Études Scripturaires:Penser et marcher

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ou quelques réflexions sur Phil. 3, 15, 16J.B. RossierSully  — 25 septembre 1851

« Me ferait-on quitter mon bon vin, qui réjouit Dieu et les hommes, afin que j’aille m’agiter avec les autres arbres ? »
« Que la grâce et la vérité ne t’abandonnent point : lie-les à ton cou et écris-les sur la table de ton cœur »

La Parole de Dieu est une épée à deux tranchants. Elle juge le mal et sépare la lumière d’avec les ténèbres.

L’emploi que l’on peut faire de passages de la Parole, en les isolant de leur contexte, devient toujours funeste à ceux qui s’en servent ainsi pour accréditer leurs vues particulières. Je crois que tel est le cas pour Philippiens 3, 16, lorsque des chrétiens citent ce verset dans l’intention d’engager les rachetés à reconnaître et à tolérer les uns chez les autres une marche antiscripturaire. On est ainsi amené à appeler secondaires des vérités qui, quoique rejetées par un grand nombre de chrétiens, n’en sont pas moins des vérités de Dieu, opposées à la doctrine et à la pratique généralement admises.

Voici la traduction de Phil. 3, 15, 16, selon la version de Lausanne ou version suisse, sur le texte grec reçu :

« Tout autant[1] donc que nous sommes de parfaits, pensons de cette manière, et si en quelque chose vous pensez autrement, Dieu vous le révélera aussi. Cependant il faut marcher (suivant une même règle) dans les choses auxquelles nous sommes parvenus (et avoir une même pensée) ».

Quelques chrétiens estimés omettent, comme ayant été ajoutés au texte, les mots que j’ai signalés en les enfermant dans deux parenthèses, et voici la traduction littérale, suivant moi, de ce même passage ainsi rétabli :

« Tout autant donc qu’il y a de parfaits, pensons cela. Et si vous pensez quelque chose autrement, Dieu vous dévoilera aussi cela. Au reste, marchons (ou, il faut marcher) en cela même à quoi nous sommes parvenus ».

Qui sont les parfaits ? Qu’est-ce que le « cela » que ces parfaits doivent penser ? Voilà, ce me semble, les deux premières questions que nous avons à résoudre.

Il en est, je pense, de la perfection comme de la sainteté. Il y a une perfection de position, en Christ, par la foi, et celle-là est la même pour tous les saints. Mais il y a une réalisation de cette même perfection, en pratique, par la foi aussi, pour parvenir à une connaissance et à une jouissance toujours plus étendues de la grâce qui nous a établis dans une telle position. À ce point de vue, nous tous les parfaits, ou « tout autant qu’il y a de parfaits » nous tendons vers la perfection, et en le faisant, nous parvenons à l’état d’hommes faits. Il s’agit de demeurer dans l’esprit de notre destination, de continuer la route dans notre position en Christ (1 Cor. 2, 6 ; Col. 1, 28 ; 2, 10 ; 4, 12 ; Héb. 5, 14 ; cf. 6, 1 ; 1 Jean 2, 13, 14 ; etc.). La perfection est donc un état acquis, en Christ, à tous ceux de la maison de la foi. C’est, par la grâce, une manière d’être des rachetés, manière d’être ou état, que la foi doit réaliser pour la pratique du désert. Cet état ne sera complètement, absolument et uniquement le nôtre qu’au grand jour de la rédemption de nos corps[2]. Voilà pourquoi Paul dit plus haut : « Pourvu que j’atteigne au relèvement d’entre les morts. Non que j’aie déjà atteint ou que déjà je sois consommé… ». La consommation, la perfection, la rédemption de nos corps ou la résurrection d’entre les morts qui comprend la transmutation des survivants, sont, je n’en doute pas, une même chose sauf, peut-être, quelques légères nuances, dont nous n’avons pas à nous occuper ici.

Il est évident que le « pensons cela » est une exhortation que Paul adresse aux parfaits pour les engager à suivre son exemple. C’est ce qui ressort du contexte. Paul exhorte les saints à faire et à penser comme lui-même : à laisser, comme une perte ou comme du fumier, tout ce qui pourrait les empêcher de « poursuivre vers le but, pour le prix de l’appel d’en haut de Dieu, dans le Christ Jésus » (v. 14).

Les mêmes idées se retrouvent dans Colossiens 2 et 3. Le danger de quitter le corps pour retourner aux ombres de ce corps dans la loi, d’abandonner « la grâce de Dieu en vérité » pour les pauvres et faibles éléments du monde ; — le remède à ce mal dans la connaissance de Dieu, de Sa volonté et du mystère de celui qui est Dieu et Père et du Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance ; — la nécessité de marcher en Christ et de réaliser notre mort, notre résurrection et notre glorification en Lui et avec Lui ; — la recherche des choses d’en haut et une ferme espérance d’être bientôt « manifestés avec Lui en gloire » : Voilà autant de choses que Paul présente aux saints dans ces deux chapitres, où il les qualifie également du titre de « parfaits ». Il s’agit de l’exercice et du développement de notre nature divine et de notre vie cachée avec Christ en Dieu. Car Christ est notre vie.

Quelle réalité d’aussi glorieuses vérités ne présentaient-elles pas à l’apôtre, puisqu’il a pu dire aux Colossiens : « Pourquoi donc, comme si vous viviez dans le monde… ? ».

Notre appel d’en haut, de Dieu, en Jésus Christ, renferme l’idée de tous nos privilèges ; et nous venons de voir que, dans notre passage comme dans les Colossiens, c’est là une pensée qui doit être commune à Paul et à tous les rachetés.

L’épître aux Éphésiens présente aussi la même doctrine sous l’image d’un combat : « Parce que ce n’est pas contre la chair et le sang qu’est notre lutte, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs universels des ténèbres de ce siècle-ci, contre les méchancetés spirituelles dans les lieux célestes », là même où nous sommes bénis en Christ de toute bénédiction spirituelle ; où Dieu nous a fait asseoir ensemble dans le Christ, et où l’Église fait connaître aux principautés et aux autorités la sagesse de Dieu infiniment variée (cf. Éph. 6, 12 ; 1, 3, 20 ; 2, 6 ; 3, 10 ; Col. 2, 10, 15 ; Phil. 2, 9, 10).

Cette ferme assurance dans l’espérance de la gloire d’un héritage que nous possédons en Christ et pour lequel nous sommes gardés par la puissance de Dieu, par le moyen de la foi, était ce que Paul demandait sans cesse dans ses supplications à Dieu le Père pour tous les saints (Éph. 1, 15, sqq. ; 3, 14-19 ; Phil. 1, 9-11 ; Col. 1, 3-6, 9-14 ; etc.).

L’épître aux Hébreux poursuit, d’un bout à l’autre, le même but que le chapitre troisième de celle aux Philippiens. Paul, ci-devant zélé serviteur de la loi, avait fait, dans le judaïsme le plus strict, des progrès supérieurs à beaucoup de ceux de son âge dans sa nation. Il détaille tous ses avantages en la chair, mais seulement pour les estimer comme une perte et comme des ordures en comparaison de la grâce qui l’avait établi en Christ. Sa vocation céleste et glorieuse est le point de vue qui lui fait juger et abandonner tout le reste, à cause de son ardent et insatiable désir de croître, de marcher et de demeurer en Christ. Le but et le terme de sa course était la résurrection d’entre les morts ou la meilleure résurrection. Il faisait, comme on dit, chemin et manière pour y parvenir : « Je poursuis, dit-il, ou je continue pour atteindre ce pour quoi aussi j’ai été saisi ou atteint par le Christ Jésus. Frères ! je ne pense pas, quant à moi-même, avoir atteint, mais voici, oubliant les choses qui sont derrière, et m’étendant vers celles qui sont devant, je continue vers le but, pour le prix de la vocation d’en haut (ou céleste), de Dieu, dans le Christ Jésus » (Phil. 3, 13, 14). Il voulait être trouvé en Christ et revêtu de la justice de Dieu à l’arrivée du Seigneur. Le commencement du douzième chapitre des Hébreux est tout à fait analogue à ce dernier passage et, en général, à l’ensemble du troisième chapitre de l’épître aux Philippiens.

L’épître aux Hébreux met l’ancienne alliance en contraste avec la nouvelle. Elle présente la marche d’Israël dans le désert comme un type de la marche de l’Église dans le monde, l’Église étant cependant introduite dans une meilleure espérance au moyen de laquelle nous nous approchons de Dieu. Jésus, couronné de gloire et d’honneur, est notre grand souverain Sacrificateur, tout-puissant, sympathique et miséricordieux ; Il peut sauver, jusqu’au bout de la carrière, ceux qui s’approchent de Dieu par Lui, qui est toujours vivant pour intervenir en leur faveur. Le chemin, le but, l’héritage et les promesses de la nouvelle alliance sont autant supérieures en excellence à ces mêmes choses dans l’ancienne alliance, que les cieux le sont à la terre, Christ à Aaron et le sang de Christ à celui des taureaux et des boucs.

Tout cela nous engage à retenir ferme, jusqu’à la fin, l’assurance et le sujet de gloire de l’espérance. Notre paix, nos progrès pratiques et notre bonheur ici-bas dépendent de notre empressement à entrer, par la foi, dans le repos réservé au peuple de Dieu. Quoique le but évident de cette épître soit de tourner les pensées des Juifs des ombres de la loi vers la réalité de l’espérance de la gloire de Christ, elle n’en est pas moins, dans son ensemble, « une nourriture solide pour les parfaits qui ont le sens exercé à discerner le bien et le mal », ou qui ont « l’expérience de la parole de la justice ». Il s’agit pour nous tous aussi d’hériter les promesses par la foi et par la patience, en considérant Christ dans sa gloire et en attendant le retour du « Fils qui est consommé pour toujours ».

Sur la considération de ces contrastes et de ces rapprochements, le Saint Esprit fonde, dans nos consciences, dans nos âmes et dans nos cœurs, une paix solide et éclairée. Dieu aime à nous voir marcher, pendant la courte épreuve du temps présent, avec une pleine certitude de foi et d’intelligence, en Sa présence et dans Sa proximité, en retenant inébranlablement la profession de l’espérance. « Ne rejetez donc point votre confiance qui a une grande rémunération. Car vous avez besoin de patience, afin qu’après avoir fait la volonté de Dieu, vous remportiez la promesse ».

Au chapitre 11 l’apôtre trace un tableau vivant de la foi qui marche et qui agit en s’appuyant sur la fidélité, la puissance et l’amour de Dieu. Ce tableau est couronné par des paroles qui attestent l’excellence de la vocation de l’Église sur toute autre vocation précédente : « Et tous ceux-là qui ont reçu témoignage, par le moyen de la foi, n’ont point obtenu la promesse ; Dieu ayant pourvu à quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne fussent pas consommés sans nous » (cf. 1 Pier. 1, 9-12).

Le résumé qui précède peut suffire, tout faible et incomplet qu’il soit, pour démontrer que l’idée dominante de l’épître aux Hébreux est aussi celle de l’appel de l’Église en Jésus Christ, appel touchant lequel Paul écrivait aux Philippiens : « Tout autant donc que nous sommes de parfaits, pensons cela ».

Le douzième chapitre aux Hébreux a de nombreux et frappants rapports avec le troisième de la lettre aux Philippiens. Il nous donne, de plus que ce dernier, le détail très précieux « des choses auxquelles nous sommes parvenus », afin que nous marchions en cela même. Il appartenait à l’apôtre qui, à cause de Jésus, avait fait la perte de tous ses brillants avantages dans le judaïsme, qui les estimait comme des ordures à cause de l’excellence de la connaissance de Christ et de la puissante douceur de Sa communion, il lui appartenait d’écrire aux Hébreux : « Ayant déposé tout fardeau, et le péché qui enveloppe facilement, fournissons par une attente patiente notre course dans le combat qui est devant nous, fixant nos yeux sur le prince et le consommateur de la foi, Jésus… ». « Un homme allant à la guerre ne s’embarrasse pas dans les affaires de la vie, afin de plaire à celui qui l’a enrôlé », dit ailleurs le même apôtre. Un seul coup d’œil sur les versets 8, 12, 13 et 14 du troisième chapitre aux Philippiens suffit pour voir l’analogie que je cherche à mettre en évidence. Il faut, en effet, qu’une âme soit pleine de la grâce et de la gloire à venir, pour qu’elle puisse abandonner les vanités du monde, les appâts de la chair ou les ombres de la loi. La pensée de Christ dans Ses souffrances et dans la gloire qu’Il a reçue, après avoir fait, par Lui-même, la purification de nos péchés, est aussi un exercice et une nourriture bien propres à nous fortifier, par la grâce de Dieu, dans la course et dans le combat. Plus nous jouirons de ces vérités, plus nous serons disposés à veiller à ce que personne ne se prive d’une grâce aussi magnifique.

Le profane Ésaü, réprouvé pour avoir abandonné son droit d’aînesse, est un type remarquable des Juifs charnels et rebelles depuis la venue du Seigneur. Aussi leur est-il proposé comme un exemple à éviter. Combien cet exemple ne contraste-t-il pas fortement avec le modèle de « Jésus qui, en vue de la joie qui était devant lui, ayant méprisé la honte, s’est assis à la droite de Dieu » ! Quoi de plus propre que le contraste d’un tel exemple de lâcheté avec un tel modèle de dévouement, à nous empêcher de succomber sous la lassitude ou de nous laisser abattre dans nos âmes (Gen. 25, 30-34 ; Héb. 12, 2, 3, 16, 17 ; Phil. 2, 4-11 ; 3, 4-14) !

Ésaü las et affamé vendit son droit d’aînesse pour un mets vulgaire. Paul vivait dans un combat incessant. Il se nourrissait de la manne cachée, qui est Christ monté au ciel après avoir accompli la grande œuvre de la rédemption. Aussi Paul avait-il abandonné avec joie (et cet abandon était un gain pour lui) tout ce qui l’aurait empêché de suivre Celui qui l’avait appelé du haut des cieux et dont la voix vibrait toujours dans son âme. Les Hébreux aussi sont loués par l’apôtre pour avoir accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens, sachant qu’ils avaient, en eux-mêmes, dans les cieux, des biens meilleurs et permanents. Tel est l’effet de la foi qui a reçu la « meilleure espérance » fondée sur l’immutabilité du conseil de Dieu en Jésus qui est toujours le même. Ces promesses se résument ainsi dans le douzième chapitre aux Hébreux : Le ciel et la terre seront encore remués et changés. Mais la foi reçoit un royaume inébranlable et retient la grâce qui nous a donné et qui affermit en nous l’espérance de la gloire. C’est bien là ce à quoi nous sommes tous parvenus. Et, dans les deux passages que nous comparons, ces choses sont opposées aux faibles éléments qu’avait administrés Moïse. Ces éléments n’étaient qu’une ombre des biens célestes et éternels dont les versets 22 à 24 nous donnent enfin un tableau aussi précieux qu’important à cause de ses détails : « Car vous ne vous êtes pas approchés d’une montagne qu’on touche avec la main… Mais vous vous êtes approchés[3] d’une montagne de Sion — et d’une ville du Dieu vivant, d’une Jérusalem céleste — et de myriades d’anges, d’une réunion générale — et d’une Église des premiers-nés inscrits dans les cieux — et d’un juge Dieu de tous — et des esprits de justes consommés — et de Jésus médiateur d’une nouvelle alliance — et d’un sang d’arrosement qui prononce de meilleures choses qu’Abel ».

Or, il n’y a pas de croyant qui ne soit parvenu à ces choses, puisqu’elles sont la propriété de la foi et que, en dehors d’elles, il n’y a pas de salut. C’est donc cela qu’il faut penser ; et en cela même qu’il faut aussi marcher, car tel est le prix de l’appel d’en haut, de Dieu, en Jésus Christ. C’est de ces choses aussi que de mauvais ouvriers voulaient détourner les disciples, parce que « les pensées » de ces ouvriers étaient « aux choses de la terre ». C’était en échange d’aussi glorieux privilèges que Paul avait fait, comme un gain, la perte de tout le reste. Laissant tout derrière lui, et chutes et progrès et prérogatives charnelles, il courait sans relâche en avant, guidé par la lumière qu’il ne perdait pas de vue. Il était ainsi dans la lumière. Il marchait dans la lumière, quoique n’en ayant pas encore atteint le foyer.

Or quand même les uns ou les autres d’entre nous l’ignoreraient, il n’en sont pas moins parvenus à cela même, parce que c’est à cela même que la foi nous a amenés en Jésus.

Ne serait-il pas bien triste de connaître qu’on est parvenu à de tels privilèges, à une telle vocation et de n’y pas marcher ? Ne serait-il pas encore plus triste, lorsqu’on n’y marche pas pour une cause ou pour une autre, d’inviter ceux qui réalisent, autant que possible, cette vocation d’en haut, à en sortir et à « penser autrement » ? Et souvenons-nous que Dieu n’éclairera ceux qui pensent autrement, qu’Il ne leur dévoilera ce qui leur est caché, qu’autant que le désir d’une obéissance humble et simple sera dans leur cœur (Jean 7, 17 ; 2 Cor. 3, 16).

On peut avoir foi au sang de Christ sans le connaître encore pleinement comme le médiateur d’une alliance nouvelle, comme le Fils consommé pour toujours, comme Celui qui est la Tête et dans lequel nous sommes parfaits. On peut ignorer la différence qui existe entre les esprits des justes consommés et l’Église des premiers-nés (Héb. 1, 6 ; Rom. 8, 29 ; Col. 1, 18 ; Apoc. 1, 5 ; etc.). Il est possible, qu’un frère, d’ailleurs bien cher dans le Seigneur, ne connaisse pas davantage en quoi diffèrent l’Église et la réunion générale, et les myriades d’anges. Il n’y a que trop d’enfants de Dieu qui n’attendent guère la cité qui a les fondements et dont parle l’épître aux Hébreux ; Philippiens 3, 20 ; Jean 14 ; 17 ; Apocalypse 21, ainsi que tant d’autres précieux passages de la Parole. En toutes ces choses, je crois même, que nous péchons tous du plus au moins en fait d’intelligence. Mais comment y pensera-t-on et comment y marchera-t-on, si on les ignore ?

Toutefois il est écrit : « Si quelqu’un est faible dans la foi, recevez-le… car Dieu l’a reçu ». Il peut être et je crois qu’il est plus difficile à ceux qui ignorent ces choses ou qui n’y marchent pas qu’à ceux qui y marchent, d’obéir à cette parole : « Or le Dieu de la patience et de la consolation vous donne d’avoir, les uns à l’égard des autres, une même pensée selon le Christ Jésus, afin que, d’un commun accord, vous glorifiiez, d’une même bouche, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Quoi qu’il en soit des difficultés, la vérité subsiste et les paroles que nous venons de lire nous présentent le culte des saints, en commun et en dehors du monde, comme le moyen de glorifier Dieu sur la terre, au point de vue ecclésiastique. Tous les saints devraient penser ainsi et marcher ainsi. Or voici le moyen d’y parvenir : « C’est pourquoi, recevez-vous les uns les autres de même que le Christ aussi nous a reçus, pour la gloire de Dieu » (Rom. 15, 5-7). Si l’on invoque une même règle suivant laquelle il faille marcher, je n’en vois pas d’autre que la réception mutuelle et réciproque des rachetés pour rendre culte à Dieu et pour croître ensemble dans la connaissance et dans la grâce de Dieu, puisqu’il s’agit de s’approcher ensemble des choses auxquelles nous sommes parvenus. Si, au contraire, on se sert de Philippiens 3, 15, 16, pour m’engager à reconnaître ou à paraître approuver une marche sectaire quelconque, en me présentant pour prétexte la bonne conduite individuelle de plusieurs frères, dont la marche ecclésiastique est en opposition à leur vocation céleste, je repousse une telle interprétation, parce qu’elle détruit toute saine notion du témoignage. Les chrétiens ne doivent ni s’unir, ni s’allier dans le mal.

Il est pénible d’être forcé d’avouer que tant de saints vivent absolument comme s’il n’y avait pas une Église de Dieu sur la terre — comme s’ils n’étaient pas parvenus à l’appel céleste de Dieu en Jésus Christ, au trône de la grâce et au mont de Sion, siège immuable de la grâce et de la gloire royale du vrai David.

Nous devrions tous mieux mériter le reproche des incrédules qui disent : Laissez-les ! ce sont des gens de l’autre monde. Oh ! si nous étions assez pleins de l’amour de Dieu et de l’attente du Seigneur Jésus pour que personne ne pût nous refuser le titre de chrétiens et pour qu’aucun mondain ne pût s’en revêtir ! Le monde ne possédera jamais la puissance qui fait agir et marcher les rachetés. Il dit bien : Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. Mais la vérité serait : Dis-moi qui tu aimes, je te dirai ce que tu es. L’amour pour Christ, voilà ce qui caractérise le chrétien. Voilà la puissance et le mobile qui peuvent nous faire penser et marcher suivant une même règle.

La connaissance d’un tel amour et de la vocation céleste de l’Église agira certainement avec plus d’efficace sur les cœurs que toutes les ordonnances et que tous les commandements possibles. On ne peut pas penser à des choses que l’on ne connaît pas ; on ne peut les aimer et il est impossible d’y marcher, ni seul ni ensemble, si l’on n’y croit pas.

La loi laisse fleurir dans les cœurs la racine de l’ignorance et de l’incrédulité. L’amour de Dieu remplit le cœur ; son jugement éclaircit la vue ; sa grâce est seule capable de nous faire servir Dieu d’une manière qui Lui soit agréable, avec respect et crainte.

Notre devoir à l’égard de tous les saints ne change pas, lors même qu’ils se privent de la grâce et des promesses ; lors même qu’ils pensent ou paraissent en être privés. Nous devons les recevoir, veiller sur eux, prier pour eux, prendre garde à eux, les soigner selon nos forces, les avertir, les instruire, les exhorter, les consoler, les fortifier selon la mesure de notre foi. Chacun de nous peut avoir besoin des offices d’un tel amour (Héb. 3, 12 ; 4, 1 ; 10, 24 ; 12, 12, 13, 15).

Mais prenons garde à la vérité !

La vérité sans l’amour, c’est la loi. L’amour sans la vérité n’est que chair. La chair et la loi mènent à la mort. Mais l’amour se plaît avec la vérité et la grâce et la vérité sont par Jésus Christ. Nous ne pouvons pas être des imitateurs du Dieu de vérité comme étant Ses enfants bien-aimés, si, sous prétexte d’amour, nous abandonnons la plus petite parcelle de la vérité, pour autant qu’elle nous est connue (Jér. 15, 19). Et si nous devons recevoir, aimer et soigner ceux qui pensent et qui marchent encore comme s’ils n’étaient pas parvenus à l’appel céleste, cela ne signifie pas que nous devions penser et marcher avec eux suivant une même règle, puisque leur règle, s’ils en ont une, n’est pas du tout conforme à l’exemple de Paul en Philippiens 3. Nous ne devons pas avoir une même pensée dans l’ignorance, la désobéissance ou l’incrédulité ; mais il est écrit : « Qu’il y ait en vous une même pensée que dans le Christ Jésus » — savoir le renoncement, le dévouement, l’obéissance et l’espérance de la gloire. La pensée qui était en Christ peut, en effet, se résumer en ceci : « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé ». N’avoir aucune volonté propre, c’est l’opposé du péché ; c’est la pensée qui était dans le Christ, celle qui doit être la nôtre et en particulier celle de tous les ouvriers du Seigneur : « Prenez garde, disait Paul, à ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous » — mais aussi : Prenez garde à ceux « dont les pensées sont aux choses de la terre » (cf. Phil. 3, 19 ; Matt. 16, 23 ; 17, 17 ; Luc 9, 55 ; 24, 25 ; etc.).

Recevons et aimons les frères qui ignorent encore bien des points de la saine doctrine sur l’Église et sur la gloire et le retour du Seigneur ; que nos cœurs soient larges avec eux et pour eux, mais en même temps que nos pieds ne quittent jamais l’étroit sentier du témoignage et le terrain ferme et net de la Parole.

Il y a un témoignage collectif ou ecclésiastique[4]. Ne l’oublions pas ! « Et si quelqu’un ignore, qu’il ignore ».

« Tu as donné une bannière à ceux qui te craignant, afin qu’ils la tiennent haut élevée pour l’amour de ta vérité » (Ps. 60, 4)[5]. Combien une telle pensée est éloignée des sentiments de ces pauvres chrétiens qui disent : « Lorsque nous serons tous réunis dans le ciel, ne sera-t-il pas bien égal, alors, que nous ayons marché ici-bas suivant telle ou telle vue secondaire quant à l’Église ? ». Non ! non ! chers frères ; vous ne le croyez pas vous-mêmes, puisque vous nous pressez de marcher ensemble suivant une même règle et d’avoir une même pensée — que vous. Non ! non ! Dieu n’est pas injuste pour oublier, dans le jour de Christ, de donner toutes les couronnes et toutes les récompenses qu’Il a promises aux fidèles témoins de « Sa vérité ». Or cette vérité est une et « aucun mensonge ne vient de la vérité ». « Ta Parole est la vérité ».

Il ne s’agit pas ici de disputes d’opinions, mais de penser aux choses d’en haut, à notre appel céleste, aux choses auxquelles nous sommes tous parvenus, en Christ, par la foi. Enfin il s’agit de « marcher dans ces choses mêmes ». C’est une chose bonne et agréable que « les frères s’entretiennent ensemble ». L’huile de la sacrificature et l’onction du Saint découlent sur l’unité de sa robe faite d’un seul tissu et sans couture depuis le haut jusqu’en bas. Je veux dire que Dieu a ordonné la vie et la bénédiction à toujours sur le rassemblement des frères, d’après le principe essentiel et fondamental de l’unité de l’Église, corps de Christ sur la terre.

La vocation d’en haut introduit tous les frères saints dans un même sentiment, dans les pensées de Dieu à l’égard de l’Église et, ainsi, dans une même voie qui est celle « d’une même espérance de notre appel ». Le quatrième chapitre aux Éphésiens trace clairement la route des élus qui veulent obéir à l’appel d’en haut, de Dieu, en Jésus Christ, et qui cherchent à jouir des choses célestes comprises dans cet appel, choses dont le douzième chapitre de l’épître aux Hébreux nous a fourni une esquisse. La paix de Dieu est le lest de cette flotte. L’union sur le pied de l’unité est son unique point de ralliement. « Et que la paix de Dieu, pour laquelle vous fûtes appelés en un seul corps, règne dans vos cœurs et soyez reconnaissants » (Col. 3, 15). Or il ne s’agit nullement d’union entre des sectes qui renfermeraient plus ou moins de membres de ce « seul corps » : Ce serait un non-sens. Il ne s’agit point de paix entre des sectes ou entre leurs membres, mais il s’agit, au contraire, de paix et d’union entre les membres d’un seul corps, comme marchant sur le terrain ou selon le principe de l’unité de ce seul corps. Joseph, cette glorieuse victime des dissensions de sa famille, ne dit-il pas aussi à chacun de nous individuellement et uniquement au point de vue de la fraternité : « Ne vous querellez point en chemin » (Gen. 45, 24) ? Mais pour manifester l’unité du corps par une vie de famille tout en traversant le désert, il faut croire à cette unité, il faut y penser.

Paul connaissait la foi des Éphésiens et « leur amour pour tous les saints ». C’est pourquoi Paul priait le Père de les éclairer sur l’espérance de Son appel, sur la richesse de leur héritage commun et sur la puissante grâce qui les avait rendus dignes et capables d’y participer. Il fallait que l’amour embrassât tous les saints comme membres les uns des autres et comme membres d’un seul corps. Comment l’idée des sectes pourrait-elle se mêler à une telle union sans la détruire ?

Il fallait que les Éphésiens connussent l’unité opérée par le Saint Esprit, l’unité selon Dieu, afin qu’ils pussent penser et marcher selon l’appel de Dieu en Jésus Christ.

Ils avaient été rapprochés de Dieu pour avoir accès, les uns et les autres, auprès du Père en un seul Esprit, comme étant une seule famille céleste, un seul temple, l’Église ou l’habitation de Dieu par l’Esprit. Tels sont les faits sur lesquels se base l’exhortation des six premiers versets d’Éphésiens 4 : « Je vous exhorte donc… à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés… vous supportant les uns les autres dans l’amour (ce qui suppose que l’on fait route ensemble comme une famille qui n’a qu'un seul et même camp), vous empressant de conserver l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix ».

Il y a donc une unité opérée par le Saint Esprit selon le conseil et l’appel de Dieu, une unité que nous devons conserver, garder en pratique dans le lien de la paix et d’une manière sensible par l’union visible des membres de cette unité. Il ne s’agit donc nullement de créer, d’imaginer, d’inventer, de constituer un accord entre des choses qui, dans leur existence même, diffèrent essentiellement de « l’unité de l’Esprit ».

Le chemin est tout tracé. C’est une vocation commune, une espérance commune, des affections et des intérêts communs, qui unissent les cœurs des frères dans l’amour du Père et dans la paix. Pour que la caravane marche ensemble et bien unie, il faut qu’elle ait la conscience de ce qu’elle est et de ce qu’elle fait. Or elle est « un seul corps et un seul Esprit ». C’est une unité formée et rassemblée sur la terre par l’Esprit qui la conduit là où le Père l’appelle, là où son Chef, sa tête et son Seigneur l’a déjà introduite par Sa présence, dans le ciel : « Un seul Esprit, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous (de tous les membres de cette unité, y compris la Tête), qui est sur tous et au travers de tous et au-dedans de vous tous ». Le tabernacle, dans le désert, était une ombre de ceci. Il était uni et relié ensemble par des tenons et par des barres, dont l’une passait au milieu de tous les ais et les quatre autres dans les anneaux d’or fixés à ces ais, afin que les barres courussent d’un bout à l’autre de l’édifice (Ex. 26, 15 ; 36, 33, 34)[6].

Pensent-ils ainsi et marchent-ils ainsi, les chrétiens qui nient la ruine de l’Église ? Pensent-ils et marchent-ils ainsi, ceux qui, à l’imitation des hommes politiques du siècle, acceptent cette ruine comme un fait accompli ; fait auquel, par conséquent, « l’on doit se conformer tout bonnement » ? À quoi sont-ils parvenus ? À s’entendre et à s’allier sur le terrain de l’abandon que l’Église a fait de son union extérieure et cela à la suite de son mépris ou de son ignorance quant à « l’unité de l’Esprit ».

Serons-nous désireux de parvenir à remplacer l’union et l’unité par des concessions réciproques mais opposées à notre appel en un seul corps ?

J’estime que ce serait abandonner les pensées de Dieu pour obéir à l’esprit charnel et sectaire de l’homme, quitter le chemin et l’appel de Dieu pour suivre le chemin de la sagesse humaine et l’appel de la chair. Laissons-leur leurs rêves d’une Église de l’avenir. Soyons de l’Église d’à-présent, de l’Église de Dieu et d’aucune autre.

Nous rejetterons donc l’emploi que l’on essaie de faire de Philippiens 3, 16, pour engager les chrétiens à demeurer dans des églises particulières c’est-à-dire dans des sectes ; ou bien encore dans des confédérations, ou des alliances de sectes, nous souvenant qu’il est écrit : « N’appelez pas confédération tout ce que ce peuple appelle confédération », et nous ne justifierons pas chez nos frères la froideur et la négligence à rechercher la vérité ecclésiastique pour la pratiquer.

Frères bien-aimés dans le Seigneur ! Puissiez-vous tous, sans exception, dire : « Nous sommes parvenus à toutes les richesses renfermées dans l’appel céleste de Dieu en Jésus Christ. Nous attendons Celui qui a été mort, mais qui vit et qui intervient devant Dieu pour nous, en vue de nos infirmités. Il nous ramènera avec Lui, dans sa gloire, pour régner avec Lui ». Et si vous pensez ces choses et si vous voulez marcher en cela même, après avoir abandonné tout le reste, alors quoique nous soyons tous faibles, bien faibles, nous allons tous nous rencontrer, marchant en cela même.

En effet, « comment deux marcheront-ils ensemble, s’ils ne sont pas d’accord ? » (Amos 3, 3).

Une règle pour « les choses de Dieu » n’est que mensonge si elle vient de l’homme. Il en est de même de toute pensée de l’homme ou du cœur naturel. Marcherons-nous suivant les doctrines, les institutions et les commandements des hommes ou selon la Parole de la grâce de notre Dieu ? Deviendrons-nous membres d’une dénomination ou d’une église particulière, c’est-à-dire d’une secte ? Aurons-nous « un culte arbitraire » dans lequel la sacrificature universelle est sacrifiée, parce que le ministère de la Parole s’est emparé de tous les actes de cette sacrificature et de la direction du culte (Col. 2, 8, 18-23) ? Remplacerons-nous, dans le culte des saints, l’esprit d’ordre et de décence, ainsi que l’efficace de la présence de Jésus au milieu des deux ou trois réunis en Son nom, par une présidence humaine, par des formes et des règlements ? Remplacerons-nous le culte des rachetés par une prédication officielle et par des prières officielles, sous la présidence d’un homme officiel ?

Devons-nous, pour « marcher ensemble suivant une même règle et avoir une même pensée », nous allier avec le monde pour les choses de Dieu, ou reconnaître des alliances selon cette règle-là ? Devons-nous abandonner la discipline et les moyens de maintenir pure la table du Seigneur ?

Dites-nous, « frères saints, participants de l’appel céleste », si vous avez pour règle « le rassemblement de nous-mêmes ensemble » sur le simple et unique pied de la fraternité et de l’amour fraternel en Jésus ? Dites-nous si vous avez pour pensée et pour règle, de rendre à Dieu un culte en Esprit et en vérité, c’est-à-dire un culte commun et mutuel, placé sous la seule présidence du Seigneur Jésus et sous l’unique direction de son Esprit, selon les commandements exprès, détaillés et positifs du Seigneur (1 Cor. 14, surtout 34 à 40 ; Rom. 12, 6-8 ; 1 Pierre 4, 10, 11 ; Rom. 15, 6-14 ; 1 Cor. 6, 9-13 ; Héb. 10, 25 ; 2 Cor. 6, 14-18 ; Éph. 5, 6-21 ; Col. 3, 16, 17) ? N’est-ce pas, chers frères, que ces passages sont des pensées et des règles de Dieu, sur l’unité de l’Esprit, sur l’unité du corps, sur la séparation d’avec le monde et sur notre marche conformément à l’appel d’en haut, c’est-à-dire conformément à la vocation céleste de l’Église !

Eh bien ! s’il en est ainsi, permettez-moi de vous demander si vous réalisez ces choses et si vous marchez en cela même. Et si, après avoir lu attentivement ces passages, vous pouvez dire, la main sur le cœur : Oui, nous pensons cela et nous voulons marcher en cela même, alors rien ne vous sépare plus de vos frères qui, depuis longtemps, pensent ainsi et marchent ainsi. Vous ne nous objecterez pas nos misères et nos faiblesses dans la pratique de ces pensées et de ces règles de Dieu. Un cœur droit et sincère ne juge pas, ou plutôt il ne condamne pas les principes de Dieu par la faiblesse des disciples de la Parole qui leur fournit ces mêmes principes. Nous savons tous assez que, avec de tels raisonnements, on peut attaquer le christianisme lui-même, sans qu’il ait tort pour cela ; et vous ne voudriez pas vous servir de la tactique de Satan contre la vérité.

S’il est vrai que vouliez « penser cela et marcher en cela même », faites donc mieux que ceux que vous blâmez et qui sont sur cette voie, mais faites mieux « en pensant ainsi et en marchant en cela même ». Il serait bien bon que nous missions tous la plus ardente émulation à courir ensemble dans la présente vérité.

Si vous l’essayez, alors, bien-aimés du Seigneur, il n’y aura plus de nous et de vous. Il y aura seulement « tout autant de parfaits », marchant ensemble en Christ, sur le même terrain qui est celui que parcourt une foi conséquente avec l’appel céleste de l’Église. Ce terrain est celui de la Parole de Dieu et de notre dépendance du Saint Esprit. Si vous y marchez (mieux que d’autres, peut-être) nous ferons tous, forts et faibles, partie d’une caravane unie et bien serrée, qui n’aura qu’une même règle, la Parole, et une même pensée, celle de Christ.

Et si quelqu’un, dans cette caravane, « pense quelque chose autrement, Dieu lui dévoilera aussi cela ». Les progrès dans la connaissance de Dieu et de sa volonté sont liés, dans notre texte, au combat et à la course dans l’arène de la vérité : « Je continue m’étendant vers les choses qui sont en avant ; je continue vers le but… Pensons donc tous cela et si (en pensant ainsi et en marchant comme moi) vous pensez quelque chose autrement, Dieu vous dévoilera aussi (ce que vous ignorez, ce que vous ne voyez pas) ».

Comment discernerait-on les choses qui diffèrent pour en juger sainement, si l’on marche et si l’on pense selon la chair et non selon l’appel céleste de Dieu en Jésus, l’Époux glorifié de l’Église ?

« Que cries-tu à moi ? Parle aux enfants d’Israël, qu’ils marchent ! ».

On ne chante le cantique du culte en Esprit et en vérité qu’après avoir quitté l’Égypte, réalisé la délivrance et marché à travers la mer Rouge. Il n’y a de jouissance des bénédictions célestes, il n’y a de liberté et de force qu’à mesure que l’on obéit.

J’ai cherché à montrer qu’il n’y avait d’accord possible entre les chrétiens que sur la base de l’appel céleste de Dieu, en Jésus Christ. Si donc on nous parle de pensées et de règles communes, je crois pouvoir résumer les unes et les autres en cinq mots : Soyons ce que nous sommes.

Telle est, me semble-t-il, la portée des passages que nous avons examinés et mis en regard les uns des autres.

Que Dieu garde les frères de marcher dans des pensées qui ne seraient pas la pensée du Christ, ou d’abandonner la vérité pour revêtir de beaux semblants de largeur et d’amour. La volonté propre, l’indifférence et les concessions ne sont ni l’amour ni la vérité. La vérité est de Dieu. Il nous l’a donnée et confiée. Il ne nous appartient pas d’en disposer à notre gré.

Que Dieu garde Ses chers enfants de marcher selon les institutions, les ordonnances, les constitutions et les règles de l’homme. Qu’Il leur accorde l’amour et la recherche de la vérité pour la pratiquer à travers tous les obstacles du présent siècle méchant. Il n’y a, dans la Parole de Dieu, que des vérités éternelles, puisque cette Parole est la vérité. Rendons grâces à notre Dieu de ce qu’Il a dévoilé, par Son Esprit et dans Sa Parole, les vérités nécessaires aux cœurs des siens pour les guider et les soutenir dans les derniers temps difficiles, auxquels nous sommes parvenus par Sa grâce. Amen !



  1. Le mot grec n’est traduit qu’ici par tout autant que. Il se trouve environ cent quinze fois dans le Nouveau Testament où on l’a traduit fréquemment par tous ceux qui. Paul a montré en Christ un modèle, puis, en lui-même, un imitateur de ce modèle. Alors il s’adresse aux croyants en général pour les exhorter à s’avancer, en pratique, vers l’état d’hommes faits. Il nous dit : « Tous les parfaits donc, pensons… ».
  2. 1 Cor. 13, 10 ; cf. Luc 13, 32, où le Seigneur parle comme Fils de l’homme dans les jours de Sa chair et comme envoyé du Père (voyez Jean 17, 1 et 5, etc.).
  3. En Philippiens 3, 16, et en Hébreux 12, les verbes grecs sont différents, mais au fond le sens en est le même.
    Dans l’épître aux Hébreux, le privilège et le devoir de s’approcher de Dieu ou du trône de la grâce fait de l’Église une famille d’adorateurs célestes. Nous n’avons plus un Dieu de loin ; mais nous avons un Dieu de près. Le voile ayant été déchiré et Jésus étant notre précurseur, l’acte de s’approcher de Dieu par Son moyen est un culte, un hommage rendu au Père par le moyen du Fils, en Esprit et en vérité.
    Avant Sa mort, Christ avait révélé aux disciples de l’évangile du royaume les relations d’un peuple sur la terre, avec le Père qui était dans les cieux. Depuis la glorification du Christ, l’évangile révèle une famille céleste qui, quoique vivant sur la terre, s’approche dans le ciel, par Christ, d’un Père céleste (Héb. 4, 16 ; 7, 19, 25 ; 10, 1, 22 ; 11, 6 ; 12, 18, 22).
  4. Traiter ce sujet ici m’entraînerait trop loin. Je l’ai touché dans le n° 3 des « Études Scripturaires ». Je suis bien éloigné de vouloir mettre de côté ou affaiblir la nécessité d’un témoignage pratique individuel (Éph. 2, 10 ; Tite 2, 11-14 ; 3, 8 ; Héb. 10, 24, 25). Mais quelque important qu’il soit, le témoignage individuel est très incomplet, si on l’isole du témoignage collectif ou ecclésiastique (d’Église). Nous nous occupons surtout de ce dernier, parce que l’on entend fréquemment citer Philippiens 3, 16, pour en affaiblir l’importance et la nécessité. La vérité est que, si un témoignage individuel est incomplet sans le témoignage ecclésiastique, ce dernier est impossible pour les individus qui ne rendraient pas le premier.
  5. À quoi l’on peut opposer Ps. 74, 4 et 9, où le résidu dit à son Dieu : « L’ennemi a tout renversé au lieu saint. Tes adversaires ont rugi au milieu de tes synagogues, ils ont mis leurs enseignes pour enseignesNous ne voyons plus nos enseignes ». Hélas ! l’ennemi n’a que trop réalisé, par anticipation, l’accomplissement de ces paroles au milieu de la chrétienté.
  6. La première barre figurait, je pense, le Saint Esprit qui est au-dedans de nous tous, ce qui forme un seul tabernacle ; les autres barres, extérieures, représentaient, peut-être, les jointures de fournissement ou les dons que Christ fournit pour que le corps demeure étroitement uni. Hélas ! ces dons, le plus souvent hors de place, ont plutôt contribué à la division ; tant il est vrai que l’ennemi a trop bien réussi à désunir les enfants de Dieu par les grâces mêmes que Jésus avait accordées pour le maintien de leur union, comme les dons et la cène, par exemple.