Traité:Les temps de la fin

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ou l’heure de l’épreuve et le jour de la colèreH. Rossier 1915

Les événements qui se déroulent depuis une longue année ont prouvé, à ne pas s’y méprendre, ce que l’on peut attendre du cœur naturel des hommes. Le péché sous toutes ses formes : la violence et le mensonge, l’orgueil et l’ambition, l’injustice, la dureté de cœur, la cruauté, la jalousie et la haine implacable, la ruse et l’espionnage abject, l’égoïsme féroce, la calomnie, se donnent partout libre jeu.

Des hommes, doués par nature de conscience et de noblesse relative, mais qui n’appartiennent pas à la famille de Dieu, sont indignés de tout ce mal et, devant ce débordement des passions, n’ayant jamais appris à se juger eux-mêmes, en arrivent au mépris hautain de l’humanité. D’autres, sur lesquels le christianisme a exercé une influence bienfaisante, sans toutefois les avoir amenés à la repentance, font des efforts considérables et qu’on aurait tort de méconnaître, pour remédier à toutes les misères matérielles et morales, à tous les fruits du péché, portés par cette guerre sans merci. D’autres enfin, ayant compris, sous l’action du Saint Esprit et de la Parole dans leurs cœurs, que l’homme est perdu, et ayant trouvé à la croix de Christ le remède à leur propre état de péché, se sentent poussés à présenter aux âmes le salut, source même de leur bonheur, tout en désirant être les premiers dans les bonnes œuvres envers toutes les victimes infortunées de cette terrible guerre.

Tous ceux dont nous venons de parler sentent unanimement que cet état de choses ne peut durer longtemps, mais, ignorant que l’état du monde est sans ressource, plusieurs pensent que la victoire de leur parti amènera une ère de paix, de justice, de sécurité, qui leur permettra de jouir d’un repos durable, si chèrement acheté ; tandis que les chrétiens, instruits par les Écritures, ne partagent pas leurs illusions sur l’avenir du monde. Ils savent qu’une période de jugements se prépare, consistant en désastres beaucoup plus terribles que la calamité présente ; ils savent qu’avant la destruction finale de la terre, mais après une période de malheurs où elle sera battue comme un tapis qu’on secoue pour en chasser les ordures, un « royaume inébranlable », un règne de justice et de paix, sera établi sous le sceptre glorieux du Seigneur (Héb. 12, 26-28).

Cependant le courant actuel de l’iniquité déborde avec une telle force que, parmi les chrétiens véritables, plusieurs se demandent si nous ne traversons pas les temps de la fin, si nous ne sommes pas arrivés à ce « commencement de douleurs » (Matt. 24, 8) qui précède le « jour du Seigneur » (2 Thess. 2, 2), nommé dans l’Ancien Testament « le jour de l’Éternel ». Or, quelque calamiteux que soit le temps présent, nous pouvons affirmer, par la Parole, que cette pensée est erronée. C’est la venue du Seigneur pour enlever Ses saints, qui sépare le temps actuel, le jour de la grâce, du jour des jugements. Cette venue, les fidèles doivent l’attendre à toute heure du jour ou de la nuit, car « ils ne savent pas quand le maître de la maison viendra, le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou au matin » (Marc 13, 35). Or, il est impossible de s’y méprendre, nous sommes encore au jour de la grâce. S’il en était autrement, Dieu n’ajouterait pas chaque jour, par la conversion, de nouvelles âmes au nombre des élus pour le compléter, car le Seigneur viendra dès que le dernier croyant de l’économie actuelle aura été ajouté à Son peuple céleste ; — s’il en était autrement, l’Église de Christ ne serait plus ici-bas.

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Quand nous parlons du « jour des jugements » nous n’ignorons pas que, pendant la période de la grâce, divers jugements de Dieu sont venus rappeler aux hommes, en les poussant à la repentance, que Dieu est juste et ne peut supporter le mal. S’ils ont oublié la justice (et leurs actes, opposés à l’affirmation qu’ils combattent pour la justice, le prouvent suffisamment), ne trouvent-ils pas dans les événements présents une occasion de s’en souvenir ! « Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice » (És. 26, 9). La grande patience de Dieu peut supporter longtemps l’iniquité ; il en fut ainsi dans le cas de Saül (2 Sam. 21) ; il en est ainsi dans tous les âges : les hommes oublient leurs actes injustes, mais Dieu s’en souvient. Tout à coup, après des années peut-être, un jugement inattendu, fondant sur tel ou tel peuple, vient prouver que Lui n’a rien oublié. Toute injustice des hommes recevra une juste rétribution devant le grand trône du jugement final, mais il convient souvent à Dieu de faire connaître aux jours actuels, dans le gouvernement du monde, et avant le jugement des morts, Sa justice et Son horreur du péché, pour réveiller à salut la conscience des hommes. Sa conduite passée envers les nations sans loi, envers le peuple d’Israël sous la loi, en est la preuve ; et, à bien plus forte raison, Ses jugements présents, dans le jour de la grâce, ont-ils pour but le salut des hommes.

Aujourd’hui, c’est donc en vue du salut, que le Seigneur, tantôt juge le mal, tantôt aussi le supporte avec patience : « La patience de notre Seigneur est salut » (2 Pier. 3, 15). Il engage l’Assemblée de Ses rachetés à faire comme Lui. « Parce que tu as gardé la parole de ma patience », dit-Il, « je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Je viens bientôt » (Apoc. 3, 11).

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La parole que nous venons de citer est digne de la plus sérieuse attention. Les croyants qui forment l’Église de Christ, Ses témoins dans le jour de la grâce, ne sont pas dans l’heure de l’épreuve, puisqu’ils en seront gardés. La venue du Seigneur aura lieu avant cette heure pour les en garder dans le ciel. Remarquez que l’Assemblée sera gardée, non seulement de la scène, mais de l’heure de l’épreuve. Il n’en sera pas ainsi du résidu futur d’Israël qui fuira « dans le désert, en son lieu, loin de la face du serpent » (Apoc. 12, 14). Il trouvera un lieu de refuge, préparé pour lui, au milieu de la scène même du jugement. Tout en étant gardé, il ne le sera ni de la scène, ni de l’heure ; mais l’Assemblée sera absolument conservée, dans les lieux célestes, hors de la scène où l’épreuve s’abattra, hors du temps où elle sévira, car ce n’est pas au ciel que les heures se comptent.

Ce passage nous enseigne encore une autre vérité : « L’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière » aura pour but « d’éprouver ceux qui habitent sur la terre » et non pas d’éprouver l’Assemblée. Depuis une année, les chrétiens traversent de nouveau un temps très angoissant d’épreuve. Le Seigneur avait formé Son Église ici-bas pour être, en Son absence, Son témoin fidèle par une vraie séparation du monde, mais elle s’y est plus ou moins assimilée, perdant sa sainteté pratique et son témoignage. L’épreuve présente l’y rappelle.

Cependant, souvenons-nous-en, l’épreuve du peuple de Dieu diffère essentiellement de l’épreuve du monde. La première épître de Pierre (chap. 4, 12-19) nous renseigne sur le caractère de l’épreuve chrétienne et sur son but. Le feu ardent de la persécution était venu sur les chrétiens pour leur épreuve. Il était pour eux, d’une part, un privilège, puisqu’ils participaient ainsi aux souffrances qui avaient conduit leur Seigneur et Sauveur de la croix à la gloire ; mais ce feu ardent était, d’autre part, un jugement actuel sur eux, une discipline, destinée à les purifier et à réveiller leur espérance. Eux, qui étaient mis à l’abri du jugement à venir, avaient un urgent besoin de cette discipline. « Le temps était venu de commencer le jugement par la maison de Dieu ». Jamais, sans cela, ils n’auraient pu atteindre le salut, c’est-à-dire la victoire finale. Il en est de même pour nous aujourd’hui.

Tout autre est l’épreuve du monde, de « ceux qui habitent sur la terre », en contraste avec l’Assemblée, dont la bourgeoisie est dans les cieux. C’est de cette épreuve-là, encore future, que nous parle le verset de l’Apocalypse, cité plus haut. Elle n’a pour but, ni de purifier les hommes, ni de les améliorer, mais de les appeler à la repentance. Toutes les dispensations actuelles de Dieu envers le monde, sous l’économie de la grâce, n’ont, de fait, pas d’autre but. Dieu soit béni, par l’action du Saint Esprit, ces appels sont souvent entendus et un grand nombre d’âmes reçoit aujourd’hui le salut par la conversion. Mais l’épreuve future des « hommes qui habitent sur la terre »[1] — car tel sera leur caractère, toujours plus accentué, après l’enlèvement de l’Église dans le ciel — différera entièrement de l’époque actuelle, en ce que les hommes, ayant définitivement rejeté les appels de la grâce, ne seront plus mis à l’épreuve que par les jugements, quoique l’occasion soit encore laissée à la repentance.

Le Pharaon, du temps de Moïse, en est un exemple frappant. Lors des cinq premières plaies il endurcit son cœur pour ne pas laisser aller les fils d’Israël. C’est pour lui l’heure de l’épreuve, où la repentance était encore possible. Lors des deux plaies suivantes l’Éternel, comme à regret, endurcit son cœur (comp. Ex. 9, 12 avec le verset 35), puis l’endurcit définitivement dans les trois dernières plaies pour que désormais il n’écoute pas, ni ne se repente. L’heure de l’épreuve est passée, l’heure de la colère a sonné. Or la Parole nous apprend qu’au jour de l’épreuve dont il est parlé, pareils au Pharaon, les hommes refuseront de se repentir. En effet, l’heure de l’épreuve dont nous parlons et qui suivra immédiatement l’enlèvement de l’Église, ne portera pas de fruits dans les cœurs. Au moment où elle se terminera, avec la sixième trompette, ou deuxième trompette de « malheur », il est dit : « Et les autres hommes, qui n’avaient pas été tués par ces plaies, ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains… ils ne se repentirent pas de leurs meurtres, ni de leur magie, ni de leur fornication, ni de leurs larcins » (Apoc. 9, 20-21).[2]

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Comme nous venons de le voir, la période de l’histoire du monde à laquelle nous assistons est le jour de la grâce, le temps favorable, le jour du salut, dans lequel beaucoup de pécheurs sont arrachés au jugement final. Elle est aussi le temps où les croyants sont éprouvés et jugés (car, dans l’avenir, ils ne viendront point en jugement) pour être formés pratiquement à l’image de Christ ou être restaurés s’ils ont perdu de vue leur témoignage.

La seconde période, encore future, est le jour de l’épreuve de ceux qui habitent sur la terre, épreuve à laquelle l’Église n’aura aucune part. Pendant cette période les hommes, si grandes seront leurs souffrances, si grande aussi leur ignorance du caractère de Christ, s’imagineront assister « au jour de la colère de l’Agneau » (Apoc. 6, 17) ; mais des jugements plus terribles encore leur seront réservés.

La troisième période est le jour de la colère. Elle commence au moment où Satan, « l’accusateur des frères », précipité du ciel sur la terre (Apoc. 12, 7-12), séduit « la terre habitée tout entière ». Les hommes sont abandonnés à son influence ; Dieu endurcit leurs cœurs, comme Il endurcit jadis le cœur du Pharaon. C’est Lui qui « leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thess. 2, 11-12). Ce jour est l’époque du règne de la Bête et du faux prophète (l’Antichrist) qui composent, avec le « serpent ancien », la trinité satanique ; l’époque encore de la fausse épouse, de la chrétienté apostate, sous le nom de la grande prostituée et de la grande Babylone. C’est aussi l’époque de la grande tribulation. Les « hommes qui habitent sur la terre » sont alors irrémédiablement perdus, mais Dieu se sert de la grande tribulation, suscitée par Satan, pour renouer Ses relations interrompues avec le peuple juif, et acquérir, au sein de cette nation incrédule, un résidu croyant, noyau futur de Son peuple terrestre (És. 10, 21-22).

Dans ce même temps Il sauve, par la prédication de « l’évangile du royaume », une grande multitude d’entre les nations, qui n’avait pas encore été mise en rapport avec le Christ.

Les hommes, séduits par Satan, rendent hommage à la trinité satanique et blasphématoire. « Les sept coupes de la colère de Dieu » (Apoc. 16, 1) n’ont sur eux d’autre effet que de leur faire blasphémer le Dieu du ciel, en sorte que même Sa colère ne les amène pas à la repentance. Le dernier acte de cette troisième période est la sortie de Christ du ciel avec Ses armées, pour anéantir Ses ennemis et « fouler la cuve du vin de la fureur de la colère du Dieu tout-puissant ». C’est le jour du Seigneur[3]. Alors commence le règne. Christ est proclamé publiquement « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc. 19, 15-16).

Les saints d’aujourd’hui n’ont pas plus à faire avec le jour de la colère qu’avec l’heure de l’épreuve. Ils seront à l’abri de l’un et de l’autre, dans la gloire, auprès de Celui qui les « délivre de la colère qui vient » (1 Thess. 1, 10) ; ils seront associés avec Lui dans le « jour du Seigneur » et dans Son règne. C’est ce que les Thessaloniciens n’avaient pas compris, ébranlés qu’ils étaient par le feu ardent de la persécution qui s’abattait sur eux pendant le jour de la grâce. De faux docteurs les troublaient en leur annonçant que le jour du Seigneur, c’est-à-dire le jour de Sa colère, était là (2 Thess. 2, 1, 2). L’apôtre les met en garde contre de telles suppositions qui n’étaient autre chose qu’un effort de Satan pour leur ravir l’espérance de la venue de Christ et de leur rassemblement auprès de Lui. Cette espérance était leur ressource pour affronter des jours si fâcheux qu’ils faisaient penser au jour de la colère. Elle est aussi notre ressource, à nous, chrétiens, au milieu des calamités de la crise présente. Veillons donc soigneusement à ce que l’ennemi ne détourne pas nos regards de la venue du Seigneur en les arrêtant sur les événements dont le monde est aujourd’hui le théâtre. Acceptons ces événements comme l’épreuve de notre foi et comme le jugement mérité de Dieu sur nous, chrétiens, Sa maison. Voyons dans ces jugements l’appel pressant, peut-être le dernier, de la grâce de Dieu aux pécheurs, mais ne nous laissons pas ravir notre espérance, comme si les temps de la fin étaient  !

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La grande prophétie du Seigneur, au chapitre 24 de Matthieu, a pour but de nous renseigner sur les temps de la fin et particulièrement sur « la consommation du siècle » (v. 3) en rapport avec les circonstances des disciples juifs. Il est nécessaire que nous considérions ce chapitre en détail, car aucune partie de l’Écriture ne prouve davantage que les temps de la fin ne concernent pas l’Église, mais le résidu juif et ceux qui sont convertis par son moyen.

Mais, avant d’entrer dans ce sujet, il est important d’écarter certaines objections qui pourraient troubler le jugement des chrétiens et les induire en erreur à l’égard des temps de la fin. Voici notre observation :

La prophétie de Matthieu 24 est encore mentionnée en Marc 13 et en Luc 21. Dans l’un et dans l’autre de ces deux évangiles elle est moins localisée au temps de la fin que dans l’évangile de Matthieu. En effet, les versets 9 à 11 de Marc 13 nous parlent de disciples juifs devenus chrétiens et de leurs persécutions (comparez Matt. 10, 17-22 ; 23, 34-35 ; Luc 12, 11-12). En rapport avec ce caractère, Marc ne parle pas, comme Matthieu 24, de « l’évangile du royaume », mais du simple évangile prêché par les apôtres dans toutes les nations, ce qui a lieu encore aujourd’hui. Les versets 12 à 15 de Luc 21 nous parlent d’une manière encore plus accentuée de la période actuelle, de ce qui, dit le Seigneur, aura lieu « avant toutes ces choses » (v. 12). Dans ce passage, les disciples chrétiens, issus du judaïsme (tels que les douze apôtres, puis Paul, Étienne, Jacques, etc.), seront persécutés, livrés aux synagogues, mis en prison, menés devant les rois et les gouverneurs, enfin mis à mort (v. 12-17). Jérusalem sera environnée d’armées (les armées romaines) ; les disciples qui sont au milieu d’elle devront s’en retirer (fait qui eut lieu historiquement) (v. 20-21) ; le peuple sera mené captif parmi toutes les nations ; enfin « Jérusalem sera foulée aux pieds des nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis » (v. 24).

Toutes ces choses ont trait aux jours qui suivirent la mort du Sauveur et qui, aujourd’hui même, ne sont pas encore arrivés à leur terme : Israël est toujours dispersé, Jérusalem, encore foulée aux pieds des nations ; c’est donc de la période actuelle qu’il s’agit ici. Elle est intercalée dans la description des temps de la fin dans le but de relier les souffrances du résidu juif futur avec celles des disciples juifs qui entouraient le Seigneur et formaient le résidu d’alors.

Nous ne poursuivons pas plus loin cette divergence si instructive entre les divers récits évangéliques[4], l’ayant mentionnée seulement afin d’éviter toute confusion au sujet de la prophétie de Matthieu 24. Cette dernière ne traite que des temps de la fin en rapport avec les circonstances du résidu juif. Elle distingue entièrement l’histoire de cette époque de celle de la période chrétienne, c’est-à-dire du jour de la grâce. Cette période forme le sujet exclusif du chapitre 25[5], car Matthieu procède toujours par grands tableaux d’ensemble. Nous nous occuperons donc uniquement, dans les pages suivantes, de ce que Matthieu 24, 1-44 nous enseigne.

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Le Seigneur venait de prononcer un jugement définitif sur Jérusalem et le peuple juif qui L’avait rejeté : « Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! » (23, 38-39). Alors « il sort et s’en va du temple » (24, 1), acte solennel par lequel Il abandonne déjà, en figure, cette maison au jugement prononcé contre elle. Il dit ensuite (v. 2) qu’il ne sera laissé du temple pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas, événement qui eut lieu environ trente ans plus tard. Les disciples désirent savoir 1° quand ces choses (la destruction du temple) arriveront ; 2° quel sera le signe de Sa venue (venue dont Il avait parlé au chapitre 23, 39) ; et 3° celui de la consommation du siècle. À la première question le Seigneur ne répond pas ici ; nous en avons trouvé les détails en Luc 21 ; mais Il aborde les deux autres.

Il parle en premier lieu de ce que nous avons désigné plus haut par : « l’heure de l’épreuve », pendant laquelle des bouleversements formidables auront lieu : « Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerre ». « Nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume ; et il y aura des famines, et des pestes, et des tremblements de terre en divers lieux » (v. 6, 7) ; de faux christs s’élèveront et séduiront plusieurs ; les disciples juifs seront haïs des nations et persécutés : plusieurs seront mis à mort (v. 5, 9, 10). Enfin « l’évangile du royaume sera prêché dans toute la terre habitée » (terme qui, comme nous l’avons vu, caractérise le monde des derniers jours) « pour servir de témoignage à toutes les nations » (v. 14). Tel sera le témoignage futur des disciples juifs[6]. Nous savons, d’après toute la prophétie de l’Ancien Testament, que ces disciples seront fidèles à la loi. C’est d’eux qu’il est dit, dès le début des Psaumes : « Bienheureux l’homme… qui a son plaisir en la loi de l’Éternel, et médite dans sa loi jour et nuit ». Aussi l’évangile de la grâce ne leur est pas confié[7]. Ces disciples prêcheront l’évangile du royaume ; ils annonceront parmi ces nations que le Messie, le roi d’Israël, le Fils de David, va établir Son règne, règne qui aura un caractère universel et éternel ; ils diront en tout lieu que le temps presse, qu’il faut se soumettre à Lui avant qu’Il paraisse comme juge et écrase Ses ennemis ; ils diront que ce jugement est à la porte.

Toute cette période si troublée, terminée par l’évangile du royaume, n’est cependant pour le monde qu’un « commencement de douleurs ». « La fin n’est pas encore » ; elle n’arrivera qu’après la prédication de l’évangile du royaume : « Alors », dit le Seigneur, « viendra la fin » (v. 6, 8, 14).

La période dont nous venons de parler, c’est-à-dire le commencement de douleurs, comprend tous les événements qui ont lieu entre la fin de l’économie de la grâce, amenée par la venue du Seigneur pour enlever les saints, et ce qui est appelé « la consommation du siècle » ou « la fin ». En cherchant où l’Apocalypse place cette période, nous sommes ramenés à ce que nous avons dit plus haut au sujet de « l’heure de l’épreuve ». Cette dernière comprend les chapitres 6 à 9 de l’Apocalypse, c’est-à-dire les sept sceaux et les six premières trompettes. Seulement il ne faut pas oublier que l’Apocalypse traite des jugements qui, dans cette période, s’abattront sur la chrétienté, tandis que l’évangile de Matthieu nous parle des souffrances traversées par les disciples juifs pendant cette même période. Ils sont formés, par l’épreuve, en vue de traverser la grande tribulation et deviennent les instruments de Dieu pour préparer le résidu des nations qui traversera cette tribulation avec eux, à recevoir le Seigneur, venant dans Son règne.

La période qui suit l’heure de l’épreuve est, pour le monde, celle de la colère de Dieu ; pour le résidu, celle de la grande tribulation ; pour tous, la consommation du siècle. « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (v. 13).

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La troisième période, avons-nous dit, est le jour de la colère de Dieu. Cette colère est déjà révélée du ciel contre toute impiété et iniquité des hommes (Rom. 1, 18). Elle sera exécutée dans « le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu » (Rom. 2, 5). Dans le chapitre 24 de Matthieu, elle s’ouvre au verset 15 et se termine au verset 28. Dans l’Apocalypse, elle s’étend depuis le chapitre 10 au chapitre 19[8].

Un événement capital en marque le début : Satan est précipité du ciel (Apoc. 12, 7-12). Dans sa fureur, sachant qu’il a peu de temps, il emploie trois instruments terribles pour conserver son règne ici-bas en s’opposant à Dieu par l’anéantissement des saints.

Le premier de ces instruments est « la Bête » des chapitres 13, 1-10 et 17, 11. Elle représente à la fois l’empire romain, jadis frappé à mort, maintenant ressuscité, et son chef, l’empereur romain à Rome. Cet empire, avec ses dix cornes qui sont dix rois ou royaumes, l’union des races latines, sort de la mer (13, 1). En langage symbolique, la mer est un état d’anarchie des peuples. Cet état n’a pas de rapport avec l’organisation présente des nations. Il est possible que la lutte à laquelle nous assistons le prépare ; car, pour un esprit attentif, la victoire ou la défaite des nations, maintenant en guerre, peut avoir comme résultat, proche ou éloigné, le triomphe des idées socialistes et anarchistes, les peuples se déclarant las d’être ruinés et conduits au carnage pour satisfaire l’orgueil et les ambitions de ceux qui les gouvernent, et s’estimant libres de leurs propres destinées.

Le second instrument de Satan est « la seconde Bête » du chapitre 13, 11 : l’Antichrist, le faux prophète, le faux Messie, l’homme de péché. Nous voyons ici le pouvoir spirituel, satanique, séducteur, blasphémateur, idolâtre et persécuteur, concentré dans un homme. Cette Bête monte de la terre. Elle ne sort pas de l’anarchie, mais, en langage symbolique, d’une organisation politique et religieuse qui fait profession d’être en relation avec Dieu. Que ce soit l’organisation juive nationale future ou toute autre, n’est-il pas frappant que l’organisation tant vantée de certains peuples ne conduise qu’à l’anti-christianisme ? Cette organisation trouvera son représentant dans un homme qui, d’une part, usurpera le titre de Messie et d’autre part s’opposera à l’idée chrétienne en niant le Père et le Fils. Les symptômes précurseurs de l’apostasie finale ne manquent pas de nos jours.

Le troisième instrument de Satan est la grande Babylone, la chrétienté apostate, la fausse église persécutrice, dernière évolution du romanisme idolâtre représenté par Thyatire, et de Laodicée, vomie de la bouche du Seigneur. La grande Babylone aura la prétention de dominer la Bête romaine, le pouvoir impérial avec ses dix rois, et sera finalement détruite.

Tout ce dont il vient d’être question n’est pas mentionné dans le chapitre 24 de Matthieu. La raison en est simple : ce chapitre ne traite pas, comme l’Apocalypse, de l’histoire finale de la chrétienté, mais des circonstances que traversent les disciples juifs, le résidu de la fin, pendant le sombre jour de la colère de Dieu sur le monde. Satan, précipité du ciel où il ne pourra plus accuser les saints de l’économie actuelle, introduits dans la gloire, tournera sa rage contre les fidèles du résidu. Il actionnera toutes les puissances terrestres et « les hommes qui habitent sur la terre » contre Dieu et Son Christ qu’il persécutera dans la personne de Ses témoins. L’Apocalypse ne mentionne ce résidu juif qu’incidemment, pour le situer dans le cadre des événements de la fin : tel les cent quarante-quatre mille scellés du chapitre 7, les témoins dont l’histoire est racontée dans le contenu du « petit livre » (chap. 10 à 11, 13), enfin la femme poursuivie par le dragon au chapitre 12, 13-17. Mais, par contre, l’Apocalypse fait ressortir l’existence du résidu d’entre les nations, d’une immense multitude (7, 9-17) convertie par l’évangile du royaume, et nous parle de ses souffrances et de son triomphe final.

Nous avons dit que l’expulsion de Satan hors du ciel inaugure le temps de la colère de Dieu sur le monde, mais aussi le temps de la furieuse activité de l’ennemi, dont le premier acte, en réponse aux jugements divins qui s’abattent sur la terre, est de provoquer la grande tribulation. Elle a pour but d’anéantir le témoignage de Dieu dont le résidu juif est le fidèle représentant. Elle cherche donc à l’atteindre à Jérusalem, dans le lieu même où, selon le prophète Daniel et selon les Psaumes, il s’est formé après la rentrée de la nation juive incrédule dans son pays[9]. Le signal du début de la grande tribulation sera l’établissement d’une idole, « l’abomination de la désolation », dans le temple de Jérusalem, rebâti et rendu au culte judaïque sous la garantie du chef de l’empire romain (Dan. 9, 27). Daniel parle de cet événement prophétique au chapitre 12, 11 de son livre[10] et le Seigneur le recommande à la sérieuse méditation de Ses disciples (Matt. 24, 15), car il inaugure la dernière demi-semaine de Daniel, ou les trois ans et demi de la grande tribulation et de la colère de Dieu. La durée de cette période nous est confirmée par un grand nombre de passages[11], tandis que la durée de la période précédente, de l’heure de l’épreuve et du commencement de douleurs, nous est inconnue.

La période de la grande tribulation se terminera à « la venue du Fils de l’homme » (24, 27). Quoiqu’elle ait un caractère plus spécialement juif, la grande tribulation atteindra toute chair (v. 22). La multitude des sauvés d’entre les nations la traversera aussi bien que le résidu juif (Apoc. 7, 14), mais personne ne sera à l’abri de cette tourmente. Si Satan la suscite contre les élus, Dieu la permet pour les purifier, et Sa colère l’emploie pour le jugement des hommes qui « habitent sur la terre ». Au point de vue exclusivement juif, elle est appelée la détresse de Jacob[12]. Cette détresse de Jacob, nous la rencontrons constamment sous le nom de détresse (tsar, tsarah) dans les prophètes et dans les Psaumes[13]. C’est d’elle qu’il est spécialement question en Matthieu 24.

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Nous avons déjà parlé des agents sataniques de la grande tribulation. Revenons encore une fois sur les trois classes de personnes qu’elle affectera particulièrement : la première, pour y trouver son jugement, les deux autres, en vue de leur délivrance finale.

1° La première est la chrétienté adultère, représentée dans le temps actuel par Thyatire, le romanisme, avec « la femme Jésabel qui se dit prophétesse » (Apoc. 2, 20), et dans un temps futur par « la grande Babylone », la « grande prostituée », la chrétienté apostate et idolâtre (Apoc. 17, 1-7). Ce système existe aujourd’hui en germe, en Jésabel, mais subira son jugement dans l’avenir, car le Seigneur dit : « Voici, je la jette sur un lit et ceux qui commettent adultère avec elle dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de leurs œuvres ; et je ferai mourir de mort ses enfants » (Apoc. 2, 22). Ce système acquerra son plein développement après l’enlèvement de l’Église. Il peut être envisagé au point de vue religieux (Apoc. 17), ou au point de vue civil et mondain (Apoc. 18). Après l’avoir supporté quelque temps, le pouvoir politique, représenté dans le monde occidental par les « dix rois », anéantira « la prostituée », « mangera sa chair et la brûlera au feu » (Apoc. 17, 16). Elle avait prétendu s’emparer de la puissance religieuse, contrairement aux vues de l’Antichrist ; et de la puissance politique (la Bête sur laquelle la femme est assise) contrairement aux vues du pouvoir impérial. C’est alors que la tribulation tombera sur cette fausse épouse, devenue un poids insupportable pour ceux qui l’avaient d’abord tolérée comme agent de persécution, mais qui sont ensuite les instruments inconscients du terrible jugement de Dieu sur elle. Toute la civilisation attachée à ce qui s’appelle aujourd’hui la chrétienté, à ce qui sera alors Babylone, sera anéantie. En un seul jour viendront ses plaies ; en une seule heure, toutes ses richesses accumulées seront changées en désolation (Apoc. 18, 8, 10, 19).

2° La seconde classe comprend « une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toutes nations, et tribus, et peuples, et langues » (Apoc. 7, 14). L’évangile de la grâce, n’étant point parvenu à cette multitude pendant la période actuelle, elle se convertira à l’ouïe de l’évangile du royaume (Matt. 24, 14 ; Apoc. 14, 6). Cet évangile du royaume, nous l’avons dit plus haut, est la bonne nouvelle portée par les disciples juifs (le résidu de Juda), d’abord parmi les villes d’Israël, puis parmi les nations. Ils annoncent que « le royaume des cieux s’est approché » et que, pour être sauvé, on doit se soumettre au Roi qui va paraître. Cet évangile fait donc appel à la foi. Les douze apôtres et le Seigneur Lui-même furent les premiers porteurs de l’évangile du royaume : « Le royaume s’était approché », disaient-ils ; « il était au milieu des Juifs » dans la personne de Jésus, le Roi ; mais ce premier ministère juif fut interrompu par la réjection et la mort du Messie. Il fut remplacé par l’évangile de la grâce et par l’économie actuelle qui substitua l’Assemblée à la nation juive. Le résidu juif de la fin reliera son témoignage à celui des premiers disciples juifs ; c’est pourquoi le Seigneur dit à ceux-ci : « Vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu » (Matt. 10, 23). La « grande foule », évangélisée par ces disciples, aura part aux bénédictions du règne de Christ sur la terre pendant le millénium (Apoc. 7, 14-17). Auparavant une partie de ces fidèles sera mise à mort pour avoir refusé de se soumettre à la Bête et au faux prophète (Apoc. 13, 15). Ces bienheureux martyrs seront ressuscités et auront part, avec tous les saints de la première résurrection, à la gloire dans les lieux célestes (Apoc. 15, 2-4). Ils seront réunis aux martyrs de l’époque qui précède la grande tribulation (les âmes sous l’autel pendant « l’heure de l’épreuve », Apoc. 6, 9) et aux martyrs du résidu juif mis à mort à Jérusalem (Apoc. 11, 7-12). Alors tous les saints ressuscités et glorifiés dans les lieux célestes exerceront le jugement avec Christ et régneront mille ans avec Lui (Apoc. 20, 4). La « grande foule », laissée sur la terre sans subir le martyre, « héritera du royaume qui lui est préparé dès la fondation du monde » (Matt. 25, 34) et vivra en paix et en sécurité pendant mille ans sous l’heureux sceptre du « Roi des nations ».

3° La troisième classe comprend le résidu juif, formé à Jérusalem et en Judée, après le retour national des Juifs dans leur pays, et délivré enfin lors de l’apparition du Messie sur la montagne de Sion (Zach. 14, 4 ; Act. 1, 11). C’est de ce résidu que parle le chapitre 24 de Matthieu, les chapitres 11, 1-13 et 12, 13-17 de l’Apocalypse, et une quantité innombrable de passages des prophètes. Il est composé de deux compagnies. La première s’enfuit, selon l’ordre donné par le Seigneur, lors de l’établissement de « l’abomination » dans le temple de Jérusalem, au commencement de la seconde demi-semaine de Daniel. Elle traverse la grande tribulation en pays étranger, parmi les nations qui, de toute part, entourent le territoire d’Israël (Matt. 24, 21), mais elle y est préservée en totalité, sans que le fleuve des peuples, lancé par Satan à sa poursuite, réussisse à l’engloutir (Apoc. 12, 13-16). Ses souffrances seront indescriptibles : « Si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée, mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés » (Matt. 24, 22).

La seconde compagnie du résidu juif, restée à Jérusalem pour y rendre témoignage, ayant continuellement la mort suspendue sur sa tête, mais soutenue de Dieu et agissant contre ses ennemis avec la puissance miraculeuse de Moïse et d’Élie (les deux témoins d’Apocalypse 11, 1-9), subira le martyre partiellement, mais surtout dans ses chefs. Ceux qui auront péri pour leur témoignage ressusciteront aux yeux de leurs ennemis pour rejoindre, avec tous les martyrs de la fin, les myriades des saints glorifiés dans le ciel (Apoc. 11, 11-12 ; 20, 4).

Les deux compagnies formant le résidu de Juda, qui ont été préservées au milieu de cette épouvantable tribulation — car, à leurs souffrances physiques et morales, s’ajoutera le danger perpétuel d’être séduites par de faux Christs et de faux prophètes (Matt. 24, 24) — seront enfin délivrées par l’apparition glorieuse du Messie que leur peuple avait crucifié, et formeront le noyau de l’Israël millénaire. À ce noyau viendra se joindre, un peu plus tard, le résidu des dix tribus, ramené dans son pays après d’autres vicissitudes.

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Il nous reste encore à considérer un dernier point, mentionné aux versets 29 à 31 du chapitre 24 de Matthieu.

Aux versets 4 à 14 le Seigneur décrit à Ses disciples « le commencement de douleurs » ou « l’heure de l’épreuve » qui visitera la terre pour éprouver ceux qui y habitent. L’épreuve précédera la fin, car le Seigneur dit à son sujet : « La fin n’est pas encore ».

Aux versets 15 à 28 Il décrit la fin qui suit cette première période (v. 14), et nous trouvons ces paroles : « Alors viendra la fin ». Le Seigneur répond ainsi à la question de Ses disciples au sujet de la « consommation du siècle » (v. 3). Cette fin est remplie par la grande tribulation, accompagnée des événements et des jugements terribles qui nous sont révélés dans l’Apocalypse. Le dernier événement de cette période est l’apparition subite du Seigneur, « la venue du Fils de l’homme » pour exercer le jugement sur le monde rebelle : « Où que soit le corps mort, là s’assembleront les aigles » (v. 28 ; voyez Apoc. 19, 11-16, puis v. 28-29). Sa venue ou Son apparition, suivi de toutes les armées célestes, a pour but l’établissement de Son règne par le jugement guerrier des nations, du peuple juif apostat, et de leurs deux chefs, la Bête et le faux prophète. C’est le dernier acte de la fin[14], la dernière explosion de la colère de Dieu, le dernier rugissement du lion de Juda, prenant possession de la montagne de Sion et de la sainte cité, capitale de Son royaume terrestre.

Le chapitre 24 de Matthieu laisse entièrement de côté Sa venue pour enlever les saints et les prendre auprès de Lui dans la maison du Père. Le Seigneur fait connaître cette vérité à Ses disciples en Jean 14, 1-3, mais dans le récit de Matthieu Il n’aborde le sujet des saints de l’économie actuelle, de l’Église et de la maison de Dieu, que depuis le verset 45 de notre chapitre jusqu’au verset 30 du chapitre 25, c’est-à-dire après avoir traité des temps de la fin en rapport avec le peuple juif au chapitre 24, 1-43.

Les versets 29 à 31 répondent à la question des disciples : « Quel sera le signe de ta venue ? » (v. 3).

Quand le Seigneur viendra enlever Son Assemblée, avec tous les saints ressuscités, il n’y aura pas de signes. La « dernière trompette » et « la voix de l’archange » (1 Cor. 15, 52 ; 1 Thess. 4, 16) ne retentiront qu’aux oreilles de Ses bien-aimés. Les yeux des « hommes qui habitent sur la terre » seront fermés à cet événement. Par contre, Son apparition, Sa venue comme Fils de l’homme, sera immédiatement précédée de signes : « Immédiatement après la tribulation de ces jours-là, le soleil sera obscurci et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées » (v. 29).[15]

Mais alors paraîtra « le signe » au sujet duquel les disciples désiraient être renseignés. Ce signe sera le « Fils de l’homme paraissant dans le ciel ».[16] De cette manière le Seigneur attache les yeux et les cœurs des disciples de la fin à Sa personne, à travers tant d’événements qui pourraient les en distraire. Il en est de même pour nous aujourd’hui. Jésus se présente personnellement à nous ; Il dit : « Je suis l’étoile brillante du matin » ; Il dit : « Je viens bientôt », afin que l’Église n’attende pas autre chose que Lui-même et puisse dire : « Amen ! viens, Seigneur Jésus ! ».

Lorsque le Fils de l’homme paraîtra sur les nuées, Il sera vu de tous ceux qui n’ont pas voulu croire en Lui, quand Il était encore invisible : « Toutes les tribus de la terre se lamenteront quand elles verront le Fils de l’homme, venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire ».

C’est alors qu’Il « enverra ses anges avec un grand son de trompette, et ils rassembleront Ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre » (v. 31). Comme la trompette avait rassemblé les saints célestes, elle sera maintenant le signe de ralliement de tous les saints terrestres, Juifs ou Gentils, qui auront part aux bénédictions de Son royaume glorieux.

Cet exposé que nous aurions voulu pouvoir raccourcir, est destiné à prouver que les temps de la fin, le jour de l’épreuve et le jour de la colère, diffèrent essentiellement du jour de la grâce et du salut qui luit encore pour un peu de temps sur le monde, à travers les convulsions dont il est actuellement le théâtre.

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Quelques mots encore sur les versets 32 à 44 de notre chapitre. Aux versets 32 à 34 le Seigneur fait savoir à Ses disciples ce qui leur permettra de reconnaître que le temps de leur délivrance est proche. D’abord la parabole du figuier : « Quand déjà son rameau est tendre, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche ». Le figuier, comme la vigne et l’olivier, est un symbole du peuple d’Israël. Quand donc le résidu commencera à bourgeonner et à verdir, les disciples sauront que la saison de la moisson, qui sera celle de leur délivrance, est proche. De même, quand ils verront « toutes ces choses », c’est-à-dire leurs premières et dernières afflictions, ils sauront que « cela » — la consommation du siècle et la venue du Seigneur — « est proche, à la porte ». Les disciples futurs, traversant de si cruelles angoisses, seront encouragés — et ils en auront grand besoin — en voyant se dérouler sous leurs yeux les événements de la fin, comme ils avaient été prédits. Ils seront ainsi gardés de se laisser séduire ou d’être portés à des conclusions prématurées quand « le commencement de douleurs » s’abattra sur eux. Lorsque « l’abomination de la désolation sera établie dans le lieu saint » ils sauront que les jours de leur détresse seront abrégés, car elle ne dépassera pas la dernière demi-semaine de Daniel, c’est-à-dire trois ans et demi. Les fidèles du résidu, ne connaissant qu’imparfaitement le Messie, et ne devant avoir les yeux complètement ouverts que lorsque, pareils à Thomas, ils auront vu « les blessures à ses mains » (Zach. 13, 6), et auront reconnu le Seigneur de gloire dans le Sauveur, jadis crucifié — le résidu, dis-je, sera conduit pas à pas, à travers les événements de la fin, jusqu’à la pleine connaissance de son Rédempteur.

Il n’en est pas ainsi pour nous : « Bienheureux », dit le Seigneur, « ceux qui n’ont point vu et qui ont cru » (Jean 20, 29). « Nous l’aimons sans l’avoir vu, et, croyant en Lui, quoique maintenant nous ne le voyions pas, nous nous réjouissons d’une joie ineffable et glorieuse », possédant déjà le salut et la vie éternelle, et n’attendant plus que la gloire. Devant cette perspective et afin que, pauvres êtres infirmes que nous sommes, nous ne la perdions jamais de vue, le Seigneur prend soin de nous affliger pour un peu de temps et d’éprouver notre foi par le feu de diverses tentations, et c’est à quoi doivent aboutir les événements que nous traversons aujourd’hui. Ayons pleine confiance dans le résultat que Dieu veut leur faire produire. Disons-nous avec l’apôtre : « Cela est nécessaire » ; mais ne regardons pas à ces événements comme s’ils étaient le signe de la venue prochaine du Seigneur pour Son Église, ou même comme un commencement de douleurs. Le résidu, lui, aura besoin de ces choses par lesquelles il sera conduit à la connaissance de Celui que Son peuple avait rejeté. Pour nous, la venue du Seigneur que nous connaissons sans l’avoir vu est, non pas une chose future, ni même prochaine, mais une chose actuelle. Le Seigneur vient. Sommes-nous appelés à attendre autre chose ? Attendons-Le aujourd’hui, tout en profitant des épreuves qu’il Lui plaît de nous dispenser. S’Il nous faut passer par le feu du creuset, c’est afin que l’or soit purifié de tout alliage, et que l’espérance remplisse nos cœurs de la joie ineffable de Sa prochaine venue ! Il vient ! Veillons sur l’huile de nos lampes. Si peut-être leur lumière était prêt de s’éteindre, hâtons-nous de l’attiser, afin que le Seigneur nous trouve L’attendant, comme de fidèles serviteurs, pour Lui ouvrir aussitôt, quand Lui, le Maître et l’Époux, viendra et heurtera !

« En vérité », ajoute le Seigneur, en parlant à Ses disciples des temps de la fin, « cette génération ne passera pas que toutes ces choses ne soient arrivées » (v. 34). Cette génération incrédule qui rejetait son Messie, descendu vers elle en grâce, se retrouvera la même, sans changement, à la fin des temps. Comme le résidu futur se rejoindra aux premiers disciples qui entouraient Jésus, la nation apostate future se reliera à celle qui, devant son Roi, venu comme Sauveur au milieu d’elle, criait : « Ôte, ôte, crucifie-le ! ».

« Quant à ce jour-là et à l’heure, personne n’en avait connaissance », sinon le Père, mais ce dont les disciples pouvaient être assurés, c’est que leurs frères juifs seraient sauvés à la fin des temps, au travers de la tribulation, comme Noé le fut au travers du déluge, et que la venue du Fils de l’homme, en enlevant les méchants, laisserait les justes ici-bas pour jouir du règne du Messie, comme Roi de justice, Roi de paix et Roi de gloire (v. 37-44).

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La conclusion que nous pouvons tirer de tout ce qui vient d’être présenté est celle-ci : Les événements que nous traversons ne sont en aucune manière « l’heure (ou le temps) de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre ». Dans le temps actuel la grâce appelle les hommes par des jugements, après les avoir appelés maintes fois déjà soit par l’évangile, soit par les soins de sa providence. Dans un temps prochain le Seigneur éprouvera une dernière fois les habitants de la terre par Ses jugements, mais sans la ressource de la grâce, afin de montrer si le cœur de l’homme est encore susceptible de repentance. Alors, si les hommes, et cela arrivera, continuent à endurcir leurs cœurs, Dieu les endurcira et versera sur eux les sept coupes de Sa colère. Cet aveuglement, envoyé de Dieu, a-t-il quelque chose qui doive nous étonner ? Dieu ne doit-Il pas montrer enfin Sa justice en jugement, quand l’homme a refusé de recevoir Sa justice à salut ? À combien d’épreuves la patience de Dieu n’a-t-elle pas mis le cœur de l’homme pécheur ? L’homme laissé à ses propres ressources, avant le déluge ; l’homme éprouvé par la loi, éprouvé par la prophétie, éprouvé par la grâce, éprouvé enfin par les jugements de l’heure de l’épreuve qui précède la colère finale ! Ont-elles manqué en un seul point, toutes les voies de Dieu à l’égard de l’homme ? Eh bien ! soit, il y manque un dernier point. Après le déploiement de Sa juste colère, Dieu soumettra encore l’homme à l’épreuve de la gloire. Dix siècles de ce régime de paix et de justice, où chacun de ses péchés était réprimé, modifieront-ils peut-être son cœur ? À la fin de ce règne merveilleux Satan sera délié, et, sauf la multitude des élus, toutes les nations se soulèveront contre Dieu et contre Son Oint. Le jugement des morts mettra fin, par une destruction éternelle, à toute l’histoire de l’homme pécheur !

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Bien-aimés ! combien notre sort diffère de celui-là ! Le jugement est derrière nous et la croix de Christ est l’éternel témoin qu’il est passé à toujours ; la gloire de Christ va nous recevoir et rayonnera sur nous éternellement, quand nous serons dans la maison du Père avec Lui ! Il vient pour nous y introduire ; mais, en Son absence, Il nous laisse encore, pour un jour peut-être, ici-bas, nous demandant de Le faire connaître au monde, en reproduisant Ses traits dans notre conduite jusqu’à ce qu’Il vienne. L’offrande de Lui-même qu’Il faisait à Dieu, soit dans Sa vie, soit dans Sa mort, était salée de sel, selon qu’il est dit : « Tout sacrifice sera salé de sel » (Marc 9, 49 ; Lév. 2, 13). Le sel était, chez Lui, la sainteté pratique, la séparation entière de tout Son être pour Dieu. À la veille de Son départ Il disait à Ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre » (Matt. 5, 13). L’action et la présence de Son Esprit, agissant dans le cœur des croyants pour y produire la sainteté pratique, est actuellement la seule barrière au développement final de la corruption dans ce monde. C’est pourquoi le Seigneur dit : « Ayez du sel en vous-mêmes » (Marc 9, 51). « Si le sel devient insipide, avec quoi lui donnerez-vous de la saveur ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. Il n’est propre ni pour la terre, ni pour le fumier » (Matt. 5, 13 ; Luc 14, 34). Sans une vie de sainteté pratique, sans avoir nos cœurs séparés du monde et de ses convoitises, pouvons-nous être d’aucune utilité pour Christ et Le représenter ici-bas en Son absence ? En nous accommodant au monde nous ôtons toute saveur au nom de Christ et nous attirons — n’en avons-nous pas fait l’épreuve pendant l’année qui vient de s’écouler ? — un jugement sérieux sur nous-mêmes.

Le Seigneur nous dit encore : « Vous êtes la lumière du monde » (Matt. 5, 14). Quel privilège ! Il disait de Lui-même : « Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (Jean 9, 5). Il était la lumière et cette lumière émanait de Lui pour éclairer toutes choses, tandis qu’Il marchait au milieu des hommes. Et maintenant Il fait de nous cette lumière, car nous sommes « lumière dans le Seigneur » (Éph. 5, 8). Nous sommes laissés ici-bas pour continuer Son témoignage devant les hommes, car, comme le sel est en nous-mêmes, la lumière luit au-dehors. Avons-nous mis notre témoignage sous le boisseau ou sur le pied de lampe ? Notre lumière a-t-elle lui devant les hommes, comme une ville située sur une montagne, qui ne peut être cachée ? Avec quelle humiliation ne devons-nous pas reconnaître que nous avons manqué en sainteté pratique, que nous avons manqué comme témoignage du Seigneur !

Mais il en est temps encore ! Si la lumière est sous le boisseau, elle n’est pas encore éteinte, et ce n’est pas Lui qui éteindra le lumignon qui fume. Mettons diligemment notre lampe sur un chandelier qui la fasse connaître à « tous ceux qui sont dans la maison ». Nous allons être transportés dans la maison du Père où nous luirons comme le soleil (Matt. 13, 43) ; alors la lumière sera parfaite, mais nous sommes la lumière du monde aujourd’hui devant les hommes. Marchons comme des fils de lumière !

Quand l’Assemblée aura été enlevée, le monde sera plongé dans de profondes ténèbres : « La nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler », et les hommes broncheront en marchant dans la nuit (Jean 9, 4 ; 11, 10) ! Ayons à cœur de maintenir dans ce monde le caractère céleste de Christ, et de répondre à notre vocation tandis qu’il en est temps encore ! « Toutes choses devant se dissoudre, quels gens devrions-nous être en sainte conduite et en piété, hâtant la venue du jour de Dieu » !



  1. Le terme : « Ceux qui habitent sur la terre » définit moralement, dans toute l’Apocalypse, les hommes ennemis du ciel, du Dieu du ciel, des saints qui habitent dans le ciel (Apoc. 13, 6). Ces hommes ont choisi la terre comme leur part et ont, de leur plein gré, accepté la domination de Satan sur eux, pour pouvoir conserver la terre comme leur domaine. Voyez pour ce mot : Apocalypse 3, 10 ; 6, 10 ; 8, 13 ; 11, 10 ; 12, 9 ; 13, 8, 12, 14 ; 14, 6 ; 17, 2, 8.
  2. Nous ne cherchons pas à limiter d’une manière absolue cette « heure de l’épreuve », car, comme idée générale, elle peut embrasser toute la période de la fin, mais notre distinction a pour but de faire ressortir ce qui caractérise le commencement de la période prophétique. En tout cas « l’heure de l’épreuve » commence en deçà des limites de la dernière demi-semaine de Daniel.
  3. Son apparition subite en jugement l’inaugure, mais ce jour se continuera après le règne glorieux de mille ans (qui proprement n’en fait pas partie) par l’entière destruction des cieux et de la terre (2 Pier. 3, 10) et par le jugement des morts devant le grand trône blanc (Apoc. 20, 12-15). Alors seulement se lèvera le jour de Dieu (2 Pier. 3, 12), le jour éternel, avec « de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite ».
  4. Pour s’en rendre compte plus facilement, il suffit d’enfermer dans une parenthèse les deux passages : Marc 12, 9-11 et Luc 21, 12-24.
  5. Ou plus exactement : du chapitre 24, 45 au chapitre 25, 30.
  6. Il se relie, avons-nous dit, au témoignage des disciples qui entouraient le Seigneur. Dès le début de Son ministère, ils prêchèrent que le « royaume de Dieu était proche » ; Jésus Lui-même l’annonçait. Ce ministère fut interrompu par le rejet du Messie et reprendra son cours quand le Fils de David sera près d’entrer dans Son règne.
  7. Il n’a été confié aux premiers disciples qu’en tant que devenus chrétiens, et faisant partie de l’Église, par la descente du Saint Esprit.
  8. Remarquons que la septième trompette, au chapitre 11, 14-18, est un court résumé de cette période, mais toutefois la dépasse considérablement, car il embrasse le millénium et le jugement des morts.
  9. La restauration nationale des Juifs est un des premiers événements qui présagent la fin.
  10. La mention qui en est faite au chapitre 11, 31 en est la préfiguration historique sous le règne d’Antiochus Épiphane.
  11. Voyez Daniel 7, 25 ; 9, 27 ; 12, 7 ; Apocalypse 11, 2, 3 ; 12, 6, 14 ; 13, 5.
  12. Jacob est d’habitude, dans les prophètes, le peuple d’Israël représenté par la tribu de Juda, tandis qu’Israël est souvent le peuple représenté par la tribu d’Éphraïm.
  13. Dans le reste de l’Ancien Testament, sauf quelques exceptions, comme par exemple en type, en Genèse 42, 21, ce mot signifie simplement trouble, angoisse.
  14. Nous laissons intentionnellement de côté le jugement de l’Assyrien que nous traitons en détail dans d’autres écrits.
  15. Il y aura des signes précédant la période de la grande tribulation (Joël 2, 30, 31) ; il y en aura à la fin de cette période, avant l’apparition du Fils de l’homme (Joël 3, 15 ; et ici, le v. 29).
  16. Dans la Parole, une personne est souvent un signe. En Luc 2, 12, le signe est « le petit enfant couché dans une crèche ». Le Seigneur ne donne aux Juifs qui Le rejettent que « le signe de Jonas ». En Apocalypse 12, 1, le signe est « une femme » ; en 15, 1, les « sept anges », etc.