et respire l’air qui lui est propre. Là elle fleurit pour charmer les regards de son bien-aimé, et répand son parfum pour lui plaire. « Il paît son troupeau parmi les muguets ». C’est dans la ville qu’elle perdit la joie de sa présence, que les gardes la battirent et lui ôtèrent son voile ; c’étaient hélas ! ses heures d’égarement.

Oh ! combien il eût mieux valu pour elle n’avoir jamais quitté la vallée qui l’avait vue naître ! Réfléchis sérieusement à toutes ces choses, ô mon âme. Place-toi loin du courant du monde, et insensible à son esprit comme à ses attraits, applique-toi à aimer Jésus, et à Le satisfaire. Quelle merveille que Celui qui est assis sur le trône de Dieu dans les cieux et environné de Sa gloire, daigne s’occuper de misérables tels que nous, qui ne sommes bons à rien, et surtout que, suivant notre manière d’agir, Il éprouve de la joie et du contentement, ou de la peine et de la douleur ! Combien il est triste, hélas ! qu’Il soit si fréquemment blessé dans la maison de ses amis ! Qu’y a-t-il sous le soleil qui puisse procurer un bonheur si réel, que de Lui être agréable ? Rien n’est plus indigne d’un chrétien que de rechercher sa propre satisfaction, et de se plaire avec les vanités du monde, sachant surtout qu’il afflige le cœur de Celui qui l’a tant aimé, de Celui qui est mort pour lui sur le Calvaire.

Après avoir jugé ton cœur et tes voies à cet égard, donne aux autres tes soins, ton amour, ta sympathie, et en particulier aux agneaux du troupeau pour la gloire du Seigneur. Combien Jésus est heureux, ravi, de voir ceux pour lesquels Il s’est sacrifié, marcher d’un pas ferme et joyeux sur Ses traces, et paître à côté de la tente du berger. Là croît une herbe tendre, là coulent des eaux paisibles. Mais combien souffrent, et le Berger, et ceux qui paissent le troupeau sous Lui, à la vue d’un jeune disciple qui, pendant un certain temps, semblait avoir donné tout son cœur au Seigneur, cédant aux séductions d’amis inconvertis et aux attraits du monde, et peu à peu s’efforçant d’excuser une marche conforme en bien des points aux usages du monde, et se demandant parfois : Dois-je rejeter ceci ? Dois-je abandonner cela ? Songez plutôt, cher frère, chère sœur, à ce que vous avez rejeté d’abord, afin de jouir de ces choses. Pensée solennelle ! Pour ces folies et ces vanités, vous avez abandonné Christ : j’entends votre jouissance personnelle et pratique de Lui. Vous savez que vous ne pouvez jouir du Seigneur et de ces choses à la fois. Il vous les faut abandonner ; auriez-vous une minute d’hésitation ? Regardez à la croix ! Oh ! quel amour ! Quelle mort ! Et c’est pour toi qu’Il meurt, et précisément pour ces péchés mêmes ! Oh ! jette-toi à Ses pieds bénis, avec une tristesse selon Dieu. Tu as blessé Ses yeux, tu as contristé Son cœur, tu as déshonoré Son nom ; confesse-Lui tout ; et ton relèvement sera complet, et tous tes péchés passés seront oubliés et pardonnés à jamais.

Mais jusqu’à ce que cela soit fait, la spiritualité d’esprit, le zèle du cœur, la communion avec le Seigneur sont interrompus. C’est un cas sérieux d’apostasie. Et si le Seigneur ne retient les roues du chariot, qui peut dire jusqu’où il ira, une fois lancé sur cette pente ? Un accident peut survenir et l’arrêter tout d’un coup, mais ce ne sera pas sans des avaries, dont les marques resteront ineffaçables. Ô Seigneur, fais luire les rayons de ta grâce ! Attires-en dans le désert beaucoup qui côtoient de trop près les rives du monde et jettent trop souvent un regard d’envie sur la ligne de démarcation. Sèvre-les de ce présent siècle mauvais. Que pour toi seul ils soient parés des douces et humbles beautés du muguet ; ne permets pas qu’ils en soient revêtus pour charmer les regards du monde. T’entendre dire, ô Seigneur : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles », ferait infiniment plus que récompenser tout notre renoncement à nous-mêmes.

Les personnes qui ont voyagé en Orient disent que l’arbre dont il est question n’est pas le pommier, mais, selon toute probabilité, le magnifique citronnier de Palestine. L’épais feuillage vert foncé des branches du citronnier offre un excellent abri contre les rayons du soleil, et ses fruits délicieux sont très parfumés et rafraîchissants. Le voyageur fatigué, qui le compare aux arbres ordinaires de la forêt, ne peut que l’admirer et le préférer aux autres. Aussi l’épouse établit-elle une comparaison analogue : « Tel qu’est le pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ». Nul n’est semblable à Christ. Il est « le premier entre dix mille ». Elle jouit pleinement de lui — non pas seulement de ses dons, quelque bénis qu’ils soient, mais de lui-même.

La communion personnelle est maintenant parfaite. L’épouse est dans la pure lumière de la faveur de l’époux. La réponse ne laisse rien à désirer : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles ». — « Tel qu’est le pommier entre les arbres d’une forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ». Admirable effet de la grâce ! Voyez où elle conduit. Le Juif aurait-il pu jamais parvenir jusqu’au sein de Dieu, en escaladant les flancs escarpés du Sinaï ? Non ; tout doit être grâce du commencement à la fin. Il y a ici réconciliation complète et communion. Le Seigneur se repose dans Son amour, ainsi qu’il est écrit : « Il se réjouira en son amour, et s’égaiera à cause de toi avec chant de triomphe » (Soph. 3, 17). L’épouse, elle aussi, jouit d’un parfait repos en cet amour immuable : « J’ai désiré son ombre et je m’y suis assise, et son fruit a été doux à mon palais ». Son âme y trouve repos, joie et abondance. Son cœur se nourrit de Christ qui satisfait tous ses besoins. Elle occupe maintenant la place bénie qui lui convient ; elle avait auparavant une autre place, celle hélas ! du péché et de la mort ; mais le Seigneur l’en a délivrée pour l’introduire avec Lui dans la nouvelle place du Messie ressuscité. Cette dernière est maintenant la sienne ; elle ne peut être dans deux à la fois. « Je t’ai réveillée sous un pommier ». Le pommier c’est Christ.

Israël, nous le savons, sera bientôt réveillé de sa mort dans laquelle il est plongé actuellement comme nation, pour jouir des bénédictions de la nouvelle alliance sous Christ. Mais il ne pourra être réveillé que par Christ, et venir en bénédiction que sous Christ. Ils ne pourront s’appuyer que sur la miséricorde, alléguer qu’une nécessité sans remède, et suivre d’autre voie que Christ. Quand on en arrive à ce point, tout est bien, éternellement bien, tant pour le Juif que pour le Gentil. C’est sur ce même terrain, sous ce même Chef béni, qu’Israël sera de nouveau rassemblé. Alors il s’assiéra littéralement sous son ombre, et trouvera son fruit doux à son palais — le fruit glorieux de l’amour merveilleux qu’Il a témoigné en mourant pour la nation rebelle. « Ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : Le Libérateur viendra de Sion, et il éloignera de Jacob toute impiété » (Rom. 11, 26). — « En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, chacun de nous appellera son prochain sous sa vigne et sous son figuier » (Zach. 3, 10).

Séjour béni de gloire et de bonheur
Où pour jamais régnera le Sauveur,
Où, loin des maux dont la terre est la proie,
Nous goûterons une ineffable joie ;
Oh ! quand pourrai-je, à ce monde arraché,
Dans tes splendeurs, à l’abri du péché,
Près de Jésus oublier mes alarmes,
Et par Sa main voir essuyer mes larmes !



Verset 4. « Il m’a menée dans la salle du festin, et sa livrée, laquelle je porte, c’est amour ».

En méditant sur les différentes scènes de délices dans lesquelles l’heureuse épouse est introduite par le roi, arrête un instant tes pensées, ô mon âme, sur la source d’où découle ce fleuve de bonheur. C’est le privilège du chrétien de s’abreuver à la source aussi bien qu’au fleuve. Dieu Lui-même est la source de toutes nos bénédictions. Les plaisirs qui sont à Sa droite ne sauraient être comptés. Mais la source profonde de la parfaite bénédiction de l’âme, est la glorieuse assurance, qu’il n’était besoin de rien pour tourner le cœur de Dieu vers nous. Précieuse vérité ! Son amour est comme l’anneau qui fut passé au doigt du fils prodigue : il n’a pas eu de commencement, il n’aura jamais de fin. « Dieu est amour ». Il ne change pas. Ce qu’Il est en Lui-même, non pas ce que nous sommes, nous assure à jamais des riches bénédictions de Son amour. « C’est en ceci que consiste cet amour, que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils pour faire la propitiation de nos péchés » (1 Jean 4, 10). C’est là que la foi trouve son parfait repos, dans le cœur de Dieu, source de tout vrai bonheur. Comment douter d’un amour qui a donné un Fils unique ? Quelle réponse à toute espèce de questions : Il a donné Son Fils pour moi, pécheur ! « Dieu fait éclater son amour envers nous, en ce que lorsque nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5, 8). En quoi consiste l’incrédulité ? À ne pas croire combien Dieu est bon en donnant Son Fils pour mourir à notre place. En quoi consiste la foi ? À croire au parfait amour de Dieu et au don de Son cher Fils. « En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui écoute ma parole et croit à Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne viendra point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24).

L’œuvre de Christ n’était pas nécessaire pour tourner le cœur de Dieu vers le pécheur, mais pour tourner le cœur du pécheur vers Dieu. Toute l’Écriture révèle cette vérité bénie. La première occasion qui prêtât à cette manifestation, se présenta dans le jardin d’Éden, quand l’homme tomba. Le couple criminel cherchait un lieu où se cacher loin de la présence du Seigneur, derrière les arbres du jardin ; mais la voix de Celui qui vient pour chercher et sauver ce qui était perdu, se fait entendre pleine de grâce : « Adam, où es-tu ? ». L’homme est maintenant un pécheur perdu, et Dieu le cherche ; les premières paroles de l’amour qui rachète, caractérisent l’œuvre entière de la rédemption. La révélation de l’amour de Dieu dans la promesse que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, acheva de capter leur confiance, sans doute, et les engagea à sortir de l’endroit où ils se tenaient et à reparaître en la présence de Dieu. Dès lors, et maintenant, dans le temps actuel, quand le pécheur, par grâce, croit au parfait amour de Dieu dans le don et l’œuvre de Son Fils, il est amené au Seigneur par sa foi en l’efficace de la mort, de la résurrection et de la gloire de Jésus. De la sorte, il est pardonné, accepté dans le Bien-aimé, et répond pleinement aux désirs du cœur de Dieu.

Mais, bien que l’amour de Dieu à notre égard ait toujours été le même, il a rencontré chez nous beaucoup d’obstacles à son complet et libre épanchement. Si Dieu aime, Il est juste aussi ; s’Il est miséricordieux, Il est toujours conséquent avec Lui-même. Ce que Son amour désirait, Sa sagesse en traçait le plan, et Son pouvoir l’accomplissait. L’éloignement des obstacles prouve la grandeur de l’amour. Jésus vint pour faire la volonté de Dieu. Il acheva l’œuvre. Il abolit le péché en se sacrifiant Lui-même. L’amour, le divin, l’éternel amour, ne pouvait aller plus loin. À quelle fin, ô mon âme, tendait cet immense, ce mystérieux sacrifice ? L’apôtre répond : « Afin de nous amener à Dieu » ; pas seulement au ciel, mais à Dieu Lui-même, à Sa connaissance, et à notre parfaite réconciliation avec Lui. « Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour nous injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu » (1 Pier. 3, 18). Et encore : « Car il a fait Celui qui n’a point connu de péché être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu par lui » (2 Cor. 5, 21). Nous avons maintenant, c’est important à remarquer, l’amour et la justice en Christ. Il est également notre vie en tant que ressuscité des morts, mais c’est une vie au-delà du tombeau, une vie qui a le sceau de la victoire sur la mort et sur le sépulcre. Nous possédons maintenant en Christ tout ce qui nous est nécessaire pour jouir de la présence de Dieu, dans laquelle il y a plénitude de joie et plaisirs éternels.

Dans la compagnie de Jésus, l’Épouse contemple les mêmes scènes que Lui. Ils vont goûter aux nombreuses sources des félicités divines. Il la conduit aux « fontaines d’eaux vives ». Le roi, dit-elle, le matin l’a introduite dans ses cabinets. Peu après, les choses prennent un autre aspect. Nous voyons l’épouse avec son bien-aimé dans les champs, où il paît et fait reposer son troupeau à midi. Plus tard, dans la journée, elle s’écrie : « Notre couche est verdoyante. Les poutres de notre maison sont de cèdre et nos soliveaux de sapin ». Cette image semble représenter deux personnes étendues sur l’herbe verte, à l’ombre rafraîchissante des branches touffues du sapin et du cèdre. Elle s’assied ensuite sous le pommier et en trouve le fruit doux à son palais. À la fin du jour, son bien-aimé la conduit au festin, sous la bannière de son amour. L’amour qu’il lui témoigne, est le secret de toute sa joie, la source de toutes ses délices.

Longtemps, bien longtemps, l’étendard de son amour a été laissé de côté sans être déployé. La foi savait toujours que dans les pensées de Dieu, ce n’était que pour un temps ; que, selon la parole de la promesse, un jour viendrait, où il serait de nouveau déployé. Cependant des hommes pieux ont dit et écrit que la bannière de la faveur de l’Éternel ne flotterait jamais plus sur les murs de Son antique Sion. Les uns ont négligé complètement, d’autres ont spiritualisé la vérité de Dieu en ce qui a trait à la reconstruction de la ville et du temple, et au rétablissement d’Israël. Mais qu’enseigne l’Écriture à ce sujet ?

Depuis que l’homme de grande naissance, dont il est parlé dans la parabole, « est allé dans un pays éloigné pour recevoir un royaume et revenir ensuite », nul étendard de l’amour divin n’a flotté sur Jérusalem. Depuis plus de dix-huit cents ans, la cité bien-aimée, le temple magnifique ont été réduits en poudre, et le peuple dispersé aux quatre vents des cieux. Le Seigneur l’avait prédit Lui-même à diverses reprises : « Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui te sont envoyés ! Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre demeure va devenir déserte ; car je vous dis, que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Matt. 23, 37-39).

S’Il a tardé à venir, c’est, nous le savons, par pure grâce pour nous. Son amour n’est pas demeuré inactif, bien qu’il ne se soit pas exercé à l’égard d’Israël. Sa longanimité, c’est le salut. Par la puissance du Saint Esprit et la prédication de l’évangile, Il s’est choisi parmi les Juifs et les Gentils, un peuple consacré à Son nom (Act. 15, 14-18).

Depuis le jour de la Pentecôte, Il a fait « des deux un nouvel homme ». C’est là ce dont Dieu s’occupe maintenant et ce dont nous devrions être occupés ; à savoir du nouvel homme, non pas du vieil homme. C’est pour cela que nous sommes exhortés à « nous dépouiller du vieil homme », « et à revêtir l’homme nouveau » (Éph. 4). Mais bientôt l’Église qui est Son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, sera complète et enlevée à la rencontre du Seigneur en l’air — « et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (Éph. 1, 22, 23 ; 1 Thess. 4). Cela aura lieu avant qu’Israël soit reconnu de nouveau pour le peuple de Jéhovah. Mais bien que les Juifs aient été longtemps laissés de côté et châtiés à cause de leurs péchés, l’apôtre nous assure qu’ils ne sont pas rejetés pour toujours, et que « les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance » (Rom. 11).

Le temps où Dieu aura compassion de Sion, le temps assigné, viendra. On le verra dans Sa gloire, quand Il édifiera Sion. On annoncera le nom de l’Éternel dans Sion et Sa louange dans Jérusalem (Ps. 102). La parole du Seigneur demeurera ferme à jamais ; toutes les spéculations de l’esprit humain seront réduites à néant. « Car voici, les jours viennent, dit l’Éternel, que je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël et de Juda, et je les ferai retourner au pays que j’ai donné à leurs pères et ils le posséderont » (Jér. 30, 3). Et encore : « Je prendrai plaisir à leur faire du bien, et je les planterai dans ce pays-ci solidement, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jér. 32, 41). Alors sûrement la bannière de l’amour immuable de Dieu flottera au-dessus de leurs têtes. Oh ! qu’elle sera grande, la bénédiction de ce peuple que le Seigneur bénira de tout Son cœur et de toute Son âme ! Quelle grâce et quelle condescendance de la part de Dieu, de parler ainsi ! Quelles nombreuses bénédictions réservées au Juif maintenant rejeté et foulé aux pieds. Peu de personnes y ajouteront foi ; néanmoins il vient, il est près, le jour où le Messie, leur Roi, s’élèvera en leur faveur contre tous leurs ennemis, et sera comme un mur de feu autour de Sa Jérusalem bien-aimée qu’Il remplira de Sa gloire. Alors l’étendard de Son amour, caché depuis si longtemps, sera déployé pour ne plus être renfermé ; alors toutes les familles de la terre verront le fidèle amour du Seigneur, quand elles monteront à Jérusalem, pour se prosterner devant le Roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des Tabernacles (Zach. 14). Et alors, oh oui, alors s’accomplira cette parole si précieuse : « Il m’a menée dans la salle du festin, et sa livrée, laquelle je porte, c’est amour. Faites-moi revenir les forces avec des liqueurs ; faites-moi un lit de pommes ; car je me pâme d’amour ».

Eh bien ! ô mon âme, que te disent toutes ces bénédictions, toutes ces sources de pures délices ? Quelle signification revêtent-elles pour toi maintenant ? Bien que ce ne soient que des images et des allégories, elles ont été écrites pour ton enseignement. De fait, elles représentent les réalités de la communion avec Christ, l’Époux, et les affections conjugales, les sympathies de cœurs qui n’en forment qu’un. N’as-tu pas remarqué parfois qu’après une séparation momentanée d’avec le monde, et la jouissance d’une communion étroite avec le Seigneur, le ton et le caractère de notre esprit deviennent plus spirituels ? La présence du Seigneur est plus complètement réalisée ; le corps devient plus léger, l’esprit plus libre. Nous nous sentons alors éloignés de la terre et rapprochés des cieux ; nous jouissons davantage des choses célestes, assurés que nous sommes de l’amour du Seigneur et du bon plaisir qu’Il prend en nous.

Mais cet état de vives jouissances spirituelles n’est qu’accidentel : on n’y parvient pas non plus, généralement parlant, en un instant. Nous ne pouvons tout d’un coup, passer de la jouissance des choses de la terre, à cette mesure de jouissance du ciel. Il est vrai que nous avons Christ, le Saint Esprit, la Parole, l’amour du Père, qui ne changent point ; mais notre communion avec eux varie, elle est plus ou moins intime. Même la nécessité dans laquelle se trouvent l’esprit et le corps, de s’occuper des choses temporelles, émousse notre sensibilité spirituelle. La prière en secret, la méditation de la Parole, le jugement de soi-même, la mortification du corps, le plaisir que prend le cœur aux choses de Dieu, la révélation faite par l’Esprit à nos âmes de l’amour de Jésus, se trouveront, la plupart du temps, unis à cet état de jouissance spirituelle. Tous ces exercices doivent être habituels au croyant, s’il désire être animé de sentiments célestes. Nous avons à marcher par la foi, comme appartenant à la nouvelle création, et non par la vue, comme étant encore de l’ancienne (2 Cor. 5, 16, 17, 18). Il est bon en même temps de se souvenir que le Seigneur n’est restreint à aucun genre de moyens, en amenant Ses bien-aimés dans la salle de noces, le lieu de Sa présence où il y aura joie parfaite. Nous avons vu une âme ravie de bonheur par le sentiment subit de ses péchés et de l’amour assuré du Seigneur. Dans le cas de l’épouse que nous avons sous les yeux, il n’y a pas eu chute apparente, mais simplement progrès notable dans son expérience. Il en est comme d’une âme qui de son cabinet passe au culte de famille, et de là au banquet public de l’amour du Sauveur, amour qui va jusqu’à la mort. Sa communion devient de plus en plus intime à chaque transition nouvelle. Sa joie augmente jusqu’à ce que la révélation de l’amour et de la bonté de l’époux agisse si puissamment sur son âme, que le corps défaille de langueur. Et encore cherche-t-elle à se soutenir par ce qui l’a épuisée. « Faites-moi revenir les forces avec des liqueurs ; faites-moi un lit de pommes, car je me pâme d’amour ».

« L’amour, l’amour que je célèbre, opère des prodiges dans l’âme ; car, lorsque je suis fort il me rend faible, et si je suis faible, il me fortifie.
Je me sens abattu, sans vigueur, languissant, tant que l’amour ne relève pas l’amour ; l’amour divin peut seul fermer la blessure que l’amour divin a faite ».

Jamais l’âme qui se nourrit de Christ n’en est rassasiée. Quoique pleinement satisfait, son appétit est aiguisé. Et le Seigneur prend plaisir à donner en abondance. « Ouvre ta bouche toute grande, et je la remplirai ». Lui seul est capable de satisfaire les désirs du cœur et de l’esprit. Mais remarquez-le, il attire sa bien-aimée encore plus près de lui. « Sa main gauche est sous ma tête, et sa main droite m’embrasse ». Oh ! Seigneur Jésus, Dieu sauveur, céleste Époux, Tête de l’Église qui est ton corps ! comment sonder la hauteur et la profondeur de ton amour ? Comment en mesurer la longueur et la largeur ? Où trouver une communion plus intime, plus réelle, plus bénie ? L’Épouse penche la tête sur le sein de son Bien-aimé, lieu du parfait et de l’éternel repos. Il ne peut y avoir rien de plus haut, il ne doit y avoir rien de plus bas que cela. Oh ! que ne donnerais-je pas pour éprouver davantage cette puissance, qui épuise et qui fortifie à la fois, de la gracieuse présence du Seigneur ? Que ne donnerais-je pas pour avoir un cœur plus grand, une âme plus vaste ?

Verset 7. « Filles de Jérusalem, je vous adjure par les chevreuils et par les biches des champs, que vous ne réveilliez point celle que j’aime, que vous ne la réveilliez point jusqu’à ce quelle le veuille ».

À la fin de ce jour heureux et sans nuages, nous laissons l’épouse du roi dans le repos que son immuable amour peut seul procurer. À l’ombre de la bannière de son amour, entouré de ses bras, elle se repose dans son éternelle étreinte. Elle prend plaisir en ce qu’il est. Aussi parle-t-elle de son ombre, de son fruit, de son festin, de sa livrée, de sa main gauche, de sa main droite. Pour elle, il n’y a que Christ ; Christ est tout. Quand l’âme est ainsi occupée de Lui, Il veille à ce qu’elle ne soit point troublée. Les biches et les chevreuils sont les bêtes des champs les plus timides ; le sens de l’ouïe est chez eux tellement exercé, que la perception du danger qui les menace de loin, les épouvante. Ainsi devrions-nous prévoir à une grande distance l’approche de ce qui vient interrompre notre marche et notre communion avec le Seigneur, ou tout au moins faire tourner cela à la pratique de la sainteté, et à un dévouement plus complet à Christ.

« Voyez le craintif chevreuil, voyez la biche timide et tremblante, comme ils sont constamment sur leurs gardes, comme ils observent le changement de la brise, comme ils prêtent l’oreille afin de savoir si elle leur apporte sur ses ailes le bruit de quelque péril ! Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les chevreuils et par les biches des champs, je vous adjure, fils et filles du Dieu tout puissant, je vous adjure de veiller, de prier, d’observer avec crainte et d’éviter tout ce qui pourrait troubler ou essayer de troubler votre communion avec Dieu, les pensées de nature à distraire, l’exaltation de l’imagination, et le doute qui pousse à la défiance, à l’injustice ; qu’ils ne viennent pas essayer d’éteindre la flamme du saint amour allumé dans vos âmes, ni intercepter à vos yeux l’éblouissante clarté de la gloire ».



Verset 8 — « C’est ici la voix de mon bien-aimé ; le voici qui vient, sautant sur les montagnes, et bondissant sur les coteaux ».

Quand l’âme est demeurée longtemps, sans interruption, en communion avec le Seigneur, elle s’attache à Lui d’une manière plus vivante et désire plus ardemment Son retour. Es-tu saisie, ô mon âme, du même empressement que l’aimante et aimée Sulamithe quand elle prononçait ces paroles bénies : « C’est ici la voix de mon bien-aimé ; le voici qui vient » ? Est-Il réellement ton meilleur ami ? Nulle autre voix n’a-t-elle pour toi le charme de Sa voix ? L’attends-tu et soupires-tu journellement après Lui ?

Il existe une grande différence entre une personne qui croit en ce qu’on appelle « la doctrine du second avènement », et une âme aimante qui jouit de la communion du Seigneur et vit dans l’attente constante de Sa venue. Qu’elle est petite, l’influence que la simple croyance exerce sur le cœur et la vie, comparée à celle qui se produit lorsque Christ Lui-même est le grand objet dont le cœur subit l’action, et que, à l’exemple des Thessaloniciens, « on attend des cieux le Fils », ou que, comme l’Épouse, on attend l’Époux. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! ». C’est le cœur de l’Épouse qui dit : Viens ! bien qu’il soit poussé et aiguillonné par l’Esprit qui y habite. Il nous donne le sentiment si doux de la relation et des affections qui en découlent.

Nous entendons promptement et distinguons sans peine le son d’une voix aimée. À l’ouïe de son nom prononcé par une bouche bien connue, l’âme entière de Marie tressaillait. Alors même que la personne qui parle est trop éloignée de nous pour nous permettre de saisir ses paroles, le son suffit à lui seul pour faire vibrer au-dedans de nous les cordes les plus intimes, et pour mettre en activité nos forces assoupies. « C’est la voix de mon bien-aimé », s’écrie la Sulamithe, « le voici qui vient ! ». Tout son être est dans l’attente. Il approche. « Le Seigneur est près ». Le voici, Il vient ! Il vient ! « sautant sur les montagnes, bondissant sur les coteaux. Mon bien-aimé est semblable au chevreuil ou au faon des biches ». Ses pieds sont aussi légers que ceux du cerf.

Loin de satisfaire pleinement le cœur, la communion en esprit avec le Seigneur, rend plus vif le désir de posséder ce bonheur plus parfait que procure Sa propre présence. Qu’y avait-il de plus doux, de plus cher, de plus précieux, que cette communion dont, au commencement de nos méditations, nous avons vu l’épouse jouir par la foi ? Sa joie n’a pas été interrompue, elle a pu apprécier l’attachement de son bien-aimé et jouir de ses faveurs. Certains ont pensé que, dans ce passage, on voyait la communion de l’épouse subir des alternatives de hausse et de baisse, que le grand nombre de ses privilèges finissait par la rendre indifférente, et qu’un déclin d’affection succédait à ses grandes jouissances spirituelles. Sans doute pareille chose est souvent arrivée, mais ici nous n’en voyons pas traces.

Est-ce lorsque nous sommes en communion avec le Seigneur que nous souhaitons Sa venue, ou bien lorsque nous n’y sommes pas ? Tu peux aisément répondre à cette question, ô mon âme. On ne peut réellement soupirer après la venue du Seigneur quand on n’est pas heureux avec Lui. Nous sommes toujours en sûreté en Lui, c’est vrai, mais hélas ! avec Lui nous ne nous sentons pas toujours heureux. Si nous avons fait un pas de trop avec le monde, ou que nous ayons négligé de nous juger nous-mêmes, nous perdons notre bonheur avec Lui, et alors nous préférerions qu’Il ne vînt pas. « Pierre Lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne le lave, tu n’auras point de part avec moi » (Jean 13, 8). Il ne dit pas, remarquez-le bien : « Tu n’auras point de part en moi » ; jamais Il n’aurait pu le dire ; mais Il enseigne à Pierre aussi bien qu’à nous que, si nous oublions de nous juger nous-mêmes, si nos souillures de tous les jours ne sont pas nettoyées avec le lavage d’eau, par la Parole, notre communion avec Lui est interrompue. Il ne peut aller de pair avec des péchés qui ne sont pas jugés, qui ne sont pas confessés. « Tu n’auras point de part avec moi », est une parole profondément solennelle. De quoi ne préférerais-tu pas, ô mon âme, te séparer, plutôt que de renoncer à l’intimité de ton Sauveur, même pour un jour, même pour une heure ? Où serait ta force pour la marche, pour le culte et pour le service ? Qu’elle serait grande ta faiblesse ! Quelles épaisses ténèbres obscurciraient ton sentier ! La honte peut bien couvrir ton visage, la tristesse remplir ton cœur, quand tu mets tes pieds souillés entre Ses saintes mains, car sûrement Il verra où tu as été ; mais souviens-toi de ceci, c’est qu’ils ne peuvent être lavés, si Lui-même ne le fait : « Si je ne le lave, tu n’auras point de part avec moi ». Si tu veux marcher avec Jésus, si tu veux être heureuse avec Lui, tu dois marcher séparée, réellement séparée de tout mal, de tout ce qui est contraire à Sa sainteté et incompatible avec Sa nature. Ô Seigneur, dans ces jours mauvais, conduis-moi à travers ton sentier, afin que je puisse toujours plus ardemment prier pour ta venue et la désirer avec amour !

« Mon Seigneur tarde à venir » est le langage d’un cœur qui cherche sa satisfaction dans ce monde. « Viens, Seigneur Jésus, viens » est celui d’un cœur pénétré d’amour pour Jésus et qui désire avec ardeur d’être personnellement près de Lui. Plus nous jouissons spirituellement de Christ, plus il nous tarde de Le voir face à face. Dans la nouvelle Jérusalem, nous verrons Sa face. Comment quiconque a entrevu Christ, même confusément, comme à travers un miroir obscurci, ne soupirerait-il pas après ce moment béni ? C’est un moyen d’éprouver l’état de l’âme. Quand la maison est en désordre, la femme ne désire pas le retour de son mari. Elle commence par mettre tout en ordre, et une fois chaque chose à sa place et selon son goût à lui, elle se met à songer au moment où il reviendra ; il lui tarde d’entendre sa voix, et de voir son visage.

Ne me suffit-il pas, dira quelque chrétien, de savoir que je Lui appartiens ? Pourquoi attendrais-je chaque jour Sa venue des cieux ? Je sais que mes péchés sont pardonnés et que je suis sauvé. Je puis, en outre, me confier en Lui et L’aimer sans Le voir. Très bien, mon frère ; mais est-ce là le langage d’un cœur aimant, plein d’ardeur, ou bien celui de quelqu’un qui demeure froid et indifférent en ce qui a rapport à la personne du Sauveur ? Pouvez-vous songer à Son amour et à Sa grâce, à Ses souffrances et à Sa mort pour vous, à Son ascension et à Sa gloire, et ne pas souhaiter du fond de votre cœur de Le voir Lui-même ? Ne vous tarde-t-il pas de voir briller un rayon de cette face qui ravira votre cœur à jamais, et mettra sur vos lèvres les plus sublimes louanges ? Que dirait le mari absent, que penserait-il, si sa femme parlait ainsi : « Je sais que je suis à lui ; cela me suffit ; je suis satisfaite. J’ai tous les jours de ses nouvelles, je suis assurée de sa tendresse, mais je ne me préoccupe pas de son retour. Je ne prépare rien pour le recevoir. Il ne me tarde pas de revoir son visage » ? Ah ! mon ami, mon ami, comment expliqueriez-vous un tel état de choses ? Appelleriez-vous cela de l’amour pour l’absent ? Votre cœur serait-il satisfait, surtout si vous aimiez votre femme d’un « immense amour » ? Non ! l’amour réclame l’amour. « Nous L’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier ». L’amour chrétien est le reflet de celui de Christ. Plus une femme aimante reçoit souvent des nouvelles de son mari absent, plus elle soupire après son prompt retour. L’assurance réitérée qu’il lui donne dans ses lettres de son amour, ne contribue qu’à rendre plus vif en elle le désir de le voir. Elle peut être entourée de tous les conforts du chez-soi ; pour qu’elle soit tout à fait heureuse, il lui faut la présence de quelqu’un. Tant que ce quelqu’un, son mari, n’est pas là, rien au monde n’est capable de remplir le vide que laisse son absence. Hélas ! combien peu nous sentons le vide que la personne de Christ seul peut remplir !

C’est le Seigneur Lui-même, comme le Messie, le Roi, que l’Épouse attend ici-bas avec tant d’impatience. « C’est la voix de mon bien-aimé ; le voici qui vient ». Il s’est révélé à son cœur. Elle entre maintenant par la foi dans l’amour et la joie de l’époux, le roi en Sion. Elle connaît et apprécie la valeur de Son amour, et il lui tarde de Le posséder comme son propre Messie. Changement béni ! La place qu’Il occupait, méprisé et rejeté par la fille de Sion, et sur laquelle Il versait des larmes, va devenir la scène où s’exercera Son affection d’Époux et où brillera dans tout son éclat Sa gloire milléniale. Le désir du résidu craignant Dieu aux derniers jours, en ce qui concerne l’apparition du Messie comme Roi et Libérateur, est exprimé dans les Psaumes et les prophètes : « Je voudrais que tu fendisses les cieux, que tu descendisses et que les montagnes s’écroulassent devant toi ! comme un feu de fonte est ardent, et comme le feu fait bouillir l’eau, afin que ton nom fût manifesté à tes ennemis et que les nations tremblassent en ta présence » (És. 64, 1, 2).

Dans le Cantique, nous voyons, sous la figure d’une épouse, se manifester le même désir profond, quoique sous un caractère différent. Dans le passage que nous avons sous les yeux, il s’agit moins de la délivrance du résidu, et du renversement de ses ennemis, et même du royaume et de la gloire de Christ, que des soupirs du cœur pour la personne du Messie qui vient. C’est « mon bien-aimé… Il vient ! Il vient vite, semblable au chevreuil ou au faon des biches ! ». Il est déjà (c’est une réalité) derrière notre muraille ; il regarde par les fenêtres ; il se fait voir par les treillis. Les fidèles qui se trouvent à Jérusalem, ont ici des indices de l’approche du Roi, de leur propre délivrance et de la gloire milléniale. Il remplit leurs cœurs de joie en se révélant plus clairement encore, et en leur donnant une nouvelle assurance de son amour et du bonheur qu’il éprouve en eux. On ne saurait trouver rien de plus beau ni de plus touchant que les paroles du Seigneur dans les versets suivants. Il a parlé à sa bien-aimée ; elle se plaît à répéter ce qu’il lui a dit : « Lève-toi, ma grande amie, ma belle, et t’en viens. Car voici, l’hiver est passé ; la pluie est passée, elle s’en est allée. Les fleurs paraissent sur la terre, le temps des chansons est venu, et la voix de la tourterelle a déjà été ouïe dans notre contrée. Le figuier a poussé ses figons et les vignes leurs grappes et elles rendent de l’odeur. Lève-toi, ma grande amie, ma belle, et t’en viens » (v. 10-13). Quelques instants auparavant, elle pouvait seulement distinguer le son de sa voix, et saisir à travers les treillis un de ses regards. Maintenant, ô l’heureuse épouse ! il est assez près pour qu’il lui soit permis d’entendre les paroles de sa bouche. Pour la foi, son saint nom en soit béni, Il est toujours près, toujours présent. « Sa main gauche est sous ma tête, et sa main droite m’embrasse ». Telle est la foi ; elle peut s’appuyer sur son sein, reposer entre ses bras, et sortir avec lui le matin vers les vignes, pour voir comment poussent les grappes. Cela est très béni. Il n’est pas encore personnellement ici-bas. Il est aux cieux, nous sommes sur la terre. Connais-tu ces distinctions, ô mon âme ? N’est-ce pas, dis-le moi, lorsque par la foi tu reposes sur Lui, que tu soupires le plus ardemment après Sa venue afin qu’Il te prenne avec Lui dans la gloire ? Oh ! soit toujours libre vis-à-vis du monde, toujours prête, comme l’oiseau sur la branche de l’arbre, à déployer tes ailes pour t’envoler. Ce qu’il y a de plus beau sur la terre ne vaut pas un simple coin du ciel ; le plus grand bonheur ici bas, n’est pas le paradis de Dieu.

Maintenant, le jour des réjouissances va luire pour Israël longtemps opprimé. L’aube commence à poindre ! « Le Seigneur lui-même apparaîtra bientôt ». « Le royaume des cieux est proche ». Le long, sombre, et lugubre hiver de l’absence du Seigneur a pris fin. Le printemps est venu, l’été approche. Le matin pur et sans nuages va briller. Depuis le péché et la chute de l’homme, ce monde de douleur n’a pas été témoin d’une scène aussi splendide. Pourtant ces versets décrivent fort bien la gloire et les bénédictions futures du pays d’Israël et de toute la terre.

« Voyez, comme s’il était déjà présent, le jour où le calme aura succédé à la tempête des tribulations de ce rude hiver, où les nuées ne déverseront plus leurs torrents, où les flots retiendront leur menaçante rage. Voyez la terre rendue à sa beauté première… Le rameau desséché de Juda est enté sur celui d’Éphraïm — merveilleux signes précurseurs de l’été qui approche ! ».

Plusieurs ont cru et soutenu qu’Israël était condamné à un hiver perpétuel, que ce peuple rejeté n’aurait plus d’été ni de printemps. De semblables pensées ne sont pas tirées du Livre de Dieu. Là nous lisons, dans les termes les plus explicites, qu’au temps marqué, « Il fera prendre racine aux descendants de Jacob ; Israël fleurira et poussera des bourgeons, et couvrira de ses fruits la surface de la terre ». Les rayons bienfaisants du « soleil de justice » feront oublier la tristesse et la stérilité de ce long hiver. Les fleurs qui renaissent, les figues qui mûrissent, les vignes qui poussent des grappes, le chant des oiseaux, la voix de la tourterelle, sont de sûrs emblèmes, non seulement que l’hiver a pris fin, mais que le printemps est venu. Et quoique rien dans la vigne de l’épouse n’ait encore atteint son degré de maturité, il y a dans le jet qui se développe le gage assuré d’un excellent été, et d’un automne abondant.

Verset 14. « Ma colombe, qui te tiens dans les fentes de la roche, dans les enfoncements des lieux escarpés, fais-moi voir ton regard, fais-moi ouïr ta voix, car douce est ta voix, et ton regard est gracieux ».

Dans tes méditations sur les signes de la gloire à venir, sache discerner, ô mon âme, conformément à l’Écriture, ce qui est terrestre de ce qui est céleste, la vocation terrestre d’Israël de la vocation céleste de l’Église. Le Seigneur, sous Son titre de Jéhovah, épousera au dernier jour la cause de Son peuple terrestre, et Jérusalem deviendra le centre de la gloire et de la bénédiction terrestres, dans son caractère d’épouse du Roi. L’Église est l’Épouse de l’Agneau, de l’Agneau jadis humble, victime expiatoire, mais maintenant Christ exalté, céleste. L’une et l’autre sont des figures, mais des figures de quoi ? Le terme d’épouse est le symbole de l’affection, de la tendresse, et de l’unité quant à la position. L’épouse a le même rang que l’époux. L’épouse juive jouira de la même gloire terrestre que Lui ; l’Église, l’épouse céleste, partagera Sa gloire céleste. L’ayant confessé et s’étant confiée en Lui dans le temps de son humiliation et de sa réjection, elle sera plus près de Lui et Lui sera plus chère dans son exaltation et sa gloire. — Ce terme représente encore des myriades d’âmes sauvées. Un croyant ne pourrait pas parler maintenant de Christ comme de son Époux, mais comme de son Sauveur. Je puis dire : Il est mon Sauveur, « Il m’a aimé et s’est donné Lui-même pour moi ». Il est le Sauveur du pécheur, l’Époux de l’Église.

La gloire du royaume à venir sera céleste et terrestre à la fois. « Afin que, dans l’administration de la plénitude des temps, il réunit tout en Christ, tant ce qui est aux cieux, que ce qui est sur la terre, en lui-même » (Éph. 1, 10). Christ sera à la tête de la puissance, de la bénédiction, et de la gloire des deux sphères.

Remarquez ici la différence qui existe entre la position et la bénédiction d’Israël, en rapport avec le royaume à venir, et celles de l’Église comme en parle l’Écriture. Le Seigneur descend au lieu où se trouve Israël, et le bénit là. « Le Rédempteur viendra en Sion » (Luc 1, 68-80). L’Église, elle, est enlevée dans les nues, au-devant du Seigneur, en l’air (1 Thess. 4). Les Juifs recevront toute espèce de bénédictions temporelles dans un pays agréable (Amos 9, 11-15). Nos bénédictions, à nous, seront toutes spirituelles et dans les lieux célestes (Éph. 1). La Jérusalem terrestre sera le centre de la gloire et de la bénédiction terrestres — la ville royale — la capitale du monde entier, et, par elle, toutes les nations de la terre seront bénies, car la loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel de Jérusalem (És. 2). La Jérusalem d’en haut sera le centre de la gloire céleste. La splendeur de Dieu l’éclairera et l’Agneau sera son flambeau (Apoc. 21). Les saints célestes seront, dans leurs corps glorieux, rendus conformes au corps glorieux de Christ (Phil. 3, 21). Toute la maison d’Israël aura en partage la bénédiction dès longtemps promise, d’un nouveau cœur et d’un esprit nouveau (Éz. 36, 24-28). Et ils ne s’égareront jamais plus.

Il est anciennement parlé d’Israël comme ayant Jéhovah pour mari. « Car ton mari est Celui qui t’a faite ; l’Éternel des armées est son nom » (És. 54, 5). Mais à cause de son infidélité, et surtout parce qu’il rejeta Christ, il fut mis de côté pour un temps. Depuis lors, il est resté sur la même ligne que tous les autres pécheurs. La prédication de l’évangile s’adresse aux Juifs aussi bien qu’aux Gentils, comme à des pécheurs perdus, et tous ceux d’entre eux que la grâce de Dieu rassemble, forment « un seul corps ». Les uns et les autres jouissent des mêmes privilèges en Christ, et « le corps » participe aux mêmes privilèges que Christ dans les lieux célestes. Les Gentils que les dispensations divines tenaient jadis éloignés, tandis que les Juifs étaient rapprochés, ont maintenant, sur le principe de la foi, des bénédictions égales en Christ. Des deux Il en a fait un ; il a rompu la clôture de la paroi mitoyenne, afin que des deux, Il formât en Lui-même un homme nouveau, faisant ainsi la paix. « Car c’est par Lui que nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père, dans un même esprit » (Éph. 2, 13-22).

La véritable espérance de l’Église — laquelle est un seul corps qu’habite le « seul Esprit » — est la venue du Seigneur Jésus Christ des cieux, pour nous prendre à Lui. « Je m’en vais vous préparer le lieu. Et quand je m’en serai allé et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin que là où je serai, vous y soyez aussi ». Quand cette promesse aura reçu son accomplissement, Israël paraîtra de nouveau sur la scène. Alors l’Esprit de Dieu commencera Son œuvre parmi le résidu de Juda. Après que l’Église aura été retirée, et pendant le règne de l’Antichrist, avant l’apparition du Seigneur en gloire, dans l’espace qui séparera l’enlèvement des saints de cette apparition, ce résidu sera l’objet de la sollicitude toute spéciale et de l’amour du Seigneur. Parlant de lui sous l’image d’une épouse, Il dit : « Je l’attirerai, et je l’emmènerai dans un lieu solitaire, et je lui parlerai selon son cœur. Je lui donnerai ses vignes, depuis ce lieu-là et la vallée d’Acor, pour l’entrée de son attente, et elle y chantera comme au temps de sa jeunesse et comme lorsqu’elle remonta du pays d’Égypte. Et il arrivera en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu m’appelleras : ishi, c’est-à-dire mon mari, et que tu ne m’appelleras plus : Baali, c’est-à-dire mon Seigneur. Et je t’épouserai pour moi à toujours ». L’union sera désormais éternelle, et le Seigneur prendra Son plaisir en Son Épouse fidèle Lui rendant amour, admiration, adoration et culte (Os. 1 ; 2 ; 3).

Comment donc expliquer le passage sur lequel nous sommes arrêtés : « Ma colombe, qui te tiens dans les fentes de la roche, dans les enfoncements des lieux escarpés, fais-moi voir ton regard, fais-moi ouïr ta voix, car douce est ta voix et ton regard est gracieux ». Du verset 10 à la fin du quinzième, c’est une suite de paroles exprimant l’amour le plus tendre, les encouragements les plus doux, la plus radieuse espérance. Rien de plus béni pouvait-il sortir de la bouche même du divin ami ? Il a en vue de capter la tendresse et la confiance de Son Épouse. Il est évident que la splendeur de la gloire milléniale ne brillera pas tout d’un coup sur le pays d’Israël et sur les nations, mais seulement par degré, semblable au passage de l’hiver et à l’approche graduelle du printemps et de l’été. C’est là ce qui exige la foi de la part de l’Épouse. Mais Il la fortifie en l’assurant que le jour de la délivrance est près. Il lui donne à connaître qu’Il la suit toujours de son œil, et l’encourage à prendre patience. D’un autre côté, diverses parties de l’Écriture nous apprennent qu’elle sera pendant ce temps, l’objet spécial de la malice de l’Antichrist. Il essaiera de dévorer le résidu fidèle (Apoc. 12, 6-17). Mais guidée par l’Esprit de Dieu, elle trouve un refuge dans le désert. « Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient aux montagnes ». Le bien-aimé connaît son asile. Pour ses yeux et pour son cœur, elle est semblable à la colombe dans les fentes de la roche, dans les enfoncements des lieux escarpés, sur les bords du précipice.

Sa voix est douce à l’oreille de son bien-aimé ; il se plaît à l’entendre, bien qu’elle ressemble encore au plaintif roucoulement de la colombe, qui sied solitaire, s’attristant sur l’absence de son compagnon. Son air est plein de grâce : elle lui paraît belle, quoique défaite par la persécution, les souffrances et l’épreuve. Et il cherche à la voir, à l’entendre ! Quel tendre, quel profond, quel immense amour ! Qui a jamais aimé d’une manière semblable ? « Fais-moi voir ton regard, fais moi ouïr ta voix, car douce est ta voix, et ton regard est gracieux ». Oh ! amour miséricordieux, désintéressé ! quelle révélation, quel déploiement de son cœur ! Oui, on peut dire de Son cœur, mais de Son cœur seul : « L’amour est fort comme la mort, la jalousie cruelle comme le sépulcre ». Avec la même force que la mort se saisit de sa proie, avec la même force le Seigneur aime. Ne te lasse pas, ô mon âme, de méditer sur l’amour de Christ — l’amour de Christ pour Son Épouse — l’amour de Christ pour toi. Songe à la rude, à l’énergique étreinte de la mort. Songe à la puissante, à l’éternelle étreinte de l’amour du Sauveur. Mais tandis que l’une épouvante et accable, l’autre console, soulage, rafraîchit et fortifie au-delà de toute mesure. Oh ! qu’il est grand, qu’il est profond, immense, incommensurable, ineffable, l’amour de Jésus !

Plus encore : rassemble toutes tes facultés, et concentre tes pensées sur cet autre aspect de l’amour du Sauveur : « La jalousie est cruelle comme le sépulcre ». Quelle est la signification de ces paroles ? Elles paraissent difficiles à se concilier avec la tendresse infinie de Jésus. Mais de fortes comparaisons sont seules capables de donner une idée de la puissance de Son amour. Celle-ci en fait ressortir le double aspect. Si la mort s’empare d’une personne, le sépulcre la garde. Il est inflexible, il est cruel, le sépulcre. Il n’entend point les cris des malheureux qu’il a dépouillés. Il ne s’inquiète ni des gémissements, ni des soupirs, ni des larmes de la veuve ; il ne se laisse point émouvoir par les lamentations ou les sanglots de l’orphelin. Il ne lâche jamais sa proie. Il ne cède point aux supplications des esprits froissés, des cœurs brisés, des âmes meurtries. En vain vous jetteriez-vous à deux genoux, et adresseriez-vous au sépulcre les plus ardentes, les plus instantes prières ; jamais il ne vous rendrait le bien-aimé qu’il vous a violemment arraché du cœur, et englouti dans ses noirs abîmes. Que de fois il a été inutilement assiégé de pleurs amers, de cris déchirants ! Il reste sourd à tout, il ne fait cas de rien, il ne cède jamais. Qu’est-ce qui prend comme la mort ? Qu’est-ce qui garde comme le sépulcre ?

Comprends donc, ô mon âme, d’après ces sombres, mais saisissantes images, le caractère de l’amour du Sauveur. À l’abri dans les fentes de la roche — dans Son côté percé — nichée dans ce cœur mystérieux qui est tout amour, sa timide et tremblante colombe repose en parfaite sécurité. Nul oiseau de proie ne viendra l’y attaquer ; aucun vautour de l’enfer ne peut toucher à une plume de son aile ; aucun ne peut pénétrer dans la fente du rocher qui lui sert d’asile. Elle est bien haut, bien loin de leur plus puissant essor. Mais ne peut-elle pas un jour, par mégarde, perdre son lieu de refuge, être prise et périr sous les coups des ennemis qui cherchent à la dévorer ? Si sa sécurité dépendait de la manière dont elle conserve sa position, c’en serait vite fait d’elle. Mais, Dieu soit béni, c’est de Jésus que tout dépend. C’est le rocher qui l’abrite, et non pas elle qui abrite le rocher. Qu’est-ce qui prend comme la mort ? Qu’est-ce qui garde comme le sépulcre ? L’amour divin s’empare de son objet avec une puissance que n’égale point celle de la mort, et, quoique ineffablement doux, il est plus inflexible encore que le sépulcre. Le Seigneur abandonnera-t-Il jamais Sa colombe entre les mains des méchants ? Non, jamais, jamais ! « Je donne à mes brebis la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a donnés, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir des mains de mon Père » (Jean 10, 28-29). « Voici, un roi régnera en justice, et des princes gouverneront avec équité. Et ce personnage sera comme un lieu où l’on se retire à couvert du vent, et comme un asile contre la tempête ; comme sont les ruisseaux d’eau dans un pays sec, et l’ombre d’un gros rocher en une terre altérée » (És. 32, 1-2).

Mais tous les types, toutes les figures, toutes les allégories, toutes les images, sont impuissantes à exprimer complètement l’amour du Sauveur. Sa gloire sera manifestée et toute chair la verra ; mais Son amour ne peut pas être manifesté. Oui, nous Le verrons tel qu’il est, dans toutes les réalités de Son amour, et nous connaîtrons comme nous avons été connus ; en Son amour nous trouverons nos éternelles délices ; mais il y a dans cet amour des hauteurs et des profondeurs, des largeurs et des longueurs que nous devons ignorer et ne saisir jamais.

Verset 15. « Prenez-nous les renards et les petits renards qui gâtent les vignes, car nos vignes ont poussé des grappes ».

Le bien-aimé se joint très gracieusement à son épouse, dans les soins à donner à la vigne. « Prenez-nous les renards… Car nos vignes ont poussé des grappes ». Elles sont encore vertes et délicates ; elles commencent à pousser. Il faut y veiller attentivement. Les petits renards ont des dents pointues ; quoique jeunes, ils sont rusés et font beaucoup de dégâts. Pendant le froid et stérile hiver, il n’y a rien à craindre d’eux ; les sarments dépouillés de leurs feuilles ne les attirent pas. Mais quand renaît le printemps, le feuillage les met à couvert et ils trouvent de nombreuses occasions pour exercer impunément leurs ravages. Veille, ô mon âme, sur l’état de ton propre cœur ! Mets-toi surtout en garde contre les soucis journaliers de la vie présente, et contre les mille choses qui tendent à porter atteinte à ta fertilité. Demeure attachée au véritable cep et nourris-toi de sa sève. Alors tu porteras beaucoup de fruits à la gloire du Père. « Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses présentez vos demandes à Dieu, par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos sentiments en Jésus Christ » (Phil. 4, 6-7).

Dans les temps où la présence du Seigneur apporte du rafraîchissement, aux époques de grand réveil, il n’est pas nécessaire de redoubler de soins. L’œil suit avec bonheur les bourgeons et le développement des fleurs ; l’oreille écoute avec plaisir le chant des oiseaux, les notes douces et expressives de la tourterelle ; mais le gardien de la vigne a autre chose à faire qu’à en admirer les beautés, ou à écouter les chants mélodieux. Il doit prendre garde à ce que le subtil maraudeur ne vienne point se tapir sous le pampre luxuriant pour piller et détruire. Regardez autour de vous ; remontez le cours de vos expériences passées ; abandonnez-vous à vos réflexions ; vous verrez quelle grande partie de votre vigne a été endommagée pour un temps par la malice de l’ennemi qui se tient aux aguets pour commettre ses rapines ! Oh ! comme ils brisent le cœur, de pareils désappointements !

« Saints, redoublez de prudence ! Méfiez-vous du destructeur ! Bouchez les trous par lesquels il peut s’introduire en silence pour ravager les vignes ! Soyez constamment sur vos gardes ; car il est fort, votre ennemi ; à une méchanceté qui ne se donne aucun repos, il unit une finesse consommée, et l’amère certitude qu’il ne lui reste que peu de temps. Vous savez que si vous êtes de Christ, vous finirez, à force de luttes, par confondre l’adversaire et le mettre en déroute. Emparez-vous des méchants qui s’efforcent d’attirer la calamité sur la Jérusalem de Dieu, Dévoilez leurs artifices. Saisissez vos glaives acérés, serviteurs du Seigneur, et, l’épée à la main, le corps recouvert de vos armures, rebâtissez ses murs et ses forteresses renversés. Le plus faible est rendu fort s’il s’attache à Christ ! ».

Le vigneron, après avoir soigneusement veillé à ce que ses plants fussent bien cultivés et émondés, se retire le soir avec l’espérance de les retrouver le lendemain plus beaux encore. Mais, hélas ! à son amer désespoir, le destructeur est venu pendant la nuit, en a ravagé une partie et détruit, semble-t-il, le reste. Pendant que le gardien de la vigne dormait, le renard accomplissait son œuvre de dévastation ; il enfonçait ses dents aiguës jusques au cœur de la tige ; il la dépouillait de son écorce, en brisait les sarments, en répandait les feuilles sur le sol et dévorait les grappes encore vertes. Hélas ! c’étaient les plants les plus florissants, de superbes rejetons qui puisaient leur vigueur dans un terrain fort riche et se développaient sous les rayons bienfaisants du soleil du midi. Ils promettaient une abondante vendange. Et en une nuit, en une heure de ténèbres, tout cela est devenu la proie de l’ennemi ! Mais tandis que le vigneron regardait tristement ses souches détruites, une lueur d’espérance a jailli dans son esprit. Dieu soit béni ! les racines sont intactes, car les renards de l’enfer même ne peuvent pas abîmer les racines d’un seul des plants que le Père a plantés. Mais le dégât était tel que de longtemps il n’y avait pas à s’attendre à recueillir beaucoup de fruits.

L’application est simple et facile. Médite ces enseignements, ô mon âme, dans le secret de la présence divine. Dieu t’a-t-Il donné de l’amour pour les âmes ? un cœur de berger ? Efforce-toi de gagner des pécheurs à Christ ; veille sur les brebis et les agneaux de Son troupeau, guide-les et les conduis aux gras pâturages. « Paissez le troupeau de Christ qui vous est commis, en prenant garde à lui… et quand le souverain Pasteur apparaîtra, vous recevrez la couronne incorruptible de gloire » (1 Pier. 5, 2, 4).

Verset 16. « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui, il paît son troupeau parmi les muguets ».

L’heureuse épouse parle maintenant avec une pleine assurance de la possession de son objet. Il lui appartient en propre, elle le sent, elle le sait : « Mon bien-aimé est à moi ». Elle ne dit pas : « j’espère qu’il est », mais, « il est à moi », sans y apporter l’ombre d’un doute. Quand l’affection est sincère, profonde, le cœur ne se donne point de relâche, il ne peut être satisfait qu’il n’ait obtenu ce qu’il désire.

Nous avons vu précédemment l’épouse dans la parfaite jouissance des bénédictions de son bien-aimé ; nous l’avons entendue parler avec bonheur et admiration de ses nombreuses et excellentes qualités, mais elle ne le possédait pas encore. Quand on possède la personne même, on possède toutes les qualités et les vertus de cette personne. « Il est à moi », lui-même. Ainsi en sera-t-il au dernier jour ; Christ sera pour le résidu, et le résidu pour Christ. « Tu demeureras avec moi, tu ne seras à aucun mari, et aussi je te serai fidèle » (Os. 3, 3). Nous sommes tardifs de cœur à croire. À diverses reprises, l’époux réitère à sa bien-aimée l’assurance de son profond amour et du plaisir qu’il prend en elle ; l’expression de sa tendresse est admirable ; même quand elle dit qu’elle est brune, il lui répond aussitôt : « Ô la plus belle d’entre les femmes ». Comment pouvait-elle douter un seul instant de son affection ? Aussi dès qu’elle la reconnaît, s’écrie-t-elle dans le transport de sa foi : « Il est à moi ! ». Triomphe béni ! Heureuse victoire ! Jésus est à moi ! Jésus est à moi ! Ah ! maintenant il ne s’agit plus seulement des fruits de Son amour ou de Ses qualités, mais de Lui-même ; tout est compris dans Sa personne.

Pourrais-tu parler avec une telle assurance, ô mon âme, de la possession de quelque objet terrestre que ce soit ? Non, certainement. On peut jusqu’à un certain point dire : « Cet argent est à moi ; — cette demeure est à moi, ces honneurs, ce bonheur, sont à moi » ; mais combien tout cela est passager ! Au lieu que lorsqu’on est attaché à Christ, qu’Il est le centre de vos affections, on peut s’écrier avec vérité : « Mon bien-aimé est à moi ! ». Que de fois un objet auquel notre cœur prenait plaisir, ne nous a-t-il pas échappé alors que nous croyions le tenir sûrement, ou ne s’est-il pas flétri dans nos mains comme une fleur détachée de sa tige. Hélas ! que de lamentations les enfants des hommes feront entendre à la fin ! Que de bouches d’où s’échapperont ces cris : « Tous les objets de mes désirs, de ma sollicitude, de mes efforts, voilà, ils ne sont plus à moi maintenant ; jamais ils ne seront à moi, jamais ils ne pourront être à moi ; pour un morceau de viande, j’ai vendu mon droit d’aînesse, et maintenant tout est fini, plus d’espoir, je m’en vais sans argent et sans portion à toujours ! ».

Quelle vanité, de la part de l’homme, que de dire : « C’est à moi ! », en parlant des choses de la terre. En supposant qu’on pût dire, à propos de ce que le monde considère comme précieux : mes richesses, mon influence, mon pouvoir, ma science, ma réputation — de quelle utilité cela est-il et peut-il être pour l’âme, la partie la plus noble de l’homme ? Ah ! quelle différence lorsque Christ, le Bien-aimé, est l’objet des désirs, des affections ! Quelle différence, lorsque la foi peut s’écrier sans la plus légère appréhension : « Christ est à moi ; Il est mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi », à moi maintenant, à moi pour laver mes souillures, à moi pour me revêtir de la justice de Dieu, à moi pour habiter dans mon cœur par Son Esprit, à moi pendant la vie, à moi au milieu des flots du Jourdain, à moi dans la gloire du ciel ! Oui, ô mon âme, et plus, beaucoup plus encore. À moi pour Le contempler, à moi pour Le célébrer, à moi pour prendre soin de moi, à moi pour sympathiser avec moi, à moi pour me secourir, à moi pour m’aider à arriver jusqu’au bout de la course, à supporter la longueur et la fatigue du voyage, à moi pour m’enlever sur Son char de nuées et me prendre avec Lui à jamais ! Eh bien, ô mon âme, dis, cette part te convient-elle ? Est-ce assez pour un pauvre et vil pécheur ?

« Ah ! qui pourrait calculer quels inépuisables trésors sont cachés dans ces mots : Je suis à mon Sauveur et le Sauveur est à moi ? Quelle éclatante perspective ils nous laissent entrevoir pour l’avenir ! L’Épouse de Christ ne craint pas d’en faire usage ; elle y met sa gloire au contraire, et répète sans cesse : Mon Seigneur, mon Dieu, mon Sauveur, mon Bien-aimé ! N’y est-elle pas autorisée par Christ Lui-même ? N’a-t-Il pas dit : Comme le Père m’a aimé, ainsi je vous ai aimés ? N’a-t-Il pas aimé les siens jusqu’à la fin ? Et ne réclame-t-Il pas d’eux un seul don, le don de leurs cœurs ?

Mais avant d’abandonner ce sujet béni, précieux, glorieux, rappelle-toi ta surprise, ton étonnement, en apprenant qu’il y avait des gens capables de laisser de côté, de négliger, de mépriser même cette part, ce Christ, ce Bien-aimé : « car toute la plénitude de la divinité habite corporellement en Lui ». Tout le reste n’est que vanité et néant. Et maintenant, en tant qu’homme ressuscité en gloire, et héritier de toutes choses, Il invite les pauvres et les nécessiteux, les riches et les nobles, les vieux et les jeunes, à venir à Lui, afin de participer à Sa position, à Ses richesses et à Sa gloire. « Parce qu’il n’y a point de différence du Juif et du Grec ; car il y a un même Seigneur de tous, qui est riche envers tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. 10, 12, 13).

On rencontre cependant de bien chères âmes, qui aiment réellement le Seigneur et se confient en Lui, qui n’osent pas dire : « Mon bien-aimé est à moi ». Elles pensent qu’un tel langage serait de la présomption. Elles oublient sûrement que c’est Lui qui le tient le premier. Et peut-il y avoir de la présomption à affirmer que Sa parole est véritable ? Il y a toujours plus d’humilité à se laisser guider par Sa Parole, que par nos propres pensées ou nos propres sentiments. D’ailleurs, comment en est-on venu à L’aimer ainsi ? Parce que Lui a aimé le premier. « Nous l’aimons, dit Jean, parce qu’il nous a aimés le premier ». Nous ne prévenons jamais Christ. L’âme qui désire réellement Christ et Son salut, obtient les deux à la fois. Elle peut ne pas le croire, mais ce n’en est pas moins vrai. Il a déjà visité cette âme, dans les richesses de Sa grâce. Il crée en elle le désir qu’Il veut satisfaire, l’amour qu’Il veut rencontrer, la foi à laquelle Il veut répondre. Tout ce qui est bon vient d’en haut ; rien de bon ne prend naturellement son origine dans nos cœurs. Rien de bon ne peut y être implanté par le monde ou par Satan. Tout ce qui est bon doit nécessairement descendre d’en haut, et c’est le Saint Esprit qui introduit cela au-dedans de l’âme, par l’évangile. Toute bonne pensée ou tout bon désir procède du Seigneur, de sorte que nous pouvons dire avec vérité : désirer Christ, c’est L’avoir ; désirer Son salut, c’est L’avoir. Toute âme qui souhaite vraiment connaître Christ, se confier en Lui, L’aimer, Le servir, Le glorifier, Le connaîtra certainement, jouira de Lui, L’aimera, Le servira et Le glorifiera à jamais. L’homme peut éveiller des espérances qu’il est incapable de satisfaire ; il peut faire naître l’amour et le tuer par d’amers désappointements. Il n’en est pas ainsi du Sauveur ; Il est le vrai Dieu, Son amour est parfait et a été pleinement manifesté.

Chers frères qui partagez ma foi, soyez donc assurés que Christ est à nous, oui à nous, par le don gratuit de Dieu, à nous par le don qu’Il a fait de Lui-même, de manière qu’il nous est permis de dire en toute humilité : « Jésus est à moi ! Mon Bien-aimé est à moi ». Puissent nos âmes être rendues capables d’avoir une intelligence toujours plus saine et plus vive de tout ce qu’Il est et de tout ce qu’Il a pour nous !

« Et je suis à lui ». L’épouse sait très bien qu’elle appartient à son bien-aimé. Il l’a souvent assurée de cette précieuse vérité. Elle a l’habitude de dire aux autres ce qu’elle pense de lui ; lui, s’adresse directement à elle-même : « Ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ». On trouve en lui la dignité et la gloire du chef. N’est-ce pas une pensée vraiment bénie, que le chrétien ne relève de personne autre que de Christ, et est assujetti à Lui seul ? « Que personne donc ne se glorifie dans les hommes, dit l’apôtre, car toutes choses sont à vous : soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir, toutes choses sont à vous, vous êtes à Christ et Christ est à Dieu » (1 Cor. 3, 21, 22). Précieuse vérité ! Elle est nettement formulée. Cette parole est immuable : « Vous êtes à Christ ». Chacun peut dire individuellement : « Je suis à Lui ». Ainsi nous honorons la Parole de Dieu. Nous Lui appartenons exclusivement, et ne dépendons que de Lui seul.

Il est dit en outre : « Toutes choses sont à vous ». Tant que nous n’appartenons à personne autre qu’à Christ, toutes choses nous appartiennent. « Soit Paul, ou Apollos, ou Céphas », etc. Toutes choses sont à notre service et ne nous maîtrisent plus. La mort elle-même a perdu sa domination, elle n’est plus pour le croyant un maître, mais un messager de paix ; elle est sa servante. Elle ne peut plus me considérer comme sa proie ; le monde ne peut plus se vanter que je lui appartiens, l’ennemi ne peut plus dire que je suis à lui. Cette précieuse parole : « vous êtes à Christ », et à nul autre, met tout en règle. Oh ! croyez-y afin de ne suivre que Christ. Il nous a rachetés à grand prix ; nous Lui appartenons par droit d’acquisition ; le prix qu’Il a payé, c’est Son sang précieux. Mais ne te suffit-il pas, ô mon âme, de savoir que tu es à Lui, à Lui dès maintenant et à jamais, à Lui pour le temps, à Lui pour l’éternité ? Oui, Seigneur, c’est assez ; c’est une source de consolation et de repos pour mon cœur, d’énergie et de force pour ma vie, que de savoir que tu es à moi, que je suis à toi, et que jamais je n’appartiendrai à un autre. Ô mon âme, fais de ces réalités l’objet de tes méditations, examine-les soigneusement de près. Bien que tu ne doives pas t’en occuper constamment, reviens-y de nouveau. Tu y trouveras de vifs rafraîchissements.

« Il paît son troupeau parmi les muguets ». Elle se souvient du nom qu’il lui a donné, « le muguet ». Elle le répète avec bonheur, mais sans présomption. Oh ! puissions-nous songer davantage aux expressions dont Il se sert, aux titres qu’Il donne ! En la désignant sous le nom « du muguet », il embrassait tous les siens ; aussi les appelle-t-elle tous « des muguets ». Elle sait de plus qu’il paît son troupeau parmi les muguets. C’est là qu’on le trouve, c’est au milieu d’eux qu’il prend son plaisir, sa satisfaction, ses délices. Puisse-t-il continuer à mettre sa joie à ramasser des muguets dans son jardin, tout le temps qu’il diffère sa venue !

Verset 17. « Avant que l’aurore paraisse et que les ombres s’enfuient, retourne, mon bien-aimé, et sois comme le chevreuil ou le faon des biches sur les montagnes entrecoupées ».

La parfaite assurance de l’amour de son bien-aimé, et la jouissance bénie de lui-même par la foi, accroît le désir qu’elle éprouve de voir luire le jour de sa gloire. Alors toutes les ombres seront dissipées. Comme il sera la réalisation de tous les types et de toutes les ombres, ils n’existeront plus dès qu’il apparaîtra. Maintenant nous voyons obscurément, à travers un miroir, alors nous verrons face à face. Nous verrons ce même Jésus alors comme nous voyons maintenant, mais le miroir, qui ne produit qu’une ressemblance imparfaite, sera écarté ; « nous Le verrons tel qu’il est ». Pour Israël, les rayons levants du soleil de justice chasseront à jamais les ténèbres de la nuit, et l’obscurité de leur long et stérile hiver. Les fleurs paraissent, on commence à entendre le chant des oiseaux, la création tressaille de joie.

L’exercice de la foi et de l’espérance dans ces deux versets est admirable et instructif. En réponse à la description que l’époux a faite du glorieux jour millénial et de la place que sa bien-aimée occupe dans son cœur (v. 10-15), elle exprime ainsi sa foi : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui » ; et son espérance : « Avant que l’aurore paraisse et que les ombres s’enfuient ». Il n’est pas question dans sa pensée du jour de gloire qui est proche ; elle en attend seulement l’aurore, et elle sait qu’avant l’éclat du matin, toute ombre sera dissipée. « Il est comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, du matin qui est sans nuages ; il est comme l’herbe qui sort de la terre après la lumière du soleil, quand il paraît après la pluie » (2 Sam. 23, 4).

Mais en attendant l’aurore de ce jour béni, elle prie son bien-aimé de demeurer avec elle. Elle désire ardemment jouir de sa gracieuse présence, des consolations et du soutien que procure son amour, jusqu’à ce qu’il apparaisse lui-même en gloire. Elle s’attache à la personne de son bien-aimé. Heureux fruit d’une foi ferme et d’une espérance bénie !

« Retourne, mon bien-aimé, et sois comme le chevreuil ou le faon des biches sur les montagnes entrecoupées ». Elle est encore dans le désert, en proie à mille épreuves. Semblable à un pays entrecoupé de montagnes et de vallées, son sentier est difficile. Il lui tarde que son bien-aimé vienne en puissance et en gloire, avec la célérité du chevreuil ou du cerf sur les montagnes. Que sont les montagnes et les vallées pour la gazelle légère ? Rien. Que sont toutes les difficultés du complet rétablissement d’Israël pour le Seigneur ? Rien. Un rayon de Sa gloire à venir frappera de terreur les cœurs des ennemis de Son peuple et préparera la voie à Ses rachetés pour retourner et venir en Sion avec chant de triomphe ; « une joie éternelle sera sur leurs têtes, ils obtiendront la joie et l’allégresse ; la douleur et le gémissement s’enfuiront » (És. 35, 10). Alors, « toute vallée sera comblée, et toute montagne et tout coteau seront abaissés, et les lieux tortus seront redressés, et les lieux raboteux seront aplanis ; la gloire de l’Éternel se manifestera, et toute chair ensemble la verra ; car la bouche de l’Éternel a parlé » (És. 40, 4, 5). Mais jusqu’à ce qu’arrive ce moment si impatiemment attendu, l’épouse prie l’époux de la maintenir dans la jouissance de son amour et de l’environner de sa faveur comme d’un bouclier. Divine harmonie ! Heureux fruits de la grâce ! La foi qui s’attache à la Parole, l’espérance qui épie la première lueur du malin, la prière pour jouir actuellement de Sa bienfaisante présence ! Elle insiste, et elle insisterait avec plus de force encore si c’était nécessaire, pour être immédiatement avec Lui.

Songe sérieusement à toutes ces choses, ô mon âme ! Est-ce là ta condition ? Ajoutant foi à la Parole du Seigneur, attends-tu, soupires-tu après Son retour ? Demandes-tu constamment d’être maintenue en Sa présence, « jusqu’à ce qu’il vienne » ? On dit que l’heure qui précède l’aurore est la plus froide et la plus sombre de la nuit. Ainsi en sera-t-il pour le résidu juif au dernier jour. « Hélas ! que cette journée-là est grande ! Il n’y en a point eu de semblable, et elle sera un temps de détresse à Jacob ; mais il en sera pourtant délivré ! » (Jér. 30, 7). Mais la première lueur du matin sera pour le résidu qui attend et qui prie, le signal de la délivrance, celui de la destruction pour ses orgueilleux oppresseurs. « Sachez également ceci », dit l’apôtre, écrivant pour l’Église, « c’est qu’aux derniers jours, il y aura des temps fâcheux ». Heureux ceux qui se tiennent fermes à la Parole, suivant le Seigneur et attendant Sa venue ! La dernière heure de la nuit peut être froide et ténébreuse, mais ne t’en inquiète pas, ô mon âme, supporte la veille, prie ; le matin va briller ; sentinelle vigilante, demeure sur ta tour élevée. Bienheureux ceux dont l’œil vigilant saisira le premier rayon de l’étoile du matin.

« Mais vous, mes bien-aimés, vous appuyant vous-mêmes sur votre sainte foi et priant par le Saint Esprit, conservez-vous les uns les autres dans l’amour de Dieu, en attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ, pour obtenir la vie éternelle » (Jude 20-21).