Études Scripturaires:L’Église et le royaume/Partie 4

De mipe
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Le mot église se trouve pour la première fois dans le seizième chapitre de Matthieu, et se rapporte à quelque chose à venir qui n’existait pas encore. C’est ce que nous avons déjà montré. De plus nous avons vu que l’Église ne renferme pas tous les rachetés, qu’elle n’est pas Sion, et enfin qu’elle n’est pas « le royaume », mais une chose distincte. Examinons maintenant ce qu’elle est.

Un mystère — dispensation particulière de la grâce de Dieu, confiée à Paul « par révélation »

1° L’Église est appelée un « mystère » qui, en d’autres générations, n’a point été donné à connaître aux fils des hommes (Éph. 3, 5). Or l’histoire et les espérances d’Israël étaient déjà connues ; elles remplissent une grande partie de l’Ancien Testament. L’histoire et le jugement des Gentils, aussi bien que leur bénédiction future sous le Christ, sont de même annoncés dans l’Écriture. Enfin la nature et l’établissement du royaume faisaient aussi l’objet d’une révélation. En tout cela il n’y avait aucun « mystère », c’étaient des choses déjà « données à connaître ». Pour l’explication de ce mystère, nous devons donc chercher quelque autre chose qui n’eût pas été révélée auparavant.

2° Le mystère de l’Église est une dispensation particulière de la grâce de Dieu, communiquée à Paul « par révélation » : « c’est par révélation qu’il m’a fait connaître ce mystère ». Ce langage n’aurait pas pu être employé à l’occasion d’une chose déjà révélée. Dans Romains 16, 25, il est aussi parlé « du mystère qui a été tu dès les temps éternels ». Et dans Colossiens 1, 24, 26, nous lisons : « J’accomplis, à mon tour, ce qui manque des tribulations du Christ en ma chair, pour son corps, qui est l’Église… le mystère caché dès les siècles et dès les générations. Et maintenant il a été manifesté à ses saints ». Il est donc bien évident d’après ces passages, qu’ils s’appliquent à quelque chose qui n’était pas révélé dans l’Ancien Testament.

Le mystère n’était pas que les Juifs et les Gentils fussent également sauvés par Christ

3° Le mystère n’était pas que les Juifs et les Gentils fussent, les uns et les autres, également sauvés par Christ. Ce fait, loin d’être caché, avait été pleinement et clairement révélé. Le Seigneur le déclare Lui-même : « Il en viendra des régions de l’Orient et de l’Occident, et ils seront à table dans le royaume des cieux » (Matt. 8 ; voyez Rom. 10, 20). « Je me suis fait rechercher de ceux qui ne me demandaient point » (És. 65, 1, 2).

« C’est pourquoi, je te confesserai hautement parmi les nations ». « Nations, réjouissez-vous avec son peuple ». « Louez le Seigneur, vous, toutes les nations » (Rom. 15, 9-11). Voyez encore Amos 9, 11, 12, et Actes 15, 14, 17 — « Siméon a raconté comment Dieu a, pour la première fois, visité les nations, afin d’en prendre un peuple pour son nom ; et les paroles des prophètes s’y accordent, selon qu’il est écrit : Après ces choses, je retournerai et je réédifierai la tente de David qui est tombée… en sorte que le reste des hommes recherchent le Seigneur, ainsi que toutes les nations sur lesquelles mon nom est invoqué ». Ce fait, que le nom du Seigneur serait invoqué sur les Gentils, était révélé par les prophètes de l’Ancien Testament : ce n’était donc point un secret. Mais dans ce passage remarquable, nous ne voyons en aucune manière l’Église — le mystère. Tout ce qu’il nous apprend, c’est que, lorsque la maison de David sera rétablie, ce qui aura lieu par le trône de Christ, qui est à la fois « la racine et la postérité de David », les Gentils aussi seront placés sous la bénédiction. Il s’agit ici des bénédictions découlant du royaume. Les connaissances de Jacques ou des douze n’allaient pas alors au-delà. Et même cette application du passage d’Amos montre qu’il s’était fait un progrès décidé chez eux depuis le moment où, dans leur peu d’intelligence, ils avaient demandé à Pierre de rendre compte de son entrée chez Corneille (Act. 11, 2). Le préjugé national était si puissant en eux, qu’il fallut une vision pour ouvrir l’intelligence de Pierre et lui faire reconnaître les Gentils comme participants de la vie. Que le Dieu d’Israël avait un peuple parmi les Gentils aussi bien que parmi les Juifs, voilà tout ce que Pierre comprit de la vision, mais rien de plus. Le mystère était encore caché. Comme nous l’avons vu en parlant du royaume, le témoignage jusqu’à la mort d’Étienne, était que Dieu avait élevé à la gloire, dans le ciel, ce Jésus qui avait été rejeté, et qu’Il « attendait là que ses ennemis fussent mis pour son marchepied », alors que Son « peuple serait de franche volonté au jour de sa puissance » (Ps. 110, 1, 3) ; et que le « jour de sa puissance » commencerait, lorsque Israël se repentirait (Act. 3, 4 ; Os. 5, 15 ; Mich. 5, 3). Le Roi vint en Sion, mais Il fut méprisé et crucifié ; puis Il ressuscita des morts et fut reçu dans le ciel. Il fut de nouveau présenté à Israël et de nouveau refusé (Act. 3, 26). Tout ceci se termine par l’accusation d’Étienne.

L’Église dans le désert — la congrégation d’Israël

4° On pourrait objecter que nous avons « l’Église dans le désert » mentionnée par Étienne, et nommée en Actes 2, 47.

Mais cette difficulté s’évanouit, si l’on considère l’ambiguïté du mot église. En Actes 7, 38, cette expression désigne simplement le camp ou la congrégation d’Israël. Dans le verset 47 du chapitre 2 des Actes, il s’agit d’une assemblée ou réunion qui, de fait, était bien l’Assemblée aux yeux de Dieu et en réalité l’Église, mais non pas encore dans la pleine intelligence de son caractère et de sa vocation. C’était ce qui lui restait à apprendre. La grâce de Dieu s’arrêtait encore sur Jérusalem et le témoignage de l’espérance d’Israël se trouvait dans l’assemblée — l’Église — réunie au nom de Jésus. « Il nous a suscité une corne de salut en la maison de David son serviteur » (Luc 1, 69). Telle était encore l’espérance d’Israël, mais maintenant cette espérance reposait sur un Christ rejeté. Dans le chapitre 8 des Actes, nous voyons le Saint Esprit agissant dans la Samarie, comme s’il était en chemin pour aller vers les Gentils, comme Jésus l’avait fait auparavant après avoir été rejeté par Jérusalem (comparez avec Jean 4). Le neuvième chapitre raconte la conversion de Saul, accompagnée d’une nouvelle révélation, celle de l’unité de Christ et de ses membres : « Je suis Jésus que tu persécutes » (9, 5). Et Saul commença aussitôt à prêcher dans les synagogues que Jésus était le Fils de Dieu. C’est là un fait important, qui marque une ère nouvelle dans les voies de Dieu. Il nous révèle cette glorieuse vérité, que la Tête dans le ciel souffre dans ses membres ici-bas, car ils sont un.

Saul prêche dans les synagogues que Christ est le Fils de Dieu — point capital et qui marque une ère nouvelle dans les voies de Dieu

5° Qu’il y ait là quelque chose de différent de ce qui avait été jusqu’alors donné à connaître même à ceux qui étaient apôtres avant l’appel de Saul, c’est ce qui est bien évident. Paul appelle ce qui lui a été révélé « mon évangile ». C’est encore plus frappant dans l’original, Romains 16, 25 : « Selon mon évangile et la prédication de Jésus Christ, selon la révélation du mystère » ; c’est-à-dire la prédication de Jésus Christ, qui est suivant le « mystère tu dès les temps éternels et maintenant manifesté ». Dans un autre endroit, il appelle ce témoignage « l’évangile de la gloire » (1 Tim. 1, 11). Et nous avons déjà remarqué la différence qu’il y a entre cet évangile et celui « du royaume ». En Galates 2, 2, il est dit encore : « Et j’y montai d’après une révélation ; et je leur exposai (à Pierre, Jacques, etc.) l’évangile que je prêche parmi les nations, et en particulier à ceux qui sont considérés, de peur que je ne courusse ou n’eusse couru en vain ». Il est bien évident que, si l’évangile de Paul et celui de Pierre avaient été les mêmes, le premier n’aurait point eu besoin d’user d’une semblable précaution pour faire connaître ce qui aurait déjà été connu de tous ; et bien plus, la mission de Paul à Jérusalem aurait été sans but, car Pierre lui-même avait déjà prêché Christ aux Gentils (Act. 10). Cependant il y monta par révélation ; il avait un ordre spécial du Seigneur pour y aller et cela dans ce but spécial. Les douze durent comprendre que c’était là un point capital ; pour eux c’était une chose nouvelle. C’est là ce qui rend Paul si jaloux de sa mission apostolique, distincte de tout autre, et complètement indépendante de tous ceux qui avaient été avant lui. — « Je ne l’ai reçue ni apprise d’aucun homme, mais par le moyen d’une révélation de Jésus Christ » (Gal. 1, 12). Et encore : « Lorsqu’il a plu à Dieu de révéler son Fils en moi » (non à moi mais en moi, c’est-à-dire par le Saint Esprit habitant en lui et l’unissant vitalement à Christ dans la gloire ; c’était une chose toute nouvelle), « afin que je l’annonçasse parmi les nations, aussitôt je ne consultai ni la chair ni le sang, et ne montai point à Jérusalem vers les apôtres qui l’avaient été avant moi » (v. 17). Il est évident, d’après ces passages, que Paul était un apôtre sui generis, et que ceux qui s’efforcent de confondre son apostolat avec celui des douze, tombent dans une confusion complète, soit quant à l’Église, soit quant au royaume.

Évangile de Paul, prédication du mystère révélé qui lui avait spécialement été donné à connaître — Union personnelle avec Celui qui est le Fils de Dieu — le chef dans la gloire

Ce que Paul appelle « mon évangile », c’est la prédication du mystère révélé, qui lui avait été tout spécialement donné à connaître. Puis, joint à cela, et, en principe, à sa base, c’était le Fils de Dieu en lui — « Christ en vous, l’espérance de la gloire ». « Le mystère… manifesté à ses saints, auxquels Dieu a voulu faire connaître quelle est parmi les nations la richesse de la gloire de ce mystère, qui est Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Col. 1, 26, 27). Ces paroles sont la belle et énergique expression de l’union personnelle avec Celui qui est le Fils de Dieu — le chef dans la gloire. Et, comme conséquence, Jésus glorifié est, pour la foi de Son peuple, le gage de tout ce qu’il attend ; et le Saint Esprit, par le moyen duquel cette union est opérée et maintenue, est les arrhes qui garantissent que, lorsque Celui qui est notre vie apparaîtra, nous aussi nous paraîtrons en gloire avec Lui (Col. 2, 1-3). Voilà l’essence de l’évangile ou de la prédication de Paul. Ce n’était donc pas seulement une amplification ou un développement plus complet de ce qui avait déjà été donné, bien que la croix soit le fondement de tout, mais c’était essentiellement une chose nouvelle, la révélation de cette merveilleuse vérité, que nous sommes maintenant, quoique dans la faiblesse et dans la souffrance ici-bas, unis au Fils de Dieu dans la gloire. La sanctification intérieure de ceux qui réalisent cette vérité doit être en rapport avec elle, et la conséquence en est une séparation de cœur et d’intention, d’avec ce présent siècle mauvais par lequel Jésus a été rejeté, et dont Il nous a rachetés et retirés (Gal. 1, 4). Des vues moins élevées sur Christ, fussent-elles même vraies, ne peuvent opérer cette séparation ni produire ces fruits. Il faut pour cela Sa puissance de vie dans l’âme ; et les instincts de cette vie s’unissent avec les intercessions de l’Esprit dans l’Épouse, pour soupirer après Son apparition. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ». Et comme réponse à ce cri, Jésus dit : « Oui, je viens promptement » (Apoc. 22, 17, 20).

Les deux témoignages de Paul concernant l’Église et le royaume marchent parallèlement

Mais si c’était là la dispensation de l’évangile commise à Paul, il n’a cependant jamais perdu de vue « le royaume ». Dans son ministère, en effet, les deux témoignages concernant l’Église et le royaume, marchent pour ainsi dire parallèlement (comparez Act. 24, 15 ; 26, 6, 7 ; 28, 20). « C’est à cause de l’espérance d’Israël que je suis entouré de cette chaîne ». Et encore : « Il leur exposait le royaume de Dieu, en rendant témoignage et leur persuadant les choses qui regardent Jésus » (v. 23). Puis il leur cite Ésaïe 6, qui annonce l’aveuglement des Juifs, et il ajoute : « Le salut de Dieu a été envoyé aux Gentils » (v. 28). « Il demeura deux ans entiers, est-il dit encore,… prêchant le royaume de Dieu et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus Christ » (v. 31). Ces deux témoignages, quoique distincts, sont cependant unis, et, dans un sens, inséparables. On ne peut prêcher l’un avec intelligence, sans annoncer en même temps l’autre. C’est dans les épîtres de Paul que nous trouvons le mystère dévoilé, car c’est là que sont déposés les enseignements les plus profonds du Seigneur. Ayant déjà vu, combien ces deux choses — l’Église et le royaume — sont distinctes dans leur nature, nous comprendrons maintenant plus facilement qu’elles le soient aussi dans la prédication qui en est faite. L’apôtre était au fond, dans sa propre personne, un type à la fois de l’une et de l’autre. Il était le type de la conversion d’Israël — « un exemple de ceux qui plus tard croiraient en lui (Jésus) pour la vie éternelle » (1 Tim. 1, 16) ; et de plus, il était le serviteur de l’Église (Col. 1, 25). Nous voyons donc clairement que, si Paul possédait, en commun avec les douze apôtres juifs, le témoignage du royaume, il avait, en outre, une mission distincte, qui lui avait été conférée par une révélation du Seigneur : c’était « le mystère » — l’Église — le corps de Christ, dont il était, en un sens unique, le serviteur. Cette circonstance faisait de lui un apôtre spécial, différent des douze et dans un sens que ceux-ci ne pouvaient pas comprendre. Une autre chose qui marque cette distinction, c’est que les douze furent appelés et établis par le Seigneur dans la chair, et qu’ils Le connaissaient selon la chair, tandis que Paul ne Le connut que dans la gloire (2 Cor. 5, 16). Le fait est que l’appel de Paul fut une suspension virtuelle et non une annulation de l’apostolat du royaume qui était confié au douze. Je ne parle pas de leur ministère, car, sur ce point, il y eut, au contraire, entente entre Paul et Pierre, afin d’éviter toute confusion, et pour que l’un ne bâtit pas sur le fondement posé par l’autre (Gal. 2, 9). En sorte que, si, d’abord, leur mesure d’intelligence pût différer (et il est évident qu’il en fut ainsi, puisque Paul monta à Jérusalem pour instruire Pierre — Gal. 2) ; et si, humainement parlant, ils purent tendre à des buts différents, il n’en était cependant pas ainsi dans la pensée du Seigneur, car le fruit de leur ministère fut l’Église — le corps ; les sujets du royaume devenaient les membres du Christ. C’est ainsi que les nombreux Juifs convertis par Pierre, comme un résidu d’Israël, furent renfermés dans ce qui était alors le dessein de Dieu, l’Église (voyez Rom. 9, 24 ; Éph. 1, 11, 13 ; 2, 16). Et bien que l’aspect ostensible du témoignage rendu le jour de la Pentecôte et jusqu’à la mort d’Étienne, fût en rapport avec le royaume, cependant ce royaume n’ayant pas été établi en puissance, ses sujets déjà rassemblés furent introduits dans une « chose meilleure », en vertu de leur union avec Jésus rejeté ici-bas, mais glorifié dans le ciel. C’est ce qui est ensuite donné à connaître par une révélation nouvelle et spéciale, comme un mystère qui avait été « caché en Dieu dès le commencement du monde » (Éph. 3, 9).

Le mystère — plusieurs phases — 1. Le corps de Christ ; 2. formé de Juifs et de Gentils ; 3. la plénitude de Celui qui remplit tout en tous

Ce mystère peut être considéré sous plusieurs aspects.

1° C’est le corps de Christ (Col. 1, 24).

2° C’est un corps formé de Juifs et de Gentils : — cohéritiers et du même corps — de telle sorte que toute distinction nationale cesse et que tous deviennent, dans cette union les uns avec les autres et avec Christ, un homme nouveau ; ils sont, les deux ou les uns et les autres, un seul corps, réconcilié avec Dieu par la croix (Éph. 2, 16).

C’est là tout autre chose que le simple fait de Juifs et Gentils sauvés.

Abraham conserve son caractère juif bien distinct et c’est ce que font aussi les Juifs et Gentils sauvés dans les dispensations précédentes, et il en sera encore de même dans la dispensation future. Le mystère n’est donc pas, que les Gentils soient sauvés, aussi bien que les Juifs, mais bien, qu’ils deviennent un seul et même corps, le corps de Christ, et ressuscité en Lui. Cela n’est pas dit de Juifs ou de Gentils comme tels (voyez Ex. 18, 12 ; És. 55, 7).

3° Ce corps est appelé la plénitude ou le complément de Celui qui remplit tout en tous (Éph. 1, 23) ; ou, comme cela est exprimé en substance, l’Église est l’achèvement du Christ. De là vient que, dans 1 Cor. 12, 12, elle est appelée Christ : « Comme le corps est un et qu’il y a beaucoup de membres, de même en est-il de Christ ». C’est ce qui est exprimé d’une manière plus frappante encore, dans Éphésiens 5, 30, 32 : « Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os ; les deux seront une seule chair : Ce mystère-là est grand ; or je parle de Christ et de l’Église ». Il est fait ici allusion à Adam et Ève, et ce sont les paroles d’Adam qui sont ici rapportées : — « À cette fois, celle-ci est os de mes os, et chair de ma chair ; on la nommera hommesse, parce qu’elle a été prise de l’homme » (Gen. 2, 23[1]).

L’essence ou la vie d’Ève existait avant sa manifestation. Elle ne fut pas tant une création qu’un développement de ce qui existait déjà en Adam. De même, la vie de son corps, l’Église, préexistait en Christ ; et Lui, ayant dans la mort passé à travers le sommeil antitypique d’Adam, apporte en ressuscitant, comme résultat de la rédemption — « la vie et l’immortalité mises en évidence par l’évangile ». Son corps est tiré de Lui-même. Christ et Son Église sont un. Quel profond mystère en effet (Gen. 1, 27 ; 2, 21, 22) !

La vocation céleste est un autre caractère du mystère

4° La vocation céleste est un autre caractère du « mystère ». C’est le résultat de la réjection ici-bas de Celui qui n’est maintenant connu que dans le ciel. Là l’Église est, en principe, en esprit, bénie en Lui — « bénie de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. Dieu nous a vivifiés ensemble avec Christ » — « ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Jésus Christ » (2, 5, 6). « Inconnue » ici-bas, lieu de l’appel terrestre d’Israël, mais connue en Christ dans le ciel, où nous serons avec Lui à jamais (Jean 14, 3) : telle est la vocation de l’Église, parce que c’est la propre vocation de Christ Lui-même et qu’elle est une avec Lui. Aussi est-elle invitée à « marcher d’une manière digne de la vocation dont elle a été appelée » (Éph. 4, 1). « Frères saints, participants de la vocation céleste », sont aussi appelés (en Héb. 3, 1) ceux qui ne voient pas encore toutes choses mises sous les pieds de Jésus, mais qui, cependant, par la foi, Le contemplent couronné dans le ciel. Toutes leurs relations sont avec Lui et par conséquent célestes. Lui, le premier, comme « précurseur », est devenu participant de cette vocation céleste, et nous, nous le devenons en Lui et avec Lui (voyez Héb. 2, 9 ; 3, 1 ; 6, 20). L’Église en a donc fini avec la terre, car elle « est morte et ressuscitée avec Christ » (Col. 3).

L’Église, comme morte et ressuscitée avec Christ, en a fini avec la terre

Jusqu’ici nous avons considéré l’idée abstraite ou, si je puis m’exprimer ainsi, l’idéal de l’Église, telle qu’elle existait dans la pensée éternelle du grand architecte et telle qu’elle sera manifestée, lorsque « Christ se la présentera à lui-même, une Église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais, au contraire, sainte et sans défaut » (Éph. 5, 27) — parfaitement « conforme à l’image du Fils de Dieu », lequel est le pur et resplendissant reflet de Lui-même (Rom. 8, 29). C’est là ce qui aura lieu, « selon le dessein arrêté dès les siècles, qu’il a formé en Jésus Christ notre Seigneur » (Éph. 3, 11 ; Apoc. 19, 7 ; 21, 9, 23).

L’Église renferme tous les saints depuis le jour de la Pentecôte jusqu’à son enlèvement à la rencontre du Seigneur dans la gloire

Il est évident que ce corps renfermera tous les saints qui ont existé ou qui existeront, depuis sa fondation au jour de la Pentecôte jusqu’à l’enlèvement de l’Église au-devant du Seigneur dans la gloire. Le Seigneur s’adresse ainsi au Père : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde… Et je ne suis plus dans le monde. Et ceux-ci sont dans le monde… ils ne sont pas du monde… de même que moi je ne suis pas du monde… Or je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par le moyen de leur parole ; afin que tous soient un ». Il n’est pas besoin de faire remarquer que, lors de sa formation comme corps à la Pentecôte, l’Église embrassait tous les saints contemporains. Il est bien évident encore que le témoignage de l’Église continuera aussi longtemps qu’elle sera sur la terre. Mais après qu’elle aura été enlevée, une autre espèce de témoignage sera suscité, à savoir : — la proclamation de « l’évangile du royaume » (comparez Matt. 10 ; 24, 14). « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin » (du siècle) (Matt. 28, 19). Ce témoignage doit être subséquent à celui de l’Église, car il se rattache à « la fin du siècle » (ou de la dispensation de la longue patience de Dieu), or cette fin du siècle ne se rapporte jamais à l’Église, qui est céleste dans son appel et dans ses relations. Le résultat de ce témoignage subséquent sera le rassemblement des sujets « du royaume » ; car l’Église ayant été retirée de la scène de son témoignage ici-bas, « le siècle » achèvera sa course, de la même manière, dans un certain sens, que si rien n’était arrivé, depuis que le royaume fut offert à Israël, au nom de Jésus ressuscité comme Seigneur et Christ (Act. 2 ; 3).

Il résulte de là que ce témoignage concordera avec celui de la dernière semaine de Daniel, et en conséquence les Juifs reparaissent sur la scène (voyez Dan. 11, 33 ; 12, 3 ; Apoc. 7, 4 ; 14, 1).

Le rassemblement des sujets du royaume

L’Église étant déjà dans la gloire, et Satan précipité du ciel sur la terre, les événements se presseront avec une rapidité sans égale dans l’histoire du monde. On verra se succéder le règne court mais terrible de l’Antichrist, la grande tribulation, et, pour clore la scène, le Seigneur Jésus Christ comme « l’héritier — le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » — apparaîtra en personne pour écraser Ses ennemis, alors réduits à être le marchepied de Ses pieds. « Le trône sera établi en justice », et le règne médiatorial du Fils de l’homme commencera.

La venue du Seigneur pour juger le monde ne doit pas être confondue avec Sa venue pour enlever Son Épouse — l’Église

Mais nous ne devons pas confondre cette venue du Seigneur pour juger le monde, avec Sa venue pour enlever auprès de Lui Son Épouse, l’Église. L’espérance de l’Église est en harmonie avec sa vocation. Déjà glorifiée en principe dans son Chef — (« ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés » — Rom. 8, 29, 30), elle n’attend que Son apparition pour paraître elle aussi avec Lui en gloire (Éph. 5, 30 ; Col. 3, 3). En sorte que demander quelle est l’espérance de l’Église, c’est demander au fond quelle est celle de Jésus Lui-même. Or écoutez l’expression des désirs de Jésus en Jean 17, 23, 24 ; et dans 1 Thessaloniciens 1, 10, il est dit : « Pour attendre des cieux son Fils ». « Car le Seigneur lui-même avec un cri de commandement, avec une voix d’archange et avec une trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts dans le Christ se relèveront premièrement. Ensuite nous, ceux qui seront vivants et restés, nous serons ravis ensemble avec eux (les morts en Christ) dans les nuées, à la rencontre du Seigneur en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thess. 4, 16, 17). En tout ceci, il ne s’agit que de l’Église. C’est dans 2 Thessaloniciens 1, 7-10, qu’il est parlé du jugement du monde. L’enlèvement de l’Église est un événement qui ne touche le monde en aucune manière, si ce n’est qu’alors la lumière et le témoignage de la grâce lui seront ôtés avec elle. Quand le Seigneur vient en jugement, c’est bien du monde qu’il est question. Alors les saints, au lieu d’être jugés, jugeront et les hommes et les anges (voyez 1 Cor. 6, 2, 3).

Le jour du jugement, toute la période du règne du Fils de l’homme

L’expression jour du jugement est ambiguë et l’idée qu’on s’en forme vulgairement n’est point scripturaire. De fait, elle désigne dans la Parole la période tout entière du règne du Fils de l’homme, et dans un certain sens, elle est synonyme de celles de règne personnel« des temps du rétablissement de toutes choses » — et de millénium. Ce ne sont là que différentes phases d’une même chose. Le règne médiatorial commence et se termine par un jugement. Il commence par le jugement des vivants et se termine par celui des vivants et des morts (comparez 2 Thess. 1, 7 ; Matt. 25 et Apoc. 20, 14, 15).

Le premier jugement des vivants est le commencement de ce règne du Seigneur, le dernier en est la scène finale, qui précède le moment où le Seigneur « remet le royaume à Dieu » (1 Cor. 15, 24). Ce jour du jugement qui est mentionné en 2 Pierre 3, est appelé « le jour du Seigneur ». Il durera des centaines d’années et comprendra plusieurs événements. Pierre rapporte les principaux, et il met ces terribles réalités en contraste avec les temps actuels, qui sont ceux « du long support et de la patience de Dieu », pendant lesquels les hommes se moquent même de Dieu avec une impunité apparente. Mais alors ils connaîtront, que ce qui est appelé « leur jour » et, pour la même raison, le jour de Dieu, « est venu ».

L’Église en rapport avec le temps

Nous avons maintenant à considérer l’Église dans sa relation avec le temps. Sous ce rapport aussi, elle est en harmonie avec sa nature élevée et ses glorieuses destinées. Depuis sa fondation à la Pentecôte, jusqu’à sa consommation dans la gloire, il y a toujours eu et il y aura toujours sur la terre un corps appelé l’Église, reconnu de Dieu et dans lequel le Saint Esprit habite. Ce corps renferme tous les saints existant simultanément sur la terre à un moment donné ; quelque séparés qu’ils soient par la distance, quelque divisés même qu’ils puissent être entre eux, Dieu les considère comme un, et Il s’adresse à eux dans Sa Parole comme étant un. Les séparations locales ne peuvent jamais, dans la pensée de Dieu, altérer cette unité. « Un seul corps, un seul Esprit », telle est l’estimation du Seigneur. Et ne doit-elle pas être aussi la nôtre ? Cette unité est la conséquence de l’union de tous les membres du corps, d’abord avec Christ comme Tête ; en second lieu, les uns avec les autres, comme étant tous en Lui. Ce n’est pas ici une union volontaire dans sa nature, mais involontaire, car c’est une union dans la vie. C’est là ce qui fait la différence essentielle entre l’Église et une simple association. Les membres d’une association peuvent avoir entre eux divers liens intellectuels, moraux, physiques, et c’est la reconnaissance de ces liens qui détermine ce qu’est leur union. Le fait de notre naissance peut nous rendre naturellement membres d’une nation ou d’une famille, mais même ces circonstances involontaires d’union ne nous présentent pas une image exacte de l’union de l’Église, quoique, dans un sens moral, les notions qui s’y rattachent puissent être employées à dépeindre l’union et l’unité de l’Église. L’unité du corps humain est l’image que le Saint Esprit emploie pour décrire l’unité du corps de Christ. Elle a sa source dans la vie. Mes mains, mes bras entrent dans l’unité de mon corps, parce que, en tant que ses membres, ils participent à une seule et même vie, et obéissent à un même esprit. Il en est de même quant à l’unité de l’Église de Dieu. Tous les membres ne forment qu’un seul tout, parce qu’ils participent à une vie commune, et sont mus par la volonté d’un seul et même esprit. Si mon doigt est une partie de mon corps, ce n’est pas là une affaire de volition, mais bien de nécessité ; heureuse nécessité, il est vrai, que je ne voudrais pas changer. De cette union découlent des affections, des sympathies, des instincts, dont l’exercice prouve la vigueur de la vie intérieure. Et les diverses relations coordonnées, subordonnées, respectives et mutuelles, qui en résultent, répandent dans toutes les parties l’union d’un seul tout actif et harmonieux. L’agent de cette union et la puissance de l’unité qui en est la conséquence, c’est le Saint Esprit, « ce même Dieu qui opère toutes choses en tous » (1 Cor. 12, 6).

Dans le chapitre 4 de l’épître aux Éphésiens, nous voyons qu’il y a « un seul corps et un seul esprit ». Et d’après d’autres passages des Écritures, nous apprenons que ce qui constitue l’unité du corps, c’est le seul Esprit, le Saint Esprit. Ainsi dans 1 Corinthiens 12, 12-14, on lit : « Car comme le corps est un, quoiqu’il ait plusieurs membres, et que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, ne forment qu’un corps, de même en est-il de Christ. Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour (être) un seul corps… car le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs ». Il est évident d’après cela que c’est le baptême du Saint Esprit qui constitue l’unité du corps. Et il est affirmé, au verset 27, que ce corps est le corps de Christ. En comparant les passages suivants (Act. 1, 8 ; 2, 4 ; 10, 47 ; 11, 16), on voit clairement ce que signifie le baptême du Saint Esprit.

Abel, Abraham et d’autres sauvés, mais non membres l’un de l’autre. Il n’est jamais parlé d’eux comme étant un seul corps ou comme étant le corps de Christ

On comprend aisément que des saints comme Abel, Abraham et d’autres puissent être sauvés en tant qu’individus, sans qu’il y ait nécessairement entre eux une unité de corps. Et c’est en cela que consiste, dans un certain sens, la différence entre la vie que nous possédons et celle des saints qui ont précédé l’Église (aussi bien que de ceux qui seront convertis après son enlèvement). Ces saints, même en étant contemporains, et participants de la vie, n’étaient pas, par là même, « membres les uns des autres ». Il en aurait été ainsi, si l’unité eût consisté simplement dans la possession de la vie, et non dans le baptême d’un seul Esprit pour un seul corps. Jamais il n’est parlé de ces saints comme étant un seul corps ou le corps de Christ. Jean 7 met cette vérité hors de toute espèce de doute : « Or, il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui, car il n’y avait pas encore d’Esprit Saint, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (v. 39, comparé avec Act. 19, 2). Ce dernier passage est bien remarquable. Ces disciples, qui ne connaissaient rien de plus que l’enseignement de Jean-Baptiste, savaient pourtant par cet enseignement même que le Saint Esprit devait être donné (voyez Matt. 3, 11). Le sens exact de ce verset est donc : « Nous n’avons pas ouï dire que le Saint Esprit soit, c’est-à-dire qu’il ait encore été donné ». Ces disciples étaient déjà dans le corps, car le Saint Esprit avait été donné ; mais ils ne le savaient pas et ils avaient besoin d’en être instruits. De même pour Apollos (voy. Act. 18, 25). Tous étaient déjà réellement incorporés à l’Église, mais ce ne fut qu’alors qu’ils entrèrent dans la jouissance de ses privilèges. « Ainsi », est-il ajouté, « le Saint Esprit vint sur eux, et ils parlaient des langues » (v. 6). Lisez ce passage.

L’habitation du Saint Esprit, trait caractéristique de l’Église — un seul corps en Christ

L’habitation du Saint Esprit est ce qui caractérise l’Église et ce qui distingue ses membres — en faisant d’eux un seul corps en Christ — des saints qui ont existé auparavant.

Ce corps sur la terre, temple du Saint Esprit — habitation de Dieu par l’Esprit

Ce corps donc, en tant que vu sur la terre, est le temple du Saint Esprit, l’habitation de Dieu par l’Esprit (2 Cor. 6, 16 ; Éph. 2, 22). Il est vrai aussi, et c’est une conséquence de cette première vérité, que chacun des membres du corps est individuellement un temple du Saint Esprit ; car c’est un seul et même Saint Esprit habitant aussi bien dans chaque membre que dans l’ensemble des membres. Mais le mode d’action du Saint Esprit dans le corps, diffère de Son action dans l’individu. Il agit sur le corps en tant que corps de Christ, maintenant l’unité de l’ensemble dans la mesure de chaque partie. Pour ce qui est de l’individu, Il entretient l’union de l’âme avec Christ : « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit » (1 Cor. 6, 17). Il nourrit les affections qui conviennent aux relations de l’âme avec Christ et avec Son corps, l’Église, et Son énergie se déploie suivant la place qu’occupe chaque membre individuellement dans le corps.

Ce corps sur la terre est « l’habitation de Dieu ». Dieu l’Esprit demeure en lui pour le soutenir et l’animer ; de là l’exhortation : « Vous empressant de conserver l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix ». Et la raison qui l’appuie : « Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous êtes appelés dans une seule espérance de votre appel ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éph. 4, 3-5). Chaque saint est responsable du maintien de cette unité ou de cette action d’un seul Esprit dans le corps universel ; la mettre de côté, n’y pas avoir égard, c’est mettre de côté l’autorité du Seigneur — « un seul Seigneur ». Est-ce là ce que font les chrétiens ? Ne s’efforcent-ils pas, en bien des cas, de maintenir une pluralité, pour ainsi dire, au lieu de l’unité de l’Esprit ? Les systèmes ecclésiastiques des hommes ne nient-ils pas, à la fois, que le corps est un et que l’Esprit est un aussi ? La souveraineté d’un seul Seigneur n’est-elle pas mise en question par la suprématie de l’homme, exercée dans ce corps même dont Christ est Seigneur et Chef ? La volonté de l’homme n’a-t-elle pas comme défié la volonté du Saint Esprit ? Ce sont là de solennelles questions, auxquelles chaque conscience répondra devant le Seigneur[2].

L’Église sur la terre, considérée sous deux aspects, sa constitution intérieure et son témoignage extérieur

L’Église sur la terre doit être considérée sous deux aspects différents : 1° dans sa constitution intérieure, 2° dans son témoignage extérieur. En l’une et en l’autre, l’autorité est le Seigneur Jésus, et la puissance l’Esprit Saint. Telles sont les deux conditions essentielles, auxquelles doit satisfaire un corps quelconque pour qu’il soit une église. Si l’autorité du Seigneur exprimée dans la Parole, y est peu estimée, si elle est remplacée par la sagesse ou les convenances de l’homme, un tel corps n’a nullement le droit de s’appeler une église. Ou si, d’un autre côté, la simple énergie humaine, énergie intellectuelle ou autre, est substituée à l’opération du seul Esprit, la place du Saint Esprit dans le corps est virtuellement niée ; — en d’autres termes, Dieu est mis de côté pour faire place à l’homme.

1. Quant à la constitution intérieure de l’Église, nous la trouvons dans 1 Corinthiens 12. L’existence et l’organisation du corps sont par l’Esprit (comparez v. 13, 27 et 4). « Les diversités d’opérations » ne sont pas attribuées aux talents des hommes, comme aujourd’hui, mais à Dieu. Dans le corps, chaque vaisseau a sa place et sa fonction particulière, mais l’exercice de ces fonctions ne se fait pas par l’esprit de l’homme, mais par celui de Dieu. C’est Lui qui emploie le vaisseau. « À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit pour l’avantage commun » (v. 7) ; c’est-à-dire pour l’édification du corps. Si l’on objecte que ces instructions se rapportent à un état de choses particulier, je l’admets ; mais je demande pourquoi cet état n’existe plus. Parce que, en ceci, comme en toute autre chose, l’homme a gâté l’œuvre de Dieu et a changé l’ordre que Dieu avait établi. Si l’on dit que ces instructions sont locales et ne s’appliquent qu’à Corinthe, je le nie ; car elles sont adressées à tous les saints — « à tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre » (1, 2). Ceci est universel et quant au temps et quant aux lieux. Le nier, c’est nier l’inspiration de l’épître. Si l’on objecte encore, qu’il est fait mention ici de dons qui n’existent plus dans l’Église, je demanderai : Qui vous l’a dit ? Ils peuvent ne pas être manifestés, je l’admets ; mais n’être pas manifesté ou ne pas exister sont deux choses très différentes. Nier la présence d’un don, parce qu’on ne le voit pas, cela équivaut à nier la présence du Saint Esprit. La présence de l’Esprit dans l’Église n’est pas un fait qui tombe sous les sens, mais une affaire de foi (Jean 16, 13 ; 14, 16). Si je sais que l’Esprit est dans le corps, je sais aussi qu’Il est souverain et qu’Il « distribue ses biens à chacun en particulier selon qu’Il le veut » (1 Cor. 12, 11). Si donc l’Église Le possède aujourd’hui, et nous savons qu’elle Le possède, Il peut distribuer Ses biens maintenant comme alors… Ce n’est pas la présence du don, mais la présence de l’Esprit, qui est la question importante.

J’admets bien que nous ne voyons pas maintenant la manifestation des mêmes dons que l’Église possédait jadis. Mais si Apollos exerçait son ministère de nos jours, son don serait-il attribué au Saint Esprit ou à des talents supérieurs ? À cette dernière cause dans la plupart des cas ! Apollos passerait pour un homme de talent ! Voilà où l’Église en est venue ! N’est-ce pas une chose bien sérieuse ?

Les dons miraculeux enlevés

Il y a trois raisons, entre beaucoup d’autres, qui peuvent moralement expliquer comment il se fait que certains dons, appelés miraculeux, ont été retirés.

Premièrement — Ces dons n’avaient pas tant pour but l’édification du corps, que la confirmation, aux yeux du monde, du caractère divin de l’évangile. « Selon que le témoignage du Christ a été confirmé parmi vous ». « Les langues servent de signe, non pour les croyants, mais pour les incrédules » (1 Cor. 14, 22, comp. Marc 16, 17, 20). Mais comme le témoignage de Christ a maintenant une certaine place reconnue dans le monde, des signes semblables ne l’accréditeraient pas de la même manière. Et à cause de leur rapport avec l’œuvre de Satan dans les derniers jours, les miracles jetteraient plutôt du doute sur le témoignage, bien loin de servir à le confirmer.

Deuxièmement — L’Église étant dans un état d’apostasie tel, qu’elle renie virtuellement la seigneurie de Jésus, et qu’elle contriste et éteint positivement le Saint Esprit, cet Esprit ne pourrait pas manifester Sa puissance — (celle de Christ, car les dons de l’Esprit sont la manifestation de la puissance de Celui qui est monté en haut, Éph. 4, 8)… de manière à accréditer un système comme celui qui est maintenant appelé l’église chrétienne ; ce serait commettre Son nom, en l’attachant au mal même qu’Il vient juger (Jude 14, 15), et identifier Christ avec le monde, qui est devenu l’équivalent de l’Église, ou comme on dit, le « monde chrétien » (Jean 15, 19).

Troisièmement — Quoiqu’il y ait encore à présent, comme autrefois en Israël, un « résidu, qui gémit et qui soupire, à cause de toutes les abominations qui se commettent au-dedans » (Éz. 9, 4), cependant il ne se trouve pas un corps de saints, constitué de manière à ce que le Seigneur puisse l’accréditer par une investiture de puissance. Le résidu, qui s’échappa de Babylone, fut replacé sous la bénédiction ; mais il avait perdu les insignes de la royauté : il n’avait plus ni trône, ni urim et thummim. Ainsi en est-il aujourd’hui. Là où deux ou trois sont rassemblés au nom de Jésus, Il est au milieu d’eux, non pas pour les investir d’une puissance extérieure — ce serait comparativement un pauvre gage de son amour — mais pour réjouir leurs cœurs affligés — pour consoler, pour édifier et pour bénir.

Tous les dons pour l’édification se trouvent encore

Tous les dons qui sont pour l’édification du corps se trouvent encore maintenant. Ce peut être dans une faiblesse comparative, mais enfin ils se trouvent, et ils sont la preuve de l’amour et de la fidélité du Sauveur (voy. Rom. 12). Ces dons, nous les voyons encore. Le chapitre 4 des Éphésiens nous dévoile, pour ainsi dire, ce douaire de l’épouse, gage de l’amour et preuve de la puissance de Celui qui est monté en haut. Et ces dons doivent subsister « jusqu’à ce que nous parvenions tous… à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (v. 13). Ce sont ceux « d’apôtres[3], de prophètes, d’évangélistes, de pasteurs et de docteurs » (v. 11). Ils demeurent toujours — peu importe le temps et le lieu de leur manifestation — pour les besoins de l’Église.

Jugement sur Ananias et Sapphira, etc.

2. Le témoignage extérieur de l’Église découle de sa constitution intérieure et consiste dans l’exercice de ses fonctions et de ses dons en présence du monde. C’est ce qui fut évident à son inauguration le jour de la Pentecôte (Act. 2, 12). Elle fut alors investie de la puissance visible de son Chef ressuscité qui, l’ayant rachetée par Son propre sang, la relevait de la malédiction de Babel ; car ils parlaient « en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (v. 4). C’était là « la ville située sur une montagne ». L’Église était présentée aux hommes et aux anges comme « la colonne et l’appui de la vérité ». Mais cette puissance n’était pas son seul témoignage auprès du monde ; elle avait aussi des lettres de créance purement morales. Le jugement d’Ananias et de Sapphira prouva que le Dieu de vérité et de sainteté habitait dans Son temple. Et non seulement cela, mais elle possédait, dans l’exercice de ses dons ordinaires, une force morale qui pénétrait jusqu’au cœur, qui découvrait et révélait l’état de la conscience de l’incrédule, en sorte que, « tombant sur sa face, il adorait Dieu et déclarait que Dieu était véritablement au milieu d’elle » (1 Cor. 14, 24, 25). Ce n’était point là l’effet de quelque puissance extraordinaire, mais simplement le pouvoir de la vérité sur la conscience. Ce pouvoir nous reste, Dieu en soit béni ! et il peut encore maintenant porter les mêmes fruits, quoique dans la faiblesse. Mais il y a de plus la place de l’évangéliste ou prédicateur qui va, sous sa propre responsabilité individuelle, annoncer Christ à ceux « qui n’en ont point entendu parler ». Ce don demeure aussi, et même il se manifeste de nos jours d’une manière bénie soit dans la chrétienté, soit dans les contrées païennes ; bien que ce ne soit que d’un petit nombre de ces chers serviteurs de Christ qu’on puisse dire : « car c’est pour son nom qu’ils sont partis sans rien recevoir des nations » (3 Jean 7). En effet l’Église se trouve dans un tel état de chute, que des associations volontaires pour les missions sont substituées à l’action de l’Esprit dans le corps de Christ, et qu’on va même jusqu’à demander à un monde incrédule les fonds nécessaires pour cette œuvre. Et non seulement la bourse, mais aussi le patronage et les titres pompeux du monde sont recherchés en faveur des messagers du saint Jésus. Ne sont-ce pas là des signes effrayants ? Tandis que l’épouse d’Abraham était captive, lui-même était enrichi des dons de Pharaon : dons qui l’honoraient et le dégradaient à la fois. Quel tableau de l’Église en captivité !

Nous avons déjà vu que la vraie question n’est pas de savoir si l’Église possède des dons propres à son édification et au témoignage qu’elle a à rendre devant le monde, mais si elle possède encore le Saint Esprit. Or ceci, je le répète, est une affaire de foi, alors même que les preuves extérieures manqueraient. Mais elles ne manquent pas : des dons sont encore dans le corps, par cette raison que c’est le corps de Christ — l’Église (lisez Col. 2, 19). Le fait est que le corps, ayant perdu le sentiment de son union avec la Tête, a eu recours aux ressources du talent et de l’instruction, pour subvenir à ses besoins moraux, contristant ainsi l’Esprit et ne retenant point dans la foi et par expérience, « celui qui est la tête et duquel tout le corps, au moyen des jointures et des liens, étant bien coordonné et étroitement uni, s’accroît d’un accroissement de Dieu ». Aucun des systèmes ecclésiastiques inventés par les hommes ne satisfait à ces conditions. Où sont « les jointures et les liens » ? Où est cet « accroissement du corps dans la mesure de chaque partie » ? Hélas ! nous les chercherions en vain. L’homme a mis de côté l’ordre établi de Dieu pour le remplacer par le sien propre.

La pensée de rétablir l’Église est une folie

Finalement, devons-nous abandonner la manière de faire de Dieu ou celle des hommes ? Dans la Parole nous trouvons l’ordre de Dieu. Dans l’état de choses actuel, nous avons la confusion de l’homme. Entreprendrons-nous de réformer les masses ? Ce serait une entreprise sans espoir, et tout à fait au-dessus de notre portée. Aucune culture ne pourra jamais changer l’ivraie en bon grain. Le trésor est caché — la perle est invisible — et les bons poissons sont enfermés dans le filet. Le principe de la foi est d’agir avec Dieu. L’obéissance consiste à cesser de mal faire — à cesser de nous identifier avec ce que nous trouvons être opposé à Dieu. Il faut, en général, se défier des mouvements collectifs. La conscience est une chose individuelle. Il y a toujours un refuge dans le nom de Jésus, pour les âmes qui fuient la captivité de la Babylone morale — c’est-à-dire de tout ce pêle-mêle confus de principes religieux, moraux, commerciaux et politiques, qui nous environne.

Quant à la pensée de rétablir l’Église, c’est une folie. Rassembler les saints autour de Christ et dans l’espérance de Son retour, c’est le service — l’amour obéissant (comp. Jean 14, 3 ; Jude 23). Une assemblée de saints, réunis aujourd’hui au nom de Jésus, prenant sur eux la honte et le péché de l’Église, comme Daniel le faisait autrefois pour le péché d’Israël (Dan. 9), et s’en humiliant sous la puissante main de Dieu ; une telle assemblée, dis-je, ne peut pas s’attendre à recouvrer tout ce que l’Église a perdu, mais elle peut attendre les sympathies de Jésus et y compter. « Il ne peut se renier lui-même ». Et si elle se place, non pas sous la dépendance de l’homme, ni d’un ordre humain, mais de Dieu, le Saint Esprit subviendra à ses besoins. Non seulement Il emploiera ce que ces vaisseaux possèdent, soit par leurs naturelles dispositions, soit par leurs acquisitions spirituelles, mais Il donnera davantage ; car il y a une adaptation naturelle du vaisseau ou de l’individu, aussi bien qu’un don accordé. Une telle assemblée, aussi longtemps qu’elle resterait dans sa position de faiblesse, serait bénie, pouvant s’appliquer la parole qui fut adressée une fois à la petite troupe d’Israël : « Ne craignez point » (Agg. 2, 5). Mais elle ne jouirait pas seulement de plusieurs privilèges, elle aurait encore une responsabilité particulière, à cause de sa profession de soumission à Christ. Le Seigneur la tiendrait pour responsable de la sainteté de Sa maison et du maintien de l’unité de l’Esprit non seulement dans son sein, mais dans le corps de Christ. Car, alors même que plusieurs des saints désavoueraient et même mépriseraient une telle position, cela n’affaiblirait en aucune manière sa responsabilité, soit à l’égard du Seigneur, soit à l’égard de l’Église. Ce n’est pas une question d’autorité, mais d’amour obéissant. Et quand une semblable petite réunion, demeurant dans une position ecclésiastique selon la Parole, serait seule au milieu des ruines de l’Église, sa position n’en serait pas moins la même moralement, et son témoignage aurait la même valeur sur les consciences de l’Église entière, que si elle comptait ses membres par milliers. Car le principe d’un témoignage ne dépend pas du nombre de ceux qui le rendent. Et nous avons pour tous les cas un directeur infaillible dans la Parole, et un guide dans le Saint Esprit.

Une telle assemblée, réunie, non sur le terrain de l’unité de jugement, mais sur celui de l’unité de la vie, trouverait en Jésus, la Tête, tout ce qui lui serait nécessaire : réunie, dis-je, non pas comme association volontaire, ce qui serait le fruit de la volonté de l’homme et non de celle de Dieu, et par conséquent sectaire — mais dans une position qui affirme l’unité du corps de Christ, et qui reconnaît le fait d’une seule vie et de l’habitation intérieure d’un seul Esprit comme étant le lien vital de tous. Ainsi l’unité de jugement ne serait pas le lien, car cela en ferait une secte, mais ceux qui composent cette assemblée se réuniraient comme membres de Christ et membres les uns des autres. Il est évident, d’après les Écritures, que c’est là la seule position dans laquelle la foi puisse se placer maintenant avec intelligence. Tout autre ne peut être que le fruit de l’ignorance ou de la présomption — en un mot, du monde.

On objectera peut-être que de semblables réunions ont existé et sont tombées. Oui, mais elles étaient seulement analogues et non identiques. Cette même accusation pourrait être portée contre l’église de Corinthe. Elle tomba d’une manière effrayante, mais Christ ne tombe pas. Elle reconnaissait pourtant encore sa dépendance du Saint Esprit ; aussi fut-elle relevée, après que son péché eut été jugé (1 Cor. 5, 4). On peut affirmer, sans crainte d’être réfuté, qu’elle ne peut jamais tomber, l’assemblée qui, regardant au Seigneur et s’attendant à Lui seul, reconnaît pratiquement la présence du Saint Esprit, comme l’unique puissance avouée par l’Écriture dans la maison de Dieu. Mais une assemblée peut paraître dans cette position, lorsque moralement, devant Dieu, elle a cessé de la maintenir, si même elle l’a jamais maintenue réellement. Voilà toute la différence. Dire que les « deux ou trois qui s’assemblent au nom du Seigneur » (j’entends, qui le font spirituellement) peuvent tomber, ce serait accuser la fidélité du Seigneur, car Il promet « d’être au milieu d’eux » (Matt. 18, 20). Mais s’ils reconnaissent un élément quelconque, autre que ceux qui sont fournis par l’Esprit de Christ, ils abandonnent leur vraie position et le Seigneur est, je le dis avec respect, relevé de Sa promesse, car on a cessé alors de se rassembler en Son nom. C’est là une chose solennelle et digne de la sérieuse considération des saints.

La question entre Dieu et l’Église est celle de la présence du Saint Esprit ; et la position d’un résidu au milieu des ruines est une position de foi.

Apostasie de l’Église comme témoignage visible

L’apostasie de l’Église dans son témoignage visible est admise par tous les protestants. De là leur séparation du romanisme par la Réformation. Mais prétendrait-on que la Réformation ait établi tout ce que l’Église avait perdu ? « Quel est donc ce bêlement de brebis à mes oreilles ? ». Nous avons retiré de dessous les ruines de la superstition plusieurs vérités précieuses. Mais où est l’ordre de la maison de Dieu ? Où est le corps ecclésiastique, n’importe son nom ou ses prétentions, qui corresponde dans toutes ses parties et ses proportions au modèle original de l’Église ? Je n’offenserai personne en répondant : Nulle part. La sagesse de l’homme et l’autorité du monde ont fatalement réussi à substituer l’ordre humain à l’ordre divin.

Le Saint Esprit fut peu consulté dans la restauration de l’édifice. C’est là une vérité pour l’Angleterre, comme pour l’Allemagne ou pour Genève. Et tous ces divers systèmes, bien qu’ils puissent réclamer la vénérable prescription de trois cents ans, s’ils sont éprouvés par les Écritures et pesés à la balance du sanctuaire, sont trouvés légers ; mais nos premières et quelques-unes de nos meilleures associations d’idées s’y rattachent et par une étrange conséquence avec nous-mêmes, nous les respectons et les soutenons parce que ce sont nos préjugés.

Le jugement du témoignage entre les mains des Gentils prédit (Rom. 11)

« L’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns se retireront de la foi » (1 Tim. 4, 1). Ce sujet d’avertissement tient une grande place dans les épîtres et il nous est pleinement exposé dans Matthieu 13 et dans l’Apocalypse, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer. Le jugement de ce qu’on peut appeler le témoignage dans les mains des Gentils, est prédit dans le chapitre 11 des Romains : « Si tu demeures en cette bonté ; autrement, toi aussi, tu seras retranché » (v. 22) ; c’est-à-dire comme Israël l’a été. Il n’est pas question ici de l’Église — du corps — mais du témoignage de Dieu confié aux Gentils ; et parce que l’homme, dans cette dernière position, s’est trouvé indigne de cette confiance, le jugement à venir est sa portion (comme système). Et la loi et le témoignage, qui ont été cachetés « parmi mes disciples »[4], seront de nouveau confiés à Israël (comp. Dan. 12, 9). « Ces paroles sont closes et cachetées (pour Israël) jusqu’au temps de la fin ». Alors « tout Israël sera sauvé » et les oracles de Dieu lui seront de nouveau remis (Rom. 3, 2 ; 11, 26).

L’apôtre Pierre nous avertit en disant : « Vous donc, bien-aimés, puisque vous le savez d’avance, soyez sur vos gardes ; de peur que, entraînés ensemble par l’égarement des abominables, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté » (2 Pier. 3, 17). Voyez l’importance donnée ici à la parole prophétique ! Le chapitre 2 de 2 Thessaloniciens met devant nous l’origine, le développement et le jugement de cette apostasie, dans son double caractère, ecclésiastique et civil. Déjà du temps de l’apôtre, ce mystère d’iniquité déployait son efficace et Paul nous annonce qu’il continuera à croître sans interruption, jusqu’à ce qu’ayant atteint son plus haut degré de développement, il se résume dans « l’homme de péché, le fils de perdition » (v. 4).

Avertissement contre le mystère d’iniquité, qui doit se résumer dans l’homme de péché

Il est maintenant généralement admis par les personnes qui s’occupent des prophéties, que cet « homme de péché » est le même que la « petite corne » et le roi faisant selon sa volonté, de Daniel (chap. 7 ; 11), le même aussi que l’antichrist de Jean. Et nous voyons ainsi comment les diverses dispensations de Dieu sur la terre sont comme autant de lignes qui convergent vers un seul point — le jugement. De sorte que le jugement du judaïsme apostat et celui de la chrétienté apostate se confondent avec le jugement de l’impie et blasphématoire infidélité. Car quelque étrange que cela puisse paraître d’abord, ces trois systèmes sataniques subiront leur condamnation en la personne d’un représentant commun — l’homme de péché (comp. Matt. 12, 43, 45 ; 23, 32 ; Dan. 7, 21, 27 ; 1 Jean 2, 18 ; Apoc. 19, 19). Ceci nous ramène à la dernière semaine de Daniel, dont la première phase sera le développement de Babylone, qui est ensuite détruite (Apoc. 17, 16) ; et sa dernière phase est « le roi — l’antichrist — l’homme de péché ». Christ paraît alors pour juger les vivants. Ses ennemis Lui sont mis pour marchepied. Et le temps vient, où les saints du Très-haut — ou des hauts lieux — reçoivent le royaume, et où commence le règne médiatorial du Fils de l’homme (Dan. 7, 27).

Je ne fais qu’effleurer ces sujets ; les traiter à fond nous mènerait trop loin.

Le siècle se termine par le jugement

Ce siècle-ci aboutit donc au jugement. Que sa génération y pense peu ! « Lorsqu’ils diront : Paix et sûreté ! alors une ruine subite viendra sur eux, comme les douleurs de l’enfantement sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thess. 5, 3). Terribles paroles, qui devraient réveiller le peuple de Dieu, l’arracher aux rêves du jour, aux illusions de ce monde et le ramener à la réalité ! N’est-il pas affreux de voir ce pauvre monde abusé compter sur des siècles de paix et de bénédiction qui ne viendront jamais, et y compter jusqu’à ce que le Juge des vivants et des morts paraisse pour les appeler à Sa barre ? Notre place à nous, chrétiens, est d’être séparés du monde, de vivre pour Dieu comme « ressuscités avec Christ », pour dire aux pécheurs qui périssent que l’arche est encore ouverte — pour les supplier de chercher un refuge auprès de Jésus — afin de trouver miséricorde, et de se mettre à l’abri de la colère à venir sous l’aspersion de son précieux sang.

Toutes les dispensations précédentes aboutissent à un seul et même moment final, l’apparition de Christ.

  • La dispensation de Noé ou les temps de la longue patiente de Dieu, datant du déluge (Gen. 8, 21).
  • Israël selon la chair depuis Abraham.
  • Israël dans l’état d’I-Cabod — le trône étant captif.
  • Israël dans l’état de Lo-Ammi, pendant que les Gentils règnent.
  • Les temps de la domination des Gentils, datant de la captivité de Babylone.
  • « Jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée » — privilèges en grâce (Rom. 11).



La condamnation de la chrétienté purement professante est ensuite scellée dans le jugement de « la grande prostituée » et, lors de sa dernière transformation, dans celui du « faux prophète » (comp. Apoc. 17, 1 ; 19, 20). Ce n’est pas là une affaire d’opinion, mais de fait. Et cette parole est solennelle : « Si quelqu’un veut être ignorant, qu’il ignore » (1 Cor. 14, 38). Et celle-ci plus terrible encore : « Que celui qui agit injustement agisse injustement encore » (Apoc. 22, 11). L’Épouse de Christ est pour toujours en sûreté et à l’abri de ces alarmes. Longtemps avant la crise, elle sera enlevée à la rencontre de son Seigneur dans la gloire. Telle est l’espérance de l’Église. Puisse être là aussi l’objet de son ardent désir. Elle n’aura pas besoin d’autre motif que Son amour, s’il en est ainsi, si Jésus lui inspire cette prière : « Viens », car « l’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! Oui, viens, Seigneur Jésus ! Amen » (Apoc. 22, 17, 20).



  1. Comparez Genèse 5, 1, 2, qui exprime bien cette unité mystique : « Il leur donna le nom d’homme » ; ou plutôt : « Il appela leur nom Adam ».
  2. Le romanisme, en substituant l’uniformité à l’unité, en mettant l’autorité à la place de la vie, usurpe la place de Dieu dans la conscience, et produit, par la crainte, des fruits d’hypocrisie au lieu de l’obéissance de la foi.
  3. Le mot « apôtre » n’a pas le même sens ici que lorsqu’il est question des douze ou de Paul ; il désigne des agents spéciaux de Christ pour Son Église, dans diverses périodes de son histoire (Luther, par exemple), agents qui, sans être nécessairement inspirés, sont pourtant envoyés par Christ.
  4. De Christ — És. 8, 16.