Écho du Témoignage:Le cantique de Salomon/Partie 1

De mipe
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Chapitre 1

Il n’y a rien que les hommes de ce monde redoutent plus que la solitude et la réflexion. Ils aimeraient mieux être surchargés d’invitations et d’affaires que d’avoir du temps pour réfléchir. La conscience mal à l’aise veut, en de tels moments, faire entendre sa voix ; mais ses avertissements doivent être étouffés par ce mot commode, devoir, et son honnête discours est bientôt et volontiers oublié. Il y a là des péchés — beaucoup de péchés ; et la pensée de Dieu comme juge du péché est une pensée redoutable. L’état de l’âme est tel qu’elle ne peut supporter la lumière, c’est pourquoi elle aime les ténèbres. On recherche avec ardeur toutes les branches dans lesquelles se déploie l’activité de la vie présente, afin d’échapper au poids écrasant de la réflexion. Les plaisirs du monde servent aussi, en temps et lieu convenables, à atteindre la même fin.

Ainsi, on prend tout le soin possible pour éviter la solitude et n’avoir pas l’occasion de réfléchir dans le calme et d’une manière sérieuse. On n’accorde ni pensée ni temps aux solennelles réalités éternelles de l’âme ; on néglige entièrement la plus haute, la plus noble, la meilleure partie de l’homme, on n’en prend aucun souci, et on ne pourvoit à rien de ce qui la concerne, malgré ses profonds, ses pressants, ses éternels besoins. « Car que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ? Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ? » (Marc 8, 36, 37).

Hélas ! tel est l’homme — l’homme sans la connaissance de Dieu — sans la connaissance de sa condition comme pécheur — et sans la connaissance de Jésus comme le Sauveur des pécheurs.

Mais détourne pour un moment ton attention, ô mon âme, d’une scène si déchirante pour le cœur, quelque forts, quelque tendres même que soient les liens qui t’attireraient vers elle et te pousseraient à en retirer des êtres bien chers, et à les gagner à Christ. Entretiens soigneusement un esprit de méditation dans les douces solitudes de la séparation de l’âme d’avec le monde, où tout rayonne de la présence du Sauveur, et respire les joies ineffables du « Cantique des cantiques ». Plus est large la séparation d’avec le monde, plus la communion est profonde, plus est riche la bénédiction. Point de sympathie pour lui dans l’esprit et le cœur ; et réellement, quoique au milieu de lui, bien loin cependant de son agitation et de ses scènes impies. Un profond abîme sépare désormais les croyants de ce présent siècle mauvais : « Ils ne sont pas du monde, dit Jésus, comme moi je ne suis pas du monde ». La position de Christ en résurrection détermine la nôtre en tant que vus en Lui. Le calme, le repos réfléchi de l’âme en communion avec la personne du Seigneur glorifié, sont les moments les plus doux pendant qu’elle se trouve ici-bas sur la terre ; et on peut les trouver dans une chambre de maladie, au milieu des scènes champêtres, ou au siège même et au centre de l’activité de ce monde. Tout dépend de l’état du cœur. Être seul, et pourtant pas seul, quelle position bénie !

Mais pourquoi appeler ce précieux petit livre « le Cantique des cantiques » ? Précisément parce qu’il est de Salomon, ou plutôt de Christ qui au temps convenable sera roi à Jérusalem dans la gloire du vrai Salomon. C’est d’après le même principe qu’Il est appelé « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». La prééminence en toutes choses Lui appartient. Il y a plusieurs doux cantiques dans l’Écriture. Moïse, Marie et ses compagnes, Debora et David chantèrent tous d’une manière bien douce la bonté du Seigneur. Il est dit de Salomon lui-même « qu’il fit mille et cinq cantiques » ; mais pour celui-ci, il l’appelle « le Cantique des cantiques ». Il surpasse de beaucoup tous les autres. C’est la mélodie profonde de cœurs remplis de l’amour divin et qui trouvent leurs suprêmes délices dans sa parfaite et libre expression. « Nous l’aimons parce qu’il nous a aimés le premier ». Oh ! si seulement nous étions toujours capables de chanter le cantique du Sauveur, avec le cœur et aussi avec l’intelligence !

Verset 2. « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ».

Quelle affection pure, sereine, et ardente respire dans cette remarquable effusion ! C’est comme l’élan d’affection, simple, et néanmoins plein de chaleur, entre les plus proches parents, quand ils se rencontrent après une longue absence. Le cœur est tellement plein de son objet que tout le reste est perdu complètement de vue, formes, cérémonies, circonstances : l’âme est transportée par l’heureuse conscience qu’elle a de la place qu’elle occupe dans le cœur de Jésus. Qu’il y en a peu dans ce monde auxquels on pourrait s’adresser avec tant de simplicité et tant d’affection ; et cependant, c’est là le langage d’un pécheur sauvé, au saint et glorieux Sauveur. Comprends-tu cela, ô mon âme ? Le cœur qui peut parler ainsi à l’Époux divin, à Jésus glorifié dans le ciel, ne connaît ni doutes, ni craintes. De nos jours, plusieurs traitent de présomption la confiance entière, parfaite, exclusive de toute crainte, dans la grâce et l’amour de Christ ; et s’ils osent s’aventurer à se confier en Lui, c’est avec force doutes et force craintes ; et ils en agissent ainsi à Son égard après qu’Il a écrit en caractères de sang Son amour pour les pécheurs perdus, et qu’Il l’a gravé à toujours comme sur le roc. Que doivent-ils donc penser de la hardiesse de l’épouse ? Qu’elle s’est oubliée elle-même, qu’elle a oublié sa place ? Ah ! non, elle ne s’est point oubliée. Mais voici le secret : la conscience ayant été purifiée de tout péché par l’unique sacrifice de Jésus jadis abaissé, le cœur est maintenant libre et heureux dans la présence du Christ ressuscité et glorifié. Or, le sang de Christ pour la conscience, et la personne de Christ pour le cœur, voilà tout ce qu’il faut à tout pécheur pour qu’il se sente chez lui et heureux dans la chambre du roi. Ces deux choses renferment toute bénédiction, et tout chrétien les possède l’une et l’autre. Seigneur, aide tous tes enfants à le croire.

Dans ce précieux petit livre, remarque-le bien, ô mon âme, nulle mention de péché, de pardon, ou de justification. Pourquoi cela ? Ces questions ont été réglées auparavant, et maintenant le cœur est dans la jouissance d’une pleine et parfaite liberté dans la présence du Seigneur. Toutes les questions pareilles sont réglées en chaque cas lorsque le pécheur est amené pour la première fois aux pieds de Jésus ; elles sont réglées sur le solide fondement de l’œuvre accomplie et parfaite du Sauveur, et ne peuvent plus jamais, non jamais, être soulevées, pour ce qui concerne Dieu et la foi ! Satan et l’incrédulité de nos propre cœurs peuvent bien chercher à agiter la question pour toujours réglée, mais toutes pensées semblables devraient être traitées comme venant de ces sources. « J’ai connu que, quoi que Dieu fasse, c’est toujours lui-même ; on ne saurait qu’y ajouter, ni qu’en diminuer » (Eccl. 3, 14). De là vient que le cœur qui est instruit de ces choses se sent libre, heureux, et chez lui, dans la présence immédiate du Seigneur, et cela aussi dans le sens le plus élevé. « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ».

Ici, le cœur soupire, non pas après le sentiment du pardon, mais après une preuve plus directe de l’amour de Jésus. C’est Christ Lui-même qui l’occupe ; ce n’est pas tant quelqu’une de Ses qualités, ou quelque grâce particulière reçue de Lui, comme Lui-même personnellement. En Le possédant Lui, l’âme possède toutes Ses qualités et toutes Ses bontés, selon qu’elle s’écrie : « Qu’il me baise ». Elle ne songe pas à expliquer de qui elle parle de cette manière. Il y a dans l’amour une énergie de condensation, aussi bien qu’une énergie d’expansion. Cela nous rappelle le cœur aimant de Marie auquel avait été ravi son objet, lorsqu’elle dit : « Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis ». Jésus était le premier et le dernier dans sa pensée, il ne s’en trouvait pas d’autre dans son cœur duquel il fût nécessaire de le distinguer, et il n’y en avait point avec qui elle pût Le comparer. Sa pensée n’en connaissait pas d’autre, et elle ne s’occupait d’aucun autre. Rien ne pouvait satisfaire son cœur sinon la personne de son Seigneur, mort ou vivant. Merveilleuse affection ! Oh ! si Jésus avait dans mon pauvre cœur une place pareille ! « Encore un peu », et Il le possédera tout entier, et pour toujours. Oh ! hâte l’heureux jour, mon Seigneur, toi le bien-aimé de l’Église, ton Épouse.

Dans l’Écriture sainte, un baiser est le signe de la réconciliation, le gage de la paix, et l’expression de l’affection. Il est dit de David et de Jonathan qu’ils se baisèrent l’un l’autre, et pleurèrent tous deux jusque-là que David pleura extraordinairement (1 Sam. 20, 41). Douce image du vrai David toujours dépassant tout notre amour. « Où le péché abondait, la grâce a surabondé ». Joseph aussi « baisa tous ses frères et pleura sur eux, et après cela ses frères lui parlèrent » (Gen. 45, 15). De même, le père de l’enfant prodigue le baisa lorsqu’il était encore dans ses haillons. Et après qu’il fut purifié de toutes ses souillures et fut revêtu de la plus belle robe, trouve-t-on que c’eût été trop pour lui de demander de pareilles démonstrations d’amour ou de s’y attendre ? Assurément non ! Est-ce donc trop pour l’épouse dans les cantiques — pour le croyant en Jésus, de désirer une expression semblable de l’amour du Seigneur ? Certains sommes-nous qu’elle la désirait, non point qu’elle nourrît quelque doute à l’égard de cet amour, mais parce qu’elle prenait ses délices dans sa manifestation. L’amour seul peut satisfaire l’amour.

« Car tes amours sont plus agréables que le vin ». Maintenant l’amour de Jésus est préféré à toutes les joies de la terre. Le vin est le symbole des délices naturelles des hommes — des joies et des plaisirs de la terre. Mais que sont désormais toutes ces choses, sous leur forme la plus attrayante, pour l’âme qui fait ses délices de l’amour de Jésus ? Elles ont perdu leur charme pour les yeux et pour le cœur, et ne seraient plus maintenant que fatigue et pesant fardeau. Jésus Lui-même est les délices de l’âme. « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et croyant en lui quoique maintenant vous ne le voyez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pier. 1, 8).

La vigne a ses racines dans la terre. Le nazaréen, tout le temps qu’il était soumis à son vœu, ne devait rien goûter du fruit de la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau du raisin (voyez Nomb. 6). Il devait être entièrement séparé, pour le Seigneur, des plaisirs du monde. Tout croyant est un nazaréen, selon le propre vœu du Seigneur bien-aimé. « Je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’à ce jour-là quand je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Matt. 26, 29). Associés avec Lui que nous sommes, nous nous trouvons sous l’effet de Son vœu, et devons être de vrais nazaréens pour Dieu. Mais cela ne peut être qu’en trouvant toute notre joie, toutes nos délices, toute notre satisfaction dans l’amour de Jésus. Il est maintenant occupé à attendre patiemment, loin des joies de la terre, le brillant matin millénial où Il sortira de nouveau dans Son caractère de véritable Melchisédec, pour rafraîchir les armées victorieuses d’Israël, les enfants d’Abraham, avec le pain et le vin du royaume (Gen. 14). Nous aussi nous devrions attendre patiemment jusqu’alors, car nous sortirons avec Lui dans la gloire céleste. Alors la période du vœu sera pleinement accomplie. Le roi sera de nouveau uni dans Jérusalem à Son peuple terrestre, et toutes les nations se réjouiront dans leur joie et leur bonheur. Et la fille de Sion connaîtra alors le sens de ces paroles prononcées depuis longtemps aux noces de Cana en Galilée : « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ».

Verset 3. « À cause de l’odeur de les excellents parfums, ton nom est comme un parfum répandu, c’est pourquoi les filles t’ont aimé ».

Elle nous donne maintenant quelque idée du nom de celui qu’elle aime, « ton nom est comme un parfum répandu ». Il est pour son cœur une odeur des plus exquises. Tous les noms de Christ, Ses titres, Ses attributs et Ses relations diverses, sont pleins de douceur à son goût. Son nom c’est Lui-même ; il est l’expression de Sa nature, de Sa souveraine prééminence en toutes choses, et de toutes Ses grâces. Les expressions lui manquent pour dire les richesses de la bonté de Jésus ; c’est pourquoi elle dit que son « nom est comme un parfum répandu ». L’odeur du parfum de Christ ne s’arrête point à elle ; les filles, ses compagnes, participent à son abondance, attirées et rafraîchies par les doux parfums de Son nom. Heureuse pensée ! Ce n’est point un parfum cacheté, mais un parfum « répandu ». Oh ! quelle communion il y a dans l’amour de Jésus ! Arrête-toi un peu ici, ô mon âme, et médite sur la plénitude du nom de Jésus ; « car en lui toute la plénitude de la déité habite corporellement ». Quel centre, quelle source est ce nom ! L’Église de Dieu est maintenant rassemblée autour de Lui comme autour de son unique centre, par le pouvoir vivifiant et la demeure du Saint Esprit, conformément à cette parole : « Car où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Mais, avant longtemps, les cieux et la terre seront unis par Sa puissance et par Sa gloire. La Jérusalem terrestre et les villes de Juda avec toutes les nations d’alentour, la Jérusalem céleste, et les myriades d’anges — l’assemblée universelle, et l’Église des premiers-nés écrits dans les cieux seront toutes attirées et unies par ce doux et précieux nom, le seul nom à qui il appartienne d’unir. Le Père a préparé dans Son dessein cette merveilleuse gloire pour Son Fils, et il arrivera certainement, « que dans l’administration de la plénitude des temps (le millénium), il réunira en un (sous un chef) toutes choses sous le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre en lui » (Éph. 1, 10). Alors le parfum du nom de Jésus sera porté en tout lieu sur les ailes de la brise, et toutes les familles et toutes les langues s’uniront dans ce chant de louange : « Éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre ! » (Ps. 8).

Et lorsque les mille ans de la bénédiction et de la gloire milléniales auront achevé leur cours, que les cieux et la terre se seront enfuis, et que le jugement final sera passé, ce nom n’aura rien perdu de son parfum, de sa puissance, et de sa gloire. Il unira alors dans les liens de l’amour le plus doux, de la sainteté la plus haute, les nombreuses sphères, les myriades des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Christ sera la source, la puissance, le motif et l’objet de la joie de tous les cœurs, de la mélodie de toutes les langues ! Chaque montagne de myrrhe et chaque colline de parfum seront redevables de leur douceur à Sa présence ; et Son nom sera encore comme un parfum répandu : oui « répandu » et « répandu » à jamais. Ce n’est que myrrhe, aloès et casse, de tous ses vêtements, dans les palais d’ivoire. Et à mesure que les âges succéderont aux âges, les grâces si riches et si variées de Son amour seront encore « répandues » dans une profusion infinie, faisant distiller la myrrhe de toutes les mains, de tous les cœurs et de toutes les lèvres, et remplissant toute la scène des vastes royaumes des bienheureux, du parfum éternel de Son nom.

Verset 4. « Tire-moi et nous courrons après toi ».

Plus nous connaîtrons Christ, plus nous désirerons Le connaître. Plus nous serons rapprochés de Lui, plus nous désirerons en être plus rapprochés encore. Comme Paul s’exprime : « afin que je Le connaisse », et nul sur la terre ne Le connaissait aussi bien ; et encore : « afin que je gagne Christ », et jamais il n’y a eu de saint plus sûr de son prix que Paul. Quoique prisonnier à Rome et dans le dénuement, il pouvait dire avec vérité : « Pour moi vivre c’est Christ, et mourir c’est gain ». Quelle riche expérience, quelle paisible assurance, quelle joie sans borne, éclatent dans sa lettre aux Philippiens !

Il y a pour nous en Christ une telle infinité de bénédictions, que plus nous en avons saisi, moins nous croyons en avoir saisi. À mesure que nous goûtons davantage de la réalité et de la plénitude de Son amour, nous devenons plus véritablement capables de dire qu’« il surpasse toute connaissance ». Ce sont des largeurs et des longueurs, et des profondeurs et des hauteurs que nous ne sommes jamais en état de comprendre ; et Sa présence est la source d’une joie telle, que, même pendant que nous en jouissons, le cœur soupire si ardemment après une proximité plus grande encore, qu’il se sent comparativement comme à distance.

Si je devais lire dans le cœur aimant de l’épouse à travers ces paroles : « Tire-moi, et nous courrons après toi », je dirais que son désir d’être près de la personne du Seigneur est si grand, que tout proche et toute chère qu’elle est, elle éprouve quelque chose comme le sentiment qu’il y a quelque distance entre elle et Lui. De là, les profonds soupirs de son cœur : « Tire-moi ». Oh ! tire-moi, mon Seigneur, plus près, tout près de toi. Il y a croissance en grâce, en comparant avec le verset 2 — progrès dans son appréciation de la personne de Christ, dans la mesure dans laquelle elle s’en saisit. Elle éprouve un plus ardent désir d’une communion plus étroite. Cela ressemble à ce que nous trouvons dans plusieurs psaumes. « Ô Dieu, tu es mon Dieu ! car je te cherche au point du jour ; mon âme a soif de toi, ma chair te souhaite en cette terre déserte, altérée et sans eau… Mon âme s’est attachée à toi pour te suivre, et ta droite me soutient » (Ps. 63). La communion la plus bénie avec le Seigneur s’accorde parfaitement avec le plus vif désir d’être plus étroitement rapproché de Lui. Peux-tu dire cela de toi, ô mon âme ? Sais-tu cela par ta propre expérience ? Examine toutes tes paroles et toutes tes voies comme devant le Seigneur, et juge-les. Le Saint Esprit nous déclare que Christ a éprouvé Ses paroles comme dans un fourneau « sept fois » : et nous, hélas ! combien il nous arrive souvent de parler et d’écrire, sans même les éprouver une fois, nos paroles ou nos écrits.

Le Seigneur tire et nous courons. Ces deux faits sont magnifiques, liés l’un à l’autre. « Nous courrons » ; mais remarquez bien les deux derniers mots — « après toi » : ils contiennent beaucoup plus que nous ne saurions dire ici. Ils sont de la plus haute importance. « Après toi » : non pas après nos propres idées, ni même après l’homme le meilleur qu’il puisse y avoir sur la terre, mais « après toi ». Comme il est dit dans ce magnifique psaume seizième : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » ; non pas de temps à autre seulement, mais « toujours ». Que ne serait pas notre marche sur la terre, si tel était notre cas ! Combien elle serait séparée de tout ce qui n’est pas Christ. Certainement, lorsque nous disons au Seigneur « tire-moi », nous devrions, comme l’épouse et ses compagnes, ajouter en toute sincérité : « nous courrons après toi ».

Mais remarquez une autre pensée extrêmement précieuse que suggère le sujet de notre méditation. Celui qui tire, marche devant. C’est ainsi que le Seigneur va devant Son peuple dans le désert, et voit le danger et y pourvoit avant que Son peuple y arrive. Nombreux sont les dangers dont nous sommes délivrés par Lui et dont nous ne savons rien. « Et quand il a mis ses propres brebis dehors, il va devant elles, et les brebis le suivent ». L’ennemi nous a peut-être tendu un piège dans le chemin que nous nous étions disposés à suivre, mais notre divin Conducteur, voyant le piège, prend un autre sentier, nous mène dans une autre direction, et nous échappons ainsi au piège qui aurait pu nous être fatal. Et cependant, je puis me montrer si désappointé et si mécontent de ce que quelque chose m’a empêché d’arriver au lieu que je m’étais proposé d’avance ! Donne-nous, bien-aimé Sauveur, de pouvoir toujours et uniquement « courir après toi ».

« Lorsque le roi m’aura introduite dans ses cabinets, nous nous égaierons, et nous nous réjouirons en toi ; nous célébrerons tes amours plus que le vin ; les hommes droits t’ont aimé ». Maintenant nous avons le résultat, le fruit béni de l’attrait du Seigneur, et de la course du fidèle. La prière était l’expression chez ceux qui l’adressaient d’une faiblesse dont ils avaient conscience et d’un état de dépendance, tout cela se combinant avec un esprit de sainte diligence. Ils ont couru comme il faut et ont atteint le but. Et maintenant ils sont couronnés de joie et d’allégresse. Mais n’oublie jamais, ô mon âme ! que c’est la grâce qui tire, la grâce qui court, la grâce qui couronne, et que tout découle de l’océan sans rivage de l’amour du Sauveur. « Nous nous souviendrons de ton amour plus que du vin » (vers. angl.). Elle se sert maintenant du mot « se souvenir » ; elle connaissait l’amour de Christ avant, mais elle en jouit avec un intérêt fort accru. Il est pour elle comme l’air ; cet amour l’environne, elle est dans cet amour. « Le roi m’a introduite dans ses cabinets ».

Mais pour quelle raison Christ est-Il appelé ici « le roi » ? C’est dans une pensée prophétique, en vue de Sa relation avec Israël après son rétablissement. Pour ce qui est de Son droit, de Son titre à la royauté, Christ est toujours roi ; mais l’Écriture ne Lui donne jamais le nom de roi de l’Église. Il est roi, et digne de tout hommage ; mais Il est désigné dans l’Écriture comme Tête de Son corps, l’Église, et comme roi des Juifs. Et comme tel, Il vint d’abord dans la bassesse et dans une grâce exquise, et se présenta à la fille, de Sion : mais, hélas ! elle refusa de Le recevoir. Il fut méprisé et rejeté, crucifié et mis à mort ; mais Dieu Le ressuscita et Lui donna la gloire, justifiant ainsi, par la résurrection, Ses droits et Ses titres, non seulement comme roi des Juifs, mais aussi comme Tête de Son corps, l’Église, et comme centre de toute la gloire à venir (comp. Zach. 9 ; Jean 12 ; Act. 2 ; Éph. 1 ; Phil. 2). De la même voix dont ils avaient crié « Hosanna ; béni soit le roi d’Israël qui vient au nom du Seigneur », les Juifs s’écrièrent aussi : « Ôte-le, ôte-le ! Crucifie-le ! ». Hélas ! telle est la courte durée de la popularité humaine ! À la fin ils comblèrent la mesure de leurs péchés. Leur relation avec Dieu fut rompue ; le Messie fut retranché — on méprisa le témoignage du Saint Esprit — et, pour le moment, c’en fut fait de tout ce qui tient au royaume.

Mais la parole du Seigneur n’en demeurera pas moins ferme à toujours. L’incrédulité et le péché de l’homme ne sauraient jamais anéantir la fidélité de Dieu. Dans la rédemption accomplie par Christ, il fut posé un fondement pour la restauration future d’Israël, en grâce, selon le dessein immuable de Dieu, et pour la mise des enfants dans la pleine possession et la pleine jouissance de toutes les bénédictions promises aux pères. « Or, je dis que Jésus Christ a été serviteur de la circoncision, pour la vérité de Dieu, afin de confirmer les promesses faites aux pères » (Rom. 15, 8). Rien de plus clair que les prédictions que contient la Parole de Dieu sur le règne futur du Seigneur Jésus, en rapport avec le trône de David et toute la maison d’Israël. Naturellement, Son règne et Sa gloire ne seront pas limités aux tribus restaurées et au pays d’Israël ; mais Jérusalem et les villes de Juda constitueront le centre terrestre de Son royaume millénial. Absolument comme la Jérusalem céleste, la cité du Dieu vivant, sera le centre céleste des nombreux cercles de Sa gloire céleste qui se rattacheront à elle (Héb. 12, 22-24).

Mais comme c’est « le roi » qui est l’objet de notre méditation, nous nous arrêterons un peu aux prophéties qui nous Le révèlent et nous Le montrent dans ce caractère. « Car l’enfant nous est né, le Fils nous a été donné, et l’empire a été posé sur son épaule, et on appellera son nom l’Admirable, le Conseiller, le Dieu fort et puissant, le Père d’éternité, le Prince de paix. Il n’y aura point de fin à l’accroissement de l’empire et à la prospérité sur le trône de David et sur son règne pour l’affermir et l’établir en jugement et en justice, dès maintenant et à jamais. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela » (És. 9, 6, 7). Cette ancienne prédiction que la jalousie de l’Éternel des armées accomplira au temps convenable, fut en substance répétée à Marie par l’ange. « Tu enfanteras un fils et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume » (Luc 1, 31-33). Les prophéties sur ce sujet, non encore accomplies, sont innombrables.

Mais est-ce que jadis Jéhovah n’était pas roi dans Jérusalem ? Oh ! oui, très certainement, Il l’était ! Depuis le temps où Israël fut délivré et tiré d’Égypte jusqu’aux jours de Samuel, Jéhovah était leur roi. Alors ils désirèrent un roi comme en avaient les nations voisines, et rejetèrent Jéhovah comme leur roi. Mais cela aboutit à une chute complète, comme toute chose avec Israël sous la loi. Depuis les rivages de la mer Rouge jusqu’à la cime du Calvaire et à la lapidation d’Étienne, nous ne trouvons qu’une histoire continuelle de chutes : et non pas dans une position seulement, mais dans toutes les positions successives où le peuple fut placé. Que nous envisagions Israël comme sous la loi — comme une vigne qui avait été transportée hors d’Égypte et plantée dans le pays — comme la femme que Jéhovah avait épousée — ou comme le témoin de Dieu sur la terre, partout nous trouvons non seulement qu’il manqua sans cesse, mais que toujours il fut incorrigible dans son péché. En conséquence, les justes jugements de Dieu tombèrent sur lui à la fin. Leur bien-aimée Jérusalem fut environnée d’armées, leur temple et leur cité furent rasés jusqu’à terre, et ceux qui échappèrent au tranchant de l’épée furent dispersés par l’amer déplaisir du Seigneur aux quatre vents des cieux.

Depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui, la condition d’Israël a été « délaissée et en désolation » ; mais elle ne le sera pas toujours. Il est bon de remarquer dans un sujet tel que celui-ci, la différence qu’il y a entre les voies de Dieu en gouvernement à l’égard de Son peuple, et Ses voies en grâce. Selon le juste gouvernement de Dieu, les Juifs ont été et sont encore sous le châtiment de Sa main à cause de leurs péchés et de leur impénitence, mais la grâce et l’amour de Son cœur pour eux demeurent invariablement les mêmes. Remarquez les propres termes de l’alliance : « Ainsi j’affligerai la postérité de David à cause de cela, mais non pas à toujours » (1 Rois 11, 39). C’est là un principe d’une importance immense, non pas seulement avec Israël et avec l’Église, mais avec tout chrétien individuellement. L’apôtre fait allusion au même grand principe, quand il traite de la réjection et du rétablissement d’Israël. « Elles ont été retranchées à cause de… mais ils sont bien-aimés selon l’élection, à cause des pères. Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11).

Le prophète Osée décrit d’une manière touchante l’état actuel et la future restauration des Juifs. « Car les enfants d’Israël demeureront plusieurs jours sans roi et sans gouverneur, sans sacrifice et sans statue, sans éphod et sans théraphim. Mais après cela les enfants d’Israël se retourneront et rechercheront l’Éternel leur Dieu et David leur roi ; ils vénéreront l’Éternel et sa bonté aux derniers jours ». Précieuse pensée ! Ils « rechercheront encore l’Éternel leur Dieu et David leur roi ». Et qu’est-ce que le livre des cantiques ? N’est-il pas pour le résidu l’assurance et la réassurance de l’affection immuable du roi ? Les Israélites fidèles des derniers jours peuvent lire ici l’amour, l’infatigable, le patient amour, l’amour qui ne fait jamais de reproches, de « l’Éternel leur Dieu, et de David leur roi ». Dans le passé, tout faillit sous la loi ; ils étaient là sur le fondement de la partie conditionnelle de l’alliance. Dans l’avenir, ils seront sur le fondement de l’alliance inconditionnelle de Dieu, et leur bénédiction aura pour mesure la valeur du sacrifice de leur Messie jadis rejeté, et la plénitude de l’amour de Dieu. Mais qui peut mesurer ce qui est incommensurable ? Tel sera l’amour du roi pour son épouse juive.

Le livre de Ruth est comme l’illustration, de la manière la plus simple et la plus touchante, du passé, du présent, et de l’avenir d’Israël.

Il ne resta pas de fruit de la vie d’épouse de Naomi. « Ne m’appelez pas Naomi », dit-elle (ce nom signifie mon plaisir), mais « appelez-moi Mara », amertume ; « car le Tout-puissant m’a remplie d’amertume ». Son mari, Élimélec (nom qui signifie : Mon Dieu est roi) et ses deux fils étaient morts au pays de Moab. Naomi était maintenant veuve, sans enfants, et, naturellement, sans ressources. « Appelez-moi Mara… Je m’en allai pleine de biens, et l’Éternel me ramène vide ». Image frappante de la nation juive qui, ayant perdu Dieu comme son roi et son mari, est maintenant comme veuve et abandonnée. Mais un faible résidu, dans la personne de l’humble et débonnaire Ruth, s’attache à Naomi, et, virtuellement, s’abrite sous les ailes du Dieu d’Israël. « Bienheureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre ». Les champs dans lesquels elle entra d’abord comme une glaneuse, devinrent sa propriété. Mais le plus proche parent qui a droit de rachat refuse de racheter l’héritage, s’il faut qu’en même temps il prenne pour femme Ruth : et cela est constaté en présence de dix témoins. Ces dix hommes de la ville peuvent représenter les dix commandements qui furent donnés avant la venue du Christ ; mais il n’y eut pas de fruit pour Dieu sous la loi. Voyez Romains 7, 1-4.

Désormais, Boaz (ce qui signifie : en Lui est la force) épouse de tout son cœur la cause du faible résidu de la maison d’Élimélec. Il est type de Christ ressuscité, qui a été « déterminé Fils de Dieu, en puissance, par la résurrection des morts » (Rom. 1, 4). Une circonstance qui donne à ce tableau une si parfaite beauté, c’est que Ruth n’avait directement aucun droit sur Boaz. Il n’était pas le plus proche dans la parenté ; ainsi ce n’était absolument que grâce. Il faut désormais que tant Israël que les Gentils parviennent à l’héritage sur le fondement de la grâce pure. « Et Ruth enfanta un fils… Alors Naomi prit l’enfant, et le mit dans son sein, et elle lui tenait lieu de nourrice », et les voisins dirent : « Un fils est né à Naomi ». Scène touchante ! Aimable esprit de grâce ! Le cœur de la veuve est mis à même de chanter comme aux jours de sa jeunesse. La délaissée est devenue, pour ainsi dire, une mère d’enfants ; le sein qui avait perdu tous ses enfants possède de nouveau un héritier : tout est joie et allégresse ! Quelle délicieuse image nous avons là du plein retour d’Israël à l’honneur, à la gloire et à sa haute position dans le pays ! Avant longtemps, le véritable Boaz prendra en main la cause du résidu fidèle, et rétablira Israël dans sa terre sur un pied complètement nouveau. Tel est le radieux sujet de passages sans nombre de l’Écriture.

En voici un exemple : « Alors les nations verront ta justice, et tous les rois ta gloire : et on t’appellera d’un nouveau nom que la bouche de l’Éternel aura expressément déclaré. Tu seras une couronne d’ornement en la main de l’Éternel, et une tiare royale dans la main de ton Dieu. On ne te nommera plus la délaissée, et on ne nommera plus ta terre la désolation ; mais on t’appellera Hephtsi-bah (c’est-à-dire, mon bon plaisir est en toi), et ta terre Beulah (c’est-à-dire, mariée), car l’Éternel prendra son bon plaisir en toi, et ta terre aura un mari » (És. 62). Et encore : « Néanmoins, voici : je l’attirerai après que je l’aurai promenée par le désert, et je lui parlerai selon son cœur. Et je lui donnerai ses vignes depuis ce lieu-là, et la vallée de Acor pour l’entrée de son attente ; et elle y chantera comme aux jours de sa jeunesse, et comme lorsqu’elle remonta du pays d’Égypte… Et je t’épouserai pour moi à toujours, je t’épouserai, dis-je, pour moi, en justice et en jugement, et en gratuité, et en compassion. Même je t’épouserai en fermeté et tu connaîtras l’Éternel » (Os. 2). Merveilleuse, incomparable grâce ! La grâce de Dieu au premier des pécheurs ! L’amour est la source, la grâce coule, le perdu est retrouvé. L’amour est toujours le même. Le Seigneur aime Israël — Il aime l’Église — Il aime individuellement le croyant — Il aime d’un amour parfait toute âme qui est attirée à Lui. L’amour le plus profond, c’est le sien, et Ses joies sont les joies les plus profondes. Oh ! amour sans pareil — grâce illimitée — céleste joie, et éternelles délices — Alléluia ! « Le roi m’a introduite dans ses cabinets ».

Versets 5, 6. « Ô filles de Jérusalem, je suis brune mais de bonne grâce ; je suis comme les tentes de Kédar, et comme les courtines de Salomon. Ne prenez pas garde à moi de ce que je suis brune, car le soleil m’a regardée ; les enfants de ma mère se sont mis en colère contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes, et je n’ai point gardé la vigne qui était à moi ».

L’épouse a parlé des embrassements du roi, de son amour, de son nom et de ses cabinets. Maintenant, remuée par quelque chose qui s’est présenté, elle rappelle et confesse sans réserve ce qu’elle est en elle-même. Mais en même temps, elle affirme avec bonheur ce qu’elle est aux yeux de Christ ! Vérité nécessaire dans tous les temps, si nous voulons nous conserver dans un bon équilibre d’esprit. Plus nous connaîtrons complètement l’indignité, la bassesse de la chair, plus nous apprécierons la valeur de Christ, et plus nous comprendrons l’œuvre du Saint Esprit. Tant que la dépravation totale de la nature humaine ne sera pas reconnue dans l’âme comme une réalité, il y aura de la confusion dans notre expérience, quant aux vaines prétentions de la chair et aux divines opérations de l’Esprit.

Il n’y a absolument rien de bon dans notre nature charnelle. Le plus avancé dans la vie divine a dit : « En moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ». Comme c’est absolu, sans exception ! « Point de bien ». Mais ne pourrait-on pas l’améliorer par des soins avec la prière et la vigilance ? Non, jamais ; elle est entièrement incurable. Il y a longtemps, longtemps, que cela a été affirmé par le Dieu de vérité. Lisez Genèse 6 : « Et Dieu vit que la malice des hommes était très grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de leur cœur n’était que mal en tout temps… Et Dieu dit à Noé : la fin de toute chair est venue devant moi ». Or, qu’est-ce que la fin, ou le résultat de toute chair, sinon « le mal », « rien que le mal », et « le mal en tout temps » ? C’est-à-dire, évidemment, le mal sans aucun bien, et le mal sans relâche ; et remarquez-le, c’est ce qui est dit de toute chair, et non de quelqu’une seulement : de telle sorte qu’elles y sont toutes comprises. Il est vrai que chez quelques-uns, il se peut que nous trouvions une nature polie, cultivée, aux mœurs douces, et aux manières élégantes, et chez d’autres une nature rude, inculte, grossière ; mais dans les uns comme dans les autres c’est la nature charnelle. Il est possible que nous ne soyons pas capables de plier une barre de fer, cependant elle peut être étendue sous le marteau de telle sorte qu’elle devienne tout à fait flexible, mais c’est encore le même fer. Son apparence a changé, mais sa nature est la même.

Mais, en admettant que tout cela est vrai de notre triste nature morale, pourquoi l’appeler « une vérité nécessaire à un bon équilibre d’esprit » ? Parce qu’elle nous rend capables de distinguer entre la chair et l’Esprit, et de savoir d’où peut venir telle pensée, telle suggestion, ou tel penchant. Il est de toute importance de voir qu’ils sont tous les deux en nous, et que l’un est le bien sans mélange, et l’autre le mal sans mélange aussi. Une confusion inextricable, le trouble, l’angoisse, et, dans certain cas, une mélancolie profonde, sont les malheureux résultats de l’ignorance où l’on est sur ce point, je veux dire sur le sujet des deux natures. Il ne saurait provenir rien de bon de notre nature charnelle. Supposez que je rencontre une personne profondément inquiète à l’égard de son âme, et ardemment désireuse de connaître Christ et le salut. Je sais d’une manière certaine que le Saint Esprit est à l’œuvre dans cette âme. De semblables désirs pour Christ et le salut sont bons, et ne sauraient jamais provenir d’une nature qui hait à la fois Dieu et Christ, et qui aime mieux ce monde que le ciel. Il est possible sans doute que l’âme éprouve beaucoup d’angoisse, et soit remplie d’incertitudes et de craintes quant à l’issue, et même qu’elle refuse d’être consolée : mais dans la pensée de Dieu elle est sauvée déjà ; elle se réjouira lorsqu’elle croira la vérité. La bonne œuvre était commencée dans l’âme du fils prodigue, lorsque pour la première fois il dit en lui-même : « Je me lèverai et je m’en irai vers mon père ». L’Esprit de Dieu satisfera pleinement tout désir qui procède de Lui. Christ Lui-même est la parfaite réponse à tous les désirs du cœur.

L’Écriture sainte nous enseigne trois points d’une importance journalière pratique, savoir : que la chair est opposée à l’Esprit, que Satan est opposé à Christ, et que le monde est opposé au Père (Gal. 5 ; Gen. 3 ; 1 Jean 2). Ce sont là nos trois grands ennemis, et il en résulte qu’il importe beaucoup de savoir de quel côté nous sommes. C’est ainsi, par exemple, qu’au lieu de me mettre en perplexité pour rechercher où commence le monde et où il finit, en quoi consiste la mondanité, je n’ai qu’à me demander simplement : « Cela est-il du Père ? ». Dans des centaines de cas, il serait impossible de dire où la mondanité commence et finit, en regardant à la chose elle-même ; mais vous pouvez vous assurer bientôt « si elle est du Père ». Et quand nous voyons qu’elle n’est pas du Père, la question est résolue : il faut qu’elle soit du monde.

L’Écriture ne connaît pas de principe intermédiaire, de principe neutre. La même règle s’applique aux deux autres points que nous avons indiqués. Tout ce qui n’est pas de l’Esprit est de la chair, et tout ce qui n’est pas de Christ est de Satan.

Mais, quoique nous soyons entrés dans ces détails pratiques en méditant les paroles de l’épouse, nous ne pensons nullement que de semblables pensées occupassent son esprit, l’expérience de l’âme, chez les Juifs, étant plutôt d’un caractère plus extérieur, temporel et typique.

« Je suis brune ». Ces paroles sont relatives à son aspect extérieur, à son teint — elle est brûlée par le soleil. La chose a eu lieu selon l’avertissement du prophète : « Au lieu d’un beau teint, elles auront le teint tout hâlé » (És. 3, 24). Et à cause de cela, elle ressent vivement le curieux regard des filles de Jérusalem. « Ne prenez pas garde à moi de ce que je suis brune, car le soleil m’a regardée ». Il fut un temps où la fille de Sion était belle et glorieuse, un sujet de louange sur la terre. « Ta renommée, dit le prophète, se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite à cause de ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz. 16). Mais pour son ingratitude et son infidélité, elle fut réduite à la triste condition d’une pauvre esclave brûlée par le soleil. Le prophète Jérémie, dans ses « Lamentations » sur la chute de Jérusalem, décrit aussi de la manière la plus touchante, non seulement ce qu’elle fut jadis, mais ce qu’elle est devenue à la suite de l’affliction et de la souffrance : « Ses hommes honorables (vers. angl. : ses nazaréens) étaient plus nets que la neige, plus blancs que le lait ; leur teint était plus vermeil que les pierres précieuses, et ils étaient polis comme un saphir. Leur visage est plus noir que les ténèbres, on le les connaît point par les rues ; leur peau tient à leurs os ; elle est devenue sèche comme du bois ». Certes, il peut bien s’écrier dans l’amertume de son âme : « Comment l’or est-il devenu obscur ? Comment le fin or s’est-il changé ? ». Ô mon âme, si tels sont les redoutables, les amers et tristes fruits du péché dans ce monde où « la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement », quels ne seront-ils pas dans le monde à venir où il n’y a plus d’espérance, et où le désespoir s’empare de l’âme coupable ? Peux-tu reporter tes regards sur la croix, et y voir tes péchés, tous tes péchés, jugés, ôtés, et ensevelis dans les profondeurs de l’oubli éternel ? Dieu et la foi connaissent seuls la puissance de cette croix, et se glorifient dans son éternelle efficace. Juge donc pleinement, aujourd’hui, tout le mal qui se trouve en ton cœur et toutes tes voies, sachant que Christ a été jugé pour tout cela à la croix. Ce qui a été imputé à Christ ne te sera jamais imputé. « Bienheureux est l’homme à qui l’Éternel n’impute point son iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude » (Ps. 32).

Lorsque je vois que Christ a porté, et a ôté pour toujours, par le sacrifice de Lui-même, le péché sur lequel je pleure, toute fraude s’en va. Je n’ai aucun désir de cacher, d’atténuer, ou d’excuser mon péché. Il fut ôté à la croix, et maintenant il est pardonné sur ce fondement. En présence d’un tel amour et d’une bonté pareille, la crainte est bannie ; je me sens dans une entière liberté et le cœur au large, et ne puis que célébrer le Seigneur pour la grâce infinie dont Il a usé envers moi.

Le terme « noire » (la vers. angl. a : « Je suis noire ») sert généralement dans l’Écriture à exprimer un état d’affliction, de souffrance et de persécution. « Ma peau, dit Job, est devenue noire sur moi, et mes os se sont desséchés par l’ardeur qui me consume » (chap. 30, 30). Il en est particulièrement ainsi d’Israël rebelle. Mais dans notre passage, la confession que fait l’épouse est rattachée avec beaucoup de charme à la foi en Christ, et devient ainsi moralement la fidèle expression de tous les croyants : « Je suis noire, mais de bonne grâce ». En moi-même noire comme le péché — plus blanche que la neige en Christ.

Tel sera, dans le dernier jour, le langage du résidu craignant Dieu, qui aura passé par les profondeurs de la détresse de Jacob, et que l’ardeur de « la grande tribulation » aura, à vrai dire, douloureusement hâlé. Non seulement ces Juifs pieux seront persécutés sous l’Antichrist, le grand oppresseur, mais même leurs frères selon la chair se tourneront contre eux : « Écoutez la parole de l’Éternel, vous qui tremblez à sa parole ; vos frères qui vous haïssent et qui vous rejettent comme une chose abominable à cause de mon nom, ont dit : Que l’Éternel montre sa gloire ; Il sera donc vu à votre joie, mais eux seront honteux » (És. 66, 5).

C’est là, croyons-nous, ce à quoi fait allusion l’épouse maintenant joyeuse : « Les enfants de ma mère se sont mis en colère contre moi ; ils m’ont mise à garder les vignes ». Comme une autre Ruth, les vignes auxquelles elle fut forcée de travailler sont devenues siennes. Et heureuse désormais dans l’amour de son grand libérateur et son riche seigneur, elle peut parler librement de ce à travers quoi elle avait passé, et de ce qu’elle était encore à ses propres yeux : « noire comme les tentes de Kédar — gracieuse comme les courtines de Salomon ».

Les fils d’Ismaël, à ce qu’on rapporte, se servent des peaux rudes, velues, de leurs boucs noirs pour la couverture extérieure de leurs tentes, qui ont ainsi dans le désert, à l’œil du voyageur, un aspect extrêmement noir sous les rayons d’un brillant soleil. Et très certainement, placé, dans sa meilleure condition, sous les rayons du soleil de justice bien autrement brillant, l’homme serait de beaucoup plus noir que la tente de l’Arabe sauvage. Même une lampe allumée, comme on l’a dit : si on la place dans les rayons du soleil, on n’en peut rien voir que la mèche noircie. Mais, ô pensée trois fois heureuse ! si le sentiment de notre laideur peut nous troubler encore, il ne trouble plus le bien-aimé Seigneur. Il l’a éloignée de Ses yeux tout entière et pour toujours ; et l’œil de la foi voit avec Lui. Le jugement de Dieu et celui de la foi sont toujours les mêmes : tes péchés qui étaient en grand nombre sont pardonnés. Le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché.

L’expression « courtines de Salomon » peut avoir trait au magnifique voile du temple de Salomon, type de la sainte humanité de Jésus. Tous les croyants, cependant, seront rendus semblables à l’homme parfait maintenant qui est dans le ciel, le chef de la nouvelle création. « Comme nous avons porté l’image de celui qui est terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste » (1 Cor. 15, 49). Les « filles de Jérusalem » introduites ici, sont évidemment distinctes de l’épouse, quoique étroitement unies avec elle, ainsi que le montre la place importante qu’elles occupent dans cette magnifique scène. Si l’épouse représente la cité bien-aimée, Jérusalem, la capitale terrestre du grand Roi, les filles de Jérusalem peuvent représenter les villes de Juda, circonstance qui nous explique leur présence et leur place en maintes occasions, quoiqu’elles n’atteignent jamais dans la faveur du roi la position de l’épouse. Selon la parole du Seigneur, Jérusalem doit avoir toujours la prééminence : « Car j’ai maintenant choisi et sanctifié cette maison, afin que mon nom y soit à toujours ; et mes yeux et mon cœur seront toujours là » (2 Chron. 7, 16).

Verset 7. « Déclare-moi, toi qu’aime mon âme, où tu pais, où tu fais reposer ton troupeau sur le midi ; car pourquoi serais-je comme une femme errante vers les parcs de tes compagnons ? ».

Maintenant un changement béni a eu lieu dans l’occupation de l’épouse. L’époux remplit son cœur et ses regards. Le moi a disparu ! Quelle grâce ! Il ne s’agit plus maintenant du moi noir, ni du moi gracieux. C’est toujours malheureux en définitive d’être occupé du moi. Si les regards se portent sur le moi, au-dedans, au lieu de se porter au-dehors, et sur Christ, il en résulte des angoisses et des douleurs sans nombre.

Ce magnifique verset, ô mon âme, renferme trois choses qui méritent bien que tu les médites sérieusement.

1. L’affection ardente du cœur. Elle ne dit point, remarque-le, « ô toi que mon âme » doit aimer, ou même désire aimer, mais « ô toi qu’aime mon âme ». Il y a dans son cœur une brillante flamme d’amour pour la personne de son Seigneur et Sauveur. Elle L’aime Lui-même. « Déclare-moi, toi ». C’est là l’étroite intimité, « moi », « toi », — « toi », « moi ». Condition heureuse pour une âme ! Qu’est-ce, ô mon âme, que tu en connais ?

Le mot appréciation me semble plus propre à exprimer le peu que je connais de ce sujet béni, que l’idée d’une vive et ardente affection réellement sentie. Qu’y a-t-il parmi tout ce qui existe, je le demande, dont je me soucie plus que de mon Sauveur — que je voulusse Lui préférer ? Qu’est-ce que cela ? Est-ce de l’amour ? Quel autre — quoi d’autre — est aimé davantage ?

Mais, perspective radieuse ! le jour approche où ces yeux verront le roi dans Sa gloire. Et alors ce cœur si froid, si paresseux, sera ravi de Sa beauté, et brûlera à jamais pour Lui seul de la flamme pure d’un amour parfait.

2. C’est de lui-même directement qu’elle désire recevoir sa nourriture. « Déclare-moi… où tu pais ton troupeau ». Elle ne va point aux pasteurs d’Israël qui se souciaient plus de la toison que du troupeau, mais au souverain Pasteur Lui-même. Elle avait été amenée à Lui dans Son caractère de roi, maintenant elle Lui fait appel comme berger. Comme David jadis, Il est le roi-berger ; et avec quelle bonté, quel amour et quelle tendresse, ne rassemblera-t-il pas encore les brebis d’Israël maintenant dispersées ! Peut-on voir rien de plus miséricordieux et de plus beau que les versets que voici : « Car ainsi a dit le Seigneur, l’Éternel : Me voici, je redemanderai mes brebis, et je les rechercherai. Comme le pasteur se trouvant parmi son troupeau, recherche ses brebis dispersées, ainsi je rechercherai mes brebis, et les retirerai de tous les lieux où elles avaient été dispersées au jour de la nuée et de l’obscurité. Je les retirerai donc d’entre les peuples, et les rassemblerai des pays, et les ramènerai dans leur terre, et les nourrirai sur les montagnes d’Israël auprès des cours des eaux, et dans toutes les demeures du pays. Je les paîtrai dans de bons pâturages, et leur parc sera dans les hautes montagnes d’Israël ; et là elles coucheront dans un bon parc, et paîtront en de gras pâturages sur les montagnes d’Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et les ferai reposer, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz. 34).

3. Son cœur soupire après le repos que goûte à midi le troupeau si favorisé de Christ. « Déclare-moi… où tu fais reposer ton troupeau sur le midi ». Communion personnelle, nourriture divine, et tranquille repos, telles sont les riches bénédictions après lesquelles maintenant son âme soupire avec ardeur. Fatiguée d’avoir vainement cherché le repos et la nourriture loin de Dieu, elle soupire après les verts pâturages et les eaux paisibles de Son amour et de Sa grâce. Ceux qui ont erré sur les sombres montagnes que ne réjouit jamais la lumière de la face de Dieu, connaissent leur terrible stérilité. Mais lorsque le rétablissement est complet et heureux, le tendre gazon est plus doux que jamais. L’Église ayant goûté le bonheur qui se trouve dans la communion avec le Seigneur, tout son désir, maintenant, est qu’elle croisse et ne s’interrompe jamais.

La pensée que les autres peuvent douter de sa sincérité, la trouble extrêmement. « Car pourquoi, ajoute-t-elle, serais-je comme une femme errante (vers. angl., note marg. : « voilée ») vers les parcs de tes compagnons ? ». Quels sont ces « compagnons », c’est ce qu’il est peut-être difficile de dire, à moins qu’ils ne soient des sous-bergers qui pourraient ne pas la comprendre, ou ne pas sympathiser avec elle comme le berger royal lui-même. Il connaissait son cœur : elle pouvait se confier au sien. Le terme « voilée » semble suggérer l’idée d’une personne suspecte (Gen. 38, 15). C’est quelque chose de très blessant pour une âme honnête, une âme droite, mais ce n’est pas extraordinaire. Plusieurs de ceux qui font profession d’être les pasteurs des brebis de Dieu, sont peu en état de comprendre la voie d’une âme qui marche avec le Seigneur en dehors de toutes prescriptions, de toutes règles d’homme, et qui désire plaire au Seigneur, quand même il lui faudrait pour cela déplaire à tout le reste. Il existe une énergie de l’amour qui élève bien au-dessus de tous les arrangements humains, et qui met en communion immédiatement avec le Seigneur, et non pas médiatement ; une énergie qui ne peut s’accommoder de la lente routine des formes humaines. Une personne animée d’un esprit semblable sera très vraisemblablement mal comprise, et représentée sous un faux jour par ceux qui suivent des chemins plus battus : comme Anne, la mère de Samuel, qui priait avec une énergie intérieure, spirituelle, qu’Éli, le sacrificateur de Dieu, ne comprit point. Mais le Seigneur connaît le motif du cœur, et la source de l’énergie.

Mais voilà que juste au moment où la bien-aimée souffrait dans son âme des bas soupçons des autres, le bien-aimé apparaît pour sa consolation. C’est la première fois que nous entendons la voix de l’époux. Mais quelle grâce en découle pour elle ! Quelles paroles que celles qui tombent de ses lèvres ! « Ô la plus belle des femmes ! » est la première expression de son cœur, et elle suffit certainement pour adoucir la plus grande amertume d’âme.

L’épouse pouvait ressentir du trouble de sa propre apparence, et de l’indignité des pensées des autres ; mais une pareille assurance de l’amour et de l’estime de Christ est bien propre à éloigner tout son chagrin, et à remplir son cœur d’une joie sans bornes. Au lieu de la voir comme elle est en elle-même « noire comme les tentes de Kédar » — comme une esclave du dehors flétrie par le soleil — Christ lui assure qu’Il l’estime non seulement, belle et gracieuse, mais la plus belle des belles.

Verset 8. « Si tu ne le sais pas, ô la plus belle d’entre les femmes ! sors après les traces du troupeau, et pais tes chevrettes près des cabanes des bergers ».

La réponse de l’époux est prompte et nette, mais rien de plus. Elle n’exprime aucune approbation quant aux questions faites par l’épouse, questions fort importantes assurément. Pourquoi en est-il ainsi ? Le bien-aimé ne prend-il pas plaisir à entendre de telles questions de la part de sa bien-aimée ? Il ne le dit pas, quelle que soit leur importance. Il prend son plaisir en elle-même, et il lui en donne l’assurance dans les termes les plus forts. « Ô la plus belle d’entre les femmes ! ». Son amour est invariablement le même. Heureuse pensée ! Rien de ce qui peut se trouver dans ses voies, rien de tout ce que les autres peuvent dire à son sujet, ne saurait jamais altérer l’affection de son cœur pour son épouse, quoique, hélas, il y ait, dans ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, bien des choses qu’il ne saurait approuver. Le croyant est, personnellement, parfait en Christ et aux yeux de Christ. Il est « justifié de toutes choses » ; mais, dans la pratique, sa vie est pleine de manquements.

Dans ce cas-ci, la manière dont il s’adresse à elle, et sa réponse à ses questions, respirent un esprit différent. Pourquoi cela ? demandé-je encore. Mon âme voudrait savoir la pensée du Maître. Que ne m’est-il accordé de voir un brillant rayon de la lumière du Saint Esprit illuminer la page sacrée ! Je connaîtrais alors, non pas simplement la lettre de l’Écriture, mais les pensées et les sentiments de l’Esprit d’où elle découle. Apprends donc, ô mon âme, que jamais l’Écriture n’exprime d’approbation, excepté quand elle est compatible avec la vérité et la sainteté. Combien souvent ne nous arrive-t-il pas de prier pour des choses que nous avons ? Qu’il nous arrive souvent de demander lumière et direction quant à notre marche, lorsque la lumière d’un ciel sans nuage brille sur le chemin que nous devions suivre ! Naturellement la brebis est, de toutes les créatures des champs, la plus facile à s’égarer.

N’y a-t-il pas dans ce petit mot « si », quelque chose qui semble impliquer que Christ s’attendait à ce qu’elle eût connu le sentier de Son troupeau ? Comme s’Il avait dit — sûrement tu le sais. Ma pensée sur toutes ces questions, comme pasteur d’Israël, est clairement devant toi ; pourquoi ne pas lire, mon amour, et comprendre ? Il ne peut faire des reproches, cependant Son amour est fidèle. C’est de la même manière qu’Il dit à Philippe : « Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ». Avec quelle douceur Il conduit ! Quelle bonté même dans les reproches de Son amour !

Les jeunes chrétiens se préoccupent très peu ordinairement de la communion chrétienne, telle qu’elle est enseignée dans la Parole de Dieu. En général, ils suivent la marche qui leur convient le mieux ou qui leur est le plus agréable, sans que leur conscience soit travaillée sur la question s’ils marchent sur les traces du troupeau. Ils peuvent avoir raison ou avoir tort quant à la voie qu’ils suivent, mais ils n’ont jamais examiné la Parole de Dieu avec abondance de prières, pour s’assurer de Sa pensée sur ce point. Si l’Église eût continué de marcher sans division, telle qu’elle était à la Pentecôte, il n’y aurait pas eu lieu à un exercice de conscience et à un examen semblables ; mais l’Église professante se trouvant aujourd’hui divisée en tant de sections, il est convenable que tout enfant de Dieu sonde les Écritures afin de connaître et de faire Sa sainte volonté.

Il est douloureux de voir, néanmoins, tant de chers rachetés du Seigneur considérer ce sujet comme n’étant pas essentiel et n’ayant pas d’importance. Une pareille pensée, qu’il me soit permis de le dire affectueusement à ceux qui la tiennent, n’a jamais procédé de la Bible. Elle est très déshonorante pour Dieu et très préjudiciable à l’âme. Les épreuves par lesquelles nous voyons passer l’épouse, dans les diverses parties de ce livre, paraissent entièrement dues à sa négligence des instructions données ici. Nous sommes convaincus que la communion ecclésiastique vient en importance immédiatement après le salut de l’âme. Si le chrétien y est indifférent et n’a pas la conscience exercée sur la pensée du Seigneur à cet égard, il peut être certain de marcher selon sa propre volonté. Et alors, quelles doivent être les conséquences ? Dieu est dépouillé de Sa gloire ; Sa Parole est mise de côté ; le Maître n’est point suivi ; l’Esprit est contristé, et l’âme perd sa fraîcheur. En de telles circonstances, « le premier amour » décline bientôt, et la paix et la joie font place aux doutes et aux craintes.

Il s’en trouve comparativement bien peu, croyons-nous, qui gardent longtemps leur premier amour dans toute sa fraîcheur divine. Bientôt on ne se souvient que faiblement du sentiment vif que l’on avait d’abord du « grand amour » du Seigneur, et de la manière dont Il est venu au-devant de toutes nos nécessités. C’est là déchoir de notre premier amour. Et comment cela se fait-il ? Au lieu de continuer d’avancer dans une plus parfaite connaissance du Seigneur et de ne chercher qu’à Lui plaire, nous choisissons notre propre chemin, nous suivons notre propre volonté, et par là nous contristons le Saint Esprit ; par suite, les ténèbres s’épaississent sur l’âme, la lumière est, pour ainsi dire, repoussée, et nous devenons faibles et incertains en toutes choses.

En Matthieu 11, le Seigneur fait mention de deux sortes de repos que nous pouvons bien signaler ici : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos ». Ce repos-là est le don immédiat de Son amour par la foi en Lui ; tous les croyants, sans exception, le possèdent. Dès que nous venons à Jésus, tous nos pénibles et vains efforts après le salut prennent fin, et le lourd fardeau du péché sous lequel nous gémissions est pour toujours éloigné. Mais le Seigneur dit en outre : « Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ». Quant au repos de la conscience, Il le donne au moyen du pardon de nos péchés, du moment que nous croyons en Lui ; pour ce qui est du repos du cœur, nous le trouvons dans l’obéissance et la soumission à Sa volonté : « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi… et vous trouverez le repos » — repos et paix en toutes circonstances, quelque difficiles qu’elles soient. Ce passage fait comprendre pourquoi, chez tant de chrétiens, des inquiétudes d’âme suivent de si près les joies de la conversion, et pourquoi, lorsque des difficultés surviennent, tout en connaissant le pardon des péchés, ils sont inquiets et agités. La soumission à Christ, dans les détails de la vie, tant sociale qu’ecclésiastique, et le devoir d’apprendre de Lui sont, hélas ! perdus de vue par la généralité des enfants de Dieu. Être sous le même joug avec Christ, c’est marcher côte à côte et pas à pas avec Lui : « Prenez mon joug sur vous ». Ce serait là en vérité marcher étroitement avec le Seigneur, et de cette manière nous trouverions à coup sûr le repos, car toute notre faiblesse retomberait sur Lui. Lorsque deux êtres sont ensemble sous un même joug, le fort peut constamment donner assistance au faible ; et sûrement le plus faible chrétien placé sous le même joug que Christ, le puissant, n’a rien à redouter : il ne saurait y avoir une difficulté pour lui. Toutes nos vaines frayeurs s’évanouiraient devant Christ, et les roues de notre chariot se mouvraient légèrement à travers les sables les plus profonds du désert.

Mais il sera dit par quelques-uns que tout cela est assez clair quant à la marche et à la sainteté individuelles, mais que ce qui tient à notre marche et à notre position ecclésiastiques n’est pas aussi clairement révélé. Rien ne serait aussi peu convenable que de voir de jeunes chrétiens s’ériger en juges des diverses dénominations sous lesquelles se sont rangés ceux qui font profession de christianisme. Mais il est permis à tous, et c’est le devoir de tous, jeunes et vieux, de s’enquérir de la pensée du Seigneur sur cet important sujet. Nous sommes placés sous une responsabilité collective, aussi bien que sous une responsabilité individuelle : et la Parole du Seigneur nous parle aussi clairement de l’une que de l’autre.

Rien de plus clair, assurément, sur la communion ecclésiastique que Matthieu 18, 20 : « Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Ces paroles posent nettement la base de toute communion chrétienne — Christ pour centre, et les croyants rassemblés autour de Lui par le Saint Esprit. Remarquez que le Seigneur ne dit pas, où deux ou trois se rencontrent, ni, où deux ou trois s’assemblent, mais, où deux où trois sont rassemblés : faisant allusion par là à une énergie qui rassemble, et non pas simplement au choix ou à l’exercice de la volonté humaine. Le Saint Esprit, nous le savons, est l’énergie qui rassemble autour du nom de Jésus (Jean 14 ; 16). Christ est le centre donné de Dieu — Son Esprit, la puissance de rassemblement autour de ce centre — Ses enfants, ceux qui « sont rassemblés ». C’est là l’Église de Dieu ; et c’est ce que nous devons rechercher, non pas dans les mots ou dans l’esprit seulement, mais dans un corps réellement existant.

« Je prierai le Père », dit le Seigneur bien-aimé, comme Il était sur le point de quitter Ses disciples, « et il vous donnera un autre Consolateur, pour demeurer avec vous éternellement, savoir, l’Esprit de vérité, lequel le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas, et ne le connaît pas ; mais vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et sera en vous » (Jean 14, 16, 17). Nous avons, dans ces paroles, la puissance qui rassemble, qui forme, et qui maintient l’Église de Dieu. Tous les croyants sont rassemblés à Christ comme à leur centre unique, constitués en un seul corps, et maintenus en une vivante unité par la demeure du Saint Esprit.

Remarquez particulièrement trois choses par rapport à la présence du Saint Esprit dans l’Église : 1° « pour demeurer avec vous éternellement » ; non pas un temps limité, comme il en avait été du Seigneur Lui-même, mais éternellement ; 2° Il demeure avec vous : envisagés comme formant une assemblée, Il sera avec vous ; 3° et sera en vous : habitant en chaque croyant personnellement. Plus tard les apôtres enseignèrent clairement dans leurs épîtres ces précieuses vérités : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous ? » (1 Cor. 6, 19). « En qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2, 22). Oh ! la merveilleuse vérité ! Vérité précieuse et bénie ! L’Esprit « en vous », « avec vous », « éternellement ». Quel riche douaire que celui de l’Épouse de l’Agneau !

Maintenant arrêtons-nous un peu à un fait qui illustre d’une manière pratique le passage de Matthieu 18, 20. « Le soir donc de ce jour-là, qui était le premier de la semaine, et les portes du lieu où les disciples étaient assemblés, à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs, étant fermées, Jésus vint, et se tint là au milieu d’eux. Et il leur dit : Paix vous soit… Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20). Nous trouvons là un vrai et délicieux tableau de l’Église de Dieu. Christ au milieu, comme centre, et les disciples réunis autour de Jésus ressuscité. La paix, le culte, le service, et l’esprit d’adoption les caractérisent.

Une assemblée réunie sur cette divine base ne reconnaîtra pas seulement la présence de Christ au milieu d’elle, mais elle reconnaîtra le Saint Esprit comme conducteur suprême, et comme source de l’édification et de la consolation. On s’attendra au Seigneur, pour être guidés par Son Esprit, à la gloire de Dieu (1 Cor. 12 ; 14).

Ayant ainsi devant moi le précepte et l’exemple d’une manière aussi claire, ai-je besoin encore de venir au Seigneur et de Lui demander où Il paît Son troupeau ? Que peut-Il dire de plus qu’Il n’a dit ? Je puis être complètement incapable de dire en quoi diffèrent les diverses sections de l’église professante, et ne pas être pour cela embarrassé pour m’assurer si l’une ou l’autre est en harmonie avec l’enseignement aussi clair de la Parole de Dieu. Ce que j’ai à demander au Seigneur, c’est donc plutôt qu’Il me garde de tout chemin de traverse, qu’Il me garde de suivre ma propre volonté, et qu’Il daigne me conduire par Son Saint Esprit dans la voie de la vérité. Mais n’oublie jamais, ô mon âme, qu’Il s’est engagé Lui-même à être là où Ses disciples sont rassemblés en Son nom. C’est là qu’ils paissent, c’est là qu’ils se reposent. Sa présence suffit pour remplir l’âme jusqu’à la faire déborder. « Ta face est un rassasiement de joie ». Le plus attrayant ministère, les observances les plus séduisantes, les plus chères associations, ne sont pas Christ. Sa sanction peut ou non leur manquer ; ce que je désire, ce dont j’ai besoin, c’est de me trouver où la foi peut dire avec certitude : Christ Lui-même y est.

« Pais tes chevrettes près des cabanes des bergers ». Ayant appris de la Parole de Dieu le vrai fondement et le vrai caractère de la communion chrétienne, nous sommes sous la responsabilité de guider dans ces sentiers, sur les traces du troupeau de Dieu, les jeunes chrétiens qu’il y a parmi nous. C’est là que sera trouvée la nourriture divine, qui convient aux vieux et aux jeunes. L’agneau apprend vite à suivre les traces de sa mère, et à se nourrir de la même pâture. Le royal Berger d’Israël prend soin des agneaux de Son troupeau. « Il paîtra son troupeau comme un berger ; il assemblera les agneaux entre ses bras, il les placera en son sein ; il conduira celles qui allaitent » (És. 40, 11). Les plus faibles du troupeau étaient l’objet de Ses tendres soins, quand Il conduisit Son peuple hors d’Égypte et par le milieu de la mer. « Il n’en demeura pas un ongle ». Et le matin, il se trouvait autour de leurs tentes de la nourriture pour tous, tout le temps qu’ils voyagèrent à travers le sombre et aride désert.

Notre miséricordieux Seigneur voulait qu’il en fût ainsi maintenant, dans les assemblés de Ses saints. Et là où le Saint Esprit est libre dans Ses opérations, Il fournira sûrement du lait aux petits enfants, et de la viande solide aux hommes faits. L’Église est mentionnée comme « l’habitation », la tente ou le tabernacle de Dieu (Éph. 2, 22). Avec quelle ardeur et quelle affection ne devrions-nous pas prier pour que tous les agneaux de Jésus fussent rassemblés dans cette tente dressée au désert où Dieu Lui-même daigne habiter ! Puisse la présence de Jésus avoir plus d’attrait pour leurs cœurs que toutes les autres choses !

Écoute-le, ce bon Sauveur, disant, ô mon âme : « Je suis là au milieu d’eux ». Sois donc où se trouve Jésus. Quel autre, quoi d’autre pourrait remplacer Son absence ? Qu’est-ce que serait sur la terre la plus belle assemblée sans Lui ? Que serait le ciel lui-même sans Sa présence ? Zéro. Qu’est le désert par le fait de Sa présence ? Le paradis de Dieu. Partout, en quelque lieu que ce soit, Sa présence est le lieu de la bénédiction, de la joie, de la félicité. Oh ! que Dieu daigne rassembler tous les précieux agneaux de Jésus, de ces derniers jours, dans le véritable bercail du berger et du surveillant des âmes.

Versets 9-12. « Ma grande amie, je te compare au plus beau couple de chevaux que j’aie aux chariots de Pharaon. Tes joues ont bonne grâce avec les atours, et ton cou avec les colliers ».

Maintenant, il ne parle absolument que d’elle. Il laisse là le sujet des questions, et s’adresse directement à l’épouse qu’il entretient d’elle-même personnellement. Et comme il exprime pleinement et ouvertement son admiration et son amour ! « Ma grande amie, je te compare… tes joues ont bonne grâce… ton cou avec les colliers ».

Mais combien souvent n’arrive-t-il pas que la pensée humaine revêt des charmes les plus doux l’objet de son admiration, et ensuite aime et adore sa propre image ? Il n’en est point ainsi de la pensée divine. Ici, tout est réel. Le Seigneur pare de Ses propres attraits l’épouse de Son cœur, et alors Il l’admire. Telle est la manière d’agir de Dieu. « Dieu a constaté son amour à lui envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous ». Maintenant qu’Il l’a ornée de Sa propre beauté, il n’y a rien en elle qui puisse blesser Ses regards ou contrister Son cœur. Tu es toute belle, ma grande amie, et il n’y a point de tache en toi. « Les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles ». Elle possède la même vie et la même position que son Seigneur ressuscité et vivant. Quelle dignité, quelle gloire et quelle bénédiction !

Dans la grandeur de Son amour, Jésus « s’est donné lui-même pour nous » ; et, maintenant, dans Son caractère de crucifié et ressuscité, nous sommes cohéritiers avec Lui : « Je ne vous donne pas comme le monde donne » (Jean 14, 27). « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée » (Jean 17, 22). En admirant Son épouse, quoi qu’elle soit encore dans le désert, Il est conséquent avec Lui-même, car elle est parfaite de Sa propre perfection. Rebecca fut enrichie et parée des joyaux d’Isaac, longtemps avant d’avoir atteint la tente de sa mère.

« … C’est ainsi que jadis à Charan les parents de Rebecca contemplèrent, tout étonnés, la splendeur dont elle venait d’être revêtue. De riches bracelets environnaient ses bras, et sur son visage brillait, sous la forme d’un pesant anneau d’or, la preuve d’une valeur incontestable de la bonté d’Isaac. Pouvait-elle douter, quelqu’un pouvait-il douter en la voyant parée de tous ces présents, de l’amour assuré et du cœur généreux de celui dont ils étaient les messagers étincelants ? ».

Et de l’épouse de Jéhovah, il est dit : « Je te parai d’ornements, je mis des bracelets en tes mains, et un collier à ton cou. Je mis une bague sur ton front, des pendants à tes oreilles et une couronne de gloire sur ta tête… Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite à cause de ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz. 16).

« Nous te ferons des atours d’or, avec des boutons d’argent ». Un collier d’or est le signe, nous le savons, d’une haute faveur, d’une dignité élevée, comme dans le cas de Joseph et celui de Daniel. Mais que signifient ces merveilleuses paroles du roi ? Il a admiré son épouse, « ses atours », « ses colliers », et maintenant il est poussé à faire encore davantage pour elle : « Nous te ferons des atours d’or avec des boutons d’argent ».

Quelques-uns ont eu la pensée que le pluriel « nous » pouvait avoir rapport au mystère de la sainte Trinité. Il fut dit durant les œuvres de la création : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance ». Et dans l’œuvre de la rédemption, nous le savons aussi, l’occasion se présenta pour la manifestation des diverses personnes de la divinité. « Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera ma parole ; et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » ; et de l’Esprit, Il dit : « Vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et sera en vous » (Jean 14).

Mais que devons-nous entendre par « atours d’or avec des clous d’argent » ? N’est-ce pas, peut-être, d’une couronne qu’il s’agit ? Une couronne d’or parsemée d’argent. Il semble qu’Ézéchiel le dit : « Je mis une bague sur ton front, des pendants à tes oreilles, et une couronne de gloire sur ta tête. Tu fus donc parée d’or et d’argent ». Quoi donc ? La royale tribu de Juda restaurée portera-t-elle encore cette magnifique couronne dans le pays d’Israël, dans la ville sainte de Jérusalem ? Merveilleuse grâce ! Amour divin ! Et sera-ce le don de la Trinité tout entière ?

Juda pourrait-il ne pas se souvenir, ou pourrais-je jamais oublier, que ton front royal, ô Roi de Salem, a été jadis, dans ces mêmes lieux, ceint d’une couronne d’épines ? Nulles pierreries terrestres ne brillaient dans cette couronne, mais les riches gouttes vermeilles sorties de tes saintes veines faisaient son éternelle importance et son impérissable valeur. Réveille-toi, réveille-toi, mon âme ! Médite sur la grâce et sur l’amour de Jésus. Quelles seront tes pensées, quels sentiments éprouveras-tu, quand cette main autrefois percée placera autour de ta tête une auréole de gloire inflétrissable ? Tes yeux seront-ils séduits par l’éclat de la couronne, ou éblouis par la gloire ? Oh ! non, certainement ! la première vue de cette « face resplendissante » fixera tes regards et ravira ton cœur à jamais !

Il y a toujours quelque chose de fort agréable à l’âme dans la manière dont le Seigneur exprime Son amour. Il lui dit à elle-même ce qui est dans Sa pensée. Et c’est ce qui répond au premier désir de l’amour, la communion personnelle. Jésus sait bien comment remplir le cœur de la joie la plus profonde. Mais en sera-t-il toujours de même ? Oui, oui, ô mon âme ! Son amour durera à jamais. Jésus ne change point. Il est le même aujourd’hui, hier et éternellement. Dans le passé, dans le présent, et dans l’avenir, Il demeure le même. Mais comme le cœur prend plaisir à Le voir s’adresser ainsi à lui immédiatement, individuellement et d’une manière aussi nette ! Entre les myriades des rachetés, il n’en est pas un seul qui soit oublié ou négligé par Lui. « Il m’a aimé, et s’est donné lui-même pour moi », sera, dans le cantique de tous, la note vibrante. Son amour, dans sa plénitude et sa douceur éternelle, remplit tous les cœurs jusqu’à les faire déborder, et change tous les cœurs en harpes de la mélodie la plus suave, pour chanter à jamais Son amour qui n’a pas eu de commencement et n’aura jamais de fin.

Il y a une sagesse divine et de l’instruction pour l’âme dans le choix de sa première comparaison. « Ma grande amie, je te compare au plus beau couple des chevaux que j’aie aux chariots de Pharaon ». Ici l’épouse mystique du vrai Salomon se voit rappeler le souvenir de l’Égypte hors de laquelle Il l’a rachetée à bras étendu, et de « Pharaon » au pouvoir de fer duquel Il l’a soustraite : allusions bien riches d’instructions précieuses pour les enfants d’Israël, et aussi, moralement, pour nous. L’amour qui nous a délivrés de l’Égypte, qui nous amène en Canaan avec toutes ses gratuités tout le long du chemin, est une chaîne parfaite, non interrompue, de grâce et de vérité ; et de plus, toutes les diverses parties de cette chaîne demeureront éternellement dans notre souvenir. La grâce qui nous trouve dans le monde, nous conduit au cœur de Dieu, sa source première. « Mais, maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang de Christ » (Éph. 2, 13).

Le cheval de chariot, avec son magnifique harnais, peut être considéré comme le symbole de la force, de l’harmonie, de la promptitude, de la royauté, de la bonne volonté dans le service. À peine le conducteur du char a-t-il pris sa place, que ses coursiers sont prêts à partir : ils sont impatients de tout délai, et leurs piaffements, les mouvements de tous leurs muscles lui disent assez que s’il est prêt, ils sont tout prêts aussi. Et puis, comme ils obéissent, malgré leur puissance, au signe le plus léger de la rêne. Vois-tu, ô mon âme, dans ce service empressé, heureux, une fidèle image de ton propre service ? Est-ce ainsi que tu sers ? Ou bien, hélas ! de quelle manière ? Point de promptitude empressée, point d’harmonie, point de suite dans ton travail, point de soumission à la main qui conduit. Quoi ! les choses sont-elles ainsi ? Examine toutes tes voies sous les regards de l’œil du Maître. Y a-t-il sur la terre quelque chose que tu redouterais davantage que de te voir écarté de Son service ? Souviens-toi, oh ! souviens-toi ! que, quoique comme fils tu doives avoir place à jamais dans la maison de ton Père — que, quoique en tant que pécheur sauvé par grâce, tu sois sauvé pour toujours — cependant, comme serviteur, si tu perds ton temps dans la paresse, ou que tu gâtes ton œuvre, il est possible que ton service te soit retiré et soit confié à un autre. Ô le plus patient des maîtres, garde ton serviteur toujours veillant, toujours obéissant, toujours prêt pour le service, et n’ayant d’oreilles que pour saisir ta pensée !

« Tandis que le roi a été assis à table, mon aspic a rendu son odeur ». Il y a une différence infinie entre les qualités aimables naturelles, et les grâces de l’Esprit. As-tu bien considéré cela, ô mon âme ? Dans les sacrifices, il était défendu d’offrir du miel, symbole de la douceur naturelle. Un peu de miel au bout d’un bâton peut bien, au jour de la bataille, éclaircir les yeux et rafraîchir le cœur d’un guerrier, mais il ne saurait rafraîchir le cœur de l’Éternel des armées. Ses aimables qualités sont réellement précieuses pour la famille, pour notre cercle de société, et pour le monde en général, mais elles ne sauraient absolument pas convenir à l’autel de Dieu ou à la table du Roi. Dans sa douceur comme dans son âpreté, la nature est également rejetée par le Saint d’Israël. « Et ceux qui sont dans la chair, ne peuvent point plaire à Dieu » (Rom. 8, 8).

Il faut que nous ayons une nouvelle nature, que nous ayons dans notre âme la vie de Jésus ressuscité, avant d’être en état de faire quelque chose qui plaise à Dieu, ou de Lui offrir un sacrifice agréable. « Il vous faut être nés de nouveau ». « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Gal. 5, 22, 23). La vie divine, fructifiant par le Saint Esprit, est pour le Sauveur des pécheurs le plus embaumé, le plus rafraîchissant des fruits. « L’aspic » a pour lui « un parfum de bonne odeur », et sa vertu demeure à toujours (Phil. 4). Le vase d’albâtre de nard pur qui jadis remplit des plus suaves odeurs la chambre de Béthanie, n’a pas encore perdu son parfum pour Jésus. « Ce qui était dans son pouvoir, elle l’a fait », telle fut l’approbation sans mesure que Son amour donna immédiatement à cet acte, en l’accompagnant en outre de ces paroles : « En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, ce que cette femme a fait sera aussi publié en mémoire d’elle ».

L’amour est la providence la plus sûre,
Puisque son or est bon par-delà le temps ;
Évalué pour le besoin de l’homme « trois cents deniers ».
Avec Christ c’est : « elle a fait ce qui était en son pouvoir ».

C’est une erreur de supposer que nous n’avons rien à offrir au roi tandis qu’il est assis à table. Il est vrai que nous lui donnons de ce qui est à lui ; mais pour cette raison, il y a dans tout cela d’autant plus de douceur pour lui et pour nous. Quoi de plus doux que la grâce ? L’Israélite devait apporter une corbeille pleine des prémices de tous les fruits, et la présenter à l’Éternel son Dieu (Deut. 26). Le véritable culte est composé de communion. Si l’époux a ses « excellents parfums », l’épouse a son « aspic » ; néanmoins, ce n’est que grâce. La table est la table de Christ — le parfum et l’aspic sont siens aussi. « Tu dresses la table devant moi à la vue de ceux qui me serrent ; tu as oint ma tête d’huile ; ma coupe est comble » (Ps. 23).

Le cœur ne s’élève jamais à la hauteur du culte jusqu’à ce qu’il soit comble. Alors il n’a rien à demander. Le véritable culte consiste dans le débordement du cœur. Et combien il est doux, précieux et béni ! Quand le Saint Esprit sert à nos âmes de la plénitude de Jésus, comme le cœur est vite comble. C’est cet état du cœur débordant de la plénitude de Christ qui constitue le véritable culte, le culte céleste. De là résulte la différence importante qu’il y a entre une réunion de prières et une réunion de culte. Nous devrions nous rendre à la première avec des vaisseaux vides, et ainsi crier au Seigneur comme si nous voulions assaillir les cieux, plutôt que de nous retirer sans avoir obtenu notre réponse. Mais quant à l’autre, nous devrions y aller, le moi complètement jugé, et bien préparés à nous repaître des choses exquises du Roi, des dépouilles de Sa victoire, des fruits de la rédemption. De cette manière, nous verrons tous nos besoins et tous nos désirs satisfaits. Mais n’avons-nous rien à demander une fois assis à table ? Rien, à moins que le Roi n’ait oublié quelque chose dont vous avez besoin — si ce n’est un cœur d’une capacité plus vaste. Nous trouver dans le lieu même de la présence du Seigneur — le plus saint de tous — et nous nourrir des plus riches provisions de Sa table, pouvons-nous être autre chose que satisfaits ? Pouvons-nous faire autre chose que célébrer, admirer, adorer, aimer et bénir le Seigneur, notre Dieu et notre Père ?

L’épouse a maintenant atteint le degré le plus élevé de la bénédiction. Elle jouit paisiblement de la présence du roi pendant qu’il est assis à table. L’activité du service a fait place au repos du culte. Le hâle, la persécution, la pauvreté, la souffrance, tout est oublié dans la plénitude de cette joie que donne la présence de Jésus. Et maintenant le vase est rompu, le nard pur coule, le parfum remplit la maison, la tête et les pieds de Jésus sont oints, et Son cœur est ravi des progrès de l’amour de l’épouse.

Verset 13. « Mon bien-aimé est avec moi comme un sachet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes mamelles ».

Si le cheval de chariot suggère la pensée de la bonne volonté dans le service, et que « l’aspic » soit le symbole du culte divin, ne pouvons-nous pas voir dans le « sachet de myrrhe » l’emblème d’un témoignage pour Christ, journalier et de chaque instant ? Et quoi de plus naturel comme conséquence d’une profonde et solide communion avec le Seigneur ? Dans d’aussi heureuses saisons, le cœur n’est-il pas fortifié par le témoignage ? Notre service sera sans intérêt et sans puissance, si nous négligeons la communion personnelle. Qu’est-ce qui rendit David capable de déployer un tel courage dans la vallée d’Éla ? Est-ce la témérité de sa jeunesse sans expérience ? Oh ! non, certainement non ! Mais sa foi s’était élevée, par la secrète communion, jusqu’aux pensées mêmes de Dieu relativement à Son peuple : de là sa valeur en rase campagne. « Béni soit l’Éternel, mon rocher, qui dispose mes mains au combat, et mes doigts à la bataille » (Ps. 144, 1).

La même vérité nous est enseignée par notre bien-aimé Seigneur, en Jean 7, 37. « Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». C’est en vain que nous chercherons à devenir des moyens de rafraîchissement et de bénédiction pour les autres, si nous ne buvons, et ne buvons chaque jour et en abondance, à la source pour nous-mêmes. Chaque nouveau témoignage pour Christ devrait être le fruit d’une communion nouvelle avec Lui. Que les serviteurs du Seigneur ont besoin de se rappeler cela ! Ne l’oublie pas, ô mon âme, mais comme Moïse au pays de Madian, assieds-toi près du puits — le puits des eaux vives. « Et il s’assit près d’un puits » (Ex. 2). Ainsi près du puits, il fut à même de secourir les sept filles du sacrificateur de Madian et son troupeau. Nous pouvons voir dans cette scène un tableau qui nous présente Christ ouvrant à Son Épouse la source de Son amour rédempteur ; mais elle contient sûrement pour un évangéliste une fort instructive leçon. Quelle grâce que d’être ainsi, de cœur, près du puits de la vie — des sources de l’eau du ciel, et par là, de devenir pour les autres le canal de ces eaux vives.

Comme la femme près du puits de Sichar, le cœur de l’épouse déborde. Il faut qu’elle répande au loin la gloire du nom de son Sauveur. Son bien-aimé est plus précieux à son cœur que ne l’est au marchand un sachet de ce coûteux aromate. « Mon bien-aimé est avec moi comme un sachet de myrrhe ». Appréciation bénie de Christ ! Heureux fruit d’un état d’intimité avec Lui dans la communion ! Et remarque aussi, ô mon âme, l’affection qu’Il crée dans le cœur. Elle peut dire avec vérité : « Mon bien-aimé ». Oh ! heureuse épouse, épouse privilégiée ! Je ne m’étonne point de ta sainte et bonne résolution, « il passera la nuit entre mes mamelles ». Elle place là au plus près de son cœur, sa myrrhe au parfum si doux, son purifiant aromate. Et maintenant, quelque part qu’elle aille, le parfum de son précieux trésor est répandu au loin.

Un sachet de myrrhe porté dans le sein parfume les vêtements, et répand de tous côtés son parfum dans l’intérieur ou au-dehors ; qu’on travaille ou qu’on se repose, dans le sanctuaire ou dans notre cercle de société, d’une manière silencieuse mais sûre, la suave odeur, semblable à l’air, remplit la scène. Et même après que la personne s’est retirée, le doux parfum demeure comme témoignage du prix de ce qui est le plus près de son cœur. Délicieux emblème ! Est-ce là, ô mon âme, ta fidélité à Jésus ? Repose-t-Il embaumé dans ton cœur, et la douce saveur de Son nom t’accompagne-t-elle partout où tu vas, et reste-t-elle quand tu es partie ? Vérité de nature à atteindre l’âme jusqu’au fond ! « Trafiquez jusqu’à ce que je vienne » ; telles furent Ses paroles d’adieu à Ses disciples, lorsqu’Il fut rejeté ; et sur le mémorial de Son amour et de Sa mort, Il a écrit avec une merveilleuse grâce : « Faites ceci en mémoire de moi ». Il ne nous a pas demandé de faire pour Lui quelque chose de considérable, ou d’offrir sur Son autel quelque coûteux sacrifice. Non ; mais simplement de nous occuper de Lui durant Son absence, comme Christ que la terre a rejeté, et de Lui donner une place dans nos cœurs. « Souvenez-vous de moi » fut Sa dernière demande — pensez à moi — rapportez toutes choses à moi dans vos cœurs. L’avons-nous fait ? L’ai-je fait ? Est-ce que je le fais maintenant ? La fiancée de l’Agneau L’a-t-elle placé ainsi dans son sein, et L’a-t-elle porté ainsi durant la longue, longue nuit ténébreuse de Son absence ? Hélas ! hélas ! les requêtes de ton amour ont été oubliées. Des rivaux ont été admis et entretenus, et c’est une chose bien triste de te voir dehors dans ton infatigable amour, frappant à la porte, jusqu’à ce que, selon le mystique langage du Cantique des cantiques, ta tête soit pleine de rosée, et tes cheveux de l’humidité de la nuit. « Mais la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché ». Oui, il approche le jour heureux où, par ta patiente grâce, les affections de ton peuple céleste et de ton peuple terrestre répondront parfaitement à tes propres affections.

Verset 14. « Mon bien-aimé m’est comme une grappe de troène dans les vignes de En-Guédi ».

Le sachet de myrrhe est caché dans le sein loin du regard, mais la grappe de troène est un objet pour les yeux, et se porte ouvertement à la main. La myrrhe est la sève vivante qui découle de l’arbre à travers les parties rompues de l’écorce, quelque chose comme le sang qui s’échappe des veines, ou comme les larmes qui coulent des yeux. Les fleurs de troène consistent en grappes épaisses et sont aussi belles que parfumées. « De sorte que le Christ habite dans vos cœurs par la foi », est la prière de l’apôtre. Et nous devons « porter toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4, 10).

Quelles pensées différentes suggèrent un arbre tout en fleurs et un arbre tout déchiré avec la sève de vie distillant de ses veines. L’un est le symbole de la mort, et l’autre celui de la puissance de la vie. Le tendre bourgeon se frayant son chemin à travers l’écorce durcie par l’hiver, est toujours une frappante et intéressante image de la résurrection ; les fleurs et les fruits sont les manifestations de la puissance de la vie et de riches bénédictions pour l’homme. La petite semence qui est jetée en terre, et sur laquelle les mottes de terre sont entassées, peut sembler pour un temps perdue sans espoir ; mais le printemps revient avec son énergie restauratrice, et la puissance de la vie surmonte toutes les circonstances contraires : l’herbe tendre paraît, et au temps convenable fait ondoyer son épi d’or en triomphe au-dessus de tout.

Avec quelle douceur tout cela, et plus que cela, fut figuré dans la verge d’Aaron qui bourgeonna par l’intervention de Dieu en grâce (Nomb. 17). En une seule nuit, la verge sèche d’Aaron — un morceau de bois mort — poussa des boutons, fleurit, et porta du fruit. Type précieux de Jésus ressuscité, dont maintenant la résurrection est féconde ! Ici des types et des figures nous apprennent que nous avons besoin de Jésus ressuscité, comme notre grand souverain sacrificateur, pour nous conduire par le désert et dans le pays de Canaan. La grâce règne par la sacrificature et sauve le peuple. Il ne nous faut rien moins que le ministère sacerdotal de Jésus. Celui qui mourut pour nous rendre nets, est désormais vivant pour nous maintenir nets (Jean 13, 1-17). Il est à la fois notre sacrifice et notre sacrificateur. Le sang d’expiation et l’eau de purification sortirent tous deux du côté percé de Jésus. Ce fut là l’ouverture de la source pour le péché et pour la souillure.

Quel ravissant objet pour le regard, aussi bien qu’un délicieux parfum pour le cœur, est notre Seigneur ressuscité, exalté et glorifié ! Sa personne, Son ministère, Ses diverses relations sont d’un prix infini, toujours le même. « Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; un porte enseigne entre dix mille… tout ce qui est en lui est aimable » (chap. 5). « En lui toute la plénitude de la déité habite corporellement » (Col. 2, 9). « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre » (Col. 3, 1, 2). Quelles grappes de riches attraits il y a là, si seulement nous avions des yeux pour les voir, et des cœurs pour les goûter !

Les vignes de En-Guédi, à ce qu’on nous rapporte, étaient célèbres pour leurs fruits excellents et leurs précieux aromates. Ce qui est beau à l’œil, délicieux au goût et parfumé pour les sens, devait s’y trouver en abondance. Et ces lieux sont aussi renommés pour la retraite qu’ils offrirent à David et à ses gens, quand Saül les persécutait (1 Sam. 24, 1-4). En bas les fertiles vallées, et dans les montagnes environnantes les forteresses fournissaient à la fois un refuge, la nourriture et un lieu de repos à l’oint du Seigneur, et à ceux qui avaient uni leur sort au sien.

Et cependant, avec quelle faiblesse toutes les bonnes choses de la terre représentent les richesses insondables de Christ ! Toute abondance procède de Lui. Il n’y a rien de riche qu’Il n’ait pas enrichi, rien de doux à quoi Il n’ait pas donné sa douceur, rien de plein qu’Il n’ait pas rempli : et malgré cela, tout ce que nous connaissons maintenant de Sa plénitude, n’est que comme une goutte dans l’océan. Tout ce qu’il y a de bon descend d’en haut, et parle de Lui. Tout bien véritable qui se trouve dans la créature, te rappelle, ô mon âme ! Celui en qui toute perfection a son centre, l’homme Christ Jésus — Dieu avec nous. Que tu sois dans les champs ou dans le jardin, dans la vallée ou sur la montagne, ou dans le cercle habituel de tes devoirs de chaque jour, à chaque seconde tu peux penser au « bien-aimé » absent. La myrrhe découlante et le troène fleuri sont bien propres à rappeler à ton esprit la croix et la gloire, et à attirer ta pensée sur Celui « qui a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 25).

Jamais arbre n’a porté de fruits pour Dieu et pour l’homme, pareils à ceux de la croix du Calvaire. Là, le péché fut ôté conformément aux droits de la gloire divine ; et là, aussi, l’ennemi fut vaincu, et toute sa puissance détruite complètement. La croix est le fondement de notre pardon, de notre paix, de notre réconciliation, de notre acceptation et de toute bénédiction, dans le temps comme dans l’éternité. Elle est la cause qui nous fait tout obtenir. Là, Dieu a été révélé en amour parfait et en parfaite justice : comme haïssant le péché, et néanmoins, aimant le pécheur. L’amour triompha à la croix ; mais la sainteté et la justice, la vérité et l’équité s’y déployèrent et y furent glorifiées. Sur cette base solide, le premier des pécheurs est pleinement et libéralement pardonné, dès l’instant même qu’il croit en Christ ; et son pardon est aussi parfait que l’œuvre de la croix. Le péché et les péchés furent « ôtés » à la croix par le sang de la croix ; et sur ce principe, le péché de notre nature et les nombreux péchés de notre vie sont tous pardonnés par la foi en ce sang précieux.

La foi peut s’écrier dans un saint triomphe : « Il a été livré pour nos offenses ». Et où sont donc nos péchés ? Abolis — disparus — et disparus pour toujours. « Il a aboli le péché ». Celui qui mourut pour nos péchés a été « ressuscité des morts pour la gloire du Père », et c’est ainsi qu’a été réglée à toujours la question du péché. « Il a été ressuscité pour notre justification ». Le fait que Jésus est ressuscité, est le propre témoignage de Dieu que le croyant est justifié. C’est là le sûr, l’inébranlable fondement de la foi. Tout est paix. « C’est accompli ». Christ est ressuscité.

Et maintenant, venons-en aux conséquences de la foi, aux nombreuses et odorantes grappes de la plus riche bénédiction de l’âme. « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons eu accès aussi, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu… Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation » (Rom. 5, 1-11).

Verset 15. « Te voilà belle, ma grande amie, te voilà belle ; tes yeux sont comme ceux des colombes ».

Qu’est-ce, demandera quelqu’un, qui peut rendre un être souillé et défiguré par le péché, aussi « beau » aux yeux de Jésus ? Où, quand, de quelle manière, cela peut-il se trouver ? C’est là tout ce qu’il faut pour remplir, jusqu’à la faire déborder, la coupe de bonheur de l’âme. Que seraient toutes les richesses, les honneurs et les gloires de ce monde, comparés à de telles paroles prononcées par des lèvres semblables : « Te voilà belle, ma grande amie ! ». C’est là, très certainement, la félicité suprême pour l’âme. Mon ami, l’évangile de la grâce de Dieu fournit la réponse à ta question. Sache donc, qu’aussitôt qu’une âme est attirée à Jésus, elle est reçue par Lui et placée dans la lumière de la présence de Dieu, dans la pleine valeur de Son œuvre accomplie, et dans l’incomparable beauté de Sa personne adorable.

Telle est la grâce — la grâce de Dieu dans l’évangile de Son Fils, en faveur de quiconque croit. « Quiconque croit est justifié ». Et tous ceux qui croient sont « acceptés dans le bien-aimé » par l’œuvre accomplie de la croix (Éph. 1 ; 2). Son sang précieux purifie de tout péché (1 Jean 1). Et alors, oh ! que l’âme est « belle » ! « Que la beauté (vers. angl.) de l’Éternel notre Dieu soit sur nous » (Ps. 90, 17). Quelle parfaite beauté ce doit être ! « La beauté de l’Éternel notre Dieu ». La beauté des anges sera parfaite selon leur rang, mais le pécheur sauvé par grâce resplendira à toujours de la beauté du Seigneur.

Tout cela, répliquera peut-être quelqu’un, je le pense, je puis le croire ; mais une place pareille, une pareille bénédiction, peut-elle jamais être à moi ? « Crois au Seigneur Jésus Christ, et tu seras sauvé », telle est la réponse que fait le ciel à toute âme inquiète qui cherche, sa déclaration à tous relativement à la grâce parfaite. Crois au Seigneur Jésus, confie-toi en Lui, souillé et difforme comme tu l’es, et tu es entièrement « beau » à Ses yeux, plus promptement que ta pensée ne passe d’un sujet à un autre. « Crois seulement ». L’œuvre est finie depuis longtemps, bien longtemps. L’évangile semble trop simple pour avoir besoin d’explication. C’est une relation à croire, une invitation à accepter, une voix d’amour qui te supplie d’être réconcilié avec Dieu, une proclamation de pardon et de paix par Jésus Christ (Act. 10, 36 ; 13, 38-39). Ce n’est point, remarquez-le, la promesse, mais la prédication du pardon et de la paix. Et cela fait une prodigieuse différence. Remarquez de plus, que ce n’est ni par la loi, ni par la promesse, que l’âme est ainsi richement bénie, mais par Jésus Christ. Du moment que tu as foi en Lui, ton pardon, ta justification et ta réconciliation sont proclamés par la fidélité de Dieu.

Prenez un exemple qui contienne une image des voies de Dieu, en grâce, avec les pécheurs. Au chapitre troisième de Zacharie, nous voyons Joshua se tenant debout devant le Seigneur. Il est un type des voies de Dieu, en grâce, à l’égard de Jérusalem. À mon avis, ce chapitre nous fait voir comment il se fait que l’épouse du roi est ainsi « belle » à ses yeux. Cela est important pour la question qui nous occupe. Il nous présente aussi l’histoire de tout pécheur sauvé par grâce. Joshua est vêtu de vêtements sales ; et Satan est là pour le contrarier. L’ennemi cherche toujours à empêcher la bénédiction des âmes : mais le Seigneur abrite celui qui est sans défense. Il ne met point dehors celui qui vient à Lui. Il reprend l’adversaire et le réduit au silence ; et Il parle et agit en faveur de Joshua. C’est ce qu’Il fait toujours. Aie bon courage. Les vêtements sales sont ôtés ; ses péchés sont tous pardonnés. Il ne reste pas un haillon qui puisse donner prise à Satan. Ainsi purifié de toutes ses souillures, « il est vêtu de nouveaux vêtements ». La robe de Dieu est mise sur lui ; et maintenant, combien il est « beau » ! Mais ce n’est pas tout. Une tiare nette est placée sur sa tête. Sûrement, « la beauté de l’Éternel notre Dieu » est maintenant sur lui ! Il est ce que Dieu l’a fait dans « les immenses richesses de sa grâce ». « À lui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père : à lui gloire et force aux siècles des siècles ! Amen ! ». La couronne royale et la couronne sacerdotale sont toutes deux à nous — à nous en vertu de Son droit. Voilà leur gloire ! La plus élevée, quant à la dignité, appartenant au caractère royal ; la plus intime, quant au culte, appartenant au caractère sacerdotal. Et quelle douceur dans la pensée que l’œuvre est tout entière de Dieu, du commencement à la fin, et qu’ainsi elle ne peut jamais faillir. « L’Éternel a élu Jérusalem… N’est-ce pas ici ce tison qui a été retiré du feu ?… J’ai fait passer de dessus toi ton iniquité… Je veux te vêtir de vêtements neufs… Et je dis : Qu’on lui mette une tiare nette sur la tête ». C’est tout absolument de Dieu — par Christ Jésus, par le moyen de l’œuvre de la croix. « Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission ». La grâce règne — Dieu est glorifié — la foi triomphe — Satan est confondu, et le pécheur sauvé éternellement.

Une autre chose qu’il convient que tu saches, mon cher ami, c’est que, si ton désir de posséder Christ et de jouir de Sa faveur est réel et sincère, il doit y avoir déjà la grâce dans ton cœur. Il faut que le désir vienne de Christ. Là où il ne se trouve rien de plus que tout simplement l’action de la nature, on ne saurait soupirer ardemment après le Seigneur et Sa faveur précieuse. La foi, le salut et le désir vont ensemble, quoique dans sa timidité, le croyant hésite souvent à dire : « Il est tout mon salut et tout mon désir ». La preuve la plus manifeste de l’existence de la vie divine dans l’âme, c’est lorsque le cœur est occupé de Christ ; le lien de connexion est formé et ne peut être jamais rompu. La foi seule entre dans sa bénédiction. Oh ! reposez-vous, demeurez en Christ.

Étant associés avec Jésus ressuscité, nous sommes un avec Lui en résurrection (Éph. 2). C’est là ce qui nous donne, à Ses yeux, notre merveilleuse place. Tous ceux qui sont amenés à ce nouvel état — à cet état de résurrection, sont beaux comme Christ est beau. Seulement, qu’en toutes choses Il a la prééminence, selon qu’il est écrit : « Tu es plus beau qu’aucun des fils des hommes ». De là vient que les mêmes termes de tendresse et d’admiration sont appliqués à l’un et à l’autre, et que les mêmes choses sont dites de tous les deux, l’épouse étant le reflet de l’époux. Si les vêtements de l’épouse sont parfumés de myrrhe, il est dit de l’époux : « Tous tes vêtements sont parfumés de myrrhe, d’aloès et de casse ». Quel sujet béni cette grande vérité ouvre à notre méditation ! Unité avec Christ en tant que ressuscité et glorifié ! Que le monde nous paraîtrait petit dans toutes ses relations, et sous toutes ses faces, si nous les envisagions de ce point de vue où la foi nous place réellement !

Ce qui est dit ici d’une manière prophétique, d’Israël, ou du résidu : « Te voilà belle, ma grande amie », est vrai aujourd’hui dans un sens plus profond de l’Église de Dieu, l’Épouse de l’Agneau. En même temps le grand principe du Cantique est commun à l’un et à l’autre. L’amour du Seigneur est parfait. Il aime Israël ; Il aime l’Église ; et au temps convenable Il créera dans le cœur, tant de ceux qui font partie d’Israël que de ceux qui appartiennent à l’Église, des affections qui répondront parfaitement aux siennes. Aussi, la valeur morale de ce livre et son application aux chrétiens sont-elles d’une haute importance. C’est la communion des cœurs. Néanmoins, il est toujours bon de se souvenir de la différence qu’il y a entre la position dans laquelle sera le Juif au dernier jour, et celle qui appartient aujourd’hui au chrétien.

Quoique le temps des noces de l’Agneau ne soit pas encore arrivé, la relation entre Christ et l’Église est déjà formée. Ainsi que l’apôtre le déclare : « Je vous ai fiancés à un seul mari pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11, 2). Vérité bénie ! La fiancée du Sauveur, le Fils du Père ! Mais connais-tu, ô mon âme, les affections qui appartiennent à cette étroite et tendre relation ? Au lieu de l’incertitude pénible qui souvent agite l’esprit de ceux qui ne voient cette relation qu’en avant dans l’avenir, possèdes-tu cette affection calme et cette joie paisible qui découlent naturellement d’une union dans la jouissance de laquelle on est positivement établi ? Si cela est, ton cœur soupirera ardemment après le retour du Seigneur. L’affection est le vrai fondement de ce cri : « Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt ».

L’époux ajoute encore dans l’entretien actuel : « Tes yeux sont comme ceux des colombes ». Il y a beaucoup d’instruction dans la manière dont l’Écriture nous associe avec la colombe. Depuis le huitième chapitre de la Genèse jusqu’à l’époque du Nouveau Testament, elle occupe dans la Parole une place intéressante. La première fois que nous faisons connaissance avec la colombe, nous la trouvons en rapport avec l’arche de Dieu et l’olivier : précieux types du salut et de la paix de Dieu. Elle arracha, et retint ferme la feuille d’olivier, lorsque les jugements de Dieu couvraient la terre. Et tant que les eaux ne furent pas diminuées, elle ne put trouver de repos pour la plante de son pied, jusqu’à ce qu’elle fut revenue dans l’arche. Le monde sous le jugement n’était pas un lieu pour elle. Ensuite, nous trouvons que de toute la tribu emplumée, la colombe seule était offerte en sacrifice sous la loi, et typifiait ainsi le Seigneur Lui-même. Le même type sert pour Christ et pour Son Épouse. Merveilleuse unité ! « Car de même que le corps est un, et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ » (1 Cor. 12, 12). Remarquez-le, l’apôtre parle de ce qui est une figure de l’Église ; mais au lieu de dire comme conclusion : « Ainsi aussi est l’Église », il ajoute : « Ainsi aussi est Christ ». Il voit l’Église en Christ : ils sont un seul corps.

La colombe typifie encore le Saint Esprit. « Et Jean rendit témoignage disant : J’ai vu l’Esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui ». On rapporte aussi que lorsque la colombe est éloignée de sa compagne, elle reste solitaire et gémit : « Je gémissais comme la colombe », et « nous ne cessons de gémir comme des colombes » (És. 38, 14 ; 59, 11). Il semble que la colombe représente la simplicité, la pureté, l’innocence, la fidélité. Quand l’œil du chrétien est simple, chaste et fixé constamment sur Christ, ou peut dire de lui alors : « Tes yeux sont comme ceux des colombes ».

Versets 16, 17. « Te voilà beau, mon bien-aimé ; que tu es agréable ! Aussi notre couche est-elle féconde. Les poutres de notre maison sont de cèdre, et nos soliveaux de sapin ».

Cette réplique est d’une grande beauté. L’épouse ne parle point d’elle ; elle entend de quelle manière Christ exprime Son amour et Son admiration, mais elle ne dit pas un mot d’elle-même : pas même qu’elle est indigne d’un tel amour. Quelque profonde que soit son émotion, le moi est laissé de côté. C’est là l’humilité véritable. Nous pouvons parler de la méchanceté du moi, et de l’indignité du moi, et avoir un cœur rempli d’orgueil. La vraie humilité ne dit absolument rien du moi, soit en bien, soit en mal. Mais c’est une leçon difficile à apprendre. Christ est notre unique modèle parfait. Ce bien-aimé Sauveur s’humilia : Il prit la dernière place. Le premier Adam s’éleva, et il fut abaissé. Le dernier Adam s’est abaissé Lui-même et Dieu L’a haut élevé. Suis donc Jésus, ô mon âme ! Attends-toi uniquement à Dieu, confie-toi en Lui. « Car quiconque s’élève lui-même sera abaissé, et celui qui s’abaisse lui-même sera élevé » (Luc 18, 14). C’est là un principe d’une vaste application : il s’étend à tous les détails de la vie, et son importance pratique est immense. Apprends tous ses effets dans les deux Adam. Vois-le chaque jour à l’œuvre dans les deux natures. La pauvre nature humaine est toujours prête à écouter le mensonge du tentateur : « Vous serez comme des dieux » ; tandis que la nature divine est contente de la place où Dieu l’a mise, jusqu’à ce qu’Il dise : « Monte plus haut ».

Mais où en est la vieille nature dans le chrétien ? Les Écritures disent clairement qu’elle a pris fin à la croix. « Vous êtes morts », est une parole assez claire. Or, ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Et encore : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ est en moi ; et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Col. 3 ; Gal. 2). Si nous marchions dans la lumière et l’efficace de cette grande vérité fondamentale, l’humilité serait notre caractère ; la chair serait mortifiée dans sa vanité et son orgueilleuse prétention, et l’esprit doux et humble de Jésus serait manifesté.

« L’oiseau qui prend le plus haut son essor, bâtit son humble nid sur la terre, et celui qui chante avec le plus de douceur chante dans l’ombre alors que tout repose. L’alouette et le rossignol nous apprennent quelle gloire est accordée à l’humilité.

Lorsque Marie choisit la bonne part, elle s’assit humblement aux pieds de Jésus : et l’humble cœur de Lydie devint un temple convenable pour Dieu. La plus belle et la mieux parée est celle qui est revêtue d’humilité.

Le saint qui porte dans le ciel la plus brillante couronne se prosterne en humble adorateur ; le poids de la gloire le fait s’incliner le plus bas, alors que son âme s’élève le plus. La place la plus rapprochée du trône doit toujours être le siège de l’humilité. »

Lorsque Christ est l’unique objet que nous contemplons, le cœur est pleinement satisfait. Nous sommes assez riches pour prendre la dernière place, et tout ce qu’il faut pour nous rendre heureux se trouve en Lui. Il n’est pas seulement beau pour les yeux, mais Il est aussi agréable au cœur. Il y en a beaucoup qui sont beaux et ne sont pas agréables, et beaucoup qui sont agréables et ne sont pas beaux, mais Christ est à la fois l’un et l’autre. « Te voilà beau, mon bien-aimé, que tu es agréable ». Oh ! quel ensemble de qualités, quelles perfections, quelles harmonies se trouvent en Jésus ! Ici, et ici seulement, le cœur peut trouver le repos ; tranquille, parfait repos. C’est pourquoi l’Église ajoute de la manière la plus significative : « Aussi notre couche est-elle verte » (vers. angl.). Les verts pâturages et les eaux tranquilles de l’abondante grâce de Jéhovah sont depuis longtemps familiers à notre esprit, comme les symboles expressifs du repos et du rafraîchissement dont jouissent les brebis de Christ sous Ses tendres soins de Berger. « L’Éternel est mon berger ; je n’aurai point de disette. Il me fait reposer dans des parcs herbeux ; il me mène le long des eaux tranquilles ». « Des pâturages d’herbe tendre… des eaux tranquilles » sont la nourriture journalière de ceux dont les pieds se trouvent « après les traces du troupeau ». Mais le berger ne dresse jamais sa tente en dedans des murailles de la ville, car il n’y a là ni bourgeons d’herbe tendre, ni eaux tranquilles. C’est en dehors des sombres murs, au milieu des champs qu’il fait reposer son troupeau. Dans ce livre, « la ville », sans aucun doute, est le type du monde, le contraire des lieux célestes. L’épouse ne trouve que la honte et la souffrance lorsqu’elle est surprise dans la ville. Jamais l’époux ne se trouve là ; ses retraites favorites sont les vignes, les jardins, les montagnes de myrrhe, les coteaux des drogues aromatiques et les vallées où fleurissent les muguets.

Mais il y a dans ses dernières phrases un mot qui indique une pleine communion, une communion heureuse, consciente d’elle-même avec le « bien-aimé ». Je veux dire ce petit mot « notre » : « notre couche », « notre maison », « nos soliveaux ». C’est comme ces petits mots : « nous », et « avec » dans l’épître aux Éphésiens. Oh ! l’heureuse union — unité bénie : « notre, nous, avec ». Unité éternelle avec Christ. Être un avec Lui dans la vie, un dans la justice, un dans l’acceptation, un dans la paix, un dans le repos, un dans la gloire céleste, éternelle !

Certainement, les scènes de la terre les plus brillantes seraient sans joie, et la maison à plusieurs demeures le serait aussi, sans la présence du Seigneur bien-aimé, du divin Époux du cœur. Mais voici les termes sûrs de la promesse : « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». Et encore : « Afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi ». C’est assez, ô Seigneur ! c’est assez ! Avec toi, et comme toi ! Considère soigneusement cela, ô mon âme ! Ici se trouve pour toi le calme, le parfait repos. Avec toi, et comme toi, Seigneur, pour toujours dans le paradis de Dieu, dans la maison où il y a plusieurs demeures, remplir la parfaite mesure de notre félicité, de notre dignité, et de notre gloire éternelles !