Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Éphésiens/Partie 1
Chapitre 1
Il doit être évident, même pour le lecteur le plus indifférent de cette épître, que nous nous trouvons sur un terrain éminemment saint et élevé. Que personne ne suppose qu’en disant cela on porte atteinte à d’autres portions des Écritures inspirées. Mais qui peut nier que Dieu, en révélant Sa pensée, ait trouvé bon d’employer des instruments différents et de leur assigner des mesures différentes ? Il aurait pu, s’Il avait voulu, en employer un seul pour tout écrire. Il aurait pu se révéler par tous selon la plénitude de la hauteur de Sa propre gloire, et rien de plus. Mais nous pouvons être tout à fait sûrs que les voies de Dieu sont aussi admirables dans les formes que prend Sa révélation, que dans les autres choses qu’Il a faites à Sa louange. Ces manières diverses de développer Sa nature et Son caractère, Ses conseils et Ses voies, manifestent Sa gloire sous un jour infiniment plus béni que s’il n’y avait eu qu’un seul jet uniforme de lumière. Et la même sagesse qui agit de la manière qui contribue le plus à Sa majesté et à Sa louange, est précisément ce qui est adapté aux besoins de Ses enfants, et efficace pour leur bénédiction. Ai-je besoin de dire qu’une révélation, tandis qu’elle vient de Dieu, est pour Son peuple ? Sans doute elle Le glorifie en effet ; mais Dieu, quand Il parle, a un objet en vue, et Il pourvoit, dans Sa bonté, aux besoins de ceux auxquels Il s’adresse. Ainsi donc les révélations de Dieu, tandis qu’elles découlent de Dieu et sont dignes de Dieu, présupposent nécessairement la condition de l’homme, et s’y adaptent. Or tout cela, loin de diminuer au moindre degré la gloire divine qui se manifeste dans les parties successives de la Parole de Dieu, la rehausse au contraire infiniment, et montre qu’elle est de Lui, n’en donnant point de plus grande preuve que la manière merveilleuse dont elle convient à de pauvres pécheurs, retirés de leur état de misère, en Sa riche miséricorde, et adoptés en Sa faveur par la foi dans le Christ Jésus.
Or de toutes les épîtres de saint Paul, il n’en est aucune, que je sache, qui s’élève à la même hauteur que cette épître aux Éphésiens ; et l’on ne saurait douter qu’il y eût harmonie entre la condition de ces saints eux-mêmes, et la manière ainsi que la mesure des communications que leur fait l’Esprit. Nous trouvons la même chose ailleurs. Lorsqu’Il s’adresse aux saints à Rome, Il ne les appelle pas une église ; ils étaient même encore à l’état d’enfants. Il y avait là des saints de Dieu bénis ; mais l’assemblée n’avait pas été fondée par un apôtre. Des années s’écoulèrent, avant que jamais apôtre allât à Rome. Dieu voyait bien que cette cité même de Rome s’arrogerait des droits exorbitants d’un caractère spirituel. Il prit donc soin que des localités moins importantes, telles que Corinthe, etc., eussent un apôtre pour y fonder des églises et pour y travailler pendant un temps considérable ; tandis que le grand centre de la gloire du monde demeura sans être visité par un apôtre, jusqu’à ce que plusieurs s’y trouvassent rassemblés, par le moyen de personnes qui s’y étaient rendues pour une cause ou pour une autre. Quand nous considérons les circonstances des saints de Rome, nous pouvons comprendre la convenance qu’il y avait qu’une épître leur fût adressée, qui ressemble beaucoup à une exposition complète et succincte de la doctrine chrétienne depuis l’alphabet même de la vérité. Et par conséquent la toute première chose que nous y trouvons démontrée, après l’introduction, c’est la ruine totale de l’homme, et de l’homme envisagé sous tous les points de vue — de l’homme examiné, et pesé en la balance de Dieu, en commençant depuis le déluge. Après que l’homme eut possédé une connaissance de Dieu d’une nature extérieure, les hommes « ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu ». De fait, l’origine de l’idolâtrie nous y est montrée, et nous avons aussi le temps après le déluge avant l’entrée de l’idolâtrie. Les versets dans Romains 1, auxquels j’ai fait allusion, portent sur le temps où il y avait simplement la race qui possédait la connaissance de Dieu. Mais l’homme s’en éloigna et se corrompit ; et nous trouvons le terrible tableau de la dépravation humaine, tracé dans le premier chapitre. Puis nous avons l’homme philosophe ; et ensuite l’homme sous la loi — l’homme sous tous les points de vue — avant que le sujet de la rédemption soit traité, ou qu’il soit fait aucune mention de la manière dont on peut être justifié. Voici la raison : l’apôtre n’ayant jamais été à Rome, les saints qui s’y trouvaient, étaient comparativement ignorants, et leur état exigeait qu’ils fussent instruits quant à la nature de la chute et ses conséquences fatales. Ils avaient besoin d’apprendre ce qu’était l’histoire de l’homme, comme Dieu la voit, et selon les pensées de Dieu. Nous avons par conséquent l’homme présenté comme ruiné en toute manière, sans qu’il y ait de secours pour lui, ni dans la créature, ni dans la loi, ni dans aucune autre chose. Le résultat est donc qu’« ils se sont tous détournés (du droit chemin) » ; « il n’y a point de juste, non pas même un seul ». En un mot, toute bouche est fermée, et le monde entier est devenu coupable devant Dieu. Alors, et non auparavant, nous trouvons la provision que Dieu a faite pour l’homme, en Sa miséricorde et Sa justice, dans les chapitres 3 et 4 ; et depuis le chapitre 5, des conséquences sont présentées et des difficultés levées, et tout se termine par la conclusion triomphante du chapitre 8.
Quel sommaire important de la doctrine chrétienne, commençant par l’état actuel de l’homme, Juif ou Gentil, et conduisant jusqu’à la ferme position que Dieu a donnée à celui qui croit en Christ — mort et ressuscité ! Mais dans tout cela, quelle qu’en soit l’importance, vous n’avez que ce qui est individuel. Ce peut être l’homme perdu ou l’homme sauvé ; mais vous n’avez rien touchant l’Église. C’est ce qui appartient à ceux qui sont membres de l’Église, mais rien n’apparaît comme l’Assemblée de Dieu, envisagée comme telle. La ruine de l’homme et la rédemption, tel est le thème, avec les effets de la rédemption, et l’ordre des économies, et les devoirs pratiques qui découlent de tout cela. Mais dans l’épître aux Éphésiens, quelle différence totale ! Ici, pour parler comparativement, l’homme disparaît, et Dieu est envisagé comme agissant de Lui-même.
Dès lors il n’y a point de préface, ni aucune preuve de ce qu’est l’état de l’homme. Cela n’était pas nécessaire, et ce n’est pas le point de départ de l’enseignement dans cette épître ; il en est autrement dans celle aux Romains ; et rien ne peut être plus simple. Mais dans Éphésiens, au lieu de montrer que nous avons été retirés de l’abîme de corruption dans lequel l’homme demeure enseveli, la chose que l’apôtre fait tout premièrement, c’est de parler de Dieu dans le ciel. C’est Dieu, faisant pleuvoir des bénédictions sur l’homme, et non l’homme amené jusqu’à Dieu. C’est Dieu, manifesté dans les voies de Sa grâce et dans les pensées de Son cœur, avant même que le monde eût aucune existence, tout à fait en dehors de toute question de Juifs ou de Gentils. C’est Dieu, formant un plan de gloire et de béatitude, à Sa propre louange ; Dieu, trouvant Sa pleine satisfaction dans la manifestation de Sa bonté, et cela dans le dessein de répandre des bénédictions, et même la plus grande plénitude de bénédictions du caractère le plus élevé. Dès lors vous trouverez que ce n’est pas simplement Dieu, comme Dieu, agissant à l’égard de l’homme ; mais Il a Christ devant Lui, et par conséquent il n’y a aucune limite à la bénédiction. Il voulait avoir quelque canal de grâce envers nous pour le plein contentement de Son propre cœur. Or il n’y a aucun objet qui pût attirer et maintenir la pleine satisfaction de Dieu, aucun qui pût en soi-même être un objet propre à être contemplé avec délices, sauf un seul, savoir Christ. Quant aux anges, Il trouve à blâmer en eux, et pourtant ils sont saints. S’Il scrute ce qui est au-dessous des anges, qu’y a-t-il sinon un monde perdu dans le péché ? Ainsi il n’y a qu’un seul qui soit capable de satisfaire le cœur et les affections de Dieu — c’est Christ Lui-même.
Cette grande vérité ayant donc été présentée — Dieu bénissant, et Christ l’objet devant Dieu, par le moyen duquel Dieu va bénir, selon tout ce qui est dans Son cœur, nous trouvons aussi, que, comme Celui qui bénit, Dieu est nommé d’une double manière. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Ces deux titres sont réellement la clef de l’épître. Et qu’on me permette d’insister fortement sur l’importance qu’il y a à peser les paroles que nous trouvons dans l’Écriture. Quand nous avons affaire aux hommes, nous ne devons pas tenir une personne pour coupable à cause d’un mot. Mais Dieu n’a aucun besoin d’excuses pour Sa Parole. Quelque indulgence que nous devions avoir pour les méprises les uns des autres, quand il s’agit de l’Écriture, l’occasion ne peut jamais se présenter. Quand nous nous approchons pour l’écouter, la seule attitude convenable, c’est de nous incliner et d’adorer. C’est pourquoi donc, dans cette épître, qui est une si pleine expression de Son amour, l’apôtre commence ainsi : « Béni soit le Dieu et le Père », etc. Il ne pouvait écrire aux Éphésiens sans éclater en louanges et en adoration envers Dieu. Vous le voyez ailleurs bénir Dieu, mais quand il le fait, comme dans 2 Corinthiens 2, 14, il y a des circonstances spéciales qui y donnent lieu. Mais ce n’est pas le cas ici. À Corinthe, il y avait eu une intervention bénie de la grâce de Dieu, abaissant les cœurs orgueilleux des disciples revêches qui s’y trouvaient, et les rendant honteux d’eux-mêmes. Mais dans Éphésiens, tout est en dehors de circonstances passagères, sinon que l’apôtre les voyait dans une telle condition d’âme, qu’ils étaient capables d’aller en avant avec Dieu et d’entrer dans Ses pensées et Ses conseils. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » : ce n’était pas à cause de quelque grâce ou consolation spéciale ; mais cela découle de ce que Dieu est toujours pour nous. Or c’est peut-être pour cela même que bien des chrétiens ne sauraient y entrer. Il en est qui sont disposés à être particulièrement frappés et touchés, de jour en jour, par des marques sensibles de la bonté de Dieu, et de temps à autre par des interventions extraordinaires de Sa providence. Peut-être sont-ils dans une grande épreuve, et Dieu en fait résulter aussi pour eux une nouvelle bénédiction. Mais ici les Éphésiens étaient si simples, et si prêts à aller en avant avec Dieu, que l’apôtre, au lieu d’être retenu par leur état, ne pouvait que s’exprimer en louanges et en actions de grâce. C’est une chose bien bénie quand une si heureuse communion nous est donnée dans nos rapports l’un avec l’autre.
Il est vrai, encore, qu’avant d’entrer dans ce que je vais tâcher de développer, il s’introduit lui-même comme apôtre. Il ne dit pas ici « serviteur » ou « esclave » ; il le fait en écrivant aux Romains : « Paul, esclave de Jésus Christ ». Il était vraiment l’esclave de Christ. Pourquoi Paul leur écrivait-il ? Il était Son esclave. N’appartenaient-ils pas à Jésus ? On ne sanctionnait dans ce temps-là aucune pensée comme « l’indépendance » moderne — rien qui ressemblât à la coutume d’avoir de petits districts ou de petites assemblées appartenant à tel ou tel homme ; mais c’était partout l’Église — l’objet des affections des serviteurs du Seigneur. Celui-là est un vrai serviteur qui est capable de réaliser qu’il est l’esclave de Jésus Christ ; et celui-là servira le mieux les âmes, qui réalise le plus ce que c’est que de servir le Seigneur. « Paul, esclave de Jésus Christ, apôtre appelé ». Il était apôtre par l’appel de Dieu. Dans ce temps-là, il n’y avait pas une telle chose qu’une congrégation adressant un appel ou vocation à un candidat. Paul était un apôtre appelé de Dieu ; et ils étaient des saints appelés de Dieu, et ils le savaient. Il leur était bien doux de penser qu’ils avaient été ainsi appelés. Selon leur mesure, ils marchaient dans le sentier de Christ, et l’apôtre était Son serviteur, et il était aussi apôtre. Son objet était de mettre en relief son apostolat. Mais ceux de Corinthe étaient en danger de commencer à douter de lui et de penser que c’était à Jérusalem qu’ils devaient regarder. Il reconnaît entièrement la position commune de frère ; mais si des personnes comme les Corinthiens levaient trop haut la tête, il dit simplement « apôtre », sans ajouter « esclave ». S’il s’élevait une dispute sur ce point, il prouve la réalité de son appel. J’ai montré ailleurs quelle force particulière il y a dans la manière dont il s’introduit lui-même en s’adressant aux Galates : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme », etc. Ici vous trouvez tout d’abord de la controverse, mais d’un ton divin et d’une force divine. Il y avait de faux principes dans la Galatie, et, en conséquence, en écrivant aux saints, il emploie un langage énergique et pressant. Ils adoptaient des notions judaïques sur la succession terrestre. L’apôtre prend donc le terrain même le plus élevé, et montre que, tandis qu’il reconnaissait pleinement les douze à leur place, il ne voulait pas, pour ce qui touchait à la vérité de l’évangile, céder « par soumission, non pas même un moment » ; en sorte que l’épître entière porte l’empreinte de cette assertion, renouvelée de la manière la plus absolue, de l’appel de la grâce et de son caractère céleste, fondés sur la mort et la résurrection de Christ.
Dans Éphésiens, il n’a aucun but qui ait le caractère de controverse, ni de poser les fondements de la vérité chrétienne, comme dans le cas des saints de Rome. Toutefois il met en avant sa fonction apostolique : « Paul, apôtre de Jésus Christ ». Il montre pleinement quelle en était la source, savoir, cette même « volonté de Dieu » de laquelle découlait leur propre bénédiction. Il va retracer d’abord la bénédiction individuelle, puis celle qui concerne le corps. C’est tout à fait une méprise que de supposer que la dernière est une chose plus profonde que la première. Au contraire, nos bénédictions les plus élevées se rattachent à ce que nous avons comme individus. Tout en reconnaissant pleinement le caractère béni de ce qui se rapporte au corps, ce que nous avons individuellement est plus élevé encore ; et c’est la manière de l’Esprit de Dieu de commencer par cela, avant d’entrer dans ce qui est commun à tous. C’est pour cela, je pense, qu’il s’adresse ici aux saints comme tels : « Aux saints et fidèles qui sont à Éphèse dans (le) Christ Jésus ». Ils étaient l’Église à Éphèse, non seulement rassemblés d’une manière formelle, mais aussi d’une manière intelligente. Ils avaient eu l’apôtre Paul à Éphèse ; et il avait été l’instrument de Dieu dans cette œuvre. Il y avait douze hommes qui croyaient, avant que Paul y fût allé ; mais jusqu’à la visite de Paul, ils n’avaient jamais reçu le Saint Esprit après la Pentecôte. C’est la présence personnelle du Saint Esprit fondée sur notre foi en Christ mort et ressuscité, qui nous introduit dans le caractère propre à l’Église. Mais le Saint Esprit, outre qu’Il nous fait membres du corps de Christ, qui est l’Église, nous donne aussi la conscience de notre relation comme fils avec son Dieu et Père. Il s’adresse « à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe », comme telle, lorsqu’il parle de points qui concernent l’ordre et la discipline. Ici il va envisager l’Église sous un point de vue beaucoup plus élevé ; néanmoins il commence par ce qui est individuel : « Aux saints et fidèles qui sont à Éphèse dans (le) Christ Jésus, grâce et paix vous soient de la part de Dieu, notre Père, et de la part de notre Seigneur Jésus Christ ! ». Puis il introduit le double titre de Dieu auquel j’ai déjà fait allusion — le même que notre Seigneur annonça après qu’Il fut ressuscité d’entre les morts, et qu’Il envoya par Marie de Magdala, le premier message donné à Ses disciples : « Va vers mes frères, et leur dis : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » — non pas vers « le Dieu Tout-puissant », ni vers « Jéhovah ».
Notre Seigneur se trouvait dans une double relation envers Dieu ; Il était Fils de Dieu, non seulement comme personne divine, mais comme homme dans le monde (Luc 1), outre Sa gloire personnelle la plus élevée, qui brille partout dans l’évangile de Jean, etc. « La sainte chose qui naîtra (de toi) sera appelée Fils de Dieu ». Ce dernier titre se réfère à Christ, envisagé dans Son humanité en ce monde ; et par conséquent il n’est présenté que dans l’évangile de Luc, qui est d’une manière prééminente, la biographie humaine, si je puis le dire, de Christ. Mais on aurait pu ignorer, si Dieu ne nous l’avait dit, que dans Sa résurrection Il gardait cette même relation comme homme. Il nous enseigne que la mort et la résurrection Lui donnèrent le droit, selon la justice de Dieu, de nous placer dans Sa position. Ainsi donc Il put pour la première fois dire, dans la plénitude de signification que ces mots expriment : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Il est maintenant non seulement « mon Père » et « mon Dieu », mais « votre Père » et « votre Dieu ».
La mort de Christ a complètement effacé tout ce qui était contre les enfants de Dieu ; la résurrection de Christ, après que la rédemption fut effectuée, Le mit à même de leur donner Sa place devant Dieu en résurrection et dans la relation de fils. Et quelle merveilleuse place que cela ! Quand nous pensons que maintenant, même pendant que nous sommes dans ce monde, notre Seigneur veut que nous sachions que nous sommes fils, en Lui et par Lui, devant notre Dieu, et que nous sommes doués d’une vie de résurrection — « vivants à Dieu dans (le) Christ Jésus » ; que nous sommes placés devant Dieu, sans une seule charge et sans aucune condamnation ; et cela parce qu’en grâce, Il s’est placé dans « la même condamnation » avec les coupables sur la croix ! Il était « la sainte chose » — nous étions sans sainteté, entièrement ruinés. Mais sur la croix Il a été fait péché pour nous, et Il est entré dans « la même condamnation » — la faisant sienne sur la croix ; et maintenant il n’y en a point pour moi. Je suis introduit dans la même place qu’Il prit comme l’homme ressuscité devant Dieu. Sans doute je ne parle pas maintenant de Sa gloire divine. L’idée que la créature, à quelque degré qu’elle fût bénie, pourrait être dans une position autre que celle d’élever ses yeux à Dieu et de L’adorer, ne saurait entrer dans un esprit renouvelé. Le Seigneur Jésus était Fils dans Sa nature divine de toute éternité ; mais comme homme aussi, Il était Fils ; et aussi comme ressuscité d’entre les morts. Et par Sa mort et Sa résurrection, Il nous introduit devant Dieu, devant Son Père, ayant la même position que Lui-même, tellement que nous sommes fils, absolument sans péché dans notre nouvelle nature, et affranchis de toute condamnation devant Dieu, parce que la vieille nature est déjà jugée. La nouvelle nature n’a pas besoin de quelqu’un qui meure pour elle ; mais la vieille nature en avait besoin ; et tout est fait. En Christ crucifié, Dieu condamne le péché en la chair, et, pour la foi, tout le mal a disparu. La bénédiction qui est à Christ est maintenant devenue la nôtre, et nous pouvons regarder en haut et dire : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Une grande atteinte portée à la puissance pratique du christianisme vient de ce qu’on a reculé la bénédiction que le Saint Esprit nous attribue maintenant, jusqu’au moment de quitter le monde et d’entrer au ciel.
Supposez que vous disiez à la grande masse des enfants de Dieu sur la terre : Vous êtes « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ », ils le regarderaient comme le plus haut degré de l’enthousiasme ou du mysticisme. Ils ne sont pas prêts pour recevoir de telles vérités, et il arrive, en général, ou bien qu’ils ne cherchent pas ce que le verset veut dire, ou bien qu’ils le réduisent à la simple expression de quelque sentiment d’émotion. Ils n’ont aucune idée que ce soit un fait actuel, vrai de tout chrétien. Quoique nous ne soyons pas encore manifestés dans cet état, ce n’est nullement une question de sentiment. Puissions-nous le croire ! Les sentiments peuvent me tromper, mais la foi ne le peut jamais. Si je vois une chose, c’est simplement mon œil qui voit. Si je crois une vérité, sur l’autorité de la Parole de Dieu, je la considère, en quelque mesure, pour ainsi dire, avec les yeux de Dieu. Le monde a une idée que la foi implique uniquement la confiance quant à une chose qui n’est pas sûre. Ce n’est pas le sens du mot « je crois », dans les choses de Dieu. Ma propre vision n’a qu’une pauvre portée de vue ; mais que dirons-nous de l’œil de Dieu ? Le croyant est placé sur le terrain le plus élevé ; il se repose sur la certitude de ce que Dieu dit. Le bonheur aussi en est le résultat ; car quand vous croyez, vous commencez bientôt à sentir. Si vous croyez que Dieu a effacé vos péchés, vous ne serez pas longtemps avant de commencer à en jouir, si même vous ne l’avez fait tout aussitôt. Si je me considère moi-même, je verrai toujours quelque chose de mal. Comment cela ? Mes péchés sont tous ôtés ; et pourtant, si je regarde au-dedans, je vois tant de ce qui est pénible, dégoûtant, humiliant. L’abolition du péché n’est pas une chose qui se passe dans mon cœur, mais une œuvre puissante que Dieu a opérée en la croix de Son Fils bien-aimé, une œuvre sur laquelle Il m’appelle à me reposer, parce qu’Il s’y repose Lui-même. Cherché-je quelque signe ou quelque marque en moi-même ? S’il en est ainsi, je n’en aurai jamais une assurance établie sur le vrai fondement. Si je pense que mes péchés sont nécessairement pardonnés, parce que je suis une personne changée (comme les hommes disent), puis-je jamais avoir une heure de paix réelle ? Le résultat est nécessairement, que plus une personne se juge elle-même, moins elle sera heureuse. Ce que Dieu met devant Ses enfants, c’est qu’ils devraient être entièrement heureux, dans la certitude que leurs péchés sont ôtés, par le moyen de l’effusion du sang de Christ, et pourtant qu’ils ne doivent rien épargner de ce qu’ils trouvent au-dedans d’eux-mêmes — se jugeant eux-mêmes jour par jour, parce que Christ a été jugé pour eux, et que Dieu a effacé leurs péchés, et qu’ils ne peuvent supporter de traiter légèrement ce qui a coûté le sang de Son Fils.
Ici pourtant, la première grande pensée, c’est que « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ… nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Ce n’est pas la rédemption, quoique cela soit nécessairement basé sur elle. Je suis ici sur la terre, et pourtant je sais que je suis béni là où est Christ à la droite de Dieu. Ce n’est pas seulement que j’y ai des bénédictions ; mais je suis béni de « toute bénédiction spirituelle ». La bénédiction la plus élevée que Dieu puisse conférer, est ce qu’Il donne à chacun de Ses enfants dans les lieux célestes en Christ. Dans ces quelques mots nous contemplons la hauteur du merveilleux conseil de Dieu à notre égard et de Son merveilleux amour pour nous. Il nous a ainsi bénis selon la plénitude de la valeur de Christ à Ses yeux.
L’expression « les lieux célestes » est en contraste avec la portion des Juifs, qui étaient bénis dans les lieux terrestres. Si nous considérons Ézéchiel 36, cela pourra faire ressortir plus distinctement le caractère de nos bénédictions par opposition aux leurs. « Et je répandrai sur vous des eaux nettes, et vous serez nettoyés… Et vous demeurerez au pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu ». Ainsi donc, il y a des grâces spirituelles mêlées à leurs bénédictions ; mais ils seront dans le pays de leurs pères, que Dieu fera posséder à la génération à venir. Ce sont surtout des hommes savants, mais sans spiritualité, qui font une confusion sur ces sujets. Si les lecteurs étaient seulement simples à l’égard de l’Écriture, ils ne tomberaient pas dans de telles méprises. Le prophète dit : « Vous demeurerez au pays que j’ai donné à vos pères ». Rien ne saurait être plus clair que cela. Il va bénir Israël sur la terre — dans leur âme aussi, sans doute ; mais la sphère de cette bénédiction, c’est la terre sainte. Il s’agit de Son peuple terrestre, et non de l’Église, comme nous le verrons plus bas. « Je multiplierai le fruit des arbres, et le revenu des champs, afin que vous ne portiez plus l’opprobre de la famine entre les nations ». La bénédiction est évidemment dans les lieux terrestres. Je ne trouverais pas à redire si des hommes pieux essayaient de donner à ces passages une tournure spirituelle, et de s’en servir pour prêcher l’évangile, pourvu qu’ils n’en effaçassent point les espérances prochaines d’Israël. En principe, le peuple dont il y est question, c’est Israël ; et ils doivent être bénis de cette manière-là. Nous voyons la terre de Palestine maintenant désolée comme un désert ; mais « le désert se réjouira… et fleurira comme une rose », en ce jour-là. Il y a certaines bénédictions, il est vrai, qui s’appliquent au croyant maintenant. Dans Jean 3, notre Seigneur fait ainsi allusion à « l’eau » et à « l’Esprit », avec une portée merveilleusement plus étendue et plus profonde. Mais je m’oppose à cette conclusion, que Dieu a abandonné Son peuple, et que cette prophétie touchant les lieux terrestres doit être confondue avec nos droits célestes. La terre et les bénédictions terrestres, voilà sur quoi l’Esprit de Dieu s’arrête ici. Pourquoi serions-nous jaloux, soit à l’égard des Juifs, soit à l’égard de la terre ? Dieu nous a montré une faveur tellement surabondante et souverainement excellente, que nous pouvons bien nous réjouir et Lui rendre grâces de ce que la terre est réservée pour Son ancienne nation.
Maintenant si, après avoir considéré ces choses — les bénédictions prédites pour Israël sur la terre — nous tournons nos regards vers nos propres bénédictions dans Éphésiens, quelle différence totale il y a ! « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». C’est Dieu, se révélant de la manière la plus pleine que l’on puisse concevoir. Qui est-ce qui connaissait Dieu d’une manière prééminente, qui était l’objet de l’amour de Dieu comme nul ne l’avait jamais été auparavant ? Si jamais il y en eut un qui sondât la pleine signification des mots : « Mon Père », ce fut le Seigneur Jésus. Et quel autre que Lui mesura les profondeurs des mots : « Mon Dieu » ? Et pourtant maintenant cet Être béni, par la rédemption et par le don de l’Esprit, a rendu celui qui croit en Lui capable de jouir du même privilège que Lui-même. Et dans la proportion même que nous les recevrons avec simplicité et que nous jugerons la vieille nature (qui ne peut jamais y entrer, mais qui vient seulement, comme un épais nuage, couvrir notre bénédiction), nous entrerons dans la réalisation de nos bénédictions.
L’espérance d’Israël n’est pas intérieure seulement, mais extérieure, dans les lieux terrestres — de devenir le peuple élevé à la plus haute position ici-bas. Au contraire, la scène de nos bénédictions est dans les lieux célestes, et nous sommes maintenant bénis en Christ. En un mot, le chrétien est une personne qui appartient à la famille du Souverain. Il peut y avoir des raisons d’état, qui rendent désirable que l’héritier de la reine traverse, comme étranger, une terre étrangère, inconnu et sans être remarqué. Il en est ainsi du chrétien. Il n’est ni de ce monde, ni de ce siècle. Son corps est de la terre, mais ce qui fait qu’il est ce qu’il est, comme fils de Dieu, n’a rien à faire avec la scène ou les circonstances présentes. Il appartient entièrement à un Christ glorifié. Quand Dieu commence à agir à l’égard d’Israël, ce sera tout autre chose. L’attention du monde entier sera dirigée sur eux. Il fut un temps où, même au milieu de tout leur péché, les enfants d’Israël exerçaient une influence énorme dans le monde, quoiqu’ils ne fussent qu’une petite nation, et qu’ils n’eussent pour habitation qu’une étroite langue de terre. Leurs sacrificateurs et leurs rois abandonnèrent le vrai Dieu, qui là-dessus fit d’Israël la triste évidence de Ses jugements. Mais le jour approche rapidement où ceux qui frappèrent Christ reconnaîtront leur Messie rejeté, et alors brillera toute la splendeur à laquelle Israël est destiné par Dieu. Il le couronnera de toute sorte de bénédictions ici-bas. Toutes les nations de la terre se prosterneront devant Israël ; les rois seront ses nourriciers, et les reines ses nourrices. La chrétienté, méprisée comme une machine politique orgueilleuse et usée, et dégénérant de plus en plus dans l’apostasie, sera mise de côté comme Vasthi ; Dieu bénira Son peuple d’Israël, l’Esther du grand Roi, de toute bénédiction extérieure dans les lieux terrestres, non pas en se révélant comme le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ, mais comme le Seigneur Dieu, Jéhovah, le Très-haut, identifié enfin avec l’humble Jésus de Nazareth.
Est-ce là la manière dont il est parlé de nous ici ? Nullement. « Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ… nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». L’Ancien Testament ne donne nulle part à un Juif l’espérance d’être béni en leur Messie. Être cohéritiers avec Christ, non seulement bénis par Christ, mais bénis en Christ, c’est une idée qui ne pourrait absolument pas entrer dans la pensée de l’Israélite le plus intelligent. En un mot, leur portion sera toujours sous leur Messie, d’être gouvernés par Lui comme un peuple terrestre. Mais notre portion, quant à nous qui croyons en Christ maintenant, sera d’avoir la même bénédiction que Dieu le Père confère à Christ ressuscité d’entre les morts. Qu’a-t-Il fait pour Christ ? Il L’a ressuscité, « et Il a assujetti toutes choses sous ses pieds ». Cette gloire, Il ne la prendra pas seul. Il attend Son Épouse — ceux que Dieu appelle maintenant d’entre Juifs et Gentils pour les amener à la connaissance du nom de Christ. Ainsi notre Seigneur, tandis qu’Il est personnellement haut élevé, possède Sa gloire comme dans l’expectative, parce qu’Il attend que Ses compagnons la partagent avec Lui — héritiers, par Sa grâce, non des pères simplement, mais de Dieu, et cohéritiers avec Christ.
Rien ne saurait être plus étendu ni plus élevé que les bénédictions dont il est parlé ici. Christ aura Ses célestes en haut, et Ses terrestres ici-bas ; chaque classe sera pleinement bénie, quoique dans des sphères différentes. Qu’il me soit permis de recommander la vérité présentée dans Éphésiens 1, à l’étude sérieuse des enfants de Dieu. Si d’un côté il nous convient d’écouter la Parole de Dieu, de l’autre elle demande de nous de la ferveur de dessein, et que nous la sondions, comme y cherchant des trésors cachés. Nous ne devons pas nous attendre à être réellement et pleinement bénis, par le moyen de la Parole, s’il n’y a pas de diligence d’âme.
Nous avons déjà vu le double titre d’après lequel Dieu bénit maintenant Ses saints ; dans l’un et dans l’autre la forme de la bénédiction ne se trouvant qu’en Christ. Si Dieu s’était révélé seulement, par exemple, comme le Dieu d’Abraham ou d’Isaac, Il n’aurait pas assuré une bénédiction au-delà de celle promise aux pères. Mais Il le fait. Au lieu de voir simplement devant Lui les bénédictions judaïques, c’est Christ qu’Il a en vue ; Christ qu’Il a ressuscité d’entre les morts et placé à Sa propre main droite, où Il n’avait jamais mis, ni David, ni aucun autre. C’est une place qui Lui appartient, en vertu de Sa gloire personnelle, et de Ses souffrances jusqu’à la mort. Nous pourrons être assis avec Christ sur Son trône, mais c’est là une chose bien différente de la position de Christ assis à la droite de Dieu. Et maintenant, c’est comme Dieu du Seigneur Jésus Christ qu’Il bénit — c’est la pleine bénédiction qui siérait à Christ Lui-même en tant que l’objet de la bénédiction. La grâce nous lie avec Christ comme de communs objets, afin d’être bénis de Dieu, qui bénit de cette manière et dans cette mesure-là. Et ce n’est pas tout : Il est le Père du Seigneur Jésus, et comme tel aussi Il nous bénit. En sorte que ces deux caractères, les plus élevés dans lesquels il soit possible d’envisager Dieu, sont ceux selon lesquels nous sommes bénis. Les caractères de Dieu, et comme Dieu et comme Père, comme ils s’occupent de Christ, ont pour résultat une bénédiction, une bénédiction proportionnée, qu’Il nous donne. Ainsi il n’y a point de limites. Il « nous a bénis de toute bénédiction spirituelle » ; et en outre aussi, comme nous l’avons vu, ce n’est pas sur la terre, comparativement la partie la plus basse de l’univers, mais dans la scène la plus élevée de la puissance de Dieu, « dans les lieux célestes », et afin de tout couronner et compléter, c’est « en Christ » ; tout est assuré en Sa personne.
Le verset 4 appartient particulièrement au premier de ces caractères dans lesquels Dieu s’est révélé, comme le verset 5 appartient plutôt au second. « Selon qu’Il nous a élus en Lui », c’est-à-dire en Christ, « avant la fondation du monde, afin que nous soyons saints et irréprochables devant Lui en amour ». Or c’est comme le Dieu de Christ qu’Il nous bénit ainsi, non comme Père, mais comme Dieu. Dans le verset 5, c’est comme Père, parce que nous y lisons : « Nous ayant prédestinés pour nous adopter à Lui par Jésus Christ ». Le mode et le caractère de la chose répondent évidemment au caractère du Père. La relation spéciale avec Lui est introduite. « Nous ayant prédestinés pour nous adopter à Lui » — non seulement élus, mais « prédestinés pour nous adopter à Lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté ». Or, ce langage n’est pas employé dans le verset 4. Il ne dit pas qu’Il nous a prédestinés pour être « saints et irréprochables devant Lui en amour ». Il ne dit pas non plus qu’Il nous a appelés à cette merveilleuse place « selon le bon plaisir de sa volonté ». Et la raison est des plus évidentes. Quand il nous est parlé du « bon plaisir de sa volonté », nous avons un langage en rapport avec Son amour souverain et spécial — ce qu’Il déploie afin de manifester Sa propre faveur. Mais quand il nous est parlé d’être « saints et irréprochables », c’est Dieu qui nous a élus pour cela : il ne pouvait pas en être autrement. Si Dieu veut que quelques-uns soient amenés dans une position de proximité à Son égard, et de proximité telle qu’ils soient dans Sa présence dans le ciel, du moment qu’ils sont élus en Christ, il faut, d’une manière ou d’une autre, qu’ils soient « saints et irréprochables » devant Lui en amour. Et tout vient réellement de Sa grâce.
L’une des bénédictions vient du caractère nécessaire de Dieu comme Dieu ; l’autre découle de la relation spéciale dans laquelle Il entre envers nous par notre Seigneur Jésus. Nous élire est un effet nécessaire, parce qu’il est évident qu’il n’y a que Dieu seul qui puisse élire. C’était avant la fondation du monde, lorsque Dieu seul avait Son être. L’homme n’avait ni voix, ni choix dans la chose. C’était uniquement Dieu agissant de Lui-même. C’était une affaire du propre choix de Dieu, qu’Il voulût qu’il y en eût d’autres que Lui-même dans le ciel. Mais ils devaient être près de Lui et devant Lui ; comment pourraient-ils y être avec le péché sur eux ? Impossible. Comment Dieu pourrait-Il sanctionner des âmes, même dans la partie la plus éloignée de Sa domination, avec le péché sur eux ? Encore moins pourrait-il en être ainsi dans le ciel, le trône de Sa majesté. Le jour vient où tout le mal devra être banni jusque dans l’étang de feu. Comment donc pourrait-Il tolérer le péché dans ceux qui doivent être introduits dans le cercle le plus intime de Sa présence ? C’est la nécessité positive de Son caractère et de Sa nature, que s’Il veut en avoir avec Lui dans le ciel, il faut qu’ils y soient « saints et irréprochables devant Lui ». Mais c’est bien loin d’être tout : il faut que ce soit « en amour » ; parce que rien ne pourrait être plus misérable, que s’ils n’étaient pas capables d’entrer dans Ses propres affections. Être simplement dans la place la plus bénie pour des créatures, sans tache, sans aucune chose qui pût souiller la présence de Dieu, ce ne serait pas assez. L’homme fut créé pour avoir un cœur, pour avoir des affections ; et il ne pourrait y avoir de bonheur dans des créatures qui savent ce qu’est l’affection, s’il n’y avait pas la chose sur laquelle l’affection pût se fixer. Si Dieu veut que de tels êtres soient introduits en Sa présence, et cela nécessairement sans péché, sous quelque forme que ce soit, il faut aussi que ce soit « en amour ». Il leur donnera une nature non seulement capable d’être devant Lui sans reproche et sans crainte, mais aussi qui réponde à Son propre amour. « Nous l’aimons parce qu’Il nous a aimés le premier ». En Christ seul cet amour est connu ; mais la manière dont saint Jean parle de Dieu et de Christ est telle, qu’il y a une grande difficulté à décider duquel il veut parler. Il emploie de cette manière le pronom « lui », non pas indistinctement, mais en passant insensiblement de l’un à l’autre. Cela vient de ce qu’ils sont un : « Moi et le Père, nous sommes un » ; et c’est Jean seul qui rapporte cela.
Nous avons ici le choix que Dieu fait de nous personnellement. Car ce n’est pas seulement pour avoir un peuple, comme si c’était quelque chose de vague — un certain nombre de niches dans le ciel, destinées à être remplies par un pareil nombre d’âmes. Il n’y a pas une telle notion dans la Bible. Ce sont des personnes qu’Il choisit. Il ne peut y avoir un tel amour sans avoir distinctement une personne devant soi. Et s’il est vrai même parmi les hommes, que l’amour n’est pas un sentiment incertain — ce qui serait plutôt un caprice — à combien plus forte raison la chose est-elle plus vraie quand il s’agit de Dieu. Il nous aime individuellement. Ainsi, Il nous a élus en Christ, avant la fondation du monde, pour montrer de quelle manière absolue c’est un choix indépendant de notre caractère et de nos voies ; et s’il en est ainsi, il faut que ce qui vient de Dieu retourne à Dieu, d’une manière qui soit selon Lui. Et c’est en effet ce qui a lieu ici. S’il y a ce choix de Dieu en Christ avant la fondation du monde, Il veut avoir les saints devant Lui d’une manière qui n’est possible qu’à Dieu. Il ne veut jamais avoir ce qui est indigne de Son amour et de Sa présence. Ainsi donc il est dit : « afin que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour ». Ce n’est pas seulement de la sainteté, ou un état sans reproche, ou l’amour ; ce n’est ni l’une de ces choses, ni toutes ces choses, en partie. Dès lors cela n’a pas trait à ce que nous avons été. Si nous examinons quelqu’un, nous pouvons trouver en lui des défauts graves. Même comme chrétien, il est même bien loin d’être ce qui est dû à Dieu. Il a honte de lui-même ; il gémit en pensant combien peu son cœur répond à la faveur que Dieu lui a montrée. Est-ce là ce qui conviendrait en Sa présence ? Dieu sera-t-Il satisfait de ce en quoi un chrétien même trouve à blâmer ? Impossible. Le verset n’envisage pas ici l’homme complexe, mais ce que Dieu nous fait être en Christ, en Son Fils. Il y a maintenant dans les saints ce qui est bien contraire à leur caractère, ce qui ne ressemble pas à Dieu ni à Son Fils bien-aimé : l’orgueil, la vanité, la sottise, toute espèce de mauvaises voies et de mauvaises pensées qui ne découlent jamais de Christ, et n’ont pas la moindre ressemblance avec Lui. Mais malgré tout cela, ne sont-ils pas des saints ? Qu’ainsi n’advienne qu’ils ne le soient pas. Et pourtant c’est là la ferme pensée de Dieu. Il nous a élus en Christ, « afin que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour ». Comment cela peut-il être ? La réponse est, parce que Dieu nous envisage ici selon ce qu’Il nous donne en Christ, et rien de moins. Tout est comme ignoré dans ce verset, sauf la nouvelle nature qui découle de Sa grâce pour les objets de Son choix. Il nous a élus pour être tels, et Il veut nous avoir parfaitement tels, et rien d’autre, quand le moment viendra pour nous d’être en Sa présence. Mais maintenant même cela est vrai quant à l’essence de la chose, en tant que nous sommes en Christ et que nous avons Sa vie en nous. Puis-je trouver aucun défaut en Christ ? Si Christ est irréprochable en amour, dans la propre nature de Dieu Lui-même, Il est précisément la vie de tout chrétien, quel que soit le nom qu’un homme puisse porter parmi les hommes.
Mais ce n’est pas même tout. Quelque bénédiction qu’il y ait à répondre à la sainteté du caractère et de la nature de Dieu — et c’est là ce que fera bientôt chaque saint dans la gloire, et ce que chaque saint possède réellement comme étant une nouvelle créature en Christ maintenant — ce n’est pourtant pas assez. Nous pourrions être « saints et irréprochables devant Lui en amour », et encore n’être simplement que serviteurs. Sa majesté la reine peut s’entourer de serviteurs pour faire sa volonté ; elle peut introduire en sa présence une personne et une autre, et ils devraient se regarder comme bien honorés d’avoir été ainsi faits les instruments de ses désirs, bien qu’il n’existe naturellement entre eux et elle aucune relation de famille. Mais rien au-dessous de cela ne peut suffire dans les choses célestes. Telle est la merveille de la grâce de Dieu. Dans le verset même qui suit nous trouvons ce fait, que Dieu n’agit pas seulement de Lui-même pour nous appeler et nous introduire en cette merveilleuse place : — pour être la reproduction de Sa propre nature morale et de Son propre caractère. Dieu est saint et irréprochable, et Il est amour dans Sa propre nature. Cela appartient à notre vie maintenant, et nous appartiendra entièrement quand nous serons introduits au ciel, bientôt, par la puissance et la grâce de notre Seigneur Jésus Christ. Mais ce n’est pas seulement comme serviteurs, mais comme fils que nous serons là — dans la conscience d’être fils ; n’y occupant pas même une position semblable à celle des anges, comme « ministres, faisant son bon plaisir », mais comme ceux qui prennent intérêt à tout ce à quoi Il s’intéresse. Ce que nous sentirons ne sera pas simplement pour Lui, mais 'avec Lui. Nous aurons un commun intérêt avec Lui — le même genre de sentiment, si je puis me servir de la même illustration, que les membres de la famille royale ont en commun avec la couronne.
C’est là ce que le Saint Esprit met devant nous dans le verset 5. Le chrétien est planté en Christ devant Dieu, et il a une nature sainte et aimante. Mais en outre, il y a une relation positive qui est formée ; et cette relation, dans laquelle nous sommes introduits envers le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, n’est rien moins que celle de fils selon le patron du Fils de Dieu ressuscité. En tant qu’Il est le Fils éternel du Père, nul ne pourrait avoir une telle place avec Lui. Cette pensée même répugnerait à une âme renouvelée. Mais il a plu à Christ de nous appeler Ses frères, après qu’Il fut ressuscité d’entre les morts, et non auparavant. Et c’est sur la terre, dans la terre où nous avons péché, où nous étions esclaves de Satan — c’est ici que, par la foi de Christ, nous laissons derrière nous tout ce que nous étions, et que nous entrons dans cette relation avec Dieu, si bénie, si glorieuse et si intime. « Nous ayant prédestinés pour nous adopter à Lui ». Le mot « prédestinés » est une expression plus spéciale que le mot « élus », qui signifie que Dieu nous a choisis du monde. Il n’y a que l’incrédule qui puisse s’imaginer que tous doivent être dans une place comme celle-là, ou que des hommes qui ont vécu toute leur vie dans le blasphème contre Dieu, doivent être « saints et irréprochables » quand ils meurent. Dieu a un choix, et notre affaire c’est de bénir Dieu pour Son grand amour — non de juger Ses voies, ni de les blâmer. « Qui es-tu, toi, qui contestes contre Dieu ? ». C’est là la réponse de Dieu à toutes les vaines pensées et à tous les vains raisonnements. Mais alors s’Il choisit selon Sa nature et Sa sainteté, Il nous a « prédestinés pour nous adopter à Lui par Jésus Christ ». Ainsi donc, nous trouvons maintenant le privilège spécial et la glorieuse relation de fils devant Dieu en Sa présence par Jésus Christ. Il aurait pu ne pas le faire, mais c’était « selon le bon plaisir de sa volonté ».
Non seulement Il voulait avoir des personnes, et par conséquent les choisir ; mais voici une manifestation particulière de Son bon plaisir, et en conséquence Il les met dans cette place bénie, « à (la) louange de (la) gloire de sa grâce dans laquelle Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé ». Le verset 6 nous montre ce qui répond aux deux versets qui le précèdent. La clause, « à (la) louange de (la) gloire de sa grâce », etc., comprend et le choix du verset 4, et la prédestination du verset 5 — le caractère du choix de Dieu, et la faveur spéciale de la prédestination du Père. « À (la) louange de (la) gloire de sa grâce dans laquelle Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé ». Acceptés, serait une expression un peu froide pour rendre le sens du verset. Ce n’est pas ce que les gens appellent, dans le langage de la doctrine, l’acceptation, ce qui est plutôt de la même nature que la réconciliation. Mais ici, il me semble, il y a la plénitude de la faveur divine, ce qui va bien au-delà de la simple acceptation. En un mot, Dieu fait de nous des objets de Sa faveur selon tout ce qu’il y a dans Son cœur ; et, afin que cela soit plus pleinement présenté, Il dit : « dans le Bien-aimé », et non simplement « en Christ ». Il y avait un seul objet dans lequel Dieu trouvait toute Sa satisfaction, qui répondait à toutes les pensées et à tous les désirs de Son cœur ; et cet objet était Christ, Celui qui était le Bien-aimé, et cela, sans doute, dans un sens où nulle créature, en elle-même, ne pourrait l’être. Afin de nous bénir pleinement, Dieu nous a faits les objets de Sa faveur dans ce Bien-aimé, et tout est « à (la) louange de (la) gloire de sa grâce ». Ceci comprend toutes les hauteurs et toutes les profondeurs de la grâce de Celui qui est le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous bénit en Christ. De fait, Il ne pouvait aller plus loin. Pouvait-Il montrer à qui que ce fût autant de faveur qu’à Christ ? C’est précisément ainsi qu’Il nous aime et qu’Il nous bénit. Il ne pouvait faire plus, et Il ne veut pas faire moins. Il s’est élevé jusqu’au plus riche caractère d’amour et de bénédiction dans la grâce selon laquelle Il nous envisage dans le Bien-aimé.
Mais alors, quel était notre état antérieur ? Le verset 7 dit : « En qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés selon les richesses de sa grâce ». Il y est seulement fait allusion en passant ; mais cela suppose que nous étions les misérables esclaves de Satan. En la même personne, en qui nous devenons les objets d’une telle faveur, nous avons la rédemption. Dieu n’oublie pas au moindre degré ce qu’était notre condition lorsqu’Il nous a ainsi bénis. Il sait bien qu’il fallait nous retirer de l’état entier dans lequel nous étions, car en vérité nous n’avions que nos péchés. S’il n’y avait eu que les versets précédents, on aurait pu concevoir l’idée que de telles bénédictions et une telle gloire n’auraient pu être mêlées avec ce que nous étions. Mais en Christ, nous est-il dit, nous avons la rédemption. Toutefois l’apôtre ne touche jamais à la rédemption ni à la rémission des péchés, jusqu’à ce qu’il nous ait introduits dans la hauteur et dans la profondeur de tous les privilèges qui découlent de Dieu Lui-même ; ici toute question quant à ce que l’homme est, est si entièrement écartée, que ce n’est pour ainsi dire qu’incidemment que nous trouvons la triste vérité de sa condition. On aurait pu ignorer, d’après les quelques versets qui commencent l’épître, que des personnes ainsi bénies eussent jamais été coupables d’un seul péché. Mais nous voyons ici qu’elles avaient besoin d’être rachetées, d’avoir leurs péchés pardonnés ; et ce même Christ, en qui et par le moyen duquel nous avons toutes nos autres bénédictions, est Celui en qui nous avons aussi « la rédemption par son sang, la rémission des péchés selon les richesses de sa grâce ».
Nous pouvons remarquer ici qu’il y a une différence entre « (la) gloire de sa grâce » et « les richesses de sa grâce ». La « gloire de sa grâce » comprend tous ces privilèges dont il a déjà été question. Le Saint-Esprit a présenté dans le verset 7 « les richesses de sa grâce » — les moyens et les ressources pour nous comme pauvres pécheurs. Mais cela ne suffit pas pour Dieu, s’Il agit de manière à manifester non seulement Ses riches ressources dans Ses voies à l’égard des individus les plus misérables, mais la gloire de Sa grâce. Il veut manifester Son propre caractère — ce qu’Il est Lui-même, et ne peut se borner à pourvoir à ce que nous étions. La « louange de la gloire de sa grâce » découle de ce que Dieu sent et par conséquent fera, afin de se manifester pour nous.
Remarquez en outre, avant que nous quittions ce point, que plus loin nous trouvons une autre rédemption — celle « de la possession acquise », ce qui est une chose bien différente. Nous avons la rédemption en tant qu’il s’agit de la rémission des péchés ; nous attendons la rédemption quant à ce qui concerne l’héritage, ce qui dépend de la venue de Christ pour le prendre de fait sous Son gouvernement. La possession acquise a rapport à l’héritage, et non simplement à ce qui affecte nos âmes. Quant à l’âme, nous avons maintenant la rédemption aussi complètement que nous pouvons jamais l’avoir ; ce que nous ferons bien de ne pas perdre de vue. Le croyant ne peut être plus pardonné qu’il l’est maintenant ; et Dieu ne saurait faire plus pour ôter le péché que ce qu’Il a déjà fait. Il a donné Son Fils, et le sang de Son Fils a été répandu, et il est impossible que Dieu Lui-même fit davantage pour effacer le péché de devant Sa face. Quelle consolation pour nos âmes ! Si nous pensons à nos péchés, nous pouvons aussi entrer dans la consolante assurance que toute notre culpabilité est ôtée de devant Dieu. Nous pouvons tomber dans le péché, car il existe en effet ; mais il reste comme une source du jugement de soi-même, à la place d’une attente terrible du jugement prochain.
Voilà précisément la différence réelle. Comme sujet du jugement divin, le péché est ôté en Christ ; comme sujet du jugement de soi-même, il doit toujours être confessé s’il nous arrive d’y tomber. Et le jugement de soi-même n’est jamais complet, jusqu’à ce que nous sachions que le jugement de Dieu à l’égard du péché est terminé pour nous à la croix. Sous l’Ancien Testament, il n’y avait pas un tel jugement de soi-même à cause du péché, qu’il doit y avoir sous le Nouveau. Nous trouvons en conséquence que (quoique Dieu n’ait jamais traité aucun péché avec indifférence, et ne pourrait jamais le faire), il est pourtant souvent laissé sans un seul mot de commentaire. Mais ce n’est pas traiter la chose légèrement : Dieu la laisse parler pour elle-même. Il exerce d’autant plus le cœur de Ses enfants. S’ils sont dans un état d’opiniâtreté, ils peuvent se servir de la mention faite du péché pour traiter légèrement le mal de leurs propres voies ; sinon, l’exercice de la conscience a lieu. Ce n’est qu’après que la vraie condition de l’homme fut pleinement mise en évidence en la croix de Christ, que nous voyons ce qu’est le jugement de Dieu à l’égard du péché. C’est depuis ce moment-là que nous commençons à entendre parler de « la chair », dans le sens où le Nouveau Testament en parle. Vous pouvez trouver l’expression dans l’Ancien Testament, mais elle ne revêt jamais le même caractère de méchanceté — aussi fort, aussi précis, aussi complet, que dans le Nouveau. La chair ne s’était jamais mise en évidence ; et Dieu attend toujours qu’une personne ou qu’une chose mette en évidence son caractère réel, avant de prononcer le jugement. Et nous devrions apprendre de Dieu à cet égard. La patience de Dieu en jugement est une des plus merveilleuses de Ses voies ; et nous devrions être à cet égard imitateurs de Dieu. Il attendit la croix de Son Fils, avant que le vrai caractère de l’iniquité de l’homme fût pleinement présenté. Sous l’Ancien Testament nous voyons des choses supportées à cause de l’endurcissement des cœurs des hommes ; mais dans le Nouveau Testament il y a une mesure différente, et nul mal n’est toléré pour un moment. La pensée de Dieu sur le mal est proclamée : « les ténèbres s’en vont, et la vraie lumière luit maintenant ». Ni Dieu, ni l’homme ne restent cachés. Tout est mis à nu. L’homme est perdu. Dieu est connu non pas comme un législateur simplement, mais comme un Dieu Sauveur ; et si je ne Le connais pas ainsi, je ne Le connais pas du tout. « Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et Celui que tu as envoyé, Jésus Christ ».
De tout ceci nous apprenons que c’est maintenant seulement que le caractère final du mal a été manifesté. L’Ancien Testament commandait que le mal ne fût pas pratiqué ; mais, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, le résultat complet de l’épreuve est manifesté ici : et quel est le verdict ? Que l’homme est mort — moralement, spirituellement — mort dans ses offenses et dans ses péchés. Dieu comprenait parfaitement auparavant le caractère de l’homme, mais Il veut que nous le comprenions. Nous avions besoin de la rédemption, et nous l’avons — de pardon, et nous l’avons. Mais nous attendons le moment où nous aurons « la rédemption de la possession acquise ». Ceci comprend toute la création de Dieu, y compris aussi, peut-être, nos corps, comme partie de la création de Dieu. Mais la rédemption du verset 7 est une chose plus intime, et nous sommes placés dans une position maintenant, où nous pouvons nous juger nous-mêmes entièrement, parce que nous savons que nous ne serons pas condamnés avec le monde. Dieu nous place ainsi dans une position où nous avons un même intérêt avec Lui-même ; Il nous met de Son côté, pour prendre Son parti contre nous-mêmes. Or c’est là ce que signifie la repentance, et à cause de cela elle est appelée « la repentance envers Dieu ».
Mais le verset suivant dévoile un autre sujet : « laquelle Il a fait abonder envers nous en toute sagesse et intelligence ». Il n’est pas dit : « fait abonder envers nous en nous pardonnant », parce que le plein pardon est un besoin positif. Mais quand nous entendons parler de toute « sagesse et intelligence », il est question des conseils de Dieu touchant Son Fils, au-dessus de toute pensée de besoins, et indépendamment d’une telle pensée. Il dit en quelque sorte : Vous êtes à même maintenant d’entrer dans mes pensées, et de les comprendre quand je parle. Vous êtes délivrés de toute anxiété au sujet de vos péchés, et vous êtes libres maintenant pour entrer dans mon dessein. « Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, lequel Il s’est proposé en Lui-même ». Et le secret de Sa volonté est, « pour l’administration de la plénitude des temps…, de réunir en un, toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre, en Lui, en qui nous aussi nous avons été faits héritiers » (v. 9 à 11). Nous avons clairement ici, dans ces versets centraux, le fait que — la question du péché ayant été réglée dans nos âmes — nous sommes rendus capables d’entendre ce que Dieu a à nous dire sur toutes autres choses. Il n’a pas seulement à nous dire ce qu’Il va faire sur la terre, comme Il fit avec Abraham. La relation est plus élevée que celle qu’Il avait fait connaître aux patriarches. Au commencement, quand l’Éternel Dieu eut formé toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux des cieux, Il les fit venir vers Adam, le seigneur de la création, « afin qu’il vit comment il les nommerait, et afin que le nom qu’Adam donnerait à tout animal fût son nom. Et Adam donna les noms à tout le bétail et aux oiseaux des cieux, et à toutes les bêtes des champs » (Gen. 2, 19, 20). C’était là une sagesse conférée dans le domaine de la nature. Mais maintenant c’est une chose beaucoup plus profonde et étendue ; car il est question de la suprématie du second homme et du discernement qui suffit et qui convient par rapport à ses hauteurs et profondeurs sans bornes. Dès lors, Dieu a fait abonder envers nous Sa grâce en toute sorte de sagesse et d’intelligence. Tout ce qui manifeste Son caractère et la gloire de Christ, Il nous le fait connaître. Il nous traite, non comme des serviteurs, mais comme des amis. Il a une chose plus près de Lui que toute autre chose — ce qu’Il va faire pour Son Fils : et Il nous fait part des secrets qui sont le plus près de Son cœur.
Si quelqu’un dit : Je n’ai pas besoin de comprendre des mystères, je réponds : Vous ne sentez pas le besoin de connaître ce que Dieu veut vous enseigner. L’incrédulité se montre toujours sous quelque caractère d’hostilité à Dieu. Dans Sa parfaite bonté, Il nous donne, Lui, la consolation du salut, et ensuite Il nous découvre ces autres vérités. « Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté ». Cela ne veut pas dire quelque chose que vous ne pouvez pas comprendre, mais ce que vous ne pourriez pas connaître avant que Dieu vous l’eût dit. Ne vous détournez pas en disant : Tout ce que je désire savoir c’est que je suis sauvé. Nous devrions désirer apprendre tout ce que Dieu daigne nous enseigner. Le mot « mystère » signifie ce qu’il a plu à Dieu de garder secret — quelque chose qu’Il n’avait pas encore révélé, mais qui est tout à fait intelligible quand il est dévoilé. Le mot « mystère », dans un sens populaire, est complètement différent de son emploi dans la Parole de Dieu. Il y a bien des choses très merveilleuses dans les prophéties, mais elles ne sont pas appelées des mystères. Ce qui est maintenant présenté pour la première fois, c’est le mystère de Sa volonté. Il y a bien des mystères expliqués dans le Nouveau Testament, comme ceux du royaume des cieux. Babylone aussi est appelée un mystère. Le mystère ici, c’est que Dieu veut réunir toutes choses dans les cieux et sur la terre sous Christ comme chef. Il ne veut pas seulement avoir les cieux, comme ils sont maintenant, complètement séparés de la terre, mais avoir un système de gloire céleste et terrestre réunies, tout étant sous notre Seigneur — c’est là le mystère de Sa volonté.
Mais il y a plus que cela. Il veut que nous participions à la gloire comme associés avec Christ. Ainsi, il y a deux grandes parties dans le mystère de Sa volonté. La première, c’est Christ, et la seconde, c’est l’Église ; c’est pourquoi il est dit dans cette épître même : « Ce mystère est grand ; mais moi je le dis par rapport a Christ et à l’assemblée ». Ce n’est pas « l’assemblée », sans doute, qui est le mystère, mais « Christ et… l’assemblée ». L’Église, quelque bénie qu’elle soit, n’en est qu’une partie subordonnée. Qu’elle fasse même partie du tout, cela vient uniquement de ce qu’elle appartient à Christ, le chef céleste de toutes choses. Le dessein de Dieu est « pour l’administration de la plénitude des temps ». Alors ces heures de honte et de douleur qui s’écoulent maintenant, auront achevé leur cours — le temps pendant lequel la création est assujettie à la vanité, le temps pour Israël d’un aveuglement auquel le livre le jugement de Dieu, le temps pour les Gentils de gouverner comme si Dieu ne devait ni intervenir ni prendre connaissance des choses, le temps où l’Église de Dieu demeure dans la faiblesse et divisée, le temps de la liberté de Satan pour séduire et tourmenter les hommes. Ces choses continuent maintenant — l’homme, le chef, par le moyen du péché, assujetti à la maladie et à la mort, et toute la création gémissant. Mais Dieu Lui-même mettra fin à tout ce qui porte un tel caractère. Il veut lier Satan et délivrer l’homme de sa séduction. Il veut avoir Israël béni et réuni sous son Messie — les Gentils bénissant Dieu, qui sera sanctifié parmi eux — la terre elle-même n’étant plus la scène pauvre, misérable, et gémissante qu’elle est aujourd’hui, mais la malédiction ôtée, et le désert se réjouissant et fleurissant comme une rose. Dieu accomplira un jour toutes ces choses ; et quand les temps convenables selon Dieu seront complets[1], Il changera tout, introduisant Christ comme le Chef, le centre et le moyen de toute bénédiction. Christ est l’homme plus fort qui doit lier l’homme fort, Celui qui brisera la tête du serpent — le Seigneur du ciel et de la terre — le Messie d’Israël, et le Fils de l’homme, gouverneur suprême sur toutes les nations. Toutes ces choses seront un jour accomplies de la manière la plus simple et la plus efficace, mais ce ne sera pas par la puissance de l’homme — pas même par la propagation de l’évangile. Christ Lui-même administrera et maintiendra la gloire de Dieu dans l’univers.
Si les hommes avaient un sentiment juste de l’état actuel de l’Église, ils se couvriraient de sac et de cendre, au lieu de sonner de la trompette. Ce que nous avons à faire, c’est de nous humilier devant Dieu, à cause de ce que nous sommes et de ce que nous voyons autour de nous, même chez les meilleurs. Il faut beaucoup de patience, non seulement pour supporter les autres et pour que les autres nous supportent, mais pour continuer à marcher dans l’amour. Si nous avons réellement du cœur pour Dieu et pour Ses enfants, nous sentirons profondément ces choses, et nous chercherons la bénédiction de ceux qui sont entraînés par cet état — et nous le ferons même entièrement et de tout notre cœur — nous rappelant que le jour béni est proche, où Christ sera haut élevé comme le chef de toutes choses, célestes et terrestres. Tandis qu’il est convenable pour nous de nous juger nous-mêmes, nous n’avons pas besoin d’être découragés. Nous savons que notre espérance est une espérance « qui ne rend pas honteux ». Elle n’est pas fondée sur ce que va faire l’Église ou une société quelconque, car notre espérance c’est Christ. Nous savons que Dieu nous a fait connaître le secret de Sa volonté. Lorsqu’il n’y a pas une conscience exercée, il se peut qu’on ne rejette pas cette vérité ; mais elle n’est pas réalisée, ni appliquée, dans un tel état. Le remède béni que Dieu apporte au désordre qui règne dans le monde, c’est Christ, amené hors de Sa position actuelle comme caché auprès de Dieu ; et du moment qu’Il en sort, quel changement ! Toutes choses, dans les cieux et sur la terre, seront réunies en Christ ; et quand ce jour arrivera, nous entrerons visiblement dans notre héritage. Nous avons déjà le titre, mais nous ne sommes pas en possession d’une manière manifeste. « En qui nous aussi nous avons été faits héritiers, ayant été prédestinés selon le propos arrêté de Celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté ; afin que nous soyons à (la) louange de sa gloire, nous qui avons préespéré dans le Christ ».
Nous avons, d’abord (v. 5), notre prédestination comme enfants. « Et si (nous sommes) enfants, (nous sommes) aussi héritiers » — héritiers d’un glorieux héritage, Christ ayant été fait le chef de l’univers (v. 10, 11). L’interprétation généralement reçue c’est d’appliquer le verset 10 à la position de Christ maintenant. On s’imagine que « la plénitude des temps » ici signifie la même chose que nous trouvons dans Galates 4. Mais « la plénitude des temps » diffère grandement de « l’accomplissement » (ou plénitude) « du temps », cette dernière expression signifiant l’intervalle qui s’est terminé par l’incarnation de Christ, ou qui a été complété par elle. La naissance de Christ est une chose bien différente de l’exaltation de Christ, comme le chef de toutes choses. Il y a une erreur mortelle à l’œuvre, quand les hommes mettent l’incarnation du Fils à la place de la rédemption. On fait dépendre notre union avec Christ du simple fait de Son incarnation, et non du fait qu’Il est ressuscité d’entre les morts, et qu’Il est entré ainsi dans Sa position de chef. Mais si notre union avec Christ est confondue avec le fait qu’Il était un homme, alors Il s’est uni avec la nature humaine, et il n’y a point d’union spéciale entre le chrétien et Christ, parce que l’humanité appartient à la race entière, c’est-à-dire à l’homme dans le péché. Ceci conduit naturellement plus loin — à l’hérésie qui fait prendre à Christ l’humanité dans Sa condition déchue.
Il est dit encore : « Afin que nous soyons à (la) louange de sa gloire, nous qui avons préespéré dans le Christ ». La pensée est : espéré en Christ, avant que les Juifs (dont il est spécialement parlé) contemplent Christ dans le temps et de la manière qui sont déterminés. « Ils regarderont vers moi, qu’ils auront percé ». Or, dit-il, nous sommes ceux qui ont « préespéré dans le Christ ». Notre espérance est fondée sur Christ, avant que le reste de la nation Le voie et croie en Lui. Le « nous » dans le verset 12, ne va pas au-delà des Juifs qui croyaient : « En qui vous aussi » exprime une distinction. Le « nous », et le « vous » se rapportent, le premier à Paul et à ceux d’Israël qui, comme lui, avaient cru, le second aux croyants d’entre les Gentils, comme les Éphésiens. S’il en est ainsi, le sens est : « Afin que nous » — Juifs chrétiens — « soyons à (la) louange de sa gloire, nous qui avons préespéré dans le Christ ». Ceux qui composeront la nation d’Israël n’auront pas préespéré « à (la) louange de sa gloire ». Ils seront les objets de cette gloire. « Lève-toi, sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi ». Sa gloire comprendra leur salut ; mais ce qui est « à (la) louange de sa gloire », c’est qu’il y en a, du milieu de cette nation incrédule, qui ont reçu Christ avant de Le voir, et qui, par conséquent, seront « manifestés avec Lui en gloire ». Bienheureux ceux qui reçoivent Christ quand ils Le voient ; mais bienheureux encore plus ceux qui ne L’ont point vu, et qui pourtant ont cru (Jean 20, 29) !
Nous avons donc vu que l’apôtre, dans le verset 12, présente les Juifs croyants comme étant maintenant introduits dans toutes les bénédictions dont il est parlé dans la portion précédente du chapitre. Puis s’adressant aux saints d’entre les Gentils à Éphèse, il dit : « En qui vous aussi (vous avez espéré), ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut, auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse ».
Il peut être profitable ici d’entrer dans plus de développements quant à la présence et à l’action du Saint Esprit. Les hommes ne furent pas longtemps sans s’éloigner beaucoup de la vérité de Dieu. Nous savons qu’avant les trois derniers siècles, d’épaisses ténèbres s’étaient étendues comme un nuage sur la chrétienté. Mais même depuis la lumière qui brilla à l’époque de la Réformation, les chrétiens ont toujours eu à lutter pour réaliser en leur propre âme la vérité qu’ils étaient nés de Dieu et justifiés en Christ. Nous devons pleinement admettre l’immense importance qu’une âme soit entièrement établie. Mais la régénération et la justification étaient-elles destinées à être la somme et la substance de la recherche du chrétien, de ses efforts et de ses désirs ? Au contraire, sont-elles autres choses que le seuil même, ou au plus, la fondation sur laquelle un chrétien est appelé à bâtir ? N’est-ce pas ici ce que Dieu attend de nous, savoir, qu’étant nés de nouveau, au lieu de nous occuper à chercher des marques et des signes qui montrent que nous le sommes, nous fassions vraiment des progrès en Christ ? Être né de nouveau, c’est la première œuvre essentielle de l’Esprit de Dieu, sans laquelle il n’y a point de vie quant à Dieu, aucune possibilité d’avancer dans les choses de Dieu. C’est le besoin universel, la condition indispensable pour toute âme, afin d’avoir part aux bénédictions de Dieu, dans tous les temps, et sous toutes les économies.
Aussi, quand Nicodème vint à notre Seigneur, désirant d’être enseigné par Lui, notre Seigneur commence aussitôt par là. Le rabbin reconnaissait que Jésus était « un docteur venu de Dieu », par lequel il désirait être enseigné. Mais notre Seigneur l’arrête d’une manière particulièrement solennelle : « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Nicodème, étonné, demande comment une telle chose peut être. Notre Seigneur néanmoins répond à sa question inintelligente en renouvelant Son assertion, mais en des termes encore plus forts : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». Nous avons là une explication bien claire quant à ce que c’est que d’être né de nouveau. C’est être né d’eau et de l’Esprit. Nicodème exprime encore son étonnement à cet égard — savoir qu’un Juif, un Juif moral et religieux, un homme qui n’était pas païen, qui avait la foi, et qui semblait avoir été spécialement honoré de Dieu, eût besoin d’être né une seconde fois ; que lui, docteur d’Israël, dans un sens prééminent, reçût ainsi une réponse qui était réellement un reproche pour lui, qui insistait sur la nécessité d’un changement vital, changement qu’il avait été si loin de réaliser, qu’il ne le jugeait pas même nécessaire ! C’était là, en effet, un coup qui arrêtait Nicodème dès le premier pas. Néanmoins notre Seigneur montre qu’il aurait dû connaître ces choses, c’est-à-dire les connaître naturellement par les prophètes. Remarquez bien cela, parce que c’est une réponse entièrement satisfaisante quant à ceux qui voudraient rattacher au baptême l’expression d’être né d’eau. Celui qui connaît bien les vues qui sont enseignées ici, ne peut raisonnablement penser qu’il y ait aucune dépréciation de cette institution de Christ. Car je maintiens que nul ne devrait être reconnu sur un terrain chrétien, jusqu’à ce qu’il ait été baptisé d’eau. Je ne veux pas dire qu’il ne puisse être un croyant ; mais s’il ne s’est pas soumis au baptême au nom du Seigneur, il n’a pas ostensiblement quitté un terrain, judaïque ou païen. Et notre Seigneur a insisté ailleurs sur la nécessité d’être baptisé, aussi bien que de croire (Marc 16).
Mais quelqu’important que soit le baptême, comme le signe institué de la mort et de la résurrection en Christ, notre Seigneur cependant ne fit point directement allusion à ce rite, en parlant avec Nicodème, car Il ne dit pas : Tu es disciple de Christ, mais : « Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? ». C’est-à-dire que, comme Juif, il aurait dû connaître ces choses. Comment pouvait-il comme Juif connaître le baptême chrétien ? Pour un tel homme c’était là une nouveauté ; et même la chose n’existait pas à cette époque. Comment ce qui n’était pas encore introduit, pouvait-il être connu ? Il aurait dû savoir ce que signifiait être né d’eau et de l’Esprit, et en sentir l’absolue nécessité. Que voulait donc dire le Seigneur ? Le voici : c’est que — peu importe le temps, ou le lieu, ou la personne — il fallait que tout homme fût né d’eau et de l’Esprit, pour pouvoir voir le royaume de Dieu ou y entrer, et qu’il reçût, par le Saint Esprit, la communication d’une nouvelle vie. Et comment cette vie est-elle produite ? Par une cérémonie ? Non. Par une marche chrétienne ? Non. Par quel moyen donc ? Par la prière ? Plus que cela ; par la réception de la Parole de Dieu révélant Christ. C’est pourquoi il est écrit que nous sommes nés de nouveau « non par une semence corruptible, mais (par une semence) incorruptible, par la Parole de Dieu, vivante et permanente ». À ce témoignage de Pierre se joint aussi celui de Jacques : « Il nous a de sa propre volonté engendrés par la Parole de la vérité, pour que nous soyons comme une sorte de prémices de ses créatures ». L’instrument employé pour que nous soyons engendrés de Dieu, c’est « la Parole de la vérité ». Ainsi donc, il est clair que l’eau est employée, dans ce passage de Jean 3, comme la figure de la Parole de Dieu appliquée par le Saint Esprit. Les deux sont joints ensemble, afin qu’on ne puisse pas supposer que c’est simplement une ordonnance, ou uniquement la Parole, et pour montrer qu’au contraire il s’agit de l’Esprit appliquant la Parole de Dieu à l’âme avec une puissance vivifiante. C’est pourquoi, quand il est parlé de croire, il est dit : « Et comment croiront-ils en Celui dont ils n’ont point entendu (parler) ? ». Il est nécessaire que la Parole soit prêchée. « Ainsi la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la Parole de Dieu ». Comparez aussi 1 Corinthiens 4, 15. Il importe peu quel passage positif de la Parole vous preniez ; tous enseignent la même chose. Notre Seigneur insiste sur ceci, que tout homme qui entre dans le royaume, doit nécessairement entrer par cette porte-là. Que deviennent donc Abraham et Isaac et Jacob ? Il en est peut-être qui diront que la circoncision est l’équivalent ; mais ne croyez pas à ce rêve, même pour un instant : s’il en était ainsi, que deviendrait cette foule de personnes qui ont existé avant la circoncision ou le baptême, ou en dehors de l’un et de l’autre ? Toutes ces explications ne sont que des conjectures maladroites quant à l’Écriture. Quand même il n’y aurait aucune différence réelle entre le baptême et la circoncision, lorsque notre Seigneur insiste sur la nouvelle naissance, Il ne fait allusion ni à l’un ni à l’autre. Il n’insiste pas sur un rite qui a de si nombreuses exceptions, mais sur une nécessité spirituelle — absolue et universelle. Il ne parle pas du baptême qui est un rite comparativement moderne — d’une chose qui, comme elle n’est entrée que tard dans le monde, n’y subsistera pas toujours. Car il n’y a point de fondement, que je sache, pour supposer que pendant le millénium les personnes continueront à être baptisées d’eau. C’est un rite particulier au moins à l’époque entre les deux avènements du Seigneur — le baptême pour la mort de Christ.
Mais Jean 3 parle d’une chose par laquelle il faut que toute personne passe, sans distinction ou exception, si elle doit voir le royaume de Dieu et y entrer — une chose vraie du brigand sur la croix comme de Saul de Tarse. Tous les enfants de Dieu, passés, présents ou à venir, sont nés de nouveau ; tous ont cette nouvelle vie qui leur est donnée. Ils reçoivent la communication de la vie divine. Mais pour ce qui regarde ceux qui entendent la Parole, il est clair que c’est par le moyen du Saint Esprit qui se sert de la Parole, comme d’un moyen pour communiquer la vie. Elle est emphatiquement la représentation de Christ. Dans Jean 4, nous trouvons une autre opération du Saint Esprit. « Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive ». L’eau vive est évidemment le Saint Esprit, que Jésus donne. Ce n’est pas ici l’opération vivifiante de l’Esprit, indispensable dans tous les temps et dans toutes les circonstances, s’il y a des âmes qui doivent appartenir à Dieu ; mais c’est un privilège spécial que Christ confère personnellement. Et vous trouverez dans le discours du Seigneur qui vient ensuite, et qui est lié avec ce qu’Il avait déjà dit à la femme de Samarie, que le Saint Esprit est donné aux croyants maintenant comme le moyen pour adorer leur Dieu et Père « en esprit et en vérité ». Nous avons donc dans Jean 4 une opération de l’Esprit totalement différente de celle sur laquelle le Seigneur insiste dans Jean 3. Et à qui notre Seigneur découvre-t-Il cela ? À une pauvre femme abandonnée et misérable ; pas même à une Juive, mais à une Samaritaine. Notre Seigneur montre là la grâce qui s’adresse aux plus vils. Maintenant Dieu ne mettait plus en avant la loi, comme auparavant. Il se révèle comme donnant. Sous la loi, Dieu est plutôt comme recevant ; Il demande, Il requiert, Il insiste, pour que la créature Lui rende l’honneur dû à Sa majesté. Dans l’évangile, Dieu se présente comme donnant Son propre Fils. Au lieu d’exiger quelque chose de l’homme coupable et perdu, Il donne même ce qu’Il a de meilleur à celle qui au premier abord ne Lui demandait pas. « Si tu connaissais le don » (l’acte de donner gratuitement) « de Dieu » (quel nouveau son pour la Samaritaine !)… « tu Lui eusses demandé, et Il t’eût donné de l’eau vive ». C’est là ce qu’Il fait — Il donne l’Esprit, la puissance de la vie éternelle. La conséquence de cette manifestation si précieuse de la vérité, c’est que nous savons que le Saint Esprit est en nous comme la source de la communion et la puissance du culte. Ce n’est pas tant l’Esprit comme employant la Parole de Dieu dans son action à notre égard dans notre souillure naturelle, et pour communiquer une nouvelle vie qui s’attache à Dieu et qui hait le péché, avec de nouveaux sentiments, de nouveaux désirs, de nouveaux besoins, qui ne trouvent une réponse qu’en Christ, et que toute âme régénérée a nécessairement, ne fût-ce qu’une pauvre religieuse ou un prêtre superstitieux qui dit la messe. Toutefois si un homme est né de Dieu, il est impossible qu’il ne soupire pas en quelque mesure après ce qu’il n’a pas, et qu’à la longue il ne trouve Christ comme l’objet qui attire son âme — Christ en contraste avec tout ce qu’on trouve sur la terre ou ailleurs — Christ le seul qui lui convienne, et aussi comme Celui dont c’était la gloire de le bénir ainsi. Qu’est-ce que cela prouverait ? Qu’un tel homme est né de Dieu. Car il n’existe aucune preuve qui ne puisse se trouver être une illusion, excepté celle-ci — savoir que mes besoins me font regarder à Christ et trouver en Lui le seul qui puisse satisfaire l’âme.
Mais dans Jean 4, nous ne trouvons pas le cas d’un chef orgueilleux des pharisiens qui est amené à sentir la nécessité de la régénération, mais une femme dépravée, perdue de réputation, à qui personne ne se serait soucié de parler, un seul excepté — chose merveilleuse à dire ! — le Fils de Dieu. C’est à elle que le Seigneur fait connaître cette grande vérité, le don de l’Esprit ; non seulement maintenant comme agissant moralement sur l’âme, ou vivifiant, mais l’Esprit Lui-même habitant dans le cœur, le Saint Esprit comme la puissance de la communion divine et du culte. Quelle joie ! Le Saint Esprit habitant dans les croyants, le Père cherchant « de tels qui l’adorent » ! Connaissez-vous ces choses ? Ou bien, êtes-vous encore entravés par les choses qui sont maintenant passées, par ce qui existait autrefois, et qui avait alors la sanction de Dieu ? par les règles d’une économie qui est passée, données pour un peuple terrestre ? par des rites qui n’ont plus la moindre valeur aux yeux de Celui qui se révèle comme Père ? Le temps des formes et des cérémonies est entièrement passé. Que de fois on dit : Nous n’attachons aucune importance à de telles choses. La vérité est, qu’elles sont maintenant une chose très mauvaise, et contraire à l’ordre actuel établi par Dieu. Ce n’est pas seulement que de beaux spectacles et des sons qui frappent ne devraient pas être un objet dans le culte, mais c’est un péché positif que de les rechercher ou de les admettre. C’est, en principe, un retour à l’idolâtrie et à un monde condamné. C’est pourquoi, dans Jean 4, notre Seigneur introduit cette vérité : « L’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité ». Dans ces mots nous trouvons l’énonciation de la vérité quant au culte. À Jérusalem la splendeur des cérémonies avait été à son comble ; mais maintenant tout cela est passé, et tous ceux qui combattent pour cela maintenant sont, sans le savoir, en rébellion contre Christ. Notre Seigneur montre que ce n’est plus sur cette montagne, ni à Jérusalem, que Dieu doit être adoré. Il y avait un nouvel état de choses qui était tout près de poindre. Et qu’est-ce qui a de la valeur aux yeux de Dieu maintenant ? Les vrais adorateurs adorant le Père en Esprit et en vérité. Quels sont-ils ? Ses enfants. « Le Père en cherche de tels qui l’adorent ». Il rassemble des enfants, les forme à Sa propre louange, met le Saint Esprit au-dedans d’eux pour donner la conscience de leur relation avec Lui-même, et afin que, réalisant cela, ils s’approchent de Lui comme de leur Dieu et Père.
Il est donc clair que de nos jours l’idée d’avoir un culte mélangé de la part de personnes dont les unes sont converties et les autres non, est une contradiction directe du christianisme. Avant la croix il ne pouvait en être autrement. C’était une chose qui n’existait pas alors en aucune façon, que Dieu séparât Ses enfants d’avec ceux qui n’étaient pas ainsi en relation avec Lui. C’eût été un péché pour un Israélite croyant de dire à un incrédule : Je ne puis adorer avec vous, parce que vous n’êtes pas né de Dieu. Mais maintenant le péché est de se réunir dans le culte de Dieu avec ceux qui ne sont pas Ses enfants ; et cela par cette simple raison, que le Père cherche de vrais adorateurs, et de tels seulement, pour l’adorer. Je ne veux pas dire que ce soit un péché que ceux qui sont inconvertis se trouvent dans le même lieu comme spectateurs et auditeurs. Mais la tentative de réunir tout le monde dans le culte de Dieu, est une illusion fatale, déshonorant Dieu et destructrice pour l’âme de ceux qui ne sont pas des vrais adorateurs. Mais on n’a pas de foi pour demeurer séparés du monde. On aime à avoir l’appui des hommes ; et c’est, sans doute, une épreuve que d’avoir à agir avec décision. Nous sommes avertis de Dieu, que, si nous cherchions à complaire aux hommes, nous ne serions pas serviteurs de Christ. Nous devons courir le risque de leur faire de la peine, mais « les plaies faites par celui qui aime sont fidèles ». Il y en a qui confondent ces deux choses : entendre l’évangile ou d’autres vérités, et le culte. Mais elles sont totalement différentes. En adorant Dieu, les chrétiens offrent à Dieu un service de louanges et d’actions de grâce. Le culte, c’est ce qui part du croyant et remonte à Dieu ; tandis que dans l’évangile ou tout autre ministère, c’est un message qui descend de Dieu pour le bien des âmes, pour l’instruction des croyants, ou pour convaincre les incrédules et pour leur salut. Mais que ce soit adressé aux uns ou aux autres, c’est toujours ce qui vient de Dieu pour eux, et non ce qui remonte à Dieu de leur part, de sorte que c’est un mal bien sérieux que de confondre ces deux choses. Chez plusieurs, ce qui les attache aux vieilles murailles et à la routine, ce n’est pas les prières, mais parce qu’ils espèrent entendre quelque chose de bon dans le sermon. Ils sortent ainsi entièrement de la condition d’adorateurs. Le culte est la vraie expression du cœur par le Saint Esprit en louanges et en actions de grâce, que ce soit ou non de la part d’un homme illettré. Nous savons dans le cas des apôtres, qu’ils ne pouvaient pas parler correctement (Act. 4) ; mais, malgré cela, ils étaient les vases choisis d’une puissance de Dieu telle, que jamais une pareille puissance, auparavant ou depuis, n’a visité cette terre, dans des hommes sujets aux mêmes passions que nous. Et je crois qu’il en est encore ainsi, et qu’il en sera toujours ainsi. Dieu choisit « les choses faibles de ce monde pour couvrir de honte les choses fortes ». Quoiqu’il puisse y avoir un Paul introduit dans l’occasion, c’est là l’exception, et Dieu ne veut jamais que les exceptions deviennent la règle.
Ainsi donc, outre la régénération, qui est la première opération de l’Esprit de Dieu, il y a de plus le don du Saint Esprit. « En qui vous aussi… ayant entendu la Parole de la vérité, l’évangile de votre salut ». Ils étaient nés « d’eau et de l’Esprit ». Ils avaient « entendu la Parole de la vérité », que nous trouvons présentée dans cette épître sous la figure de l’eau : « Afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau par la Parole » (chap. 5, 26). Ce n’est pas seulement que l’Église est lavée par la Parole, mais le pauvre pécheur est engendré par la Parole quand il croit l’évangile — « né d’eau et de l’Esprit ». Mais était-ce uniquement qu’ils étaient nés « d’eau et de l’Esprit » ? « Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse ». C’est une chose qui en arrête plusieurs, de trouver qu’il y a une telle chose, après qu’ils sont nés de nouveau, que d’être scellés de l’Esprit. D’autres encore, voyant les deux faits, ont inventé la confirmation. Ils ont senti, d’après l’Écriture, qu’il y a quelque chose qui est au-delà du fait d’être né d’eau. C’est ainsi qu’une religion de formes a d’abord présenté le baptême pour régénérer tout le monde, puis la confirmation pour couronner la chose. Mais les formes ne valent pas mieux que l’idolâtrie : c’est mettre quelque chose à la place de Christ. Après le départ des apôtres, ce mal fit de grands pas. On substitua des cérémonies, accomplies par la main des hommes, à la puissance du Saint Esprit agissant sur l’âme des hommes. Prouvant, d’après la Parole de Dieu, qu’il y avait ces deux choses, d’abord la régénération, puis le don subséquent du Saint Esprit, on adopta deux cérémonies différentes — dans un sens à juste titre, s’il doit y avoir en aucune manière une religion de formes. Mais c’est une erreur totale quant à la nature même du christianisme.
Néanmoins la vérité demeure, qu’il y avait deux opérations différentes du Saint Esprit. La première c’est quand un homme est amené à la conscience du péché. Qu’est-ce qui fait qu’un homme s’abhorre lui-même ? Il est né de Dieu. Il se peut qu’il ne soit nullement heureux, mais qu’il ait un sentiment réel de sa ruine ; et pourtant son âme s’attache à Dieu. Cet homme-là est né de Dieu — vraiment converti : il n’y a peut-être jusqu’à présent aucune consolation dans son âme, mais son cœur est ouvert pour écouter de plus en plus la Parole de la vérité, l’évangile du salut. Il la croit. Qu’en résulte-t-il ? Il est scellé du Saint Esprit, comme ayant cru, non seulement en Christ, mais à l’évangile de notre salut — à l’œuvre que Christ a accomplie. Car je ne crois pas que vous puissiez trouver une âme scellée du Saint Esprit, à moins qu’elle n’entre dans ce qui concerne l’œuvre aussi bien que la personne de Christ. Cela explique le fait qu’il y a eu des personnes nées du Saint Esprit, qui ne furent jamais scellées. Par exemple, les saints de l’Ancien Testament croyaient en Christ ; ils attendaient tous le Christ. Tous étaient nés de Dieu, mais pas un n’était scellé du Saint Esprit. Être né de l’Esprit et être scellé de l’Esprit, sont deux choses bien différentes, qui peuvent ou non se trouver réunies dans la même personne. Il faut que tous soient nés de l’Esprit ; mais il n’est jamais dit qu’il faut que tous soient scellés de l’Esprit pour entrer dans le royaume de Dieu. Partout où le Saint Esprit parle d’être scellés de l’Esprit, cela prouve absolument le contraire. Quelle est la première personne mentionnée comme ayant été scellée de l’Esprit ? Notre Seigneur béni Lui-même. Il avait ce sceau d’une manière particulière à Lui-même. Quand fut-Il scellé ? Après que la rédemption fut accomplie et qu’Il monta au ciel ? Non ; mais pendant qu’Il marchait sur la terre. « C’est Lui que le Père, Dieu, a scellé ». C’est comme Fils de l’homme qu’Il fut scellé, et comme Fils de l’homme sur la terre avant la rédemption — sans effusion de sang, parce qu’Il ne connaissait pas le péché, et que dans Sa bouche « il n’a pas été trouvé de fraude ». Il était absolument sans péché : Il pouvait avoir le Saint Esprit demeurant sur Lui, abstraction faite entièrement du sang, parce qu’Il était le saint — le Sauveur. Il n’avait besoin d’aucune œuvre — ni de sang — ni de rédemption ; mais pourtant Il mourut, et il y eut effusion de sang, et la rédemption fut effectuée. Pourquoi cela ? Afin que nous fussions scellés — afin que nous, qui n’avions aucun titre naturel pour être approchés de Dieu, afin que nous, dis-je, en qui le Saint Esprit n’aurait jamais pu établir Sa demeure, nous pussions recevoir le même Saint Esprit qui habitait en Lui, pour habiter en nous.
C’est là ce que notre Seigneur fait ressortir par degrés. « Tu lui eusses demandé, et Il t’eût donné de l’eau vive ». C’est pour cela que le Seigneur enseignait à Ses disciples à demander le Saint Esprit, et cela après qu’ils avaient été régénérés. Et pourtant Il leur dit de demander au Père le Saint Esprit (Luc 11). En est-il de même maintenant, vu qu’Il a donné l’Esprit ? Dois-je demander le Saint Esprit, quand je L’ai et qu’Il habite en moi ? C’eût été l’incrédulité la plus insigne, lorsque Christ était présent au milieu de Ses disciples, s’ils avaient demandé à Dieu d’envoyer Christ. Et maintenant, lorsque le Saint Esprit a été envoyé du ciel, et qu’Il a été donné pour être en nous « une fontaine d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle », convient-il à ceux qui L’ont de prier instamment que le Saint Esprit leur soit donné ? Convient-il à des chrétiens de prier pour une effusion du Saint Esprit ? C’est de fait nier que le Saint Esprit ait été envoyé du ciel, et qu’Il habite en nous. Il est tout à fait convenable de prier que nous ne L’attristions pas, et que nous ne L’éteignions pas. Prier que nous soyons « fortifiés en puissance par son Esprit dans l’homme intérieur », est selon la Parole de Dieu ; mais nous ne devrions pas dire une seule parole qui impliquât que le Saint Esprit n’est pas ici, quand Il y est en effet. Un nuage de ténèbres pèse d’une manière bien affligeante à ce sujet sur l’esprit de bien des enfants de Dieu. Ils ne croient pas à leurs privilèges ; ils ne savent pas que le Saint Esprit habite en eux. Est-ce que le Saint Esprit n’est pas attristé par cela ? Si vous aviez quelqu’un qui s’occupât de vous chaque jour, et qu’habituellement vous missiez en question votre relation avec lui, ou que vous doutassiez du soin qu’il prend de vous, cela montrerait que vous êtes dans un état morbide. Il y a un brouillard sur vos yeux, et vous demandez les faveurs mêmes qui ont déjà été données. Il n’y a là ni sagesse ni foi. Il est parfaitement vrai que nous pouvons demander à Dieu de bénir l’évangile pour les inconvertis et de les régénérer. Mais on prie pour une effusion de l’Esprit — chose bien différente de la conversion, et qui n’est mentionnée qu’en rapport avec le fait que le Saint Esprit fut donné, d’abord aux Juifs, puis aux Samaritains, et en troisième lieu aux Gentils. Depuis ce temps-là jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas le moindre fondement pour demander à Dieu une effusion du Saint Esprit. C’est une prière sans intelligence, fondée sur ce mal, que l’on ne croit pas la vérité que le Saint Esprit est envoyé ici-bas. Dieu Lui-même ne pourrait ajouter à la bénédiction qui consiste dans le don qu’Il a déjà fait. Il y avait une grande différence entre un Juif, un Gentil, et un Samaritain ; et c’est pour cela que la chose est expressément mentionnée par rapport à ces trois classes de personnes. Le Saint Esprit ne sera jamais répandu de nouveau sur l’Église. C’est ignorer les voies de Dieu que de s’y attendre. Il a été répandu pour l’Église, aussi réellement qu’il était possible pour Dieu de Le donner. Mais après que les saints célestes auront été enlevés pour être avec Christ, lorsqu’Il viendra, il y aura dans le temps convenable une effusion de Son Esprit sur un nouveau peuple, lorsque les Juifs et les Gentils, d’une manière distincte comme tels, seront amenés à la connaissance de Jésus. Mais tant que l’Église est sur la terre, il n’y aura jamais — et il ne saurait jamais y avoir — une telle chose. Elle ne peut être répétée — pas plus qu’il ne peut y avoir une nouvelle mission du Seigneur Jésus pour accomplir une nouvelle œuvre pour nous. Et ce n’est pas une pure affaire de spéculation. La chose se lie de la manière la plus intime possible à notre culte et même à notre paix.
Vous trouverez que la foi en la présence de l’Esprit de Dieu, ou l’incrédulité à cet égard, est ce qui met les saints à l’épreuve dans ce temps-ci. Il nous convient de bien examiner si nous entrons réellement dans la pensée de Dieu à ce sujet. Comprenons bien que ce qui nous constitue chrétiens, ce n’est pas seulement que nous croyons en Christ, mais que nous sommes maintenant scellés du Saint Esprit. Il régénère un inconverti par la foi en Christ ; Il ne scelle que les croyants. C’était la preuve décisive qu’un homme était un chrétien. Pierre allègue ainsi le fait : « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, pour que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu comme nous l’Esprit Saint ? ». Ce n’était pas simplement qu’ils avaient cru ; mais Dieu leur avait donné le Saint Esprit, et comment pourrait-on oser refuser des personnes dans lesquelles habitait cette personne divine, auxquelles Dieu avait conféré une grâce aussi marquée ? Tel est aussi le fondement de toute unité chrétienne — la présence du Saint Esprit. La question n’est pas uniquement de savoir s’il y a la vie, mais si nous avons cru que le Saint Esprit habite en nous ? Ce qu’on faisait le pivot de l’affaire, c’était la possession — non de la vie seulement, mais — du Saint Esprit. Ce n’est qu’après qu’ils eurent reçu le Saint Esprit, que les Gentils furent reconnus comme faisant vraiment partie de l’Église de Dieu (Act. 11). L’Église n’est pas tenue seulement de s’assurer s’il y a la vie, et de croire qu’il y a la vie dans l’âme, mais elle est encore autorisée, d’après la Parole de Dieu, à attendre jusqu’à ce qu’il y en ait une telle manifestation, qu’il soit clairement manifeste que l’homme a le Saint Esprit habitant en lui. Il n’y eut jamais une telle chose que de reconnaître une assemblée comme telle, jusqu’à ce qu’on eût pleinement reconnu qu’elle était sur le même terrain que l’Église, par la réception du Saint Esprit.
Tout cela rend bien évidente la manière dont on doit agir avec les saints maintenant. L’Église a le droit de demander cette manifestation de la puissance de l’Esprit. Ce n’est pas la vraie charité que de ne pas la chercher. « Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage jusqu’à la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire ». Sans m’arrêter sur ce dernier verset, je désire faire de nouveau cette observation, que, comme le sceau de l’Esprit ne pouvait être jusqu’à ce que l’œuvre de Christ fût accomplie (le Fils seul avant été scellé sur la terre, Lui qui n’avait pas besoin de la rédemption, mais qui vint, au contraire, nous racheter pour Dieu), et comme nous, maintenant, sur le fondement de la rédemption, nous recevons le Saint Esprit pour habiter en nous, de même nous recevons les arrhes de l’héritage. Je crois que cette dernière vérité est aussi particulière à l’Église de Dieu, depuis la Pentecôte, que le sceau de l’Esprit. Comme les disciples n’étaient pas scellés de l’Esprit, de même ils n’avaient pas les arrhes de l’héritage, jusqu’à ce que le Saint Esprit fût envoyé du ciel. Ces arrhes, c’est la puissance du Saint Esprit donnant maintenant au croyant une joie actuelle, une anticipation actuelle de la gloire vers laquelle il marche. Il se peut que dans le cœur de bien des croyants la chose soit empêchée par un manque de connaissance de la vérité, ou par l’activité de la chair, la mondanité, etc. Mais il n’en demeure pas moins vrai que, maintenant que le Saint Esprit est donné, un croyant devrait regarder en haut et demander à Dieu que, s’il y a quelque chose qui l’empêche d’entrer dans la joie de son héritage béni, la chose soit découverte et mise de côté. Je suis tout à fait sûr que le fait qu’on se contente de savoir que l’on est né de Dieu, a grandement agi au détriment des enfants de Dieu ; cela les a arrêtés court, comme si leur seul objet était d’apprendre qu’ils étaient enfants de Dieu, et rien de plus. Mais notre affaire est, après avoir cru, d’aller en avant et d’apprendre d’autres vérités, et par-dessus tout, d’apprendre à connaître Christ Lui-même. C’est précisément pour cela que si le Saint Esprit a régénéré une âme, elle ne doit pourtant pas demeurer absorbée par le fait qu’elle est régénérée ; mais, étant nés de Dieu, nous avons à aller en avant, à entrer dans les vérités bénies que Dieu nous donne, vérités qui se groupent autour de notre rédemption et aussi autour de notre gloire future, et qui trouvent leur centre dans la personne et l’œuvre de Christ.
Comme le sceau, le Saint Esprit est le témoin de la manière parfaite dont nous avons été nettoyés de nos péchés — l’effet de l’œuvre de Christ. Cela signifie cette opération de l’Esprit qui suppose que l’œuvre est accomplie, et que nous sommes mis à part pour Dieu sur le fondement de la rédemption. Nous sommes scellés, parce que la rédemption est accomplie. Si je considère la gloire, elle n’est pas arrivée. C’est pourquoi la figure change quand il parle de notre héritage. « Sceller » ne serait pas en connexion avec l’héritage, parce qu’en fait nous ne le possédons pas ; nous attendons le moment où nous serons mis en possession de tout ce que nous devons avoir et que nous aurons avec Christ. C’est ainsi qu’il est dit du Saint Esprit qu’Il « est les arrhes de notre héritage ». Le même Esprit qui nous scelle est le gage de notre brillant avenir, « jusqu’à la rédemption de la possession acquise ». D’abord, avant tout, nous avons les privilèges de la grâce divine qui nous a élus en Christ, qui nous a prédestinés à la place de fils ; qui nous a faits les objets de la plénitude de Sa faveur, sans qu’il reste une seule question, dans « le Bien-aimé » ; qui nous a déjà donnés en Christ « la rédemption par son sang, la rémission des péchés ». Mais le Saint Esprit ne nous a pas plus tôt établis dans la pleine connaissance de l’amour de Dieu pour nous, et l’effet actuel de cet amour en ôtant nos péchés, qu’Il place devant nous l’héritage. En conséquence, la relation du Saint Esprit quant à ces deux choses, est introduite. Et, comme il y a deux grandes parties dans le choix que Dieu a fait de nous personnellement, ainsi le Saint Esprit prend une double relation. Il est le sceau de la grâce et de la bénédiction que nous avons en Christ, et Il est les arrhes de la gloire que nous allons avoir avec Christ. Telles sont les relations du Saint Esprit avec le croyant individuellement. Tous les actes de l’Esprit, quant à l’Église comme corps, ont une place secondaire, si on les compare avec Ses voies avec l’âme individuellement ; quant à ces dernières, bien qu’elles soient susceptibles d’un bien plus grand développement, je m’y suis arrêté assez longuement en vue de l’objet que je me propose ici.
Nous voyons maintenant le Saint Esprit conduisant l’apôtre à une prière remarquable, qui découle du sujet qui nous a déjà occupés, ou, du moins, d’une partie de ce sujet. On trouvera que tout est placé dans la connexion la plus régulière qu’il soit possible de concevoir, même quand les choses nous sont révélées ; dans un ordre que nous n’aurions jamais pu concevoir, si Dieu ne l’eût fait connaître, mais qui, une fois communiqué, se recommande tout aussitôt au jugement spirituel. Car la bénédiction qui s’était exhalée du cœur transporté de l’apôtre dans les premiers versets de l’épître, découle, comme nous l’avons vu, de ce double caractère de Dieu : « Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ».
En conséquence, dans cette épître, il y a deux prières qui répondent à ce double titre. La première prière est donnée dans la portion qui nous occupe maintenant, et se rattache au titre de Dieu comme le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ ; tandis qu’au verset 14 du chapitre 3, nous avons une prière correspondante, qui répond au second titre : le Père de notre Seigneur Jésus Christ. L’une et l’autre, il est clair, ont Christ pour leur fondement et leur centre ; mais alors, c’est Christ considéré sous un point de vue totalement différent. Dans la première des deux, Christ est envisagé comme homme, et comme Celui qui appelle Dieu Son Dieu ; dans la seconde, Christ est considéré dans Sa relation plus intime encore de Fils, comme Celui qui, par conséquent, place devant nous le Père. Nous aussi, nous avons communion avec Dieu sous ces deux rapports ; nous avons affaire à Lui comme Dieu et comme Père. Il est dit dans Jean 4 : « L’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité ». Mais alors notre Seigneur ajoute : « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en Esprit et en vérité ». Il y a une immense différence entre les deux choses. Comme le Père, Il cherche des adorateurs, communiquant la faveur ineffable d’être amenés par Lui à la connaissance de Son amour. Il forme leurs cœurs selon la manifestation qu’Il a faite de Lui-même en Christ ; Il fait déborder leurs cœurs en actions de grâces et en louanges, et les constitue ainsi adorateurs en Esprit et en vérité. Mais alors, il est ajouté que « Dieu est Esprit », etc. Quelle que soit la forme sous laquelle Il a pu se manifester dans le judaïsme, pour des raisons spéciales — quelles que soient les manifestations de Sa majesté en jugement, d’une manière tangible, tout en demeurant Lui-même, à proprement parler, caché, Il est Esprit, et par conséquent il faut qu’on Lui rende un culte spirituel. Ainsi il ne s’agit pas seulement de cet amour immense, qui cherche des adorateurs, qui les fait, et qui les met à part et les rassemble, mais bien du caractère nécessaire du seul culte qu’Il admet maintenant. Du moment qu’Il se révèle pleinement, Il ne peut rien reconnaître sinon un culte réel dans l’Esprit. Le temps des formes, des rites et des cérémonies est totalement passé. Dès lors, ce n’est pas seulement qu’Il ne les demande pas, mais Il les dédaigne ; Il les traite comme une injure faite à Sa nature, une insulte à Son Fils, et comme ce que Satan substitue à la puissance du Saint Esprit. « Il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en Esprit et en vérité ». Je crois qu’il est important de faire ressortir la connexion qui se trouve dans la Parole bénie que Dieu a donnée, de manière à montrer que la distinction signalée n’est pas le fruit de l’imagination. Hélas ! que les hommes soient séduits jusqu’à inventer, en présence des trésors ignorés de la Bible ! Tout ce que nous avons à faire, c’est de nous incliner devant ce qui nous est donné. Sans doute nous pouvons avoir à apprendre ; mais quand la vérité est connue, quelle miséricorde d’être entièrement délivré du vain désir de quelque invention ou du besoin d’une telle chose ! Il est naturel pour l’homme, quand il n’est pas satisfait, de chercher à trouver des nouveautés qui l’excitent. Mais Dieu est infiniment au-dessus de l’homme, et Sa Parole est riche au-delà de toute pensée ; en sorte que tout ce que nous avons à faire, c’est de soumettre nos âmes à l’Écriture, étant bien assurés en même temps que la révélation de Dieu, tout ancienne qu’elle est, offre pratiquement ce qui est toujours nouveau pour le cœur.
Nous avons donc dans notre épître ces deux prières ; en introduisant ici la première, l’apôtre dit : « C’est pourquoi moi aussi, ayant entendu (parler) de la foi que vous avez au Seigneur Jésus, et de l’amour que vous avez pour tous les saints ». Or, par cela même que notre amour donnerait lieu à la pensée de quelque chose de la part de l’homme qui nous donnerait de l’importance, bien qu’il soit sur le point de parler de l’amour pour les saints, il introduit le sujet par « la foi », parce que cela nous reporte sur Son amour pour nous plutôt que sur notre amour pour Lui. « C’est pourquoi », dit-il, « moi aussi, ayant entendu (parler) de la foi que vous avez au Seigneur Jésus » ; puis il en donne la conséquence : « et de l’amour que vous avez pour tous les saints ». C’est là une parole bien importante pour juger de notre amour. Nous sommes tous enclins à former un cercle même parmi les enfants de Dieu — à choisir ceux que nous préférons, ceux qui nous conviennent le mieux, dont les pensées, les sentiments et les habitudes sont plus ou moins les mêmes que les nôtres, ou ceux, au moins, qui ne nous éprouvent pas beaucoup. Mais alors, ce n’est pas là l’amour pour les saints. Il y a en cela plus d’amour pour nous-mêmes que d’amour manifesté envers eux. La chair aime ce qui est agréable à nous-mêmes — ce qui ne nous cause pas de peine, ce qui est peut-être une satisfaction donnée aux qualités aimables de la nature. Tout cela peut bien se rencontrer où il n’y a réellement aucun exercice de la nouvelle nature, aucune énergie puissante de l’Esprit de Dieu agissant dans nos cœurs. Nous avons toujours à éprouver nos âmes, et à nous demander où nous en sommes à cet égard. Le Seigneur Jésus est-Il le motif prédominant et l’objet principal dans nos cœurs ? Est-ce avec Lui et pour Lui que nous pensons à tous les saints et que nous sentons à leur égard ?
J’admets pleinement que l’amour envers les saints ne peut ni ne doit revêtir la même forme envers tous. Il faut que cela soit dans l’énergie et le discernement de l’Esprit, d’une manière différente selon ce qui appelle l’exercice de l’amour. Il est vrai que vous devez aimer même une personne qui est sous la discipline, mais ce serait une grande méprise que de supposer que votre amour dût être montré de la même manière que si elle n’y était pas. Vous ne cessez pas de l’aimer ; et même, s’il n’y a pas d’amour, vous n’êtes jamais dans une position ou un esprit convenable pour exercer la discipline avec le Seigneur, s’il n’y a pas une sainte haine du péché — de l’indignation peut-être — mais aussi une charité réelle envers la personne. Mieux vaudrait attendre en regardant à Dieu, s’il n’en est pas ainsi dans nos cœurs, jusqu’à ce que nous puissions nous occuper de la chose dans l’esprit de la grâce divine. Sans doute il faut agir en justice ; mais, même en agissant à l’égard de son enfant, il ne devrait pas y avoir une telle chose que de le châtier dans la colère. Tout ce qui n’est que le résultat d’une impulsion soudaine, n’est pas un sentiment qui glorifie Dieu à l’égard du mal. Ainsi donc, dans les cas de discipline, il devrait y avoir le jugement de soi-même, et une grande patience aussi, à moins qu’il ne s’agisse d’une chose tellement grave, que l’hésitation à ce sujet serait une faiblesse coupable, ou un manque de décision et de jalousie pour Dieu ; car il existe certains péchés qui sont tellement odieux à Dieu et aux hommes, qu’ils exigent, si nous avons le sentiment de Sa sainteté et si nous sommes obéissants, que nous agissions à leur égard avec une solennelle énergie et pour ainsi dire au moment même. Dieu veut que l’arène du péché devienne la scène du jugement de ce péché selon Sa volonté.
Supposons que quelque chose ait été fait dans l’assemblée publiquement, que de fausses doctrines soient annoncées au milieu du peuple de Dieu, si la puissance de Dieu était là, et s’il y avait du cœur pour les droits de Dieu, ce qui serait dû à Sa majesté serait peut-être d’agir à cet égard sans délai. C’est ce qui résulte assez clairement de la Parole de Dieu, où nous trouvons, dans un cas d’hypocrisie positive et de mensonge contre Dieu, la prompte action du Saint Esprit par le moyen de l’apôtre, en présence même de l’Église, pour le jugement immédiat de la fraude à laquelle on avait essayé d’associer Celui qui habitait dans l’Église. Je nie qu’il y eût en cela un manque d’amour : c’était plutôt ce qui devait nécessairement accompagner l’action de l’amour divin, par la puissance du Saint Esprit, dans l’assemblée, ou du moins par le moyen de Pierre, comme l’instrument spécial de Sa puissance au milieu d’elle. C’était sans doute un jugement sévère ; mais c’était le fruit d’un désir profond du bien des saints de Dieu, et d’un sentiment d’horreur dans la pensée qu’un tel péché pût trouver une place et un abri parmi eux, et dans la pensée que le Saint Esprit fût déshonoré d’une manière aussi vile, et contristé, ainsi que l’Église entière, si ce péché était toléré. Mais dans les cas ordinaires, ce même amour attendrait et permettrait qu’il fût donné du temps, afin que la faute fût avouée et qu’on s’en repentît. Dans neuf cas sur dix, les méprises viennent de la précipitation, parce que nous sommes enclins à être jaloux pour notre propre réputation. Oh ! combien peu nous avons réalisé que nous sommes crucifiés avec Christ et morts avec Lui ! Nous sentons qu’il y a du scandale et quelque chose qui affecte l’esprit de tous ; ce n’est pas là la puissance du Saint Esprit, mais l’égoïsme intéressé qui est à l’œuvre dans nos cœurs. Nous n’aimons pas perdre notre réputation, ni partager la douleur et la honte de Christ dans ceux qui portent Son nom. Ce n’est pas sans doute que l’on voudrait traiter légèrement ce qui est mal : c’est là une chose qui ne serait jamais convenable, qu’il s’agisse d’une affaire grave ou d’une affaire comparativement peu importante. Nous ne devrions jamais justifier le moindre mal, soit dans nous-mêmes, soit dans d’autres, mais exercer nos âmes à juger habituellement ce qui déshonore le nom du Seigneur, ne fût-ce qu’une parole dite avec précipitation. Si nous commençons par être insouciants au sujet de petites fautes, il n’y a rien qui puisse nous préserver de péchés graves, sinon la pure miséricorde de Dieu. Si l’amour envers tous les saints agissait dans nos cœurs, il y aurait moins de précipitation.
Quelquefois nous interprétons mal les choses, et nous tâchons de donner, ce nous semble, une bien sombre impression, lorsque le mal n’existait qu’en apparence. Prenons garde de juger d’après ce qui donne une première impression, tandis qu’il sera peut-être prouvé que la réalité est tout autre : ce n’est pas là un jugement juste. Nous devrions chercher à juger les choses d’après un patron plus élevé et en la lumière de Dieu. Dans ces matières sérieuses, nous sommes tenus de nous assurer des choses, et de ne jamais céder à nos soupçons. Tout jugement, s’il est selon Dieu, doit résulter de ce qui est connu et certain, et non de ce qui est une conjecture — trop souvent l’effet de prétentions mal fondées à une spiritualité supérieure. Nous en trouvons constamment l’importance ; et si nos âmes étaient plus simples à cet égard, on ferait moins de méprises.
Quand le cœur est vrai, Christ a la première place ; puis « tous les saints » deviennent les objets de notre amour. Supposez le cas de deux personnes en faute, l’une objet d’une prédilection spéciale, et l’autre peu aimée ; cette dernière, je n’ai guère besoin de le dire, est en grand danger d’être traitée avec défaveur. L’objet de mon aversion serait entouré d’un nuage qui obscurcirait la vérité, quelque évidente d’ailleurs qu’elle pût être pour ceux qui sont sans passion ; tandis qu’au contraire l’objet de prédilection trouverait de quoi contrebalancer les preuves de sa culpabilité par suite de la répugnance de la part de ses amis à reconnaître aucune faute en lui. Ces sentiments sont l’un et l’autre, dans de telles circonstances, entièrement opposés à la pensée de Dieu. Et même le favoritisme comme la prévention sont clairement condamnés par Sa Parole bénie. « La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, et sans hypocrisie » (Jacq. 3, 17).
L’amour « pour tous les saints » est enjoint parce qu’ils sont des saints. Les aimer, parce que Dieu les a mis à part et les a introduits dans une relation éternelle avec Lui-même, c’est là seulement le vrai amour — l’amour chrétien pour ceux qui sont tels. Notre grande difficulté est toujours de faire que nos pensées, nos sentiments et nos actions découlent de ce motif. Comprenez-moi bien. Je ne veux pas dire qu’il y ait du mal à avoir des amis. Notre Seigneur en avait. Il aimait Jean d’une manière dont Il n’aimait pas les autres, et il y avait un autre sens dans lequel Il les aimait tous pareillement ; comme Ses saints ils étaient tous précieux à Ses yeux, d’une manière qui excluait toute comparaison. Il pouvait apprécier la fidélité de quelques-uns de Ses serviteurs ; il pouvait y avoir dans tous ceux qui L’entouraient, ce qu’Il avait à encourager, à reprendre ou à corriger ; et nous devons laisser de la place pour toutes ces choses. Il y a la grande base de l’amour pour tous les saints ; mais il est clair que nous ne sommes pas tenus de communiquer à tous indistinctement des affaires d’une nature personnelle, par cela seul que ce sont des saints. Par exemple, les saints ne sont pas toujours les plus sages des hommes ; et, si d’un côté nous ne devons pas méconnaître leur position comme saints, nous ne sommes pas tenus de faire connaître nos difficultés à tous, ni de chercher un conseil dans ce qui peut demander un jugement spirituel et mûr, auprès de ceux qui ne peuvent être d’aucun secours quelconque dans l’affaire. Il faut qu’il y ait toujours de l’amour. Ceci conduit à la valeur de ce principe divin : « que… l’un estime l’autre supérieur à lui-même ». Je maintiens que cela est vrai de tous les saints. Il s’agit peut-être d’un homme qui n’a pas deux idées et qui pourtant a Christ devant son âme. Peut-être est-il bien ignorant et bien sot — d’un esprit prompt peut-être, ayant de forts préjugés, faible dans ses sympathies, et sans valeur comme conseiller ; mais s’il s’agit évidemment d’une âme qui demeure attachée à Christ et qui estime Christ par-dessus toutes choses, ne puis-je pas et ne dois-je pas l’estimer supérieur à moi-même ? Ne vois-je pas qu’il y a ce qui reprend mon âme — ce qui me rafraîchit, et m’édifie, bien plus que s’il s’agissait seulement de l’ami le plus fidèle et du plus sage conseiller ? Dans le moindre des saints de Dieu, il y a ce qui à la fois encourage et humilie le cœur. Je ne dois pas estimer une personne pour une qualité qu’elle ne possède peut-être pas : Dieu ne place pas devant nous un tel fantôme, et Il ne peut le faire. D’un autre côté, il est bon que nous nous rappelions combien sont précieux tous les saints comme tels. Montrez-moi le plus faible et le plus fatigant d’entre eux tous… nous pouvons néanmoins et nous devons cultiver envers lui, comme enfant de Dieu, un respect réel et vrai. Ce n’est pas seulement que Dieu est pour lui, mais il y a ce qui est de Christ en lui ; et cela parle assez haut, au-dessus de toute autre considération, pour le recommander à celui qui attache du prix à la communion avec le Père et le Fils.
Au contraire, quand nous pensons à nous-mêmes, ne devrions-nous pas sentir que de choses il y a en nous qui ne sont pas selon Christ ? Puissions-nous toujours nous rappeler spécialement ce en quoi nous manquons et attristons l’Esprit de Dieu ! Cela aurait pour effet de diminuer et de rabaisser l’estime que nous avons de nous-mêmes. Pourrions-nous entretenir une si haute opinion de nous-mêmes, si nous sentions, comme nous le devrions, nos manquements, hélas ! si fréquents, en face de la riche et parfaite grâce de Dieu envers nos âmes ? Tandis que, si nous avions devant nous dans les autres, non leurs manquements, mais l’amour de Christ pour eux et Sa vie en eux, et la gloire à laquelle ils appartiennent, quel en serait l’effet ? « L’amour… pour tous les saints ». Discerner Christ dans les saints, c’est la puissance de l’amour qu’Il veut que nous leur montrions. Dans certaines circonstances, s’il s’agit d’une personne à l’égard de laquelle vous espérez que Dieu pourra la manifester comme étant de Ses saints — pour laquelle vous avez prié et dont vous avez cherché le bien d’une manière ou d’une autre, il se pourrait pourtant que dans un temps donné, il y aurait du péché à vous associer avec elle comme avec un chrétien. Je suppose quelqu’un qui, par quelque souillure de chair ou d’esprit, a amené du déshonneur sur le nom du Seigneur. Mais quoique nous puissions, pour le moment, nous abstenir de tout ce qui exprimerait des relations d’affection, néanmoins l’amour trouve toujours l’occasion de se montrer, bien que ce ne soit quelquefois qu’en la présence de Dieu, et non d’une manière manifeste aux yeux des hommes. Ainsi donc, quant à la manière de montrer de l’amour, nous devons sonder la Parole de Dieu. Mais le principe général ne peut être mis en question, savoir que Dieu veut placer tous les saints sur nos cœurs. Il les porte tous sur Son propre cœur, et Il veut que nous cultivions cette étendue de l’affection de famille.
D’après cela, Paul qui entrait dans ces choses dans une mesure que même les saints auxquels il s’adressait connaissaient peu d’une manière pratique, ajoute : « C’est pourquoi moi aussi… je ne cesse pas de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières, afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance ». Nous trouvons ici le titre dont il a été si souvent question — « le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ ». Il va parler des voies de Dieu avec l’homme et même avec Christ comme homme ; car nécessairement c’est uniquement dans ce sens qu’on peut parler ainsi. Mais s’Il agit avec nous sur ce pied-là, agissant en Sa miséricorde par le moyen de l’homme ressuscité, et donnant de nouvelles bénédictions en accord avec ce caractère, toutefois Il est « le Père de gloire », en ce qu’Il est le chef et la grande source de toute bénédiction céleste, Celui duquel tout découle pour la gloire de Son propre nom et pour Sa louange. Cela nous fait aussitôt entrer dans le secret de cette prière. La gloire est la pensée principale — non le seul trait, mais le trait saillant de la prière. Ainsi donc le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, se propose de nous donner, et agit pour nous donner, par Lui certaines bénédictions ; et on trouvera que la base de la brillante colonne de bénédictions, est Christ ressuscité et glorifié à la droite de Dieu. Si vous regardez la prière du chapitre 3, il n’y a pas un mot sur le fait qu’Il y a été haut élevé « au-dessus de toute principauté et autorité et puissance » ; car le sujet de cette prière n’est nullement la gloire, ni ce que Dieu a fait ; ce n’est pas quelque chose qui a été conféré à Christ, mais Christ Lui-même et Son amour, la somme et la substance de ma bénédiction ; ainsi qu’il y est dit : « de sorte que le Christ habite dans vos cœurs par la foi ». Ici, dans le chapitre 1, la prière est en toute manière le contraste de celle du chapitre 3 : Dans cette dernière, l’amour est l’idée mère, et non la gloire. Il est bon de nous rappeler toujours cette merveilleuse connexion entre l’amour et la gloire ; parce que l’un ne peut aller sans l’autre. Et quoique la gloire soit l’effet et la brillante manifestation de l’amour, toutefois l’amour est encore plus profond et n’est jamais pleinement connu sinon dans la présence immédiate de notre Père. Le royaume n’est pas, en notre cas, la preuve de l’amour de Dieu ; la preuve de cet amour, quant à nous, c’est que nous devons être avec le Fils dans la maison du Père, et que nous serons manifestés avec Christ en gloire. Qui est-ce qui nous amène là ? Le monde ne sait rien de la maison du Père. C’est une scène en dehors de cette terre, dans laquelle nul œil d’homme ici-bas ne saurait absolument pénétrer. Mais Il nous manifestera aussi devant le monde.
D’après cela, vous verrez que dans Jean 17, 22, quant à la gloire que le Père donne au Fils et que le Fils nous donne à cause de Son amour infiniment parfait — ce don est fait afin que le monde connaisse que le Père a envoyé le Fils, et qu’Il nous a aimés comme Il a aimé le Fils. Pour prouver cet amour, la gloire, là comme ici, est présentée d’une manière saillante. Comme nous avons la prière qui a rapport à la gloire dans Éphésiens 1, et la prière qui a rapport à l’amour dans Éphésiens 3, ainsi la gloire qui est donnée, dans Jean 17, a pour but de prouver ce qui sans cela n’aurait pas été si clairement donné à connaître au monde. Les hommes ici-bas peuvent voir la gloire, mais ils ne sauraient entrer dans la pensée de l’amour. Le monde pourra conclure du fait que nous sommes dans la gloire avec le Seigneur Jésus, que nous étions aimés du même amour dont le Seigneur Jésus était aimé. La gloire s’exprime extérieurement, mais l’amour pénètre plus profondément encore et nous introduit dans la scène où le Père se révèle en Son Fils bien-aimé. C’est là ce que je puis appeler une scène d’intimité, une scène de famille en dehors du monde, le repos et la demeure célestes. Ce n’est pas seulement l’éclat, la gloire, la majesté ou la puissance. Toutes ces choses recevront leur pleine manifestation ; mais il y a quelque chose de plus profond que tout le reste, et qui est à la racine de tout. C’est l’amour, qui, quoiqu’il soit ce dont il est le moins question, n’en est pas moins ce qui était réellement avant toutes choses, et ce à quoi toutes choses se rapporteront. C’est ce qu’il y a de plus élevé, et il est éternel. Le royaume peut avoir son terme — l’amour jamais. La manifestation devant le monde aura un commencement et une fin. Mais de même que l’amour ne finira jamais, ainsi il a toujours été dans le sein de Dieu le Père.
Ainsi nous avons cette prière « que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance » ou plutôt dans la pleine connaissance de Lui. Il pourrait y avoir un peu de difficulté, si c’était seulement « sa connaissance ». La vraie signification du mot, c’est « la pleine connaissance de Lui ». Ils Le connaissaient déjà, mais Paul priait qu’ils Le connussent encore plus. Il désirait qu’ils devinssent des pères en Christ, et ce qui constitue un père, c’est une connaissance plus profonde et toujours croissante de Christ Lui-même. L’Esprit de Dieu pouvait seul leur en donner l’entrée ; mais c’était dans la pleine connaissance de Lui. « Afin que les yeux de votre cœur étant éclairés, vous sachiez quelle est l’espérance de sa vocation, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints ; et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons ». Nous avons ici trois choses qui nous sont présentées, et qui demandent une considération spéciale.
Premièrement, il y a « l’espérance de sa vocation ». Or je comprends que là il fait allusion, dans une certaine mesure, à ce que nous avons déjà trouvé dans la première partie du chapitre. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, selon qu’Il nous a élus en Lui, avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour ». Dans tous les cas, je crois que le verset 4 est ici dans la pensée de Paul. Le verset 5 présente Sa place comme Père. « L’espérance de sa vocation » est fondée sur la plénitude de bénédiction qui nous appartient selon ce dessein de Dieu qui est déjà nôtre en Christ — qui nous a été déjà donné à connaître et qui a été reçu dans nos cœurs — la vocation de Dieu « afin que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour ». Mais alors si telle est « l’espérance de sa vocation » (car tout est présenté comme découlant de Dieu Lui-même), il ajoute : « et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (v. 18). Ici il fait clairement allusion à ce que nous avons trouvé dans le corps du chapitre : l’héritage, et non la vocation seulement. La vocation était l’œuvre efficace de la grâce de Dieu, et les richesses de l’héritage étaient plutôt la gloire qui convenait à une telle vocation. Mais, outre ce caractère de la gloire, il y a premièrement la portion cachée en harmonie avec le fait d’être élus « afin que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour » — appelés à être le reflet de Sa propre nature, sainte et pleine d’amour, que nous possédons en effet dans la vie de Christ, et que nous aurons, dans son plein développement, quand nous serons transformés en Son image de gloire en gloire. Car Sa vocation a l’espérance qui lui est propre, l’espérance de ce dont nous jouirons en Sa présence.
Ainsi donc, il y a, en second lieu, l’héritage. Il désirait qu’ils connussent les richesses de la gloire de l’héritage, afin qu’ils connussent mieux l’héritage. Mais il emploie une expression remarquable — « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints ». Vous devez vous prémunir soigneusement contre une erreur assez générale sur ce sujet, savoir, que les saints signifient l’héritage. Ce n’est nullement la force de l’expression : il y a plus, je n’ai aucune hésitation à dire que cela altérerait la bénédiction principale de la vocation de l’Église. Si nous examinons l’Ancien Testament, nous trouvons qu’Israël était l’héritage de Dieu et le peuple de Dieu ; et que Dieu, par le moyen d’Israël, prit possession de la terre. Lorsque le jour viendra où Dieu doit être roi, et plus que roi, lorsqu’Il prendra sous Son gouvernement l’univers entier, comment la chose s’accomplira-t-elle ? Sera-ce par Israël ? Non, mais par le moyen de Ses saints célestes — de l’Église de Dieu. L’expression semble être large à dessein. Bien positivement, elle signifie les saints changés ou ressuscités, de manière à être en la ressemblance de Christ, dans une condition entièrement céleste. Telle sera la manière dont Dieu réclamera bientôt l’héritage et le prendra en Ses propres mains. Quand Il prit Canaan, Il ne descendit pas pour en prendre possession par une puissance céleste, mais par le moyen de Son peuple. Mais quand Dieu expulsera les méchants esprits de toute connexion avec les lieux célestes, quand Il abolira toute puissance sur la terre — tout ce qui est en opposition à Lui-même, et qu’Il réduira l’univers entier à la soumission au nom de Christ, qui sont ceux qui sont destinés à le prendre en Son nom, comme Israël entra dans la terre de Canaan ? Les saints ressuscités. De là découle la signification de ces mots : « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints ». L’idée commune que les saints constituent l’héritage, est antiscripturaire. Car dans tout le Nouveau Testament, les saints sont toujours représentés avec le plus grand soin comme — non pas l’héritage, mais — les héritiers, « héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ». Ils ne sont désignés nulle part comme l’héritage, mais, au contraire, ce qui est révélé comme l’héritage signifie les choses dans les cieux et les choses sur la terre ; et l’Église est toujours soigneusement séparée de ces choses. Je regarde ce point comme ne pouvant être laissé comme une question à discuter ; le témoignage de la Parole est trop abondant et trop précis. Nous ne devrions jamais permettre que ce qui est clairement révélé dans l’Écriture devienne un sujet de débat ou une chose incertaine, parce que le doute a toujours un effet nuisible à l’âme, en même temps qu’il insulte Dieu et attriste Son Esprit. La certitude qu’un autre possède ne peut nous suffire ; mais nous n’avons pas besoin d’hésiter à parler clairement, quand nous n’avons aucun doute quant à la pensée de Dieu sur un sujet. Et si nous envisageons ce qui vient d’être dit sous ce point de vue, la chose s’accorde pleinement avec la structure du chapitre. Comme nous avons trouvé « l’espérance de sa vocation » dans la première clause, répondant à ce que nous avons vu dans les premiers versets, de même « la gloire de son héritage » répond aux versets qui forment le milieu du chapitre. Dieu se propose d’avoir l’univers entier béni et heureux sous Christ ; non seulement la gloire qui Lui est donnée dans le ciel, ou un peuple qui Lui est soumis ici-bas. Nous avons ici une vue incomparablement plus vaste de ce qui est dans l’intention de Dieu. Christ aura la bénédiction et la gloire universelle, toutes les choses dans le ciel et sur la terre Lui étant assujetties ; et nous avons en Lui obtenu cet héritage.
Le point qui reste, c’est : « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force ; qu’Il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre (les) morts (et Il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux célestes, etc.) ». Voyez v. 20, etc. Pourquoi ne pas appeler l’attention sur la puissance qui fut déployée quand Il créa le monde ? Lorsque Dieu s’adresse à Israël, Il parle de Lui-même comme de Jéhovah-Dieu, qui fendit la mer Rouge et qui tira Son peuple hors d’Égypte « à main forte, et avec un bras étendu ».
Mais qu’y a-t-il pour nous dans le passage de la mer Rouge ? La résurrection de Christ ; non pas l’incarnation de Christ, ni même Sa croix, bien que nous ne puissions nous passer ni de l’une ni de l’autre. La croix, quoiqu’elle soit la chose la plus essentielle de toutes pour la gloire de Dieu et pour nos besoins, ne nous donne pas la puissance de Dieu. Elle nous montre ce que Dieu appelle sa faiblesse, et si je considère Christ à la croix, Il fut « crucifié en infirmité ». C’était Celui qui se soumettait à tout, qui se mettait au pouvoir de Ses créatures ; qui passa sous le jugement de Dieu et succomba sous la chétive main de l’homme. Mais quand nous considérons la résurrection, toute trace d’infirmité a disparu pour toujours, et nous ne voyons plus que la puissance de Dieu la plus triomphante ; une puissance bien au-delà de tout ce qui se lie soit avec la loi, soit avec la création. Il s’agissait de la descente au sépulcre, non d’un homme simplement, mais de cet homme-là qui avait porté en Sa personne les péchés de toute âme qui croit en Lui. Et Dieu a été si complètement glorifié au sujet de ces péchés, qu’Il relève l’homme méprisé, rejeté, abandonné, de dessous ce fardeau inouï, et le place à Sa droite dans les lieux célestes. Là nous avons le merveilleux contraste entre le sépulcre dans lequel Christ était couché, et la gloire dans laquelle Il est maintenant haut élevé, toujours comme homme — l’homme glorifié — infiniment au-dessus de toute créature, quelqu’élevée et bénie qu’elle soit : au-dessus de créatures qui, dans un sens, étaient bien au-dessus de l’homme, et qui n’avaient jamais connu ni corruption ni chute : « au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination », les puissances en haut, les dignités dans le ciel, « et (au-dessus) de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir » (v. 21). Il y aura alors le déploiement des armées angéliques, « quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les saints anges avec Lui ». Mais Il est maintenant élevé au-dessus d’eux tous. Il n’y aurait rien de nouveau qu’Il fût au-dessus d’eux comme Dieu ; Il l’est toujours. Mais Il a porté l’humanité au-dessus d’eux ; Il y est haut élevé en notre nature — ressuscité, sans doute, mais toujours dans la nature de l’homme. Il nous a donné une association actuelle avec le trône de Dieu. Car l’application de tout cela nous est donnée ici — « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force ; qu’Il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre (les) morts ». Ce n’est pas seulement « l’excellente grandeur de sa puissance » envers Christ, mais envers nous en Christ. La puissance qui opéra en nous délivrant de Satan, qui nous donna notre place, comme saints, devant Dieu, est identiquement la même puissance qui ressuscita Christ d’entre les morts et qui Le mit dans la place la plus glorieuse au ciel. Y a-t-il quelque chose qui soit trop difficile après ceci ? Si nous savions que nous avons à notre disposition la puissance qui appela le monde à l’existence, quel compte tiendrions-nous des impossibilités ?
Mais nous avons une énergie plus grande que celle qui fut déployée dans la création — rien moins que celle qui ressuscita Christ d’entre les morts. La Parole de Dieu nous le dit positivement. Pourquoi donc sommes-nous si faibles ? Parce que nous le croyons si faiblement. La grande masse des enfants de Dieu n’en ont jamais entendu un seul mot. Mais même ceux qui, par la miséricorde de Dieu, l’ont entendu, combien peu entrent-ils dans la chose ! Une chose est de ne pas la nier comme doctrine ; autre chose est de l’appliquer et d’y vivre, non seulement quand il s’agit de grandes difficultés et de fortes épreuves, mais encore quant au train ordinaire des devoirs de chaque jour, de ce qui est convenable — pour nous comme saints — nous soumettant à la volonté de Dieu. Nous oublions, si nous sommes dans des circonstances difficiles, si nous sommes au milieu d’adversaires, si nous avons affaire à des ennemis invisibles, ce que c’est que l’apôtre demande pour nous : que nous sachions « quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’opération de la puissance de sa force ; qu’Il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d’entre (les) morts ». Si la puissance du Saint Esprit opérait ainsi dans Paul, ce n’était que la réponse du serviteur au cœur du Maître, qui intercédait en haut, afin que nous connaissions la puissance qui est au-dessus de tous les obstacles. Nul saint n’aurait pu connaître cela avant que la résurrection fût accomplie. C’est « envers nous qui croyons », c’est-à-dire, strictement, envers les saints du Nouveau Testament, appelés et introduits après la mort et la résurrection du Seigneur.
Hélas ! « comment sont tombés les hommes forts » ! Combien peu ils réalisent maintenant leurs propres privilèges ! Ainsi, supposons qu’on attende un libérateur pour une chose quelconque ; il serait parfaitement convenable de demander instamment ce libérateur — de sentir qu’il tarde à venir. Mais après qu’il serait venu, croyez-vous qu’il serait bon et convenable de le presser de venir ? C’est la méprise que les gens font maintenant. Ils s’emparent du langage des Psaumes et l’appliquent à l’expérience chrétienne. Mais vous n’auriez pas pu avoir dans les Psaumes la révélation de ce que nous avons ici. Sans doute vous trouvez la miséricorde de Dieu avant la résurrection de Christ ; mais il n’y avait pas une telle chose que l’opération de cette puissance qui a ressuscité Christ d’entre les morts. C’est une profonde méprise, quand on pervertit l’Ancien Testament de manière à en faire le langage de notre expérience. Il y aurait du péché, si nous ne nous servions pas de l’Ancien Testament pour notre profit et pour notre bien ; mais ce dont nous parlons serait non en user, mais en abuser. Il y a de l’incrédulité à confondre aucune des choses d’autrefois avec la puissance céleste de la résurrection de Christ.
Voici donc la mesure de la puissance qui opère envers nous — c’est la même puissance qui a opéré en Christ. Comment aucune de ces choses peut-elle être connue selon Dieu ? « Dans la pleine connaissance de Lui ». Vous n’apprendrez jamais aucune vérité comme il faut, sinon dans la connaissance de plus en plus profonde de Christ. C’est dans le manque de cela que gît la cause de la faiblesse parmi nous : la doctrine toute nue n’est pas la connexion avec Christ ; quand la fleur est séparée de ce qui est sa source, son soutien et son appui, elle est dès ce moment-là condamnée à dépérir et à mourir. Nous avons en Christ ce qui est excellent et plein de bénédiction ; mais pour les connaître, ces choses comme telles, pour en éprouver la vérité, pour en jouir toujours, il est nécessaire que nous nous en occupions dans leur connexion avec Christ. Si je considère Christ, je vois en Lui la vie même que Dieu m’a donnée, et l’espérance aussi qui est propre à cette vie, même en ce qui concerne l’héritage. Qui oserait dire qu’il serait présomptueux pour Christ de l’avoir ? Bien au contraire, c’est ce qui Lui est dû. Tel est l’amour de Dieu pour Lui comme homme, et telles sont les délices que Dieu trouve en Lui, que Dieu ne pourrait priver Christ d’une seule des choses qu’Il a créées. Christ est héritier de tout ; et nous, cachés en Christ, nous pouvons entrer dans la plénitude de Sa vocation, et dans l’héritage, parce que nous sommes introduits dans une union réelle avec Christ. Et comme vous ne pouvez connaître la vocation et l’héritage, sinon dans la pleine connaissance de Christ, il en est de même aussi de « l’excellente grandeur de sa puissance ».
La hauteur de cette puissance, c’est ce que Dieu a déployé quand Il a ressuscité Christ d’entre les morts, et qu’Il « l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes », etc. Il lui a donné la place suprême de gloire. Imaginez tout ce qu’on peut concevoir de l’ange le plus élevé, ou de l’archange ; Christ a reçu une dignité plus élevée encore ; et Il occupe cette place en nous associant avec Lui maintenant, pendant que nous sommes ici. Il est Celui qui non seulement nous reconnaît et montre Sa bonté envers nous, et emploie pour notre bien la grandeur de Sa gloire, mais qui fait beaucoup plus encore. Celui qui est à la tête d’un vaste empire peut faire servir le trône au bien de Ses sujets et à la gloire de ceux qu’Il désire honorer ; mais il n’y a pas d’association positive, immédiate, personnelle avec Lui-même. C’est là ce que le chrétien possède avec Christ. Ce que nous avons ici, ce n’est rien moins que d’être un avec Lui.
C’est pourquoi il est ajouté que ce Sauveur béni, sous les pieds duquel Dieu a assujetti toutes choses, a été donné aussi pour être « Chef sur toutes choses à l’Église ». Il n’est pas dit : Chef sur l’Église, mais « Chef sur toutes choses à l’Église » (v. 22). L’Église partage Sa place comme Chef sur toutes choses ; mais elle le fait comme étant Son corps, dans une union inséparable avec Lui. L’homme glorifié est haut élevé pour avoir une suprématie universelle sur toutes les créatures de Dieu ; et c’est là ce qu’Il partage avec nous, et ce qu’Il manifestera bientôt comme notre portion avec Lui. Le chrétien est maintenant un membre du corps de Christ — maintenant donc, par le Saint Esprit, il est dans l’association la plus intime avec Christ, non seulement comme ayant la vie en Lui, mais comme jouissant du privilège d’être un avec Celui qui est haut élevé comme chef suprême sur toutes choses. Il est un membre de Son corps ; et quoique ce ne fût pas à Ève directement que Dieu donna la domination, toutefois par Sa volonté elle y avait part. La domination fut donnée à Adam, mais par association Ève la possédait avec Adam. C’est ainsi que l’Église la possède comme l’Ève — dépendante et associée — de l’homme céleste, du dernier Adam. Cela nous donne immédiatement une vue claire de ce qu’est notre vocation, et de la raison pour laquelle Dieu demande une séparation complète d’avec le monde. Au temps du Protecteur en Angleterre, il aurait été inconvenant pour ceux qui étaient attachés à la famille royale de rechercher ou même d’accepter un poste d’honneur. Il en est de même du chrétien maintenant. Nous appartenons à Celui qui est caché loin de la terre — maintenant haut élevé dans cette place de suprématie universelle. Le monde que nous voyons n’est pas encore assujetti à Christ d’une manière pratique, quoique pour la foi toutes choses le soient ; mais nous savons qu’Il est haut élevé, « Chef sur toutes choses à l’Église ».
Nous Lui appartenons, et Il voudrait que nos cœurs fussent élevés au-dessus de la scène présente. L’Église est « son corps, et la plénitude de Celui qui remplit tout en tous » (v. 23). Elle est le complément, ou ce qui complète Christ — envisagé comme l’homme ressuscité d’entre les morts. Comme Fils de Dieu, sans doute, Il ne demande rien pour compléter Sa gloire ; mais comme homme, Il le demande. Il ne serait pas complet dans Sa gloire de résurrection sans l’Église, pas plus qu’Adam n’aurait été complet sans Ève. Et, Dieu, dans les conseils de Sa gloire, l’a ainsi ordonné. De toute éternité, Son intention était que, lorsque Son Fils deviendrait cet homme béni et glorifié, Il partageât — pour Sa propre gloire et à Sa louange — toute la gloire qu’Il aurait comme l’homme ressuscité, avec ceux qui par leur nature étaient de pauvres pécheurs, entièrement morts, mais qui sont maintenant délivrés de leurs péchés, et qu’Il a fait un avec Christ en haut. Par l’Esprit qui est maintenant donné, Il leur en communique la connaissance, pendant qu’ils sont dans le monde, afin que, dans leur esprit et dans leurs voies, ils soient entièrement au-dessus du monde.
- ↑ Comme ce verset renferme plusieurs mots et plusieurs clauses qui ne sont pas généralement compris, nous pouvons ajouter dans cette note que le mot « dispensation » ou « économie » (οὶϰονομία) n’a aucun rapport à une époque particulière ou un âge — ou siècle — spécial (ce qui dans le Nouveau Testament est exprimé par αὶών). Mais le mot signifie « gestion d’un économe », ou plutôt « administration », la forme particulière qui est présentée ici étant la réunion — la réunion en un — de toutes choses, célestes et terrestres, sous Christ, comme Tête (ἀναϰεφαλαίωσις). Cela aura lieu dans le siècle à venir, quand Christ sera manifesté comme chef sur toutes choses, et quand les saints glorifiés régneront avec Lui. Ce n’est pas le siècle présent, pendant lequel Dieu permet encore que Satan règne comme le dieu de ce monde ou siècle, « le prince de l’autorité de l’air » ; ce n’est pas non plus l’état éternel, lorsque le temps de tout gouvernement est passé et que Christ aura remis le royaume, « afin que Dieu soit tout en tous ». C’est le millénium, l’époque qui trouve sa place entre les deux dont nous venons de parler. Ce sera « la plénitude des temps », les époques qui la précèdent ayant été comme sa préparation nécessaire pour son introduction. Dans l’intervalle, la rédemption par le sang de Christ ayant été effectuée, le Saint Esprit scelle le croyant, et devient les arrhes de l’héritage.