Écho du Témoignage:Le Fils de Dieu/Partie 2
III
Ce fut un merveilleux spectacle pour ceux auxquels il fut donné de le contempler, que le Seigneur Jésus calmant par Sa puissance la tempête sur la mer de Galilée. Il le serait encore à présent pour nous, si nos âmes étaient capables d’apprécier les gloires du Christ. On parle beaucoup des lois de la nature et des progrès de la science ; mais la première loi de la nature, c’est d’obéir à son Créateur. La mer de Galilée suit en un clin d’œil la présence de Celui qui, selon Son bon plaisir, transforme ou arrête le cours naturel des choses, et répond à Sa parole.
C’est que c’était Jésus Jéhovah, le Dieu auquel la mer Rouge et le fleuve du Jourdain obéissaient jadis : « Ô mer, qu’avais-tu pour t’enfuir ? et toi, Jourdain, pour te retourner en arrière ? Montagnes, avez-vous sauté comme des moutons, et vous coteaux, comme les agneaux ? Ô terre tremble pour la présence du Seigneur » (Ps. 114). C’est la présence de Dieu qui répond à la question. Qu’il s’agisse de la mer Rouge ou de la mer de Galilée, tout s’explique par la présence de Dieu. « Il parla et cela fut fait ».
Nous lisons que le Seigneur avait permis qu’à la voix d’un homme, le soleil et la lune s’arrêtassent dans les cieux. Josué parla au Seigneur, et Dieu combattit pour Israël. C’était là un incident merveilleux, et le Saint Esprit le représente comme tel. « Le soleil donc s’arrêta au milieu des cieux, et ne se hâta point de se coucher pendant un jour entier ; et il n’y a point eu de jour semblable à celui-là, avant ni après, l’Éternel exauçant la voix d’un homme ».
Mais Jésus agissait immédiatement de soi-même, et sans qu’aucun étonnement soit manifesté par l’écrivain sacré en racontant l’incident. Ceux qui ressentirent de la surprise étaient des disciples encore mal affermis dans leur foi.
Considérons aussi la nuée qui apparut à Israël aussitôt qu’il eut été racheté par le sang en Égypte, et qui l’accompagne dans le désert. La nuée servait de guide au camp, mais elle était aussi le voile qui couvrait la gloire du Seigneur. Cette gloire était souvent voilée, parfois manifestée, mais toujours présente pour conduire et accompagner Israël. Celui qui était assis entre les chérubins, traversa le désert devant Éphraïm, Benjamin et Manassé (Ps. 80). La gloire s’environna de la nuée qui précédait Israël, sous laquelle elle conduisait le peuple ; et aussi, malgré l’apparence humble et voilée sous laquelle elle habitait dans le lieu saint, elle revendiquait en même temps les divins honneurs du sanctuaire.
Tel fut Jésus, Dieu manifesté en chair, caché pendant Son séjour sur la terre sous la « forme d’un serviteur », toujours égal à Dieu dans l’adoration des saints ; et parfois apparaissant dans toute la splendeur de l’autorité divine.
Lorsque le peuple d’Israël arriva sur les bords de la mer Rouge, il avait besoin d’une protection puissante. La nuée vint se placer entre les Égyptiens et les Israélites ; pour les uns elle n’était que ténèbres, pour les autres qu’une vive lumière, de sorte que les Égyptiens ne purent s’approcher du camp pendant toute la nuit. Quand le jour fut venu, la gloire, c’est-à-dire le Seigneur, se tourna vers l’armée d’Égypte et y porta le trouble. Et dans une circonstance semblable, Jésus agit de la même manière. Il se place entre les disciples et leurs ennemis. « Si c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci ». Il les protégea par Sa présence comme Il l’avait fait autrefois pour les Israélites, et puis, au travers de la nuée qui voile Sa gloire, d’un regard, Il jette le trouble parmi les adversaires : « Dès qu’il eut dit : C’est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre ».
Mais les enfants d’Israël en traversant le désert avaient besoin d’avertissements aussi bien que de protection. Il fallait qu’ils fussent disciplinés aussi bien que rachetés, et la gloire cachée sous la nuée accomplit pour eux cette œuvre divine (Ex. 16 ; Nomb. 14 ; 16 ; 20). Ainsi Jésus, affligé de l’endurcissement ou de l’incrédulité de Ses disciples, accompagne par des paroles de réprimande les signes de Sa puissance ; comme, par exemple, sur le lac de Tibériade, Il dit aux disciples : « Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? » et « puis il parla avec autorité aux vents et dit à la mer : Tais-toi ».
La gloire était le Dieu d’Israël (Éz. 43, 4 ; 44, 2) et Jésus de Nazareth était le Dieu d’Israël ou la gloire (És. 6, 1 ; Jean 12, 41). Le Nazaréen voilait une gloire qui, dans sa plénitude, était inaccessible.
La gloire des gloires, le Seigneur des anges, le Créateur des saints de la terre, le Dieu du ciel, était caché sous l’humble désignation de fils du charpentier, et Il en acceptait toutes les conséquences.
C’est au Saint Esprit qu’il appartient de développer ce mystère (Héb. 2). Il fallait que la grâce de Dieu se répandît à la gloire de Celui à qui et par qui sont toutes choses (Héb. 2, 9, 10). Nous avons là les abondantes sources d’où découle ce magnifique dessein de Dieu, ce mystère de la rédemption par l’humiliation du Fils de Dieu, qui doit imprimer son caractère à l’éternité elle-même. La grâce divine devait se manifester, et la gloire divine devait y trouver sa plus parfaite expression ; tout provient de cette source ineffable. Jésus participa à la chair et au sang, Il endura la mort ; Il subit des tentations semblables à celles de Ses frères, le péché excepté ; Il connut la communion avec Dieu, les expériences intérieures, la sympathie avec les saints — la vie de la foi sur la terre avec ses prières et ses larmes, la vie de l’intercession dans le ciel. Il avait toute aptitude pour être à la fois une oblation et un sacrificateur, Il possédait toute puissance pour secourir et pour purifier, pour satisfaire les désirs de nos âmes, ainsi que l’attente des gloires à venir.
Ce fut en vue de toutes ces choses que le Fils de Dieu prit place sur la terre ; Il était dépendant, obéissant, plein de foi, plein d’espérance, et aussi affligé, rejeté, méprisé, crucifié, enseveli, afin que tout ce qui avait été ordonné dans les conseils éternels de Dieu fût pleinement accompli. À cette fin Il s’anéantit, mais ni Son abaissement, ni Ses souffrances ne purent atténuer en Lui la dignité de Sa personne. La parole créatrice : « Que la lumière soit ! » n’était pas plus en harmonie avec la majesté de Sa personne, que ne le furent Ses supplications et Ses larmes « pendant les jours de sa chair ».
C’était le même Jésus, Dieu manifesté en chair, qui reposa dans la crèche et qui fut cloué à la croix. Les bergers et les mages L’adorèrent dans l’étable. Dans le temple, Siméon, « averti divinement par le Saint Esprit », au lieu de bénir l’enfant qu’il tenait dans ses bras, bénit sa mère et Joseph (Luc 2) ; car il tenait Jésus dans ses bras, non comme un faible enfant, mais « comme le salut de Dieu ». Et ce fut dans ce caractère glorieux qu’il L’éleva dans ses bras, et se réjouit en Lui.
Ce fut dans le même esprit qu’Anne la prophétesse reçut l’enfant Jésus. Et même avant sa naissance, l’enfant que portait Élisabeth tressaillit dans son sein à la salutation de Marie. De même, avant que la vierge eût conçu, l’ange Gabriel proclama Celui dont il annonça la naissance miraculeuse, comme le Dieu d’Israël, devant la face duquel le fils de Zacharie devait marcher. Et enfin Zacharie lui-même étant « rempli du Saint Esprit » Le reconnaît comme le Seigneur auquel appartenait le peuple d’Israël, et comme « le soleil levant » qui devait les visiter « d’en haut ».
L’obéissance, l’abnégation de Lui-même, une subordination qui avait un caractère tout particulier, se montraient dans chaque acte de Jésus. Celui qui naquit à Bethléhem, qui fut circoncis, baptisé, oint, qui fut le serviteur, l’homme de douleurs, le crucifié, le ressuscité, passa sur la terre sous le regard de Dieu. Au sein de la vierge, dans les solitudes de Nazareth, dans Sa vie active au milieu des villes et des villages d’Israël, dans le sacrifice suprême de la croix, dans la gloire de la résurrection, « l’admirable » avait été toujours l’objet de la dilection et de la contemplation de Dieu. Il était parfait en toutes choses et Il renouvelait la joie que Dieu dut éprouver quand Il créa l’homme à Son image.
La dignité de la personne de Jésus répandit sur toute Sa vie de serviteur obéissant, une gloire qui centuplait la valeur de cette obéissance. Non seulement parce qu’Il rendait à Dieu un service volontaire ; mais aussi parce que Jéhovah l’appelle Son « compagnon » ; et qui pourra jamais mesurer l’étendue d’une telle gloire !
Nous le comprenons en partie d’après notre expérience personnelle. Plus la condition de celui qui nous sert est élevée, plus nous attacherons de prix à son service. Et cela est naturel, puisqu’il a dû se renoncer d’autant plus pour se dévouer à nous ; et en acceptant le service, nous ne pouvons perdre de vue la dignité de la personne qui nous le rend.
Il en est de même à l’égard du précieux mystère sur lequel nous méditons. L’obéissance de Jésus comme serviteur était parfaite, infiniment digne de toute acceptation ; mais les actes eux-mêmes étaient rehaussés de toute la valeur de la personne qui les accomplissait et qui leur donnait une gloire et un prix sans pareils.
Cette même valeur qui rendait inestimables les services de Sa vie terrestre, caractérisa plus tard Sa mort. Ce fut Sa personne elle-même qui donna à Son sacrifice son véritable prix, et ce fut la dignité de Sa personne qui répandit sur Sa vie d’abaissement et d’obéissance une gloire toute spéciale. Dieu pouvait accepter pleinement l’un et l’autre. En contemplant ce symbole du voile déchiré, la foi y découvre l’expression du bon plaisir du Père sur chaque acte de la vie de Jésus[1]. Que Dieu nous donne des yeux pour voir, des oreilles pour entendre pendant que nous suivons les voies de Jésus depuis la crèche jusqu’à la croix ! Toutefois, que nous les comprenions ou non, ces choses merveilleuses n’en existent pas moins. Pendant toute Sa vie d’assujettissement, Dieu trouvait Ses délices en Jésus, dans ce qu’Il faisait, dans ce qu’Il était. L’obéissance a été glorifiée en Sa personne et manifestée dans Sa beauté, dans toute Sa perfection, en sorte que nous pouvons dire non seulement que Dieu s’est toujours complu en Lui, mais aussi que cette satisfaction s’est constamment maintenue dans sa plénitude et qu’elle dépasse les limites de l’intelligence humaine.
La « forme de serviteur » était aussi bien une réalité que la « forme de Dieu » en Jésus. Seulement, l’une était une réalité qu’Il avait prise sur Lui, l’autre une réalité intrinsèque, essentielle. Ainsi donc, Ses voies étaient celles d’un serviteur, de même qu’en tant que Fils Ses prérogatives étaient celles de Dieu Lui-même. Il passait des nuits entières en prière. Il vivait par la foi, modèle parfait du croyant comme Il nous est dépeint, « l’auteur et le consommateur de notre foi ». Il fit de Dieu Son refuge dans la douleur. En présence de Ses ennemis, « il se remettait à celui qui juge justement ». Il n’accomplit pas Sa propre volonté bien qu’elle fût toujours parfaite, mais Il fit la volonté « de Celui qui l’avait envoyé ». Ce fut ainsi que la « forme du serviteur » fut manifestée en Lui dans toute sa perfection. C’était là une grande et vivante réalité. Depuis le commencement jusqu’à la fin ce serviteur vécut par la foi.
Dans l’épître aux Hébreux, Jésus nous est présenté comme « l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre profession » et aussi comme « le chef et le consommateur de la foi ». Comme sacrificateur, Il est Celui qui soulage nos consciences troublées, et qui nous vient en aide dans nos tentations diverses ; comme chef et consommateur de la foi, Il nous encourage à vivre de la vie de la foi. Dans le premier cas, Il est seul, et Il agit pour nous ; dans le second, Il est associé à une « nuée de témoins » et Il se place devant nous comme notre exemple dans le combat et dans la vie de la foi. Mais ne perdons pas de vue la distinction que fait le Saint Esprit. Il nous appelle à contempler Jésus, et non les témoins dont nous sommes environnés.
Observons aussi que ce fut la « contradiction des pécheurs », qui fit de la vie de Jésus, une vie d’épreuve et de foi. Un grand nombre de saints engagés comme Lui dans le « bon combat » eurent à subir des persécutions, des tortures et des outrages auxquels les exposait l’inimitié des hommes. Mais ce conflit n’est pas appelé « la contradiction des pécheurs contre eux ». Ces expressions ont une puissance, une élévation qui ne conviennent qu’à cette vie de la foi où combattit Jésus, et dont le Saint Esprit nous a donné la description au psaume 16. Le Fils de Dieu nous y est désigné comme Celui dont la foi rend présentes les choses qu’on espère, étant une démonstration de celles qu’on ne voit point (Héb. 12, 2, 3). Il jouit de la portion du sacrificateur, Il s’est toujours proposé l’Éternel devant Lui et Il sait « qu’Il est à sa droite, et qu’il ne sera point ébranlé ». Il attend aussi les plaisirs qui sont à la droite de Dieu, et Il verra Sa face qui est un rassasiement de joie.
Le psaume 116 décrit le couronnement de Sa vie de foi, par Sa résurrection dans la joie et dans les actions de grâce ; et l’apôtre, dans le même esprit de foi, attend avec une pleine assurance la joie de sa propre résurrection avec son Seigneur et son précurseur (2 Cor. 4, 13, 14).
« Je me confierai en Lui », c’est là l’expression de la vie tout entière de Jésus, mais Sa foi était de l’or sans alliage, qui, de la fournaise où Il était éprouvé, sortit aussi pur qu’Il y était entré. Il est nécessaire que les saints soient purifiés dans la fournaise de l’épreuve. Il faut que l’impatience, l’égoïsme, l’esprit de murmure soient détruits ou réduits au silence (Ps. 72 et 77). Job a failli devant l’épreuve, bien que maintes fois il eut lui-même fortifié les faibles et consolé les affligés par ses exhortations. Les plus forts sont parfois ceux qui sont plus facilement terrassés. Pierre s’est endormi en Gethsémané ; il a proféré des mensonges et des blasphèmes au prétoire. Mais toutefois un homme a existé dont la valeur inestimable s’est manifestée au sein même de la fournaise chauffée à sept degrés. Lisez Luc 22. Contemplez Jésus dans ce récit à l’heure de l’épreuve de la foi. Tout d’abord Il se trouve aux prises avec la douleur qui L’attend, puis avec Ses disciples, puis avec Son Père, et enfin avec Ses ennemis. Mais contemplez la perfection indicible de cette foi éprouvée par le feu. Toute la vie de Jésus fut une vie d’obéissance, de foi. D’un côté, elle était celle du Fils de Dieu qui avait pris la forme de serviteur, s’abaissant jusqu’à subir la mort, bien qu’Il « n’eût point regardé comme une usurpation d’être égal à Dieu ». D’autre part, c’est bien réellement la vie de la foi que connut Jésus. « Je me confierai en lui ». « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; puisqu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé ». Et cette vie de dépendance et de foi trouva sa réponse dans la protection de Dieu. « Celui qui se tient dans la demeure du souverain, se loge à l’ombre du Tout-puissant ». La foi du serviteur sur la terre fut parfaite, comme le fut aussi la réponse de Celui qui habitait dans les cieux (Ps. 91).
La sollicitude qui veilla sur Lui était infatigable, et L’accompagna depuis le sein de Sa mère jusqu’au tombeau. Le Saint Esprit avait déclaré par les prophètes qu’il en serait ainsi : « C’est toi qui m’as tiré du sein de ma mère ; qui m’as mis en sûreté lorsque j’étais aux mamelles de ma mère ». « Tu maintiens mon lot » ; « ma chair habitera avec assurance, car tu n’abandonneras point mon âme au sépulcre, et tu ne permettras point que ton saint sente la corruption ».
Ces tendres soins dont le Père entourait le Fils étaient tout pour Lui. Par cette vigilance continuelle Il fut protégé quand l’ange apparut à Joseph et lui donna l’ordre de s’enfuir en Égypte avec le petit enfant et sa mère. Celui qui gardait cet Israël ne sommeillait point.
Mais loin de porter atteinte aux droits divins de Jésus, ces détails en tirent toute leur signification. Si la personne de Jésus n’est pas défendue et honorée, la joie du Père qui s’en occupait avec une si tendre sollicitude, n’a plus de raison d’être. Et l’acceptation de ces relations devenait de la part de Jésus un acte d’abaissement à cause de la majesté inhérente à Sa personne. Jésus était aussi réellement « Dieu manifesté en chair » dans les bras de sa mère sur la route d’Égypte, qu’en sortant de Gethsémané quand l’aspect de Sa personne pleine de gloire et de majesté renversa les ennemis qui venaient pour Le saisir. Il était aussi parfaitement Emmanuel quand Il était couché dans la crèche de Bethléhem, qu’Il l’est à cette heure à la droite de Dieu. On se méprend sur Sa personne et sur ce qu’Il était, si l’on ne reconnaît pas que tous les incidents de Sa vie, depuis le commencement jusqu’à la fin, étaient la conséquence de Son abaissement volontaire — mais en contemplant ce glorieux mystère de l’incarnation sous un autre aspect et quant à la position que Jésus avait prise, nous voyons la vigilance et les tendres soins dont le Fils était continuellement l’objet de la part du Père.
Ce sont là des points de vue différents sous lesquels les évangélistes présentent le Seigneur. Il était l’objet de la sollicitude du Père et l’égal de Jéhovah. Si Jésus avait avec Dieu ces relations de dépendance réglées dans les conseils éternels, de même toutes les créatures, soit terrestres soit célestes, humaines ou angéliques, ont les mêmes relations avec Lui.
Il pouvait dire : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai », comme le Saint Esprit a pu affirmer que « le Dieu de paix a ramené d’entre les morts le grand pasteur des brebis ». Les ennemis qui en voulaient à Sa vie, tombèrent à la renverse à l’ouïe de quelques mots prononcés par Jésus, et cependant Il reconnaissait si complètement les soins et la protection du Père qu’Il pu dire : « Penses-tu que je ne puisse pas maintenant invoquer mon Père, et il me fournirait plus de douze légions d’anges ? ». Il guérit en la touchant l’oreille de Malchus, et quelques instants après Il permit que Son propre front fût ceint d’une couronne d’épines. Dans la profondeur de Son humiliation, Il demanda la sympathie des siens. « Vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ! » et puis, quelques heures plus tard Il refusa la compassion des femmes de Jérusalem, et Il honora la foi d’un malfaiteur expirant en lui promettant le paradis. Car même dans Son plus grand abaissement Il resplendit de gloire, et Il fait comprendre aux pécheurs que ce n’est pas la compassion des hommes qu’Il recherche, mais leur foi ; qu’Il ne désire pas exciter des émotions purement humaines, mais demande qu’on reçoive, dans la foi du cœur, et pour la pleine paix de la conscience, les bienfaits de Ses souffrances, et qu’on reconnaisse que cette croix méprisée comme une folie par les sages de ce monde, est la colonne qui doit soutenir éternellement la création de Dieu.
Les manifestations de la nature du Fils de Dieu, quoique diverses, s’harmonisent parfaitement ; parce que Sa dignité est réelle, Son humanité le serait-elle moins ? Les larmes que Jésus versa sur Jérusalem étaient aussi vraies que si Son cœur n’avait éprouvé que cette douleur d’un Sauveur rejeté par une nation incrédule et rebelle ; et cependant la joie qu’Il ressentait dans la contemplation des desseins de la sagesse divine était également une réalité. « Malheur à toi Chorazin », était aussi bien l’expression de la pensée de Jésus, que l’était Son invocation : « Je te rends grâce, ô Père ». Et de même, la « forme de serviteur » dans toutes ses perfections, et la « forme de Dieu » avec toute la gloire qui lui était propre, manifestaient dans la même personne des mystères réels et vivants.
Et n’est-ce pas là un des traits de l’obéissance de la foi, que de s’arrêter de temps en temps, tout en étudiant les différents incidents de la vie de Jésus, pour contempler avec une plus grande attention Sa personne elle-même. « La crainte du Seigneur est nette ». Mais il y a une crainte où se mêle un levain de légalisme et d’incrédulité ; et tel est le refus de contempler ces merveilles. Le mystère est insondable ; j’en conviens. Ce fut aussi devant un spectacle étrange que s’arrêta Moïse et qu’il déchaussa les souliers de ses pieds. S’il n’en avait pas agi ainsi, il se fût éloigné sans avoir reçu la bénédiction ; mais il demeura jusqu’à ce qu’il eût découvert que l’Éternel, « Je suis », était dans le buisson ardent. Étrange tabernacle pour contenir une telle gloire !
Si nous gravissons le Calvaire pour y contempler le « Berger frappé », et si l’œil de notre entendement est ouvert, qui découvrirons-nous sur le bois maudit, si ce n’est Celui que la Parole de Dieu appelle « le compagnon de Jéhovah » (Zach. 13) ? Et si nous nous mêlons à la foule impie qui encombrait le prétoire à Jérusalem, qui trouverons-nous dans cet homme outragé, insulté, souillé de crachats, si ce n’est Celui qui a desséché la mer Rouge et qui couvrit de ténèbres la terre d’Égypte (És. 1) ?
Le Saint Esprit, dans les sept premiers chapitres de l’épître aux Hébreux, nous démontre avec une grande clarté que l’efficacité de la sacrificature de Christ dépend entièrement de la majesté de Sa personne. Il est indispensable que dans ce souverain Sacrificateur nous trouvions un homme toujours prêt à secourir Ses frères parce qu’Il a été tenté comme eux, et que nous Le voyions entrer dans les cieux après avoir traversé les souffrances et les douleurs de la terre. Mais il est également de toute nécessité que dans ce souverain Sacrificateur nous trouvions le Fils, parce que nul autre que Lui ayant participé à la chair et au sang ne pouvait posséder « la puissance d’une vie impérissable ». C’est ainsi que Melchisédec représente la personne aussi bien que les vertus, les dignités, les droits et l’autorité du véritable prêtre de Dieu (Héb. 7, 1-3). « Sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours ni fin de vie, mais assimilé au Fils de Dieu, il demeure sacrificateur à perpétuité ». Et quel aperçu cette description nous donne du « souverain Sacrificateur de notre profession » ! II descendit du ciel dans toute la gloire du Fils ; et, dans la plénitude des temps, Il est monté au ciel portant avec Lui l’efficacité de Son sacrifice pour le péché, et ces compassions infinies qui viennent en aide aux saints sur la terre.
La foi se plaît à considérer Jésus dans toutes Ses voies. Elle reconnaît en Lui le Fils pendant Son séjour parmi nous ; et quand Sa vie de souffrance et d’abaissement se termine ici-bas, la foi confesse Celui qui a été rejeté, crucifié par le monde, comme l’homme glorifié dans le ciel. Dieu manifesté en chair ici-bas, l’homme caché dans la gloire là-haut, c’est toujours la même personne. Oui, cela nous est dit de Sa voie bénie ! « Dieu a été manifesté en chair, justifié en esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru au monde et élevé dans la gloire ».
Il y a un passage bien remarquable en Philippiens 2, où l’apôtre inspiré, après avoir parlé de l’humiliation de Jésus, ajoute ces mots : « C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé ». Ici nous nous étonnons de nouveau. Qu’est-ce qui pouvait élever Jésus ? Avant qu’Il ne fût entré dans cette voie de souffrances et de gloire, Il était par Lui-même infiniment glorieux. Cette gloire indicible qui était inhérente à Sa personne, en Sa qualité de Fils, ne pouvait s’accroître. Cependant nous Le voyons suivre une voie qui Lui concède une gloire plus excellente encore et qui, dans un sens, Lui est plus précieuse que toutes les autres. Une similitude très simple expliquera notre pensée. Supposons qu’un fils de roi obtienne par lui-même des honneurs : les dignités qu’il s’est acquises, bien qu’elles ne puissent pas lui procurer un rang plus élevé, auront plus de prix à ses yeux que toutes celles que sa position princière lui offre, et, bien plus que sa naissance, elles obtiendront pour lui l’estime et l’approbation de son pays.
Cette comparaison qui est à la portée de toutes les intelligences, peut jeter quelque clarté sur le précieux mystère que nous considérons. Selon les conseils éternels, le Fils de Dieu s’est mis à la brèche, et les victoires qu’Il a remportées, et les honneurs qu’Il s’est acquis seront pour Lui un sujet de joie pendant l’éternité. Il sera manifesté à la lumière de ces hauts faits qui feront Sa gloire à jamais. Jéhovah-Jiré, Jéhovah-Sophi, Jéhovah-Shalom, Jéhovah-Tsidkena, Jéhovah-Nissi, sont tous des noms qu’Il a acquis.
Et ces titres ont pour Jésus une indicible valeur. Dans Exode 3, caché dans le buisson ardent, Il révèle à Moïse le nom qui Lui est propre. « Je suis celui qui suis » ; mais en même temps Il fait connaître le nom qu’Il s’est acquis pour Lui-même : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », et Il ajoute : « C’est ici mon nom éternellement, et c’est ici le mémorial que vous aurez de moi dans tous les âges », paroles qui prouvent tout le prix qu’Il attache à la gloire que Lui ont méritée Ses voies de miséricorde envers de pauvres pécheurs. Et ce fut ce titre acquis, et non celui qui lui appartenait de droit, qui fut inscrit dans le tabernacle ou dans le temple. Les mystères de Sa maison n’annonçaient pas Sa toute-puissance et Sa toute-science essentielles, ni Son éternité, ni les gloires inhérentes à Sa divinité ; mais ils parlaient de Celui dont « la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement », et qui avait trouvé le moyen de ramener près de Lui « ceux qui étaient loin ». Assurément ce sont là des témoignages du prix que Jésus attache au nom qu’Il s’est acquis en se dévouant pour nous. Mais, « Dieu est amour ! », voilà l’explication de ce mystère.
Nous devons reconnaître en Jésus Celui qui est « né sous la loi » aussi bien que Celui qui dans Sa gloire personnelle était au-dessus de toute loi ; le Jéhovah d’Israël, le Créateur des bouts de la terre et « Jésus de Nazareth, oint de l’Esprit saint, qui allait de lieu en lieu, faisant le bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance, car Dieu était avec Lui ». Il communiquait le Saint Esprit et Il était Lui-même oint du Saint Esprit.
Selon les conseils de Dieu, le Fils participa à la chair et au sang ; Il était trouvé en figure comme un homme, Il vécut dans une dépendance complète de Dieu, et Il « est devenu obéissant jusqu’à la mort ». Telle fut la position qu’Il prit dans l’alliance éternelle ; et l’acceptation de cette position explique l’obéissance, le labeur, les angoisses, les cris et les larmes du Fils de l’homme pendant Son séjour sur la terre. Et maintenant qu’Il est monté au ciel, Il ne s’est pas, dans un sens, entièrement affranchi de ces conditions. Une promesse du Père L’attendait là-haut. Dieu Lui a dit : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de les pieds » (Ps. 110) ; dans la foi de cette promesse Il prit place dans les cieux. « Il s’est assis à la droite de Dieu attendant désormais jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds » (Héb. 10, 13). L’espérance répond à la promesse. Jésus est toujours le même montant au ciel et s’asseyant à la droite de Dieu, que sur la terre, serviteur obéissant plein de confiance et de foi. Aussi, dans cet avenir glorieux qui sera Son partage, Il restera assujetti : « Toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur », mais « à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2, 10, 11). Et quand « le royaume » sera remis, n’est-il pas dit que « le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Cor. 15, 27, 28) ?
Dans ces mêmes régions de gloire, assujetti à Celui qui Lui a assujetti toutes choses, ne sera-ce pas Son bon plaisir de servir les siens, comme il est écrit : « Il se ceindra, et les fera mettre à table, et s’avançant il les servira » (Luc 12, 37), et encore : « Celui qui est assis sur le trône habitera avec eux, ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, car l’agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines d’eaux vives, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » ?
IV
L’Écriture nous dit que les anges désiraient autrefois regarder jusqu’au fond des mystères « concernant le Christ ». Lorsque ces choses elles-mêmes furent manifestées et accomplies, leur désir fut exaucé, et ils devinrent les témoins oculaires de ce qu’ils avaient souhaité de contempler. Ils jouirent du privilège ineffable de prendre part à la vie terrestre de Jésus Christ, au « mystère de la piété », et d’y trouver leur béatitude, de même que, sous l’ancienne alliance, ils avaient goûté cette douceur dans le tabernacle de Dieu. Il est vrai que tout, dans ce sanctuaire, était destiné à l’usage et au bien des pécheurs. L’autel des holocaustes, l’autel d’or, le propitiatoire, tout fut ordonné à cause de nous. Les bénédictions qui se recueillaient dans le sanctuaire étaient pour les pécheurs ; mais les chérubins demeuraient dans la contemplation de toutes ces merveilles. Et il en fut ainsi lorsque Dieu fut manifesté en chair. « Jésus fut prêché aux Gentils et cru au monde », afin aussi d’être « vu des anges » (1 Tim. 3, 16).
Un ange du Seigneur, messager céleste, viendrait annoncer aux bergers la naissance de Jésus ; mais aussitôt qu’il eut accompli sa mission, « il y eut une multitude de l’armée céleste louant Dieu, et disant : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et sur la terre paix, et bon plaisir dans les hommes ! ». Lorsqu’un autre grand événement survint plus tard et que « Dieu manifesté en chair » fut ressuscité d’entre les morts, nous retrouvons au sépulcre des anges remplis de cette même indicible joie, « assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché » ; et à l’heure solennelle de l’ascension, nous les voyons de nouveau instruisant les « hommes de la Galilée » dans les voies de Celui qui venait de monter au ciel.
Que le Seigneur nous accorde la grâce de nous pencher par la pensée sur Jésus, et de nous humilier à cause de tout ce qui peut éloigner nos cœurs de cette contemplation bénie. Car il arrive trop souvent que nous sommes plutôt éclairés par la connaissance des dispensations de Dieu, que nous nous sentons vivifiés en présence de Bethléhem, de Gethsémané, du mont des Oliviers, mystères d’amour révélés aux anges ravis. Mais sans nous en rendre compte, nous en avons souffert, et nous avons laissé affaiblir cette communion intime dont d’autres saints ont joui autrefois. C’est pourquoi j’ai voulu contempler avec vous ce glorieux spectacle : Dieu manifesté en chair depuis la crèche jusqu’à la croix, depuis le sépulcre jusqu’aux siècles à venir.
Le Saint Esprit dans Sa grâce infinie nous vient en aide en nous montrant les anneaux qui relient ensemble les diverses parties de la voie de Jésus. Il nous dévoile dans les écrits de saint Jean le lien mystérieux qui existe entre « Dieu » et la « chair » dans la personne du Christ. Nous trouvons cette révélation au commencement de son évangile et de son épître, et toutes les Écritures proclament la même vérité ; mais un autre anneau de cette chaîne merveilleuse, celui qui réunit Dieu manifesté en chair à la gloire dans laquelle Il a été élevé, doit faire maintenant le sujet de notre méditation.
Matthieu rend témoignage à la résurrection d’une manière générale, les anges auprès du sépulcre l’attestent. Les femmes retournant à la ville touchent les pieds du Sauveur ressuscité, et les disciples Le voient en Galilée sur la montagne. Marc parle de plusieurs apparitions du Seigneur après Sa résurrection. Il s’est montré à Marie-Madeleine, aux deux disciples « qui étaient en chemin allant aux champs », et « aux onze comme ils étaient à table ».
Luc insiste davantage sur les preuves que Jésus donna à Ses disciples de Son identité. Il mangea devant eux ; Il leur montra Ses mains et Son côté en leur disant : « Un esprit n’a pas de la chair et des os, comme vous voyez que j’ai ». Il leur prouva par les Psaumes et par les prophètes que toutes les choses annoncées devaient s’accomplir. Jean, en traitant de ce témoignage, emploie le style qui lui est particulier. Dans son évangile Jésus est toujours présenté en vainqueur, et au sépulcre il en est de même. Les disciples y virent « les linges à terre », et « le suaire mis à part ». Aucune trace d’effort ni de lutte, rien qui annonçât l’accomplissement d’un fait étrange. Tout semble nous parler plutôt des trophées de la victoire, que des fatigues du combat. Et plus tard le Seigneur Lui-même ne donne à Ses disciples aucune preuve matérielle de Sa résurrection. Il ne leur accorde aucun signe sensible de Sa présence parmi eux, mais la réalité de Sa résurrection leur est attestée par des preuves plus élevées, plus convaincantes encore ; car c’est au cœur, à la conscience des disciples que s’adresse Jésus. La voix frappant à l’oreille de Marie, et l’appelant par son nom avec un accent familier à son cœur, lui révèle l’identité du Seigneur. Il montre aux onze apôtres Ses mains et Son côté, afin de répandre la paix dans leur conscience par l’assurance du sacrifice accepté ; de telle sorte qu’à cette vue un cri de conviction s’échappe de l’âme de l’un d’eux : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
L’ascension de Jésus a aussi, comme Sa résurrection, des témoins : mais ni Matthieu ni Jean n’en font mention. L’évangile de Matthieu se termine au moment où le Seigneur est encore sur la montagne de la Galilée. Jean ne nous conduit pas non plus au mont des Oliviers, mais Marc affirme le fait : « Le Seigneur donc, après leur avoir parlé, fut élevé dans le ciel et s’assit à la droite de Dieu ». Le moment de l’ascension est indiqué, rien de plus. Celui auquel appartient de droit tous les honneurs qui L’attendaient dans les lieux célestes disparaît dans les nuées, mais il n’est pas question de la part que prirent les disciples à cet événement. Le récit de saint Marc ne nous dit pas même s’ils étaient présents.
Luc est plus explicite. D’après son évangile, l’ascension du Seigneur est contemplée par des hommes qui prenaient à ce fait un intérêt puissant et personnel. « Et il les mena dehors jusqu’à Béthanie, et levant ses mains en haut, il les bénit. Et il arriva qu’en les bénissant, il fut séparé d’eux, et fut élevé au ciel. Et eux lui ayant rendu hommage s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie, et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu » (Luc 24, 50-53). Ce fut ainsi que l’homme ressuscité atteignit les cieux, laissant derrière Lui une multitude de témoins qui pouvaient attester que c’était bien là Jésus leur maître. Et bien « qu’une nuée le reçut et l’emporta de devant leurs yeux », les disciples savaient qu’Il était au-delà, dans les plus hauts cieux, le même Jésus qu’ils avaient connu ici-bas. Jésus qui avait mangé avec eux, qui leur avait accordé une pêche miraculeuse, qui avait béni les aliments qu’Il leur offrait pendant Son séjour sur la terre, en agit de même après Sa résurrection. Le Saint Esprit nous retrace dans son évangile toutes les phases de Son merveilleux séjour sur la terre ; et c’est toujours le même Jésus que nous contemplons, à Bethléhem ou dans le jardin de Joseph d’Arimathée, ou sur la montagne de l’ascension. Ressuscité d’entre les morts, Ses mains portant encore l’empreinte des clous qui L’avaient attaché à la croix, et Son côté la blessure qui Lui avait été faite par la lance du soldat romain, Il mangea et but avec Ses disciples durant quarante jours, et puis, sans changement apparent, Il monta au ciel. Il leur donna des conseils après comme avant Sa résurrection, Il leur confia comme auparavant un ministère, Il les reconnut et les appela par leurs noms ; et enfin, pendant qu’ils Le cherchaient du regard les yeux levés aux cieux, « deux hommes en vêtements blancs » parurent et leur dirent : « Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel ? Ce Jésus qui a été élevé d’avec vous au ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (Act. 1, 11).
Et c’est là le principe de toute religion divine, « le mystère de la piété ». C’est ce qui amène l’homme à connaître et à adorer Dieu. « Dieu a été manifesté en chair, justifié en esprit, vu des anges, prêché parmi les Gentils, vu au monde et élevé dans la gloire ».
Avons-nous bien réellement toujours devant nous la personne de Jésus Christ ? Il était, comme je l’ai dit plus d’une fois, de toute éternité dans le sein du Père. Puis, manifesté en chair, Il reposa dans l’humble crèche de Bethléhem, Il endura le labeur et les souffrances de la vie, Il mourut sur la croix, Il ressuscita des profondeurs de la terre, et Il monta dans les hauteurs les plus élevées des cieux. Les anneaux sont ainsi formés et ne pourront jamais être brisés, bien qu’ils réunissent ce qui existe de plus grand avec ce qu’il y a de plus abaissé. Le Saint Esprit se complaît à nous les développer tels qu’Il les a formés. Dans les psaumes 23 et 24, avec quelle rapidité le prophète passe de l’humble vie de foi, de dépendance et d’espérance de Jésus sur la terre, à l’époque de Sa glorieuse manifestation comme « le Seigneur fort et puissant dans les combats », et de Son entrée comme « l’Éternel des armées », « le roi de gloire », par « les portes éternelles » de la Jérusalem milléniale.
Sommes-nous en esprit avec Lui sur ce chemin ? Et, question plus solennelle encore, question qui est de nature à humilier plusieurs d’entre nous, sommes-nous bien réellement unis au Seigneur dans la phase actuelle de ce mystérieux voyage ? Car Il est encore dans ce monde le Christ rejeté. En quelle mesure Lui sommes-nous comme tel unis en esprit ? Jésus n’était rien de plus dans ce monde après qu’avant Sa résurrection. La résurrection ne changea rien à cet égard, et le monde n’était rien de plus alors pour Jésus que dans les temps où Il n’avait pas un lieu pour reposer Sa tête. Il quitta alors la terre pour le ciel, comme précédemment Il avait quitté le monde pour le Calvaire. Lors de Sa naissance, la crèche de Bethléhem Le reçut ; puis, quand Il ressuscite, les cieux s’ouvrent pour Le recevoir. Il s’était proposé à la foi d’Israël, mais Israël Le rejeta. Ressuscité, Il se fit de nouveau annoncer par les apôtres à Israël, mais ce fut pour essuyer un autre refus, et Jésus reste toujours étranger ici-bas. Le temps de Sa réjection dure encore. Il était seul sur la route de Jérusalem à Emmaüs bien qu’Il fût alors ressuscité, comme Il l’avait été déjà sur le chemin qui conduisait de Bethléhem au Calvaire. Est-ce comme tel, bien-aimés, que nous nous joignons à Lui sur la route ?
Il y a une multitude de pensées qui nous écraseraient si nous n’étions enseignés par la méthode de la divine sagesse. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les supporter maintenant », nous dit notre divin Maître ; et c’est ainsi que Sa bonté nous fait devenir « grands ». II prépare notre intelligence à recevoir des communications plus étendues.
Qu’avons-nous à faire si ce n’est d’ouvrir nos cœurs à Jésus ? La foi écoute. Le Seigneur a voulu que la femme samaritaine L’écoutât tout simplement depuis le commencement jusqu’à la fin de leur entretien au puits de Sichar. Si elle dit quelques mots, ces paroles ne sont que le témoignage du fait que les discours de Jésus atteignaient son intelligence, sa conscience et son cœur. Quand l’âme ainsi préparée s’ouvrit pour recevoir la vérité, Jésus s’y répandit avec toute Sa plénitude.
C’est cette attitude recueillie de la foi qu’il nous faut surtout et de plus en plus réaliser, en étudiant ces questions profondes et solennelles.
Nous venons de considérer dans les récits des évangélistes, les anneaux qui unissent ensemble les différentes parties de ce grand mystère. Et en arrivant au livre des Actes, nous voyons un fait occuper les pensées des apôtres et former le sujet continuel de leurs discours. Le voici : Jésus de Nazareth rejeté, crucifié, était élevé aux cieux. Pierre tout particulièrement ne perd pas une occasion de rattacher la grâce et la puissance manifestées au peuple juif, pendant les jours de son témoignage, au fait de l’ascension de Jésus de Nazareth.
Lors de la descente du Saint Esprit, la prédiction de Joël devint tout naturellement le texte du discours de Pierre. Il en fait son sujet parce qu’il y trouve Jésus de Nazareth, le crucifié. Il déclare que l’homme approuvé de Dieu au milieu d’eux, par les miracles, les prodiges, et les signes que Dieu a faits par Lui, était élevé dans les cieux, et qu’Il venait, comme le Dieu dont parlait la prophétie, de répandre l’Esprit qui était l’objet de la promesse. Pierre annonce aussi la venue en jugement de ce même Seigneur dont le nom avait été proclamé alors pour le salut d’Israël.
Tel est le sermon que prêcha Pierre sur le texte de Joël. Si Jean voit en Jésus descendu sur la terre, le Fils sorti du sein du Père dans Sa gloire, de même Pierre contemple dans le ciel, dans le lieu de la puissance et de la grâce, le Fils de l’homme, le Nazaréen qui avait été méprisé et rejeté sur la terre.
Il en est de même au chapitre suivant. C’est au nom de Jésus de Nazareth, nom méprisé par les hommes mais glorieux dans le ciel, que Pierre guérit le boiteux assis à la porte du temple. Et l’apôtre déclare à cette occasion que les cieux avaient reçu Jésus Christ jusqu’au temps où Il reparaîtrait pour apporter avec Lui le rafraîchissement et le rétablissement de toutes choses. Plus tard, lorsque Pierre est interrogé par les anciens et par les scribes au sujet du miracle qu’il avait opéré, l’apôtre rempli du Saint Esprit déclare que « la pierre rejetée par ceux qui bâtissaient » est devenue « la pierre angulaire » et qu’il n’y a « point de salut en aucun autre » (Act. 4, 11, 12). Les apôtres sont constamment préoccupés de ce même témoignage, soit qu’ils se trouvent ou appelés à paraître devant les puissants de ce monde ou en présence des souffrances de l’humanité. C’est là leur unique moyen d’action ; c’est là qu’ils puisent leur vertu et leur force. Et de plus, le nom de Jésus est leur seule sécurité devant Dieu. Celui que les hommes regardaient comme « défait de visage » « sans forme ni apparence », le « saint enfant Jésus » qu’Israël et les Gentils, Hérode et Pilate, les rois de la terre et les gouverneurs avaient rejeté et auquel ils avaient résisté, est l’objet de leur foi, le fondement de leur espérance devant Dieu. Ils Le connaissent dans le sanctuaire, comme autrefois ils L’avaient connu parmi les hommes. Mais il y a une différence dans la manière dont ils se servent de ce nom. Avec quelle conviction ils l’emploient auprès des nécessiteux pour les soulager, avec quel courage ils le défendent en face du monde, avec quelle tendresse ils invoquent devant Dieu la puissance de « son saint Fils Jésus » ! Toute puissance est maintenant attribuée sous le ciel à ce nom qui avait toute-puissance sur la terre. Par l’efficacité de ce nom, le mendiant assis à la porte du temple fut guéri ; et le lieu où ce nom fut prononcé trembla, et « ils furent tous remplis du Saint Esprit ». Il y a plus encore : le monde et l’enfer lui-même furent troublés, car les sacrificateurs et les sadducéens indignés jettent en prison les disciples qui rendent un fidèle témoignage à la puissance de ce nom.
Cependant Pierre n’hésite pas à faire ressortir la profonde humiliation de ce même Jésus qu’il déclare être souverainement élevé dans le ciel. Il L’annonce comme ayant été « rejeté », « livré », « renié », et « mis à mort ». Pierre ne cherche nullement à atténuer ces faits, et en même temps il se glorifie dans ce nom méprisé de « Jésus de Nazareth ». Il l’invoque sans cesse. Toutes les angoisses et les ignominies que le « Prince de la vie », le « Saint et le Juste », avait endurées dans les diverses phases de Son ministère terrestre, sont récapitulées par Pierre dans son style vigoureux tout empreint de l’onction du Saint Esprit. Et il ne se lasse pas de proclamer ce fait capital que Celui que le monde avait traité ainsi, Dieu L’avait ordonné « Seigneur et Christ » ; et il déclare que cet homme glorifié dans le ciel était le Seigneur de David, la semence d’Abraham suscitée pour bénir, le prophète semblable à Moïse que Dieu devait manifester en Israël. L’onction du Saint Esprit qui donna à Pierre de rendre ce témoignage, accorda la même ferme assurance à Étienne. Si Pierre parle de l’homme glorifié dans les cieux, Étienne L’y contemple. Le prédicateur L’annonce sans aucune crainte, le martyr Le voit sans aucun nuage. « Étienne étant rempli du Saint Esprit, et ayant les yeux attachés au ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus qui était à la droite de Dieu ; et il dit : Voici je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme qui est à la droite de Dieu ».
C’est ainsi que Jésus montre l’Esprit dans le ciel à ceux qui doivent être Ses témoins Et il est doux de pouvoir ajouter que Jésus était aussi réellement présent dans le ciel pour Pierre que pour Étienne, quoique Pierre ne comprit ce mystère que par « l’onction du Saint » ; tandis qu’Étienne le savait par la vue de cette gloire pendant qu’il était rempli du Saint Esprit. Puissions-nous connaître ce mystère avec la même puissance, en jouir maintenant par le Saint Esprit, comme plus tard nous nous rassasierons de cette contemplation pendant l’éternité !
Telle fut la première prédication dans les Actes, après que ce lien fut formé entre « Dieu manifesté en chair » et le ciel. La foi embrasse du regard cette vaste et merveilleuse scène où tout est combiné pour notre bénédiction, notre lumière, et notre joie. Nous apercevons les anneaux qui relient le ciel et la terre, Dieu et les pécheurs, le sein du Père et la crèche de Bethléhem, la croix du Calvaire et le trône de la Majesté dans les hauts cieux. La pensée humaine aurait-elle pu atteindre à de semblables hauteurs ? Et cependant ce mystère est une vivante, une éternelle réalité. « Or, qu’il soit monté, qu’est-ce sinon qu’il est aussi descendu dans les parties les plus basses de la terre ? Celui qui est descendu est le même que Celui qui est monté au-dessus de tous les cieux ».
L’Esprit avait révélé le Dieu de gloire dans l’enfant de Bethléhem ; et plus tard lorsque toute puissance et toute grâce furent manifestées du ciel, le don du Saint Esprit, la guérison des affligés, le salut des pécheurs, la promesse de jours de rafraîchissement et de rétablissement de toutes choses, il nous est montré et déclaré que tous ces bienfaits provenaient de l’homme glorifié dans le ciel. Quels divins mystères et comme ils dépassent toutes les conceptions de notre intelligence ! Le Seigneur pendant les jours de Son abaissement avait adressé à Pierre cette question : « Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ? ». Et la seule réponse possible fut celle-ci : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Et plus tard, lorsqu’à l’époque de la prédication des apôtres, cette question leur fut adressée : « Par quelle puissance et en quel nom avez-vous fait ceci ? » la réponse inspirée fut : « C’est au nom de Jésus Christ de Nazareth que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts ; c’est par lui que cet homme se présente guéri devant vous ».
C’est toujours le même Jésus — Celui qui a laissé Son témoignage dans les parties les plus basses de la terre et qui l’a porté avec Lui dans les hauts cieux. Il remplit toute chose. Dieu a été manifesté sur la terre ; l’homme est maintenant dans les lieux célestes ; et la foi qui s’était emparée de ce fait, que le Fils éternel était descendu sur la terre et avait habité parmi les hommes, devait reconnaître également que l’homme avait quitté la scène de Son dépouillement, de Ses souffrances, de Son opprobre, et qu’Il est dans le ciel. Et la foi saisit le mystère, à savoir que c’est toujours le même Jésus qui est descendu et qui est remonté. On dit avec raison : C’est l’union des deux natures dans une même personne qui constitue la parfaite aptitude de Jésus aux actes et aux fonctions de Son ministère de médiateur. Celui qui naquit de la vierge était Emmanuel, Dieu avec nous. « L’enfant nous est né, le Fils nous a été donné, et on appellera son nom, l’Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Puissant, le Père de l’éternité, le Prince de la paix ». Celui qui s’entretint avec les Juifs et qui comme homme avait à peine dépassé trente ans, existait « avant Abraham » (Jean 8). L’œuvre complète de Christ dans tous les actes de Son ministère, dans tout ce qu’Il a souffert, dans tout ce qu’Il continue de faire, est l’œuvre de Sa personne tout entière. C’est là le mystère que la foi saisit avec une ferme assurance, écoutant avec joie et avec intelligence cette parole : « justifié en esprit, prêché parmi les nations, cru au monde ». Dieu, quoique manifesté en chair, fut justifié en esprit. La perfection de la gloire morale brillait en Lui. Quant à nous, il nous faut une justification en dehors de nous, car il n’y a rien en nous qui puisse se justifier par soi-même. En Lui, il n’y avait pas un seul mot, une seule aspiration, un seul mouvement qui ne fût devant Dieu une offrande de bonne odeur. Il était aussi pur au milieu des souillures du monde, que lorsqu’Il faisait les délices du Père avant que le monde fût. La foi Le reconnaît ; et elle sait aussi que les fatigues et les souffrances de Sa vie, la mort et la résurrection de ce Sauveur béni, « Dieu manifesté en chair, justifié en esprit », n’étaient pas pour Lui-même, car Il n’en avait pas besoin, mais pour les pécheurs afin qu’Il fût « prêché aux Gentils, cru au monde ». Dans le sacrifice qu’Il a accompli, dans la justice qu’Il a établie, Il est présenté aux pécheurs, en quelque lieu qu’ils soient, quels qu’ils puissent être, Juifs ou Gentils, afin qu’ils mettent en Lui toute leur confiance et qu’ils soient pleinement justifiés.
L’épître aux Hébreux est pleine de précieux enseignements à l’égard de ce mystère. Cette parole « élevé dans la gloire » se fait entendre dans ce divin oracle d’un bout à l’autre. Chaque phase de l’argumentation nous présente Jésus monté au ciel, et dès les premières lignes et sans aucun préambule le sujet est introduit. « Le Fils, la splendeur de la gloire du Père, et l’image empreinte de sa personne » est offert à notre contemplation comme « ayant fait par lui-même la purification de nos péchés » et « étant assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux ». Il est revêtu d’un nom plus excellent que celui des anges, Il s’est acquis un trône qui demeure aux siècles des siècles, et dans cette place de souveraine puissance Il attend jusqu’à ce que Dieu ait mis Ses ennemis pour le marchepied de Ses pieds.
Le second chapitre de cette épître nous présente le même objet sous un autre aspect. Celui qui sanctifie — qui dans Sa condescendance infinie a « pris la postérité d’Abraham » et a agi à son égard en qualité de frère — nous est désigné comme étant remonté au ciel dans l’humanité qu’Il a revêtue, afin d’y être pour nous « un souverain Sacrificateur miséricordieux et fidèle ». Et l’épître est tellement imprégnée de cette pensée, qu’elle nous la présente une seconde fois en nous renvoyant au psaume 8 où nous contemplons cet homme merveilleux « fait un peu moindre que les anges » pour être ensuite « couronné de gloire et d’honneur ».
Les chapitres 3 et 4 forment une parenthèse qui résume des enseignements déjà donnés. Nous y voyons Christ dans Son humanité, « tenté de même que nous en toute chose si l’on en excepte le péché », puis étant entré dans les cieux, Jésus le Fils de Dieu, pour nous faire miséricorde et grâce en temps convenable.
Aux chapitres 5, 6 et 7 qui traitent de la sacrificature, nous voyons toujours le même Seigneur monté au ciel. Il nous est déclaré que le Fils, le souverain Sacrificateur, est « élevé plus haut que les cieux ». Il en est descendu afin de naître de la tribu de Juda, et de se perfectionner pendant les jours de Sa chair ; mais Il y est remonté afin de devenir « l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent ».
Le même objet nous est présenté dans les chapitres 8 et 9, où il est question plus particulièrement des alliances. Dès le début, nous voyons Jésus aux cieux dans le tabernacle, ce tabernacle que le « Seigneur avait élevé, et non les hommes », et de ce sanctuaire administrant la « nouvelle alliance ».
De même au chapitre 10 lorsqu’il s’agit de la victime, comme auparavant il s’était agi de la sacrificature et de l’alliance, nous avons toujours sous les yeux le même Seigneur Jésus monté au ciel. Il est Celui qui pouvait dire : « Me voici je viens ! ». Celui qui a sanctifié les pécheurs dans le corps qui Lui avait été préparé pour la terre, puis étant entré dans les cieux, frayant pour nous une voie par laquelle nous pouvons en toute assurance pénétrer dans les lieux très saints[2]. La portion doctrinale de l’épître se termine ici après nous avoir montré sous divers aspects glorieux la même personne, le Fils de Dieu monté au ciel ; mais nous retrouvons le même mystère dans les enseignements pratiques. Lorsque Sa vie de foi est terminée sur la terre, nous voyons Jésus comme « l’auteur et le consommateur de notre foi » dans les cieux (Héb. 12, 2). C’est dans ce caractère tout nouveau qu’Il apparaît dans le ciel, et c’est la vie de la foi ainsi que ce qu’Il a fait et qu’Il souffrit pour nous dans Sa grâce infinie qui L’y a conduit. Et du ciel Il resplendit aux regards de la foi ; si nous possédions une intelligence capable de discerner une pareille gloire, et si nous avions un cœur fait pour en jouir, nous comprendrions que le ciel rayonne d’une beauté nouvelle depuis qu’y est entré Jésus avec tous les droits et tous les titres qu’Il s’est acquis sur la terre pour le salut des pécheurs.
Et voici le mystère : la participation du Fils à la chair et au sang en vertu de laquelle Il prit sur Lui la postérité d’Abraham ; et ensuite l’ascension de cette personne glorieuse dans le ciel. « Dieu manifesté en chair, élevé dans la gloire ». C’est une tâche bénie que celle d’étudier les anneaux indissolubles de cette chaîne qui réunit des choses séparées par des distances que la pensée humaine ne saurait combler. La Parole faite chair dont parle saint Jean est aussi le quelque chose de bon venu de Nazareth. L’Emmanuel est aussi l’enfant qui reçut l’adoration dans la crèche de Bethléhem. Au milieu du trône apparaît un Agneau tel qu’Il fut immolé (Apoc. 5). Celui qui avait des paroles de sagesse pour les intérêts journaliers de la vie et à portée de tous ceux qui les entendaient, était le même qui avait été établi dans le secret de Dieu comme le fondement même des conseils divins (Prov. 8). Dans le buisson d’Horeb se trouvait le Dieu d’Abraham ; dans la nuée du désert, la gloire ; dans l’homme armé de Jéricho, le capitaine des armées de l’Éternel ; dans l’étranger qui visitait Gédéon sous sa grange et Manoah dans son champ, c’était le Dieu auquel est due l’adoration de la création tout entière. Ce sont là quelques-uns des témoins parmi les choses élevées et les choses basses que la grâce a réunies à la gloire de Dieu. « Personne n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel ».
Cette pensée, nous la retrouvons dans l’épître aux Éphésiens : « Qu’il soit monté, qu’est-ce ? sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ». La dignité de Celui qui est monté au ciel, la place qu’Il occupe, les services qu’Il a rendus ont un caractère transcendant, et nous disent clairement que Celui qui est descendu, était dans le ciel au-dessus de toute chose, comme il est écrit : « Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous » (Jean 3). Sa dignité est impliquée dans ce mystère qui est indiqué en Éphésiens 4, 8, 9, et qui est plus pleinement développé dans l’épître aux Hébreux, car elle nous apprend qu’avant de monter aux cieux, Jésus avait accompli la purification de nos péchés, qu’Il avait détruit celui qui « avait la puissance de la mort », et délivré ceux qui lui étaient assujettis, s’étant perfectionné comme l’auteur de notre salut (1 ; 2 ; 5). Et quand Il fut entré dans le ciel Il remplit le vrai sanctuaire, le tabernacle que « Dieu avait dressé et non les hommes », afin de nous préparer un héritage éternel et de purifier les choses célestes (8 ; 9). Qui aurait pu s’élever dans une telle gloire et dans une telle puissance, si ce n’est Celui qui avait été déjà dans les cieux ? Les offices qu’Il remplit nous révèlent Son origine. Ses souffrances elles-mêmes, pendant le temps de Son abaissement, annoncent la gloire toute divine de Sa personne.
Dans Ses œuvres, dans Ses allées et dans Ses venues, dans Ses triomphes, Il a visité les régions les plus élevées et les plus basses ; Il a été sur la terre et dans les entrailles de la terre ; Il a été dans le sépulcre, le domaine de la « puissance de la mort » ; Il est maintenant dans les plus hauts cieux dépassant les principautés et les puissances. L’étendue de Son royaume est ainsi manifestée au regard de la foi. Ni le pinacle du temple, ni la montagne la plus élevée ne pouvaient offrir un pareil spectacle ; mais la foi le saisit. Celui qui est descendu est le même que Celui qui est monté au-dessus des cieux. Oui, c’est le même Jésus, Emmanuel qui est aussi notre frère, ayant pris la postérité d’Abraham. Je sais bien, devons-nous ajouter ici, qu’il ne faut pas confondre les deux natures de Jésus Christ. Je m’incline devant cette vérité, que Celui qui nous sanctifie a participé à la chair et au sang. Je reconnais de toute la puissance de mon âme l’humanité réelle de Sa personne ; mais cette humanité, sans avoir été fictive, n’avait rien d’imparfait dans sa condition. N’existe-t-il pas dans l’esprit de plusieurs d’entre nous une certaine incrédulité inconsciente, et cependant réelle, concernant le mystère de la personne de Christ ? L’âme possède-t-elle avec une ferme assurance la conviction de l’unité de la personne de Jésus, à travers les incidents et les transitions de Sa glorieuse histoire ?
Quant à moi, je désire dans le langage du Saint Esprit me réjouir dans « l’homme Christ Jésus ». L’homme obéissant nous est donné comme le fondement et comme l’objet de toute justice (Rom. 5, 15). L’homme ressuscité nous est manifesté comme étant le gage de notre résurrection (1 Cor. 15, 21). L’homme monté au ciel est pour nous la garantie que nos intérêts sont toujours sauvegardés devant Dieu (1 Tim. 2, 5). L’homme qui doit bientôt redescendre du ciel sera la joie et la sécurité du royaume à venir (Ps. 8). Le mystère de l’homme obéissant, mort, ressuscité, monté au ciel pour en redescendre, soutient tout le conseil de Dieu. Mais répétons toutefois, que l’âme ne doit pas perdre de vue l’unité de la personne. « L’œuvre complète et parfaite de Christ dans chaque acte de Son ministère, dans tout ce qu’Il a fait, dans ce qu’Il a souffert, dans ce qu’Il continue de faire, est l’œuvre d’une même personne ».
Quel autre que Jésus « Dieu manifesté en chair » eût pu parcourir la voie mystérieuse où Il a marché seul et sans secours ? Le Fils qui était dans le sein du Père, devint ici-bas l’Agneau destiné à l’autel des holocaustes, et ensuite l’Agneau immolé atteignit le sanctuaire de gloire au-dessus des cieux. C’est Sa personne elle-même qui donne à Son œuvre son efficacité. Sa vie de douleurs, de renoncement et d’obéissance active, Sa mort, Sa résurrection, Son ascension eussent été inutiles, si Jésus n’eût pas été ce qu’Il est. Il est le Rocher, et c’est pourquoi Son œuvre est parfaite. C’est le mystère des mystères. Mais Jésus ne nous est pas offert comme un objet de discussion. Il nous est présenté comme l’objet de notre foi, digne de notre amour, de nos louanges et de nos adorations.
Dieu et l’homme, le ciel et la terre sont placés dans ce grand mystère devant l’intelligence de la foi ; Dieu a été ici-bas en chair, et l’homme glorifié est maintenant là-haut dans les cieux. Ce sont là les chaînons qui réunissent les deux vérités que j’ai considérées, et cette méditation est bien faite pour rendre les choses du ciel plus vivantes et plus proches de nos pensées. La distance morale qui nous en sépare est immense, parce que la chair appesantie par les convoitises et la mondanité est un obstacle qui nous retient ; mais la distance positive n’est plus rien. Après qu’Il fut monté au ciel Jésus se montra « en un moment, en un clin d’œil » à Étienne hors de la cité des Juifs ; et dans un instant aussi rapide, Il resplendit sur le chemin de Saul de Tarse voyageant de Jérusalem à Damas. Et bien que la gloire ne nous soit pas manifestée maintenant d’une manière visible, la réalité en est ravivée et confirmée à nos âmes par la méditation de ces mystères.
Et le royaume à venir ne doit-il pas manifester les effets de ces mystérieux rapprochements ? Car les cieux et la terre en rendront témoignage et les célébreront. « Que les cieux se réjouissent et que la terre s’égaie ». L’Église, unie à l’homme glorifié et souverainement élevé, sera dans les cieux au-dessus des principautés et des puissances. L’échelle que vit Jacob sera établie, et le Fils de l’homme deviendra le centre et le soutien de cette suprématie glorieuse. La manifestation des fils de Dieu délivrera la création tout entière de l’esclavage de la corruption. La cité céleste descendra, et les rois de la terre lui consacreront leur gloire et leurs honneurs, pendant qu’elle donnera sur la terre placée à ses pieds les eaux de son fleuve, les feuilles de son arbre, et la lumière de sa gloire. Les anges qui entourent le trône s’écrieront : « Digne est l’Agneau qui a été immolé ». Les nations n’étudieront plus la science de la guerre. Le bois de Juda et « le bois d’Éphraïm » ne feront plus qu’un et ils auront un seul roi (Éz. 37). « Et il arrivera en ce temps-là, que je répondrai aux cieux, et ils répondront à la terre, et la terre répondra au froment, au bon vin et à l’huile, et ils répondront à Jizreël » (Os. 2, 21, 22). Qu’est-ce que tout cela, si ce n’est du fruit béni qu’on recueillera dans le royaume à venir ? Les prémices et le germe de toutes ces manifestations dans les cieux et sur la terre parmi les anges, les hommes, les créatures et la création elle-même, se trouvent à Bethléhem, dans le jardin de Joseph d’Arimathée, et sur le mont des Oliviers.
Puissent nos cœurs et nos consciences comprendre cet enseignement ! Puissions-nous nous associer aux anges dans les plaines de Bethléhem et auprès du sépulcre de Jésus pour contempler les anneaux de cette chaîne mystérieuse, ou plutôt, entrer dans la pensée des disciples eux-mêmes, lorsque, sur le mont des Oliviers, ils virent le chaînon glorieux qui se formait alors entre Jésus et les cieux (Luc 24, 44-52) ! Ils étaient en ce moment semblables à Israël célébrant la fête de « l’offrande des prémices » (Lév. 23, 9-14). Jésus, les vrais « premiers fruits », venait d’être recueilli, et Il leur avait expliqué, Lui, le divin docteur, le mystère de cette gerbe cueillie qui signifiait Sa résurrection. Ils contemplèrent leur Seigneur ressuscité montant au ciel, et ils célébrèrent cette fête comme avec la « victime de l’holocauste ». « Ils l’adorèrent et s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ».
Jésus fut élevé glorieusement aussi bien qu’Il fut reçu dans la gloire. Il entra dans la lumière du plus haut des cieux, mais Il y entra avec la splendeur qui Lui était propre ; et là, Il est maintenant revêtu d’un corps semblable à celui que nous posséderons un jour. L’humanité réelle est là-haut dans les cieux, mais c’est une humanité glorifiée ; Jésus possède dans le ciel le même corps avec lequel Il a paru sur la terre. C’est là une « sainte chose » formée par le Saint Esprit dans le sein de la vierge. C’est là ce « saint » qui, lorsqu’Il fut couché dans le sépulcre, ne connut point la corruption. C’est là ce « corps rompu » pour nous et dans lequel Il a porté sur le bois le fardeau de nos péchés. Cette même personne qui a souffert toutes les insultes, tous les mépris, toutes les misères, est maintenant assise là-haut dans une gloire ineffable. C’est ce même corps percé pour nous, et pas un autre, que tout œil verra. Ce tabernacle ne sera jamais mis de côté. La personne de Christ, qui comprend Sa nature humaine, sera éternellement l’objet de toute gloire et de toute louange. Sa position actuelle est celle de la gloire la plus élevée, au-dessus de toute la création de Dieu, et de tout nom qui puisse être nommé.
Il fut « élevé dans la gloire » avec l’amour indicible, l’approbation infinie de Dieu le Père, après avoir pleinement accompli les desseins de Sa grâce dans la rédemption des pécheurs.
Il fut « élevé en triomphe, ayant mené captive une grande multitude de captifs » ; et Il prit place à la droite de la majesté de Dieu, toute puissance Lui étant donnée dans les cieux et sur la terre.
Il fut élevé comme la Tête de Son corps, l’Église, afin que de la plénitude de la déité qui demeure en Lui corporellement, elle puisse « croître de l’accroissement de Dieu ».
Il fut élevé comme dans un temple, afin de « paraître pour nous devant la face de Dieu », d’y être placé comme le ministre du véritable tabernacle, d’intercéder pour nous et de servir aussi dans Son corps devant le trône.
Il fut élevé comme notre précurseur dans la maison du Père, pour y préparer des places pour les enfants, afin que là où Il est ils y soient aussi.
Et de plus, en s’asseyant dans les cieux Il attend le moment où Il doit paraître dans les airs pour venir à la rencontre de Ses saints afin de les prendre à Lui pour toujours ; Il attend le moment où Il sera de nouveau envoyé pour apporter à la terre par Sa présence ces temps de rafraîchissement qui ont été promis ; et Il attend aussi jusqu’à ce que l’Éternel ait « mis ses ennemis pour le marchepied de ses pieds ».
Notre amour est tiède, notre énergie elle-même est faible. Mais en principe je ne connais rien qui soit digne de ces visions de la foi, si ce n’est cet esprit de dévouement qui peut dire avec Paul : « Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l’abondance », uni à ce désir ardent qui Le cherche, et s’écrie : « Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt ».
Bien-aimés ! notre Dieu Sauveur a uni par une chaîne indissoluble Son humanité à Sa divinité. La joie et la gloire qu’Il y trouve aussi bien que Sa puissance en assurent l’éternelle durée. Les mystères que nous venons de considérer, Il les a ordonnés Lui-même ; et par la foi qui les accepte le pauvre pécheur peut se reposer dans une parfaite paix sur le rocher des siècles.
- ↑ Je parle, bien entendu, de ce voile déchiré comme du symbole de l’acceptation divine. L’obéissance de Christ, quelque profonde qu’elle fût, ne pouvait déchirer le voile : Sa mort seule le pouvait.
- ↑ Tous les enseignements que nous donne cette épître à l’égard de Christ monté au ciel, sont de nature à établir l’âme dans la grâce parce qu’ils nous Le montrent sous des aspects divers, répondant à nos besoins. Comme, par exemple, ayant expié nos péchés, ou comme l’auteur de notre salut, ou bien encore comme Celui qui nous sanctifie ou qui nous console dans nos épreuves. La doctrine que nous retrouvons sans cesse est celle de Christ élevé dans les cieux ; mais cette élévation nous est toujours présentée ou expliquée de manière à nous établir dans la grâce ce qui est le but principal de l’épître.