Livre:Études sur la Parole — Éphésiens
destinées à aider le chrétien dans la lecture du Saint LivreJ.N. Darby
L’épître aux Éphésiens nous donne l’exposé le plus riche des bénédictions des saints individuellement et de l’Assemblée, en faisant ressortir en même temps les conseils de Dieu à l’égard de la gloire de Christ. Christ Lui-même est envisagé comme Celui qui doit tenir toutes choses réunies en un sous Sa main, comme chef de l’Assemblée. On la voit placée dans la relation la plus intime avec Lui, comme ceux qui la composent le sont avec le Père Lui-même, et elle est vue dans la position céleste qui lui a été départie par la souveraine grâce de Dieu. Or ces voies de grâce envers elle révèlent Dieu Lui-même sous deux caractères distincts, aussi bien en rapport avec le Christ qu’en rapport avec les chrétiens. Dieu est le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Il est le Dieu de Christ, lorsque Christ est envisagé comme homme ; Il est le Père de Christ, lorsque Celui-ci est considéré comme le Fils de Son amour. Sous le premier caractère, la nature de Dieu est révélée ; sous le second est révélée la relation intime dont nous jouissons avec Celui qui porte ce caractère de Père, et cela selon l’excellence de la propre relation de Christ avec Lui. C’est dans cette relation avec le Père, ainsi que dans celle où nous sommes avec Christ comme Son corps et Son épouse, que se trouvent les sources de la bénédiction des saints et de l’Assemblée de Dieu, de laquelle la grâce nous a faits membres comme formant un tout.
La forme même de l’épître montre combien l’esprit de l’apôtre était rempli du sentiment de la bénédiction qui appartient à l’Assemblée. Après avoir souhaité aux saints et fidèles[1] à Éphèse la grâce et la paix de la part de Dieu, le Père des vrais chrétiens, et de la part de Jésus Christ leur Seigneur, il commence tout de suite à parler des bénédictions auxquelles participent tous les membres de Christ. Son cœur est plein de l’immensité de la grâce : et il n’y avait rien dans l’état des chrétiens d’Éphèse qui exigeât des remarques particulières, adaptées à cet état. C’est la proximité de Dieu qui produit la simplicité, et qui nous rend capables de jouir en simplicité des bénédictions de Dieu, comme Dieu Lui-même les dispense, comme elles sortent de Son cœur dans toute leur propre excellence, pour en jouir en communion avec Celui qui les accorde, et non d’une manière adaptée à l’état de ceux auxquels elles sont données, ou par une communication qui ne révèle qu’une partie de ces bénédictions, parce que l’âme n’est pas capable de recevoir davantage. Oui, lorsqu’on est près de Dieu on est dans la simplicité ; et toute l’étendue de Sa grâce et de nos bénédictions se déroule telle qu’elle se trouve en Lui.
Il est important, en passant, de remarquer ici deux choses. Premièrement, la proximité morale à l’égard de Dieu et la communion avec Lui, sont le seul moyen de croître réellement dans la connaissance de Ses voies et des bénédictions dont Il fait part à Ses enfants, parce que c’est la seule position dans laquelle on peut les saisir, ou dans laquelle on en est moralement capable. Toute conduite qui ne convient pas à cette proximité de Dieu, toute pensée légère qui ne convient pas à Sa présence, nous font perdre ces communications de la part de Dieu et nous rendent incapables de les recevoir (comp. Jean 16, 21-23). Secondement, ce n’est pas que le Seigneur nous abandonne à cause de nos fautes ou de notre négligence ; Il intercède pour nous, et nous faisons l’expérience de Sa grâce ; mais ce n’est plus la communion, ni un progrès intelligent dans les richesses de la révélation de Lui-même et de la plénitude qui est en Christ. C’est la grâce adaptée à nos besoins, une réponse à notre misère ; Jésus étend Sa main vers nous selon le besoin que nous sentons, besoin produit dans nos cœurs par l’opération du Saint Esprit. Que Jésus s’occupe ainsi de nous, est une grâce infiniment précieuse, une douce expérience de Sa fidélité et de Son amour ; on apprend par ce moyen à discerner le bien et le mal par le jugement de soi-même ; mais la grâce a dû s’adapter à nos besoins, et recevoir un caractère selon ces besoins auxquels elle répond. Dans ce cas, son effet est de nous faire penser à nous-mêmes.
Le Saint Esprit nous occupe de nous-mêmes, en grâce sans doute ; mais quand on a perdu la communion avec Dieu, on ne peut pas négliger ce retour sur soi-même sans se tromper et s’endurcir. Hélas ! les rapports de bien des âmes avec Christ ne vont guère au-delà de ce caractère. Pour tous ce n’est que trop souvent le cas. En un mot, quand cela arrive, la pensée du péché ayant été admise dans le cœur, nos rapports avec le Seigneur, pour être vrais, doivent avoir lieu sur le pied de ce triste fait que nous nous sommes laissés aller au péché, au moins dans nos pensées. C’est la grâce qui seule nous permet d’avoir encore à faire avec Dieu. Le fait qu’Il nous restaure, rehausse Sa grâce à nos yeux ; mais cela n’est pas la communion. Quand on marche avec Dieu, quand on marche selon l’Esprit sans Le contrister, Il nous maintient dans la communion, dans la jouissance de Dieu, source positive de joie, d’une joie éternelle. C’est une position dans laquelle Dieu peut nous occuper — comme étant intéressés nous-mêmes à tout ce qui L’intéresse — de tout le développement de Ses conseils, de Sa gloire et de Sa bonté dans la personne de Jésus, le Christ, de Jésus, le Fils de Son amour. Le cœur s’élargit dans la mesure des objets qui l’occupent. Telle est notre condition normale. Tel était, au fond, le cas des Éphésiens.
Nous avons déjà remarqué que Dieu a spécialement doué Paul pour communiquer Ses conseils et Ses voies en Christ, de même qu’Il a doué Jean pour révéler Son caractère et la vie telle qu’elle a été manifestée en Jésus. Le résultat du don particulier accordé à l’apôtre Paul se voit naturellement dans l’épître que nous étudions. Toutefois nous y trouvons, comme étant nous-mêmes en Christ, un développement remarquable de nos relations avec Dieu, de l’intimité de ces relations, et de l’effet de cette intimité. Christ est le fondement sur lequel toutes nos bénédictions sont assises. C’est comme étant en Lui que nous en jouissons. Nous devenons ainsi l’objet présent et actuel de la faveur de Dieu le Père, comme Christ Lui-même en est l’objet. Le Père nous a donnés à Lui ; Christ est mort pour nous, nous a rachetés, lavés, vivifiés, et nous présente, selon l’efficacité de Son œuvre et selon l’acceptation de Sa personne, devant Dieu Son Père. Le secret de toute la bénédiction de l’Assemblée, c’est qu’elle est bénie avec Jésus Lui-même ; et ainsi — de même que Lui, envisagé comme homme — elle est acceptée devant Dieu ; car l’Assemblée est Son corps et jouit en Christ et par Lui de tout ce que le Père Lui a conféré. Individuellement, le chrétien est aimé comme Jésus a été aimé par le Père, ici-bas ; il aura part plus tard, à la vue du monde, à la gloire de Christ, preuve qu’il était aimé ainsi en relation avec le Père, nom que Dieu prend à cet égard (voyez Jean 17, 23-26). C’est pourquoi en général dans cette épître, le croyant est vu en Christ, et non Christ dans le croyant, bien que naturellement cela soit vrai. On est ainsi conduit à considérer les privilèges du croyant et de l’Assemblée plus que la plénitude de Christ Lui-même, et nous trouvons davantage ici le contraste de cette nouvelle position avec celle où nous étions dans le monde, que le développement de la vie de Christ, sujet plus largement traité dans l’épître aux Colossiens, qui considère davantage Christ en nous. Mais l’épître aux Éphésiens, qui nous place en Christ en relation avec Dieu le Père, et assis dans les lieux célestes, donne le caractère le plus élevé à notre témoignage ici-bas.
Or Christ est dans une double relation avec Dieu Son Père : Il est homme parfait devant Son Dieu ; Il est Fils avec Son Père. Nous chrétiens, nous devons participer à l’une et l’autre de ces deux relations. Christ l’a annoncé à Ses disciples avant de retourner au ciel. Il le montre pleinement en leur disant : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Cette précieuse, cette inappréciable vérité, fait ici la base de l’enseignement de l’apôtre. Il considère Dieu sous le double point de vue de Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, et de Père de notre Seigneur Jésus Christ ; nos bénédictions se rapportent à ces deux titres.
Mais avant de tenter d’exposer en détail la pensée de l’apôtre, remarquons qu’il commence ici entièrement avec Dieu, Ses pensées et Ses conseils, et non pas avec ce qu’est l’homme. On peut saisir la vérité par l’un ou l’autre de ces deux bouts, si je peux m’exprimer ainsi : on peut partir de l’état du pécheur, en rapport avec la responsabilité de l’homme, ou partir des pensées et des conseils éternels de Dieu en vue de Sa propre gloire. C’est par ce dernier côté que l’Esprit nous fait ici envisager la vérité. La rédemption même, toute glorieuse qu’elle est en elle-même, est reléguée à la seconde place comme n’étant que le moyen par lequel nous jouissons de l’effet des conseils de Dieu.
Il était nécessaire que les voies de Dieu fussent envisagées au point de vue de Ses propres pensées, et non seulement simplement au point de vue des moyens d’amener l’homme dans la jouissance et le résultat de ces pensées. C’est l’épître aux Éphésiens qui nous les présente ainsi. Quant à celle aux Romains, après avoir dit que c’est la bonté de Dieu, elle commence par la fin de l’homme ; démontrant le mal et présentant la grâce pour y faire face et pour en délivrer.
Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, nous ayant élus en Lui. Le premier chapitre développe ces bénédictions et le moyen d’y participer, dans les versets 4 à 7 ; puis dans les versets 8-10, nous avons le propos arrêté de Dieu pour la gloire de Christ en qui nous les possédons. Ensuite aux versets 11-14, sont présentés l’héritage et l’Esprit Saint donné comme sceau de nos personnes et arrhes de notre héritage. Après cela, nous trouvons une prière dans laquelle l’apôtre demande que ses chers enfants dans la foi, que nous, nous connaissions nos privilèges et la puissance qui nous y a introduits, la même que celle qui a ressuscité Christ d’entre les morts et qui L’a placé à la droite de Dieu pour les posséder comme chef de l’Assemblée qui est Son corps, et qui, avec Lui, sera établie sur toutes les choses créées par Christ son chef, comme Dieu, et dont Il hérite, comme homme, en remplissant tout de Sa gloire divine et rédemptrice. En un mot, nous avons d’abord l’appel de Dieu, ce que les saints sont devant Lui en Christ ; ensuite ayant montré le plein conseil de Dieu quant à Christ, nous avons l’héritage de Dieu dans les saints ; puis vient la prière demandant que nous connaissions ces deux choses, et enfin la puissance par laquelle nous y sommes introduits et en jouissons.
Mais il nous faut examiner ces choses de plus près. Nous avons vu les deux relations établies entre l’homme et Dieu, relations dans lesquelles Christ Lui-même se trouve. Il est monté vers Son Dieu et notre Dieu, vers Son Père et notre Père (Jean 20, 17). Nous avons part à toutes les bénédictions qui découlent de ces deux relations. Dieu nous a bénis de toute bénédiction spirituelle ; pas une ne manque et elles sont de l’ordre le plus élevé ; elles ne sont pas temporelles, comme celles accordées aux Juifs. C’est dans la partie la plus élevée de l’homme renouvelé que nous en jouissons, et elles sont adaptées à cette partie de l’homme : elles sont spirituelles. Ensuite, elles subsistent dans la sphère la plus haute, non pas en Canaan, ni dans la terre d’Emmanuel ; elles nous sont accordées dans les lieux célestes, et de la manière la plus excellente et qui ne laisse place à aucune comparaison, c’est-à-dire en Christ. « Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a bénis de toute bénédiction spirituelle, dans les lieux célestes en Christ » (v. 3). Mais cela découle du cœur de Dieu Lui-même, d’une pensée de Dieu qui est en dehors des circonstances dans lesquelles Il nous trouve dans le temps. Avant que le monde fût, nous avions cette place dans Son cœur ; Il voulait nous donner une place en Christ ; Il nous a élus en Lui.
Quelle bénédiction, quelle source de joie, quelle grâce d’être ainsi les objets de la faveur de Dieu selon Son amour souverain ! Si nous voulons le mesurer, c’est par Christ qu’il faut essayer de le faire ; ou, au moins, c’est ainsi qu’il faut sentir ce qu’est cet amour. Remarquez bien ici de quelle manière le Saint Esprit tient continuellement devant nos yeux le fait que tout est en Christ, comme nous pouvons le voir par ces expressions : « Dans les lieux célestes en Christ » ; « il nous a élus en Lui » ; « adoptés par Jésus Christ » ; « rendus agréables dans le Bien-aimé ». C’est l’un des principes fondamentaux de l’enseignement de l’Esprit ici ; l’autre, c’est que la bénédiction a son origine en Dieu Lui-même. Il en est la source et l’auteur. Son propre cœur, si nous pouvons nous exprimer ainsi, Sa pensée à Lui en sont l’origine et la mesure. C’est pourquoi nous avons en Christ seul quelque mesure de ce qui ne se mesure pas ; car Il est d’une manière complète et adéquate les délices de Dieu. Le cœur de Dieu trouve en Lui un objet suffisant pour se déverser entièrement, et envers lequel Son amour infini peut parfaitement s’exercer.
La bénédiction donc est de Dieu, mais en outre elle est avec Lui-même et devant Lui pour Sa propre joie, afin de satisfaire Son propre amour. C’est Lui qui nous a choisis, prédestinés, bénis, mais dans le but de nous avoir devant Lui, adoptés comme Ses fils pour Lui-même. Telle est la grâce, dans ses grands fondements. C’est là par conséquent ce qu’elle s’est plu à faire pour nous.
Mais nous avons à remarquer une autre chose. Nous sommes élus en Christ avant la fondation du monde. Or cette expression n’est pas simplement celle de la souveraineté de Dieu. Si Dieu choisit maintenant quelques-uns d’entre les hommes, c’est comme Souverain avant que le monde fût, mais cela montre que nous appartenons dans les conseils de Dieu à un système établi par Lui en Christ avant que le monde existât, système qui n’est pas du monde quand celui-ci existe, et qui subsistera après que la figure de ce monde aura passé. C’est un aspect très important du système chrétien. La responsabilité fut introduite (pour l’homme naturellement) par la création d’Adam dans ce monde. Notre place en Christ nous a été donnée avant que le monde existât. Le développement de tous les caractères de cette responsabilité a eu lieu jusqu’à la croix, et s’est terminé là. L’homme a été dans l’innocence, puis pécheur sans loi, sous la loi, et quand il a été de toutes manières reconnu coupable, la grâce — Dieu Lui-même — vient en bonté dans le monde des pécheurs et ne rencontre que la haine pour son amour. Le monde est jugé et les hommes perdus, et c’est ce qu’individuellement chacun a à apprendre pour lui-même. Mais alors la rédemption fut accomplie, et le dessein complet et le conseil de Dieu dans la nouvelle création en Christ ressuscité, le dernier Adam, a été manifesté, « le mystère caché dès les siècles », tandis que la responsabilité du premier homme était mise à l’épreuve. Comparez 2 Timothée 1, 9-11, et Tite 1, 2, où cette vérité est très distinctement mise en lumière.
Cette responsabilité et la grâce ne peuvent se concilier vraiment qu’en Christ. Les deux principes se voient dans les deux arbres du jardin ; après cela nous avons la promesse faite sans condition à Abraham, afin que nous puissions comprendre que la bénédiction était de pure grâce ; ensuite la loi amène de nouveau deux principes, mais place la vie comme conséquence de la responsabilité. Christ vient, Il est la vie, Il prend sur Lui, pour tous ceux qui croient en Lui, les conséquences de la responsabilité, et devient comme Fils divin et en même temps Chef ressuscité, la source de la vie, notre péché ayant été ôté ; et nous, comme ressuscités avec Lui, nous n’avons pas seulement reçu la vie, mais nous sommes dans une nouvelle position, vivifiés, hors de la mort, avec Lui, et nous avons une portion selon les conseils qui établissaient tout en Lui avant la fondation du monde, et nous sommes établis selon la justice et à cause de la rédemption, comme une nouvelle création dont le second homme est le chef. Le chapitre expliquera comment nous sommes amenés dans cette position.
Nous avons dit que Dieu se révèle sous deux caractères, même dans Ses relations avec le Christ : Il est Dieu, et Il est Père. Or nos bénédictions se rapportent à ces deux caractères, c’est-à-dire à la nature parfaite de Dieu comme Dieu, et à l’intimité d’une relation positive avec Lui comme Père. L’apôtre ne mentionne pas encore l’héritage, ni les conseils de Dieu à l’égard de l’ensemble de la gloire dont Christ doit être le centre, mais il parle de nos relations avec Dieu, de ce que nous sommes avec Dieu et devant Lui, et non pas de notre héritage — de ce qu’Il nous a fait être, et non de ce qu’Il nous a donné. Notre propre portion en Christ devant Dieu est développée dans les versets 4-6. Ce qui est dit de notre position dans le verset 4, dépend du nom de Dieu ; ce qui est dit au verset 5, de celui de Père.
Le caractère de Dieu Lui-même est dépeint dans ce qui, au verset 4, est attribué aux saints. Dieu ne saurait trouver Ses délices qu’en Lui-même et dans ce qui Lui ressemble moralement. Au reste, ce que je viens de dire est un principe universel : un honnête homme ne saurait trouver de la jouissance dans la société d’un homme qui ne lui ressemblerait pas en honnêteté. À bien plus forte raison, Dieu ne saurait supporter ce qui serait en opposition à Sa sainteté, puisque dans l’activité de Sa nature, Il doit s’entourer de ce qu’Il aime, de ce qui fait Ses délices. Mais avant tout, Christ est cela en Lui-même : Il est personnellement l’image du Dieu invisible. L’amour, la sainteté, la perfection sans tache dans toutes ses voies, sont unis en Lui. Or Dieu nous a élus en Lui. Au verset 4, nous trouvons notre position sous ce rapport. En premier lieu nous sommes devant Dieu ; Il nous introduit dans Sa présence. L’amour de Dieu doit le faire afin de se satisfaire lui-même ; l’amour qui est en nous doit aussi se trouver dans cette position pour avoir son parfait objet devant lui, et c’est là seulement que le bonheur parfait peut se trouver ; mais dans ce cas il faut que nous ressemblions à Dieu. Il ne pouvait nous amener en Sa présence et nous y admettre, afin de faire de nous Ses délices, si nous n’étions pas tels qu’Il pût trouver Son plaisir en nous. Il nous a donc élus en Christ pour que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour. Lui-même est saint dans Son caractère, irréprochable dans toutes Ses voies, amour dans Sa nature. C’est une position de bonheur parfait dans la présence de Dieu, ressemblant à Dieu, et cela en Christ, objet et mesure de l’affection divine. Ainsi Dieu trouve Ses délices en nous, et nous, possédant une nature semblable à la sienne quant à ses qualités morales, nous sommes capables de jouir pleinement et sans entrave de cette nature, et d’en jouir dans sa perfection en Lui. De plus, c’est Son propre choix, Sa propre affection, qui nous ont placés là, et qui nous y ont placés en Celui qui, étant Ses délices éternelles, est digne d’avoir cette place. Notre cœur trouve son repos dans cette position ; car il y a accord entre notre nature et celle de Dieu, et le choix que Dieu a fait de nous, pour que nous occupions cette place, montre l’affection personnelle qu’Il a pour nous. Aussi y a-t-il un objet parfait et suprême devant nous.
Remarquez que, dans la relation dont nous parlons ici, la bénédiction est en rapport avec la nature de Dieu ; c’est pourquoi il n’est pas dit que nous sommes prédestinés à cela selon le bon plaisir de Sa volonté. Nous sommes élus en Christ afin d’être bénis en la présence de Dieu. Ce choix est le fruit de Sa grâce infinie ; mais la joie de Sa nature, comme celle de la nôtre en Lui, ne pouvait être autre qu’elle ne l’est, parce que telle est Sa nature, sainte et amour. Le bonheur ne saurait se trouver ailleurs ou avec une autre.
Mais au verset 5, nous arrivons à des privilèges particuliers, et nous sommes prédestinés à ces privilèges. Il nous a « prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté ». Ce verset nous présente, non la nature de Dieu, mais, ainsi que nous l’avons dit, l’intimité d’une relation positive. Dès lors, c’est selon le bon plaisir de Sa volonté. Dieu peut avoir devant Lui des anges comme serviteurs : Il a voulu avoir des fils.
Peut-être pourrait-on dire que si nous sommes admis à trouver nos délices dans la nature de Dieu, nous ne pouvons guère ne pas être dans une relation intime avec Lui ; mais la forme, le caractère de cette relation dépend certainement de la volonté souveraine de Dieu. Au reste, puisque nous possédons ces choses en Christ, le reflet de la nature divine et la relation de fils vont ensemble, car les deux se trouvent réunis en nous. Toutefois souvenons-nous que notre participation à ces choses dépend de la volonté souveraine de Dieu notre Père ; et que le moyen d’y participer et la manière selon laquelle nous y participons, c’est que nous sommes en Christ. Dieu notre Père, dans Sa bonté souveraine, selon Ses conseils d’amour, veut nous avoir auprès de Lui. Ce dessein qui nous lie à Christ en grâce est fortement exprimé dans ce verset 5, comme dans celui qui le précède. Ce n’est pas seulement notre position qui s’y trouve caractérisée, mais le Père y est introduit d’une manière particulière à l’égard de la relation que ce nom implique. L’Esprit Saint ne se contente pas de dire : « Il nous a prédestinés pour nous adopter » ; mais Il ajoute : « pour lui-même ». On pourrait dire que cela est sous-entendu dans le mot adopter ; mais l’Esprit veut particulariser pour nos cœurs cette pensée que le Père veut nous avoir en relation intime avec Lui-même comme des fils. Nous sommes fils « pour Lui-même » par Jésus Christ, selon le bon plaisir de Sa volonté. Si le Christ est l’image du Dieu invisible, nous portons cette image, étant élus en Lui. Si le Christ est Fils, nous entrons dans la même relation avec le Père.
Voilà donc nos relations si précieuses, si merveilleuses avec Dieu notre Père en Christ ; voilà les conseils de Dieu à notre égard. Nous ne trouvons pas qu’il soit rien dit encore à l’égard de l’état précédent de ceux qui devaient être appelés à jouir de ces bénédictions. Nous voyons un peuple, une famille céleste, selon les desseins et les conseils de Dieu, qui existe comme fruit des pensées éternelles de Dieu, et de Sa nature d’amour — ce qui est appelé ici « la gloire de sa grâce ». On ne peut pas glorifier Dieu en Lui ajoutant quelque chose. Dieu se glorifie Lui-même quand Il se révèle. Tout cela donc est à la louange de la gloire de Sa grâce, selon laquelle Il a agi envers nous en Christ. Christ est la mesure de cette grâce et sa forme envers nous, Lui en qui nous y avons part. Toute la plénitude de cette grâce est révélée dans les voies de Dieu envers nous ; ce sont, pour ainsi dire, les pensées originelles de Dieu, qui n’ont d’autre source que Lui-même, dans lesquelles et par lesquelles Il se révèle, et dans l’accomplissement desquelles Il se glorifie. Et remarquez ici qu’à la fin du verset 6, l’Esprit ne dit pas « le Christ ». Quand Il parle de Lui, l’Esprit veut mettre de l’emphase sur les pensées de Dieu. Dieu a agi envers nous en grâce dans le Bien-aimé, en celui qui est particulièrement l’objet de Ses affections. L’Esprit met en relief ce caractère de Christ lorsqu’Il parle de la grâce qui nous est accordée en Lui. Y avait-il un objet spécial de l’amour de Dieu, de Ses affections ? Il nous a bénis dans cet objet.
Or où est-ce que Dieu nous a trouvés quand Il a voulu nous introduire dans cette position glorieuse ? Qui a-t-Il choisis pour les bénir de cette manière ? De pauvres pécheurs morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, esclaves de Satan et de la chair.
Si c’est en Christ que nous voyons notre position selon les conseils de Dieu, c’est en Lui aussi que nous trouvons la rédemption qui nous y place : « Nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes » (v. 7). Ceux que Dieu a voulu bénir étaient pauvres et misérables par le péché ; Il a agi envers eux selon les richesses de Sa grâce. Nous avons déjà remarqué que l’Esprit fait ressortir, dans ce passage, les conseils éternels de Dieu à l’égard des saints en Christ, avant de parler de l’état d’où Il les a retirés lorsqu’Il les a trouvés dans leur condition de pécheurs ici-bas. Or toute la pensée de Dieu à leur égard est révélée dans ces conseils, dans lesquels Il se glorifie. C’est pourquoi il est dit que ce qu’Il a trouvé bon de faire à l’égard des saints, est « selon la gloire de sa grâce ». Il se fait connaître en elle. Ce qu’Il a fait pour les pauvres pécheurs est selon les richesses de Sa grâce. Dans Ses conseils Il s’est révélé ; Il est glorieux en grâce. Dans Son œuvre, Il pense à notre misère, à nos besoins, selon les richesses de Sa grâce ; nous y avons part comme en en étant les objets dans notre pauvreté, dans nos besoins. Dieu est riche en grâce. Ainsi notre position est faite et établie selon les conseils de Dieu et par l’efficacité de Son œuvre en Christ : notre position, dis-je, vis-à-vis de Dieu. Si nous avons à penser ici où les pensées et les conseils de Dieu sont révélés, si la rémission et la rédemption en découlent, nous avons à penser, non en prenant nos besoins comme leur mesure, mais selon les richesses de la grâce de Dieu.
Mais il y a plus. Dieu, nous ayant placés dans cette intimité avec Lui, nous révèle Ses pensées à l’égard de la gloire de Christ Lui-même. La même grâce nous a fait les dépositaires du propos arrêté de Ses conseils à l’égard de la gloire universelle de Christ, pour l’administration de la plénitude des temps. C’est une faveur immense que Dieu nous accorde. Nous sommes intéressés à la gloire de Christ aussi bien que bénis en Lui. Notre proximité de Dieu et notre position parfaite devant Lui nous rendent capables d’être intéressés dans les conseils de Dieu quant à Son dessein de gloire pour Son Fils. Et cela nous amène à l’héritage (comp. Jean 15, 15). Ainsi Abraham, mais sur un terrain moins élevé, était l’ami de Dieu. Dieu, notre Père, nous a donné, à nous, de jouir de toutes les bénédictions dans les lieux célestes ; mais Il veut réunir toutes choses dans les cieux et sur la terre sous Christ comme chef, et c’est de notre position en Lui que dépendent nos relations avec tout ce qui est subordonné à Christ, aussi bien que nos relations avec Dieu, Son Père ; nous avons notre héritage en Lui.
Le bon plaisir de Dieu a été de réunir sous la main de Christ tout ce qui est créé ; c’est Son dessein pour l’administration des temps où le résultat de toutes Ses voies sera manifesté[2]. En Christ, nous héritons de notre part, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ. Ici cependant, l’Esprit nous présente la position en vertu de laquelle l’héritage nous est échu, plutôt que l’héritage lui-même. Il l’attribue aussi à la volonté souveraine de Dieu, comme Il l’avait fait auparavant par rapport à notre relation spéciale de fils avec Dieu. Remarquez aussi ici que dans l’héritage nous serons à la louange de Sa gloire ; comme dans notre relation avec Lui, nous sommes à la louange de la gloire de Sa grâce. Manifestés dans la possession de l’héritage, nous serons le déploiement de Sa gloire, rendue visible en nous, mais nos relations avec Dieu Lui-même sont le fruit pour nos propres âmes, avec Lui et devant Lui, de la grâce infinie qui nous a placés dans ces relations et nous a rendus capables de nous y trouver.
Voilà donc, sous le rapport de la gloire qui est conférée au Christ comme homme, les conseils de Dieu, notre Père, à Son égard. Dieu réunira toutes choses en un, en Lui comme leur chef. Et comme c’est en Lui que nous avons notre vraie position quant à notre relation avec Dieu, le Père, il en est de même aussi à l’égard de l’héritage qui nous a été donné. Nous sommes unis à Christ quant à ce qui est au-dessus de nous, nous le sommes à l’égard de ce qui est au-dessous. L’apôtre parle ici d’abord des chrétiens juifs, de ceux qui ont cru en Christ avant qu’Il soit manifesté ; c’est la force de l’expression : « Nous qui avons espéré à l’avance dans le Christ », ou, si j’ose employer un mot nouveau : « qui avons préespéré en Christ », espéré en Lui avant qu’Il paraisse. Le résidu des Juifs, aux derniers jours, croira comme Thomas, quand il verra Christ : heureux celui qui aura cru sans voir ! L’apôtre parle de ceux qui, d’entre les Juifs, avaient déjà cru en Lui.
Au verset 13, Paul étend aux Gentils la même bénédiction, ce qui l’amène à présenter une autre précieuse vérité par rapport à nous, une chose qui est vraie de tout croyant, mais qui avait une force particulière à l’égard de ceux d’entre les nations : Dieu avait mis Son sceau sur eux par le don du Saint Esprit. Ils n’étaient pas, selon la chair, héritiers des promesses ; mais, lorsqu’ils crurent, Dieu les scella du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de l’héritage pour tout croyant, pour le Juif aussi bien que pour le Gentil, jusqu’à ce que la possession acquise par Christ Lui soit remise, jusqu’à ce que de fait Il en ait pris possession par Sa puissance qui ne laissera subsister aucun adversaire. Remarquez qu’il ne s’agit pas ici de la régénération, mais d’un sceau mis sur les croyants, qui est la démonstration et les arrhes de leur pleine participation à venir à l’héritage qui appartient à Christ — héritage auquel Il a droit par la rédemption par laquelle Il s’est acquis toutes choses, mais qu’Il ne s’appropriera par Sa puissance que lorsqu’Il aura rassemblé tous les cohéritiers pour en jouir avec Lui.
Le Saint Esprit n’est pas les arrhes de l’amour : « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». Dieu nous aime comme Il nous aimera dans le ciel ; mais de l’héritage, l’Esprit Saint n’est que les arrhes. Nous ne possédons encore rien de l’héritage ; alors nous serons à la louange de Sa gloire : la gloire de Sa grâce est déjà révélée.
Ainsi nous avons trouvé dans la première partie de ce chapitre, la grâce qui a établi la position des enfants de Dieu — les conseils de Dieu à l’égard de la gloire de Christ, comme chef sur toutes choses — la part que nous avons en Lui comme héritier — et le don de l’Esprit Saint aux croyants pour être les arrhes et le sceau de l’héritage que Christ a acquis jusqu’à ce qu’ils en soient mis en possession avec Lui.
Du verset 15 à la fin du chapitre, nous avons la prière de l’apôtre pour les saints, prière qui découle de la révélation qui précède, qui est fondée sur la manière dont les enfants de Dieu ont été introduits dans leurs bénédictions en Christ, et qui nous conduit ainsi à toute la vérité à l’égard de l’union de Christ et de l’Assemblée, ainsi que de la place que Christ prend dans l’univers qu’Il a créé comme Fils, et qu’Il reprend comme homme. Elle est fondée en même temps sur la puissance qui se déploie en nous plaçant, aussi bien que Christ Lui-même, à la hauteur de la position que Dieu nous a donnée dans Ses conseils. Cette prière est fondée sur le titre de : « Dieu de notre Seigneur Jésus Christ » ; celle du troisième chapitre (v. 14 et suivants), sur le titre de : « Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Il y a là plus de communion que de conseils. Dieu est appelé ici « Père de gloire », comme en étant la source et l’auteur. Mais Dieu n’est pas seulement appelé le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, on verra aussi que Christ est envisagé comme homme. Dieu a opéré en Christ (v. 20) ; Il L’a ressuscité d’entre les morts, et L’a fait asseoir à Sa droite : en un mot, tout ce qui a été effectué à l’égard de Christ est considéré comme étant l’effet de la puissance de Dieu qui l’a accompli. Christ a pu dire : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai », car Il était Dieu ; mais ici, Il est envisagé comme homme, et c’est Dieu qui Le ressuscite.
Cette prière se divise en deux parties. L’apôtre demande que les Éphésiens comprennent avec tous les saints : 1° quels sont l’appel et l’héritage de Dieu ; 2° quelle est la puissance qui les met en possession de ce que cet appel de Dieu leur confère, savoir cette même puissance qui a placé Christ à la droite de Dieu, l’ayant ressuscité d’entre les morts.
L’apôtre demande d’abord pour les saints l’intelligence des choses qui leur sont données. Nous retrouvons ici, il me semble, les deux choses que, dans la partie précédente du chapitre, nous avons vu être la part des saints, savoir l’espérance de l’appel de Dieu, et la gloire de Son héritage dans les saints. La première se rapporte aux versets 3-5, c’est-à-dire notre appel ; la seconde au verset 11, c’est-à-dire notre héritage. Dans les versets 3-5, nous avons trouvé la grâce, c’est-à-dire Dieu agissant envers nous, parce qu’Il est amour ; dans le verset 11, la gloire, l’homme manifesté comme jouissant dans sa personne et dans son héritage des fruits de la puissance et des conseils de Dieu. Dieu nous appelle à être devant Lui saints et irrépréhensibles en amour, et en même temps à être Ses fils. La gloire de Son héritage est nôtre. L’apôtre ne dit pas, remarquez-le bien, « notre appel », quoique nous soyons les appelés. Il caractérise cet appel en le rattachant à Celui qui appelle, afin que nous le comprenions selon son excellence, selon son vrai caractère. L’appel est selon Dieu Lui-même ; toute la bénédiction et le caractère de cet appel sont selon la plénitude de Sa grâce, sont dignes de Lui : c’est là ce que nous espérons. L’héritage est aussi Son héritage ; de même que la terre de Canaan était à Dieu, ainsi qu’Il l’avait dit dans la loi, et que néanmoins Il l’a héritée en Israël, de même l’héritage de l’univers entier lorsqu’Il sera rempli de la gloire de Dieu, est à Lui ; mais Il l’hérite dans les saints. Ce sont les richesses de la gloire de Son héritage dans les saints. Il remplira toutes choses de Sa gloire, et c’est dans les saints qu’Il les héritera. Voilà les deux parties de la première chose à laquelle les yeux des saints devaient être ouverts. Par l’appel de Dieu, nous sommes appelés à jouir de la bénédiction de Sa présence auprès de Lui-même, à jouir de ce qui est au-dessus de nous. L’héritage de Dieu s’applique à ce qui est au-dessous de nous, aux choses créées qui sont toutes assujetties à Christ, avec qui et en qui nous jouissons de la clarté de la présence de Dieu auprès de Lui. Le désir de l’apôtre est que les Éphésiens comprennent ces deux choses.
La seconde chose que demande l’apôtre pour les Éphésiens, c’est qu’ils connaissent la puissance, déjà manifestée, qui avait déjà opéré afin qu’ils eussent part à cette position bénie et glorieuse. Car de même qu’ils étaient introduits par la grâce souveraine de Dieu dans la position de Christ devant Dieu Son Père, ainsi aussi l’œuvre qui a été opérée dans le Christ, et le déploiement de la puissance de Dieu qui a eu lieu en L’élevant depuis le tombeau jusqu’à la droite de Dieu le Père au-dessus de tout nom qui se nomme, sont l’expression et le modèle de l’action de cette même puissance qui opère en nous qui croyons, et qui nous élève de notre état de mort dans le péché, pour nous faire avoir part à la gloire de ce même Christ. Cette puissance est la base de la position de l’Assemblée dans son union avec Lui, et celle du développement du mystère selon les conseils de Dieu. Personnellement, Christ ressuscité d’entre les morts est placé à la droite de Dieu, bien au-dessus de toute puissance et autorité, et au-dessus de tout nom qui se nomme parmi les hiérarchies par lesquelles Dieu administre le gouvernement du monde qui existe maintenant, ou parmi celles du monde à venir. Et cette supériorité existe non seulement en rapport avec Sa divinité, dont la gloire ne change pas, mais en rapport avec la place qui Lui a été donnée comme homme, car nous parlons ici, ainsi que nous l’avons vu, du Dieu de notre Seigneur Jésus Christ. C’est Lui qui L’a ressuscité d’entre les morts et qui Lui a donné la gloire et une place au-dessus de tout, place dont Il était sans doute personnellement digne, mais qu’Il reçoit et devait recevoir, comme homme, des mains de Dieu qui L’a établi Chef (Tête) sur toutes choses, en unissant l’Assemblée à Lui comme Son corps, et en ressuscitant les membres de ce corps de leur mort dans les péchés par la même puissance que celle qui a ressuscité et exalté la Tête, en les vivifiant ensemble avec Christ et en les faisant asseoir dans les lieux célestes en Lui, par la même puissance qui L’a exalté. Ainsi l’Assemblée, Son corps, est Sa plénitude. C’est bien Lui qui remplit tout en tous ; mais le corps forme le complément de la Tête. C’est Lui, parce qu’Il est Dieu aussi bien qu’homme, qui remplit toutes choses, et qui remplit tout, étant homme, selon la puissance de la rédemption qu’Il a accomplie et de la gloire qu’Il a acquise ; de sorte que l’univers qu’Il remplit de Sa gloire, en jouit selon la stabilité de la rédemption, à la puissance et à l’effet de laquelle rien ne saurait le soustraire[3]. Lui, je le répète, remplit l’univers de Sa gloire ; mais la Tête n’est pas isolée, laissée, pour ainsi dire, incomplète comme telle, sans Son corps. Celui-ci la complète dans cette gloire comme un corps naturel complète la tête, non pas pour être la Tête ou pour diriger, mais pour être le corps de la Tête, et afin que la Tête soit la Tête de « Son corps ». Christ est Tête (ou Chef) du corps sur toutes choses. Il remplit tout en tous, et l’Assemblée est Sa plénitude. Voilà le mystère dans toutes ses parties. En conséquence, on peut observer que c’est lorsque Christ, ayant accompli toute la rédemption, a été exalté à la droite de Dieu, qu’Il prend la place dans laquelle Il peut être Chef ou Tête du corps.
Merveilleux partage des saints, en vertu de leur rédemption et de la puissance divine qui a opéré dans la résurrection de Christ, après qu’Il fut mort, mort sous nos fautes et sous nos péchés, et qui L’a placé à la droite de Dieu ; partage qui, sauf Sa séance personnelle à la droite du Père, est nôtre aussi par notre union avec Lui.
Chapitre 2. — Le second chapitre[4] présente l’opération de la puissance de Dieu sur la terre, qui a pour but d’amener les âmes à la jouissance de leurs privilèges célestes, et de former ainsi l’Assemblée ici-bas, plutôt que le déploiement des privilèges eux-mêmes, et, par conséquent, celui des conseils de Dieu. Ce ne sont pas même ces conseils, c’est la grâce et la puissance qui opèrent pour leur accomplissement, en amenant les âmes au résultat que cette puissance doit produire selon ces conseils. Christ est d’abord vu, non comme Dieu descendu ici-bas et présenté aux pécheurs, mais comme mort, c’est-à-dire où nous étions à cause du péché, mais ressuscité hors de cet état par la puissance de Dieu. Il était mort pour le péché ; Dieu L’a ressuscité d’entre les morts et L’a placé à Sa droite. Nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés : Dieu nous a vivifiés ensemble avec Lui. Mais puisqu’il s’agit de la terre, de l’opération de la puissance et de la grâce sur la terre, l’Esprit naturellement parle de l’état de ceux en qui cette grâce agit, de fait, de l’état de tous. En même temps, dans les formes terrestres de religion, dans le système qui existait sur la terre, il y avait ceux qui étaient près, et ceux qui étaient loin. Or nous avons vu qu’il s’agit, dans la pleine bénédiction dont l’apôtre parle, de la nature de Dieu Lui-même. En vue de cette nature, et pour la glorifier, tous Ses conseils étaient arrêtés. C’est pourquoi les formes extérieures — bien que quelques-unes eussent été établies provisoirement sur la terre par l’autorité même de Dieu — ne pouvaient avoir aucune valeur. Elles avaient servi pour la manifestation des voies de Dieu, comme ombres des choses à venir, et avaient été rattachées au déploiement de l’autorité de Dieu sur la terre, parmi les hommes, pour maintenir quelque connaissance de Dieu. Ces choses avaient de l’importance à leur place ; mais ces figures ne pouvaient rien pour amener les âmes en relation avec Dieu afin de jouir de la manifestation éternelle de Sa nature dans des cœurs qui en seraient rendus capables par grâce, en participant à cette nature et en la reflétant. Pour cela elles étaient tout à fait inutiles, elles n’étaient pas la manifestation de ces principes éternels. Mais les deux classes d’hommes étaient là, les Juifs et les Gentils, et l’apôtre parle de toutes deux. La grâce prend des personnes de l’une et de l’autre pour former un seul corps, un seul homme nouveau, par une nouvelle création en Christ.
Dans les deux premiers versets de ce chapitre, l’apôtre parle de ceux qui étaient sortis d’entre les nations qui ne connaissaient pas Dieu, des Gentils comme on les appelle ordinairement. Au verset 3, il parle des Juifs : « Nous aussi, nous avons tous », dit-il. Il n’entre pas ici dans les détails affreux que contient le troisième chapitre de l’épître aux Romains[5], parce qu’il s’agit non de convaincre de péché l’individu, afin de lui montrer le moyen d’être justifié, mais de déployer les conseils de Dieu en grâce. Ici donc, l’apôtre parle de l’éloignement de Dieu où l’homme se trouvait, sous la puissance des ténèbres. Pour ce qui regarde les nations, il parle de l’état universel du monde. Tout le cours du monde, le système tout entier, marchait selon le prince de la puissance de l’air ; le monde lui-même était sous le gouvernement de celui qui opère dans les cœurs des fils de la désobéissance, qui, dans leur volonté propre, se soustrayaient au gouvernement de Dieu, quoiqu’ils ne pussent se soustraire à son jugement.
Si les Juifs avaient des privilèges extérieurs ; s’ils n’étaient pas d’une manière directe sous le gouvernement du prince de ce monde, comme c’était le cas des nations plongées dans l’idolâtrie et tombées dans toute la dégradation de ce système où l’homme se vautrait, dans la licence où les démons se plaisaient à le plonger en dérision de sa sagesse ; si les Juifs n’étaient pas, comme les Gentils, sous le gouvernement des démons, toutefois, dans leur nature, ils étaient conduits par les mêmes convoitises que celles par lesquelles les démons agissaient sur les pauvres païens. Les Juifs menaient la même vie que ceux-ci quant aux convoitises de la chair ; ils étaient des enfants de colère comme tous les autres, car c’est là l’état des hommes : ils sont dans leur nature des enfants de colère. Par rapport à leurs privilèges extérieurs, les Israélites étaient le peuple de Dieu ; de nature ils étaient des hommes comme les autres ; et remarquez ici ces paroles : « par nature » (v. 3). L’Esprit ne parle pas ici d’un jugement prononcé de la part de Dieu, ni de péchés commis, ni d’Israël ayant manqué à ses relations avec Dieu en tombant dans l’idolâtrie et dans la rébellion, ni même de ce qu’il avait rejeté le Messie et ainsi s’était privé de toute ressource, en un mot de tout ce qu’Israël avait fait. Il n’est pas question non plus d’un jugement positif de la part de Dieu, prononcé sur la manifestation du péché. Les Juifs, ainsi que tous les hommes, étaient de leur nature des enfants de colère. Cette colère était la conséquence naturelle de l’état où ils se trouvaient[6].
L’homme tel qu’il était, Juif ou Gentil, et la colère, allaient naturellement ensemble, de même qu’il y a un lien naturel entre le bien et la justice. Or Dieu — bien qu’en jugement Il prenne connaissance de tout ce qui est contraire à Sa volonté et à Sa gloire — est dans Sa propre nature au-dessus de tout cela. À ceux qui sont dignes de colère, Il peut être riche en miséricorde, car c’est ce qu’Il est en Lui-même. L’apôtre, par conséquent, Le présente ici comme agissant d’après Sa propre nature envers les objets de Sa grâce. Nous étions, dit-il, morts dans nos fautes et dans nos péchés ; Dieu vient, dans Son amour, nous délivrer par Sa puissance, « Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés ». Il n’y avait en nous aucun mouvement en bien : nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés. Le mouvement, grâces Lui en soient rendues, est venu de Lui. Il nous a vivifiés, et non seulement cela, mais Il nous a vivifiés ensemble avec Christ. Paul n’avait pas dit d’une manière directe que Christ avait été vivifié, quoique cela puisse se dire si l’on parle de la puissance de l’Esprit en Lui-même. Toutefois Christ a été ressuscité d’entre les morts ; et lorsqu’il s’agit de nous, il nous est dit que toute l’énergie par laquelle Christ est sorti de la mort, opère aussi pour notre vivification ; et non seulement cela, mais en étant vivifiés, nous sommes associés à Lui. Il sort de la mort ; nous en sortons avec Lui. Dieu nous fait part de cette vie. C’est de Sa pure grâce, et d’une grâce qui nous a sauvés, qui nous a trouvés morts dans nos péchés, et qui nous a tirés de la mort comme Christ en est sorti, et cela par la même puissance, et nous en a fait sortir avec Christ[7], par la puissance de vie, en résurrection, afin de nous placer dans la lumière et dans la faveur de Dieu, comme une nouvelle création, comme Christ s’y trouve Lui-même. Juifs et Gentils se trouvent ensemble dans la même nouvelle position en Christ. La résurrection a mis fin à toutes les distinctions, elles n’ont point de place dans un Christ ressuscité. Dieu a vivifié les uns et les autres avec Christ.
Or, Christ ayant fait cela, Juifs et Gentils se trouvent ensemble dans le Christ ressuscité et monté en haut, sans les différences que la mort avait abolies ; ils sont assis ensemble en Lui dans une nouvelle condition qui leur est commune, et qui est décrite par celle du Christ Lui-même[8]. Ces pauvres pécheurs d’entre les Gentils et d’entre les Juifs rebelles et contredisants, sont placés dans la position où le Christ se trouve par la puissance qui L’a ressuscité d’entre les morts et placé à la droite de Dieu[9], afin de montrer dans les siècles à venir les immenses richesses de la grâce qui les a introduits là. Une Marie de Magdala, un brigand crucifié, et nous tous qui croyons, compagnons du Fils de Dieu dans la gloire, nous serons les témoins de cette grâce merveilleuse. C’est par la grâce que nous sommes sauvés. Maintenant nous ne sommes pas encore dans la gloire : c’est par la foi que nous sommes sauvés. Quelqu’un dira-t-il, qu’au moins la foi est de l’homme ? Non[10] : ce n’est pas, à cet égard non plus, de nous-mêmes. Tout est le don de Dieu, non pas par les œuvres, afin que personne ne se glorifie ; car nous sommes Son ouvrage.
De quelle manière puissante l’Esprit met Dieu Lui-même en avant comme seule source et seul opérateur de tout ! C’est une création, mais, comme étant Son ouvrage, c’est un résultat qui est en accord avec Son propre caractère. Or c’est en nous que cette œuvre se fait. Dieu prend de pauvres pécheurs pour montrer en eux Sa gloire. Si l’opération est de Dieu, assurément elle sera efficace pour produire de bonnes œuvres. Il nous a créés en Christ pour elles.
Or remarquez ici que si Dieu nous a créés pour les bonnes œuvres, celles-ci dans leur nature doivent être caractérisées selon le caractère de Celui qui a opéré en nous, nous créant selon Ses propres pensées. Ce qui nous est présenté ici, ce n’est pas l’homme qui cherche à se rapprocher de Dieu ou à Le satisfaire en faisant des œuvres qui Lui soient agréables selon la loi, mesure de ce que l’homme devrait être ; c’est Dieu qui nous prend dans nos péchés, quand il n’y a pas un mouvement moral dans nos cœurs (selon ce qui est dit : « Il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y a personne qui recherche Dieu »), et qui nous crée de nouveau pour des œuvres qui soient selon cette nouvelle création. Nous sommes placés dans une position toute nouvelle, selon cette nouvelle création de Dieu : c’est un nouveau caractère que nous revêtons, selon la prédétermination de Dieu. Les œuvres sont prédéterminées aussi selon le caractère que nous revêtons par cette nouvelle création. Tout est absolument selon la pensée de Dieu Lui-même. Ce n’est pas le devoir d’après la vieille création[11], tout est le fruit des pensées de Dieu dans la nouvelle. La loi disparaît à notre égard, même quant aux œuvres, avec la nature à laquelle elle s’appliquait. L’homme obéissant à la loi était l’homme comme il devrait être selon le premier Adam ; l’homme en Christ doit marcher selon la vie céleste du dernier Adam, et marcher d’une manière digne de Lui, le Chef de la nouvelle création. Étant ressuscité avec Christ, et étant le fruit de la nouvelle création, il doit se conduire d’une manière digne de Celui qui l’a formé pour cela même (2 Cor. 5, 5).
Ainsi, les Gentils jouissant de ce privilège ineffable de la nouvelle création — bien que l’apôtre ne reconnaisse pas le judaïsme comme la vraie circoncision — ils devaient se souvenir d’où ils avaient été tirés : sans Dieu et sans espérance dans le monde, étrangers à toutes les promesses. Mais quelque éloignés qu’ils eussent été, maintenant en Christ, ils avaient été rapprochés par Son sang. Christ avait abattu la paroi mitoyenne, ayant annulé la loi des commandements par lesquels le Juif, qui se distinguait par ces ordonnances, était séparé des Gentils. Ces ordonnances avaient leur sphère d’action dans la chair : or Christ, comme vivant en rapport avec tout cela, étant mort, a aboli l’inimitié pour former en Lui-même des deux, Juifs et Gentils, un seul homme nouveau. Les Gentils sont approchés par le sang de Christ, et le mur mitoyen de clôture a été abattu, afin de réconcilier les uns et les autres à Dieu dans un seul corps, ayant par la croix non seulement fait la paix, mais détruit, par une grâce qui leur était commune (et à laquelle l’un ne pouvait prétendre à avoir plus de droit que l’autre, car cette grâce s’appliquait au péché) l’inimitié qui existait jusqu’alors entre le Juif privilégié et le Gentil idolâtre loin de Dieu, abolissant dans Sa chair l’inimitié, la loi du commandement, consistant en ordonnances.
Ayant fait la paix, Christ l’a proclamée dans ce but aux uns et aux autres, qu’ils fussent loin, ou qu’ils fussent près ; car, par Christ, nous tous, Juifs ou Gentils, nous avons accès auprès du Père par un seul Esprit. Ce n’est pas le Jéhovah des Juifs, duquel le nom n’était pas réclamé sur les païens, c’est le Père des chrétiens, des rachetés de Jésus Christ, adoptés pour faire partie de la famille de Dieu. Aussi quoique gentil, on n’est plus étranger ni forain, on est de la bourgeoisie chrétienne et céleste, de la vraie maison de Dieu Lui-même. Telle est la grâce. Quant à ce monde, étant ainsi incorporés en Christ, voici notre position : tous, Juifs ou Gentils, rassemblés ainsi en un seul corps, constituent l’Assemblée sur la terre. Les apôtres et prophètes (du Nouveau Testament) forment le fondement de l’édifice, Christ Lui-même étant la maîtresse pierre du coin. En Lui tout le bâtiment s’élève pour être un temple, les Gentils y ayant leur place, et formant avec les autres la demeure, sur la terre, de Dieu présent par Son Esprit. En premier lieu, l’apôtre considère l’œuvre progressive qui édifiait, sur le fondement des apôtres et prophètes, l’ensemble de l’Assemblée selon les pensées de Dieu ; et, en second lieu, il considère l’union dans laquelle les Éphésiens et les autres Gentils croyants se trouvaient avec les Juifs comme formant la maison de Dieu sur la terre dans ce moment-là. Dieu y habitait par l’Esprit Saint[12]. Le premier chapitre nous avait présenté les conseils et les intentions de Dieu, commençant par la relation des fils et du Père, et, lorsqu’il est parlé de l’opération de Dieu, montrant l’Assemblée comme le corps de Christ, unie à Lui qui est Chef sur toutes choses. Le second chapitre, traitant de l’œuvre qui appelle l’Assemblée en dehors du monde, qui la crée ici-bas par la grâce, place devant nous cette Assemblée[13], d’un côté croissant pour être un temple saint, et d’un autre comme étant présentement l’habitation de Dieu ici-bas par l’Esprit.
Chapitre 3. — Ce chapitre tout entier est une parenthèse qui développe le mystère, et qui présente, en même temps, dans la prière qui le termine, le second caractère de Dieu mentionné au commencement de l’épître, savoir celui de Père de notre Seigneur Jésus Christ. Voici comment ce sujet s’introduit ici. Le premier chapitre expose les conseils de Dieu tels qu’ils sont en eux-mêmes, en ajoutant à la fin le fait que Dieu ressuscite Christ et Le fait asseoir à Sa droite. Le second présente l’œuvre de Dieu pour former, en vivifiant d’autres personnes avec Christ, l’Assemblée entière de ceux qui sont ressuscités en Christ, pris par la grâce d’entre les Juifs et les Gentils ; ces chapitres donnent les pensées et l’œuvre de Dieu. Le troisième chapitre traite de l’administration de ces choses confiée à Paul ; il parle spécialement de l’introduction des Gentils sur le même pied que les Juifs. C’était la partie entièrement nouvelle des voies de Dieu.
Paul était prisonnier pour avoir prêché l’évangile aux Gentils — circonstance qui fait ressortir très clairement le caractère spécial de son ministère. Ce ministère, au fond, est présenté comme au chapitre premier de l’épître aux Colossiens. Seulement, dans cette dernière épître, le sujet tout entier est traité plus brièvement, et le principe essentiel et le caractère du mystère selon la place qu’il occupe dans les conseils de Dieu, est moins expliqué, et envisagé seulement d’un côté spécial, approprié au dessein de l’épître, savoir Christ et les Gentils. Ici, l’apôtre fait savoir qu’il avait reçu son ministère par une révélation particulière, ainsi qu’il l’avait expliqué déjà en peu de mots, mais en paroles propres à mettre clairement en évidence la connaissance qu’il avait du mystère de Christ, mystère qui n’avait jamais été donné à connaître dans les siècles passés, mais qui maintenant était révélé par l’Esprit aux apôtres et prophètes. On remarquera que les prophètes dont il est parlé ici sont très évidemment ceux du Nouveau Testament, puisque les communications qui leur ont été faites sont mises en contraste avec le degré de lumière accordé dans les siècles précédents. Or le mystère avait été caché dans tous les temps passés, et en effet, il avait dû être caché, car placer les Gentils sur le même pied que les Juifs, eût été renverser le judaïsme tel que Dieu Lui-même l’avait établi. Dieu avait soigneusement élevé un mur mitoyen de clôture ; le devoir du Juif était de respecter cette séparation : il péchait s’il ne l’observait pas strictement. Le mystère mettait toute barrière de côté. Les prophètes de l’Ancien Testament, et Moïse lui-même, avaient bien montré que les Gentils se réjouiraient un jour avec le peuple, mais le peuple restait un peuple séparé. Que les Gentils fussent cohéritiers et d’un même corps, toute distinction étant abolie, c’est ce qui avait été entièrement caché en Dieu, comme partie de Son dessein éternel avant que le monde fût, mais cela ne faisait pas partie de l’histoire du monde, ni des voies de Dieu à son égard, ni des promesses de Dieu révélées.
C’est un conseil merveilleux de Dieu qui, en unissant des rachetés à Christ dans le ciel, comme un corps est uni à sa tête, leur donnait une place dans le ciel. Car bien que nous cheminions sur la terre et que nous soyons l’habitation de Dieu par l’Esprit ici-bas, dans la pensée de Dieu notre place est dans le ciel. Dans le siècle à venir les Gentils seront bénis, mais Israël sera un peuple spécial et séparé.
Dans l’Assemblée, toute distinction terrestre est perdue : nous sommes tous un en Christ comme ressuscités avec Lui. Ainsi l’évangile de l’apôtre s’adressait aux Gentils, pour leur annoncer ces bonnes nouvelles, selon le don de Dieu accordé à Paul par l’opération de la puissance divine, pour leur proclamer non pas simplement un Messie selon les promesses faites aux pères, un Christ juif, mais un Christ dont les richesses étaient insondables. Personne ne saurait tracer jusqu’au bout, et dans tout son développement en Lui, l’accomplissement des conseils et la révélation de la nature de Dieu. Ce sont les richesses incompréhensibles d’un Christ en qui Dieu se révèle, et en qui toutes les pensées de Dieu sont accomplies et développées. Les conseils de Dieu à l’égard d’un Christ Tête de Son corps l’Assemblée, Chef sur toutes choses dans les cieux et sur la terre, d’un Christ, Dieu manifesté en chair, étaient maintenant donnés à connaître et s’accomplissaient pour autant que se faisait le rassemblement des cohéritiers en un seul corps. Saul, l’ennemi acharné de Jésus proclamé comme Messie, même quand ce fut par l’Esprit Saint envoyé du ciel — Saul, par conséquent, le pire des hommes — devient par la grâce Paul, l’instrument et le témoin de cette grâce, pour annoncer aux Gentils ces richesses incompréhensibles. C’était sa fonction apostolique par rapport aux Gentils. Il y en avait une autre : c’était d’éclairer tous les hommes à l’égard de ce mystère qui, depuis le commencement du monde, avait été caché en Dieu. Cela répond aux deux parties du ministère de l’apôtre signalées en Colossiens 1, 23-25, comme le verset 27 de ce même chapitre correspond au verset 17 de notre chapitre. Dieu, qui a créé toutes choses, avait cette pensée, ce dessein, avant la création, afin que lorsqu’Il assujettirait toute la création à Son Fils fait homme et glorifié, le Fils eût dans Sa gloire des compagnons qui Lui fussent semblables, membres de Son corps spirituel, vivants de Sa vie.
L’apôtre faisait connaître aux Gentils les richesses insondables de Christ, qui leur donnaient une part dans les conseils de Dieu en grâce. Il éclairait tous les hommes à l’égard, non pas précisément du mystère, mais de l’administration[14] du mystère, c’est-à-dire non pas seulement du conseil de Dieu, mais de l’accomplissement dans le temps de ce conseil, réunissant l’Assemblée sous Christ son chef. Celui qui avait créé toutes choses pour être la sphère du développement de Sa gloire, avait gardé ce secret par devers Lui, afin que l’administration du mystère, révélé maintenant par l’établissement de l’Assemblée sur la terre, fût en son temps le moyen de faire connaître aux plus élevés des êtres créés la sagesse de Dieu qui se manifestait de tant de manières diverses. Ils avaient vu la création surgir et s’épanouir devant leurs yeux ; ils avaient vu le gouvernement de Dieu, Sa providence, Ses jugements, Son intervention en bonté sur la terre en Christ. Mais voilà un genre de sagesse tout à fait nouveau, une chose en dehors du monde, renfermée jusqu’alors dans les conseils de Dieu, cachée en Lui, de sorte qu’il n’y avait ni promesse ni prophétie qui la concernât, mais objet spécial de Son dessein éternel, rattachée d’une manière particulière à Celui qui est le centre et la plénitude du mystère de la piété, ayant une place à elle en union avec Christ, et qui, tout en étant manifestée sur la terre et placée avec Christ à la tête de la création, ne faisait pas à proprement parler partie de celle-ci : c’en était une nouvelle partie. Elle était une création nouvelle, une manifestation distincte de la sagesse de Dieu ; une partie de Ses pensées jusqu’alors réservée dans le secret de Ses conseils, de laquelle l’administration actuelle dans le temps, sur la terre, par l’œuvre de l’apôtre, donnait à connaître la sagesse de Dieu selon Son propos arrêté, selon Son propos éternel dans le Christ Jésus. « En qui », ajoute l’apôtre, « nous avons hardiesse et accès en confiance, par la foi en lui » ; et c’est selon cette relation que nous nous approchons de Dieu.
C’est pourquoi eux, Gentils croyants, ne devaient pas être découragés à cause de l’emprisonnement de celui qui leur avait annoncé ce mystère, car les souffrances de l’apôtre étaient la preuve et le fruit de la position glorieuse que Dieu leur avait accordée et dont les Juifs étaient jaloux.
Cette révélation des voies de Dieu ne nous présente pas, ainsi que le premier chapitre, Christ comme homme ressuscité d’entre les morts par la puissance de Dieu, afin que nous soyons aussi ressuscités pour avoir part avec Lui, et qu’ainsi l’administration des conseils de Dieu soit accomplie. Elle nous fait voir Christ comme centre de toutes les voies de Dieu, le Fils du Père, héritier de toutes choses comme Fils créateur, et centre des conseils de Dieu. C’est au Père de notre Seigneur Jésus Christ que l’apôtre s’adresse maintenant, de même qu’au chapitre premier, il s’était adressé au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi « toute famille » (non pas « toute la famille ») se range sous ce nom de Père de notre Seigneur Jésus Christ. Sous le nom de Jéhovah, il n’y avait que les Juifs : « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre », avait dit Jéhovah aux Juifs (Amos 3, 2) ; « c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités ». Mais sous le nom de Père de Jésus Christ, toutes les familles, l’Assemblée, les anges, les Juifs, les Gentils, tous se rangent. Toutes les voies de Dieu dans ce qu’Il avait arrangé pour Sa gloire, se coordonnent sous ce nom et sont en rapport avec Lui.
Et voici ce que l’apôtre demandait pour les saints auxquels il s’adressait : c’était qu’ils fussent capables de saisir toute la portée de ces conseils, et l’amour de Christ qui en était pour leurs cœurs le centre assuré. Dans ce but, l’apôtre désire qu’ils soient puissamment fortifiés par l’Esprit du Père de notre Seigneur Jésus Christ, et que le Christ, qui est le centre de toutes ces choses dans les conseils de Dieu le Père, habite dans leurs propres cœurs et soit ainsi le centre intelligent d’affection de toute leur connaissance — centre qui ne trouvait pas de cercle qui limitât la vue. Celle-ci se perdait dans l’étendue que Dieu seul remplit, longueur, largeur, hauteur, profondeur[15]. Mais ce centre donnait en même temps aux saints une place assurée, un appui inébranlable et bien connu, dans Son amour qui était aussi infini que l’étendue inconnue de la gloire de Dieu dans son déploiement autour de Lui-même. « De sorte que le Christ », dit l’apôtre, « habite dans vos cœurs » (v. 17). Ainsi Celui qui remplit tout de Sa gloire, remplit Lui-même le cœur d’un amour plus puissant que toute la gloire dont Il est le centre, et c’est afin de nous donner la force qui nous rend capables, en paix et en amour, de contempler tout ce qu’Il a fait, la sagesse de Ses voies et la gloire universelle dont Il est le centre.
Je le répète : Celui qui remplit tout, remplit par-dessus tout nos cœurs. Dieu nous fortifie selon les richesses de cette gloire qu’Il déploie devant nos yeux émerveillés comme appartenant justement à Christ. Il le fait en ce que Christ habite en nous avec la plus tendre affection, et qu’Il est la force de notre cœur. C’est comme enracinés et fondés dans l’amour, et embrassant ainsi, comme premier cercle de nos affections et de nos pensées, ceux qui sont à Christ — tous les saints, objets de Son amour ; — c’est comme remplis de Lui et nous-mêmes comme centre de toutes Ses affections et pensant Ses pensées, que nous nous plongeons dans toute l’étendue de la gloire de Dieu, car elle est la gloire de Celui que nous aimons. Et quelle est la limite de cette gloire ? Elle n’en a point : c’est la plénitude de Dieu. Nous la trouvons dans cette révélation de Lui-même. En Christ, Il se révèle dans toute Sa gloire : Il est sur toutes choses Dieu béni éternellement.
Mais demeurant dans l’amour, nous demeurons en Dieu et Dieu en nous, et cela en rapport avec le déploiement de Sa gloire, telle qu’Il la développe en tout ce qu’Il a formé autour de Lui afin de se montrer en cela, afin que Christ, et Christ dans l’Assemblée, Son corps, soit le centre de tout ce en quoi Il manifeste cette gloire, et que le tout soit en même temps la manifestation de Dieu Lui-même dans Sa gloire tout entière. Nous sommes remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu, et c’est dans l’Assemblée que Dieu habite pour cela : Il opère en nous par Son Esprit dans ce but. C’est pourquoi l’apôtre désire et demande que la gloire soit à Lui dans l’Assemblée dans tous les âges par Jésus Christ ! Amen.
Notez ici que ce qui est désiré est la réalisation de ce dont il est parlé. Ce n’est pas, comme dans le chapitre 1, une chose objective, afin que les Éphésiens pussent connaître ce qui est certainement vrai, mais afin qu’elle fût vraie pour eux, étant fortifiés en puissance par l’Esprit de Dieu. Il est bien beau de voir comment, après nous avoir lancés dans l’infini de la gloire de Dieu, l’apôtre nous ramène à un centre connu en Christ — à connaître l’amour de Christ, mais non pour nous rétrécir. Il est plus divin, à proprement parler, que la gloire, bien qu’il nous soit familier. Il surpasse toute connaissance.
Remarquez encore que l’apôtre ne demande pas ici que Dieu opère par une puissance (ainsi qu’on l’exprime souvent) qui agisse pour nous, mais en nous[16]. Il peut faire au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou penser selon Sa puissance qui agit en nous. Quelle portion pour nous ! Quelle place que celle qui nous est donnée en Christ !
Chapitre 4. — Paul revient ainsi à la thèse posée à la fin du chapitre 2 : Dieu habitant dans l’Assemblée par l’Esprit, et les chrétiens, Juifs ou Gentils, unis en un seul corps. Il désire que les chrétiens d’Éphèse (et nous tous) marchent d’une manière digne de cet appel. Leur appel, c’était d’être un, le corps de Christ, mais, de fait, ce corps manifesté sur la terre dans sa vraie unité par la présence de l’Esprit Saint. Nous avons vu (chap. 1) le chrétien introduit dans la présence de Dieu Lui-même ; mais le fait que les chrétiens formaient le corps de Christ et qu’ils étaient la demeure de Dieu ici-bas, la maison de Dieu sur la terre, en un mot, leur position tout entière, est compris dans l’expression « leur appel ». Le chapitre 1 nous présente les saints devant Dieu ; la prière du chapitre 3 nous montre Christ en eux.
Or l’apôtre était en prison pour le témoignage qu’il avait rendu à cette vérité, pour avoir maintenu et proclamé les privilèges que Dieu avait accordés aux nations, et en particulier celui de former, par la foi, avec les Juifs croyants un seul corps uni à Christ. Paul se sert de ce fait dans son exhortation comme d’un puissant motif qui doit toucher le cœur des chrétiens d’entre les Gentils. Or la première chose à laquelle il s’attendait de la part de ses chers enfants dans la foi, comme étant ce qui convenait à cette unité et comme moyen de la maintenir en pratique, c’était l’esprit d’humilité et de douceur, le support des uns envers les autres en amour : voilà l’état individuel dont il désirait la réalisation chez les Éphésiens. C’est le vrai fruit de la proximité de Dieu et de la possession des privilèges, si l’on en jouit dans Sa présence.
À la fin du second chapitre, l’apôtre avait développé le résultat de l’œuvre de Christ en unissant les Gentils avec les Juifs, en faisant la paix, et en formant la demeure de Dieu sur la terre, Juif et Gentil ayant accès auprès du Père par un seul Esprit, par la médiation de Jésus, « les deux » étant réconciliés en un seul corps à Dieu. Avoir accès auprès de Dieu, être la demeure de Dieu par Sa présence, par l’Esprit Saint, être un seul corps réconcilié avec Dieu, tel est l’appel des chrétiens. Le troisième chapitre avait développé ces choses dans toute leur étendue ; l’apôtre en fait l’application dans le quatrième.
Les fidèles, dans les dispositions mentionnées plus haut, doivent chercher à garder cette unité de l’Esprit par le lien de la paix. Il y a trois choses dans cette exhortation : 1° le devoir pour le chrétien de marcher d’une manière digne de son appel ; 2° l’esprit dans lequel on doit ainsi marcher ; 3° la diligence pour garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Il importe de remarquer que l’unité de l’Esprit n’est pas une similarité de sentiments, mais l’unité des membres du corps de Christ établie par l’Esprit Saint, et maintenue pratiquement par une marche en harmonie avec l’Esprit de grâce. Il est évident que la diligence requise pour le maintien de l’unité de l’Esprit, se rapporte à la terre et à la manifestation de cette unité sur la terre.
L’apôtre fonde maintenant son exhortation sur les divers points de vue sous lesquels cette unité peut être envisagée — en rapport avec le Saint Esprit, en rapport avec le Seigneur et en rapport avec Dieu.
Il y a un seul corps et un seul Esprit : non seulement un effet produit dans le cœur des individus afin qu’ils s’entendent entre eux, mais un seul corps. L’espérance dont cet Esprit est la source et la puissance est une. C’est l’unité essentielle, réelle et subsistante.
Il y a aussi un seul Seigneur : à Lui se lient « une seule foi » et « un seul baptême ». C’est la profession publique et la confession de Christ comme Seigneur (comp. 1 Cor. 1, 2).
Enfin il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, et partout, et en nous tous.
Quels puissants liens d’unité ! L’Esprit de Dieu, la seigneurie de Christ, l’universelle présence de Dieu, le Père, tout tend à amener en unité, comme à un centre divin, ceux qui sont en relation avec chacune de ces choses. Toutes les relations religieuses de l’âme, tous les points par lesquels nous sommes en contact avec Dieu, s’accordent pour former tous les croyants en un dans ce monde, de telle sorte qu’on ne peut pas être chrétien sans être un avec tous ceux qui le sont. On ne saurait exercer la foi, ni jouir de l’espérance, ni exprimer d’une manière quelconque la vie chrétienne, sans avoir la même foi et la même espérance que les autres croyants, sans exprimer ce qui existe chez les autres qui ont la foi. Seulement nous sommes appelés à maintenir pratiquement l’unité.
On peut remarquer que les trois sphères d’unité présentées dans ces trois versets, ne sont pas de la même étendue ; le cercle d’unité grandit chaque fois. À l’Esprit (v. 4), nous trouvons liée l’unité du corps, l’unité essentielle et réelle produite par la puissance de l’Esprit liant à Christ tous Ses membres. Au Seigneur se lie (v. 5) l’unité de la foi et du baptême : ici chaque individu a la même foi, le même baptême ; c’est la profession extérieure, peut-être vraie et réelle, mais une profession se rapportant à Celui qui a des droits sur ceux qui s’appellent de Son nom. Le troisième caractère d’unité se rattache à des droits divins qui s’étendent à toutes choses, quoique le lien de cette unité soit plus étroit pour le croyant, parce que Celui qui a droit sur toutes choses demeure dans les croyants.
Pour résumer :
1° Il y a un seul corps et un seul Esprit, une seule espérance de notre appel.
2° Un seul Seigneur auquel se rattachent une seule foi et un seul baptême.
3° Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, partout et dans tous les chrétiens.
De plus, l’apôtre, tout en insistant sur ces trois grandes relations dans lesquelles les chrétiens sont placés, comme étant dans leur nature les fondements de l’unité et les motifs pour la maintenir, nous montre ces relations s’étendant successivement en largeur. La relation immédiate s’applique proprement aux mêmes personnes ; mais le caractère de Celui qui est la base de la relation élargit l’idée qui s’y rattache. Par rapport à l’Esprit, Sa présence unit le corps, est le lien entre tous les membres du corps : les membres du corps seuls, et eux comme tels, sont envisagés ici. Le Seigneur a des droits plus étendus. Dans cette relation, il n’est pas parlé des membres du corps : il y a une seule foi et un seul baptême, une seule profession dans le monde, il ne peut y en avoir deux. Mais quoique les personnes qui sont dans cette relation extérieure puissent être aussi dans les autres relations et être membres du corps, cependant la relation qui rattache au nom de Seigneur, est celle de profession individuelle. Elle n’est pas une chose qui ne saurait exister sans une réalité vitale dans l’âme ; tandis que, lorsqu’il s’agit du corps de Christ, on en est membre ou on ne l’est pas. Dieu est Père de ces mêmes membres comme étant Ses enfants, mais Celui qui maintient cette relation, est nécessairement et toujours au-dessus de toutes choses — personnellement au-dessus de tout, mais divinement partout.
Remarquez qu’il ne s’agit pas ici seulement d’une unité de sentiments, de désir et de cœur : cette unité-là est recommandée, mais c’est afin de maintenir la réalisation et la manifestation ici-bas d’une unité qui tient à l’existence et à la position éternelle de l’Assemblée en Christ. Il y a un seul Esprit, mais il y a un seul corps. L’union des cœurs dans le lien de la paix, que l’apôtre désire, est pour le maintien public de cette unité ; non qu’il ne puisse y avoir du support l’un à l’égard de l’autre, quand celle-ci a disparu, les chrétiens se contentant de son absence. On n’accepte pas ce qui est contraire à la Parole, bien qu’on doive supporter dans certains cas ceux qui sont dans une position qui la contredit. La considération de la communauté de position et de privilèges, qui est l’apanage de tous les enfants de Dieu, dans les relations dont nous venons de parler, servait à les unir les uns avec les autres dans la douce jouissance de cette position si précieuse, en les amenant aussi chacun à se réjouir en amour de la part qu’avait chaque autre membre du corps dans ce bonheur.
Mais d’un autre côté, le fait que Christ était exalté pour être, dans le ciel, chef sur toutes choses, apportait une différence qui tenait à cette suprématie de Christ, suprématie exercée avec une souveraineté et une sagesse divines. « À chacun de nous la grâce (le don) a été donnée selon la mesure du don de Christ », c’est-à-dire comme Christ trouve bon de donner. Par rapport à notre position de joie et de bénédiction en Christ, nous sommes un : quant à notre service, nous avons chacun une place individuelle selon Sa divine sagesse et selon Ses droits souverains dans l’œuvre. Or voici sur quoi le titre de Christ à conférer ces dons comme Il veut, est fondé, quelle que soit la puissance divine qui s’exerce en eux : l’homme était sous la puissance de Satan — misérable condition, fruit de son péché, condition où sa propre volonté l’avait réduit, mais dans laquelle, d’après le jugement de Dieu qui avait prononcé sur lui la sentence de mort, il était dans son corps et dans ses pensées esclave de l’ennemi qui a l’empire de la mort, sauf les souverains droits et la souveraine grâce de Dieu (voyez chap. 2, 2). Or Christ s’est fait homme, et est allé d’abord, comme homme conduit par l’Esprit, à la rencontre de Satan, Il l’a vaincu. Quant à sa puissance personnelle, il a pu le chasser partout et délivrer les hommes. Mais l’homme n’a pas voulu avoir Dieu avec lui, et il n’était pas possible que dans leur état de péché les hommes fussent, sans la rédemption, unis à Christ. Le Seigneur, cependant, poursuivant Son œuvre parfaite d’amour, a subi la mort et a vaincu Satan dans sa dernière forteresse que maintenait le juste jugement de Dieu contre l’homme pécheur — jugement que Christ par conséquent a subi, accomplissant une rédemption complète, finale, et éternelle dans sa valeur, de sorte que ni Satan, le prince de la mort et l’accusateur des enfants de Dieu sur la terre, ni même le jugement de Dieu, n’ont plus rien à dire aux rachetés. L’empire de Satan lui a été ravi ; le juste jugement de Dieu a été subi et complètement satisfait ; tout jugement et tout pouvoir sur tous les hommes sont commis au Fils, parce qu’Il est Fils de l’homme. Ces deux résultats ne sont pas encore manifestés, quoique le Seigneur possède toute autorité dans les cieux et sur la terre. La chose dont il est question ici est un autre résultat qui s’accomplit en attendant. La victoire du Seigneur est complète. Il a emmené captif l’adversaire. En montant en haut Il a placé l’homme victorieux au-dessus de toutes choses, et a emmené captive toute la puissance qui auparavant dominait sur l’homme.
Or avant de manifester en personne le pouvoir qu’Il s’est acquis comme homme en liant Satan, avant de le déployer dans la bénédiction de l’homme sur la terre, Il le montre dans l’Assemblée, Son corps, en communiquant, selon Sa promesse, à des hommes délivrés de la puissance de l’ennemi, des dons qui sont la preuve de ce pouvoir.
Le premier chapitre nous avait exposé les pensées de Dieu ; le second, l’accomplissement en puissance de ces pensées à l’égard des rachetés, Juifs ou Gentils, tous morts dans leurs péchés, pour en former l’Assemblée ; enfin le troisième était le développement spécial du mystère en ce qui concernait les Gentils dans l’administration du mystère sur la terre par Paul. Ici, au quatrième chapitre, l’Assemblée est présentée dans son unité comme corps, et dans les diverses fonctions de ses membres ; c’est-à-dire que nous y voyons l’effet positif des conseils de Dieu dans l’Assemblée ici-bas. Mais cela est fondé sur l’exaltation de Christ qui, vainqueur de l’ennemi, est monté comme homme dans le ciel.
Ainsi exalté, Il a reçu des dons dans l’homme, c’est-à-dire dans son caractère d’homme (comp. Act. 2, 33). « Des dons dans l’homme », c’est l’expression par laquelle cette vérité est rendue dans le psaume 68, d’où la citation est tirée. Dans le passage qui est devant nous, le Christ ayant reçu ces dons comme Chef du corps, est le canal de leur communication à d’autres. Ce sont des dons pour les hommes.
Trois choses ici caractérisent Christ : un homme monté en haut, un homme qui a emmené captif celui qui tenait l’homme en captivité, un homme qui a reçu pour les hommes, délivrés de cet ennemi, les dons de Dieu qui rendent témoignage de cette exaltation de l’homme en Christ, et qui servent de moyen pour la délivrance des autres. Car ce chapitre ne parle pas des signes plus directs de la puissance de l’Esprit, tels que les langues, les miracles, et tout ce qu’on appelle ordinairement dons miraculeux. Mais nous avons ici ce que le Seigneur confère comme chef à des individus ; ceux-ci sont les dons, comme étant Ses serviteurs en vue de former les saints pour être avec Lui, et pour l’édification du corps — c’est le fruit de Sa sollicitude pour les saints. C’est pourquoi, comme on l’a déjà remarqué, la persistance de ces dons — jusqu’à ce que nous tous, l’un après l’autre, nous croissions jusqu’au Chef — est établie quant à la puissance, par l’Esprit. En 1 Corinthiens 12, il n’en est pas ainsi.
Arrêtons-nous un instant pour contempler la portée de ce que nous venons de considérer. Quelle œuvre complète et glorieuse que celle que le Seigneur a accomplie pour nous, et dont la communication de ces dons est le précieux témoignage ! Esclaves de Satan et par conséquent de la mort comme aussi du péché, nous avons vu qu’il a plu à Christ de subir pour la gloire de Dieu, ce qui pesait sur nous. Il est descendu dans la mort, dont Satan avait le pouvoir. Or la victoire de l’homme en Lui a été si complète, notre délivrance si entière, qu’exalté Lui-même, comme homme, à la droite du trône de Dieu, Lui qui avait été sous la mort, Il nous a retirés de dessous le joug de l’ennemi et use des privilèges que Lui donnent Sa position et Sa gloire, pour faire de ceux qui étaient auparavant captifs, les vases de Sa puissance pour la délivrance d’autres aussi. Il nous donne le droit, comme étant maintenant sous Sa juridiction, et comme étant rangés sous Sa bannière, d’agir dans Sa sainte guerre, mus par les mêmes principes d’amour que Lui. Notre délivrance est si grande que nous sommes les instruments de Sa puissance contre l’ennemi, Ses collaborateurs en amour par Sa puissance. De là découle la relation entre la piété pratique, le complet assujettissement de la chair, et la capacité de servir Christ comme des instruments dans la main de l’Esprit Saint et les vases de Sa puissance.
Or l’ascension du Seigneur a une portée immense en rapport avec Sa personne et Son œuvre. Il est bien monté comme homme, mais Il est premièrement descendu comme homme jusque dans les ténèbres du sépulcre et de la mort ; et de là, ayant remporté la victoire sur la puissance de l’ennemi qui avait le pouvoir de la mort, et ayant effacé les péchés de Ses rachetés et accompli la gloire de Dieu en obéissance, Il prend Sa place comme homme au-dessus de tous les cieux, afin qu’Il remplisse toutes choses, non seulement en tant que Dieu, mais selon la gloire et la puissance d’une position dans laquelle L’a placé l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption, œuvre qui L’a conduit dans les profondeurs de la puissance de l’ennemi et L’a placé sur le trône de Dieu. Et cette position, Il la tient non seulement par Son titre de Créateur, qui Lui appartenait déjà, mais par celui de Rédempteur qui met à l’abri du mal tout ce qui se trouve dans la sphère de la puissante efficacité de Son œuvre, sphère remplie de bénédiction, de grâce, et de Lui-même. Glorieuse vérité, qui tient en même temps à l’union de la nature divine et de la nature humaine dans la personne du Christ, et à l’œuvre de rédemption accomplie par Lui en souffrant sur la croix.
L’amour l’a fait descendre du trône de Dieu et étant devenu un homme[17], par la même grâce, Il est descendu dans les ténèbres de la mort. Ayant subi la mort en portant nos péchés, Il est remonté jusqu’à ce trône, comme homme, et remplit toutes choses. Il est descendu au-dessous de la création dans la mort, et a été élevé au-dessus de tout.
Mais en remplissant toutes choses selon les droits de Sa personne glorieuse, et en rapport avec l’œuvre qu’Il a accomplie, Il est aussi en relation immédiate avec ce qui dans les conseils de Dieu est uni étroitement à Celui qui remplit ainsi toutes choses, avec ce qui a été tout particulièrement l’objet de Son œuvre de rédemption, c’est-à-dire Son corps, Son Assemblée, unie à Lui par le lien de l’Esprit pour compléter cet homme mystique, pour être l’épouse de ce second homme qui remplit tout en tous — un corps qui en tant que manifesté ici-bas, est placé au milieu d’une création qui n’est pas encore délivrée, et en présence d’ennemis qui sont dans les lieux célestes, jusqu’à ce que Christ exerce, de la part de Dieu Son Père, la puissance qui Lui a été confiée comme homme. Lorsque Christ exercera ainsi Sa puissance, Il tirera vengeance de ceux qui ont souillé Sa création en entraînant l’homme, qui avait été le chef de cette création ici-bas, et l’image de Celui qui devait être Chef sur toutes choses. Il délivrera aussi la création de son assujettissement au mal. En attendant, personnellement élevé comme homme glorieux, et assis à la droite de Dieu jusqu’à ce que Dieu mette Ses ennemis pour le marchepied de Ses pieds, Il communique les dons nécessaires pour le rassemblement de ceux qui doivent être les compagnons de Sa gloire, qui sont les membres de Son corps, et qui seront manifestés avec Lui quand Sa gloire brillera au milieu de ce monde de ténèbres.
L’apôtre nous montre ici une assemblée déjà délivrée et exerçant la puissance de l’Esprit, qui d’un côté délivre les âmes, et de l’autre les édifie en Christ pour les faire croître jusqu’à la mesure de leur Chef, malgré toute la puissance de Satan qui subsiste encore.
Mais une vérité importante se rattache à ce fait. Cette puissance spirituelle ne s’exerce pas d’une manière simplement divine. C’est Christ monté en haut (Celui qui toutefois était auparavant descendu dans les parties les plus basses de la terre) qui a reçu, comme homme, ces dons de puissance. Je dis reçu comme homme, car c’est de cette manière que le psaume 68 et Actes 2, 33 expriment cette vérité, ainsi que nous l’avons vu. Ce dernier passage toutefois parle aussi du don fait à Ses membres. Dans notre chapitre, c’est de ce don seulement qu’il est question : « il a donné des dons aux hommes ».
Je voudrais aussi faire remarquer que ces dons ne sont pas présentés ici comme des dons dispensés par le Saint Esprit venu ici-bas et distribuant à chacun selon Sa volonté, et qu’il ne s’agit pas des dons qui sont des signes de puissance spirituelle propres à agir sur ceux de dehors. Ils sont des ministères pour le rassemblement et l’édification, et sont établis par Christ comme Chef du corps par le moyen de dons dont Il revêt les personnes de Son choix. Il est monté en haut, a pris Sa place comme homme à la droite de Dieu, et Il remplit toutes choses, mais quelle que soit l’étendue de Sa gloire, Christ a tout premièrement pour objet d’accomplir les voies de Dieu en amour en rassemblant les âmes, et en particulier de les accomplir envers l’Assemblée, faisant valoir la manifestation de la nature divine et communiquant à l’Assemblée les richesses de cette grâce que ces voies déploient et dont la nature divine est la source. C’est dans l’Assemblée que la nature de Dieu, Ses conseils de grâce, et l’œuvre efficace de Jésus se concentrent dans leur objet. Or ces dons sont les moyens d’administrer, dans la communication de ces choses, la bénédiction à l’homme. Apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs sont ces dons ; les apôtres et prophètes, posant (ou plutôt étant posés) comme les fondements du bâtiment céleste et agissant comme venant directement du Seigneur d’une manière extraordinaire ; les deux autres classes — la dernière étant subdivisée en deux dons réunis dans leur nature — appartenant au ministère ordinaire de tous les temps. Il est important aussi de remarquer que l’apôtre ne voit rien d’existant avant l’exaltation de Christ, sinon l’homme enfant de colère, la puissance de Satan, la puissance qui nous a ressuscités (morts que nous étions dans le péché) avec Christ, et l’efficacité de la croix qui nous a réconciliés avec Dieu, et qui a aboli la distinction entre le Juif et le Gentil dans l’Assemblée pour les réunir en un seul corps devant Dieu — la croix où Christ a bu la coupe et a porté la malédiction, de sorte que la colère est passée pour le croyant, la croix où un Dieu d’amour, un Dieu Sauveur est pleinement manifesté.
L’existence des apôtres ne date donc ici que des dons qui ont suivi l’exaltation de Jésus. Les douze, en tant qu’envoyés par Jésus sur la terre, n’ont point de place dans l’enseignement de cette épître qui traite du corps de Christ, de l’unité et des membres de ce corps, et le corps n’a pas pu exister avant que la Tête existât et eût pris sa place comme telle. Aussi avons-nous vu que lorsque Paul parle des apôtres et des prophètes, ces derniers sont pour lui exclusivement ceux du Nouveau Testament, et ceux qui ont été faits tels par Christ après Son ascension. C’est le nouvel homme céleste qui, comme Tête exaltée dans le ciel, forme Son corps sur la terre. Il le fait pour le ciel en mettant les individus qui le composent, spirituellement et intelligemment en rapport avec Lui-même, la Tête, par la puissance du Saint Esprit agissant dans ce corps sur la terre : les dons dont l’apôtre parle ici étant les canaux de communication des grâces du Chef selon les liens que le Saint Esprit forme entre la Tête et le corps.
L’effet propre et immédiat de l’action des dons est le perfectionnement des individus selon la grâce qui se trouve dans la Tête. La forme que prend cette action divine est l’œuvre du ministère et la formation du corps du Christ, jusqu’à ce que tous les membres parviennent à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de Christ leur Chef. Christ a été révélé dans toute Sa plénitude ; c’est d’après cette révélation que les membres du corps doivent être formés à la ressemblance de Christ, connu comme remplissant toutes choses, et comme Chef de Son corps — révélation de l’amour parfait de Dieu et de l’excellence de l’homme devant Lui selon Ses conseils, de l’homme vase de toute Sa grâce, de toute Sa puissance et de tous Ses dons. Ainsi l’Assemblée et chacun des membres de Christ seraient remplis des pensées et des richesses d’un Christ bien connu, au lieu d’être ballottés çà et là par toutes sortes de doctrines mises en avant par l’ennemi pour tromper les âmes.
Le chrétien devait croître d’après tout ce qui était révélé en Christ, et ressembler toujours plus à son Chef, en usant pour sa propre âme de l’amour et de la vérité, les deux choses dont Christ est la parfaite expression. La vérité expose les vraies relations de toutes les choses les unes avec les autres en rapport avec le centre de tout, qui est Dieu maintenant révélé ; l’amour est ce que Dieu est au milieu de tout. Or Christ, comme lumière, met tout précisément à sa place : l’homme, Satan, le péché, la justice, la sainteté, tout, et cela dans tous les détails et en rapport avec Dieu. Et Christ a été l’amour, l’expression de l’amour de Dieu au milieu de tout ce qui existe. Il est ainsi notre modèle, et notre modèle comme Celui qui a vaincu, et qui, étant monté au ciel, est notre Chef auquel nous sommes unis comme membres de Son corps.
De ce Chef découle, par le moyen de Ses membres, la grâce nécessaire pour accomplir l’œuvre d’assimilation à Lui-même. Son corps, bien uni, s’accroît par l’opération de Sa grâce dans chaque membre, et s’édifie lui-même en amour[18]. Telle est la position de l’Assemblée selon Dieu jusqu’à ce que tous les membres du corps parviennent à la stature de Christ. Hélas ! la manifestation de cette unité est obscurcie, mais la grâce et l’opération de la grâce du Chef pour nourrir et faire croître les membres ne s’affaiblit jamais, non plus que l’amour du cœur du Seigneur d’où cette grâce découle. Nous ne glorifions pas le Seigneur, nous n’avons pas la joie d’être les ministres de la joie l’un de l’autre, comme nous pourrions l’être, mais le Chef ne cesse pas d’opérer pour le bien de son corps. Le loup vient bien et disperse les brebis, mais il ne peut les ravir de la main du berger. Sa fidélité se glorifie dans notre infidélité, sans l’excuser. Avec ce précieux objet de l’administration de la grâce, c’est-à-dire de faire croître chaque membre du corps de Christ individuellement jusqu’à la mesure de la stature du Chef lui-même ; avec l’administration de chaque membre à sa place pour l’édification du corps en amour, se termine ce développement des conseils de Dieu, relativement à l’union de Christ et de l’Assemblée, dans son double caractère du corps de Christ en haut, et de la demeure de l’Esprit sur la terre. Ces deux vérités ne peuvent être séparées, mais ont chacune leur importance distinctive, et elles concilient les opérations certaines et immuables de la grâce dans le Chef avec les manquements de l’Assemblée responsable sur la terre.
Après cela, nous trouvons les exhortations à une marche qui convienne à la position que Dieu nous a faite, pour que Sa gloire en nous et par nous, et Sa grâce envers nous, soient identifiées dans notre pleine bénédiction. Nous ferons remarquer les grands principes de ces exhortations.
D’abord nous avons le contraste[19] entre l’ignorance d’un cœur aveuglé et étranger à la vie de Dieu, et par conséquent marchant dans la vanité de son entendement, c’est-à-dire d’après les convoitises d’un cœur livré aux impulsions de la chair, sans Dieu, et l’état d’un homme qui a appris Christ comme la vérité est en Jésus, expression de la vie de Dieu dans l’homme, de Dieu Lui-même manifesté en chair. C’est le fait d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon ses convoitises trompeuses et d’avoir revêtu le nouvel homme, Christ. Ce n’est pas une amélioration du vieil homme ; c’est l’avoir dépouillé et avoir revêtu Christ.
Ici même l’apôtre ne perd pas de vue l’unité du corps : nous parlons la vérité, parce que « nous sommes membres les uns des autres ». « La vérité », l’expression de la simplicité et de l’intégrité du cœur, est en rapport avec « la vérité telle qu’elle est en Jésus », dont la vie est transparente comme la lumière, ainsi que le mensonge est en rapport avec les convoitises trompeuses.
De plus, le vieil homme est sans Dieu, étranger à la vie de Dieu. Le nouvel homme est créé, c’est une nouvelle création, et une création[20] selon le modèle de ce qu’est le caractère de Dieu : « Justice et sainteté de la vérité ». Le premier Adam n’était pas créé à l’image de Dieu de cette façon-là. Par la chute, la connaissance du bien et du mal est entrée dans l’homme : il ne peut plus être innocent. Innocent, il était ignorant de ce qu’est le mal en soi-même ; maintenant déchu, il est étranger à la vie de Dieu dans son ignorance : mais la connaissance du bien et du mal qu’il a acquise, la distinction morale entre le bien et le mal en ce qu’ils sont en eux-mêmes, est un principe divin : « L’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal », dit Dieu. Mais il faut l’énergie divine, la vie divine, pour posséder cette connaissance et subsister dans le bien devant Dieu.
Chaque chose a sa vraie nature, son vrai caractère aux yeux de Dieu ; c’est là la vérité. Ce n’est pas que Lui soit la vérité. La vérité est l’expression juste et parfaite de ce qu’est une chose — et d’une manière absolue, de ce que sont toutes choses — et des relations dans lesquelles elle est avec d’autres ou des relations de toutes choses entre elles. Ainsi Dieu ne saurait être la vérité : Il n’est pas l’expression de quelque autre chose. Tout se rapporte à Lui ; Il est le centre de toute vraie relation et de toute obligation morale. Dieu n’est pas non plus la mesure d’autres choses, car Il est au-dessus de tout, et rien d’autre ne peut tenir cette place, ou bien Dieu ne l’aurait pas[21]. C’est Dieu fait homme, c’est Christ qui est la vérité et la mesure de tout ; mais toutes choses ont leur vrai caractère aux yeux de Dieu, et Il juge justement de tout, soit moralement, soit en puissance. Il agit selon ce jugement, Il est juste. Il connaît aussi le mal parfaitement, étant Lui-même le bien, de sorte qu’Il a le mal en horreur parfaitement, et qu’Il le repousse par Sa nature : Il est saint. Or le nouvel homme, créé d’après la nature divine, est tel en justice et en sainteté de la vérité. Quel privilège et quelle bénédiction ! C’est être comme le dit un autre apôtre, « participants de la nature divine ». Adam n’avait rien de cela.
Adam était parfait comme homme innocent. La respiration de vie dans ses narines venait du souffle de Dieu, et il était responsable d’obéir à Dieu dans une chose où il n’y avait ni bien ni mal à connaître, mais simplement un commandement. L’épreuve était seulement celle de l’obéissance, non pas la connaissance du bien et du mal en soi. Maintenant, en Christ, la portion du croyant est la participation à la nature divine elle-même dans un être qui connaît le bien et le mal, et qui participe vitalement au souverain bien, à la nature de Dieu Lui-même, quoique cependant dépendant toujours de Lui. C’est notre mauvaise nature qui n’est pas dépendante de Lui, ou au moins ne veut pas l’être.
Or il y a un prince de ce monde étranger à Dieu ; et outre la participation à la nature divine, il y a l’Esprit Lui-même qui nous a été donné. Ces solennelles vérités entrent aussi comme principes dans les exhortations de l’apôtre. D’un côté, « ne donnez pas occasion au diable », ne lui donnez pas lieu d’entrer et d’agir sur la chair, et, d’un autre, « n’attristez pas le Saint Esprit » qui demeure en vous. La rédemption de la créature n’est pas encore arrivée, mais vous avez été scellés pour ce jour-là : respectez et chérissez ce saint et puissant hôte qui, en grâce, demeure en vous. Ainsi, que toute amertume et malice cessent, même en paroles, et que la douceur et la bonté règnent en vous, selon le modèle que vous en avez dans les voies de Dieu en Christ envers vous. « Soyez imitateurs de Dieu » : beau et magnifique privilège, mais qui découle naturellement de la vérité que nous sommes rendus participants de Sa nature, et que Son Esprit demeure en nous.
Voici les deux grands principes subjectifs du chrétien : avoir dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau, puis l’Esprit Saint demeurant en lui. Il ne peut y avoir rien de plus précieux que le modèle de vie donné ici au chrétien, et fondé sur le fait que nous sommes une nouvelle création. Il est parfait subjectivement et objectivement. D’abord, subjectivement, la vérité en Jésus est d’avoir dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau qui a Dieu pour modèle à imiter. Il est créé selon Dieu dans la perfection du caractère moral de Dieu. Mais ce n’est pas tout. Le Saint Esprit de Dieu, par lequel nous sommes scellés pour le jour de la rédemption, demeure en nous : nous ne devons pas L’attrister. Ce sont là les deux éléments de notre état, le nouvel homme créé selon Dieu et la présence du Saint Esprit de Dieu. Le Saint Esprit est ici appelé l’Esprit de Dieu, en rapport avec le caractère de Dieu.
Ensuite, objectivement : étant créés selon Dieu et Dieu demeurant en nous, Il est le modèle de notre marche, et cela en rapport avec les deux mots qui seuls expriment l’essence de Dieu, savoir amour et lumière. Nous avons à marcher dans l’amour, « comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous en offrande et sacrifice à Dieu ». « Pour nous », voilà l’amour divin ; « à Dieu », c’est la perfection de l’objet et du motif. La loi prend l’amour de soi-même comme mesure de l’amour pour les autres. Christ s’est livré Lui-même entièrement et pour nous, mais à Dieu. Notre indignité rehausse la valeur de l’amour ; mais d’un autre côté, une affection et un motif tirant leur valeur de leur objet (et avec Christ, c’était Dieu Lui-même qui était l’objet), c’est Lui-même qui se livre entièrement. Car, pour ainsi dire, nous pouvons aimer au-dessus ou au-dessous de nous. Lorsque, dans nos affections, nous regardons au-dessus de nous, plus noble est l’objet, plus nobles sont nos affections ; quand c’est au-dessous, plus indigne est l’objet, plus pur et plus absolu est l’amour. Christ a été parfait dans ces deux manières d’aimer, et cela d’une manière absolue. Il s’est livré Lui-même pour nous, et Il l’a fait à Dieu. Ensuite, nous sommes lumière dans le Seigneur. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes amour, car l’amour est la bonté souveraine en Dieu ; nous marchons dans l’amour comme Christ. Mais nous sommes lumière dans le Seigneur. C’est le second nom essentiel de Dieu, et comme participants de la nature divine, nous sommes lumière dans le Seigneur. Ici encore, Christ est le modèle : « Christ luira sur toi ». Nous sommes donc appelés comme de chers enfants à être imitateurs de Dieu.
Cette vie à laquelle nous participons et de laquelle nous vivons comme participant à la nature divine, nous a été objectivement présentée en Christ dans toute sa perfection et dans toute sa plénitude dans l’homme, et dans l’homme maintenant amené à la perfection dans le ciel selon les conseils de Dieu à son égard. Cette vie, c’est Christ, cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée, Celui qui étant d’abord descendu, est maintenant monté au ciel pour y porter l’humanité et la déployer dans la gloire, la gloire de Dieu, selon Ses conseils éternels. Nous avons vu cette vie ici-bas dans son développement terrestre : Dieu manifesté en chair, l’homme parfaitement céleste et obéissant en toutes choses à Son Père, mû, dans Sa conduite envers les autres, par les motifs qui caractérisent Dieu Lui-même en grâce. Plus tard, Il sera manifesté en jugement. Déjà ici-bas, Il a passé à travers toutes les expériences d’un homme, comprenant ainsi comment la grâce s’adapte à nos besoins, et la déployant actuellement selon cette connaissance, comme Il exercera plus tard le jugement avec une connaissance de l’homme, non seulement divine, mais avec celle d’un homme qui, ayant traversé ce monde en étant parfaitement saint, laissera les cœurs sans excuse et sans échappatoire.
Mais c’est de l’image de Dieu en Lui que nous parlons maintenant ; c’est en Lui que la nature que nous avons à imiter nous est présentée, et présentée dans l’homme comme elle doit se développer en nous ici-bas dans les circonstances que nous traversons. Nous voyons en Lui la manifestation de Dieu, et cela en contraste avec le vieil homme. Là, nous avons « la vérité comme elle est en Jésus », sauf qu’en nous elle comprend le dépouillement du vieil homme et le revêtement du nouveau, correspondant à la mort et la résurrection de Christ (comp. particulièrement quant à Sa mort : 1 Pier. 3, 18 ; 4, 1). Ainsi pour attirer et faire marcher nos cœurs, pour nous donner le modèle sur lequel ils doivent être formés, le but auquel ils doivent tendre, Dieu nous a donné un objet dans lequel Il se manifeste Lui-même, et qui est l’objet de toutes Ses délices.
La reproduction de Dieu en l’homme est l’objet que Dieu s’est proposé dans le nouvel homme, et que le nouvel homme se propose à lui-même, comme il est lui-même la reproduction de la nature et du caractère de Dieu. Il y a deux principes pour la marche du chrétien, selon la lumière dans laquelle il s’envisage lui-même. D’abord courir la course comme un homme vers l’objet de son appel céleste : il la poursuit tendant vers Christ monté en haut. Il court la course vers le ciel. L’excellence de Christ là-haut est son motif — il veut gagner Christ. Mais tel n’est pas le point de vue de l’épître aux Éphésiens. Là, il est assis dans les lieux célestes en Christ, et il est comme venu hors du ciel, ainsi que cela eut lieu réellement pour Christ, et il manifeste le caractère de Dieu sur la terre, duquel, comme nous l’avons vu, Christ est le modèle. Nous sommes appelés, comme étant de bien-aimés enfants, à manifester les voies de notre Père.
Nous ne sommes pas créés de nouveau selon ce qu’était le premier Adam, mais selon ce que Dieu est : Christ en est la manifestation, et Il est le second homme, le dernier Adam[22].
Quand l’apôtre entre dans les détails, on trouve ces traits caractéristiques du nouvel homme : la vérité, l’absence de toute colère ayant le caractère de haine (le mensonge et la haine sont les deux caractères de l’ennemi), la justice pratique liée au travail selon la volonté de Dieu, vraie position de l’homme, et l’absence de corruption. C’est l’homme soumis à l’ordre que Dieu a établi depuis la chute et délivré de l’effet des convoitises trompeuses. Mais il y a plus : un principe divin est introduit dans l’homme, le désir de faire du bien aux autres, à leur corps et à leur âme. Je n’ai pas besoin de dire combien on trouve ici le portrait de la vie de Christ, comme ce qui précède est le dépouillement de l’esprit de l’ennemi et du vieil homme. Ensuite l’esprit de paix et d’amour régnant dans le cœur, malgré le mal chez les autres et les torts qu’ils peuvent nous faire, complète le tableau. L’apôtre ajoute, ce qui se comprendra facilement après ce que nous venons de dire, qu’en nous pardonnant les uns aux autres, nous devons être les imitateurs de Dieu et marcher dans l’amour, comme Christ nous a aimés et s’est livré pour nous. Beau tableau, précieux privilège ! Que Dieu nous donne de regarder ainsi à Jésus, de manière à ce que Son image soit empreinte sur nous, et qu’en quelque sorte nous marchions comme Lui.
En outre, remarquons ici, et c’est un trait important de ce tableau des fruits de la grâce et du nouvel homme, que la grâce et l’amour qui descendent de Dieu, agissant dans l’homme, remontent toujours vers Dieu en dévouement. « Marchez », dit l’apôtre, « dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur ». C’est ce que l’on voit en Christ. Il est cet amour qui descend en grâce, mais cette grâce, agissant dans l’homme, fait qu’Il se dévoue à Dieu, quoique ce soit en faveur d’autres. Il en est de même en nous ; et cette direction du cœur vers Dieu est la pierre de touche de l’activité du cœur chrétien.
Chapitre 5. — Ensuite, l’apôtre parle clairement à l’égard du péché, afin que personne ne se déçoive soi-même, ni ne s’occupe de vérités profondes en en usant intellectuellement pour négliger la moralité ordinaire, ce qui est une des marques de l’hérésie proprement dite. Il a rattaché, dans son enseignement, les doctrines les plus profondes à la pratique de chaque jour. Il a montré Christ glorifié, Lui le Chef de l’Assemblée, modèle du nouvel homme, le dernier Adam, l’Assemblée étant une avec Lui en haut, et étant, sur la terre, l’habitation de Dieu par l’Esprit, par lequel chaque chrétien est scellé. Chaque chrétien, si vraiment il a appris la vérité comme elle est en Jésus, sait qu’elle consiste à avoir dépouillé le vieil homme, et à avoir revêtu le nouvel homme créé selon Dieu en justice et en sainteté, Christ en étant le modèle selon les conseils de Dieu en gloire, et le chrétien doit croître jusqu’à la mesure de la stature de Christ, qui est la Tête, et il ne doit pas attrister le Saint Esprit par lequel il a été scellé. La révélation la plus complète de la grâce n’affaiblit pas la vérité immuable que Dieu a un caractère qui Lui est propre ; au contraire, elle développe pour nous ce caractère par le moyen des plus précieuses révélations de l’évangile et des relations les plus intimes avec Dieu, qui se forment par ces révélations ; mais ce caractère ne saurait changer, ni le royaume de Dieu supporter des caractères qui Lui seraient contraires. Par conséquent la colère de Dieu contre le mal et contre ceux qui le commettent, est clairement constatée.
Or nous étions ce qui est contraire au caractère de Dieu : nous étions ténèbres ; non seulement dans les ténèbres, mais ténèbres dans notre nature, l’opposé de Dieu qui est lumière. Pas un rayon de ce qu’Il est, ne se trouvait dans notre volonté, nos désirs, notre intelligence. Nous en étions moralement destitués. Il y avait en nous la corruption du premier Adam, mais nulle participation à aucun des traits du caractère divin. Maintenant nous participons à la nature divine, nous avons les mêmes désirs, nous connaissons ce que Dieu aime, et nous aimons ce qu’Il aime, nous jouissons de ce dont Il jouit, nous sommes lumière, pauvres et faibles, en vérité, mais cependant tels par nature dans le Seigneur, envisagés comme étant en Christ. Ce sont les fruits de la lumière[23] qui se développent dans le chrétien. Il doit éviter toute association avec les œuvres infructueuses des ténèbres.
Mais en parlant des motifs qui doivent gouverner le chrétien, l’apôtre revient aux grands sujets qui le préoccupent, et il y revient non seulement pour que nous revêtions le caractère mis en évidence par ce dont il parle, mais afin que nous en réalisions toute l’étendue et que nous en expérimentions toute la force. Il nous avait dit que la vérité en Jésus était d’avoir revêtu le nouvel homme en contraste avec le vieil homme, et que nous ne devions pas attrister le Saint Esprit. Il exhorte maintenant ceux qui dorment à se réveiller, et Christ sera leur lumière. La lumière manifeste tout ; mais quoiqu’il ne soit pas mort, celui qui dort ne profite pas de la lumière. Pour ce qui est d’entendre, de voir, et de toute réception et communication mentale, il est dans l’état d’un homme mort. Hélas ! que de fois ce sommeil nous prend ! Mais en se réveillant, on ne verra pas la lumière d’une manière vague et incertaine ; Christ Lui-même sera la lumière de l’âme ; on aura toute la pleine révélation de ce qui est agréable à Dieu, de ce qu’Il aime ; on aura la sagesse divine en Christ ; on saura profiter des occasions et en trouver, étant ainsi éclairé, au milieu des difficultés d’un monde gouverné par l’ennemi ; et on saura agir selon l’intelligence spirituelle dans tous les cas qui se présenteront. Ensuite, si l’on ne doit pas perdre sa raison par les moyens d’excitation dont use le monde, on doit être rempli de l’Esprit. L’apôtre entend par là que le Saint Esprit prendra de telle sorte possession de nos affections, de nos pensées, de notre intelligence, qu’Il sera leur unique source, selon Sa propre et puissante énergie, à l’exclusion de toute autre. Ainsi plein de joie, on loue, on chante de joie et l’on rend grâces pour tout ce qui arrive, parce qu’un Dieu d’amour est la vraie source de tout. On est plein de joie dans la réalisation spirituelle des objets de la foi, et le cœur demeurant comme rempli de l’Esprit, et soutenu par cette grâce, l’expérience de la main de Dieu en toute chose ici-bas ne donne lieu qu’à des actions de grâces. Tout vient de la main de Celui en qui nous nous confions et dont nous connaissons l’amour. Mais rendre grâces en toutes choses est la pierre de touche de l’état de l’âme, parce que la conscience que toutes choses viennent de la main de Dieu, la pleine confiance en Son amour, et la mort quant à toute propre volonté de notre part, doivent exister, afin de pouvoir rendre grâces en toutes choses — il faut un œil simple qui prend ses délices en la volonté de Dieu.
En entrant dans les détails des relations et des devoirs particuliers des chrétiens, l’apôtre ne peut pas abandonner le sujet qui lui est cher. Le commandement qu’il donne aux femmes de se soumettre à leurs maris, amène immédiatement à sa pensée la relation entre Christ et l’Assemblée, non pas comme sujet de connaissance maintenant, mais afin de montrer Son affection et Ses tendres soins pour elle.
Nous avons vu que l’apôtre, ayant posé les grands principes qui se déploient dans la révélation de notre relation avec Dieu — notre appel — en tire les conséquences pratiques à l’égard de la vie et de la conduite des chrétiens : ils ont à marcher comme ayant revêtu le nouvel homme, ils doivent avoir Christ pour leur lumière, ne pas attrister le Saint Esprit et en être remplis. Or tout cela, tout en étant un fruit de la grâce, était ou connaissance ou responsabilité pratique.
Mais ici le sujet est envisagé sous un autre aspect. La grâce agit en Christ Lui-même, dans Ses affections, dans Ses soins protecteurs, dans Son dévouement à l’Assemblée. Rien de plus précieux, de plus tendre, de plus intime à la fois. Il a aimé l’Assemblée ; voilà la source de tout. Et il y a trois actes dans l’œuvre de cet amour. Il s’est donné Lui-même pour elle, Il la lave, Il se la présente glorieuse. Ce n’est pas précisément de l’élection souveraine de l’individu de la part de Dieu que ces versets parlent, mais de l’affection qui se déploie dans la relation que Christ entretient avec l’Assemblée[24].
Voyez aussi l’étendue du don, et quel fondement merveilleux de confiance il renferme. Christ se donne Lui-même : ce n’est pas seulement Sa vie qu’Il donne, tout vrai que cela soit, mais Il se donne Lui-même[25]. Tout ce que Christ était a été donné, et donné par Lui-même : c’est l’entier dévouement et le don complet de Lui-même. Et maintenant tout ce qui est en Lui, Sa grâce, Sa justice, Son acceptation auprès du Père, l’excellente gloire de Sa personne, Sa sagesse, l’énergie de l’amour divin qui peut se donner, tout est consacré au bien de l’Assemblée. Il n’y a pas de qualités, pas d’excellences en Christ, qui ne soient à nous dans leur exercice en conséquence du don de Lui-même. Il les a déjà données et les a consacrées pour la bénédiction de l’Assemblée pour laquelle Il s’est donné afin de la posséder. Non seulement ces choses sont données, mais Lui les a données ; c’est Son amour qui l’a fait.
Nous savons bien que c’est sur la croix que ce don de Lui-même a été accompli ; c’est là que la consécration de Lui-même pour le bien de l’Assemblée a été complète. Mais dans le passage qui nous occupe, cette œuvre glorieuse n’est pas considérée précisément au point de vue de son efficacité expiatoire et rédemptrice, mais à celui du dévouement et de l’amour pour l’Assemblée que Christ a manifestés en elle. Or nous pouvons toujours compter sur cet amour qui y a été parfaitement déployé. Il n’a pas changé. Jésus, que Son nom en soit béni et loué, est pour nous selon l’énergie de Son amour, en tout ce qu’Il est, dans toutes les circonstances et pour tous les temps, et dans l’activité de cet amour selon lequel Il s’est donné. « Il a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle ». Voilà la source de toutes nos bénédictions comme membres de l’Assemblée.
Mais cet amour de Christ ne s’épuise pas et ne change point. Il effectue la bénédiction de son objet bien-aimé en le préparant pour un bonheur dont Son cœur est à la fois la mesure et la source[26], bonheur d’une pureté parfaite dont Christ connaît l’excellence dans le ciel. C’est une pureté qui convient à la présence de Dieu et à celle qui doit s’y trouver éternellement, à l’épouse de l’Agneau, pureté qui la rend capable de jouir de l’amour parfait et de la gloire, comme cet amour tend à purifier l’âme en se faisant connaître à elle et en l’attirant, la dépouillant d’elle-même, et la remplissant de Dieu, le centre de son bonheur et de sa joie.
Il est important de remarquer qu’ici Christ ne sanctifie pas l’Assemblée pour la faire sienne, mais la fait sienne pour la sanctifier. Elle est d’abord sienne, ensuite Il la rend propre pour Lui. Christ qui aime l’Assemblée comme étant sienne, et qui se l’est déjà appropriée en se donnant Lui-même pour elle, et qui veut l’avoir telle que Son cœur la désire, s’en occupe quand Il se l’est acquise pour la rendre pure et belle selon ce désir. Il s’est livré Lui-même pour elle, afin de la purifier par le lavage d’eau par la Parole[27]. Ici, nous trouvons l’effet moral produit par les soins de Christ, le but qu’Il se propose dans Son œuvre accomplie dans le temps, et le moyen qu’Il emploie pour l’atteindre. Il s’approprie l’Assemblée moralement, Il la met moralement à part pour Lui, lorsqu’Il l’a faite sienne, car Il ne peut désirer que les choses saintes — saintes selon la connaissance qu’Il a de la pureté — en vertu de Son séjour éternel et naturel dans le ciel. Il place alors l’Assemblée en rapport avec le ciel d’où Il est, et où Il va l’introduire. Il s’est livré Lui-même, afin qu’Il la sanctifiât. Dans ce but Il se sert de la Parole, qui est l’expression divine des pensées de Dieu, de l’ordre et de la sainteté célestes, de la vérité même, c’est-à-dire des relations vraies de toutes choses avec Dieu, et cela selon l’amour de Dieu en Christ, et qui, par conséquent, juge tout ce qui s’écarte de ces relations en fait de pureté ou d’amour.
Il forme l’Assemblée pour être Son épouse, une compagne pour Lui en tout ce qui est selon la gloire et l’amour de Dieu, par la révélation de ces choses, comme elles existent dans le ciel, et Il le fait par la Parole qui en descend. Or Christ Lui-même est la pleine expression de ces choses, l’image du Dieu invisible. Ainsi en les communiquant à l’Assemblée, Il la prépare pour Lui-même. Aussi, en parlant de Son propre témoignage dans ce sens, Jésus dit : « Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu » (Jean 3, 11).
Mais c’est là ce qu’est la Parole, comme nous l’avons reçue de Jésus, et plus particulièrement comme partant depuis le ciel, avec le caractère du nouveau commandement, les ténèbres s’en allant et la vraie lumière luisant maintenant, et par conséquent, la chose étant vraie non seulement en Lui, mais en nous (c’est ce dont le ministère du chapitre 4 est occupé, formant les cœurs des saints sur la terre en communion avec le Chef duquel la grâce et la lumière descendent). C’est donc ainsi que Christ sanctifie l’Assemblée pour laquelle Il s’est donné. Il la forme pour les choses célestes par la communication des choses célestes, dont Il est Lui-même la plénitude et la gloire. Mais la Parole trouve l’Assemblée mêlée avec des choses qui sont contraires à cette pureté et à cet amour célestes. Ses affections, hélas ! — au moins quant au vieil homme — sont mêlées avec les choses terrestres contraires à la nature de Dieu et à Sa volonté. Ainsi il faut que Christ, en sanctifiant l’Assemblée, la purifie. C’est donc là l’opération de l’amour de Christ dans le temps présent ; mais en vue du bonheur éternel et essentiel de l’Assemblée.
Il la sanctifie ; mais Il le fait par la Parole, en communiquant en amour les choses célestes, tout ce qui appartient à la nature, à la majesté et à la gloire de Dieu ; mais les appliquant en même temps pour juger tout ce qui, dans les affections actuelles de l’Assemblée, est en désaccord avec ce qu’Il communique. Œuvre précieuse d’amour de Celui qui non seulement nous aime, mais qui travaille pour nous rendre propres à jouir de cet amour, propres à être avec Lui-même dans la maison du Père !
Quel profond intérêt Il nous porte ! Non seulement Il a accompli l’œuvre glorieuse de notre rédemption en se donnant Lui-même pour nous, mais Il agit continuellement avec une patience et un amour parfaits pour nous rendre tels qu’Il veut nous avoir en Sa présence, propres pour les demeures et les choses célestes.
Quel caractère aussi que celui de la Parole ainsi envisagée, et quelle grâce dans son emploi ! Elle est la communication des choses divines selon leur propre perfection, et maintenant, comme Dieu Lui-même est dans la lumière, elle est la révélation de Dieu Lui-même comme nous Le connaissons dans un Christ glorifié, dans un amour parfait, afin de nous former aussi selon cette perfection pour la jouissance de Lui-même ; et toutefois elle nous est adressée et même elle est appropriée dans sa nature même pour nous ici-bas (comp. Jean 1, 4), afin de nous faire part de ces choses en introduisant la lumière au milieu des ténèbres, jugeant ainsi nécessairement tout ce qui s’y trouve, mais dans le but de nous purifier en amour.
Remarquez aussi l’ordre dans lequel cette œuvre de Christ nous est présentée. L’amour tout premièrement : Il a aimé l’Assemblée. Voilà, nous l’avons déjà dit, la source de tout. Tout ce qui suit est le résultat de cet amour et ne peut le démentir. Ensuite vient la preuve parfaite de cet amour. « Il s’est donné lui-même pour elle ». Il ne pouvait donner davantage. Il l’a fait à la gloire du Père, sans doute, mais pour l’Assemblée. S’Il avait réservé quelque chose, l’amour, en se donnant Lui-même, n’eût pas été parfait et absolu, Il n’aurait pas été un dévouement qui ne laissât rien à désirer au cœur réveillé. Le don n’eût pas été Christ, car Lui ne pouvait être que parfait. Nous connaissons l’amour et la perfection en le connaissant, mais Il a pris le cœur de l’Assemblée en se donnant Lui-même pour elle. Il l’a gagnée ainsi ; elle est à Lui selon cet amour. Oui, c’est là que nous avons appris ce que c’est que l’amour : « Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous ». Tout était pour la gloire du Père, sans cela ce n’aurait pas été la perfection, et la révélation des choses célestes n’aurait pas eu lieu, car elle dépendait de la parfaite glorification du Père. En cela les choses à révéler se trouvaient manifestées et vérifiées pour ainsi dire malgré le mal ; mais tout est entièrement pour nous.
Si nous avons appris à connaître l’amour, nous avons appris à connaître Jésus tel qu’Il est pour nous ; et Il est tout entier pour nous.
Ainsi toute l’œuvre de purification et de sanctification est le résultat de l’amour parfait. Ce n’est pas le moyen d’obtenir l’amour, ni d’en être l’objet. C’est bien le moyen de nous rendre capables d’en jouir, mais c’est l’amour même qui, dans son exercice, opère cette sanctification. Christ s’acquiert d’abord l’Assemblée. Ensuite, dans Son amour parfait, Il la fait être telle qu’Il veut qu’elle soit, vérité précieuse pour nous de toute manière : premièrement pour affranchir l’âme de toute crainte servile, pour donner à la sanctification son vrai caractère de grâce et sa vraie étendue ici-bas. C’est la joie du cœur que de savoir que Christ Lui-même nous rendra tout ce qu’Il désire que nous soyons.
Nous avons considéré deux effets de l’amour de Christ pour l’Assemblée. Le premier, c’est le don de Lui-même, qui, dans un certain sens, embrasse tout ; c’est l’amour parfait en soi : « Il s’est donné lui-même ». Le second est la formation morale de l’objet de Son amour afin qu’il soit avec Lui, et selon les perfections de Dieu Lui-même, pouvons-nous ajouter, car en effet la Parole est l’expression de la nature, des voies et des pensées de Dieu.
Il reste encore un troisième effet de cet amour de Christ, qui le complète. « Christ se présente à lui-même l’Assemblée glorieuse, sans tache, ni ride ». S’Il s’est livré Lui-même pour l’Assemblée, c’est afin de l’avoir avec Lui ; mais alors Il a dû la rendre propre à être dans Sa présence glorieuse, et Il l’a sanctifiée en la purifiant selon la révélation de Dieu Lui-même et des choses célestes, dont Il est Lui-même le centre en gloire. Le Saint Esprit a pris les choses de Christ et les a révélées à l’Assemblée, et tout ce que le Père a, est à Lui. Ainsi rendue parfaite selon la perfection du ciel, Il se présente à Lui-même une Assemblée glorieuse. Moralement l’œuvre était faite, les éléments de la gloire céleste avaient été communiqués à celle qui devait se trouver dans cette gloire, ils étaient entrés dans son être moral et l’avaient ainsi formée pour participer à la gloire elle-même. La puissance du Seigneur est nécessaire pour la faire participer de fait à cette gloire, pour la rendre glorieuse, pour détruire en elle toutes les traces de son séjour sur la terre, sauf le fruit excellent qui en résulte. Il se la présente glorieuse : c’est le résultat de tout. Il l’a prise pour Lui, Il se la présente, fruit et preuve de Son amour parfait, et pour elle, c’est la jouissance parfaite de ce même amour.
Mais il y a plus. Ces paroles du verset 27 nous décèlent toute la portée de ce déploiement admirable de grâce. L’Esprit nous reporte à l’histoire d’Adam et d’Ève, où Dieu, après qu’Il eut formé Ève, la présente à Adam toute complète selon Ses propres pensées divines et en même temps propre à faire les délices d’Adam comme aide adaptée à sa nature et à sa condition. Or Christ est Dieu. Il a formé l’Assemblée, mais avec ce droit de plus sur son cœur qu’Il s’est donné Lui-même pour elle. Mais Il est aussi le dernier Adam en gloire, et Il se la présente glorifiée, telle qu’Il l’a formée pour Lui-même. Quelle sphère pour le déploiement des affections spirituelles que cette révélation ! Quelle grâce infinie que celle qui a donné lieu à un pareil exercice de ces affections !
On remarquera bien la liaison entre la purification et la gloire, c’est-à-dire que la purification est selon la gloire et par elle, et que la gloire est l’état parfait de la purification, et y répond complètement. Car la purification est par la Parole, qui révèle toute la gloire et toute la pensée de Dieu. Présentée en gloire, l’Assemblée n’a ni ride, ni tache ; elle est sainte et irréprochable. C’est une vérité très importante, et qui se retrouve ailleurs (comp. 2 Cor. 3, 18, et Phil. 3, depuis le verset 11 jusqu’à la fin). Il en est ainsi en 1 Thessaloniciens 3, 13. Ce qui est complet en gloire alors, est opéré maintenant dans l’âme par l’Esprit agissant avec la Parole.
Voilà donc le but, la pensée du Seigneur à l’égard de l’Assemblée et l’opération sanctifiante qui la prépare pour Lui et pour le ciel. Mais ce ne sont pas là tous les effets de Son amour. Il veille tendrement sur elle pendant le temps de son séjour ici-bas.
L’apôtre, qui ne perd pas de vue la thèse qui a donné lieu à cette digression si instructive pour nous, dit que le mari doit aimer sa femme comme son propre corps, et que c’est là s’aimer soi-même. Il était amené naturellement à ce point par l’allusion qu’il avait faite à la Genèse, mais il revient immédiatement au sujet qui l’occupe. Personne, dit-il, n’a jamais haï sa propre chair ; mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ nourrit et chérit l’Assemblée (v. 29). Voilà le côté précieux, pour le temps actuel, de l’amour de Christ, que l’apôtre présente ici. Non seulement Christ a un but céleste, mais Son amour accomplit l’œuvre qui, pour ainsi dire, lui est naturelle. Il soigne avec tendresse l’Assemblée ici-bas ; Il la nourrit, Il la chérit. Les besoins, les faiblesses, les difficultés, les anxiétés de l’Assemblée ne sont pour Christ que des occasions pour l’exercice de Son amour. Elle a besoin d’être nourrie, comme notre corps en a besoin, et Il la nourrit ; elle est l’objet de Ses tendres affections, Il la chérit. Si le but est le ciel, l’Assemblée n’est pas délaissée ici-bas : elle apprend l’amour de Christ là où son cœur en a besoin ; elle en jouira pleinement quand les besoins seront passés pour toujours. Au reste, il est précieux de savoir que Christ prend soin de l’Assemblée comme un homme le ferait de sa propre chair. « Car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os » (v. 30). L’apôtre fait allusion à Ève. Nous sommes, pour ainsi dire, une partie de Lui-même, tenant notre existence et notre être de Lui, comme Ève d’Adam. Le Seigneur peut dire : « Je suis Jésus, que tu persécutes » (Act. 9, 5). Notre position, d’un côté, c’est que nous sommes membres de Son corps ; d’un autre, comme chrétiens, nous tirons notre existence de Lui. C’est pourquoi l’homme doit abandonner ses relations naturelles, afin de s’attacher à sa femme (v. 31). Or c’est bien ce que Christ a fait comme homme, dans un certain sens divinement, et c’est un grand mystère que Son union avec l’Assemblée. Au reste, chacun doit ainsi aimer sa propre femme, et la femme respecter son mari.
Chapitre 6. — Il y a encore certaines relations de la vie auxquelles la doctrine de l’Esprit de Dieu se rapporte : ce sont celles des enfants avec leurs parents, des pères avec leurs enfants, des serviteurs avec leurs maîtres, et de ceux-ci avec leurs serviteurs. Il est intéressant de voir les enfants des croyants introduits comme les objets des soins du Saint Esprit, et les esclaves mêmes (car les serviteurs étaient tels) élevés par le christianisme à une position que les circonstances de leur avilissement social ne sauraient affecter.
Tous les enfants des chrétiens sont considérés comme objets des exhortations « dans le Seigneur », qui appartiennent à ceux qui sont dedans, qui ne sont plus dans ce monde dont Satan est le prince. Douce et précieuse consolation pour les parents, que de pouvoir considérer leurs enfants comme ayant droit à cette position, et comme ayant part à ces tendres soins que prodigue l’Esprit Saint à tous ceux qui sont dans la maison de Dieu ! L’apôtre fait remarquer l’importance que Dieu attachait sous la loi au devoir des enfants envers les parents. C’est le premier commandement auquel il a rattaché une promesse (v. 2). Le verset 3 est la citation seulement de ce dont l’apôtre parle au verset 2.
L’exhortation faite aux pères est aussi remarquable. Ils ne doivent pas provoquer leurs enfants ; leurs cœurs doivent être tournés vers eux, afin de ne pas les repousser et détruire ainsi l’influence qui est la plus puissante garantie pour les enfants contre le mal qui est dans ce monde. Dieu forme le cœur des enfants autour de ce centre heureux ; c’est à les lier par leurs affections à ce centre, que le père doit veiller. Mais il y a plus : le père chrétien, car c’est toujours à ceux qui sont dedans que l’apôtre s’adresse, doit reconnaître la position dans laquelle nous avons vu que les enfants sont placés, et les élever sous le joug du Christ dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur. La position chrétienne doit être la mesure et la forme des influences qu’exerce le père, et de l’éducation qu’il donne à ses enfants. Il les traite comme élevés pour le Seigneur, et comme le Seigneur les élèverait.
On remarquera que, dans les deux relations que nous considérons ici, ainsi que dans celle des femmes avec leurs maris, c’est du côté où la soumission est due que les exhortations commencent. C’est le caractère du christianisme dans un monde mauvais où la volonté de l’homme est la source de tout le mal, où elle exprime sa séparation d’avec Dieu à qui toute soumission est due. Le principe de soumission et d’obéissance est le principe guérissant de l’humanité ; seulement il faut y introduire Dieu, afin que la volonté de l’homme ne soit pas après tout ce qui guide. Mais le principe qui gouverne le cœur de l’homme pour le bien, est toujours et partout l’obéissance. Je puis avoir à dire qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme ; mais se départir de l’obéissance, c’est entrer dans le péché. On peut avoir, comme père, à commander et à diriger, mais un père le fait mal, s’il ne le fait pas en obéissant à Dieu et à Sa Parole. Ce principe d’obéissance était l’essence de la vie de Christ : « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ». En, conséquence l’apôtre commence ses exhortations à l’égard des relations mutuelles, en posant ce principe général : « Étant soumis l’un à l’autre ». Cela rend l’ordre facile, lors même que l’ordre des institutions et de l’autorité vient à manquer. La soumission, l’obéissance morale ne peut jamais en principe manquer au vrai chrétien ; c’est le point de départ de toute sa vie. Il est sanctifié pour l’obéissance (1 Pier. 1, 2).
Dans le cas qui nous a amenés à faire ces remarques, il est frappant de voir comment ce principe élève l’esclave dans sa condition : il obéit par un principe intérieur divin, comme si c’était à Christ Lui-même. Quelque méchant que soit son maître, il obéit comme Christ Lui-même a obéi. Trois fois l’apôtre répète ce principe d’obéissance à Christ ou de service de Christ, en ajoutant : « Faisant de cœur la volonté de Dieu » (v. 6). Quelle différence cela fait dans la condition du pauvre esclave ! En outre, chacun, soit esclave ou libre, recevra sa récompense du Seigneur. Le maître lui-même avait, dans le ciel, le même Maître que l’esclave, un Maître auprès duquel il n’y a pas d’égard à l’apparence des personnes. Toujours est-il que c’est au maître que l’apôtre dit cela, non pas à l’esclave ; car le christianisme est délicat dans le tact qu’il déploie, et il ne fausse jamais ses principes. Le maître devait aussi traiter l’esclave avec une équité parfaite, comme il voudrait que l’esclave lui-même fît, et il ne devait pas menacer.
Il est très beau de voir la manière dont la doctrine divine entre dans tous les détails de la vie, et jette le parfum de sa perfection sur tous les devoirs et sur toutes les relations. Elle reconnaît ce qui existe autant que cela peut être reconnu et dirigé par ses principes ; mais elle relève et rehausse la valeur de chaque chose selon la perfection de ces principes, non en touchant les relations, mais le cœur de l’homme qui y marche. Elle prend le côté moral et celui de soumission en amour et dans l’exercice de l’autorité que la doctrine divine peut régler, en introduisant dans la grâce qui gouverne l’emploi de l’autorité de Dieu.
Mais ce n’est pas tout qu’il y ait une conduite à suivre, un modèle à imiter, un Esprit dont on puisse être rempli ; ce n’est pas seulement des relations entre lui-même et Dieu, et de celles dans lesquelles il se trouve ici-bas, que le chrétien a à s’occuper : il a des ennemis à combattre. Israël sous Josué, dans la terre de Canaan, était bien dans la terre de la promesse, mais il s’y trouvait aux prises avec des ennemis qui y étaient avant lui, quoique ce ne fût pas selon les droits d’après lesquels Israël possédait la terre par le don de Dieu. Dieu l’avait mise à part pour Israël (voyez Deut. 32, 8) ; Cham s’en était emparé.
Or, pour nous, ce n’est pas contre le sang et la chair que nous avons à combattre, comme c’était le cas d’Israël. Nos bénédictions sont spirituelles dans les lieux célestes. Nous y sommes assis en Christ, nous y sommes en témoignage aux principautés et aux autorités, nous avons à lutter contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Israël avait traversé le désert ; il avait passé le Jourdain ; la manne avait cessé ; il mangeait du cru du pays. Il était établi sur le sol de Canaan comme si tout était à lui sans coup férir ; il se nourrissait du produit de ce bon pays dans les plaines de Jéricho. Il en est de même à l’égard du chrétien. Quoique nous soyons dans le désert, nous sommes aussi dans les lieux célestes en Christ. Nous avons passé le Jourdain, nous sommes morts et ressuscités avec Christ ; nous sommes assis dans les lieux célestes en Lui pour jouir des biens célestes comme du fruit de notre propre patrie. Mais le combat est devant nous, si nous voulons en jouir d’une manière pratique. La promesse comprend toute bénédiction, tout le pays promis ; mais c’est partout où nous mettrons le pied que nous en jouirons (Jos. 1). Pour cela, il nous faut la force du Seigneur ; et c’est de cette force que l’apôtre parle maintenant : « Fortifiez-vous dans le Seigneur », dit-il (v. 10). L’ennemi est rusé ; il s’agit de faire face à ses stratagèmes plutôt même qu’à sa force : la force de l’homme, ni sa sagesse n’y peuvent rien. Il faut s’armer de la « panoplie », de l’armure complète de Dieu.
Mais d’abord, remarquez que l’Esprit dirige nos pensées vers Dieu Lui-même avant de parler de ce qu’il y a à vaincre : « Fortifiez-vous dans le Seigneur ». Cela n’est pas tout premièrement un refuge de devant l’ennemi ; nous sommes dans le refuge pour nous-mêmes avant de nous en servir contre les ruses de l’ennemi. C’est dans l’intimité des conseils et de la grâce de Dieu que l’homme se fortifie pour le combat auquel il ne saurait échapper, s’il veut jouir de ses privilèges chrétiens. Ensuite, il faut l’armure complète : le manque d’une seule pièce nous expose à Satan de ce côté-là. Cette armure doit être celle de Dieu, divine dans sa nature. Des armes d’homme ne parent pas les coups de Satan. La confiance dans les armes humaines nous engage dans le combat, mais seulement pour nous faire succomber dans une lutte avec un esprit plus puissant et plus rusé que nous.
Voici les caractères attribués aux ennemis que nous avons à combattre. Ce sont des principautés et des autorités, des êtres possédant une énergie de mal dont la source est dans une volonté qui domine ceux qui ne savent pas comment lui résister ; des êtres qui ont aussi de la force pour faire valoir cette volonté. Ils tiennent leur énergie de Dieu ; mais la volonté qui s’en sert vient d’eux-mêmes : ils ont abandonné Dieu ; la source de leurs actions est dans leur propre volonté. Sous ce rapport, c’est une source d’action indépendante de Dieu, et l’énergie et les qualités qu’ils ont de Dieu sont les instruments de cette volonté, volonté qui n’a de frein qu’en dehors d’elle-même. Ils sont des principautés et des autorités. Il y en a qui sont bonnes, mais la volonté de celles-ci n’est que celle de faire ce que Dieu veut, et d’employer à Son service les forces qu’elles ont reçues de Dieu.
Ces principautés et ces autorités rebelles dominent les ténèbres de ce monde. La lumière est l’atmosphère dans laquelle Dieu demeure, qu’Il répand tout autour de Lui. Les mauvais esprits trompent et dominent dans les ténèbres. Or ce monde n’ayant pas de lumière de Dieu, est entièrement dans les ténèbres et les démons y gouvernent ; car Dieu n’y est pas, sauf en ce qu’Il tient le pouvoir suprême en toutes choses, faisant tourner tout à Sa gloire, et, en résultat, au bien de Ses enfants.
Mais si ces principautés dominent dans les ténèbres de ce monde, elles ne possèdent pas simplement une force extérieure ; elles sont dans les lieux célestes, et sont occupées là avec une méchanceté spirituelle. Elles y exercent une influence spirituelle, comme ayant la place de dieux. Il y a donc : 1° le caractère intrinsèque de ces principautés, leur genre d’être, et l’état dans lequel elles se trouvent ; 2° leur pouvoir dans le monde comme le gouvernant, et 3° leur ascendant religieux et mensonger comme habitant dans les lieux célestes. Elles ont aussi pour sphère de l’exercice de leur puissance, les convoitises de l’homme, et même les terreurs de sa conscience.
Pour résister à de pareils ennemis, il nous faut l’armure de Dieu. Les manifestations de la puissance de ces ennemis, lorsque Dieu les permet, constituent les mauvais jours. Toute cette période actuelle de l’absence de Christ est, dans un certain sens, le mauvais jour. Christ a été rejeté par le monde, dont Il était la lumière tandis qu’Il s’y trouvait, et Il est maintenant caché en Dieu. Ce pouvoir que l’ennemi a déployé lorsqu’il a conduit le monde à rejeter Christ, il l’exerce encore sur lui. On s’y oppose par l’action et par la puissance du Saint Esprit qui est avec nous pendant l’absence du Seigneur. Mais il y a des moments où il est permis à cette puissance de se montrer d’une manière plus particulière, des jours où l’ennemi se sert du monde contre les saints, obscurcissant la lumière qui y brille de la part de Dieu, troublant et faisant s’égarer les esprits des professants et même des croyants ; des jours, en un mot, où sa puissance se fait sentir. Nous avons à lutter contre cette puissance, à résister à tous ses efforts, à tenir ferme contre tout dans la confession de Christ, de la lumière ; nous avons à faire, malgré tout et à tout prix, tout ce que la confession du nom du Seigneur exige, et à être trouvés debout quand l’orage et le mauvais jour sont passés.
Il ne s’agit donc pas seulement de jouir en paix de Dieu et des conseils de Dieu et de leur effet ; mais puisque ces conseils mêmes nous introduisent dans les lieux célestes et font de nous la lumière de Dieu sur la terre, nous avons aussi à rencontrer les malices spirituelles qui sont dans les lieux célestes et qui cherchent à nous faire fausser notre position élevée, à nous égarer, et à obscurcir la lumière de Christ en nous, sur la terre. On a à échapper pour soi-même aux pièges de la méchanceté spirituelle qui est dans les lieux célestes, et à maintenir ici-bas le témoignage pur et sans corruption[28].
Or, par la puissance de l’Esprit Saint, qui nous a été donné dans ce but, nous trouverons que l’armure de Dieu se rapporte premièrement à ce qui, en mettant la chair de côté et en maintenant l’existence d’une bonne conscience, ôte toute prise à l’ennemi ; ensuite à la conservation d’une entière confiance objective en Dieu, et puis à l’énergie active qui se tient avec confiance en présence de l’ennemi, et qui se sert contre lui des armes de l’Esprit. Le tout se termine par l’expression de l’entière et continuelle dépendance de Dieu dans laquelle le guerrier chrétien se trouve.
Examinons ces armes de Dieu pour les connaître. Elles sont toutes pratiques, fondées sur ce qui est accompli, mais en elles-mêmes pratiques ; car il ne s’agit pas ici de comparaître devant Dieu, mais de résister à l’ennemi et de maintenir notre terrain contre lui.
Devant Dieu, notre justice est parfaite ; c’est Christ Lui-même, et nous sommes la justice de Dieu en Lui. Là nous n’avons pas besoin d’armure ; nous sommes assis dans les lieux célestes ; tout est paix, tout est parfait. Mais ici nous avons besoin d’armure, d’une armure réelle et pratique, et premièrement il faut avoir les reins ceints de la vérité (v. 14). « Les reins » sont la place de la force, quand ils sont ceints comme il faut, mais ils représentent les affections intimes et les mouvements du cœur. Si l’on permet au cœur d’errer où il veut, au lieu de demeurer dans la communion de Dieu, Satan a facilement prise sur nous. Cette pièce de l’armure consiste donc dans l’application de la vérité aux mouvements les plus intimes, aux premiers mouvements du cœur. On a ses reins ceints : ce n’est pas le moment de les ceindre lorsque Satan est là. Cette œuvre se fait avec Dieu, et elle se fait en appliquant la vérité à nos âmes dans Sa présence, en jugeant tout en nous par ce moyen, et en mettant un frein au cœur pour qu’il ne se meuve que sous le regard de Dieu. Brider ainsi la volonté est la vraie liberté et la vraie joie, parce que le nouvel homme jouit de Dieu dans une communion non interrompue ; mais ici, l’Esprit en parle en rapport avec la sauvegarde que nous y trouvons contre les attaques de l’ennemi. En même temps, il ne s’agit pas seulement de la répression de mauvaises pensées, répression qui est la conséquence du jugement de nous-mêmes. C’est l’action de la vérité, de la puissance de Dieu agissant dans la révélation de toutes choses comme elles sont, de tout ce que Dieu enseigne, plaçant la conscience dans Sa présence, et gardant ainsi le cœur dans Ses pensées. Tout ce que Dieu a dit dans Sa Parole et les réalités invisibles ont ainsi leur vraie force et leur application au cœur qui bat en nous, de sorte que les mouvements de ce cœur tiennent leur caractère de la propre Parole de Dieu et non pas de ses propres désirs, tout se passant dans la présence de Dieu[29].
Sur le cœur ainsi gardé dans la vérité comme Dieu la révèle, Satan n’a pas de prise ; il n’y a rien dans les désirs du cœur qui réponde à ses suggestions. Prenez Jésus pour exemple. Sa sauvegarde n’était pas de juger tout ce que Satan disait. Dans le désert, au moment où Il allait commencer son service public, sauf dans la dernière tentation, Il appliquait d’une manière parfaite la Parole à Lui-même, à ce qui concernait Sa propre conduite, aux circonstances dans lesquelles Il se trouvait. La vérité gouvernait Son cœur, de sorte qu’Il ne se mouvait que selon cette vérité dans la circonstance qui se présentait. « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Nulle parole n’était sortie de la bouche de Dieu, et Il ne fait rien. Il n’y avait pas de motif pour agir, et par conséquent agir eût été un acte de Son propre mouvement, de Sa propre volonté. Cette vérité gardait Son cœur en relation avec Dieu dans la circonstance où Il se trouvait. Quand la circonstance surgissait, Son cœur était déjà en communion avec Dieu, de sorte qu’Il ne suivait d’autre mobile que celui que la Parole de vérité Lui suggérait. Sa conduite était purement négative, mais elle découlait de la lumière que la vérité jetait sur la circonstance, parce que le cœur du Seigneur était sous le gouvernement absolu de la vérité. La suggestion de Satan l’aurait fait sortir de cette position ; c’était suffisant. Il ne veut rien avoir à faire avec elle. Jésus ne chasse pas encore Satan. Il ne s’agissait que de conduite — non pas d’opposition flagrante à la gloire de Dieu. Dans le dernier cas, Il chasse l’ennemi ; dans les deux premiers, Il agit selon Dieu sans s’occuper Lui-même de quoi que ce soit au-delà. La ruse de Satan a totalement manqué son effet : elle n’a simplement rien produit. Elle est absolument impuissante contre la vérité, parce qu’elle n’est pas la vérité ; et le cœur a la vérité pour règle. Les ruses ne sont pas la vérité. C’est tout ce qu’il faut pour empêcher que nous ne soyons pris dans ces ruses, si le cœur est ainsi gouverné.
En second lieu, il y a « la cuirasse de la justice » (v. 14) : une conscience qui n’a rien à se reprocher. L’homme naturel sait combien une mauvaise conscience lui ôte de force devant les hommes. Il y a seulement à ajouter ici la manière dont Satan s’en sert pour enlacer l’homme dans ses pièges. En maintenant la vérité, on a Satan pour ennemi ; si nous cédons à l’erreur, il nous laissera sous ce rapport en repos, excepté qu’il se sert de nos fautes et de nos crimes pour nous enchaîner davantage, pour nous lier pieds et mains dans ce qui est faux. Comment un homme qui a la vérité, qui a peut-être échappé même à l’erreur, supportera-t-il, si sa conduite a été mauvaise, qu’elle soit exposée à la vue de tous ? Il se tait devant l’ennemi. Sa propre conscience même le fera taire, s’il est droit, sans qu’il pense aux conséquences, à moins qu’une confession ne soit nécessaire. Outre cela, la force de Dieu et l’intelligence spirituelle lui manqueront : où est-ce qu’il les aurait acquises en marchant mal ? On va en avant sans crainte quand la conscience est bonne. Mais c’est en marchant avec Dieu, pour l’amour de Dieu, pour l’amour de la justice elle-même, qu’on a cette cuirasse-là, et ainsi, l’on est sans crainte lorsqu’on est appelé à avancer et à faire face à l’ennemi. On acquiert une bonne conscience devant Dieu par le sang de l’Agneau. En marchant avec Dieu on la conserve devant les hommes et pour la communion avec Dieu, afin d’avoir la force et l’intelligence spirituelle, et de les avoir d’une manière croissante. C’est là la force pratique d’une bonne conduite, d’une conscience sans reproche. « Je m’exerce toujours à cela », dit l’apôtre. Quelle intégrité dans une telle marche, quelle vérité de cœur quand nul œil ne nous voit ! On est décidé envers soi-même, envers son cœur et à l’égard de sa conduite ; ainsi on peut être paisible dans ses voies. Dieu aussi est là ; « marchez ainsi », dit l’apôtre, « et le Dieu de paix sera avec vous ». Si les fruits de justice sont semés dans la paix, le chemin de la paix se trouve dans la justice. Si j’ai une mauvaise conscience, je suis fâché contre moi-même, je m’irrite contre les autres. Quand le cœur est en paix avec Dieu et qu’il n’a rien à se reprocher, quand la volonté propre est tenue en échec, la paix règne dans l’âme. On marche sur la terre, mais le cœur est au-dessus de la terre, en communion avec de meilleures choses, et l’on marche dans un esprit de paix avec les autres, et rien ne trouble nos rapports avec Dieu. Il est le Dieu de paix. La paix, la paix de Jésus, remplit le cœur. Les pieds en sont chaussés, on marche dans l’esprit de paix (v. 15).
Mais, avec toutes celles qui précèdent, il y a une arme défensive, nécessaire par-dessus toutes les autres, afin que nous soyons capables de nous tenir debout malgré toutes les ruses de l’ennemi, une arme, toutefois, qui est pratiquement maintenue dans sa force par l’emploi des précédentes, de sorte que si celle-ci est essentielle, les autres ont la première place en pratique. C’est le bouclier de la foi, c’est-à-dire une confiance pleine et entière en Dieu, la conscience de Sa grâce, et de Sa faveur maintenue dans le cœur (v. 16). Ici, la foi n’est pas simplement la réception du témoignage de Dieu, quoiqu’elle soit fondée sur ce témoignage, mais elle est l’assurance présente du cœur à l’égard de ce que Dieu est pour nous, assurance fondée, ainsi que nous venons de dire, sur le témoignage qu’Il a rendu de Lui-même ; elle est la confiance dans Son amour et dans Sa fidélité, ainsi que dans Sa puissance. « Si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance envers Dieu ». L’œuvre de l’Esprit Saint en nous est de nous inspirer cette confiance. Lorsqu’elle existe, toutes les attaques de l’ennemi, qui cherche à nous faire croire que la bonté de Dieu n’est pas si sûre, tous ses efforts pour détruire ou affaiblir dans nos cœurs la confiance en Dieu et à Le cacher à nos yeux, sont inutiles. Ses dards tombent à terre sans nous atteindre ; nous tenons ferme dans la conscience que Dieu est pour nous, notre communion n’est pas interrompue. Les dards enflammés de l’ennemi ne sont pas les convoitises, mais les attaques spirituelles.
Ainsi nous pouvons tenir notre tête haute ; le courage moral, l’énergie qui va en avant est maintenue ; non que nous ayons de quoi nous vanter en nous-mêmes, mais le salut et la délivrance de Dieu sont vivants dans nos esprits (v. 17). Dieu a été pour nous ; Il est pour nous ; qui sera contre nous ? Il l’a été quand nous n’avions aucune force ; c’était le salut quand nous ne pouvions rien. C’est là notre confiance — Dieu Lui-même — en ne regardant pas à nous-mêmes. Nous avons le casque du salut sur notre tête. Les premières parties de l’armure nous laissent libres de jouir de ces deux dernières.
Ainsi munis de ce qui nous protège dans notre marche, ainsi que dans la confiance pratique en Dieu et la connaissance de Dieu qui en découlent, nous sommes en état de nous servir des armes offensives. Nous n’en avons qu’une seule contre l’ennemi, mais c’en est une à laquelle il ne peut résister si nous savons la manier ; témoin le combat du Seigneur avec Satan dans le désert : c’est « la parole de Dieu » (v. 17). Dans Sa tentation Jésus a toujours répondu par la Parole, par la puissance de l’Esprit. Elle place l’homme dans sa vraie position selon Dieu, comme homme obéissant dans les circonstances où il se trouve. Satan ne peut rien contre l’homme qui est dans cette position ; nous n’avons qu’à nous y maintenir. Si Satan nous tente ouvertement à désobéir, il n’y a pas de ruse en cela. Ne pouvant rien faire d’autre, Satan a agi ainsi avec le Seigneur, et s’est manifesté tel qu’il est. Le Seigneur, par la Parole, le renvoie. Satan n’a aucune force lorsqu’il est manifesté comme Satan. Nous avons à résister aux ruses du diable. Notre affaire est d’agir selon la Parole, arrive que pourra ; le résultat montrera que la sagesse de Dieu était en cela. Mais remarquez ici que cette épée est « l’épée de l’Esprit ». Ce n’est pas l’intelligence ni la capacité de l’homme, bien que ce soit l’homme qui se sert de la Parole. Son épée est bien trempée ; mais il ne peut ni la tirer, ni frapper avec elle, si le Saint Esprit n’agit pas en lui. Les armes sont spirituelles ; on s’en sert par la puissance de l’Esprit. Dieu doit parler, quelque faible que soit l’instrument.
L’épée est aussi employée activement dans le combat spirituel, en ce qu’elle juge tout ce qui s’oppose à nous ; dans ce sens, cette arme est à la fois défensive et offensive.
Mais derrière toute cette armure, il y a un état, une disposition, un moyen de force qui les vivifie et donne au reste sa puissance. C’est la dépendance complète de Dieu, unie à la confiance en Lui, qui s’exprime dans la prière. « Priant en tout temps » ; la dépendance doit être constante. Quand elle est réelle et que je sens que je ne peux rien faire sans Dieu, et qu’Il veut mon bien en toutes choses, elle s’exprime. Elle cherche la force qu’elle n’a pas, et elle la cherche auprès de Celui en qui elle se confie. C’est le mouvement de l’Esprit dans nos cœurs, dans leur relation avec Dieu, de sorte que nos combats se livrent dans la communion de Sa force et de Sa faveur, et dans la conscience que nous ne pouvons rien et qu’Il est tout. « Priant en tout temps, avec des supplications » (v. 18). Cette prière est l’expression du besoin de l’homme, du désir du cœur, dans la force que l’Esprit lui donne, aussi bien que dans la confiance en Dieu. Aussi, puisqu’elle est l’action même de l’Esprit, elle embrasse tous les saints, dont aucun ne saurait être oublié par Jésus (et l’Esprit en nous répond aux affections de Christ et les reproduit). Nous devons être vigilants et diligents pour nous servir de cette arme, évitant tout ce qui nous détourne de Dieu, nous servant de toute opportunité, et trouvant, par la grâce de l’Esprit, en tout ce qui surgit (en étant diligents), une occasion de prière et non de distraction[30].
L’apôtre, dans le sentiment de ses propres besoins et de ce qu’il voudrait être pour Christ, demande avec effusion de cœur cette intercession de leur part.
La mission de Tychique était l’expression de la certitude qu’avait l’apôtre de l’intérêt que l’amour des Éphésiens mettrait à avoir de ses nouvelles, et de celui qu’il mettait lui-même à s’assurer de leur bonheur et de leur état spirituel en Christ. C’était la preuve touchante de sa confiance dans leur affection, affection que son cœur dévoué le conduisait à attendre chez les autres.
Il présente les Éphésiens comme jouissant des privilèges les plus élevés en Christ et comme capables de les apprécier. Il ne les blâme en rien. L’armure de Dieu pour repousser les assauts de l’ennemi et pour croître en paix vers la Tête en toutes choses, l’armure préservatrice de Dieu, était naturellement la dernière chose qu’il avait à placer devant eux.
Il est à remarquer que l’apôtre, dans cette épître, ne parle pas de la venue du Seigneur. Il suppose les croyants dans les lieux célestes en Christ, et non pas sur la terre traversant ce monde en attendant qu’Il vienne les prendre et rendre le bonheur au monde. Ce que les saints attendent dans cette épître, c’est que toutes choses soient réunies sous Christ, leur vrai Chef, selon les conseils de Dieu. Les bénédictions sont dans les cieux, le témoignage dans les cieux, l’Assemblée est assise dans les cieux, le combat est dans les cieux.
L’apôtre leur répète son souhait de paix, d’amour et de foi ; il termine son épître par la salutation ordinaire tracée de sa propre main.
Cette épître expose la position et les privilèges des enfants de Dieu et de l’Assemblée dans leur union avec Christ.
- ↑ Le mot grec traduit par « fidèle » peut être aussi rendu par « croyant ». Il est employé ici et dans l’épître aux Colossiens pour désigner les chrétiens de ces deux endroits. Il faut se souvenir que, quand il écrivait ces deux épîtres, l’apôtre était en prison et que le christianisme était établi déjà depuis plusieurs années, et était en butte à toutes sortes d’attaques. Dire qu’on était croyant comme au commencement, c’était dire qu’on était fidèle. Cette expression donc ne dit pas seulement qu’on croyait, ni que chaque individu marchait fidèlement, mais que l’apôtre s’adressait à ceux qui, par grâce, gardaient fidèlement la foi qu’ils avaient reçue.
- ↑ Ce sera un beau spectacle, comme résultat des voies de Dieu, de voir toutes choses réunies dans une paix et dans une union parfaites sous l’autorité de l’homme, du dernier Adam, le Fils de Dieu ; nous-mêmes étant associés avec Lui dans la même gloire, nous-mêmes étant Ses compagnons dans la gloire céleste, comme objets des conseils éternels de Dieu. Je ne m’étends pas ici sur cette scène, parce que notre chapitre dirige notre attention sur la communication des conseils de Dieu à l’égard de cette réunion de toutes choses sous le Christ, et non sur la scène elle-même. L’état éternel dans lequel Dieu est tout en tous est encore autre chose. L’administration de la plénitude des temps est le résultat des voies de Dieu en gouvernement, l’état éternel est celui de la perfection de Sa nature. Nous, même dans le gouvernement, sommes introduits selon Sa nature comme fils. Merveilleux privilège !
- ↑ Comparez chapitre 4, 9, 10 ; cette introduction de la rédemption et de la place que Christ a prise comme Rédempteur, comme remplissant tout en tous, est pleine d’intérêt.
- ↑ C’est la puissance qui, ressuscitant les saints avec Christ de la mort du péché, et les unissant à Lui, la Tête, forme leur relation avec Lui comme Son corps. La première partie du chapitre 1 nous a présenté notre relation individuelle avec le Père ; en cela Christ est premier-né entre plusieurs frères. Ici, nous arrivons à la relation comme corps avec Christ, le second homme ressuscité. Jusqu’à la seconde partie de la prière, nous avons les conseils de Dieu. Depuis la dernière partie, nous avons les opérations de la puissance pour les accomplir. Et c’est là que notre union avec Christ est d’abord introduite, laquelle, bien que les conseils de Dieu qui la concernent soient révélés, est cependant opérée spirituellement maintenant, comme on le voit au chapitre 2.
- ↑ Remarquez bien ici que, dans cette épître, l’Esprit ne décrit pas la vie du vieil homme dans le péché. Dieu et Sa propre œuvre sont tout. L’homme est envisagé comme mort dans ses péchés ; ce qui se produit est par conséquent entièrement de Dieu, une nouvelle création de Sa part. Un homme qui vit dans le péché doit mourir, se juger lui-même, se repentir, être purifié par la grâce, c’est-à-dire qu’il est traité comme un homme vivant. Ici l’homme est sans aucun mouvement de vie spirituelle. Dieu fait tout. Il vivifie et ressuscite. C’est une nouvelle création.
- ↑ La foi, quand on est enseigné par la Parole, retourne toujours à cela. Le jugement a rapport aux actes accomplis dans le corps. Mais nous étions morts dans nos péchés — sans aucun mouvement de vie vers Dieu. Nous ne venons pas en jugement (Jean 5), mais nous sommes passés de la mort à la vie.
- ↑ Ici, c’est tout à fait une nouvelle création, et le nouvel état du chrétien est envisagé simplement en lui-même. Dans notre ancien état, nous étions morts à l’égard de Dieu. L’homme n’est pas considéré ici comme vivant dans les péchés et responsable, mais comme entièrement mort en eux, et créé de nouveau ; c’est pour cela que, dans cette partie de l’épître, il n’est question ni de pardon, ni de justification. L’homme n’est pas vu comme vivant et responsable. Dans les Colossiens, les chrétiens sont représentés comme ressuscités avec le Christ, mais il y est dit : « Nous ayant pardonné toutes nos fautes », que Christ a portées en descendant dans la mort. Ici aussi, nous n’avons pas le vieil homme et la mort qui lui est appliquée, bien que la marche et le vieil homme soient reconnus comme des faits, mais non pas en relation avec la résurrection. Dans les Colossiens, au contraire, nous avons le vieil homme ; même il est parlé de « morts dans vos fautes », et il est ajouté : « et dans l’incirconcision de votre chair », car c’est morts à l’égard de Dieu. L’épître aux Romains considère l’homme responsable dans le monde ; c’est pourquoi nous y trouvons pleinement établies la justification et la mort au péché, mais non pas la résurrection avec Christ. L’homme est vivant ici-bas, justifié et vivant en Christ.
- ↑ Ce n’est pas seulement que la vie est communiquée ; cela nous l’avons dans l’épître aux Romains ; mais c’est une place et une position tout à fait nouvelles que nous prenons, la vie ayant le caractère d’une résurrection en dehors d’un état de mort dans les péchés. Et ici, nous ne sommes pas envisagés comme vivifiés par Christ, mais avec Lui. Il est l’homme ressuscité et glorifié.
- ↑ Dans l’épître aux Colossiens, les saints sont seulement considérés comme ressuscités avec Christ, ayant une espérance réservée pour eux dans les cieux, et ils sont appelés à mettre leurs affections dans les choses d’en haut, où sont cachés Christ et leur vie avec Lui. De plus, leur résurrection avec Christ est seulement une résurrection administrative pour ce monde dans le baptême, en rapport avec la foi dans la puissance qui a ressuscité Christ. Nous n’avons pas dans cette épître l’union des Juifs et des Gentils en Lui comme ressuscités et dans les lieux célestes. De fait, dans l’épître aux Colossiens, les Gentils seuls sont devant la pensée de l’apôtre.
- ↑ « Cela ne vient pas de vous-mêmes » se rapporte aussi bien à la foi qu’à la grâce. Le faire rapporter à la grâce seule, serait simplement un non-sens. Mais on pourrait supposer que la foi vient de nous-mêmes — ce qui ne se peut de la grâce — c’est pourquoi l’Esprit Saint ajoute : « Et cela (non pas elle) ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ». C’est-à-dire que croire est un don de Dieu, et ne vient pas de nous. Et cela est confirmé par ce qui suit : « non pas sur le principe des œuvres ». Le but de l’apôtre est de montrer que tout est de grâce et de Dieu — l’ouvrage de Dieu — une nouvelle création. Jusque-là, la grâce, la foi et tout vont ensemble.
- ↑ Ce n’est pas que Dieu ne reconnaisse pas les relations qu’Il a formées à l’origine ; Il les reconnaît pleinement quand nous y sommes placés ; mais la mesure de la nouvelle création est une autre chose.
- ↑ Il est extrêmement important de nos jours de voir la différence entre cet édifice qui s’élève progressivement — mais jamais complet jusqu’à ce que tous les croyants qui doivent former le corps de Christ soient rassemblés — et le temple actuel de Dieu sur la terre. Dans le premier, Christ est le constructeur. Il en poursuit l’achèvement sans qu’il y ait un seul manquement, et les portes du hadès ne prévalent pas contre cette œuvre. L’édifice n’est pas encore complet, ni considéré comme un tout, jusqu’à son entière édification. C’est pourquoi, dans ce cas, nous ne trouvons jamais, dans les épîtres, quelqu’un qui construit. Ainsi, dans la première épître de Pierre, nous lisons : « Duquel vous approchant comme d’une pierre vivante… vous-mêmes aussi comme des pierres vivantes, êtes édifiés » ; de même ici, en Éphésiens, l’édifice croît pour être un temple saint dans le Seigneur. Mais à côté de cela, le corps professant actuel manifesté est vu comme un tout sur la terre, et l’homme est envisagé comme le construisant. « Vous êtes l’édifice de Dieu », dit l’apôtre. « Comme un sage architecte. j’ai posé le fondement,… que chacun considère comment il édifie dessus » (1 Cor. 3). La responsabilité de l’homme est introduite, et l’œuvre est sujette à être jugée. Or c’est le fait d’attribuer à cela les privilèges du corps et de ce que Christ bâtit, qui a produit le papisme et tout ce qui y est apparenté. La chose corrompue qui doit tomber sous le jugement a été faussement revêtue de la sécurité qui appartient à l’œuvre de Christ. Ici, en Éphésiens, nous trouvons non seulement l’ouvrage progressivement et sûrement construit, mais en même temps l’édifice actuel comme un fait dans la bénédiction qui lui appartient, sans référence à la responsabilité humaine dans la construction.
- ↑ Le second chapitre parle bien du corps, v. 16 ; mais l’introduction de la maison est un élément nouveau et demande quelque développement. Quoique l’œuvre qui s’accomplit dans la création des membres qui doivent former le corps, soit toute de Dieu, elle s’accomplit sur la terre. Les conseils de Dieu ont en vue premièrement les individus, pour les placer auprès de Lui tels qu’Il les veut ; ensuite, ayant exalté Christ au-dessus de tout nom qui se nomme dans ce siècle et celui qui est à venir, Dieu L’a donné pour être Chef du corps, formé des individus unis à Christ dans le ciel au-dessus de toutes choses. Ils seront parfaits selon la perfection de leur Chef Lui-même. Mais l’œuvre sur la terre, si elle rassemble les nouveaux-nés, les rassemble sur la terre. Or ce qui répond ici-bas à la présence de Christ dans le ciel, c’est la présence du Saint Esprit ici-bas sur la terre. L’individu croyant est bien le temple de Dieu, mais dans notre chapitre, il est parlé de tout l’ensemble des chrétiens formé sur la terre : ils deviennent la maison, la demeure de Dieu sur la terre. Merveilleuse et solennelle vérité ; immense privilège et source de bénédiction, mais responsabilité également grande !
On remarquera qu’en parlant du corps de Christ, on parle du fruit du dessein éternel de Dieu et de Sa propre opération, et bien que l’Esprit puisse appliquer ce nom à l’Assemblée de Dieu sur la terre, comme étant censée composée de vrais membres de Christ, toutefois le corps de Christ comme formé par la puissance vivifiante de Dieu selon Son dessein éternel, se compose de personnes unies à la Tête comme de vrais membres. La maison de Dieu, comme établie maintenant sur la terre, est le fruit d’une œuvre de Dieu, ici confiée aux hommes, non l’objet propre de Ses conseils, quoique la cité dans l’Apocalypse y réponde en une certaine mesure. En tant que l’œuvre de Dieu, il est évident que cette maison se compose des vrais appelés de Dieu, et par conséquent c’est Dieu qui l’édifie, et c’est ainsi qu’il en est parlé ici (comp. Act. 2, 47) ; mais il ne faut pas confondre le résultat pratique de cette œuvre accomplie par les mains des hommes, et sous leur responsabilité (1 Cor. 3), avec l’objet des conseils de Dieu. Nul ne peut être vrai membre de Christ sans être réellement uni à la Tête, ni vraie pierre de la maison non plus ; mais la maison peut être la demeure de Dieu, bien que ce qui n’est pas une vraie pierre soit entré dans la construction ; mais il est impossible qu’une personne qui n’est pas née de Dieu soit membre du corps de Christ (voyez la note précédente). - ↑ C’est là, à ce qu’il me paraît, le vrai mot, et non « la communion ».
- ↑ Christ est le centre de tout le déploiement de la gloire divine, mais Il habite dans nos cœurs de manière à les placer pour ainsi dire dans ce centre, et de là leur faire contempler toute la gloire déployée. Là nous pourrions nous perdre nous-mêmes ; mais l’apôtre nous ramène à l’amour bien connu de Christ, non pas toutefois comme à quelque chose de moins étendu, car Il est Dieu, et Son amour surpasse toute connaissance, de sorte que nous sommes remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu.
- ↑ C’est là ce qui distingue absolument la prière du chapitre 1 et celle-ci. Là, l’appel et l’héritage étaient dans le propos arrêté de Dieu, et la prière de l’apôtre est que les croyants les connaissent, ainsi que la puissance qui les a amenés à en jouir. Ici, au chapitre 3, c’est ce qui est en nous, et l’apôtre demande que cela puisse exister, et cela comme puissance actuelle dans l’Assemblée.
- ↑ La descente dans les parties inférieures de la terre est envisagée comme ayant lieu depuis Sa place comme homme sur la terre ; ce n’est pas Sa venue du ciel pour être un homme. C’est Christ qui est descendu.
- ↑ Le verset 11 présente les dons spéciaux et permanents ; le verset 16, ce que chaque jointure fournit à sa place propre. Les deux choses ont leur fonction pour la formation et la croissance du corps.
- ↑ J’ai déjà fait remarquer que ce contraste entre l’ancien et le nouvel état caractérise l’épître aux Éphésiens plus que celle aux Colossiens. Dans cette dernière, on trouve davantage le développement de la vie.
- ↑ Dans l’épître aux Colossiens nous avons : « Le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé ».
- ↑ Il y a un sens dans lequel Dieu est, moralement, la mesure d’autres êtres — considération qui fait ressortir l’immense privilège de l’enfant de Dieu. C’est l’effet de la grâce en ce qu’étant né de Dieu et participant de Sa nature, l’enfant de Dieu est appelé à être imitateur de Dieu, à être parfait comme son Père est parfait. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu, car Dieu est amour. Dieu nous rend participants de Sa sainteté, en conséquence nous sommes appelés à être imitateurs de Dieu comme Ses chers enfants. Cela fait voir les immenses privilèges de la grâce. La grâce, c’est l’amour de Dieu au milieu du mal, amour qui, supérieur à tout mal, marche dans la sainteté et nous réjouit aussi ensemble, d’une manière divine, dans l’unité des mêmes joies et des mêmes sentiments. C’est pourquoi Christ dit (Jean 17) : « Un, comme nous, nous sommes un » et « qu’eux soient un en nous ».
- ↑ Il est bon de remarquer ici la différence entre Romains 12, 1, 2, et cette épître. En Romains, nous l’avons vu, l’homme est envisagé comme vivant sur la terre, c’est pourquoi il doit offrir son corps en sacrifice vivant — vivant en Christ, il doit livrer ses membres entièrement à Dieu. En Éphésiens, les saints sont vus comme déjà assis dans les lieux célestes, et ils doivent venir de là en témoignage de ce caractère devant les hommes, marchant dans l’amour et dans la lumière comme Christ l’a fait.
- ↑ Il faut lire : « fruits de la lumière », non pas « fruits de l’Esprit ».
- ↑ Il est bon de remarquer ici ce caractère de l’amour, savoir l’amour dans une relation établie. La Parole de Dieu est plus exacte dans ses expressions qu’on ne le pense habituellement, parce que l’expression a son origine dans la chose elle-même. Il n’est pas dit que Christ a aimé le monde ; Il n’a pas de relation avec le monde comme il est. Mais il est dit que Dieu a tant aimé le monde : c’est ce qu’Il est envers le monde dans Sa propre bonté. Il n’est pas dit que Dieu aime l’Assemblée : la relation propre de celle-ci comme telle est avec Christ, son Époux céleste. Le Père nous aime : nous sommes Ses chers enfants. Dieu, dans ce caractère, nous aime. C’est ainsi que Jéhovah aime Israël. — D’un autre côté, toute la tendresse et toute la fidélité qui appartiennent à la relation dans laquelle Christ se trouve, sont notre portion en Lui, ainsi que tout ce que le nom de Père signifie aussi de Son côté.
- ↑ C’est spécialement le dévouement de Son amour ; Il donne et se donne Lui-même.
- ↑ Quand j’ai dit, ici et plus haut, que l’amour de Christ est la source du bonheur de l’Assemblée, ce n’est pas comme si l’amour du Père et les conseils éternels de Dieu n’y avaient pas leur place. Je parle de la bénédiction appliquée et effectuée dans la relation qui nous est présentée dans ce passage : or cette relation a lieu avec Christ. Au reste, l’amour du Père et celui de Christ sont le même amour divin.
- ↑ Non pas : « et par la Parole ». La Parole est l’eau par laquelle Il purifie l’Assemblée.
- ↑ Ce que nous avons à vaincre, ce sont les ruses du diable. Sa puissance sur nous est brisée. Il peut soulever le monde pour persécuter les saints et être un lion rugissant, mais quant aux tentations personnelles, si nous résistons au diable, il s’enfuira de nous. Il sait qu’il a rencontré Christ et que Christ l’a vaincu, mais ses ruses sont toujours là.
- ↑ Les reins ceints sont une figure communément employés pour représenter un esprit et un cœur gardés en bon ordre par la Parole de Dieu et dans la présence de Dieu.
- ↑ La prière est fondée sur l’immense privilège d’avoir avec Dieu des intérêts communs, soit quant à nous-mêmes, soit quant à tous ceux qui sont siens, oui, même quant à la gloire de Christ. Merveilleuse pensée ! Grâce ineffable !
- Éphésiens
- Darby J.N.
- Éphésiens 1
- Éphésiens 1 v. 3
- Éphésiens 1 v. 4-6
- Éphésiens 1 v. 7-10
- Éphésiens 1 v. 10-14
- Éphésiens 1 v. 15-23
- Éphésiens 2
- Éphésiens 2 v. 1-10
- Éphésiens 2 v. 11-22
- Éphésiens 3
- Éphésiens 3 v. 1-13
- Éphésiens 3 v. 14-21
- Éphésiens 4
- Éphésiens 4 v. 1-6
- Éphésiens 4 v. 7-16
- Éphésiens 4 v. 17-32
- Éphésiens 5
- Éphésiens 5 v. 1-2
- Éphésiens 5 v. 3-21
- Éphésiens 5 v. 22-33
- Éphésiens 6
- Éphésiens 6 v. 1-9
- Éphésiens 6 v. 10-13
- Éphésiens 6 v. 14-20
- Éphésiens 6 v. 21-24