Études Scripturaires:L’Église et le royaume/Partie 3
Le dessein de Dieu est que, « dans la dispensation de la plénitude des temps, Il réunira toutes choses en Christ, soit celles qui sont dans les cieux, soit celles qui sont sur la terre » (Éph. 1, 10). C’est là le but vers lequel tendent toutes Ses voies. Il ne veut pas seulement « rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52), mais encore réunir en Christ toutes choses ; non seulement toutes personnes, mais toutes choses, en bas et en haut, dans les cieux et sur la terre. Que ce droit de primauté appartienne à Christ comme Créateur de toutes choses, c’est ce qui ressort clairement de Colossiens 1, 15, 16 ; mais nous voyons par le verset 18 qu’Il le possède aussi comme homme. Il se présente ici comme la « Tête du corps, l’Église, le commencement, le premier-né d’entre les morts ». Ces passages nous Le montrent donc dans Ses deux caractères de « premier-né » — comme Créateur et comme Rédempteur. Selon qu’il est dit : « Vous êtes accomplis en Lui qui est la tête de toute principauté et de toute autorité » (Col. 2, 10). Encore ici nous voyons Christ dans Sa double souveraineté de chef de toute principauté et autorité, et de chef de son corps, l’Église (comparez les versets 10 et 19). Il nous est révélé que Son droit à cette suprême souveraineté comme Créateur Lui appartenait, lorsqu’Il revêtit un corps avant l’accomplissement de la rédemption et de la résurrection ; mais les Écritures enseignent que ce fut après la rédemption et dans la résurrection qu’Il entra dans l’exercice de Ses fonctions et de Son pouvoir, et cela non seulement en homme, mais en homme ressuscité[1]. C’est ce qui nous est présenté, bien que dans un autre ordre d’idées, avec une force et une beauté imposantes dans ces paroles : « Qui… après avoir fait par soi-même la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la majesté dans les lieux hauts » (Héb. 1, 3).
La même vérité ressort encore du passage suivant : « Qu’il rende éclairés les yeux de votre intelligence, pour que vous sachiez… quelle est la surabondante grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’efficace du pouvoir de sa force, qu’il déploya dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité, etc. » (Éph. 1, 18-21). Ici nous avons l’homme au-dessus de toute principauté et autorité, et cela parce qu’Il a accompli la rédemption (voyez Héb. 2, 9 ; Col. 1, 16). De même dans Philippiens 2, 8-10 : « Et étant trouvé quant à la figure comme un homme, il s’est abaissé étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et l’a gratifié d’un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre et sous la terre ».
Dans les Éphésiens, Dieu réunit toutes choses en Christ qui est la Tête de Son corps — l’Église. Dans les Colossiens, « ayant fait la paix par le sang de sa croix, il réconcilie par là toutes choses avec soi » (Col. 1, 20).
Il ne peut y avoir de bénédiction pour la créature tombée, que par un jugement, c’est-à-dire par la rédemption. Ainsi les besoins de la créature et la sainteté de Dieu se trouvent également satisfaits par le sacrifice du Fils de Dieu — le jugement du péché tombant sur Jésus innocent. Tel est, pour l’homme, le fondement de toute bénédiction, le point de départ de sa réconciliation et de son rétablissement. De là l’élévation du Fils de l’homme rejeté, à la droite de la Majesté dans les lieux très hauts (Ps. 110, 1). Mais ceci ne veut pas dire que le jugement soit la seule chose à considérer dans la rédemption. Il y a en elle non seulement jugement, mais encore expiation, rachat et délivrance, bénédictions présentes et à venir, réalisées maintenant pour la foi et qui le seront plus tard pour la création, selon le dessein de Dieu et par la puissance de Christ ; car hors de Christ l’homme n’a aucun droit.
Ceci nous est présenté d’une manière touchante en Luc 9, 58 : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel, des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ». Quoique Seigneur de la création, Il a abandonné Ses droits : en Sa qualité de représentant, Il a dû racheter l’héritage avant de pouvoir le réclamer et entrer dans le repos. Il est vrai qu’Il a manifesté Sa puissance contre l’oppression ; Il a repoussé Satan par la force, étant « plus fort » que celui qui était « l’homme fort et bien armé ». Il a produit Son titre et montré Son pouvoir. Mais s’Il fût entré en possession de l’héritage sans rédemption, Il eût été tout seul, sans cohéritiers. Le grain de blé, dans ce cas, « serait resté seul », mais étant tombé en terre et étant mort, il porte beaucoup de fruit (Jean 12 ; Lév. 23, 10). Christ, l’héritier de Dieu et le chef de la création, ayant tout racheté, a droit à tout, et Dieu reconnaît et honore ce droit (Marc 16, 19). Dans le psaume 22, du verset 22 à la fin, nous avons la même vérité bénie. Ses frères — Israël et les nations sont placés sous la bénédiction par l’œuvre de la croix — et le règne appartient à l’Éternel. Il est le vrai Goël — le Boaz — la force et le Rédempteur de son peuple. Et Il est aussi Celui qui a rempli le rôle de vrai prochain et de frère (comparez Ruth 4, 5 ; Luc 10, 29 ; Deut. 25, 5).
Le royaume peut être considéré sous trois aspects différents :
- Le royaume en dessein.
- Le royaume en mystère.
- Le royaume en manifestation.
Le royaume en dessein
Adam dans son état normal ayant domination sur la terre
Il fut, pour autant qu’il concernait la création inférieure, révélé en Adam — l’homme dans son état normal. « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux et sur le bétail et sur toute la terre » (Gen. 1, 26, comp. à Ps. 8). Il n’est pas question ici de la position et de la domination de l’homme dans le ciel, ce qui était un « mystère » caché en Dieu et non encore révélé. Mais cette domination terrestre a été perdue par Adam pour lui et pour sa postérité ; c’est ce que nous savons par la Parole de Dieu : « Ainsi il chassa l’homme du paradis » et le droit d’y rentrer lui fut pour jamais ôté.
La domination perdue en Adam doit être rétablie en Jésus, le second Adam — le Seigneur du ciel
Dans le premier verset du psaume 8, il est fait allusion à la terre : « Que ton nom est magnifique par toute la terre ! ». Cette parole est prophétique, comme le montre son rapport, en Hébreux 2, 5, avec « le monde à venir ». Nous recevons ici un nouveau degré de lumière de Celui qui « a mis sa majesté au-dessus des cieux ». La domination, perdue pour l’homme en Adam, doit être, suivant ce psaume, rétablie en la personne de Jésus. « Le second Adam », « le Seigneur du ciel » devient le Rédempteur et le Restaurateur de « la possession qu’il a acquise », et prend la position de domination, comme « l’image du Dieu invisible », le vrai représentant de Dieu dans l’héritage terrestre. Mais ce n’est pas pour Lui seul ; Il devient le Chef d’une nouvelle race, d’une postérité spirituelle, et ainsi Son peuple est associé avec Lui à l’exercice et à la jouissance de Sa souveraineté ; l’héritier et l’héritage étant tous deux le fruit de Sa rédemption[2].
Telle nous paraît être la portée d’Ésaïe 53, 8 : « Dans son humiliation son jugement a été ôté ; mais qui racontera sa génération ? Car sa vie est ôtée de la terre » (Act. 8, 33). « Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le et nous emparons de son héritage. L’ayant donc pris, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne ». C’est pourquoi, à vue humaine, Sa succession comme héritier a été retranchée, n’ayant, selon l’estimation de l’homme, aucune postérité. Mais au psaume 22, il est dit en parlant des fruits de sa rédemption : « Une postérité le servira, elle sera comptée au Seigneur pour une génération » (v. 30). « C’est pourquoi il ne prend point à honte de les appeler ses frères » (Héb. 2, 11). C’est comme des cohéritiers rachetés qu’Il les reconnaît pour tels. De tout temps Il les connaissait comme enfants, et c’est pour les délivrer de la crainte de la mort qu’Il a participé à la chair et au sang (v. 14). Voici le nexe ou la liaison de ce passage : nous y voyons l’expression de Sa sympathie pour leurs craintes, Son ineffable amour ; mais c’est après Sa victoire sur nos ennemis, la mort et le diable, qu’Il les appelle « frères » en résurrection. Alors seulement Il pouvait se les associer comme de « saints frères », ayant fait « la purification de leurs péchés » (Héb. 1, 3). « Et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un ». Ils sont sanctifiés en Lui ressuscité, et ainsi investis de Ses droits comme « cohéritiers ».
L’homme glorifié dans les cieux — l’homme Jésus couronné, héritier et chef de la création rachetée, dans les cieux et sur la terre
Mais dans Hébreux 2, l’Esprit va plus loin que dans le psaume 8, et nous montre dans le ciel l’homme Jésus, chef de la terre rachetée. « Or maintenant nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties ; mais nous voyons Jésus, celui qui a été fait quelque peu inférieur aux anges, à cause de la mort qu’il a soufferte, couronné de gloire et d’honneur ». Il y a ici un dessein touchant la terre, qui n’est pas encore accompli, mais Celui qui en est le centre, l’héritier et le chef, Jésus, est couronné comme vainqueur, et couronné dans le ciel (cf. Héb. 1, 1-3 et Héb. 3, 1). Ce n’est pas seulement comme Messie, mais comme Fils de Dieu, qu’Il nous parle maintenant des cieux (12, 25). « Jésus s’est assis à la droite du trône de Dieu » (12, 2).
Ceci nous aide à établir le rapport intime entre les départements terrestre et céleste du royaume ; car, dans le psaume 8, c’est le Fils de l’homme qui est « couronné de gloire et d’honneur », et cela comme chef de la terre, établi sur les brebis et les bœufs, les bêtes des champs, etc. ; mais, dans Hébreux 2, nous voyons que ce couronnement a lieu dans le ciel et que par conséquent celui qui est héritier et chef de toutes choses ici-bas, est un homme glorifié dans le ciel. Et en comparant ceci avec Colossiens 1, 15, 19 et Éphésiens 1, 10, nous voyons que cette suprématie embrasse « toutes choses sur la terre et dans les cieux ». De manière que le Fils de Dieu, en devenant homme, ne recouvre pas seulement l’héritage perdu par l’homme, mais accomplit une rédemption dont la valeur infinie s’étend, non seulement à la terre, mais au ciel. « Car… Christ est entré dans le ciel même » (Héb. 9, 24). « Après avoir offert un sacrifice pour les péchés » — un sacrifice efficace à jamais — « il s’est assis », n’ayant plus besoin de répéter ce qu’Il a fait une fois pour toutes. « Assieds-toi à ma droite » (Ps. 110, 1). Dans ce psaume, Ses droits comme Seigneur et Christ sont reconnus et Jéhovah se prépare à se venger de ses adversaires. Lisez-le en entier.
Tel est le royaume en dessein et dans sa plus grande étendue, embrassant toutes choses pour les réunir, les réconcilier et les rétablir. Mais cet empire universel présente divers aspects — physique, moral, terrestre et céleste — correspondant aux différentes expressions employées pour le décrire. Toutes ces lignes convergent vers un centre unique, Christ.
- Christ comme Fils de l’homme, Adam (1 Cor. 15, 45-47).
- Christ comme postérité d’Abraham (Gen. 22, 18).
- Christ comme Fils de David, Salomon (Luc 1, 32).
- Christ comme Fils de Dieu (Col. 1 ; Ps. 2, 6, 7).
Christ comme Fils de l’homme, Adam
Nous avons déjà considéré la domination du Christ, comme second Adam. Il est l’héritier, mais le dessein de Dieu n’est pas encore accompli ; « nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties. Toute la création soupire jusqu’à maintenant » (Rom. 8). Mais les Écritures ne peuvent être anéanties ; c’est pourquoi nous attendons, par la foi, ce jour où la « création sera délivrée de l’esclavage de la corruption », glorieux résultat de Sa rédemption. Alors, et seulement alors, s’accomplira pleinement la prophétie : « Elle te brisera la tête ». Cette parole, à la fois promesse et menace, avait déjà en principe reçu son accomplissement sur la croix, puisque là le Seigneur détruisit les principautés et les puissances, et triompha de Satan ; mais nous, nous attendons, par la foi, les résultats bénis et éternels de cette victoire, pour le jour seulement, où « tout genou fléchira, et où toute langue confessera que Jésus Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père — lorsqu’il aura rendu impuissante toute principauté, toute autorité et puissance, car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ». « Car Dieu lui a assujetti toutes choses » (Ps. 8 ; 1 Cor. 15, 24, 25, 27) — ce qui a lieu pendant l’administration ou le règne médiatorial du Fils de l’homme. Puis comme grand résultat de Sa rédemption et du pouvoir qui Lui avait été délégué en tant qu’homme, « Il remettra le royaume à Dieu le Père », afin que Dieu — Père, Fils et Saint Esprit — soit « tout en tous » (1 Cor. 15, 24-28).
Christ comme postérité d’Abraham
La promesse générale, faite en Genèse 3, 15, se circonscrivit, à mesure que les hommes se multiplièrent, à une race particulière, puis à une famille, puis enfin à un seul individu. Par exemple : Adam, Seth, Sem, Abraham, David, Christ. Ce sont là les chaînons de la généalogie du Christ, comme représentant des divers intérêts symbolisés par ces chefs respectifs (voir Gen. 5 et 11).
Non seulement les desseins de Dieu, mais encore Ses promesses ont leur centre en Christ, « car toutes les promesses de Dieu sont oui et amen en Lui » (2 Cor. 1, 20). Ainsi nous voyons que la double promesse faite à Abraham, de posséder le pays et d’être en bénédiction à toutes les familles de la terre, appartient en réalité à Christ. « Or les promesses ont été adressées à Abraham et à sa postérité. Il ne dit pas : et à tes postérités, comme s’il parlait de plusieurs, mais comme parlant d’une seule : et à ta postérité, qui est le Christ » (Gal. 3, 16). La promesse est : « toutes les nations de la terre seront bénies en ta semence » (Gen. 22, 18), et les passages déjà cités, ainsi que Actes 3, 25 et Hébreux 11, 19, prouvent que cette semence est Christ. C’est toujours Christ en résurrection, qui est la base et la garantie de toute bénédiction, comme nous l’avons déjà prouvé ailleurs. Ainsi, bien que le temps de l’entier accomplissement ne soit pas encore arrivé, cependant tous ceux de la foi sont déjà maintenant « bénis avec le fidèle Abraham ». Ceux même d’entre les nations qui croient en Jésus participent, par anticipation, à la bénédiction qui littéralement est encore à venir, soit sous le rapport terrestre, soit sous le rapport céleste ; car la bénédiction que la foi reçoit maintenant et qui est comme les arrhes de la gloire à venir, ne peut jamais annuler la promesse qui reste encore à accomplir pour Abraham et pour sa race.
La foi est le seul moyen de communion et de bénédiction, mais elle nous place dans une relation céleste avec Christ, qui n’a maintenant aucune relation avec la terre, si ce n’est en dessein, étant toujours rejeté ici-bas et n’étant connu que par la foi, dans le ciel, « comme un agneau égorgé au milieu du trône » (Apoc. 5, 6). Ceci expliquera Romains 4, 13-16. La promesse faite à Abraham et à sa postérité d’hériter le monde, n’a pas encore reçu son accomplissement. Prétendre le contraire serait contredire les propres paroles du Seigneur qui a dit : « Vous n’êtes pas du monde ». Si l’on objecte que, sans être du monde, nous en sommes cependant les héritiers, je l’admets en principe, car en ce sens « toutes choses sont à nous, soit Paul, soit Apollos, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir, toutes choses sont à nous et nous à Christ et Christ à Dieu » (1 Cor. 3, 21, 22). Il en est ainsi en principe, parce que le Christ est le Seigneur de tout, y compris la mort ; mais de fait cela n’est pas vrai pour nous actuellement, puisque loin de posséder la mort, c’est elle qui bien souvent nous possède, quoique rachetés, et nous attendons, pour en être délivrés, la venue de Celui qui est Seigneur des morts et des vivants, « alors que la mort sera engloutie en victoire » (1 Cor. 15, 54). Toutes choses nous sont donc assurées en Celui « qui est ressuscité des morts et qui est devenu les prémices de ceux qui dorment ». La même vérité a souvent dans les Écritures diverses applications, ce qui parfois embarrasse le lecteur. La promesse à Abraham et à sa postérité ne sera accomplie que « lorsque la terre sera couverte de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer des eaux qui la couvrent ». L’Israël selon la chair n’a jamais possédé l’héritage promis par alliance à Abraham, et il est encore plus évident que le Christ ne le possède pas, comme « semence d’Abraham ».
L’étude complète de ce sujet comprendrait toute l’histoire d’Israël : 1° depuis l’appel d’Abraham jusqu’à la captivité de Babylone ; 2° depuis la captivité de Babylone, à travers toute la période « des temps des Gentils », jusqu’à ce que vienne « Celui à qui appartient le gouvernement » (Éz. 21, 27) ; c’est-à-dire le Seigneur Jésus Christ ; 3° depuis le retour du Christ, durant toute la période de Son règne médiatorial, de Son royaume. Il est évident que, dans le sens littéral de la promesse, la postérité d’Abraham n’a jamais encore possédé le pays.
Christ comme Fils de David, héritier du trône de David
Le trône de David n’est pas dans les cieux
Christ comme fils de David — Salomon. La généalogie que nous donne l’évangile de Matthieu, montre que Christ était le seul représentant de la maison de David, et par conséquent l’héritier du trône de David. Il fut divinement reconnu comme roi des Juifs, et c’est comme tel qu’Il fut rejeté par les Juifs et par les Gentils en la personne de Pilate (Matt. 2, 2 ; 27, 37). Cette vérité tire une nouvelle confirmation du lieu de Sa naissance, suivant l’accomplissement littéral de la parole du prophète (voir Matt. 2, 6 et Mich. 5, 2). Dans Luc 1, 32, il est formellement annoncé qu’Il possédera le trône de David Son père. Si l’on prétend qu’il s’agit ici du trône de Christ dans les cieux, nous avons deux objections à faire. 1° Le Saint Esprit nous dit que « David n’est point monté dans les cieux » (Act. 2, 34) ; or ce serait un non-sens de dire que son trône est là où il n’a jamais été lui-même. C’est, en vérité, une glorieuse réalité pour Christ et pour nous qu’Il soit monté au ciel, et qu’Il y soit assis sur le trône de Son Père, Dieu (Act. 3, 21). Mais ici il s’agit d’un tout autre Père et d’un tout autre trône, que de celui de « David son père » ; 2° Christ n’occupe pas même encore Son propre trône dans le ciel. Il est assis à la droite du trône de Dieu. Dans un autre sens, Il est sur le trône du Père (3, 21 ; Marc 16, 19 ; Héb. 12, 2). Il ne règne pas encore, Il est assis à la droite de Jéhovah, « attendant que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds » (Héb. 10, 13). Dans l’Église Il agit par le Saint Esprit, comme Seigneur, mais non comme Roi ; Il a le titre de Roi, mais Il n’en a encore ni le pouvoir ni le gouvernement (Ps. 2, 6). Bien loin de régner, Il attend maintenant qu’un autre agisse pour Lui (voir Ps. 110, 1). « Assieds-toi jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds », dit Jéhovah au Christ. Gardons-nous de confondre des choses distinctes, autrement l’Écriture ne serait plus qu’un paradoxe.
Il est donc évident que le trône de David n’est pas dans les cieux et qu’il n’y a jamais été ; or comme il est positivement déclaré que Christ doit le posséder, et que d’un autre côté, ce trône et sa souveraineté sont encore en expectative, il en résulte que la promesse nous reporte à une période future, qui se lie à la fois à l’histoire de la terre et à celle d’Israël. Cela est déclaré avec une grande force en Actes 2, 27-31, citation qui explique le psaume 16, où David, par l’Esprit, voit dans la résurrection du Christ comme la réalisation de ses espérances et l’accomplissement des promesses de Dieu à son égard : « Les saintes grâces de David qui sont assurées » furent ainsi ratifiées par la résurrection du Christ (cf. 2 Sam. 7 ; 23 ; És. 55, et Actes 13, 34 ; Jér. 33, 17). Ainsi fut accomplie en Celui dont le nom est « Jéhovah notre justice », la remarquable promesse, « que David ne manquerait jamais d’un homme assis sur le trône de la maison d’Israël ». Ce qui est littéralement vrai, bien que le représentant, qui est à la fois Fils de David et Fils de Dieu, soit pour le moment « caché en Dieu » ; « rejeté des hommes, il est vrai, mais choisi de Dieu et précieux ».
Ceci nous conduit à considérer le sujet du royaume des cieux, sujet qui se présente sous deux aspects : — le royaume en mystère — et le royaume en manifestation.
L’expression « royaume des cieux » est particulière à Matthieu. — Deux aspects du royaume, en mystère et en manifestation
« Royaume des cieux » est une expression particulière à l’évangile de Matthieu. Dans cet évangile aussi, nous avons la généalogie de Jésus comme semence d’Abraham et Fils de David, et dès le deuxième chapitre, Il est présenté comme le Roi des Juifs. C’est en tant que représentant à la fois d’Abraham et de David qu’Il a des droits au trône de David (Luc 1, 32). Ces rapports ont déjà été notés ; mais on se demande comment le trône de David et la semence d’Abraham se lient au « royaume des cieux ». Il était et il est encore difficile pour les Juifs, de comprendre comment le Fils de David pouvait aussi être le Seigneur de David (Matt. 22, 44). Mais il est d’autres mystères relativement au Messie d’Israël, qui doivent encore leur être révélés — c’est le royaume des cieux dans ses rapports avec la terre.
L’expression « royaume des cieux » semble se rapporter à ce qui est dit dans Daniel 4, 26 : « Ton royaume te sera rendu, dès que tu auras connu que les cieux dominent ». Ce qui veut dire que, lorsque le cœur de bête aura été ôté aux Gentils, représentés ici par Nebucadnetsar, l’intelligence leur reviendra, et qu’ils reconnaîtront la suprématie du gouvernement des cieux — du Dieu des cieux. Ceci contraste singulièrement avec l’orgueil de Nebucadnetsar, chef et représentant de la puissance des Gentils, versets 30, 31, orgueil qui attira sur lui le jugement de Dieu. En Daniel 7, 13, nous voyons que ce royaume du ciel ou des cieux (car c’est au pluriel) est conféré par « l’Ancien des jours » au « Fils de l’homme », qui en devient le représentant et l’administrateur.
« Le règne et la domination sous tous les cieux », conférés, dans Daniel, au Fils de l’homme
Or le Saint Esprit, dans Daniel, présente ce règne et cette domination comme s’exerçant sur la terre (cf. les versets 14 et 27) : « Le règne et la domination qui sont sous tous les cieux » ; c’est suffisamment clair.
Quand Il régnera, alors commencera le « royaume des cieux »
Quand donc ce royaume sera établi, le règne ou « le royaume des cieux » commencera, c’est-à-dire le gouvernement direct de ce monde par l’autorité et le conseil de Dieu, dans la personne de l’homme, « du Fils de l’homme ». Tel serait l’aspect du « royaume », pour autant du moins que cela est révélé dans l’Ancien Testament, car ses relations célestes n’y sont présentées qu’en types pour la foi.
Le royaume, dans Daniel, est intimement lié avec Israël et le Messie
Dans Daniel 9, 26, ce royaume est intimement lié avec Israël et le Messie. Une période de soixante-dix semaines (ou septaine) est « déterminée — ou divisée sur ton peuple », c’est-à-dire les Juifs, jusqu’à la consommation de la bénédiction d’Israël (v. 24). Cette période se divise en trois parties, comme suit : sept, soixante-deux, une. La première division, ou la plus courte des deux premières, fut employée à la reconstruction « des places et de la brèche » c’est-à-dire de Jérusalem, « dans un temps de détresse », ou plutôt « dans le temps le plus étroit ou le plus court » de cette période de soixante-neuf semaines, qui va depuis l’émission de la parole annonçant que Jérusalem serait restaurée et rebâtie jusqu’au Christ, « le Conducteur ou le Prince ». Cette période, dis-je, est divisée en deux parties inégales, « sept semaines et soixante-deux semaines ». Et à la fin de la seconde division, le Messie apparaît, « est retranché et n’a rien »[3]. Ainsi le royaume ne fut pas établi en puissance à Sa première apparition, mais tout au contraire, car « Jésus fut crucifié en faiblesse » (2 Cor. 13, 4). « Ainsi ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent ».
Le royaume ne fut pas établi à la première apparition de Christ
La Parole nous enseigne donc, que ce n’était pas le dessein et le conseil de Dieu d’établir Son royaume à la première apparition du Christ. C’est ce qui ressort d’Ésaïe 53, de Michée 5, 2, 3, et de Zacharie 12, 10. Dans le premier de ces passages, nous voyons la réjection du Libérateur d’Israël, de Celui qui apportait à Sion cette bonne nouvelle du salut : « Ton Dieu règne », ce qui fut accompli, en principe mais non de fait, dans la personne du Seigneur, lors de son entrée à Jérusalem (voy. Zach. 9, 9). « Réjouis-toi, fille de Sion, voici ton Roi vient à toi » (Matt. 21, 5). Ce cinquante-troisième chapitre d’Ésaïe est un interrègne de l’histoire du peuple d’Israël, durant leur réjection de Jésus, jusqu’à ce qu’ils disent : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur » (Ps. 118). Dans le chapitre suivant, nous avons un appel à la femme stérile, c’est-à-dire à Israël, qui alors est devenue « la mère heureuse de beaucoup d’enfants ». C’est Israël, dans son état de Sara, se réjouissant en Dieu son Sauveur, en conséquence de sa réception de Jésus son Roi. Michée (chap. 5) annonce le lieu de naissance de Celui « qui sera dominateur en Israël » ; mais la nation « sera abandonnée de Dieu, jusqu’à ce que celle qui est en travail (Israël) ait enfanté ». Il décrit aussi la condition des Juifs pendant que leur « maison est laissée déserte » (Matt. 23, 38). Zacharie parle du même temps, en faisant allusion à Celui qu’ils ont percé (cf. Jean 19, 37). Et alors deux des divisions de Daniel étant achevées, il en reste encore une à accomplir, savoir la dernière semaine (Dan. 9, 24). En effet soixante-dix semaines sont déterminées, et jusqu’à présent nous n’avons vu l’achèvement que de sept plus soixante-deux égal soixante-neuf ; il reste donc encore une semaine c’est-à-dire sept ans à accomplir. Que cette période de soixante-neuf semaines ou de quatre cent quatre-vingt-trois ans, fut achevée au temps de la première « manifestation du Christ à Israël », c’est ce qui est évident d’après sa propre prédication de « l’évangile du royaume » ; il disait : « le temps est accompli et le royaume de Dieu est approché » (Marc 1, 15). Selon Daniel (v. 25) cela était littéralement vrai ; « ce temps était accompli ». Et c’est pourquoi le Messie se présenta. « Il vint vers les siens (ses possessions — Τὰ ἲδια), et les siens (son peuple) ne l’ont point reçu » (Jean 1, 11). « Il est le méprisé et le rejeté des hommes » (És. 53, 3). Au point de vue chronologique, « le temps pouvait être accompli » pour l’établissement du royaume, mais, en tous cas, au point de vue moral et selon les conseils de Dieu, il en était tout autrement. Ceci ne diminue en rien la culpabilité des Juifs ; et cette accusation demeure contre eux : « Ce Jésus, livré par le conseil déterminé et par la préconnaissance de Dieu, vous l’avez pris, vous l’avez tué, l’ayant cloué par des mains iniques » (Act. 2, 23). Et encore : « Vous avez renié le Saint et le Juste et vous avez demandé qu’on vous accordât un meurtrier ; et vous avez mis à mort le prince de la vie, que Dieu a réveillé d’entre les morts… et maintenant, frères, je sais que vous avez agi par ignorance… mais Dieu a ainsi accompli les choses qu’Il avait annoncées d’avance par la bouche de tous ses prophètes, que le Christ devait souffrir » (Act. 3, 14, 15, 17, 18).
La comparaison de ces divers passages montre évidemment que la chose essentielle à considérer, en les étudiant, c’est l’élément moral, c’est-à-dire le conseil secret de Dieu ; sans cela nous pourrions arriver aux conclusions les plus éloignées de la pensée du Seigneur. Et je suis convaincu, que c’est là la source de toutes les erreurs, dans lesquelles bien des esprits supérieurs sont tombés, en calculant les nombres de l’Écriture.
Le Messie est retranché et le royaume différé
Nous avons vu qu’une semaine ou sept années des soixante-dix semaines de Daniel, divisées en trois périodes, reste à accomplir. Nous avons vu aussi qu’à la première apparition de Jésus à Israël, les deux premières périodes, comprenant soixante-neuf semaines, étaient accomplies ; et nous en concluons que, si le royaume eût été établi alors, cette dernière semaine de Daniel aurait été accomplie aussi, chronologiquement ainsi que moralement. Mais à cause du rejet du Messie, le royaume n’est pas établi en puissance. C’est à ce sujet que le Seigneur dit aux Juifs : « Le royaume de Dieu vous sera ôté, et il sera donné à une nation qui en produira les fruits » (Matt. 21, 43). Puis Il ajoute : « Et celui qui tombera sur cette pierre (qui est Lui-même) sera brisé (c’est-à-dire les Juifs) ; et quant à celui sur qui elle tombera (c’est-à-dire les Gentils) il sera réduit en poussière » (v. 44 comparé avec Rom. 9, 33 ; Dan. 2, 45). La pierre, que Dieu posa alors en Sion, fut rejetée et devint « une pierre d’achoppement et un rocher de chute » (És. 8, 14 ; 28, 16). Cette pierre « réprouvée des hommes », est ôtée de la terre et élevée aux cieux, où elle est connue de la foi, « choisie de Dieu et précieuse… pour vous qui croyez » (1 Pierre 2, 7).
De là le reproche que le Saint Esprit adresse aux conducteurs de Jérusalem : « Lui est la pierre qui a été méprisée par vous qui bâtissez » (Act. 4, 11). Il est ici question de Jésus dans le ciel. Ce passage est la continuation du troisième chapitre, où l’apôtre leur dit qu’ils ont « mis à mort le Prince de la vie », mais qu’ils l’ont fait par ignorance (v. 17) et que s’ils se repentent, Dieu leur enverra de nouveau ce Jésus qu’ils ont « méprisé et rejeté », et « que le ciel doit retenir jusqu’au rétablissement de toutes choses » (v. 21). Remarquez qu’il ne leur dit pas : Repentez-vous et vous serez enlevés vers Jésus ; mais : Repentez-vous et Dieu vous enverra ce Jésus que le ciel doit retenir seulement pour un temps — jusqu’au rétablissement de toutes choses. Tous les prophètes, depuis Samuel et ceux qui ont suivi, ont annoncé d’avance ces jours (v. 24).
Appel de Samuel
Or l’appel de Samuel marqua, dans les voies de Dieu à l’égard d’Israël, une période tout aussi distincte que l’appel d’Abraham en marque une dans Ses voies à l’égard des Gentils. Éli était alors le représentant de Dieu, le seul oint du Seigneur, car le roi n’était pas encore ordonné. Dans la chute de la sacrificature en Éli et en ses fils, nous trouvons le principe qu’aucune bénédiction ne pouvait être établie d’une manière sûre entre les mains de l’homme. La sacrificature seule n’était pas suffisante pour répondre aux nouveaux besoins et elle se montra incapable de protéger l’arche — la gloire de Jéhovah — confiée à sa garde. L’arche, trône de Dieu sur la terre, fut prise et la suffisance de la grâce de Dieu démontrée par l’appel d’un petit enfant entièrement en dehors de l’ordre de choses établi. « De la bouche des enfants et de ceux qui tètent Dieu fonde sa force ». Là où l’ordre et la règle manquent, Dieu agit en dehors même de ce qu’Il a Lui-même établi ; Il agit hors de l’ordre, mais en puissance. En conséquence, Samuel, par l’énergie de l’Esprit Saint, remplit l’interrègne entre la sacrificature retranchée (c’est-à-dire l’état d’I-Cabod d’Israël) et l’établissement du royaume en la personne de David, l’homme selon le cœur de Dieu, « l’élu selon la grâce », et le type de la royauté de Jésus, le vrai David.
Chute de la sacrificature
Ceci montre l’à-propos de l’allusion faite dans Actes 3, 24. Tout était en confusion au temps de l’appel de Samuel. Par son moyen, l’énergie de l’Esprit répondit aux besoins de la position, quoique l’arche ne fût pas rétablie ; elle était encore en captivité. Le trône de Jéhovah ne fut restauré que lorsque David, comme roi, eut été établi sur la montagne de Sion (2 Sam. 5, 7 ; 6, 2, 12, 16. Comp. avec Ps. 132, 2, 13, 14).
Le trône de Jéhovah n’est pas rétabli avant David
L’état d’Israël était alors analogue à celui où il se trouvait lors du témoignage de Pierre. « Il n’y avait point de roi en Israël ». Tout était en désordre, et « les temps du rétablissement de toutes choses » dépendaient du retour de Jésus comme roi, selon cette parole : « J’ai sacré mon Roi sur Sion, la montagne de ma sainteté. Je raconterai le décret : l’Éternel m’a dit : Tu es mon Fils, je t’ai aujourd’hui engendré » (Ps. 2, 6, 7). Mais que cette parole soit liée à la résurrection du Christ, cela est évident d’après Actes 13, 33, où ce même passage est appliqué à Jésus ressuscité. Et plus loin, nous voyons que les saintetés assurées de David ne sont établies que dans le Christ ressuscité. Les privilèges confiés à d’autres mains ont été perdus, mais toutes les grâces sont assurées en Jésus. Il était l’espérance de Son peuple.
La mort d’Étienne clôt le témoignage du royaume à Israël
« Les temps du rétablissement de toutes choses » se rapportent aux Juifs dans le passage dont nous nous occupons ; mais dans le conseil de Dieu et dans son accomplissement futur, cette expression va bien plus loin ; elle embrasse le « rassemblement en un de toutes choses, tant de celles qui sont aux cieux que de celles qui sont sur la terre » (Éph. 1, 10). Mais ceci se lie à Jésus comme « Chef de toute principauté et de toute puissance ». Et comme la nation d’Israël refusa de reconnaître l’Héritier et le Roi, lorsqu’Il lui fut présenté sur la terre, elle continue à le rejeter de même, maintenant qu’Il lui est offert du ciel. Les Juifs repoussent le message de Pierre, et ils lapident Étienne, qui voit les cieux ouverts et qui leur parle de Jésus comme « du Fils de l’homme étant à la droite de Dieu » (Act. 7, 56). Cet événement met fin, en réalité, pour le moment, au témoignage du royaume, rendu à Israël comme nation. Je dis pour le moment, car l’évangile du royaume doit encore être proclamé comme témoignage et alors « viendra la fin », et pour les Juifs et pour les Gentils, suivant Matthieu 24, 14 ; 28, 19. Cet évangile ou cette proclamation ne doit pas être confondu avec le témoignage de la grâce, rendu maintenant dans l’Église et par l’Église.
Israël ayant ainsi rejeté Christ et « dans les jours de sa chair » et dans Sa résurrection, et ayant repoussé le témoignage du Saint Esprit, rendu par les apôtres et prophètes, qui lui avaient été envoyés, « leur maison est laissée déserte » ; ils ne verront plus le Christ, jusqu’à ce que la prophétie du verset 26 du psaume 118, soit accomplie pour eux. Alors, et seulement alors, le royaume des cieux sera établi en puissance et les « temps du rétablissement de toutes choses » seront venus.
Le témoignage du royaume borné à Israël
Le temps étant « accompli », la proclamation du royaume commence par le témoignage de Jean-Baptiste : « Convertissez-vous, car le royaume des cieux s’est approché » (Matt. 3, 2). Ensuite, Jean lui-même ayant été mis en prison et son témoignage ayant pris fin, Jésus reprend cette proclamation en disant : « Convertissez-vous, car le royaume des cieux s’est approché » (4, 17). Dans le dixième chapitre, ce même évangile est commis aux douze apôtres, avec cette stricte injonction : « Ne sortez pas au chemin des nations ». Leur message ne devait être adressé qu’à la maison d’Israël, et cela nous montre le rapport intime qui existe entre le royaume et les Juifs. Au verset 23, le Seigneur leur rappelle que leur mission serait sans fruit. La prédication qu’ils devaient faire était toujours la même : « Convertissez-vous, car le royaume des cieux s’est approché ». Elle était accompagnée des puissances du royaume ; ils guérissaient les malades et ressuscitaient les morts. C’étaient là les « signes ou puissances du siècle à venir » (Héb. 6, 5). Dans le chapitre 11 de Matthieu, Jésus reproche aux Juifs leur incrédulité. Dans le douzième chapitre, nous les voyons pécher contre le Saint Esprit et refuser de reconnaître l’autorité de Jésus, et de Le recevoir en conséquence. C’est pourquoi le Seigneur les désavoue comme nation, ce qu’Il montre d’une manière frappante dans Son refus de reconnaître, en « sa mère et ses frères », aucun autre lien que ceux qui ont été reconnus de Dieu. Il ne s’agit plus de ceux auxquels Il est uni par les liens de la nature, mais de ceux qui « pratiquent la volonté de son Père qui est dans les cieux » (v. 49, 50). Depuis ce moment le royaume cesse d’être prêché, et le Seigneur le présente à la foi sous un autre point de vue, c’est-à-dire comme le royaume en mystère.
Christ comme Fils de Dieu
Reconnu et couronné dans le ciel. Ses relations avec la terre suspendues mais non abandonnées
Nous avons déjà considéré les droits de Christ à la suprématie et au royaume en Ses différentes qualités de Fils de l’homme, de semence d’Abraham et de Fils de David, et nous avons vu qu’Il n’a encore été pleinement reconnu sur la terre sous aucun de ces divers caractères. Mais, dans Hébreux 2, nous Le voyons reconnu dans le ciel et « couronné » là « de gloire et d’honneur ». En conséquence Ses relations avec la terre sont suspendues, quoique Ses droits sur elle comme Son héritage, ne soient pas abandonnés. Il n’est pas maintenant connu ici-bas, sauf dans « son corps, l’Église », où Il est présent en Esprit, tandis que Ses membres souffrants et dans la faiblesse sont les objets de Sa sympathie, et attendent la venue de Sa puissance qui les investira de la gloire. Ainsi tous ceux qui maintenant « connaissent le Véritable », ne Le connaissent que comme étant dans le ciel. Leurs relations sont célestes, de même que leur appel. Mais le titre à la souveraineté des deux départements du royaume, « les cieux et la terre », appartient au Christ dans les trois caractères dont nous avons parlé, quoique cela ne paraisse pas encore, car « il est caché en Dieu » (Col. 3, 3). Il manifestera bientôt tous ces droits, non seulement comme Fils de l’homme, mais comme Fils de Dieu. Cela est présenté d’une manière frappante en Melchisédec (Gen. 14, 18). Il sort au devant d’Abram pour saluer et bénir, en sa personne, la victoire de la foi, ayant en ses mains le « pain et le vin », symboles du royaume dans son établissement et dans ses joies. Il bénit Abraham et reçoit le tribut de ses dîmes — le moindre est béni par le plus grand. En comparant tout ceci avec Hébreux 7, il n’y a pas de difficulté à voir, dans ce sacrificateur royal, le Fils de Dieu en figure.
Le titre à la souveraineté des deux départements du royaume, « les cieux et la terre », Lui appartient
Ici donc se trouve un personnage dont les droits sont supérieurs soit à l’alliance, soit aux promesses : car « il bénit celui qui avait les promesses ». Cela nous reporte à un temps antérieur à l’appel d’Abram, et nous dévoile le dessein éternel de Dieu en Christ. Il est « sacrificateur du Dieu très-haut, possesseur des cieux et de la terre ». Non seulement les deux départements du royaume Lui appartiennent, mais ils se rencontrent, pour ainsi dire, en Sa personne, en tant que représentant de Dieu, et Il forme le lien et le moyen de communion entre le ciel et la terre ; Il reçoit l’hommage de la foi obéissante, Il est le canal sacré des bénédictions d’une grâce, tout aussi opportune qu’elle était inattendue, le représentant parfait de la justice, le gage de la paix venant du ciel ; roi de justice et roi de paix.
Il est sacrificateur du Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre, Roi de justice et Roi de paix
Mais cet illustre personnage est pour le moment « caché en Dieu », assis à Sa droite comme le Seigneur[4] reconnu du ciel (Ps. 110, 1). Et dans l’intérieur du voile, Jésus est entré pour nous comme « précurseur », ayant été fait souverain Sacrificateur éternellement selon l’ordre de Melchisédec (Héb. 6, 20). Maintenant « notre vie est cachée avec Lui, et quand Lui qui est notre vie aura été manifesté, alors nous aussi serons avec Lui manifestés en gloire » (Col. 3). Toutes les relations de Son peuple avec Lui sont maintenant célestes : « frères saints, participants » non de l’appel terrestre — qui est encore à venir — mais « de l’appel céleste ». C’est là le principe de l’épître aux Hébreux. Il n’y est pas question de l’Église mais du royaume (12, 28) et des relations de la foi avec Jésus connu dans le ciel. Cela se voit aussi d’une manière remarquable dans la confession de Nathanaël : « Tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël » ; et dans la réponse du Seigneur : « Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l’homme » ; cette parole montre l’union en Sa personne, pendant Son règne, des relations célestes et terrestres.
Caché en Dieu — toutes les relations de Son peuple avec Lui sont maintenant célestes
Ceci nous ramène à Colossiens 1, 12, 20, lorsque toutes choses seront réconciliées en Christ tant au ciel que sur la terre. Cette période est encore à venir ; en attendant, il y a un interrègne ou le royaume en mystère.
Le royaume en mystère
Il prend maintenant plus d’extension, sans distinction de nation ou de sol
C’est là le sujet du treizième chapitre de Matthieu. Dans la série des sept paraboles, le Seigneur enseigne trois choses : 1° L’effet que la semence, « la parole du royaume », produirait sur le sol où elle tomberait ; car cette parole du royaume qui, jusqu’au onzième chapitre, avait été limitée aux « brebis perdues de la maison d’Israël », prend ici plus d’extension et elle est semée sans distinction de nation ou de sol. 2° Les caractères sous lesquels le royaume paraîtrait dans le monde ; c’est-à-dire qu’il deviendrait un moyen de développement du mal sous diverses formes. Cette idée est présentée dans les paraboles de « l’ivraie », du « grand arbre » et du « levain caché jusqu’à ce que le tout soit levé ». Je ne m’arrête pas ici à ces trois différents caractères du mal ; d’autres l’ont déjà fait. 3° Dans les trois dernières similitudes, qui, pour le dire en passant, ne reçoivent pas le nom de paraboles, car elles sont adressées à ceux du « dedans » — et il n’y a point de paraboles pour la foi — nous apprenons à connaître le bien, qui est caché aux yeux de la foule, au milieu de la masse de mal moral qui se trouve dans le monde. Le bien, ou ce qui est précieux, est un secret connu de la foi ; c’est « le trésor caché », la « perle trouvée » et « les bons poissons » renfermés dans le filet, mais qui ne sont séparés que lorsque le filet est tiré. Chaque jour semble confirmer ce fait, dont j’ai déjà dit un mot dans l’introduction, que ces trois dernières paraboles sont, dans un certain sens, en rapport avec les économies et qu’elles deviennent les traits caractéristiques de témoignages respectifs. Et s’il est vrai que la connaissance du « trésor caché dans le champ » soit le témoignage caractéristique de la Réformation, et que « la perle trouvée » représente le caractère réel et la valeur de l’Église, il s’ensuit que le prochain et dernier trait distinctif sera l’acte de tirer le filet sur le rivage et de séparer les bons poissons des mauvais. Et ici, je voudrais faire remarquer que c’est un fait frappant et propre à réveiller l’attention, que ce mystère — l’Église — qui avait été caché en Dieu et qui n’avait point été donné à connaître jusqu’à ce qu’il fût révélé à Paul, ait été perdu de vue depuis la mort de cet apôtre jusqu’à nos temps. Tout chrétien doit considérer sérieusement que la connaissance de ce mystère est, par conséquent, ce qui constitue le témoignage caractéristique du dix-neuvième siècle. Car dans l’histoire ecclésiastique nous ne trouvons pas trace de la connaissance du caractère réel de l’Église, « corps de Christ », et de son « appel céleste ». Cela était perdu pour l’Église ; de là vient son identification avec le monde et toutes les tristes conséquences qui en découlent.
Le royaume, que l’évangile de Matthieu nous présente d’une manière mystique, ne doit pas être confondu avec l’Église
Il est évident que l’histoire du royaume en mystère, que nous trouvons en Matthieu 13, était présentée comme future quant au temps où elle fut donnée, et l’on ne peut douter que ce récit ne nous représente le royaume, tel qu’il se manifeste dans la chrétienté. Nous le voyons dans ce chapitre d’une manière mystique, et nous ne devons pas le confondre avec l’Église, car en réalité l’Église n’est pas le sujet des révélations de cette partie de la Parole de Dieu. Il s’agit d’un royaume, ayant le nom de reconnaître un chef dans le ciel, tandis qu’en même temps son autorité est virtuellement mise de côté par le monde, la chair et le diable ; et cela au cœur même de son royaume. Telle est la forme sous laquelle le christianisme apparaît dans le monde. Il ne faut pas beaucoup de perspicacité pour discerner, combien ce tableau est déplorablement fidèle. Aussi qu’elle sera terrible, la fin de tout cela en jugement, à l’apparition du Seigneur Jésus Christ ! « Le champ, c’est le monde ». Avant l’exécution du jugement, l’ivraie — les chrétiens purement professants — est liée en faisceaux pour être brûlée. Cela se fera par l’action de la providence. Les principes, alors en activité, grouperont les hommes en « faisceaux », suivant leur communauté d’intérêts, de goûts, etc. Combien n’y a-t-il pas, déjà maintenant, de ces principes à l’œuvre dans les sphères intellectuelle, morale, physique. Jamais depuis le rassemblement de la tour de Babel, le principe d’association n’a été aussi puissant qu’aujourd’hui[5].
Tout, jusqu’à la conscience, doit lui céder le pas. C’est au point que si, dans les assemblées où les intérêts les plus élevés des hommes sont discutés, un membre essayait de rendre témoignage pour Dieu, cela serait considéré non seulement comme inconvenant, mais comme une violation de toutes les règles, tant les hommes ont peur de blesser les préjugés les uns des autres ; il faudrait alors abandonner ou sa place ou sa conscience. On verra que ce principe de concession mutuelle, ou plutôt cet abandon de tout principe, sera poussé si loin, que, cas échéant, toute distinction entre la vérité et la fausseté finira par être engloutie dans l’océan toujours croissant d’un latitudinarisme sans limite. Mais l’ivraie sera liée en faisceaux et laissée sur le champ, jusqu’au moment où le jugement fondra sur elle ; alors le blé aura déjà été recueilli en sûreté dans le ciel (voyez Matt. 13, 30). Voilà le sort terrible dénoncé à « ce présent siècle mauvais », qui se hâte vers sa fin.
Tel est le royaume en mystère ! Vaste système recouvert du nom de Christ, mais, hélas ! du nom seulement ; système qui fait profession de reconnaître le gouvernement du Christ, maintenant dans le ciel, mais qui, en même temps, est devenu le trône de Satan et le moyen de développer, sous l’apparence du bien, les plus affreux caractères du mal (Apoc. 2, 13). Cependant c’est encore le royaume de Christ, dont le titre y est reconnu, et c’est pourquoi Il enverra Ses anges ou messagers — agents — « et ils recueilleront hors de son royaume toutes les occasions de chute et ceux qui pratiquent l’iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise de feu ; là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matt. 13, 41, 42). C’est là la fin du royaume en mystère, non pas la fin du monde, comme les personnes ignorantes le disent, mais du siècle dans lequel nous vivons.
Le royaume en manifestation
Je m’étudierai à être bref sur ce sujet, les bornes de cet ouvrage n’admettant pas de grands développements. En outre, mon objet n’est pas tant le royaume lui-même, mais plutôt les rapports qu’il a avec l’Église ou le mystère.
Divers caractères de Christ et aspects sous lesquels Il est présenté comme Fils de l’homme et Fils de Dieu — Créateur de toutes choses
Nous avons déjà fait allusion aux deux départements du royaume, le céleste et le terrestre, et nous avons montré comment ils ont l’un et l’autre leur centre en Christ, comme « héritier de toutes choses ». Cette expression renferme en elle-même tous les divers caractères du Christ et les différents aspects sous lesquels Il nous est présenté, comme Fils de l’homme, et comme Fils de Dieu — Créateur de toutes choses. Comparez avec Dan. 7, 13, 14 ; Héb. 2, 7, 9 ; Col. 1, 15, avec 18, 19 ; Héb. 1, 2, avec 5 ; Jean 5, 27.
Le complément ou l’accomplissement des temps ou des précédentes économies
Nous avons aussi vu que toutes les dispensations précédentes se terminent au Christ et conduisent à une économie finale, qui est appelée, à cause de sa distinction et de sa prééminence, « l’administration de la plénitude des temps » (Éph. 1, 10). Ce sera le complément ou l’accomplissement des temps ou des diverses manifestations de Dieu dans les précédentes économies. Toutes jusqu’alors ayant manqué, Dieu en détermine une nouvelle, dans laquelle Il accomplira ce qui jusque-là n’avait pu être fait, savoir de « rassembler en un (Christ) toutes choses, soit celles qui sont dans les cieux, soit celles qui sont sur la terre »[6]. Cette dispensation, en tant que économie de médiation et de pacification, est finale, et, comme telle, parfaite ; étant le dernier anneau de la chaîne des voies de Dieu avec l’homme, jusqu’à ce qu’Il se manifeste aux hommes et demeure éternellement avec eux, lorsque « Dieu sera tout en tous ». Voir 1 Corinthiens 15, 25 ; Apocalypse 21, 3, 5 ; 22, 4.
Le royaume en manifestation porte divers noms, suivant l’aspect sous lequel il est considéré. Quoique cette dénomination ne soit pas scripturaire, on est convenu de l’appeler :
Le règne personnel — le jour du jugement — le jour du Seigneur — le millénium — Christ règne — la terre remplie de la gloire du Seigneur
1° Le règne personnel, où Christ sera visible, en contraste avec Sa position actuelle, où Il est « caché en Dieu ». Alors Il apparaîtra, Il sera manifesté en « majesté », ainsi qu’Il le fut déjà une fois sur la montagne de la transfiguration, qui n’était qu’un type de ce qui était à venir. Comparez Matthieu 17, Marc 9, Luc 9, avec 2 Pierre 1, 16-18.
2° C’est le jour ou la période du jugement, en contraste avec la période ou le « jour du salut » — de la grâce (2 Cor. 6, 2 ; 2 Pier. 3, 7). Durant cet espace de temps qui commence et finit par un jugement (2 Thess. 1, 7-10 ; Apoc. 20), le trône est établi, et Jésus s’y étant assis juge, administre et bénit (És. 2, 3, 4 ; 11, 4, 5, 10 ; 65, 17-25 ; Mich. 4). Les citations seraient sans fin, « tous les prophètes… ont annoncé d’avance ces jours » (Actes 3, 24).
3° « Le jour du Seigneur » (2 Pier. 3, 10) ; parce que, alors, Celui qui fut le « rejeté par les hommes » sera honoré et adoré — tout genou fléchira devant Lui et toute langue confessera que le Seigneur, c’est Jésus Christ (Phil. 2).
4° « Le jour de Dieu », en contraste avec « le jour de l’homme » (1 Cor. 4, 3 et 5).
5° « Les temps du rétablissement de toutes choses » (Act. 3, 21).
6° « Le jour de Christ », de l’Oint, représentant de Dieu dans le gouvernement et la bénédiction (2 Thess. 2, 2 ; Ps. 2, 6).
7° Le millénium, ou les mille ans, dans ses rapports avec le temps et la terre (Apoc. 20, 4 ; 5, 10).
Cette liste pourrait facilement être allongée. Je mentionne seulement ces sept dénominations pour les personnes qui sont alarmées de la pensée que le règne du Seigneur implique quelque chose de charnel, parce que, durant cette période de gouvernement et de jugement, Il sera personnellement présent et se manifestant soit à ceux qui seront sur la terre, soit à ceux qui seront dans le ciel, suivant la position respective de chacun dans la gloire. On pourrait avec tout autant de raison élever cette objection contre le premier avènement du Christ, et contre Ses apparitions subséquentes à Ses disciples après Sa résurrection. En outre, au point de vue moral, une semblable objection fait craindre qu’il n’y ait quelque chose de sérieusement erroné chez celui qui la met en avant, et qu’il ne confonde ce qui est corporel avec ce qui est charnel dans ce qui concerne notre adorable Sauveur.
Le royaume, règne personnel ou jour du jugement, commencera par le jugement « des vivants ». Alors ce règne étant établi en justice, toutes choses seront gouvernées avec justice et bénédiction. Dans le département terrestre, « ceux qui ont faim et soif de la justice seront rassasiés ». Ce que le monde a toujours recherché, depuis le temps de Caïn, sera réalisé. « L’effet de la justice sera la paix, et le fruit de la justice, le repos et la sécurité éternellement » (És. 32, 17). « Un roi régnera en justice » et ce roi sera le Seigneur Jésus Christ. Alors la terre sera remplie de la gloire du Seigneur (Ps. 72).
Les jugements mentionnés dans l’Apocalypse et la dernière semaine de Daniel, accomplis avant le millénium
J’ai à peine besoin de faire remarquer que les jugements mentionnés dans l’Apocalypse seront exécutés avant l’arrivée de cette période ; ils en seront comme les précurseurs. Avec eux, la dernière des soixante-dix semaines de Daniel et le « temps de détresse » du chapitre 12, seront accomplis. Les Juifs comme peuple de Dieu reprendront leur place naturelle au milieu des nations ; le voile étant ôté de dessus le cœur du résidu, le psaume 119 et d’autres deviendront l’expression de leurs sentiments. Sa « parole sera une lampe à leurs pieds » et ils marcheront dans ses voies. En Son nom « ils seront justifiés et glorifiés » : « Israël boutonnera et s’épanouira ; et ils rempliront de fruit le dessus de la terre habitable » (És. 27, 6). Les relations entre la famille céleste et la terrestre seront non seulement établies, mais manifestées. La Jérusalem d’en bas étant le pur reflet de la Jérusalem d’en haut, Israël marchera à la lumière de l’Église dans la gloire, et les nations marcheront à la lumière d’Israël.
Les « temps des Gentils » seront terminés par les pieds de la grande statue et leur autorité détruite par la « pierre coupée de la montagne sans mains ». Christ et ses saints commenceront à régner (Dan. 2, 44 ; 7, 27). C’est là la fin de la suprématie des Gentils. Dès lors les nations des sauvés auront toujours une position subalterne et dépendante. Israël sera comme la rosée du Seigneur — un centre de lumière — puissance et bénédiction, une nation sainte et une sacrificature royale (Ex. 19, 6 ; És. 11, 10 ; 19, 25 ; 60, 3 ; Jér. 16, 19). Non seulement les Gentils reconnaîtront leur dépendance (Ps. 18, 43), mais abandonnant les idoles, ils adoreront le seul vrai Dieu (Matt. 28, 19, 20 ; Zach. 14, 16 ; És. 56, 7 ; Matt. 21, 13). « Et en toi (Abraham) et en ta semence (Christ) toutes les nations de la terre seront bénies » (Gen. 22, 18).
Non seulement « les temps des Gentils » seront accomplis, mais la « plénitude des Gentils sera entrée » (Rom. 11, 25). Ils ont abusé de leur autorité, lorsqu’ils avaient le gouvernement du monde, et ils sont tombés ; ils ont abusé de leurs privilèges (spirituels) en ne demeurant pas dans la bonté de Dieu, et ils doivent être « retranchés ». C’est là proprement, et non pas l’Église, ce qui fait le sujet du chapitre 11 de l’épître aux Romains, l’abus du privilège et le jugement qui en est la suite.
Scène finale du règne personnel — Gog, résurrection et jugement éternel des méchants morts
Il y a plusieurs événements et différentes phases de jugement, qui se rattachent au retour du Seigneur pour prendre possession de son royaume (Luc 19, 12). En Matthieu 24 et 25, nous avons quatre de ces phases représentées par les paraboles du méchant serviteur, des vierges qui ont une position plus élevée dans le témoignage, des talents et du jugement des nations. Mais ces quatre phases ne renferment pas tout. Nous avons la destruction de Babylone qui précède le retour de Christ, celle de l’Antichrist qui en est le premier résultat ; puis vient celle de Gog, lors de sa première invasion (Apoc. 18 et 19 ; Éz. 38, 11). La scène finale du règne personnel ou des mille ans nous présente Gog encore une fois, puis elle se termine par la résurrection et le jugement éternel des méchants morts (Apoc. 20, 11).
L’Apocalypse — Droits de Christ à l’héritage terrestre, son trône dans le ciel, non encore reconnu sur la terre
Un mot sur l’Apocalypse. Je la considère sous six points de vue généraux, sans entrer dans les détails. Il y est question, en général, des droits du Christ à l’héritage terrestre, après que ces droits sont reconnus dans le ciel (11, 18). C’est un débat entre Christ et les nations — ceux « qui détruisent la terre ».
Chapitre 1. Nous y voyons Jésus Christ premier-né d’entre les morts dans ses relations avec les témoignages existants. Les chapitres 2 et 3 nous montrent ces témoignages — assemblées ou églises — le jugement que le Seigneur porte sur chacune d’elles et le châtiment ou la récompense, résultant de ce jugement.
Les chapitres 4 et 5 sont un abrégé du conseil de Dieu. Nous y voyons Son trône dans le ciel, non encore reconnu sur la terre ; Sa puissance cependant est à la disposition du lion de la tribu de Juda. Celui-ci, quoique possédant toute puissance, n’agit encore qu’en grâce ; Il est là « comme un agneau qui a été égorgé », caché en Dieu, tandis qu’un autre use de Sa puissance en Sa faveur (Ps. 110, 1). Jusqu’au chapitre 19 de ce livre, le Seigneur n’est connu que par la foi comme l’Agneau, et Ses serviteurs, dans les différentes scènes qui sont mises sous nos yeux, Le « suivent », non pas encore comme le Roi ; c’est là ce qui se trouve au chapitre 19, mais comme « l’Agneau, où qu’il aille ». Ils reconnaissent Ses droits, jouissent de Ses sympathies et ont part à Ses souffrances (19, 4).
Le chapitre 5 nous montre, en principe, la création bénie, en suite de la rédemption, dans le chœur universel (v. 13).
L’Église ne se trouve pas dans l’action du livre ; elle est représentée dans le ciel
L’Église ne se trouve pas dans l’action du livre, c’est-à-dire depuis le chapitre 5, jusqu’au 21. Dans le chapitre 4, elle est représentée dans le ciel par « vingt-quatre anciens assis autour du trône, revêtus de vêtements blancs ». C’est un gouvernement parfait (douze plus douze égal vingt-quatre), dirigé par une sagesse parfaite. Les anciens sont vêtus de blanc, c’est une sacrificature royale.
Les chérubins ou êtres vivants, au milieu du trône, et autour du trône, pleins d’yeux — d’intelligence — semblent être occupés de l’Agneau, centre des conseils de Dieu. Il n’est pas fait mention ici de leurs roues, le moment d’agir sur la terre n’étant pas encore arrivé. Les ailes montrent la relation des chérubins avec le ciel ; les roues, leur relation avec la terre (Éz. 10, 9).
C’est proprement au chapitre 6 que commence l’action du livre. L’Agneau seul peut dévoiler les pensées secrètes de Dieu, cachées jusque-là. Ceux qui par la foi habitent en esprit dans le ciel, voient dans l’ouverture du livre la sentence de la terre. Il y a, dans cette ouverture des sceaux, quelque chose de bien solennel pour les saints de Dieu. Il est naturel à cette occasion de demander : Pourquoi donc cela a-t-il été scellé si longtemps pour l’Église ? La réponse est bien simple : parce que maintenant le temps est approché et que le mot d’ordre du Seigneur est celui-ci : « Oui, je viens promptement ».
Le Seigneur Jésus n’apparaît sur la scène qu’au chapitre 19, où Il conduit les armées du ciel qui participent à Son triomphe. Il écrase l’Antichrist — « la bête et le faux prophète », lie Satan, et Son autorité et Son règne commencent.
Son règne se termine en jugement, comme nous l’avons déjà dit. Les chapitres 20, 14 ; 21 ; 22 donnent, en principe, l’état éternel, la création restaurée, sanctifiée et bénie. Dieu et l’Agneau sont la lumière et le centre de tout.
C’est ici une brève et imparfaite esquisse. Pour entrer pleinement dans mon sujet, il faudrait des volumes, et n’écrivant que pour les simples, je ne puis pas l’approfondir davantage.
- ↑ Voyez Ps. 68, 18 : D’Adam, en l’homme, ou, en Adam, chef de la nouvelle création.
- ↑ Ceci expliquera l’emploi, dans le psaume 8, du mot Énosh qui ne peut pas s’appliquer strictement à notre Seigneur ; mais qui est très beau et très expressif, lorsque nous voyons le peuple du Seigneur, identifié avec Lui comme Fils de l’homme, par la mort et la résurrection, dans les bénédictions qui Lui appartiennent de droit.
- ↑ « Il n’aura rien » ou « il n’aura personne ». L’auteur pense avec d’autres personnes compétentes, que c’est là le vrai sens des paroles traduites ordinairement par : « mais non pas pour soi ».
- ↑ Adonaï, Κύριος, Seigneur.
- ↑ Le palais de cristal de la grande exposition de Londres en 1851, est un symbole non équivoque de ce principe.
- ↑ Affirmer, comme on l’a fait, qu’il n’y a qu’une économie ou dispensation, c’est non seulement confondre le principe caractéristique des voies de Dieu, en faisant du jour de grâce et du jour de jugement une seule et même chose en principe ; mais, en outre, c’est aller jusqu’à mettre en question la nécessité et l’efficace de la rédemption. Mais la rédemption — la croix — est la base sur laquelle, pour ainsi dire, reposent les droits du Christ. « Il est celui qui vit, et qui a été mort… vivant aux siècles des siècles ; le premier-né d’entre les morts » (Apoc. 1, 5, 18). Cf. Ps. 2, 8, et Actes 13, 23.
Les siècles ont été formés par le Christ (Héb. 1, 2). Ce sont des périodes distinctes dans les voies de Dieu avec l’homme, et signalant ces voies. Il est parlé de « ce siècle-ci et du siècle qui est à venir » (Matt. 12, 32). Ailleurs, « la moisson est l’achèvement du siècle » (13, 39). Et, « je suis avec vous jusqu’à l’achèvement du siècle » (28, 20). Et encore : « les puissances du siècle à venir » (Héb. 6, 5), où les résultats de la rédemption seront manifestés par le rétablissement et la réconciliation de toutes choses.