Écho du Témoignage:Quelle différence y a-t-il entre la venue de Christ pour recevoir Ses saints, et Son apparition en gloire avec eux

De mipe
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On a supposé que la Parole de Dieu ne fournit que fort peu de preuves, si même elle en présente de directes, à l’appui de l’idée qu’il y a réellement une différence, et que tout ce qu’on peut produire en sa faveur consiste en inductions d’un caractère plutôt vague et incertain.

Cet article a pour but de montrer que la différence en question repose sur des preuves aussi solides et aussi complètes, que celles par lesquelles on établit presque toutes les autres vérités scripturaires.

Ces preuves sont de trois espèces :

1° Celle qui provient de déclarations directes ;

2° Celle que fournit une induction manifeste et légitime ;

3° Celle qui ressort de l’accord général et de l’harmonie de l’Écriture avec elle ; tandis que les systèmes d’interprétation qui ne l’admettent pas, ne peuvent absolument pas se concilier avec plusieurs de ses principes bien connus, et impliquent une violation de l’ordre divin qui y règne d’un bout à l’autre.

Lorsqu’on aura pesé ces preuves, on reconnaîtra que la supposition à laquelle il est fait allusion ci-dessus, provient soit de ce que cette démonstration n’a pas obtenu la place éminente qui lui appartient et n’a pas été faite avec assez de clarté ; soit de ce qu’elle n’a pas été l’objet de la part des chrétiens en général, par inadvertance, ou peut-être, dans certains cas, par manque d’appréciation convenable de la vérité, de l’attention et de la considération qu’elle mérite.

Dans la présentation des preuves que nous allons produire, nous ne suivrons pas nécessairement l’ordre indiqué ci-dessus, mais nous les donnerons selon qu’elles s’offrent naturellement dans les passages de l’Écriture dont nous nous occuperons, et le lecteur verra lui-même sous quel chef il doit proprement les classer[1].

La question elle-même est de la plus haute importance pour l’Église de Dieu, puisque de la solution que lui donne la Parole de Dieu dépendent à la fois la position et les devoirs de l’Église pendant qu’elle est ici-bas sur la terre. Si son Seigneur peut revenir à toute heure, à tout moment, et que cela soit réellement senti par l’âme, le cœur Lui sera fidèle ; et si cela fait défaut, la crainte de ne pas être trouvé prêt disposera à la vigilance jusqu’à ce qu’Il vienne. Tandis que s’il est révélé qu’il doit se passer préalablement une diversité d’événements dont l’accomplissement rende impossible que le Seigneur revienne de longtemps, Il ne saurait être attendu de la même manière ; Sa venue sera considérée comme étant à une certaine distance, et l’effet pratique de cette incertitude sur l’esprit, effet sur lequel le Seigneur Lui-même insiste si fréquemment, sera, sinon détruit, du moins extrêmement affaibli. Il n’est personne qui, si on lui disait qu’il doit s’écouler sept ans ou plus avant le retour du Seigneur, sentît que c’est la même chose, ou qu’il est aussi nécessaire de se tenir prêt, que si on l’avertissait que Christ peut revenir avant l’aurore d’un autre jour. Par là, l’efficace de cette attente pour séparer du monde, fixer le cœur aux choses célestes ou le consoler dans la souffrance, se trouve certainement fort affaiblie.

Si cette considération est soigneusement pesée, elle aura pour effet de porter ceux qui traitent avec révérence les directions et les commandements positifs du Seigneur, à se méfier de tout système d’interprétation qui place nécessairement Sa venue à distance. Rien ne saurait être plus clair que les exhortations qu’Il adresse à Ses disciples de veiller et d’être toujours aux aguets pour Son retour, à quelque moment de la nuit, c’est-à-dire, de la période actuelle, qu’il puisse avoir lieu. À diverses reprises, Il insiste auprès d’eux pour qu’ils soient « semblables à des serviteurs qui attendent leur Seigneur, quand il s’en reviendra des noces, afin que quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt » ; ces paroles-ci par exemple : « Bienheureux sont ces esclaves-là, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant… Et s’il vient à la seconde veille, et s’il vient à la troisième, et qu’il les trouve ainsi, bienheureux sont ces esclaves-là » (Luc 12, 36-38 ; Matt. 25, 1-13) ; etc.). Du moment que le serviteur se mit à dire en son cœur : « Mon maître tarde à venir », il devint négligent et infidèle dans l’accomplissement de ses devoirs (Luc 12 ; Matt. 24). Et toute l’Église, dans la parabole des vierges sages et des vierges folles, est représentée comme recouvrant sa position, quoiqu’elle fût sortie dès l’origine avec la pensée d’aller à la rencontre de l’Époux, seulement lorsqu’elle est de nouveau éveillée à cette attente bénie par le cri : « Voici, l’Époux vient, sortez à sa rencontre ! » (Matt. 25).

Conformément à ces directions, les saints sont invariablement présentés dans les épîtres, comme attendant incessamment le retour de Jésus. « Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu », dit l’apôtre Paul écrivant aux Thessaloniciens « pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre des cieux son Fils » (1 Thess. 1, 9, 10). Il écrit aussi à ceux de Philippes : « Notre conversation est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme sauveur » (Phil. 3, 20). Telle était leur position, et telle leur attente, selon que l’apôtre lui-même les décrit dans ces passages et dans beaucoup d’autres. Est-ce compatible avec cela, de supposer qu’ils s’attendaient à voir s’accomplir préalablement toutes les scènes de jugement décrites dans l’Apocalypse — le retour et le rétablissement des Juifs dans leur pays — la manifestation et le gouvernement de l’Antichrist, et les sept années durant lesquelles la nation juive doit être en rapport avec lui — sans compter d’autres événements, trop nombreux pour être mentionnés ici ? Serait-ce là attendre Christ des cieux ; et pourrait-on dire qu’ils L’attendaient s’ils avaient à attendre le déroulement successif de tous ces événements avant qu’ils pussent Le voir de nouveau ? Telles sont les questions que nous devrions faire dès le début de ces recherches, avant de songer à admettre des vues subversives des intentions et des directions les plus évidentes de notre Seigneur et de Ses apôtres.

Nous en viendrons maintenant à l’examen de quelques passages propres à jeter plus de lumière sur ces points.

Lorsqu’Il était près de laisser ses disciples pour retourner au Père, notre bien-aimé Sauveur leur dit (Jean 14) qu’Il allait leur préparer une place dans la maison de Son Père, et leur fit la réjouissante promesse que dès qu’Il la leur aurait préparée, Il reviendrait et les prendrait avec Lui-même, afin que là où Il était, ils y fussent aussi. Cela devait fixer leurs espérances et remplir leurs cœurs de désir : ils devaient avoir une demeure, mais ce devait être la sienne propre, préparée aussi par Lui-même, et ils devaient en jouir avec Lui dont l’amour était occupé à leur procurer en elle cette place bénie. Ce n’était pas avec la manifestation et la gloire du royaume que Jésus cherchait à les consoler, mais avec quelque chose de beaucoup plus doux et plus attrayant pour le cœur renouvelé. C’était au Père et à la maison du Père que Jésus Lui-même allait, selon qu’Il dit : « vous savez où je vais et vous en savez le chemin » ; et « là où je vais tu ne peux me suivre maintenant ; mais tu me suivras ci-après ». Et c’est pour les placer là qu’Il s’engage à venir les prendre. Il n’y a rien dans ces paroles au sujet du règne des saints sur la terre, quoique nous sachions qu’il aura lieu ainsi en son temps ; mais la venue du Seigneur pour les saints est rattachée d’une manière claire et précise à leur translation dans la maison du Père, et c’est l’accomplissement de ce dessein que Sa venue a pour objet. De sorte qu’en considérant cet événement béni, il nous faut laisser de la place pour cette translation, comme le premier acte que le Seigneur nous a signalé en connexion avec Son retour.

Si la réalisation de leur attente n’a pas lieu en même temps, il faut demander : « Quand et comment peut-elle être accomplie ? Puisque ce n’est pas certainement une chose momentanée, faut-il l’ajourner indéfiniment, ou devons-nous régner sur la terre et être revêtus des dignités que nous possédons à titre de fils, avant d’être présentés au Père comme les enfants qu’Il a aimés — avant de jouir de la demeure qui doit nous être commune avec Jésus pour toujours ? ». Quel moment pourrait-on lui trouver aussi convenable que celui avec lequel elle est associée dans ce passage, si même il est possible d’en trouver absolument un autre avant la fin du millénium ? Certainement le langage dont le Seigneur se sert nous conduirait naturellement à attendre que nous serons pris immédiatement dans notre demeure lors de Son retour, et qu’Il vient pour nous y introduire, et non pas simplement pour nous élever dans l’air et nous ramener ensuite sur la terre sans que nous y ayons été du tout.

On verra par l’examen que nous allons faire de l’Écriture, que ce qui est seulement donné à entendre ici est exprimé ailleurs d’une manière très nette et très claire. En 1 Thessaloniciens 4, 15-17, il est dit que le Seigneur descend du ciel dans l’air avec un cri de commandement[2], et de là appelle à se réunir à Lui tous les saints, les morts et les vivants, qui étant respectivement ressuscités et changés sont enlevés ensemble dans les nuées, et, unis comme un seul corps, montent au-dessus d’elles pour aller à la rencontre de Celui qui les a appelés et qui les attend dans l’air. Les mots employés ici « à la rencontre du Seigneur en l’air » n’impliquent rien de plus sinon que le désir et l’action sont réciproques. Christ est descendu du ciel pour nous, et nous montons vers Lui, attirés par Sa présence bénie, et vivifiés par Son pouvoir. Nous apprenons de ce passage que le Seigneur reste dans l’air pendant que ces choses ont lieu et jusqu’à ce que toute l’Église soit rassemblée près de Lui.

Il n’y a donc rien ici qui se rapporte à d’autres que les saints ; — rien qui indique l’apparition de Christ au monde ou Ses actes à son égard ; — rien de Sa venue avec les nuées ou en flammes de feu, ou même d’anges qui L’accompagnent ; pas de trace d’une descente quelconque sur la terre ; — rien qui donne lieu de penser qu’en ce moment-là Il ait autre chose en vue que Ses saints et leur translation. Le Saint Esprit ajoute seulement : « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». Notre avenir se perd dans celui du Sauveur bien-aimé qui est venu du ciel pour nous appeler à Lui-même, de telle manière que nous soyons toujours avec Lui. D’autres passages nous apprennent où Il sera plus tard.

Cet événement céleste accompli, l’apôtre continue sur un ton tout différent et comme s’il abordait un tout autre sujet (chap. 5, 1, etc.) : « Mais pour ce qui est des temps et des saisons, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive ». Pourquoi pas, s’ils sont relatifs à l’accomplissement de leurs espérances ? Lorsqu’Il était sur la terre, le Seigneur n’avait-Il pas enseigné à Ses disciples à faire particulièrement attention à la marche des événements sur la terre ; événements, de plus, en rapport avec l’introduction du jour du Seigneur dont il s’agit ici, et pour la description de la soudaineté duquel ainsi que du jugement qui l’accompagnerait, Il employait précisément le même langage ? Le Seigneur leur donna alors pleinement l’explication « des temps et des saisons », et attira sur eux leur plus sérieuse attention, pour qu’ils fussent en état de guetter les progrès successifs qui devaient leur indiquer l’approche du temps de leur délivrance. Les guerres et les bruits de guerre — l’abomination de la désolation — le temps de la détresse sans pareille — les signes dans les cieux — toutes ces choses (comme les bourgeons du figuier indiquent que l’été est proche) doivent leur apprendre que le temps de la manifestation du Fils de l’homme s’approche. Mais ici, l’apôtre ne veut pas s’arrêter à de telles choses comme il l’aurait fait sûrement si elles les avaient concernés ; il ne les engage point à être attentifs aux temps et aux saisons, car il doit leur suffire de connaître le fait général de la manière dont le jour apparaîtra — pour cette raison qu’ils sont enfants de la lumière et du jour, et qu’ils n’appartiennent point à la nuit ni aux ténèbres de ce monde que le jour vient juger et dissiper. Puisqu’ils font partie du jour qui vient du ciel sur la terre, ce jour ne saurait venir sans eux, et moins encore peut-il les surprendre. C’est ainsi qu’en Matthieu 13, ils sont dits « briller comme le soleil », qui amène le jour avec lui, réfléchissant la gloire de Christ dans le royaume de Son Père[3]. Qu’il y a loin de cette pensée à celle d’épier lentement et péniblement l’approche graduelle de ce jour, par l’accomplissement progressif des événements qui le précèdent ! Il ne peut éclater sur eux comme il fera sur ce monde, et il ne peut pas non plus apparaître sans eux, car ils en sont une partie intégrante ; et quand il déploie son éclat, ils sont vus comme une partie de cette lumière qu’il fait briller ; or, pour qu’il puisse en être ainsi, il faut qu’ils soient préalablement enlevés, ou bien le jour apparaîtrait sans eux, et ils seraient surpris par lui.

Rien d’étonnant que l’apôtre ait jugé suffisant de leur dire, au lieu de traiter des temps et des saisons : « Vous n’êtes point dans les ténèbres, de sorte que ce jour vous surprenne comme un larron ; vous êtes tous fils de la lumière et fils du jour ». Il n’aurait pu faire ressortir avec plus de force et d’une manière plus frappante le défaut de fondement de leurs craintes d’être surpris par ce jour quand il viendrait ; car tout ce qui constitue le jour ne saurait être confondu avec la terre et ses habitants sur lesquels il se lève, pas plus que la lumière avec les ténèbres, le jour avec la nuit, le ciel avec la terre, ou le soleil avec ce qu’il inonde de ses rayons. Le langage qu’il emploie a beaucoup plus de force qu’il n’en aurait eu, s’il fût entré dans les détails des événements qui avaient eu lieu auparavant ; ce qui n’était pas non plus nécessaire après l’explication contenue dans le chapitre qui précède relativement à leur translation.

Il se borne à donner la grande conclusion de toute la scène au jour du Seigneur, et à faire connaître quelle sera la place des saints en ce jour-là. C’est une chose remarquable de voir que le Seigneur Lui-même, après Sa résurrection, refuse pareillement d’entrer dans la question des temps et des saisons avec Ses disciples (Act. 1, 6-11) quoiqu’Il leur parle de la descente du Saint Esprit, et du témoignage qu’ils devaient porter sur la terre en Sa faveur. Les paroles auxquelles ce refus est la réponse sont aussi très importantes, en ce qu’elles nous montrent à quoi ces « temps et ces saisons » se rapportent. Les disciples demandent : « Est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël ? ». Il répond : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité » — rattachant ainsi nettement les temps et les saisons au rétablissement du royaume pour Israël ; et en même temps qu’Il ne veut pas s’arrêter au cours des événements terrestres qui doivent amener le royaume, l’attention des disciples est dirigée en avant sur le moment où « Il viendra de la même manière qu’ils l’ont vu s’en allant au ciel ». Ils sont informés de ce qui les concerne eux-mêmes, et de Son retour pour eux ; tandis que leur demande au sujet du rétablissement de Son gouvernement terrestre, en rapport avec Israël, reste sans réponse. Circonstance qui distingue d’une manière assez claire ces deux événements l’un de l’autre.

Comment se fait-il, pouvons-nous demander, que les instructions données par le Seigneur après Sa résurrection diffèrent si largement de celles qui l’avaient précédée, et qu’Il dise maintenant à Ses disciples, en termes sur lesquels on ne peut se méprendre : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les saisons » ? Comment se fait-il que l’apôtre Paul suive le même mode d’enseignement, et que, tout en instruisant à fond les saints de Thessalonique sur l’enlèvement de l’Église et ses espérances célestes, il regarde comme inutile de leur écrire sur les temps et les saisons ? La raison est que, pour être pris au ciel et jouir de notre bénédiction céleste, il n’est nullement nécessaire que les temps auparavant fixés s’accomplissent, non plus que les conseils de Dieu concernant la terre ; tandis que ceux dont les espérances sont rattachées à l’établissement du royaume sur la terre et à la bénédiction qui lui écherra, doivent attendre et veiller jusqu’à ce qu’Israël et la terre aient traversé toutes les épreuves qui leur sont assignées. Ce royaume ne peut être établi jusqu’à ce que l’Antichrist soit détruit, et que toute la suite d’événements que la prophétie annonce pour la terre se soit déroulée. En conséquence, comme résultat du fait que leurs espérances sont des espérances terrestres (lesquelles, dans le cas de ceux qui sont convertis après la translation de l’Église, sont tout à fait légitimes), il faut qu’ils traversent toute la période des dernières tribulations de la terre ; et il n’est pas possible que leur délivrance arrive avant. Aussi, tandis que tous ces signes sont destinés à leur servir de guides, et qu’il leur est donné pour direction de les rechercher les uns après les autres et de se consoler par leur accomplissement graduel, il n’y a pas, après la descente du Saint Esprit pour la formation de l’Église, un seul passage, depuis les Actes jusqu’à l’Apocalypse inclusivement, qui engage ceux qui la composent à attendre ces signes ; mais, bien au contraire, les seules allusions qui y sont faites, comme nous l’avons vu, ou bien déclarent qu’ils ne se rapportent point à eux, ou en détournent leur attention comme ne concernant pas des saints dont les espérances sont célestes.

Aucun chrétien sincère ne considérerait comme une chose étrange que l’Église fût appelée en tout temps à souffrir pour le nom de Christ. Dans toutes ses pages, la Parole de Dieu présente de pareilles souffrances comme un privilège — une distinction honorable pour ceux qui y sont appelés. Mais avoir à passer par la détresse qui vient sur le monde en conséquence de son incrédulité et de la réjection du Fils de Dieu, c’est tout à fait autre chose. La grande tribulation que le prophète annonce est la visitation divine précisément pour ce péché-là. La Parole de Dieu nous déclare que depuis le commencement de la création, il n’y a rien eu et qu’il n’y aura jamais rien de semblable. (Marc 13, 19, 20 ; Matt. 24, 21, 22). Les jours en sont abrégés pour l’amour des personnes élues qui doivent jouir de la bénédiction de la terre sous le paisible gouvernement de Christ, sans quoi nulle chair ne serait sauvée. En Apocalypse 12, 10, 12, les saints d’en haut se réjouissent de ce que l’accusateur de leurs frères est précipité, et ils ajoutent : « Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps ».

Est-ce un privilège que de passer par ce « malheur » infligé à ceux qui, par amour des jouissances de ce monde, ont préféré son prince à Christ, et se sont volontairement exposés à être séduits par lui ? N’est-ce pas bien plus heureux de se trouver avec ceux qui se réjouissent dans le ciel, et anticipent dès ce moment-là la ruine définitive de Satan ? Sans doute, l’Église a manqué en bien des choses, spécialement dans le maintien de la gloire du Fils de Dieu et dans l’attente de Son retour des cieux. Mais supposer qu’elle aura à traverser l’heure de la tribulation du monde, tribulation qui vient sur lui parce qu’il a rejeté et continue encore de rejeter le Sauveur, ce serait, nonobstant sa chute, une pensée indigne de Celui avec lequel elle a à faire, et à qui elle appartient : quelles que soient sa faiblesse et ses erreurs, elle a assurément cru en Lui, L’a aimé et L’a confessé comme son Seigneur, tandis que le monde a refusé soit de se confier en Lui, soit de se soumettre à Lui. En outre, le déplorable état auquel sont réduits les quelques saints qui survivent à la terrible persécution exercée par l’Antichrist, rendrait tout autre chose que désirable la présence de l’Église sur la terre durant cette période. Si les jours n’étaient pas abrégés, « nulle chair ne serait sauvée » ; parce que l’iniquité est multipliée, l’amour de plusieurs se refroidit ; et finalement, quoique les saints doivent être vengés promptement, le Seigneur dit néanmoins Lui-même : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ? ». Les quelques saints qui restent sont donc réduits à une condition telle que la foi est presque éteinte. Ce langage semble exclure complètement la pensée que l’Église est là, car il impliquerait que Christ trouve la vie spirituelle dans le plus grand état de faiblesse, et qu’il y a à peine une Église pour laquelle Il viendrait ; idée tout à fait en désaccord avec l’enseignement d’autres portions de l’Écriture, comme Matthieu 25, 1-3 et ailleurs, et entièrement incompatible avec le fait de la présence du Saint Esprit ici-bas dans l’Église, présence qui continue aussi longtemps que l’Église est sur la terre. Mais la promesse positive faite dans l’épître à l’église de Philadelphie, établit absolument ce point-là, sans laisser le moindre lieu au plus léger doute : « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de la tentation qui va arriver sur tout le monde habitable pour éprouver ceux qui habitent sur la terre ». C’est là une déclaration spéciale que, en récompense de ce que l’Église avait attendu Christ, elle serait gardée de ce terrible malheur qui allait frapper le monde, et non seulement gardée du malheur, mais de « l’heure » où il éclaterait. Ce qui ne saurait avoir lieu que par sa translation au ciel avant qu’il soit infligé. Si elle se trouvait alors sur la terre, elle serait évidemment dans « l’heure », lors même qu’elle fût préservée de toute souffrance — chose à peine possible par suite de la position de l’Église pendant qu’elle est sur la terre, et du caractère du jugement qui est déclaré être universel. Mais la promesse est nettement que l’Église sera gardée de « l’heure » où il s’exécutera, ce qui est beaucoup plus, et implique évidemment sa translation préalable.

C’est dans le livre de l’Apocalypse que nous devons naturellement chercher des preuves au sujet de la place et de la condition de l’Église durant la période dont il s’agit — si elle se trouve dans le ciel ou sur la terre — si elle est ressuscitée et glorifiée, ou si elle est encore dans l’attente ; comme aussi à l’égard du caractère appartenant aux saints qui vivent sur la terre en ce temps-là.

Le chapitre 1 nous fournit une division bien connue du contenu du livre dans les paroles par lesquelles il est dit à l’apôtre d’écrire : 1° « Les choses qu’il a vues » ; 2° « les choses qui sont » ; 3° « les choses qui doivent arriver après celles-ci » (μετἁ ταῦτα). « Les choses qu’il a vues » sont évidemment relatives à la vision du chapitre 1 ; « les choses qui sont », aux sept églises auxquelles le Seigneur s’adresse ; et « les choses qui doivent arriver après celles-ci », à la partie plus directement prophétique du livre, du chapitre 4 à la fin : la garantie pour l’application de ces deux dernières divisions se trouvant dans le premier verset du chapitre 4 : « Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci », car il est de toute clarté que, puisque la dernière partie commence au chapitre 4, « les choses qui sont » ne peuvent s’appliquer qu’aux chapitres qui précèdent immédiatement, et à leur contenu. Si on considère attentivement ces expressions et l’usage que le Saint Esprit en fait, il en jaillira quelque lumière sur les divisions du livre auquel elles sont appliquées, et qu’elles ont pour but de caractériser. « Les choses qui sont » exprimant la condition de l’Église pendant qu’elle est sur la terre, développent des phases successives de son histoire durant la période actuelle, et, quoique cela ne soit pas évident à première vue, néanmoins la nature de cette expression « les choses qui sont », et de celle qui suit « les choses qui doivent arriver après celles-ci », permet à peine de douter de son application à l’état de l’Église sur la terre. Une désignation telle que « les choses qui sont », comprenant comme elle le fait dans le sens naturel des mots, tout ce qu’il y a d’important sur la terre aux yeux de Christ, serait difficilement employée pour représenter seulement ces quelques églises d’une petite province de l’Asie Mineure ; de sorte qu’il semble nécessaire de lui donner une portée plus large. Ajoutez à cela que tous les futuristes[4], et ce n’est que pour eux que cette recherche peut être de quelque utilité, appliquent le chapitre 4 et ceux qui suivent à ce qui est encore à venir, et croient que l’accomplissement du reste du livre, c’est-à-dire « des choses qui doivent arriver après celles-ci », n’a pas encore commencé. Cela exige la signification qui a été attribuée à l’expression de « les choses qui sont » comme décrivant la condition de l’Église, ou bien l’expression « les choses qui doivent arriver après celles-ci » n’aurait pas de sens ; car les mots ne seraient nullement appropriés, si le long intervalle de temps qui s’est écoulé entre la condition première des sept églises et l’accomplissement encore futur du reste du livre, devait se placer entre eux. Or, il est évident que, s’il y a entre ces deux parties du livre cette différence, telle qu’elle est exprimée dans « les choses qui sont et celles qui doivent arriver après celles-ci », elles ne sauraient exister en même temps. Pendant que « les choses qui sont » se poursuivent, « les choses qui doivent arriver après celles-ci » ne peuvent avoir commencé. Ce n’est que lorsque le premier état de choses a cessé que l’autre peut s’accomplir. « Les choses qui sont » doivent avoir pris fin, et en conséquence l’Église ne peut plus se trouver sur la terre quand le chapitre 4 commence. Nous verrons que cela est en harmonie avec le reste du livre.

Dans les chapitres 4 et 5, avant que les sceaux soient ouverts ou que quelqu’un des jugements subséquents soit infligé, les saints apparaissent sous la figure des vingt-quatre anciens dans la position à laquelle Dieu les a destinés dans les conseils de Sa grâce.

Ils sont assis sur des trônes, autour du trône de Dieu, comme rois et sacrificateurs, en vêtements blancs, et portant sur leurs têtes des couronnes d’or. Au chapitre 5, ils ont de plus des harpes et des coupes d’or pleines de parfums ; ils chantent les louanges de Celui qui les a rachetés de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et ils anticipent sur un règne qui doit s’exercer sur la terre et qui est encore futur. Tout cela les signale comme étant l’Église. Ils ont été rachetés par le sang de Christ, et recueillis de différentes parties de cette terre. Ce ne sont pas évidemment des âmes, car des âmes ne sauraient être assises sur des trônes ou porter des couronnes ; et lorsqu’il est question d’âmes dans ce livre, elles sont présentées nettement comme telles (chap. 6, 9, etc.). Ce sont des saints ressuscités et glorifiés, dans la pleine possession de la gloire et des privilèges que Christ leur a acquis dans Son amour.

Quelques-uns cependant supposent que cette magnifique scène anticipe sur l’avenir. Sur l’avenir de quoi ? voudrions-nous demander. Est-ce de quelque chose qui aura lieu réellement ou non ? On répondra sans doute que cette scène sera accomplie à la lettre, telle qu’elle est décrite ici. Dans ce cas, comment, où et quand, sinon à ce moment du temps, dans l’ordre des événements où elle est rapportée ? Comment les saints peuvent-ils voir l’Agneau prendre le livre qu’Il doit ouvrir, de la main de Celui qui était assis sur le trône — comment peuvent-ils Le célébrer quand Il le prend, et comme étant digne d’ouvrir ces sceaux — s’ils ne sont point dans le ciel pour être témoins de cet acte, et s’ils ne s’y trouvent jamais jusqu’à ce que les sceaux aient été ouverts et que les jugements auxquels ils ouvrent la porte aient été exécutés ? Comment, peut-on demander encore, prennent-ils leur place dans le ciel, sur ces trônes, et portent-ils leurs regards en avant sur le règne des saints sur la terre, s’ils doivent être enlevés après que Christ a quitté le ciel, ayant préalablement ouvert tous les sceaux, et si, au lieu de revenir avec Lui, ils Le joignent seulement dans Sa marche vers la terre quand Il descend pour régner et juger, lorsque tout ce qui est représenté ici comme ayant lieu est passé depuis longtemps ? Où trouver la place, dans un tel point de vue, pour l’accomplissement de ce qui est préfiguré ici, de manière à réaliser les termes dans lesquels la description en est faite ?

Ces considérations suffiront pour montrer, comme c’est la supposition la plus simple et la plus naturelle à faire d’après le récit, et comme c’est l’unique manière dont le passage puisse être réellement accompli, que l’Église a été déjà transférée au ciel et y a pris sa place pour être de là témoin des jugements qui sont répandus sur la terre, avant qu’elle accompagne Christ venant pour entrer dans Son règne. On pourrait tirer du corps du livre d’autres passages à l’appui de cette manière de voir, mais le plus frappant se lit dans le chapitre 19. Là, après la destruction et le jugement de la femme, qui est la contrefaçon apostate de l’Église, les noces de l’Agneau sont décrites comme ayant lieu dans le ciel avec le banquet des noces, et la bénédiction de ceux qui y sont conviés : l’Épouse, la femme de l’Agneau, s’étant préparée, et étant vêtue d’une manière appropriée à la circonstance. Nous pouvons le demander encore, comment cela est-il possible si elle ne se trouve pas dans le ciel et n’y a pas encore été prise ? Elle ne peut prendre place tandis qu’elle est sur la terre, et absente de Christ ; il n’y a pas non plus d’occasion pour l’accomplissement de ce qui est représenté ici, si elle va à la rencontre de Christ seulement lorsqu’Il a commencé de descendre vers la terre en vue de Son règne. En outre, nous aurions dans ce cas l’étrange anomalie d’une Épouse revêtue des dignités et des honneurs publics qui lui appartiennent à ce titre, et apparaissant dans leur exercice, avant d’être entrée dans la jouissance de la relation d’où ils découlent tous ; d’une Épouse régnant avec Christ comme Son Épouse avant de Lui avoir été unie, et prenant sa place avec Lui en gloire publiquement, avant d’avoir goûté ces joies et ces droits personnels que le propre amour de Christ lui a donnés en Lui-même.

Mais le verset qui suit nous fournit une preuve très concluante du contraire, et que l’Église est en ce temps-là dans le ciel. L’apôtre voit « le ciel ouvert » et Christ s’avançant en triomphe pour juger sous la figure du cavalier monté sur le cheval blanc, et il ajoute : « Et les armées qui sont au ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et pur ». Nous savons que ce sont les saints qui participent ainsi au triomphe de Christ, par le fait qu’ils sont vêtus de fin lin blanc qui vient précisément d’être désigné dans les versets qui précèdent, comme figurant la justice des saints, dont il fut donné à l’Épouse d’être revêtue antérieurement aux noces. Il est certain que les saints ne pourraient pas suivre Christ hors du ciel, qui est ainsi ouvert en vue de leur descente, s’ils n’y étaient point, et s’ils n’y avaient pas été transportés avant. De sorte que lors même que nous n’aurions pas d’autres passages à produire, celui-ci est suffisant pour établir à lui seul qu’il doit y avoir un intervalle de temps entre l’enlèvement de l’Église et son retour avec Christ pour régner et juger, intervalle durant lequel elle est dans le ciel. Ce doit être une chose évidente pour quiconque croit à un accomplissement futur des scènes décrites en Apocalypse 4 à 19, que l’activité actuelle de Christ n’a pas pour objet l’ouverture des sceaux qui font descendre les jugements de Dieu sur ceux qui habitent sur la terre, et que les scènes en question ne lui ressemblent pas non plus : l’ouverture des sceaux désigne une période où il se fait un changement total dans la manière d’agir de Dieu, où la grâce de Dieu dans l’évangile n’a plus son cours comme c’est le cas maintenant, mais où tout procède du trône de Dieu en jugement ou proclamation de jugements. Dieu va prendre possession de la terre, et, avant de le faire, Il inflige toutes ces visitations à ceux qui ont méprisé Sa grâce accompagnée d’avertissements touchant l’avènement personnel du Fils de l’homme. En conséquence, ce n’est plus à la grâce absolue de Dieu envers les pécheurs qu’il est rendu témoignage, mais aux droits de Dieu sur la terre, droits auxquels Il va donner force dans la personne de Christ, et en faveur desquels ces jugements témoignent. C’est là, en grande partie, ce qui donne lieu à la persécution que les serviteurs de Dieu ont à souffrir et que ce livre rapporte ; car tandis que l’évangile, proclamé pendant que l’Église est sur la terre, rend témoignage à l’amour de Dieu pour le pécheur, et que Dieu recueille un peuple pour le ciel, laissant sans les faire valoir encore les droits de Christ sur cette terre, la déclaration que Dieu se dispose à en prendre possession, et les signes dont elle est accompagnée qui montrent qu’Il le fait, excitent toute l’inimitié du cœur naturel de l’homme contre Dieu ; comme autrefois, quand Christ était présent, on dit : « Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous ». En d’autres termes, la manière d’agir de Dieu et de Christ subissant un changement quand Il prend le livre et se met à en ouvrir les sceaux, un changement correspondant se fait dans le caractère du témoignage rendu et dans les effets sur le cœur des hommes qui l’entendent.

Cela est tellement vrai, que l’ouverture de l’un des sceaux a pour effet que les hommes conjurent les montagnes et les rochers de tomber sur eux, et de les cacher de devant la face de Celui qui est assis sur le trône et de devant la colère de l’Agneau. Aujourd’hui, c’est dans le sens de Sa grâce et de l’efficace de Son sang, que Christ agit ; c’est là ce que Ses serviteurs proclament, et nullement ce qui caractérise la colère de l’Agneau.

Pendant que nous faisons allusion à ce livre, il sera utile d’examiner plus particulièrement quels sont les saints qui se trouvent sur la terre durant le cours de ces jugements, et quels sont les traits qui les distinguent.

Une remarque à faire, c’est que l’Église n’est jamais nommée dans toute la partie la plus prophétique du livre, depuis le chapitre 6 jusqu’au 18 inclusivement, et qu’il n’y est jamais non plus parlé ni fait allusion sous cette désignation-là aux saints qui sont sur la terre. Au contraire, ces distinctions de Juif et de Gentil, qui sont effacées quand nous devenons membres de l’Église, apparaissent de nouveau.

Les scellés du chapitre 7 appartiennent aux tribus d’Israël. Au chapitre 11, nous trouvons des saints représentés comme adorant dans le temple et à l’autel, qui sont mesurés dans le but de montrer qu’ils sont, jusqu’à un certain point, mis à part pour Dieu ; et Dieu accepte le culte en rapport avec ces personnes qui certainement doivent être des Juifs. La cour, qui est en dehors du temple, est abandonnée aux mains des Gentils, qui foulent aux pieds Jérusalem, maintenant considérée de nouveau comme « la sainte cité », tandis que la femme[5] (la nation juive) et sa semence sont les sujets spéciaux de l’intérêt et du témoignage prophétiques (chap. 12) ; tout cela confirmant l’idée que l’Église s’en est allée, et nous faisant comprendre que le courant de l’élection et des voies de Dieu est rétabli envers Son ancien peuple, qui, depuis que Dieu a commencé de s’en occuper de nouveau, devient, en conséquence, l’objet de l’inimitié et de l’attaque de Satan. Mais le caractère moral des personnes détermine plus clairement encore qui elles sont. Dans le chapitre 6, elles font appel à grands cris au jugement et demandent à Dieu de « venger leur sang » sur leurs persécuteurs ; et comme c’est le langage que le Saint Esprit met sur leurs lèvres, il faut que ces sentiments et leur expression soient conformes à la pensée de Dieu, ou bien le Saint Esprit ne les aurait jamais dictés et rappelés. Aujourd’hui, c’est le jour de grâce, « le temps agréable, le jour du salut ». En conséquence, cette prière ne nous conviendrait pas, et serait aussi contraire à la volonté de Dieu maintenant, qu’elle sera convenable alors, quand « la porte sera fermée » et que le temps du long support, de la grâce et de la patience sera passé. Des traits semblables sont exprimés dans la parabole du juge injuste, où les saints de cette période sont présentés sous l’image d’une veuve qui crie : « Venge-moi de mon adversaire » ; et là-dessus le Seigneur fait ce commentaire : « Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit quoiqu’il use de patience avant d’intervenir pour eux ? ». Le langage employé ici ne saurait être chrétien, puisqu’il serait tout à fait inconvenant sur les lèvres de gens qui sont enseignés à aimer leurs ennemis, et à prier pour ceux qui les méprisent et qui les persécutent. L’Église n’a pas besoin de demander la destruction de ses ennemis pour jouir de ses bénédictions, car elle doit être enlevée au ciel, hors de leur atteinte à tous. Mais quant à ceux qui doivent avoir leur portion sur la terre, il faut qu’ils attendent la ruine de leurs adversaires, soit en vue de leur propre délivrance, soit aussi pour que le royaume qui est l’objet de leur attente puisse être établi.

De plus, chapitre 11, le témoignage des deux témoins est accompagné de jugements pareils à ceux que Moïse et Élie exercèrent[6]. Le feu sort de leur bouche et dévore leurs adversaires[7]. Ils ferment le ciel et frappent la terre de plaies ; tandis que la seule suggestion d’appeler le feu du ciel sur ceux qui refusaient de recevoir Jésus durant Son séjour sur la terre, attirait aux disciples cette censure : « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés ; car le Fils de l’homme n’est pas venu pour détruire les vies des hommes, mais pour les sauver » (Luc 9).

Le changement remarquable que nous avons signalé dans l’esprit et les sentiments des saints dont il s’agit dans ce livre, et qui a évidemment la sanction et l’approbation divines, s’explique, comme nous l’avons vu, par celui qui s’est opéré dans les voies de Dieu. Ce changement semble être contemporain de l’enlèvement de l’Église, qui, en tant que témoin de la grâce et de la longue patience de Dieu, a été rassemblée pour le ciel, et prise là, comme les vingt-quatre anciens assis sur des trônes nous en rendent témoignage. C’est alors que Dieu se prépare à déposséder ceux qui ont usurpé depuis si longtemps le gouvernement de la terre. L’Agneau prend le livre, après que Son titre à l’héritage a été déclaré, et Il ouvre les sceaux. Les saints de cette période affirment le droit de Dieu quant à la terre, droit méconnu par l’homme, le jugement qui vient (chap. 14, 6, 7) et le jour de la vengeance divine sur les méchants, choses pour lesquelles ils font monter leurs prières, nous rappelant avec force des traits semblables dans les Psaumes où les mêmes droits et le même royaume sont constamment le sujet.

Qu’il y ait des saints enlevés dans un autre temps et d’une manière entièrement différente de celle dont a lieu l’enlèvement de l’Église, c’est ce qui ressort avec évidence de la description que nous trouvons au chapitre 11 de la translation au ciel des deux témoins, surtout si, comme cela semble très probable, nous voyons en eux le symbole d’un double témoignage rendu par deux compagnies de témoins. Il n’y a pas pour eux de descente du Seigneur du ciel dans l’air, non plus que de rencontre avec d’autres saints dans les nuées et ensuite réunion avec le Seigneur au-dessus d’elles, et tout cela accompli en un clin d’œil. Mais quand ils sont revenus à la vie, ils se tiennent sur la terre, et sont vus par leurs ennemis. Après cela, une voix fait entendre ces paroles : « Montez ici » ; et ils montent directement au ciel dans une nuée. Ils ne sont point accompagnés dans cette ascension par les saints morts et les saints vivants, quoiqu’ils aillent dans le ciel comme eux y sont allés. Autre preuve que la pensée, qu’à la venue de Christ du ciel les saints vont à Sa rencontre après qu’Il est déjà arrivé dans l’air, et ne montent nullement au ciel mais viennent aussitôt avec Lui sur la terre, est tout à fait dénuée de fondement. Ces témoins ont été tués aussi bien que ceux qu’on vit comme des âmes sous l’autel pour leur actif témoignage à la vérité. Une autre compagnie de confesseurs mis à mort pour avoir refusé d’adorer la bête et son image quand tout le monde le faisait, est vue dans le ciel, au chapitre 15, sur la mer de verre, qui n’était pas occupée avant, ayant été laissée libre pour eux. Ces diverses catégories ayant été mises à mort, ne peuvent avoir une place ou une portion terrestre, et nous les trouvons en conséquence en Apocalypse 20 participant aux bénédictions de la première résurrection en contraste avec la seconde, qui est une résurrection de jugement (Jean 5, 29), tandis que la première comprend tous ceux qui sont ressuscités préalablement à la manifestation de Christ en gloire.

Il se peut qu’on trouve d’abord quelque difficulté à s’expliquer la position indéterminée en apparence de ceux qui rendent témoignage à la vérité après que l’Église a été prise dans le ciel, et comment il se fait que les disciples, pendant le séjour de notre Seigneur sur la terre, sont considérés comme leurs représentants. Mais précisément comme un grand nombre des déclarations de l’Ancien Testament relatives à ce qui doit avoir lieu durant le millénium, difficilement comprises d’abord, ont été trouvées dans la suite assez simples, il en sera de même dans ce cas-ci et pour la même raison : la solution réelle de la difficulté dans les deux cas étant dans le changement de la dispensation, et dans le fait qu’il ne nous est pas facile de nous placer dans des circonstances et sous la direction de principes qui diffèrent si complètement des nôtres.

La période actuelle est tout à fait particulière et exceptionnelle ; et tout le temps qu’elle dure, l’action que Dieu exerce en laissant la terre et en appelant un peuple pour le ciel, diffère entièrement de tout ce qui la précède ou la suit. Après l’enlèvement de l’Église, il y aura un temps de transition, comme il y en eut un précisément lorsque notre précieux Seigneur était sur la terre, et avec beaucoup de traits analogues. L’évangile du royaume était prêché alors, et il le sera de nouveau (Matt. 24, 14 ; Apoc. 14, 6, 7) ; on verra paraître quelqu’un qui remplira une mission répondant à celle de Jean-Baptiste, comme précurseur de Christ, et annoncera Sa venue (Matt. 11, 14 ; 17, 11 ; Mal. 4, 5, 6) ; les Juifs seront de nouveau dans leur pays, et pour un certain temps sous la domination gentile, et persécuteront encore les disciples de Christ ; tandis que Dieu s’occupera d’envoyer de nouveau Son Fils dans le monde. Durant la première période, le Seigneur envoya Ses disciples remplir une mission spéciale à l’égard de la nation juive avec ces directions (Matt. 10, 5) : « Ne vous en allez pas sur le chemin des nations, et n’entrez dans aucune ville des Samaritains ; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Et quand vous irez, prêchez, disant : Le royaume des cieux est proche ». Après leur avoir signalé une partie de ce à quoi ils doivent s’attendre, Il ajoute : « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre ; car en vérité je vous dis que vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu ». Ceux auxquels le témoignage était limité, le sujet de ce témoignage, aussi bien que ses circonstances et les directions qui le réglaient, tout diffère entièrement de ce que Dieu a dispensé à l’homme depuis la mort et la résurrection de Christ. L’évangile est aujourd’hui prêché aux Gentils au loin et au large ; il est loin de consister en une simple proclamation de l’établissement prochain du royaume sur la terre ; les évangélistes n’ont point ordre aujourd’hui de partir sans se pourvoir absolument de rien (Luc 22, 35-37), et certainement il n’est pas permis de dire que la vocation de l’Église passe en un temps quelconque aux villes d’Israël, ainsi que le feront les disciples, ou ceux qui représentent ce témoignage quand le Fils de l’homme viendra. La continuation de ce témoignage à la fin est particulièrement remarquable ; ceux qui le reprennent « quand le Fils de l’homme vient » sont exhortés à parcourir « les villes d’Israël », et il leur est dit : « Vous n’aurez pas achevé de parcourir, etc. » ; de sorte que nous avons pour nous l’autorité du Seigneur Lui-même, en identifiant le témoignage de Ses disciples aux Juifs, pendant qu’Il était sur la terre, avec celui que rendra le résidu juif immédiatement avant Son retour, et en identifiant les disciples eux-mêmes avec ce résidu.

Examinons d’autres passages relatifs à cette période, afin d’établir avec certitude quels sont ceux qu’ils concernent plus proprement.

Matthieu 24 signale une destruction de Jérusalem qui est encore future. Cela ressort avec évidence des versets 29, 30, où la venue de Christ est présentée comme suivant de près la tribulation (comp. Dan. 12, 12), ce que nous apprend aussi Zacharie 14, 1-5 où l’apparition du Seigneur avec Ses saints glorifiés, pour la délivrance de la ville, a lieu immédiatement après qu’elle a été prise. Il se trouve en ce temps-là une certaine catégorie de saints qui sont en relation spéciale avec Jérusalem et la Judée, qui ont des idées juives et dont les circonstances sont des circonstances juives. Ils sont informés dans ce discours prophétique que plusieurs viendront au nom de Christ, chacun d’eux prétendant être le Christ, ou le Messie des Juifs, et qu’ils doivent prendre garde de ne pas être séduits par eux ; que de faux prophètes s’élèveront et séduiront beaucoup de gens ; que, pour eux, ils doivent fuir quand ils verront l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint ; il leur est dit de prier pour que leur fuite n’arrive point en hiver ni en un jour de sabbat ; que si ces jours de souffrance n’étaient pas abrégés, aucune chair ne serait sauvée, et qu’ils ne doivent pas écouter ceux qui viendraient leur dire : Christ est ici, ou Il est là ; — que si on leur disait qu’Il était dans le désert, ils ne devaient point y aller, et que si on leur annonçait Sa présence dans une chambre retirée, ils ne devaient pas le croire. Quelle inconséquence de supposer que des avis pareils pouvaient être donnés ou s’appliquer à d’autres qu’à des saints juifs ! Est-ce probable que l’Église se trouve en Judée de manière à devoir prendre la fuite ? Peut-elle s’être mise à regarder le temple de Jérusalem comme le lieu saint (Héb. 9, 24), et le sabbat juif, ou le samedi, comme un jour qui doit être sanctifié ? Est-ce probable qu’elle soit séduite par des imposteurs qui tenteront de se faire passer pour Christ, ou par d’autres qui diront qu’on Le trouvera caché dans telle ou telle localité, et qu’il est nécessaire de se rendre là auprès de Lui ? Tout cela est assez naturel si nous voyons dans les personnes dont il s’agit ici des croyants juifs. Les dangers décrits, et les avertissements donnés, leur conviennent parfaitement. Naturellement en tant que Juifs, ils attendraient le Messie de cette manière terrestre, et ils avaient, en conséquence, besoin de ces instructions pour empêcher qu’ils ne fussent séduits ; le temple sera pour eux le lieu saint, le sabbat juif celui qu’ils observeront, ayant des espérances terrestres, savoir, celle de participer aux bénédictions de la nouvelle terre lorsque Christ vient régner ; il est nécessaire, pour cela même, que leur chair soit sauvée, ou, en d’autres mots, qu’ils demeurent vivants à travers toutes ces détresses. Mais est-ce là ce qu’attend l’Église, ou est-ce de quelque importance pour elle que sa chair soit préservée, puisqu’elle doit ressusciter et être changée, afin de participer à la gloire de Christ ? L’attend-elle dans une chambre retirée, ou serait-elle en danger d’être séduite par une prétention semblable, lorsqu’elle s’attend, aussitôt qu’Il sort du ciel, à être enlevée à Sa rencontre dans l’air, et à être pour toujours avec Lui[8] ?

En Daniel 12 où il est dit que le peuple de Daniel sera délivré, il est ajouté : « Quiconque sera trouvé écrit dans le livre », ce qui répond exactement au terme « élus » employé ici. De plus, en Luc 17, 31 où il s’agit de la même époque et des mêmes circonstances, et où sont données des directions semblables, il est ajouté : « En ce jour-là, que celui qui sera sur le toit, et qui aura ses effets dans la maison, ne descende pas pour les emporter ; et pareillement que celui qui sera aux champs, ne retourne pas en arrière ». Or, ne serait-ce pas parfaitement inconcevable qu’un tel langage fût adressé à un saint céleste qui voit le Fils de Dieu descendant pour lui, et se trouve au même instant changé à Sa ressemblance et montant à Sa rencontre dans les nuées ? Il ne doit pas retourner à la maison pour prendre son bâton ! De quel prix pourrait-il lui être, ou comment pourrait-on supposer qu’un saint changé et glorifié fît une telle chose ? Mais pour quelqu’un appelé à rester sur la terre et à y être béni sous le gouvernement de Christ, un pareil avertissement serait tout à fait convenable ; c’est bien qu’il sorte pour aller au-devant de Christ, et qu’il ne fasse pas cas de ses biens terrestres, de quelque utilité qu’ils puissent lui être dans la suite. Christ prendra soin de tout ce qui le concerne, et quoiqu’étant un saint destiné seulement à des bénédictions terrestres, il ne doit alors penser qu’à Christ seul.

Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il soit parlé aux apôtres comme aux représentants de ces personnes-là. Nous savons que, d’après le plan divin, ils devaient former le noyau de l’Église, et parfois notre Seigneur les considère par anticipation sous ce point de vue, et leur parle selon ce qu’ils devaient être quand le Consolateur serait venu. Mais ils se trouvaient certainement dans leur caractère propre — celui des croyants juifs, plutôt que celui de ce que nous appelons chrétiens, nom qui ne fut donné que beaucoup plus tard, et l’Église n’était pas non plus bâtie ou formée en ce temps-là (Matt. 16, 18 ; Act. 2, 47). Ils ne pouvaient pas comprendre qu’il fût nécessaire que Christ souffrît, ni après Sa mort et Sa sépulture qu’Il ressuscitât des morts, quoiqu’Il eût expressément prédit l’une et l’autre de ces choses. Ils espéraient que Jésus aurait délivré Israël (Luc 24, 21). Même après Sa résurrection, ils Lui demandent, ainsi que nous l’avons déjà vu (Act. 1) : « Est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume d’Israël ? ». Leurs pensées et leurs espérances, nous le voyons par là, se rattachaient même alors à la condition et aux perspectives de leur nation, et n’allaient point au-delà. Ils n’entraient pas évidemment dans les conseils de Dieu au sujet de l’Église et de leur position dans l’Église, à laquelle leur esprit ne fut ouvert qu’après la descente du Saint Esprit, qui vint pour la former, ou bien ils n’auraient pu faire une pareille question. Ils étaient jusqu’alors des croyants juifs, qui reconnaissaient Jésus pour le vrai Messie et se confiaient en Lui comme tel, tout en retenant leurs pensées et leurs sentiments comme Juifs, et regardant à Jésus dans Ses rapports avec la nation juive et avec eux-mêmes comme en faisant partie, et croyant les promesses que Dieu Lui avait faites et qu’ils attendaient de Le voir accomplir. Cela fait d’eux des représentants très convenables de ceux qui, à une époque encore à venir, seront dans des circonstances tout à fait semblables, et qui auront les mêmes sentiments et les mêmes espérances, et aussi le même degré à peu près de lumière et de confiance en Christ comme l’espérance d’Israël. C’est dans ce sens que le Seigneur s’adresse à eux, selon que nous avons vu dans des passages tels que Matthieu 10 et 24, Marc 13, et Luc 17 et 21.

Un grand nombre des passages qui ont trait au retour du Seigneur, venant pour juger cette terre, ont un caractère qui leur appartient si proprement, et diffèrent si largement de tous ceux qui se rapportent à Sa venue pour l’Église, qu’il semble inexplicable comment ils ont pu lui être jamais appliqués. Par exemple, Son avènement est annoncé de cette manière en Apocalypse 1, 7 : « Voici, Il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui ». Ailleurs : « Et elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire » (Matt. 24, 30). Et encore : « Comme l’éclair sort de l’orient et apparaît jusqu’à l’occident, ainsi en sera-t-il aussi de la venue du Fils de l’homme » (Matt. 24, 27). Là Sa venue est avec les nuées ; il en est d’elle comme de l’éclair qui s’étend d’un bout des cieux jusqu’à l’autre ; tout œil le voit, et la terreur et la consternation en résultent. Mais lorsqu’Il vient pour Ses saints, comme nous le voyons en 1 Thessaloniciens 4, Il ne vient point avec les nuées qui sont le symbole de la puissance en providence et de l’autorité en jugement. Il n’est pas vu alors par tout œil, et nous ne voyons pas que de pareils effets soient produits ; nul indice qu’il soit question de jugement : Il vient simplement dans une mission d’amour pour l’accomplissement de laquelle Il descend du ciel, afin de prendre à Lui l’Épouse qu’Il a acquise de Son propre sang et qu’Il a choisie pour être à jamais Sa compagne céleste. Son affaire est avec l’Église — avec les saints, et avec eux seulement, pour venir les chercher et les prendre à Lui pour toujours ; car tel est le désir de Son cœur.

Il vient comme Rédempteur — comme Sauveur — comme Époux, et à l’exclusion de toute autre idée que l’accomplissement des desseins et des promesses d’amour, pour se présenter, enfin, l’Assemblée à Lui-même — « glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable ».

Combien cela est différent de la manière dont, ainsi que nous l’avons vu, est décrit Son retour sur la terre. Il est encore comparé au déluge qui emporta les impies habitants du monde — « comme ont été les jours de Noé, ainsi sera aussi la venue du Fils de l’homme. Car comme dans les jours avant le déluge, on mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et ils ne connurent rien jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous ; il en sera de même aussi de la venue du Fils de l’homme » (Matt. 24, 37-39). Il est aussi comparé au feu que Dieu fit pleuvoir du ciel pour détruire Sodome et Gomorrhe. « Ainsi qu’il arriva aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais au jour où Lot sortit de Sodome, il plut du feu et du soufre du ciel, qui les fit tous périr ; il en sera de même au jour où le Fils de l’homme sera manifesté » (Luc 17, 28-31). Le déluge et le feu que Dieu envoya du ciel sont-ils les symboles convenables de la venue de Christ, quand Il rassemble l’Église ? Présentent-ils en rien ce caractère, ou trouve-t-on là des traits tels que ceux qui nous sont présentés en 1 Thessaloniciens 4 et passages semblables ? Remarquez que c’est « la venue » de Christ qui est comparée à ces choses et qui est signalée ainsi : « Il vient » avec les nuées du ciel ; « Sa venue » est semblable à l’éclair, au déluge, et au feu qu’il plut du ciel. Viendra-t-Il pour les saints comme un déluge, comme le feu ou comme l’éclair ? — comme un juge pour Son Épouse, ou avec une épée aiguë à deux tranchants sortant de Sa bouche, et une verge de fer en Sa main, ou vêtu d’une robe teinte dans le sang comme Il est représenté en Apocalypse 19, et cela, de plus, au moment même où Il sort du ciel, de sorte qu’on ne saurait prétendre qu’Il change d’aspect après l’avoir quitté, en sortant dans un caractère, et en en revêtant un autre avant d’atteindre la terre !

Combien la confusion de ces deux événements doit faire obstacle à cette joyeuse et brillante attente produite par l’assurance que le Seigneur peut venir à tout moment pour les saints, et que réveille un verset tel que celui-ci : « Il apparaîtra une seconde fois sans péché, à salut à ceux qui l’attendent » ! Car il est évident que l’effet sur le cœur variera selon l’aspect sous lequel le retour du Seigneur est envisagé par le croyant. Comme l’idée généralement reçue jadis d’un jugement général et d’une conflagration universelle rattachés à la seconde venue du Seigneur, avait pour effet d’empêcher qu’elle fût attendue comme un objet de désir, et en faisait presque un sujet d’effroi, même pour les siens ; de la même manière, confondre cette venue avec Sa venue pour exécuter le jugement sur la terre, la revêt d’un caractère qui doit nécessairement affaiblir, sinon détruire, la douceur et la puissance d’attraction de l’avant-goût et du désir avec lesquels l’Épouse de Christ devrait attendre son Époux venant pour la prendre à Lui.

L’exactitude de ce que nous avons avancé plus haut que, lorsque Christ vient enlever l’Église, Il n’est point vu par tout œil, ressort avec évidence de Colossiens 3, 4, où il nous est dit : « quand le Christ qui est votre vie sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire ». De sorte que quand Il sera vu par le monde, l’Écriture déclare positivement que nous serons avec Lui, et qu’on nous verra avec Lui dans Sa gloire. Il faut donc que nous ayons été préalablement enlevés pour être avec Lui ; de sorte que lorsqu’Il vient avec les nuées, et que tout œil Le voit, ce ne peut être Sa venue pour nous, ou bien Il apparaîtrait sans nous au lieu de nous avoir avec Lui en gloire quand Il apparaît. Sa venue pour nous ne peut pas non plus s’appliquer à Sa venue comme l’éclair, figure employée expressément pour montrer ce qui sera public et visible pour tous, en contraste avec ce qui est caché ou secret. Cela est aussi confirmé par ces paroles de l’apôtre Jude : « Voici, le Seigneur vient avec ses saintes myriades pour exécuter le jugement contre tous » (Jude 14, 15 ; Zach. 14, 5). En 2 Thessaloniciens 2, l’apôtre Paul fait ressortir lui-même assez librement la distinction entre l’enlèvement de l’Église et le jour du Seigneur. — « Or, nous vous prions, frères, par (ὑπἐρ) la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de Lui, de ne pas vous laisser promptement ébranler de votre sentiment, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c’était par nous, comme si le jour du Seigneur était là », c’est-à-dire « présent », car tel est sans aucun doute le sens du mot ἐνέστηϰεν. Les saints de Thessalonique prenaient, semble-t-il, les terribles détresses à travers lesquelles ils passaient pour les jugements qui accompagneront le jour du Seigneur, qu’en conséquence ils pensaient avoir commencé. Cette pensée troublait leur esprit et affaiblissait leur confiance, et l’apôtre en prit occasion pour les exhorter par la venue, ou pour l’amour[9] de la venue du Seigneur et de leur rassemblement auprès de Lui, à ne pas supposer que le jour du Seigneur était arrivé : distinguant ainsi ces deux événements, et les invitant, en vertu de celui qui les concernait eux-mêmes et qui impliquait leur enlèvement préalable, à ne pas être troublés au sujet de l’autre.

Un autre point d’un grand intérêt qui est touché dans cette épître, c’est le pouvoir qui fait obstacle aux progrès du mal et à la manifestation de l’Antichrist. « Et maintenant, dit l’apôtre, vous savez ce qui retient, pour qu’il (l’Antichrist) soit révélé en son propre temps. Car le mystère d’iniquité se met déjà en train, seulement Celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin » (2 Thess. 2, 6, 7). L’apôtre ne nous dit pas ce qu’était ce pouvoir qui tenait le mal en échec ; nous ne pouvons donc le recueillir que des termes dont il s’est servi, de l’analogie, ou d’autres passages de l’Écriture.

L’Église fut formée pour la première fois lorsque le Saint Esprit descendit dans ce but, le jour de la Pentecôte. Avant la mort de Christ, le mur de séparation entre les Juifs et les Gentils subsistait ; et par conséquent, il ne pouvait y avoir rien de semblable à leur union en un seul corps ; et ce corps ne pouvait pas non plus exister jusqu’à ce que sa tête fût dans le ciel et glorifiée, et que le Saint Esprit fût descendu ici pour y habiter et lui donner son unité. Car pour qu’un corps naturel quelconque possède la vie, ces deux choses sont évidemment nécessaires : d’abord, il faut qu’il ait une tête ; en second lieu, il faut qu’il y ait en lui un esprit qui l’anime et lui donne l’unité de vie. Or, pendant la vie de Christ, cette unité n’avait pas commencé, car c’était bien plus qu’une unité de foi en Sa personne. Il dit de Lui-même : « À moins que le grain de froment ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruits » (Jean 12, 24) ; de sorte que c’est dans Sa résurrection et par Son efficace, que nous possédons cette vie en Lui, et qu’elle ne pouvait pas exister avant Sa résurrection (comp. aussi Éph. 2, 5, 6). C’est pourquoi, il n’était pas seulement nécessaire que Jésus devînt homme, mais il fallait qu’Il mourût et qu’Il ressuscitât, avant qu’un seul croyant pût Lui être uni dans la même vie qu’Il possède (Jean 14, 19), l’expiation pour le péché étant la base de tout. Cependant, ce n’est pas la vie seule qui forme le corps, mais la présence du Saint Esprit ici-bas, qui, maintenant qu’il y a un homme glorifié et accepté comme la tête de ce corps dans le ciel, est venu pour nous unir à Lui dans ce caractère, et incorporer tous les saints vivants en un corps, par Sa présence ici sur la terre ; « car », dit l’apôtre, « nous avons tous été baptisés d’un seul esprit pour être un seul corps » (1 Cor. 12, 13).

Cette présence personnelle du Saint Esprit sur la terre constitue le grand trait caractéristique de la période actuelle et de l’existence de l’Église, pendant qu’elle se trouve ici-bas. Au moment où Il allait quitter Ses disciples, Jésus leur promit un autre Consolateur qui « demeurerait avec eux éternellement, savoir : l’Esprit de vérité ». Cette promesse s’accomplit le jour de la Pentecôte, et alors l’Église fut établie sur la terre, tellement qu’on pouvait dire : « Le Seigneur ajoutait tous les jours à l’Assemblée ceux qui devaient être sauvés », et que commença l’accomplissement de cette déclaration antérieure de Christ : « Sur ce rocher (sa propre personne), je bâtirai mon Assemblée ». Depuis cette époque, le Saint Esprit est toujours demeuré sur la terre dans l’Église. Tout ce qui s’opère en elle est effectué par Son action (1 Cor. 12, 11 ; Act. 13, 2, etc.). Il édifie l’Église ensemble pour être une habitation de Dieu (Éph. 2, 22).

Cette présence de Dieu le Saint Esprit dans le corps de Christ, et l’activité qu’Il déploie en grâce, en puissance, et en bénédiction, sont tout à fait distinctes du gouvernement de Dieu en providence dans le monde, gouvernement qui a subsisté depuis le commencement et subsistera après que ceci aura cessé, aussi bien que les opérations de Sa grâce sur le cœur des individus, qui ont continué sous toutes les dispensations. Certaines parties du livre de l’Apocalypse, celles qui précèdent et suivent les visions, nous fournissent d’autres preuves de cette vérité. Dans les épîtres aux églises, il est souvent répété « que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » ; et au chapitre 22, l’Esprit ici-bas avec l’Église est représenté comme regardant à Christ et appelant Son retour. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ». Dans ces passages qui s’appliquent au temps actuel, l’Église est encore sur la terre ; et c’est en cela que nous verrons la portée de la déclaration de l’apôtre que « celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin ».

Tout le temps que le Saint Esprit est sur la terre dans l’Église, Sa présence est un obstacle à la pleine manifestation du mal. Si la présence d’un homme de Dieu agit dans ce sens sur une société de personnes impies, comme nous l’avons vu fréquemment, nous ne saurions être surpris que la présence de l’Esprit de Dieu, ainsi que la lumière qu’Il répand tandis qu’Il est ici-bas, produise des effets semblables. Une fois que l’Église est enlevée, et que le Saint Esprit n’est plus sur la terre, l’influence qui fait obstacle cesse d’exister ; le mal se déploie sans entrave, et l’Antichrist apparaît. De là la parfaite convenance de l’expression : « Celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’Il soit loin », qui décrit d’une manière fort juste le départ soudain de l’Esprit avec l’Église. Cela est en parfait accord avec ce que nous avons déjà remarqué, qu’il y aurait inconséquence à supposer que le Saint Esprit se trouvât ici quand le Fils de l’homme vient pour faire vengeance, et qu’Il trouve à peine de la foi sur la terre. L’ancienne idée que c’était l’empire romain qui empêchait la manifestation de l’Antichrist ne satisferait pas aujourd’hui à ce qu’exige le passage, attendu que cet empire a depuis longtemps cessé d’exister, et qu’un Antichrist personnel n’a pas encore paru. Ceux qui objectent à ce qui vient d’être présenté ci-dessus, ne sauraient, on le voit, donner quelque autre interprétation solide de ce passage.

Il y a, sans doute, bien des passages qui parlent du jour du Seigneur en rapport avec la conduite et le service des saints. Car tandis que l’enlèvement a trait à leurs privilèges seuls, le jour du Seigneur est le grand terme de leur responsabilité. La raison de cela est que les serviteurs sont appelés à rendre compte, et récompensés, après que leur Maître a premièrement reçu Son propre royaume, et qu’Il a, par conséquent, été revêtu de l’autorité par laquelle Il punit ou distribue des récompenses selon qu’Il trouve convenable. L’évangéliste Luc nous dit (chap. 19, 15) que, « à son retour, après qu’il eut reçu le royaume, il commanda qu’on lui appelât ses esclaves », et qu’il se fit rendre compte par eux. L’apôtre Paul parle d’une « couronne de justice » réservée pour lui, et « que le Seigneur, le juste juge, lui rendra dans ce jour-là, et non seulement à lui, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition ». C’est comme le Seigneur, le juste juge, qu’Il accordera cette couronne, parce que c’est à ce titre qu’Il fera la différence entre ceux qui L’auront aimé et servi, et ceux qui ne l’auront pas fait. De là vient qu’elle n’est point accordée jusqu’au jour où Il viendra et agira publiquement dans le monde, dans ce caractère-là. Il est recommandé à Timothée de garder le dépôt qui lui a été confié jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus Christ. Timothée s’est endormi depuis des siècles avec les saints délogés ; néanmoins il ne rendra pas son compte, et ne recevra pas sa récompense jusqu’à ce temps-là.

Il nous reste à considérer quelques passages qui ont présenté des difficultés à quelques esprits. En Matthieu 13, après avoir signalé les progrès du christianisme dans le monde, et sa corruption par l’ennemi, dans la parabole du blé et de l’ivraie, le Seigneur parle de la moisson qui doit faire séparation entre eux. C’est là, cependant, comme c’est le cas dans les choses de la nature, une période plus ou moins prolongée, ainsi que nous l’apprennent les mots : « Au temps de la moisson », « la moisson, c’est la fin du siècle » ; et il est fait mention de faits divers et successifs qui ont lieu dans le cours de sa durée, absolument comme c’est d’ordinaire le cas dans la scène d’où cette image est empruntée : le champ est moissonné, de sorte que la récolte est prête sur le champ avant d’être emportée. L’ivraie est d’abord cueillie et liée en faisceaux — le froment est porté au grenier, ensuite l’ivraie est brûlée au feu, et plus tard encore, est-il dit, « les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur père ». Ces deux derniers traits nous sont donnés dans l’explication (v. 40-43) de la parabole, qui s’agrandit et va au-delà de ses premiers enseignements, et qui établit clairement une distinction entre l’enlèvement de l’Église, et sa manifestation publique dans la gloire de Christ.

L’expression employée dans cette parabole pour désigner la fin, « le temps de la moisson », peut aider à lever la difficulté sentie par quelques-uns à l’idée de l’enlèvement de divers corps de saints à des époques différentes, comme cette expression semble donner à entendre que toute la période a le caractère d’une récolte de saints. Mais ce qui a principalement donné lieu à cette difficulté, c’est une vue erronée d’Apocalypse 20, passage où l’on a supposé à tort que la résurrection de l’Église était décrite, tandis qu’en réalité il suppose qu’elle a eu lieu, mais n’en donne pas le récit. Voici comment il est conçu : « Je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné ; et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu, et ceux qui n’avaient pas rendu hommage à la bête, ni à son image, et qui n’avaient pas reçu sa marque sur leur front et sur leur main, et ils vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans » (v. 4). L’apôtre avait vu précédemment l’Église dans la gloire, soit sous la figure des anciens couronnés au chapitre 4, etc., soit comme l’Épouse au chapitre 19 ; et il venait précisément de la voir aussi sortir du ciel avec Christ, lorsqu’Il descendait en triomphe, sous la figure du cavalier sur le cheval blanc pour détruire les armées antichrétiennes. Maintenant il voit des trônes qui sont occupés par les saints (ils étaient assis dessus), et le jugement leur est donné ; mais il ajoute que ceux qui avaient souffert le martyre et qu’il avait vus auparavant comme des âmes, vécurent et régnèrent aussi avec Christ. Il n’était pas nécessaire de parler de la résurrection de l’Église dont les membres étaient depuis longtemps ressuscités et montés au ciel, et avaient été décrits comme sur des trônes, et souvent mentionnés comme dans un état glorifié, et venaient précisément d’apparaître accompagnant Christ venant du ciel pour régner ; aussi se borne-t-il à dire qu’il « vit des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné », l’antécédent du pronom « ils » étant les saints qui descendaient avec Christ au chapitre 19, 14. Les martyrs aussi, il nous le dit maintenant, furent ressuscités afin d’avoir part à la bénédiction du règne de Christ, à laquelle ils ne pouvaient participer en tant qu’âmes ; c’est pourquoi il ajoute à leur sujet, et à leur sujet seulement, qu’« ils vécurent » pour régner « avec Christ ». « Mais », continue-t-il, « le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ; c’est la première résurrection ». De sorte que le terme, la première résurrection, est appliqué à tous ceux qui furent ressuscités avant le commencement du millénium, en contraste avec ceux qui ne furent pas ressuscités avant sa fin. L’apôtre comprend ces différents corps en celui qu’il voit maintenant régner avec Christ, et l’appelle « la première résurrection ». Des esprits pointilleux peuvent appeler cela deux résurrections ou plusieurs, et l’objection peut d’abord paraître quelque peu plausible ; mais il n’en sera plus ainsi, quand on aura vu que le Saint Esprit emploie le terme « première résurrection » en contraste avec celle qui a lieu après les mille ans, et dont le caractère moral est totalement différent. Il est évident que Hénoc, Moïse et Élie, qui ont été enlevés depuis longtemps, seront tous compris dans ce qui est ici appelé la première résurrection, aussi bien que les saints qui, comme Matthieu le rapporte (chap. 27, 52, 53), ressuscitèrent lors de la résurrection de notre Seigneur ; les deux témoins dont l’ascension a été décrite dans le chapitre 11, doivent aussi y participer, en sorte que la tentative de la rattacher tout entière à un moment de temps manque complètement. Les diverses catégories désignées en Apocalypse 20, 4, quoique ayant part à la première résurrection et à ses gloires, ne font pas partie de l’Église, l’Épouse de Christ, sans quoi leur résurrection ne serait pas donnée ici après que les noces ont eu lieu. D’ailleurs, nous ne pouvons pas supposer que lorsque Christ revient pour se présenter l’Église à Lui-même, elle soit incomplète. L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens » en réponse au Seigneur qui se présente comme « la racine et la postérité de David — l’étoile du matin » en Apocalypse 22, 16 ; et nous ne saurions penser que, comme elle est ici représentée comme une Épouse, invitant son Époux à venir pour elle, Il ne trouve qu’une partie de cette Épouse lorsqu’Il vient. Jamais non plus ces saints dont traite l’Apocalypse ne sont décrits comme participants à cette relation.

Une objection que l’on fait souvent et qui est d’une nature analogue à celle que nous avons examinée ci-dessus, c’est que la manière de voir que nous défendons fait plus d’une « venue du Seigneur ». Qu’on examine ce raisonnement, et on le trouvera sans force réelle et très superficiel. Ce serait plus vrai de dire que la venue du Seigneur semble être divisée en deux parties, ce qui est tout autre chose et tout à fait selon l’analogie de l’Écriture. Il vient pour enlever Ses saints, ainsi que nous l’avons vu, et dans ce but Il descend, premièrement, aux confins de l’atmosphère de cette terre (1 Thess. 4), et pas plus loin ; de cette manière les ténèbres et le sommeil du monde ne sont point troublés, pour autant qu’il est en question. Le Seigneur ne vient nullement alors, car la dernière période du voyage dans laquelle seule le monde est intéressé, reste inaccomplie jusqu’à plus tard, lorsque Christ revient accompagné de Ses saints, sur cette terre. Le premier acte de Sa παρουσία, « venue » ou « présence », consiste dans Sa descente pour Ses saints, et ainsi Il vient à eux ; le second, c’est quand Il vient vers le monde, ce qu’Il n’a pas fait avant. C’est le dernier qui est appelé son ἐπιφάνεια « épiphanie » ou « manifestation », expression qui n’est jamais appliquée à l’enlèvement, mais toujours à l’apparition en gloire de Christ avec Ses saints, tandis que le terme παρουσία est parfois employé en parlant de l’un, parfois à l’égard de l’autre, selon que le contexte ou les personnes auxquelles on s’adresse, ou la manière dont le mot est mis en avant, le déterminent, car le Seigneur peut venir, ou être présent, de différentes manières pour des personnes différentes. On peut observer la même différence entre la naissance de Christ et ce que l’on nomme ordinairement Son épiphanie à Sa première venue, quoique nous ne présentions cela que comme un exemple analogue, et rien de plus. Cependant, l’objection qui est simplement une objection dans les mots, ne se fonde point sur quelque déclaration particulière ou sur quelque application de l’expression, dans la Parole de Dieu qui emploie le terme second en contraste avec la première venue du Seigneur ; et nous savons tous que Sa « première venue » embrasse un nombre considérable de circonstances et d’apparitions diverses que tant l’Écriture que le langage ordinaire sont dans l’usage de comprendre sous ce nom. Nous avons vu avec quelle clarté il est dit que les saints sortent du ciel avec Christ pour la destruction de l’Antichrist et de ses armées, Apocalypse 19, passage contre lequel, non plus que contre d’autres faits positifs qui ont été cités, on ne saurait maintenir une opinion simplement humaine touchant l’emploi du terme « second avènement ».

Quelques-uns ont conclu, de ce qui est dit en Apocalypse 11, 15-18, que la prise publique de possession par Christ de Son royaume a lieu réellement alors. Ce fait ne serait pas d’une grande importance pour le point qui nous occupe, lors même qu’il serait exact ; mais un examen plus attentif montrera qu’il en est autrement, et que les saints qui sont dans le ciel anticipent sur le résultat glorieux, et le célèbrent d’avance, dès que le septième ange sonne de la trompette. On verra cela plus clairement, si on se reporte au chapitre suivant, où presque tous les mêmes mots sont employés, lorsque Satan est représenté comme précipité du ciel, verset 10. « Et j’ouïs une grande voix dans le ciel, disant : Maintenant est venu le salut, la puissance, le royaume de notre Dieu et le pouvoir de son Christ, car l’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit, a été précipité », quoique le verset 14 donne clairement à entendre qu’il doit s’écouler encore trois ans et demi, avant que Christ prenne de fait le royaume. La déclaration aussi, dans le passage en question, que le temps des morts pour être jugés était venu, rend cela plus manifeste, puisque nous savons par d’autres parties de l’Écriture qu’ils ne sont point jugés jusqu’à la fin des mille ans. Nous pouvons ajouter à cela que le dernier malheur a encore à être subi, que le temple est ouvert dans le ciel, et que la troisième ou dernière série de jugements, les sept dernières coupes, doit encore être infligée ; la dernière trompette introduisant à ces jugements-là, absolument comme le septième sceau avait introduit aux sept trompettes. Les chapitres 12-14 forment une parenthèse. Le fait est que les saints qui sont dans le ciel, et qui sont représentés comme ayant l’intelligence des voies de Dieu, et capables d’en expliquer le sens, anticipent, tant d’après le son de la dernière trompette que d’après la ruine de Satan, sur le plein résultat à l’égard de la terre, qui sera en définitive la conséquence de ce qui se passe alors dans le ciel.

Dans le cours des remarques qui précèdent, il a été touché plusieurs points qu’il n’est pas possible de traiter à fond, dans un aussi petit espace, ce qui nous aurait conduit d’ailleurs, si nous l’eussions fait, trop loin du sujet dont nous avons voulu nous occuper plus immédiatement. Notre but a été de présenter une esquisse générale du témoignage de l’Écriture à son égard, et de faire ressortir les principes qui y sont impliqués plutôt que d’entrer dans tous les détails de l’accomplissement de la prophétie. De là vient que bien des faits prédits n’ont été l’objet que d’un simple coup d’œil dans leur portée sur la question principale, et que bien des passages qui jettent de la lumière sur elle plus ou moins directement, surtout dans l’Ancien Testament, ont été passés sous silence.

Il n’est pas nécessaire de s’arrêter pour personne, en examinant ces vues, à la considération qu’elles sont comparativement récentes, au moins de nos jours ; car on peut dire la même chose de tout ce qui a été écrit sur ces sujets-là. Il n’y a pas longtemps que toutes les prophéties de l’Ancien Testament relatives au peuple terrestre de Dieu, les Juifs, étaient universellement appliquées à l’Église, comme décrivant sa gloire future, ainsi qu’elles sont encore appliquées même aujourd’hui par une partie considérable des chrétiens. Nous savons en outre quelle grande variété d’opinions existe quant aux détails de la prophétie, de sorte qu’au milieu de telles prétentions incertaines et rivales nous pouvons nous sentir entièrement libres d’adopter tout système d’interprétation de la prophétie qui nous présente un avenir plus clair, plus net et plus en harmonie avec la Parole de Dieu en général, que nous n’en avons connu auparavant, nous confiant, comme seule réellement importante, dans la sanction que cette Parole nous donne sous l’enseignement de l’Esprit de Dieu.

On verra que si les chrétiens restent dans le doute sur ces points, cela ne tient pas au défaut de preuves claires, irréfragables, dans les Écritures de vérité, mais, hélas, à ce qu’il y a dans leur esprit tant de préjugés, tant de notions préconçues dont ils ont à se débarrasser ; sans compter la lenteur du cœur, comme autrefois chez les disciples, à apprécier la hauteur de l’amour de Christ et tout ce qu’Il veut faire en faveur de Son Épouse, objet de l’affection de Son cœur. Ajoutez à cela que Satan s’est efforcé de jeter de la poussière aux yeux de ceux qui cherchaient, en mettant en avant, par le moyen d’adversaires, des passages qui, faute d’être bien compris, ont créé des idées fausses et ont fait obstacle à un plein établissement dans la vérité.

Il sait parfaitement bien que rabaisser et détruire les espérances célestes que Dieu nous a données, obscurcira l’intelligence de l’amour de Christ, qui, lorsqu’il est bien compris, agit avec tant d’efficace sur le cœur pour séparer les affections de tout autre chose, et les fixer sur Lui seul. Il nous faut donc avoir le cœur bien réglé, aussi bien que l’intelligence éclairée pour entrer dans ces choses, de telle manière que Christ soit seul l’objet de nos désirs. Car l’apôtre dit : « Celui qui est spirituel, discerne toutes choses », et il nous apprend quel grand obstacle l’état charnel des Corinthiens avait été pour eux, et aussi à ce qu’il les instruisît dans ces choses (1 Cor. 2, 6 et 3, 4). Que Dieu nous donne à tous, par l’efficace de Son Esprit, de connaître la pleine bénédiction de Ses conseils et de Ses voies envers l’Église, et d’en jouir réellement ! À Lui soit gloire, dans l’Assemblée, dans le Christ Jésus, pour tous les âges au siècle des siècles.



  1. Peut-être que quelques assertions sembleront à première vue supposer ce qui est encore à établir. Cela vient de l’impossibilité qu’il y a en quelque sorte, quand on traite de sujets qui font partie d’un tout, d’en parler de manière à ne pas y impliquer d’autres parties qui n’ont pas été encore examinées. Dans ce cas, on trouvera à une page subséquente la preuve de ce qui, en apparence, a été pris pour accordé.
  2. Le mot traduit ici « cri de commandement », keleusma, est un terme militaire et signifie la parole de commandement qu’un général adresse à ses troupes. Il est accompagné d’une voix d’archange et de la trompette de Dieu, qui ne sonne pas en vue des habitants vivants du monde, mais pour faire sortir de leurs tombeaux les saints qui dorment. « La trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés » (1 Cor. 15, 52).
  3. Cette différence reçoit un plus grand jour encore de la comparaison de ce passage avec ce qui est dit en Malachie : « Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice, et la santé sera dans ses ailes ». Les saints glorifiés qui accompagnent le Seigneur quand Il vient, font partie des rayons de Sa gloire et brillent comme le soleil quand il apparaît, faisant partie de sa lumière, pendant qu’elle brille sur ceux qui sont nés sur la terre, et qui aussi se trouvant là, doivent attendre la venue progressive du jour.
  4. On désigne par là ceux qui considèrent la prophétie comme étant tout entière dans l’avenir, contrairement à l’opinion de ceux qui l’expliquent pour la plus grande partie, par l’histoire du passé.
  5. C’est évidemment une inconséquence de considérer la femme comme l’Église, car elle enfante l’enfant mâle (Christ) qui doit gouverner toutes les nations avec une verge de fer et est enlevé vers le trône de Dieu ; tandis qu’il est dit nettement d’Israël, « desquels selon la chair est descendu le Christ ». Ses symboles sont ceux de l’autorité et de la domination terrestres (Gen. 37, 9).
  6. Ceci n’a pas pour but d’appuyer l’idée fausse et non scripturaire que Moïse et Élie sont les personnes que ce passage a en vue : ils sont évidemment, comme le récit de la transfiguration nous l’apprend, dans un état glorifié, et incapables maintenant de rendre témoignage sur la terre, de souffrir et de mourir, comme c’est le cas ici.
  7. Comparez aussi les effets produits par les prières des saints au chapitre 8, 4-7.
  8. C’est aussi après qu’Il est apparu, que les Juifs, qui sont dispersés parmi les nations éloignées, sont rassemblés par l’instrumentalité des anges, avec un grand son de trompette (v. 31), ce qui est évidemment leur rassemblement et non point leur enlèvement.
  9. C’est de cette manière que les traducteurs l’ont entendu, et telle est la force assignée à ὑπἐρ par Matthiæ et autres grammairiens, lorsqu’il est employé avec des paroles de supplication.