Traité:L’Église comme elle était au commencement et son état actuel
J.N. Darby
Nous pouvons considérer l’Église sous deux points de vue. Premièrement, elle est l’ensemble des enfants de Dieu, formés en un seul corps, unis par la puissance du Saint Esprit au Christ Jésus, l’homme glorifié, monté au ciel. En second lieu, elle est la maison ou l’habitation de Dieu par l’Esprit.
Le Sauveur s’est donné Lui-même, non seulement pour sauver parfaitement ceux qui croient en Lui, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés. Christ a parfaitement accompli l’œuvre de la rédemption ; ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, Il s’est assis à la droite de Dieu. — « Car par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés ». Le Saint Esprit nous en rend témoignage en disant : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités ». L’amour de Dieu nous a donné Jésus ; la justice de Dieu est pleinement satisfaite par Son sacrifice, et Il est assis à la droite de Dieu, témoignage constant que l’œuvre de la rédemption est accomplie, que nous sommes acceptés en Lui et que nous posséderons la gloire à laquelle nous sommes appelés. Conformément à Sa promesse, Jésus nous a envoyé du ciel le Saint Esprit, le Consolateur. Ce dernier demeure en nous qui croyons en Jésus, et nous a scellés pour le jour de la rédemption, c’est-à-dire pour la glorification de nos corps. Le même Esprit est encore les arrhes de notre héritage.
Toutes ces choses pourraient être vraies, lors même qu’il n’y aurait pas une Église sur la terre. Il y a des individus sauvés, il y a des enfants de Dieu héritiers de la gloire du ciel ; mais être unis à Christ, membres de Sa chair et de Ses os, c’est une autre chose ; et c’est autre chose encore d’être l’habitation de Dieu par l’Esprit. Nous parlerons de ces derniers points.
Il est très clairement montré dans les Saintes Écritures que l’Église est le corps de Christ. Non seulement nous sommes sauvés par Christ, mais nous sommes en Christ et Christ en nous. Le vrai chrétien qui jouit de ses privilèges, sait par le moyen du Saint Esprit qu’il est en Christ et Christ en lui. « Dans ces jours-là », dit le Seigneur, « vous connaîtrez que je suis dans le Père, et vous en moi, et moi en vous ». Dans ce jour, c’est-à-dire dans le jour où vous aurez reçu l’Esprit Saint envoyé du ciel. Celui qui est uni au Seigneur est un même Esprit.
Ainsi, nous sommes en Christ et membres de Son corps. Cette doctrine est développée dans l’épître aux Éphésiens, chapitres 1 à 3. Qu’y a-t-il de plus clair que cette parole : « Il l’a donné pour être chef sur toutes choses à l’assemblée qui est son corps » ? Remarquez que ce fait merveilleux commença, ou fut trouvé existant, aussitôt après que le Christ eût été glorifié dans le ciel, bien que tout ce qui est contenu dans ces versets ne soit pas encore accompli. Dieu, dit l’apôtre, nous a ressuscités ensemble avec Lui, nous a fait asseoir en Lui dans les lieux célestes — non pas encore avec Lui, mais « en Lui ». Et au chapitre 3 : « Lequel [mystère], en d’autres générations n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l’Esprit : savoir, que les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus par l’évangile ; … afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités, dans les lieux célestes, par l’assemblée ».
Ici donc, l’Église est formée sur la terre par le Saint Esprit descendu du ciel après que Christ a été glorifié. Elle est unie à Christ, sa tête céleste, et tous les vrais croyants sont ses membres par le même Esprit. Cette précieuse vérité est exprimée par d’autres passages ; par exemple, dans l’épître aux Romains, chapitre 12 : « Car comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre ».
Il n’est pas nécessaire de citer d’autres textes ; nous appellerons seulement l’attention de nos lecteurs sur le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens. Il est clair comme le jour, que l’apôtre parle ici de l’Église sur la terre, non d’une Église future dans le ciel, et pas davantage d’églises dispersées dans le monde, mais de l’Église comme d’un tout, représentée toutefois par l’église de Corinthe. C’est pourquoi il est dit au commencement de l’épître : « À l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tous lieux invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre ». La totalité de l’Église est clairement indiquée par ces mots : « Et Dieu a placé les uns dans l’Assemblée : — d’abord des apôtres, en second lieu des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite des miracles, puis des dons de grâce de guérisons ». Il est évident que les apôtre n’étaient pas dans une église particulière et que les dons de guérisons ne pouvaient s’exercer dans le ciel. C’est bien l’Église universelle sur la terre ; cette Église est le corps de Christ et les vrais croyants en sont les membres. Elle est une par le baptême du Saint Esprit. « Car de même que le corps est un et qu’il y a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ » (v. 12). Puis après avoir dit que chacun de ces membres travaille selon sa propre fonction dans le corps, il ajoute (v. 27) : « Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier ». Souvenez-vous que ceci a lieu en suite du baptême du Saint Esprit descendu du ciel. Par conséquent, ce corps existe sur la terre et embrasse tous les chrétiens là où ils sont ; ils ont reçu le Saint Esprit, par lequel ils sont les membres de Christ et membres les uns des autres. Combien cette unité est belle ! Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; et si un membre est honoré, tous les membres s’en réjouissent avec lui.
La Parole nous enseigne que les dons sont membres de tout le corps et qu’ils appartiennent au corps tout entier. Les apôtres, les prophètes, les docteurs, sont dans l’Église, et non dans une église particulière. Il en résulte que ces dons donnés par le Saint Esprit sont exercés dans toute l’Église, là où le membre qui les possède se trouve, parce qu’il est membre du corps. Si Apollos enseigne à Éphèse, il enseigne à Corinthe, et dans chaque localité où il pourra se trouver. L’Église est donc le corps de Christ, uni à Lui qui est sa tête dans le ciel. Nous devenons membres de ce corps par le Saint Esprit habitant en nous, et tous les chrétiens sont membres les uns des autres. Cette Église, qui sera bientôt consommée dans le ciel, est formée maintenant sur la terre par le Saint Esprit envoyé du ciel, qui habite avec nous, et par lequel tous les vrais croyants sont baptisés en un seul corps. Comme membres d’un seul corps, les dons sont exercés dans l’Église entière.
Il y a encore, comme nous l’avons dit, un autre caractère de l’Église de Dieu sur la terre ; elle y est l’habitation de Dieu. Il est intéressant de remarquer qu’il n’en était pas ainsi avant le fait de la rédemption. Dieu n’habitait pas avec Adam, même lorsqu’il était encore innocent, ni avec Abraham, mais Il visitait avec condescendance le premier homme dans le paradis, puis ensuite le père des croyants ; néanmoins Il n’a jamais habité avec eux, tandis que, dès qu’Israël fut retiré d’Égypte, Dieu commença à habiter au milieu de Son peuple. Aussitôt que la construction du tabernacle est révélée et réglée, Dieu dit : « J’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je leur serai Dieu. Et ils sauront que moi, l’Éternel, je suis leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux. Je suis l’Éternel, leur Dieu » (Ex. 29, 45, 46). Après avoir délivré Son peuple, Dieu habite au milieu de lui, et la présence de Dieu est son plus grand privilège.
La présence du Saint Esprit est ce qui caractérise les vrais croyants en Christ. « Votre corps est le temple du Saint Esprit » (1 Cor. 6, 19). « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de Lui ».
Les chrétiens, collectivement, sont le temple de Dieu, et l’Esprit de Dieu habite en eux (1 Cor. 3, 16). — Sans parler du chrétien individuellement, je dirai que l’Église sur la terre est l’habitation de Dieu par l’Esprit. Quel précieux privilège ! La présence de Dieu Lui-même, source de joie, de force et de sagesse pour Son peuple ! Nous avons en même temps une très grande responsabilité quant à la manière dont nous traitons un pareil hôte. Je citerai quelques passages pour prouver cette vérité. « Ainsi donc, vous n’êtes plus étrangers, ni forains, mais vous êtes concitoyens des saints, et gens de la maison de Dieu, ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur, en qui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2, 19-22).
Nous voyons ici que, cet édifice étant déjà commencé sur la terre, l’intention de Dieu est d’avoir un temple, composé de tous ceux qui croient, après que Dieu a aboli le mur de clôture qui excluait les Gentils : et cet édifice croît, jusqu’à ce que tous les chrétiens soient réunis dans la gloire. En attendant, les croyants sur la terre forment le tabernacle de Dieu, Son habitation par l’Esprit qui demeure au milieu de l’Église.
En 1 Timothée 3, 14 et 15, l’apôtre dit : « Je t’écris ces choses, espérant me rendre bientôt auprès de toi ; mais si je tarde — afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité ». — D’après ces mots, nous voyons que les chrétiens sur la terre sont la maison du Dieu vivant, et que cette épître enseigne à Timothée comment il doit se conduire dans cette maison. Nous voyons aussi que le chrétien est responsable de maintenir la vérité dans le monde. L’Église n’a pas à enseigner, mais les apôtres enseignent, les docteurs enseignent, et le chrétien maintient la vérité en y étant fidèle. L’Église est le témoin de la vérité dans le monde. Ceux qui cherchent la vérité ne la cherchent pas chez les païens, les Juifs ou les mahométans, mais dans l’Église chrétienne. Celle-ci n’est pas une autorité pour la vérité, c’est la Parole qui est l’autorité. L’Église est le vaisseau qui contient la vérité ; et là où la vérité n’est pas, il n’y a pas d’Église. L’Église est le corps de Christ, et ce dernier en est la tête dans le ciel[2]. Telle est la maison de Dieu sur la terre. Lorsque l’Église sera complète, elle rejoindra Christ dans le ciel, revêtue de la même gloire que son Époux.
Il est nécessaire, avant de parler de l’Église telle qu’elle était au commencement, de faire remarquer une différence qui se trouve dans la Parole de Dieu, quant à la maison. Le Seigneur dit : « sur ce roc je bâtirai mon assemblée ». C’est Christ Lui-même qui bâtit Son Église ; par conséquent les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle[3]. Ici, ce n’est pas l’homme qui bâtit, mais Christ. C’est pourquoi l’apôtre Pierre, lorsqu’il parle de la maison spirituelle, ne dit rien des ouvriers : « Vous approchant comme d’une pierre vivante… vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature » (1 Pier. 2). C’est là l’œuvre de la grâce dans le cœur de l’individu, par laquelle l’homme s’approche de Christ. À l’appui de cela, il est dit en outre dans les Actes que « le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ». Cette œuvre ne pouvait faillir, étant l’œuvre de Dieu, efficace pour l’éternité, et manifestée dans le temps. Nous lisons encore dans l’épître aux Éphésiens, chapitre 2 : « édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ». Cet édifice qui s’accroît, peut être manifesté aux yeux des hommes ; mais, si l’effet de cette œuvre de grâce efficace n’est pas manifesté dans son unité extérieure devant les yeux des hommes, Dieu ne manquera pas pour cela de faire Son œuvre, en rassemblant Ses enfants pour la vie éternelle. Les âmes viennent à Christ et sont édifiées sur Lui.
Les apôtres Jean et Paul, et plus particulièrement le dernier, parlent de l’unité manifestée devant les hommes, en témoignage aux hommes de la puissance de l’Esprit. Nous lisons en Jean 17 : « Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croient en moi par leur parole ; afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi, tu m’as envoyé ». Ici, l’unité des enfants de Dieu est un témoignage envers le monde de ce que Dieu a envoyé Jésus afin que le monde croie. Ensuite de cette vérité, il est évident que le devoir des enfants de Dieu est de s’y conformer. Chacun reconnaît combien l’état contraire est une arme dans la main des ennemis de cette même vérité.
Le caractère de la maison et la doctrine de la responsabilité des hommes sont encore plus clairement enseignés dans d’autres passages de la Parole de Dieu. Paul dit : « Vous êtes… l’édifice de Dieu. Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, comme un sage architecte, j’ai posé le fondement, et un autre édifie dessus ; mais que chacun considère comment il édifie dessus ». Ici, c’est l’homme qui construit. La maison de Dieu est manifestée sur la terre. L’Église est l’édifice de Dieu, mais nous n’avons pas là l’œuvre de Dieu seulement, c’est-à-dire ceux qui viennent à Dieu attirés par l’Esprit Saint, mais l’effet de l’œuvre des hommes, qui souvent ont bâti avec du bois, du foin, du chaume, etc.
Les hommes ont confondu la maison extérieure, bâtie par les hommes, avec l’œuvre de Christ qui peut être identique avec celle des hommes, mais peut aussi s’en écarter largement. De faux docteurs attribuent tous les privilèges du corps de Christ à la grande maison, composée de toutes sortes d’iniquités et d’hommes corrompus. Cette fatale erreur ne détruit pas la responsabilité des hommes en ce qui concerne la maison de Dieu, Son habitation par le Saint Esprit ; comme aussi cette responsabilité n’est pas détruite par rapport à l’unité de l’Esprit, en un seul corps sur la terre.
Il me paraît important de signaler cette différence, parce qu’elle jette du jour sur les questions actuelles. Mais poursuivons notre sujet. Quel était l’état de l’Église au commencement à Jérusalem ? Nous voyons que la puissance du Saint Esprit y était merveilleusement manifestée. « Et tous les croyants étaient en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes, et ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon que quelqu’un pouvait en avoir besoin. Et tous les jours, ils persévéraient d’un commun accord dans le temple ; et, rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu et ayant la faveur de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ». Et au chapitre 4 : « La multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme ; et nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui ; mais toutes choses étaient communes entre eux. Et les apôtres rendaient avec une grande puissance le témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus ; et une grande grâce était sur eux tous. Car il n’y avait parmi eux aucune personne nécessiteuse ; car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, et apportaient le prix des choses vendues, et le mettaient aux pieds des apôtres ; et il était distribué à chacun, selon que l’un ou l’autre pouvait en avoir besoin » (Act. 4, 32-35). Quelle magnifique description de l’effet de la puissance de l’Esprit dans leurs cœurs, effet qui ne disparut que trop tôt et pour toujours ; mais les chrétiens doivent chercher à réaliser cet état autant qu’il leur est possible.
La méchanceté du cœur de l’homme se montra promptement : Ananias et Sapphira, puis les murmures des Grecs envers les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans les distributions journalières, manifestèrent que le péché du cœur de l’homme joint à l’œuvre du diable, agissait déjà dans le sein de l’Église. Mais, dans le même temps, le Saint Esprit était dans l’Église, y agissait et suffisait pour ôter le mal et le changer en bien ; l’Église était une, connue du monde, et l’on pouvait dire alors, que les apôtres, ayant été mis dehors, retournaient auprès des leurs. Une seule Église, remplie du Saint Esprit, rendait témoignage au salut de Dieu et à Sa présence sur la terre ; et Dieu ajoutait à cette Église ceux qui étaient sauvés. Cette Église fut dispersée par la persécution, hormis les apôtres qui demeurèrent à Jérusalem. Dieu suscite alors Paul pour être Son messager auprès des Gentils. Il commence à édifier l’Église parmi les Gentils et enseigne qu’en elle il n’y a ni Juifs, ni Gentils, mais que tous sont un et le même corps en Christ. Non seulement l’existence de l’Église parmi les Gentils est proclamée, mais de plus la doctrine de l’Église, de son unité, de l’union des Juifs et des Gentils en un corps, est mise en exécution. Elle a été l’objet du conseil de Dieu dès avant la fondation du monde, cachée en Dieu ; mystère caché dès les siècles en Dieu, afin de montrer aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’Église, la sagesse variée de Dieu : qui n’avait pas été donnée à connaître dans d’autres âges parmi les fils des hommes comme elle a été maintenant révélée à Ses saints apôtres et prophètes[4] par l’Esprit. C’est ainsi qu’il est dit aux Colossiens (chap. 1, 26) : « Le mystère qui avait été caché dès les siècles et dès les générations, mais qui a été maintenant manifesté à ses saints ».
Les chrétiens étaient tous connus, admis publiquement dans l’Église, Gentils aussi bien que Juifs. L’unité était manifestée. Tous les saints étaient membres d’un seul corps, du corps de Christ ; l’unité du corps était reconnue, elle était une vérité fondamentale du christianisme. Dans chaque localité, il y avait une manifestation de cette unité de l’Église de Dieu sur la terre ; si bien qu’une épître de Paul adressée à l’église de Dieu à Corinthe, arrivait à une seule assemblée ; et l’apôtre pouvait ajouter ensuite : « avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre » ; néanmoins, si nous parlons spécialement de ceux qui étaient à Corinthe, il dit : « Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier ». Si un chrétien, membre du corps de Christ, allait d’Éphèse à Corinthe, il était nécessairement aussi membre du corps de Christ dans cette dernière assemblée. Les chrétiens ne sont pas membres d’une assemblée, mais de Christ. L’œil, l’oreille, le pied ou quelque autre membre que ce soit qui était à Corinthe, l’était aussi à Éphèse. En un mot nous ne trouvons pas l’idée de membre d’une église, mais de membres de Christ.
Le ministère, tel qu’il est présenté dans la Parole, est aussi une preuve de la même vérité. Les dons, source du ministère, donnés par le Saint Esprit, étaient dans l’Église (1 Cor. 12, 8-12, 28). Ceux qui les possédaient étaient membres du corps. Si Apollos était docteur à Corinthe, il était aussi bien docteur à Éphèse. S’il était l’œil, l’oreille, ou tel autre membre du corps de Christ à Éphèse, il l’était encore à Corinthe. Rien n’est plus clairement exprimé que ce qui est dit sur ce sujet dans 1 Corinthiens 12 : un corps, plusieurs membres ; l’Église une, et en elle les dons que le Saint Esprit a donnés — dons qui étaient exercés dans chaque localité quel que soit celui qui les possède. Le chapitre 4 de l’épître aux Éphésiens contient la même vérité. Lorsque Christ est monté en haut, Il « a donné des dons aux hommes… et lui, a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ; en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ : jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ; afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ; mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ ; duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour ».
Cette unité et la libre activité des membres étaient réalisées au temps des apôtres. Chaque don était pleinement reconnu comme étant suffisant pour accomplir l’œuvre du Seigneur, et était librement exercé. Les apôtres travaillaient comme apôtres, et de même ceux qui avaient été dispersés à l’occasion de la première persécution, travaillaient dans l’œuvre suivant la mesure de leurs dons. C’est ainsi que les apôtres enseignaient (1 Pier. 4, 10, 11 ; 1 Cor. 14, 26, 29) ; c’est ainsi que les chrétiens enseignaient. Le diable cherchait à détruire cette unité, mais il n’y parvint pas aussi longtemps que les apôtres vécurent. Il employait le judaïsme pour atteindre ce but ; mais le Saint Esprit conserva l’unité, comme nous le lisons dans Actes 15. Le diable chercha à créer des sectes au moyen de la philosophie (1 Cor. 2), et de ces deux choses ensemble (Col. 2) ; tous ses efforts furent vains. Le Saint Esprit agissait au milieu de l’Église, ainsi que la sagesse donnée aux apôtres pour maintenir l’unité et la vérité de l’Église contre la puissance de l’ennemi. Plus on lit les Actes et les épîtres, plus on voit cette unité et cette vérité. L’union de ces deux choses ne peut avoir son effet que par l’action du Saint Esprit. La liberté individuelle n’est pas l’union ; et l’union entre les hommes ne laisse pas à l’individu sa pleine liberté. Lorsque le Saint Esprit gouverne, Il unit nécessairement les frères entre eux et agit en chacun d’eux suivant le but qu’Il s’est proposé à Lui-même en les unissant, c’est-à-dire, suivant Son propre but. C’est ainsi que le Saint Esprit rassemble tous les saints en un corps, et agit en chacun d’eux d’après Sa volonté, les conduisant dans le service du Seigneur pour la gloire de Dieu et l’édification du corps.
Telle était l’Église ! Qu’est-elle à cette heure, et où existe-t-elle ? Elle sera consommée dans le ciel, d’accord ; mais où la trouver maintenant sur la terre ? Les membres du corps de Christ sont dispersés ; plusieurs sont cachés dans le monde, d’autres sont au milieu de la corruption religieuse ; il s’en trouve soit dans une secte, soit dans une autre, et toutes sont en rivalité pour attirer ceux qui sont sauvés. Plusieurs, grâces à Dieu, cherchent l’unité ; mais qui est-ce qui l’a trouvée ? Il ne suffit pas de dire, que par le même Esprit, nous avons été baptisés en un seul corps. « Afin qu’il soient un… » dit le Seigneur, « et que le monde croie que toi tu m’as envoyé ». Nous ne sommes pas un ; l’unité du corps n’est pas manifestée. Au commencement elle était clairement manifestée, et, dans chaque ville, cette unité était évidente aux yeux du monde. Tous les chrétiens marchaient partout comme étant la seule Église. Celui qui était membre de Christ dans une localité, l’était aussi dans une autre, et celui qui avait une lettre de recommandation était reçu partout, puisqu’il n’y avait qu’une assemblée.
La cène était le signe extérieur de l’unité. « Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Cor. 10, 17). Le témoignage que l’Église rend aujourd’hui est plutôt celui-ci : que le Saint Esprit, Sa puissance et Sa grâce, ne peut surmonter les causes de divisions. La plus grande portion de ce que l’on nomme l’Église est le siège de la corruption la plus grossière et la majorité de ceux qui se vantent de sa lumière sont des incrédules. Grecs, Romains, Luthériens, Réformés, ne prennent pas la cène ensemble ; ils se condamnent les uns les autres. La lumière des enfants de Dieu qui se trouvent dans les sectes diverses, est mise sous le boisseau ; et ceux qui sont séparés de ces corps, parce qu’ils ne peuvent supporter cette corruption, sont divisés en cent parties qui ne veulent pas prendre la cène ensemble. Ni les uns, ni les autres, ne prétendent être l’Église de Dieu, mais ils disent qu’elle est devenue invisible. Quelle est donc la valeur d’une lumière invisible ? Néanmoins il n’y a ni humiliation, ni confession, en reconnaissant que la lumière est devenue invisible. L’unité, en tant que manifestation, est détruite. L’Église, qui une fois était belle, unie, céleste, a perdu son caractère ; elle est cachée parmi le monde ; les chrétiens eux-mêmes sont mondains, pleins de convoitises, avides de richesses, d’honneurs, de pouvoir, semblables aux enfants de ce siècle. Ils sont une lettre, dans laquelle nul ne peut lire un seul mot de Christ[5]. La plus grande partie de ce qui porte le nom de chrétien est infidèle ou forme la secte de l’ennemi, et les vrais chrétiens sont perdus au milieu de la multitude. Où trouverons-nous un seul pain, l’emblème du corps ? Où est la puissance de l’Esprit qui unit les chrétiens en un seul corps ? Qui peut nier que les chrétiens aient été tels ? Et ne sont-ils pas coupables de n’être plus ce qu’ils furent ? Pouvons-nous trouver bon que l’on soit dans un état tout différent de celui dans lequel l’Église était au commencement, et que la Parole réclame de nous ? Nous devrions être profondément affligées d’un état tel que celui de l’Église dans le monde, parce qu’il ne répond en rien au cœur et à l’amour de Christ. Les hommes se contentent d’avoir l’assurance de leur salut éternel.
Cherchons-nous ce que la Parole dit sur ce point ? Nous trouvons en Romains 11, d’une manière générale, ce qui concerne chaque économie ou dispensation, les voies de Dieu envers les Juifs et envers les branches d’entre les Gentils qui ont été substituées aux Juifs : « Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : la sévérité envers ceux qui sont tombés ; la bonté de Dieu envers toi, si tu persévères dans cette bonté ; puisque autrement, toi aussi tu seras coupé ». N’est-ce pas une chose bien sérieuse, que le peuple de Dieu sur la terre soit retranché ? Certainement les fidèles sont et seront gardés ; car Dieu ne manque jamais à Sa fidélité ; mais tous les systèmes que Dieu a établis sur la terre et dans lesquels Il se glorifie peuvent être jugés et retranchés. La gloire de Dieu, Sa présence visible et réelle, était à Jérusalem, Son trône était entre les chérubins. Lors de la captivité à Babylone, Sa présence abandonna Jérusalem, et Sa gloire ainsi que Sa présence ne furent plus dans le temple, au milieu du peuple. Bien que Sa longue patience envers eux ait duré jusqu’au temps où Christ fut rejeté, Dieu les a retranchés, quant à ce qui concerne l’alliance. Le résidu devint des chrétiens, mais tout le système fut terminé par le jugement. Le système chrétien aura le même issue, s’il ne persévère pas dans la bonté de Dieu ; et il n’y a pas persévéré. C’est pourquoi, bien que j’aie la ferme conviction que tout vrai chrétien sera préservé et enlevé au ciel, en ce qui concerne le témoignage de l’Église sur la terre, cette maison de Dieu par l’Esprit, il n’existera plus. Pierre avait dit : « Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu » ; et du temps de Paul, le mystère d’iniquité se mettait en train et devait continuer jusqu’à ce que l’homme de péché fut là. Déjà du temps de l’apôtre, chacun cherchait son propre intérêt et non celui de Christ. L’apôtre nous dit encore, qu’après son départ il entrerait dans l’Église des loups dévorants qui n’épargneraient pas le troupeau ; il dit que, dans les derniers jours, il surviendrait des temps fâcheux, les hommes ayant la forme de la piété mais en ayant renié la puissance ; les méchants et les imposteurs allant de mal en pis, séduisant et étant séduits ; et que finalement l’apostasie aurait lieu.
Tout cela constitue-t-il la persévérance dans la grâce de Dieu ? Cette infidélité est-elle chose inconnue dans l’histoire de l’homme ? Dieu a toujours commencé par placer Ses créatures dans une bonne position, mais la créature a invariablement abandonné la position dans laquelle Dieu l’avait mise, y étant devenue infidèle. Dieu, après un long support, ne rétablit jamais dans la position de laquelle on est déchu. Il n’appartient pas à Ses voies de restaurer une chose qui a été gâtée : mais Il la retranche, pour introduire quelque chose de tout à fait nouveau, bien meilleur que ce qui avait été auparavant. Adam est tombé, et Dieu veut que le second Adam soit le Seigneur du ciel. Dieu a donné la loi à Israël, qui fit le veau d’or avant que Moïse fut redescendu de la montagne ; et Dieu veut écrire la loi dans le cœur de Son peuple. Dieu a établi la sacrificature d’Aaron, et ses fils offrent immédiatement un feu étranger ; dès lors Aaron ne put plus entrer dans le lieu très saint dans ses vêtements de gloire et de beauté. Dieu a fait asseoir le fils de David sur le trône de l’Éternel, mais l’idolâtrie ayant été introduite par lui, le royaume est divisé et le trône du monde donné par Dieu à Nebucadnetsar, qui fait une statue d’or et jette les fidèles dans la fournaise ardente. En toute occasion l’homme est infidèle ; et Dieu, après l’avoir longtemps supporté, intervient en jugement, et au système précédent en substitue un meilleur.
Il est intéressant d’observer comment toutes les choses qui ont failli, sont rétablies d’une manière plus excellente dans le second homme. L’homme sera exalté en Christ, la loi écrite dans le cœur des Juifs, la sacrificature exercée par Jésus Christ. Il est le fils de David qui régnera sur la maison d’Israël ; Il gouvernera les nations. Il en est de même en ce qui concerne l’Église ; elle a été infidèle, elle n’a pas maintenu la gloire de Dieu qui lui avait été confiée ; à cause de cela, comme système, elle sera retranchée de la terre ; l’ordre de choses établi par Dieu prendra fin par le jugement ; les fidèles monteront au ciel dans une condition beaucoup meilleure, pour être rendus conformes à l’image du Fils de Dieu, et le royaume du Seigneur sera établi sur la terre. Toutes ces choses seront un admirable témoignage de la fidélité de Dieu, qui accomplira tous Ses conseils en dépit de l’infidélité de l’homme. Mais est-ce que cela anéantit la responsabilité de l’homme ? Comment Dieu jugerait-Il le monde, dit l’apôtre ? Nos cœurs ne sentent-ils pas que nous avons traîné la gloire de Dieu dans la poussière ? Le mal a commencé dès le temps des apôtres ; chacun y a ajouté sa part ; l’iniquité des siècles est accumulée sur nous ; bientôt la maison de Dieu sera jugée, le sang de tous les justes a été redemandé à la nation juive, et Babylone ainsi sera trouvée coupable du sang de tous les saints.
Il est vrai que nous serons enlevés au ciel ; mais avec cela ne devons-nous pas mener deuil sur la ruine de la maison de Dieu ? Oui ; sans doute : elle était une, témoignage magnifique de la gloire de son Chef par la puissance du Saint Esprit, unie, céleste, faisant par là connaître au monde l’effet de la puissance du Saint Esprit, qui mettait l’homme au-dessus de tout motif humain, faisant disparaître les distinctions et les diversités, amenait les croyants de toutes contrées et de toutes classes à être une seule famille, un seul corps, une Église ; témoignage puissant de la présence de Dieu sur la terre au milieu des hommes.
On objecte que nous ne sommes pas responsables des péchés de nos prédécesseurs. Ne sommes-nous pas responsables de l’état dans lequel nous sommes trouvés ? Les Néhémie, les Daniel, se sont-ils excusés des péchés du peuple ? N’ont-ils pas plutôt mené deuil pour le misérable état du peuple de Dieu, comme y appartenant eux-mêmes ? Si nous n’étions pas responsables, pourquoi Dieu nous mettrait-Il de côté, pourquoi jugerait-Il, et détruirait-Il tout le système ? Pourquoi dirait-Il : « Je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te repentes » ? Pourquoi juge-t-Il Thyatire, la remplaçant par le royaume ? Pourquoi dit-Il : « Je te vomirai de ma bouche » ? Je crois que les sept églises nous donnent l’histoire de l’Église, du commencement à la fin ; en tout cas nous y trouvons la responsabilité des chrétiens quant à l’état de l’Église. On dira peut-être que ce ne sont que les églises locales qui sont responsables, et non l’Église universelle. Ce qui est certain, c’est que Dieu retranchera l’Église, comme système établi sur la terre.
Afin de démontrer que la responsabilité continue du commencement à la fin, lisons dans l’épître de Jude : « Certains hommes se sont glissés parmi les fidèles, inscrits jadis à l’avance pour ce jugement ». Ils s’étaient déjà glissés parmi eux, et « Énoch aussi, le septième depuis Adam, a prophétisé de ceux-ci, en disant : Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades, pour exécuter le jugement contre tous ». Ainsi, ceux qui du temps de Jude s’étaient glissés, amenaient le jugement sur les professants profanes du christianisme. Nous avons dans cette épître les trois caractères de l’iniquité et leurs progrès. En Caïn, il n’y a que l’iniquité purement humaine ; en Balaam, l’iniquité ecclésiastique ; dans Coré, la rébellion — et ils périssent. Dans le champ, où le Seigneur avait semé la bonne semence, l’ennemi, pendant que les hommes dormaient, a semé l’ivraie. Il est très vrai que le bon grain est recueilli dans le grenier ; néanmoins la négligence des serviteurs a laissé à l’ennemi l’occasion de gâter l’œuvre du maître. Pouvons-nous être indifférents à l’état de l’Église bien-aimée du Seigneur, indifférents aux divisions que le Seigneur a interdites[6] ? Non, humilions-nous, chers frères, confessons notre faute et délaissons-la. Marchons fidèlement chacun pour sa part, et efforçons-nous de retrouver l’unité de l’Église et le témoignage de Dieu. Purifions-nous de tout mal et de toute iniquité. S’il est possible de nous rassembler au nom du Seigneur, ce sera une grande bénédiction ; mais il est essentiel que cela se fasse dans l’unité de l’Église de Dieu et dans la vraie liberté de l’Esprit.
Si la maison de Dieu est encore sur la terre et que le Saint Esprit y habite, n’est-Il pas contristé par l’état de l’Église ? Et s’Il habite en nous, nos cœurs ne sont-ils pas affligés et humiliés par le déshonneur qui est fait à Christ, et par la destruction du témoignage que le Saint Esprit descendu du ciel est venu rendre dans l’unité de l’Église de Dieu ?
Celui qui comparera l’état de l’Église, tel qu’il nous est décrit dans le Nouveau Testament, avec son état actuel, aura le cœur profondément attristé en voyant la gloire de l’Église traînée dans la poussière et l’Ennemi triomphant au milieu de la confusion du peuple de Dieu.
Résumons-nous. Christ a confié Sa gloire sur la terre à l’Église. Elle était le dépositaire de cette gloire. C’est en elle que le monde aurait dû voir cette gloire se déployer par la puissance du Saint Esprit, témoignage de la victoire de Christ sur Satan, sur la mort et sur tous les ennemis qu’Il a emmenés captifs, triomphant d’eux en la croix. L’Église a-t-elle gardé ce dépôt et maintenu la gloire de Christ sur la terre ? Si tel n’a pas été le cas, dites-moi, chrétiens, l’Église n’en est-elle pas responsable ? Le serviteur auquel le maître a confié le soin de sa maison (Matt. 24), est-il responsable ou non de l’état de la maison de son maître ? On dira peut-être que le mauvais serviteur est l’image de l’église extérieure qui est corrompue et n’est pas réellement l’Église, et que quant à soi, on n’en fait nullement partie. Je répondrai que dans la parabole, le serviteur est seul, et la question est : Ce serviteur-là est-il fidèle ou non ? Il peut être vrai que vous vous soyez séparé de l’iniquité qui remplit la maison de Dieu et vous avez bien fait ; mais votre cœur n’est-il pas humilié de l’état dans lequel se trouve cette maison ? Le Seigneur a versé des larmes sur Jérusalem et n’en aurons-nous pas pour ce qui est encore plus cher à Son cœur ? C’est ici que la gloire du Seigneur a été foulée aux pieds. Dirons-nous que nous n’en sommes pas responsables ? Ses serviteurs le sont. Quand même, guidé par la Parole, j’ai pu me mettre à part de cette iniquité qui corrompt la maison de Dieu, je dois encore comme serviteur de Christ, m’identifier à Sa gloire et aux manifestations de cette gloire envers le monde. C’est en cela que la foi se montre : non pas seulement en croyant que Dieu et Christ sont en possession de la gloire, mais en identifiant cette gloire avec Son peuple (És. 32, 11, 12 ; Nomb. 14, 13, 19 ; 2 Cor. 1, 20). En premier lieu, Dieu a confié Sa gloire à l’homme qui est responsable de demeurer dans cette position et d’y être fidèle, sans abandonner son premier état ; par la suite, Dieu établira Sa propre gloire, d’après Ses conseils. Mais, avant tout, l’homme est responsable là où Dieu l’a placé. Nous avons été placés dans l’Église de Dieu, dans Sa maison sur la terre, là où Sa gloire habite. Cette Église, où est-elle ?
- ↑ Publié dans le Messager Évangélique de 1875.
- ↑ Ceci est une preuve incontestable que le pape ne peut être la tête de l’Église, puisque Christ en est la tête ; un corps ne peut avoir deux têtes.
- ↑ On observera qu’il n’y a pas de clefs pour l’Église. On ne bâtit pas avec des clefs, les clefs sont pour le royaume.
- ↑ Il faut observer que l’apôtre parle seulement des prophètes du Nouveau Testament.
- ↑ Il n’est pas dit que nous devons être une lettre de Christ, mais : « vous êtes… la lettre de Christ ».
- ↑ Dans la première épître à Timothée, nous avons l’ordre de l’Église, de la maison de Dieu ; dans la seconde la règle à suivre quand l’Église est en désordre. Notre Dieu a pourvu à toutes les difficultés, pour que nous puissions être fidèles et exempts de toute iniquité.