Écho du Témoignage:Le cantique de Salomon/Partie 4

De mipe
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Chapitre 4

Verset 1. « Te voilà belle, ma grande amie, te voilà belle ; tes yeux sont comme ceux des colombes entre tes tresses ; tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres lesquelles on tond lorsqu’elles sont descendues de la montagne de Galaad ».

Dès que la femme eut touché le bord du vêtement du divin Rédempteur, la puissance qui était en Lui déploya son efficace en elle (Marc 5). Le doigt de la foi ne toucha pas seulement le bord du vêtement de Christ, il toucha aussi le ressort secret de Son cœur que la foi seule pouvait atteindre : et tous les trésors de ce cœur furent ouverts à la foi. L’effet fut immédiat et parfait. La source de son mal fut tarie, et tous les courants auxquels elle donnait naissance furent emportés. « Elle connut en son corps qu’elle était guérie du fléau ». Elle était néanmoins sans la paix ou le repos de l’âme, pour ne rien dire de la joie. Elle tomba aux pieds de Jésus « effrayée et toute tremblante ». Arrête-toi ici un peu, ô mon âme, et médite dans la solitude du sanctuaire, sur cette scène pleine d’instruction.

Est-il possible, je le demande, qu’un croyant possède toute la vertu qui se trouve dans le Seigneur et que pourtant il soit étranger à la paix ? Il en fut ainsi de la chère femme qui nous occupe et dont la foi était grande. Et il en est ainsi, hélas ! de milliers d’enfants de Dieu en nos jours. Pour beaucoup, il y a là-dedans un mystère ; comment faut-il l’expliquer ? Dans le cas de la femme, la chose est assez claire ; et nous y trouvons aussi l’explication de tous les autres cas. Quoiqu’elle eût éprouvé relativement à son besoin extrême, l’efficace de toute la puissance qui était en Christ, elle était étrangère encore aux pensées de Son cœur envers elle. Elle avait besoin de la révélation de ce cœur à elle-même, pour lui donner parfaite paix en Sa présence. Ce qui lui manquait, c’était la connaissance de ce que le Seigneur pensait à son sujet ; et c’est là ce dont a besoin tout pécheur, aussi bien que la femme. Christ ne refuse rien à la foi. La foi assure tout d’abord à l’âme tout ce qu’Il est Lui-même, et tout ce qu’Il a à donner ; mais le parfait repos de l’âme ne se trouve que dans la connaissance du cœur qui a fait l’abandon de tout afin de nous gagner à Lui-même. C’est alors, mais non pas avant, que nous sommes dans le plein repos de Son amour. Oh ! quel bonheur de connaître Ses propres pensées à notre égard, de connaître Son amour pour nous ! « Il m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi » ! C’est bien le chant le plus sublime dont nous ferons jamais retentir les cieux.

Mais un coup d’œil encore, ô mon âme, avant de la quitter, sur cette scène bénie. Arrête-toi, ne serait-ce qu’un instant, aux effusions de l’amour du Sauveur pour cette pauvre femme. Qui saurait le comprendre, l’amour qui respire dans ces paroles : « Et il regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela » ? Quel amour ! Son cœur tressaille de joie ! Il a remporté son prix ! De toute éternité, Ses regards se portaient en avant sur ce moment bienheureux. Les œuvres de Satan sont détruites, Dieu est glorifié — la grâce brille et la foi triomphe. Mais il faut que ses yeux s’arrêtent sur elle. « Où est celle qui a fait cela ? ». Avec quel intérêt Ses yeux la contemplent ! Et maintenant, Il se révèle Lui-même à son cœur, et remplit son âme de la paix et de la joie de Son salut. « Ma fille » — expression de la parenté la plus intime et la plus chère — le plus tendre des liens humains — « ta foi t’a guérie ; va-t-en en paix, et sois guérie de ton fléau ».

Ces réflexions nous ont été suggérées par la méditation des sept premiers versets de ce merveilleux chapitre. Ici, le bien-aimé révèle d’une manière remarquable à celle qu’il aime les pensées de son cœur à son sujet, au sujet de la beauté sans égale dont elle resplendit à ses yeux. Oh ! puissions-nous être réellement circoncis de cœur et d’oreilles pour recevoir et retenir à toujours les paroles que l’époux a choisies pour exprimer l’admiration que lui inspire son épouse ! Il s’assied, pour ainsi dire, et contemple avec ravissement et délices, chacun des traits de sa belle fiancée. Ensuite il lui dit ouvertement à elle-même son amour et son admiration. « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ». De pareilles louanges de la part de l’homme seraient extrêmement pernicieuses ; mais sortant des lèvres de Christ, elles ne font que donner plus de profondeur à notre humilité et nous rendre plus semblables à Lui. Elles inondent l’âme d’une joie calme et pleine de paix ; elles nous unissent plus étroitement à Son cœur, et nous transforment davantage à Sa ressemblance. Elles sont le fondement béni de la plus intime communion.

Après avoir, en termes généraux, donné au cœur de l’Épouse l’assurance qu’elle est « belle » à ses yeux, Christ énumère sept traits particuliers qu’Il a contemplés séparément et minutieusement avec de grandes délices : ses yeux, ses cheveux, ses dents, ses lèvres, ses tempes, son cou, ses mamelles. Chaque trait étant parfait en lui-même, il voit en elle réunies la perfection et la beauté : « Tu es toute belle, ma grande amie, il n’y a point de tache en toi ». Le soin minutieux qu’il met à la considérer manifeste l’intérêt et les délices sans bornes qu’il prend en elle. Le nombre sept aussi, suggère l’idée de quelque chose d’accompli, de parfait. Mais devons-nous nous en étonner ? « La beauté de l’Éternel notre Dieu est sur nous » (Ps. 90, 17, vers. angl.). Dans toutes les parties et les proportions, le croyant est parfait dans la perfection de Christ, et d’un aspect tout plein de grâce dans Sa grâce à Lui. Christ a ôté tout ce qui était à nous, et nous a donné ce qui est à Lui. Aussi sommes-nous exhortés à dépouiller le vieil homme, et à revêtir le nouvel homme, qui est créé selon Dieu en justice et en vraie sainteté (Éph. 4, 22, 23, 24) Maintenant considérons rapidement chacun des sept traits à part.

« Tes yeux sont comme ceux des colombes entre tes tresses ». Selon la loi cérémonielle, la colombe était un oiseau pur ; c’était le seul de tous les animaux ailés qui fût offert en sacrifice sur l’autel de Dieu (voir la méditation sur le chap. 1, 14) ; elle est l’emblème bien connu de l’humilité, de la chasteté et de l’innocence. « Tes yeux sont comme ceux des colombes ». L’œil est un terme souvent employé dans l’Écriture pour désigner la lumière et l’intelligence spirituelles. « Si donc ton œil est simple, tout son corps sera éclairé ». Mais il y a dans les yeux de la colombe une particularité qu’il peut être dans l’intention du Saint Esprit de faire servir à donner au croyant une leçon bien nécessaire : je veux dire son étonnante faculté pour voir de loin. On suppose qu’elle aperçoit son colombier d’une distance immense. Emportée loin du lieu où il se trouve, on peut la voir, lorsqu’elle a été délivrée de sa cage, s’élever très haut — se tenir fermement dans l’air, jusqu’à ce qu’elle ait découvert son chemin pour retourner à sa demeure vers laquelle elle prend alors son vol d’une manière aussi directe que rapide. Oh ! que n’avons-nous cette puissance de vision lointaine et céleste, afin de pouvoir oublier les choses qui sont derrière et tendre avec effort vers celles qui sont devant — après avoir vu par la foi Jésus ressuscité. Christ est Lui-même, personnellement, le but du chrétien — mais il faut que nous voyions « le but » avant de pouvoir prendre notre essor vers lui. Fixe, d’abord, tes yeux, ô mon âme, sur l’homme ressuscité, exalté en gloire. Ensuite, tends avec effort au but, vers « le prix de la céleste vocation de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3). La comparaison est facile à comprendre — est-elle vraie de toi, ô mon âme ? C’est ici la question : À quoi vises-tu ? Que poursuis-tu dans ta course ? Quelle direction suis-tu ? Remarquez-le bien, les beaux yeux, les yeux rayonnants de l’épouse, regardant à travers ses tresses flottantes, rencontrent les yeux du bien-aimé remplis d’admiration, et ravissent son cœur : « tes yeux sont comme ceux des colombes entre tes tresses ». Ses tresses adoucissent leur éclat.

« Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres qui apparaissent de la montagne de Galaad » (vers. angl.). Il se peut qu’ici les termes de comparaison soient le poil long et luisant des chèvres qui broutent sur la montagne de Galaad, et la circonstance qu’elles apparaissent comme un troupeau, dans l’unité d’une troupe paissant dans les riches pâturages des lieux élevés. L’effet, pour l’œil, doit avoir été un sentiment de profusion dans chacune en particulier, et un sentiment d’unité dans l’ensemble. « Une longue chevelure », nous dit l’apôtre, « est un voile, et une gloire pour la femme » (1 Cor. 11, 15).

Mais ne pouvons-nous pas voir aussi dans cette comparaison une allusion aux longs cheveux du nazaréen, type de la puissance dans l’Esprit ? La grande force de Samson gît dans ses sept tresses. Elles étaient le symbole de sa fidélité à son vœu — sa consécration à Dieu. Tout croyant est un nazaréen pour Dieu, en Christ, et devrait l’être dans la pratique. « Je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu » (Luc 22, 18). Tel est le vœu de nazaréat de notre bien-aimé Sauveur, et tout croyant, par cela même qu’il est un avec Christ, est placé sous Son vœu. C’est là que gît la force du croyant, savoir, dans une sainte séparation conformément à la loi du nazaréat. Tout le temps que les sept tresses de Samson restaient non rasées, l’ennemi ne pouvait gagner aucun avantage sur lui. L’Esprit demeurait en lui avec puissance aussi longtemps qu’il gardait le secret de sa communion avec Dieu. Mais, hélas ! hélas ! qu’il est difficile à un nazaréen de conserver ses tresses dans le sein de Delila ! Comment est-il possible, hélas ! que les doigts impurs d’une prostituée touchent jamais les tresses d’un nazaréen de Dieu ? Mets donc tous tes soins, ô mon âme, par la vigilance et la prière, à vivre et à marcher en séparation d’avec le monde, dans la communion avec Christ et dans la puissance de l’Esprit, pour que tes tresses ne soient pas rasées, et que tu ne trahisses jamais le secret de ta communion.

« Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui remontent du lavoir, et qui sont toutes deux à deux, et il n’y en a pas une qui manque ». Ici, la comparaison est d’une exactitude et d’une appropriation parfaites pour tous les points. Dans les brebis tondues, nous voyons la délivrance des entraves du cœur naturel, la régularité, l’égalité ; « qui remontent du lavoir » — la pureté, la blancheur. Elles ont été lavées à la source qui ôte toutes les souillures. La rangée supérieure correspond exactement à la rangée inférieure : « elles sont toutes deux à deux. Il n’y en a pas une qui manque ». L’épouse peut maintenant manger le pain de vie — le vieux blé du pays : elle est dans la force de l’âge, et c’est du Messie ressuscité, exalté, glorifié, et qui vient, que son âme se nourrit. Aux yeux du Seigneur, il y a dans celle qu’Il aime égalité, pureté, fertilité ; rien n’y manque. Quelle bonté qu’il en soit ainsi, et qu’Il daigne nous dire Lui-même qu’il en est ainsi ! « Mon âme, bénis l’Éternel, et que tout ce qui est au-dedans de moi bénisse le nom de sa sainteté ».

« Tes lèvres sont comme un fil teint en écarlate, et ton parler est gracieux ». Comme le fleuve de la grâce de Dieu qui coule à travers ce monde est profondément teint du sang de la croix, ainsi devrait l’être la conversation du croyant. « Je n’ai pas jugé bon », dit Paul, « de savoir autre chose parmi vous, que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » ; et encore, « qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Cor. 2, 2 ; Gal. 6, 14). Remarque soigneusement, ô mon âme, toute la force de ce trait dans la sainte Écriture, et puisses-tu présenter le cordon de fil d’écarlate profondément empreint dans toute ta conversation ; de cette manière, ton « parler sera gracieux » à ton Bien-aimé.

Rien ne saurait être plus dégoûtant pour l’œil que les lèvres d’un lépreux ; et telles sont pour Dieu les lèvres de l’homme naturel. Sa lèpre est le type de l’état de péché de notre nature. Le lépreux devait « se couvrir la lèvre de dessus, et crier : le souillé, le souillé… Il demeurera seul, et sa demeure sera hors du camp » (Lév. 13). Telle est, hélas ! la représentation fidèle de la triste condition morale de l’homme devant Dieu, quelque embaumées que soient les lèvres, ou gracieux le parler, pour notre commune nature. Mais quel changement lorsque nous sommes lavés dans le sang de l’Agneau ! À la place des lèvres blanches et écailleuses du lépreux, c’est la pure et profonde couleur écarlate du croyant pardonné, guéri et purifié. « Et quelques-uns de vous, vous étiez tels ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Cor. 6, 11).

Lorsque dans une vision, Ésaïe vit la gloire du Seigneur, il fut amené à se voir lui-même moralement comme un lépreux, et il s’écria : « Hélas ! moi, car c’est fait de moi, parce que je suis un homme souillé de lèvres, et que je demeure parmi un peuple souillé de lèvres ; et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. Mais l’un des séraphins vola vers moi, tenant en sa main un charbon vif qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en toucha ma bouche et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres, c’est pourquoi ton iniquité sera ôtée, et la propitiation sera faite pour ton péché » (És. 6).

L’éclatant cordon d’écarlate qui était attaché à la fenêtre de Rahab appelle tes méditations. Il parle avec force et distinctement de l’efficace du sang de Christ ; mais pour le moment, nous pouvons le laisser. Plus que jamais, ô mon âme, garde tes lèvres de tout ce qui gâterait leur vive fraîcheur aux yeux de Jésus, et aussi aux yeux des hommes. « Que votre parole », dit l’apôtre, « soit toujours dans un esprit de grâce assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun » (Col. 4, 6).

« Ta tempe est comme une pièce de pomme de grenade au-dedans de tes tresses ». Le cœur de la pomme de grenade est choisi pour représenter les tempes de l’épouse. C’est « une pièce » ou une partie rompue, « d’une pomme de grenade », qui constitue l’emblème. On dit que ce fruit est délicieux au goût, et que lorsqu’il est ainsi rompu, il présente l’aspect d’une belle couleur rouge mélangée de blanc. Cette comparaison, je suppose, nous suggère l’idée de la modestie d’un cœur prompt à rougir de timidité et de pudeur. Précieux changement pour la maison de Jacob qui représente l’épouse ! Il fut un temps où le Seigneur devait dire de Son ancien peuple : « J’ai connu que tu étais revêche, et que ton cou était comme une barre de fer, et que ton front était d’airain » (És. 48, 4). Quel changement aujourd’hui ! Qu’est-ce qu’a opéré la grâce ? Aujourd’hui, le Seigneur voit dans celle qu’Il aime, la débonnaireté parfaite et un esprit de grâce plein d’humilité. La rougeur de ses tempes est même cachée par ses tresses flottantes. « Ta tempe est comme une pièce de pomme de grenade au-dedans de tes tresses ». Que dis-tu de ce trait, ô mon âme ? Médite-le, et prie pour que ta parure « soit l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité de la douceur et d’un esprit paisible qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pier. 3, 3, 4).

« Ton cou est comme la tour de David bâtie à créneaux (vers. angl., pour un arsenal), à laquelle pendent mille boucliers, tous les grands boucliers des vaillants hommes ». L’arsenal de David était orné des trophées de ses victoires. L’Éternel l’avait délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il soumit ses ennemis de tous côtés, et prépara le chemin pour le règne de la paix sous Salomon son fils. Mais qu’étaient ces victoires comparées à celles du Messie royal ? Tout le livre de Dieu peut être considéré comme les annales des victoires de Christ. Mais le cou de l’épouse, pareil à une tour, entouré de nombreux joyaux, symbolise les trophées qu’il a remportés au-dedans du pays de Juda. Il est parlé d’Israël comme d’un peuple de cou raide — comme ayant le joug de la transgression entortillé à son cou, et comme marchant avec impudence la gorge découverte. Des figures pareilles représentent un triste état moral. Mais à présent, par la grâce du Seigneur, le changement est complet — parfaits sont les triomphes de son amour. Le joug de la transgression est brisé de dessus le cou de la fille de Sion. Au lieu d’être revêche, et comme une barre de fer, elle est gracieuse, belle, et imposante comme la tour de David. « Réveille-toi, réveille-toi, Sion ; revêts-toi de ta force, Jérusalem, ville de sainteté ; revêts-toi de tes vêtements magnifiques !… Défais-toi ces liens de ton cou, fille de Sion, captive » (És. 52, 1, 2). Et maintenant le Seigneur prend plaisir à contempler ce trait si beau de Son Épouse — tout chargé de colliers glorieux — « faits pour le cou de ceux qui partagent le butin ». La sainte liberté et le parfait bonheur de Son peuple rappelleront à jamais les victoires de Son amour.

« Tes deux mamelles sont comme deux faons jumeaux d’une chevrette, qui paissent parmi le muguet ». Ce trait gracieux, le septième, symbolise d’abord le développement moral — la formation du cœur pour Christ — l’accroissement de l’amour dont Il est l’objet ; et, en second lieu, la nourriture fournie aux autres — le moyen par lequel on contribue à leur existence et à leur bénédiction. Le contraste entre l’épouse et « la petite sœur » du chapitre 8, 8, est remarquable et instructif. « Nous avons une petite sœur qui n’a pas encore de mamelles ». Quelques-uns pensent que le parfait développement de l’Épouse, et l’absence de ce développement dans « la petite sœur », représentent la condition morale respective de Juda et d’Éphraïm, ou des deux tribus et des dix. La différence sera manifeste, quand les douze tribus seront rétablies. Mais les dix tribus n’en jouiront pas moins des résultats bénis de l’œuvre accomplie, quoique Éphraïm doive demeurer étranger aux profonds exercices de cœur par lesquels Juda aura passé en rapport avec le Messie, et aussi, par conséquent, au développement moral, fruit de ses expériences. C’est durant l’état de la captivité des dix tribus, que Christ a paru, et a été rejeté et crucifié ; et c’est avant qu’elles soient assemblées de tous les pays et ramenées dans leur terre, qu’Il se sera fait connaître à Juda, comme venant de nouveau en puissance et en gloire. Au retour du Messie, le résidu sera composé principalement de membres de la tribu de Juda. Les deux faons jumeaux d’une chevrette représentent l’unité d’esprit et de cœur qui désormais prévaut parmi les Juifs relativement à leur Messie si longtemps attendu. En paissant « parmi le muguet », ils trouvent maintenant leurs délices là où il trouve les siennes. « Il paît parmi le muguet ». Ce qui attire le cœur, ce qui forme nos affections pour Christ, c’est la manifestation qu’il nous fait de Lui-même par le Saint Esprit. Oh ! puissions-nous désirer de plus en plus un plus parfait développement de Son amour dans nos cœurs !

Ainsi Juda deviendra l’instrument de la nourriture et de la bénédiction, non seulement pour les dix tribus, mais pour toutes les nations de la terre. « Réjouissez-vous avec Jérusalem, et vous égayez en elle, vous tous qui l’aimez ; vous tous qui meniez deuil sur elle, réjouissez-vous avec elle d’une grande joie, afin que vous soyez allaités, et que vous soyez rassasiés de la mamelle de ses consolations, afin que vous suciez le lait, et que vous jouissiez à plaisir de toutes les sortes de sa gloire. Car, ainsi a dit l’Éternel : Voici, je vais faire couler vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations, comme un torrent débordé ; et vous serez allaités, portés sur les côtés, et on vous fera jouer sur les genoux. Je vous caresserai pour vous apaiser, comme quand une mère caresse son enfant pour l’apaiser ; car vous serez consolés en Jérusalem » (És. 66, 10-13).

Après avoir contemplé avec de profondes délices la beauté sans tache de son épouse, l’époux lui propose de se retirer dans ses lieux de rendez-vous favoris — la montagne de myrrhe et le coteau d’encens. Il semblerait qu’en cette occasion elle l’accompagne. Mais soit qu’elle aille avec Lui, soit qu’elle reste en arrière, Il laisse tomber dans son cœur cette précieuse parole : « Tu es toute belle, ma grande amie, et il n’y a point de tache en toi ».

« Ton combat est fini ». « Christ est mort » ! Tes péchés, quoique rouges comme l’écarlate, ont été couverts de Son pardon gratuit et de Sa robe plus blanche que la neige ; tes crimes odieux ont été jetés dans les abîmes de l’océan. Ayant le mal en horreur, et fortement attachée au bien, oh ! vraiment, tu es belle ! « Il n’y a point de tache en toi ! ».



Verset 8. « Viens du Liban avec moi, mon épouse, viens du Liban avec moi ; regarde du sommet d’Amana, du sommet de Senir et d’Hermon ; des repaires des lions et des montagnes des léopards ».

Nous pouvons quelquefois, dans nos égarements insensés, nous trouver bien plus près que nous le pensons du « repaire des lions », et n’avoir pourtant nulle conscience de notre danger. Sous tout ce qui, dans l’ordre naturel, attire et charme le cœur, peuvent être cachés nos plus mortels ennemis. Le « Liban », comme type, s’unit en nous à l’idée de l’exaltation terrestre la plus grande. Mais , ce qui exerce sur l’œil extérieur un tel pouvoir de fascination, ce qui est si enchanteur pour les sens, abrite le lion dévorant et le cruel léopard. La richesse même et la beauté du lieu sont un abri sûr pour l’ennemi. Charmé outre mesure par les scènes magnifiques que déroulent sous ses yeux le Liban et Hermon, le voyageur peut être tenté de s’arrêter jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour gagner la plaine en toute sécurité. Par là son danger serait imminent, à moins qu’il n’eût un guide sûr et fidèle.

Tu feras bien, ô mon âme, de t’arrêter un peu ici. Souviens-toi que les scènes terrestres les plus belles sont infestées d’ennemis plus subtils et plus dangereux que les lions et les léopards du Liban. Balance le chemin de tes pieds. Pourquoi cette disposition à errer, à t’arrêter au milieu des choses visibles ? Apprends à connaître ta propre faiblesse, tes propres penchants. Quelques-uns des saints du Seigneur, tu peux l’avoir observé, sont détournés par la conformité avec le monde ; d’autres, par la lecture de livres qui fascinent l’esprit, mais dessèchent l’âme ; et un grand nombre, hélas ! sont pris au piège en suivant leur propre volonté et la voie qui semble droite à leurs yeux. Mais tout cela mène également au « repaire des lions, aux montagnes des léopards », ou à des expériences et des occupations d’un danger imminent pour l’âme. Il n’y a qu’un œil qui puisse découvrir le piège — qu’une seule voix qui puisse retirer le cœur du lieu du péril : « Du sommet d’Amana, du sommet de Senir et d’Hermon », voulait dire l’amour divin, « regarde à moi ». De cette manière, le monde, pour ainsi dire, disparu à tes yeux, sera sous tes pieds. « Amana », remarque-le, signifie vérité, intégrité. Du point de vue de la vérité, persévère à attendre le retour du Seigneur.

Rien de plus beau et de plus touchant que la manière dont le bien-aimé Sauveur cherche ici à appeler l’Épouse loin du théâtre du danger. « Viens avec moi », tel est son langage d’incomparable tendresse. Il ne dit point : « Va ! dépêche-toi de fuir, le danger est proche, tu es sur le bord du repaire des lions ». Oh ! non, ce n’est pas ainsi qu’il parle. « Viens », dit-il, « viens du Liban, avec moi, mon épouse, viens du Liban avec moi ». Il cherche à détacher son cœur du Liban, le lieu des joies terrestres, mais du danger spirituel. Quelle grâce ineffable respire dans ce mot, « Viens ». La phrase tout entière exhale les sympathies les plus tendres, la plus profonde sollicitude de son cœur. Comme « Viens » sonne infiniment plus doux à l’oreille que « Va » ! Le premier dit communion, l’autre parlerait de séparation.

« Viens, toi et toute ta maison dans l’arche », dit l’Éternel à Noé (vers. angl.). Il ne dit pas, « va, toi », mais « viens, toi ». Dans Sa grâce, le Seigneur étant entré dans l’arche avant Son serviteur, et se trouvant là, Il pouvait dire « Viens ! » ; et de cette manière, l’homme de foi était assuré que le Seigneur était avec lui dans l’arche du salut. Quelle consolation de savoir que le Seigneur se trouve avec nous dans la nacelle, quelque battue quelle puisse être par les eaux agitées ! Mais de plus, voici dans quels termes Il s’adresse à la maison rebelle d’Israël : « Venez maintenant, dit l’Éternel, et débattons nos droits » (És. 1, 18). Remarquez aussi le ton plein de grâce de Son raisonnement. Israël ayant obéi à Son invitation de venir, Il ne les embarrasse point par des arguments, mais leur dit avec douceur : « Quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige ; et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine ». Oh ! l’heureuse manière de raisonner pour un pécheur coupable ! Le Seigneur seul peut discuter ainsi. Béni soit Son nom, nous trouvons cette même grâce déployée pour le monde entier dans cette invitation de la portée la plus large : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos ». Cette parole n’est pas plus tôt l’objet de la foi, que le repos est assuré. « Moi, je vous donnerai du repos » — repos du fardeau du péché — repos de vos propres stériles efforts — repos avec moi-même dans le paradis de Dieu. Adorable Sauveur, puisse cette invitation si précieuse, « venez », être davantage appréciée par ceux qui sont encore loin ! Mais à toi la gloire et la louange de la grâce. Un mot encore. Qui n’a pas admiré ce qu’a de ravissant le souffle final qu’exhale l’Écriture sainte avec ses nombreux « Viens » ? « Et l’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif, vienne. Que celui qui veut, prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22, 17).

Mais il y a dans le tendre appel de l’époux deux autres mots qui peuvent être pour le cœur la source de la joie la plus profonde : « Avec moi ». « Viens avec moi ». Pourrait-on trouver deux mots plus propres à éloigner toute crainte et à remplir le cœur de confiance, quelles que soient les circonstances ? Impossible. Si le rugissement du lion a retenti à nos oreilles et que nous sachions qu’il est proche, nous pourrions bien être remplis d’effroi ; car quelle force possédons-nous en nous-mêmes pour lui résister ? Mais ces trois mots d’une grâce sans pareille, « Viens avec moi », confirment tout ce dont le cœur a besoin. Avec lui, elle est parfaitement en sûreté, quelque étendue que soit la chaîne de montagnes qu’elle a à franchir, et quel que puisse être le danger. Mais la grâce d’échapper au repaire des lions, est la plus petite des bénédictions comprises dans ces trois mots. Ils expriment l’extrême plaisir qu’il prend dans sa compagnie. La présence de l’épouse est sa joie. Vérité merveilleuse, bénie ! De toutes les pensées, c’est la plus riche : Il prend Ses délices en nous, Son désir est de nous avoir avec Lui-même ! Non, sans doute, qu’Il soit dépendant de la créature, ou qu’Il lui soit redevable, pour Sa suprême félicité, car Il est Dieu aussi bien qu’Il est homme et se suffit à Lui-même. Il est le Dieu indépendant, le Dieu éternel, le Dieu vivant ; Il est Jésus Jéhovah. Mais comme Fils de l’homme, dans Sa merveilleuse grâce et Son merveilleux amour, Il a voulu que nous fussions nécessaires à la pleine manifestation de Sa gloire et à Ses éternelles délices. L’Église qui est Son corps est Sa plénitude (Éph. 1, 22-23). Et pour ce qui est de la fille de Sion, Il lui dit aussi : « Écoute, fille, et considère ; rends-toi attentive, oublie ton peuple et la maison de ton père ; et le Roi mettra son affection en ta beauté ; puisqu’il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui » (Ps. 45, 10, 11).

Ce beau passage sera appliqué avec une puissance divine au cœur de l’épouse — le résidu juif — quand le Seigneur reviendra. Il cherche là à détourner leurs pensées et leurs sympathies de l’ancien ordre de choses juif, « la maison du père », afin qu’ils soient entièrement formés pour le nouvel ordre de choses sous le Messie dans Sa gloire royale. C’est sur la terre, dans le pays d’Emmanuel, que la bénédiction d’Israël aura lieu.

L’Esprit de Dieu a pris de tels soins pour la révélation de cette précieuse vérité, « avec Christ », que tu peux bien, ô mon âme, en faire quelques instants le sujet de tes méditations. Elle a son fondement dans le conseil immuable de Dieu, et court comme un fil d’or à travers toutes les circonstances qui se déroulent. « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui » (Rom. 8, 32). Quelle pensée ! « Toutes choses… avec Christ » — en communion avec Lui. Santé ou maladie — pauvreté ou richesses, dans chacun de ces états, je suis avec Lui ; et je Le possède dans tous ces états. Selon le raisonnement de l’apôtre, le plus grand renferme le moindre, et le moindre est possédé avec le plus grand.

Le chrétien se trouvât-il tellement réduit à l’étroit par les circonstances, qu’un morceau de pain sec et un verre d’eau froide fussent son plus riche repas, qu’il pourrait encore dire triomphalement, tout pauvre qu’est ce repas : Je l’ai avec Christ, et j’ai Christ avec lui. Depuis la plus humble condition sur la terre jusqu’au faîte le plus élevé dans la gloire, nous avons tout avec Christ, et notre bénédiction la plus riche consiste en ce que nous sommes un avec Lui. Notre unité avec Christ, tête de l’Église, est si merveilleuse, si réelle, si parfaite, que l’apôtre dit : « Je suis crucifié avec Christ », et qu’il dit de tous les chrétiens : « Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui ». Et en diverses parties de l’Écriture, il parle de cela sous sept aspects distincts, ce qui nous donne l’idée de quelque chose de divinement complet : 1° Nous sommes crucifiés ensemble ; 2° vivifiés ensemble ; 3° ressuscités ensemble ; 4° assis ensemble ; 5° héritiers ensemble ; 6° souffrants ensemble ; 7° glorifiés ensemble. Et cette unité, cette identité de l’Église avec Lui-même est tellement précieuse au cœur de Jésus, que, dans tous les endroits où il est parlé dans l’Écriture de notre état futur, il est précisé comme étant avec Christ. « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». « Absent du corps, présent avec le Seigneur ». « Ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur ». « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit. Je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi ». Amen ! C’est là le repos, le parfait repos pour le cœur à jamais. Rafraîchie, comme si tu t’étais plongée dans l’océan sans rivage de Son amour, retourne à tes méditations sur le beau Cantique des cantiques, toutefois pour sonder encore attentivement le livre de Son cœur, qui seul sait aimer.

« Ton meilleur repos sur la terre est encore interrompu ; des ennemis vigilants, le léopard tacheté, le lion rugissant en quête de sa proie, envahissent et troublent ton « Liban ». Mais viens avec moi dans des entretiens divins, et je te conduirai en des lieux dont ne peuvent approcher les animaux destructeurs, ni aucun adversaire nuisible ; où mes rachetés, dans la joie triomphale des cantiques éternels, agitent autour de ton trône, dans une félicité ineffable, leurs palmes victorieuses ; où il n’y a plus ni péché, ni mort, ni vicissitude, ni autre chose que la joie. Mon épouse, toi que je me suis acquise au prix de mon sang, regarde d’Amana, de Senir et d’Hermon, regarde au loin ! Fixée sur la base des promesses, contemple toujours ton glorieux repos ! »



Versets 9-11. « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ; tu m’as ravi le cœur par l’un de tes yeux et par l’un des colliers de ton cou. Combien sont belles tes amours, ma sœur, mon épouse ! Combien sont tes amours meilleures que le vin, et l’odeur de tes parfums plus qu’aucune drogue aromatique ! Tes lèvres, mon épouse, distillent des rayons de miel ; le miel et le lait sont sous ta langue, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban ».

Quelque incomparables que soient les perspectives diverses qui se déploient aux regards du sommet d’Amana, de Senir et d’Hermon ; — quelque splendides et ravissants pour l’œil que soient ces glorieux sites de la nature ; — tout embaumées des plus suaves parfums que soient ces montagnes si fertiles en aromates, l’œil et le cœur de l’époux se détournent de tout cela pour être entièrement à l’admiration de l’amie qui est là à côté de lui. Il voit en elle ce qu’il ne peut voir nulle part ailleurs : les sentiments et les affections de son propre cœur qui se réfléchissent sur lui-même du cœur de l’épouse. Les beautés de la scène qui se déroule autour d’eux peuvent symboliser les choses que les hommes du monde estiment comme très précieuses, exquises et distinguées ; mais c’est dans la beauté et l’amour de l’épouse que le royal époux trouve ses délices et sa satisfaction. Il voit en elle les heureux fruits de son propre inextinguible amour — les fruits du travail de son âme, et il en est rassasié (És. 53, 11). Vérité précieuse pour le cœur de tout croyant !

Un homme peut posséder une fort belle position et l’apprécier beaucoup, mais jamais il ne saurait avoir pour elle les mêmes sentiments qu’il a pour sa femme et ses enfants. Ceux-ci font partie de lui-même, et non pas sa position. Qu’étaient pour le premier Adam tous les plaisirs du paradis auprès des délices qu’il prenait en sa chère et belle compagne ? Elle était une partie de lui-même, et non pas la création. Il avait été plongé dans un profond sommeil, et de son côté ouvert il lui avait été formé une compagne. Lorsqu’il se réveilla de son sommeil et qu’il vit à côté de lui la beauté que l’Éternel Dieu dans Sa grâce lui avait procurée, il s’écria : « À cette fois, celle-ci est os de mes os, et chair de ma chair ». Cette fois, la lacune était remplie. Jusqu’à maintenant, il n’avait rien vu qui fût approprié à son cœur. La création avec tout son éclat, les beautés d’Éden, n’avaient été, pour ainsi dire, qu’un blanc pour le premier homme jusqu’au moment où il posséda le fruit béni de ses souffrances et de sa mort typiques.

Mais ce qui n’a existé simplement qu’en type dans le premier homme, s’est accompli réellement dans le second homme — le dernier Adam. Il a été certes plongé dans un profond sommeil — le sommeil de la mort ; et comme fruit de Son côté ouvert, une seconde Ève, pour ainsi dire, a été formée toute belle et sans tache à Ses yeux, qui bientôt partagera avec Lui les joies et l’empire de la nouvelle création, de la création rachetée, et là, au milieu de Ses gloires, réfléchira Son amour qui fut plus fort que la mort, et se réchauffera éternellement aux rayons de Sa faveur sans nuages. Pouvons-nous donc nous étonner qu’il admire avec transports la ressemblance qu’elle a avec lui-même ? La toute-puissance pouvait créer un monde ; il n’y a que l’amour divin qui fût capable, par les souffrances et la mort, de sauver un pécheur perdu. Qui saurait le comprendre, cet amour — cet amour pour un pauvre vil pécheur ? Mais s’il faisait plus habituellement, ô mon âme, le sujet de tes méditations, tu t’étonnerais moins de ces merveilleuses paroles : « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ». Et pourtant, malgré tout ce que tu connais maintenant, ou ce que tu pourras connaître jamais dans la suite, ces paroles seront à jamais des plus merveilleuses. « Tu m’as ravi le cœur » ; dans la note marginale (Bible angl.), nous lisons : « Tu as emporté mon cœur ». Vérité étonnante ! Le cœur de Christ ravi — emporté ! Et par quoi — par qui ? Par les attraits d’un pécheur sauvé par grâce — par quelqu’un qui a été lavé dans Son sang précieux, et qu’Il a Lui-même orné de Ses perfections, de Ses beautés sans pareilles.

Cette expression de l’amour du Sauveur se trouve au centre du volume sacré, et, sous quelques rapports, elle est la plus remarquable que nous lisions dans l’Écriture. Mais tout le chapitre dont elle fait partie, est, sous quelques rapports, une plus merveilleuse manifestation de Son amour qu’aucune de celles que nous présente ailleurs le livre de Dieu. Pour ce qui regarde les détails, il n’y a rien qui ressemble au Cantique des cantiques dans quelque autre partie que ce soit de la Bible. « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ». Il prend ici la place de frère aussi bien que celle d’époux. « Ma sœur, mon épouse ». Relation bénie ! Heureuse union ! bien connue et fort appréciée par Lui, quoique encore comparativement peu connue par elle ! Mais ce dont il s’agit surtout là, c’est du cœur, des sentiments, de l’amour du Sauveur, non pas pour les Juifs seulement, mais pour tous ceux qui croient en Lui. Son association avec le résidu dont Il parle comme de Sa sœur, Son épouse, est pour Lui l’occasion de déployer pleinement Son amour dans tout son éclat. Au milieu de toutes les magnificences, l’épouse seule attire Ses regards ; elle fait contraste avec tout ce qu’on peut trouver sur la terre ou parmi les anges du ciel. Nous ne lisons nulle part que les beautés de la création ravissent le cœur du Créateur. Ce mystère des mystères était réservé pour le Rédempteur et les rachetés.

Ici s’élève tout naturellement une question qui en a exercé plusieurs. Comment se fait-il que nous ayons dans le Cantique une expression de l’amour de Christ pour le résidu, aussi complète et aussi détaillée, en comparaison de ce que nous présentent les épîtres qui sont adressées à l’Église de Dieu, « l’Épouse, la femme de l’Agneau » ?

En premier lieu, on peut considérer le Cantique comme la révélation du cœur de Christ à tous les saints juifs ou chrétiens, terrestres ou célestes. L’amour de Christ est parfait, et toujours parfaitement développé selon la relation dans laquelle nous Le connaissons. C’est sous l’allégorie de l’amour de l’épouse et de l’époux, que les sentiments et les affections de Son cœur sont exprimés ici, et dans une harmonie parfaite avec cette position. Le roi Salomon, dans le jour duquel il y eut comme une passagère lueur de la gloire milléniale, est le vaisseau choisi et approprié pour représenter ces réalités bénies. Les paroles de Christ dans le Cantique ont une application morale qui est ineffablement précieuse au chrétien. Heureux ceux qui sont en état de boire à une pareille source !

Les remarques suivantes de la plume d’un autre peuvent être utiles dans l’étude de ce précieux livre, pour faire comprendre le caractère des affections qui y sont développées par les Juifs, comparées avec celles des chrétiens, et aussi la manière dont le Seigneur y exprime son amour :

« Le Cantique des cantiques prend l’homme dans ses rapports avec Dieu, c’est-à-dire, le Juif, au moins le résidu sous un tout autre point de vue, et montre les affections que le roi sait créer en lui, et par lesquelles il l’attire à soi. Quelle qu’en soit la force, ces affections ne sont pas développées dans la position dans laquelle se forment les affections chrétiennes proprement dites. En voici la différence. Elles n’ont ni le calme, ni la douceur profonde d’une affection découlant d’une relation déjà formée, déjà connue et pleinement appréciée ; d’une affection dont le lien est formé et reconnu, et qui compte sur la pleine et constante reconnaissance de cette relation ; d’une affection dont chaque partie jouit comme d’une chose certaine dans le cœur de l’autre. Le désir de quelqu’un qui aime et qui veut le cœur de celui qui est aimé, n’est pas l’affection parfaite, l’affection douce et formée d’une épouse avec laquelle le mariage a formé un lien indissoluble. Dans l’un des cas, la relation est la conséquence de l’état du cœur ; dans l’autre, l’état du cœur est la conséquence de la relation elle-même. Or, quoique les noces de l’Agneau ne soient pas encore arrivées, néanmoins à cause de la révélation qui nous a été faite de l’accomplissement de notre salut, ce dernier caractère d’affection est ce qui, grâces et gloire en soient rendues à Dieu, est propre à l’Église. Nous savons en qui nous avons cru » (Études sur la Parole, tome II, p. 373).

En second lieu, il y a une grande différence entre la position du Juif relativement à Christ dans le Cantique et celle du chrétien dans les épîtres ; et il est nécessaire de connaître cette différence, ou bien nous manquerons tant dans nos pensées que dans nos affections à ce qui est dû au Seigneur, et nous appliquerons à l’Église ce qui se rapporte à Israël, et à Israël ce qui appartient à l’Église. Nous connaissons la vérité bénie de notre unité avec Christ, comme ressuscité et glorifié. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec Lui » (1 Cor. 6, 17). L’union en vie et en position avec Christ glorifié, va bien au-delà de ce que l’apôtre appelle « la religion des Juifs ». Nous savons même, maintenant, aujourd’hui, que nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ ; et quoique ici-bas sur la terre, pauvres, coupables de bien des fautes, manquant en bien des points, nous savons que nous sommes scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage jusqu’à la rédemption de la possession acquise (Éph. 1). Mais, ce qui est infiniment plus doux que tout le reste, c’est que nous connaissons la grandeur de Son amour, selon le sacrifice par lequel Il nous a introduits dans cette position céleste, et dans une association éternelle avec Lui-même. Nous savons, en conséquence, que la question du péché a été complètement réglée, et que nous sommes pleinement et pour toujours pardonnés — justifiés parfaitement et agréables dans le Bien-aimé. Christ a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification (Luc 7, 48 ; Jean 5, 24 ; Act. 13, 38, 39 ; Rom. 4, 25). Notre rédemption est accomplie, notre relation est déjà formée ; nous n’attendons plus que la gloire — les noces de l’Agneau. Nous comptons sur Sa promesse : « Oui, je viens bientôt ». « Car encore très peu de temps et Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas ». Mais tout en attendant Sa venue, nous connaissons et nous goûtons, par la puissance du Saint Esprit, quoique bien faiblement, les affections de Son cœur qui appartiennent proprement à cette relation ineffablement bénie, et établie pour l’éternité.

La position d’Israël, telle que l’Esprit de prophétie la révèle dans le Cantique, est bien inférieure à celle-là. En tout cas, il n’y est point question de la purification de la conscience ; le pardon et la justification n’y sont point touchés : il s’agit davantage du cœur — de créer, de former les affections pour la personne du Bien-aimé, et de les faire se produire. Le résidu n’est pas encore entré pleinement dans la connaissance personnelle de Christ, dans la certitude de sa relation avec Lui, et n’en jouit point ; or, c’est là précisément ce que le cœur qui aime avec tant d’ardeur désire voir réalisé, c’est de cela qu’il se préoccupe. Naturellement, l’époux sait dans quelle relation il est avec celle qu’il appelle « ma sœur, mon épouse ». De là cette merveilleuse révélation qu’il lui fait, à elle-même directement, de son cœur, afin qu’elle puisse connaître les desseins de son amour. Il l’assure, avec insistance, de la beauté, de la valeur, du prix qu’elle possède à ses yeux. Et même après qu’elle a failli, en l’oubliant lui et son amour, il vient à elle avec une affection qui ne saurait être détournée de son objet. De cette manière, le cœur de l’épouse est exercé par la manifestation de l’amour, de la grâce, de la tendresse et de la bonté de Christ ; ses affections deviennent par là plus profondes, et à ses yeux le bien-aimé est exalté au-dessus de tous les autres, et apprécié comme le « premier entre dix mille… tout ce qui est en lui est aimable ». Son cœur est ainsi graduellement formé pour l’époux lui-même, et cela par la révélation de son cœur à lui. Le psaume quarante-cinquième est la révélation de ce résultat béni. Là, les Juifs — le résidu — sont salués comme les « compagnons » du Roi, et Jérusalem comme « la reine parée d’or d’Ophir ». Maintenant les nations lui font honneur avec leurs présents et sollicitent sa faveur ; désormais elle est dans la relation la plus intime avec le Roi, et se voit introduite dans les palais d’ivoire.

Mais revenons à notre texte.

« Tu m’as ravi le cœur par l’un de tes yeux, et par l’un des colliers de ton cou ». Ce peut être difficile de déterminer ce que le Seigneur entend par les mots « l’un de tes yeux, l’un des colliers de ton cou ». Il se peut que ce soit une allusion à l’appréciation qu’Il fait de chacune des grâces, de chaque ornement spirituel que possède le croyant, ou des délices qu’Il prend dans chaque croyant en particulier aussi bien qu’en tout Son peuple collectivement. Jamais ni dans le temps ni dans l’éternité, le moindre de tous les saints ne saurait être inaperçu de Lui, ou ne pas être distingué des autres. C’est comme individus que nous sommes aimés, sauvés et glorifiés. Cette vérité est clairement enseignée en Luc 15, et Jean parle beaucoup aussi de notre bénédiction individuelle, la famille de Dieu étant son thème principal, comme l’Église est celui de Paul, et le voyage à travers le désert, celui de Pierre ; pourtant c’est Paul qui dit : « qui m’a aimé et qui s’est donné lui-même pour moi ». Paul parle ici comme s’il était le seul que Christ a aimé et pour lequel Il est mort. La foi s’approprie ce que la grâce révèle, et ce n’est que de cette manière que le cœur jouit des révélations de la grâce. Comprends-tu cela, ô mon âme ? C’est de toute importance, et c’est du ressort de la foi seulement. Quelque grande que soit la bénédiction, la foi en fait une bénédiction personnelle. N’importe ce que la grâce révèle en Christ comme la portion des enfants, la foi dit avec certitude : « C’est à moi ».

Mais dans notre heureuse demeure d’en haut, ce n’est pas seulement du Seigneur que nous serons connus personnellement ; nous le serons aussi les uns des autres. Pierre ne semble pas avoir eu de difficulté à reconnaître, sur la montagne de la transfiguration, qui était Moïse, et qui était Élie. Ainsi en doit-il être dans l’état de résurrection où tout est parfait. La distinction des personnes sera entière et manifeste. Paul ne sera jamais pris pour Pierre, non plus que Pierre pour Paul, et chacun aura sa propre couronne et sa propre gloire. Pensée bénie et aussi solennelle ! chaque saint aura sa propre couronne : tous seront connus là pour ce qu’ils sont dans l’appréciation du Seigneur. Toutefois, ils seront tous parfaits, tous heureux, dans la pleine joie du Seigneur, et ils brilleront tous avec éclat dans Sa glorieuse image, qu’ils porteront tous alors parfaitement.

Verset 10. « Combien sont belles tes amours, ma sœur, mon épouse » !

Si nos méditations sur l’appréciation que fait le Seigneur de notre amour étaient plus profondes, plus sérieuses et plus simples, nos cœurs seraient plus entièrement pour Lui. L’amour engendre l’amour. C’est le feu près duquel je suis assis qui me réchauffe. Plus je suis près du cœur de Christ, plus le mien sera ardent et plus sera vive la flamme de mon amour pour Lui. Je ferais tout aussi bien de m’imaginer que je me réchaufferai en sortant au jardin et en regardant la neige, comme de chercher à accroître mon amour pour Christ en regardant à moi, en m’occupant de moi, en m’efforçant de L’aimer davantage. Mais, quoi qu’il en soit, disent plusieurs, je ne fais pas de progrès dans l’amour pour Christ, et dans le sentiment de Son amour pour moi, et je désire éprouver plus d’amour pour Lui. À la bonne heure ! Mais si c’est le feu auquel je suis assis qui me réchauffe, c’est aussi la nourriture que je mange qui me rassasie : Que ton âme donc se nourrisse de Christ. Tu trouveras un riche repas dans ce merveilleux chapitre. Médite-le attentivement, étudie-le parole après parole, et pense au cœur de qui toutes ces paroles découlent. L’incrédulité ne tient pour rien les paroles de Christ, la foi s’en nourrit. Sois ferme, et élève-toi dans tes méditations jusqu’au cœur d’où elles découlent. Étudie toujours Ses paroles en communion avec Lui-même ; et garde-toi bien de séparer la Parole de la personne de Christ. C’est ainsi que ton amour pour Lui s’accroîtra, et que ta ressemblance avec Lui s’accroîtra extrêmement. La connaissance de tout le cas qu’Il fait de notre amour nous conduirait à la contemplation de ce qui l’entretient et le fortifie. « Combien sont belles tes amours, ma sœur, mon épouse ! Combien sont tes amours meilleures que le vin, et l’odeur de tes parfums plus qu’aucune drogue aromatique ». Si de pareilles révélations de Son amour ne nous gagnent pas, qu’est-ce qui nous gagnera ? Il n’y a pas de vin, pas de joie terrestre, qui Lui soit agréable comme l’amour de Son épouse ; pas de senteur qui Lui soit aussi douce que l’odeur de ses parfums. Il lui déclare qu’ils surpassaient toutes les plantes aromatiques. Toute l’hospitalité du Juif à propre justice n’était rien pour Lui en comparaison de l’amour de celle qui était prosternée à Ses pieds. Mais un tel fruit de l’Esprit ne peut grandir que dans la lumière de Sa présence. Les plantes ne croissent jamais bien dans les ténèbres. Elles peuvent bien produire quelques feuilles pâles et maladives, mais ce sera tout. Le fruit et le parfum ne se trouveront que sur les plantes qui jouissent de la pleine lumière du ciel. « Je suis la lumière du monde », dit Christ. « Celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruit ; car, hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 8, 12 ; 15, 5).

Il faut d’abord que le rayon de miel soit rempli avec une patiente industrie, avant que rien en distille. Le miel doit être recueilli de toutes les fleurs. Telle devrait être l’habitude du chrétien : apprendre quelque chose presque de toute chose. Mais, hélas ! nous ressemblons trop au papillon, et trop peu à l’abeille. On peut voir le premier voltiger un instant sur la fleur, et s’enfuir ensuite sans avoir goûté sa douceur, tandis que la dernière s’attache fortement à elle et en suce le miel. Et de cette manière, son magasin se remplit peu à peu. Il faut étudier soigneusement la Parole et bien enrichir le cœur, avant d’avoir facilement sous la langue le mot approprié à l’occasion. Le Seigneur est tout heureux de trouver dans l’Épouse ce fruit de l’Esprit. « Tes lèvres, mon épouse, distillent des rayons de miel ; le miel et le lait sont sous ta langue, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban ». Les gouttes qui distillent du rayon de miel peuvent suggérer l’idée d’un choix attentif, en contraste avec « la multitude de paroles » dont parlent les Proverbes. Il en est des paroles comme des semences, elles germent et fructifient, que ce soient des paroles piquantes et amères ou de bonnes et salutaires paroles. Si nous semons de l’ivraie, nous ne saurions moissonner du froment ; et si nous semons du froment, nous ne risquerons jamais de moissonner de l’ivraie : « Car ce que l’homme sème, il le moissonnera aussi ». Oh ! puissions-nous distiller toujours des paroles de bonté, de douceur, de débonnaireté, de vérité, de foi, d’espérance et de charité ! Qu’y a-t-il de plus pur que le lait ? Qu’y a-t-il de plus doux que le miel ? Quoi de plus nourrissant que l’un ? Quoi de plus salutaire que l’autre ? Notre bien-aimé Sauveur nous voit et nous reconnaît dans l’Esprit, et non dans la chair, et Il parle ici des fruits précieux de l’Esprit qui Lui sont si agréables. C’est sur Ses propres lèvres que « la grâce est répandue » ; ce sont tous « ses vêtements qui sont parfumés de myrrhe, d’aloès et de casse, quand il sort des palais d’ivoire » ; et Il trouve, à Sa joie suprême, dans Son épouse bien-aimée, la parfaite réponse à ce qu’Il est Lui-même. « Grâce pour grâce » — la grâce répondant à la grâce : cela est infiniment plus doux à Son cœur que toutes les productions de la nature. Lorsque les montagnes et les vallées de Canaan, si embaumées du parfum de toutes les plantes aromatiques et « découlant de lait et de miel », auront disparu pour toujours, la bien-aimée demeurera en la présence du Seigneur, qu’elle réjouira de plus en plus durant toute l’éternité de la vue de sa fraîcheur toujours nouvelle, et de l’odeur toujours plus suave du parfum de son adoration et de son amour.

« Jamais encore n’ont été silencieux dans ton Église les cantiques de louange s’unissant dans un même thème aux concerts angéliques, non plus que les vœux ardents pour plus de sainteté, les pleurs d’une humble confession, et les soupirs après ta venue — après toi-même, ô Seigneur. Mais hélas, quelle faiblesse dans nos accents ! Seigneur, magnifie ta grâce, et donne-nous d’être davantage ce que ta miséricorde nous a faits ! Fais-nous trouver plus de douceur à ta Parole au fond de nos âmes ! — Ouvre nos lèvres, et qu’elle en distille, pour que tous te connaissent, t’aiment et t’adorent ! Sois comme la rosée à ton Israël. Revêts-le de beaux vêtements, pareils aux tiens propres, tellement parfumés du parfum d’en haut, que nul ne puisse s’approcher, sans reconnaître que tes saints ont été avec toi et ont reçu, de tes palais de cèdre, des odeurs particulières à ces hauteurs sacrées ! ».



Versets 12-14. « Ma sœur, mon épouse, tu es un jardin clos, une source close, et une fontaine cachetée. Tes rejetons sont un parc de grenadiers, avec des fruits délicieux de troène avec l’aspic, l’aspic et le safran, la canne odoriférante et le cinnamome, avec tout arbre d’encens ; la myrrhe et l’aloès, avec toutes les principales drogues aromatiques ».

Quelques moments de méditation sur la position et la nature physiques du pays d’Israël nous aideront extrêmement à comprendre ces belles et instructives comparaisons. On dit que la terre promise est située au centre du monde habitable : lieu d’élite d’une grande beauté et d’une grande fertilité naturelles. Il importe aussi d’observer que c’est en vertu d’un arrangement divin, et par suite de circonstances accidentelles qu’a été déterminé le lieu assigné pour pays aux Juifs. Des centaines d’années avant qu’Israël eût une existence nationale quelconque, « le Souverain », en établissant les limites des diverses nations de la terre, réservait cette place centrale pour Son peuple élu.

Le passage qui suit établit avec clarté ce point important. « Quand le Souverain partageait les nations, quand il séparait les enfants des hommes les uns des autres, il établit les bornes des peuples selon le nombre des enfants d’Israël. Car la portion d’Israël, c’est son peuple ; et Jacob est le lot de son héritage » (Deut. 32, 8, 9). On peut recueillir beaucoup de lumière de cette intéressante vérité, relativement à la place qu’occupe Israël dans les pensées et les desseins de Dieu. Ce lieu central a été déjà le théâtre d’événements qui surpassent de beaucoup tous les autres par leur importance et leurs résultats ; et il sera encore le théâtre d’événements que les cieux et la terre attendent et que toute l’Écriture annonce. La prédiction qui n’apparaît qu’en germe en Éden s’épanouira pleinement dans toutes ses gloires, dans la terre promise.

À cause de la chute d’Israël, le pays, comme nous le savons, est maintenant dans un état de désolation. Il ne rappelle rien moins que l’idée d’un centre ; il est foulé sous le pied des Gentils ; mais quoiqu’il ait été longtemps comme un désert et l’ombre de la mort, il ne sera pas toujours ainsi. Le Seigneur du pays est absent, à présent ; il s’en est allé dans le « pays éloigné » ; mais il reviendra, et prendra possession du sien (Luc 19). « La terre est à moi » dit le Seigneur ; et conformément à Son intention première, ce pays deviendra, au temps convenable, le centre de toutes les nations, la gloire de tous les pays, la louange de tous les peuples ; et Sa Jérusalem bien-aimée sera la métropole de toute la terre et le centre de bénédiction pour tous ceux qui y habitent. La bannière royale flottera alors sur ses remparts, comme le signe certain que l’« homme noble » est revenu, que le Roi des nations est là.

Moïse eut le privilège avant de mourir de contempler ce beau pays du sommet de Pisga. L’Éternel Lui-même le montra à Son serviteur Moïse. Quelle grâce ! Quelle condescendance ! Quel honneur accordé à Moïse ! « Je te l’ai fait voir de tes yeux, mais tu n’y entreras point » (Deut. 34). Il lui fut permis, avant de fermer les yeux dans la mort, de considérer la future demeure des rachetés de l’Éternel, de voir ses fertiles vallées, ses belles montagnes et ses plaines bien arrosées partout. Voici dans quels termes, sous la direction du Saint Esprit, il en fait la description. « Car l’Éternel ton Dieu te va faire entrer dans un beau pays, qui est un pays de torrents d’eaux, de fontaines et d’abîmes qui naissent dans les campagnes et dans les montagnes ; un pays de blé, d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers ; un pays d’oliviers qui portent de l’huile, et un pays de miel ; un pays où tu ne mangeras point le pain avec disette, et où rien ne te manquera ; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l’airain » (Deut. 8, 7, 8, 9).

Ne semble-t-il pas que les comparaisons de notre texte sont empruntées aux productions riches et variées de la terre sainte ? L’épouse du Seigneur est ici comparée à un « jardin », à un « parc », à une « fontaine » ; tant elle est remplie de tout ce qui Lui est agréable, de ce qui fructifie pour Lui ; tant sont variées les grâces du Saint Esprit en elle : il y a abondance pour le cœur de son Seigneur. « L’aspic et le safran, la canne odoriférante et le cinnamome, avec tout arbre d’encens, la myrrhe et l’aloès avec toutes les principales drogues aromatiques ». Quelle vérité pour tes méditations, ô mon âme, pèse-la bien ! Considère-la dans ses différentes parties. Le « jardin » peut être renommé pour son exquise collection de fleurs, pour ses arbustes aromatiques, pour toutes ses plantes agréables ; le « verger » pour toute espèce d’arbres portant des fruits précieux, et la « fontaine », ce qui arrose tout l’ensemble de la scène. Toutes les feuilles sont arrosées et humectées de ce qui provient de la vive fontaine des eaux. Quelles vastes et profondes pensées cela devrait nous donner de ce que le peuple de Dieu doit être pour Lui dans ce monde. Ce qu’est le jardin le plus délicieux, comparé au stérile et « hideux désert », les saints du Seigneur devraient l’être comparés aux hommes du monde. Eh bien, ô mon âme, qu’en est-il de toi ? Y a-t-il en toi fraîcheur, croissance, fertilité, dans les choses de Dieu ? Le Seigneur peut-Il venir dans le jardin de ton cœur, et manger ses fruits délicieux ? Il connaît toutes tes pensées et toutes tes voies.

Mais, remarque de plus, que le cœur charmé de l’époux décrit son épouse comme « un jardin clos — une source close — une fontaine cachetée ». Elle est toute pour lui et pour lui seulement. Ses yeux ne s’égarent point après un autre. Elle est parfaitement satisfaite de sa portion, dans son cher bien-aimé. Christ lui suffit. Il est, à ses yeux, un abri parfait — la satisfaction parfaite de tout son cœur. Nul regard pour un autre. Le contentement remplit son âme : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il paît parmi le muguet ». La fleur, le parfum, le fruit, sont pour lui, et rien que pour lui. Son jardin est clos contre tous les autres — le sceau royal est apposé sur la fontaine du roi ; les eaux vives jaillissent pour lui seul. « Sachez que l’Éternel s’est choisi un Bien-aimé » (Ps. 4, 3). Il n’est permis à aucun étranger de toucher à ce qui porte l’empreinte du sceau du roi. « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ; et : que tout homme qui prononce le nom du Seigneur se retire de l’iniquité » (2 Tim. 2, 19). « Mon fils, donne-moi ton cœur », est une demande solennelle. Oh, prête l’oreille, mon âme, à la voix de la sagesse. Quand nous avons satisfait à cette demande, nous ne pouvons plus avoir de cœur pour le monde. Nul homme ne possède deux cœurs ; quoique hélas ! nous semblions quelquefois en avoir deux. Que je veille contre cela. Si Christ possède mon cœur, je ne puis en avoir un pour le monde. Christ ne peut accepter un cœur partagé. Que je dise plutôt, en eussé-je deux, il les aurait tous les deux.

Les expressions « clos », « close », « cachetée » suggèrent avec force la pensée de l’entière et nette séparation du croyant d’avec le monde ; comme une pièce de terre qui a été recouvrée du terrain communal environnant, protégée par une solide clôture bien complantée, bien soignée, et gardée pour l’usage spécial et le plaisir du propriétaire. Quoique dans le monde, le chrétien n’est pas du monde. Ainsi que Christ le déclare Lui-même, « ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ». Il y est comme serviteur de Christ, et devrait apprendre à faire toutes choses pour Lui. « Et quelque chose que vous fassiez en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par Lui à Dieu le Père » (Col. 3, 17). N’importe ce que c’est, depuis la chose la plus petite jusqu’à la plus grande, il doit tout faire comme service pour Christ. Sera-ce là un service pour Christ ? Telle est la question à se poser, et non se demander simplement, quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela ? et alors, faire notre volonté au lieu de celle du Maître.

L’apôtre Paul pouvait dire : « Pour moi vivre, c’est Christ ». C’était comme s’il eut dit : « Pour moi vivre, c’est avoir Christ comme mon motif, Christ comme mon but, Christ comme ma force, et Christ comme ma récompense ». On serait ainsi séparé du monde, et on ferait pourtant dans le monde le meilleur service possible. Lorsque l’œil est tenu fermement attaché sur la personne du Bien-aimé, le cœur continue d’être plein de Lui — la conscience est nette — le jugement sain, et notre service fructueux. Plus nous sommes nous-mêmes tout près de la source, plus sommes-nous sûrs de devenir pour d’autres des canaux de bénédiction ; de même que la source dans le désert, ou le fleuve dans la vallée, qui profite à la contrée environnante. « Si quelqu’un a soif, dit Jésus, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». « Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. (Or, il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en Lui ; car l’Esprit Saint n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié) » (Jean 7, 37, 38, 39).

Le cœur ainsi rempli de Christ par la demeure en lui du Saint Esprit, rendra un témoignage béni à Jésus ressuscité et glorifié. Il devrait couler comme « des fleuves d’eau vive. ». Le croyant est responsable de ce témoignage vis-à-vis de son Seigneur absent. « Celui qui dit qu’il demeure en Lui, doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché » (1 Jean 2, 6). Nous entrons ici sur le terrain de la responsabilité chrétienne. Chrétien, je suis placé sous la responsabilité de marcher en chrétien, non pas, le Seigneur en soit béni ! afin de le devenir, mais parce que je le suis. Quelle grâce ! nous ne sommes pas sous la responsabilité de gagner une place dans la faveur divine : cela, notre Jésus l’a accompli ; mais étant d’ores et déjà, par l’efficace de Son sang précieux, dans la position d’une faveur parfaite, d’une paix, d’une joie, d’une acceptation parfaites, nous devons marcher selon la position dans laquelle la grâce nous a placés. Étant enfant de Dieu je dois marcher comme un enfant de Dieu, et étant serviteur je dois marcher comme un serviteur.

Notre bien-aimé Sauveur, en mourant pour nous, a parfaitement satisfait à notre responsabilité comme hommes — comme enfants du premier Adam ; et maintenant toute notre responsabilité découle de notre relation avec Christ — le dernier Adam, ressuscité et glorifié. « Comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie » (Jean 20, 21). Cette commission, remarquez-le, fut donnée par Jésus ressuscité aux disciples, et non pas seulement aux apôtres ; et nous aurons à Lui rendre compte de cette mission à la fin. Vérité extrêmement solennelle, mais salutaire à connaître et à conserver dans le cœur ! « Chacun de nous rendra compte pour soi-même à Dieu » (Rom. 14, 10-12). Comme nous avons rencontré bien des âmes peu au clair et en perplexité sur ce point, il sera bon peut-être de présenter ici deux ou trois remarques, relativement au tribunal de Christ.

En premier lieu, la personne du croyant ne peut jamais venir en jugement. « Il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24). Il est « justifié de toutes choses ». Christ a été livré pour ses offenses ; et où sont-elles ? Elles ont toutes disparu, et disparu pour toujours. Loué soit Son nom ! Il a été ressuscité pour sa justification ; et qu’en résulte-t-il ? Étant ressuscité avec Lui, le croyant est associé avec un Christ ressuscité, dans sa vie éternelle et son acceptation devant Dieu. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 4 ; 5 ; 8). Le croyant lui-même ne peut donc jamais être mis en jugement. D’ailleurs, quand il comparaîtra devant le tribunal de Christ, il sera dans son corps de gloire ; il sera alors semblable au bien-aimé Sauveur Lui-même, « qui transformera le corps de notre abaissement, afin qu’il soit rendu conforme au corps de sa gloire, selon l’opération de cette puissance, par laquelle il peut même s’assujettir toutes choses » (Phil. 3, 21). Je n’ai pas besoin de dire combien cette glorieuse vérité rejette au loin, bien loin, toute idée de jugement pour ce qui est de la personne du croyant. Il est glorifié avant d’être appelé devant le tribunal, et sait fort bien qu’il est cohéritier avec Christ, et dans une même gloire avec Lui.

Secondement — Les péchés et les iniquités du chrétien ne peuvent jamais être amenés en jugement. Christ a déjà porté leur jugement sur la croix, et les a tous abolis par le sacrifice de Lui-même. Il n’y aura pas un second jugement des péchés du croyant. C’en est complètement et absolument fini de tous les péchés, confessés par nous, et portés par Jésus (Héb. 9 ; 1 Jean 1, 9). « Lequel lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à la justice, et par la meurtrissure duquel vous avez été guéris » (1 Pier. 2, 24). L’œuvre de Christ sur la croix, comme le représentant des siens, a été tellement complète, tellement parfaite, qu’il n’est pas resté la plus petite question à résoudre relativement au péché. Toute question fut close pour toujours, lorsqu’Il s’écria : « C’est accompli ». L’amour divin peut rencontrer le premier des pécheurs, dans toutes les richesses de la grâce de Dieu, sur le fondement de cette œuvre si glorieusement accomplie. Cet amour envers le pécheur, qui fait valoir devant Dieu le nom de Jésus et se confie uniquement en Son sang précieux, est tellement grand, que non seulement tous ses péchés et toutes ses iniquités sont pardonnés, mais même sont dits être oubliés. « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés et de leurs iniquités ; car par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10). L’efficace, la puissance de l’amour, sur tous nos péchés, est telle qu’ils sont effacés du souvenir de Celui qui aime, et ne peuvent jamais venir en jugement.

Troisièmement — Mais quoique ni la personne, ni les péchés et les iniquités du croyant ne soient sujets au jugement du Seigneur en ce jour-là, ses œuvres, comme serviteur du Seigneur, doivent toutes être relevées devant le tribunal de Christ. De là la fidèle parole d’avertissement de l’apôtre : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15, 58). Il s’est arrêté longuement sur la doctrine de la résurrection du corps, maintenant il touche à ce que l’on peut appeler la résurrection des œuvres. « L’œuvre de chacun sera rendue manifeste, car le jour la fera connaître, parce qu’il est révélé en feu ; et le feu éprouvera (et montrera) quelle est l’œuvre de chacun » (1 Cor. 3 ; 4). Mais cette épreuve de la qualité de nos œuvres, ne devrait pas être envisagée comme un sujet d’effroi, mais plutôt comme l’un de nos plus grands privilèges ; car c’est alors que sera accomplie cette précieuse parole : « Alors je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu à fond ».

Dieu est lumière, et Dieu est amour. Il est tout amour — tout lumière pour Ses enfants. Mais Son amour veut qu’ils soient dans la lumière, comme Il est Lui-même. Ce sera la bénédiction parfaite, parce que nous serons alors dans la lumière parfaite de Dieu, aussi bien que dans Son amour parfait. « Dieu est lumière, et il n’y a en Lui nulles ténèbres ». Notre nouvelle, notre divine nature aime la lumière — prend son plaisir en elle. Les ténèbres les plus faibles seraient pour elle un fardeau insupportable. Être dans la lumière, c’est être manifesté, car la lumière rend manifeste. Là, rien ne peut être caché. Et, béni soit le nom du Seigneur, nous ne voudrions pas qu’un seul moment de notre histoire avec Ses voies à notre égard, si tendres, si miséricordieuses, fût laissé dans l’ombre. Le cœur en repousse même la pensée, nonobstant toute notre faiblesse, et notre méchanceté, « car il nous faut tous être manifestés devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5, 10). Quand tout le cours de ma vie sera manifesté dans la parfaite lumière de Dieu — de Dieu en Christ, « alors je connaîtrai à fond, comme aussi j’ai été connu à fond ». Mon jugement de tout ce qu’il y avait de bien et de mal, dans cette vie, sera conforme au parfait jugement de Dieu.

Tout ce qui aura été fait pour Christ, comme fruit de Sa grâce en nous, sera approuvé et récompensé par Lui. Tout ce qui aura été fait simplement dans l’énergie naturelle, ne saurait être reconnu, mais devra maintenant être consumé comme « du bois, du foin, du chaume ». Tout ce qui aura été produit par l’Esprit de Christ en nous, demeurera à toujours, comme « de l’or, de l’argent, des pierres précieuses » (1 Cor. 3, 10-13 ; 4, 1-5). Bien des services accomplis dans un grand esprit de renoncement — sous la croix, pour les motifs les plus excellents, mais avec des moyens que l’Écriture ne sanctionne pas, seront alors analysés avec une exactitude divine. Tout ce qu’Il pourra reconnaître comme bon, sûrement le Seigneur le reconnaîtra et le récompensera abondamment : et bon nombre de saintes pensées du cœur, de pieux desseins qui avaient pour but la gloire du Seigneur, mais qui n’ont jamais été accomplis, seront amenés alors en lumière, et recevront leur pleine récompense. Le plus humble service fait pour Lui sur la terre, ne sera point passé sous silence en ce jour-là. « Car quiconque vous donnera à boire une coupe d’eau en mon nom, parce que vous êtes de Christ, en vérité je vous dis qu’il ne perdra pas sa récompense » (Marc 9, 41). Si A a donné une coupe d’eau froide, et que B en ait donné deux, B aura une récompense double. Il sera aussi manifesté en ce jour ce que c’était qui nous empêchait de faire plus de bien, en considérant la lumière que nous possédions, les occasions favorables qui se présentaient, la grâce qui nous était accordée, et les opérations du Saint Esprit en nous. Néanmoins, chacun possédera la place préparée par Lui de la part du Père. Mais nous ne saurons jamais jusqu’à ce moment-là, combien nous sommes redevables à notre Seigneur et Sauveur bien-aimé. Nous ne saurons qu’alors tout ce qu’Il a été pour nous, et tout ce qu’Il a eu à supporter de notre part. On verra alors, dans la vraie lumière de Sa présence, l’amour de ce cœur qui toujours s’éleva au-dessus de toute notre indignité et se manifesta par sa patiente grâce, dans tout son tendre amour, et dans toute son inépuisable bonté. Et alors aussi on verra ces mille et mille cas dans lesquels nous avons cherché, dans l’orgueil de nos cœurs, à nous complaire à nous-mêmes, à nous exalter nous-mêmes, à nous rendre nous-mêmes quelque chose, au lieu de servir le Seigneur Jésus, de L’exalter, et faire de Lui notre tout en tout.

Nous connaîtrons alors et nous comprendrons dans toute leur perfection bénie la longanimité, la patience, la tendresse d’amour avec lesquelles Jésus nous a ainsi supportés durant tant d’années, et les doux souvenirs d’un amour qui surpasse de si loin tous les autres amours en tendresse, rempliront alors nos âmes de l’admiration la plus parfaite, de la plus fervente adoration, et des transports les plus sublimes de la louange pour toute l’éternité.

Et les nombreuses, les miraculeuses interventions de notre Dieu en notre faveur, et Ses merveilleuses délivrances durant les jours de notre inconversion, ne seront pas non plus ignorées ou oubliées en ce jour-là. Que de fois, lorsque Satan nous avait amenés par ses séductions et par ses mensonges à deux doigts de l’enfer, et qu’il pensait qu’il suffisait d’une autre impulsion pour nous y précipiter, le puissant, le tendre, l’adorable Jésus jeta autour de nous le bras que nous méprisions — nous sauva — et nous emmena avec bonté loin de son bord glissant ! Oh ! avec quels cœurs, débordant de reconnaissance, d’amour et d’adoration, nous nous retirerons de cette scène privilégiée — le tribunal de Christ ! Quelles matières il aura fournies pour les louanges du ciel ! Désormais nous saurons à quoi employer nos harpes d’or, et la source de joie qui nous aura été ouverte là, continuera de couler avec une abondance toujours plus profonde et une fraîcheur toujours nouvelle, à travers toute la longue, la brillante, la bienheureuse éternité.

Il est fait mention dans l’Écriture de deux autres sessions de jugement distinctes, qu’il peut être bon de signaler ici pour prévenir toute confusion : 1° le jugement des nations vivantes « quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire » (Matt. 25, 31-46). Celui-ci a lieu au commencement du millénium ; 2° le jugement des morts devant le « grand trône blanc », quand le ciel et la terre s’enfuient (Apoc. 20, 11-15). Celui-ci a lieu à la fin du millénium, et est tout à fait distinct du jugement des nations vivantes, et du jugement des saints dans le ciel devant le tribunal de Christ. La notion d’un jugement général des justes et des méchants n’est aucunement sanctionnée par l’Écriture.

Maintenant, en ce temps-ci, nous devrions marcher par la foi, dans la lumière de ce jour à venir. Le triple effet de cette vérité sur l’esprit de l’apôtre est digne d’une attention toute particulière de notre part. « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes, mais nous sommes manifestés à Dieu, et j’espère aussi que nous sommes manifestés dans votre conscience » (2 Cor. 5, 11). 1. Connaissant quelle chose terrible ce doit être pour un pécheur de paraître devant Dieu dans ses péchés, et rien que sous sa propre responsabilité, l’apôtre est poussé à prêcher l’évangile avec beaucoup d’ardeur. « Nous persuadons les hommes ». Il cherche à avertir, à convaincre les autres de la pressante et inexprimable importance du salut. Quelle chose redoutable ce doit être pour un incrédule de répondre personnellement du rejet qu’il a fait de Christ et du salut ! Qui est-ce qu’une considération pareille ne pénétrerait pas d’une profonde émotion et ne remplirait pas de ferveur dans la prédication de l’évangile ?

2. L’apôtre était déjà dans la lumière — déjà manifesté à Dieu. « Mais nous sommes manifestés à Dieu ». La pensée du tribunal ne causait pas de terreur à l’apôtre. Elle le poussait seulement à un plus grand zèle pour le salut des autres.

3. Marchant ainsi dans la lumière, l’homme de Dieu — le serviteur de Christ, poursuit son œuvre ; sa conscience, en attendant, réfléchissant la lumière et l’amour de Dieu. Il se recommande lui-même aux consciences de ceux parmi lesquels il travaille. « Et j’espère aussi que nous sommes manifestés à vos consciences ». Oh ! que tels puissent être, ô mon âme, pour toi et pour beaucoup d’autres, les résultats bénis, précieux, et pratiques, de tes méditations sur le tribunal de Christ. Et à cette fin puissions-nous faire l’expérience des diverses opérations du Saint Esprit, signalées par les paroles suivantes du bien-aimé Sauveur.

Verset 16. « Lève-toi, bise, et viens, vent du midi, souffle dans mon jardin, afin que les drogues aromatiques distillent ».

Le mot « vent » est quelquefois employé dans l’Écriture, en rapport avec le Saint Esprit ; et ce que nous présente ce verset, c’est comme si le Seigneur priait en vue des différentes opérations de l’Esprit dans les cœurs de Son peuple bien-aimé. « Souffle dans mon jardin afin que les drogues aromatiques distillent ». Il y a dans sa vigne des drogues aromatiques — « les principales drogues aromatiques », mais il leur faut quelque chose pour distiller. Il vient précisément de se promener dans son jardin, de considérer ses délicieuses plantes et de les appeler par leur nom.

Il connaît bien chaque plante de sa vigne — quand elle a été plantée — quels soins elle a reçus, et quels fruits elle devrait porter. Ce sont tous des plants que sa droite a plantés, « tellement qu’on les appellera les chênes de la justice, et la plante de l’Éternel pour s’y glorifier » (Ps. 80, 15 ; És. 61, 3).

Mais quelquefois, il règne sur toute la plantation un calme de mort qui fait sentir sa pernicieuse influence tant aux vieilles plantes qu’aux jeunes. Les branches balsamiques ne cèdent pas au souffle de l’Esprit, en sorte que le riche parfum n’est point recueilli et emporté sur la brise. « Lève-toi, bise, et viens, vent du midi » ; tel est le cri que pousse maintenant le patient vigneron : « Souffle dans mon jardin ». Un coup violent, pénétrant du vent du nord, ou les douces brises du midi peuvent servir à réveiller, vivifier les saints du Seigneur, à les faire sortir de leur triste état d’indolence. Mais, oh ! la douce pensée ! Celui à qui appartient le jardin et qui connaît parfaitement toutes les plantes qui s’y trouvent, tient en sa main le souffle qui rafraîchit, et le tourbillon qui balaie ; et c’est avec un soin parfait qu’il dispense à toutes ses tendres et précieuses plantes, dans la proportion convenable, le vent du nord et le vent du midi.

« Encore très peu de temps », et elles seront toutes transplantées sous le climat plus bienfaisant du paradis d’en-haut. Là, le vent du nord, si perçant, de l’affliction, du châtiment et de la discipline, ne sera plus nécessaire. Il n’y aura rien dans ces régions sans nuages pour flétrir la feuille, détruire le germe, brûler la fleur, ou étouffer le fruit. Nous avons eu dans ce monde glacé, assez, oh ! bien assez, de cette œuvre si triste, si douloureuse. Viens, viens, salut ! heureux jour, qui nous verra loin du désert où souvent l’épreuve arrive pareille à un coup de vent terrible, comme si elle voulait déraciner la faible plante, et où souvent la souffrance remplit le cœur, et la honte couvre le visage, parce que nous avons été si stériles dans le bien et si féconds dans le mal ! Mais alors, c’en sera fini de tout mal ; il n’y aura plus là de chagrin, plus de vers rongeurs. Plantés, enracinés dans le sol pur du ciel, nous désaltérant sans cesse à la rosée de l’éternel amour, nous fleurirons et porterons du fruit à la joie ineffable du cœur de notre Père — à la gloire de notre Seigneur adoré, par la présence permanente de Dieu le Saint Esprit avec nous.

Fais, Seigneur, que désormais mon cœur s’adonne entièrement à la culture que tu vois être la meilleure ; que mon cœur cède à chaque souffle de ton Esprit, et qu’il y ait dans ma vie des fruits et un parfum de nature à te réjouir. Oh ! que je sois toujours en état de dire : « Que mon bien-aimé vienne en son jardin, et qu’il mange de ses fruits délicieux ». Ces quelques mots sont les seuls qui sortent des lèvres de l’épouse dans cet admirable chapitre. Mais ce sont d’heureuses, de précieuses paroles. « Mon bien-aimé ». Elle est chez elle, et heureuse en présence de l’époux. Il est à elle, lui-même : elle le sait ; elle en jouit. Il est son bien-aimé Seigneur et Sauveur. « Mon bien-aimé ». Mais lorsqu’elle parle du jardin, elle l’appelle « Son jardin » ; et du fruit elle dit : « Ses fruits délicieux ». C’est là le véritable terrain, ainsi que nous lisons ailleurs : « Mon bien-aimé avait une vigne en un coteau d’un lieu gras. Et il l’environna d’une haie, et en ôta les pierres, et la planta de ceps exquis ; il bâtit aussi une tour au milieu d’elle, et y tailla une cuve ». Il dit encore en parlant de ses soins pour cette vigne qui s’est montrée si stérile pour Lui : « C’est moi, l’Éternel, qui la garde ; je l’arroserai de moment en moment, je la garderai nuit et jour afin que personne ne lui fasse du mal » (És. 5 ; 27).

Dans le quinzième chapitre de Jean, le Seigneur parle de Lui-même comme du « vrai cep », des siens comme des « sarments », et de Son Père comme du « cultivateur » — du vigneron. Quel spectacle merveilleux ! Le Père, regardant du ciel, contemple, sur tout le monde habitable, Son propre Fils bien-aimé portant du fruit à Sa gloire, par les nombreux sarments de ce cep exquis ! Quel vaste vignoble ! Ce n’est que par les riches sucs qu’ils tirent de la souche mère que les sarments portent du fruit. Quel délicieux spectacle pour l’œil du Père ! Quel objet de constante sollicitude pour le cœur du Père ! Mais aussi quelle joie, quand Il voit les sarments ainsi vitalement unis avec Son Fils « remplis du fruit de la justice qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1, 11). « En ceci mon Père est glorifié que vous portiez beaucoup de fruit » (Jean 15, 8)[1].



  1. Outre ces réflexions pratiques sur les vents du nord et du midi, remarque aussi, ô mon âme, pour tes méditations ultérieures, la fréquente allusion que font les écrits des prophètes au « roi du nord » et au « roi du midi ». Ces rois, l’un au nord et l’autre au midi de la Palestine, furent souvent mêlés aux événements de la Terre Sainte. Aussi l’Esprit de Dieu nous a-t-Il donné beaucoup d’intéressants détails de leur histoire passée en rapport avec les Juifs (voir Dan. 11). Et touchant l’avenir, Il a écrit, versets 40, 41 : « Et au temps de la fin (vers. angl.) le roi du midi choquera avec lui de ses cornes (avec le roi sans loi, l’Antichrist, qui règne alors dans le pays) ; et le roi de l’aquilon se lèvera contre lui (l’Antichrist) comme une tempête avec des chariots et des gens de cheval, et avec plusieurs navires ; et il (le roi du nord) entrera dans ses terres et les inondera, et passera outre. Et il entrera au pays de noblesse, et plusieurs pays seront ruinés ». Cela, remarque-le, se passera « au temps de la fin », période à laquelle se rapportent surtout les scènes des cantiques, sujet de tes méditations. Un peu auparavant, et la comparaison était empruntée de l’Égypte (chap. 1, 9), puis du désert (3, 6), et maintenant du pays. Alors la longue, ténébreuse, et lugubre nuit de la dispersion d’Israël sera presque finie. Le dernier et puissant roi du nord viendra à sa fin « sur la noble montagne de la sainteté, et personne ne lui donnera du secours ». L’Antichrist et ses alliés seront finalement détruits, Israël pleinement restauré, « et l’Éternel sera seul exalté en ce jour-là ». Jusque-là, quant aux événements extérieurs, nous avons le vent du nord et le vent du midi — l’épreuve et la bénédiction.