Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes/Partie 2

De mipe
< Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes
Révision datée du 26 février 2021 à 20:32 par Éditeur (discussion | contributions) (Partie de l’article)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Psaumes 12-17

Évidemment, le psaume 12 a été écrit sous le poids de l’injustice et de la violence et sous le sentiment de l’isolement ; la puissance humaine, tous ceux qui s’y confient, font la guerre à l’âme. Un cas pareil est rare assurément ; il n’est pas impossible, et les chrétiens individuellement peuvent être isolés et abattus. Le verset 5 annonce les jugements de Jéhovah qui mettront fin à l’oppression. Ces jugements ont souvent lieu encore comme conséquence du gouvernement de Dieu ; mais ils ne constituent pas l’espérance directe et particulière du chrétien, qui sait au contraire que sa place est de faire le bien, de souffrir patiemment, et qu’ainsi il est agréable à Dieu. Son repos est autre part, là où Dieu est pleinement glorifié. Il en est de nous comme de Christ qui fit le bien, endura l’affliction ici-bas et ne fut pas délivré ; inutile d’ajouter combien cela était agréable à Dieu. Il convenait que Christ souffrît et c’est notre profit, de sorte que nous pouvons aussi nous glorifier dans les tribulations à cause de leur fruit bien autrement précieux que le repos de cette terre et qui mûrit pour nous dans le ciel, parce qu’ainsi nous sommes rendus capables de jouir de Dieu plus intimement. Si donc nous souffrons pour la justice et si nous souffrons pour l’amour de Christ, nous sommes bienheureux. L’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur nous. Du reste, si nous attendons patiemment, Dieu nous délivre même aujourd’hui en mainte circonstance particulière. Dans tous les cas, et c’est ici l’idée principale, les paroles de Jéhovah sont des paroles pures ; elles jugent tout ce qui est en l’homme, mais on peut se confier en leur véracité. Tout ce que Sa bouche a proféré, Jéhovah le maintiendra en sainteté et Il l’exécutera en puissance. Notre sagesse est de nous tenir à la Parole de Dieu envers et contre tout. Les épreuves extérieures ne sont que des moyens pour purifier et pour éprouver le cœur quant à la foi ; la Parole est la pierre de touche à l’aide de laquelle l’âme éprouve toutes choses, la mesure intime de son état devant Dieu et le terrain solide sur lequel repose sa confiance. Lorsque le cœur est éprouvé par la Parole ou par les circonstances, c’est afin de le dégager de toutes les choses qui l’empêcheraient de se reposer sur chacune des paroles de Dieu et de se les approprier. Elles seules sont notre vie.

Le psaume 13 exprime le travail d’une âme sous le poids des épreuves mentionnées au psaume 10. Ces épreuves ne nous concernent pas directement, toutefois le chrétien peut se trouver angoissé par le triomphe apparent et momentané du mal ; et alors il peut ainsi crier à Dieu de ne pas le délaisser comme s’Il ne prenait aucun soin de lui. Il y a une différence entre la position de Christ et celle du résidu juif : extérieurement, Christ a été abandonné entre les mains des méchants, tandis que le résidu juif en général sera épargné et délivré ; quelques-uns d’entre eux, il est vrai, succomberont devant leurs ennemie et jouiront d’une meilleure résurrection. Mais en parlant de ce psaume, j’ai surtout en vue l’enseignement moral qu’il renferme. Au milieu d’ennemis sans cœur et sans conscience, même en apparence oubliée de Dieu, l’âme se confie en Sa miséricorde, compte sur Sa bonté, sur Sa fidélité, et se réjouit de la délivrance avant d’être délivrée par la puissance de Dieu. Ainsi, en priant Dieu, nous le remercions avant d’être exaucés, sachant dans nos cœurs, par la foi, qu’Il nous a entendus et qu’Il nous a répondu, quoique Sa réponse ne soit pas encore manifeste. Cette assurance, vraie preuve de la foi, procure une paix indicible au milieu de l’affliction. Nous ignorons comment Dieu nous délivrera, mais nous savons que nous serons délivrés ; Il dispose de tous les moyens. C’est en Dieu Lui-même que nous plaçons notre confiance, et, en regardant à Lui, le cœur reçoit une réponse sur laquelle il peut compter. Diverses circonstances et la Parole aussi éprouvent le cœur ; la confiance et la délivrance divine réjouissent l’esprit. Nous savons, même avant d’être secourus, que Dieu est pour nous. Il est bien naturel d’écouter son propre cœur, quoique rien ne fatigue et n’angoisse plus, mais la foi n’agit pas ainsi. La tristesse mène à la mort. L’âme, même en se soumettant, se replie sur elle-même, mais un regard à Dieu la remplit de lumière. La conscience que c’est l’ennemi qui travaille contre nous, dispose notre âme à la confiance : pensée solennelle et terrible ; mais, avec Dieu, c’est un motif pour être assuré de la délivrance.

Le psaume 14 est un exemple frappant d’une méthode fréquemment employée dans l’Écriture : plusieurs portions de la Bible s’appliquant littéralement aux Juifs dans les derniers jours et aux événements de cette époque, renferment à la fois de grands principes moraux, des vérités importantes en tous temps et qui seront publiquement manifestées aux derniers jours par le jugement de Dieu. L’apôtre cite ce psaume pour montrer aux Juifs comment, dans leurs propres écritures, Dieu Lui-même juge leur état, prouvant ainsi la nécessité d’une justice qui ne fût pas d’eux. Je n’ai que peu de chose à ajouter. Nous pouvons nous attendre à des difficultés provenant de l’absence de toute crainte de Dieu en ceux auxquels nous avons affaire ; il semble impossible à celui qui craint Dieu, qu’un pareil état puisse exister, qu’il n’y ait dans le cœur aucune componction, aucune chose qui le retienne d’un acte de méchanceté délibérée ; cependant cela arrive quelquefois quand on s’y attendait le moins. Mais le Seigneur voit tout, voilà notre confiance.

Il attendra peut-être, Il patientera avec le mal, du moins avec ceux qui le font, Il nous exercera de cette manière, mais rien ne Lui sera caché. Puis Dieu Lui-même est au milieu de la race juste ; cette présence au milieu d’eux, les justes la connaissent par la foi seule et leurs ennemis en ressentent l’influence ; voilà ce que Rahab apercevait parmi les Cananéens (Jos. 2, 9), et l’apôtre y fait allusion dans Philippiens 1, 28. Ce sentiment de frayeur qu’éprouvent tous ceux qui s’opposent à la vérité, peut être caché sous le mépris ou sous des actes de violence ; mais à coup sûr, la foi qui se confie en Dieu produit toujours un sentiment de frayeur chez les méchants, même lorsqu’ils triomphent. Les Juifs, après avoir crucifié Christ, craignaient encore que Sa disparition de la tombe ne leur devînt funeste. Mais pour être ainsi soutenu dans l’épreuve, il faut que le fidèle ait le sentiment de la présence de Dieu.

Le psaume 15 est une preuve évidente que ces psaumes s’appliquent directement aux Juifs dans les derniers jours. Toutefois, les saints ne doivent pas perdre de vue l’existence actuelle du gouvernement de Dieu. Ce gouvernement est exposé dans les épîtres de Pierre : dans la première en faveur des justes, dans la seconde comme jugeant les impies (1 Pier. 3, 10-15 applique aux chrétiens les principes selon lesquels Dieu agissait envers les Juifs comme peuple, principes qu’Il mettra surtout en action dans les derniers jours, mais qui nous concernent aussi pendant le temps de notre séjour terrestre). Ainsi le psaume 15, quoique essentiellement juif, nous enseigne des principes à suivre ; le verset 4, par exemple, parle d’une chose qui est en tout temps agréable à Dieu.

Ayant fait ces remarques, je passe au psaume 16 qui s’applique directement à Christ et contient, en même temps, une douce instruction pour nos âmes. C’est ici Christ prenant la place d’un homme et indiquant le sentier de la vie qui L’amènerait en la présence de Jéhovah où il y a un rassasiement de joie ; ce sentier Le conduisait à travers la mort puisqu’Il venait pour nous, mais Il se confiait en Dieu. Malgré le sens prophétique de ce psaume, le sentier de Christ est en même temps un exemple pour nous ; le bon Berger a précédé Ses brebis. Le psaume 16 établit un principe essentiel : la confiance en Dieu même dans la mort, une humble obéissance et, par conséquent, Jéhovah Lui-même étant la portion de l’homme, l’exclusion de tout ce qui serait contraire à cette vérité. Cette confiance et cette obéissance ne perdent pas Dieu de vue un seul instant. Tel est le grand principe de la vie divine, de cette vie divine arrivant sur la scène du péché et de la mort. Sans doute, nous devons parler de communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ dans ce sentier de la vie, mais ce sont les grands principes moraux, l’état subjectif de l’âme, qui nous sont représentés ici, et cela dans la personne même de Christ ; c’est, remarquez-le, Sa perfection comme homme devant Dieu et vis-à-vis de Dieu. Il ne s’agit pas de la perfection divine, de Dieu manifesté à l’homme, mais de Christ, homme dépendant de Dieu ; il ne s’agit pas même de Son propre sacrifice que nous devons imiter (1 Jean 3, 16), mais de Sa place d’homme dans la perfection, de Sa perfection devant Dieu, motif de tous Ses actes. Par conséquent, ces paroles de Christ : « Ma bonté ne va pas jusqu’à toi », s’appliquent aussi à nous-mêmes. Affirmer qu’effectivement notre bonté ne va pas jusqu’à Dieu, paraît absurde ; mais ces mots appliqués à Christ homme, absolument parfait, indiquent la nature de cette bonté et établissent un principe qui nous met à notre place. Cette bonté étant la perfection de l’homme devant Dieu, manifestée en Christ qui en est l’exemple sur la terre, met en évidence la place bénie du chrétien, quoique au milieu de la faiblesse et de luttes intérieures inconnues à Christ qui n’avait pas de péché ; malgré cette différence, la place de Christ est l’expression absolue de la nôtre devant Dieu ; cela est pleinement révélé à la fin de l’évangile de Jean, surtout dans le chapitre 17.

L’épître de Jean aussi, qui d’abord présente Christ comme la manifestation sur la terre de la vie éternelle qui était auprès du Père, sa manifestation dans une personne que leurs mains avaient touchée, enseigne que c’est ce qui est vrai dans les chrétiens, de même qu’en Christ (1 Jean 2, 8), et montre que la justice et l’amour sont le caractère de cette vie, et que, par la présence du Saint Esprit, nous demeurons en Dieu et Dieu demeure en nous. Nous possédons cette vie éternelle descendue du ciel et touchant laquelle il est dit qu’elle est dans le Fils seul ; celui qui a le Fils a aussi la vie. Voilà en effet pour nous la véritable importance de cette vie éternelle. Les Psaumes assurément ne peuvent pas la présenter comme l’épître de Jean, et cependant nous voyons ici Christ prenant Sa place parmi les excellents de la terre. L’apôtre Jean laisse entendre que nous serons avec Christ dans le ciel, mais il ne s’occupe pas de la vie éternelle dans la gloire auprès de Dieu. C’est Paul qui l’expose de cette manière, aussi bien n’avait-il vu Christ que dans la gloire. Jean présente la vie en elle-même et manifestée sur la terre ; la vie est la lumière des hommes.

Nous avons vu plus haut que le psaume 16 ne développe pas sous toutes ses faces la vie de Christ sur cette terre ; mais celle qu’il présente n’en devient que plus distincte et plus bénie pour nous. Christ, traversant ce monde, était la manifestation de Dieu Lui-même (des traits divins de Son caractère, non point de Son titre et de Sa nature divine) ; amour, sainteté, justice parfaite, Il révélait véritablement tout le caractère de Dieu. Quelle bénédiction ! Notre devoir est de L’imiter (voir Éph. 4, 32 ; 5, 1-2 ; Col. 3, 10). Mais le psaume 16 n’envisage pas Christ de cette manière ; il Le présente comme l’homme dépendant et soumis ; il Le présente aussi comme prenant Sa place parmi le résidu d’Israël en contraste avec l’idolâtrie de ce peuple. Laissant de côté ce dernier point, je désire fixer nos pensées sur le caractère de la vie de Christ.

Cette expression : « Ma bonté ne va pas jusqu’à toi », ne pourrait convenir à la divine manifestation de la bonté sur cette terre. Mais prenant, en tout point, la place d’un homme ici-bas, le Seigneur nous montre la position véritable d’un homme vivant pour Dieu, non pas dans son innocence, moins encore certes dans le péché, mais parfaitement saint et juste dans un monde de péché, connaissant le bien et le mal, tenté, mais séparé du péché et des pécheurs ; non pas élevé au-dessus des cieux, mais destiné à l’être par les désirs de sa nature et par sa marche vers ce but ; dépendant, obéissant, se tenant devant Dieu comme humainement responsable et se réjouissant d’avance du bonheur céleste comme bonheur de l’homme dans la présence de Dieu et avec Dieu, place bénie pour Lui et que nous partagerons avec Christ, ayant Sa nature. Christ, ainsi envisagé, c’est l’homme confiant en Dieu, trouvant son plaisir et sa joie en Dieu, vivant de foi et, sous ce rapport, séparé de Lui, non pas Dieu manifesté en chair, quoique cela fût également vrai à un autre point de vue. Ainsi, en tant que sanctifiés par la vérité, notre place sur la terre est au-dessus de celle du résidu juif ; en outre, nous sommes unis à Christ par le moyen du Saint Esprit. Cette place dont je parle, le Seigneur la prend lorsqu’Il dit au jeune homme : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements ». Quant aux pratiques extérieures, le jeune homme avait peu de chose à se reprocher ; mais il fallait plus que cela pour caractériser la vie divine dans sa marche vers le bonheur céleste au milieu d’un monde de péché, il fallait pouvoir dire avec Abraham, avec David et les saints prophètes : « Le Seigneur est ma portion ». Alors, ayant le Seigneur Lui-même pour maître de son cœur, le jeune homme aurait pu donner ses biens aux pauvres pour suivre Jésus. Mais il paraît que le Seigneur n’était point sa portion ; peut-être, par la grâce, l’est-Il devenu plus tard.

L’état qui est décrit dans ce psaume, c’est l’état de l’homme considéré comme distinct de Dieu (il ne s’agit pas ici naturellement d’une séparation morale, je ne parle pas non plus de l’union de la nature divine et de la nature humaine en Christ), mais participant de la nature divine (il n’en pouvait être autrement), ayant Dieu pour objet, mettant en Lui sa confiance, n’obéissant qu’à Lui, dépendant de Dieu en toute chose, et parfait dans sa foi en Lui. Cet état ne pouvait se réaliser que dans un être qui participât personnellement de la nature divine — Dieu Lui-même en l’homme — tel que Christ, ou médiatement tels que ceux qui sont nés de Dieu. Mais, nous l’avons déjà remarqué, Christ n’est pas considéré ici sous ce point de vue, et il ne s’agit pas non plus du croyant comme étant uni à Christ. La divinité en Lui est présentée non point dans la manifestation de Dieu en Lui, mais plutôt dans son effet : la perfection absolue de Christ comme être humain. Sa marche est celle d’un homme moralement en présence de Dieu. Christ dépend de Jéhovah quant à Sa résurrection, et Il dit : « Tu n’abandonneras pas mon âme au séjour des morts », quoiqu’Il ait pu dire également : « Détruisez ce temple, et dans trois jours je le rebâtirai ». Homme parfait, Christ pouvait dire à Dieu : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » ; ainsi Pierre disait aux Juifs : « Celui que vous avez crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ », tandis que Thomas avait dit à Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Pierre, en effet, considère toujours Christ comme l’homme rejeté, comme le Messie exalté par Dieu ; il n’annonce pas le Fils de Dieu comme Paul l’annonça tout d’abord dans les synagogues, quoique, par une révélation divine, Pierre ait été le premier à le confesser comme tel. Christ est donc notre modèle parfait ; Il nous montre ce qu’est l’homme parfait. Un principe essentiel qui caractérise en premier lieu le psaume 16, c’est l’entier abandon de Christ entre les mains de Dieu, sa confiance en Lui. Il ne se défend pas Lui-même, ne compte pas sur soi, mais s’en rapporte à Dieu : « Garde-moi, ô Dieu ! car je me réfugie en toi ». Cela est d’une immense importance. Christ, comme Dieu, aurait pu prendre soin de Lui-même ; mais n’étant pas venu dans ce but, comment pouvait-Il le faire ? Christ était venu en amour pour souffrir, pour obéir, pour sauver ainsi par grâce, mais pour glorifier Dieu. Moralement parlant, cette position prise, Il ne pouvait la quitter. Si l’on parle de Sa puissance, nul doute que Christ aurait pu se délivrer Lui-même ; et quant à Sa position de Fils de Dieu, s’Il avait demandé douze légions d’anges, Il les aurait eues. Mais alors, c’est Lui qui l’affirme, Christ n’aurait point rempli les conseils révélés de Dieu.

Cette obéissance et cette dépendance étaient volontaires mais parfaites, la seule chose convenable dans la position qu’Il avait prise. — Sa foi était parfaite. C’est Lui qui, par Son exemple, a enseigné et accompli la vraie foi, l’abandon de soi, la dépendance, la confiance ; ajoutons que la Parole de Dieu seule gouvernait tous Ses actes ; Il la suivait exclusivement. Cette Parole était aussi Son arme, comme Il l’a prouvé en présence de Satan dans le désert. Christ étant la parole et la vérité en personne, tout ce qu’Il disait exprimait ce qu’Il était (Jean 8, 25) ; mais il n’en est pas moins vrai que Christ obéissait, comme homme, à l’autorité des Écritures et se laissait conduire par elles ; c’est ainsi qu’Il dit : « Garde-moi, ô Dieu, car je me réfugie en toi ».

Un second principe renfermé en partie dans ce qui précède, c’est l’entière soumission à la volonté de Dieu (dans ce psaume, il s’agit de Jéhovah, Dieu révélé aux Juifs ; pour nous, il s’agit du Père et du Fils, d’un seul Dieu, le Père, et d’un seul Seigneur, Jésus Christ) : « Tu as dit à Jéhovah : Tu es mon Seigneur ». Remarquez ces mots : Tu as dit, c’est Christ qui l’a dit ; Christ était bien Jéhovah, mais dans Sa marche ici-bas, Il n’a point pris cette place. Quoique Dieu, et n’estimant pas que ce fût une usurpation d’être égal à Dieu, Il avait pris la forme d’un serviteur et avait l’apparence d’un homme. Prise volontairement, gardée parfaitement dans la mort et à travers la mort, Sa place fut dans l’humiliation. Cet acte volontaire était divin et prouvait Son titre divin ; les créatures n’ont pas de place à prendre, mais à garder, quoique lorsqu’elles n’étaient pas gardées par Dieu, elles n’aient jamais agi de la sorte. La place qui a été donnée à Christ comme homme, mais qu’Il a méritée, est la gloire (Jean 17) ; Il s’abaisse Lui-même et est élevé au-dessus des cieux. Il avait dit à Jéhovah : « Tu es mon Seigneur », ce qui signifie : Je suis ton serviteur. Sans cesser d’être Dieu, Il avait pris en dehors de Dieu une place dont Il ne pouvait remplir les conditions qu’en étant Dieu ; dans cette place, Il devait satisfaire Dieu comme homme, glorifier Dieu en un monde pécheur et apostat, ayant ce monde, la puissance de Satan, en dernier lieu même la colère de Dieu contre Lui, afin d’accomplir la gloire de Dieu en justice. C’est ainsi qu’Il dit : « Ma bonté ne va pas jusqu’à toi » — aussi haut que toi. Christ devait remplir la place de l’homme dans la condition dans laquelle la gloire de Dieu s’y trouvait intéressée. Homme parfait, quand Il se trouvait dans ce caractère, Il était seul dans Sa perfection : personne pour Le secourir ou même pour compatir avec Lui. Sa confiance devait être en Dieu dans la vie et à travers la mort, que dis-je ? même sous le poids de la colère divine ; mais c’était là le sentier de la vie que Dieu Lui avait fait connaître (v. 11). De plus, il existait sur la terre des objets de la grâce divine auxquels Christ s’était associé. Il n’en parle pas ici comme ayant été choisis par Lui (c’est le cas dans l’évangile de Jean lorsqu’Il dit à Ses disciples : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis », quoique là aussi pour un service), ni comme étant choisis par la grâce de Dieu, mais comme agréables à Dieu dans leur marche, manifestés moralement comme les saints, les excellents de la terre qui suivent le sentier où Il doit entrer Lui-même. Cela est plein d’intérêt ; il s’agit encore ici de la place morale de Christ homme, trouvant Son bonheur dans ce qui plaît à Dieu, comme il convenait à un être parfait ; Moïse, type de Christ, est présenté de la même manière en Hébreux 11, 24-26. Christ prend ici Sa place parmi les saints, ceux qui étaient réellement mis à part pour Dieu. Il la prit de fait dans l’humiliation et l’obéissance lorsqu’Il alla se faire baptiser du baptême de Jean avec ceux que l’Esprit de Dieu poussait à s’humilier de leurs péchés. Dans le premier acte de la vie divine, l’acte de donner son cœur à Dieu en confessant ses péchés, Celui qui ne connaissait pas de péché se joignit à ceux qui se déclaraient pécheurs ; car cet aveu de leur part, effet de la vie divine, les consacrait à Dieu, et ils étaient véritablement les saints de la terre. Quelle douceur, quelle consolation dans le désert d’y voir Christ nous précédant, victorieux de toutes les tentations qui s’y rencontrent, comme on le voit aussitôt après son baptême, liant l’homme fort au moyen de la vie qu’Il possédait et qui était victorieuse sur toute la puissance de l’ennemi ! Évidemment, quoique toutes ces choses procédassent de la vie divine, fruit de la grâce, il ne s’agissait point là de Dieu se manifestant soi-même, d’une bonté qui allât dans son caractère propre jusqu’à Dieu, puisque Christ s’associait à ceux qui confessaient le péché. Ajoutons que Dieu comme tel ne pouvait pas subir la mort, quoique seul l’amour parfait, seul un être qui fût Dieu, ait pu mourir comme Christ mourut, ait pu se livrer soi-même et ainsi donner à Son Père un motif de l’aimer pour Son propre mérite. Christ, homme, agissait à la place de l’homme, devant Dieu, comme les hommes auraient dû le faire ; mais pour agir ainsi parfaitement et volontairement dans Son amour pour le Père, Il devait être Lui-même divin. Qu’une personne divine ait agi de cette manière est d’une valeur au-delà de toute expression. Voilà, outre beaucoup d’autres choses, ce que le Sauveur a fait pour nous, Lui homme à notre place en perfection, les délices de Dieu, et suivant ce que cette place devait être au milieu d’un monde pécheur, en quoi précisément Il glorifiait Dieu. Il est très important pour l’instruction et l’assurance de nos âmes de voir ainsi Christ objet des délices de Dieu. Ce sentier de Christ, ni le regard de l’aigle, ni aucune pensée de l’homme ne l’aurait découvert, si Lui, l’homme parfait, n’y avait marché. Ce sentier de la vie, nous l’avons en un être vivant qui doit être l’objet de notre amour. Assurément, la Parole écrite nous fournit en détail les éléments de cette vie, mais en même temps, quelque nombreux que soient les préceptes bénis qui dirigent notre marche, elle nous fait connaître cette vie par celle de Christ Lui-même, en sorte que nous la comprenons selon que nous sommes spirituellement capables de saisir le motif et la nature de la vie de Christ présentée dans les évangiles ou d’autres portions de l’Écriture. Même un de ces préceptes nous avertit de marcher d’une manière digne du Seigneur afin de Lui plaire en toutes choses ; or pour cela, il faut évidemment avoir une pleine connaissance de ce qu’Il est.

Telle que je l’ai décrite, la vie divine, parfaite en soi, mais connaissant le bien et le mal, démontrée au milieu du péché et « en nous renouvelés dans la connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés », se manifeste par la séparation complète d’avec le mal et surtout en confessant Jéhovah comme mobile et source de la vie. Lui seul est Dieu, tout autre est absolument rejeté (v. 4). La fidélité envers Jéhovah caractérise la vie de Christ sur la terre ; la fidélité envers Christ caractérise la nôtre ; Christ est tout et en tous. Jéhovah est non seulement le Seigneur auquel Il obéit, mais aussi la portion de Son héritage. Christ n’a pas cherché autre chose ; plus encore que les sacrificateurs d’autrefois, car Son cœur et Ses affections étaient engagés, Christ possédait en Jéhovah Son héritage et la portion de Son breuvage, la coupe qu’Il devait boire ici-bas, c’est-à-dire, Sa joie dans l’espérance, Sa provision pour la route. Voici, je le suppose, la différence entre l’héritage et la coupe : l’héritage est la part définitive et permanente de l’âme, tandis que la coupe représente ce qui préoccupe ou doit préoccuper les sentiments et l’esprit de l’homme le long du chemin. Les méchants auront à boire la coupe de la colère ; le Seigneur but cette coupe sur la croix. Ma coupe déborde — la bénédiction dont elle est pleine en dépasse la mesure ; nous disons de même : C’est une coupe amère. Il s’agit non seulement des circonstances de la vie, à moins que nos âmes ne se laissent influencer par elles, mais surtout aussi du sentiment qui nous domine dans ces circonstances. Au psaume 23 par exemple, les circonstances sont toutes affligeantes, mais l’Éternel étant le berger, la coupe est comble de joie et de bénédiction. Ainsi pour Christ ; Jéhovah est Sa portion permanente et, en même temps, durant Sa marche ici-bas, le repos de Son cœur ; Jéhovah domine Ses sentiments bien plus que toute l’affliction qu’Il endure, excepté celle de la croix. Ma viande, dit-Il, est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir Son œuvre. Jamais l’homme n’a pu entrer dans les pensées de Christ, pas même Ses disciples. Une seule, qui jadis se tint à Ses pieds, a été mue dans son affection pour Lui par un sentiment auquel Christ a donné une voix, mais de manière à faire ressortir le mal profond qui dominait chez les autres.

C’est qu’Il avait à se nourrir d’une viande qu’ils ne connaissaient pas. Jéhovah, la portion de Son breuvage, Lui importait bien plus que les circonstances de la vie auxquelles, en homme, Il était sensible et qui auraient pu L’oppresser, sauf sur la croix, ou même là plus que jamais, car c’était la colère de Jéhovah Lui-même qui s’appesantissait sur Son âme dans la coupe qu’Il but alors. Dans tout le reste, Jéhovah était si véritablement l’objet et le soutien de Sa vie à travers toutes choses qu’Il pouvait seulement désirer que Ses disciples fussent remplis de la même joie que Lui. Cette joie de Christ venait de Dieu seul, voilà Sa perfection. Le monde, pour Lui, n’était qu’un désert aride et sans eau, mais la faveur de Jéhovah valait mieux que la vie ; Jéhovah était Sa vie en pratique au milieu d’un monde où Il était sensible à tout, mais avec Jéhovah réalisé, entre Lui et toutes les choses de ce monde : Jéhovah et Sa faveur, la vie de Son âme. Tel le chrétien quoique peut-être isolé ou persécuté : « Réjouissez-vous dans le Seigneur, je dis : réjouissez-vous ». L’homme naturel a les circonstances de la vie entre lui et Dieu ; la foi a Dieu entre le cœur et les circonstances de la vie. Quelle différence ! Il n’y a point de paix semblable à celle que procure le refuge dans le tabernacle, loin des insultes des hommes. Mais pour traverser ainsi le monde, il faut avoir la vie divine. Il faut Jéhovah pour héritage (pour nous, c’est le Père et le Fils, Jéhovah plus précieux encore par la connaissance du Fils), Jéhovah pour la joie et pour la force de l’âme pendant cette vie (comp. psaumes 64 et 23) ; il faut aussi croire que Jéhovah assure notre héritage ; alors nous n’avons confiance ni en nous-mêmes, ni dans les circonstances favorables, ni en « une montagne à laquelle Jéhovah a donné une force stable », mais uniquement en Lui. Prends tes délices en Jéhovah, Il t’accordera les désirs de ton cœur. La foi s’appuie sur Jéhovah, sur l’amour du Père et de Jésus. Nous n’avons que faire des circonstances, sauf pour les traverser avec Dieu ; ce ne sont pas elles qui nous procureront jamais un bonheur et une paix infaillibles. Christ a réalisé cette vie divine en tous ses détails et d’une manière parfaite ; l’apôtre Paul en est un exemple admirable. Voilà, en principe, le sentier de chaque chrétien ; et une fois ou l’autre, Dieu l’exerce à y marcher. La vie de la foi se résume en ces mots : « Dieu, la portion de mon héritage et de mon breuvage, c’est Lui qui assure mon lot ». Pour nous chrétiens, cette vérité devient plus précieuse par la connaissance du Père et du Fils ; mais le principe reste le même ; c’est la vie de Christ ; on en jouit en contraste avec ce monde et à l’exclusion de toutes les choses qui pourraient devenir l’objet de la confiance ou la portion du cœur. Ce principe, exprimé dans le psaume 16 au point de vue juif, est essentiellement vrai en tous temps.

Je désire faire remarquer un trait caractéristique du psaume 16 et qui ressort surtout de la comparaison avec le psaume suivant : les circonstances extérieures, quoique ici sous-entendues, ne sont pas mentionnées une seule fois ; c’est une vie divine avec Dieu, qui ne connaît que Lui et ne voit que Lui seul ; la mort, le tombeau, le hadès existent sûrement, mais il n’en est parlé que comme occasion de mettre au jour la puissance et la fidélité de Jéhovah. Ce psaume nous dépeint l’homme vivant dans ce monde par Jéhovah, avec Jéhovah, en vue de Lui et jouissant de Lui pour toujours en dépit de la mort. Les circonstances ne sont que des circonstances, elles ne sont point le sujet du psaume ; quant à la vie divine, elle ne passe jamais, « parce que nous ne regardons pas, dit l’apôtre, les choses qui se voient, mais celles qu’on ne voit pas, car les choses qui se voient sont temporelles, mais celles qu’on ne voit pas sont éternelles » ; telle est l’expression chrétienne de cette vérité. La première partie de la phrase, que je ne cite pas, parle du résultat de cette vérité quant aux circonstances ; on la comparera mieux avec le psaume suivant. L’apôtre exprime admirablement la vie elle-même en un seul mot : « Car pour moi, vivre, c’est Christ » ; il va sans dire que mourir était un gain. Il est important de se rappeler qu’il y a une vie divine intérieure qui habite et se réjouit en Dieu, n’ayant pas affaire aux circonstances quoique capable de les traverser, mais favorisée en nous par les circonstances parce qu’elles détruisent la chair et la propre volonté, et qu’ainsi nous vivons plus complètement de la vie intérieure avec Dieu. La conséquence en est pour l’âme un sentiment profond de bénédiction : « Les cordeaux me sont échus en des lieux agréables ». Christ n’aurait pas pu dire cela de cette manière s’Il avait été roi ici-bas ; nous ne pourrions pas le dire non plus, même dans le paradis terrestre ou ayant le monde entier à notre disposition.

Cette relation vivante avec Dieu jette une telle clarté sur toutes choses, elle fait luire dans l’âme un sentiment si vif de la bénédiction divine, que rien n’en approche, sauf l’entière réalisation de cette bénédiction en la présence de Dieu. Un homme avec Dieu, jouissant de Lui dans une nature capable de cette jouissance et sachant où elle sera pleinement réalisée ; un homme tel que Christ a été dans ce monde avec Dieu, voilà la joie la plus parfaite qui puisse exister, sauf l’accomplissement éternel de tout ce qu’elle a fait connaître et goûter à l’âme. Il ne s’agit point ici de la part du Messie, mais de cette joie touchant laquelle Christ disait : « afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux ». Il va sans dire qu’Il héritera toutes choses, mais je ne pense pas qu’il s’agisse de cela en cet endroit ; ce n’était point là la joie qui Lui était proposée, pour laquelle Il souffrit sur la croix et endura la moquerie. Il y a « un héritage incorruptible, impérissable, réservé dans les cieux pour nous », on en a la conscience lorsqu’on se réjouit en Dieu. La vie trouve là ses délices ; en la présence de Dieu, il y a rassasiement de joie.

Les cordeaux échus en des lieux agréables représentent, ce me semble, la joie de Christ homme, en Dieu et dans ce qui est en la face de Dieu [comp. Col. 3, 1-3]. Ce qui suit est l’expression de cette vie envers Dieu : « Je louerai l’Éternel que j’ai pour mon conseil ». Dans la vie divine, nous avons besoin de conseil, d’instruction positive quant à la sagesse (sagesse qui soit une direction divine dans la confusion du mal au milieu de ce monde) pour être sages quant au bien, « non point comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ; rachetant l’occasion, non point comme étant sans intelligence, mais comprenant la volonté du Seigneur » (Éph. 5, 15, 17). Jéhovah conseille ; de sorte que si quelqu’un manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à chacun libéralement et sans reproche. Voilà l’immense avantage d’être conduit directement par Dieu. Dieu est intéressé à conduire le juste dans le vrai sentier qui Lui convient à Lui-même à travers le désert où il n’y a point de route. L’innocence jouissant des bénédictions de Dieu n’avait pas besoin de route. En un monde séparé de Dieu, quel chemin trouver ? Retourner en arrière ? Impossible ; aucun pécheur n’est jamais revenu à l’innocence ; le chemin de la vie est fermé de ce côté. Comment donc une route à travers un monde sans Dieu ? C’est Dieu qui peut en frayer une en donnant une vie nouvelle et à cette vie un objet nouveau, Lui-même connu dans le ciel, en faisant une nouvelle création, en nous créant de nouveau. Or, Christ est une vie nouvelle ; en accord avec cette vie et comme homme dépendant de Dieu, Il traverse le monde et arrive à une nouvelle place donnée à l’homme. C’est Dieu qui a préparé le chemin pour l’homme revêtu de cette vie, Il l’a préparé pour Christ qui était la vie et par conséquent la lumière des hommes. Avec ce chemin, Dieu a aussi préparé les œuvres qui y conviennent, « les bonnes œuvres qu’Il a préparées d’avance afin que nous marchions en elles ». Cette dernière pensée dépasse un peu, il est vrai, la portée du psaume 16 ; il contient cependant l’idée de l’activité de la nature divine en l’homme et ne se borne nullement à la marche sainte de l’homme vivant de la vie nouvelle, devant Dieu, chose, en son lieu, aussi importante que l’autre. Moïse ne dit pas : « Montre-moi un chemin à travers le désert », mais : « ton chemin, afin que je te connaisse et que je trouve grâce devant tes yeux ». Ce que Moïse cherchait, Jéhovah le donne, c’est le conseil et les directions de Son amour. Voilà la marche de Christ, voilà comme Il conduit Ses brebis, allant devant elles ; et maintenant, nous sommes conduits par l’Esprit de Dieu, étant nous-mêmes fils de Dieu. C’est là le sentier divin de la sagesse, que l’œil de l’aigle n’a point découvert, le sentier de l’homme, mais de l’homme possédant la vie de Dieu, se dirigeant vers Dieu, vers l’héritage incorruptible, par un chemin de sainteté, le sentier de Dieu à travers ce monde. Mais Dieu donne Son conseil dans ce chemin, et pour cela il faut être dépendant de Dieu comme Christ l’était. « Tu me conduiras par ton conseil », dit le résidu juif, et nous lisons au psaume 32 : « Je te conduirai de mon regard ». Je le répète, Jéhovah est intéressé à conduire l’homme de Dieu et notre âme L’en bénit ; c’est dans ce sentier que Christ marcha. Pour nous, la Parole écrite est le moyen principal d’y marcher ; toutefois, il y a aussi l’action directe de Dieu en nous par Son Esprit ; mais il y a de plus l’intelligence divine : « Mes reins m’exhortent durant la nuit ». La vie divine est une vie intelligente ; je ne sépare point cela de la grâce divine en nous, cependant c’est autre chose qu’un conseil donné par Dieu ; nous pouvons être remplis de la connaissance de Sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle (Col. 1, 9-10). « Quoi donc, de vous-mêmes, disait Jésus aux pharisiens, ne jugez-vous pas ce qui est juste ? ». Ainsi, dégagés des influences extérieures, les pensées secrètes et les mouvements intimes du cœur enseignent ce qui est conforme au sentier de Dieu dans ce monde. Un homme doué d’intelligence discerne toutes choses. Il s’agit de l’opération intérieure de la vie (en nous, c’est par la grâce), touchant les choses divines et se manifestant par la connaissance du sentier divin, de ce qui est agréable à Dieu. En Christ, cela existait d’une manière parfaite ; en nous, cela existe selon la mesure de notre spiritualité ; or, voici à quoi le chrétien doit être particulièrement attentif, c’est de ne point négliger ce qu’une vie divinement instruite lui suggère et lui fait conclure lorsqu’elle est dégagée de l’influence des circonstances extérieures. Cela peut paraître insensé, mais si l’on agit ainsi dans une humble dépendance de Dieu, il sera démontré, en fin de compte, que c’était Sa sagesse. Du reste, l’intelligence divine se distinguera toujours d’une imagination exaltée.

D’abord, l’état de l’âme duquel je parle est tout l’opposé d’une imagination exaltée, la prétention d’être guidé d’une manière spéciale ne s’accordant jamais avec l’humilité ; puis le contrôle que la Parole de Dieu exerce sur la vie divine est là pour juger toute fausse prétention. La vie divine est absolument assujettie et soumise à la Parole. Christ qui était cette vie, même la Parole et la sagesse, et précisément parce qu’Il l’était, a toujours honoré la Parole écrite comme étant les directions et l’autorité de Dieu pour l’homme. Cependant, l’exercice de la vie divine ne se résume pas tout entier dans l’acte d’être dirigé par Dieu ; elle ne regarde absolument qu’à Lui : « Je me suis toujours proposé Jéhovah devant moi », dit Christ comme homme ici-bas, aussi ne détournait-Il jamais Son œil de dessus Dieu. Nos cœurs doivent l’avouer, pour eux, c’est souvent le contraire. Quelle séparation de tout ce qui est mal, quelle jouissance morale au milieu du monde, si nous étions ainsi constamment ! Rien de comparable ici-bas à la dignité d’un homme qui marche continuellement avec ; Dieu et l’humilité empêcheront toute espèce de chute ; l’orgueil et l’égoïsme sont impossibles en la présence et dans la jouissance de Dieu ; aucune recherche de soi-même ; mais quel renoncement et quelle lucidité, quelle activité sérieuse et pleine de joie, quand le Seigneur est l’unique objet vers lequel nous tendons ! Je dis : le Seigneur, parce que rien comme Lui ne peut à la fois dominer et sanctifier le cœur ; tout cède lorsqu’il s’agit de Lui obéir ; quand le devoir et le but du cœur sont une seule et même chose, Il remplit à Lui seul tout le cœur de lumière. Voilà ce que Jacques appelle « la loi parfaite de la liberté », parfaite obéissance, et néanmoins parfait propos arrêté du cœur, comme dit Jésus : « afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et comme le Père m’a ordonné de faire, ainsi je fais ». Nous disons comme chrétiens : Christ est tout, et celui qui L’aime garde Ses commandements. De même, Jésus se proposait toujours Jéhovah devant Lui. C’est là la perfection de l’homme comme tel ; l’assiduité et la pureté avec lesquelles nous agissons ainsi, sont la mesure vraie de notre spiritualité. Mais si Jésus s’est constamment proposé Jéhovah devant soi, assurément Jéhovah ne pouvait Lui faire défaut, et Il ne nous fera pas défaut non plus. Ayant marché de cette manière, Christ maintient les saints dans le même sentier que Lui. « Je me suis toujours proposé Jéhovah devant ma face ; Il est à ma droite, de sorte que je ne serai point ébranlé ». C’est la foi qui dit cela. Dieu peut permettre que nous souffrions pour la justice comme Christ, que nous soyons mis à mort comme Christ, mais Il ne peut laisser tomber un seul cheveu de notre tête, Il ne peut manquer de nous introduire dans la vie suivant le sentier dans lequel nous marchons. Il est ici question de la confiance en Jéhovah Lui-même, de la foi, non point de la justice en Jéhovah, sujet du psaume suivant. En marchant dans le sentier de l’homme suivant la volonté de Dieu et en ayant Dieu seul devant elle comme but sanctifiant de la vie, la foi sait que Dieu est à sa droite. Jéhovah délivrera, n’importe de quelle manière : ce sera la délivrance de Jéhovah. Quelle force cela donne en traversant un monde où tout nous est hostile et quelle puissance de sanctification ! Il n’y a pas d’autre motif que Jéhovah, pas d’autre ressource que Lui ; hors de Lui, aucune chose qui puisse répondre aux désirs du cœur, et en laquelle il veuille chercher son assurance. Aussi quoiqu’il arrivât, Christ attendait patiemment Jéhovah sans chercher d’autre délivrance ; nous devons agir de même, et voilà précisément ce qui rend notre marche parfaite : nous ne dévions ni d’un côté ni de l’autre pour éviter les endroits difficiles du sentier. Cette pensée se trouve aussi dans ce psaume : la mort était devant Christ. Comme Abraham appelé à sacrifier son fils dans lequel les promesses devaient s’accomplir, Christ, vivant sur la terre, devait renoncer à toutes les promesses qui Lui appartenaient à juste titre, et avec elles, Il devait renoncer à la vie. Son affliction à cet égard, car Il ressentait toutes choses d’une manière parfaite, est décrite dans le psaume 102 ; mais comme Abraham qui se confia en Jéhovah et, d’une manière figurée, recouvra Isaac d’entre les morts, Christ aussi, le conducteur et le consommateur de la foi, se confie parfaitement en Jéhovah, en vue de Sa propre mort (v. 8, 9, 10). Il se proposait constamment Jéhovah devant Lui, Jéhovah était à Sa droite, c’est pourquoi Son cœur se réjouissait et Sa gloire tressaillait de joie ; Sa chair reposait en assurance, car Jéhovah dans lequel Il se confiait, n’abandonnerait pas Son âme dans le hadès et ne permettrait pas que son Saint vît la corruption. « Ton saint » n’a pas ici le même sens que « les saints de la terre » ; les saints sont ceux qui sont mis à part, consacrés à Dieu ; « Ton saint » est celui qui marche pieusement, qui est agréable à Dieu, c’est Christ connu comme étant ainsi ; le même nom Lui est donné au psaume 89, 19 : « de ton saint ». Remarquons qu’il est dit : Ton saint, celui qui appartient moralement à Dieu par la perfection de Son caractère. Les chrétiens sont tels, mais pleins d’imperfections ; ils sont saints, mis à part pour Dieu, mais ils sont aussi les « élus de Dieu, saints et bien aimés », et doivent marcher comme tels, revêtant le caractère de grâce selon lequel Christ marcha ici-bas.

La première partie de Colossiens 3 montre cette vie pleinement déployée en nous ; Éphésiens 1, 4 en montre le résultat parfait. Cette confiance de l’âme pieuse en la fidélité de Jéhovah, le raisonnement de la foi qu’il ne peut en être autrement et la conscience d’être les délices de Dieu, tout cela est fort beau dans ce psaume. Il n’est pas dit : « Tu me feras ressusciter » ; mais il est impossible pour Celui en qui habite la puissance de la vie, que Jéhovah laisse dans le hadès, loin de Lui dans la mort, l’âme qui possède cette vie, et qu’Il abandonne à la corruption l’objet de Ses délices. Cette confiance et cette conclusion morales sont de toute beauté. « Il était impossible, dit Pierre, qu’il fût retenu par elle » ; cela peut se rapporter à la personne de Christ, mais sa puissance ne saurait être séparée de cette grâce[1]. La même confiance découlant de la vie en Lui se manifeste en ce qu’Il est sûr que Jéhovah Lui indiquera le sentier de la vie. C’est ici la perfection de la foi par rapport à la vie, mais cette foi est en Jéhovah. « Tu me feras connaître le sentier de la vie », peut-être à travers la mort, car si Christ devait être parfait devant Dieu, c’est là que conduisait ce sentier, mais non point pour y rester, sans quoi ce sentier n’eût pas été celui de la vie. Jéhovah ne pouvait pas Lui en indiquer d’autre. L’homme, en dépit des avertissements, avait pris le sentier de la mort, le sentier de sa propre volonté et de sa désobéissance ; mais Christ est survenu, l’homme obéissant. Il n’y avait pas de sentier pour l’homme dans le paradis, pas de sentier naturel de vie dans le désert du péché. L’homme n’avait pas la vie en lui-même ; quel sentier de la vie nouvelle et divine en l’homme pouvait-il donc y avoir pour l’homme, dans un monde de péché au milieu d’hommes déjà séparés de Dieu ? La loi, il est vrai, en avait indiqué un, mais ce sentier-là n’avait servi qu’à manifester l’état pécheur de la nature humaine ; il fit connaître le péché et l’intensité du péché. Christ qui avait la vie, aurait, sans aucun doute, pu garder ce sentier, même Il le garda parce qu’en Lui il n’y avait pas de péché ; toutefois, de cette manière, comment s’associer à nous qui sommes pécheurs ? Mais dans un sentier de foi, Il pouvait s’associer à ceux qui étaient vivifiés par la Parole, confessant leurs péchés, non point observateurs de la loi, jugeant le mal, séparés des pécheurs par la grâce qui les vivifiait et suivant non pas le sentier du monde, mais le sentier de la foi à travers le monde vers l’accomplissement définitif de la vie divine, qui n’était pas sur la terre et ne pouvait être atteint qu’en passant par la mort de la chair. Christ n’avait en soi rien à juger, rien à confesser, rien à quoi ou pour quoi Il eût dû mourir ; mais Il pouvait marcher dans le sentier saint de la foi à travers le monde, sentier dans lequel les hommes eux-mêmes, vivifiés par la grâce, devaient marcher ; mais pour eux, ce sentier saint conduisait nécessairement à travers la mort, car il existait une vie de péché. Christ aurait pu s’isoler, appeler à Son aide douze légions d’anges et monter au ciel ; mais, je le dis avec révérence, quoiqu’une telle conduite eût été juste en ce qui Le concerne, devenir homme pour agir ainsi n’aurait pas eu de sens. Non seulement Christ meurt pour nous (la vie, non pas l’expiation, est le sujet de ce psaume), mais s’étant proposé de nous accompagner, même de nous précéder, Il parcourt ce sentier à travers la mort, afin d’en détruire pour nous le pouvoir. Comme Il avait vaincu auparavant la puissance de Satan dans ce monde, de même Il la détruisit dans la mort, mais dans les deux cas, ce sentier, Il le parcourt seul ; les disciples ne pouvaient pas Le suivre aussi loin, avant qu’Il eût anéanti la puissance de Satan : « Tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras ci-après » ; ni la force de volonté, ni l’affection n’étaient suffisantes. Mais une fois mort au péché et fortifié par la force de Christ, Pierre, comme Christ, put se laisser lier et emporter par un autre là où la nature refusait d’aller. À partir du baptême de Jean, Christ se joignit à ces « saints de la terre », marcha dans le sentier de la vie, parfaitement séparé du péché, attaché à Dieu seul, faisant Sa volonté, et fut l’exemple de ce sentier de la vie en un homme ; puis étant mort au péché, Christ vit pour Dieu là où cette vie a son plein couronnement, là où le mal n’existe plus. Christ agit ainsi par la foi tout le temps de Son séjour terrestre, mais comme homme en un monde séparé de Dieu et prenant la Parole pour Son guide, vivant de chaque parole issue de la bouche de Dieu, comme aussi nous devons le faire. La résurrection a démontré la perfection d’une vie constamment en accord avec l’Esprit de sainteté. Mais maintenant, Christ vit de cette vie là où elle a sa place propre, et c’est cela qu’Il anticipe, quoique à travers la mort, dans une vie qui n’a jamais discontinué : « En ta présence il y a rassasiement de joie ». Cette présence, sans cesse l’objet de Ses délices, est maintenant Sa joie parfaite : « À ta droite (la puissance divine L’a introduit dans cette place de pouvoir et de bon plaisir, témoignant ainsi qu’Il était parfaitement agréable à Dieu) il y a des plaisirs pour toujours ».

Voilà la vie telle qu’elle est avec Dieu, la vie manifestée comme un homme dans ce monde, s’associant aux saints de la terre et marchant dans le même sentier qu’eux (ce n’est pas Christ les unissant à soi), la vie devant Dieu et regardant toujours à Lui, une vie que ni l’homme innocent, quoique sans péché, ni l’homme pécheur ne pouvaient connaître, une vie dont, en réalité, on ne devait pas vivre dans le paradis et dont on ne pouvait pas vivre comme appartenant au monde, mais une vie pour Dieu à travers le monde, se proposant toujours Jéhovah devant soi. Telle est la vie que nous devons vivre. « Je suis crucifié avec Christ ; toutefois je vis, mais non pas moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis étant dans la chair, je le vis par la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi ». Christ, ce psaume le montre, vécut de la vie de la foi et ne vécut jamais que de foi ; et ce fut là Sa perfection dans ce monde : il n’y en a pas d’autre pour l’homme. C’est une vie qui n’a pour objet que Dieu Lui-même, qui n’a, chose merveilleuse, pas un seul objet dans ce monde ; car autrement ce n’est pas la foi, mais la vue ou la jouissance de la chair. L’homme innocent n’avait pas de désir, il jouissait paisiblement de la bonté de Dieu ; l’homme séparé de Dieu a beaucoup de désirs, mais tous ils détournent son cœur de Dieu et aboutissent à la mort. Moralement séparé de Dieu, il peut trouver la famine dans le pays sans que Dieu soit l’objet de son cœur. Mais la vie nouvelle qui descend d’auprès du Père, regarde avec désir vers sa source et devient en l’homme cette nature qui tend vers Dieu, qui a le Fils de Dieu pour objet, comme le dit Paul : « afin que je gagne Christ ». La vie nouvelle n’a aucune part dans ce monde, et comme vie en l’homme, elle regarde à Dieu, s’appuie sur Dieu, sans chercher d’autre soutien, obéit à Dieu et ne peut vivre que de foi. Mais c’est une vie d’homme, elle ne va pas jusqu’à Dieu. Dieu comme tel, est saint, juste, Il est amour, mais ne peut évidemment vivre de foi, Lui qui en est l’objet. Cette vie n’est pas non plus précisément la vie des anges, quoiqu’ils soient saints, obéissants et pleins d’amour ; c’est la vie de l’homme vivant entièrement pour Dieu et en vue de Dieu dans un monde qui s’est détourné de Lui, vivant ainsi par la foi ; car il ne s’agit pas ici seulement d’un service ; les anges sont des serviteurs quoique ne vivant pas moralement de cette vie, puisque la vie est descendue du ciel : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde », dit Christ. Toutefois, quant à notre place d’hommes, nous sommes du monde, par conséquent nous devons vivre de manière à ne pas en être moralement, à ce que l’objet de notre vie soit entièrement en dehors du monde, mais vivant pour Dieu, sans quoi ce serait de l’idolâtrie. Ainsi, tandis que cette vie est une vie d’homme et rien de plus, cependant elle doit être absolument pour Dieu selon la nature de Dieu ; ce en quoi elle vit, elle le vit à Dieu. Le Père vivant avait envoyé Christ, et Christ vécut (δια τον Πατερα) à cause du Père ; ainsi Il dit : « Celui qui me mangera, celui-là vivra à cause de moi ». Dieu, comme motif, est la mesure de perfection, par conséquent aussi comme jouissance, et le cœur se moule entièrement sur Lui. Cette vie de l’homme, Christ la commença et l’acheva tout entière. C’est hors de cette vie que Satan cherchait à Le faire sortir dans le désert, pour avoir une volonté à Lui, changer les pierres en pain, cesser de se confier en Dieu, éprouver si Dieu accomplirait ou non Sa promesse, et enfin pour se proposer un objet de désir : les royaumes du monde. Cette dernière chose aurait détruit la nature même de la vie de Christ, et Satan pleinement découvert est aussitôt chassé. Christ ne voulait pas quitter Sa place d’homme dans la dépendance, l’obéissance et la confiance illimitée en Jéhovah. Son sentier ici-bas était avec les excellents de la terre, parfait dans la vie qui était descendue du ciel, mais dont il fallait vivre sur la terre en regardant au ciel. Quels que soient les privilèges de notre union à Christ, il est très important que le chrétien vive dans la crainte de Dieu et dans la foi en Lui, selon la vie de Christ. Il ne s’agit pas de notre responsabilité humaine sans loi ou sous une loi comme fils d’Adam ; c’en est fait de nous sur ce terrain-là, mais de la responsabilité de la vie nouvelle de la foi, étrangère et voyageuse ici-bas, vie descendue du ciel. « Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est en Son Fils ; celui qui a le Fils a la vie » ; c’est une vie dont l’homme vit en traversant ce monde, mais qui est en dehors du monde quant à son objet, une vie de foi, qui trouve en la présence de Dieu un rassasiement de joie. Une vie d’homme, quoique parfaite pour Dieu et dans sa joie en Lui, ne va pas jusqu’à Dieu. Voilà ce que fut Christ, et bien plus que cela ; voilà aussi ce que nous sommes en tant que chrétiens ; seulement, n’oublions pas que le développement de cette vie en nous n’est pas, comme dans ce psaume, en rapport avec le nom de Jéhovah, mais avec la pleine révélation du Père et du Fils. L’Être béni qui vécut ainsi comme homme sur la terre est maintenant assis comme homme à la droite de Dieu où il y a des plaisirs pour jamais ; Il est avec Celui en la présence duquel il y a rassasiement de joie. Sa chair n’a pas vu la corruption et Son âme n’a pas été abandonnée dans le séjour des morts. Pour la joie qui Lui était proposée, Il a méprisé la honte et enduré la croix, Lui le chef et le consommateur de la foi.

Le psaume 16 nous a montré la vie spirituelle intérieure de Christ, par conséquent aussi la nôtre, aboutissant à la joie ineffable de la présence de Dieu. Le psaume 17 considère cette vie au point de vue pratique ici-bas et en rapport avec les difficultés qu’elle rencontre au milieu des hommes opposés à ce qui est juste. L’âme est toujours encore dans une entière dépendance de Dieu, mais quant à son intégrité vis-à-vis de Lui, et en opposition à l’homme, elle peut faire appel à la justice. Cependant elle ne se venge point elle-même, mais comptant pleinement sur Dieu, elle profite de ses actes de justice. Ne pas se venger soi-même, montrer la patience de la vie nouvelle au milieu du mal, regarder à Dieu et tout Lui remettre — voilà le grand secret de la sagesse pratique. Cela suppose une marche intègre dans le sentier de la vie divine et ainsi la possibilité d’en appeler au jugement nécessaire de Dieu quant à cette marche, par la connaissance de ce qu’Il est et la confiance en Lui ; mais même alors, il s’agit de délivrance, non point de vengeance, pourvu seulement que les plans des iniques soient déjoués. Si nous n’avons pas marché d’une manière intègre, la confiance en Dieu est encore notre vraie place ; Il épargne et restaure en grâce, car Il est abondant en miséricorde. Mais ce point-là, quoique d’autres psaumes s’en occupent, n’est pas le sujet de celui-ci. Ici, la chose dont il est question, c’est la vie intègre à laquelle Dieu a égard et qu’Il défend contre les hommes de ce monde ; car il s’agit de Christ et des chrétiens pour autant qu’ils vivent de la vie de Christ, quoique l’application directe de ce psaume soit, comme toujours, à Christ et au résidu. Jéhovah écoute les justes et prête l’oreille à la prière qui ne part point de lèvres trompeuses. Remarquons que dans ce psaume, la vie de Christ est présentée comme rencontrant, dans le monde, l’opposition et l’hostilité des hommes du monde. Nous avons vu comment cette vie, associée aux saints de la terre, était séparée de la terre, la traversant comme étrangère, quoiqu’en habitant humainement ; mais (preuve d’une entière confiance en Dieu) la foi sait que les hommes de ce monde sont des hommes que Dieu a dans Sa main ; ils servent à éprouver le cœur et, pour ce qui nous concerne, à nous garder étrangers dans ce monde auquel nous risquons sans cesse de nous mêler. Toutefois, Dieu délivre de ces hommes-là. Pour des raisons bénies, Christ ne fut pas délivré, aussi se livrait-Il volontairement. Le cœur a le sentiment de son intégrité et compte par conséquent sur la délivrance ; mais il n’y a aucun esprit de vengeance. C’est l’Esprit de Christ Lui-même, plus élevé par conséquent que l’esprit du résidu, et bien plutôt l’esprit du chrétien. Il y a la conscience de la justice et de l’intégrité, mais une entière dépendance du Seigneur à ce sujet, non pas pour ce qui concerne la justification, il ne s’agit pas de cela ici, mais pour ce qui concerne la délivrance. « Je ne sais rien de moi-même, dit Paul, mais je ne suis pas justifié pour cela » ; « si notre cœur ne nous condamne pas, alors nous avons confiance en Dieu ». Jésus dit : « Le Père ne m’a pas laissé seul, car je fais toujours les choses qui Lui plaisent ». Il y a conscience de justice et confiance en Dieu ; le cœur en appelle à Lui à cause de la justice. Tout cela est juste, c’est une idée juste de Dieu que d’avoir la confiance qu’Il ne saurait être inconséquent avec Lui-même.

Mêler à cette pensée un désir de vengeance, c’est en déchoir. Voici d’autres traits qui caractérisent cette vie consciente de sa justice. Non seulement la marche est droite, mais aussi le cœur est éprouvé, les mouvements secrets du cœur sont seuls avec Dieu. Lorsque les reins instruisent, Dieu sonde, mais Il ne trouve rien. Absolument vrai de Christ, cela est aussi vrai du chrétien quant au propos arrêté de son cœur et pour autant qu’il ne cache rien à Dieu ; cela peut arriver même après une chute, mais alors dans une entière profonde humiliation : « Tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime ». Même chose en Job qui avait la ferme conscience de son intégrité malgré ses fautes. Les errements de la nature humaine devaient être réprimés et jugés, et il ne put le faire qu’après s’être humilié en la présence de Dieu. Dieu rend témoignage à Job qu’il s’était pendant longtemps maintenu intègre sous tous les rapports ; il agissait comme devant Dieu en toute occasion, mais sans se connaître lui-même comme il le fallait. Christ a toujours marché de cette manière, et toutes les épreuves de Son cœur ne trouvèrent jamais autre chose que de l’intégrité devant Dieu ; voilà ce qu’Il se proposait, mais Sa bouche aussi n’a point transgressé. Il était un homme parfait, comme le dit Jacques. Puis à l’égard des actions des hommes, car Il marcha comme un homme dans ce monde, fidèle à la Parole de Dieu, Il s’est gardé des sentiers de l’homme violent. Là, point d’orgueil, mais une entière dépendance de Jéhovah dans le droit sentier : « Maintiens ferme ma marche en tes sentiers, de peur que mes pas ne chancellent ». Telle fut en pratique la vie de Christ dans ce monde ; c’étaient là Sa vie et Sa marche en elles-mêmes.

Dans ce qui suit, à partir du verset 6, cette vie intègre est présentée comme s’attendant à Dieu en face de l’opposition et de l’hostilité qu’elle rencontre de la part des méchants. La bonté et l’amour de Jéhovah sont l’unique appui en présence de l’ennemi ; voilà encore la perfection. Le sentier de Christ était avec Dieu : point de concession pour plaire aux hommes et se délivrer de leurs mains, aucune plainte de ne pas avoir sa portion en ce monde, et Il voit sans envie la prospérité des hommes. La foi mise à l’épreuve reste la foi. Si nous avons confiance en Dieu et qu’Il soit notre portion, nous avons courage pour marcher dans Son sentier et ne pas trouver de satisfaction pour la nature ; mais c’est de la foi. Autrement, on cherchera à accomplir les désirs du cœur naturel, et on risquera de céder, afin d’obtenir ce que la nature demande et que le monde donne — de la balle qui brûle au feu. Mais le cœur de l’homme a besoin de quelque chose : s’il a le Seigneur, cela lui suffit ; en voilà la preuve. Nous trouvons dans ce psaume la perfection quant au cœur et quant au sentier dans ce monde. Le grand secret, c’est d’avoir le cœur rempli de Christ et de marcher ainsi selon la volonté de Dieu. Alors il n’y a plus de place pour les désirs et les actions qui harassent l’âme, et desquels l’égoïsme est toujours le centre, comme Christ est le centre du cœur qui marche dans la foi ; alors l’âme a toujours devant elle le résultat béni de « sa présence dans la justice ». Remarquez ces mots : dans la justice ; ce n’est point ici la joie absolue en Dieu dont parle le psaume 16, mais la justice qui procure la joie en la présence de Dieu à ceux qui ont souffert pour elle et à cause d’elle ici-bas, dans les sentiers de Dieu, au milieu d’un monde hostile, en renonçant à eux-mêmes. « Dieu n’est pas injuste pour oublier »« C’est une chose juste devant Dieu qu’il vous donne du repos avec nous ». Le cœur est satisfait, non pas ici précisément de ce que Dieu est, mais de ce que nous sommes. « Je me réveillerai à ta ressemblance » — « nous Lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’Il est ». Nous sommes prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils, afin qu’Il soit le premier-né entre plusieurs frères. Prendre de saintes délices en Dieu, se proposer toujours Dieu devant soi, conduit à des délices parfaites et à une parfaite joie en Lui, lors de leur accomplissement en Sa présence. La fidélité à Dieu intérieure et extérieure, au milieu d’un monde qui nous est hostile et peut-être nous persécute, aboutit à une juste récompense de gloire et à la présence de Dieu en justice. Ces deux choses sont parfaites en Christ, et par Son moyen elles sont la portion des saints. Les versets 7-12 contiennent une application générale à ceux qui sont associés à Christ ; mais, quoique applicable au résidu, ce psaume montre la propre perfection de Christ, et ainsi celle du chrétien. Le psaume 17 s’occupe de la délivrance ici-bas, tandis qu’au 16, il s’agissait de la vie avec Dieu parfaite en sa marche, à travers la mort, vers la plénitude de joie en Lui et dans Sa présence. Ici, au contraire, il est fait appel à une juste délivrance des hommes, et c’est ce qu’il est aussi permis aux chrétiens de désirer quoiqu’ils puissent être honorés du martyre à l’exemple des souffrances en Christ ; « le Seigneur me délivrera de toute œuvre mauvaise et me conservera pour son royaume céleste », dit l’apôtre. Comme marchant dans le sentier de la justice, l’âme peut compter sur Dieu en face de toutes les machinations des hommes iniques. Celui qui marche ainsi, Dieu le délivre par Sa droite. S’il a failli, il peut avoir la confiance d’être restauré. Mais il y a un sentier de justice tracé par Christ ici-bas en un monde de péché ; Il nous a laissé les traces bénies de Ses pas et les témoignages des pensées de Son cœur, afin que nous marchions dans ce sentier et que nous en vivions.



  1. Grâce qui était en Sa personne.