Traité:L’inspiration des Saintes Écritures

De mipe
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J.N. Darby

Le péché est entré dans ce monde, et a séparé l’homme de Dieu, seule source de la bénédiction et du vrai bonheur. Comment regagner Sa faveur ; comment retourner à Lui ? Question qui a toujours préoccupé l’esprit des hommes : toutes les classes et toutes les capacités, tous les pays et tous les âges en ont cherché la solution, mais en vain. Cette recherche devait être sans résultat ; car, livré à lui-même, l’esprit de l’homme ne pouvait atteindre ces sommets. « Le monde, par la sagesse, n’a pas connu Dieu » ; mais, ce qui échappe à l’investigation de l’homme, Dieu nous l’a révélé par Son Esprit et l’a consigné dans Sa Parole écrite.

Cette Parole a toujours été le point de mire des attaques de l’Ennemi, dont l’activité ouverte ou insidieuse a pour but de la supprimer ou de la détruire, de la corrompre ou d’en saper l’autorité. C’est ainsi qu’il cherche la ruine de l’homme. Celui-ci faillit dès l’origine pour avoir prêté l’oreille au mensonge qui mettait en question l’autorité de la Parole de Dieu ; Satan cherche maintenant encore à ruiner et à détruire, en attaquant cette Parole qui nous parle de rédemption ; qui nous présente la grâce et la gloire.

Le christianisme est la révélation que Dieu fait de Lui-même, en puissance et en grâce, pour le salut et pour la bénédiction de l’homme. Les grands faits que le christianisme dévoile sont les voies de Dieu en grâce. Dieu ne pouvait confier à l’agence de l’homme la communication de ces faits, sous forme de tradition orale ; aussi a-t-Il déposé la vérité dans Sa Parole écrite. Les ténèbres ont régné durant des siècles, alors que cette Parole était ensevelie sous des monceaux de superstitions humaines. À peine la Réformation l’eût-elle remise au jour qu’on vit renaître la lumière, la joie, la sainteté, partout où l’Esprit de Dieu appliquait les vérités vivifiantes de l’Écriture. — Dès lors la tactique de l’Ennemi s’est trahie de bien des manières. Les uns ont nié les faits du christianisme ; d’autres ont mis en question l’authenticité des Saintes Écritures ; d’autres enfin, qui ne rejetaient ni les faits, ni l’authenticité des livres sacrés, ont cherché et cherchent encore, hélas ! avec trop de succès, à annuler la vérité en l’adaptant à la raison humaine. Ils représentent les faits de l’Écriture comme des allégories et se débarrassent du surnaturel en l’expliquant selon la sagesse supposée de l’homme. Outre ces attaques ouvertes de l’esprit humain contre la vérité, il est une manière plus insidieuse, mais non moins dangereuse, de la combattre. Tout en admettant ces grands faits du christianisme, une partie considérable de ses doctrines, et, tout au moins, l’authenticité de la plus grande portion des Écritures, on nie leur divine inspiration et, par conséquent, leur autorité divine. Je me propose d’attirer l’attention du lecteur, dans les pages qui vont suivre, sur cette forme particulière de l’erreur.

La question spéciale, qui nous est posée, est donc celle-ci : Existe-t-il une révélation écrite de la part de Dieu, revêtue, par conséquent, de Son autorité ?

Nous ne voulons pas réduire la question à celle du caractère et du degré d’inspiration que nous revendiquons pour les Écritures. Nous n’entrerons pas dans la discussion sur l’inspiration verbale, question intéressante pour ceux qui croient à une révélation de la part de Dieu. Notre tâche actuelle n’est pas non plus de défendre les faits et les doctrines du christianisme. Plusieurs, sans rejeter ces vérités, nient qu’elles nous aient été communiquées immédiatement de la part de Dieu. Ce que nous voulons considérer, c’est l’existence d’une révélation écrite de la part de Dieu, et revêtue de Son autorité comme étant Sa Parole. Il faut bien tenir ferme la question sous cette forme-là : car, ce que l’on nie, c’est que nous ayons une communication de la vérité divine qui possède une autorité divine.

Or, pour nous, s’il n’y a pas d’inspiration de Dieu, il n’y a pas de vérité divine ; parce que, une vérité qui n’est pas communiquée avec une certitude divine n’est pas une vérité divine pour nous : ou, pour parler plus exactement, un fait qui existe et qui n’est pas de cette création ; un fait que l’homme ne peut connaître d’une manière naturelle, ne peut pas être une vérité pour mon âme, s’il n’est pas communiqué avec une certitude divine. Dans ce but, il pourrait y avoir une révélation immédiate à chaque individu, en chaque cas ; sinon, il doit y avoir une communication inspirée, par le moyen d’autres personnes, soit de bouche, soit par écrit. Je ne parle pas de vérités révélées auparavant et appliquées à la conscience par l’Esprit, mais du moyen de posséder la certitude divine de la vérité, en sachant qu’elle est venue de Dieu. Un homme non inspiré peut être le moyen de communiquer la vérité qui existe déjà comme révélation de Dieu ; et cette vérité, communiquée de cette manière, peut agir par la puissance de l’Esprit sur le cœur et sur la conscience ; mais cet instrument de communication non inspiré, que ce soit par exemple un prédicateur ou un traité, ne constitue pas, pour l’auditeur, une base divine de foi. Cette base existait déjà auparavant dans le fait que Dieu avait daigné accorder une communication inspirée ; ainsi l’effet produit par Dieu dans l’âme est que l’auditeur est amené à reconnaître cela. Autrement, bien qu’il puisse dire : « Voilà ce que je crois » ; si je lui demande : « Pourquoi croyez-vous cela ? » il n’a aucune réponse. Il ne peut pas rendre raison de sa foi.

Souvenons-nous donc que lorsqu’on parle d’autorité, en disant qu’il n’y a pas d’autorité en matière de foi, on peut remplacer le mot par certitude divine, et que la doctrine que nous combattons, c’est qu’il n’y a pas de certitude divine dans les choses de la foi, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune garantie pour la foi. « Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai ; car celui que Dieu a envoyé, parle les paroles de Dieu ». Or cette réception d’un témoignage divin n’existe plus dans le système qui nie l’inspiration. Tout témoignage de Dieu est exclu ; il n’y a plus de place pour la foi. On me dira : Ceci est un argument a priori. Non, je ne fais que constater la vraie question, ce qui souvent la décide pour une âme sincère. Si quelqu’un contestait l’interprétation d’un passage, et que je fisse voir que sa manière de l’envisager, l’effet de son raisonnement, est de faire Christ méchant, ou de prouver qu’Il n’est pas le Fils de Dieu ; constater la question serait en effet la décider pour celui qui connaît Christ.

Au reste, il y a deux genres d’arguments a priori qu’il est important de distinguer, qui diffèrent du tout au tout, et qui même sont moralement l’opposé l’un de l’autre. Je suppose que quelqu’un voudrait prouver que Dieu est menteur. Je réponds : « Cela ne se peut pas. Je juge votre raisonnement faux a priori ». Dans ce cas mon jugement est sain, parfaitement logique et philosophique, si vous voulez parler ainsi : parce qu’il est beaucoup plus sûr, plus infailliblement sûr que Dieu ne peut pas mentir, tandis qu’il est très possible que votre raisonnement soit faux, lors même que je ne saurais pas en découvrir la fausseté. Combien n’y a-t-il pas de choses sur lesquelles le premier venu aura un jugement juste, bien que la capacité de raisonner juste lui manque. C’est là une sauvegarde que Dieu a accordée aux simples ; c’est-à-dire une conviction divine sur des choses au-dessus de leur portée et de la portée de l’homme, tandis que le philosophe qui prétend les résoudre, s’enfonce.

C’est aussi ce qu’on appelle raisonner a priori, que de dire : « Dieu ne devrait pas être ou faire telle ou telle chose ». Mais la différence est du tout au tout. Dans le premier cas je mesure la folie de l’homme par la certitude de ce que Dieu est ; dans le second, je mesure ce que Dieu devrait être ou faire en prenant la pensée de l’homme pour mesure, ce qui est nécessairement faux. « Tu pensais, dit Dieu, que j’étais comme toi-même, mais je te reprendrai, et je mettrai devant tes yeux les choses que tu as faites » (Ps. 50, 21). Dans le premier cas, je dis : « Dieu est vrai ; votre raisonnement qui le nie, ne peut pas l’être » ; dans le second : « Voilà ce que je pense ; et Dieu devrait être ou devrait agir selon mes pensées ». Mesurer l’homme par la certitude de ce que Dieu est, et mesurer Dieu par l’homme, sont deux choses bien distinctes. On peut appeler cela des raisonnements a priori. Il est vrai que le premier suppose qu’on connaît Dieu, et tous les hommes n’ont pas cette connaissance. Dieu cache ces choses aux sages et aux intelligents, et Il les révèle aux petits enfants.

Revenons à notre sujet : — Il est évident que nier l’inspiration directe et lui substituer la compétence des témoins (quelque fidèles et versés qu’ils soient dans la connaissance des faits qu’ils relatent), c’est substituer un témoignage purement humain au témoignage divin. Le but d’un tel système est d’exclure Dieu. Ce système prétend (car il ne serait, sans cela, que l’incrédulité ouverte) accepter la révélation, mais pas l’inspiration, c’est-à-dire que les apôtres, ou autres, employés pour communiquer la vérité, ont eu une base divine pour leur foi, mais que les autres fidèles n’en ont point. Car c’est là, tout simplement, l’effet de cette supposition. D’après ce système, la vérité a été révélée du ciel, c’est-à-dire divinement communiquée aux apôtres, etc., mais dès lors il n’y a plus eu qu’un témoignage humain, quelque pieux qu’il soit : aucune base divine en fait de témoignage, qui, de la part de Dieu[2], garantisse l’Église d’erreur. Or, ce serait presque assez de formuler cette doctrine pour la réfuter ; mais de plus, nous avons la contradiction formelle de cette supposition dans la Parole même. « Mais Dieu », dit l’apôtre, qui tenait à constater le contraire de la thèse que nous combattons, « Dieu nous les a révélés par son Esprit »[3]. La raison que donne l’apôtre, pour cette révélation, est bien frappante : « Car quel est celui d’entre les hommes qui connaisse les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Mais nous, nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données par Dieu ». J’allais insister sur ce même point, en raisonnant, oubliant que l’apôtre avait dit la chose. Je ne fais maintenant qu’insister sur la force de ce qu’il dit : « Sans une communication divine, il n’y a pas de foi ». Nul homme ne connaît ce qui, non exprimé, se trouve dans l’esprit d’un homme, si ce n’est son propre esprit. Ainsi personne ne connaît ce qui est dans la pensée de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu ; mais cet Esprit, dit l’apôtre, nous a été donné afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données par Dieu. Ce qui est du ressort de l’homme — ce qui se trouve dans les limites de son intelligence — l’homme peut le connaître par le moyen des sens, du raisonnement, ou par le témoignage de l’homme ; mais il n’en est pas ainsi des choses de la foi, des pensées et des vérités divines. Dieu seul les connaît, et Dieu seul peut les faire connaître ; par conséquent l’homme les ignore entièrement, si Dieu ne les révèle pas. Or, Il les fait connaître par Son Esprit, c’est-à-dire par révélation, donnant le Saint Esprit Lui-même, qui les révèle dans le cœur. Je parle de l’œuvre apostolique.

La question reste donc dans des limites très étroites. La voici : Les apôtres ayant reçu d’une manière divine la connaissance de ces choses, nous les ont-ils communiquées d’une manière divine, ou bien d’une manière excellente, sans doute, mais non inspirée ? Dieu les leur avait révélées par Son Esprit ; comment les ont-ils communiquées ? Leur inspiration était-elle « purement religieuse » ? N’était-ce, chez eux, que cette opération de l’Esprit, que l’on trouve chez un prédicateur pieux et qui ne l’empêche pas d’être sujet à l’erreur ? Rien de plus précis que le témoignage de l’apôtre à ce sujet. À la suite du passage déjà cité, il dit : « desquelles aussi nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l’Esprit ». L’idée de l’inspiration, pourrait-elle être formulée d’une manière plus absolue que par l’expression « des paroles enseignées de l’Esprit » ? Ici donc, il n’y a rien d’équivoque. Lorsque l’apôtre proposait les vérités que le Saint Esprit lui avait enseignées, il le faisait avec des paroles que le Saint Esprit lui avait aussi enseignées ; c’est-à-dire que c’était Dieu Lui-même parlant par la bouche de l’homme. D’autre part rien n’est plus absurde que l’idée d’une vérité révélée, sans qu’elle soit communiquée d’une manière inspirée. Dieu révèle à un homme — disons à Paul — pour la bénédiction de l’homme, la parfaite vérité divine ; mais Paul n’a pas la capacité de la communiquer plus loin : il ne peut le faire que selon l’imperfection de son propre esprit et de ses pensées. Trouve-t-on le sens commun dans cette conception ?

Quant à l’idée de réduire toute inspiration quelconque à « l’inspiration religieuse », elle est renversée par le fait, qu’il est question d’inspiration là où « l’inspiration religieuse » était impossible ; comme dans le cas de Balaam, lorsqu’il « proféra son discours sentencieux » ayant « entendu les paroles de l’Éternel ». De plus, Ésaïe, Jérémie et tant d’autres qui nous ont dit : « Ainsi a dit l’Éternel » ; « La parole de l’Éternel m’est venue, en disant… » etc., sont tout autant d’exemples d’inspiration positive. Les prophètes proclament hautement leur inspiration ; et nous en avons les résultats sous une forme écrite. Ils étudiaient leurs propres prophéties après les avoir émises. D’ailleurs, on doit se souvenir que, si l’on veut appliquer les arguments qui nient l’inspiration, il faut le faire d’une manière universelle : l’Ancien et le Nouveau Testament restent debout ensemble, ou bien tombent ensemble. On ne peut, sans mauvaise foi, laisser de côté l’Ancien Testament, parce que les raisonnements, sauf peut-être en ce qui regarde le canon, s’appliquent à tous deux. Mais l’Ancien Testament a-t-il de l’autorité, et le Nouveau n’en a-t-il point ? Est-ce que l’Ancien Testament est la Parole de Dieu, et le Nouveau ne l’est-il pas ? Il est très commode à nos adversaires de raisonner sur un sujet, et de laisser de côté la partie dont les preuves sont incontestables. Car, si l’Ancien Testament est inspiré, l’inspiration est une réalité ; et nous avons l’autorité absolue de la Parole de Dieu elle-même. Les prophètes l’ont affirmée ; le Seigneur l’a reconnue ; Il a reconnu l’inspiration de l’Ancien Testament, tel qu’il est écrit, et Il a déclaré que rien ne pouvait en infirmer l’autorité. L’apôtre aussi, a déclaré que ces écrits sont « divinement inspirés » et capables de « rendre sage à salut ». Donc, le principe de l’autorité est vrai, le principe de l’inspiration est vrai.

Saisissons bien cela. L’inspiration de l’Ancien Testament est certaine ; son autorité divine, incontestable. Il reste donc seulement ceci : — Le Nouveau Testament est-il aussi inspiré ? On nous dit qu’il ne l’est pas, mais que c’est un compte-rendu humain de ce que les écrivains pouvaient connaître, soit par leurs sens, soit par des révélations qui leur étaient personnellement adressées ; mais qu’ils n’étaient pas inspirés pour les écrire. Souvenons-nous que ce qu’on nie, c’est l’inspiration elle-même. Mais celui qui nie l’inspiration, nie ce que le Seigneur et les apôtres maintiennent, car ils maintiennent l’inspiration de l’Ancien Testament. Un tel homme a donc perdu tout droit à ma confiance, et je ne puis admettre que son jugement vaille quelque chose, lorsqu’il me dit que le Nouveau Testament n’a pas l’autorité de l’inspiration.

Je ne multiplierai pas les citations pour démontrer que les prophètes donnent leurs prophéties comme inspirées, parce que cela se retrouve presque au commencement de chaque prophétie distincte ; mais j’indiquerai des passages dans le Nouveau Testament, qui reconnaissent les écrits de l’Ancien comme ayant cette autorité : « Il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les Psaumes, fussent accomplies » (Luc 24, 44). Jésus reconnaît « le recueil » appelé l’Ancien Testament, dans ses trois parties, encore ainsi intitulées dans les Bibles hébraïques d’aujourd’hui. Le Seigneur les place sur le même pied d’autorité au verset 27 : « Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliquait dans toutes les Écritures les choses qui le regardent ». « Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5, 39). « Et l’Écriture ne peut être anéantie » (Jean 10, 35). Ces passages montrent que les Écritures de l’Ancien Testament étaient un recueil reconnu du Seigneur, et cela, dans les détails de ses divisions actuelles ; reconnu comme ayant une autorité absolue. Mais en outre, les avoir par écrit — avoir la vérité communiquée sous cette forme — c’est quelque chose de plus, que d’avoir la vérité dite de bouche, quoique cette bouche soit celle du Seigneur Lui-même. « Si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jean 5, 47). Les écrits étaient donc l’objet de la foi, et par conséquent avaient l’autorité de la Parole de Dieu : « Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent ». « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas persuadés non plus, si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts » (Luc 16, 29, 31). Lorsque l’apôtre prêcha à Bérée et leur communiqua la vérité, les Juifs, ses auditeurs, « examinaient chaque jour les Écritures pour savoir si les choses étaient ainsi » ; c’est-à-dire qu’ils employaient les Écritures, comme une autorité, pour juger l’enseignement même d’un apôtre, et ils sont approuvés (Act. 17, 11). Nous avons donc l’inspiration de l’Ancien Testament constatée, son autorité reconnue par le Seigneur, et le recueil, tel que nous le possédons, déclaré authentique et reconnu comme revêtu de cette autorité que rien ne pouvait infirmer.

« Les Écritures » sont reconnues de Dieu, comme un ensemble, une catégorie d’écrits à part, jouissant d’une autorité, savoir celle de Sa Parole. Comme il est dit : Proverbes 30, 5, 6. — « Toute la Parole de Dieu est épurée ; il est un bouclier à ceux qui ont un refuge vers lui. N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne, et que tu ne sois trouvé menteur ». Enfin, l’apôtre Paul (2 Tim. 3, 16) rend un témoignage remarquable à ce sujet, et qui signale ce genre d’écrits de la manière la plus précise. « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre ». Il ne s’agit donc que de savoir si le Nouveau Testament est une partie des « Écritures », ou si l’Église est entièrement privée d’une communication inspirée qui lui ait été confiée, et si elle ne jouit que de l’Ancien Testament.

Ici, je relève la folie d’un principe posé par quelques-uns de ceux qui nient l’inspiration. Ils disent que la prétention à l’inspiration se borne nécessairement à l’écrit qui la met en avant, ou au moins aux écrits du même auteur. Cette assertion n’a pas de sens. Pourquoi un auteur inspiré, ou le Seigneur, ne pouvait-il pas déclarer tous les autres livres ou quelques-uns d’entre eux inspirés ? Il n’y a aucune nécessité d’autre part, que d’autres écrits du même auteur soient inspirés, parce qu’il y en a un qui l’est. Le Seigneur met Son sceau sur tout l’Ancien Testament, et Paul déclare que toute écriture est inspirée de Dieu. Est-ce que cela prouve seulement l’inspiration de l’épître à Timothée où le passage se trouve ? Ceux qui cherchent à renverser les fondements de la vérité par des raisonnements pareils, méritent la répréhension plutôt que la réfutation.

Mais il est un autre point à noter dans cette discussion. On affirme que nous ne pouvons pas profiter du Nouveau Testament avant de régler le canon. Pourquoi ? Supposons, ce que je ne crois pas à l’égard de la Parole, qu’un sauvageon se trouve dans mon jardin, est-ce que je ne peux pas profiter des bons arbres qui s’y trouvent ? Si la seconde épître de Pierre est fausse, qu’est-ce que cela dit quant aux épîtres de Jean, ou à celles de Paul ? Je pourrais admettre qu’une épître soit douteuse — ce que je n’admets pas — sans douter le moins du monde des autres.

J’en reviens aux preuves directes. Nous avons vu l’inspiration, l’autorité, le canon même de l’Ancien Testament constatés, et les principes qui nient l’inspiration renversés de fond en comble ; mais nous avons vu davantage. Paul a reçu les vérités qu’il a annoncées, par révélation, et il les a communiquées par des paroles enseignées par l’Esprit ; c’est-à-dire, par inspiration. Or il est certain, par conséquent, que les premiers disciples avaient la vérité communiquée par inspiration, pour être le fondement de leur foi ; et le raisonnement qui refuse l’inspiration au Nouveau Testament, s’il était fondé, ne prouverait rien que ceci, c’est que Dieu aurait changé de manière d’agir, laissé les siècles suivants sans ce fondement, et leur foi sans base divine, différence assez incroyable. Mais lorsque Paul dit : « desquelles aussi nous parlons », veut-il appliquer ces mots seulement à ce qu’il a dit de bouche, et n’a-t-il rien proposé par écrit ? Nous savons bien qu’il a proposé par écrit ce qui lui a été révélé, c’est-à-dire que ses écrits, dans ce but, ont été inspirés. Il le dit même, ce qui n’aurait pas été nécessaire après ce que nous avons trouvé dans le passage cité des Corinthiens. Mais Dieu nous a accordé cette preuve additionnelle : « Comment », dit-il, « par révélation, le mystère m’a été donné à connaître, ainsi que je l’ai déjà écrit en peu de mots, d’où vous pouvez comprendre en le lisant quelle est mon intelligence dans le mystère de Christ ». On me dira : Cela se peut, lorsqu’il s’agit de vérités fondamentales, mais pour d’autres choses, non. Ce refuge même, l’Écriture le leur ôte. En parlant des détails des règlements intérieurs d’une église (1 Cor. 14, 35, 37), l’apôtre dit : « La Parole de Dieu est-elle procédée de vous, ou est-elle parvenue à vous seuls ? Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris, sont le commandement du Seigneur ; et si quelqu’un est ignorant qu’il soit ignorant ! ». Donc, les communications de l’Esprit à l’Église ou au monde étaient la « Parole de Dieu », et ce qui était écrit par l’apôtre, pour diriger les saints, était « le commandement du Seigneur ». « Et c’est pourquoi », dit l’apôtre aux Thessaloniciens (1 Thess. 2, 13), « nous rendons sans cesse grâces à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la parole de la prédication de Dieu, vous avez accepté non la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la Parole de Dieu laquelle aussi opère en vous qui croyez ». Or nous avons vu que l’apôtre met ses écrits sur le pied des « commandements du Seigneur », avec cette triste consolation pour ceux qui ne peuvent pas le discerner : « Si quelqu’un est ignorant qu’il soit ignorant ! ». Or est-ce que quelqu’un me dira que l’apôtre, agissant dans ce même caractère, et s’adressant de la même manière, en vertu de sa sanction et de son autorité apostoliques, aux Romains ou aux Galates, est moins inspiré que lorsqu’il s’adresse aux Corinthiens ? Un tel raisonnement ne mérite pas une autre réfutation que celle-ci : « Si quelqu’un est ignorant, qu’il soit ignorant ! ». Dire que Dieu a voulu que la foi des Éphésiens et des Corinthiens reposât sur l’inspiration divine, et celle des Romains et des Galates sur une base humaine, ne mérite pas une réponse de la part d’un homme sérieux.

Nous avons un genre d’écrits, et ce genre d’écrits est inspiré, et s’appelle « les Écritures ». Le chapitre 16 des Romains constate, je n’en doute pas, ce principe d’une manière claire, au verset 26. « Mais qui (le mystère) a été manifesté maintenant, et qui, par des écrits prophétiques, a été donné à connaître à toutes les nations, selon le commandement du Dieu éternel, pour l’obéissance de la foi ». Ce passage signale encore le genre d’écrits que nous appelons « les Écritures », comme des écrits qui ont l’autorité d’une révélation, d’un oracle de Dieu ; ce sont des écrits prophétiques. Enfin, pour terminer cette partie des témoignages que nous possédons, Pierre, dans sa seconde épître, reconnaissant ce genre d’écrits en l’appelant « les Écritures », nous dit en parlant de toutes les épîtres de Paul, que « les ignorants et les mal affermis les tordent, comme aussi les autres Écritures », constatant que les épîtres de Paul font partie des « Écritures » ; terme très bien compris et ayant la force que nous lui donnons aujourd’hui, ainsi que les paroles du Seigneur le montrent. Je sais que plusieurs rejettent cette épître, mais je n’accepte pas leur dire comme une autorité.

L’existence des écrits prophétiques, des écrits du Nouveau Testament, qui ont l’autorité de la « Parole de Dieu », des « commandements de Dieu », est dont constatée de la manière la plus claire. Celui qui trouve les paroles de l’apôtre que le Seigneur a envoyé, de plus d’autorité que celles des adversaires de l’inspiration — celui qui respecte la Parole de Dieu et les révélations de Dieu, ne peut en douter. Or, s’il y a des écrits de Jean ou de Pierre ayant les mêmes prétentions, s’adressant de la même manière aux chrétiens, et cela parfaitement selon l’administration divine qui a été confiée à ces apôtres ; comme, par exemple, ceux de Pierre à la circoncision ; est-ce que le chrétien dira : Les écrits de tel apôtre sont inspirés ; mais ceux de tel autre, tout en étant parfaitement du même genre, ne le sont pas, quoique l’écrivain parle expressément au nom de son apostolat, et comme exerçant l’autorité de sa mission ? Je suppose maintenant leur authenticité, et qu’ils sont vraiment les écrits qu’ils prétendent être. Il ne s’agit pas de trouver les mots : je suis inspiré ; ce qui s’y trouve est l’expression non équivoque de l’autorité. La foi des chrétiens les revêt, par conséquent, de cette autorité. Ils annoncent la vérité, comme ayant le droit d’imposer leurs pensées à l’acceptation des chrétiens ; et, de fait, les imposant ainsi. Prenez la première épître de Pierre. Ne s’adresse-t-il pas avec une pleine autorité comme apôtre ? Lorsque Paul dit : « Et si quelqu’un n’obéit pas à notre parole renfermée dans cette lettre, notez-le, et n’ayez pas de commerce avec lui », l’écrit n’était-il pas d’une autorité apostolique ? Lorsque Jean dit : « Nous sommes de Dieu, celui qui connaît Dieu nous écoute, celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas » (1 Jean 4, 6), exerçant ainsi une autorité divine sur la conscience, croyez-vous qu’il voulait faire entendre que ces paroles prononcées avec tant de solennité, dans son épître, n’avaient point du tout une autorité pareille ? Ce serait une contradiction flagrante, car, si l’on refusait ce qu’il disait, on ne l’écoutait pas. On ne peut pas attribuer cette autorité à ses paroles prononcées ailleurs, sans l’attribuer aux paroles mêmes qui la réclament. Si je dis : — « Je vous ordonne de m’obéir », l’ordre que je donne et l’autorité de ce que j’ai déjà commandé, subsistent ou tombent ensemble. — Je ne puis croire que l’autorité de Pierre soit moins grande que celle de Jean ou de Paul ; il a été envoyé avec la même autorité de la part du Seigneur.

Maintenant, qu’est-ce que nous avons démontré ? Qu’il y a un genre d’écrits appelés « les Écritures » — qui sont inspirés — qui ont une autorité absolue comme la Parole de Dieu — qui sont reconnus par le Seigneur et Ses apôtres, et mis en avant par eux, constamment, avec la plus grande solennité. Nous avons trouvé qu’une très grande portion du Nouveau Testament fait partie de ces Écritures ; qu’il y a un corps d’écrits attachés à l’œuvre apostolique, « des écrits prophétiques », employés par le commandement de Dieu, corps d’écrits qui a l’autorité de la Parole de Dieu. La question reste ainsi réduite à de très petites dimensions : L’assertion qu’il n’y a pas d’inspiration, ni d’autorité divine de « la Parole », a été démontrée entièrement fausse. Elle est en opposition flagrante avec l’autorité du Seigneur et des apôtres, et cherche à renverser ce qu’ils maintiennent. La question qui reste est celle-ci : Est-ce que tel ou tel livre fait partie de ce recueil inspiré ? Question très sérieuse, mais qui, par le fait même qu’elle se pose ainsi, suppose l’existence et l’autorité de la Parole de Dieu, cherchant seulement à ne pas confondre les prétentions humaines avec l’autorité divine qu’elle respecte, et dont elle cherche à conserver toute la valeur intacte et sans alliage.

Ce n’est pas ici le lieu de donner en détail les preuves de l’authenticité de chaque livre du Nouveau Testament ; ce serait écrire une introduction au Nouveau Testament. La grande question est vidée. Elle ne consiste pas à s’enquérir si tel ou tel livre est authentique, en admettant l’inspiration des autres, mais à mettre en doute l’inspiration elle-même. Or l’inspiration a été démontrée : la vérité révélée a été communiquée par des paroles enseignées par le Saint Esprit. S’il en est ainsi (faites-y bien attention), le système qui nie l’inspiration a le caractère, non seulement d’un principe faux, mais d’un principe hostile à Dieu, à Sa bonté, aux fondements de la vérité qu’Il a daigné nous communiquer, aux bases mêmes de la foi. C’est une chose bien importante de discerner la source et le caractère de ce qui se présente comme la vérité : — « Ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde ». Je juge solennellement en agissant d’après cette direction de l’apôtre — du Saint Esprit — que l’esprit en question vient du démon. Ce qui sape les fondements de la foi, en opposition aux déclarations expresses de l’Esprit de Dieu, vient de l’ennemi ; or j’ai toujours trouvé que traiter publiquement, ouvertement, ce qui est de l’ennemi, comme étant de lui, est la sagesse de Dieu, et est accompagné de Sa force et de Sa bénédiction. Je traite ainsi la doctrine qui nie l’inspiration de l’Écriture.

Il y a un genre de preuves de l’autorité des Écritures, c’est-à-dire d’un recueil d’écrits ayant l’autorité de la Parole de Dieu, difficile à produire par cela même, et qui fait sa force : c’est l’appel continuel, en écrivant aux fidèles, à la Parole écrite, comme à une autorité reconnue. Elle est employée comme une autorité que personne ne songeait à contester, sinon un incrédule avoué. Ouvrez le Nouveau Testament, presque à quelle page vous voudrez, vous trouverez la preuve de ce que je dis. — « Il est écrit, il est écrit », décidait toute question et terminait toute controverse. Il ne s’agit pas de prouver les Écritures ; elles servent de preuve absolue et finale. C’est le témoignage le plus fort qu’on puisse avoir. Si je dis, en raisonnant sur quelque question d’affaires humaines : les lois disent ceci, et les lois disent cela, comme décidant la question ; cela suppose leur existence, leur autorité, comme dominant toute controverse, et une autorité que personne ne peut mettre en question. Il en est ainsi de l’emploi des Écritures : « Ceci est arrivé afin que les Écritures soient accomplies ». « Jésus, afin que les Écritures fussent accomplies, dit : J’ai soif ». « Le Saint Esprit a bien parlé à vos pères par le prophète Ésaïe ». « Promis par les prophètes dans les Saintes Écritures ». « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; et il a été enseveli et ressuscité, selon les Écritures ». « Aussi l’Écriture prévoyant que Dieu justifierait les Gentils par la foi ». « Or l’Écriture ne peut être anéantie ». « Laissez agir la colère, car il est écrit ». « Afin que par la consolation des Écritures nous ayons espérance ».

C’était le grand avantage des Juifs, par-dessus tout, que les oracles de Dieu leur avaient été confiés. « Car, que dit l’Écriture ? ». « Les Écritures peuvent nous rendre sages à salut ». Les Juifs « anéantissaient la Parole de Dieu par leur tradition ». « Il leur ouvrit l’esprit pour entendre les Écritures, et il leur dit : Il est ainsi écrit ». Est-ce en s’accommodant à l’homme, que le Seigneur ouvre l’entendement pour faire comprendre des choses qui n’ont pas une autorité divine ? Non, les Écritures sont traitées par les apôtres, par le Seigneur Lui-même, comme ayant une autorité incontestable et divine, comme les oracles de Dieu, comme la Parole de Dieu. Ceci est tellement vrai, que lorsque le Seigneur, pour l’accomplissement de Sa mission divine, a dû subir la tentation de l’ennemi, l’Écriture fut l’arme qu’Il employa comme étant d’une trempe divine contre laquelle Satan n’avait aucune force, et ses ruses aucun succès possible. Il suffisait de dire : Il est écrit. Le tentateur se serait trahi, s’il avait mis en question l’autorité absolue de ce qui était cité. Sa meilleure ressource est de citer l’Écriture à sa manière ; mais elle ne fait pas défaut à cette épreuve. Le second Adam répond encore : « Il est aussi écrit ». On peut, sans blâme, préférer la sagesse et la perfection de son Sauveur à la suffisance et à l’incrédulité du doctorat humain. Faites encore attention à l’importance de cet emploi de la Parole de Dieu, des Saintes Écritures, des oracles de Dieu, par les apôtres et par le Seigneur.

On dit : « Mais il y a des variantes, de mauvaises traductions, des choses que des connaissances plus avancées démontrent impossibles, de sorte qu’on ne peut pas prendre les Écritures comme une autorité ». Le Seigneur avait donc tort. Il y avait des variantes, de mauvaises traductions (celle en particulier des Septante), des inconséquences qu’on prétend montrer, au temps où le Seigneur a dit que « les Écritures ne peuvent être anéanties ». Lorsqu’Il vide Sa controverse avec Satan, par leur moyen, Satan, pour ne pas paraître Satan sans voile, n’ose pas les mettre en question. Il y en avait, lorsque l’apôtre les appelle « les oracles de Dieu ». Aucune de ces choses n’empêche le Seigneur de reconnaître leur autorité absolue dans toutes les occasions. « La folie de Dieu est plus sage que les hommes ».

À l’égard des preuves de l’autorité de la Parole, elle porte sa démonstration avec elle, comme tout témoignage de Dieu. C’est là le principe fondamental. Elle n’exige pas de preuves, elle fournit des preuves de tout à l’âme. Le soleil n’a pas besoin d’être éclairé pour qu’on le reconnaisse ; il éclaire. La Parole de Dieu n’est pas jugée ; elle juge. Si Dieu parle, et nous avons vu que les Écritures sont appelées Sa Parole, malheur à celui qui ne sait pas que c’est Lui qui parle. Il y en a, bien sûrement, qui ne reconnaîtront pas que c’est Lui. Si ce refus de croire est absolu, ils seront perdus ; leur jugement est écrit : « La lumière est venue et les ténèbres ne l’ont pas comprise ». « La Parole de Dieu est vivante et opérante et plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants, atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et jugeant des pensées et des intentions du cœur ». On la reçoit, de bouche ou par écrit, comme étant la Parole de Dieu ; si on la rejette, eh bien, l’on est perdu. Si l’on ignore quelques détails, ou si l’on se méprend sur quelque livre, on en perd d’autant par son orgueil : « Le témoignage de l’Éternel est assuré, donnant la sagesse aux simples… aussi ton serviteur est rendu éclairé par eux ». « L’entrée de tes paroles illumine, et donne de l’intelligence aux simples ». Lisez tout le psaume 119.

Cette conviction que la Parole se démontre elle-même, est de toute importance. Elle seule maintient le vrai caractère de la Parole de Dieu. Comme Jésus, elle « ne reçoit pas un témoignage de la part de l’homme ». Celui qui ne croit pas au Fils de Dieu sera condamné. Celui qui ne reçoit pas le témoignage que Dieu a donné de Son Fils, fait Dieu menteur, et n’a pas la vie ; car selon les paroles du Seigneur Lui-même, les Écritures Lui rendent témoignage. Le principe fondamental c’est que la Parole de Dieu doit être reçue par la foi ; or le raisonnement de l’homme ne saurait être le fondement de la foi ; s’il l’était, ce ne serait pas la foi en Dieu, ni la foi en Sa Parole. « Il a cru Dieu ». « Ils seront tous enseignés de Dieu » ; « Quiconque a entendu le Père et a appris de Lui vient à moi ».

Ayant posé ce principe, j’entre dans quelques détails sur les voies de Dieu à cet égard. Nous avons vu le Seigneur, sur la terre, mettre Son sceau sur les Écritures ; mais remarquez, qu’en faisant cela, Il a mis Son sceau sur la foi de tous ceux qui les avaient reçues avant qu’Il ait fait cela. Ce n’est pas parce qu’Il a dit cela, que les fidèles ont cru. Leur cœur, leur foi, avaient été mis à l’épreuve auparavant. Leur foi existait en ce qu’ils ont reçu le témoignage des Écritures avant que celles-ci eussent été ainsi sanctionnées, au moment où elles ont été proposées à leur foi, sur le pied de leur propre autorité. Lorsque Jérémie parle, il ne s’ensuit pas que tous reçoivent son témoignage ; il y en avait qui n’avaient pas « d’oreilles pour entendre », mais qui écoutaient les faux prophètes. C’est une question morale où il s’agit de reconnaître Dieu. Mais les fidèles, dans tous les âges, ont reçu les témoignages de Dieu, et les infidèles n’ont pas pu discerner Dieu dans ces témoignages. Cela n’est pas changé aujourd’hui. Dieu donne, dans Sa Parole, une évidence morale assez grande pour la légitimer à la conscience. Lorsqu’Il a établi quelque chose de nouveau, Il a ajouté des preuves extraordinaires suffisantes. Mais avec cela vient la responsabilité morale de celui qui écoute ; c’est ce que Dieu ne détruira jamais ; et en même temps vient la grâce qui agit pour donner et affermir la foi. La réception de la Parole, et plus tard, l’intelligence de cette Parole, est une chose présentée à la responsabilité de l’homme. La grâce seule peut l’amener à la recevoir et la lui faire comprendre. Rien ne peut déplacer cette responsabilité, ni ôter la nécessité de cette grâce, ou en détruire l’efficace. L’autorité du témoignage apostolique le plus positif, et qui exige la soumission de la manière la plus tranchante, ne peut pas changer cela. « Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont le commandement du Seigneur. Et si quelqu’un est ignorant, qu’il soit ignorant ». Un apôtre ne peut pas dépasser ces bornes. Car les choses communiquées par des paroles enseignées par l’Esprit se discernent spirituellement. Il en était ainsi du temps de tous les prophètes. « Écoutez, dit Jérémie, et prêtez l’oreille, ne vous élevez point, car l’Éternel parle… que si vous n’écoutez ceci, mon âme pleurera en secret à cause de votre orgueil ». Or, ce qui distingue l’état qui amène le jugement sur la maison de Dieu, c’est que Sa Parole perd son autorité, sauf dans le résidu gardé par Lui. « Et toute vision vous sera comme les paroles d’un livre cacheté qu’on donnerait à un homme de lettres, en lui disant : Nous te prions, lis ceci ; et il répondrait : Je ne saurais, car il est cacheté. Puis, si on le donnait à quelqu’un qui ne fut point homme de lettres, en lui disant : Nous te prions, lis ceci, il répondrait : Je ne sais point lire. C’est pourquoi, parce que ce peuple s’est approché de moi de sa bouche, et qu’ils m’honorent de leurs lèvres, mais qu’ils ont éloigné leurs cœurs de moi, et parce que la crainte qu’ils ont de moi est par un commandement d’hommes », etc. Voilà l’état du peuple et la cause de son jugement. Alors le Seigneur dit : « Empaquette le témoignage, cachette la loi parmi mes disciples… À la loi et au témoignage ». — Il en est de même dans le Nouveau Testament : « Dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux ». Quelle est alors la ressource ? « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que dès l’enfance tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut, par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute Écriture est inspirée de Dieu ». La ressource, aux derniers jours, c’est le respect pour les Saintes Écritures, et l’assurance de leur suffisance : « Toute Écriture est inspirée de Dieu ». Ainsi, soit parmi les Juifs, soit dans l’Église, la ressource des mauvais jours, c’est la confiance dans la divine inspiration des Saintes Écritures. Le Seigneur l’a signalée et sanctionnée ; mais cette confiance dans l’autorité de la Parole, existait avant qu’Il l’eût sanctionnée. C’est cette foi, sans autre sanction que la Parole même, qu’Il a sanctionnée. Témoignage précieux pour les temps qui viendraient après Lui, car ainsi, cette même sanction s’applique aussi à ceux-là ! L’apôtre, nous annonçant les mauvais jours, dirige d’avance nos pensées sur le même moyen d’assurer l’âme. Ceux qui ont eu foi aux Écritures, avant le témoignage du Sauveur, ayant su, par grâce, distinguer ce qui était la Parole, avant que Jésus eût mis Son sceau sur le tout, ont été ainsi approuvés de Lui. Ceux qui le font après, ont déjà cette sanction.

Il y a un autre principe que je ferai remarquer ici : c’est que les « oracles de Dieu » sont confiés à Son peuple. L’Église ne peut pas nous imposer son autorité, mais elle a la responsabilité de garder le dépôt qui lui a été confié. Ainsi Rome a manifesté son infidélité en ajoutant les livres apocryphes. Or, quoique l’Église puisse manquer à sa responsabilité, en détail, il est impossible pour le fond que Dieu manque à Son Église, ou que Christ ne la nourrisse et ne l’entretienne pas. Dieu surveille tout cela, non pas afin que les docteurs ne s’égarent pas, mais afin que les fidèles aient une nourriture de Sa part, et une règle de vie parfaitement sûre. Ce ne sont pas les petits et les colporteurs qui trouvent la difficulté. Dieu leur a accordé et conservé la Bible, et leur conscience rend témoignage, par l’Esprit, que Dieu agit en eux-mêmes par cette Parole. Le Saint Esprit les rend capables, selon la mesure de leur spiritualité, de l’employer et de la comprendre. Un cœur plein de joie, parce qu’il est enseigné de Dieu, discerne la Parole. Ils la lisent dans une mauvaise traduction peut-être ; ils y perdent sans doute quelque chose, mais Dieu a pris soin qu’il en reste assez pour que leurs cœurs apprennent avec certitude la doctrine et les voies de Dieu. Cette Parole est « l’épée de l’Esprit » ; elle porte sa conviction avec elle, là où l’Esprit l’emploie selon l’efficace de Sa grâce. Elle laisse l’homme sous la responsabilité de l’avoir rejetée, partout où elle est présentée à sa conscience.

Un homme peu instruit dans la science, mais enseigné de Dieu, est beaucoup plus en mesure de saisir toute la vérité, lors même qu’il se servirait d’une traduction imparfaite, que le docteur qui prétend juger du canon tout entier. Voici pourquoi : L’Église lui présente le Nouveau Testament, car les oracles de Dieu sont confiés à l’Église ; cela ne donne pas la foi, il est vrai, mais c’est un moyen que Dieu emploie. L’Église les présente, non pas avec autorité, comme prononçant sur la Parole, mais comme fidèle dépositaire de ce qui lui a été confié ; cela se fait par des parents, des amis, des ministres, et il y a une foi générale, dans l’église professante, que c’est la Parole de Dieu. L’âme simple ne se met pas à juger de tout le canon du Nouveau Testament, avant que de le lire ; elle le lit, et cette Parole produit la foi.

Un homme reçoit par l’enseignement de Dieu telle vérité, et encore telle autre. La Parole l’a jugé, la Parole lui a révélé Jésus. Pour lui, l’histoire de Jésus est toute divine ; elle communique à son âme ce qu’il reçoit par une science divine, car ces choses se discernent spirituellement. Les épîtres lui développent la doctrine divine. Il jouit de la Parole avec une certitude divine que Dieu lui a parlé. Il profite de tous les livres du Nouveau Testament sans savoir ce que le mot canon signifie. Si un savant docteur veut lui ravir son trésor, savoir l’autorité et l’inspiration de la Parole qu’il sait être de Dieu, cette Parole devient, dans sa main, « l’épée de l’Esprit », pour lui faire voir la folie de la science humaine. Il plaint le savant de manquer de tout ce dont il jouit divinement.

Celui qui a mangé du pain, sait ce que c’est que le pain, sans être inspecteur des boulangers. Si, par la grâce, un croyant fait des progrès dans la connaissance divine, il voit l’harmonie de l’ensemble, l’adaptation des parties. Il a non seulement la « pleine assurance de la foi », mais encore la « pleine assurance de l’intelligence ». Il voit la divine sagesse de la Bible, et non pas seulement la vérité divine qui est en elle. Il trouve peut-être un texte faussé par une mauvaise traduction ; cela ne s’accorde pas bien avec ce qu’il sait être la vérité de Dieu ; il vous dira : Je ne comprends pas ce passage (je le suppose privé de tout secours spirituel, ce qui n’est pas le cas, selon les voies de Dieu dans Son Église), mais, humble dans son cœur, il l’attribuera à son ignorance. Que fait le docteur ? Il raisonne sur le canon ; il veut en juger avant de le lire, et il ne reçoit rien. L’esprit de l’homme ne se crée pas les choses de Dieu. La raison humaine ne peut pas prononcer sur l’autorité de la Parole de Dieu. On me dira : C’est se fier au sentiment ; non, c’est se fier à Dieu. Ils seront tous « enseignés de Dieu ». On ne connaît jamais l’autorité de la Parole qu’en y croyant.

Celui qui n’a que les pensées de l’homme, me dira : « Mais il faut savoir d’avance si c’est la Parole de Dieu, avant d’y croire ». Je réponds : « Vous ne le pouvez pas ». Il est vrai, heureusement vrai, qu’on reçoit le Nouveau Testament, comme la Parole de Dieu, sur la foi de ses parents ou de son éducation, mais on ne la reçoit réellement comme telle, que lorsqu’elle est « mêlée avec la foi » en ceux qui la lisent. Je reçois, pour ma part, avec une pleine assurance, le Nouveau Testament, tel qu’il est adopté par l’Église universelle. Les circonstances m’y ayant appelé, j’ai examiné les témoignages extérieurs et je les trouve satisfaisants ; mais cela ne produit pas la foi ; cela peut être utile, pour écarter les objections de ceux qui ne vivent pas de la Parole et ne peuvent pas en juger. L’autorité de Dieu n’est pas du ressort de l’intelligence humaine. Je sais que certaines épîtres ont été mises en question dans les premiers siècles, au moins en de certains endroits ; mais je ne doute pas que l’Église de Dieu, en recevant comme inspirés les livres qui forment le Nouveau Testament, n’ait été dirigée de Dieu. Les moyens de communication ne sont pas la règle de l’autorité, mais ces moyens peuvent être employés selon la certitude de la règle : Une mère instruit son enfant dans la vérité ; elle n’en est pas la règle ; ainsi le pauvre chrétien reçoit le Nouveau Testament tel qu’il est distribué. Peut-être qu’il ne peut pas démontrer l’authenticité du recueil, mais il profite heureusement du fait que l’Église reçoit ce recueil. Lorsqu’il l’a lu, il le trouve divin. Dieu emploie ainsi des moyens pour communiquer la vérité et le livre qui la contient. La masse des croyants en profite. C’est Dieu qui agit ainsi. S’il faut répondre à des incrédules qui contestent l’autorité de ce dont d’autres jouissent, il se peut que quelques-uns seulement sachent convaincre les contredisants, mais cela n’empêche pas Dieu d’employer ces moyens, et de donner la foi à ceux qui s’en servent.

J’ai dit que l’homme exercé dans la Parole, selon Dieu, trouve non seulement dans l’application de passage après passage à sa conscience, la preuve de sa divinité, mais, dans l’intelligence qu’il acquiert de la plénitude de Christ par ce moyen, il reçoit la conviction la plus profonde de la perfection de l’ensemble. Je prendrai un exemple dont on se sert parfois pour démontrer que le Nouveau Testament renferme des choses qui n’appartiennent pas à la sphère de l’intelligence spirituelle. L’Esprit de Dieu, dit-on, ne peut pas nous faire sentir la force d’une généalogie. Ce n’est que l’ignorance de la Parole — de Christ Lui-même — qui se trahit dans une telle remarque. Pour faire ressortir la gloire variée de Jésus, d’après les conseils de Dieu à Son égard, il importe de manifester les divers caractères qu’Il revêt ; c’est le fond de la révélation de Dieu. Or Sa relation avec Abraham et David, et Sa relation avec Adam, forment des points capitaux dans cette révélation ; c’est ce qui nous est présenté dans ces généalogies. Mais ce n’est pas tout. Elles correspondent exactement aux caractères des évangiles auxquels elles sont respectivement attachées. — L’évangile de Matthieu, dont la généalogie a pour point de départ Abraham et David, s’occupe spécialement du Messie — des relations du Christ avec les Juifs, de l’accomplissement des prophéties en Lui, et en même temps de Son rejet comme Messie, et de la transition à d’autres voies de Dieu. — Celui de Luc nous présente les grands traits de la grâce venue dans « le second Adam », et les grands principes moraux qui s’y rapportent. Dans cet évangile, la généalogie remonte jusqu’à Adam. — Jean, au contraire, nous donne la personne du Sauveur, qui est au-dessus de toutes les questions des voies de Dieu en économie sur la terre. Les Juifs sont partout mis de côté comme réprouvés, ainsi il n’y a pas de généalogie. « La Parole était Dieu ». L’évangile de Jean commence avant la Genèse ; à la fin, nous ne trouvons ni l’agonie en Gethsémané, ni l’abandon sur la croix, mais d’autres choses qui ne se trouvent pas en Matthieu ni en Luc. Ainsi les diverses gloires de Christ sont manifestées, et peu à peu la perfection admirable de la Parole brille dans toute sa splendeur. Les remarques des critiques pâlissent et s’effacent comme les étoiles devant le soleil, qui les fait disparaître avec les ténèbres qui permettaient qu’on les aperçût.

La Bible présente une perfection, dans ses parties et dans son ensemble, qui ne laisse aucun doute dans l’esprit de celui qui l’a goûtée, que cet ensemble ne soit divin dans son entier.

J’ai déjà parlé de la divinité de la Bible en détail, comme épée de l’Esprit, qui fait sentir sa force à l’âme, en la jugeant et en lui révélant Christ ; maintenant je veux parler du tout ; de ce qu’on appelle le canon. — Si Matthieu manquait, on n’aurait pas le Messie fils de David, fils d’Abraham. — Si Marc manquait, on n’aurait pas le serviteur fait à la ressemblance des hommes, un prophète sur la terre. — Si c’était Luc, on n’aurait pas le Fils de l’homme ; enfin, si c’était Jean, on perdrait le Fils de Dieu. — Dans les Actes, on trouve la fondation de l’Église, par l’énergie de l’Esprit de Dieu ; le commencement et le développement de l’Église à Jérusalem par l’instrumentalité des douze ; puis les Gentils greffés sur le franc olivier par Pierre, apôtre de la circoncision ; lorsque Jérusalem a enfin rejeté le témoignage, l’Église, pleinement révélée, et appelée par le ministère de Paul, apôtre des Gentils. — L’épître aux Romains nous fournit les principes éternels des rapports de Dieu avec l’homme ; le croyant établi en bénédiction, par le moyen de Christ mort et ressuscité, et la conciliation de ces choses avec la spécialité des promesses faites aux Juifs, par Celui qui ne peut manquer à Ses promesses. — Dans les Corinthiens se trouvent les détails de ce qui concerne l’intérieur d’une église ; sa marche, son ordre, son relèvement lorsqu’elle va mal, la patience et l’énergie de la grâce ; le tout tracé par l’Esprit de Dieu, agissant par le moyen d’un apôtre, et déclarant l’autorité divine de ce qu’il ordonne. — Dans les Galates, le contraste entre la loi et la promesse, ainsi que la source du ministère ; en un mot, le jugement du judaïsme dans ses racines. — Dans les Éphésiens, la relation du croyant avec le Père et avec Christ ; la plénitude des privilèges de l’Église, corps de Christ ; se relation avec Lui, et le mystère caché depuis les siècles, dans lequel tous les conseils de Dieu, pour Sa gloire, sont développés. — Dans les Colossiens, la plénitude qui se trouve dans la Tête pour le corps, et l’avertissement solennel de ne pas se séparer en pratique de cette position d’union avec la Tête, en laissant glisser au sein de l’Église les apparences d’humilité. — Dans les Philippiens, l’expérience faite par l’apôtre, c’est-à-dire la vraie expérience spirituelle de ce que Christ est pour le chrétien, ou plutôt dans le chrétien, comme suffisant à tout, quelle que soit sa position ; Sa suffisance immédiate, lors même que celui-ci serait privé du soutien de l’apostolat ; et la marche de l’Église dans l’unité de la grâce, dans l’unité maintenue par la grâce, lorsque l’énergie spirituelle de ses chefs humains viendrait à lui manquer. C’est une précieuse épître sous ce rapport. — Dans les Thessaloniciens, l’attente de l’Église dans la fraîcheur de ses affections, et le mystère d’iniquité aboutissant à l’arrivée du méchant ; mystère à travers lequel l’Église aurait à maintenir cette attente et ces affections. — En Timothée et Tite, les soins qu’on peut appeler ecclésiastiques, pour le maintien, soit de la doctrine, soit de l’ordre. La première épître à Timothée nous parle de l’ordre normal de l’Église ; la seconde du chemin individuel, quand l’Église est en désordre et qu’il y a une fausse profession générale de christianisme. Ces trois épîtres présentent le salut et la vie. — Dans l’épître aux Éphésiens, l’Église avait été vue assise, comme un tout dans le ciel ; dans l’épître aux Hébreux, les fidèles sont considérés comme cheminant en faiblesse sur la terre, et Christ, par conséquent, est vu à part, pour eux, en la présence de Dieu dans le ciel, en contraste avec les figures terrestres qui en avaient été données au milieu d’Israël. Ceci donne lieu à un développement magnifique de la personne du Seigneur, comme Dieu créateur, comme homme, et comme Fils sur Sa propre maison, créateur de toutes choses ; enfin, particulièrement comme sacrificateur, selon l’ordre de Melchisédec, quant aux droits de Sa personne ; selon la ressemblance d’Aaron, ou plutôt en contraste avec Aaron, quant à l’exercice actuel de la sacrificature. Ceci donne lieu au développement de la vie de la foi qui est celle de tous les croyants, et à la séparation finale des Juifs croyants d’avec le camp de la religion terrestre, comme étant venus à la Jérusalem céleste. — En Jacques nous est présenté ce ceinturon de la justice pratique, qui bride la tendance naturelle du cœur à abuser de la grâce (il faut que la foi soit réelle, une foi vivante) ; et les derniers rapports de Dieu avec les douze tribus (comme en Jonas avec les Gentils), lorsqu’un nouvel ordre de choses éclipsait par sa clarté et par sa perfection l’ordre auquel ces tribus avaient été infidèles. — Les épîtres de Pierre nous parlent du gouvernement de Dieu : dans la première épître en bénédiction pour les saints, selon la mesure dans laquelle ce gouvernement s’applique à eux ; dans la seconde épître, en rapport avec les méchants. La première épître nous présente le chrétien pèlerin sur la terre, dans la position où l’efficace de la résurrection de Christ l’a placé, selon une élection, non pas d’un peuple terrestre, mais pour la vie éternelle. Cette épître s’adresse aux Juifs de la dispersion (Pierre était apôtre de la circoncision), et leur convenait particulièrement, en les délivrant de l’idée d’un établissement terrestre, pour être pèlerins, par la grâce, sur la terre, en vue de l’héritage incorruptible. La seconde épître de Pierre est écrite en vue de son départ et de l’irruption du mal ; elle les exhorte au progrès. D’un côté, elle présente le tableau et l’assurance de la gloire du royaume à venir, dans sa partie céleste, mais manifesté sur la terre ; de l’autre, la corruption qui allait dégrader et ensevelir le nom de chrétien ; puis les conséquences de cela en jugement. Pierre ne voit jamais l’Église comme un tout dans le ciel, ainsi que l’envisage Paul ; elle est, ou plutôt ses membres sont sur la terre, et ils y sont pèlerins. L’exactitude de tous les détails en rapport avec ce point de vue, même jusque dans la manière de présenter la gloire, montre, au premier chapitre de la seconde épître, une perfection qui déclare son origine divine. — Jude développe d’une manière admirable tous les traits de cette apostasie, considérée comme corruption intérieure qui change la grâce de Dieu en dissolution[4], son commencement et ses conséquences, en nous conservant ce qui aurait été perdu sans cela, la prophétie solennelle d’Énoch, preuve de la clarté des témoignages de Dieu avant le déluge ; de Dieu, constant dans Ses desseins, depuis le commencement jusqu’à la fin. — Jean nous présente tous les traits de la nature divine ; premièrement ces traits manifestés en Jésus, et puis comme caractéristiques de la famille tout entière : cette épître est ainsi une sauvegarde contre toute prétention qui chercherait à séduire les fidèles, et à laquelle manqueraient ces traits. Elle développe le vrai caractère d’une pleine apostasie qui abandonne le christianisme, qui nie le Père et le Fils ; et elle fait allusion à l’infidélité juive qui nie que Jésus est le Christ. Elle est aussi le moyen de nourrir et de rassurer les fidèles, par le développement de ces qualités qui appartiennent à la nature de Dieu, avec qui, Père et Fils, si la lumière est en eux, ils ont communion ; en qui, si l’amour est en eux, ils demeurent, et Lui en eux. — Philémon et les deux petites épîtres de Jean nous font voir que, si le mystère de Dieu nous est révélé par l’un des apôtres, et la nature de Dieu mise en évidence par l’autre, s’ils nous élèvent à la hauteur de Ses conseils et de Son être — ils peuvent aussi s’occuper des rapports d’un esclave évadé avec son maître ; des anxiétés, des difficultés pratiques d’une excellente dame qui devait rejeter ceux qui n’apportaient pas la vérité ; enfin d’un bon et estimable frère, que l’épître instruit à recevoir les personnes auxquelles la charité chrétienne pouvait ouvrir la porte, insistant en même temps sur la vérité, mais reprenant la jalousie d’un certain personnage égoïste, qui désirait accaparer l’autorité à son profit. Ces épîtres nous font voir que cet amour qui demeure en Dieu, que Dieu Lui-même est dans Sa nature, qui se manifeste dans l’œuvre glorieuse du Christ — cette sagesse qui arrange tous les mystères pour Son éternelle gloire, ne dédaigne pas de pourvoir à la délicatesse parfaite des rapports difficiles d’un maître avec son esclave, ni de manifester les soins les plus tendres à l’égard des détails de la vie. Cet amour, dans la perfection de sagesse et de grâce, lie la plénitude et la perfection de Dieu à tous les mouvements du cœur humain, à toutes les circonstances de la vie d’ici-bas, sanctifie un peuple qui doit demeurer avec Dieu, par la révélation de ce qu’Il est, et les forme pour Sa présence, en créant des affections pures, et en faisant d’un amour saint le ressort de toute leur vie.

Dans l’Apocalypse, l’Esprit de Dieu, après avoir, dans une revue admirable de l’état de sept églises d’Asie, donné les éléments d’un jugement parfait de tous les états dans lesquels celui qui se trouve en rapport avec l’église professante peut être placé ; après avoir en même temps encouragé la fidélité de celui qui écoute, par des promesses de bénédiction en haut, spécialement convenables à la difficulté de chacun de ces états ; après avoir annoncé que cette bénédiction est préparée pour « celui qui vaincra » dans le combat où le place le déclin de l’Église — (déclin déjà commencé, du temps de l’apôtre, par l’abandon de la première charité, et qui finira en forçant Christ de vomir de Sa bouche ceux qui portent Son nom) ; — après avoir fourni ainsi ce qui est nécessaire pour le chrétien, au milieu des difficultés que présente l’état de l’église professante, et révélé le jugement de Christ, et cela avec une perfection et une adaptation de détail admirables — le Saint Esprit tire le voile pour montrer où tout cela aboutira dans le jugement du monde. — Il révèle premièrement des châtiments dans les circonstances, puis plus directement sur les hommes ; ensuite, tous les traits de l’apostasie affreuse de l’homme ; l’organisation diabolique de ses forces contre Christ, et enfin le jugement qui éclatera par l’arrivée de Christ Lui-même, Roi des rois, et Seigneur des seigneurs. Ce jugement fera place à un gouvernement de bénédiction et de bonheur (Satan étant lié), qui ne sera interrompu que par la mise en liberté de ce dernier, pour mettre à l’épreuve ceux qui auront joui de ce bonheur, et pour amener ainsi le jugement final des morts, puis l’état éternel où Dieu sera tout en tous. C’est le développement coordonné et complet de ce dont Jude, 2 Pierre, 2 Thessaloniciens, en s’adressant à l’Église, nous avaient communiqué les éléments moraux.

À la fin du livre, les rapports de l’Église dans le ciel avec Christ, de l’Église avec le temps de bonheur dont on jouira sous le règne de Christ, sont plus particulièrement développés.

Il y a un autre trait frappant de la perfection de l’Apocalypse, qu’on peut ajouter ici ; savoir son unité morale. La position de l’Église est bien constatée dans l’exorde et dans la conclusion, par l’expression de ses propres sentiments ; mais il n’y a jamais, dans tout le livre, une pensée qui se rattache à la communication vivante de la grâce aux membres, de la part de la Tête. C’est un livre prophétique de jugement : premièrement de l’Église, vue dans sa responsabilité sur la terre, dans les chapitres qui en parlent. Il y a promesse, menace, avertissement, jugement exprimé sur l’état de l’Église, révélation des caractères du Fils de l’homme, tout ce qui tient à la responsabilité. La Tête, source de vie et d’intelligence pour le corps, ne se trouve pas dans ces chapitres. Après le jugement de l’Église, vient celui du monde — l’Église étant vue dans le ciel — jugement progressif en sévérité, jusqu’à l’excision du méchant. Il se trouve, dans cette partie du livre, tout ce qui est nécessaire pour que les fidèles reconnaissent les voies de Dieu, et trouvent le chemin qu’Il leur a tracé pendant ces temps difficiles ; mais jamais Christ, source vivante de grâce. Tout est à sa place, car c’est l’ouvrage de Dieu.

Le Nouveau Testament nous présente donc, depuis la manifestation de Christ homme, en humiliation sur la terre, jusqu’aux temps éternels où Dieu sera « tout en tous », le développement parfait de toutes les voies de Dieu et de ce qu’Il est Lui-même, afin que l’homme jouisse de Lui, Le connaisse et Le glorifie ; que le fidèle soit gardé à travers toutes les difficultés et tous les dangers de la route, par la sagesse et les avertissements de Dieu, et qu’il comprenne Sa sagesse et Son amour infini. L’homme n’aurait pu composer ce tout ; il n’aurait pas pu prévoir la nécessité de chaque partie. On y sent la spontanéité énergique de la vie, c’est-à-dire de l’Esprit de Dieu. Ôtez une seule partie, maintenant que nous possédons le tout, la lacune sera instantanément sentie par celui qui l’a vu et l’a goûté. La perfection du tout se manifeste comme en tout ce que Dieu a fait, depuis l’insecte qui s’égaie dans l’air, jusqu’à l’homme lui-même, créé à l’image de Dieu avec un corps admirablement construit, lié à une intelligence capable de jouir de Dieu, d’entrer en communion avec Lui, et même, par la grâce, d’exprimer quelque chose de Son caractère et de Ses voies.

La Parole n’est pas informe ; c’est le corps complet des pensées révélées de Dieu, plus parfait que l’homme même auquel elle est adressée, parce qu’elle est plus immédiatement divine. L’homme qui fait le savant ne le comprend pas, ce corps, parfois il ne le voit pas : il en juge un membre selon la petite et mesquine histoire des faiblesses et des débats ecclésiastiques, les plus mesquins de tous les débats. Les choses de l’Esprit se discernent spirituellement. La perfection divine éclate à chaque page pour celui qui est spirituel, et l’unité de l’ensemble, la perfection de la liaison de ses détails, les rapports de ces détails entre eux et avec toutes les voies de Dieu, avec la personne de Christ, avec l’Ancien Testament, avec le cœur de l’homme renouvelé, avec les besoins de l’homme pécheur, avec les dangers et les difficultés de l’Église survenus longtemps après — tout se réunit pour couronner d’une gloire divine la démonstration de la source et du vrai auteur du livre où ces choses se trouvent. L’auteur en est d’autant plus évidemment Dieu, que les instruments humains sont plusieurs et divers. Mais son unité et l’union intime de ses diverses parties par-dessus tout, démontrent un corps complet et parfait. Si une seule articulation d’un doigt manque à un homme, ce n’est pas un homme tel que Dieu l’a fait ; on le voit, il peut avoir la vie, mais il est imparfait. Ôtez un livre du Nouveau Testament, tout le reste est divin sans doute, mais ce n’est plus le Nouveau Testament dans sa perfection divine. Comme dans un noble arbre, l’énergie intérieure, la liberté de la puissance souveraine qui y agit, produit des formes variées, où, en détail, l’ordre humain peut sembler manquer, mais où une beauté se trouve, qu’aucun art humain ne saurait copier. Coupez-en une branche, la lacune se voit à l’œil ; la liaison minutieuse avec le reste est détruite ; le vide qui se fait dans l’entrelacement des plus tendres feuilles, fait voir que la main spoliatrice de l’homme a été là.

Voilà donc comment le chrétien jouit de la Parole : chaque partie agit divinement en lui ; et à mesure qu’il fait des progrès, le tout se déploie dans son ensemble, aux yeux de sa foi, avec une évidence divine qui se rattache à tous les éléments de sa foi, aux gloires diverses de la personne de Christ, et à la perfection universelle des voies de Dieu, perfection dont le chrétien n’a pas jugé a priori, mais qu’il a apprise dans la Parole même.

Quand je vois un homme, ai-je besoin de quelqu’un pour me dire que sa forme est complète ? Plus je connais l’anatomie, plus j’en admire la structure ; mais c’est la vue de l’homme même qui me fait comprendre sa perfection. Il en est ainsi de toutes les œuvres de Dieu ; seulement Sa Parole exige, comme elle produit, l’intelligence spirituelle. Si quelqu’un est « prophète ou spirituel » qu’il la reconnaisse. Et savez-vous comment cette Parole dispose de ceux qui ne la reconnaissent pas ? « Si quelqu’un est ignorant, qu’il soit ignorant ». Il est humiliant, sans doute, d’avoir tout son savoir traité ainsi, mais c’est ce qui convient entre Dieu et l’homme. Je ne doute pas, je le répète, que les preuves extérieures ne confirment le jugement spirituel. L’homme savant qui se crée des doutes a besoin de preuves pour les lever. Le chrétien simple se nourrit de ce qui est divin, sans s’occuper des difficultés que le petit savoir de l’homme se crée.

Toutefois, comme il y a des âmes que préoccupent ces difficultés, je repasserai, pour en démontrer la futilité, quelques-uns des arguments dont on se sert pour nier l’inspiration. C’est une triste corvée, après avoir eu ses pensées dirigées vers la perfection de la Bible.

La première chose qui frappe, c’est que les arguments eux-mêmes sont tous pris en dehors des Écritures. On a substitué, nous dit-on, au temps de la Réformation, une autorité à une autre. Ce n’est donc pas par le moyen de ce qui a été trouvé dans la Parole que l’incrédulité juge de son autorité. — On veut que la foi se base sur une certitude historique et une évidence morale extérieure. Cela indique qu’on ignore entièrement ce que c’est que la foi ; qu’on n’a jamais eu une conviction divine, qu’on ne sent pas le besoin d’une foi divine, et qu’on ne connaît pas sa nature ; car aucune certitude historique ni certitude morale ne peut être la foi, ni plus ni moins. La foi vient de Dieu, et reçoit un témoignage à l’occasion duquel elle met son sceau que Dieu est véritable. Le rationaliste, qui n’a pas l’Esprit, ne peut envisager l’Écriture que comme le témoignage de l’homme qui l’a composée. Cela se comprend. Il perd l’Esprit et la Parole à la fois, pour se réduire à sa propre raison. — On insiste sur l’imperfection du texte du Nouveau Testament ; sur ce qu’il est écrit dans une langue morte, qu’on le lit dans des traductions, et enfin l’on nous dit que les auteurs ont suivi les idées de leur siècle. Cette dernière objection n’est aussi qu’un jugement porté d’après les idées du siècle de ceux qui la présentent, et ne vaut pas une réfutation. C’est une accusation et non pas une preuve ; or, cette accusation n’est qu’une calomnie. Le fait est, que si elle était fondée, il faudrait en dire autant des discours du Seigneur, ou rejeter toute l’histoire comme fausse (voyez Jean 3, 33, 34 ; 8, 47). Quant aux autres objections, j’ai déjà montré que le Seigneur met Son sceau sur les Écritures de l’Ancien Testament, malgré les mêmes difficultés, de sorte que j’ai une certitude divine de la futilité de ces objections. J’ajoute quelques mots. Ceux qui raisonnent ainsi confondent la règle de foi avec les moyens de sa communication ; ceux-ci se ressentent de l’imperfection des instruments. Personne ne prétend qu’une traduction soit divine, mais ce n’est que dire, que la diligence humaine est employée pour profiter d’une œuvre divine. Le dépôt, la règle de la foi, reste intact.

J’ajoute que si les nuages, formés par les vapeurs qui se lèvent de la terre, obscurcissent le soleil, ils ne font, après tout, que démontrer, tout en l’obscurcissant, la force de la lumière qui suffit pour toute œuvre humaine, quoiqu’on ne voie pas cette lumière dans toute sa splendeur. Cette objection ne dit donc rien que ceci, que lorsque Dieu bénit, on profite de cette bénédiction selon sa diligence.

Mais on va plus loin. On dit qu’on ne possède pas même l’original dans sa pureté. Ce n’est au fond que le même principe. Tout ce que Dieu donne, Il le place dans les mains des hommes pour qu’ils s’en servent, et les hommes ne savent jamais le garder comme ils devraient le faire. La révélation de Dieu a été placée entre les mains des hommes ; de l’Église. L’homme ne l’a pas conservée dans une perfection absolue, soit. Dieu permet que l’homme fasse l’expérience de ce qu’il est : mais la foi sait que derrière tout cela il y a la fidélité de Dieu qui veille sur l’Église, et que Christ la nourrit et l’entretient. L’expérience apprend, et le jour du jugement démontrera, que la foi en Dieu a toujours raison. Ainsi le croyant suppose bien qu’il est possible que la négligence de l’homme ait pu admettre quelques défauts en ce qui lui a été confié ; mais il a pleine confiance dans la fidélité de Dieu. Son expérience, ainsi que nous l’avons vu, confirme sa foi ; car il trouve la Parole divine. Le jugement de Dieu décidera, pour l’incrédule, la question que la foi divine a déjà décidée pour le fidèle.

L’examen du texte, par les savants, n’a pas manqué de montrer la témérité du savoir incrédule, mais n’a laissé de doute sérieux que sur un infiniment petit nombre de passages, ou plutôt de mots, et aucun passage de la plus légère importance pour la vérité, n’a une nuance d’obscurité. On apprend que Dieu a été là, dans Ses soins ainsi que dans Son don de la Parole, quoiqu’Il ait tout laissé extérieurement à la responsabilité de l’homme.

Dire que le sens de plusieurs passages est incertain, pour en nier l’inspiration, est un raisonnement trop absurde pour le répéter. C’est dire que l’ignorance et l’incapacité de l’homme sont une preuve que Dieu n’a pas agi dans une chose que l’homme ne comprend pas. Il y a une impudence superficielle, dans un tel raisonnement, qui décèle vraiment la valeur du savoir humain. Le sens est incertain ! Incertain à qui, je vous en prie ? À celui qui refuse d’être enseigné de Dieu.

On dit que les écrivains du Nouveau Testament ont été dominés par la traduction des Septante. Le contraire est la vérité. Lorsque cette traduction donne le sens, ils s’en servent. La moitié de leurs citations sont des traductions exactes de l’hébreu, et s’il se trouve des passages où il se sont éloignés du texte actuel de l’hébreu, les recherches des savants ont démontré qu’ils sont appuyés par le témoignage des plus anciennes traductions. En bien des cas, ils donnent le sens sans s’arrêter aux paroles. Une recherche consciencieuse sur ce point confirme puissamment l’inspiration divine des auteurs du Nouveau Testament.

On nous dit qu’il y a des inexactitudes, des erreurs et des contradictions. Je nie ces contradictions et ces inexactitudes. La mesure pour en juger est la certitude des connaissances de celui qui fait l’objection ; faites-y bien attention. Or je ne m’y fie pas. J’ai trouvé bien des choses où l’homme veut émonder le fruit de la spontanéité de l’Esprit qui agit, et faire un carré ou un rond de ce bel arbre. Pour ma part, j’ai vu, dans sa forme actuelle, la perfection divine. Tout est divinement adapté au but que le Saint Esprit se propose. Nous avons vu que Jean ne dit rien de la prière de Jésus en Gethsémané ; Matthieu ni Luc, rien de ce dont Jean parle. Qu’est-ce que cela me démontre ? Que Jean n’y était pas ? Non. Mais que l’Esprit est l’auteur des deux récits, et non pas Jean et Matthieu. L’homme aurait raconté ce que l’homme avait vu. Le Saint Esprit me présente dans l’un des évangiles l’homme et le Messie souffrant ; dans l’autre, la personne divine qui s’offre, et à qui personne n’ôte la vie. Je trouve la perfection divine où la sagesse humaine trouve des défauts. — Luc place l’offre des royaumes de la terre avant la tentation qui a eu lieu sur le faîte du temple, et omet par conséquent « Va arrière de moi, Satan ». Erreur, s’écrie le docteur mondain. Quelle perfection ! dit le chrétien : Matthieu donne l’ordre historique, Luc l’ordre moral, car la tentation spirituelle, par la Parole écrite, était d’un ordre plus avancé que la tentation de l’offre du monde entier. L’homme — le Messie Fils de l’homme — le Saint s’appuyant sur les promesses, ont successivement leur place. Or cet ordre moral caractérise une multitude de passages de l’évangile de Luc, là où l’ordre historique n’est pas nécessaire à la vérité du récit. C’est le Saint Esprit qui écrit.

J’ai trouvé des difficultés dans la Parole ; cela ne m’a pas étonné, ignorant que je suis ; mais j’ai trouvé ces difficultés les unes après les autres, et comme le moyen d’une introduction plus complète dans la perfection, dans la sagesse et dans la beauté divine de la révélation de mon Dieu. Si j’en trouve encore, et j’en trouve, je m’attends à Lui pour me les résoudre, et je ne dis pas : le sens est incertain ; mais : le sens est incertain pour moi. Je ne dis pas : il y a de l’inexactitude, et moi je suis assez exact en dehors de la lumière divine pour la juger ; mais : moi, je suis ignorant, et Dieu m’éclairera dans Son temps.

On a été jusqu’à dire que les Écritures elles-mêmes ne parlent pas de leur inspiration. C’est une ignorance ou une inattention qui rend, spécialement sur un sujet pareil, tous ces raisonnements indignes de l’attention d’un homme sérieux. L’apôtre dit tout le contraire, de la manière la plus nette et la plus absolue. Nous avons vu la manière dont la Parole parle des Écritures comme principe : je n’y reviens pas. J’ai déjà exposé la folie du raisonnement qui veut qu’une déclaration d’inspiration ne puisse s’appliquer qu’au passage qui prétend être inspiré ; je dis la folie, car pourquoi un passage ne pourrait-il pas dire : tous ces écrits sont inspirés ? Le fait est que les passages qui en parlent ne s’arrêtent ni au livre qui les contient, ni aux écrits du même auteur. Ils établissent un principe, ou s’appliquent aux écrits d’un autre pour les placer sur le pied des Écritures. Ils constatent l’existence d’un genre d’écrits ayant une autorité divine ; ils attribuent cette autorité à tout l’Ancien Testament.

L’Église a pu se tromper, dit-on encore. Soit ; mais n’y a-t-il point de Dieu ? Est-ce qu’Il a permis que nous soyons trompés sur ce point essentiel ? Ceux qui ne connaissent pas Sa bonté, disent que oui. Ils prononcent hardiment sur des livres qui ont édifié l’Église pendant des siècles. Mais que vaut ce jugement ? Voilà ce qu’il faut décider avant de mettre en question le livre duquel on parle. Je n’admets nullement l’autorité de l’Église, mais je reconnais qu’il est de son devoir de garder le dépôt qui lui a été confié, et je crois à la fidélité de Dieu.

Dans un certain sens, tout est nécessairement remis au jugement de chacun : c’est-à-dire on est soi-même soumis à sa responsabilité. Un socinien réclame le droit de nier la divinité de Christ et l’expiation. Si j’étais le pape, je ne pourrais pas l’empêcher de penser ainsi ; mais, si je suis chrétien, je sais qu’il est perdu s’il reste dans cet état. Je ne peux pas faire croire à l’inspiration du Nouveau Testament. Chacun en jugera ; mais si quelqu’un rejette la Parole, la Parole le rejettera. Il est plus hardi qu’un homme ne devrait l’être ; il ne sera pas plus fort que Dieu. Le salut ne dépend pas de la foi dans l’inspiration du Nouveau Testament. Un homme peut être sauvé sans savoir que le livre existe, par la vérité qu’il contient, parvenue à son cœur par la bouche de quelque croyant. Rejeter la Parole de Dieu lorsqu’elle est devant nous, c’est tout autre chose.

J’admets qu’il y a une différence entre l’inspiration du Nouveau Testament et celle de l’Ancien, non pas dans son autorité, mais dans son caractère. Les anciens prophètes disaient : « Ainsi a dit l’Éternel » ; et ils annonçaient les pensées de l’Éternel avec Ses propres paroles, sur un sujet particulier, au moment où Sa parole leur était adressée. Or, le Saint Esprit, descendu comme Consolateur pour conduire en toute vérité, est autre chose que l’Esprit prophétique, quoique le même Esprit (voyez 1 Pier. 1, 11, 12). « Il sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu ». « Vous avez l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses ». Christ étant glorifié, le Saint Esprit demeure dans les disciples, et peut ouvrir tous les trésors qui se rattachent à la gloire du Seigneur, toute la tendresse de Son amour, de Ses relations comme homme, avec les siens. Dieu est devenu homme, et Dieu le Saint Esprit demeure dans l’Église ; et, si j’ose le dire, s’humanise ainsi Lui-même ou, tout au moins, l’expression de Ses pensées, en ne cessant pas d’être Dieu ; Il s’épanche en grâce et en bénédiction dans tous les détails, dans toutes les circonstances de la vie humaine. Il subvient à nos infirmités. « Celui qui sonde les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, car il intercède pour les saints, selon Dieu ».

L’inspiration du Nouveau Testament partage ce caractère. Elle se développe dans l’unité de l’Église, en des sentiments, des affections ; elle supplée aux besoins, en parlant de l’amour et des voies de l’homme-Dieu, au milieu d’un monde de pécheurs. Mais, si le Saint Esprit a ainsi agi dans l’Église unie au Chef qu’Il glorifiait, ce qu’Il disait, ce qu’Il faisait écrire, n’en était pas moins la Parole de Dieu, les pensées de Dieu communiquées par des paroles enseignées de Dieu. Comme Christ ne cessait pas d’être l’Éternel parce qu’Il était homme, celui qui recevait Son témoignage mettait son sceau que Dieu est véritable. Il ne faut pas abandonner (hélas ! trop de docteurs humains l’ont abandonnée) cette présence du Saint Esprit dans l’Église, qui produit l’inspiration religieuse, c’est-à-dire l’énergie qui agit dans les chrétiens en puissance et en bénédiction, sans les constituer eux-mêmes en autorité. Il ne faut pas abandonner non plus l’autorité de ce qui a été communiqué, soit de bouche (si nous avions été présents pour en profiter), soit par des écrits inspirés par le Saint Esprit.

Remarquez aussi qu’il ne s’agit pas seulement de l’autorité apostolique, mais de l’autorité de la Parole de Dieu. Un prophète, qui parlait par inspiration, et qui pouvait dire : « le Saint Esprit dit : Séparez-moi Barnabas et Saul », avait la même autorité en cela que Paul ou Barnabas. Il n’était que la bouche de Dieu, comme ce que Paul et Barnabas disaient par la même inspiration, était la parole de Dieu. C’est pourquoi, alléguer que les évangiles ne sont pas écrits par des apôtres, n’a aucune valeur. Si un apôtre avait écrit sans être inspiré, son écrit n’aurait pas plus valu que celui d’un homme pieux. Si le plus petit dans l’Église a été employé par l’Esprit, son écrit a l’autorité de la Parole de Dieu. La valeur infinie de l’Écriture ne provient pas de la personnalité subordonnée de ses auteurs humains, en aucun cas, mais de son divin auteur.

Les deux évangiles qui n’ont pas été écrits par des apôtres n’en sont pas, pour cela, moins parfaits dans la manière dont ils nous présentent Dieu manifesté en chair, selon l’aspect particulier que l’Esprit Saint avait en vue. L’instrument employé pour nous donner l’histoire de notre Sauveur est sans importance ; le seul point essentiel est celui-ci : « Christ nous est-Il fidèlement présenté, comme Dieu voulait Le présenter ? ».

On a surtout élevé des doutes sur l’épître de Jude, la seconde épître de Pierre et l’Apocalypse. Examinons brièvement ces trois livres. Je trouve dans l’épître de Pierre l’assertion qu’elle est écrite par lui. Un ton de sainteté profonde et spirituelle, une dignité de conviction qui ne porte aucune apparence d’imposture, ce qui aurait lieu pourtant si elle n’était pas l’épître de l’apôtre Pierre. J’y trouve des allusions minutieuses à ce qui est arrivé à l’apôtre, dont le récit se trouve ailleurs et qui ne seraient pas suggérées à un imposteur. Aucun écart quant à la doctrine divine. La solennité et l’autorité qui ne se trouvent nulle part que dans les écrits inspirés. Une application directe à l’âme, de la part de Dieu, de l’autorité des choses écrites, qui est la caractéristique de l’inspiration. On y discerne un emploi de la Parole qui a un caractère divin, ainsi que des faits de la vie de Christ ; une connaissance et un emploi des grands principes de la vérité divine, qui sont d’une originalité incontestable, et en même temps d’une force divine qui se lie à toute la Bible ; une absence d’amplification qui n’est que dans la Bible, et qui tient à la conscience d’autorité avec laquelle parlait celui qui était inspiré ; ou qui était plutôt la conséquence naturelle de la divine autorité de Celui qui parlait. Ceux qui ont lu l’épître de Barnabas, que certains rationalistes voudraient comparer à celle de Pierre, sauront juger de la différence, et du discernement de ceux qui ont pu la mettre au rang de celle de l’apôtre. Au reste, il n’est guère douteux que cette épître, dite de Barnabas, ne soit une imposture, bien qu’elle soit contemporaine de ce dernier. On n’a qu’à lire les épîtres des pères dits apostoliques, pour voir que Dieu a gardé le témoignage de Sa Parole par la contre-épreuve de la futilité des écrits des compagnons mêmes des apôtres. On ne trouverait guère, aujourd’hui, autant de non-sens dans les livres religieux faits pour des enfants. Nous avons une épître de Clément, assez bonne et aimable, écrite pour faire la paix à Corinthe, mais elle est la seule supportable, et cependant aussi loin du Nouveau Testament que, sans doute, l’humilité de l’auteur de la lettre aurait voulu la placer.

On accuse l’épître de Jude de faire usage de fables et de livres apocryphes. Où en est la preuve ? L’épître, en général, est une profonde et admirable instruction sur les caractères de l’apostasie prédite en d’autres passages de la Parole ; cette instruction fournit des éléments qui, tout en se liant avec le reste de la Parole, ne se trouvent nulle part ailleurs. Elle renferme des principes profonds de vérité éternelle et divine, et trace avec une étonnante clarté, en quelques mots, la progression morale de l’apostasie de l’homme, aussi bien que ses commencements historiques dans l’Église, commencements confirmés doctrinalement, auxquels il est fait allusion en d’autres passages du Nouveau Testament. Elle porte les mêmes marques d’inspiration et d’autorité divine que j’ai signalées en Pierre ; le même contraste aussi, avec ce que nous savons être humain. Mais elle contient des fables, dit-on. Lesquelles ? Est-ce la chute des anges ? Le Seigneur même assure que Satan est un être déchu. Nous savons, par Pierre, qu’il y a des anges réservés pour le jugement. La témérité de la science appelle fable tout ce qui est au-dessus de sa portée. Je crois Jude et Pierre appuyés, si cela était nécessaire, par d’autres passages. Toute révélation est une fable pour celui qui ne croit pas. — Peut-être est-ce Michel combattant avec le diable ? Mais ceci, comme principe scripturaire, est reconnu non seulement dans l’Apocalypse et 2 Pierre, mais aussi dans le livre de Daniel (10, 20, 21) que le Seigneur a cité. Le même passage fait voir que Michel s’intéresse spécialement à Israël ; il est appelé leur « prince ». Nous trouvons la même chose en Daniel 12, 1, chapitre dont une partie est spécialement signalée comme digne d’attention, par le Seigneur Jésus. Ce chapitre déclare aussi que Micaël est l’instrument de Dieu en faveur d’Israël. On comprend facilement l’usage que les Israélites auraient fait du corps de Moïse, comme ils ont fait pendant des siècles du serpent d’airain. Nous savons aussi que l’Éternel l’a enseveli, prenant soin que personne n’eût connaissance de l’endroit où Il le mettait. N’emploie-t-Il pas les anges dans Son service, pour ces choses, et Micaël en particulier, pour Israël, et contre Satan qui s’oppose à ce service en faveur de ce peuple ? De sorte qu’il n’y a pas un élément de ce qui est dit en Jude qui ne soit appuyé en principe par le témoignage de la Parole de Dieu en général. Qu’il ait été donné à Jude d’ajouter un seul fait à tout cela, ne présente aucune difficulté à celui qui est imbu de la Parole. Il y a, au contraire, beaucoup de solennité dans l’enseignement. Rien de ces détails curieux et oiseux qui se trouvent dans les fables des livres apocryphes. Mais il y a ce qui jette une grande clarté sur ce monde de providence invisible, que, par une foule de passages, nous savons exister, et dont le rideau sera tiré quand nous connaîtrons comme nous sommes connus. Si je raisonne ainsi, ce n’est pas que je doute de l’inspiration de Jude ; non, car son épître a toute l’empreinte de l’amour, de la sainteté et de l’autorité de Dieu, et sa place évidente dans l’ensemble des livres du Nouveau Testament. Je montre, non la certitude de ce que Jude dit par inspiration, mais la légèreté des objections que l’on oppose à cette épître.

Quant à l’accusation de tirer des choses des livres apocryphes, quelle en est la preuve ? Voici à quoi (je le suppose) on fait allusion. La prophétie d’Énoch se trouve dans un livre apocryphe, portant le nom d’Énoch, qui a été publié en Angleterre il y a quelques années, et qui existe dans la langue éthiopienne. Mais il n’y a pas la moindre trace de preuve que Jude l’ait tirée de ce livre éthiopien. Que l’auteur de ce prétendu livre d’Énoch ait eu connaissance de cette même prophétie, cela n’a rien d’extraordinaire. La prophétie elle-même est confirmée par une foule de passages de l’Ancien et du Nouveau Testament. La vérité divine en est démontrée par des passages sans nombre et sous toutes les formes. Est-ce une preuve de ne pas être dirigé de Dieu, que de conserver ce qui est certainement vrai et rien d’autre, tandis que celui qui compose le livre reconnu pour être une imposture y ajoute une masse de crudités ? N’est-ce pas plutôt une preuve du contraire, si preuve est nécessaire ? Jude nous donne une prophétie qui est vraie, et rien que cela. Un homme qui en a connaissance emploie le crédit de cette vérité pour y attacher une masse d’erreurs ; on emploie cela comme une preuve que le premier n’a pas été dirigé de Dieu, et qu’il a dû tirer la prophétie vraie de celui qui en a fait un si mauvais usage. Et on appelle cela raisonner, et sagesse, et savoir ! Pour le chrétien la préservation de cette prophétie est d’un touchant intérêt. En ajoutant le fait, à une vérité enseignée ailleurs, qu’Énoch l’a prononcée prophétiquement, nous avons le témoignage, qu’avant le déluge même, l’homme de Dieu qui marchait avec Lui, qui a été retiré du monde comme l’Église le sera plus tard, a annoncé, déjà à cette époque-là, le jugement du monde qu’il quittait[5].

« Toutes les voies de Dieu lui sont connues depuis la fondation du monde ». Ses desseins sont arrêtés d’avance, quelles que soient Sa patience et Ses voies de support et de jugement avec l’homme, avant d’arriver à l’accomplissement de Ses desseins.

Enfin, dire que ce passage a été tiré d’un livre apocryphe, c’est une assertion dénuée de tout fondement. La date du livre apocryphe d’Énoch est controversée. Cette question devrait être résolue, avant qu’on ait une raison quelconque pour alléguer que Jude lui a emprunté sa prophétie. En examinant la question, j’ai acquis la conviction absolue que tel n’a pas été le cas.

Considérons maintenant l’Apocalypse. Ce livre, au fond, n’est rejeté que parce qu’il n’est pas compris. L’ignorance s’arroge les fonctions d’un juge et décide avec la témérité qui lui est naturelle. Le style de l’Apocalypse est obscur, en effet, pour celui qui n’est pas familiarisé avec la Parole ; et le contenu offre la même difficulté parce qu’il traite de sujets qui tendent à le rendre obscur. Cependant il n’y a pas un livre du Nouveau Testament dont la date et l’auteur soient constatés par des témoignages plus précis, plus anciens et plus compétents : pas un qui ait agi d’une manière plus sainte et plus solennelle sur la conscience des vrais chrétiens, qui se lie d’une manière plus admirable à toute la structure du Nouveau Testament, en complétant tout l’édifice ; et dont, à cet égard, l’absence serait plus sensible ; pas un qui se lie autant à l’Ancien Testament, par les révélations qu’il développe en empruntant les figures qu’emploient les prophètes, tout en y mettant la différence qui était nécessaire pour le Nouveau Testament.

Cette manière d’employer l’Ancien Testament forme la plus parfaite liaison entre les choses célestes et les terrestres, liaison constatée par la doctrine positive du Nouveau Testament. Elle rend l’intelligence du langage symbolique plus facile et le but du livre plus évident. Il n’y a guère un point, depuis le premier chapitre de la Genèse, avec lequel l’Apocalypse ne se lie sans effort, et d’une manière entièrement au-dessus de tout art humain. C’est un livre qui montre l’empreinte, l’essor et la perfection des pensées divines, précisément dans ces représentations et ces symboles où l’homme a voulu, en dehors de la Bible, emprunter quelque chose à Dieu pour donner un caractère plus élevé aux créations idolâtres de son propre cœur. La création, les Juifs, l’homme, sa puissance dans le monde, l’œuvre de Satan, celle de Christ dans ses résultats glorieux pour lui et pour la terre, l’Église, l’état des saints, dans leurs relations avec Dieu et avec la terre ; le gouvernement et la patience de Dieu ; les anges — tous ces sujets sont traités, placés dans leurs relations les uns avec les autres et avec l’Éternel, sans que le livre manque cependant, en quoi que ce soit, à une seule doctrine révélée dans la Parole ; n’en copiant pas les doctrines, mais les exprimant en de nouvelles formes, et dans des circonstances toutes nouvelles qui jettent sur les anciennes de nouvelles clartés et en reçoivent à leur tour.

Admirable terminaison d’un volume tel que le livre divin ! On comprend qu’un livre qui, comme la Bible, donne toutes les voies de Dieu depuis la création, jusqu’à la rentrée de cette création (longtemps rebelle et misérable, mais maintenant rachetée), dans l’ordre et la bénédiction où la plénitude de la grâce divine la place en sûreté, en ne laissant dehors que ce qui est incompatible avec la bénédiction elle-même ; on comprend qu’un livre qui révèle le Fils éternel de Dieu, qui était avant la création, au milieu de toute cette scène, pour en tirer la gloire de Son Père et un ordre plus admirable que celui qui était perdu ; on comprend, dis-je, qu’un tel livre ne se termine pas sans résumer tous les fils de ce merveilleux procédé divin, dans des résultats qui introduisent (lorsque l’œuvre du Fils est amenée à sa perfection et toutes choses assujetties) le règne complet et parfait du Dieu éternel ; la bénédiction du Dieu qui s’est fait connaître en Jésus. — Voilà ce que l’Apocalypse nous présente.

Qui est-ce qui (pour descendre dans quelques détails d’une autre partie de ce livre), en choisissant sept églises (nombre qui, à lui seul, suggère un ensemble parfait), aurait pu nous donner, en deux courts chapitres, toutes les positions morales dans lesquelles l’Église (et même chaque individu qui a des oreilles pour écouter) peut se trouver engagée depuis le commencement à la fin de sa carrière ? Qui est-ce qui aurait pu avec cela nous donner la révélation la plus précieuse des bénédictions célestes, adaptées comme encouragement spécial aux difficultés de chacune de ces positions respectivement, et en même temps, des révélations de la gloire diverse et variée de la personne du Fils de Dieu, gloire qui rayonne sur toutes les parties du sujet avec une clarté pénétrante, et cela avec des détails propres à faire la force de ceux qui se trouvent dans les positions dont ces chapitres traitent ? C’est ce que font les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse. — On comprend aussi que lorsque les communications inspirées, faites à l’Église, prenaient fin ; lorsque ceux qui veillaient, de la part de Dieu, s’en allaient, et que le mal, comme toute la Parole le témoigne, devait entrer à grands flots ; on comprend, dis-je, que l’Esprit de Dieu ait ainsi laissé à l’Église, aux fidèles qui en ont besoin, un résumé moral qui pût répondre à leurs besoins dans les ténèbres morales qui devaient les envelopper ; résumé qui, si Dieu réveillait les siens, expliquerait le cours des événements qui avaient eu lieu pendant ce temps de ténèbres, et ferait voir que si l’Église dormait, rien n’était arrivé sans Dieu ; — un résumé qui fournirait aussi un avertissement du jugement qui tombera sur l’Église professante (résultat de cet abandon de Dieu et de Sa lumière), et fraiera le chemin à Ses voies envers le monde. Ce jugement terrible suit la réjection et la corruption de la dernière et de la plus miséricordieuse manifestation de Dieu à l’homme. Le déploiement final de l’iniquité de ce qui professe être l’Église, ne laissera lieu qu’au jugement, et lorsque le jugement sera exécuté, ce dernier livre de l’Écriture nous dit que la justice sera établie dans le monde, par la puissance divine.

On comprend qu’un tel livre puisse clore les révélations de Dieu. Le rationalisme n’y voit que des spéculations historiques ! Qu’il y ait des choses difficiles à comprendre dans une telle révélation, cela n’est pas étonnant. Il est vrai que son langage est figuré, mais il est plein d’instruction morale pour celui qui est spirituel. Dieu voulait que ce livre fût une lumière pour Son peuple, car une bénédiction spéciale y est attachée pour ceux qui le gardent (chap. 1, 3). Ce n’est qu’à mesure que l’Église se réveille, qu’elle prend sa place en s’humiliant, et qu’elle comprend sa propre relation avec Dieu, qu’elle entre aussi dans l’intelligence divine de ce riche dépôt de tout ce qui éclaire sa position extérieure, et qu’elle comprend la manière dont Dieu reprendra le gouvernement du monde pour le placer dans les mains du Premier-né devant lequel tout genou devra se ployer. Le rationalisme préfère l’homme à Dieu ; au moins il préfère l’entendre, et c’est vraiment le préférer. On criera à la calomnie ; j’en suis content, car au moins cela montre que la conscience sent que, si cela est vrai, c’est une horreur ; et qu’un système qui a cela pour racine et pour principe se condamne lui-même. Eh bien, je le répète, le rationalisme préfère l’homme à Dieu, et il l’avoue. — La Bible n’est plus pour lui la Parole de Dieu. La raison humaine prononce sur elle, sur sa vérité, sur sa valeur morale ; mais il est évident que si elle était reconnue pour la Parole de Dieu on ne pourrait, on n’oserait faire une telle chose. Il est également certain que le rationaliste juge ainsi de la Bible et préfère se fier à sa propre raison, que de reconnaître une autorité divine, dans quelque livre que ce soit. Un auteur qui a récemment exposé cette doctrine, s’exprime ainsi : « La Bible n’est plus la Parole de Dieu, et je ne sais pas quel dommage il y a pour la piété, d’échanger la lettre d’un code contre les vivants produits de l’individualité apostolique, une autorité contre une histoire, et pour dire toute ma pensée, une ventriloquie cabalistique contre le noble accent de la voix humaine ». — Si ce n’est pas préférer les communications de l’homme à celles de Dieu, qu’est-ce donc que cela ? L’inspiration qui fait de l’homme la bouche et la voix de Dieu, est « une ventriloquie cabalistique » !

L’auteur préfère la voix humaine, elle est plus noble pour lui. Pauvres rationalistes ! admirateurs d’eux-mêmes, pour lesquels la voix de Dieu trop clairement entendue est une frayeur de mort, un son inconnu qui fait trop voir ce qu’ils sont ! Mais écoutez-la, même vous docteurs humains, tentés par Satan à explorer le bien et le mal tout seuls ; écoutez-la, vous trouverez que c’est une voix de grâce qui saura vous restaurer si elle vous convainc, et couvrir votre nudité morale de la perfection et de la gloire du second Adam, du Fils de Dieu.

On prétend (c’est une des formes que prend l’erreur dans ces dernières années) que rejeter l’inspiration de la Bible et son autorité sur les croyants, permet au Saint Esprit de reprendre Sa vraie place. Que l’Église ait méconnu d’une manière affligeante la présence et l’autorité du Saint Esprit demeurant en elle, c’est ce que je reconnais pleinement. Mais je ne comprends pas comment le rejet de l’autorité de ce que le Saint Esprit a déjà dit, relève cette autorité. Il me semble que c’est plutôt ouvrir la porte à des prétentions humaines et à des ruses sataniques. J’ai vu ce dernier effet produit par cette même cause, et, dans les écrits qui recommandent ce système, on se trouve livré à des prétentions humaines, sous l’apparence spécieuse d’une plus grande spiritualité. — « Au lieu de l’autorité de la Parole », dit le même auteur que nous venons de citer, « nous aurons la parole de l’autorité ; au lieu de renvoyer le pauvre prosélyte aux articles d’un code, aux formules d’une dogmatique » (c’est ce que je ne veux pas plus que l’auteur en question), « ou aux feuilles de je ne sais quels mystérieux oracles ! nous le renverrons à tous les grands prophètes de tous les temps, à l’enseignement vivant de l’Église, à la Parole de Dieu personnifiée dans ses serviteurs, à l’Esprit et à Ses manifestations, en un mot, au contact immédiat du cœur avec la vérité ». — Comment mon cœur est plus en contact immédiat avec la vérité, en écoutant « la voix humaine », qu’en écoutant les « paroles enseignées par le Saint Esprit », on a de la peine à le comprendre. « Les manifestations de l’Esprit », s’il ne s’agit que de l’exercice des dons spirituels pour l’édification de l’Église, et de l’énergie de l’Esprit manifesté dans ces dons, j’accepte : mais j’engage le fidèle à bien se mettre sur ses gardes contre de fausses prétentions à ces « manifestations ». J’en ai vu, et j’y ai vu clairement l’ennemi, la puissance évidente et démonstrative de Satan. — Tout esprit n’est pas l’Esprit de Dieu, et Satan se déguise en ange de lumière. Ces « manifestations », accompagnées du rejet de la Parole et de son autorité directe sur l’âme, sont de l’ennemi des âmes. C’est le cas des Irvingiens, et il y en a eu d’autres. Il est probable que l’ennemi prépare des entreprises plus hardies encore en ce genre, si Dieu ne l’arrête pas. Je ne crois pas que l’Église en général reconnaisse assez le Saint Esprit pour avoir de la vraie force contre des prétentions pareilles. Et, ce n’est pas en abandonnant la Parole, que l’Esprit nous a donnée, que nous trouverons cette force.

Remarquez bien que vous êtes appelés à abandonner ce que l’auteur cité appelle : « je ne sais quels mystérieux oracles », mais qu’Étienne appelle « des oracles vivants », et Paul, « les oracles de Dieu » (et faites-y attention, « les oracles vivants » sont la lettre de l’Écriture), pour vous livrer « à tous les grands prophètes de tous les temps », c’est-à-dire à tous les vagabondages de l’esprit humain, sans Dieu, peut-être sous l’influence de l’ennemi, et pour être ballottés sur la mer agitée de l’incertitude, sans carte et sans boussole, car, dit l’auteur, il n’y a pas de Parole de Dieu, mais, « le noble accent de la voix humaine », et « une parole d’autorité » ! Que ce soit un individu, ou un corps, qui assume cette autorité, il nous faut nous abandonner à la conduite de l’homme et non pas à celle de Dieu !

Le mal que ce système attaque, je le reconnais. C’est une des ruses les plus ordinaires de l’ennemi, lorsqu’un mal vieillit et perd son influence sur l’esprit de l’homme, de l’attaquer, pour fonder un autre mal plus en rapport avec l’état des esprits. Ainsi l’idolâtrie romaine a été attaquée par l’incrédulité moqueuse, aussitôt qu’elle a été ébranlée par le christianisme. Le rationalisme moderne suit la même voie ; il attaque cette théologie dogmatique sans vie, qui se sert du nom de Dieu pour mettre des menottes, non sur l’homme, mais sur l’Esprit de Dieu. Mais en faisant cela, au lieu de nous ramener à l’autorité de Dieu, il relève celle de l’homme ; au lieu de rendre la liberté et Ses droits à l’Esprit, il nous livre à l’esprit de l’homme en publiant son incrédulité à l’égard de la Parole, et en minant tant qu’il peut tout ce qui est certainement de Dieu. Cela une fois ôté, et alors qu’il n’y a plus d’autorité, c’est-à-dire d’autorité de Dieu, seul moyen de la vraie liberté de l’homme, qu’il n’y a plus d’autorité que celle de celui qui parle, ou de l’Église, qui est-ce qui sera libre ? On allègue que la foi en la personne du Sauveur demeurera ; c’est, en effet, le centre et la force du christianisme, mais je ne sais pas trop ce que sera la foi, et à quel Sauveur elle s’adressera, si la Parole de Dieu nous est ôtée.

Ce système parle aussi du Saint Esprit. Je reconnais de plein cœur la manière dont on a contristé et oublié le précieux Consolateur envoyé d’en haut ; mais ceux qui nient l’autorité de la Parole écrite, entendent par « l’Esprit » quelque chose de mystique, de vague, qui ne répond nullement à ce que l’inspiration dit du Consolateur, dont l’œuvre est de glorifier le Sauveur. C’est une espèce de principe qui forme une communauté ; non pas le révélateur de Christ et la puissance d’une personne divine dans l’Église.

Le Saint Esprit est la source de force, de puissance et d’intelligence dans l’Église et dans le chrétien ; mais séparer la notion du Saint Esprit de l’inspiration et de l’autorité de la Parole écrite, c’est s’abandonner aux imaginations de son propre esprit, ou à une autorité purement humaine, quelles que soient les prétentions de cette dernière, ou la forme ecclésiastique dont elle se puisse revêtir. C’est l’autorité, et non pas la vérité, qui est établie. La Parole de Dieu est l’autorité de la vérité et de Celui qui la révèle.

Il y a un point important que je n’ai pas développé, et sur lequel je désire ajouter quelques mots. C’est l’autorité de la Parole, indépendamment de l’effet qu’elle produit dans le cœur. Je puis être amené à reconnaître l’autorité de la Parole de Dieu par l’effet qu’elle produit sur moi ; mais il est évident que ce n’est pas cet effet qui lui communique son autorité. Si la Parole produit cet effet, c’est qu’elle possède l’autorité que je suis amené à reconnaître, avant même que je l’aie reçue. Je la reconnais, parce qu’elle existe. Si Christ a prononcé les paroles de Dieu, Ses paroles avaient de l’autorité quelle que fût l’incrédulité de Son auditoire : c’est-à-dire, elles avaient une autorité intrinsèque. Elles ne l’ont pas perdue en étant écrites. Le Seigneur place « les écrits » en première ligne, comme moyen de communication. Si l’apôtre nous a fait connaître la volonté de Dieu, avec « des paroles enseignées par le Saint Esprit », les révélations qu’il a reçues et qu’il a ainsi communiquées, ont une autorité divine sur la conscience, lors même qu’elles seraient rejetées par l’homme. L’autorité de la Parole est indépendante de sa réception par celui qui l’écoute ; ce n’est pas lui qui en jugera, sauf à ses propres périls : « Les paroles que je vous ai dites seront celles qui vous jugeront au dernier jour ».

Nous ne discutons pas ici l’authenticité du témoignage, mais son autorité, en le supposant authentique. — Où gît cette autorité ? — Supposons que deux personnes lisent un livre de la Bible : le cœur de l’une est touché et convaincu de l’autorité divine de ce qu’elle lit ; l’autre reste incrédule. Est-ce que l’autorité de la Parole dépend de la foi du croyant, ou est-elle la même pour les deux personnes, tout en étant méconnue par celle qui ne croit pas ? Il est évident, ou que celle qui croit s’est trompée, ou, si elle a raison, l’autorité du livre, tout en étant méconnue par l’incrédule, est aussi grande pour lui que pour la personne qui s’y soumet. Donc l’autorité réside dans la Parole même, indépendamment de l’effet produit par elle, ou du jugement que l’homme en porte. Elle a une autorité intrinsèque. C’est le jugement du dernier jour qui le démontrera : « Les paroles que je vous ai dites vous jugeront au dernier jour ». Il ne peut en être autrement de la Parole de Dieu, mais il est important de constater clairement ce principe.

La Parole elle-même l’établit : « Tu leur prononceras donc mes paroles, soit qu’ils écoutent, ou qu’ils n’en fassent rien ; car ils ne sont que rébellion » (Éz. 2, 7 ; comp. 1 Jean 2, 11-27). — « Celui qui croit au Fils de Dieu, a le témoignage au-dedans de lui-même ». — Voilà la puissance intérieure du témoignage. « Mais celui qui ne croit pas Dieu, l’a fait menteur ». — Voilà la culpabilité de celui qui ne croit pas. L’autorité de tout témoignage de Dieu est donc indépendante du jugement que l’homme peut porter sur ce témoignage. C’est le témoignage qui le jugera.

L’autorité intrinsèque du témoignage des Écritures est donc clairement constatée ; c’est une autorité indépendante de la réception du témoignage par celui qui l’entend, et tellement indépendante, que la Parole jugera celui qui ne lui obéit pas. Cela nous montre que Dieu l’a accompagnée d’une évidence morale assez grande, pour rendre coupable celui qui ne reçoit pas le témoignage, et qui fait Dieu menteur. Toutefois c’est la grâce de Dieu seule, qui peut vaincre la résistance morale du cœur de l’homme, incrédule de nature et de volonté, lorsqu’il s’agit de Dieu, et rempli de crédulité lorsqu’il s’agit de l’homme.

Il y a un autre point que je n’ai fait qu’effleurer, et que je désire mettre en évidence un peu plus clairement. Plusieurs circonstances témoignent que les récits des évangiles n’ont pas seulement des hommes pour auteurs, mais le Saint Esprit. Jean était un des trois apôtres qui ont accompagné Jésus dans le jardin de Gethsémané, tout près de l’endroit de Son agonie : il n’en dit pas un mot. Rien de plus touchant et de plus solennel que l’agonie du Sauveur, et bien certainement Jean ne l’a pas oubliée, car il se rappelle bien d’autres circonstances qui ne se trouvent pas dans les autres évangiles ; par exemple, que les gens qui vinrent prendre Jésus reculèrent et tombèrent par terre. Jean a aussi accompagné Jésus jusqu’à la croix, mais il ne dit pas un mot sur le fait qu’Il a été abandonné de Dieu, tandis qu’il raconte une foule de circonstances qui montrent que le Sauveur était aussi calme qu’il nous L’avait fait voir dans le jardin. Un homme, écrivant l’histoire des souffrances du Sauveur, n’aurait pas manqué de raconter des choses si profondément intéressantes, dont il avait été le témoin oculaire. Matthieu, apôtre aussi, aurait raconté l’incident remarquable qui s’est passé dans le jardin de Gethsémané, dont il fut témoin oculaire, savoir que toute la bande est tombée par terre, mais il n’en dit rien, tandis qu’il raconte l’agonie de Jésus et Sa prière, quoiqu’il ne fût pas l’un des trois qui accompagnèrent Jésus dans ce moment-là. Or, si l’on examine ces évangiles, on trouve que cette manière de faire, inexplicable si la Parole n’est pas inspirée, est parfaitement claire et intelligible si les évangiles sont inspirés. Un seul et même auteur les a écrits. Le Saint Esprit, dont l’œuvre est de prendre les choses de Christ et de les communiquer, nous fournit en Jean, les circonstances de l’histoire de Jésus, propres à faire ressortir la gloire de Sa personne comme Fils de Dieu — la gloire de Celui qui s’offre Lui-même à Dieu pour nous ; et en Matthieu, ce qui est nécessaire pour faire connaître le Messie souffrant. Il en résulte, non seulement une harmonie entre les parties de chaque évangile, mais aussi de tous les évangiles entre eux, qui produit un ensemble complet et qui montre le dessein et l’œuvre d’un seul et même auteur. Ce principe s’applique à tout le contenu des quatre évangiles. J’ai appelé l’attention du lecteur sur le jardin de Gethsémané et sur la croix, comme étant des exemples frappants. Une personne bien versée dans les évangiles, et ayant de l’intelligence spirituelle, saurait dire par la manière dont un sujet est présenté, quel est l’évangile où tel passage doit se trouver. Comparez la liaison de la fin de Matthieu 21 et la parabole du commencement du 22 ; la manière dont la parabole analogue en Luc 14, 16 est introduite, et celle des vignerons, Luc 20 : l’on trouvera que le contenu, la forme, les diversités de ces paraboles, se rapportent avec une perfection admirable au dessein de chaque évangile : En Matthieu, le rejet de Christ en rapport avec les relations du Messie avec les Juifs ; dans Luc, l’ordre moral des faits et les voies d’un Dieu de grâce, fondées sur la base plus large, plus morale et moins officielle, du caractère de Fils de l’homme. On peut voir la même chose en comparant Matthieu 24 et Luc 21.

Il y a un autre témoignage de l’inspiration, dont le caractère tout particulier mérite d’attirer l’attention du lecteur. Il s’applique spécialement à l’Ancien Testament, mais il fait ressortir la différence entre l’inspiration de l’Ancien Testament et celle du Nouveau d’une manière très claire : Les prophètes ne comprenaient pas leurs propres prophéties, et les étudiaient comme nous pouvons le faire nous-mêmes. Nous lisons (1 Pier. 1, 11) : « Recherchant soigneusement quand, et en quel temps l’Esprit de Christ qui était en eux, rendant par avance témoignage, déclarait les souffrances qui devaient arriver à Christ, et les gloires qui les devaient suivre. Et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour nous, etc. ». Ils étudiaient ce que le Saint Esprit avait dit par eux-mêmes. Leur inspiration était tellement absolue et indépendante de l’action de leur propre esprit, qu’ils recherchaient la portée de ce qu’ils disaient, comme l’un de nous pourrait le faire. Ce n’est pas là précisément le caractère de l’inspiration du Nouveau Testament ; mais elle n’en est pas moins réelle. Elle est signalée dans les mots qui suivent, dans le passage cité : « lesquelles vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont prêché l’évangile, par le Saint Esprit envoyé du ciel ».

« Le Saint Esprit envoyé du ciel » conduit en toute vérité, et ainsi l’inspiration agit dans l’intelligence et par l’intelligence ; mais elle n’en est pas moins l’inspiration. Au contraire, l’apôtre Paul préfère l’inspiration qui agit par l’intelligence, à l’inspiration en apparence plus en dehors de l’homme (1 Cor. 14, 14-19). « Si je prie en langue, mon esprit prie, mais mon intelligence est sans fruit ». Daniel 12, 8 nous donne un exemple de ce dont parle Pierre. « Ce que j’ouïs, mais je ne l’entendis point, et je dis : Mon seigneur quelle sera l’issue de ces choses ? Et il dit : Va Daniel, car ces paroles sont closes et cachetées jusqu’au temps déterminé ».

Le lecteur se souviendra, que le passage que je cite est celui auquel le Seigneur Lui-même renvoie Ses disciples, pour qu’ils le comprennent. Or, si le prophète n’a pas compris la révélation qu’il a communiquée, si les prophètes ont étudié leurs propres prophéties pour les comprendre, il est de toute évidence que ces prophéties étaient le fruit d’une inspiration directe et positive.

Je désire ajouter une considération qui tend à confirmer la vérité que je cherche à maintenir, et qui s’applique à l’ensemble de toute la Bible. On dirige notre attention sur le fait que la Bible n’est pas un livre, mais un recueil des productions de divers auteurs. C’est précisément sur ce fait que je fonde mon argument, mais en ajoutant à la circonstance que ce Livre a été écrit par divers auteurs, celle-ci : qu’il a été écrit en des siècles très éloignés les uns des autres. Malgré cette grande diversité d’époques et d’auteurs, il y a une parfaite unité de dessein et de doctrine, un ensemble de parties tellement liées entre elles, qui s’adaptent si parfaitement l’une à l’autre, que l’œuvre est évidemment celle d’un seul Esprit, d’une seule intelligence, dans un but poursuivi depuis le commencement jusqu’à la fin, quelles que soient les époques de la composition des diverses parties. Et cela nullement par une simple uniformité d’idées, car les promesses sont tout à fait distinctes de la loi, et l’évangile de grâce, distinct de tous les deux. Néanmoins, les parties sont tellement corrélatives, et forment un tout si harmonieux, que si l’on y fait tant soit peu attention, on ne peut manquer de voir qu’une seule intelligence en est l’auteur. — Or, il n’y en a qu’une qui a traversé les siècles pendant lesquels les divers livres de la Bible ont été écrits, savoir le Saint Esprit.

Prenez la Genèse. Vous trouverez des doctrines, des promesses, des types qui sont d’un accord parfait avec ce qui se trouve plus développé dans le Nouveau Testament ; des événements qui, dans ce livre, ne sont que des histoires racontées avec la plus grande simplicité, mais de manière à fournir le tableau le plus parfait de ce qui devait arriver des siècles plus tard. Des sentiments naturels à la piété, historiquement parlant, sont racontés de manière à avoir une signification qui, lorsque nous en avons la clef, projette sa lumière sur les doctrines les plus précieuses du Nouveau Testament, et sur les événements prophétiques les plus remarquables. — Prenez l’Exode, vous trouverez la même chose. Tout est fait selon le modèle présenté à Moïse sur la montagne ; tout fournit l’explication la plus claire que nous possédions des voies de Dieu en Christ. En même temps la loi est donnée, loi qui n’est pas imitée dans l’évangile (lequel ne renferme pas une copie ou un arrangement humain), mais qui se lie à cet évangile, de manière à rendre leur séparation impossible, et à donner à l’autorité de cette révélation, un caractère divin et absolu. Sans cela, Christ serait mort pour subir les conséquences d’une institution à moitié humaine, car Il a porté la malédiction de la loi. Faites-y bien attention : — c’était « la malédiction de la loi », révélée à l’homme, et dont Il avait dit : qu’un seul iota ni un trait de lettre ne passerait pas, jusqu’à ce que tout fût accompli. Et de plus, ce n’est pas en raisonnant avec les Juifs, sur leur propres principes, qu’Il l’a dit, mais en enseignant Ses disciples d’après Sa parfaite sagesse à Lui, et en exposant solennellement les principes de Son royaume. — Prenez le Lévitique. Les détails des sacrifices nous fournissent une lumière, qui jette sur l’œuvre de Christ des rayons de clarté que rien ne saurait remplacer, et nous donnent la clef de tous les mouvements du cœur de l’homme, et la réponse à tous ses besoins, tels qu’ils se trouvent même chez les païens. Ces détails préfigurent l’œuvre de Christ sous tous ses aspects, ainsi que cela est doctrinalement exposé dans le Nouveau Testament, soit par le Seigneur, soit par Ses apôtres, et cependant, pour l’auteur inspiré, c’étaient des ordonnances judaïques. — Prenez les Nombres, histoire de la marche du peuple de Dieu à travers le désert. « Toutes ces choses, dit l’apôtre, leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints ». Qui est-ce qui les a écrites pour nous ? Certes ce n’est pas Moïse, quoiqu’il en ait été l’instrument humain. C’est Celui qui connaît la fin dès le commencement, et qui dispose de tout selon Son bon plaisir.

Tous les événements de la vie chrétienne sont déposés, dans ces oracles, d’une manière si complète, que l’apôtre peut nous dire qu’ils « peuvent nous rendre sages à salut, par la foi qui est dans le Christ Jésus ».

D’un autre côté, le Nouveau Testament est loin de répéter seulement le contenu de l’Ancien, ou d’annuler son autorité. Il introduit une lumière toute nouvelle qui, tout en mettant de côté une foule de choses, dont l’accomplissement ôte de la valeur, jette une clarté sur le contenu de l’Ancien Testament, qui seule, lui donne sa vraie portée. Tout ceci s’applique à la loi morale, à la loi cérémonielle, à l’histoire des patriarches, à la royauté de David et de Salomon, aux sentiments exprimés dans les Psaumes, ainsi qu’à d’autres sujets. — N’est-ce pas un seul Esprit qui a fait tout cela ? Est-ce l’esprit de Moïse ou de Paul ? Non, certainement non. Faites aussi attention que tout cela se rapporte à Christ, et à toutes les gloires de Christ ; gloires que Dieu seul a connues, pour les révéler d’avance, et pour donner dans l’histoire, dans les ordonnances de Son peuple, et dans ce qui est raconté du monde même, précisément ce qui se rapporte au développement de tout ce qui serait manifesté dans Son Fils Jésus. Ainsi, que dit Pierre (Actes 2) ? « Hommes frères, qu’il me soit permis de vous dire avec liberté, touchant le patriarche David, et qu’il est mort, et qu’il a été enseveli, et que son sépulcre est au milieu de nous jusqu’à ce jour. Étant donc un prophète, il a dit de la résurrection de Christ, en la prévoyant, qu’il n’a pas été laissé dans le hadès, et que sa chair non plus n’a pas vu la corruption ».

Je ne pense pas parcourir ici tous les livres de la Bible, pour faire voir les preuves de cette unité de dessein, manifestée dans une œuvre faite par des instruments si différents et à des époques si éloignées, unité réalisée dans l’accomplissement d’une tâche qui ôte toute idée de cette intention chez les personnes qui l’exécutaient. Je ne me sers de cette considération, que comme confirmation de la doctrine que je maintiens ; mais pour celui qui connaît un peu la Parole de Dieu, cette preuve est d’une évidence incontestable.

Je n’ajouterai plus qu’un mot. En jugeant de l’inspiration par la précision du compte-rendu, on se trompe entièrement sur ce qu’on doit chercher. Le Saint Esprit ne cherche pas l’exactitude qu’on demanderait pour reconnaître qu’un homme a dit la vérité. Le Saint Esprit a toujours un but moral ou spirituel ; la révélation de quelque principe éternel de vérité et de grâce. Toute circonstance qui ne se rapporte pas à ce but est omise, sans que l’Esprit s’occupe de l’exactitude, sous ce rapport-là. Mais l’exactitude morale n’en est que plus grande, et le tableau présenté à la conscience beaucoup plus parfait. L’introduction d’une chose nécessaire à l’exactitude humaine, gâterait la perfection de l’ensemble, comme témoignage de Dieu. Dieu ne cherche pas à amuser l’esprit de l’homme par des histoires sans but, mais à enseigner son cœur par la vérité. Cela peut rendre quelquefois un récit difficile à coordonner, comme récit ; mais il y a deux moyens d’expliquer la source des difficultés : l’ignorance de celui qui trouve une difficulté, ou l’impossibilité de la chose qui a fait naître son embarras. Or l’homme attribue volontiers à cette dernière cause, ce qui provient de la première. Celui qui comprend le but du Saint Esprit dans ce qu’Il dit, saisit la perfection de la Parole, là où l’esprit de l’homme est arrêté par mille obstacles.



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1875.
  2. Je dis : de la part de Dieu, parce que personne ne conteste la possibilité que l’homme tombe dans l’erreur par sa folie ou sa négligence.
  3. Ce qui est vrai sous ce rapport d’un apôtre ou d’un écrivain sacré doit être également vrai des autres. Je ne pense pas qu’on prétende que les communications faites par le moyen de Paul, soient d’un autre caractère ou d’une autre nature que celles faites par la bouche de Pierre ou de Jean, ou d’un prophète quelconque.
  4. L’épître de Jude et la seconde épître de Pierre offrent une différence morale profonde, dans les points mêmes où elles se ressemblent. Pierre parle de l’iniquité dans ses rapports avec le gouvernement de Dieu ; Jude présente l’apostasie d’un premier état.
  5. Le fait est, qu’en comparant le passage de Jude avec celui du « livre d’Énoch », on a la preuve que Jude ne l’a pas emprunté à ce livre. Ces deux passages diffèrent essentiellement quant à la doctrine et sont adaptés à leurs écrits respectifs.