Messager Évangélique:Des diverses manifestations de la puissance de Dieu, mentionnées dans le livre des Actes

De mipe
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On ne peut lire le livre des Actes des apôtres sans être profondément convaincu que la puissance qui a opéré les merveilles qui y sont racontées, est une puissance surhumaine contre laquelle tous les efforts de l’homme et de Satan ne peuvent rien. Il est si évident que c’est Dieu, la puissance de Dieu qui a agi là, qu’on serait tenté de changer le titre du livre et de dire : les Actes de la puissance de Dieu. Et en lisant les choses admirables dont ce livre est rempli, qui ne soupire pas en soi-même et ne cherche pas à se rendre compte du contraste qu’il y a entre cette époque de l’Église et la nôtre, entre une puissance si richement manifestée et une faiblesse si profonde ? On se demande si l’Église a perdu à jamais la puissance que nous voyons se déployer en elle, pour elle et par elle, lors de son commencement ? Mais si la lecture de ce livre fait naître certaines questions dans l’âme du fidèle, elle a aussi, elle a surtout pour effet béni de le convaincre puissamment qu’il faut que Dieu agisse pour que quelque chose se fasse. Or cette conviction bien établie dans l’âme est d’un grand prix ; on recherche avec plus d’ardeur la communion avec Dieu, la présence de Dieu en qui réside toute force ; on se souvient qu’il est toujours vrai que « si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent se tourmentent en vain ; si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain » (Ps. 127, 1).

La puissance de Dieu se manifeste de diverses manières dans le livre des Actes. Il y a d’abord les miracles opérés par les apôtres et d’autres disciples. Ainsi nous lisons que Pierre et Jean guérissent un boiteux dès le ventre de sa mère (chap. 3). À Lydde, Pierre guérit le paralytique Énée et ressuscite Dorcas à Joppé (chap. 9). À Lystre, Paul fait marcher un homme impotent de ses pieds, perclus dès le ventre de sa mère (chap. 14). Il rappelle à la vie Eutyche tombé d’un troisième étage et relevé mort (chap. 20). Mais ce ne sont pas là tous les actes de puissance opérés par les mains des apôtres ; car nous lisons que : beaucoup de prodiges et de miracles se faisaient par les apôtres (2, 43). Et plus loin : Et beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient parmi le peuple par les mains des apôtres ; de sorte qu’on apportait les malades dehors dans les rues et on les mettait sur de petits lits et sur des couchettes, afin que quand Pierre viendrait, au moins son ombre passât sur quelqu’un d’eux. La multitude aussi des villes d’alentour s’assemblait à Jérusalem, apportant les malades, et ceux qui étaient tourmentés par des esprits immondes, et ils étaient tous guéris (chap. 5). Enfin Étienne, plein de grâce et de puissance, faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles (chap. 6).

On le voit donc : à chaque pas dans ce livre, la puissance de Dieu est manifestée par l’instrumentalité des apôtres, et il est parfaitement beau de voir comment tous ces actes de puissance ont été à la gloire de Dieu : jamais ceux qui en ont été les instruments ne s’en sont servis pour attirer les regards des foules sur eux-mêmes. Au contraire, voyez avec quelle énergie Pierre s’écrie, après la guérison de l’impotent : Pourquoi avez-vous les yeux sur nous, comme si nous avions fait marcher cet homme par notre propre puissance, ou par notre piété (chap. 3) ? Écoutez aussi Paul et Barnabas, disant aux foules frappées d’admiration par la guérison de l’homme perclus : Hommes, pourquoi faites-vous ces choses (on voulait leur sacrifier) ? Nous sommes, nous aussi, des hommes, sujets aux mêmes passions que vous (chap. 14). Oh ! si, dans les petites choses que nous pouvons faire, au moins nous avions ce même esprit !… Ne nous arrive-t-il pas trop souvent, qu’au lieu de déchirer nos vêtements comme Paul et Barnabas, nous avons une secrète joie lorsqu’on nous encense et qu’on a les yeux sur nous ? Et alors, n’est-il pas évident que ce que nous avons fait, n’a pas été fait exclusivement pour glorifier Dieu, mais aussi pour nous glorifier un peu nous-mêmes ? Mais je m’abstiens de toute autre réflexion sur la manifestation de la puissance de Dieu, par les mains « d’hommes sujets aux mêmes passions que nous ».

Et je remarque, en second lieu, dans ce livre, que la puissance de Dieu s’y manifeste dans des actes accomplis sans aucun instrument humain ; dans des actes faits directement par le Seigneur Lui-même, agissant par Sa providence ou par le moyen des anges. Ces actes sont assez nombreux ; notons-en quelques-uns. Ananias et Sapphira, entrant dans l’assemblée et entendant la répréhension de Pierre, meurent subitement l’un et l’autre. — Les apôtres sont jetés dans la prison publique à Jérusalem. Mais un ange du Seigneur ouvrit de nuit les portes de la prison, les conduisit dehors et dit : « Allez, et vous tenant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie » (chap. 5). Saul est près de Damas, en plein midi, et tout à coup une lumière brilla du ciel comme un éclair autour de lui : « Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? Et il dit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus que tu persécutes » (chap. 9). — Pierre est de nouveau en prison, lié de chaînes, et dort entre deux soldats. « Et voici, un ange du Seigneur survint, et une lumière resplendit dans le bâtiment et, frappant le côté de Pierre, l’ange le réveilla disant : Lève-toi promptement. Et les chaînes tombèrent de ses mains. Et l’ange lui dit : Chausse tes sandales. Et il le fit ainsi. Et il lui dit : Jette ta robe sur toi et me suis. Et sortant il le suivit » (chap. 12). Hérode, revêtu d’une robe royale, haranguait les Tyriens et les Sidoniens. « Et le peuple s’écria : Voix d’un Dieu et non d’un homme ! Et à l’instant un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné gloire à Dieu et, étant rongé par les vers, il expira » (chap. 12). À Philippes, Paul et Silas sont jetés en prison et gardés sûrement. « Or sur le minuit, Paul et Silas, en priant, chantaient les louanges de Dieu et les prisonniers les entendaient. Et tout à coup il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison étaient ébranlés, et incontinent toutes les portes s’ouvrirent et les liens de tous furent détachés » (chap. 16). L’incrédule peut sourire en entendant les récits des diverses manifestations de la puissance de Dieu, mais rien n’est plus propre à fortifier notre confiance dans le Seigneur, à nous qui croyons ; car ces actes nous disent clairement que du haut du ciel où Il est glorieux et glorifié, notre Seigneur connaît parfaitement nos circonstances, et qu’Il peut, quand Il le juge nécessaire, intervenir pour les changer. Il connaît les souffrances des siens aussi bien que les desseins des méchants, et, s’Il laisse quelquefois les premiers longtemps dans l’épreuve et les derniers suivre longtemps leur mauvais train, Il sait cependant, au temps convenable, « délivrer de la tentation les hommes pieux et réserver les injustes pour le jour du jugement » (2 Pier. 2, 9). Si le Seigneur connaît nos œuvres (Apoc. 2 et 3), Il connaît aussi nos besoins, nos difficultés, nos circonstances, nos ennemis, et quelle douceur n’y a-t-il pas dans cette pensée que Celui dont nous connaissons la grâce et l’amour parfaits a les yeux constamment ouverts sur nous et « a toute autorité dans le ciel et sur la terre » ? Quel repos une telle pensée ne donne-t-elle pas ? Oh ! quand elle remplit le cœur on peut vraiment, comme Pierre, dormir paisiblement dans un cachot, entre des soldats, ou, comme Paul et Silas à Philippes, chanter à haute voix les louanges de Dieu. C’est que si ces serviteurs de Dieu sont dans des cachots, ils ont la pleine assurance d’y être sous l’œil de Dieu ; ils connaissent Son pouvoir, et pleins de paix et de joie, ils attendent ! Qui nous déniera le droit de faire comme eux, et de nous appuyer en toute occasion sur Dieu ? Et Dieu n’est-Il pas toujours dans les cieux faisant tout ce qui Lui plaît ? Je ne dis point sans doute qu’un chrétien qui est en prison, par exemple, doive s’imaginer que le Seigneur va immédiatement envoyer un ange ou faire trembler la terre pour le délivrer ; je ne dis point que nous ayons le droit de compter sur des miracles, mais je dis que nous pouvons et devons compter sur Dieu et qu’Il peut tout !

Mais en troisième lieu, on voit la puissance de Dieu se manifester encore d’une autre manière dans ce livre : je veux parler de la puissance du Saint Esprit opérant ici des choses bien plus remarquables et plus importantes que celles qui ont été accomplies, soit par les miracles des apôtres, soit par ceux du Seigneur Jésus Lui-même. En effet, les apôtres, qui ont été témoins des nombreux miracles du Seigneur et qui en ont fait eux-mêmes pendant Sa vie ici-bas, étaient cependant demeurés des hommes sans une vraie intelligence et tardifs de cœur à croire ce que les prophètes ont dit (Luc 24, 25). Mais dès qu’ils ont reçu le Saint Esprit, quel changement ! Ce sont des hommes nouveaux dans toute la force du terme ! Le Seigneur leur avait dit, après Sa résurrection : « Demeurez dans la ville de Jérusalem jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut » (Luc 24). Et : « Mais vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous et vous serez mes témoins, etc. » (Act. 1). Or, le Saint Esprit, cette puissance d’en haut, se manifeste abondamment. Considérons-la un instant, d’abord dans les témoins de Jésus.

C’est le Saint Esprit qui leur donne de pouvoir s’exprimer en diverses langues, sans en avoir jamais appris le premier mot ! C’est peut-être ici le seul acte rapporté dans ce livre, opéré par la puissance du Saint Esprit et ayant le caractère bien marqué d’un miracle ; mais, si les actes suivants, opérés par la même puissance, n’ont pas ce même caractère, ils n’en sont pas moins admirables. Ainsi, voyez Pierre qui avait nié trois fois de connaître Jésus, voyez avec quelle hardiesse, quelle fermeté inébranlable il Lui rend maintenant témoignage ! Voyez maintenant son intelligence des Écritures ! Les autres apôtres aussi « rendaient avec une grande puissance le témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus » (4, 33). Et ils rendaient ce témoignage malgré la haine des magistrats, malgré leurs défenses, malgré leurs verges et leurs prisons ! Voyez Étienne, quel courage ! quelle intelligence de la Parole ! quel témoignage ! quelle mort ! Suivez Paul dans sa course rendant témoignage aux Juifs, aux Grecs, aux barbares, aux sages, aux inintelligents, aux grands et aux petits ! Il ne fait cas de rien ni ne tient sa vie pour précieuse à lui-même, pourvu qu’avec joie il achève sa course et le service qu’il a reçu du Seigneur Jésus pour rendre témoignage à l’évangile de la grâce (20, 24). Tous ces témoins avaient le trésor du ministère dans « des vases de terre », afin que l’excellence de la puissance fût de Dieu et non d’eux (2 Cor. 4, 7). C’est donc la puissance de Dieu, la puissance du Saint Esprit qui se manifeste dans ce témoignage rendu à Jésus par des vases de terre, hommes sujets aux mêmes passions que nous.

Mais ce n’est pas en eux seuls que cette puissance paraît et se manifeste : on la voie aussi dans ceux qui entendent et reçoivent le témoignage à l’évangile de la grâce. Il est bien vrai que plusieurs de ceux qui l’ont entendu « ont résisté au Saint Esprit » ; mais il est vrai aussi que cette puissance a brisé des milliers de cœurs de pierre et vivifié des milliers de personnes « mortes dans leurs fautes et leurs péchés ». Voyez ces trois mille qui, le cœur saisi de componction à l’ouïe du témoignage du Saint Esprit, demandent à Pierre et aux autres apôtres : « Hommes frères, que ferons-nous ? ». Voyez quelles multitudes à Jérusalem se joignent au Seigneur ! et quelles foules en divers endroits du pays d’Israël d’abord, et parmi les Gentils ensuite, obéissent à la foi ! Qui a opéré ces merveilles ? Paul ? Apollos ? Céphas ? Non ! car s’il est vrai que Paul plante et qu’Apollos arrose, il est également vrai que Dieu seul donne l’accroissement. Oh ! qu’elle est admirable la puissance de Dieu manifestée dans ces multitudes de pécheurs convertis ! quand on pense qu’une conversion est une nouvelle naissance, une création !…

Et ce n’est pas tout : remarquez maintenant ces milliers de croyants à Jérusalem ou ailleurs ; ils ne sont qu’un cœur, qu’une âme ; ils s’aiment les uns les autres, parce que tous aiment Celui qui les a engendrés ; tous sont remplis des mêmes fruits de l’Esprit : d’amour, de joie, de paix, de longanimité, de bienveillance, de bonté, de fidélité, de douceur, de tempérance (Gal. 5, 22). Les uns souffrent avec joie l’enlèvement de leurs biens ; les autres se réjouissent d’avoir été jugés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus et chantent en priant dans leurs cachots. Suivant l’exemple de leur Maître, si on leur dit des outrages, ils ne rendent pas d’outrages ; si on les frappe, ils ne menacent point, mais se remettent à Celui qui juge justement (1 Pier. 2). Or, quand on y regarde de près, la puissance de Dieu, opérant de telles choses, est tout aussi grande, tout aussi admirable que celle qui éclate dans n’importe quel miracle. Qu’étaient en effet autrefois ces hommes qui aujourd’hui portent de tels fruits ? Ce qu’ils étaient ? Ah ! la Parole nous le dit en cent endroits ! Ils étaient « ce que nous étions nous aussi autrefois, insensés, désobéissants, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la malice et dans l’envie, haïssables et nous haïssant l’un l’autre » (Tite 3, 3).

Il est aisé de se convaincre que si la puissance de Dieu est manifestée dans les actes dont je viens de parler, Dieu ne les a pas accomplis simplement pour que nous sachions qu’Il est tout-puissant, car ces actes manifestent aussi Sa grâce. C’est déjà ce que nous voyons dans presque tous les miracles du Seigneur Jésus : quand Il ouvre les yeux d’un aveugle, ou qu’Il guérit un lépreux, ou qu’Il ressuscite un mort, il est impossible, sans doute, de ne pas être frappé d’une telle puissance ; mais qui ne voit en même temps dans ces actes, la piété, la bonté, la grâce ? Il en est de même dans les Actes des apôtres : sans doute la puissance du Seigneur s’y manifeste quelquefois en jugement, comme dans les cas d’Ananias et d’Hérode, et même dans ces cas ne voit-on pas la grâce ? N’est-ce pas une grâce quand le Seigneur juge et ôte le mal ?

Il est doux de savoir que Dieu, que « Jésus est toujours le même, hier, aujourd’hui, éternellement, et que malgré les nombreuses misères des croyants, le Saint Esprit est encore sur la terre », dans nos corps qui en sont les temples, dans l’Église qui en est le tabernacle (1 Cor. 6 ; Éph. 1). Et si le témoignage de l’Église est faible et pauvre à bien des égards, il n’en faut pas conclure que l’Esprit de Dieu se soit retiré ou qu’Il ait perdu de Sa puissance ; mais ce qu’il faut reconnaître et confesser, c’est qu’on Lui « résiste » beaucoup dans le monde et qu’on Le « contriste » beaucoup dans l’Église ; et s’il faut s’étonner d’une chose de nos jours, c’est de celle-ci, savoir : qu’au milieu des divisions de l’Église et malgré ses nombreuses infirmités et infidélités, on voie encore la puissance du Saint Esprit se manifester d’une manière aussi riche et aussi bénie !

Or, chers frères, à Celui qui selon la puissance qui opère en nous peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons, à Lui soit la gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus pour tous les âges du siècle des siècles (Éph. 3, 20, 21). Et que le Dieu d’espérance vous remplisse de toute joie et paix en croyant, afin que vous abondiez en espérance par la puissance du Saint Esprit (Rom. 15).