Traité:La perfection, où on la trouve et ce qu’elle est

De mipe
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1878

« Avançons vers la perfection »

Dans ces derniers jours, on rencontre, en beaucoup d’âmes, le désir sérieux d’une sainteté croissante ; et, certes, au milieu du déclin où nous sommes, et de la froideur de cœur qui règne, ce désir et cette aspiration du cœur vers la sainteté et la consécration à Dieu doivent être encouragés de toutes les manières possibles selon Dieu. C’est le but que je me propose en présentant quelques pensées sur ce sujet. Puissent ces lignes être en aide aux âmes anxieuses, et ne mettre d’obstacle devant aucune.

Une question s’élève d’abord, et je sais qu’elle pèse sur le cœur de plusieurs. Comment se fait-il qu’un grand nombre de ceux qui professent la sainteté du cœur, ou qui la recherchent sincèrement, ont été si péniblement découragés et désappointés, et que plusieurs, désespérant de parvenir, en ont presque abandonné la poursuite ? N’avez-vous pas entendu plus d’une âme, de celles qui ont professé ou professent la sainteté, demander : D’où vient qu’il y a eu si peu de progrès ? Nous suivons des conférences et des réunions, nous entendons des prédications qui ont pour objet la sainteté, et l’on sent avec douleur que l’on n’avance que peu ou point. Quelle en est la cause ?

J’espère que le Seigneur me donnera de répondre à ces questions. Lui seul peut le faire. Il est de toute importance que nous comprenions bien toutes les parties de l’Écriture qui parlent de ce sujet. Le Seigneur Jésus a dit : « Celui qui a été semé sur la bonne terre, c’est celui qui entend et comprend la parole, qui aussi porte du fruit, et produit l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente » (Matt. 13, 23). Il n’y a donc aucune incertitude quant à ceci : que tout progrès et tout fruit réel proviennent d’une réception convenable et d’une juste intelligence de la Parole de Dieu.

Or y avons-nous été suffisamment attentifs ? Que l’on prenne ces quelques paroles : « Avançons vers l’état d’hommes faits »[2] (Héb. 6, 1). Qui sont les personnes auxquelles elles sont adressées ? Quel était leur point de départ, et quelle est la perfection vers laquelle elles avaient à s’avancer ? On a peut-être employé et cité ce texte comme s’il concernait tous les chrétiens, et comme s’il signifiait, ainsi que plusieurs le disent, que nous devons avancer en crucifiant la chair ou en la mortifiant, soit progressivement, soit tout d’un coup par un acte de foi, de manière à atteindre la pureté intérieure. D’une manière ou d’une autre, la parfaite pureté intérieure est, pour plusieurs, la perfection dont il est parlé ici.

Pour le présent, je laisserai de côté la question de la crucifixion ou de la mortification de la chair, et je m’occuperai des paroles citées plus haut.

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Prenons l’épître aux Hébreux, d’où elles sont tirées, et recherchons avec soin ce qu’elles veulent dire. Une première chose très claire, c’est que toute l’épître a été adressée à des Hébreux ou Juifs qui professaient le christianisme. Souvenons-nous en même temps, qu’il nous est dit des Juifs qui avaient cru à Jérusalem, « qu’ils étaient tous zélés pour la loi » (Act. 21, 20), et, enfin, que d’après notre épître, il y en avait qui étaient « devenus paresseux à écouter ». Car, continue l’apôtre, « lorsque vous devriez être des docteurs, vu le temps, vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu, et vous êtes devenus tels, que vous avez besoin de lait, et non de nourriture solide ; car quiconque use de lait est inexpérimenté dans la parole de la justice, car il est un petit enfant ; mais la nourriture solide est pour les hommes faits » ou parfaits (5, 12-14).

Nous devons faire bien attention à ces paroles, et mettre dans notre esprit que les personnes à qui elles s’adressent spécialement, sont des Juifs qui professaient d’être chrétiens, mais qui étaient encore de petits enfants quant à la pleine doctrine de Christ.

Les divisions ou les sectes ont cette même funeste tendance (ou même une pire), celle de nous faire rester charnels, ou comme de petits enfants : ainsi Paul ne pouvait pas parler aux Corinthiens comme à des hommes faits ou parfaits, mais comme à de petits enfants en Christ (lisez 1 Cor. 2, 6, 7 ; 3, 1-3). Si donc nous voulons bien comprendre le sujet qui nous occupe, nous devons nous incliner devant ces solennels avertissements et les peser dans nos cœurs. Ne s’adressaient-ils qu’aux Juifs croyants qui étaient en grand danger de retourner au judaïsme, ou aux Corinthiens qui s’abandonnaient à un esprit de parti ? La grande masse des chrétiens ne se présente-t-elle pas à nous actuellement comme livrée à toute espèce de divisions ; et n’y a-t-il pas une multitude de ceux qui professent le christianisme qui sont tombés ou tombent dans le judaïsme, en s’attachant à des formes ou à des cérémonies ? Hélas ! ce n’est que trop vrai.

Cette voix : « Avançons vers l’état d’hommes faits », se fait donc entendre pour nous, tout autant que pour ceux des temps passés. Toute l’épître aux Hébreux roule sur ce sujet, savoir d’aller de ce qui n’amène rien à la perfection, vers ce qui rend parfait à perpétuité.

Les voies de Dieu ne sont pas nos voies. Habituellement l’on regarde au-dedans de soi-même pour trouver la perfection, pour voir si l’on y est arrivé. Ce n’est pas ainsi que Dieu, dans cette épître, nous enseigne à procéder. Je conviens que le dessein et l’objet qui y sont poursuivis, c’est d’amener à la perfection ; d’y faire arriver ceux qui ne sont encore que de petits enfants ; mais par quel moyen ? En plaçant d’abord devant nous Celui qui est parfait. Oui, le chemin de Dieu est merveilleusement simple. « La loi n’a rien amené à la perfection », mais toute perfection se trouve en Christ ; Il est parfait, et c’est par Lui que Dieu commence.

Le chapitre 1 fait briller devant nos yeux les gloires du Fils de Dieu. Dans Sa grâce pleine de tendresse, Dieu avait supporté avec patience l’église de Jérusalem. Il savait combien il était difficile aux Juifs d’abandonner tout ce qui était visible. Le temple splendide où ils adoraient encore ; ses sacrifices et son rituel ; l’ancienne sacrificature ; quelle puissance avaient sur eux toutes ces choses ! Et voir le règne de leur Messie différé (Act. 3, 19-21) ; — voir pour un temps toute promesse terrestre mise de côté !

D’autre part, rappelons-nous que le culte de la primitive église était purement spirituel. Il n’y avait pour elle aucun lieu d’adoration sur la terre, point de sacrificateurs distincts du peuple, en somme rien sur quoi l’œil de l’homme naturel pût s’arrêter ; Jésus Lui-même était monté au ciel. De plus, les armées romaines allaient venir détruire entièrement le temple, fouler aux pieds Jérusalem, et, après un carnage épouvantable des Juifs rejetés, disperser le reste parmi toutes les nations. Tout cela était présent aux yeux de Dieu. Ne se montrait-Il donc pas plein de grâce envers les Juifs croyants, en leur envoyant cette épître destinée à les conduire des ombres vers le corps qui est Christ ?

La destruction de Jérusalem était proche ; ils l’ignoraient, mais Dieu le savait. La destruction de Babylone, la grande apostate, est proche aussi ; si les hommes l’ignorent, Dieu le sait (1 Thess. 5, 3 ; Apoc. 17 ; 18), et, dans Son amour pour nous, Il veut nous tirer hors de la chrétienté judaïsante, qui n’amène rien à la perfection, et nous conduire à Celui qui est parfait dans Sa personne, et à l’œuvre parfaite qu’Il a accomplie pour toujours.

C’est à dessein, et pour répondre au but général de cette épître, que l’auteur en est resté caché. Dieu parle, et celui qui écrit s’identifie avec le résidu croyant d’Israël. Dieu, qui avait parlé autrefois par les prophètes, nous parle maintenant ou nous a parlé dans le Fils. Dieu a été manifesté, Dieu a parlé en Lui qui est établi héritier, non seulement de la Palestine, mais de toutes choses. C’est par Lui aussi « qu’il a fait les mondes ». Gloire après gloire passent ainsi devant nos yeux, comme appartenant au Fils ; Il n’a pas été fait, mais Il est « le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance » ; Il soutient « toutes choses par la parole de sa puissance ».

Après cela suit une gloire encore plus merveilleuse du Fils de Dieu : « Ayant fait par lui-même la purification de nos péchés, il s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux ». Dans l’épître aux Éphésiens, l’apôtre nous montre Jésus ressuscité d’entre les morts et élevé dans les lieux célestes au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, comme tête de Son corps qui est l’Assemblée. Mais ici, dans Son droit comme Fils, ayant achevé cette œuvre magnifique — la propitiation des péchés — dans la gloire de Sa propre personne, Il est entré dans les plus hauts cieux, et là, Il s’est assis. De quelle hauteur cela surpassait tout ce que les Juifs pouvaient attendre de plus excellent. Leur Messie est assis, non dans le temple, mais dans le ciel, à la droite de la Majesté, dans les hauts lieux.

Mais, direz-vous, qu’ont à faire ces gloires avec notre perfection, ou avec notre avancement vers la perfection ? — Tout, répondrai-je. Ce n’est pas la voie de l’homme, il est vrai ; — l’homme serait constamment occupé de lui-même — mais Dieu déploie les gloires du Fils, de Celui qui est parfait, et « nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit » (2 Cor. 3, 18).

Que Dieu nous rende capable par Son Esprit de contempler ainsi les gloires de Son Fils qu’Il découvre à nos yeux ! Les Juifs rappelaient avec raison que leurs pères avaient reçu des visites d’anges, ils exaltaient leur ministère, et avaient, pour ces êtres célestes, une grande vénération. Mais quel contraste sublime avec tous les être créés nous présente le Fils ; tous les anges doivent L’adorer ; tout sont Ses serviteurs. Pour Lui, Il est vraiment Dieu : « Ton trône, ô Dieu, demeure aux siècles des siècles », est-il dit. En même temps, Il est vraiment homme : « Tu as aimé la justice et haï l’iniquité ; c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons ».

Quelle grâce merveilleuse que d’être en relation avec cette personne glorieuse, le compagnon de Jéhovah ! Il prend à lui le faible petit troupeau, et, dans Sa résurrection, reconnaît ceux qui le composent comme étant Ses propres compagnons (voyez Jean 20, 17). Humanité parfaite ! Grâce précieuse ! Et c’est une chose si réelle, que les anges, qui sont Ses serviteurs, nous servent aussi, comme nous le lisons à la fin du chapitre 1. Oh ! que cette pensée remplisse nos cœurs ! Tandis que nous accomplissons notre pénible voyage, ces êtres saints, qui font Sa volonté, suivent nos pas, et Sa volonté est qu’ils nous servent.

Dans le chapitre 2, nous trouvons d’abord des avertissements solennels adressés aux Hébreux chrétiens, afin qu’ils ne négligent point un si grand salut. Là, après avoir vu les gloires de Sa personne, nous est présentée l’autorité de la parole du Seigneur Jésus. Elle a été confirmée par les apôtres qui l’avaient entendue, Dieu rendant témoignage avec eux. De nouveau, Jésus est mis en contraste avec les anges ; ce n’est point à eux que le monde à venir est assujetti, mais à Lui, comme Fils de l’homme. Nous ne voyons pas encore toutes choses placées sous Son autorité, « mais nous voyons Jésus ». Contemplez cette vue merveilleuse. Celui qui a souffert la mort, Celui qui a souffert durant Sa vie ici-bas, Le voilà maintenant couronné de gloire, consommé comme chef de notre salut. Et en amenant des fils à la gloire, Il les prend dans l’unité avec Lui-même devant Dieu. « Car, et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d’un ; c’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler ses frères ». Quelle joie pour notre précieux Sauveur de dire : « J’annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges ». « Et encore », Jésus dit : « Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés ».

Et c’est de cette manière qu’Il est introduit comme notre miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur. Il n’a pas ainsi pris les anges pour les amener à Dieu, mais Il a pris la semence d’Abraham. Tout cela est, sans doute, spécialement adressé aux croyants qui sont de la postérité d’Abraham, mais ce n’en est pas moins plein de la plus profonde instruction pour nous dans ces derniers jours.

Vous direz peut-être : « Mais qu’est-ce que tout cela a à faire avec la perfection chrétienne ? C’est totalement différent de tout ce que j’ai lu sur ce sujet ». — C’est possible ; mais cette épître est le traité de Dieu sur la perfection. À la vérité, Ses voies ne sont pas nos voies, ni Ses pensées nos pensées. Nos idées sur la perfection nous conduiraient inévitablement à la tâche ingrate de nous considérer nous-mêmes. Il n’en est pas ainsi de cette épître, et telles ne sont pas les pensées de Dieu. Il nous présente Son Fils dans la gloire, et nous dit : « C’est pourquoi, frères saints participants à l’appel céleste, considérez l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession, Jésus ».

Regardez à vous-même, soyez occupé de vous-même, et vous ne manquerez pas de trouver la maigreur et la pauvreté spirituelles. Comparez-vous avec les autres et la sagesse vous fera défaut. Mais si vous désirez croître en grâce, en sainteté, en conformité avec Christ, considérez Jésus tel que Dieu le place devant nous. Ce qu’il nous faut, c’est une étude plus sérieuse de la Parole, avec plus de prières et plus de soumission à ce qu’elle nous dit.

Ensuite viennent de solennels avertissements contre l’incrédulité, puis, de nouveau, les gloires de notre grand souverain Sacrificateur, qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu. C’est ce qui amène l’Esprit de Dieu à montrer quelle était la condition de ces Hébreux qui professaient être chrétiens. Ils n’avaient pas avancé vers l’état d’hommes faits. Ils n’étaient que de petits enfants quant à la vérité divine, ayant une tendance à retourner aux ordonnances de la loi. Leur condition n’est-elle pas une triste image de celle de la chrétienté de nos jours ?

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Les personnes dont il est question au chapitre 6, sont des Hébreux professant d’être croyants, et l’écrivain s’identifie avec eux. Conservant donc devant ses yeux toutes les gloires et la perfection du Fils de Dieu, il dit : « C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits ». Or l’on n’aurait pu dire cela à ceux qui avaient atteint leur pleine croissance, c’est-à-dire à ceux qui étaient parfaits. Où auraient pu aller, en dehors de Christ, ceux qui avaient pleinement abandonné le judaïsme, ou qui en étaient sortis pour se rendre vers Christ ?

Dans le judaïsme, on répétait sans cesse les mêmes choses, parce que rien n’y était rendu parfait. En Christ, tout est divinement parfait, et, par conséquent, ne peut être répété.

Voilà pourquoi nous lisons : « Ne posant pas de nouveau le fondement de la repentance des œuvres mortes et de la foi en Dieu ». Quand un Juif d’autrefois avait péché, il y avait pour lui la repentance, puis le sang de taureaux et de boucs, et, pour chaque péché, il fallait recommencer. « Combien plus maintenant, le sang de Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant ». La repentance d’un Juif ne l’amenait jamais en la présence de Dieu. Le chemin des lieux saints n’était pas ouvert, de sorte que l’Israélite restait dehors. Telle était la place de l’adorateur avant la mort de Christ. Mais maintenant « il est venu, et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin, et la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient près, car par lui nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit ». « Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair, et ayant un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’eau pure ». N’y a-t-il pas là un contraste frappant ?

Il en est de même de « la foi en Dieu ». Quelque vive que pût être la foi d’un Juif au Messie qui devait venir, quelle différence ne présente-t-elle pas avec ce qu’est maintenant la foi en Dieu, par laquelle nous savons qu’Il a envoyé Son Fils, que nous avons la rédemption par Son sang et le pardon de nos péchés ! Oui, retourner de cette foi en arrière, vers celle qu’un Juif avait avant que Jésus mourût et fût ressuscité, ce serait nier que Jésus est venu en chair.

Soit encore « la doctrine des lavages et de l’imposition des mains » ; ces ablutions du corps dans les cas de lèpre ou de souillures, étaient autrefois ordonnées de Dieu, et sont encore précieuses à considérer comme types et ombres. Voyez un Juif qui avait péché ; il posait sa main sur la tête de la victime et confessait son péché. Cela indiquait l’identification, et le péché était imputé à l’animal offert qui était égorgé, et le Juif était pardonné. En sa place, c’est quelque chose d’un grand prix ; c’était la parole du commencement du Christ. Mais maintenant, depuis Sa mort, seul sacrifice pour les péchés, retourner vers ces offrandes ou ces impositions de mains, serait méconnaître la valeur du sang de Christ, et comme Le fouler aux pieds. Tout cela n’est-il pas très clair ?

Considérons maintenant « la résurrection des morts et le jugement éternel ». C’est un point important de la vérité. D’après l’historien Josèphe, comme aussi d’après les paroles de Marthe (Jean 11, 24) : « Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection au dernier jour », la doctrine tenue par tous les Juifs, à cette époque, était que tous les hommes devaient mourir, qu’il y aurait une résurrection générale et simultanée de tous les morts, que tous seraient amenés devant le trône de Dieu, pour y être jugés selon leurs œuvres, et que la sentence de jugement serait éternelle. Cette doctrine est aussi celle des mahométans, et des églises romaine, grecque et protestante. Mais ce n’est pas la vérité complète ; ce n’est que le commencement. La mort est une réalité, tout comme la résurrection des morts. Ce sont des faits ; et, quand on les compare aux enseignements de la philosophie humaine, ce sont de grandes vérités. Mais la vérité parfaite ou complète, c’est la résurrection d’entre les morts. « Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois — et, après cela, le jugement, ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent ». Plusieurs autres passages confirment ce fait. Il s’écoulera au moins mille ans entre la première et la seconde résurrection (Apoc. 20).

Et quant au jugement, la vérité fondamentale qui s’y trouve impliquée est de toute importance. Si tous doivent venir en jugement, tous seront condamnés, car tous sont coupables. De là découle l’immense valeur de la pleine et parfaite vérité sur ce point. Si j’ai à paraître devant Dieu pour être jugé, je suis perdu. Mais Christ a été offert pour porter mes péchés. Il a été jugé sur la croix comme mon substitut. Mes péchés, tous mes péchés ont été mis sur Lui. Voilà précisément ce qui fait la différence. Mon substitut, celui qui a pris mes péchés sur Lui, a subi le jugement sur la croix, et pour moi je ne viendrai pas en jugement ; mais pour ceux qui rejettent Christ, ils seront jugés devant le grand trône blanc. Comprenez-vous bien cela, mon cher lecteur ? Il faut nécessairement qu’il y ait un jugement du péché. Ce jugement doit avoir eu lieu dans le passé, ou bien ce sera dans l’avenir. Grâces à Dieu, ce ne peut être l’un et l’autre. Où en êtes-vous à cet égard ? « Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (Jean, 5, 24). Telles sont, pour le croyant, les trois divines certitudes affirmées par la bouche du Sauveur.

Ainsi la doctrine qui enseigne que tous les hommes doivent mourir, celle de la résurrection des morts et d’un jugement général à venir, sont les rudiments de la vérité, mais non la pleine vérité chrétienne. Christ venant pour ceux qui L’attendent (sans péché, à salut, ayant porté leurs péchés), au moins mille ans avant le jugement devant le grand trône blanc, voilà la vérité complète ; en d’autres termes, voilà la perfection. C’est cette espérance bénie qu’attendaient tous les croyants, avant que l’église professante ne retournât au judaïsme.

Relativement à ce sujet, cher lecteur, « avançons vers l’état d’hommes faits » ; et veuille le Seigneur vous donner, par Son Esprit, de comprendre Sa pensée renfermée dans les passages suivants : Jean 14, 1-3 ; Romains 8, 23 ; 1 Corinthiens 1, 7, 8 ; 15, 21, 23, 51, 52 ; Philippiens 3, 20, 21 ; Colossiens 3, 4 ; 1 Thessaloniciens 1, 10 ; 2, 19 ; 3, 13 ; 4, 13-18 ; 5, 23 ; 2 Thessaloniciens 2, 1 ; Tite 2, 12, 13 ; Apocalypse 20, 5-12.

Or ce merveilleux privilège, d’être ressuscité d’entre les morts à la venue de Christ, ou changé si l’on est vivant à ce moment, et d’être en un moment fait semblable à Lui, en contraste avec le reste des hommes qui sont laissés dans leurs sépulcres durant mille ans, et qui ne ressusciteront que pour le jugement, ce privilège montre le prix infini de l’expiation appliquée à ceux qui croient en Christ. Ainsi, retourner à la doctrine d’une résurrection générale des morts, et à un jugement universel, c’est, par ignorance sans doute, déprécier ou rabaisser la valeur de la mort de Christ.

N’allez pas penser que l’Écriture soit en contradiction avec elle-même. Jamais cela n’arrive. « Je pensais », pourra dire quelqu’un, « que certainement Matthieu 25, 31-46, enseignait la résurrection générale de tous les morts ; et que tous, brebis et boucs, seraient ensuite devant le trône du jugement ». Avec quelle négligence ne lisons-nous pas trop souvent l’Écriture ! Je ne puis vous dire à quel point moi-même je fus surpris lorsque je m’aperçus, non seulement que ce passage solennel ne parle pas de tous les morts comme présents à ce jugement, mais qu’il n’y est pas du tout question de morts. Ce sont les nations des vivants sur cette terre, qui, lorsque Jésus viendra pour régner, seront traitées selon la manière dont elles auront reçu le témoignage du résidu juif, et dont elles en auront usé envers lui.

— Mais ne serons-nous pas manifestés devant le tribunal (ϐῆμα) du Christ, et récompensés selon notre travail et notre service ?

— Ah ! certes ; et c’est une bien précieuse vérité ; mais est-ce la même chose que d’être jugés pour nos péchés ? Assurément non. Sondons les Écritures, en laissant de côté tous les obstacles qui nous empêchent d’avancer vers la perfection. Les chrétiens ne se figurent pas à quel point ils sont retournés en arrière, ou plutôt, combien peu ils sont allés en avant vers la perfection.

Ne perdons pas de vue que plusieurs de ceux dont parle l’épître, et qui professaient le christianisme, étaient en grand danger de retomber dans le judaïsme. La classe de personnes dont il est question, comme ayant été « une fois éclairés, et qui ont goûté du don céleste, et qui sont devenus participants de l’Esprit Saint, et qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les miracles du siècle à venir », sont ceux que le Seigneur décrit comme « celui qui entend la parole, et qui la reçoit aussitôt avec joie, mais il n’a pas de racine en lui-même » (Matt. 13, 20). Considérons en tremblant jusqu’où l’on peut aller, et se tromper cependant soi-même. Telle était la lumière et la saveur de Christ comme don céleste, telle était la puissance du Saint Esprit et l’autorité de la Parole de Dieu, si proche aussi apparaissait le monde à venir à l’église primitive, qu’il n’était pas possible qu’une personne quittât le judaïsme, et prît place, ne fût-ce que comme professant, dans une telle scène, sans subir extérieurement un immense changement. En même temps, il y avait une grande joie. Mais, quand arrivait le temps de l’épreuve, s’il n’y avait pas de racine, il ne pouvait pas y avoir de fruit.

Abandonner Christ et retourner au judaïsme, c’était Le crucifier de nouveau. Un homme qui aurait ainsi apostasié pour être réintégré dans la synagogue, aurait dû renier et maudire Christ. C’est là ce qui fait la force de l’argument. Il ne fallait pas que l’on se fît d’illusion à cet égard. Autrefois, sous la loi, il y avait un renouvellement à la repentance ; mais, maintenant, c’était impossible. Le rituel mosaïque était mis de côté et allait être entièrement détruit. Sans doute le Juif renégat aurait encore voulu présenter son offrande pour le péché, et imposer les mains sur la victime afin d’être renouvelé ; mais c’était impossible. Terrible situation ! Il exposait le Fils de Dieu à l’opprobre.

L’erreur fatale dans laquelle plusieurs sont tombés, a été d’appliquer cela à un chrétien, en disant que s’il tombait dans le péché, il serait impossible qu’il fût renouvelé à la repentance. Ce serait donc pire que pour un ancien Juif, car, pour lui, il y avait repentance et restauration. Or nous savons avec certitude, grâces à Dieu, que « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité ».

Tout devient clair, si nous comprenons qu’il s’agit ici de ceux qui abandonnent Christ pour retourner au judaïsme. Des vrais chrétiens, il est dit : « Mais nous sommes persuadés, en ce qui vous concerne, bien-aimés, de choses meilleures, et qui tiennent au salut, quoique nous parlions ainsi ».

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Il est grand temps maintenant de nous occuper de la perfection, mais je ne vois pas que nous eussions pu le faire avant que tous ces points ne fussent éclaircis ; et comme nous avons ici l’épître de Dieu sur la perfection, nous ne saurions mieux faire que de suivre l’ordre que Dieu y a suivi Lui-même.

Parlons donc d’abord de la sacrificature.

Le principe d’une sacrificature humaine a été mis à l’épreuve en Israël durant quinze cents ans. Il y avait alors une sacrificature établie, séparée du peuple, consacrée au service et au culte de Dieu. Tous les peuples sont là pour témoigner que c’est un principe estimé de l’homme. En effet, il est digne de remarque que ce principe, quelquefois compris sous le nom de clergé et de laïcité, a été admis par toutes les religions idolâtres sur la terre. Les grossiers Bretons, comme les Grecs raffinés ; les Égyptiens, d’une antiquité si reculée, aussi bien que les Chaldéens, tous ont eu leurs prêtres. Mais en Israël, « nul ne s’arroge cet honneur ; mais seulement s’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron ». Ainsi la sacrificature juive n’avait pas seulement pour elle l’antiquité, mais aussi l’autorité divine.

Tout cela est pleinement admis dans notre épître. La perfection n’existait-elle donc pas dans cette sacrificature établie ? Non, car si « la perfection était par la sacrificature lévitique (car c’est en relation avec elle que le peuple a reçu sa loi), quel besoin était-il encore qu’un autre sacrificateur se levât selon l’ordre de Melchisédec ? ». « La sacrificature » dont « étant changée, il y a aussi par nécessité un changement de loi » ; « car la loi n’a rien amené à la perfection ».

Pensez maintenant à l’immense changement dont il est parlé ici. Le splendide et solennel service de la sacrificature, le système même tout entier et le ministère de la loi sont mis de côté, parce qu’ils n’amènent rien à la perfection. Le Juif avait le temple, la sacrificature, la loi et son magnifique rituel ; qu’avait le chrétien ? De temple matériel sur la terre, aucun, si ce n’est son corps, et l’ensemble des chrétiens, car il est dit : « Et vous êtes ce temple ». Avait-il une sacrificature ? Point du tout ; même si Christ était sur la terre, Il ne serait pas sacrificateur. Y avait-il au moins un service rituel ? Pas davantage ; le chrétien doit se garder de retourner vers ces misérables éléments. Si le Juif avait tout ce sur quoi l’œil de l’homme peut se reposer avec plaisir, qu’a donc le chrétien ? Sachons, cher lecteur, le voir et l’apprécier. Il a ceci : « Or la somme de ce que nous disons, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur qui s’est assis à la droite du trône de la majesté dans les cieux ».

Laissez-moi vous donner un exemple très simple. Le matin s’est levé brillant de clarté, et toutes les lumières qui, durant la nuit, éclairaient la ville, ont été éteintes. Pourquoi ? C’est que, quelque utiles qu’elles fussent dans l’obscurité, elles sont de nul usage, quand le soleil brille aux cieux. La sacrificature lévitique était, comme les lumières, utile quand régnait encore la nuit ; mais maintenant la vraie lumière s’est levée et resplendit d’un éclat plus vif que le soleil de midi.

Cet unique et grand souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, sacrificateur et roi, avait été clairement annoncé dans les Psaumes et dans les prophètes. Et cependant — chose triste à dire, mais très réelle — maintenant qu’Il a paru, on veut encore, dans l’église professante, une sacrificature à part, un clergé. La masse de la chrétienté, au lieu d’avancer vers la perfection, est retournée en arrière vers l’obscurité et les ombres du judaïsme.

Allumer les luminaires d’une ville en plein soleil, c’est dire que le soleil ne suffit pas. Établir sur la terre une sacrificature humaine, c’est nier la pleine suffisance de Christ, notre seul grand souverain sacrificateur assis à la droite de la majesté dans les cieux. Que le soleil se lève, et toute autre lumière s’efface devant lui ; que Christ ait devant l’âme la place qui Lui appartient, et toute sacrificature autre que la sienne s’évanouira comme une nuée légère. Il a la sacrificature intransmissible ; Il peut sauver jusqu’à l’achèvement ceux qui s’approchent de Dieu par Lui. Ayant aimé les siens, Il les aime jusqu’à la fin. Il ne manque jamais à laver nos pieds, à restaurer nos âmes. Vraiment Dieu et vraiment homme, Il unit la puissance infinie à la plus tendre sympathie. Or, chers lecteurs, je vous y engage encore, étudiez, dans cette épître où elle nous est révélée, la souveraine sacrificature de Christ, et ainsi avancez, car en Lui vous trouvez la perfection.

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Le second point relativement à la perfection, c’est l’accès auprès de Dieu. En Hébreux 9, 1-7, nous avons la description du premier tabernacle et du service qui s’y accomplissait ; puis nous lisons : « L’Esprit Saint indiquant ceci : le chemin des lieux saints n’a pas encore été manifesté, tandis que le premier tabernacle a encore sa place », et encore, que tout ce service et les sacrifices « ne peuvent pas rendre parfaits quant à la conscience ». Nous parlerons plus particulièrement de la conscience quand nous en viendrons au chapitre 10 ; maintenant occupons-nous de l’accès auprès de Dieu. La loi et la sacrificature ne pouvaient pas amener en la présence de Dieu celui qui rendait culte. Elles manquaient en cela, ne pouvant rien achever, ni rendre parfait. Mais nous, c’est-à-dire tous les croyants, nous avons « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus ». C’est là la perfection. Je ne puis pas dire à un chrétien bien enseigné, relativement à l’accès près de Dieu : « Avançons ». Il est là, il sait que c’est la place de tout enfant de Dieu par le sang de Jésus, en contraste avec le Juif sous la loi, qui ne pouvait jamais entrer. La sacrificature était impuissante pour l’y introduire. Mais Christ possède la perfection ; en Lui nous l’avons trouvée. Dans les lieux saints, dont Il nous a ouvert l’accès, il n’y a point de distinction entre sacrificateurs et peuple, entre clergé et laïcité. Comment pourrait-il y en avoir, puisqu’ils sont introduits tous ensemble de la même manière, comme adorateurs purifiés ? Le vrai principe du clergé est : « Je suis dedans, et tu es dehors » ; ou encore : « Je suis près de Dieu, et toi, tu en es loin ; si loin que je dois être ton interprète auprès de Dieu, et l’interprète de Dieu auprès de toi ». C’est là un mal terrible introduit dans la chrétienté. Si tout croyant a, par le sang de Jésus, la pleine liberté d’entrer dans les lieux saints, et que, cependant, une prétendue sacrificature ou un clergé établi dise ou fasse entendre aux laïques : Je suis plus près de Dieu que vous — que faut-il en conclure ? C’est, ou bien qu’il ne croit pas à la valeur du sang de Jésus, ou qu’il croit à quelque chose qui a une plus grande valeur, et qui l’amène plus près de Dieu que le simple croyant qui a seulement le sang de Jésus.

On emploie souvent des expressions telles que celle d’ecclésiastiques, etc., pour désigner des hommes qui remplissent certaines fonctions religieuses. Je n’y ferais pas grande opposition si, par là, on entendait simplement des serviteurs de Christ qui annoncent l’évangile ou qui distribuent aux brebis de Christ la Parole de Dieu. Mais n’est-il pas infiniment préférable de ne pas se servir d’expressions qui font naître la pensée d’une distinction non scripturaire et dangereuse entre un clergé et des laïques ? Ne vaut-il pas mieux se servir des désignations employées par l’Écriture, telles que celles d’évangélistes, pasteurs, etc. ? Et encore, en le faisant, prenons garde de ne pas attribuer ces désignations arbitrairement à certains hommes établis par d’autres hommes, et formant ainsi une véritable classe à part, un clergé, comme d’ailleurs on les nomme habituellement, tant la chose est entrée dans l’esprit de la chrétienté.

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Le troisième point que nous avons à remarquer, est la perfection quant à la rédemption.

Le chrétien peut dire : « Nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés ». Fait béni ! Qui en dira la valeur ? De quoi pouvait se prévaloir à cet égard un Juif d’autrefois ? Il avait été racheté de la servitude d’Égypte, c’est vrai ; mais où en était-il quant aux péchés ? Le plus qu’il pouvait dire, c’est que les péchés de la nation pour toute l’année avaient été confessés sur la tête du bouc azazel, au jour des expiations. Le bouc était ensuite envoyé au loin, et ne revenait plus. Le sang de l’expiation avait été versé, et l’aspersion en avait été faite sur le propitiatoire. Mais, quelque précieux que ce fût comme préfigurant ce qui viendrait, cela ne pouvait donner au Juif une complète rédemption. Il pouvait dire : J’ai la rédemption pour un an, mais était-ce quelque chose de parfait ? Si vous donnez cent francs pour racheter un pauvre esclave pendant une année, sera-ce un rachat parfait ? Cela ne pourrait que lui faire sentir davantage la misère de sa condition quand il lui faudrait retourner à son dur esclavage. Non ; pour lui donner une parfaite délivrance, il ne suffit pas d’une rançon incomplète, il faut payer une somme qui le libère pour toujours. Or il est écrit de notre précieux Sauveur que, « avec son propre sang, il est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle ».

Il ne nous rachète pas pour un temps limité, cela ne serait point une œuvre parfaite. Souvenez-vous, mon cher lecteur, que si vous avez la rédemption, elle doit être, et elle est, une rédemption éternelle. Qu’il est petit le nombre de ceux qui saisissent ce fait d’un si grand prix ! Combien peu le croient ! Possédez-vous pour vous-même cette rédemption éternelle par le sang de Jésus, infinie en valeur ? Comment pourrait-elle être moindre qu’éternelle dans son efficacité ? C’est la valeur du sang de Christ devant Dieu, pour tous ceux qui sont lavés, rachetés sur la terre et dans le ciel ; et cette valeur demeure toujours la même. Est-elle pour votre âme ce qu’elle est pour Dieu ?

Je puis vous dire, à vous qui ne lui avez encore jamais donné cette place, à vous tous qui parlez de messes ou sacrifices souvent renouvelés pour les péchés ; et à vous tous aussi qui parlez de nouvelles applications du sang de Christ ; — je puis vous dire que si réellement vous avez la rédemption, elle est éternelle. L’exemple dont je me servais plus haut, peut servir à vous le montrer. Si le rachat de l’esclave n’est pas parfait, complet et pour toujours, s’il est seulement pour un, deux, ou même dix ans, il faudra de nouveau payer pour un rachat subséquent. Mais si la rançon est entière, il n’y a plus rien à payer ; il est parfaitement libre. Or si, à cet égard, vous n’avez pas avancé vers l’état d’hommes faits, si vous n’avez pas saisi, selon la Parole de Dieu, que le sang de Jésus a été offert une fois pour toutes pour une rédemption éternelle, alors il est certain que, n’ayant sur la rédemption que des vues et une connaissance imparfaites, vous serez mal à l’aise, inquiets dans votre conscience, et vous voudrez avoir recours à de nouvelles applications du sang de Christ. Or l’Écriture ne dit rien de semblable.

Mais, direz-vous, plusieurs de ceux qui professent la sainteté, parlent comme s’ils avaient constamment besoin d’une nouvelle application du sang de Jésus. — Eh bien ! cela prouve simplement que ces personnes ne sont pas arrivées à l’état d’hommes faits pour ce qui concerne la rédemption. Car elles devraient savoir, avec tous les chers enfants de Dieu, que chaque chrétien a une rédemption éternelle en Christ ; or une rédemption éternelle est une rédemption parfaite ; il n’y a rien à ajouter ni à renouveler. Ainsi il faut avancer jusqu’à ce que vous ayez saisi cette perfection de Christ.

Le quatrième point sur lequel je veux appeler votre attention est la perfection quant à la conscience. Il nous est enseigné très clairement que la loi ne pouvait jamais donner cette perfection. « Car la loi, ayant l’ombre des biens à venir, non l’image même des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices que l’on offre continuellement chaque année, rendre parfaits ceux qui s’approchent. Autrement, n’eussent-ils pas cessé d’être offerts ? » (Héb. 10, 1, 2).

Pesez chaque expression de ce chapitre. Le sang de taureaux et de boucs ne peut absolument pas ôter les péchés. Alors nous entendons le Fils éternel, dans les conseils du passé, s’engageant à venir et à accomplir, coûte que coûte, cette œuvre immense, impossible à tout autre. « Voici », dit-Il, « je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Ces paroles sont deux fois répétées. « Il ôte le premier » (la loi qui n’amène rien à la perfection), « afin d’établir le second ; c’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes ».

C’est une merveilleuse profondeur. Quelle parfaite consécration, quelle séparation pour Dieu ! Mais ce n’est point par un acte de nous-mêmes que nous sommes ainsi sanctifiés. C’est Lui qui a parlé, c’est Lui qui a accompli. « Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Oh ! puisse cette offrande unique du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes, avoir sa vraie place devant votre âme. Remarquez bien que tous nos péchés — je parle à ceux qui sont sauvés — tous nos péchés ont été mis sur Lui, et qu’alors tous nos péchés étaient futurs. Aucun sacrifice n’aurait pu répondre aux besoins de notre conscience, parce qu’aucun n’aurait pu satisfaire aux exigences de Dieu. Les offrandes d’autrefois ne pouvaient ôter le péché. « Mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour le péché, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu ». Y eût-il jamais une gloire semblable à celle-là ? Eh bien ! l’efficace du sacrifice dure pour nous autant que la gloire pour Lui. « Car, par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés ». Croyez-vous cela ? Pouvons-nous aller au-delà ? Peut-il y avoir une perfection plus grande que celle-ci : « parfaits à perpétuité » ? Ce qui est infini n’a pas besoin d’être répété, et ne peut pas l’être. Un acte d’un prix infini, l’offrande du corps de Jésus faite une fois pour toutes, rend parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés.

Si donc nous avons atteint cette perfection par une seule offrande, alors, adorateurs purifiés une fois pour toutes, nous n’avons plus aucune conscience de péchés. On peut encore avoir conscience d’un péché commis ou d’un manquement, et il y aura alors certainement repentance et confession à Dieu, ce qui est la voie de Dieu pour rétablir dans l’âme la communion avec Dieu, laquelle a été interrompue. C’est le lavage d’eau par la Parole. Mais, quant à la conscience, tous les péchés ont été portés par Jésus, et ont été jugés ; ainsi ils ont été ôtés, et ne peuvent plus être rappelés. « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés, ni de leurs iniquités ». Dieu l’a déclaré, et il y a deux témoins de cette vérité : le Fils de Dieu, qui, ayant achevé Son œuvre, est assis à la droite de Dieu, et le Saint Esprit, qui est aussi un témoin pour nous. Puisse Dieu nous accorder d’apprécier plus hautement cette perfection que nous avons en Christ : « Parfait à perpétuité » ! Nul qui comprend réellement la portée de ces paroles, ne peut parler de nouvelles applications du sang de Christ, ou de sacrifices réitérés pour les péchés. Tout cela est mis de côté ; ce qui subsiste seul, c’est l’unique sacrifice et la perfection à perpétuité. « Or là où il y a rémission de ces choses (péchés et iniquités), il n’y a plus d’offrande pour le péché ». Oh ! prenons notre heureuse place au-dedans du voile, « ayant, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus ».

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Une chose sur laquelle il est bon d’insister, c’est que dans tout ce qui a passé devant nous, il n’est parlé de quoi que ce soit que nous ayons à acquérir. Ce qui nous a été présenté, c’est la perfection qui appartient à tout enfant de Dieu. Il peut n’être qu’un tout petit enfant et ignorer ces choses, mais cela n’importe, elles existent, c’est la réalité, elles lui appartiennent. Nous voyons, en effet, que cet enseignement est adressé à ceux qui n’étaient que de petits enfants, et qu’il leur fut écrit pour les conduire à la perfection. Remarquez de plus que cette perfection n’est pas en eux, mais dans le Christ Jésus.

— Vous doutiez-vous, mon cher lecteur, qu’il y eût, dans cette épître, tant de choses sur la perfection ?

— Non, diront plusieurs, nous ignorions même qu’il en fût question le moins du monde.

— Eh bien ! voyez-vous maintenant que la perfection en Christ est mise en contraste direct avec la loi, qui n’amène rien à la perfection ? La sacrificature humaine n’a non plus rien amené à la perfection, mais notre grand souverain Sacrificateur a achevé parfaitement l’œuvre de l’expiation, et, maintenant, ayant été consommé, Il est assis à la droite de la majesté dans les cieux, pouvant sauver entièrement — et Il le fera — tous ceux qui s’approchent de Dieu par Lui.

Sous la loi, le voile cachait Dieu à l’homme ; maintenant le voile est déchiré, et la seule vraie place de tout enfant de Dieu est au-dedans et non au-dehors du voile.

Et quant à la rédemption, il était impossible que la mort de Jésus, d’une valeur infinie, n’obtînt qu’une rédemption du péché imparfaite et d’une durée limitée ; elle doit être et elle est une rédemption parfaite et éternelle. Don précieux et inestimable ! Ô mon âme, bénis le Seigneur !

Et, comme nous l’avons vu, quant à la conscience, les sacrifices de la loi ne pouvaient jamais rendre parfaits ceux qui s’approchaient ; mais la seule offrande du corps de Jésus Christ, par laquelle nous sommes sanctifiés, rend parfaits à perpétuité. La grâce s’élève ainsi bien au-dessus de toute pensée humaine. Mais cette vérité ne peut être reçue que par la foi, qui s’incline avec soumission devant la Parole de Dieu.

Peut-être dites-vous : « Tout cela est bien, mais si, dans un moment de tentation, je viens à tomber et pécher, ne perdrai-je pas à la fois toute cette perfection que j’ai en Christ ? ». — Voilà précisément où la loi manquait : il fallait constamment une répétition de sacrifices. Il n’en est pas ainsi du sacrifice de Christ offert une fois pour toutes. Dans tout l’ensemble des vérités chrétiennes, il n’y en a point qui, plus que ceci, soit pour l’âme une pierre de touche, pour montrer si l’on est sur un terrain juif ou chrétien. Si je demande une nouvelle aspersion du sang, je suis sur le terrain juif, et non sur celui de la perfection à perpétuité par l’unique offrande du corps de Christ. Tous ceux qui, par des messes ou la répétition de l’aspersion du sang, cherchent quelque soulagement pour leur âme, rabaissent la mort du Fils de Dieu au niveau des sacrifices de taureaux et de boucs.

« Mais », direz-vous encore, « que faire des péchés du croyant ? ».

— Voilà justement le nœud de la question. Tout a été fait sur la croix.

— Quoi, mes péchés à venir ?

— Je ne dois jamais parler ni penser, comme si je devais commettre des péchés à l’avenir.

— C’est vrai ; mais si je viens à pécher, n’est-ce pas quant à maintenant un péché futur ?

— Oui, mais, sous ce rapport, ne voyez-vous pas que tous nos péchés étaient futurs quand Christ est mort sur la croix pour les expier ? Est-Il mort pour quelques-uns de nos péchés seulement ou pour tous ? Il a été avant tout notre substitut pour tous nos péchés, qui, sans exception, étaient futurs. Tout, quant à nos péchés, a été réglé dans la glorieuse personne de Celui qui a pris notre place, Jésus Christ, le Fils de Dieu, et si parfaitement réglé, que, pour ce qui concerne la conscience, nous sommes parfaits à perpétuité. Ce précieux sang, versé une fois pour toutes, nous purifie de tout péché. Et si vous marchez dans la lumière, vous le savez. Oh ! combien peu d’âmes donnent à ce sacrifice la place qui lui appartient. Béni soit Dieu de ce que devant Lui, il a sa vraie valeur. Dieu voit le sang et dit : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités. Or là où il y a rémission de ces choses, il n’y a plus d’offrande pour le péché ». S’il n’en était pas ainsi, si tous nos péchés n’avaient pas été mis sur Lui, alors Il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde.

Vous direz encore : « Mais si le croyant a péché, le Saint Esprit n’est-Il pas attristé ? Le croyant n’éprouve-t-il pas de la détresse d’âme et une interruption dans sa communion avec Dieu ? Que doit-il faire, dans ce cas, s’il ne peut recourir à une nouvelle application du sang de Christ ? ».

— Qu’il aille à Dieu son Père faire confession de son péché ; c’est le seul moyen de recevoir le pardon. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute iniquité ». Pour celui qui, ayant abandonné le judaïsme, avait pris sa place dans le christianisme en professant croire en Jésus Christ offert une fois pour toutes, s’il venait à commettre le terrible péché volontaire de retourner aux divers sacrifices pour le péché prescrits par la loi, il trouvait que de tels sacrifices n’existaient plus, et que, sur ce fondement, il n’y avait plus de miséricorde, mais une certaine attente terrible de jugement. Lisez les solennels avertissements qui se trouvent à la fin du chapitre 10.

Si tout cela est vrai, comme il l’est, combien n’est-il pas important d’avoir foi, une foi inébranlable, dans l’efficacité permanente de cet unique sacrifice pour les péchés, offert une fois pour toutes. Il est certain qu’il l’a été, et n’est-ce pas pour nous encourager à saisir par la foi, sans hésiter, ces précieuses réalités, que le Saint Esprit amène maintenant devant nous la nuée de témoins qui ont cru Dieu (lisez le chap. 11) ?

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Que trouvons-nous maintenant dans le chapitre 12 ? C’est la course. La course par laquelle les hommes commencent leurs livres sur la perfection, Dieu la place à la fin du sien. N’est-ce pas frappant ?

Dans tous les ouvrages que j’ai lus sur ce sujet, j’ai trouvé la course d’abord ; tantôt plus longue, tantôt plus courte, mais toujours en premier lieu. La perfection est à la fin de la course ; elle en est le but. Remarquez maintenant le contraste. Dans cette épître, il y a dix chapitres destinés à dérouler devant nous les perfections de Christ, et à nous faire voir comment, par Son œuvre, nous sommes rendus parfaits à perpétuité ; puis vient un chapitre qui nous montre l’immense importance de saisir ces choses par la foi ; ensuite seulement nous arrivons à la course pratique. La méthode de Dieu est la seule bonne ; toutes les autres sont fautives. Si donc jusqu’à présent vous avez couru après la sainteté dans un mauvais chemin, en lui tournant le dos, vous étonnerez-vous d’avoir été désappointés ?

Mais venons-en à la course. Elle doit être courue avec patience. On n’arrive pas au bout tout d’un coup, d’un seul bond, par un seul acte de foi. Israël n’a pas franchi d’un saut le chemin d’Égypte en Canaan. Non ; il ne faut pas, faites-y attention, porter les yeux l’un sur l’autre, ni sur vous-même, mais les fixer sur Jésus. — Oh ! quelle a été Sa patience ! Combien n’a-t-Il pas enduré ! Considérez-Le. Détournez vos regards de toute autre chose ; contemplez Jésus. Je vois des personnes professant la sainteté, s’attacher à toutes sortes de systèmes humains où le mal règne. Elles ne les mettent pas de côté ; elles n’en sortent pas ; il n’y a pas de séparation d’avec l’iniquité. Ah ! ce n’est point là la course. Pensez-y sérieusement. « Que quiconque prononce le nom du Seigneur se retire de l’iniquité ». Sans doute le sentier où l’on suit Christ est étroit et bordé d’épines, mais son éclat va en augmentant jusqu’à ce que le jour soit dans sa perfection. « Considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes ».

— Il y a une chose sur laquelle je ne suis pas au clair, dira mon lecteur, et, avant d’aller plus loin, je désire vous la dire.

— Quelle est-elle ?

— Eh bien, si Dieu nous reçoit ainsi au-dedans du voile, comme des adorateurs rendus parfaits à perpétuité par la seule offrande de Christ, ne semble-t-il pas qu’Il passe légèrement sur nos péchés et nos manquements ? Je ne veux pas dire qu’Il en ait tenu peu de compte à la croix, mais Sa manière d’agir avec nous maintenant paraîtrait indiquer qu’Il en fait, pour ainsi dire, bon marché.

— Je suis bien aise que vous ayez exprimé cette pensée ; elle nous amène justement à ce qui suit dans le chapitre 12. Mais d’abord remarquez que Dieu ne nous traite plus comme pécheurs, mais comme fils : « Car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée ». Étudiez tout ce sujet de la discipline paternelle ; n’est-il pas là parfaitement à sa place, s’appliquant à chaque fils ? Pour ma part, je rends grâces à Dieu mon Père pour toute la discipline qu’Il a exercée envers moi depuis quarante années. C’est un sujet vaste et profondément utile à méditer pour l’enfant de Dieu.

Notre position dans une perfection perpétuelle en Christ, par le moyen de l’offrande unique qu’Il a faite de Lui-même, ne doit pas être confondue avec la sainteté pratique. Un chrétien ne peut pas demander à Dieu d’être parfait pour toujours. Il l’est ; c’est une chose faite et qui ne peut être répétée. Comment le serait-elle ? Il ne peut y avoir deux perfections à perpétuité. Notre grand souverain sacrificateur a accompli l’œuvre qui nous a introduits pour toujours dans cette perfection. Mais le chrétien ne saurait trop rechercher la sainteté pratique, ni trop prier pour être rendu capable d’y marcher. Cette sainteté est l’objet que notre Père a en vue pour nous dans toute la discipline qu’Il exerce. C’est « pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté », et, plus tard, cette discipline « rend le fruit paisible de justice à ceux qui sont exercés par elle ».

Ayant donc appris ce qu’est la perfection en Christ, ou bien nous étant avancés vers elle, puis ayant vu quel est l’objet que Dieu se propose quand Il nous afflige et nous discipline, avec quel à-propos viennent les exhortations qui suivent : « Poursuivez la paix avec tous, et la sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur ». On ne peut renverser l’ordre divin. Nous ne devons pas commencer par poursuivre la sainteté, dans le but d’arriver à la perfection en Christ. Il faut d’abord que nous connaissions l’heureuse place qui nous est donnée au-dedans du voile, comme parfaite à perpétuité ; et ensuite Dieu doit rester devant l’âme comme la mesure de la sainteté que nous devons poursuivre diligemment ; il n’y en a pas de moindre.

Grâces soient rendues à Dieu pour la clarté de Sa Parole. Si c’est Lui qui se trouve ainsi placé devant l’âme, on ne suivra pas les hommes ; on cheminera avec ceux qui marchent dans la lumière de Sa présence. Qu’est-ce que poursuivre la sainteté ? Ce n’est pas seulement être victorieux de nos convoitises ; bien que cela soit vrai aussi, grâces à Dieu ; mais c’est se séparer réellement de toute espèce de mal. Cela coûtera beaucoup, sans doute ; mais ne pouvez-vous pas dire : Seigneur, délivre-moi de tout ce qui est un obstacle à une sainte communion avec toi ? Le résidu croyant des Hébreux était appelé à sortir hors du camp du judaïsme, vers le Christ Jésus, en portant Son opprobre. La personne d’un Christ rejeté, en dehors du monde religieux, était alors, comme maintenant, la pierre de touche d’une fidélité parfaite.

Si vous faites attention aux sept épîtres adressées aux églises, et qui décrivent les phases successives de l’histoire de la chrétienté (Apoc. 2 ; 3), vous verrez que Thyatire présente un tableau exact de l’église romaine, tandis que Sardes, de son côté, retrace, avec tout autant de vérité, l’état des églises protestantes. Mais en Philadelphie nous voyons un faible résidu rassemblé en dehors du camp et attaché à la personne de Jésus, « le saint, le véritable ». Cela n’a-t-il rien qui nous frappe ? Ne savons-nous pas que la chrétienté, papiste ou protestante, est dans cet état triste et honteux où elle a abandonné la vérité de Dieu ? Au milieu de cette confusion, Jésus, le précieux Jésus, est placé devant nous par l’Esprit de Dieu, et si nous désirons poursuivre la sainteté, c’est Lui qu’il faut suivre. « Sortons donc vers lui, hors du camp, portant son opprobre ».

Loin de moi la pensée d’écrire un seul mot qui tende à affaiblir un sincère et sérieux désir de sainteté. Je souhaite du plus profond de mon âme insister sur sa nécessité, Dieu m’en est témoin ; mais il faut que le véritable objet soit devant nous, et c’est Christ, en dehors du camp. Vous sortiez, je suppose, vêtu d’habits propres, et vous me dites : « Je désire beaucoup ne pas me salir » ; puis je vous vois vous avancer dans un endroit rempli de boue et d’ordures. Puis-je croire au sérieux de votre désir ? Or quel est l’état de la chrétienté au milieu de laquelle nous nous trouvons ? « Mystère, Babylone ». Oh ! ne nous contentons pas de parler de sainteté, mais sortons de Babylone, coûte que coûte. « Sortez du milieu d’elle, mon peuple » ; voilà la parole du Seigneur, et c’est certainement quelque chose de tout à fait pratique. Ayons donc devant nos cœurs Jésus, le saint et le véritable.

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Après avoir ainsi parcouru rapidement cette épître sur la perfection chrétienne — et j’espère que ces lignes seront pour vous une introduction simple à sa lecture — je désire, dans la seconde partie de ce petit écrit, appeler votre attention sur d’autres portions des Écritures qui traitent de ce sujet d’une importance si majeure. En le faisant j’aurai surtout en vue deux choses : notre position devant Dieu en Christ, et notre état — savoir Christ en nous.

Ce sont deux choses qui vont toujours ensemble dans les Écritures : si vous êtes en Christ, Christ est en vous. Cependant elles ne sont jamais confondues, mais tenues soigneusement distinctes l’une de l’autre.

Occupons-nous d’abord de ce que dit l’épître aux Romains sur ce sujet.

En premier lieu, quant à la position : « Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » ; cela s’applique aux Gentils sans loi, aussi bien qu’aux Juifs sous la loi. Ainsi, tous étant pécheurs, personne, sur le fondement de la loi, ne peut subsister devant Dieu. L’homme est coupable, et, par conséquent, des œuvres de loi ne peuvent le justifier.

« Mais maintenant, sans loi, la justice de Dieu est manifestée ». La justice de Dieu ne peut être que parfaite, comme tout ce qui est de Lui. Comment cette justice a-t-elle été manifestée, en rapport avec l’homme, puisque l’homme est coupable et sous le jugement ? La réponse est très claire : c’est la propitiation par le sang de Jésus, à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes. Ce précieux Sauveur est ainsi placé de nouveau devant nous. Contemplez la croix de notre adorable Seigneur. Qu’y voyez-vous ? Une personne infinie ; un sacrifice d’une valeur infinie. Oh ! voilà ce qui explique la parfaite justice de Dieu, lorsqu’Il supportait les péchés des saints d’autrefois, et ce qui montre aussi la parfaite justice de Dieu maintenant, lorsqu’Il justifie celui qui est de la foi de Jésus. Oui, sur ce principe Dieu a été juste en imputant la justice aux David et aux Abraham. Ils crurent Dieu, et cela leur fut compté à justice (voyez chap. 4).

« Or ce n’est pas pour lui seul qu’il a été écrit que cela lui a été compté, mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous qui croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et a été ressuscité pour notre justification ». Nous avons ici les deux choses de la valeur desquelles dépend notre position devant Dieu quant aux péchés.

« Lequel a été livré pour nos offenses ». Était-ce un sacrifice parfait, ou imparfait ? Remarquez-le bien ; ce n’est pas une œuvre faite par nous, mais pour nous ; une œuvre accomplie par quelqu’un qui est parfait, par le Fils de Dieu, et qui doit être aussi parfaite que Dieu Lui-même. Dieu l’a reconnue, montrée et déclarée telle, car Il a ressuscité Christ d’entre les morts. « Il a été ressuscité pour notre justification ». N’est-ce pas là quelque chose de parfait ? Nous sommes pour toujours justifiés de nos péchés qui ont été mis à Sa charge, qui ont été placés sur Lui. Contemplez cet homme glorifié, assis à la droite de Dieu. Peut-Il être dans une position plus parfaite ? Certainement non. Eh bien, Il a été ressuscité pour notre justification à nous, qui croyons en Dieu qui L’a ressuscité d’entre les morts. Dieu le dit, et je le crois. Ce que Jésus est là-haut, nous sommes comptés comme l’étant aussi.

« Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ ». Cette paix est-elle parfaite ou imparfaite ? Tout est de Dieu, et ne saurait être imparfait. Il a livré Son Fils pour nos offenses ; Il L’a ressuscité pour notre justification ; ainsi la paix qui Lui appartient, à Lui qui a porté une fois nos péchés comme notre saint substitut, cette paix est et doit être la nôtre. Sa paix à Lui peut-elle être plus parfaite ? Non ; eh bien ! il en est de même de la nôtre.

Je ne puis pas demander à Dieu d’être justifié ; je le suis. Je ne puis pas davantage prier pour avoir la paix avec Dieu : c’est une chose faite. Je puis prier pour que la paix de Dieu garde mon cœur ; mais prier pour avoir la paix avec Dieu, ou pour demander que cette paix soit plus parfaite, ce serait mettre en doute le témoignage de Dieu qui déclare que la paix est faite. Si grande est la valeur du précieux sang de Christ, qu’il n’y a plus aucune offense entre le croyant et Dieu. En dehors de cette œuvre de Christ, nous ne pourrions nous tenir devant Dieu sans être entièrement consumés. Mais maintenant, même dans la plus complète manifestation de ce que Dieu est, il y a une paix parfaite avec Lui.

L’apôtre, dans cette épître, insiste sur ce point et l’établit de la manière la plus décisive, avant que de dire un seul mot sur la sainteté pratique. Quel parfait accès nous trouvons aussi, non par des intercesseurs humains, ni par des sentiments, mais par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu !

Si nous connaissons cette précieuse et parfaite vérité ; si, par grâce, nous l’avons reçue, nous nous glorifions même dans les tribulations, et nous sommes scellés du Saint Esprit. « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». Ô mon cher lecteur ! êtes-vous encore éloigné comme un Juif d’autrefois, implorant Dieu pour la possession de ces choses ? Ou bien avez-vous été approché, et pouvez-vous rendre grâces pour ces bénédictions qui toutes sont de Dieu ?

Arrêtez-vous sur ces paroles : l’amour de Dieu. Jamais mes yeux ne se portent sur quelque fleur, sans que ma pensée ne s’élève vers les choses d’en haut. La pluie descend des cieux sur la plante, et la rosée pénètre chaque feuille. Cette pluie et cette rosée descendent jusqu’aux racines mêmes et se répandent dans toute la plante. Voyez alors comme chaque fleur s’épanouit au soleil du matin, et verse au loin ses doux parfums. Tout cela est de Dieu. De même le Saint Esprit répand et fait pénétrer l’amour de Dieu du ciel dans le cœur, jusqu’à ce qu’Il l’en ait rempli tout entier. Alors le regard de l’âme se tourne vers Christ, le soleil de justice, et le doux parfum de la louange monte vers Dieu. Ô Dieu d’amour ! sois béni ! Que tes voies sont parfaites ! Ce n’est pas mon amour, mais c’est l’amour de Dieu ; et cet amour, Il l’a constaté envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous.

La perfection en Christ est montrée ici avec une plénitude telle que les paroles manquent pour l’exprimer. Les mots « beaucoup plutôt » se trouvent répétés cinq fois depuis le verset 9 jusqu’à la fin du chapitre. Lisez les versets 9 et 10. N’y voyez-vous pas l’amour parfait de Dieu envers nous ? « Beaucoup plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par lui. Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ».

N’est-ce pas là un amour parfait ? S’il ne l’avait pas été, si le sacrifice de Christ ne nous eût pas sauvés de tous nos péchés et que nous fussions encore exposés à périr, quelle triste chose ! Mais ici, il n’y a pas une telle imperfection. Croyez-vous à cet amour parfait de Dieu ? Alors, vous serez conduits à une parfaite joie en Dieu. « Et non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions (ou réjouissons) en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation ». Ainsi se termine la première partie de notre épître. Nous sommes parfaitement justifiés de tous nos péchés ; nous avons une paix parfaite avec Dieu et un parfait accès ; nous sommes scellés du Saint Esprit ; l’amour parfait de Dieu, non seulement nous est révélé, mais est versé dans nos cœurs ; nous sommes parfaitement sûrs que Celui qui nous a sauvés nous sauvera jusqu’à la fin, et ainsi nous avons la joie en Dieu.

Et faites bien attention qu’en tout cela il n’est question de rien de progressif ; c’est la position bénie qui appartient à chaque chrétien. Quant aux péchés, tout est parfaitement réglé.

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*     *

Et maintenant, parlons du péché.

— Que voulez-vous dire ? Je n’ai jamais su qu’il y eût une différence entre le péché et les péchés.

— Quoi ! Il n’y aurait pas de différence entre les péchés que nous commettons, et cette nature pécheresse, déchue, cet esprit charnel, qui les commet ou qui nous conduit à les commettre ? Vous pouvez voir facilement que c’est le péché, et non les péchés, qui est entré dans le monde par un seul homme, Adam, et qu’ainsi la mort a passé sur tous les hommes. Lisez le chapitre 5 de l’épître aux Romains, versets 12-21 ; ne remarquez-vous pas que si beaucoup de mal est entré par le premier Adam, beaucoup plus de bien est entré pour ceux qui sont en Christ, par Christ, le second homme ? Si le péché et la mort sont venus par Adam, la vie éternelle et une justice qui subsiste à jamais, sont venues par Christ. Que vos yeux donc se reposent sur Christ, mais sur Christ ressuscité d’entre les morts. Celui qui est l’Éternel a passé par la mort pour nous, afin d’être le commencement d’une nouvelle création de Dieu. Ainsi nous sommes justifiés et nous avons la vie éternelle ; et la vie qui nous est communiquée est au-delà et en dehors de la mort, dans une justice qui subsiste pour toujours, une justice parfaite. Nous nous trouvons donc de nouveau en présence d’une perfection divine. Peut-il y avoir une vie chrétienne plus parfaite ou plus élevée que cette vie de résurrection ? La vie éternelle dans la résurrection, c’est celle qui appartient à tout vrai chrétien, à quiconque est passé de la mort à la vie. Regardez vers Celui qui est saint et haut élevé, vers Christ ressuscité et assis à la droite de Dieu ; la vie qu’Il possède est votre vie. En trouverez-vous une plus élevée ? Il a donc été ressuscité d’entre les morts pour être notre justice ; Il l’est « sur tous ceux qui croient », Il l’est toujours et cette justice reste toujours la même. Peut-il y en avoir une plus parfaite ? Où trouverons-nous, pour nous couvrir, une robe plus magnifique ? Y a-t-il quelque chose qui surpasse ce qui est le plus excellent ?

— Attendez un moment. Je suis un peu troublé. Vous dites qu’un seul sacrifice, parce qu’il est parfait, a parfaitement ôté nos péchés, et que nous sommes pour toujours justes en Christ. N’y a-t-il pas danger, avec une telle pensée, que nous tombions dans l’insouciance à l’égard du péché ; dans l’antinomianisme, en fait ? Ne serons-nous pas portés à dire : Demeurons dans le péché ?

— Eh bien ! lisez avec soin le chapitre 6, et la difficulté disparaîtra.

— Je serai bien aise d’examiner avec vous ce chapitre. J’ai souvent entendu parler sur ce qu’il renferme, sans pouvoir m’en rendre exactement compte. Il semblerait que plusieurs aient atteint quelque chose de semblable à ce qui est dit de la mort du vieil homme. C’est, sans doute, la complète destruction du péché en eux, de sorte que le vieil homme est, d’une manière ou d’une autre, rendu pur par la foi. Ce chapitre décrit-il un état de pureté auquel on arrive, et qui est vrai de certains chrétiens et non des autres ?

— Examinons la chose de près. L’objet de ce chapitre est de montrer combien il serait insensé de supposer que la grâce nous permet de demeurer dans le péché. Dieu nous garde même de penser que nous puissions, non seulement commettre le péché, mais y demeurer. Nous devrions savoir une chose, c’est que « nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort » ; c’est-à-dire que nous tous qui sommes chrétiens, nous avons pris notre vraie place comme morts au péché avec Christ, la chose étant symbolisée par l’ensevelissement dans le baptême. Des personnes mortes demeurent-elles dans le péché ? Or telle est la place que nous avons prise : morts avec Christ, ressuscités avec Christ[3]. Dans la mort, les choses vieilles ont pris fin ; en Christ ressuscité, toutes choses sont faites nouvelles. Tous les chrétiens devraient aussi savoir « que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché ». Cela étant compris, dites-moi qui a crucifié le vieil homme ? Est-ce quelques-uns seulement et d’autres non ?

Quand est-ce que le vieil homme a été crucifié ? Certainement ce n’est pas par un acte de foi ; mais c’est Dieu qui a ainsi jugé mon péché, mon vieil homme charnel, dans la personne du divin substitut. « Il a été fait péché pour nous ». Or quand nous venons à croire, la foi nous identifie avec Lui. Nous acceptons le jugement de Dieu, non seulement sur nos péchés, mais sur nous-mêmes, et c’est ce que montre l’acte extérieur du baptême.

Prenons donc garde de mettre de côté la croix, en faisant de tout cela un acte personnel. À la croix, nous voyons le juste jugement de Dieu sur notre moi orgueilleux et plein de péché. Là « je suis crucifié avec Christ », et, ayant ainsi accepté la crucifixion, nous justifions Dieu. Et si nous avons ainsi accepté cette place de mort au péché, dans ce sens, nous avons crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Comment y marcherions-nous donc ? Loin de nous cette pensée.

C’est un précieux chapitre, et je vous conjure de le lire avec attention et sérieux ; mais n’oubliez pas qu’il exprime la position de tout chrétien. Il est possible qu’il ne le comprenne pas, mais il est de toute importance pour une marche sainte que l’on en ait l’intelligence. Pesez-en chaque expression. Est-il question de notre état effectif ? Évidemment non, sans cela pourquoi y serait-il dit : « De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » ? Quand nous verrons le Seigneur, et que, dans la gloire, nous serons effectivement semblables à Lui, dans une humanité sans péché, alors nous n’aurons pas à nous tenir pour morts au péché, nous le serons réellement.

— Vous ne dites donc pas que le croyant puisse être pur intérieurement et dans un état sans péché ?

— Comment le pourrais-je, quand je lis immédiatement après les dernières paroles citées : « Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, etc. » (v. 12-14) ? Si le croyant était pur, sans péché, ces exhortations n’auraient absolument aucun sens. C’est une fatale erreur, enseignée de nos jours, que celle qui affirme que notre vieille nature charnelle peut être purifiée du péché par un moyen quelconque. « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit ». La doctrine des deux natures est de la plus haute importance. La vieille nature n’est jamais changée ni améliorée ; devant Dieu elle a été jugée à la croix, et ensevelie dans le sépulcre de Christ. Et ainsi notre position set complètement celle de ressuscités en Christ.

— Je présume donc que pour vous, la lutte désespérée de Romains 7 est la vraie expérience chrétienne ?

— Certainement non.

— Qu’est-elle donc ? Est-ce l’expérience d’une personne irrégénérée ?

— Non plus, car ce serait dire qu’un homme irrégénéré peut prendre plaisir à la loi de Dieu.

— Comment donc faut-il comprendre ce chapitre ?

— Il nous décrit la lutte sans espoir d’une âme vivifiée, mais sous la loi ; qui, dans cet état, sent la responsabilité où elle se trouve d’observer la loi, qui le désire même sérieusement, mais qui n’en a pas la puissance. Le fait que cette question soit amenée dans une partie si avancée de l’épître, m’a souvent frappé. Mais nous voyons par là que l’on peut connaître le pardon et la justification avant d’avoir appris ces solennelles leçons.

— Mais si ce n’est pas l’expérience chrétienne, d’où vient que tant de chrétiens se trouvent dans cet état ?

— C’est parce que beaucoup de chrétiens sont sous la loi, comme s’ils étaient dans la chair, espérant vainement d’être capables d’observer la loi. Là où cette expérience est réelle et profonde, elle est très salutaire à l’âme quand la délivrance arrive. Nous avons à apprendre notre extrême faiblesse. Dans le chapitre 7, nous voyons les droits et les exigences de la loi sur quelqu’un qui est impuissant pour y satisfaire. Je fais les choses que je hais ; il n’y a en moi, misérable homme, aucune ressource. Mais quand je connais que l’on est délivré de la loi par le corps du Christ, et que je l’accepte, étant mort dans ce en quoi j’étais tenu, alors je trouve la délivrance, et « je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ». Et quand j’ai ainsi trouvé la pleine délivrance en Christ, ma chair (je veux dire le vieux « moi », ma vieille nature) est-elle meilleure qu’auparavant ? Pas le moins du monde, car voici les paroles qui suivent la délivrance : « Ainsi donc, moi-même, de l’entendement, je sers la loi de Dieu ; mais de la chair, la loi du péché ».

Pourquoi cela est-il dit après la délivrance ? De peur que nous ne supposions qu’il y a quelque purification intérieure de la vieille nature. Je puis la tenir pour morte, mais je dois toujours marcher dans la crainte du Seigneur, car si la chair agit, même dans le saint le plus affranchi, c’est du péché ; et si elle n’agit pas, elle n’en est pas moins toujours là, et c’est toujours la chair. Mais hélas ! nous bronchons tous, quoique nous ne le dussions pas, de sorte que si nous, qui sommes affranchis, nous disons être sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous.

— Mais alors il doit y avoir condamnation !

— Non ; c’est justement ce qu’il n’y a pas pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. Faisons attention à ce premier verset du chapitre 8. Il nous fait voir quelle est la position de tout vrai chrétien. Peut-il y en avoir une plus parfaite ?

— Attendez ; comment cela peut-il être si la vieille nature qui est toujours en nous, est péché ?

— Elle l’est certes, et le demeure. Si elle ne l’était pas, pourrait-elle convoiter ? Elle doit être péché, puisque du moment qu’elle agit, il y a des péchés.

— Comment donc peut-il ne point y avoir de condamnation ?

— Sous la loi, je sais que cela aurait été impossible. « Car ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chaire de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair ».

Par là je vois clairement qu’il n’y a pas de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, car tout a été condamné sur la croix : le péché et les péchés. Et si tout a été condamné en Lui, il n’y a maintenant plus rien à condamner qui ne l’ait déjà été. Oh ! quelle délivrance pour l’âme ! La position de l’homme en Christ est absolument parfaite : il n’y a rien à condamner.

— Quoi ! pas même mes péchés ?

— Non ; ils ont été parfaitement jugés dans la personne du saint substitut, le Fils de Dieu.

— Et le péché qui est dans la chair, n’appelle-t-il pas sur moi la condamnation ?

— Non ; il est aussi jugé. Morts avec Christ, ressuscités avec Christ ; point de condamnation en Christ : voilà la perfection chrétienne.

Venons-en maintenant à l’état du croyant. Comment a-t-il été pourvu à ce que sa vie ou sa marche soit sainte ? Quelle puissance lui a-t-il été donné pour cela ? Voici la réponse : « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ». Il y a une chose certaine, c’est que vous ne pouvez être en Christ, sans que Christ soit en vous. Dans la chair vous n’avez aucune puissance, mais bien en Christ ; c’est Christ en nous qui donne toute la puissance. Il n’est pas dit, remarquez-le, que je suis affranchi du péché, mais de la loi du péché et de la mort. La loi du péché me tenait captif, j’étais sans force ; mais la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus me communique une puissance infinie. Oui, c’est la loi même de cet Esprit qui donne la victoire.

Lisez les versets 8-14 ; ce qu’ils disent n’est-il pas de la plus haute importance ? La certitude que le Saint Esprit habite en nous ne donne pas seulement une puissance actuelle pour marcher dans la sainteté, mais, quoique le corps soit encore sous la sentence de mort à cause du péché, elle nous assure de la résurrection de notre corps. Ce n’est pas un sommet que quelques enfants de Dieu seuls atteignent, mais c’est vrai de tous. « Mais si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui ».

— Mais si j’ai encore ma vieille nature pécheresse, l’Esprit de Christ peut-Il habiter en moi ? Je pensais que le Saint Esprit ne pouvait faire Sa demeure en moi, que si j’étais, d’une manière absolue, pur de péché.

— Si cela était, en quel autre pourrait-Il demeurer que dans le saint Fils de Dieu, qui seul est sans péché ? Mais il est écrit : « La chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez ». Vous ne pouvez pas appliquer ces paroles à Christ, mais bien aux croyants. Ces choses contraires se trouvent dans la même personne, dans tout enfant de Dieu sur la terre, de sorte que, quant à notre état, nous ne sommes semblables à Christ, dans une pureté sans tache. Nous le serons quand nous Le verrons ; bienheureuse espérance ! « Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme lui aussi est pur ». Il n’est pas dit « est pur comme il est pur », mais « se purifie ». Toute l’Écriture est conséquente avec elle-même ; mais l’erreur ne s’accorde jamais avec l’Écriture. Rien en celle-ci n’appuie la pensée que quelques croyants puissent atteindre un état où ils sont purs comme Christ est pur.

— J’éprouve une grande difficulté à voir que le Saint Esprit puisse habiter là où se trouve une nature pécheresse. Je pensais que cette nature devait être graduellement ou soudainement changée en une nature sainte, avant que l’Esprit Saint pût y venir demeurer.

— Voulez-vous dire que je dois changer graduellement ma nature pécheresse afin d’en faite une demeure convenable pour le Saint Esprit ? J’ai entendu parler de quelque chose de semblable. Il faut être vide de tout, dit-on, et alors Il viendra combler ce vide. Mais où trouve-t-on de semblables affirmations dans l’Écriture ?

Retournons encore une fois au passage d’Hébreux 10, 14, 15. Nous y verrons que le Saint Esprit ne rend pas témoignage que notre vieille nature est purifiée, mais témoigne de la valeur infinie du sang de Jésus.

Il y a un type très frappant de ce qui nous occupe dans la purification du lépreux rapportée dans le Lévitique (14, 12, 17). Le sang était mis sur lui et l’huile sur le sang. Ainsi, le péché et nos péchés ayant été jugés en Christ, Dieu ne nous les impute plus. Dans ce sens, Il ne voit plus nos péchés. Il voit le sang, et alors le Saint Esprit peut demeurer en nous ; Il y demeure, en effet, et sera avec nous jusqu’à la fin. Je sais que c’est une vérité sérieuse, mais c’est la vérité, la seule vérité. S’il était possible qu’à certains moments vous n’ayez pas l’Esprit de Christ, vous ne seriez pas de Lui.

— Je crains que cette doctrine conduise à un grand relâchement et à un manque de sainteté.

— Bien au contraire : c’est la grande puissance d’une vie sainte et pour une vie sainte. L’apôtre se sert précisément de cette vérité pour mettre en garde les saints de Corinthe qui étaient en danger de tomber dans un terrible péché. « Ne savez-vous pas, leur dit-il, que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? ». Cela nous laisse sans excuse. Jamais nous ne sommes dans la nécessité d’être surmontés par le péché, car nous disposons d’un pouvoir infini, le Saint Esprit qui demeure éternellement en nous. « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair ».

Ô enfant de Dieu ! tes vœux, tes promesses et tes efforts sont vains. Si tu te places sur ce terrain, te confiant en la chair, tôt ou tard le péché aura le dessus sur toi. Laisse Christ avoir la pleine gloire de ta délivrance. Jamais tu ne vaincras jusqu’à ce que tu aies reconnu qu’en toi il n’y a aucune puissance pour combattre. Retiens ferme ces deux faits : Tous tes péchés et le péché ont été jugés à la croix : Dieu voit la valeur du sang qui y a été versé. Et en second lieu, à cause de ce sang, le Saint Esprit habite maintenant en toi, en tout temps et en tout lieu. Marche dans la conscience de ces faits précieux, les saisissant par la foi ; car ce sont des réalités qui t’appartiennent, si tu es au Seigneur.

Qu’en est-il de toi comme temple du Saint Esprit ? Combien de fois ne t’es-tu pas senti troublé et misérable, et tu ne pouvais dire pourquoi. Ah ! tu avais attristé « le Saint Esprit de Dieu », par lequel tu as été « scellé pour le jour de la rédemption ».

Ce cas est fréquent dans les jours de mondanité où nous vivons. Tu connaîtras la sainteté pratique juste dans la mesure où tu seras conduit par l’Esprit. « Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont enfants de Dieu » (Rom. 8, 14). Le Saint Esprit ne te conduira certes pas dans les cercles du monde, qui a rejeté et qui hait le Fils de Dieu. Tout, oui tout ce qui est de ce monde, doit être abandonné. Oh ! que ce ne soit pas en paroles seulement, mais puissions-nous, dès maintenant, dans une dépendance simple du Saint Esprit, chercher uniquement à faire la volonté de Dieu ! Et si tu marches ainsi par l’Esprit, il y aura sans nul doute à abandonner beaucoup de ce qui tient à la volonté charnelle de l’homme. N’est-ce pas l’Esprit de Dieu qui met dans ton cœur le désir d’une plus entière consécration à Dieu ? le désir d’être un homme de Dieu, marchant dans la puissance du Saint Esprit ? Que vois-tu autour de toi, sinon une vaine profession ? La maison de Dieu est envahie par ceux qui vendent et achètent ; il y a une forme de la piété, mais la puissance en est reniée. Oh ! réveille-toi, et sors de cet état de choses.

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Avant de terminer, je désire encore montrer combien sont distincts, dans l’épître aux Éphésiens, la position et l’état du chrétien.

Les chapitres 1 et 2 décrivent la perfection absolue de la position que le croyant a en Christ. Au chapitre 3, nous trouvons une prière ayant pour objet l’état des chrétiens. Lisez les versets 14-21. Vous ne pouvez prier pour obtenir les choses que vous possédez.

Or que voyons-nous au chapitre 1 ? Il nous montre en premier lieu combien nous sommes bénis : « de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Élus en Lui, pour être saints et irréprochables devant Lui en amour ; adoptés pour être Ses enfants ; Dieu nous a rendus agréables dans le Bien-aimé, « en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés ». Ô mon âme ! quelle matière à de saintes méditations ! Avançons vers la perfection, vers Christ ressuscité d’entre les morts et assis dans les lieux célestes, à la droite de Dieu, le Père de gloire. Les richesses de la gloire de Son héritage dans les saints, tout est à nous. Car « Dieu nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus ». Nous ne pouvons aller au-delà, quant à la position chrétienne ; elle est celle de Christ, notre chef dans le ciel, et c’est là la perfection chrétienne.

Pouvons-nous prier pour l’obtenir ? Non, elle est à nous ; mais nous pouvons prier l’un pour l’autre, afin que nous connaissions cette perfection en Christ dans le ciel, et que nous en jouissions. Tout est à nous. Que le Seigneur en soit loué !

Voici maintenant ce que l’apôtre demande quant à l’état de ces croyants : « Que, selon les richesse de sa gloire, il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite dans vos cœurs par la foi, etc. ». N’est-ce pas un bienheureux état ? Christ habitant dans nos cœurs par la foi ! Remarquez ensuite la grande variété d’exhortations qui suivent, et qui toutes ont trait à notre état et ne doivent pas être laissées de côté.

Nous trouvons donc, dans l’épître aux Éphésiens, d’abord notre position en Christ, ensuite Christ en nous. « Or à celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous ». Cela prouve-t-il que la perfection soit en nous-mêmes, ou qu’il y ait aucun changement ou amélioration de la vieille nature ? Non certes ; car chacune des exhortations qui se trouvent dans les chapitres suivants, montrent combien l’on a besoin de vigilance contre la vieille nature charnelle.

Ainsi je trouve bien une position parfaite en Christ, mais il n’y a aucune indication d’un état de perfection ou de pureté.

— Eh quoi ! faut-il donc que je reste dans le péché sans m’en soucier, ou que je pratique le péché ? Si j’ai toujours la vieille mauvaise nature, ne serai-je pas toujours l’esclave de ses convoitises ?

— Nullement. Je sais que la puissance qui opère en nous est infinie, car c’est celle de Dieu, et ainsi je puis compter sur la délivrance.

Si nous étions dans un état de pureté, nous n’aurions nul besoin de ces préceptes et de ces exhortations. Mais Dieu sait qu’actuellement ils sont nécessaires à chacun de nous. Quand nous serons pour toujours dans le même état de pureté que notre bien-aimé Seigneur, pensez-vous qu’il y aura lieu de nous adresser une exhortation telle que celle-ci, par exemple : « Qu’aucune parole déshonnête ne sorte de votre bouche » ; ou encore : « Ne vous enivrez pas de vin » ? Sera-t-il nécessaire de nous avertir de ne pas attrister « le Saint Esprit de Dieu » ? Ces choses peuvent-elles être adressées à Christ ? Il est la pureté même ; si donc nous étions purs ici-bas comme Il l’est, ces avertissements ne pourraient nous concerner. Mais nous attendons un bienheureux changement : quand nous Le verrons, nous Lui serons semblables, « et quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme lui aussi est pur ». Il est la mesure de notre pureté, sans doute, et nous ne pouvons nous en proposer une inférieure. Mais oserions-nous dire que dans l’état où nous sommes actuellement, rien d’impur ne peut procéder de nous ? Si nous le disions, nos propres bouches nous condamneraient. Oh ! soyons vigilants, et attachons-nous à demeurer toujours dans une humble dépendance de Dieu.

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Voyons encore brièvement ce que l’épître aux Philippiens nous dit sur ce sujet. Là, l’apôtre met tout de côté à cause de Christ. Tout ce qu’il était comme Juif pieux et zélé, il l’estime comme des ordures, afin d’être trouvé en Christ, ne s’appuyant point sur sa propre justice. Et voici ce qu’il montre être la vraie expérience chrétienne : « Pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort ». Or, je vous le demande, est-ce là une expérience qui s’occupe du « moi » ? Parler de nous-mêmes, écrire sur nous-mêmes, ce n’est pas Le connaître, Lui. Si vous avez le désir de croître en sainteté pratique, vous n’y arriverez jamais en vous occupant de vous-même, mais en lisant la Parole, en vous oubliant et en vous occupant de Christ. Marchons-nous, et nous efforçons-nous de plus en plus de marcher comme des personnes mortes, mais ressuscitées avec Christ ? Connaissons-nous quelque chose de la puissance de Sa résurrection ? Rien du monde, ni position, ni distinction humaine ne peut s’accorder avec cette vraie expérience chrétienne. Certes, si notre marche, en ces jours, était conforme à l’expérience ici décrite, nous ne prétendrions pas à la perfection quant à notre état. L’apôtre, en regardant en avant à ce moment bienheureux où il serait effectivement ressuscité ou changé, c’est-à-dire dans la pleine pureté de l’état de résurrection, dit : « Si, en quelque manière que ce soit, je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts ». De quelque manière que ce soit, je ne recherche que cela ; par quelque voie de souffrance ou de perte que ce puisse être, c’est mon seul désir et mon unique objet. Ce n’est pas que Paul eût atteint cet état, ou que, quant à cet état de pureté, il fût déjà parfait : « non que j’aie déjà atteint le but, dit-il, ou que je sois déjà parvenu à la perfection ». Toute la force de ce passage est détruite par l’idée d’une perfection et d’une pureté entière actuelles. Toutefois remarquons que l’apôtre ne met pas le moins du monde en question sa perfection en Christ comme position, car il dit aussi : « Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons ce sentiment ».

Ce qui me frappe péniblement, dans les écrits publiés plus ou moins récemment sur la sainteté, c’est de voir que l’on a presque entièrement négligé de montrer que tous les croyants ont une position absolument parfaite en Christ, pour mettre à la place une sorte de pureté supposée, ou un certain état de perfection que l’on peut atteindre ici-bas, laissant ainsi de côté la bienheureuse espérance de la venue du Seigneur et rabaissant en même temps la pleine valeur de l’unique offrande de Christ, faite une fois pour toutes. Prenez n’importe quel ouvrage sur ce sujet, et vous verrez si, à quelque degré, ce que j’avance n’est pas exact. C’est une chose affligeante, qui ne peut qu’être nuisible aux âmes ; car si nous ne connaissons pas la perfection de notre position en Christ, comment pouvons-nous jouir d’une paix permanente ? Et si nous n’attendons pas des cieux le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, dans la certitude bénie que, lorsque nous Le verrons, nous Lui serons semblables, nous perdons le pouvoir sanctifiant de cette bienheureuse espérance.

Je me réjouis de tout mon cœur de voir se réveiller le désir d’une sainteté plus entière, d’un dévouement plus complet dans la vie et dans la marche, et je supplie instamment mes lecteurs de se souvenir de la puissance que nous avons en Christ et aussi du fait que Christ est en nous. Paul disait : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie », c’est-à-dire, j’ai de la force pour tout en celui qui me donne la puissance. De sorte qu’il pouvait aussi prononcer ces paroles : « Christ sera magnifié dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort ».

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Je me contenterai d’indiquer que la même position parfaite en Christ, est aussi assignée au chrétien dans l’épître aux Colossiens, et que nous y trouvons ensuite les exhortations à une vie sainte.

Avez-vous jamais pensé que les paroles suivantes fussent vraies, non de quelques enfants de Dieu, mais de tous ? « Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés » (Col. 1, 12-14). Et encore : « Et vous êtes accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité ». Avez-vous pesé chacune des paroles qui décrit ainsi la position parfaite de chaque croyant, et vous êtes-vous dit : Béni soit Dieu, c’est la mienne ? En effet, c’est la vôtre du moment que vous êtes passés de la mort à la vie (Jean 5, 24). Vous verrez ensuite que chaque exhortation à une marche sainte, qui se trouve dans cette épître, s’accorde avec cette position parfaite en Christ qui est la vôtre, ce qui est résumé dans ces paroles : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut ».

Après ces paroles nous lisons que : « quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés en gloire ». Quelle en est la conséquence ? « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre ». Aurions-nous cela à faire si nous étions purs comme Christ est pur ? Il est clair que non ; nous ne sommes donc pas tels ici-bas. Si vous nourrissez l’illusoire pensée que vous l’êtes, le résultat sera que vous négligerez de mortifier vos membres, et, qu’en fin de compte, vous tomberez de nouveau dans le péché. Satan remportera ainsi, s’il ne l’a déjà fait, un grand avantage sur vous.

Si ces lignes venaient à tomber sous les yeux de quelqu’un qui, tout en professant la sainteté, aurait été vaincu, je vous en supplie, chère âme, sans tarder, allez à votre Père, et confessez-Lui votre péché. Gardez-vous de faire un pas de plus dans l’hypocrisie. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute iniquité ».

— Ne pouvons-nous donc pas rechercher la pureté du cœur et une entière purification d’une nature pécheresse ?

— Oh oui, et soupirer ardemment après cette délivrance, à la venue de notre Seigneur Jésus Christ.

— Mais je pensais qu’il était dit : « Que le Dieu de paix vous sanctifie entièrement, corps, âme et esprit ».

— Vous avez pu entendre citer ces paroles de cette manière, mais ce n’est pas ainsi que parle l’Écriture. En 1 Thessaloniciens 5, 23, nous lisons : « Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement, et que votre esprit, et votre âme, et votre corps, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ ». Remarquez maintenant qu’il y a dans ce passage une entière sanctification pour Dieu, et que, cependant, nous avons besoin d’être conservés sans reproche. Si l’esprit, l’âme et le corps étaient sanctifiés dans le sens d’être faits purs comme Christ est pur, alors il n’y aurait aucun besoin d’être conservés sans reproche. Christ sur la terre avait-Il besoin d’être ainsi conservé ?

— Que signifient donc ces paroles ?

— Que le Dieu de paix doit tellement remplir la pensée, nous gouverner tellement, que nous soyons entièrement séparés même de toute forme de mal ; entièrement sanctifiés pour Dieu.

— Mais s’il y a encore en nous une mauvaise nature, ce que l’on nomme la chair, comment pouvons-nous être vraiment consacrés à Dieu dans la sainteté ?

— Cette mauvaise nature, le péché dans la chair, a été condamnée, et non sanctifiée ; et Paul demande que l’esprit, l’âme et le corps soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ, ce qui implique clairement que, jusqu’à ce qu’Il vienne pour nous qui L’attendons, nous avons besoin d’être conservés, esprit, âme et corps.

— Quelle différence y a-t-il donc entre ce que vous dites, et la manière dont j’ai entendu ce texte ?

— La différence est aussi grande que possible. Vous l’avez entendu comme s’il signifiait que l’esprit, l’âme et le corps pouvaient être rendus purs, tandis que l’Écriture dit qu’ils soient conservés sans reproche.

Puissions-nous être ainsi gardés par le puissant pouvoir de Dieu, par la foi, jusqu’au moment du salut, de la rédemption de nos corps. Puisse la délivrance et la victoire être notre portion maintenant, comme la pureté dans toute sa perfection le sera alors, oui, le sera bientôt. Si maintenant nous soupirons ainsi après elle, là-haut nous allons la posséder. Ravissant moment ! Entendre la voix bénie de Jésus, contempler Sa face pleine d’amour, voir le sourire de bienvenue qui nous accueillera, la gloire de Dieu briller sur la face du Seigneur, et point de crainte : nous Lui serons semblables ! « La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée ».

Oh ! sortez vers Lui ! Comme Rebecca laissa la maison d’idolâtrie de sa mère pour aller vers Isaac, puissiez-vous de même quitter un monde impie pour être avec notre précieux Seigneur !

Ne le voulez-vous pas ?



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1878.
  2. Ou « vers la perfection ».
  3. Ce dernier point « ressuscités », n’est pas traité dans l’épître aux Romains, mais dans celles aux Éphésiens et aux Colossiens.