Écho du Témoignage:Remarques sur l’Apocalypse/Partie 3

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Chapitre 4

Nous sommes maintenant arrivés à la partie strictement prophétique du livre de l’Apocalypse. Les sept assemblées forment ensemble ce que le Saint Esprit nomme « les choses qui sont ». Et le Fils de l’homme a été vu jugeant la maison de Dieu sur la terre, représentée par les églises d’Asie. Elles existaient au temps de Jean, et, d’une manière mystique au moins, elles ont une existence continue et, jusqu’à un certain point, successive, aussi longtemps qu’un témoignage est rendu par le corps professant sur la terre. Si l’application de ce qu’elles signifiaient littéralement appartient au passé, leur portée comme représentant l’Église dans son existence prolongée continue encore.

Au chapitre 1, 19, il nous est dit que, outre « les choses que tu as vues », et « les choses qui sont », il y a une troisième division : « les choses qui doivent arriver ci-après » (vers. angl.). Le mot « ci-après » est vague, tandis que le sens indiqué paraît précis : il faut lire, « les choses qui doivent arriver après celles-ci », comme signifiant ce qui doit suivre après que l’Église a pris fin sur la terre. Son histoire actuelle se clôt ici, bien qu’il lui soit réservé une meilleure existence dans le ciel, et qu’elle doive régner aussi sur la terre au jour de la gloire milléniale. Nous arrivons donc à cette partie toute prophétique. Les chapitres 4 et 5 sont une espèce de préface aux « choses qui doivent arriver après celles-ci ». Leur grand objet est de nous montrer, non les événements qui surviendront sur la terre, mais l’attitude ou l’aspect sous lequel Dieu apparaît, et la position de ceux qui sont le plus près de Lui pendant la durée des événements futurs, c’est-à-dire, la crise du présent siècle. Il me faut m’arrêter un peu sur le premier de ces chapitres.

« Après ces choses je vis, et voici une porte fut ouverte dans le ciel, et la première voix (que j’avais ouïe, comme d’une trompette, parlant avec moi), » etc. (v. 1). Ici, « la première voix » ne veut pas dire la première des voix qui allaient maintenant parler, ainsi que plusieurs l’ont étrangement pensé, mais la voix que Jean avait déjà entendue au chapitre 1 — la voix de Celui qui était au milieu des sept chandeliers d’or. Elle lui parle encore comme la voix d’une trompette, toutefois non plus de la terre, mais du ciel. Il y avait là une porte, et c’est de cette porte que la voix parlait — en sorte que cette portion du livre fait supposer que pour le moment c’en est fait avec la terre, et que la scène a lieu en haut. Ce n’est pas simplement que les saints rendent témoignage sur la terre ; mais la voix parle du ciel, montrant les choses qui doivent faire suite à la condition de l’Église sur la terre, en ce moment-là arrivée à son terme. « Monte ici et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci ». Puis il est rapporté que Jean fut sur-le-champ en Esprit (v. 2), c’est-à-dire qu’il se trouva dans un état caractérisé par la puissance du Saint Esprit, de manière à entrer dans les scènes nouvelles qu’il avait désormais à contempler.

« Et voici un trône était placé dans le ciel, et sur le trône quelqu’un était assis. Et Celui qui était assis », etc. Dieu, comme tel, n’est pas nommé dans cette description, excepté comme Celui qui est assis sur le trône. Il va nous montrer quel était l’aspect sous lequel apparaissait Celui qui était assis sur le trône, tandis qu’il y a en Dieu ce qu’aucun homme n’a vu, ni ne peut voir ; c’est la représentation, d’une façon symbolique, de la gloire de Dieu. Il peut revêtir quelque forme qu’il Lui plaît ; mais pour autant qu’Il en permet ici le déploiement, c’est celle à laquelle répond la figure de ces pierres précieuses. Au chapitre 21, l’Épouse, la nouvelle Jérusalem, descend « du ciel d’auprès de Dieu », « ayant la gloire de Dieu », et « son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin », etc. Il est de toute évidence que ceci ne saurait être la gloire essentielle de Dieu. Cela indique plutôt, je pense, qu’il ne s’agissait pas d’une gloire humaine, mais d’une gloire divine. Il y a en Dieu ce qu’Il peut conférer à la créature, et il y a ce qui est incommunicable. Ici la gloire divine est mise pour contraster avec la gloire de la créature, non pas celle qui dérogerait à la majesté de Dieu, mais celle qui en serait un reflet. Son luminaire était comme une pierre de jaspe ; la muraille aussi était de jaspe (v. 18), ainsi que le premier fondement (v. 19)[1]. L’aspect général de la cité était comme de jaspe. Ceci répond un peu, je pense, à ce qui nous est présenté dans le chapitre 4, de la vue dont il fut donné à Jean de jouir, de Celui qui était assis sur le trône. En Romains 5, 2, il est dit que non seulement nous avons accès à la grâce de Dieu dans laquelle nous nous tenons fermes, mais que nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. La gloire de Celui qui était assis sur le trône, en tant qu’elle pouvait être contemplée par la créature, est présentée sous la figure du jaspe et du sardius (v. 3). Et quand l’Église apparaîtra dans la gloire de Dieu, sa lumière sera comme de jaspe. C’est-à-dire, que c’est la pensée de la gloire de Dieu, et non de celle de l’homme, qui est présentée à l’esprit. Même au « jour éternel », on ne verra jamais que Dieu abandonne ou abaisse la dignité de Sa propre divinité ; car il y aura toujours une distance infinie entre Dieu et les créatures les plus élevées. Cependant il y a de la ressemblance entre la gloire de Dieu, telle que l’homme la voit, et la gloire que l’Église revêtira bientôt. Et ceci correspond exactement aux paroles de notre Seigneur dans l’évangile de Jean (17, 22, 23) : « Et la gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi ; afin qu’ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ».

Mais outre la manifestation de la gloire divine, il y avait un arc-en-ciel autour du trône. Ceci ramène évidemment nos pensées vers l’alliance que Dieu a traitée, non avec Son peuple d’Israël, mais avec la terre en général. L’alliance avec Son peuple est mentionnée pour la première fois au chapitre 11 de ce livre, où l’on voit le ciel ouvert et dans Son temple l’arche de Son alliance. Ce n’est pas la nouvelle alliance elle-même ; car lorsqu’elle sera établie il n’y aura point de tremblements de terre, d’éclairs et de tonnerres, etc. : ce sera le jour de paix et de bénédiction pour Israël. Mais au temps marqué par la vision, Dieu fera voir qu’Il a égard à Son alliance. Ici l’arc-en-ciel indique que Dieu se souvient de Son alliance avec la terre. L’arche dont il est parlé au chapitre 11 indique que Dieu se souvient de Son alliance avec Son peuple. Dieu va exercer des jugements sur la terre et sur ceux qui avaient la responsabilité d’être Son peuple. Mais Il prend la peine de montrer, avant qu’un seul jugement tombe, qu’il y a de la miséricorde en réserve. Avant qu’Il touche à la création, il y a le signe de Son alliance avec la terre ; tout comme on voit l’arche de Son alliance quand Il est forcé de frapper de plaies Son peuple d’Israël. L’arc-en-ciel témoignait que Dieu n’avait pas oublié Son ancienne parole — Il ne saurait oublier. L’arc-en-ciel est le signe de la miséricorde. Il mesure les cieux, et embrasse, sur la terre et dans la mer, tout ce que Dieu a placé sous cette miséricordieuse garantie, dont Il a mis le signe dans cet arc merveilleux. Mais ici nous trouvons l’arc-en-ciel non seulement sur le monde, mais encore autour du trône dans le ciel. Ce n’est pas là sa place habituelle ; mais il était doux pour Jean, au milieu de toute cette splendeur, de voir Dieu désireux de remplir son cœur de confiance. Il n’avait pas simplement la vision de ce qui allait arriver sur la terre ; mais il voit l’arc-en-ciel dans la sphère de la manifestation et de la puissance divines, en haut. Dieu nous montre Sa propre gloire, et en même temps l’arc-en-ciel nous déclare que Dieu est véritable — que c’est à dessein qu’Il amène l’homme à penser au gage donné après le grand jugement d’autrefois ; et d’autant plus que, pour rassurer nos cœurs, Il le met maintenant dans cette place particulière, où jamais auparavant on n’avait vu d’arc-en-ciel. Mais quoique particulière, que pourrait-il y avoir de plus significatif, car il s’agit du trône de Dieu, le Tout-puissant, le Créateur, le Maître souverain de toutes choses ? Il est peut-être inutile de remarquer que, naturellement, aucune de ces choses n’arrivera d’une manière littérale ; mais la vision était comme un panorama, plaçant tout devant les yeux du prophète — vivante et admirable façon de transmettre ce que Dieu voulait enseigner ! Quand on est entièrement établi dans la grâce de Dieu, rien n’est plus important que l’étude de ce livre ; mais ce peut être nuisible aux âmes qui ne sont pas ainsi fondées dans la grâce, de s’absorber dans l’Apocalypse.

Nous avons donc premièrement le trône de Celui qui est le centre et la source de toute l’action, la gloire et la majesté de Dieu étant représentées par le symbole du jaspe et de la sardoine ; et ensuite il y a l’arc-en-ciel, emblème familier de la fidélité de Dieu envers la création. L’arc-en-ciel était d’un genre particulier, « semblable, à le voir, à une émeraude » (v. 3). Il serait difficile d’avoir des couleurs plus opposées que celles qui représentent la majesté divine, et l’émeraude si agréable aux yeux. Le Saint Esprit produit sur nous par ces simples symboles une vive impression ; car ce livre n’a pas été écrit pour les savants, mais en vue des saints dans l’affliction. Il a été remarqué, même par des hommes du monde, que l’Apocalypse était spécialement le livre recherché par les chrétiens persécutés ; et il me semble que, tandis que ceux-là s’égarent, ici comme partout, qui en font un champ de recherche et de spéculation humaines — il doit présenter une brillante idée générale à l’esprit d’un croyant illettré qui regarde à Dieu et désire la gloire de Son Fils.

La première pensée que m’a suggérée ce chapitre est que le véritable lieu d’où l’on puisse considérer toutes les choses qui devaient arriver après les églises, c’est le ciel. Ce n’est pas sur la terre, ou de la terre, que nous pouvons bien juger de ces événements. C’est d’en haut qu’il nous faut apprendre et regarder. Si nos pensées sont aux choses de la terre, nous n’aurons jamais l’intelligence de ces événements. Si je ne suis qu’au niveau de la scène sur laquelle les jugements se passent, je m’efforcerai de tirer le meilleur parti de toute chose et d’éviter les jugements ; je n’entrerai pas par la porte ouverte dans le ciel. Il faut prendre une position céleste comme le fondement, et l’unique fondement, sur lequel ces visions puissent être justement appréciées.

Nous voyons ensuite Dieu et Son trône — Son pouvoir s’exerçant par Sa providence. Le trône n’est pas lui-même en rapport avec la sacrificature, mais avec la puissance d’où procède le gouvernement divin. Dieu veut affermir les âmes dans la pensée que c’est Lui qui gouverne, même au milieu de toute la malice qui devait se développer au temps des bêtes, ou de l’apostasie finale. Ce que contemple le voyant, c’est le trône de Celui qui n’avait pas besoin d’être nommé, mais qui laisse voir Sa gloire, autant qu’elle peut être vue par la créature. De Son trône dans les cieux, Il s’occupe du monde. Puis, nous voyons Son trône environné du signe de Son alliance avec la création. Ensuite, au verset 4, le prophète voit qu’autour du trône de Dieu, se trouvent d’autres trônes. La raison pour laquelle il y a ici des trônes plutôt que des « sièges » est que c’est une partie de l’essence de la vision de montrer que les personnes qui y sont assises étaient des personnes revêtues de la dignité royale. Le même mot signifie trône et siège ; le choix est déterminé seulement par ses rapports avec le contexte. Nous ne dirions pas d’une personne d’une humble condition qu’elle est assise sur un trône, ni du souverain dans une séance royale qu’il est assis sur un siège. Nous en jugeons par la nature du sujet.

Autour du trône de Dieu, sur la scène d’une gloire telle que l’homme n’en avait peut-être jamais vue, il y a donc d’autres trônes sur lesquels des anciens sont assis, personnes douées de la sagesse d’en haut et qui entrent dans les pensées et dans les conseils de Dieu. Ils sont vêtus de vêtements blancs qui répondent à leur dignité sacerdotale comme leurs couronnes à leur dignité royale. Ce sont évidemment des saints, et on les voit dans le ciel, autour du grand trône central, avant que commence le jugement du monde. Leur nombre est de vingt-quatre, correspondant aux vingt-quatre classes de sacrificateurs en Israël. Lorsque le précurseur du Seigneur devait naître, son père Zacharie était sacrificateur de la classe ou du rang d’Abia. Si nous regardons en 1 Chroniques 24 pour voir ce que sont ces divisions, nous trouvons que la huitième était celle d’Abia. La sacrificature était ainsi divisée afin que chacun s’acquittât successivement de l’œuvre sacerdotale, chaque classe ayant son principal sacrificateur. Le souverain sacrificateur n’est pas nommé ici : nous savons tous qui Il est ; mais nous avons les vingt-quatre anciens correspondant à ces vingt-quatre classes de la sacrificature, ou plutôt aux chefs qui les représentaient (v. 4).

Mais il s’élève une question extrêmement intéressante. Si ces anciens avec des couronnes et des trônes représentent, comme peu le nieront, les saints célestes, à quel temps et à quelle condition cette vision s’applique-t-elle ? 1° Parle-t-elle de ceux qui ont délogé pour être avec Christ ? Ou bien 2°, préfigure-t-elle la manifestation du royaume de Christ et de Ses saints durant le millénium ? Or, je tiens pour certain que l’une et l’autre de ces questions doivent être résolues négativement, et que l’époque de ce chapitre 4, et, partant, l’intervalle pendant lequel les anciens sont ainsi occupés en haut, sont postérieurs à l’état de séparation en tant qu’il s’agit d’eux, et précèdent le règne millénial. Car, en premier lieu, il est évident que le symbole des vingt-quatre anciens renferme tous les chefs de la sacrificature céleste — non pas seulement une partie, si grande qu’elle soit, mais leur nombre total. Il y avait exactement ce nombre de classes et pas davantage. Dans la vision, elles sont au complet ; et dans la réalité, que la vision symbolise, il ne saurait en être ainsi tant que les saints sont absents du corps et présents avec le Seigneur. Durant cet état de choses, il y aura toujours des membres de l’Église sur la terre. Car « nous ne dormirons pas tous ». Et lorsqu’au retour du Seigneur « les morts en Christ ressusciteront premièrement », « nous les vivants, qui demeurons, serons ravis ensemble, avec eux, dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». C’est-à-dire que le symbole, bien compris et bien interprété, exige le rassemblement de tous les membres de Christ dans la même condition ; et comme ceci ne sera jamais vrai des esprits séparés du corps, il s’en suit nécessairement que la vision ne sera réalisée que lorsque « nous serons tous changés », et avec le Seigneur. Mais secondement, il est clair que, quoi que puissent présenter par anticipation les cantiques des anciens ou de ceux qui se joignent à leurs accords, tant les actes des anciens que l’ensemble de la scène céleste, dans laquelle ils jouent un rôle si considérable depuis le chapitre 4 jusqu’au chapitre 19 — supposent que le règne sur la terre ne s’établit pas de fait, jusqu’à ce que Christ ait quitté le ciel avec Ses saints pour accomplir le jugement sur Ses ennemis. Mais le nombre des anciens est complété beaucoup plus tôt : personne ne peut nier qu’ils sont dans le ciel avant et pendant les jugements symbolisés par les sceaux, les trompettes, et les coupes. La conséquence est manifeste : il faut que les saints qu’ils représentent soient tous dans le ciel, avant que ces jugements commencent de s’accomplir. Le millénium ne vient pas avant Apocalypse 20 ; les anciens, figurant les saints glorifiés, sont longtemps auparavant avec le Seigneur dans leurs corps transmués. Quand Il vient du ciel, pour la destruction de la bête, ils Le suivent et règnent ensuite avec Lui mille ans. D’autres, je n’en doute pas, leur seront adjoints en ce règne-là : ceux-ci ne seront pas glorifiés dans leurs corps jusqu’à Apocalypse 20, ayant souffert, après l’enlèvement de l’Église, sous la bête, etc. Mais Apocalypse 4 indique que cet enlèvement aura eu lieu alors, et que les saints enlevés sont vus sous le caractère d’une sacrificature royale intéressée, comme ayant la pensée de Christ, aux épreuves, aux souffrances, aux témoignages, et aux espérances de ceux qui leur ont succédé comme témoins de Dieu, durant cette heure de tentation qui viendra sur tout le monde habitable pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Pour les saints eux-mêmes transportés en haut, ce n’est pas encore le temps des noces de l’Agneau ; et pour cette raison ainsi que pour d’autres, ils sont regardés ici non comme le corps ou l’Épouse, mais comme rois et sacrificateurs rendant hommage, et encore dans l’attente de leur manifestation en gloire alors qu’ils jugeront le monde.

Il existe un rapport étroit et solennel entre ceci et la mention de vingt-cinq hommes faite en Ézéchiel 8, 16 ; et dans ma pensée, ils forment l’ensemble des chefs de la sacrificature — les vingt-quatre chefs avec le souverain sacrificateur. Mais où sont-ils maintenant ? Hélas ! à la tête même de l’idolâtrie et de tout le mal commis dans le temple de Jéhovah. Ils sont là, non point comme ceux dont la robe parle du sang qui purifie, mais comme les corrupteurs du saint étendard de Dieu et du peuple d’Israël qu’ils conduisent à l’apostasie ; de sorte que s’il faut que le jugement soit infligé, il devra commencer par la maison de Dieu. Il y a une espèce de contraste entre la scène décrite ici et celle que nous trouvons en Ézéchiel. Nous avons là en premier lieu les quatre animaux — symbole des jugements exécutés de la part de Dieu, de Son autorité judiciaire détruisant le mal. Le résultat terrestre de l’action de ces animaux, tel qu’il est présenté en Ézéchiel, pouvait être la destruction de Jérusalem ; mais ce fut là tout ce que l’homme vit.

Les chérubins et les animaux (Zôa) sont la même chose ; il faut les distinguer soigneusement des bêtes (Thêria) mentionnées plus loin. La première fois qu’il est parlé des chérubins, c’est dans la première partie du livre de la Genèse, chapitre 3. Nous les voyons paraître immédiatement après que le péché est entré dans le monde. C’étaient les êtres auxquels l’œuvre du jugement était confiée. « Il mit des chérubins vers l’orient du jardin d’Éden avec une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie ». L’emblème de leur puissance était cette épée flamboyante. Si nous jetons encore un coup d’œil au second livre de Moïse, les chérubins s’y trouvent de la façon la plus bénie. Où regardaient-ils ? Au-dedans. S’ils eussent regardé dehors, ils auraient vu des pécheurs ; s’ils eussent regardé dessous, dans l’arche, ils y auraient vu la loi ; mais ils regardaient au-dedans, sur le propitiatoire, au sang dont il était arrosé. Là était le sang qui témoignait de la parfaite miséricorde de Dieu, qui avait rencontré le péché et en avait triomphé, et là était aussi la puissance de Dieu : l’un et l’autre s’unissant pour maintenir la gloire de Dieu et travailler en faveur de l’homme au lieu d’agir contre lui. Si nous considérons de nouveau les chérubins au temps de Salomon, on remarquera une différence sensible. Leur position change complètement, et au lieu de regarder en dedans, ils regardent en dehors, parce que les jours de Salomon typifient le temps de la gloire, lorsque gouvernera le véritable homme et Prince de paix. Et pourquoi, alors, ne regarderaient-ils pas en dehors ? Le péché aura été jugé, et au lieu que la bonté du Seigneur se répande, pour ainsi dire, goutte par goutte çà et là, le Seigneur Lui-même descendra comme la rosée sur l’herbe fauchée, comme la pluie qui arrose la terre, et la terre entière sera remplie de Sa gloire — réalisation fidèle de la gloire du Fils de David. Quand la miséricorde aura son cours complet, que le jugement aura été exécuté, rien n’empêchera les chérubins de proclamer la bonté du Seigneur. Mais en Ézéchiel, une terrible crise survenait. Le propitiatoire avait été méprisé, et la gloire de Salomon était flétrie. Israël péchait à main levée, et le temple lui-même était le lieu où Dieu était surtout déshonoré, et là les chérubins semblent encore dire : « Dieu ne peut rien avoir à faire avec ce méchant peuple ; il faut que le jugement ait son cours ». En conséquence, ils abandonnent Israël, en laissant le jugement suspendu sur sa tête. Nous ne les revoyons que comme donnant le signal du jugement et le mettant en vigueur par la main de Nebucadnetsar.

Nous avons la même chose en Apocalypse, avec cette différence qu’en Ézéchiel les animaux se trouvent davantage en rapport avec la terre ; et c’est pour cela qu’ils sont décrits comme ayant des roues aussi bien que des ailes. En Apocalypse, le peuple terrestre étant délaissé pour un temps, et un peuple céleste étant appelé, nous les voyons seulement avec des ailes, figure appropriée au ciel, et non avec des roues, figure appropriée à la terre. Il est précieux de voir par cette omission que même lorsque Dieu va parler de jugement, la forme que revêt l’exécuteur du jugement de Dieu nous indique qu’une interruption céleste est survenue, avant que soit reprise l’histoire du monde. Il est d’une extrême importance, si nous voulons nous former une juste appréciation de ces choses, de se tenir d’un pied ferme sur le fondement sur lequel reposait l’apôtre — d’entrer, pour ainsi dire, par la porte ouverte dans le ciel.

Mais il y a encore ceci : « Et du trône sortent des éclairs, et des voix, et des tonnerres », etc. (v. 5). Évidemment ce n’est point là le trône dont nous avons à nous approcher ; car le nôtre est un trône de grâce, et celui-ci un trône de jugement. Son aspect, tel qu’il est ici décrit, n’a absolument rien à faire avec la grâce. Ce qui en sort n’est pas un fleuve pur comme du cristal, ainsi que c’est le cas du trône mentionné au chapitre 22, mais « des éclairs, et des voix, et des tonnerres » etc., expression du courroux de Dieu. La forme symbolique de l’Esprit de Dieu elle-même, employée ici, répond au tableau : « Il y avait sept flambeaux de feu brûlant devant le trône, qui sont les sept Esprits de Dieu ». Le Saint Esprit ne revêt pas la figure de flambeaux de feu quand Il exprime la grâce de Dieu envers l’Église. Nous avons, sans doute, au jour de la Pentecôte, des langues de feu — magnifique emblème de ce que Dieu allait faire alors, car c’était un pouvoir divin qui donnait à ces hommes illettrés de parler dans toutes les langues. Il descendit sur le Seigneur Jésus sous la forme d’une colombe ; mais cela est tout à fait différent de ce que nous avons en Apocalypse. Ici, c’est la puissance qu’a l’Esprit de Dieu de consumer. Le feu est l’emblème bien connu de la sainteté de Dieu, sainteté qui scrute et sonde tout. C’est comme Saint Esprit dans Sa pleine perfection comme lumière, et dans Son caractère de feu consumant, que l’Esprit nous représente Lui-même Sa relation avec ce temps-là. Il est clair que cela n’a pas trait au royaume millénial, car alors il sortira du trône de Dieu un fleuve d’eau vive, éclatant comme du cristal ; et encore bien moins se rapporterait-il à l’action de l’Esprit dans le corps de Christ durant le temps actuel, tout comme le trône de Dieu n’est pas non plus un trône duquel sortent des éclairs et des tonnerres, etc. Quelle est donc la période avec laquelle ce symbole est en rapport ? C’est un court espace entre le temps où Dieu aura fini Son œuvre dans l’Église et celui où commencera la gloire milléniale. Le temps actuel est celui où Dieu rassemble Ses héritiers, cohéritiers de Christ, et qui forment l’Épouse : et maintenant il y a un trône de grâce, et nous recevons miséricorde et secours pour le moment opportun. Ici, au contraire, les jugements de Dieu procèdent du trône. Ici le Saint Esprit est l’esprit de jugement et de feu brûlant, tout comme le trône est un trône judiciaire et une source de terreurs pour la terre. Ainsi, ce n’est donc ni l’ère paisible de la gloire milléniale, ni le déploiement actuel d’une grâce illimitée, mais une époque intermédiaire. On ne concevrait pas que quelqu’un eût une intelligence claire de ce livre, et ne vît pas que l’Apocalypse remplit l’intervalle succédant à l’enlèvement de l’Église par le Seigneur et précédant Sa venue accompagné de l’Église (chap. 19). Je parle, bien entendu, des visions prophétiques qui remplissent le corps du livre, et non des trois chapitres d’introduction, ni de la fin lorsque le Seigneur est près de paraître. Là, toute la scène est changée ; les cieux sont ouverts pour que le Seigneur Jésus vienne frapper le dernier coup du jugement sur l’iniquité de l’homme et la puissance de Satan ; puis nous avons l’immense courant de bénédictions s’étendant partout. Mais ici c’est l’intervalle qui le précède — un temps du caractère le plus solennel pour le monde, alors que les saints célestes auront été enlevés.

« Et devant le trône, comme une mer de verre, etc. » (v. 6). Non pas une mer d’eau, où l’on pût se baigner, mais une mer de verre. Or, le Saint Esprit se sert du lavage d’eau par la Parole dans le but de nettoyer la souillure, et il n’en était plus besoin pour ceux qui se trouvent ici. Au chapitre 15, il est fait mention d’une autre classe d’individus qui se tiennent sur une mer de verre, montrant qu’il n’est plus question alors de la puissance de l’Esprit agissant à l’égard de ce qui est contraire à Dieu, mais que la victoire est remportée. Il n’est plus question d’épreuve pour les saints célestes. Dans Apocalypse 4 est désormais close dans une pleine paix la scène où se sont passées les épreuves de l’Église, et la voilà assise autour du trône même de Dieu.

Là aussi sont les quatre animaux, pleins d’yeux devant et derrière, qui sont le symbole du discernement ; car bien que ce soit le jugement qu’ils ont à exécuter, nous avons à peine besoin de dire que ce n’est pourtant pas un jugement aveugle. « Le premier animal était semblable à un lion ; le second animal, semblable à un veau ; le troisième animal avait la face comme d’un homme ; et le quatrième animal était semblable à un aigle volant » (v. 7). Ces divers symboles sont empruntés aux chefs des principales classes de la création de Dieu ici-bas, et représentent différentes qualités de Ses jugements : le lion est le chef des bêtes sauvages ; le bœuf ou veau, le chef du bétail ; l’homme, le chef des êtres intelligents ; et l’aigle, celui des oiseaux. Le lion suggère l’idée de la force ou de la puissance majestueuse ; le bœuf, celle de la patience qui endure ; l’homme, celle de l’intelligence ; l’aigle, celle de la rapidité. Dieu nous fait voir la force, la patience, l’intelligence et la rapidité avec lesquelles Ses jugements doivent être exécutés. Les quatre animaux ayant chacun six ailes, dénotent une rapidité surnaturelle, et les yeux de dedans, le discernement intérieur (v. 8). Il en est qui ont supposé, principalement à cause de la proximité dans laquelle les animaux sont du trône suprême, qu’ils devaient, plutôt que les anciens, représenter l’Église[2]. Mais c’est là une opinion entièrement fausse. La raison pour laquelle, à mon avis, ces animaux sont ainsi rapprochés du trône, c’est qu’ils sont les agents de l’exécution des jugements, et que les jugements providentiels seront alors en train de s’accomplir. Ils caractérisent l’action du trône.

« Et ils ne cessent point ni jour ni nuit, disant : Saint, saint, saint, Seigneur Dieu tout-puissant, qui était, qui est, et qui vient ». C’est là une parole remarquable. Ce n’est pas le mal qui les occupe ; mais lorsque Dieu nous montre les moyens ou les instruments par lesquels Il exécute le jugement, nous les entendons s’écrier sans cesse, comme ne pensant qu’à Lui : « Saint, saint, saint ! ».

Pour nos âmes l’un des traits les plus importants de cette scène est celui-ci : les anciens symbolisent les saints célestes dans la gloire, les chefs de la sacrificature céleste vus dans leur précieux emploi en haut. Mais remarquez que quand nous les trouvons là en premier lieu, ils sont parfaitement familiarisés avec la scène ; il n’y a ni tumulte ni anxiété. Ils sont paisiblement assis sur leurs trônes. Ils ne tremblent pas, même en la présence de Dieu. Que des tonnerres, des éclairs, des jugements sortent de Son trône, ils sont néanmoins paisiblement assis sur leurs trônes — pas un seul mouvement ne se produit. Et qu’y a-t-il de nature à les émouvoir ? Les terreurs mêmes ne les troublent pas, le jugement ne les ébranle pas de leurs trônes ; mais « lorsque les animaux rendront gloire et honneur et actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône, etc., les vingt-quatre anciens tomberont sur leurs faces », etc. Aussitôt que l’honneur est rendu par les exécuteurs du jugement à Celui qui est assis sur le trône, les anciens adorent. Quelle satisfaction en Dieu cela nous montre — quelle certitude que c’en est fini désormais avec le péché ! Dieu peut être sur le point de juger, mais Il ne jugera pas ceux qui sont faits Sa justice en Christ. Ils sont en harmonie avec Lui, et quand les animaux s’adressent à Dieu et Lui attribuent la gloire et l’honneur et les actions de grâces, c’est alors que les anciens se lèvent de leurs trônes et qu’on les voit se prosterner devant Lui ; bien plus, ils rendent hommage et jettent leurs couronnes devant le trône, disant : « Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance ; car tu as créé toutes choses : c’est à cause de ta volonté qu’elles existaient, et qu’elles furent créées ». Ils entrent, comme ne font pas les animaux, dans la pensée de Son excellence personnelle, et aussi avec une beaucoup plus grande intelligence spirituelle. Ils sont anciens : il leur est donné de comprendre ici la gloire de Dieu dans la création et dans la providence, tout comme au chapitre 5, nous les voyons entrer dans la pensée de l’excellence et de l’œuvre de l’Agneau. « Car tu as créé toutes choses » etc. — non « elles sont et furent créés » ; mais c’est à cause de Sa volonté ou de Son plaisir qu’elles furent maintenues en existence, telles qu’elles avaient été produites au commencement.

(v. 10, 11). Ainsi, leur langage embrasse les deux grandes pensées du chapitre — la gloire de Dieu en création, et Sa gloire en gouvernement. « Qu’elles existaient », c’est-à-dire, elles existaient maintenant par les soins et le gouvernement de Dieu ; « et elles furent créées », c’est-à-dire que c’est à Lui qu’elles devaient leur origine. Ce n’est pas seulement ce que nous éprouverons alors, que Dieu nous révèle ici ; mais Il désire que nous entrions maintenant dans ce que nous aurons alors. Cette gloire nous est déjà donnée. Assurément nous n’aurons pas alors de position semblable, si nous n’y avons pas droit sur la terre. Elle est nôtre maintenant par la foi, bien qu’alors nous devions la posséder dans sa plénitude. Qu’est-ce qui rend capables les anciens d’être si calmes au milieu du jugement ? Ce que Dieu a fait pour eux par le moyen de la croix de Jésus. Mais Dieu l’a fait maintenant. En Christ fut opérée une œuvre parfaite sur la terre, telle qu’elle pouvait l’être dans le ciel. Une autre ou plus excellente œuvre n’y sera pas accomplie, bien que nous puissions en jouir davantage en haut. Dieu a révélé cette scène aux siens pour qu’ils y entrent maintenant avec intelligence, et soient adorateurs dans l’esprit de cette scène, même sur la terre, en voyant la gloire qui leur appartiendra dans le ciel. Le culte est une chose plus sérieuse que beaucoup ne le supposent. Tout ce qui ne sied pas à la présence de Dieu dans le ciel, ne sied pas à la présence de Dieu sur la terre. Même dans les choses extérieures, Il veut que nos cœurs soient exercés. C’est un mauvais signe quand les enfants de Dieu se permettent quelque chose d’incompatible avec Sa présence. Notre responsabilité est que le culte de Dieu s’accomplisse d’une manière digne de Lui — solennellement, mais en liberté. Nous devrions prendre garde de nous laisser distraire, et plutôt nous exciter les uns les autres à jouir davantage du Seigneur.

Le Seigneur veuille que, marchant dans une sainte liberté, et nous souvenant que ce n’est pas l’ordre selon la chair ou selon la forme qu’il nous faut garder, nous soyons préservés de penser que Son ordre à Lui est moins honorable que celui de l’homme ! Puisse-t-Il nous accorder de rechercher ce qui convient à la présence de Celui que nous venons exalter ensemble ! Il nous a donné la position d’adorateurs : puissions-nous L’adorer en esprit et en vérité !

Chapitre 5

Le chapitre précédent nous a fourni un tableau de la plus haute signification et du plus grand intérêt : Dieu dévoilant, pour ainsi dire, l’intérieur du ciel, la pensée et l’emploi du ciel avant que nous voyions tomber sur la terre un seul coup du jugement. Mais ce tableau aurait été incomplet, si le Saint Esprit n’y eût ajouté la scène qui nous est révélée dans ce chapitre. Car s’il y avait une manifestation divine, et si les anciens entraient avec intelligence dans le culte de Dieu, confessant Sa gloire dans la création et dans le gouvernement de Sa providence, cependant, il n’y avait point là de chant, et moins encore le chant du « cantique nouveau ». Or, le grand but du chapitre qui est devant nous, c’est de montrer cette autre et plus parfaite manière dans laquelle nous voyons les anciens se prosterner devant l’Agneau et Lui rendant hommage. Le Saint Esprit prend un soin tout particulier de montrer que Dieu, à mesure qu’Il se dévoile Lui-même, doit être l’objet, la source, et la base de toute l’adoration qui va suivre de la part de la créature. Ce n’est point une conception de l’esprit de l’homme : ce serait de l’idolâtrie. Il nous faut une révélation divine pour avoir une vérité divine et un culte digne d’être agréé. Les figures que nous présente le chapitre 4 ont laissé Dieu dans une sorte de grandeur et de majesté mystérieuses. En conséquence, le culte des anciens n’allait pas au-delà de la pensée que Dieu avait créé et soutenu toutes choses. C’était Sa gloire en création et en providence, et leur louange à eux y répondait d’une manière intelligente.

Dans ce chapitre 5, nous avons une plus précieuse scène. Et pourquoi ? Parce que nous avons l’Agneau. Quelle bénédiction n’apporte-t-Il pas ! Il a effacé le péché — enlevé l’aiguillon de la mort — Il nous a approchés de Dieu, et a mis dans notre bouche un cantique approprié à la présence de Dieu. Dans cette portion bénie de la Parole nous avons, comme en étant le principal sujet, la portée de la rédemption quant à ce qui constitue les occupations et le culte dans le ciel, et leur rapport avec les conseils et les voies de Dieu sur la terre. Tant qu’il s’agissait seulement de la gloire de Dieu dans la création, il n’y avait pas du tout de livre. Mais maintenant le prophète regarde, et il voit « dans la droite de Celui qui était assis sur le trône, un livre, écrit au-dedans et sur le revers, scellé de sept sceaux » (v. 1). Dans les temps anciens, un livre était un rouleau manuscrit, écrit seulement au-dedans pour les cas ordinaires. Mais ici il y a plénitude de révélation. Elle déborde, pour ainsi dire, et est inscrite sur le revers aussi bien qu’au-dedans, et tout à la fois protégée de sept sceaux. Mais remarquez que si Dieu est vu ayant ce livre en Sa main, il n’y a que l’Agneau qui l’ouvre, et que tout le contenu du livre apparaît en connexion avec Lui. Combien il est évident qu’il ne peut jamais y avoir une manifestation de la pensée de Dieu concernant les choses à venir, sans la connaissance de Christ et de Sa gloire en rapport avec elles ! Tout chrétien sait qu’on ne pourrait être sauvé sans Christ ; mais beaucoup ne s’aperçoivent pas que sans Christ, il n’y a point d’intelligence de la prophétie, ni connaissance vraie de ce qu’est l’Église.

C’est ainsi que les hommes forment des associations religieuses et les appellent églises. Mais je n’hésite pas à dire qu’il est plus aisé de faire le ciel et la terre que de faire l’Église de Dieu. Mais la présomption de l’homme s’est élevée à un si haut point, que les choses les plus grandes et les plus saintes de Dieu deviennent l’œuvre (pour ne pas dire le passe-temps) de chrétiens, parce qu’ils ont, de fait, séparé l’Église de la personne de Christ. Ils traitent l’Église comme affaire de choix et de forme, au lieu de reconnaître qu’elle est le champ spécial des opérations les plus pures et les plus profondes de l’Esprit, et l’objet le plus cher des affections de Christ, ainsi que le témoin de Ses principales gloires. L’ordre de l’Église et les voies de Dieu en elle, font ressortir toute la profondeur et toute la hauteur de la sagesse et de la grâce divines. La grande difficulté, aujourd’hui comme de tout temps, vient de ce que ceux que le Saint Esprit rassemble autour du nom du Seigneur Jésus Christ, traînent avec eux un tas d’opinions du quartier d’où ils viennent — des idées et des habitudes longtemps caressées qu’il leur faut désapprendre. Ils ont aussi la même chair que les autres — la même vanité, la même promptitude, la même imagination, etc. Nous devons nous souvenir que ce que les autres ont fait, nous ne sommes pas nous-mêmes moins en danger de le faire. Si l’Église a si tôt failli après que Dieu a eu déployé ici-bas Ses nouveaux et précieux conseils de grâce céleste, il est beaucoup plus facile, maintenant que la chrétienté a abandonné et presque oublié ses meilleurs privilèges, de tomber encore dans la même erreur et la même infidélité. La grande racine du mal, c’est la tendance à regarder l’Église comme étant notre propriété et non celle de Christ. Vous n’arrivez jamais en dehors de Christ à la pleine vérité à l’égard de quoi que ce soit qui concerne soit Dieu, soit nous-mêmes. Il demeure toujours vrai que « la loi fut donnée par Moïse (et il était éminemment un serviteur honoré de Dieu) mais la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ».

Il en est de même de l’interprétation de la prophétie. Si je fais rapporter la prophétie à moi-même ou à mon pays, je puis trouver dans la septième coupe la dernière révolution française, ou la maladie des pommes de terre, ou le choléra asiatique, ou bien quelque chose de ce genre. Je puis prendre le pays « qui fait ombre avec des ailes » pour la Grande-Bretagne et ses vaisseaux, et les « vaisseaux de jonc » pour les navires cuirassés (És. 18). Trouvez-vous cela par trop absurde ? Eh bien, des chrétiens l’ont fait, et cela, parce qu’ils rattachent les choses à eux-mêmes, au lieu de les rattacher à Christ. D’un autre côté, du moment que les choses sont considérées en relation avec Christ, Il est la lumière, et nous sommes délivrés de toutes ces pensées d’homme. Car qu’est-ce que notre pays ou notre temps ? Ni l’un ni l’autre ne sont Christ. Si je recherche la communion avec Lui, je serai dès lors débarrassé du désir de choisir pour centre de mon système quelque chose qui se rapporte à moi. Si l’on regarde sous un point de vue historique aux siècles de ténèbres, ou aux précédentes invasions des barbares, on trouve tout cela très intéressant et l’on en conclut qu’il serait impossible que Dieu eût omis cela dans Son livre, qu’Il doit avoir dit quelque chose au sujet d’une transition aussi importante. C’est ainsi qu’on s’est imaginé que l’invention même de la poudre était anticipée en Apocalypse 9 ; la découverte de l’Amérique au chapitre 10, et l’importance politique du protestantisme au chapitre 11. En un mot, il n’est idée bizarre que l’on n’ait pas cru découvrir dans l’Apocalypse. Et de telles choses sont avancées même par des gens pieux ! N’y a-t-il pas pour nous un avertissement dans tout cela ? Puissions-nous être préservés du même piège qui a entraîné des personnes naturellement aussi sobres (ou aussi faibles) que nous ! Dieu nous fait voir qu’il n’est pas de mesure de connaissances de science, de sincérité, non pas même de piété, qui nous rende capables de comprendre Dieu, ou Sa Parole. Qu’est-ce donc qui nous donnera cette capacité ? Christ seul.

C’est l’Agneau, et non point nos propres pensées, qui nous initie aux choses de Dieu. Il en est beaucoup qui pensent que l’Église étant l’objet particulier de l’amour de Dieu, toute la prophétie doit s’y rapporter. Idée des plus erronées ! Le contraire est la vérité. De fait, il serait plus vrai de dire que l’Église n’est jamais le sujet dont la prophétie s’occupe. L’affaire propre de cette dernière, c’est de traiter des événements terrestres, et l’Église a sa place dans la gloire céleste. Quand nous arrivons à la véritable intelligence de ce livre, nous voyons que le jugement en constitue le sujet ; et l’objet exprès de ces deux chapitres est de nous montrer qu’avant qu’un seul jugement sorte du trône, l’Église est retirée de la scène, et, pouvons-nous dire, a reçu domicile dans la gloire céleste. Les cohéritiers étant alors avec Christ, Dieu se prépare à introduire dans de monde Son héritier premier-né. Si on ne voit pas cela, l’Apocalypse ne saurait être comprise dans son ensemble. On peut bien tirer de l’encouragement d’une portion particulière, mais ce n’est pas là avoir l’intelligence du livre. Pour comprendre la portée de la prophétie, il faut que je fasse de Christ, et non de l’Église, son objet ; autrement je suis hors du point de vue auquel le Saint Esprit l’a écrite. Ce n’est pas l’Église mais Christ qui est le centre du royaume de Dieu. Les astronomes pensaient que la terre était le centre autour duquel gravitaient les corps célestes, jugeant superficiellement des choses par ce qui s’en présentait à leurs sens. Christ est le vrai centre et le vrai soleil du système de Dieu. Dans notre chapitre, nous voyons Dieu sur le point de dévoiler ce qu’il était impossible à l’homme de découvrir. « Un ange fort proclamant à haute voix », etc. (v. 2). Les anges sont les êtres « qui excellent en force » — non en intelligence. Nous ne pouvons pas supposer qu’ils possèdent la même nature d’intelligence que ceux qui sont membres du corps de Christ. Il n’est et ne peut jamais être dit des anges qu’ils sont scellés du Saint Esprit, tandis que c’est Lui, le Saint Esprit, qui en rendant témoignage à Christ, est la puissance d’intelligence dans le plus faible enfant de Dieu. Si je veux connaître la vraie position de l’Église, comme corps, je dois regarder à la position de Christ comme Tête ; et si je désire apprendre ce que Dieu va faire à l’égard de la terre, il me faut examiner le témoignage de Dieu touchant Christ comme Fils de David et comme Fils de l’homme. Si je mets, involontairement sans aucun doute, l’Église à la place de Christ, je me tromperai complètement. C’est bien vrai que Dieu aime Ses saints, et qu’il est dans Son intention qu’ils partagent avec Christ le gouvernement sur toute la terre. De ceci l’homme conclut que l’Église doit avancer et prospérer ici-bas ; mais quand les révélations divines touchant Christ sont plus sérieusement pesées, j’apprends une autre vérité — savoir, que Christ vient comme juge. Cela suppose naturellement que le corps professant n’a pas rempli sa mission, car s’il l’eût remplie, sur qui, dans la chrétienté, Dieu devrait-Il faire fondre Son jugement ? « Cet esclave qui a connu la volonté de son maître, et qui ne s’est pas préparé, et qui n’a point fait sa volonté, sera battu de plusieurs coups ».

Voyez la vérité que Dieu met devant nous ici. En premier lieu, il y a le livre, c’est-à-dire la révélation des conseils de Dieu relativement à la terre. Pas une seule créature ne fut trouvée digne d’ouvrir le livre, ni de le regarder. À cause de cela le prophète pleure (v. 3, 4). On ne doit point oublier que dans ce livre, l’apôtre Jean n’est pas présenté dans sa complète position comme apôtre dans l’Église, mais plutôt comme prophète. Il était, c’est vrai, un membre des plus honorés du corps de Christ ; mais le but de ce livre n’est pas de montrer notre proximité avec Dieu dans cette relation-là : c’est comme prophète de jugement intermédiaire et de gloire finale, qu’il est vu. Il n’est pas considéré comme ayant une parfaite communion avec ce qui se passait autour de lui. Mais ceci est bien le trait caractéristique de la description des saints de l’Ancien Testament, ainsi qu’il est dit en 1 Pierre 1 : « duquel salut les prophètes se sont enquis », etc. Il se peut aussi que le prophète Jean se soit trouvé ici dans cette position, principalement parce que le livre de l’Apocalypse n’est pas destiné seulement à l’Église, qui allait être dans le ciel et qui même était vue au ciel ; mais qu’il est encore destiné à un corps de témoins trouvé sur la terre après le départ de l’Église, et qui passera par de terribles souffrances dans les derniers temps. Jean est un personnage qui représente plutôt, semble-t-il, ceux qui jouiront de l’Esprit de prophétie ici-bas en Israël, après l’enlèvement de l’Église au ciel, que ceux qui, comme fils, ont un titre, par grâce, à la communion avec le cœur de leur Père.

Les anciens nous montrent la vraie position qui appartient aux saints célestes ; et en conséquence, lorsque Jean pleurait beaucoup, un des anciens qui comprenait parfaitement ce qui se passait, lui dit : « Ne pleure pas : voici, le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux » (v. 5). Voici tout d’un coup le Seigneur Jésus introduit. Sa personne est manifestée, mais c’est en rapport avec les desseins terrestres de Dieu. Il est appelé « la racine de David ». David est celui que le Seigneur avait élu roi d’Israël (Ps. 78). Emphatiquement, Il était David « le roi ». Ce titre est donc l’expression des conseils de Dieu à l’égard de Christ pour ce qui concerne la terre. Vous avez Juda choisi pour être la grande tribu en connexion avec le Christ ou Messie. Voici dans quel langage et sous quel caractère les anciens annonçaient le seul qui pût ouvrir ce livre — « le lion qui est de la tribu de Juda ». Le lion implique l’idée de majesté et de puissance parmi les bêtes sauvages de la terre. Jacob avait comparé Juda à un lion. Tout s’enchaîne dans l’Écriture. Le Saint Esprit qui parla par Jacob sur son lit de mort, parle maintenant au moyen de Jean, et révèle que, tout rejeté qu’il soit de la terre, le lion de la tribu de Juda est reconnu en haut comme Celui en qui tous les desseins de Dieu ont leur centre. Il était « la racine de David », titre qui avait une plus grande portée que celui de Fils de David. Il était le Seigneur de David. Il pouvait sortir de David, mais il était toutefois la racine de David, la source réelle, quoique secrète, de tous les titres et de toutes les promesses qui lui avaient été faites ; tout comme Jean-Baptiste disait : « Il vient après moi » — bien qu’en réalité Il fût avant lui. Mais il y a une autre déclaration remarquable. Il n’est pas dit seulement qu’Il était digne, mais qu’Il « a vaincu ». Le petit mot « vaincu » (conquis, subjugué) est lié avec tout le sujet du chapitre ; c’est la victoire de Jésus dans la rédemption. Le Seigneur Jésus a été de tout temps digne de prendre le livre ; mais s’Il l’eût reçu et ouvert sur le seul fondement de Sa dignité personnelle, que nous eût valu cela ? Il aurait dû rester encore scellé pour nous. C’est pourquoi le Seigneur n’a pas seulement prouvé qu’Il était personnellement digne d’ouvrir le livre contenant les futurs conseils de Dieu, mais qu’Il avait vaincu ; et c’est en vertu de cette victoire que nous sommes mis en droit d’écouter et de comprendre.

« Et je vis, au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé », etc. (v. 6). Jean avait entendu parler d’un lion, mais maintenant qu’il vient à regarder, c’est un agneau. Là où il s’attendait à trouver le symbole de la puissance, se présentait à tous les regards le tableau de la souffrance et du rejet les plus saints. Et tel était l’emblème de Christ, en tant que vu même sur le trône dans toute la gloire du ciel : Celui qui était frappé, en qui il n’y avait point de fraude et qui ne résistait pas — « un Agneau comme immolé ». Il est revêtu de la puissance parfaite ; les sept cornes, sans nul doute, ne signifiaient pas moins que cela ; les sept yeux sont le symbole d’une parfaite intelligence — la plénitude de l’Esprit, en rapport ici avec la terre et son gouvernement. Mais Celui qui est vu possédant toute cette autorité et toute cette sagesse, c’est l’Agneau. Je crois que la base de toute notre bénédiction repose sur cette précieuse vérité. Le Seigneur de gloire est devenu un Agneau, et doit être connu comme tel si nous voulons tirer profit des révélations qui suivent. L’Agneau est la figure qui répond à l’idée de la rédemption. Même en ce qui regarde les Juifs, quand l’agneau était offert matin et soir, Dieu leur montrait que si un pauvre pécheur avait quelque chose à faire avec Lui, et que s’Il pouvait continuer d’aller avec eux, c’était à cause de l’Agneau ; et ceux qui avaient de l’intelligence regardaient en avant, quelque obscurément que cela se fît, à un Agneau meilleur. Le Fils de Dieu devait devenir l’Agneau de Dieu. Et maintenant qu’Il a été chassé du monde, Il est le rejeté, et bien que glorifié dans le ciel, Il y porte encore les marques de Ses souffrances. Il est vu au milieu du trône, pareil à un agneau qui aurait été immolé. Le sacrifice de l’Agneau n’est pas le seul sujet que présente ici le Saint Esprit ; Il présente également Christ comme le saint homme de douleur, accepté en haut. Seul fondement pour le pécheur, Il est aussi le modèle des siens, la source de leurs espérances — et pour cette raison que si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui. Ici donc, comme partout ailleurs, nous voyons que le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs est Celui qui a le plus souffert ; Dieu rapproche ces deux pensées au chapitre 17 : l’Agneau souffrant et rejeté, et le Roi des rois. Pourquoi ? Parce que Dieu veut nous montrer que toute gloire repose sur Christ, le rejeté et le méprisé de la terre. La chose même qui semblait être le coup de mort pour toutes les espérances d’Israël fraie la voie aux pensées les meilleures, aux conseils de gloire les plus élevés qui aient jamais existé. Si nous considérions la croix en elle-même, il pourrait nous sembler que tout avait pris fin, et qu’il n’y a pas jusqu’à l’espérance qui ne soit couchée dans le tombeau, car là se trouvait rejeté et crucifié Celui qui aurait pu bénir Israël, vaincre Satan, et mettre fin au péché et à la misère humaine ! Tout semblait détruit et terminé prématurément dans la mort de Christ ; et cependant tel fut le moyen même dont Dieu se servit, afin de pouvoir bénir tout de suite et éternellement selon les désirs de Son propre cœur. Ce qui dans le moment, ressemblait à une victoire de Satan, était réellement le triomphe de Dieu sur lui et ses œuvres, à jamais.

Remarquez que c’est comme Agneau que le Seigneur Jésus prend Sa place dans le ciel. Quel est l’effet pratique de ce fait sur nos âmes ? Plus on entre là-dedans, moins on recherche une place d’honneur et d’estime dans le monde. On sait bien alors que tandis que Satan est le dieu de ce monde, et que Christ est caché en Dieu, il faut que la vérité soit méprisée ici-bas ; et par suite, on n’est pas surpris de voir l’iniquité prospérer. On sera préparé à tout cela, parce que c’est précisément l’histoire de Christ. L’Agneau immolé met devant nous toute l’histoire morale du monde. Mais permettez-moi de vous poser une autre question : Est-ce que l’Agneau immolé place devant votre âme votre propre histoire ? Savez-vous ce que c’est que d’être rejeté à cause de Christ ? Non pas parce que vous méritez de l’être (quoique dans un sens cela soit vrai), mais parce que vous désirez tenir ferme à tout prix pour le Seigneur Jésus ?

Mais il y a un autre côté : Christ maintenant est glorifié — pas encore toutefois aux yeux du monde. Mais le ciel est ouvert à notre regard, et nous voyons que Celui qui était ici-bas le plus méprisé, est exalté, et nous apprenons que Dieu en a rassemblé d’autres autour de l’Agneau qui a été immolé, en association avec Lui. Je demande : Vous a-t-Il rassemblé, vous ? Vous a-t-Il donné sur la terre la portion de l’Agneau immolé ? Si vous êtes chrétien, vous ne devez pas être heureux sans savoir quelque chose à ce sujet. Un chrétien doit être peiné s’il découvre que, au lieu de réaliser ces choses, il ne sait pas même ce que signifie un pareil langage. Dieu désire que nous en ayons connaissance, non seulement en ce qui regarde Christ, mais encore comme étant ici notre portion sur la terre.

Dans son temps, David, quoique déjà oint comme roi selon Dieu, était cependant rejeté, et un autre roi était momentanément investi du pouvoir. De même à présent, bien que le pouvoir de la bête ne soit pas encore pleinement développé, le monde se tient prêt pour sa venue et son gouvernement. David était rejeté, méprisé, insulté, pris par Nabal, qui du moins feignait de le considérer comme tel, pour une espèce de vagabond fuyant de devant son maître ; et certainement les apparences promettaient bien peu, environné, comme il l’était dans la caverne d’Adullam, d’une bande de malheureux, de débiteurs insolvables et de mécontents en Israël. Il y avait bon nombre de ces individus dont il était juste, à ne considérer que leur caractère, de ne faire que peu de cas. Mais quel changement la grâce produit ! David était d’une manière spéciale l’homme sur lequel le cœur de Dieu se reposait : ils le savaient, et se groupaient autour de l’objet de l’amour de Dieu. Il résultait dès lors pour eux une certaine dignité de leur association avec David. Il serait difficile d’être misérables et faibles plus que nous ne sommes ; mais, de même que c’était cet homme selon le cœur de Dieu qui donnait toute leur valeur à ces hôtes de la caverne d’Adullam, ainsi c’est de notre union avec Christ que découle toute notre bénédiction. La personne de David attirait là les sacrificateurs de Dieu eux-mêmes. Et maintenant, il y en a un plus grand que David ; et Dieu a envoyé le Saint Esprit afin que nous sachions que le méprisé est actuellement dans la gloire. Le Seigneur veuille que nous ayons une connaissance plus pratique de Sa position de rejeté ici-bas, sans éprouver le besoin de nous y soustraire ou de la renier ! Il n’est rien qui déplaise autant à la chair que d’être méprisé. Il est comparativement facile de rassembler ses forces pour soutenir la persécution ou l’opposition la plus prononcée ; mais c’est tout autre chose de se contenter de n’être absolument rien. En nous, pauvres vers que nous sommes, c’est ce qui affecte le plus la volonté ; pourtant c’est justement à n’être rien que Jésus, le Seigneur de gloire, a daigné condescendre ; et la haine qui L’a méprisé, s’est élevée à son comble à la croix. Nonobstant toutes les prétendues lumières et le prétendu libéralisme du temps actuel, l’esprit du monde au fond n’est pas changé. Je ne me confierais pas un seul moment à un état de choses provenant de l’indifférence pour Dieu ou de la glorification des droits de l’homme. Les hommes mettent la vérité et l’erreur sur un même niveau, n’ont pas de conscience pour Dieu, et prêchent le respect les uns pour les autres. L’esprit du siècle, qui maintenant a si belle apparence et tient un si beau langage, peut d’un moment à l’autre s’élever fièrement contre Dieu, et alors il nous faudrait apprendre par expérience la vérité, que c’est un Agneau immolé que nous connaissons et adorons en haut. Nous en découvririons la réalité ainsi que la réalité de la communion avec Lui, et cela secouerait plus d’un enfant de Dieu de l’assoupissement dans lequel il est maintenant, car les vierges sages elles-mêmes peuvent dormir. L’exhortation : Réveille-toi, toi qui dors ! s’adresse aux chrétiens. Si vous avez dormi parmi les choses et les personnes mortes, le Seigneur veuille que vous ne restiez pas dans cette condition — que vous vous leviez du milieu d’elles, « et le Christ vous éclairera » !

C’est l’Agneau immolé qui est évidemment le grand centre du culte céleste. Maintenant que le péché est entré dans le monde, la gloire de Dieu créateur ne suffit pas, non plus que le gouvernement de Sa providence. S’Il doit être glorifié autrement qu’en pur jugement contre Ses adversaires, s’il doit y avoir des déploiements de miséricordieuse bonté dans un monde tel que celui-ci, s’il doit y avoir un nouveau cantique dans le ciel, il faut qu’il y ait rédemption, et cela, non par puissance seulement, mais par souffrance et par sang. De là vient que comme le trône central — au chapitre précédent — était occupé par le Seigneur Dieu, le Tout-puissant, de même ici c’est l’Agneau qui est l’objet central duquel dépend toute la bénédiction de la créature, et auquel l’hommage est offert, de pair avec Celui qui était assis sur le trône. Le ciel entier L’honore comme le Père est honoré. Il est le premier-né, l’héritier ; non seulement par droit de création et par la gloire qu’Il possède en Lui-même, mais par la rédemption, « l’héritier de toutes choses » par décret de Dieu. Dieu destine le vaste univers à Son sceptre. Mais comment et à quel titre Christ prendrait-Il l’héritage ? Par autorité ? Assurément toute autorité Lui appartient ; dans les jours de Son humiliation, les démons étaient assujettis par Son nom aux moindres de Ses serviteurs, de sorte qu’Il pouvait dire : « Je contemplais Satan, tombant du ciel comme un éclair » — (l’énergie par laquelle, alors, les soixante-dix chassaient les démons étant à Ses yeux, je pense, le signe et le gage d’une complète victoire en temps convenable). « Voici, je vous donne l’autorité pour marcher sur les serpents et sur les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ». Pourquoi ne pas prendre l’héritage en ce moment-là et là même ? Après l’évidence de pareils triomphes sur l’usurpateur, pourquoi s’abaisser jusqu’à la mort, à la mort même de la croix ? Parce que « la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » ; parce qu’il fallait que Dieu fût glorifié dans Sa majesté, Sa puissance, Son amour, Sa sagesse et Sa justice ; parce que Christ ne pouvait pas accepter un héritage souillé (comp. Col. 1, 20 et Héb. 9, 21-23) ; parce qu’Il ne voulait pas régner seul, et qu’en cela Lui et Son Père étaient un. Dans Sa grâce, Il voulait des cohéritiers qui partageassent Sa gloire. Une pareille réconciliation n’était possible qu’au moyen de la mort, lors même que l’offrande fût le corps de Sa chair, tout exempte de tache qu’elle était. La paix ne pouvait être faite d’une manière stable et divine que par le sang de Sa croix ; c’est pourquoi Il est vu et célébré ici comme l’Agneau. Dieu entend assurément introduire Son premier-né dans le monde habitable, et le livre qui est dans Sa droite décrit, je suppose, le moyen par lequel l’héritage doit être remis en Ses mains ; mais la rédemption est, Son nom en soit béni, le fondement sur lequel on fait tout reposer. Lorsqu’Il reçoit le livre, tout est en mouvement. De même qu’au chapitre 4, quand les animaux rendent honneur à Dieu, les vingt-quatre anciens tombent sur leurs faces et adorent ; de même ici, quand l’Agneau prend le livre de la droite de Celui qui était assis sur le trône, les quatre animaux et les vingt-quatre anciens sont prosternés devant Lui. Quoiqu’il fût ouvert dans le but de frapper quelques coups, il n’y avait nul sujet d’appréhension, de trouble, ou d’inquiétude pour eux-mêmes en particulier : ils tombaient sur leurs faces devant l’Agneau. Ce n’était pas simplement recevoir quelque chose de Dieu, c’était exalter Dieu. Loin que ce soit ôter quelque chose à Dieu, l’Agneau au contraire, en présence même du trône et de Celui qui y était assis, est l’objet du culte et la source de ses plus purs et de ses plus profonds accords. Dieu n’est que mieux glorifié quand l’Agneau a Sa part de louange.

Ils avaient « chacun des harpes, et des coupes d’or pleines de parfum, qui sont les prières des saints ». Dans le service du tabernacle au désert, les sacrificateurs se servaient de trompettes d’argent pour les saintes convocations. David fut le premier à introduire la harpe, mettant à part les fils d’Asaph, Héman et Jeduthun pour psalmodier dans la maison de l’Éternel avec des cymbales, des psaltérions et des harpes. Ceux-ci, comme les sacrificateurs, étaient divisés en vingt-quatre classes, de sorte que l’allusion n’est pas douteuse, avec la différence qui est le trait caractéristique de l’Apocalypse. Le service des sacrificateurs et celui des chantres sont ici complètement confondus. Ceci ne sert-il pas également à montrer que les anciens seuls sont dits avoir des harpes et des coupes d’encens ? Au chapitre 15, les quatre animaux donnent aux anges les sept coupes d’or pleines de la colère divine. Ainsi tout est en harmonie : les anciens sont les chefs de la sacrificature royale, comme les chérubins servent à l’exécution des jugements de Dieu ; mais les uns et les autres s’unissent (chap. 5) pour rendre le plus complet hommage à l’Agneau. Mais qui sont ces « saints » qui prient ? Les anciens, ou l’Église, étaient dans le ciel, et formaient un chœur de louange complet. De qui sont donc ces prières ? Elles viennent des saints qui passeront par la souffrance quand l’Église sera en haut. Les anciens sont ces saints célestes qui ont été préalablement enlevés, y compris, peut-être, les saints de l’Ancien Testament. Ils sont dans le lieu de l’adoration et de la louange, tandis que la prière implique le besoin. S’il est question pour eux de prières, ce sont les prières des autres, non les leurs propres. De plus, ils chantent un nouveau cantique, le cantique de rédemption de l’Agneau, disant : « Tu es digne, car tu as été immolé », etc. Il se rencontre, dans ce verset, un changement très important, bien connu des personnes un peu familiarisées avec les écrits originaux. Ceux qui ont étudié les plus anciens manuscrits et d’autres témoins de ce livre, sont tous d’accord qu’il faut lire : « et tu les as faits rois (ou un royaume) et sacrificateurs pour notre Dieu » (v. 10). Qui sont ceux qu’il faut entendre par « les », et qui sont faits rois et sacrificateurs « pour notre Dieu » ? Ce n’est pas d’eux-mêmes qu’ils parlent. Mais je suis disposé à aller plus loin et tenu de déclarer ma manière de voir que, dans le verset 9, le mot « nous » a été introduit par les copistes qui ont supposé que les anciens célébraient leur propre bénédiction. Mais les anciens sont dans un si parfait repos pour ce qui les concerne, que c’est d’autres qu’ils s’occupent. Je crois donc que c’est ici le véritable sens : « Tu es digne de prendre le livre etc., car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu ; et ils régneront sur la terre ». Ils parlent des saints dont ils offraient les prières. Comme ils étaient occupés de leurs prières, de même ici ils louent le Seigneur pour Sa bonté envers les saints encore sur la terre. Ils donnent à entendre qu’en retirant les saints célestes en haut, le Seigneur n’en a pas fini avec Sa miséricorde comme rédempteur ; que même au milieu de Ses jugements, Il voulait avoir un peuple racheté qui partagerait, comme sacrificature royale, la gloire du royaume au lieu d’être entraîné par les séductions de l’Antichrist. Ces compagnons anticipés sont probablement les mêmes que l’on voit sous l’autel au chapitre 6, et desquels il est dit : « Les âmes de ceux qui avaient été égorgés pour la parole de Dieu etc. » et au chapitre 14 : « Les morts qui meurent au Seigneur sont dorénavant bienheureux », etc. ; et au chapitre 15 : « ceux qui avaient remporté la victoire sur la bête ». Il y a aussi, dans le corps du livre, d’autres allusions aux justes. C’étaient bien clairement des saints de Dieu dans la tribulation, après que les anciens (qui, comme nous l’avons vu, représentaient l’Église ou les saints célestes) avaient été enlevés au ciel. Pour ce qui est des saints qui ont remporté la victoire sur la bête, « ils chantent le cantique de Moïse, esclave de Dieu, et le cantique de l’Agneau ». Remarquez le caractère complexe de la scène. Il y avait, il est vrai, le cantique de l’Agneau, mais il y avait aussi le cantique de Moïse ; elle était en partie terrestre et en partie céleste. En outre, au chapitre 20, 4, il est dit : « Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus ». Ceux-ci sont les anciens, déjà ressuscités ou changés, assis sur des trônes. « Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu », c’est-à-dire ceux dont il avait vu les âmes au chapitre 6 ; et encore, « ceux qui n’avaient pas rendu hommage à la bête, ni à son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main ». Ces derniers sont ceux qui ont chanté le cantique de victoire au chapitre 15. Ceux qui composent ces deux catégories ont souffert après l’enlèvement de l’Église, et sont à la fin unis au reste dans la gloire, et tous règnent ensemble avec Christ.

On remarquera combien le tout s’accorde pleinement avec le cantique du chapitre 5. Les anciens sont dans le ciel, jouissant de Dieu et de l’Agneau ; mais il y a sur la terre des saints qui prient, et les anciens en haut sont occupés de leurs prières, et célèbrent la dignité et l’œuvre de l’Agneau en faveur d’autres qui devaient, aussi bien qu’eux, régner sur la terre. Au lieu de nous faire éprouver la moindre perte, cela ajoute indirectement, sinon en soi, à la position de gloire dans laquelle l’Église est vue dans le ciel. Ils sont si pleinement bénis qu’ils peuvent se réjouir de tout cœur du bonheur des autres. Il y en a qui sont portés à s’inquiéter s’ils ne peuvent pas toujours s’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils trouvent dans l’évangile — non pas qu’ils l’apprécient plus que les autres, mais parce qu’ils ne sont pas entièrement établis dans la grâce. Quand nos cœurs sont pleinement satisfaits, nous n’avons pas besoin d’éplucher et de faire un choix dans les Écritures, mais nous désirons que le Seigneur choisisse pour nous ; et nous sommes reconnaissants, parce que ce peut être quelque chose à Sa louange que nous n’avons pas connu auparavant, ou bien une arme qui nous sera utile dans notre prochain combat avec l’ennemi. Tout ce qui exalte Christ et Le glorifie, est ce en quoi nous devrions trouver notre joie. Tout ce qui décèle la tromperie de nos cœurs, nous est on ne peut plus salutaire. Lorsque les anciens sont vus rendant grâces à Dieu, ils prennent pour thème Sa bonté envers ceux qui souffrent sur la terre, et ils bénissent l’Agneau parce qu’Il a été immolé et qu’Il a aussi racheté ceux-ci pour leur Dieu C’était un plaisir pour eux de penser que même en ces jours de ténèbres, le Seigneur allait avoir des témoins qui partageraient le royaume avec eux.

Les anges prennent pour thème, non point des actions de grâces au sujet de la rédemption, mais le droit de l’Agneau à recevoir puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et louange. Ils proclament bien haut le titre à la domination, de Celui que l’homme avait méprisé et égorgé. « Digne est l’Agneau qui a été immolé » (v. 11, 12). Ils ne chantent pas la rédemption, parce qu’ils n’étaient pas rachetés ; ils n’avaient rien à faire avec elle, bien que ce soit la puissance de Dieu qui les maintienne ; mais ceux qui ont connu leurs besoins comme pauvres pécheurs, peuvent vraiment bien chanter le nouveau cantique. Le cantique des anges a pour thème la personne et le pouvoir de Christ ; mais ils n’entonnent pas la profonde et réjouissante mélodie de la rédemption. Si je regarde au don et à la personne de Christ, je puis voir combien ressort le caractère de Dieu et combien Son amour est manifesté. Si je regarde à la rédemption de Christ et à la position que j’ai en Lui et avec Lui en haut, je puis voir combien l’amour de Dieu envers nous est rendu parfait. Mais il n’y a rien dans la gloire du ciel qui brille d’un aussi vif éclat que la croix de Christ. Nous pouvons suivre Jésus sur la terre et voir la sainteté de Dieu. Nous pouvons encore suivre Jésus dans le sentier qu’Il a parcouru sur la terre cherchant les perdus, les misérables, étendant les mains sur les petits enfants, et même touchant les lépreux. Mais que nous pensions à la sainteté ou à l’amour de Dieu, à Sa justice ou à Sa grâce, c’est dans la croix, et nulle part ailleurs, que l’on trouve tout, que tout se déploie devant la foi.

« Et j’entendis toute créature qui est dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre[3], et les choses qui sont sur la mer, et toutes les choses en eux, disant : À Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, louange, etc., aux siècles des siècles » (v. 13). La corde a vibré, la note principale a retenti et a été entendue, au moins dans le ciel. Si l’Agneau prend le livre, il n’y a pas une créature qui ne réponde joyeusement à l’oreille du voyant ; car maintenant toute la création inférieure gémit dans la souffrance à cause du péché d’Adam. Pourquoi ne se réjouiraient-elles pas, ces créatures, si Dieu et l’Agneau s’unissent pour délivrer ? Sans doute, ce n’est que la manifestation du droit de l’Agneau à agir ; il reste encore beaucoup à faire pour anéantir les œuvres du diable et les destructeurs de la terre. Cependant, c’est ici le signe assuré de cette destruction, et toutes les créatures en expriment leur joie en présence de Dieu.

Tous s’inclinent devant l’Agneau. Les myriades d’anges s’unissent pour confesser Son excellence ; mais il appartient aux saints célestes d’entrer dans le secret de la rédemption ; oui, et dans la profonde joie — la joie de Dieu — que cause la bénédiction envers les autres et non envers eux seulement. Les quatre animaux y apposent leur sceau, et disent : « Amen » ; mais les anciens tombent sur leurs faces et rendent hommage. Ils ne donnent pas seulement leur assentiment à tout ce qui se passe, mais encore les sympathies de leurs cœurs. Telle était leur position. Je sens qu’un pareil sujet nous laisse infiniment en arrière ; il nous faut le méditer sérieusement pour en sentir convenablement toutes les profondeurs, ou pour en donner une expression adéquate. Je m’estimerai heureux si je suis parvenu à diriger l’attention du côté de la bénédiction qu’il y a à connaître Christ comme l’Agneau immolé, et à démontrer que Dieu fait de Lui la clé qui sert à comprendre les desseins qui autrement demeurent cachés. Même pour comprendre les conseils de Dieu à l’égard de la terre, il faut que nous voyions l’Agneau. C’est seulement en communion avec Lui que nous pouvons y entrer. Pour apprécier ce qui suit, il faut que nous soyons assujettis aux pensées de Dieu envers Christ — il faut que nous retournions à ce par quoi Dieu commence — il faut que nous voyions et entendions l’Agneau. Le Seigneur veuille que telle soit notre meilleure portion ! Nous serons près de l’objet béni dans la personne et l’œuvre duquel brille tout ce qu’il y a de grâce et de bénédiction en Dieu.



  1. L’application du jaspe, dans la description de la cité céleste, semble décidément mettre de côté l’idée que la couleur de cette pierre devait représenter quelque chose d’un aspect fort terrible aussi bien que glorieux. Il serait tout à fait hors de question d’attribuer un trait semblable à la nouvelle Jérusalem, dont la figure est encore plus emphatiquement employée. Je ne puis donc que penser qu’il nous en faut chercher la signification en retenant l’un et l’autre de ces caractères, et que l’idée de gloire et de splendeur est la plus satisfaisante. Bien plus insoutenable encore est l’opinion que le jaspe désigne l’incarnation ; elle ne me paraît répondre à aucun des cas où se rencontre la figure ; elle mettrait d’une manière désespérante le chapitre 4 en contradiction avec le chapitre 5, et entraînerait, je crains, un abandon sérieux de la saine doctrine si on l’appliquait au chapitre 21.
  2. Tout le monde admet que les chérubins sont invariablement les ministres du trône de Dieu, et qu’ils occupaient par conséquent le lieu le plus saint, étant faits du même morceau d’or que l’arche elle-même sur laquelle Jéhovah était assis. Mais on met en avant que bien que dans tous les exemples fournis par l’Ancien Testament ils aient un caractère angélique, parce que la loi a été ordonnée par les anges (Gal. 3, 19), ils pourraient bien avoir un caractère humain dans l’Apocalypse, parce que le monde à venir est assujetti à l’homme (Héb. 2, 5). Ainsi, les chérubins et les anciens représenteraient les saints sous un double aspect, en action et en contemplation. Et c’est bien certainement un fait remarquable, ainsi qu’on l’a observé, qu’avant que l’Agneau paraisse et prenne le livre, il n’est pas fait mention d’anges qui donnent gloire, et que les chérubins ou les animaux ne font qu’exprimer ou célébrer la sainteté de Dieu, sans être associés à un culte intelligent, au lieu que lorsque l’Agneau est en scène, les anciens et les chérubins s’unissent en un culte intelligent, et les anges sont expressément distingués d’eux. Mais nous pourrons nous étendre davantage sur ce point en traitant du chapitre 5.
  3. Il faut soigneusement distinguer, quoiqu’en dise Bengel, l’expression toute créature « sous la terre » hupokatô tês gês, de Phil. 2, 10, katachthoniôn. La première signifie, je pense, les choses, animées ou inanimées, sous la surface de la terre, lesquelles anticipent, dans la vision, leur affranchissement de la corruption et leur introduction dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Elles ne peuvent pas, naturellement, partager la liberté de la grâce dont nous jouissons ; mais quand nous serons dans la gloire, ce sera le gage que leur changement glorieux suivra rapidement. La dernière, en Philippiens, signifie les êtres infernaux qui doivent se prosterner, comme tout genou doit fléchir en tout lieu, au nom de Jésus