Traité:La venue et l’apparition du Seigneur

De mipe
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H. Rossier

Personne ne doute que la période actuelle de l’histoire du monde ne soit critique et solennelle au suprême degré. Des événements inouïs ont eu lieu et l’appréhension journalière d’événements nouveaux pèse lourdement sur les esprits des hommes. On entend exprimer partout la crainte que les commotions présentes n’en présagent d’autres, plus tragiques encore ; cependant un grand nombre de personnes se bercent de l’espoir qu’il se produira une accalmie et que le monde pourra jouir d’une paix, sinon définitive comme on l’espérait au début de cette guerre, du moins offrant quelque garantie de durée. Ces hommes pensent que des victoires, amenant un groupement plus favorable des nations, que des traités équitables entre elles, mettront le monde à l’abri des conflits meurtriers qui l’ébranlent aujourd’hui jusque dans ses fondements. Nous ne nions point qu’une accalmie ne soit possible, car cela dépend des voies de Dieu, dont le chrétien connaît bien le but (l’établissement final du règne glorieux de Christ sur la terre), mais dont la marche ne lui est pas révélée : « Sa voix est dans la mer », nous dit le psaume 77, 19. — Cependant même cette espérance d’une accalmie, si restreinte soit-elle, pourrait aboutir aux plus cruelles désillusions, et, en tout cas, ceux qui sont au courant de la prophétie ne peuvent douter un instant que cet intervalle ne doive être de courte durée ; mais, encore aujourd’hui, Dieu use d’une grande patience envers les hommes et ne cessera que lorsqu’il n’y aura plus d’espoir. Il peut donc Lui convenir de donner au monde un dernier répit pour se convertir, une occasion suprême d’entendre des appels auxquels il a été sourd depuis tant de siècles.

Tout lecteur intelligent de la Parole de Dieu sait qu’un événement capital séparera la période actuelle déjà si troublée, d’une tribulation future, bien plus terrible encore, qui viendra « sur la terre habitée tout entière » — il sait aussi qu’un second événement capital, dernière manifestation des jugements du Seigneur avant le millénium, inaugurera le règne glorieux de Christ.

Le premier de ces événements est la venue (parousia) du Seigneur, en grâce, pour prendre les siens auprès de Lui[1]. Il ressuscitera tous les croyants endormis depuis le début de l’histoire de l’homme et enlèvera avec eux, au même instant, sans qu’ils aient à passer par la mort, les saints vivants sur la terre pour les introduire dans la maison de Son Père. Cette rencontre avec le Seigneur aura lieu « sur les nuées en l’air ». Comme Il le fit jadis lors de la sortie hors d’Égypte des enfants d’Israël (Ex. 10, 26), Dieu ne laissera pas même le moindre vestige de Ses bien-aimés dans un monde sur lequel Ses jugements vont s’abattre.

En contraste avec les appréhensions, les illusions et les haines que la guerre actuelle entretient dans l’esprit des hommes, quelle n’est pas la joie de tous ceux qui depuis longtemps attendent le Seigneur, de voir aujourd’hui l’espérance de Sa venue prochaine, naître, comme tout de nouveau, dans le cœur des croyants. Cette espérance se ranime en diverses contrées, en France, en Suisse, en Amérique et particulièrement en Angleterre. De très nombreux écrits en font foi. C’est un souffle puissant devant lequel devraient tomber les barrières au-dedans desquelles Satan a réussi à parquer les brebis du Seigneur, les membres de Christ. Peut-être ces derniers n’ont-ils pas encore les yeux ouverts pour reconnaître ce péché et s’en humilier, mais le moment arrivera où ils verront que les sectes auxquelles les hommes donnent le nom d’églises ont été un instrument de l’Ennemi pour frapper d’impuissance et détruire le témoignage collectif des chrétiens. Que rencontre-t-on, en effet, dans les partis religieux qui divisent la chrétienté, sinon le mélange des enfants de Dieu avec le monde, la confusion entre une profession sans vie et ceux qui possèdent la vie et le Saint Esprit, le groupement des chrétiens autour de principes vrais ou faux qui ont usurpé la place de la personne bénie du Seigneur, enfin l’indifférence à ce qui a renié ou déshonoré Son nom ! Quelle joie de voir disparaître, à la venue du Sauveur, les entraves qui retiennent captifs les chers enfants de Dieu, de voir les portes s’ouvrir, comme jadis celles de la prison de Philippes, et les liens de tous être détachés en un instant (Act. 16, 26) !

Dans les heures de violence, de corruption et de mensonge que nous traversons, au milieu des ténèbres croissantes qui envahissent le monde et le cœur des hommes, l’Esprit de Dieu, pareil au vent qui souffle où il veut et dont nous entendons le son, prépare les saints à cet événement prochain : la venue du Seigneur. Le cri de commandement, la voix de l’archange et la trompette de Dieu sont près de retentir. En vue de ce moment, l’Esprit agit pour réunir les enfants de Dieu au moyen d’une commune espérance. « Il faut, pour la gloire du Fils de Dieu », disait un frère, « qu’Il trouve, quand Il viendra, non pas des chrétiens isolés et dispersés, mais un peuple qui L’attende ». C’est pourquoi aussi nous voyons tout à la fin de la Parole de Dieu, non pas seulement : « Que celui qui entend dise : Viens », mais, en premier lieu, une attente collective : « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! ».

Un chrétien de notre connaissance fit une fois un rêve singulier. Il se voyait « portier » dans la gare de sa ville natale, attendant que le train fût signalé pour ouvrir les portes des trois salles d’attente. Soudain le sifflet strident de la locomotive annonce l’arrivée du convoi. Notre homme ouvre aussitôt les portes des salles ; il veut crier : « Le train arrive », mais les mots : « Le Seigneur vient ! » sortent de sa bouche. Une foule immense se précipite sur le quai ; les classes se confondent ; un seul objet les réunit. Tous les voyageurs se tiennent là, dans un silence solennel, les yeux levés vers le ciel, au lieu de se fixer sur la voie.

Cher lecteur ; aujourd’hui le signal est donné de nouveau. Les chrétiens l’avaient-ils entendu, il y a cent ans, quand le cri de minuit : « Voici l’Époux vient, sortez à sa rencontre ! » fut poussé pour la première fois après des siècles d’ignorance au sujet de l’espérance chrétienne ? Écoutez ce dernier appel ! Abandonnez vos intérêts mesquins, vos barrières vermoulues ; jugez même ce que les hommes appellent « leur religion », religion qui est, hélas ! en voie d’aboutir à l’affreuse apostasie finale. Le dernier livre de la Bible se termine par ces mots : « Oui, je viens bientôt ». Votre cœur répond-il : « Amen ! viens, Seigneur Jésus » (Apoc. 22, 20) ?

Nous avons dit plus haut qu’un second événement capital viendra clore pour un temps le jour du Seigneur ou l’ère des jugements prophétiques en inaugurant le règne glorieux et la domination universelle du Christ. Cet événement est l’apparition ou la révélation du Seigneur avec Ses saints, second acte de Sa venue, car le premier acte les aura ravis à la rencontre du Seigneur dans les nuées, en l’air, pour les introduire dans la maison de Son Père. C’est comme Fils de Dieu qu’Il vient les prendre auprès de Lui. Lors de Son apparition, appelée aussi « la venue du Fils de l’homme » (Matt. 24, 44), Il ramènera avec Lui tous les saints célestes pour rétablir Son royaume par l’exercice du jugement. Son apparition est un des sujets constants des prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament ; Sa venue est un mystère qui n’est révélé que dans le Nouveau (1 Cor. 15, 51-55) ; mais ce mystère est si intimement lié à l’apparition du Seigneur que ce dernier événement est présenté en 2 Thessaloniciens 2, 8 comme « l’apparition de sa venue », c’est-à-dire comme en étant le second acte. Néanmoins un intervalle, rempli d’innombrables péripéties, sépare ces deux actes l’un de l’autre et comprend tous les événements et jugements prophétiques qui précèdent l’établissement du royaume millénaire de Christ.

Il est très important de remarquer que le terme : le jour du Seigneur, jour de jugement, a toujours à faire avec Sa révélation ou Son apparition, et jamais avec Sa venue. La venue du Seigneur, couronnement du jour de la grâce, nous introduira dans la gloire céleste ; Son apparition, avènement du règne millénaire de justice et de paix, introduira le peuple d’Israël et les nations dans la gloire terrestre. Ce règne, auquel les saints célestes seront associés, ne pourra être établi que par l’exécution de la justice rétributive confiée au Fils de l’homme. Tous les rachetés auront part à Sa venue sans que leur conduite, bonne ou mauvaise, soit mise en question, car la grâce seule y sera en jeu ; toutefois l’espérance de Sa venue est le ressort constant d’une marche de vraie sainteté et d’amour chez les chrétiens fidèles (voyez 1 Thess. 2, 19 ; 3, 12, 13 ; 5, 23). Une fois introduits dans la gloire, les saints ressuscités ou transmués comparaîtront, au jour de Christ, devant Son tribunal, non pour y subir un jugement personnel, puisque la venue du Seigneur les aura rendus semblables à Lui dans la gloire, mais pour y recevoir des couronnes en récompense de leur fidélité, ou pour en être privés à jamais si leur vie ici-bas n’a pas répondu à la justice pratique et à la sainteté que le Seigneur attend des siens.

On ne peut assez insister sur le fait que l’apparition du Seigneur, tout en étant absolument différente de Sa venue, s’y rattache d’une manière intime et ne peut en être dissociée. Il est à craindre que le réveil actuel, si digne d’être accueilli avec une grande joie par tous ceux dont la venue du Seigneur est l’espérance depuis longtemps, ne soit affaibli, si ces deux côtés de la vérité ne sont pas fermement maintenus et distingués. Déjà plusieurs écrits, publiés à ce sujet, font naître cette appréhension. On pourrait n’être au clair ni sur la portée, ni sur la suite des événements prophétiques qui, dans l’avenir, bouleverseront le monde — et les prophéties contiennent, en effet, plus d’un point obscur, révélé aux seuls croyants qui d’un cœur soumis s’attendent à l’Esprit de Dieu pour être instruits — mais ces événements ne font pas partie de notre espérance. L’espérance chrétienne est la venue du Seigneur en grâce, jointe à Son apparition en gloire, bien qu’elles soient séparées l’une de l’autre par tous les jugements prémillénaires (1 Thess. 1, 3, 10 ; Col. 1, 27 ; 3, 4 ; 1 Jean 3, 2, 3) ; et, dans l’un et l’autre cas, tous les saints y participent. Mais, disons-nous, l’on ne peut assez insister sur le fait qu’à l’apparition du Seigneur, la fidélité que nous Lui avons montrée dans notre vie et notre témoignage ici-bas, sera pleinement manifestée par les couronnes que nous aurons reçues devant le tribunal de Christ.

L’apparition du Seigneur elle-même a plusieurs caractères :

Elle est d’abord la révélation (il n’est jamais parlé, au sujet de la venue du Seigneur, ni de Sa révélation, ni de Sa manifestation) de Sa justice en jugement, car, comme Sa grâce sera glorifiée à Sa venue, il faudra que Sa justice le soit à Son apparition. Dieu ne peut pas plus abandonner Sa justice que Son amour. Le jugement que le Seigneur exécutera, quand le ciel s’ouvrira pour Son apparition avec Ses armées, sera le jugement des vivants et non pas le jugement des morts.

L’apparition du Seigneur est en second lieu l’inauguration (par le jugement) de Son règne de paix et de justice sur la terre ; elle est aussi la délivrance des saints terrestres, Juifs ou Gentils, qui auront part au royaume du Christ après avoir traversé la grande tribulation.

Comme troisième caractère de Son apparition, le Seigneur montrera que la simple foi en Lui a donné à Ses rachetés le droit de partager la gloire publique de Son règne. Il sera « admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1, 10). Même au cas où leur infidélité les aurait privés de récompense, il sera publiquement manifesté que la grâce de Dieu a finalement triomphé de toutes leurs misères, et de toutes les chutes qui ont nécessité Ses châtiments et Sa discipline pendant leur carrière terrestre, pour les associer avec Lui dans Son royaume.

C’est enfin à Son apparition qu’Il « sera glorifié dans ses saints » et nous devons insister sur ce point : Le monde verra que ceux qu’il avait méprisés, calomniés, persécutés, avaient été fidèles, avaient trouvé leur joie à suivre Jésus, à souffrir avec Lui et pour Lui, s’étaient appliqués à vivre saintement, justement et pieusement en attendant la bienheureuse espérance de Sa venue en grâce et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ (Tite 2, 12-13). C’était ce qui faisait dire à l’apôtre Paul : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi ; désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur, juste juge, me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui aiment son apparition » (2 Tim. 4, 7-8).

L’apôtre avait accompli toutes ces choses (et d’autres chrétiens, dès lors, ont suivi le même chemin), en vue de glorifier le Seigneur à Son apparition, et pour qu’Il ait alors un cortège digne de Lui, dans la personne de Ses bien-aimés, auxquels Il aura donné des couronnes comme marque publique de leur fidélité et de Son approbation. Aussi l’apôtre désirait-il que le nom de notre Seigneur Jésus Christ fût glorifié ici-bas dans ses chers Thessaloniciens, afin que Christ Lui-même pût se glorifier en eux à Son apparition (2 Thess. 1, 10-12). C’est en vue de Son apparition que le Seigneur mettra sur leurs têtes des couronnes de justice, de vie, ou de gloire, récompenses de leur dévouement à leur Maître, mais qui serviront de parure à Son cortège royal quand Il entrera dans Son règne. Ils seront comme « les hommes forts de David » qui entouraient son trône au jour de sa puissance. Leur but n’avait pas été d’acquérir des récompenses, mais de glorifier leur Seigneur en le servant ; Lui, manifestera aux yeux de tous les récompenses octroyées devant Son tribunal, afin de proclamer le prix que leur service a eu pour Lui. C’est alors que le Seigneur dira à Ses esclaves : « Tu as été fidèle en peu de chose : je t’établirai sur beaucoup : Entre dans la joie de ton Seigneur » (Matt. 25, 21, 23).

Telle est, pour les chrétiens, l’immense importance pratique de l’apparition de Christ. En affaiblir la portée serait faire bon marché de notre responsabilité et oublier qu’il faut que Christ soit glorifié dans Ses saints pour Sa propre gloire et Sa propre joie. Quelques autres citations suffiront à prouver la liaison entre notre responsabilité et Son apparition :

1 Timothée 6, 14 : « Garde ce commandement sans tache et irrépréhensible jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus Christ ».

2 Timothée 4, 1 : « Je t’en adjure devant Dieu et le Christ Jésus qui va juger vivants et morts, et [je t’en adjure] par son apparition et par son règne, prêche la Parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte… ». Ici toute l’activité du serviteur de Christ a lieu en vue de Son apparition et de Son règne.

1 Pierre 4, 13 : « En tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport ». L’épreuve traversée pour Christ ici-bas aura sa pleine récompense, à la révélation de Sa gloire.

1 Corinthiens 3, 13 : « L’ouvrage de chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu’il est révélé en feu » (cf. 2 Thess. 1, 7). Le jour de la manifestation du Seigneur, qui est le jour de Son apparition en jugement, sera celui de la manifestation de notre œuvre.

Il en est de même du jour de Christ, qui commence par la manifestation des saints devant le tribunal de Christ et se termine par leur manifestation publique. Ainsi :

Philippiens 1, 10 : « Je demande… que vous discerniez les choses excellentes, afin que vous soyez purs et que vous ne bronchiez pas jusqu’au jour de Christ ». S’agit-il de marche et de responsabilité, c’est toujours à ce jour-là qu’elles doivent aboutir.

De même, Philippiens 2, 16, ils devaient être « sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables pour la gloire de l’apôtre au jour de Christ ». C’est dans ce jour-là que l’apôtre recevra la récompense de son propre travail parmi les Philippiens.

Les chrétiens qui, autrefois, ignoraient ou combattaient la venue du Seigneur, c’est-à-dire l’espérance chrétienne proprement dite, considéraient Son apparition comme le jugement final par lequel devaient passer les justes et les méchants, les justes, avec l’espoir d’échapper à ce jugement, les méchants, pour être jetés en enfer. Ils confondaient à la fois la venue du Seigneur, Son apparition, le tribunal de Christ, la fin du monde et le grand trône blanc. De plus, ils ne connaissaient pas la distinction si importante entre le jugement des vivants et le jugement des morts. Grâce à Dieu, la plupart de Ses enfants sont revenus aujourd’hui d’une partie de ces erreurs. L’apparition du Seigneur n’a rien à faire avec le jugement des morts, et encore moins avec le jugement des croyants, puisqu’il est dit de ceux-ci qu’ils ne viendront point en jugement, mais sont passés de la mort à la vie (Jean 5, 24). Cette apparition a lieu pour le jugement des vivants, exécuté sur les nations rassemblées par Satan contre Christ (Apoc. 19, 11-21). Il n’est jamais dit qu’à Sa venue le Seigneur apparaîtra. Comment le monde pourra-t-il voir ce qui se passera en un clin d’œil ? Quand Il viendra, Ses saints seront ravis dans les nuées à Sa rencontre en l’air ; quand Il apparaîtra Il viendra Lui-même avec les nuées et tout œil Le verra (Apoc. 1, 7). À Sa venue ses saints seuls Le verront tel qu’Il est et Lui seront rendus semblables.

La conclusion de ce que nous venons de dire, c’est que la responsabilité des saints n’est pas mise en question à la venue du Seigneur et qu’elle ne sera réglée qu’après leur introduction dans la gloire, devant le tribunal de Christ. Ensuite, lors de l’apparition ou de la révélation du Seigneur avec Ses saints, les fruits de la sainteté quant à leur marche, de leur fidélité dans le service, de leur énergie dans la lutte, de leur persévérance dans la poursuite du but, de leurs souffrances pour le nom de Christ, seront pleinement et publiquement manifestés. S’ils n’ont pas pratiqué ces choses dans leur vie ici-bas, ils en éprouveront une perte, et pourra-t-il leur être indifférent d’être obligés de confesser : J’ai déshonoré ton nom ; j’ai perdu ma couronne, et tu l’as donnée à d’autres ? Pour que nous puissions « aimer son apparition », il faut que nous ayons à cœur de glorifier le Seigneur dans notre conduite ; autrement, jamais nous ne pourrons envisager avec joie le moment où nous serons manifestés publiquement et aux yeux de tous dans une lumière parfaite, après avoir déjà été manifestés à Dieu et à tous les saints glorifiés devant le tribunal de Christ. C’était en vue de ce tribunal que l’apôtre voulait être déjà manifesté à Dieu ici-bas (2 Cor. 5, 11) : son cœur sans fraude, sondé et connu de Dieu Lui-même, ne cherchait pas à Lui rien cacher pendant sa vie dans ce monde.

La venue du Seigneur est le moment où Il recueillera tous les fruits de Sa grâce ; Son apparition, le moment où ces fruits seront manifestés avec éclat, quand Il associera les siens à la gloire de Son règne, et témoignera publiquement Sa pleine approbation à ceux que le monde avait méprisés et fait souffrir parce qu’ils portaient le nom du crucifié.

Quelque précieux que soit le réveil produit actuellement par l’Esprit de Dieu dans le monde, il est utile d’en signaler les lacunes à nos frères en Christ. L’Ennemi est toujours prompt à se servir de notre ignorance ou de notre indépendance de la Parole, pour ruiner l’œuvre de Dieu. Plusieurs des écrits qui tombent sous nos yeux confondent en beaucoup de points la venue et l’apparition du Seigneur. D’autres placent même les personnages et les événements prophétiques avant Sa venue. Cette confusion risque d’amoindrir d’une part la responsabilité du chrétien et pourrait nuire de l’autre à la libre et pleine joie de son espérance.

Aujourd’hui le Seigneur agit manifestement pour rassembler les siens. Soyons de ceux qui L’attendent journellement et que l’espérance de Sa venue délivre de tout lien incompatible avec elle. Soyons aussi de ceux qui aiment Son apparition et vivent non seulement dans l’attente de la « bienheureuse espérance », mais en vue de « l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ ».

Puissent tous les chers enfants de Dieu qui s’intéressent au réveil actuel insister puissamment sur ces deux côtés de la vérité.

Entre la venue du Seigneur et Son apparition s’intercalent presque[2] tous les événements prophétiques : Satan précipité sur la terre dès que l’Église est montée dans le ciel, l’empire romain ressuscité avec ses dix rois et son chef impérial à Rome, le peuple juif incrédule rentré en Palestine pour y tomber bientôt sous le joug de l’Antichrist, le faux prophète, l’homme de péché, qui ne sera révélé qu’alors, la grande tribulation s’étendant au monde entier, la détresse spéciale du résidu d’Israël, la domination et la chute de la grande Babylone, etc. Mais, pour nous, chrétiens, la venue du Seigneur est d’un intérêt souverain et n’appartient en aucune manière aux événements prophétiques puisqu’elle est le couronnement de l’ère de la grâce. Elle dépasse en importance tout autre événement ; car c’est alors que nous Le verrons, Lui, notre Sauveur bien-aimé, comme l’étoile brillante du matin, dans la splendeur de Sa beauté céleste et que nous Lui serons semblables. Ceux qui dorment la nuit et s’enivrent la nuit ne verront pas cette étoile. Énoch, après son enlèvement, fut cherché sans doute, mais ne fut pas plus trouvé qu’Élie enlevé au ciel sur les chariots d’Israël et que l’Église enlevée dans les nuées. Quand le Seigneur se lèvera comme le soleil de justice, au jour de Son apparition, quelle joie pour Ses saints de Le contempler dans Sa magnificence et d’être associés avec Lui, comme Ses compagnons dans la gloire et comme Son Épouse bien-aimée sur le trône de Son royaume !

Donne, ô Seigneur, à tous tes bien-aimés, de garder jusqu’au bout la « parole de ta patience ». N’attends-tu pas patiemment toi-même de nous avoir avec toi ? Tes désirs se portent vers ton Épouse et vers le moment où l’ayant réunie à toi pour toujours, tu te la présenteras glorieuse ! Mais, au cas où les tiens n’aient pas jusqu’ici gardé et cultivé cette espérance, que leurs oreilles et leurs cœurs s’ouvrent aujourd’hui à ces paroles que tu leur adresses peut-être pour la dernière fois : « Oui, je viens bientôt ! ». Donne aussi à tous tes rachetés la force et le courage de tenir ferme ce qu’ils ont, ta Parole et ton nom, jusqu’à ta venue, et de marcher dans la sainteté en vue de ton apparition, afin qu’ils ne soient pas privés de leur couronne, au jour où tu seras révélé !



  1. Nous saisissons cette occasion pour établir une fois pour toutes, afin qu’il n’y ait pas occasion d’y revenir, la signification de certains termes, employés dans les Écritures au sujet de la venue du Seigneur et des événements qui l’accompagnent, termes dont la valeur, ignorée d’un grand nombre de chrétiens, les entraîne à beaucoup de confusions. Nous recommandons aux lecteurs le contrôle scrupuleux de nos passages pour les mettre à l’abri de beaucoup d’erreurs propagées par les écrits du jour. Dans ce but, il est indispensable de consulter la version Pau-Vevey qui donne seule une garantie d’exactitude scrupuleuse.
    1° La venue (parousia) du Seigneur. Ce mot : venue, a été contesté très à tort. Il signifie d’habitude à la fois le fait qu’une personne, absente jusqu’ici, est présente, et l’acte par lequel cette présence a lieu. La venue du Seigneur ne doit pas être confondue avec la venue (même terme grec) du Fils de l’homme (Matt. 24, 3, 30, 37, 39). La première est en grâce, la seconde en jugement. Lorsque le Seigneur vient enlever Son Église et ressusciter les saints endormis, c’est comme Fils de Dieu (Jean 5, 21, 23) ; lorsqu’Il vient exercer le jugement, c’est comme Fils de l’homme (Jean 5, 27). Sa venue en jugement aura lieu à Son apparition (Matt. 24, 30). Les mots : « la puissance et la venue (même terme grec) du Seigneur » (2 Pier. 1, 16), sont Sa présence en gloire dans Son royaume, scène dont les disciples avaient eu l’avant-goût et comme le tableau sur la sainte montagne (Marc 9, 1 ; 2 Pier. 1, 16-18). Ces deux termes : la venue du Fils de l’homme, et la venue du Seigneur en puissance, n’ont rien à faire avec la venue du Seigneur pour ressusciter, transmuer et enlever les saints.
    Voyez pour la venue du Seigneur : 1 Cor. 15, 23 ; 1 Thess. 2, 19 ; 3, 13 ; 4, 15 ; 5, 23 ; 2 Thess. 2, 1 (8) ; Jacq. 5, 7-8 ; 2 Pier. 3, 4 ; pour la venue d’hommes, expliquant que le sens de ce mot n’est pas simplement la présence : 1 Cor. 16, 17 ; 2 Cor. 7, 6, 7 ; Phil. 2, 12.
    La révélation (apocalupsis) du Seigneur est la manifestation, soit devant l’âme, soit devant les yeux, du Seigneur, comme un objet qui avait été caché jusqu’alors. Cette révélation sera la joie de ceux qui ont cru et tournera à la confusion de ceux qui n’ont pas voulu Le reconnaître par la foi au temps où Il était caché, c’est pourquoi le terme n’est pas seulement appliqué à la révélation de la gloire du Seigneur, mais aussi à la révélation du jugement qu’Il exécutera.
    Voyez pour la révélation en gloire : Rom. 8, 19 ; 1 Cor. 1, 7 ; 1 Pier. 1, 7, 13 ; 4, 13 ; 5, 1. Pour la révélation en jugement : Luc 17, 30 ; Rom. 2, 5 ; 1 Cor. 3, 13 ; 2 Thess. 1, 7 ; 2, 3, 6, 8 ; Apoc. 1, 1. — Pour la révélation à l’âme : 1 Cor. 14, 6, 26 ; 2 Cor. 12, 1, 7 ; Gal. 1, 12 ; 2, 2 ; Éph. 1, 17 ; 3, 3.
    L’apparition (epiphaneia) du Seigneur est le fait que Sa personne, invisible jusque-là, est enfin vue ou rendue visible. Telle fut la première apparition de Christ, venant en grâce comme homme dans ce monde ; telle sera Sa seconde apparition en jugement et en gloire, quand « tout œil le verra » et qu’Il continuera dès lors à être vu.
    C’est lors de l’apparition de Christ que les fruits de la conduite des chrétiens sont manifestés aux yeux de tous et que le règne du Seigneur est inauguré.
    Voyez pour la première apparition de Christ : Tite 2, 11 ; 3, 4 ; Luc 1, 79.
    Pour la seconde apparition : 1 Tim. 6, 14 ; 2 Tim. 1, 10 ; 4, 1, 8 ; Tite 2, 13 ; 2 Thess. 2, 8 ; — pour le sens du mot : Actes 27, 20.
    La manifestation (phanerôsis, phaneroô) de Christ est la mise en lumière, en évidence, de Celui qui est actuellement caché en Dieu, mais dont l’existence est déjà connue. Il en sera de même pour la manifestation des siens. Voyez entre autres : Jean 1, 31 ; 2 Cor. 4, 10, 11 ; 1 Tim. 3, 16 ; Col. 3, 4 ; 1 Jean 1, 2 ; 3, 2.
    Le jour du Seigneur est toujours un jour de jugement et désigne dans le Nouveau Testament non pas un jour de vingt-quatre heures, mais une période, commençant après la venue du Seigneur pour les siens, et embrassant les événements prophétiques jusqu’à l’apparition du Seigneur, y comprise. En 2 Pierre 3, le jour du Seigneur s’étend au-delà de cette apparition jusqu’à la dissolution des cieux et de la terre actuels. Le jour de l’Éternel qui correspond dans l’Ancien Testament au « jour du Seigneur » désigne le temps de la colère et des jugements de Dieu, soit sur Israël, soit sur les nations. Après avoir été annoncé par les prophètes, ce jour a eu son accomplissement partiel aux temps passés, accomplissement qui n’est que l’avant-coureur des temps et des jugements prophétiques à venir. Ce sera le temps de « la détresse de Jacob » qui toutefois en sera délivré pour jouir de la bénédiction des derniers jours.
    Voyez pour le jour du Seigneur : Act. 2, 20 ; 17, 31 ; 1 Cor. 3, 13 ; 5, 5 ; 2 Cor. 1, 14 ; 1 Thess. 5, 2 ; 2 Thess. 2, 2 ; Héb. 10, 25, 27 ; Apoc. 6, 17 ; 16, 14. Pour le jour de l’Éternel, entre autres : És. 13, 6, 9 ; Éz. 30, 3 ; Jér. 46, 10 ; Joël 1, 15 ; 2, 1, 11, 31 ; Amos 5, 18, 20 ; Abdias 15 ; Soph. 1, 7, 14 ; Mal. 3, 2 ; 4, 1, 5).
    Le jour de Christ, et aussi le terme Ce jour-là, ont un sens étendu. Ce jour commence lorsque l’étoile du matin, la venue du Seigneur, qui n’est que l’aube de ce jour, a introduit les rachetés dans la gloire céleste. Le jour de Christ se continue devant le tribunal de Christ où a lieu la « promotion » des croyants, c’est-à-dire la distribution ou la perte des couronnes. Ce jour se termine, après les « noces de l’Agneau », par la manifestation publique du Seigneur avec Ses saints portant leurs couronnes. Alors les conséquences de leur conduite seront non seulement vues dans le ciel, comme lors du tribunal, mais manifestées aux yeux de tous quand le Seigneur apparaîtra.
    Voyez Phil. 1, 6, 10 ; 2, 16 ; 2 Tim. 1, 12, 18 ; 4, 8.
    La fin des jours est toujours dans l’Ancien Testament la période de bénédiction qui suit les derniers jugements, c’est-à-dire l’établissement du règne millénaire et la restauration finale des Juifs et des nations. Voyez : És. 2, 2 ; Jér. 23, 20 ; 30, 24 ; 48, 47 ; 49, 39 ; Dan. 10, 14 ; Os. 3, 5 ; Act. 2, 17.
    Dans le Nouveau Testament, les derniers jours sont au contraire ceux du plein développement du mal, la chrétienté ne devant jamais être restaurée comme le sera Israël. Voyez 2 Tim. 3, 1 ; Jacq. 5, 3 ; 2 Pier. 3, 3.
    L’heure. Ce mot est souvent employé par Jean pour indiquer une période de temps, soit très étendue, soit plus limitée. Voyez Jean 5, 25, 28 ; Apoc. 3, 10 ; 14, 7 ; 18, 10. En beaucoup d’autres passages l’heure est l’arrivée subite d’un jugement qui pourra se prolonger ensuite. Voyez Matt. 24, 36, 42, 44, 50 ; 25, 13 ; Apoc. 3, 3.
    Le jour de Dieu est le jour qui succédera à la destruction des cieux et de la terre et au jugement des morts devant le grand trône blanc. Ce sera le jour éternel des nouveaux cieux et de la nouvelle terre où la justice habite (2 Pier. 3, 13).
  2. Nous disons « presque » à cause de la révolte de Gog et Magog après le millénium.