Études Scripturaires:David et Salomon

De mipe
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Traduit de l’anglais par Steven van Muyden 20 septembre 1856

« Et ils établirent roi pour la seconde fois, Salomon, fils de David, et l’oignirent en l’honneur de l’Éternel, pour être leur conducteur, et Tsadok pour sacrificateur. Salomon donc s’assit sur le trône de l’Éternel, pour être roi en la place de David son père, et il prospéra ; car tout Israël lui obéit »

Il est bon de connaître comment tous les desseins de Dieu ont été fondés sur Christ ; cette connaissance contribue non seulement à la gloire du Seigneur Lui-même, mais aussi au bien de l’âme du croyant. Christ est le fondement de tous les conseils de Dieu, la première idée, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans l’esprit de Dieu, l’alpha, le commencement des voies de Jéhovah (Prov. 8, 22). Il fut donné, il est vrai, en Son temps, pour l’Église ; mais l’Église avait, dès les temps éternels, été donnée à Lui, et non Lui à l’Église. « L’homme ne vient pas de la femme, mais la femme vient de l’homme » (1 Cor. 11, 8) ; et voilà pourquoi nous L’entendons dire (touchant Son corps) : « Tes yeux m’ont vu quand j’étais comme un peloton, et, dans ton livre étaient marqués tous ensemble mes jours déjà déterminés, avant qu’aucun d’eux existât » (Ps. 139, 16). Il nous est parlé aussi d’un « dessein arrêté dès les siècles, que Dieu a formé dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Éph. 3, 11), et d’un « dessein arrêté et d’une grâce donnée pour nous dans le Christ Jésus avant les temps éternels » (2 Tim. 1, 9) ; il est bien d’autres passages de ce genre. Quant au Sauveur Lui-même, Ses souffrances et Ses gloires ont toutes été préparées dès l’éternité. Ses souffrances ont été écrites « au rôle du livre » (Ps. 40, 7 ; Héb. 10, 7), et c’est par une « alliance éternelle » (Héb. 13, 20) que Ses gloires ont été assurées ; car c’est par elle que, comme un gage de toutes ces choses, Jésus a été ramené d’entre les morts, comme le grand Pasteur des brebis.

Mais ces souffrances et ces gloires n’étaient pas seulement ainsi ordonnées et assurées d’avance par une alliance, elles furent aussi présentées à la foi des élus en types et en ombres, lorsque les âges et les économies eurent commencé leur cours, et à mesure qu’ils se développèrent. C’est ainsi que les sacrifices, qui ont été offerts continuellement depuis la chute de l’homme, étaient l’expression de Ses souffrances. Le tabernacle et le temple, avec leurs ornements et leur service, Le dépeignaient de diverses manières. Ils ne rendaient aucun son et ne prononçaient aucune parole, mais la foi entendait partout le récit de cette admirable histoire ; aussi David s’écrie-t-il : « J’ai demandé une chose à l’Éternel, et je la requerrai encore, c’est que j’habite en la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, pour contempler la présence ravissante de l’Éternel, et pour visiter soigneusement son palais » (Ps. 27, 4). Dans le temple ces fidèles cherchaient et trouvaient Jésus.

Mais Il ne nous était pas seulement représenté dans des choses, des personnes aussi étaient, de temps en temps, suscitées par Dieu pour nous Le dépeindre sous différentes faces.

En Éden, Adam, comme homme créé à l’image de Dieu, comme seigneur de la création, comme sommeillant, comme mari de la femme, Le représentait de différentes manières. Après la chute et le bannissement d’Éden, la promesse de la semence de la femme Le désignait d’une façon générale comme le grand objet de l’espérance et de la foi ; ensuite les gloires variées qui Lui étaient préparées, comme à Celui qui devait écraser la tête du serpent, furent graduellement développées dans diverses personnes.

Mais je voudrais ici faire une courte digression, pour demander comment nous pouvons chercher et trouver Jésus dans les Écritures. Nous savons qu’on L’y trouve abondamment, et c’est là le grand motif qui doit nous engager à les sonder, selon ce qu’Il dit d’ailleurs Lui-même : « Scrutez les Écritures, parce que vous pensez avoir par elles la vie éternelle ; et ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5, 39). « Le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie » (Apoc. 19, 10). « Il a écrit de moi » (Jean 5, 46), dit le Seigneur en parlant de Moïse ; et ailleurs, en compagnie de deux de Ses disciples, « ayant commencé par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliquait, dans toutes les Écritures, ce qui le concerne » (Luc 24, 27). Les Juifs pensaient qu’ils pouvaient par les Écritures avoir la vie éternelle, et en cela ils pensaient bien ; mais leur erreur consistait en ce qu’ils se trompaient sur la place des Écritures où ils la croyaient déposée ; ils la cherchaient dans la loi, parce qu’il est écrit que « quiconque l’accomplira vivra par elle » (Lév. 18, 5 ; Éz. 20, 11) ; mais nous savons qu’elle est en Jésus qui « est la vie » (Jean 11, 25 ; 5, 40).

Où donc, demandera-t-on, pouvons-nous trouver Jésus dans les Écritures ? Par quel principe pouvons-nous Le discerner ? — Je répondrai que quelques-uns ont reçu à cet égard un don particulier, et qu’ils ont à l’employer pour l’avantage commun (Rom. 12, 7 ; Éph. 4, 11). Mais, à côté de cela, les Écritures sont données pour l’enseignement de tous les saints, et ceux qui sont le plus exercés spirituellement seront les plus capables pour les fouiller, et y trouver Jésus, de manière à ne perdre aucune de Ses traces et à ne jamais se tromper en prenant quelque autre pour Lui (Héb. 5, 11-14). J’ajouterai que toutes les places où Il se trouve ne nous sont pas indiquées d’avance, mais que Dieu nous en a indiqué quelques-unes, afin que nos recherches ultérieures reçoivent ainsi une direction de Sa part, et que nous soyons encouragés à sonder cette mine, comme Dieu nous l’ordonne. Au reste nous rappellerons que « la crainte du Seigneur est la sagesse, et que se détourner du mal est l’intelligence » (Job 28, 28) ; un œil simple est le gage le plus sûr du succès des recherches (Matt. 6, 22, 23 ; 1 Cor. 3, 1-3 ; 14, 20 ; 1 Pier. 2, 1, 2), et « le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25, 14).

Avant tout il importe de savoir que c’est l’Esprit de Dieu, le témoin de Jésus, qui doit être écouté et suivi dans ces recherches pour garder nos pieds et guider nos yeux. Quand Moïse put contempler de loin le pays, c’est Dieu Lui-même qui le lui fit voir du haut de la montagne à laquelle Il l’avait auparavant conduit. Ce ne fut pas Moïse qui choisit ce point d’observation, ni qui dirigea ses yeux, ce fut Dieu (Deut. 32, 49 ; 34, 1-4). Il en est de même pour nous quant à l’Esprit de Dieu ; c’est Lui qui nous montre les choses à venir ; Sa direction pour nos pieds, Sa conduite pour nos yeux sont absolument nécessaires pour chercher et trouver dans les Écritures les grandes et précieuses choses qui concernent Jésus. Si Moïse avait été placé plus bas que Pisga, il n’aurait pas vu tout le pays, et si Dieu Lui-même n’avait pas dirigé ses yeux, il n’en aurait connu ni l’étendue ni les diverses parties.

Jeter un coup d’œil sur la nature, et discerner les voies de Dieu dans la nature, sont deux choses tout à fait différentes. De même, apercevoir seulement les grands traits de l’Écriture, ou pénétrer dans ses mystérieuses profondeurs, sont aussi deux choses bien différentes : la loi a ses ombres, la prophétie son esprit, les mystères leur sagesse, l’histoire ses allégories ; mais nous pouvons ne pas apercevoir toutes ces choses. Moïse, inspectant le pays du haut de Pisga, ne l’aurait pas regardé comme il faut, s’il n’y avait vu l’héritage d’Israël, quoiqu’il fût encore alors la possession des Gentils ; de fait, il était alors le pays des Amoréens, mais dans les conseils de Dieu il était le pays d’Emmanuel, et c’est ainsi que Moïse l’envisageait ; et c’est ainsi que l’Écriture doit être envisagée. Pour l’œil de la foi, les victoires de David et le trône de Salomon sont les victoires et le trône de Christ. « Le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie ».

Pour le moment, dans mon désir de chercher les gloires de Jésus dans les Écritures, je voudrais commencer par Noé, qui fut évidemment Son type dans un caractère particulier. La prophétie émise à l’égard de Noé était celle-ci : « Celui-ci nous soulagera de notre œuvre et du travail de nos mains sur la terre que l’Éternel a maudite » (Gen. 5, 29). Cela l’annonçait comme celui qui éloignerait la malédiction d’une terre corrompue, et, par conséquent, comme le repos de ceux qui avaient été condamnés à la cultiver et à en manger les fruits dans la peine et à la sueur de leur visage. Quelle belle image ne voyons-nous donc pas là de l’une des gloires encore cachées de Christ ! Nous le voyons Lui, le vrai Noé, héritier de la nouvelle terre, quand il n’y aura plus de malédiction, et que toutes choses seront remises entre Ses mains et sous Ses pieds, « les brebis et les bœufs sans réserve, même les bêtes des champs, les oiseaux des cieux et les poissons de la mer » (Ps. 8, 7, 8).

Plus tard il plut à Dieu de faire connaître une autre de Ses gloires. Dans la personne du patriarche Abraham, nous avons Christ devant nous comme père de la famille de Dieu, selon ce qui est écrit : « Voici, mon alliance est avec toi, et tu deviendras père d’une multitude de nations ; et ton nom ne sera plus appelé Abram, mais ton nom sera Abraham, car je t’ai établi père d’une multitude de nations » (Gen. 17, 4, 5). Or cette promesse était faite à la semence d’Abraham, c’est-à-dire, à Christ, comme nous l’apprend l’épître aux Galates. C’est le Seigneur Jésus qui est réellement le père d’une multitude de nations, et le temps vient où Il sera manifesté dans ce caractère, où Il rassemblera les siens autour de Lui comme un troupeau de brebis, où Il sera proclamé « Père d’éternité » (És. 9, 6), quand ceux pour lesquels Il a donné sa vie seront avec Lui, et qu’Il pourra dire réellement : « Me voici avec les enfants que l’Éternel m’a donnés » (És. 8, 18 ; Héb. 2, 13).

Ainsi nous voyons, en Noé, Jésus comme Seigneur et héritier de la terre et de toute sa plénitude, et en Abraham comme tête et comme père de toute la famille de Dieu ; deux beaux rayons de Sa gloire future, quand un bel et riche héritage lui sera soumis, le reconnaissant pour Seigneur, et qu’une heureuse et nombreuse famille tirera son nom de Lui. Mais, au milieu de tout cela, nous cherchons encore les gloires de Sa propre personne, et nous les trouverons dans la dignité combinée de roi et de sacrificateur, deux fonctions abondamment mentionnées dans les Écritures. Moïse et Aaron étaient unis pour nous les représenter ensemble, et plus tard, quoique sous des traits moins saillants, parce que l’image de Christ s’effaçait à mesure que le mal augmentait, Zorobabel et Joshua.

Mais la plus complète expression de la sacrificature de Christ nous est donnée dans la personne de Phinées, et celle de Sa royauté dans la personne de Salomon.

Phinées vivait dans de mauvais jours. Israël s’était accouplé à Baal-Péor, et les chefs du peuple devaient être frappés, pour que la colère de l’Éternel qui s’était allumée, pût être apaisée. Phinées s’éleva du milieu de l’assemblée, exécuta le jugement, et fit ainsi propitiation pour le peuple. « L’Éternel parla alors à Moïse, en disant : Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, le sacrificateur, a détourné ma colère de dessus les enfants d’Israël, parce qu’il a été animé de mon zèle au milieu d’eux, et je n’ai point consumé les enfants d’Israël par mon ardeur. C’est pourquoi dis-lui : Voici, je lui donne mon alliance de paix, et l’alliance de sacrificature perpétuelle sera tant pour lui que pour sa postérité après lui, parce qu’il a été animé de zèle pour son Dieu, et qu’il a fait propitiation pour les enfants d’Israël » (Nomb. 25, 10-13). De même Christ, le vrai Phinées, a été glorifié pour être souverain Sacrificateur par Celui qui Lui a dit : « Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui » (Ps. 2, 7). Il ne s’est point donné cet honneur à Lui-même, puisqu’Il a plutôt appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes, par lesquelles, comme Phinées, Il a fait propitiation et détourné la colère ; mais Il a été appelé de Dieu « sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec » (Ps. 110, 4). Il est le sacrificateur du Dieu souverain, le seul Médiateur entre Dieu et les hommes. Aaron n’est rien, Phinées n’est rien, mais c’est Jésus qui est le vrai Sacrificateur ; en Ses mains seules se trouve la bénédiction, par Lui seul elle est distribuée.

Mais, tout en étant sacrificateur, Il est aussi Roi, « un sacrificateur sur son trône » (Zach. 6, 13), le vrai Melchisédec ; et Salomon, comme nous l’avons déjà dit, Le représente le plus pleinement dans Ses honneurs royaux. De toute la terre on apportait des présents à Salomon ; et de même, ou plutôt bien mieux, toute la terre se prosternera devant Jésus, quand Il aura pris la domination de tout ce qui est sous tous les cieux, et qu’Il aura établi ce royaume qui doit mettre en pièces tous les autres royaumes, et durer éternellement.

Mais ici nous désirons entrer dans quelques détails pour contempler ce roi dans sa beauté. Plût à Dieu que cette vue produisît plus d’effet en nous par la puissance de la foi ! Au moins pouvons-nous dire que nous désirons voir l’homme de douleurs devenir l’homme de gloire pour toujours.

Pour bien discerner en Salomon le type de Jésus comme Roi, nous devons préalablement considérer David, son père ; et David et Salomon, ainsi combinés, nous donneront une image complète de Celui avec qui nous avons affaire.

Il y a, dans le caractère de David, un trait qui le signale dans toutes les scènes à travers lesquelles il passe, depuis le temps où nous le voyons comme berger à Bethléhem jusqu’à celui où il remet le trône d’Israël à son fils Salomon : il fut en tout temps et en tout lieu le serviteur. Peu importait dans quelle sphère il eût à agir ; c’était toujours là son caractère. Comme introduction à ce rôle, nous le trouvons, au commencement de son histoire, méprisé et oublié, même son père n’en faisait aucun cas. Il était le plus jeune des fils de son père, et celui-ci, le plaçant à peine au nombre de ses enfants, l’envisageant plutôt comme un serviteur, dit à Samuel : « Voici, il paît les brebis » (1 Sam. 16, 11). C’est cependant de cette place de mépris qu’il est tiré par une faveur signalée de Dieu, et oint pour roi d’Israël ; mais l’effet de cette onction fut de le garder toujours dans la place du serviteur. Tout ce qui, dans sa conduite, ne porte pas ce caractère, n’est proprement pas de lui-même. Ce qui le caractérise, c’est de ne pas faire sa volonté, mais celle de Dieu ; de ne pas chercher sa propre gloire, mais celle de Dieu.

Aussi dès qu’il est oint, cette grâce se manifeste immédiatement en lui. Il est appelé auprès de Saül pour porter ses armes et pour lui faire de la musique afin que le malin esprit se retirât de lui (1 Sam. 16, 21, 23). Plus tard, nous le retrouvons encore paissant les brebis de son père à Bethléhem (1 Sam. 17, 15), et quand il est rappelé, c’est toujours pour servir les autres. Ce n’était pas orgueil et par méchanceté de cœur qu’il était descendu à la bataille, comme son frère Éliab l’en accusait injustement (1 Sam. 17, 28) ; mais c’était au commandement de son père, pour porter des provisions à ses frères, et rapporter de leurs nouvelles (1 Sam. 17, 17, 18) : mais lorsqu’il arrive au camp, l’occasion se présentant à lui, il s’offre pour venir au secours d’Israël, et combattre pour la gloire de Dieu. Le peuple de Dieu avait été défié, le Seigneur avait été déshonoré, et c’est ce qui l’enhardit à se présenter à Saül et à lui dire : « Ton serviteur ira et combattra contre ce Philistin » (1 Sam. 17, 32). Ce ne furent pas les honneurs et les richesses promis à celui qui tuerait Goliath qui le poussèrent ; car non seulement, après la victoire, il ne les réclame pas ; mais quand on les lui offre, il répond : « Qui suis-je, et quelle est ma vie, et la famille de mon père en Israël, que je sois gendre du roi ? » (1 Sam. 18, 18). Au lieu de chercher sa propre gloire, il demeure, après comme avant, serviteur du roi pour conjurer son mauvais esprit (1 Sam. 18, 10).

Dans tout ce qu’il eut à souffrir de la part de Saül, nous voyons le même esprit de soumission qui ne cherche jamais ses propres avantages, et ne se venge jamais des torts qu’on lui fait. Il se soumet à l’inimitié du roi ; il se retire de la cour, et vit dans les cavernes et les trous de la terre. Il s’oublie toujours, servant comme soldat, chaque fois qu’il y est appelé, mais laissant au peuple et au roi tout l’honneur de son service. Plutôt que de toucher à l’oint de l’Éternel, il consent à être pendant de longs jours comme « une perdrix dans les montagnes » (1 Sam. 26, 20). Quoique sachant qu’il était appelé au trône d’Israël, il fait toutes les promesses et entre dans tous les arrangements qu’il plaît à la maison rivale de son ennemi, sans s’inquiéter si par là il contribuait à élever cette maison et à s’abaisser lui-même (1 Sam. 20, 17 ; 23, 18 ; 24, 22). Et quand son propre ennemi tomba, que ses tourments eurent ainsi un terme, et que le chemin du trône lui fut ouvert, il n’eut pas le cœur de se réjouir de ces avantages ; il s’écrie au contraire avec douleur : « Ne l’allez point dire dans Gath, et n’en portez point les nouvelles dans les places d’Askalon, de peur que les filles des Philistins ne s’en réjouissent, de peur que les filles des incirconcis n’en tressaillent de joie » (2 Sam. 1, 20). Le messager de ces nouvelles ne comprit pas David. Il pensait le remplir de joie et espérait recevoir une récompense pour sa peine ; mais David n’est rempli que du sentiment du déshonneur d’Israël, et du péché de cet Amalékite en élevant sa main contre l’oint du Seigneur. « Le monde ne nous connaît pas » (1 Jean 3, 1) ; ses peines ne sont pas nos peines et ses joies ne sont pas nos joies.

Mais nous avons à continuer de tracer le caractère de David comme serviteur, et à montrer comme aucun changement dans ses circonstances ne peut changer cette vertu de l’Esprit de Dieu en lui ; comme elles ne servent, au contraire, qu’à la faire briller avec plus d’éclat. Et, en définitive, ce n’est que le service actuellement qui sera honoré par la suite, selon qu’il est écrit : « Quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur, et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave » (Matt. 20, 26, 27) ; et : « Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12, 26).

Nous trouvons donc David sur le trône, et y étant monté non par sa propre volonté, mais par l’appel même de Dieu. Et quelle est maintenant sa conduite ? Exactement celle qu’il avait eue, quand sa main tenait la houlette, ou touchait la harpe, ou maniait la fronde. Ce qui le caractérisait quand il était dans les cavernes du désert, le caractérise encore quand il est assis sur le trône d’Israël ; il est toujours et uniquement le serviteur, ne recherchant que la volonté de Dieu, ne travaillant que pour la gloire de Dieu. Il ne se donne aucun repos jusqu’à ce que les ennemis du Seigneur et de Son peuple soient soumis ; « il ne s’en retourne pas jusqu’à ce qu’il les ait consumés » (2 Sam. 22, 38). Et le temps de la paix, aussi bien que le temps de la guerre, est pour le roi David le temps du service ; il est le même chez lui et au-dehors ; voilà pourquoi non seulement il poursuit l’ennemi sur le champ de bataille, mais dans la ville aussi il s’écrie : « Si j’entre au tabernacle de ma maison ou si je monte sur le lit où je couche ; si je donne du sommeil à mes yeux et si je laisse sommeiller mes paupières, jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu à l’Éternel et des pavillons pour le Puissant de Jacob » (Ps. 132, 3-5). En conséquence, il va chercher l’arche de Dieu qui avait été oubliée au temps de Saül (1 Chron. 13, 3), et il la place au milieu du tabernacle qu’il avait dressé pour elle. Il y adore lui-même, il y offre ses holocaustes et ses sacrifices de prospérités, il y bénit le peuple au nom de l’Éternel des armées, et, comme un serviteur, il le fait asseoir et le rassasie (2 Sam. 6, 19). Il danse devant l’arche avec la joie de quelqu’un qui ne se réjouit qu’en contribuant à la gloire d’un autre, et quand sa femme le méprise en le traitant « d’homme de néant », il répond : « Je me réjouirai devant l’Éternel, et je me rendrai encore plus abject » (2 Sam. 6, 20-22). Et à la fin, aussi peu fatigué dans son service qu’au commencement, il se propose de bâtir une maison pour l’arche de l’Éternel. « Regarde maintenant, dit-il à Nathan, j’habite dans une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite dans des courtines » (2 Sam. 7, 2). Son zèle en cela était quelque peu sans connaissance, mais c’était le zèle de quelqu’un qui désirait se dévouer complètement dans le service. Et lorsque, empêché de bâtir le temple par des raisons que nous examinerons bientôt, il doit renoncer à son désir pour lui-même, il prépare néanmoins dans son zèle de l’or, de l’argent, de l’airain, du fer, du bois et des pierres, et rassemble toute sorte d’artisans habiles pour cette construction. Et non seulement cela, mais il donne encore à son fils Salomon des modèles de toutes choses, il dénombre et distribue les Lévites en classes pour le service de la maison de Dieu, et règle les fonctions des sacrificateurs ; il établit et divise les chantres instruits dans les psaumes et cantiques, ordonne les portiers, les officiers, les juges, les intendants pour chaque mois et les chefs des tribus. Et quand tout ce service est terminé, quand il ne reste qu’à en recueillir le fruit, la gloire du royaume pour laquelle toutes ces choses étaient préparées, il se retire ; il disparaît dès qu’il n’y a plus lieu à servir. Le trône à Jérusalem n’était pas pour lui plus que sa cabane de berger à Bethléhem ; partout son seul désir est d’accomplir, comme un serviteur, sa journée. Et maintenant que le soir de cette journée est venu, car « l’homme sort à son ouvrage et à son travail jusqu’au soir » (Ps. 104, 23), il s’en va. Il ne veut pas se glorifier lui-même. « Prenez avec vous, dit-il à ses officiers, les serviteurs de votre seigneur, et faites monter mon fils Salomon sur ma mule, et faites-le descendre vers Guihon, et que Tsadok le sacrificateur et Nathan le prophète l’oignent en ce lieu-là pour roi d’Israël ; puis vous sonnerez de la trompette, et vous direz : Vive le roi Salomon ! Et vous monterez après lui, et il viendra, et s’assiéra sur mon trône, et il régnera en ma place ; car j’ai ordonné qu’il soit conducteur d’Israël et de Juda » (1 Rois 1, 33-35). Il avait semé, et il veut qu’un autre moissonne ; il avait travaillé, et un autre devait maintenant entrer dans son travail. « Salomon donc s’assit sur le trône de l’Éternel pour être roi en la place de David son père, et il prospéra, car tout Israël lui obéit. Et tous les principaux et les puissants, et même tous les fils du roi David consentirent d’être les sujets du roi Salomon » (1 Chron. 29, 23, 24).

C’est ainsi que nous avons en David le modèle du serviteur, d’un esclave qui peut sortir pour être libre, mais qui dit : « J’aime mon maître, et je ne sortirai point, mais je servirai à toujours » (Ex. 21, 2-6).

Mais dans Salomon nous voyons tout autre chose. Salomon est celui qui entre dans le travail d’autrui, qui moissonne ce qu’un autre a semé, qui reçoit par héritage les biens et la gloire que David avait acquis par son service, et conquis par ses armes. Dieu exalta Salomon excessivement à la vue de tout Israël, et l’enrichit d’une majesté royale, telle que n’en avait eu aucun de ses prédécesseurs. Il surpassa tous les rois de la terre en richesse et en sagesse, tous recherchèrent sa faveur, et Dieu rendit son nom encore plus grand que le nom de David, et éleva son trône encore plus haut que celui de David. Dieu appela David son serviteur, mais Salomon, Il l’appela son fils, disant : « Il me sera fils et je lui serai père » (1 Chron. 22, 10). Comme héritier des travaux de David, Salomon nous apparaît plein de paix et de prospérité, la joie et la gloire de son peuple et le centre du monde entier.

Outre ce nom meilleur que celui de David, Dieu lui avait encore réservé l’honneur de bâtir Sa maison, car cette construction était plutôt un honneur qu’un service, un honneur trop grand pour David le serviteur, mais réservé pour Salomon le fils, selon ce que Dieu avait dit à David : « Salomon ton fils est celui qui bâtira ma maison et mes parvis, car je me le suis choisi pour fils, et je lui serai père » (1 Chron. 28, 6). Comme auparavant Il avait dit à Nathan : « Va et dis à David, mon serviteur : Ainsi a dit l’Éternel : Tu ne me bâtiras point de maison pour y habiter, mais quand tes jours seront accomplis pour t’en aller avec tes pères, je ferai lever ta postérité après toi, qui sera un de tes fils, et j’établirai son règne. Il me bâtira une maison, et j’affermirai son règne à jamais. Je lui serai père et il me sera fils » (1 Chron. 17, 4, 11-13). D’autres raisons, il est vrai, paraissent encore avoir empêché Dieu de permettre à David de Lui construire un temple, comme, par exemple, qu’au temps de David, les enfants d’Israël n’étaient pas encore arrivés à leur repos, le royaume n’était pas encore affermi, le peuple était encore équipé pour la guerre, et le Seigneur se refusait à entrer dans Sa demeure tant que Son peuple n’était pas établi dans la sienne. Dans toutes leurs afflictions Il avait été affligé avec eux ; dans tous leurs pèlerinages Il avait cheminé avec eux sous une tente, et tant qu’Il ne les avait pas fixés dans un domicile assuré, Il ne voulait pas entrer dans une maison de cèdre. De plus David avait répandu beaucoup de sang, et avait été un homme de guerre, tandis que Salomon devait être un homme de paix, qui devait dominer sur tous ses ennemis, Dieu lui donnant du repos tout à l’entour, et que le peuple devait jouir de la tranquillité et de la prospérité pendant tout son règne. Alors, mais seulement alors, l’Éternel entrerait dans Son habitation (1 Rois 5, 3 ; 1 Chron. 22, 8-10). Mais, malgré tout cela, c’était essentiellement parce que Salomon était le fils, que l’honneur de bâtir le temple lui était réservé. Le temple était le signe de la permanence selon qu’il est écrit : « L’esclave ne demeure pas éternellement dans la maison ; le fils y demeure éternellement » (Jean 8, 35).

Le règne de Salomon fut un temps de repos ; tous les ennemis étaient vaincus, tous les préparatifs étaient faits ; il n’avait qu’à s’asseoir et à jouir de la paix et de la gloire. Mais son règne fut aussi un temps de joie, et alors, pour la première fois, des chants éclatèrent au milieu de la congrégation d’Israël. Moïse avait ordonné des sacrifices, mais aucun chant ne se faisait entendre dans le tabernacle. David avait formé des chantres, et leur avait donné des cantiques et distribué des fonctions ; mais toute cette joie était préparée pour Salomon ; ce fut dans le temple qu’il bâtit que les sacrificateurs et les chantres, Asaph, Héman, Jeduthun et leurs frères, proclamèrent, pour la première fois en Israël, les louanges de Jéhovah. Ce fut un jour de joie par-dessus tous les autres, quand ils commencèrent à chanter à l’Éternel : « Il est bon, parce que sa miséricorde demeure à toujours » (2 Chron. 5, 13). Et glorieuse par-dessus tout était la nuée qui remplit alors le temple, « en sorte que les sacrificateurs ne pouvaient se tenir debout pour faire le service, car la gloire de l’Éternel avait rempli la maison de Dieu » (2 Chron. 5, 14). Aucune victime ne pouvait plus être immolée, mais on n’entendait qu’actions de grâces, chants de joie et d’allégresse, et son des instruments ; et en cela Dieu prenait Son plaisir et Son repos ; Celui qui habite au milieu des louanges d’Israël, remplissait le temple de Sa présence et de Sa gloire.

Maintenant ces choses, dont nous avons vu des traces en David et en Salomon, ne sont que des ombres de meilleures choses, car « le corps est de Christ » (Col. 2, 17). Christ est la grande pensée de Dieu ; « le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie » (Apoc. 19, 10) ; les promesses faites à Abraham furent réellement faites à sa semence qui est Christ (Gal. 3, 16), et la représentation de la grâce en David et de la gloire en Salomon se rapportent aussi en réalité à Christ (Héb. 1, 5). D’un bout à l’autre de l’Ancien Testament, ces hommes favorisés de Dieu n’étaient que des images des choses qui devaient s’accomplir en Jésus, et ce fut leur joie de L’attendre (Jean 3, 29).

Nous avons vu en David la pleine démonstration du caractère du serviteur. Nous l’avons suivi du champ du berger à celui du conquérant, de la cour du roi aux cavernes du désert, et de là jusque sur le trône, et nous avons remarqué ce caractère partout. Il en fut de même, et dans la perfection, en Jésus, le vrai David. Dès avant la fondation du monde, Il se dévoua au service, et Il est écrit de Lui en tête du livre : « Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Ps. 40, 7, 8 ; Héb. 10, 7). Il n’était pas venu pour être servi, mais pour servir (Marc 10, 45) ; Il était descendu du ciel pour faire non point Sa volonté, mais la volonté de Celui qui L’avait envoyé (Jean 6, 38) ; Il ne cherchait point Sa propre gloire (Jean 8, 50). Il se dépensa Lui-même en toutes choses, et la forme qu’Il prit fut celle d’un serviteur.

Ainsi, chaque fois que le témoignage pour lequel Il était venu sur la terre ne L’appelait pas à déclarer Sa gloire céleste, Il se cachait plutôt que de se mettre en évidence. Invité par Sa mère à déployer Sa puissance aux noces de Cana, Il répond : « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue » (Jean 2, 4). Engagé par Ses frères à se manifester au monde, Il leur répond aussi : « Mon temps n’est pas encore venu » (Jean 7, 6). Quand Il avait, par Ses miracles, attiré l’admiration de la foule, et que Ses disciples, désirant qu’Il fût glorifié aux yeux du monde, Lui disent : « Tous te cherchent », Sa réponse est encore uniquement celle d’un serviteur : « Allons aux bourgades prochaines, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti » (Marc 1, 37, 38). Un corps Lui avait été préparé, Son oreille avait été percée (Héb. 10, 5 ; Ps. 40, 6), et, comme David, Il n’avait plus qu’à accomplir l’œuvre qui Lui avait été donnée à faire.

Et Il fut parfait dans tous les détails de cette œuvre. Comme enfant, Il fut soumis à Ses parents, accomplissant ainsi toute justice, et après qu’Il eut été, comme David, oint de Dieu, Il continua néanmoins à servir, soit pour la gloire du Père, soit pour nos besoins et nos infirmités. Soit pendant les solitudes de la nuit, soit pendant les labeurs du jour, Son Père pouvait toujours dire de Lui : « Voici mon serviteur que j’ai élu » (Matt. 12, 18). Il acheva Sa journée, travaillant toujours à l’œuvre de Celui qui L’avait envoyé, jusqu’à ce qu’Il put s’écrier : « C’est accompli » (Jean 19, 30) ; « il fut obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2, 8). Et quant à nos infirmités, Il « allait de lieu en lieu faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient sous la puissance du diable » (Act. 10, 38) ; chaque ville, chaque village du pays apprit à Le connaître ainsi, chaque misère trouva en Lui son soulagement ; personne ne recourut jamais à Lui en vain.

Ici, nous voudrions nous détourner un instant pour examiner la nécessité de toute cette humiliation du Fils de Dieu. Assurément ce fut parce qu’Il avait à réparer le mal immense que notre orgueil avait fait quand, étant tentés, nous cherchâmes à être comme des dieux (Gen. 3, 5) ; et cela ne pouvait avoir lieu que par le Très-haut s’anéantissant Lui-même, par la splendeur de la gloire de Dieu se manifestant dans la chair, et se voilant sous la forme d’un serviteur. Adam, la créature, avait cherché sa propre gloire, mais le Fils de Dieu se dépouilla de la sienne. D’être comme Dieu, quoiqu’une créature de la veille, fut l’orgueilleuse ambition du premier homme ; de s’anéantir jusqu’à prendre une forme d’esclave, quoique étant en forme de Dieu (Phil. 2, 6, 7), fut l’humiliation volontaire du second Adam ; et ainsi le déshonneur que le premier avait cherché à faire à la gloire de Dieu fut abondamment réparé par le second.

Et cette humiliation du Fils de Dieu ressortit non seulement de Sa vie et de Son ministère, mais aussi de la personne qu’Il avait revêtue, n’étant aux yeux des hommes que « le charpentier, le fils de Marie » (Marc 6, 3) ; elle ressortit surtout de Sa mort avec toutes ses circonstances. Les provocations qu’on Lui adressait alors, avaient précisément pour but de L’engager à faire ce que, dans son orgueil, aurait fait la créature déchue : « Ceux qui passaient par là l’injuriaient, hochant la tête, et disant : Toi qui détruis le temple, et qui en trois jours l’édifies, sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descend de la croix ! Pareillement aussi les principaux sacrificateurs, se moquant avec les scribes et les anciens, disaient : Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ! S’il est roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous le croirons » (Matt. 27, 39-42). Mais Jésus, dans la perfection de Sa soumission et de Son service, résista à toutes ces provocations. Il avait précédemment été exposé à la même tentation de la part de Satan directement. Satan avait voulu qu’Il se glorifiât Lui-même (Matt. 4, 6) ; et l’homme, poussé par l’orgueil qui avait été la cause de sa chute dans le jardin, voulait la même chose maintenant ; mais Jésus triompha de ces tentations ; ni Satan, ni l’homme n’avaient rien en Lui. C’est ainsi qu’Il fut « crucifié par un effet de sa faiblesse » (2 Cor. 13, 4). Tout ce que l’orgueil de la créature déchue rejette et méprise comme des faiblesses et des lâchetés, se trouvait manifesté en Lui, et c’est précisément en cela que Dieu trouva Ses délices et Sa gloire ; car c’est en renonçant ainsi à la réputation et à la vie, en subissant la croix et sa honte, que le Fils de l’homme s’exposa à tous les mépris et à toute l’inimitié de l’homme en révolte, et qu’Il a pu dire à Dieu : « Les outrages de ceux qui t’outrageaient sont tombés sur moi » (Ps. 69, 9). Aussi peut-on dire que c’est proprement alors que « l’Éternel flaira une odeur d’apaisement, et dit en son cœur : Je ne maudirai plus la terre à l’occasion des hommes » (Gen. 8, 21 ; Éph. 5, 2).

C’est ainsi encore que Lui, le Fils de l’homme, pourra, dans Son glorieux royaume, régner en justice. En Sa personne, pendant Sa vie et par Sa mort, Il a répondu à toute la fierté de l’homme, et voilà pourquoi Il pourra recevoir l’honneur de la domination que l’homme a laissé perdre, et l’exercer en justice. Il a « aimé la justice et haï la méchanceté » (Ps. 45, 7) ; voilà pourquoi Son trône sera pour toujours. Il fut jadis crucifié par un effet de la faiblesse, mais maintenant « il vit par un effet de la puissance de Dieu » (2 Cor. 13, 4), et bientôt tous les royaumes du monde seront à Lui. Et cela ne devrait-il pas nous engager à être aussi faibles que Lui, à consentir à être méprisés du monde, pour bientôt aussi régner dans la gloire avec Celui qui a été et qui est encore méprisé pour nous !

Non seulement sur la terre, Il fut ainsi le parfait serviteur de Dieu et des pécheurs, mais dans le ciel aussi, Il continue à prendre soin de nous ; car, en quittant les siens, Il leur a dit : « Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à l’achèvement du siècle » (Matt. 28, 20). Aussi est-il écrit ailleurs : « Pour eux, étant partis, ils prêchèrent en tout lieu, le Seigneur opérant avec eux et confirmant la parole par le moyen des signes qui l’accompagnaient » (Marc 16, 20). Et non seulement Il travaille ainsi avec eux dans leur ministère, mais Il intercède continuellement pour eux dans le temple céleste, leur lavant toujours les pieds, jusqu’à ce qu’Il puisse les présenter devant Sa gloire, sans défaut et dans l’allégresse. C’est ainsi encore qu’Il est le vrai David, le trône aussi bien que le désert étant témoin de Son service, le ciel aussi bien que la croix nous Le montrant comme serviteur. Et même quand Il sortira de Son sanctuaire céleste pour faire de Ses ennemis le marchepied de Ses pieds, ce sera comme le serviteur de la gloire de Dieu, et Il ne s’arrêtera point qu’Il n’ait fait régner la justice sur la terre (És. 42, 1-4). Et, ce qui est encore plus admirable, quand Il aura ainsi remporté la victoire sur tous Ses ennemis, Il se dévouera encore à ceux de Ses saints qu’Il aura trouvés veillant et L’attendant, car « il se ceindra, et les fera mettre à table, et, s’avançant, il les servira » (Luc 12, 37, 38) ; et enfin, « au milieu du trône, il les paîtra, et les guidera vers les sources vivantes des eaux, et essuiera toute larme de leurs yeux » (Apoc. 7, 17).

Ainsi donc Jésus est le vrai David, puisque aucun changement de position ni de circonstances ne change Son caractère de serviteur de Dieu pour Sa gloire et pour la joie de Son peuple. Tout cela n’aurait pas pu être manifesté en David, s’il eût hésité un instant à se retirer, quand le moment de la manifestation de la gloire de son trône et de son royaume fut venu. Mais nous avons vu que, loin d’hésiter, il se retira, au contraire, volontairement et joyeusement, dès que le temps de servir fut terminé, et que fut arrivé le temps de jouir (Act. 13, 36). Jésus fit de même, ou plutôt Il fit mieux encore. Il ne se glorifia jamais Lui-même, et Son langage fut toujours : « Que ma volonté ne se fasse point, mais la tienne » (Luc 22, 42). Mais « Dieu l’a souverainement élevé, et l’a gratifié d’un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, de ceux qui sont dans les cieux, et sur la terre, et sous la terre, et que toute langue confesse que le Seigneur c’est Jésus Christ à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2, 9-11). C’est à Lui, comme vrai Salomon, que Dieu dit : « Tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui » (Ps. 2, 7 ; Héb. 1, 5). C’est Lui que, dès maintenant, Il a couronné de gloire et d’honneur, qu’Il a établi sur les œuvres de Ses mains, et à qui Il assujettira bientôt toutes choses (Ps. 8, 5, 6 ; Héb. 2, 7, 8). Il Le présentera une seconde fois au monde, et alors non seulement tous les hommes, mais même tous les anges L’adoreront. « Sur son vêtement et sur sa cuisse il y aura écrit le nom : Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc. 19, 16). Toutes les nations, les rois et les princes se prosterneront devant Celui que les hommes ont méprisé et rejeté ; « son trône sera comme le soleil » (Ps. 89, 36) ; Il sera « oint d’une huile de joie » (Ps. 45, 7), et sera appelé le Dieu de toute la terre.

Alors le Roi sera vu dans Sa beauté ; Il bénira le peuple comme Salomon et intercédera pour eux en toutes choses (2 Chron. 6), portant continuellement sur Sa poitrine et sur Ses épaules les noms de tous les siens. Et comme Salomon bâtit des villes, et les fortifia, en sorte que « Juda et Israël habitaient en assurance, chacun sous sa vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, durant tout le temps de Salomon » (2 Chron. 8, 4-6 ; 1 Rois 4, 25) ; de même le vrai Salomon dit par la bouche de Son prophète : « Mon peuple habitera en un logis paisible, et dans des pavillons assurés, et dans un repos fort tranquille » (És. 32, 18). Salomon avait la parole de connaissance, la sagesse, le discernement pour rendre la justice et pour gouverner son peuple ; de même, quant à Celui qui est plus grand que Salomon, « l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui, l’Esprit de sapience et d’intelligence, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de science et de crainte de l’Éternel ; il jugera avec justice les chétifs, et reprendra avec droiture pour maintenir les débonnaires de la terre » (És. 11, 2, 4). Sion aussi brillera alors dans toute sa beauté. Le roi Salomon fit « que l’argent n’était pas plus prisé à Jérusalem que les pierres, et les cèdres que les figuiers sauvages » (1 Rois 10, 27). Mais quand la gloire du Seigneur resplendira sur Sion, elle luira de tout son éclat, « les dromadaires de Madian et de Épha, et tous ceux de Sheba viendront, et apporteront de l’or et de l’encens ; les fils des étrangers rebâtiront ses murailles, et leurs rois seront employés à son service, et tous ceux qui la méprisaient se prosterneront à ses pieds, et l’appelleront la ville de l’Éternel, la Sion du Saint d’Israël. Je ferai venir, dit l’Éternel, de l’or au lieu de l’airain, et je ferai venir de l’argent au lieu du fer, et de l’airain au lieu du bois, et du fer au lieu des pierres » (És. 60, 6, 10, 14, 17). Et quant aux habitants « ils seront tous justes et posséderont éternellement la terre » (És. 60, 21), et l’on dira alors en toute vérité : « Oh ! que bienheureux est le peuple duquel l’Éternel est le Dieu » (Ps. 144, 15).

Telle sera la gloire royale de notre Bien-aimé, et les temps de David et de Salomon nous en donnent quelque idée. Nous voulons donc, en terminant, faire encore, sur cette époque, quelques observations.

En premier lieu : ce royaume doit être le royaume du Fils ; c’est le Fils et non le serviteur qui en héritera, et l’établira, comme nous avons vu que le temple a été construit par Salomon et non par David. Il aura, par conséquent la valeur et l’importance du Fils, et c’est ce qui lui donnera sa stabilité et sa joie. Sa stabilité, parce qu’il n’est pas confié à la faiblesse et à la faillibilité d’un esclave, comme il est écrit : « L’esclave ne demeure pas éternellement dans la maison » ; mais à la force et à la fidélité du Fils, car « le fils y demeure éternellement » (Jean 8, 35). « Les cieux et la terre seront ébranlés » (Joël 3, 16) ; mais ce royaume est « inébranlable » (Héb. 12, 28). « J’ai affermi ses piliers » (Ps. 75, 3), dit Jésus, et voilà pourquoi les deux colonnes dans la temple de Salomon s’appelaient Jakin et Boaz (fermeté et force). Sa joie, parce que les délices inexprimables du Père reposeront sur le Fils et sur Son royaume ; et en témoignage de cette joie, Dieu a dit du temple que Salomon avait bâti : « Mes yeux et mon cœur seront toujours là » (2 Chron. 7, 16). Et quel ne sera pas le repos et le bonheur de la création, quand elle jouira ainsi de la faveur de la lumière du Père, quand le bon plaisir qu’Il prend dans le Fils de Son amour rayonnera ainsi sur toutes choses ; comme lorsque cette huile précieuse, répandue sur la tête d’Aaron, découlait sur sa barbe et jusqu’au bord de ses vêtements, ou lorsque la lumière qui, d’entre les chérubins, réjouissait le souverain sacrificateur à son entrée dans le lieu très saint, tombait avec le même éclat sur les noms des douze tribus qu’il portait à son pectoral !

En second lieu : le royaume nous rappellera partout et toujours « l’homme de douleurs », comme dans le temple toutes choses, les pierres, le bois, l’airain, le fer, l’or et l’argent, parlaient de David qui les avait amassés dans son labeur. Le psaume 132, tout entier, est une prière que Salomon adresse à Dieu, eu égard au travail et aux souffrances de son père. « Ô Éternel ! dit-il, souviens-toi de David et de toute son affliction ». Et c’est là-dessus qu’il se fonde pour s’écrier : « Lève-toi, ô Éternel, pour venir en ton repos, toi et l’arche de ta force. Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice, et que tes bien-aimés chantent de joie. Pour l’amour de David, ton serviteur, ne fais point que ton oint tourne le visage en arrière » (Ps. 132, 1, 8-10). Les afflictions de David étaient ainsi rappelées au milieu des gloires de Salomon, et de même l’Agneau qui a été égorgé sera au milieu du trône. Comme notre terre maudite porte partout les traces du serpent, de même la terre renouvelée portera partout les traces du sang de Jésus. Le tabernacle et tous les vaisseaux consacrés au service étaient aspergés de sang ; de même le ciel et la terre, le vrai tabernacle, la vraie habitation de Dieu, porteront partout les traces du Christ crucifié ; les anges, les êtres vivants et les anciens proclameront : « Digne est l’Agneau qui a été égorgé de recevoir la puissance, et la richesse, et la sagesse, et la force, et l’honneur, et la gloire et la bénédiction » ; et toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et ce qui est sur la mer, et tout ce qui est en ces choses se joindront à ce concert, en chantant : « À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau soient la bénédiction, et l’honneur, et la gloire, et le pouvoir aux siècles des siècles » (Apoc. 5, 11-13).

Enfin : le royaume sera le centre des actions de grâces et des louanges de Dieu, qui acceptera ce culte, et y prendra plaisir pour toujours. Comme lorsque le temple fut achevé, que l’arche y fut placée sous les ailes des chérubins, que chaque chose fut à sa place, et que les sacrificateurs, les Lévites et les chantres étaient réunis, « il arriva que, tous ensemble, sonnant des trompettes, et chantant, et faisant retentir tous d’un accord leurs voix pour louer et célébrer l’Éternel, en louant l’Éternel de ce qu’il est bon, parce que sa miséricorde demeure à toujours, la maison de l’Éternel fut remplie d’une nuée, en sorte que les sacrificateurs ne se pouvaient tenir debout pour faire le service, à cause de la nuée, car la gloire de l’Éternel avait rempli la maison de Dieu » (2 Chron. 5, 13, 14) ; de même, dans le royaume, tout fera place à la gloire de Dieu, tout sera réduit au silence à l’exception des chants éternels de joie et de louange. La louange est aujourd’hui trop souvent interrompue ou empêchée par nos propres pensées ou par notre incrédulité ; mais alors rien ne pourra être vu, rien ne pourra être entendu, qui puisse arrêter la louange, nos propres pensées seront pour toujours réduites au silence, et rien ne se fera entendre que la louange et l’action de grâces. C’est là ce que, au fond, notre foi devrait déjà anticiper aujourd’hui ; laissons agir la foi, et déjà maintenant nous rendrons grâces à Dieu pour toutes choses, et nous commencerons en esprit la louange dans la joie du royaume. Car la louange des cieux, la louange de la terre, la louange des anges et de leurs armées, la louange des rois de la terre et de tous leurs peuples, la louange de toute la création exaltera et réjouira alors le cœur de Celui dont le nom est seul digne de louange, et Ses saints qui L’aiment, Ses peuples qui Le servent, seront heureux et joyeux pour toujours.