Traité:Esquisses prophétiques

De mipe
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Traduit de l’anglaisF.G. Burkitt

La période actuelle et la venue du Seigneur

I

Il ne nous sera jamais possible « d’exposer justement la parole de la vérité » (2 Tim. 2, 15), sans avoir quelque intelligence de ce qu’on appelle parfois la vérité dispensationnelle, c’est-à-dire la connaissance des voies de Dieu envers les hommes dans les diverses périodes ou dispensations qu’on nomme les économies. Si, par exemple, nous appliquons à l’Église les passages des prophètes qui nous parlent des voies passées ou futures de Dieu envers Israël, nous produirons une confusion déplorable en interprétant à faux une grande partie des écrits de l’Ancien Testament. Il suffit, pour constater cette confusion, de jeter les yeux sur les têtes de chapitres de nos anciennes versions de la Bible, qui appliquent couramment à l’Église ce que les prophètes appliquent à Israël.

En second lieu, il est bon de ne jamais perdre de vue que, dans l’étude de la prophétie, comme de toute autre branche de la Parole, il nous faut la conduite et l’instruction du Saint Esprit. Lui seul peut nous ouvrir et nous expliquer les Écritures, à la gloire de Dieu et pour notre propre bénédiction. Ces mots : « Ils seront tous enseignés de Dieu » (Jean 6, 45), sont un principe vrai en tout temps, et ce n’est qu’ainsi que nous serons gardés des spéculations et des imaginations de l’esprit humain, dans lesquelles précisément les hommes instruits tombent si souvent.

La prophétie, et de fait toute l’Écriture, a pour centre la personne de Christ. C’est vers Lui que convergent toutes les voies et tous les conseils de Dieu. Dieu s’est proposé de réunir toutes choses en Christ, les choses qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre (Éph. 1, 10). L’apôtre Pierre nous dit qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même (2 Pier. 1, 20), c’est-à-dire qu’elle ne peut être isolée de tout l’ensemble des pensées et des conseils de Dieu, dont le but ultime est d’exalter Christ, de Le couronner de gloire et d’honneur, et de L’établir sur les œuvres de Ses mains.

De plus, par la grâce divine, la prophétie instruit d’avance le chrétien — dont le cœur doit répondre à tout ce qui glorifie Christ — quant à la merveilleuse série d’événements qui prépareront l’établissement de Son royaume. Comme Fils de l’homme, Il régnera sur le monde, jusqu’au jour où — tout ennemi étant détruit et Son règne médiatorial terminé — Il remettra volontairement le royaume à Son Père, afin que Dieu soit tout en tous.

Enfin, l’étude des vérités prophétiques, si souvent négligée, même par des personnes sérieuses, est d’une grande importance, parce qu’elle nous montre ce qu’est le monde et quelle en sera la fin. Elle devrait dont contribuer à détacher tout chrétien de l’esprit et des principes du siècle présent, qui marche rapidement vers le jugement final.

Que Dieu nous accorde la lumière et l’enseignement du Saint Esprit à l’égard de s=Sa Parole, pour nous la faire apprécier à sa valeur, en sorte que nous profitions aussi bien de ses parties prophétiques que d’autres vérités qui s’adressent plus directement à nos circonstances.

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L’économie actuelle de la grâce qui a déjà duré plus de mille neuf cents ans, peut se terminer d’un moment à l’autre, mais sans que nous puissions en fixer la date, parce que, pour cette économie-ci, l’Écriture n’en fixe jamais. Ayant déjà exposé autre part plus au long, l’enseignement de la Parole sur la venue du Seigneur, nous allons le récapituler brièvement.

Le Seigneur vient d’abord pour les siens ; plus tard, en puissance et en gloire, avec les siens. Un certain intervalle existe entre ces deux événements. Quand Il viendra pour les siens, autant que nous pouvons l’apprendre par l’Écriture, Il ne sera pas vu du monde. Il ne viendra pas, à cette occasion, sur la terre, mais « en l’air ». Lorsqu’Il apparaîtra avec Ses saints, tout œil Le verra, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui (Apoc. 1, 7), car Il viendra en jugement. C’est en ce temps-là que Ses pieds se tiendront sur la montagne des Oliviers (Zach. 14, 4).

Nous ne comprendrons jamais bien la prophétie, si nous ne voyons pas que l’économie actuelle, celle de l’Église, est une parenthèse distincte, qui interrompt les voies de Dieu envers Israël, comme nation. Ce peuple a occupé et occupera encore une place très spéciale dans les voies de Dieu. L’Éternel avait donné des promesses aux pères, à Abraham, Isaac et Jacob, et les a accomplies envers leurs enfants. Il avait transporté d’Égypte un cep et l’avait planté dans le pays de Canaan (Ps. 80, 8) ; Il s’attendait à ce que Sa vigne produisît de bons raisons, mais elle ne produisit que des grappes sauvages (És. 5, 2). Au temps déterminé, Christ vint, Lui, le vrai cep, le vrai Messie, le vrai Roi d’Israël. Il vint chez soi, et les siens — Son peuple — ne L’ont pas reçu (Jean 1, 11). Bien plus, ils Le jetèrent hors de la vigne et Le tuèrent. Ils ne se contentèrent pas de cela : lorsque le Saint Esprit fut envoyé à Sa place, ils Lui résistèrent et firent comme leurs pères ; ils L’envoyèrent, pour ainsi dire, déclarer à Jésus, par Étienne : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19, 14).

Mais toute cette hostilité n’a, en aucune manière, épuisé les ressources de Dieu ; Il a introduit quelque chose de beaucoup plus élevé que toutes les bénédictions dont Israël jouissait comme peuple dans le pays de Canaan. Cette chose toute nouvelle est l’Église de Dieu, le rassemblement, hors de toutes les nations, d’un peuple dont l’appel et l’espérance ne sont plus terrestres comme ceux d’Israël, mais essentiellement, exclusivement célestes. Christ, la Tête, ayant pris Sa place dans le ciel, le Saint Esprit descendit à la Pentecôte et forma sur la terre un corps, composé de membres unis par l’Esprit à ce Chef glorieux dans le ciel.

Il est donc évident qu’après le rejet de Christ, Dieu a rompu pour un temps Ses rapports avec Israël comme nation, selon ce qui est écrit : « Un endurcissement partiel est arrivé à Israël », lequel continuera « jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée » (Rom. 11, 25). C’est pourquoi, l’Église de Dieu sur la terre commence à la Pentecôte et finit à la venue du Seigneur. Comme nous l’avons déjà remarqué, l’Église forme une parenthèse dans les voies de Dieu envers Israël, comme nation. Lorsque cette parenthèse sera fermée par la venue du Seigneur, Dieu s’occupera de nouveau de Son ancien peuple. Alors tout Israël — non pas des individus isolés comme aujourd’hui — mais le peuple, comme nation, le résidu d’Israël tout entier, sera sauvé (Rom. 11, 26). Remarquons que, si la période actuelle est considérée comme une parenthèse, beaucoup de passages de l’Écriture, autrement incompréhensibles, deviennent fort clairs, par exemple celui de Matthieu 10, 23 : « Vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu ». La prédication du royaume de Christ, en vue de laquelle les disciples étaient envoyés par le Seigneur, sera reprise par le résidu pieux d’Israël, dans les jours qui suivront la venue du Seigneur pour clore la période actuelle en enlevant Ses saints auprès de Lui. Nous lisons encore, en Matthieu 24, 34 : « En vérité, je vous dis que cette génération ne passera pas que toutes ces choses ne soient arrivées ». La même race qui jadis a rejeté Jésus comme son Messie, se retrouvera à la fin des temps, caractérisée par la même incrédulité.

Comme nous l’avons dit, l’économie actuelle de la grâce se terminera lors de la venue du Seigneur pour Son Église. Selon l’enseignement de l’Esprit Saint dans les Écritures, cette précieuse espérance est la vraie, propre et immédiate espérance du chrétien. La première épître aux Thessaloniciens, qui fut aussi la première épître inspirée écrite par l’apôtre Paul, nous apprend qu’il prêchait lui-même la venue du Seigneur, comme faisant partie de son évangile. Cette prédication avait eu pour conséquence, que ces simples croyants, convertis depuis si peu de temps (Paul n’avait prêché parmi eux que pendant trois semaines environ, Actes 17, 2), « attendaient des cieux le Fils de Dieu, qu’il avait ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thess. 1, 10). Ce n’était pas qu’ils attendissent la délivrance de la colère elle-même, car ils avaient déjà cette délivrance, mais ils attendaient Celui, dont le caractère était de nous en délivrer. La fin du chapitre 4 est l’exposition la plus complète et la plus détaillée que l’Écriture nous donne de cet événement. Cet aspect de la venue du Seigneur, appelé parfois, avec raison, l’enlèvement des saints, n’est pas la manifestation visible du Seigneur en gloire. De fait, rien ne nous indique qu’Il sera vu du monde quand Il viendra enlever Son Église. Lorsqu’Il monta au ciel, Il ne fut vu de personne que de Ses disciples ; après Sa résurrection, Il ne fut vu que de témoins choisis, auxquels Il se manifesta par beaucoup de preuves assurées (Act. 1, 3). Il en sera de même pour nous : nous disparaîtrons du monde, invisibles comme Lui. Quelle grâce et quel privilège pour nous, d’être ainsi identifiés avec Lui !

Dans le passage de 1 Thessaloniciens 4, les saints sont divisés en deux classes : « Ceux qui se sont endormis par Jésus », et « nous, les vivants qui demeurons ». Cette dernière expression est répétée deux fois. Ce passage ne dit pas que le Seigneur viendra sur la terre, mais qu’Il « descendra du ciel », et que ceux qui dorment, ainsi que les vivants qui demeurent, seront enlevés ensemble à Sa rencontre dans les nuées en l’air. Lui-même les introduira dans la maison du Père. C’est Son « cri de commandement » qui effectuera la résurrection des morts et la transmutation des vivants. Le mot que nous soulignons ne vient qu’à cette place dans le Nouveau Testament, et signifie communément l’ordre donné par le chef des galères aux rameurs, ou par le général à ses troupes — il est employé ici pour le rassemblement des saints, afin de les enlever à la rencontre du Seigneur. Les Thessaloniciens pensaient que ceux d’entre eux qui étaient morts perdraient la bénédiction de Sa venue ; l’apôtre leur apprend qu’il n’en serait pas ainsi, mais que, bien au contraire, les vivants ne devanceraient aucunement ceux qui s’étaient endormis, et que les morts en Christ auraient la priorité lors de cet événement.

Le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens confirme cette vérité : « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette ». C’est, comme nous le savons, une allusion militaire à la trompette qui sonnait le départ de l’armée, après qu’elle s’était alignée en ordre de marche. Il est remarquable que les deux épîtres dont nous parlons emploient le mot nous (nous les vivants qui demeurons… nous ne dormirons pas tous), comme si l’apôtre se plaçait lui-même au nombre de ceux qui pourraient être vivants à la venue du Seigneur. C’est qu’en effet, cette venue doit être toujours l’espérance propre et immédiate du croyant. Aussi l’apôtre ajoute-t-il avec raison, dans l’épître aux Thessaloniciens : « Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles ». Sommes-nous affligés par le départ de nos bien-aimés ? Grâce à Dieu, nous ne le sommes pas « comme les autres qui n’ont pas d’espérance ». Le temps est proche où tous, eux et nous, nous entendrons le cri de rassemblement et serons enlevés à Sa rencontre, en l’air, pour être toujours avec le Seigneur. Ineffable consolation !

II

Notre Seigneur a souvent parlé Lui-même de Sa venue. En Luc 12, 35-36, Il dit : « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur Seigneur… afin que, quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt ». L’attitude d’un serviteur qui attend, pour ainsi dire, avec la main sur la poignée de la porte, est la vraie et réelle attitude de quiconque aime le Seigneur, et dont le cœur bat pour Lui pendant Son absence. Est-ce que nous l’oublions parfois ? Hélas oui ! mais comme l’aiguille de la boussole se tourne instinctivement vers le pôle, l’aspiration vraie et normale du chrétien sera toujours de Le voir face à face. Et si même l’aiguille est agitée pour un moment par l’orage ou la tempête, ou déviée temporairement par des influences magnétiques, elle reprendra bientôt sa position normale. Ainsi la venue de Christ est le centre d’attraction, le pôle qui gouverne et règle le cœur et la vie du chrétien, le but et le terme de ses espérances les plus chères. Puissent nos cœurs être toujours dirigés vers leur vrai centre vivant !

En Jean 14, le Seigneur, sur le point de quitter ce monde pour s’en aller au Père, verse un baume de consolation dans le cœur de Ses disciples affligés : « Je reviendrai », leur dit-Il, « et je vous prendrai auprès de moi ». Ressuscité et glorifié, Il se présente aux siens, dans le dernier chapitre de l’Apocalypse, comme l’étoile brillante du matin, et termine par ces mots : « Voici, je viens bientôt ».

En vérité, la venue du Seigneur, cet événement d’une si grande importance, sans précédent dans l’histoire du monde, en dehors des calculs de tous les hommes de science — cet événement est la brillante espérance placée devant l’Église de Dieu. Le Seigneur dit, au tombeau de Lazare : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra jamais ». Il est, dans Sa propre personne, les prémices de la moisson, le gage que cette dernière aura lieu. La puissance d’une vie de résurrection a déjà été déployée en Christ : Il est la résurrection et la vie. Il ne faut plus qu’une chose : c’est que Lui, le vainqueur de la mort et du sépulcre, paraisse de nouveau sur la scène, pour que cette puissance victorieuse de vie s’applique, non plus comme aujourd’hui aux âmes des siens, mais à leurs corps, quand les croyants seront ressuscités et transmués en un instant, et revêtus de corps semblables au sien. Il n’y a, quant à ce fait, ni erreur, ni incertitude possibles ; l’Écriture est aussi claire que précise à cet égard. Christ est déjà notre vie et, lorsqu’Il viendra, nous entrerons, quant à nos corps aussi, dans la pleine participation à cette vie.

Il est vrai que l’Église a perdu, pendant des siècles, cette espérance et son caractère céleste ; mais nous qui avons recouvré cette précieuse vérité, par le moyen de fidèles serviteurs de Dieu, dont plusieurs sont entrés dans le repos, quelles gens ne devrions-nous pas être, possédant un tel trésor ! Quelle puissance pratique cette espérance actuelle de la venue du Seigneur devrait avoir pour transformer notre vie et notre marche, pour régler notre conduite dans l’Église et devant le monde !

L’Écriture emploie quatre expressions en rapport avec cet événement : la venue, l’apparition, la manifestation, la révélation.

Sa venue, pour les saints, est une question de pure grâce, en rapport avec les privilèges qui nous appartiennent comme chrétiens. Son apparition nous présente le côté solennel de Sa venue, en rapport avec notre responsabilité, qui est de Le servir et d’être Ses témoins ici-bas. À Son apparition se lie, nous le pensons, notre manifestation devant le tribunal de Christ (2 Cor. 5, 10). C’est alors que nous recevrons « les choses accomplies dans le corps, selon ce que nous avons fait, soit bien, soit mal » ; c’est là que sera assignée à chacun sa place dans le royaume ; c’est là que chaque acte de service ou de témoignage sera estimé par le Seigneur Lui-même à sa réelle valeur. C’est pourquoi l’apôtre Paul pouvait parler, dans sa dernière épître (2 Tim. 4, 8), de la « couronne de justice que le Seigneur, juste juge, lui donnerait dans ce jour-là (le jour de la manifestation), et non pas à lui seulement, mais à tous ceux qui aiment son apparition ». Tel est l’aspect de la venue du Seigneur, que nous rencontrons généralement dans les épîtres à Timothée et à Tite ; car elles nous instruisent sur la conduite des serviteurs dans la maison de Dieu sur la terre, et non sur les privilèges appartenant à l’Église, comme corps de Christ.

Il est remarquable que l’Ancien et le Nouveau Testament se terminent par la venue de Christ. Dans Malachie, Il est le soleil de justice qui va se lever, avec la guérison dans ses ailes, pour faire luire le jour de la bénédiction sur la terre et restaurer, dans son pays, le peuple d’Israël comme centre du gouvernement de Dieu. L’Apocalypse se termine par « l’étoile brillante du matin » ; c’est l’espérance céleste du chrétien pendant la nuit de l’absence de Christ et Sa réjection par le monde. Nous attendons l’étoile du matin, comme le résidu pieux d’Israël attendra le soleil de justice ; et l’apôtre Pierre nous dit que cette étoile est déjà levée dans le cœur des croyants (2 Pier. 1, 19).

Quoique l’Écriture ne nous autorise jamais à fixer une date pour la venue du Seigneur, il est important que nous cherchions à discerner le caractère des temps où nous vivons. Nous devons d’abord nous prémunir contre la tendance à supposer que notre temps est pire et plus rempli d’événements remarquables qu’aucune des périodes qui l’ont précédé. Lorsque l’empire romain, jadis tout-puissant, s’effondrait sous les coups répétés des barbares, les premiers chrétiens devaient considérer ces événements comme la destruction complète de tout ce qui subsistait alors, et priaient Dieu de maintenir l’empire, qu’ils considéraient comme une barrière au développement final du mystère d’iniquité (2 Thess. 2, 6-8). Cependant, si nous comparons le temps présent avec ceux qui l’ont précédé, nous constatons, parallèlement à une immense diffusion de l’instruction parmi les masses, beaucoup moins de simplicité, et beaucoup plus d’agitation générale. L’indifférence et l’irréligion ont augmenté dans l’esprit des hommes ; l’autorité des Écritures est abandonnée, et l’incrédulité en est la conséquence. Cette dernière a été largement secondée par la soi-disant « haute critique », prêchée et enseignée dans bien des chaires. De son côté, le christianisme professant abandonne la lumière et la vérité pour retourner, d’une part, à d’ineptes superstitions, de l’autre, au romanisme demi-idolâtre qui, pour retenir les âmes, fait appel aux sens et à toutes les pompes extérieures de son culte.

En même temps que tout ce mal se développe, nous pouvons constater, grâce à Dieu, une grande activité dans le champ des missions étrangères ; toutefois, malgré le travail de tant de chrétiens sérieux, hommes et femmes, et tout en nous réjouissant de ce que Christ est annoncé, nous ne pouvons fermer les yeux sur le fait que de fort petits résultats ont été obtenus. Mais il est aussi indubitable que, dans ces dernières années, Satan a déployé une grande activité pour la diffusion de mauvaises doctrines, et la formation de systèmes qui renversent les fondements mêmes du christianisme. Nous n’avons pas l’intention de dresser une liste de ces sectes haïssables ; elles sont, à n’en pas douter, l’œuvre très active de l’esprit d’erreur ; et, tout en se parant du nom chrétien, elles sont de fait l’anti-christianisme et un mortel effort de Satan contre la vérité. Elles attaquent le grand objet central du christianisme, la personne de Christ, de Celui qui est Dieu sur toutes choses, béni éternellement, mais vrai homme — Dieu et homme dans une personne — et pour réussir, elles ne craignent pas de falsifier la vérité. Ceux qui propagent ces erreurs déploient un grand zèle pour inonder le monde de leurs écrits, zèle qui manque, hélas ! souvent aux vrais ouvriers du Seigneur. Ainsi, l’Ennemi ne réussit que trop à aveugler les âmes, en répandant ses doctrines empoisonnées.

Quant à l’état politique du monde, il est caractérisé aujourd’hui par l’agitation et l’inquiétude. L’immense augmentation des armements de terre et de mer fait craindre une catastrophe prochaine. On a constaté que la force armée de l’Europe comporte vingt-deux millions de soldats sur pied de guerre, et que la dépense annuelle pour les forces militaires dépasse actuellement cinq milliards et demi. Dans sa fameuse circulaire, le comte Mouravieff remarque que l’augmentation progressive des armements sape à sa racine la prospérité publique, et détourne, dans des canaux aboutissant à la faillite, le capital, le travail, les forces physiques et intellectuelles, appelées à enrichir la société. Et tous les engins perfectionnés, les plus parfaits que la science actuelle puisse produire, pour lesquels des centaines de millions sont dépensés annuellement, sont fatalement condamnés à perdre toute leur valeur dès que surgit une nouvelle découverte. Un autre écrivain remarque qu’il s’est formé en Angleterre, en Allemagne, en France et aux États-Unis, de puissantes compagnies pour procurer aux nations moins favorisées les armes du dernier modèle, destinées à détruire la vie et la propriété sur terre, sur mer, et dans les airs. La guerre actuelle contre les Turcs fournit une preuve évidente de ces faits.

Le chrétien, se contentant de marcher humblement dans la séparation du monde, trouve, en dehors de toutes ces choses, une ressource invariable et inébranlable en Dieu Lui-même. Sa vie, ses plus chers intérêts, ses plus profondes joies, lui viennent d’en haut, et ne peuvent lui être enlevées par rien de ce qui se passe dans le monde. Tout semble indiquer la prompte venue du Seigneur pour enlever les siens. La période actuelle va prendre fin par la résurrection des saints endormis pendant tous les siècles écoulés depuis la création, et par la transmutation des saints vivants. Ces deux compagnies n’en feront qu’une, quand elles seront enlevées ensemble à la rencontre du Seigneur en l’air, pour être toujours avec Lui.

La période entre la venue du Seigneur pour enlever les siens et Son apparition avec eux en gloire

La dernière demi-semaine de Daniel

L’enlèvement des saints est évidemment un événement de toute importance pour l’histoire future du monde. Il termine la période de l’Église et ferme, pour ainsi dire, « la parenthèse », ouvrant de nouveau la période juive et ramenant un état de choses, qui a quelque analogie avec les circonstances mentionnées par les évangiles, lorsque Jésus était sur la terre. La prophétie définit et précise cet état de choses avec une certitude absolue, de sorte que le plus humble chrétien, enseigné de Dieu, connaît ce qui se passera dans le monde, beaucoup mieux que l’homme politique le plus habile, qui dépend uniquement de prévisions humaines pour connaître les événements futurs. La prophétie s’occupe du gouvernement de Dieu envers le monde et des événements futurs, quand Il reprendra le cours de Ses voies pour la bénédiction d’Israël et, avant toutes choses, pour l’établissement du Messie comme Roi en Sion. Nous lisons en Deutéronome 32, 8 : « Quand le Très-haut partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël ». Si d’une part, l’Éternel et Ses voies, de l’autre, le Messie, remplissent toute la prophétie, Israël forme toujours le cercle intérieur, ou le théâtre principal, sur lequel ces voies de Dieu se développent, le peuple avec lequel le Messie entre en relation immédiate. En dehors de ce cercle, les nations, instruments et objets des jugements de Dieu, sont rassemblées, pour être finalement assujetties au gouvernement universel du Christ, alors même qu’Il maintiendra Ses relations spéciales avec Israël.

Il est à remarquer qu’une grande partie de l’Ancien et du Nouveau Testament s’occupe de la période qui fait le sujet de cet article, période beaucoup plus importante que ne le ferait penser la brièveté du temps qu’elle embrasse. Demandons-nous donc tout d’abord ce qui arrivera immédiatement après l’enlèvement des saints, et quel espace de temps s’écoulera depuis cet événement jusqu’à l’apparition du Seigneur avec eux en gloire.

La fin du chapitre 9 de Daniel (v. 20-27) est le meilleur passage que nous puissions choisir pour répondre à ces questions. Le prophète, plongé dans l’humiliation, faisait des prières et des supplications, confessant ses péchés et ceux de son peuple. Cette attitude convenait (et convient encore) à des temps de ruine où la main de l’Éternel était étendue sur Son peuple en châtiment pour tous ses péchés. Donc Daniel intercède, et en réponse à ses prières Dieu lui donne, par l’ange Gabriel, « l’intelligence de la vision ». L’explication qui occupe seulement quatre versets de l’Écriture (v. 24-27), nous fait traverser une longue période. Celle-ci commence au commandement de « rétablir et de rebâtir Jérusalem » (le chapitre 2 de Néhémie nous apprend que ce fut dans la vingtième année du roi Artaxerxès), et aboutit au jugement final des nations qui, selon le gouvernement de Dieu, désoleront aux derniers jours Jérusalem et le sanctuaire, avant que soit établi le règne millénaire de Christ. Les soixante-dix semaines de Daniel sont évidemment des semaines d’années et se divisent en trois périodes — la première de sept semaines, ou quarante-neuf ans, employés à reconstruire la ville, et à rebâtir « la place et le fossé » ; la seconde, de soixante-deux semaines, ou quatre cent trente-quatre ans (les deux ensemble donnant soixante-neuf semaines ou quatre cent quatre-vingt-trois ans) « jusqu’au Messie, le prince ». Après cela (il ne nous est pas dit combien de temps après), « le Messie sera retranché et n’aura rien » (v. 26). Comme nous le savons, cet événement eut lieu à la croix.

Sur soixante-dix semaines, il n’en reste donc plus qu’une (c’est-à-dire sept ans) à accomplir. Quelques frères, dont le jugement mérite d’être pesé, pensent que la première moitié de cette semaine, c’est-à-dire trois ans et demi, a été accomplie par le ministère de notre Seigneur qui eut précisément cette durée, tandis que la masse incrédule de la nation d’Israël, ne reconnaissant pas son Messie, traversera, dans un jour futur, la semaine tout entière. Les événements racontés dans l’Apocalypse ont spécialement en vue la seconde demi-semaine, et le Seigneur fait allusion à ce temps-là, quand Il parle de « la grande tribulation ». Selon le prophète Daniel, il fut laissé du temps à la nation pour accepter son Messie, et Celui-ci annonça Lui-même au début de Son ministère : « le temps est accompli » (Marc 1, 15). Les soixante-neuf semaines étaient donc passées quand Jésus vint, mais, au milieu de la nation incrédule, un petit résidu seul Le reçut. Influencé par ses conducteurs religieux, le peuple tout entier rejeta le Christ. Dans un jour futur, Dieu permettra qu’il tombe dans le piège en recevant l’Antichrist. Ce dernier, comme nous le verrons plus tard, s’alliera au chef de l’empire romain ressuscité, appelé ici « le prince qui viendra ». Ce chef impérial confirmera une alliance avec « la multitude », c’est-à-dire avec la masse du peuple juif, pour une semaine.

Nous avons dit que, pendant la demi-semaine du ministère du Seigneur, le résidu Le reçut, mais non pas la nation. Sous l’Antichrist, quand le peuple juif traversera de nouveau la première demi-semaine, ce sera le contraire : la nation recevra l’Antichrist, mais non pas le résidu.

Le temps actuel, caractérisé par le rassemblement de l’Église, c’est-à-dire toute la période comprise entre la Pentecôte et la venue du Seigneur, n’étant qu’une parenthèse dans les voies directes de Dieu envers Israël, est, comme nous pouvons nous y attendre, entièrement omise dans les soixante-dix semaines de Daniel.

L’intervalle entre la venue du Seigneur pour Ses saints et Son apparition glorieuse avec eux pour inaugurer Son règne, ne comprend pas seulement la dernière semaine, ou sept années (qui commence lors de la confirmation de l’alliance avec la masse apostate des Juifs, en Daniel 9, 27), mais, avant que cette semaine commence, un certain temps s’écoule, dont nous ne pouvons déterminer la durée. D’après les chapitres 6 à 9 de l’Apocalypse et d’autres passages, nous pouvons penser que cet espace durera assez pour renverser complètement l’état politique actuel, appelé en langage diplomatique le statu quo, et pour développer l’apostasie, le « mystère d’iniquité », déjà actuellement en formation, et qui atteindra son apogée aux derniers jours. Mais, d’autre part, l’œuvre du Saint Esprit aura lieu dans les cœurs, soit du résidu d’Israël, soit des nations qui recevront la bénédiction par le moyen du résidu. Cette œuvre de grâce rendra les uns et les autres capables d’être des témoins de Dieu sur la terre, et de recevoir le Christ comme leur Messie.

Examinons maintenant ce qui aura lieu sur la terre dans l’intervalle dont nous venons de parler, tout en ne perdant jamais de vue que l’Église, composée de tous les vrais croyants de la dispensation actuelle, aura déjà été enlevée au ciel, à la rencontre du Seigneur en l’air, et sera ainsi gardée de « l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3, 10).

Les Juifs seront ramenés dans leur pays ; la masse de la nation sera dans le même état d’incrédulité que lorsque le Seigneur marchait ici-bas, mais un résidu sera formé au milieu d’elle et préparé de Dieu pour recevoir le Christ, le vrai Messie. Le prophète Zacharie (13, 8-9) décrit ce résidu pieux. Après avoir montré que les apostats, formant les deux tiers de la nation, seront retranchés et mourront, il dit : « Mais un tiers demeurera de reste [dans le pays] ; et le tiers, je l’amènerai dans le feu, et je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or. Ils invoqueront mon nom, et moi, je leur répondrai ; je dirai : C’est ici mon peuple ; et lui dira : L’Éternel est mon Dieu ». Ce résidu, dans le cœur duquel l’Esprit de Dieu agira pour le pousser à la repentance, traversera une tribulation et une persécution terribles, rendues plus amères encore par l’affliction profonde de leurs cœurs, pour avoir crucifié leur Messie.

Le retour des Juifs dans leur pays a attiré l’attention non seulement des chrétiens qui s’y intéressent, mais aussi des hommes politiques. Il est certain que leur nombre a considérablement augmenté en Palestine depuis trente à quarante ans, et les événements actuels pourraient favoriser leur retour ; mais nous n’attendons pas la restauration du peuple juif ; nous attendons le retour de Christ pour Son Église. Sans doute, la grande majorité de la nation rentrera en Palestine après cet événement, et les facilités modernes de déplacement n’exigeront pas beaucoup de temps pour cela.

Après la venue de Christ pour Son Église et le retour des Juifs dans leur pays, tout sera prêt pour la formidable série d’événements qui remplira la dernière semaine de Daniel, ou plutôt, comme nous l’avons dit, un espace de temps plus prolongé (Dan. 12, 11-12). Cette période se terminera par l’apparition du Seigneur, pour exécuter le jugement sur les Juifs et Gentils apostats, et pour délivrer Son peuple.

La Bête et le faux prophète

Dans l’Écriture, trois personnages jouent un rôle prépondérant dans les événements de la période qui nous occupe : ce sont le chef de l’empire romain, l’Antichrist, et l’Assyrien. Les deux premiers nous sont présentés dans le chapitre 13 de l’Apocalypse ; le chef de l’empire romain, sous la figure d’une bête montant de la mer ; l’Antichrist, sous la figure d’une seconde bête montant de la terre. La mer est, dans le langage prophétique, le symbole d’un état de confusion et d’anarchie, semblable en quelque sorte à ce qui existait au temps de la révolution française. Cette bête a dix cornes et sept têtes. Dans le chapitre 17, nous apprenons que les sept têtes sont sept montagnes, et les dix cornes dix rois, qui reçoivent pouvoir en même temps que la Bête, c’est-à-dire le chef de l’empire romain ressuscité, dont le siège est indiqué clairement par les sept collines ou montagnes, sur lesquelles Rome est assise. Cette résurrection ou reconstruction de l’empire romain qui, pendant tant de siècles, avait exercé sa domination sur le monde, sera un événement remarquable et un objet d’étonnement et d’admiration pour les futurs habitants de la terre. Il nous serait difficile de déterminer exactement les contrées qui feront partie de cet empire ; car de fait ses limites ont varié jadis à diverses époques. Quoique Charlemagne et Napoléon aient régné sur une très grande partie de l’Europe et de ce qui avait constitué l’empire romain, jamais ses territoires n’ont cependant été réunis sous un chef, depuis la destruction de l’empire par les hordes barbares aux quatrième et cinquième siècles de notre ère. Les grandes puissances qui existent maintenant en Europe ne sont en aucune manière unies sous un seul chef ; elles sont, de fait, excessivement jalouses les unes des autres, craignant que l’une d’entre elles ne devienne trop forte et ne compromette ce que l’on appelle l’équilibre européen.

L’empire latin ou romain d’aujourd’hui est une puissance comparativement faible, mais nous ne pouvons dire quelles circonstances amèneront la centralisation du pouvoir entre les mains de son chef dans un avenir plus ou moins rapproché. Il se peut que ce soit une entreprise politique pour former une union des peuples occidentaux, destinée à faire contrepoids à la puissance grandissante de la Russie, ou bien aussi que cet événement soit produit par d’autres raisons politiques sans guerre, ni effusion de sang. Quoiqu’il en soit, il est clair que cette résurrection de l’empire romain aura une origine clairement satanique. La Bête « montera de l’abîme », ouvrira sa bouche en blasphèmes contre Dieu, contre Son nom et Son peuple, et recevra directement son pouvoir du dragon, c’est-à-dire de Satan. Nous apprenons, au chapitre 17, que cette Bête « était », c’est-à-dire qu’elle existait aux jours où Jean écrivait ; qu’elle « n’est pas », car l’empire dans son unité, sous un chef, a disparu ; et qu’elle « sera présente », c’est-à-dire qu’elle réapparaîtra dans sa dernière forme impériale avec les dix rois qui lui seront subordonnés[1]. La Bête subsiste pendant quarante-deux mois, trois ans et demi, ou la seconde moitié de la semaine, mentionnée en Daniel 9.

Le prophète Daniel décrit aussi ce même personnage. Au chapitre 7, nous trouvons le quatrième empire universel ou empire romain, sous la figure d’une bête avec dix cornes. Au milieu d’elles monte une autre corne petite, devant laquelle trois des premières cornes sont arrachées ou soumises. Cette petite corne exerce l’autorité suprême sur les autres, et se distingue par une grande pénétration ; elle profère de grandes choses contre le Très-haut, et pense changer les saisons juives et la loi, qui seront livrées en sa main jusqu’à un temps, et des temps, et une moitié de temps (Dan. 7, 24, 25), trois ans et demi, la même période que nous avons déjà trouvée dans l’Apocalypse. Quoique le siège de son pouvoir soit en occident, à Rome, ce chef de l’empire s’occupera des affaires des Juifs qui, à ce moment-là, auront été ramenés en Palestine. Mais à la fin, il recevra son jugement de la main du Seigneur Lui-même : « Le jugement s’assiéra ; et on lui ôtera la domination, pour la détruire et la faire périr jusqu’à la fin ». Cet homme sera pris, en pleine rébellion contre Dieu et contre Son Christ, et jeté vivant dans l’enfer, sans autre jugement, comme nous le voyons en Apocalypse 19, 20.

Passons maintenant à l’Antichrist ou seconde bête, du chapitre 13 de l’Apocalypse. Ce personnage monte, comme nous l’avons vu, « de la terre », image d’un état de choses établi et organisé, en contraste avec l’état d’agitation et d’anarchie représenté par « la mer ». Il a deux cornes comme un agneau, mais il parle comme un dragon. Quelles que soient ses prétentions, pour tout cœur spirituel enseigné de Dieu, sa voix trahit son origine satanique ; il est le travestissement complet du Seigneur Jésus Christ. Le siège de sa puissance est à Jérusalem, et il agit en alliance intime avec la première bête de notre chapitre, chef impérial de l’empire romain qui a repris vie. Il est plutôt un conducteur religieux qu’une puissance civile ou politique, bien qu’il ait aussi ce dernier caractère.

Dans le temps actuel, la sacrificature de Christ s’exerce dans le ciel en faveur des saints, et Satan est en quelque sorte un anti-sacrificateur, « l’accusateur des frères » ; mais quand arrivera le temps dont Apocalypse 13 nous parle, Satan aura été précipité du ciel (Apoc. 12, 7-9), et aura un homme pour le représenter sur la terre, non pas précisément un anti-sacrificateur, mais une espèce de faux prophète. L’Antichrist a le pouvoir de faire des miracles remarquables ; il fait même descendre le feu du ciel, comme le prophète Élie, lorsqu’il rendait témoignage au vrai Dieu contre Baal. Il fait une image de la première bête, à laquelle il a le pouvoir de donner la respiration (non pas « la vie », car celle-ci appartient à Dieu), et il fait que tous ceux qui ne rendent pas hommage à cette image sont mis à mort.

Plusieurs passages de l’Ancien et du Nouveau Testament nous montrent l’Antichrist sous divers aspects. Nous ne pouvons en mentionner que quelques-uns. Le Seigneur Lui-même disait aux Juifs : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez ». Avertissement solennel ! S’ils refusaient celui que le Père leur envoyait, pris dans les filets de Satan, ils recevraient sa contrefaçon, ce qui leur arrivera dans un jour futur.

Nous lisons encore dans 1 Jean : « Petits enfants, c’est la dernière heure ; et comme vous avez entendu que l’Antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists ». L’Antichrist (qui n’est nommé ainsi que dans ce passage) est caractérisé par deux choses (1 Jean 2, 22) : il nie que Jésus soit le Christ — c’est la relation de Christ avec Israël, comme son Messie — il nie le Père et le Fils — c’est la relation spéciale des personnes divines révélées dans le christianisme. L’Antichrist est donc l’incorporation complète de l’incrédulité à l’égard de la vérité essentielle, révélée par la Parole.

2 Thessaloniciens 2 mentionne l’Antichrist d’une manière très frappante. Il y est appelé « l’homme de péché », « le fils de perdition », « l’inique ». Toute la ruse, toute la subtilité et tout le pouvoir de Satan, accompagneront sa manifestation, car il est dit de lui (v. 9) que « sa venue est selon l’opération de Satan en toute sorte de miracles, et signes, et prodiges de mensonge ». C’est la contrepartie absolue de l’activité du Seigneur, qui accomplissait Ses œuvres dans la puissance de l’Esprit Saint. Christ était, selon la parole de Pierre aux Juifs : « un homme approuvé de Dieu par les miracles, et les prodiges, et les signes, que Dieu a faits par Lui » (Act. 2, 22). Ces trois mêmes mots sont appliqués à l’homme de péché, et le mot « mensonge » qui y est ajouté, doit être considéré comme ayant trait à tous trois. Satan présente ce personnage comme la contrefaçon exacte de Christ, l’instrument de sa tromperie et de ses mensonges. Dans le jardin d’Éden, Satan disait : « Vous serez comme des dieux », et cet homme « s’élèvera contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération ». Sans doute, il ne reconnaîtra aucun dieu, mais nous voyons, en Daniel 11, que s’il n’a pas « égard au Dieu de ses pères », il honorera à sa place, le dieu des forteresses (ou des forces) Maüsim. Extérieurement, devant les Juifs, il aura un dieu ; intérieurement, il n’en aura aucun.

Dans les Thessaloniciens, nous ne voyons ce personnage ni comme caractère politique, ni dans son association avec le pouvoir impérial, mais sous les traits de la fourberie religieuse. Il exercera ses pratiques mensongères et ses prétentions profanes dans le temple de Jérusalem, rebâti dans ces jours-là. Il s’y assiéra, se présentant lui-même comme étant Dieu, exemple de l’iniquité et de l’orgueil de l’homme, arrivés à leur comble.

Considérons maintenant un autre passage, très frappant, qui nous fournit des détails supplémentaires sur l’Antichrist et ses actes. Nous le trouvons au chapitre 11 de Daniel. Ce chapitre nous entretient, jusqu’au verset 35, d’événements, futurs au temps du prophète, mais qui, actuellement, appartiennent à l’histoire. Donnés ainsi sous forme prophétique, ils commencent avec le royaume des Perses, alors à son début, et s’étendent, depuis le verset 35, à la période, encore future, des derniers jours.

Tout ce passage est en rapport avec le peuple de Daniel, les Juifs, et avec le pays de la promesse. Le prophète parle, au verset 35, du « temps de la fin », du « temps déterminé », terme qui indique évidemment une interruption dans la suite historique de ce chapitre, et nous conduit jusqu’aux événements des derniers jours. C’est à ce moment que le verset 36 introduit abruptement « le roi », personnage bien connu de ceux qui étudient la prophétie. « Et le roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera, et s’élèvera contre tout dieu, et proférera des choses impies contre le Dieu des dieux ». L’unité de l’Écriture, à laquelle les sceptiques semblent ne rien comprendre, n’est-elle pas une preuve de son inspiration divine ? Nous trouvons ici le prophète, parlant des centaines d’années avant que Paul écrive aux Thessaloniciens, et nous donnant les mêmes traits que cette épître attribue à la même personne. L’Antichrist est caractérisé par la propre volonté dépassant toutes limites, et par l’opposition impie à Dieu Lui-même. Il semble, d’après ce passage de Daniel 11, que l’Antichrist sera un Juif ; en effet, s’il n’en était pas ainsi, il serait difficile de comprendre comment les Juifs apostats pourraient être séduits par les prétentions de ce faux Messie. C’est ainsi que nous lisons : « Il n’aura point égard au Dieu de ses pères (Jéhovah, le vrai Dieu d’Israël) ; et il n’aura point égard à l’objet du désir des femmes (le Christ), ni à aucun dieu » ; mais, comme l’homme ne peut subsister sans un objet quelconque, il « honorera le dieu des forteresses », ou des forces ; car les ressources sur lesquelles il compte pour accomplir ses desseins et appuyer ses décrets, ne peuvent après tout dépasser la force des armes humaines, malgré la puissance de Satan à l’œuvre derrière la scène.

Arrêtons-nous un moment ici, pour considérer l’effet moral que cet enseignement prophétique de la Parole de Dieu devrait avoir sur nous. Il n’est pas douteux qu’une grande partie de ce que nous voyons actuellement autour de nous ne trouve ensuite sa pleine expression dans l’Antichrist et ne le caractérise. L’incrédulité dans ses phases diverses, l’abandon général de l’autorité et de l’inspiration des Écritures, le socialisme et l’anarchie, répandus partout, l’orgueil et la vanterie si caractéristiques de notre époque — toutes ces choses, et bien d’autres, atteindront leur point culminant dans celui qui est appelé l’homme de péché, le fils de perdition, l’inique. Dieu en avertit les siens à l’avance, et nous avons à compter sur la grâce pour être gardés de l’esprit et de la tendance de ce siècle, apprenant de Celui qui est doux et humble de cœur et qui, bien qu’étant Dieu au-dessus de toutes choses, fut en réalité l’homme dépendant et obéissant ici-bas ; descendu du ciel, non pour faire Sa volonté, mais celle du Père qui L’avait envoyé.

Lisons maintenant Ésaïe 57, 9. Nous y trouvons le roi, introduit abruptement par ces paroles : « Et tu t’es rendue auprès du roi avec de l’huile, et tu as multiplié tes parfums ; et tu as envoyé tes messagers au loin, et tu t’es dégradée jusque dans le shéol ». Combien sera vaine, en ce jour-là, pour la partie apostate de la nation juive, l’alliance avec cet ennemi rusé de Christ ! Ce sera en réalité se dégrader jusqu’en enfer, et néanmoins les hommes moqueurs qui gouverneront alors à Jérusalem recourront à lui pour se mettre à l’abri, si possible, du « fléau qui inonde », et que Dieu leur enverra, c’est-à-dire de l’Assyrien. C’est ce que nous dit Ésaïe 28, 15 : « Car vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort, et nous avons fait un pacte avec le shéol : si le fléau qui inonde passe, il n’arrivera pas jusqu’à nous ; car nous avons fait du mensonge notre abri, et nous nous sommes cachés sous la fausseté ». Vain espoir ! ils ne pourront échapper au jugement divin ! Endurcissement terrible du cœur sous l’influence des ruses de Satan ! Nous pouvons à peine nous figurer que l’homme puisse s’élever au degré d’orgueil et de méchanceté qui caractérise l’Antichrist, mais Dieu permet cette souveraine manifestation d’énergie satanique, comme un juste jugement sur Israël et sur la chrétienté, apostats tous deux.

Le prophète Zacharie nous parle encore de l’Antichrist : « Car voici », dit-il, « je suscite un berger dans le pays, qui ne visitera pas ce qui va périr, qui ne cherchera pas ce qui est dispersé, qui ne pansera pas ce qui est blessé, et ne nourrira pas ce qui est en bon état ; mais il mangera la chair de ce qui est gras, et rompra la corne de leurs pieds ». Alors vient le jugement de Dieu sur lui : « Malheur au pasteur de néant qui abandonne le troupeau ! L’épée tombera sur son bras et sur son œil droit. Son bras sera entièrement desséché, et son œil droit sera entièrement obscurci » (Zach. 11, 16-17). La mesure de son iniquité est pleine, et son jugement arrive enfin. Divers passages des Écritures nous apprennent qu’il arrivera à sa fin, non pas vaincu par la force des armes, ni par une puissance angélique, mais par le jugement du Seigneur Lui-même quand Il apparaîtra en personne. Nous lisons en 2 Thessaloniciens 2, 8 : « L’inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition[2] de sa venue ».

Mettons encore Ésaïe 30, 33 en regard de ce passage. Il y est dit : « Car Topheth est préparé depuis longtemps : pour le roi aussi il est préparé. Il l’a fait profond et large ; son bûcher est du feu et beaucoup de bois : le souffle de l’Éternel, comme un torrent de soufre, l’allume ». Le roi est clairement ici l’Antichrist, distinct de l’Assyrien, et son sort terrible nous est clairement présenté : il est jeté en enfer.

Enfin, au chapitre 19 de l’Apocalypse, nous trouvons l’exécution du jugement sur les deux personnages qui ont été les agents du mal — le chef de l’empire romain et l’Antichrist, son allié : « Et la Bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles… Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre ». Le Seigneur Jésus descendra du ciel pour exercer un jugement guerrier, comme Roi des rois, et Seigneur des seigneurs, suivi par les armées qui sont dans le ciel, et Il exécutera un jugement sommaire sur ces deux personnages. Sans autre jugement, ils seront précipités dans l’enfer. « Le feu éternel », nous est-il dit en Matthieu 25, 41, « est préparé (non pour les hommes, mais) pour le diable et ses anges » ; mais comme il est frappant que ces deux hommes soient jetés en enfer mille ans avant le diable lui-même ! Pendant le millénium, le diable sera lié et enfermé dans l’abîme (Apoc. 20, 2, 3), après quoi il sera délié pour un peu de temps.

L’apostasie

Considérons brièvement ici une question posée parfois : « Si le Seigneur venait aujourd’hui, resterait-il quelque espoir pour ceux qui ont entendu l’évangile et l’ont rejeté ? ». Nous pensons qu’il n’y en aura point. Mais y aura-t-il des sauvés dans l’intervalle qui séparera la venue du Seigneur pour les siens, de Son apparition avec eux en gloire ? Le chapitre 7 de l’Apocalypse nous montre que deux classes d’hommes, l’une d’entre les Juifs, l’autre d’entre les Gentils, seront sauvées et mises à l’abri durant cette période. Ces deux classes sont composées des cent quarante-quatre mille d’entre les tribus d’Israël, et d’une immense multitude de toute nation, et tribus, et peuples, et langues. Mais quant à ceux qui ont entendu l’évangile et l’ont repoussé, et qui resteront sur la terre après l’enlèvement des saints, souvenons-nous qu’un principe invariable des voies de Dieu, c’est d’agir envers les hommes selon leur responsabilité, mesurée par la lumière et les privilèges qu’ils ont eus. Plus la lumière donnée est grande, plus grande est la responsabilité.

La chrétienté a joui d’immenses privilèges, et particulièrement les pays où des milliers de Bibles et de traités ont été répandus, et où l’évangile a été prêché en tout lieu. Dans le passé, Israël avait aussi beaucoup de privilèges. En tant que peuple, il avait été séparé par l’Éternel Lui-même de toutes les autres nations, pour être Son trésor particulier : il avait été introduit dans une position spéciale de proximité avec Dieu, et béni plus que tous les autres peuples. Cependant, malgré tout, les Juifs étaient pires que les païens qui les entouraient, « car le nom de Dieu était blasphémé à cause d’eux parmi les nations » (Rom. 2, 24). Dieu, dans Sa grâce, patienta longtemps avec eux, mais à la fin la sentence d’endurcissement judiciaire annoncée par le Saint Esprit, dans le prophète Ésaïe (chap. 6), fut prononcée par l’apôtre Paul dans le dernier chapitre des Actes, après qu’ils eurent crucifié leur Messie et résisté à l’Esprit Saint : « En entendant, vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; et en voyant, vous verrez, et vous n’apercevrez point ; car le cœur de ce peuple s’est engraissé ; et ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux », etc. Or, si Israël était coupable et attira sur lui le jugement de Dieu, pour avoir rejeté le témoignage qui lui était donné alors, combien plus coupables sont ceux qui se sont détournés de la révélation bien autrement complète donnée de Dieu dans le christianisme, et du salut gratuit et parfait proclamé en vertu de la mort et de la résurrection de Christ ! Aussi lisons-nous en 2 Thessaloniciens 2, que, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés, Dieu leur enverra une énergie d’erreur et, sans aucun doute, elle tombera plus profonde, plus ténébreuse et plus lourde sur les pays qui ont joui le plus de la lumière et des privilèges chrétiens. Nous voyons aussi les vierges folles de la parabole (Matt. 25) se tenir devant la porte fermée, invoquant le nom du Seigneur, et disant : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » mais hélas ! il est trop tard pour ces professants religieux, sans vie et sans réalité ! L’Époux est venu, la porte est fermée, et le Seigneur répond : « Je ne vous connais pas ! ». Elles ont préféré à Christ leurs aises, leurs plaisirs et le monde, tout en portant Son nom, et maintenant il est trop tard !

Un des traits caractéristiques des « temps fâcheux » de la fin, c’est que les hommes seront « amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu : ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance ». Y eut-il jamais un temps dans l’histoire du monde où cela fut plus vrai qu’aujourd’hui ? Les grands progrès des arts et des sciences en ces dernières années, et l’accumulation des richesses dans certaines classes de la société, ont mis à la portée des hommes des facilités pour la poursuite de la fortune et du plaisir, dont la mesure était inconnue aux jours où l’on vivait d’une manière plus simple. D’autre part, les grands progrès du socialisme et de l’incrédulité ont affaibli les barrières imposées autrefois aux hommes par la crainte de Dieu et le respect pour Sa Parole. Le résultat est que la multitude sans réflexion est plus indifférente et plus avide de plaisirs que jamais, et que le monde religieux (ainsi nommé), désirant marcher avec le siècle, s’accommode autant qu’il le peut à la religion du monde social.

L’Écriture montre clairement que l’enlèvement des saints sera suivi à la fin de l’apostasie de la chrétienté ; mais il ne faut pas supposer qu’immédiatement après l’enlèvement de l’Église, toute profession du christianisme sera abandonnée. Au contraire, le symbole de la femme « assise sur une bête écarlate » (Apoc. 17) nous montre les formes corrompues du christianisme que nous voyons autour de nous — catholicisme, ritualisme, etc. — continuant pour un temps, et croissant même en pompe extérieure et en étalage de luxe. Avec quelle longue patience, Dieu n’a-t-Il pas supporté ce terrible travestissement du christianisme, appelé ici « Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre » ? Cette Babylone est caractérisée par l’orgueil, l’usurpation d’un titre qui ne lui appartient pas, et l’idolâtrie ; elle persécute les vrais saints et trompe les nations par ses sorcelleries. Mais, à la fin, la coupe est comble, et le jugement, rapide et définitif, tombe sur elle. C’est pourquoi nous lisons : « Et les dix cornes que tu as vues et la Bête — celles-ci haïront la prostituée, et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair, et la brûleront au feu » (Apoc. 17, 16). Ainsi, elle sera livrée à une entière désolation ; car, comme il est dit : « Dieu a mis dans leurs cœurs d’exécuter Sa pensée, et d’exécuter une seule et même pensée ». Les dix cornes sont les dix rois confédérés sous l’empire romain ressuscité, ou sous le chef de la puissance impériale, qui régira la chrétienté occidentale. Ils donneront « leur royaume à la Bête », la reconnaîtront comme leur chef, et accepteront son autorité comme les liant ensemble en un seul tout. Ils rejetteront définitivement le système religieux corrompu qui s’appelle chrétien, et qui, exerçant sur eux ses séductions, les avait retenus si longtemps sous sa domination, et avait fait usage de la conscience de ses dupes pour accomplir ses desseins ambitieux.

La révolution française nous offre, sur une petite échelle, un exemple de ces choses. L’histoire nous apprend que le christianisme fut alors formellement désavoué, et que l’on proclama solennellement la sainteté de la république et le culte de la raison. Au temps dont parle notre chapitre (Apoc. 17), la profession du christianisme sera entièrement abandonnée ; et c’est ce que 2 Thessaloniciens 2, 3 appelle « l’apostasie ». Nous trouvons, dans ce même chapitre, que Celui qui retient maintenant la puissance du mal sera ôté, en sorte que le champ sera laissé entièrement libre à l’exercice de la volonté de l’homme. « Celui qui retient » le plein développement de l’iniquité est, à n’en pas douter, le Saint Esprit, qui a remplacé Christ ici-bas, et déploie maintenant Sa précieuse activité pour accomplir l’œuvre de Dieu dans ce monde. Le Saint Esprit demeure sur la terre, dans la maison de Dieu ; mais, quand l’Église sera enlevée au ciel, Il ne demeurera plus ici-bas de la même manière que maintenant. Quand « ce qui retient » sera enlevé, il n’y aura plus d’obstacle au développement de l’apostasie. Telle sera la fin de ces contrées chrétiennes si ouvertement favorisées aujourd’hui, et cette considération est très solennelle. L’incrédulité peut nier ces faits ou s’en railler, mais la Parole de Dieu, quoique les hommes puissent dire, demeure et reste véritable.

Retournons maintenant, pour un moment, à Daniel 9, 26-27. Nous y trouvons que « le prince qui viendra », dont « le peuple » (les Romains sous Titus, en l’an 70) a détruit la ville et le lieu saint, « confirmera une alliance avec la multitude », ou avec l’ensemble incrédule des Juifs, « pour une semaine » de sept années. « Au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’offrande » ; c’est-à-dire qu’il mettra fin au système juif de culte. C’est ce que nous avons vu en Daniel 7, où il est dit, en parlant de la « petite corne », qu’elle « proférera des paroles contre le Très-haut, et consumera les saints des lieux très hauts, et pensera changer les saisons et la loi » (v. 25). Cet état de choses durera pendant une saison de trois ans et demi, car « elles (les saisons juives et la loi) seront livrées en sa main jusqu’à un temps et des temps et une moitié de temps ». Cette période sera, par conséquent, un temps de déploiement inouï d’énergie satanique. Le diable agira à la fois par le moyen du chef de l’empire romain ressuscité, et de l’Antichrist, pour agir avec fourberie et violence ; temps de tribulation terrible pour tous ceux qui rendront témoignage à Dieu sur la terre. C’est à ce temps-là que le Seigneur fait allusion, quand Il dit : « Il y aura une grande tribulation, telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais. Et si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée » (Matt. 24, 21-22).

Quant à ceux qui seront mis à l’abri pendant cette période, la Seigneur Lui-même disait à Ses disciples, qu’Il avait envoyés pour annoncer le royaume des cieux : « Vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, que le fils de l’homme ne soit venu » (Matt. 10, 23). Comme nous l’avons déjà remarqué, l’œuvre confiée alors par le Seigneur à Ses disciples, sera reprise en un jour futur par des serviteurs de Dieu, appartenant au résidu fidèle d’Israël, afin de préparer au Seigneur un peuple qui Le reçoive, quand Il viendra dans Son royaume. Ce sera aussi pendant cette période que « l’évangile éternel » (Apoc. 14, 6) sera annoncé à ceux qui sont établis sur la terre, et à toute nation, et tribu, et langue, et peuple, disant : « Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et rendez hommage à Celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les fontaines d’eaux ». Cet évangile est entièrement différent de l’évangile de la grâce de Dieu, prêché aujourd’hui, parlant de la rémission des péchés par la foi au Seigneur Jésus, et annonçant la bonne nouvelle d’un salut plein et gratuit par l’œuvre expiatoire de la croix. Il consiste en un appel à craindre Dieu, qui est sur le point d’exercer le jugement, et à Le reconnaître dans Sa création. Un tel message sera des plus appropriés à ceux qui n’ont jamais entendu l’évangile actuel, dans un temps où le but spécial de Satan sera de remplacer l’autorité de Dieu par celle de la Bête et du faux prophète.

L’Apocalypse nous fait voir certaines classes de sauvés, soit d’entre les Juifs, soit d’entre les Gentils. Quelques-uns d’entre eux souffriront le martyre, plutôt que de reconnaître l’autorité de l’Antichrist. Beaucoup d’entre eux seront mis à l’abri, pour avoir part aux bénédictions du royaume millénaire sous le règne de justice du Seigneur Lui-même (chap. 7, 14-17 ; 14, 1-5 ; 20, 4, etc.).

L’Assyrien

Nous arrivons maintenant à l’Assyrien, le dernier des trois acteurs principaux dans les événements de cette période ; et cela nous amènera à sa terminaison et à l’apparition du Seigneur en gloire. Avant de parler de l’Assyrien, il peut être utile de remarquer que nous trouvons dans le prophète Daniel une autre appellation : le roi du Nord[3], et encore une autre dans le prophète Ézéchiel : Gog.

Il ne serait pas prudent d’enseigner dogmatiquement dans quelle mesure Gog et le roi du Nord sont identifiés avec l’Assyrien, que Daniel ne mentionne pas sous ce dernier nom, mais qui forme fréquemment le sujet du témoignage prophétique dans plusieurs autres prophètes. Souvenons-nous que Daniel écrivait pendant la captivité d’Israël à Babylone, et Ézéchiel parmi les captifs du fleuve Kebar. Il est possible que ce terme « l’Assyrien », dans son usage prophétique en rapport avec les derniers jours, comprenne plus d’une personne ou plus d’une puissance. Nous trouvons au psaume 83, et en d’autres passages, plusieurs nations formant une confédération avec l’Assyrien, comme nous avons trouvé, au chapitre 13 de l’Apocalypse, les dix rois associés au chef de l’empire romain ; mais nous dépasserions le but de cette esquisse en entrant dans les détails de ce sujet. Que ce nom indique une puissance ou un groupement de puissances, une chose est claire, c’est qu’elles proviennent des contrées situées au nord de la Palestine.

L’Antichrist, allié au chef de l’empire romain ressuscité et agissant de concert avec lui, aura à Jérusalem le siège de son autorité et sera à l’intérieur le corrupteur des Juifs apostats, comme l’Assyrien sera l’ennemi et le corrupteur venant du dehors. L’Assyrien occupait autrefois un territoire situé au nord de la Palestine, et comprenant aussi l’Asie mineure, territoire actuellement en partie sous la domination de la Turquie, en partie sous celle de la Perse.

Lorsque l’Assyrien parut jadis sur la scène, Israël, ou du moins les deux tribus, était encore reconnu de Dieu comme Son peuple. Plus tard, l’iniquité des rois de la maison de David amena sur eux la sentence de « Lo-Ammi », c’est-à-dire « pas mon peuple » (Os. 1, 9). Lorsque Juda fut emmené captif à Babylone par Nebucadnetsar, il devint actuellement « Lo-Ammi » (quoique Dieu veillât encore sur lui en grâce), et « les temps des Gentils » commencèrent. Israël ayant failli et s’étant adonné à l’idolâtrie, Dieu plaça le pouvoir entre les mains des Gentils, et Son trône ne fut plus trouvé sur la terre, comme il l’avait été à Jérusalem, où l’Éternel demeurait dans la maison bâtie pour Son nom. Dès lors (bien que Dieu, cela va sans dire, contrôle le cours des événements du monde), Il ne règne plus au milieu de Son peuple comme Il le faisait jadis. Cet abandon du pouvoir aux mains des Gentils, à commencer par Nebucadnetsar, est un fait d’une importance immense dans l’histoire du monde, et il est très nécessaire d’en tenir compte pour la vraie interprétation de la prophétie.

Mais revenons à notre sujet. Au cours des temps, Christ vint, et fut crucifié par les Juifs rentrés dans leur pays. Aussi restent-ils encore « Lo-Ammi », demeurant jusqu’à ce jour dans leur incrédulité et leur aveuglement judiciaire. Cet état durera jusqu’au temps futur où l’Esprit de Dieu produira l’affliction et la repentance dans le cœur du résidu pieux. Alors, quand Dieu le reconnaîtra de nouveau comme Son peuple (Os. 2, 1), l’Assyrien futur fera son entreprise finale contre Jérusalem et le pays d’Israël. Souvenons-nous de ce fait essentiel pour comprendre réellement les prophéties.

Ce fut jadis l’Assyrien qui emmena les dix tribus en captivité (2 Rois 17), et cet Assyrien historique était le type et l’image de celui de la fin. La défaite de Sankhérib et de sa grande armée, en réponse à la prière d’Ézéchias, préfigurait la défaite finale de l’Assyrien aux derniers jours. Dans le passé, Babylone (où les deux tribus de Juda et de Benjamin furent emmenées captives après la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar) s’éleva après la monarchie assyrienne, et de fait, sur les ruines de cet empire qui l’avait précédée ; mais dans l’avenir dont nous parlons, l’Assyrien sera le dernier ennemi d’Israël ; exactement le contraire de ce qui eut lieu historiquement.

Ces considérations confirment l’application aux événements des derniers jours, d’un grand nombre d’écrits prophétiques sur ce sujet, bien qu’ils aient eu un accomplissement partiel ou typique dans le passé. Nous trouvons dans les prophètes beaucoup d’allusions à l’Assyrien. « Ha ! l’Assyrie, verge de ma colère ! et le bâton qui est dans leur main, c’est mon indignation ! » (És. 10, 5). Dieu se sert de cette verge pour châtier Son peuple coupable. Mais, à la fin, Dieu jugera cet ennemi orgueilleux, et Son indignation contre Israël prendra fin avec ce jugement : « Il arrivera que, quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem, je visiterai le fruit de l’arrogance du cœur du roi d’Assyrie et la gloire de la fierté de ses yeux » (És. 10, 12). Il est évident que le Seigneur n’a pas encore achevé toute Son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem ; c’est pourquoi le châtiment de l’Assyrien est incontestablement encore futur. Au chapitre 14 du même prophète, nous lisons : « Je briserai l’Assyrien dans mon pays ; et je le foulerai aux pieds sur mes montagnes » (v. 25). Malgré son arrogance et sa puissance, il ne pourra s’opposer aux desseins du Dieu des armées, et anéantir ce qu’Il a décrété.

Nous lisons encore aux versets 31-33 du chapitre 30 : « Par la voix de l’Éternel, Assur sera renversé ; il le frappera de sa verge ; et partout où passera le bâton ordonné, que l’Éternel appesantira sur lui, ce sera avec des tambourins et des harpes… Car Topheth est préparé depuis longtemps… le souffle de l’Éternel, comme un torrent de soufre, l’allume ». Il est évident que ce dont il nous est parlé ici est encore futur, et nous conduit au jugement final de l’Assyrien pour lequel Topheth, le feu de Dieu, est préparé ; et ce passage décrit les réjouissances qui suivront le jugement du Seigneur sur le puissant ennemi d’Israël, dont Dieu s’était servi comme d’une verge pour le bien de Son peuple.

Lisons encore un passage dans le prophète Michée : « Il (le juge d’Israël, le Messie) sera grand jusqu’aux bouts de la terre. Et lui sera la paix, quand l’Assyrien entrera dans notre pays et quand il mettra le pied dans nos palais… » (5, 5). « Le juge d’Israël frappé avec une verge sur la joue », c’est Christ Lui-même, frappé et rejeté par Son peuple, mais qui sera, en un jour futur mentionné par le prophète, Celui qui les délivrera de la puissance de l’Assyrien. En effet, ce chapitre comprend, dans sa portée, la victoire finale, lorsque « le résidu de Jacob sera parmi les nations, au milieu de beaucoup de peuples, comme un lion parmi les bêtes de la forêt », etc. Dieu Lui-même purifiera le pays et ses habitants. Il les purifiera intérieurement de leur idolâtrie, tandis qu’au-dehors, Il exécutera Sa vengeance et répandra Sa colère et Sa fureur sur les nations qui s’élèveront contre Sion. Mais, en vue de ces choses, les vrais saints jouiront en paix du repos le plus assuré, car ils seront introduits, par grâce, dans le secret des pensées de Dieu sur toutes choses. Ces puissantes nations pensent pouvoir accomplir leur propre volonté, mais « elles ne connaissent pas les pensées de l’Éternel et ne comprennent pas son conseil, car il les amassera comme la gerbe de l’aire ». Dieu Lui-même sera dans ce jour-là un libérateur ; Il fortifiera Son peuple et lui donnera une victoire complète.

Pour terminer ce sujet, lisons encore au chapitre 8 du livre de Daniel. Le prophète voit dans une vision « un bouc venant du couchant sur la face de toute la terre » : la Grèce ; et « la corne de grande apparence entre ses yeux » représente Alexandre le Grand. Mais, des fragments de son empire « sort une petite corne qui grandit extrêmement »[4]. Sans doute, ce passage a trait en une certaine mesure, à un personnage bien connu dans l’histoire, roi de Syrie et de Macédoine, sous le nom d’Antiochus Épiphane ; mais, prise dans son ensemble, et surtout avec l’explication qui en est donnée à la fin du chapitre, cette prophétie dépasse de beaucoup les événements d’alors et embrasse ceux des derniers jours (voyez v. 23). Cette petite corne « s’élèvera jusqu’au chef de l’armée (Christ, l’Éternel), et le sacrifice continuel fut ôté à celui-ci (à Christ, le Messie), et le lieu de son sanctuaire fut renversé » (v. 11).

Nous ne pouvons dire quel personnage dominera, dans un jour futur, sur le territoire situé au nord-est de la Palestine, et dont il est parlé ici ; mais la prophétie nous dit clairement que cet homme aura une intelligence remarquable, qu’il « entendra les énigmes », et prospérera par la politique autant que par la force des armes. Il renversera quelques-uns des conducteurs des Juifs ; il interviendra dans leur système religieux et prospérera par la fraude. Finalement, « il se lèvera conte le prince des princes », comme l’Antichrist s’était élevé contre « le Dieu des dieux » (Dan. 11, 36).

D’après la position géographique du territoire occupé par ce roi dans l’Asie mineure, et aussi pour d’autres raisons, il semble probable qu’il doit être identifié avec « l’Assyrien ». Son action corruptrice sur les Juifs, et la grande activité de son opposition s’exercent « à la fin de l’indignation » (c’est-à-dire de l’indignation de Dieu contre Israël), et « au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure » ; donc, bien près du moment où le Seigneur sera manifesté en gloire pour la délivrance de Son peuple et pour l’établissement de Son royaume. Il est clair, comme nous l’avons déjà remarqué, que son pouvoir a une source extérieure, et plus que probable qu’il agit sous la direction et l’autorité du chef de l’empire russe.

Mais, quelles que soient les machinations et les ruses d’hommes sans scrupules, ainsi que leurs succès militaires, tout se termine au moment où Dieu intervient en faveur de Son peuple : cet adversaire « sera brisé sans main » (v. 25).

Gog et l’Assyrien

Considérons maintenant brièvement le « Gog » d’Ézéchiel, qu’il faut distinguer avec soin de « Gog et Magog », au chapitre 20 de l’Apocalypse. Ce dernier est un ennemi qui environne le camp des saints après le millénium, tandis que le Gog d’Ézéchiel précède cette période.

Nous lisons au chapitre 38 d’Ézéchiel, que « la parole de l’Éternel vint à lui, disant : Fils d’homme, tourne ta face vers Gog, le pays de Magog, le prince de Rosh, de Méshec et de Tubal ». Dans le mot « Rosh », nous trouvons les premières traces d’une contrée, comprise maintenant dans l’empire de Russie ; mais qui, au temps où le prophète écrivait, était probablement située sur les bords de la mer Noire, et habitée par des tribus scythiques, qui essaimèrent ensuite dans les pays actuellement sous la domination du tsar.

Dans les derniers jours dont parle le prophète, Israël aura été réintégré dans son pays. « Ce sera à la fin des jours ; et je te ferai venir sur mon pays » (v. 16). À ce moment-là, Israël, reconnu de nouveau par l’Éternel comme Son peuple, « habitera en sécurité », immédiatement avant le début du règne millénaire. Gog montera contre lui avec l’intention « d’emporter un butin et de faire un pillage ».

Les paroles d’Ézéchiel montrent que Gog avait été précédemment l’objet du témoignage prophétique : « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : N’es-tu pas celui dont j’ai parlé dans les jours d’autrefois, par mes serviteurs, les prophètes d’Israël, qui, en ces jours-là, pendant des années, ont prophétisé que je te ferais venir contre eux ? » (c’est-à-dire contre Israël) (v. 17).

Le prophète dit que Gog viendra « du fond du nord — et toutes ses bandes — beaucoup de peuples avec lui », une grande armée. Géographiquement, il y a donc des raisons de croire que Gog est intimement lié avec le roi du Nord ou l’Assyrien, et la suggestion, faite par un autre, que Gog est « la dernière phase de l’Assyrien », semble très probablement correcte. S’il en est ainsi, cela explique la parole d’Ézéchiel : « N’es-tu pas celui dont j’ai parlé dans les jours d’autrefois, par mes serviteurs, les prophètes d’Israël ? » (38, 17) car nous savons que l’Assyrien est mentionné largement dans les prophètes. Lorsque Gog apparaîtra, « il viendra comme une tempête et sera comme une nuée pour couvrir le pays » ; mais son audace attirera sur lui l’indignation de l’Éternel, qui interviendra pour délivrer Son peuple, et Gog périra avec toute sa multitude sur les montagnes d’Israël, par le jugement de Dieu.

Remarquons aussi que le prophète Joël mentionne très clairement l’ennemi du nord. Il dit : « J’éloignerai de vous celui qui vient du nord » (Joël 2, 20). Il est donc clair que ce grand ennemi d’Israël occupera une place importante dans les scènes de la fin, immédiatement avant la délivrance définitive du peuple.

Nous avons déjà vu que l’indignation de l’Éternel contre Israël, à cause de son idolâtrie et de ses péchés, prendra fin avec le jugement de l’Assyrien. Mais il s’écoulera un certain temps entre la venue du Seigneur, pour juger les divers acteurs dans les scènes dont nous nous sommes entretenus, et le plein établissement de la paix et de la bénédiction. De fait, Christ régnera d’abord dans le caractère de David, victorieux de ses ennemis, avant de régner en paix et en repos, dans le caractère de Salomon.

La fin du chapitre 12 de Daniel mentionne trois dates distinctes : d’abord trois ans et demi, ou mille deux cent soixante jours — puis mille deux cent quatre-vingt-dix jours — enfin mille trois cent trente-cinq jours. La première période commence au milieu de la dernière semaine, lorsque le chef de l’empire romain aura rompu l’alliance, faite avec le peuple, et réprimé leur culte ; elle se termine par la destruction de la Bête et de l’Antichrist (Apoc. 19). Mais l’établissement définitif d’Israël en paix dans son pays n’aura lieu que soixante-cinq jours après, ou même davantage. Il semblerait qu’il sera permis à la grande puissance du nord dont nous avons déjà parlé, de venir contre Jérusalem, à cause de la méchanceté excessive de l’Antichrist, de la Bête dont il est l’allié, et de la partie apostate du peuple. Le prophète Daniel (qui ne nous introduit jamais dans le millénium, comme Ésaïe et d’autres prophètes, et ne nous amène pas plus loin que son début) termine le chapitre 11 par la mention du « roi du Nord », qui fondra sur Jérusalem, siège de la puissance de l’Antichrist, comme une tempête avec ses immenses armées, « entrera dans les pays, inondera et passera outre », en Égypte. Mais « des nouvelles de l’orient et du nord l’effrayeront », et il rentrera en Palestine, appelée ici « le pays de beauté », et plantera ses tentes entre la mer Méditerranée et Jérusalem, « la montagne de sainte beauté », mais « il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir ». Cela est pareil à ce que nous avons déjà vu au sujet du sort de l’Assyrien, ou Gog. Il serait peut-être imprudent de déterminer si les nouvelles qu’il reçoit sont l’apparition du Seigneur, pour détruire la Bête et le faux prophète (Apoc. 19), ou le retour des dix tribus, dont plusieurs pourraient être dans les confins de son empire[5]. Quoiqu’il en soit, « il viendra à sa fin » par un jugement direct du Seigneur, et non par une défaite infligée par une autre puissance.

Dans ce jour-là, Jérusalem sera le centre du conflit des nations : « Voici, je ferai de Jérusalem une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour, et elle sera aussi contre Juda lors du siège contre Jérusalem. Et il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples : tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront certainement ; et toutes les nations de la terre seront rassemblées contre elle » (Zach. 12, 2, 3). Et encore : « J’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat ; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité ; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville » (14, 2). Cette première attaque réussit partiellement ; la ville est prise, et la moitié des habitants est emmenée captive ; mais à la seconde attaque, le Seigneur Lui-même est là, lorsque déjà la Bête et le faux prophète ont été anéantis ; alors « il sortira et combattra contre ces nations », et « ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient ». Sur cette même montagne des Oliviers, une nuée L’avait reçu et emporté de devant les yeux de Ses disciples ; Il y revient maintenant en jugement sur les nations, et « la moitié de la montagne se retirera vers le nord, et la moitié vers le midi ». Une convulsion physique aura lieu, répandant la terreur parmi les habitants de la ville (14, 5).

Citons ici le passage de l’écrit d’un frère sur le prophète Zacharie.

« Au « dernier jour », après le jugement de l’Antichrist et de la bête romaine, Jérusalem sera attaquée par les nations environnantes. Cette attaque aura lieu, si ce n’est sous la direction personnelle de l’Assyrien, au moins sous son patronage. Jérusalem sera prise, mise à sac ; la moitié des habitants de la ville sera emmenée en captivité ; mais le reste du peuple ne sera pas retranché. Parmi ceux qui seront épargnés se trouve le faible résidu, dont une partie, les deux témoins de l’Apocalypse, a déjà subi le martyre. C’est la dernière épreuve qui atteint la ville malheureuse et coupable.

Plus tard, le roi du Nord ou l’Assyrien, revient d’Égypte avec son immense armée, entoure la ville bien-aimée, et c’est alors qu’ont lieu les événements de Zacharie 14, 3. « Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations, comme au jour où il a combattu au jour de la bataille ». C’est ici une allusion à ce qui s’était passé lorsque le Seigneur, sorti du ciel avec toutes Ses armées, avait anéanti celles de la Bête et du faux prophète (Apoc. 19). Mais maintenant un nouvel événement a lieu : « Et ses pieds se tiendront en ce jour-là sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient ». Alors se réalisera ce que les anges annonçaient aux disciples, témoins de l’ascension du Seigneur sur la montagne des Oliviers : « Ce Jésus qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (Act. 1, 11-12). « … Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi » (Zach. 14, 5). Tout ce que ce chapitre nous révèle est comme le prélude de ce grand fait : L’Éternel, le Dieu des prophètes, viendra.

La Parole nous présente la venue du Seigneur sous plusieurs aspects. Après Sa première venue comme homme ici-bas, nous avons Sa venue du ciel, comme étoile du matin, pour recevoir les siens auprès de Lui. Ensuite Sa venue, quand Il sortira du ciel avec Ses armées pour frapper les nations avec la Bête et le faux prophète. Puis Sa venue, quand Il sera vu des siens sur la montagne des Oliviers et les délivrera de l’Assyrien. Enfin, dans notre passage, Sa venue en gloire avec tous les saints pour établir le royaume et poser les bases de Son gouvernement. Ce sera le moment où Il s’assiéra sur le trône de Sa gloire, et où toutes les nations seront assemblées devant Lui pour être récompensées ou jugées selon Sa justice rétributive (Matt. 25, 31-46). »

D’autres faits, relatifs à la période de la fin, nous sont révélés dans d’autres écritures, comme précédant immédiatement la bénédiction millénaire, établie sur une base paisible et permanente. Nous trouvons, aux chapitres 34 et 63 d’Ésaïe, le Seigneur à Son retour du jugement terrible qui aura lieu dans le pays d’Édom. Ce jugement est exécuté par Lui personnellement sur les armées des nations assemblées contre Jérusalem, et qui se trouvent en Édom, en vertu de leurs mouvements stratégiques. Édom lui-même est combattu par Israël, comme nous allons le voir. C’est le jour de la vengeance pour la controverse au sujet de Sion, le jour de la vengeance sur les ennemis du Seigneur, et l’année de Ses rachetés — le temps de la délivrance de Son peuple.

Édom, comme nation, caractérisé par l’orgueil et la haine implacable contre le peuple de Dieu, s’était réjoui des calamités qui avaient accablé Israël. Mais si Dieu juge nécessaire de châtier Son peuple, Il le fait pour son bien ; et c’est toujours une chose mauvaise que de se réjouir des maux qui atteignent le peuple de Dieu, même s’il mérite le châtiment. Il nous est dit que trois nations échappent de la main du roi du Nord : « Édom et Moab, et les principaux des fils d’Ammon » (Dan. 11, 41). Ces nations étaient limitrophes d’Israël, et en relation avec lui par des liens éloignés de parenté ; mais elles avaient fait preuve d’une méchanceté particulière envers le peuple de Dieu ; c’est pourquoi Dieu se sert de Son peuple pour exercer le jugement sur elles aux derniers jours. Aussi lisons-nous en Ésaïe 11, 14 : « Édom et Moab seront la proie de leurs mains, et les fils d’Ammon leur obéiront ». Ézéchiel dit aussi : « J’exercerai ma vengeance sur Édom par la main de mon peuple Israël ; et ils agiront en Édom selon ma colère et selon ma fureur ; et ils connaîtront ma vengeance, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz. 25, 14). De même, le prophète Abdias place devant nous la haine implacable d’Édom contre Israël, et sa joie à la vue du châtiment de Dieu sur Son peuple coupable, mais il nous montre aussi comment cette animosité a provoqué l’indignation profonde de Dieu contre Édom. De plus, fait remarquable, tandis qu’un résidu des autres nations aura part à la bénédiction d’un temps à venir, Édom n’y aura aucune part. « Édom sera une désolation ; quiconque passera près de lui, sera étonné et sifflera à cause de toutes ses plaies » (Jér. 49, 17). À cause de leur haine perpétuelle contre Son peuple, Dieu dit : « Quand toute la terre se réjouira, je te réduirai (Édom) en désolation » (Éz. 35, 14).

Ayons à cœur la morale de ce fait, car nous pouvons facilement participer à la tournure d’esprit de l’Édomite. Jérémie voyait les manquements et les péchés du peuple de Dieu, mais il pleurait sur eux. Daniel et d’autres hommes de Dieu les confessaient comme étant leurs propres péchés ; mais l’esprit de l’Édomite est la haine et l’amertume contre ceux qui, quoique ayant failli, n’en sont pas moins le peuple de Dieu, cet esprit est particulièrement l’objet de Son déplaisir.

Le retour des dix tribus

Les Écritures nous montrent clairement que la bénédiction future réservée à cette terre et introduite par Christ, comme vrai Messie d’Israël, sera précédée par une série de jugements et ne sera pas amenée, comme quelques-uns le supposent, par la prédication de l’évangile : « Quand les jugements de Dieu sont sur la terre, les habitants du monde apprendront la justice » (És. 26, 9). L’évangile de la grâce de Dieu, prêché maintenant, a un tout autre objet, c’est-à-dire d’amener des âmes à Christ et de réunir, hors du monde, un peuple pour Son nom. On a dit avec vérité que « lorsque l’Église pense à convertir le monde (au lieu de rassembler hors du monde les âmes autour de Christ dans le ciel), elle s’allie avec les puissances mondaines. On commence, il est vrai, par désirer sincèrement la conversion des âmes, puis, pour y arriver, on se joint au monde, et l’on tombe dans la faiblesse spirituelle. Si nous nous appuyons sur le monde, nous reconnaissons et affirmons sa puissance ».

Il est aussi très important de distinguer entre « le jour du Seigneur », dont il est si souvent parlé dans les prophètes, et « la venue du Seigneur » que nous attendons. Le premier est un jour de ténèbres, d’obscurité et de jugement, où Dieu revendiquera Ses droits sur le monde, jusqu’alors sous la domination de Satan, son roi et son prince ; le second de ces jours est la réalisation brillante et bénie de toutes les joies du chrétien, le couronnement de son espérance, l’encouragement et le soutien de sa foi, tandis qu’en attendant du ciel le Fils de Dieu, il traverse un monde qui L’a rejeté.

Le fait que le royaume sera précédé par le jugement, explique ce qui paraît une difficulté à quelques personnes : les psaumes appelés parfois les « psaumes d’imprécations ». Ces personnes, ne comprenant pas la différence entre les dispensations chrétienne et juive, et appliquant à l’une ce qui appartient à l’autre, sont amenées à toute sorte de confusions et d’erreurs. Nous chrétiens, nous n’attendons pas le jugement du monde ; au contraire, notre place est plutôt de souffrir, si nous y sommes appelés, tout en cherchant avec zèle la conversion des âmes pour les sortir du monde. Quand le Seigneur viendra, nous quitterons cette scène pour aller au ciel et être avec Lui. Mais, quand il est question du gouvernement du monde, il faut que Dieu agisse en justice et réprime le mal. Israël attendra donc que le Seigneur juge les ennemis de Son peuple, parce que ce dernier ne peut avoir de repos et de bénédiction sur la terre, tant que les méchants ne sont pas exterminés.

Un autre événement remarquable, lié à l’apparition du Seigneur en gloire, sera le retour des dix tribus d’Israël. La dernière mention que l’Écriture fasse d’elles, se trouve au chapitre 17, si instructif, du second livre des Rois, qui nous présente, d’une part, l’histoire de la patience et du support de Dieu, d’autre part, celle des fautes et des folies de ces dix tribus. Leurs péchés et leur idolâtrie furent cause des calamités qui les assaillirent, comme on le voit au verset 18 : « C’est pourquoi l’Éternel fut très irrité contre Israël, et les ôta de devant sa face ». Nous lisons aussi, en 1 Chroniques 5, 26 : « Le Dieu d’Israël réveilla l’esprit de Pul, roi d’Assyrie, et il les transporta… et les emmena à Khalakh, et à Khabor, et à Hara, et au fleuve de Gozan ». Remarquez que ce fut Dieu qui réveilla l’esprit de ces rois, pour déporter les tribus en Assyrie. L’Assyrie est l’un des lieux mentionnés en Zacharie 10, 10, d’où Israël sera ramené dans les derniers jours.

Sauf de rares exceptions, les dix tribus n’étaient pas représentées dans le pays au temps où Jésus fut crucifié, et pour cette raison, elles ne sont pas directement coupables de L’avoir mis à mort. Elles ne passeront pas à travers les tribulations de la dernière demi-semaine de Daniel que nous avons considérées précédemment, mais seront ramenées tout à la fin de cette période. Ézéchiel 20 nous fournit quelque lumière sur ce sujet. Là Dieu dit qu’Il les rassemblera hors des pays dans lesquels ils ont été dispersés, avec une main forte et un bras étendu, et qu’il les introduira dans le désert des peuples et entrera là en jugement avec elles, face à face ; et, dit-Il, « je séparerai d’entre vous les rebelles… et ils n’entreront point dans la terre d’Israël ». Mais Dieu séparera un résidu d’entre eux pour y entrer, et Dieu le recevra et acceptera ses offrandes. Ésaïe 49, 18-23 nous apprend que les Juifs (les deux tribus) reconnaîtront de nouveau Israël (les dix tribus) et diront : « Qui m’a enfanté ceux-ci… et ceux-ci, qui les a élevés ? ». Dieu mettra au cœur des nations, en ce jour-là, de ramener dans leur pays ces tribus perdues, afin qu’elles soient prêtes à recevoir leur Messie, du moins ceux d’entre eux qui sont fidèles (comp. Jér. 16, 15 ; Éz. 11, 16-21 ; Mich. 3, 8 ; És. 49, 21)[6]. Les incrédules et les sceptiques diront : Comment cela pourra-t-il se faire, puisque ces tribus ont disparu parmi les autres nations ? Mais nous savons que Dieu a les yeux sur elles ; la grande trompette du rassemblement retentira en son temps, et elles seront de nouveau ramenées dans leur pays.

Nous avons maintenant atteint, dans cette courte étude, la venue du Fils de l’homme en puissance et en gloire : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui » (Matt. 25, 31). L’Écriture montre que tout jugement est donné au Fils de l’homme (Jean 5, 22) ; mais il est important d’être au clair sur le fait que ceux qui paraissent devant ce trône judiciaire ne sont pas des morts, mais des nations vivant sur la terre en ce temps-là. Christ traitera ces nations selon la manière dont elles ont reçu les serviteurs envoyés par Lui, pendant la période de tribulation et de persécutions qui a précédé. Il appelle ces serviteurs : « Ceux-ci qui sont mes frères ». Ceux qui les ont reçus ont, en le faisant, reçu leur Maître, et seront introduits dans la bénédiction du royaume millénaire. Ceux qui les ont rejetés ont rejeté le Seigneur, et iront « dans le feu éternel, préparé pour le diable et ses anges ». Telle est la sentence prononcée par le Roi, assis sur Son trône.

Le jugement est, en effet, « son œuvre étrange » (És. 28, 21), car Il fait de la miséricorde Ses délices ; mais pour établir Son règne de justice et de paix, il faut que toute rébellion et toute opposition soient domptées. Quand Il paraîtra en gloire, Son apparition sera soudaine… brillante comme l’éclair, et Il rassemblera Ses élus (c’est-à-dire les élus d’Israël) des quatre vents. Ce sera un jour solennel pour le monde, mais un temps de bénédiction pour Son peuple opprimé et persécuté. Le Seigneur Lui-même en a rendu témoignage devant le souverain sacrificateur : « Dorénavant vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant sur les nuées du ciel » (Matt. 26, 64).

Donnons ici un court résumé des événements de la période qui précédera le règne millénaire. Nous avons le témoignage d’Apocalypse 1, 7 : « Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui. Oui, amen ! ». Le chapitre 19, où nous trouvons le ciel ouvert pour la dernière fois dans les Écritures, nous présente Christ venant pour le jugement guerrier avec toute la majesté et la gloire qui Lui appartiennent comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ses yeux sont une flamme de feu — une lumière qui perce et pénètre partout — Il est le vainqueur royal, couronné de plusieurs diadèmes — portant un nom que nul ne connaît que Lui seul. Vrai homme et vrai Dieu, Sa personne est inscrutable, et nul ne peut sonder le profond mystère de Son être ; mais, quand Il est révélé en jugement, Son nom s’appelle « la Parole de Dieu ». Une épée aiguë à deux tranchants sort de Sa bouche et Il foule la cuve du vin de la fureur de la colère du Dieu le Tout-puissant. Le premier coup de Son jugement tombe sur le chef de l’empire romain ressuscité (la première bête d’Apocalypse 13), et sur le faux prophète ou Antichrist (la seconde bête d’Apocalypse 13), qui est associé au premier. Ces deux conducteurs de la puissance et de la ruse sataniques, surpris dans leur acte de rébellion ouverte et de guerre contre Christ, sont jetés vivants, et sans jugement subséquent, dans l’étang de feu ; le reste, c’est-à-dire leurs adhérents et ceux qui composent leur armée, sont tués. Nous avons déjà parlé du jugement de Gog (voyez Éz. 39 ; És. 30, 31-33 ; Dan. 11, 45, etc.). Au chapitre 3 de Joël, nous trouvons le jugement de Dieu sur les nations dans la vallée de Josaphat, où « il s’assied pour les juger toutes ».

Arrêtons-nous ici un instant. Il est toujours solennel et humiliant de contempler les actes de Dieu en jugement : solennel, car qui peut résister au Tout-puissant quand Il se lève pour la vengeance ; — humiliant, si, songeant aux abîmes de méchanceté et de folie dont l’homme est capable, nous reconnaissons que, sans Sa grâce infinie, nous aussi, nous serions de même.

Le millénium

Les divers actes de jugement dont nous avons parlé prépareront l’avènement du millénium, en écrasant le mal et tout ce qui s’oppose à Dieu. Mais avant d’aborder notre sujet, considérons brièvement l’état du peuple de Dieu dans le jour où le règne de Christ sera introduit.

Nous avons déjà vu qu’un fidèle résidu d’Israël, ainsi qu’une grande compagnie de Gentils qui s’identifieront avec lui, seront mis à part et préservés par la puissance de Dieu, dans l’attente du Messie, en dépit de toutes les machinations de leurs ennemis. Les fils d’Israël, après être restés beaucoup de jours sans roi et sans prince, sans sacrifice, sans statue, sans éphod ni théraphim, retourneront enfin, « et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David (type de Christ), leur roi » (Os. 3, 4, 5). Quel témoignage remarquable nous trouvons ici de l’état actuel du peuple et de ce qui, plus tard, aura lieu pour lui ! Ils diront : « Venez, retournons à l’Éternel, car lui a déchiré, et il nous guérira ; il a frappé, et il bandera nos plaies. Dans deux jours, il nous fera vivre ; au troisième jour, il nous mettra debout, et nous vivrons devant sa face » (Os. 6, 1-2). Le « troisième jour » est le jour où Dieu intervient en puissance. Nous trouvons une figure de cette restauration future d’Israël, au chapitre 37 du prophète Ézéchiel, dans la vision de la « plaine des ossements ». Dieu apporte la vie et la bénédiction à Son peuple, jadis dévoré et dispersé. Remarquez aussi que, lorsqu’Ézéchias, après avoir été délivré de l’Assyrien, fut malade à la mort, et pria le Seigneur pour sa guérison, le prophète lui fut envoyé avec ce message : « Voici, je te guérirai ; le troisième jour tu monteras à la maison de l’Éternel » (2 Rois 30, 5). Ézéchias est ici, sans nul doute, un type d’Israël, délivré par la merveilleuse intervention de Dieu, et vivifié par une sorte de résurrection, afin de pouvoir, le troisième jour, monter à la maison de l’Éternel pour L’adorer.

Mais les témoignages prophétiques qui parlent de l’heureux jour où le peuple restauré rentrera dans son pays, sont si abondants que nous ne pourrions les mentionner en détail, sans dépasser les bornes de ce travail. Un fait très frappant est que les promesses de bénédictions futures sont souvent amenées d’une manière abrupte, immédiatement après la mention du châtiment que Dieu inflige au peuple à cause de ses péchés. Ces promesses sont souvent introduites par les mots : « Je ferai » ceci ou cela. Ces mots prouvent que la bénédiction du peuple aura lieu sur le pied de pure grâce et de souveraine miséricorde, mais ils sont aussi une évidence touchante de la promptitude de Dieu à pardonner, des délices qu’Il trouve à bénir, dès qu’Il rencontre une repentance réelle et le jugement de soi-même. En effet, l’œuvre de repentance et de contrition au sujet de leur terrible culpabilité en crucifiant leur propre Messie, cette œuvre produite en ce jour-là par l’Esprit de Dieu dans le cœur du résidu pieux d’Israël, sera très réelle et très profonde. Nous en avons la peinture frappante au chapitre 12, 10-14 de Zacharie. Il n’y est pas question d’ennemis du dehors, ou de circonstances extérieures, mais des rapports de leurs âmes avec Christ Lui-même. Quelle amère tristesse sera la leur, quand ils « regarderont vers Celui qu’ils ont percé », et réaliseront leur culpabilité plus qu’ils ne l’ont jamais fait auparavant. Chaque famille se lamentera à part, et leurs femmes à part ; telle sera leur contrition individuelle ; et par une image très forte, il est ajouté que même « le pays se lamentera ».

Le mot « millénium » signifie simplement les mille ans. En effet, le chapitre 20 de l’Apocalypse nous apprend que le règne de Christ sur la terre aura cette durée. Ce sera un règne de justice et de paix : « Un roi régnera en justice » ; « et l’œuvre de la justice sera la paix, et le travail de la justice, repos et sécurité à toujours. Et mon peuple habitera une demeure de paix et des habitations sûres, et des lieux de repos tranquilles » (És. 32, 1, 17, 18). Comme il convient à un règne de justice, partout où le mal se montrera pendant le millénium, un juste jugement le réprimera immédiatement. Les saints glorifiés seront associés à Christ dans Son règne. Le siège et le centre du gouvernement seront à Jérusalem qui « demeurera en sécurité » (Jér. 33, 16). D’année en année, ceux d’entre les nations qui seront épargnés y monteront pour adorer le Roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des Tabernacles. Le temple sera bâti sur la montagne de Sion, et non, comme autrefois, sur la montagne de Morija.

Un grand nombre de psaumes donnent les accents de louange et de triomphe qui seront chantés dans ce jour-là pour célébrer le Seigneur, dont la bonté envers Son peuple demeure à toujours. Ces cantiques auront pour centre Sion, lieu du libre choix de l’Éternel et de Sa grâce triomphante envers Israël.

Pour ne pas dépasser les limites que nous nous sommes assignées, nous ne citerons ici qu’un petit nombre de passages. Nous lisons au psaume 68 : « Une montagne de Basan est la montagne de Dieu, une montagne à plusieurs sommets, une montagne de Basan. Pourquoi, montagnes à plusieurs sommets, regardez-vous avec jalousie la montagne que Dieu a désirée pour y habiter ? Oui, l’Éternel y demeurera pour toujours » (v. 15-16). Le psaume 145 considère d’avance le jour millénaire, où Christ Lui-même conduira les louanges de Son peuple, au milieu de la congrégation d’Israël. Le chapitre 11 d’Ésaïe nous donne une magnifique description du temps où « la branche des racines d’Isaï » jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre, et où la bénédiction et la paix rempliront le pays sous son sceptre bienfaisant. Le chapitre 12 de ce même prophète contient le cantique qui sera chanté en ce jour-là, lorsque Jah, Jéhovah (l’Éternel dans Son essence absolue, et l’Éternel en relation avec Israël) sera la force et le salut de Son peuple délivré. Cette louange se termine par les mots : « Pousse des cris de joie et exulte, habitante de Sion, car grand, au milieu de toi, est le Saint d’Israël ». Tel est le cantique d’adoration que Son peuple racheté fera monter vers Lui en ce jour-là, pour célébrer les richesses surabondantes de Sa grâce. C’est alors que « ceux que l’Éternel a délivrés retourneront et viendront à Sion avec des chants de triomphe ; et une joie éternelle sera sur leur tête ; ils obtiendront l’allégresse et la joie ; le chagrin et le gémissement s’enfuiront » (És. 51, 11).

Il y aura alors un déploiement manifeste et visible de la gloire de Dieu dans les cieux, comme jadis la colonne de feu et de nuée marquait Sa présence dans le tabernacle. Aussi lisons-nous, en Ésaïe 4, 5 : « Et l’Éternel créera sur chaque demeure de la montagne de Sion, et sur ses assemblées, une nuée et une fumée, de jour ; et la splendeur d’une flamme de feu, la nuit ; car sur toute gloire il y aura une couverture ». De même aussi, en Apocalypse 21, « la sainte cité, Jérusalem, descend du ciel d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu ; et son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin ». Elle ne tire pas sa lumière du soleil, pour la répandre sur la terre ; mais « la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau est sa lampe ». Dans la sainte cité, dans la Jérusalem d’en haut, il n’y aura pas de temple ; la présence de Dieu y sera manifeste et non restreinte et enfermée comme dans un temple. En revanche, dans la Jérusalem terrestre, le temple sera rebâti, comme nous l’apprenons par la description détaillée qu’en donnent les derniers chapitres d’Ézéchiel. Bien que le Seigneur ouvre en personne le règne millénaire, Il ne régnera pas exactement sur la terre pendant cette période, mais au-dessus d’elle, en rapport avec elle. Nous apprenons, en Ézéchiel 46-48, qu’un vice-roi, dirions-nous, appelé par le prophète « le prince », Le représentera au centre du gouvernement de Dieu à Jérusalem.

Satan, dès longtemps expert à tromper les hommes, à les tenter par le péché, à les pousser à la rébellion, Satan acharné dans sa haine contre Christ, sera lié, jeté et enfermé dans le puits de l’abîme. Alors « le décret et la terre aride se réjouiront ; le lieu stérile sera dans l’allégresse, et fleurira comme la rose » (És. 35, 1). Les effets de la malédiction seront ôtés dans une grande mesure ; et il semble probable que la mort ne sera pas, sauf pour des actes positifs de désobéissance et de péché contre Dieu : « Le jeune homme mourra âgé de cent ans, et le pécheur âgé de cent ans sera maudit » (És. 65, 20).

Mais il ne faut pas supposer que le cœur de l’homme soit changé le moins du monde, même par la manifestation d’une telle gloire, sauf quand la grâce de Dieu a produit la régénération. En beaucoup de cas, sans doute, les hommes se soumettront, mais leur obéissance sera feinte. C’est pourquoi, nous voyons à la fin de cette période de bénédiction millénaire, Dieu faire encore une dernière épreuve. Mille ans de juste gouvernement et de bonté sans mélange de la part de Dieu, auront-ils changé le cœur de l’homme ? Hélas ! il n’en sera pas ainsi. À peine Satan est-il délié de sa prison pour un peu de temps, qu’il assemble les nations des quatre coins de la terre, comme le sable de la mer, autour de Jérusalem. Ce dernier acte de rébellion est puni d’un jugement sommaire : « Du feu descend du ciel de la part de Dieu et les dévore » (Apoc. 20, 7-10).

L’éternité

Le grand trône blanc

Nous entrons maintenant dans la dernière phase des événements. Elle commence par la séance du jugement appelé « le grand trône blanc ». Le tableau qui en est fait, à la fin d’Apocalypse 20, est l’un des plus solennels et des plus impressionnants de tout le livre divin, et il est bon que nous en comprenions toute la solennité.

Nous avons remarqué précédemment, que les rachetés qui avaient passé par la mort seront ressuscités, à la venue du Seigneur pour enlever les saints (Héb. 11, 13, 40 ; 1 Cor. 15, 51-57 ; 1 Thess. 4, 16). Les rachetés, mis à mort pendant la période qui précède immédiatement le millénium, seront ressuscités à leur tour pour jouir des bénédictions de ce jour-là (Apoc. 20, 4). Les uns et les autres sont compris, quoique à des moments divers, dans la « première résurrection ». Mais ceux qui ne sont pas sauvés, et qui sont appelés « le reste des morts », demeureront dans leurs tombeaux, jusqu’à ce que « les mille ans soient accomplis ». Après cela, ils seront ressuscités par la toute-puissance de Dieu, rendus par la mer, la mort et le hadès. Un « grand trône blanc », qui est un trône de jugement absolu, est érigé. Il ne nous est pas dit , car le ciel et la terre se sont enfuis de devant la face de Celui qui est assis sur le trône. C’est aussi ce que nous dit l’apôtre Pierre : « Les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement » (2 Pier. 3, 10). Cet événement est d’une effrayante solennité pour les hommes qui se vantent tant de leurs progrès, et ne possèdent rien au-delà de ce monde. Ici, nous passons du temps, mesuré pour nous par le lever et le coucher du soleil, à une éternité sans bornes et sans limites. L’horloge, marquant dans ce monde chaque heure qui s’écoule, ne sera plus alors d’aucun usage.

Qui est Celui qui est assis sur le grand trône blanc du jugement ? Si, sur cette question, bien des gens ont des pensées très confuses, l’Écriture ne laisse, à ce sujet, aucune place pour l’incertitude : c’est le Fils, le Sauveur jadis rejeté. Il l’a dit Lui-même : « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père » (Jean 5, 22). Oui, il faut que chacun honore le Fils, soit en courbant les genoux devant Lui, maintenant, comme Sauveur, pendant ce jour de grâce, ou plus tard, au jour du jugement, quand Il paraîtra comme juge.

Qui donc se tiendra devant ce trône ? Il est clair que ce ne sera pas un jugement des vivants, comme en Matthieu 25, où les brebis seront séparées des boucs ; car notre passage établit clairement que ce seront « les morts, petits et grands », qui se trouveront là. Ce seront, non les « morts en Christ », mais les morts hors de Christ, ceux qui ne sont pas sauvés, et eux seuls. Devant ce trône, tout aura lieu sur le pied d’une justice parfaite, et le jugement sera d’après leurs œuvres. Il nous faut tous avoir affaire à Dieu, soit en Christ, selon toute la valeur de Son œuvre, soit selon nos propres mérites, comme n’étant pas rachetés. Or paraître ainsi devant Lui, nous attire une condamnation certaine, car nos œuvres ne pourront soutenir la lumière pénétrante de ce jour-là. De plus, le grand trône blanc n’est pas un trône de grâce, avec l’aspersion du sang qui pourvoit aux besoins du pécheur, mais un trône de jugement sans mélange et sans miséricorde. Alors le jour de la grâce sera passé pour toujours, et le résultat pour toute âme sera définitif, selon les exigences de la justice et de la gloire de Dieu. Il ne pourra y avoir d’opposition à la sentence prononcée, car elle sera sans appel.

Les morts seront jugés d’après les choses écrites dans les livres. Cela implique, d’une manière figurée, l’idée que les œuvres seront remises en mémoire, des œuvres qui ne seront pas trouvées parfaites devant Dieu. Alors aussi, « un autre livre sera ouvert, qui est celui de la vie » ; mais remarquez que ce ne sera pas pour y écrire le nom de qui que ce soit. Pourrait-il se faire que peut-être un de leurs noms eût été écrit dans ce livre ? Non, cela ne peut être, car aucun de ceux dont les noms sont inscrits par Dieu Lui-même dans le livre de vie, n’apparaît devant le grand trône blanc. Depuis bien longtemps, les rachetés sont sortis de leurs tombeaux pour avoir part au règne millénaire de Christ ; ils n’ont rien à faire avec le grand trône blanc. La terminaison solennelle de cette scène est qu’ils seront « jetés dans l’étang de feu ». Il est vrai que les hommes n’aiment pas entendre ces paroles, et Satan fait tout son possible aujourd’hui pour leur cacher et leur faire oublier l’événement solennel qu’elles représentent ; mais n’est-il pas remarquable que nous trouvons l’expression « l’étang de feu » répétée trois fois dans cette partie de l’Apocalypse (20, 14, 15 ; 21, 8) ?

Ce passage nous présente une personnification de la mort et du hadès. L’une et l’autre sont aussi jetés dans l’étang de feu. La mort est le dernier grand ennemi qui sera détruit. Personne, pas même les plus sages, les plus grands, les plus puissants des hommes, ne s’est montré capable de s’opposer à la mort, ou de lui résister ; nul homme de science n’a jamais trouvé un remède contre elle. Elle a dominé comme une forteresse imprenable de la puissance de l’Ennemi, depuis la chute d’Adam jusqu’à la mort de Jésus Christ. Mais, par cette dernière, tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude, ont été délivrés. Comme nous l’avons remarqué précédemment, le vrai croyant pourrait ne jamais mourir, car Christ peut venir pendant le cours de sa vie ; mais pour l’homme comme tel, l’empire de la mort est universel et sa puissance irrévocable.

Mais, au point où nous sommes arrivés dans cette courte esquisse, la mort n’a plus de place, tous les hommes ayant disparu de la scène — les sauvés, pour habiter le domaine merveilleux des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, ceux qui ne le sont pas, pour être jetés dans l’étang de feu. Enfin, le hadès, le lieu invisible, séjour des âmes séparées du corps, a rendu ses derniers occupants, pour les faire paraître à la résurrection de jugement. Le hadès cesse donc d’exister, et, pensée solennelle, il ne reste plus que l’éternité — état fixe et définitif, état hors du temps, d’une durée infinie, le siècle des siècles, incompréhensible à l’esprit limité de l’homme !

Les nouveaux cieux et la nouvelle terre

Dans l’article précédent, nous avons parlé des événements solennels qui amènent à l’éternité les non-sauvés et les méchants. Considérons maintenant un sujet glorieux entre tous, le sort éternel des rachetés. « Selon sa promesse », dit l’apôtre, « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite » (2 Pier. 3, 13). On a remarqué que la justice règne pendant le millénium, mais qu’elle habite pendant l’état éternel.

Si les derniers versets du chapitre 20 de l’Apocalypse nous ont montré le résultat final du jugement pour les pécheurs, les premiers versets du chapitre 21 nous présentent l’état éternel de bénédiction pour les croyants. Nous y voyons Dieu habitant avec les hommes, dans une scène qu’Il a préparée Lui-même, comme la demeure éternelle de Ses saints. Mais avant cela, il faut que toute trace de péché et de mal soit ôtée de l’univers tout entier. Comme nous le savons, cette purification sera effectuée en vertu de l’efficace toute-puissante du sang de Jésus Christ, l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. Alors, pas une trace de ce péché qui a tout corrompu, ne souillera la belle création de Dieu. Dans cet état de félicité éternelle, tout sera en parfaite harmonie avec la nature sainte de Dieu, et Son amour, proclamé dans sa plénitude sans mélange, s’épandra sans obstacle et remplira toute la scène. Les saints n’auront plus besoin d’être toujours sur leurs gardes pour ne pas souiller leurs vêtements, mais ils fouleront les parvis de la cité céleste avec une liberté parfaite et dans un bonheur sans mélange.

Comme nous l’avons dit : selon Son dessein éternel, Dieu habitera avec les hommes. Il visitait Adam dans le jardin d’Éden, mais le péché entra dans le monde, et tout fut détruit. Aussitôt que la rédemption eut été accomplie en type, par l’agneau de la Pâque et la délivrance de la mer Rouge, Dieu parla de Son « habitation » (Ex. 15, 2, 17). Mais Il ne pouvait trouver Son repos dans une scène de péché, témoin de la puissance de Satan, dans un monde séparé et éloigné de Lui.

Ici, dans cet état éternel de perfection et d’absence de péché, il n’est plus question de mettre à l’épreuve, comme en Éden, l’homme capable de chute ; au contraire, tout repose sur cette base immuable : la valeur et l’efficace du précieux sang de Christ ; toutes choses sont maintenant réconciliées avec Dieu ; et Lui habite avec les hommes. « La sainte cité, nouvelle Jérusalem, descend du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari ». Cette nouvelle Jérusalem est elle-même le tabernacle ou l’habitation de Dieu, l’Église, qui, pendant l’éternité, conservera sa place privilégiée.

Remarquons qu’il n’est plus question ici que de Dieu et des hommes ; plus de noms simplement dispensationnels, tels que « Jéhovah » pour Israël, ou « Père » pour Son peuple actuel ; car alors, le règne millénaire de Christ étant terminé et le dernier ennemi ayant été détruit, le Seigneur aura remis Son royaume médiatorial à Dieu le Père, afin que Dieu (Père, Fils et Saint Esprit) soit tout en tous (1 Cor. 15, 24, 28). La distinction entre les nations aura disparu ; il ne sera plus question de Juifs, ni de Gentils ; il y aura uniquement des hommes. L’ordre de choses actuel sera complètement changé. Il n’y aura plus ni deuil, ni pleurs, choses coutumières de ce monde ; Dieu Lui-même « essuiera toute larme de leurs yeux ». La mort ne pourra plus entrer sur la scène : elle qui, depuis des siècles, a causé tant de déchirements et de douleurs, la mort ne sera plus ! De fait, le péché, tout ce qu’il a introduit dans le monde, tout ce qu’il traîne à sa suite, aura disparu pour toujours.

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Pour conclure ce petit travail, n’avons-nous pas sujet de louer et de bénir Dieu, en considérant la merveilleuse harmonie des Écritures dans le champ si vaste et si étendu que nous venons de parcourir ? Comme dans un grand panorama, Dieu fait passer, dans Sa Parole, tous ces événements devant les yeux de la foi ; non pas, certes, pour satisfaire notre curiosité quant aux choses à venir, mais afin que celui qui étudie la prophétie, reçoive d’importantes leçons morales pour la bénédiction de son âme. Celui qui néglige cette étude ou s’en détourne, fait certainement une perte sensible.

De fait, la prophétie commence avec la chute en Éden, lorsque Dieu annonça que la semence de la femme briserait la tête du serpent. Dès ce point de départ, la prophétie nous conduit, comme un large courant, au travers d’événements passés (rapportés dans les pages des écrits sacrés avec une exactitude parfaite, bien avant qu’ils eussent lieu, et devenus maintenant des faits historiques), de siècle en siècle, jusqu’à ce qu’elle nous ait amenés à l’éternité où tout vient aboutir. Dieu, dans Sa condescendance merveilleuse, nous a pris pour confidents, nous révélant toutes ces choses dans Sa Parole, pour le profit actuel et la bénédiction de nos âmes. À Son nom soient louange et gloire. Amen !



  1. « Les nations ont brisé et détruit la Bête pour un temps, l’ont blessée à mort. Leurs rois recevront le pouvoir pour une heure avec la Bête ; il faudra donc que cette dernière reprenne vie. Elle existait d’abord sans les rois ; ensuite, les rois ont existé sans elle ; mais à la fin, ils existeront avec elle. Les hommes font des combinaisons diverses ; mais si nous consultons l’Écriture, nous pouvons affirmer que nous n’avons plus actuellement la Bête sous cette forme. Ce que nous trouvons ici, ce sont des royaumes qui subsistent, mais qui ont donné leur pouvoir, sans cesser d’être des royaumes, à une seule tête qui les régit ensemble comme un tout… Cette Bête, avec ses royaumes subordonnés, s’élève, en rébellion ouverte, contre l’autorité de Christ, jusqu’à ce que le Seigneur vienne avec Ses armées pour les juger et les détruire tous » (J.N.D.)
  2. Il est remarquable que les termes Epiphania et Parousia, employés séparément autre part, soient réunis ici.
  3. « Le roi du Nord est toujours le roi qui règne sur le territoire occupé par Antiochus Épiphane ; mais au temps de la fin, la Russie possédera ce territoire, ou exercera sa domination sur lui, de manière à être l’Assyrien. Sans aucun doute, la Russie est Gog ». « Je crois que l’Assyrien apparaît en dernier lieu comme Gog. Ce terme est géographique, quel que soit du reste le roi du Nord » (Lettres de J.N.D.)
  4. Cette « petite corne » est tout autre que la « petite corne » du chapitre 7, qui est un monarque occidental.
  5. Nous avons fait remarquer autre part que les nouvelles de l’orient et du nord, qui effrayent l’Assyrien et le mettent en fureur, pourraient avoir trait à ce qui nous est dit en Michée 5, 5-6. (Trad.)
  6. « À la suite des événements dont nous venons de parler, une partie des dix tribus s’est mise en route pour rentrer en Palestine, du fond de l’Égypte et de l’Assyrie, à travers le désert (Soph. 3, 10 ; Zach. 10, 7-12 ; Os. 2, 14-15). Les rebelles d’entre eux sont jugés en chemin, comme jadis le peuple sorti d’Égypte, et ils ne voient pas le pays de la promesse (Éz. 20, 30-44 ; És. 11, 12-16 ; 27, 12-13). Les nations évangélisées ramènent l’autre partie du résidu dispersé d’Israël. Ces deux parties ne rentrent dans leur pays « qu’après la gloire ». Les navires de Tarsis sont les premiers à les rapatrier (És. 60, 1-9 ; 66, 20-21 ; 49, 8-12, 22) ». (H.R.)