Traité:La résurrection

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Vérité fondamentale de l’évangileJ.N. Darby

Plusieurs chrétiens, considérant l’espérance de l’Église en Christ, ont peut-être été amenés à voir l’importance de la doctrine de la résurrection ; mais, plus nous sondons les Écritures, plus nous voyons dans cette doctrine la vérité fondamentale de l’évangile — la vérité qui donne à la rédemption son caractère, et leur vraie puissance à toutes les autres vérités. Qui ne sait, par exemple, que le christianisme a sa racine et son fondement dans un fait solennel et de toute importance : la mort de notre précieux Sauveur ? Mais s’il avait été possible que la mort eût retenu le Sauveur sous sa puissance, cette mort, au lieu d’être le fondement de la joie et la certitude du salut, aurait été la source d’un désespoir profond que rien n’aurait pu dissiper.

C’est la résurrection qui jette ses rayons éclatants même dans les ténèbres de la tombe de Christ, tombe du seul juste, et le trophée de ce qui semblait être la victoire du prince de ce monde. C’est la résurrection qui explique la soumission momentanée de Christ à la puissance du diable et au jugement nécessaire de Dieu.

Nous voyons aussi comme cette vérité caractérise la prédication des apôtres. Nous lisons (Act. 4) que les sacrificateurs « étaient en peine de ce que ces derniers annonçaient par Jésus la résurrection d’entre les morts ». « Ce Jésus », disaient-ils, « Dieu l’a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins » ; et lorsqu’ils veulent choisir quelqu’un pour remplir le vide que le crime et la mort de Judas avait fait dans leurs rangs, Pierre, se levant au milieu d’eux, déclare que la résurrection doit être le sujet solennel de leur témoignage. « Il faut donc », dit-il, « que d’entre les hommes qui se sont rassemblés avec nous, pendant tout le temps que le Seigneur Jésus entrait et sortait au milieu de nous, en commençant depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour auquel il a été élevé au ciel d’avec nous, quelqu’un d’entre eux soit témoin avec nous de sa résurrection » (Act. 1). Enfin, sans vouloir multiplier les citations, Paul dit : « Si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés » (1 Cor. 15). Tout ce chapitre nous montre l’importance de la résurrection des croyants aussi bien que de celle de Christ Lui-même, deux vérités développées dans le Nouveau Testament et indissolublement liées. Il est aussi à remarquer, parmi toutes les subtilités de Satan, que de même qu’il opposait la prétendue justice des pharisiens à la parfaite et divine justice de Christ notre Sauveur, ainsi il avait préparé l’incrédulité des sadducéens pour combattre la doctrine fondamentale de la résurrection prêchée par les apôtres qui en étaient les témoins (Act. 5, 17).

C’est cette doctrine de la résurrection, et la gloire qui en sera la suite, qui lient ensemble le fondement et les espérances de la foi chrétienne ; et c’est aussi la même doctrine qui unit nécessairement la justification et ce qui est la puissance de la vie chrétienne — je veux dire la sanctification[2].

On dit communément que la résurrection de Christ est la preuve de la vérité de la religion chrétienne, et la démonstration que l’œuvre de Christ dans Sa mort a été accomplie. C’est, en effet, une vérité, mais elle s’adresse aux incrédules. Si nous voulons démontrer la vérité du christianisme à ceux qui ne croient pas, le fait de la résurrection est le pivot, pour ainsi dire, sur lequel tourne la preuve de cette vérité. Dieu l’a donnée dans ce but. Mais pour les chrétiens, pour ceux qui croient déjà au Sauveur, pour ceux dont l’espérance est déjà fondée sur la certitude de la Parole, et qui désirent éprouver la puissance de cette Parole dans leurs âmes régénérées, la résurrection, telle que l’Écriture la présente, contient beaucoup plus que cela.

L’état misérable de l’Église, et l’une des conséquences de son long sommeil, a été sa satisfaction de recouvrer, par la grâce de Dieu, et peut-être seulement en mesure, la vérité de la plénitude de l’œuvre de Christ ; mais les chrétiens sont trop souvent disposés à s’arrêter là, ou même à l’espérance d’y avoir part. Nous pensons peu à sonder la Parole pour découvrir les richesses qui y sont contenues, pour trouver l’excellence de la connaissance de Christ, la portion et l’héritage de toute âme régénérée.

Quelquefois cette indolence charnelle cherche à s’excuser elle-même sous prétexte de sagesse ; on voudrait, dit-on, éviter une connaissance spéculative ; d’autres fois, on la couvre d’une activité extérieure qui a peu de puissance réelle, parce qu’elle est due à l’habitude et au devoir (ou du moins elle est la connaissance de l’habitude et du devoir), et n’est pas l’expression de la vie d’une âme étreinte par l’amour de Christ qui agit puissamment en elle. Il n’en est pas de même des chrétiens vivants : ils ont faim et soif de Dieu. Et où trouveront-ils ce qui satisfera leurs désirs, sinon en Christ et dans toute la gloire qui Lui appartient, dans la bonté et la puissance qu’Il a manifestées, et qui seules peuvent remplir les âmes de ceux qui croient en Lui ?

Paul, en parlant de la doctrine en question, n’avait aucune de ces pensées, quelque sages qu’elles semblent être selon la chair. Il regardait toutes choses comme une perte, en comparaison de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus son Seigneur, pour qui il avait souffert la perte de toutes, et il les estimait comme des ordures, afin qu’il gagnât Christ et fût trouvé en Lui, ayant non sa justice qui était de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu moyennant la foi ; pour connaître Jésus Christ et la puissance de Sa résurrection d’entre les morts. Il faisait une chose : oubliant les choses qui étaient derrière lui et tendant avec effort vers celles qui étaient devant, il courait droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus (Phil. 3).

Il trouvait donc dans la résurrection, non seulement la certitude des fondements de sa foi (Rom. 1, 4) et la preuve que la satisfaction pour le péché avait été offerte (1 Cor. 15, 17), mais beaucoup plus que cela. La résurrection, pour cet apôtre, comme pour Pierre, était l’objet et la source d’une espérance vivante, la puissance de la vie au-dedans de l’âme. Il cherchait à connaître la puissance de la résurrection : il souffrait la perte de toutes choses, pourvu qu’en quelque manière que ce fût, il pût y parvenir. Si l’Église a perdu sa vie, sa puissance spirituelle, elle ne peut pas espérer les recouvrer en se cachant à elle-même ce qui agissait avec tant d’énergie dans l’âme de Paul, ce qui se présentait à l’esprit de Pierre comme l’aurore de la bénédiction. Cherchons donc, bien-aimés frères, la vérité sur ce sujet, et examinons la précieuse Parole de Dieu, afin d’être instruits sur ces puissants objets de la foi. Que l’Esprit de Dieu nous conduise dans toute la vérité, selon la promesse de notre Seigneur ! Il n’a jamais manqué de l’accomplir : attendons-nous donc à Lui !

J’ai dit que le fondement et les espérances de la foi chrétienne sont liés ensemble par cette vérité de la résurrection. 1 Corinthiens 15 montre clairement qu’elle est l’objet de l’espérance chrétienne. En ce qui nous concerne, ce même chapitre nous enseigne qu’elle en est aussi le fondement : « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine ; vous êtes encore dans vos péchés ».

Quant à la personne de Christ (vérité fondamentale de tout le christianisme), nous lisons qu’Il a été « déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts » (Rom. 1, 4). Dans la même épître, nous trouvons : « Lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (4, 25). Au chapitre 8, la gloire de Christ ressuscité nous est présentée comme l’objet de notre espérance : « Il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères » (v. 29). Qu’y a-t-il de plus beau et de plus frappant ? La manière dont ces choses sont mises en rapport les unes avec les autres est très claire. L’Église voit Christ glorifié à la droite de Dieu. Dans ce fait elle a la preuve que tout a été accompli pour elle, et qu’une justice qui peut subsister même devant le trône de Dieu, lui appartient dans la personne de Christ. Mais la gloire lui montre aussi le résultat de cette justice (voy. Phil. 2, 6-10). Elle voit dans la personne de Christ la gloire qui en est la conséquence, c’est-à-dire la gloire qui appartient à l’Église elle-même comme participant à cette justice, en vertu de son union avec Christ : « La gloire que tu m’as donnée », dit le Seigneur, « je la leur ai donnée ». Nous avons là le vrai sens de Galates 5, 5 : « Nous, par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice ». Nous n’attendons pas la justice, nous l’avons déjà en Christ, par la foi. Telle est la position spéciale de l’Église. Justifiés par la foi, mais voyant en Christ, non seulement cette justice accomplie, mais aussi la gloire qui, pour ainsi dire, en est la récompense, nous, comme justifiés, comme remplis de l’Esprit par lequel nous contemplons ainsi Christ — l’Esprit dont la présence est le sceau de cette justice — nous attendons la gloire comme étant ce qui nous appartient, comme ce qui est dû à la justice à laquelle nous participons.

L’emploi que Paul fait de la vérité de la résurrection relativement à la justification du pécheur est très remarquable. Nous verrons qu’en posant la résurrection comme fondement de la justification par la foi, la justification est inséparablement unie à la sanctification. À la fin du chapitre 3 aux Romains, l’apôtre avait parlé du sang de Christ comme de ce que Dieu avait présenté comme objet de la foi justifiante. Au chapitre 4, il continue ce sujet, et, parlant de la justification d’Abraham, il démontre que ce patriarche fut justifié par la foi ; mais l’objet de sa foi était que sa semence égalerait en nombre les étoiles du ciel. Comment une telle déclaration pouvait-elle être l’objet d’une foi justifiante ? L’apôtre répond à cela : « Il n’eut pas égard à son propre corps déjà amorti,… étant pleinement persuadé que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir. C’est pourquoi aussi cela lui a été compté à justice. Or ce n’est pas pour lui seul qu’il a été écrit que cela lui a été compté, mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur ». Ainsi la foi en la puissance de Dieu « qui fait vivre les morts », fut la foi qui justifia Abraham. Pierre donne le même caractère à la foi justifiante : « Vous qui, par lui, croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts », dit-il (1 Pier. 1, 21).

L’Église[3] voit Christ mort pour les péchés qu’elle a commis. C’est la fin de tout ce qu’elle a fait comme issue du premier Adam, de tout ce que ses membres font comme ayant en eux-mêmes, et la tirant de lui, la nature du premier Adam. L’amour merveilleux du Sauveur L’a conduit à se mettre à la place de l’Église, et à devenir son substitut en subissant les douleurs de la mort, le juste jugement du Dieu très saint, et les souffrances résultant de Sa colère — jugement dont Il sentit toute la puissance, parce qu’Il est saint Lui-même ; colère dont Il éprouva tout le poids, toute l’horreur, parce qu’Il aimait selon l’amour même de Dieu. Lui, dis-je, s’étant livré Lui-même à la mort dans ce but, rendit Son esprit, courbé sous le poids de nos péchés. Satan, le prince de ce monde, qui avait la puissance de la mort, bien que ne trouvant rien en Christ qui lui donnât un pouvoir quelconque sur Lui, se réjouit de sa victoire sur le seul Juste, sur la seule espérance du monde, et dit par la bouche de ses serviteurs : Ha ha ! Ha ha ! en même temps que la mort se glorifiait d’avoir englouti sa plus noble victime. Mais la joie de Satan fut de courte durée ; le triomphe du prince des ténèbres ne fit que mettre en évidence sa défaite. Il avait rencontré, non pas des hommes captifs sous son pouvoir dans le premier Adam, mais le Chef de notre salut. Il avait eu à soutenir le combat avec Lui, il avait eu à déployer toute sa puissance, toute sa force, contre Celui qui avait pris notre cause en main. Mais Christ s’était assujetti Lui-même à la justice de Dieu, et non à ceux qui persécutaient Celui que Dieu avait frappé. En apparence, le diable exécutait la sentence, parce qu’il avait sur nous la puissance de la mort comme jugement de Dieu, mais la sentence elle-même était la justice de Dieu contre nous. Or la justice de Dieu était satisfaite, et la puissance de Satan détruite : « Par la mort, il a détruit celui qui avait le pouvoir de la mort » (Héb. 2, 14).

Semblable au soleil lorsqu’il se lève, la résurrection a brillé sur le monde. La foi seule l’a contemplée, la foi de ceux dont les yeux étaient ouverts pour voir le résultat grand et définitif du combat, les conséquences du jugement de Dieu qui était tombé sur Christ. Or c’était la foi de ceux que Dieu avait choisis pour rendre témoignage à la complète victoire de Son Fils qui seul avait entrepris et seul pouvait entreprendre le combat ; pour en rendre témoignage à un monde entièrement aveuglé par Satan. La victoire fut remportée par Christ seul, mais l’Église, objet de cette victoire, participe à tous ses résultats. C’est abaisser beaucoup la position de l’Église que de dire simplement qu’elle est bénie de Dieu, bénie par Christ. Elle est bénie avec Christ ; elle est la compagne de Sa gloire, cohéritière de toutes les promesses. Elle a communion avec Celui qui bénit ; elle entre dans la joie de son Seigneur. Participant de la nature divine, elle sent, en communion avec Celui qui en est la source, la joie et les délices que le Dieu d’amour trouve en bénissant, parce qu’Il est l’amour même. Comment donc l’Église participe-t-elle ici-bas à la victoire de Christ et aux fruits de cette victoire ? C’est par son union avec Celui qui a été pour chacun de ses membres un Esprit vivifiant, et les a vivifiés et unis ensemble à Lui-même comme membres de Son corps.

Christ est leur vie, et, en vertu de leur union avec Lui, ils sont rendus participants de toutes les conséquences de ce qu’Il a fait, de tout ce qui est en Lui comme ressuscité, de toute la faveur dans laquelle Il est devant Dieu — c’est une vie et une union qui fait d’eux les objets de la satisfaction que Dieu prend en Lui, et qui, lorsque le temps sera venu, les fera participer à toute la gloire dont Il est l’héritier, et dans laquelle Il sera manifesté. Dieu, et par conséquent la foi aussi, envisage l’Église comme morte avec Christ : ses péchés ayant été placés sur Lui, leur souvenir devant Dieu est enseveli dans le sépulcre de Christ. En tant que Dieu juste, Il ne s’en souvient plus : agir autrement, serait ne pas estimer le sang de Christ à sa juste valeur, ce ne serait pas être juste envers Lui. « Il est fidèle et juste pour nous pardonner ».

Ce ne sont pas nos péchés qui sont devant Dieu ; c’est le sang de Christ. Il nous estime comme rachetés au prix de Son sang.

Mais les saints sont vus aussi comme ressuscités avec Christ, vivants, devant le Père, de la vie de Christ, châtiés par le Père (qui les aime parfaitement, comme Il aime le Fils Lui-même), quand ils se détournent des voies qui Lui plaisent — voies appropriées à une telle vie, à une telle union ! « Je suis le cep », dit Jésus, « et mon Père est le cultivateur ». Dieu, avec justice, nous regarde comme étant en Christ, aussi parfaits devant Lui que Christ Lui-même — nos péchés ayant pris fin à la croix. Dans Son amour, Il nous châtie comme étant en Christ, lorsque nous ne marchons pas dans Ses voies, selon la puissance de Christ ressuscité, et comme héritiers de la gloire dont Il a hérité en résurrection.

L’Écriture parle sur ce sujet dans les termes suivants : « Rendant grâces au Père, qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour » (Col. 1, 12, 13). « Étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes, ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances, et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix : ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les a produites en public, triomphant d’elles en la croix » (Col. 2, 12-15). La victoire de Satan sur le premier Adam avait rendu l’adversaire maître de ses possessions et de son héritage : « La création a été assujettie à la vanité ». La victoire du second Adam sur Satan l’a dépouillé de tout ce qu’il avait pris au premier Adam.

Dieu, dans Sa bonté et dans la sagesse de Ses conseils, n’a pas encore manifesté les résultats ; mais la victoire est complète. L’Église le sait — du moins devrait-elle le savoir. Les conséquences, pour nous, de cette victoire sont les suivantes : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire » (Col. 3, 1-4). Dans sa prière à ce sujet pour les Éphésiens, l’apôtre dit : « Les yeux de votre cœur étant éclairés, pour que vous sachiez quelle est l’espérance de son appel » — l’appel du Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, nommé le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, parce que Christ est considéré comme Chef de l’Église et comme homme — « et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; — (et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ; et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a donné pour être chef sur toutes choses à l’Assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous) ». Et quand « nous étions morts dans nos fautes », continue l’Esprit par la plume de l’apôtre, « il nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 1, 18-23 ; 2, 5, 6).

Les saints sont donc envisagés par Dieu comme ressuscités avec Christ, et, par conséquent, comme parfaitement justifiés de tous leurs péchés. Ils sont purs, selon la pureté dans laquelle Christ paraît devant Dieu, parce qu’ils sont présentés à Dieu en Lui et avec Lui. Mais comment un saint participe-t-il maintenant d’une manière effective à des bénédictions si grandes ? C’est en participant à la vie dans la puissance de laquelle Christ est ressuscité. Et c’est ainsi que, par la doctrine de la résurrection, telle que l’Écriture la présente, la justification et la sanctification sont nécessairement unies. C’est ainsi que j’ai part à la justice de Dieu, en étant vivifié de la vie dans laquelle Christ a été ressuscité d’entre les morts, et sorti du tombeau, toutes mes fautes étant pardonnées. Mais cette vie est ici-bas la vie de sainteté. Elle est la source de la sainteté en nous ; elle est la sainteté même, la vie de Dieu en nous. C’est en cela que nous avons la volonté d’appartenir à Dieu, reconnaissant la grâce qui nous a rachetés et convaincus que notre vie n’est pas de nous, mais de Lui. C’est dans la puissance de cette vie que nous cherchons les choses qui sont en haut, qui sont en Christ et qui sont à Lui ; par elle que nos affections sont attirées vers Dieu. La vraie sanctification consiste en cela, le vieil homme étant jugé comme mort, parce que Christ est mort à cause de lui. « Le corps est bien mort à cause du péché » — c’est son unique fruit — « l’Esprit est vie à cause de la justice ». Ainsi Christ, en nous donnant la vie, qui est une nature nouvelle et sainte en nous, nous rend participants de tout ce qu’Il a fait pour nous comme ressuscité d’entre les morts, et de toute Son acceptation devant le Père de gloire.

De plus, nous ne pouvons justement estimer le péché pour ce qu’il vaut, si ce n’est par la résurrection. En voici la raison : c’est la doctrine de la résurrection et le fait que nous sommes ressuscités avec Christ, qui nous enseignent que nous étions morts dans nos péchés. Autrement, ce serait peut-être une guérison, une amélioration de l’homme tel qu’il est, une mise à l’abri de la mort par l’aide de Christ, une agitation des eaux (Jean 5, 4), pour que nous nous y plongions nous-mêmes et soyons guéris. C’est de cette manière que l’homme naturel envisage la portée du péché, comme les Juifs avec Marthe et Marie, lorsqu’ils disaient : « Celui-ci, qui a ouvert les yeux de l’aveugle, n’aurait-il pas pu faire aussi que cet homme ne mourût pas ? ». Et « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort ».

Mais si nous avons été ressuscités avec Christ, c’est parce que nous étions morts dans nos péchés. La doctrine de notre entière misère, de notre chute complète, découle, et sort, pour ainsi dire, de cette vérité. La bénédiction y est proportionnée ; car la mort a passé, et tout ce qui appartient au vieil homme est mort, par la foi, avec Christ. Nous avons une autre vie, tout à fait nouvelle, dans laquelle nous vivons et disons : « Nous sommes débiteurs non pas à la chair, pour vivre selon la chair ».

Il y a une autre conséquence de la résurrection : c’est le sentiment de l’entière faveur de Dieu attachée au fait que nous sommes fils : « la faveur dans laquelle nous sommes ». Étant entrés dans le lieu saint par la croix, nous sommes dans la faveur de Dieu ; ayant reçu, non l’esprit de servitude, mais l’Esprit d’adoption, nous crions : « Abba, Père ! ». Notre participation à la résurrection fait que nous sommes nés de Dieu. Ayant été affranchis, nous sommes devant Dieu comme Ses enfants, ceux qu’Il a agréés, Ses saints. L’amour a été manifesté envers nous, en ce que même dans ce monde nous sommes en Christ, tels qu’Il est Lui-même devant Dieu, parce que nous Lui sommes unis par l’Esprit qu’Il nous a donné. Notre relation filiale avec le Père, comme purifiés du péché et revêtus de la robe de justice (relation qui répand la joie dans l’âme) découle de cette doctrine. Il nous a donné le privilège de devenir des enfants de Dieu — non des serviteurs, mais des enfants.

Voilà donc plusieurs précieux résultats de cette vérité de la résurrection et qui nous appartiennent dès ici-bas. Notre union avec Christ en est le fondement. Nous pouvons suivre ces résultats, même à l’égard de notre corps, jusque dans la gloire. La résurrection de Christ est les prémices, celle des saints la moisson. Il existe une relation intime entre la résurrection des saints et la résurrection de Christ, en vertu de l’union de l’Église avec Lui, parce que le même Esprit, qui est l’Esprit de Christ, demeure en Lui et dans tous les membres de Son corps.

Il n’en est pas ainsi quant aux méchants, bien que ce soit la puissance de Christ qui les ressuscite ; ce n’est pas à cause de leur union avec Lui, ni parce que Son Esprit habite en eux, car Il n’y habite pas, et ils ne sont pas unis à Christ. Ainsi la résurrection effective est une chose qui appartient aux saints, comme étant le plein résultat de leur union avec Christ, et elle n’est pas un préliminaire nécessaire de leur jugement. De fait, Christ a déjà été jugé pour eux et a subi la pénalité de tous leurs péchés.

La résurrection des saints est la conséquence de ce qu’ils ont subi en Christ le jugement de leurs péchés, et elle n’est pas le préliminaire de leur jugement par Christ.

Elle est la réception par Christ de l’Église qui a souffert avec Lui, afin d’être avec Lui dans la gloire de Son royaume, comme nous lisons en Jean 14 : « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ». Christ n’est point allé là pour y être seul : « S’il en était autrement, je vous l’eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi ». Voici le jugement de l’Église au retour de Christ : les saints sont manifestés devant Son tribunal, mais ils sont déjà glorifiés. Cela n’infirme pas le fait qu’il y aura des différences de gloire parmi les saints, que les uns seront à Sa droite et les autres à Sa gauche dans Son royaume[4], mais cela montre seulement que leur résurrection résulte de ce que leur jugement a été exécuté sur Christ. Ce sera la plénitude parfaite de la vie que l’Église possède déjà comme ressuscitée avec Lui, l’effet de l’union des saints avec Lui, parce que le même Esprit habite en Lui et en eux. Il est nécessaire qu’à la manifestation de Christ, les corps de ceux qui sont à Lui, jouissent aussi des privilèges du royaume, comme faisant partie de ce qu’Il a acheté, et qu’ils soient ainsi complètement et finalement délivrés de la puissance de Satan et de la mort. « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, habite en vous », dit l’apôtre aux Romains, « celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts, vivifiera vos corps mortels aussi à cause de son Esprit qui habite en vous ». Ce passage nous révèle clairement que la résurrection des saints est une conséquence de la résurrection de Christ ; et qu’en fait, la résurrection de l’Église est une conséquence de l’intérêt que Dieu prend en elle, comme Il le fait à l’égard de Christ, son Chef.

Nous allons voir que plusieurs passages montrent la place spéciale des saints dans la résurrection, et que l’Écriture parle de la résurrection de l’Église comme étant entièrement distincte de celle des méchants. Ainsi Paul, dans un passage déjà cité, dit : « Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts » (Phil. 3, 11). De même en 1 Corinthiens 15 : « Les prémices, Christ ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue ». En Luc 20, le Seigneur montre que l’existence de la relation entre Dieu et Abraham suppose nécessairement la résurrection, et pas seulement la vie de son esprit séparé du corps. Plusieurs autres passages déclarent aussi cette vérité, et affirment de plus que cette résurrection appartient exclusivement aux enfants de Dieu. Le Seigneur parle de « ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à la résurrection d’entre les morts ». Comment seraient-ils estimés dignes d’avoir part à la résurrection, si elle est une chose commune aux saints et au monde — en un mot, si les saints et le monde sont ressuscités en même temps ? Le Seigneur ajoute : « Ils ne peuvent plus mourir ; car ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection ». On voit ici comment la puissance de la résurrection est identifiée avec le privilège d’être enfants de Dieu.

Le rapport entre les deux résurrections est traité en Jean 5, 21-29. « Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut ; car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père… En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie… L’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement ». Nous voyons ici les deux grands moyens par lesquels la gloire du Fils qui s’est abaissé, est établie et maintenue. Il vivifie et Il juge. Il vivifie de même que le Père. Lui seul juge ; le Père ne juge personne.

Les saints sont vivifiés, afin d’avoir communion avec le Père et avec le Fils. Christ, en jugement, revendique et maintient Sa gloire et Son droit sur tous ceux qui L’ont méprisé ou qui se sont opposés à Sa gloire, afin que tous, même les méchants, honorent le Fils, comme ils honorent le Père.

À cette fin, nous voyons qu’il y a deux résurrections : la résurrection de vie, c’est-à-dire l’accomplissement de l’œuvre de Christ dans la vivification des saints ; la puissance de résurrection déjà appliquée à leurs âmes quand ils ont été régénérés, maintenant appliquée à leurs corps. Ensuite, la résurrection de jugement, afin que ceux qui ont fait le mal soient jugés. Je ne parle pas ici de l’intervalle ; je dis seulement qu’il y a deux résurrections différentes aussi bien quant à leur objet et à leur caractère, que quant aux personnes qui y ont part. Je ferai remarquer en passant, que l’expression sur laquelle s’appuient ceux qui objectent à l’interprétation qui suppose un intervalle entre les deux résurrections, n’a nullement la portée qu’ils y attachent. Le Seigneur dit : « L’heure vient » ; et ils voient en cela la preuve que la résurrection des justes et des injustes aura lieu en même temps ; mais ils oublient que le Seigneur emploie le même mot (v. 25) pour désigner le temps de Son ministère et au moins dix-huit cents ans d’une nouvelle période qui a commencé à Sa résurrection.

Les caractères des deux résurrections dont j’ai parlé, sont très importants, et distinguent de toute manière ces deux événements. L’une, celle des saints qui ont souffert avec Christ, est l’application à nos corps de la puissance de la vie de Christ notre Sauveur, afin d’accomplir Sa parole envers nous — la résurrection étant la rédemption des corps, et la conséquence de ce que Christ a fait pour nous quand Il nous a sauvés du jugement. L’autre résurrection est la revendication de Sa gloire en jugement et l’exercice de la justice du Dieu vivant contre tous ceux qui ont péché. En conséquence, la première résurrection est ce que nous attendons avec un ardent désir, afin d’être avec Christ ; car, lorsqu’Il sera manifesté, nous aussi, nous serons manifestés avec Lui en gloire. Ce moment après lequel la création entière soupire, est appelé en Romains 8, 19, « la révélation des fils de Dieu », « la liberté de la gloire des enfants de Dieu ».

Il y a, dans les Écritures, un passage sur ce sujet qui m’a beaucoup frappé, et qui montre d’une manière instructive la différence qu’il y a à considérer la résurrection comme un événement commun à l’Église et au monde, ou comme un privilège spécial aux saints et à l’Église, en vertu de la puissance de la vie qui est en Christ. Je parle de Jean 11. Jésus dit à Marthe : « Ton frère ressuscitera ». Marthe répond : « Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour ». Il y a dans ses paroles une foi réelle dans une vérité qu’elle avait apprise. Marthe n’était pas sadducéenne. C’est la croyance générale de l’Église : « Il ressuscitera au dernier jour ». Cela est hors de doute, mais peut se dire du plus méchant homme. Alors « Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? » — c’est-à-dire la puissance de Jésus quand Il est présent, et la puissance qu’Il manifestera quand Il reviendra. « Elle lui dit : Oui, Seigneur, moi je crois que toi, tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde ». Ceci encore est une bonne confession : ceux qui sont sauvés, le croient sans doute aussi. Mais c’est là que, de fait, la majeure partie des croyants s’arrêtent.

« Et ayant dit cela, elle s’en alla et appela secrètement Marie, sa sœur, disant : Le maître est venu, et il t’appelle ». Pourquoi Marthe agit-elle ainsi ? D’où venait cette hâte de quitter Jésus, ce précieux Consolateur, pour appeler sa sœur ? N’était-ce pas du sentiment secret qu’elle ne pouvait converser avec Jésus sur de tels sujets ? Elle croyait qu’Il était le Fils de Dieu, mais : « Je suis la résurrection et la vie », était quelque chose de trop profond pour elle. Son cœur n’était pas à l’aise dans la compagnie de Jésus parlant ainsi. Et n’avons-nous pas quelque sentiment semblable ? Les privilèges les plus doux, les plus précieux de l’Église, ne sont-ils pas souvent les choses qui éloignent les enfants de Dieu ? Ils ne sont pas à leur aise, quand Christ parle de ces choses. Il faut qu’ils aillent chercher quelque Marie. C’est un appel qui s’adresse à d’autres qu’à eux. Quelle était la différence de caractère entre ces deux femmes, toutes deux aimées du Seigneur ? « Une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Et elle avait une sœur appelée Marie, qui aussi, s’étant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole ; mais Marthe était distraite par beaucoup de service ». Le cœur de Marthe n’était pas à l’aise, à cause de son manque de communion avec Jésus, et ne pouvait entrer dans ces précieuses et encourageantes vérités que le cœur de Jésus, rempli de puissance de consolation, versait sur elle pour soulager la douleur qui la brisait. Les comprendre dépassait les pensées habituelles de Marthe, et ayant exprimé tout ce qu’elle pouvait dire en réponse à Jésus, elle va chercher sa sœur qui — sa conscience le lui disait — était plus capable de comprendre ce qui venait du cœur de Jésus — plus capable de rester en communion avec Lui et de soutenir une conversation qui lui était pénible, à elle, parce que son intelligence spirituelle n’était pas à cette hauteur. Combien souvent l’état de Marthe serait appelé sagesse ! Combien souvent les choses dont le cœur de Jésus déborde — la révélation de nos bénédictions — sont désignées comme propres à troubler l’Église, peut-être même sont regardées comme des rêveries ! Combien souvent l’Église persiste à rester dans les ténèbres, fuyant Jésus et Sa bonté, pour se cacher à elle-même son incapacité d’avoir communion avec Lui au sujet de ces choses — contente de pouvoir faire la même confession que Marthe : « Oui, Seigneur, tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde ».

« Je suis riche, je n’ai besoin de rien ». Ah ! pauvre Église, puisse l’amour de Jésus briller sur toi ! Qu’Il te donne d’avoir une telle confiance en Son amour, que tu ne te lasses jamais de tirer de Son cœur ces douces et précieuses vérités qui y sont renfermées — vérités qui attachent l’âme à Sa personne et Lui donnent la force de marcher dans le monde en séparation de cœur pour Lui — vérités qui sont la puissance de cette secrète communion avec Lui, laquelle nous rend fidèles durant Son absence, joyeux en Sa présence, notre âme calme au milieu de toute la misère d’un monde ruiné par la mort, et nous hâtant d’accourir vers Lui quand nous entendons ces douces paroles : « Le Maître est venu, et il t’appelle ». Qu’il en soit ainsi, ô Jésus, notre Seigneur ! Daigne, oui, daigne jeter tes regards sur ton Église, sur ta pauvre Église, qui t’aime et que tu aimes ! Si elle est faible, fortifie-la ; si elle s’est détournée, ô Dieu ! elle t’aime cependant. Ramène, oh ! ramène-la à toi-même ; à toi, sa félicité et sa joie, sa joie éternelle, son Sauveur et sa force. Amène-la près de toi. Où trouvera-t-elle ce qui renouvellera sa force, sinon en toi, qui es la résurrection et la vie ?

Une chose reste encore pour terminer l’esquisse que j’ai tenté de faire de cet important sujet. Je sais que, bien loin de l’avoir épuisé, je n’ai fait que l’effleurer.

Par rapport aux dispensations de Dieu, la résurrection est le sujet fondamental de la Parole de Dieu, puisque le péché et la mort sont entrés dans le monde et que le péché règne par la mort. Si le péché règne par la mort, la résurrection seule peut être la victoire sur le péché, et c’est une victoire complète et finale ; car celui qui est mort est justifié ou quitte du péché. « Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur lui » (Rom. 6, 7-9). Dans toute l’Écriture, nous trouvons cette vérité plus ou moins clairement révélée — fondement de toute espérance et de tout jugement moral (voyez Ps. 17 ; 49 ; És. 38). Même la restauration du peuple juif est décrite comme une résurrection (voyez Éz. 37 ; És. 26). Là est la source de la joie, comme nous le voyons dans le psaume 16, et en Job 19. Et c’était une vérité si positive — une notion si nécessaire aux pensées de Dieu et de Ses saints, que lorsque Dieu dit : « Je suis le Dieu d’Abraham », le Seigneur explique ces paroles comme montrant qu’Abraham devait ressusciter, car « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Matt. 22, 32).

Je disais qu’il restait une chose. On pense généralement que le chapitre 20 de l’Apocalypse est le seul passage de la Parole de Dieu qui appuie la notion d’une résurrection à part pour les saints. Nous avons déjà vu que cette pensée se rattache à toutes les grandes vérités de la Parole de Dieu.

Que les saints ressuscitent à la venue de Christ, est une chose reconnue, comme nous l’avons vu (1 Cor. 15, 23 ; Phil. 3, 20, 21 ; 1 Thess. 4, 15-17). En Apocalypse 19 et 20, nous avons les détails. Là, nous voyons que la résurrection des saints précédera de mille ans celle du reste des morts, afin que ceux qui ont souffert avec Christ règnent aussi avec Lui quand Il prendra le royaume, et apparaissent avec Lui en gloire, quand Lui, qui est leur vie, apparaîtra.

Chrétien, connais-tu la puissance de la résurrection de Christ ? Tes pensées sont-elles celles de quelqu’un qui est ressuscité avec Lui, qui s’occupe des choses d’en haut où Christ est assis à la droite de Dieu ? Ton salut est-il pour ton âme une chose accomplie, de telle sorte que, dans la parfaite confiance d’une nouvelle vie devant Dieu, tu peux, sous la conduite du bon Berger, comme brebis connue du Seigneur, entrer et sortir et trouver de la pâture dans les champs de Son bon plaisir ? Comme ressuscité avec Lui, es-tu mort au péché, mort aux plaisirs, à la grandeur, à la gloire passagère du monde qui a crucifié le Seigneur de gloire ? Les choses du monde n’exercent-elles plus d’influence sur tes pensées — sur ta vie ; ces choses qui, dans la mesure où elles concernaient l’homme, ont causé la mort de Jésus ? Ne désires-tu pas être quelque chose dans ce monde ? Ah ! si cela était, c’est que tu ne te tiens pas pour mort. Les ténèbres qui entouraient la croix sont encore sur ton cœur. Tu ne respires pas l’air frais et pur de la résurrection de Jésus, de la présence de ton Dieu. Oh ! peuple de Dieu stupide et insensible — qui ignores tes vrais trésors, ta vraie liberté ! Oui, être vivant avec Christ, c’est être mort à tout ce que la chair désire.

Mais si la vie de résurrection de Christ, la joie de la lumière de Sa présence, le divin et tendre amour dont Jésus est l’expression et l’objet, brillent sur toi ; si la beauté de la sainteté dans les lieux célestes, si l’hommage parfait et universel rendu à Dieu par des cœurs qui jamais ne se lassent, dont les adorations ne servent qu’à renouveler leur force ; si toutes les choses remplies de la gloire de Dieu, donnant occasion aux louanges dont la source ne tarit point et dont les sujets ne manquent jamais ; si ces choses te plaisent, alors mortifie tes membres qui sont sur la terre. « Vous êtes venus à la montagne de Sion ; et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ; et à des myriades d’anges, l’assemblée universelle ; et à l’assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux ; et à Dieu, juge de tous ; et aux esprits des justes consommés ; et à Jésus, médiateur d’une nouvelle alliance ; et au sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel ». Et crois-tu que les honneurs, la gloire, la grandeur, les plaisirs, les convoitises de ce monde dont Satan est le prince, puissent entrer là ? La porte est trop étroite — la porte de la mort, la mort d’un Christ crucifié et rejeté — la porte de la mort, qui, si elle est la délivrance de la culpabilité du péché, est aussi la délivrance de son joug. Par cette porte, le péché n’entre point ; là doit être laissé tout ce qui appartient à la chair. Ce sont des choses qui ne peuvent être cachées avec Christ en Dieu ; elles ont joué leur triste rôle en Le crucifiant sur la terre.

L’amitié du monde est inimitié contre Dieu. Chrétien, crois-tu cela ? C’est une nouvelle vie que celle qui entre dans ces lieux saints, où toutes choses sont nouvelles, afin d’être la joie et la jouissance d’un peuple ressuscité. Chrétien, chrétien, la mort a écrit sa sentence sur toutes choses ici-bas ; en les aimant, en t’y attachant, tu ne fais que remplir les mains de la mort. La résurrection de Christ te donne le droit de les ensevelir, et d’ensevelir avec elles la mort elle-même dans le sépulcre — oui, dans le sépulcre de Christ ; afin que, morts au péché, nous vivions à Dieu, héritiers de toutes les promesses avec Christ dans une vie nouvelle. Souviens-toi que si tu es sauvé, tu es ressuscité avec Christ.

Veuille Celui de qui procède toute grâce et tout don parfait, t’accorder de comprendre et de réaliser cette précieuse vérité !



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1891.
  2. Le croyant est sanctifié par Christ et en Christ ; et cette sanctification effective est la source de toute sainteté pratique. Le croyant est saint, et par conséquent doit être « saint dans toute sa conduite » (1 Pier. 1, 15). Ce principe, que Dieu nous a sanctifiés et que, par conséquent, nous avons à être saints dans notre esprit et dans nos voies, a toujours été le même. Dieu sépare pour Lui-même du mal qui existe, et après, donne une suite de directions pour garder dans une séparation pratique ceux qu’Il a séparés. Voyez, pour la sanctification d’Israël, Lévitique 20, 24-26. Actuellement, la sanctification est la séparation des individus d’avec le monde ; Dieu l’opère pour Lui-même en Christ, de sorte que ceux qui sont ainsi séparés « ne sont pas du monde comme Christ n’était pas du monde ». Ils sont en Lui comme ressuscités et sanctifiés dans la puissance d’une nouvelle vie, si cela est réel en eux.
  3. L’auteur voit dans l’Église les croyants seulement. Il ne s’agit pas ici de l’église professante. (Note du trad.)
  4. Voyez Matthieu 20, 20-23.