Écho du Témoignage:Remarques sur l’Apocalypse/Partie 4

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Chapitre 6

Des deux chapitres précédents ressortent avec clarté des enseignements que notre devoir, je n’en doute pas, est de retenir : 1° Dieu est assis sur le trône d’où sortent des éclairs, des voix et des tonnerres ; 2° toutes choses sont mises entre les mains de l’Agneau qui les déroule successivement ; 3° nous y voyons la parfaite sécurité et les occupations bénies des saints célestes, alors retirés de la scène d’épreuve, et cela longtemps avant le jour du Seigneur, dans lequel leur bénédiction sera pleinement manifestée au monde. Du moment que l’âme et le corps, ou tous les deux (l’âme à présent, l’âme et le corps, réunis, à la venue de Christ), quittent ce monde, il y a, je crois, pour les saints, jouissance immédiate du Seigneur. Est-elle scripturaire, la pensée que nous trouvons exprimée dans une hymne que nous chantons quelquefois et qui parle « de prendre l’essor vers des mondes inconnus » ? L’Écriture insinue-t-elle jamais l’idée d’une âme partant pour un voyage de découvertes ? La vérité n’est-elle pas, au contraire, qu’elle entre paisiblement et immédiatement en la présence du Seigneur ? Quand Dieu permet que le ciel s’ouvre un instant aux regards d’hommes qui sont sur la terre (comme, par exemple, à la naissance et à la transfiguration du Seigneur, et dans les cas d’Étienne, de Paul, etc.), il semble qu’il n’y a pas une si grande distance entre eux. Ce n’est pas, bien entendu, une question simplement d’espace physique ; mais c’est l’action de la puissance divine qui tout d’un coup transporte une personne de son état actuel d’existence, dans la présence ravissante du Seigneur. Ainsi, quand Il parlait Lui-même au pauvre larron mourant, Il disait : « Aujourd’hui tu seras avec moi en paradis » — ce jour-là même. À mon avis, il n’existe rien qui réponde à ce voyage poétique à travers des mondes inconnus.

Mais tandis qu’il est parfaitement vrai que, en cas de mort, l’âme est admise incontinent en la présence du Seigneur, tandis qu’il est également vrai que « en un instant, en un clin d’œil », les saints seront enlevés à la venue de Christ, cependant nous ne devons pas perdre de vue que leur manifestation sera une chose différente ; il n’y a pas de passages qui marquent, plus clairement que celui-ci, l’intervalle considérable qui s’écoulera entre leur rassemblement auprès du Seigneur et leur manifestation au monde. Ces chapitres de l’Apocalypse mettent ce point hors de contestation. Dieu a un dessein très important à accomplir durant l’intervalle. Il faut qu’Il mette la terre en état de recevoir le Seigneur Jésus, et va l’investir, Lui, le grand héritier, de l’héritage qui Lui appartient.

Mais de plus, Il veut amener avec Lui les cohéritiers. En conséquence, cet intervalle est rempli par les préparatifs que nécessitent ces divers desseins. Pour les accomplir, des jugements doivent tomber sur la malice du monde ; mais parallèlement à ces jugements, nous avons des actes signalés de la miséricorde de Dieu. Quand viendra la grande et terrible journée du Seigneur, il n’y aura plus lieu à l’exercice de la miséricorde : « la porte est fermée ». Mais pendant tout ce temps intermédiaire, la miséricorde aura son cours, excepté pour ceux qui auront rejeté l’évangile après l’avoir entendu. Je ne vois pas qu’il y ait le moindre lieu de penser qu’il y ait espoir de miséricorde pour les moqueurs. Il y aura un intervalle de quelques années pendant lequel Dieu agira en jugement et en grâce — les jugements augmentant de sévérité sur ces pays privilégiés où l’évangile aura été prêché ; mais je doute qu’il y ait rien de pareil à la grâce qui a cours aujourd’hui. C’est l’inverse, hélas ! qui aura lieu. Dieu livrera à un aveugle endurcissement ceux qui maintenant refusent Sa miséricorde ; Il se retirera, pour ainsi dire, de ces pays-là pour accomplir ailleurs Son œuvre de salut ; et, de ceux qui auront parlé si complaisamment des lumières qu’ils ont en partage, Dieu se tournera alors, si je comprends bien la prophétie, vers ceux qui maintenant sont si éloignés de l’évangile. Mais c’est une chose bien solennelle de penser que là où se trouve le plus, à présent, la lumière du christianisme, régneront les plus épaisses ténèbres de l’apostasie. L’enseignement de l’Écriture c’est, que ce qui est actuellement la scène sur laquelle s’exerce la miséricorde de Dieu, où Il est maintenant à l’œuvre, et où Sa Parole a le plus libre cours, est destiné à retomber dans la plus effroyable et la plus funeste idolâtrie — dans l’union de l’incrédulité avec cette idolâtrie — enfin dans l’anti-christianisme. On peut penser qu’une pareille idée n’est que le sombre rêve d’un cerveau malade : mais cela vient de ce que les hommes préfèrent croire leurs propres pensées et leurs propres fantaisies, et ne prennent pas la peine de sonder la Parole de Dieu pour voir ce qu’elle renferme, si même ils n’en font pas le sujet de leurs railleries. Croira-t-on que les hommes s’enorgueillissent de leur ignorance touchant une grande partie de l’Écriture ? Concevra-t-on que l’on tienne pour axiome que la prophétie ne fut pas donnée afin de nous montrer les choses qui vont arriver, mais seulement pour prouver, quand les événements sont passés, que Dieu les avait préconnus ? Mais le chrétien n’a pas besoin de cela. La prophétie est donnée afin que le croyant sache comment Dieu nous dévoile Ses secrets à l’égard de ce qu’Il est sur le point d’accomplir ici-bas. Nous avons la Parole et l’Esprit pour donner l’intelligence. Mais si les chrétiens n’ont pas foi en la parole prophétique, elle ne saurait leur profiter ; car, de même que toutes les autres parties de l’Écriture, celle-ci doit être mêlée avec la foi dans ceux qui l’entendent.

Une chose importante, que tout implique dans ce que nous avons lu, c’est donc l’enlèvement des saints célestes de dessus la terre. Dans les chapitres 4 et 5, et par tout le corps du livre, on ne les y trouve plus. Ils sont glorifiés dans le ciel, et pourtant ce n’est qu’au chapitre 19 qu’ils sont manifestés, lorsqu’ils sortent du ciel. De l’un à l’autre de ces points, nous avons évidemment une longue série d’événements. Nous avons sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, avec divers épisodes de haut intérêt et de grande importance. Les jugements de ces trois séries ne sont pas exécutés par le Seigneur en personne. Il est manifeste qu’ils doivent avoir lieu après que le Seigneur sera venu recevoir Son Église, mais avant qu’Il exécute personnellement le grand jugement du chapitre 19. Car il va de soi que, avant que les saints soient pris auprès du Seigneur et qu’ils puissent ainsi venir avec Lui, il faut qu’Il soit venu pour eux. De quelle manière les vingt-quatre anciens étaient-ils parvenus au ciel ? On dira peut-être qu’ils avaient pu y être individuellement introduits par la mort, c’est-à-dire que leurs âmes y pouvaient être. Mais l’Écriture ne nous présente jamais les âmes des saints comme assises sur des trônes et ayant des couronnes sur la tête ; et les âmes des saints ne forment pas non plus l’ensemble des chefs de la sacrificature céleste, tel que nous le montrent les vingt-quatre anciens en allusion aux vingt-quatre ordres de la sacrificature établis par le roi David. Christ est alors sur le point de prendre Sa position de roi ; et de même qu’avant l’établissement du royaume de Salomon, David avait divisé la sacrificature en vingt-quatre classes, de même avant que le vrai Salomon, le Seigneur Jésus, paraisse dans toute Sa gloire, nous avons de nouveau l’ensemble antitypique de ces classes. La céleste sacrificature se montre au complet. On pourrait demander pourquoi l’on voit seulement les chefs, et non le corps de la sacrificature ? Il semble probable, mais c’est une pensée que je me borne à indiquer, que ceux qui seront enlevés quand le Seigneur viendra, constitueront les chefs de la sacrificature, et que ceux qui souffrent ensuite et les rejoignent pourront bien en être le corps subordonné. Vingt-quatre est nécessairement le nombre complet des classes, c’est-à-dire, des chefs. Or, les âmes dans le ciel ne sauraient jamais présenter cela d’une façon complète ; car jusqu’à ce que Christ vienne, il restera toujours sur la terre une partie de l’Église (1 Thess. 4). Je conçois donc que par le nombre complet de sacrificateurs — vingt-quatre — environnant le trône — Dieu a pour but de montrer qu’il ne s’agit pas de cette portion qui se compose des âmes du paradis, car elle exige l’addition de nous qui sommes vivants et demeurons, afin de compléter l’Église des premiers-nés ou la somme entière des saints ressuscités et transmués. Les saints célestes, avant ce temps-là, sont nécessairement enlevés. Comment et quand ceci a-t-il eu lieu ? Il n’y a pas de difficulté réelle à cela, parce qu’il est impossible qu’ils soient enlevés comme un corps complet et changé, jusqu’à ce que le Seigneur Jésus vienne Lui-même, ainsi qu’Il a dit : « Si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ». Et évidemment, ce n’est pas là envoyer Ses anges pour eux. Nous trouvons les anges envoyés pour assembler les Juifs élus, en Israël, des quatre bouts du ciel (Matt. 24) ; mais pour rassembler Son Église, Il vient Lui-même, et ceci s’accorde avec ce que nous avons dit ailleurs. Il est dit que les saints de Thessalonique attendaient des cieux le Fils de Dieu (1 Thess. 1) ; et par rapport à ceux qui avaient délogé, ils ne devaient pas être attristés comme ceux qui n’ont point d’espérance. Car le Seigneur Lui-même — non pas seulement par l’intervention des anges ou de la providence, mais le Seigneur Lui-même — descendrait du ciel avec un cri de commandement, avec la voix de l’archange, et avec la trompette de Dieu. Il se pourrait qu’il y eût des anges, mais pas un mot n’est dit ici à leur sujet. Quand le Seigneur sera révélé exécutant la vengeance, il y aura des anges ; mais ici, à la descente du Seigneur Lui-même, « les morts en Christ ressusciteront premièrement », formant une portion des saints célestes ; puis, « nous les vivants qui demeurons » serons ravis ensemble avec eux. C’est là et en ce moment, ce me semble, que nous trouvons les vingt-quatre anciens formant évidemment l’ensemble des chefs de la sacrificature. Ces corps des saints, qui sont dans le tombeau, sont ressuscités premièrement, puis les saints survivants sont changés par la présence du Seigneur. Il n’y a pas le plus petit intervalle d’un moment entre ces deux importants effets de la voix du Fils de Dieu, et ainsi nous serons ravis ensemble pour être toujours avec le Seigneur.

Cet événement solennel et béni doit donc avoir lieu entre le chapitre 3 et le chapitre 4 de ce livre. Il n’est pas décrit, bien que sans doute il y soit fait allusion, parce que le but de l’Apocalypse n’est pas de présenter la venue du Seigneur en grâce. Les visions prophétiques de l’Apocalypse passent entièrement sous silence la venue du Seigneur à la rencontre des saints célestes ; mais elles décrivent pleinement, au chapitre 19, Sa venue avec eux.

Cette dernière est celle qui est appelée ailleurs l’apparition ou le jour du Seigneur, quand Il punira d’une perdition éternelle de devant Sa présence et de devant la gloire de Sa force. Pendant tout cet intervalle, les saints célestes sont avec le Seigneur en haut ; tous les membres de l’Église sont là, et dans leurs corps de gloire. La première fois qu’il en est fait mention, c’est dans le quatrième chapitre, ou nous trouvons, non des anges, mais des rachetés, des personnes dont les vêtements mêmes, les trônes, les couronnes d’or, sont en rapport avec la rédemption — des personnes qui exercent évidemment leur sacrificature devant Dieu au chapitre 5. Ce sont les anciens. Comment sont-ils arrivés là ? Il faut que le Seigneur soit venu et les ait réunis à Lui en l’air, et ait ainsi accompli Sa promesse à leur égard : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père » etc. ; « je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous y soyez aussi ». Ainsi maintenant, dans cette scène à venir, après avoir préparé le lieu, Il est venu pour eux et les a emmenés dans la maison du Père. Mais c’est une chose remarquable, comme montrant le caractère du livre, que, bien que nous les voyions dans la présence de Dieu, elle n’est pas appelée la maison du Père. Au contraire, c’est un trône que l’on voit ; et c’est aussi pour cela que lorsque Celui qui est assis dessus est nommé, ce n’est point comme le Père, mais comme le Seigneur Tout-puissant. Lorsque nous parlons de Dieu comme du « Père », c’est pour exprimer la relation d’affection la plus intime dans laquelle Dieu nous ait introduits ; et quand il nous est parlé de Dieu comme du « Seigneur Dieu Tout-puissant », c’est en connexion avec le déploiement du pouvoir et du gouvernement divins. « Dieu », comme tel, est le nom le plus général et le plus abstrait, et n’implique aucune relation avec d’autres êtres. Mais être appelé « Père », implique nécessairement la plus étroite relation d’amour, qu’il s’agisse, dans le sens éternel « et le plus élevé du mot, de Jésus comme Fils du Père », ou qu’il soit question, dans un sens secondaire, de ceux qu’Il a adoptés pour fils et aimés du même amour (Jean 17 et 1 Jean 3).

Genèse 1 a pour sujet la création, et il y est parlé de Dieu comme de Celui de qui tout procède. Dans le chapitre suivant, Il est appelé « l’Éternel (ou Jéhovah) Dieu », parce que, là, Il entre en relation avec Ses créatures, et Adam est placé dans une position de responsabilité vis-à-vis de Dieu comme Éternel Dieu, c’est-à-dire le Dieu de la création, avec lequel il soutient à ce titre une relation morale. Combien est parfaite chaque parole de Dieu ! Les incrédules, au lieu de voir la perfection de la Parole de Dieu, n’ont fait que raisonner d’après leur propre ignorance et leur propre incapacité, et se sont efforcés de prouver que ces chapitres devaient avoir été écrits par deux personnes différentes, à cause des titres divers donnés à Dieu. Mais bien loin que ces distinctions soient le fait des erreurs des hommes, c’est la sagesse de Dieu que nous découvrons en elle. Quand il s’agit de la relation d’autorité, et que l’homme est mis sous l’épreuve de l’obéissance, l’expression « Éternel Dieu » est employée ; mais quand, dans le Nouveau Testament, Il entre en relation avec des fils, c’est celle de « Père ». Il n’a pas pleinement manifesté le nom de Père jusqu’à ce que vînt le Fils, qui, pour ainsi dire, a ouvert le courant par lequel a pu s’épancher toute la grâce de Dieu. Mais dans l’intervalle qui a séparé l’épreuve de la créature en Éden de l’accomplissement de la rédemption, Dieu s’est fait connaître d’abord sous le nom de Tout-puissant, puis sous celui de Jéhovah. Abraham fut appelé à quitter son pays et sa parenté, à être pèlerin, n’ayant que Dieu sur qui il pût compter ; aussi en parfaite harmonie avec cette position qu’Il lui faisait prendre, Dieu se révèle-t-Il à lui comme le Tout-puissant (Gen. 17, 1). Plus tard, Il se manifeste à Israël sous Son nom de Jéhovah. Ce sont toujours ces noms-là que le Seigneur prend ici et non celui de Père, ou du moins pas celui de « notre Père ». Tout comme la scène ne présente pas la maison du Père, mais le trône, le titre que Dieu revêt n’est pas celui de Père. Le centre de cette scène céleste est le trône de Dieu, et il n’est pas fait allusion aux saints comme jouissant de demeures avec le Fils dans la maison du Père, mais ils sont vus sur des trônes. Dieu ne rassemble plus l’Église sur la terre ; l’Église s’en est allée. Quand l’Église était l’objet des soins de Dieu sur la terre, les saints L’appelaient, même ici-bas, leur Père ; mais quand Il va exécuter le jugement sur la terre, elle, déjà enlevée et dans le ciel, comprend cela et s’adresse à Lui en conséquence.

Il faut donc que la venue du Seigneur pour recevoir l’Église, ait eu lieu avant les faits qui répondent à la vision des vingt-quatre anciens sur des trônes. Il peut paraître difficile à quelques personnes de croire que la prophétie passerait sous silence un événement de cette importance. Mais on oublie que, en quelque lieu ou à quelque époque qu’on le place, l’Apocalypse garde toujours un silence absolu sur le fait de l’enlèvement des saints. La seule question est de savoir si, conformément à notre meilleure intelligence de l’Écriture, il doit être sous-entendu ici. À mon avis, il faut le placer à un moment antérieur à celui où nous trouvons les saints célestes formant en haut un corps complet, ce qui arrive au chapitre 4. Le Seigneur sera venu alors, aura reçu les saints glorifiés, et leur aura donné leur place dans la présence de Dieu, avant qu’aucun des jugements ne tombe sur le monde. Sa justice est sur le point de frapper de terribles coups, mais les saints demeurent à l’abri de toute atteinte. Les sceaux, les coupes, les trompettes, n’ont rien d’effrayant pour eux ; ils ne provoquent pas l’épouvante, mais seulement l’adoration. Bien plus, ces ressuscités seront même occupés de leurs frères qui se trouveront encore au milieu de l’épreuve ; car nous aurons des frères après que sera finie l’œuvre actuelle de Dieu pour la formation de l’Église, des frères qui souffriront sur la terre après que nous nous en serons allés. De plus, lorsque le Roi viendra s’asseoir sur le trône de Sa gloire, et que toutes les nations de la terre seront assemblées devant Lui, il y aura des hommes pieux qu’Il appellera « mes frères » ; et les Gentils alors en vie, ou les nations, seront alors traités selon la manière dont ils en auront agi envers ces messagers du Roi. Les brebis auront montré qu’elles croyaient au Roi, en ce qu’elles auront reçu Ses serviteurs. La conduite des boucs aura prouvé le contraire. Lorsque tous les avertissements préliminaires donnés à ceux qui sont sur la terre seront épuisés, lorsque tous les jugements qui procèdent du trône en se succédant avec rapidité, auront été démontrés inutiles, et que les cœurs rebelles des hommes n’auront fait que s’élever plus haut contre Dieu, le Seigneur dira en quelque sorte : « Je ne veux plus leur envoyer de châtiments, je ne veux pas attendre plus longtemps une repentance qui est refusée ; mais je viendrai moi-même et les balaierai ». En conséquence, nous avons cela dans le chapitre 19 ; et l’intervalle entre les chapitres 4 et 5 et le chapitre 19 est rempli par de nouvelles manifestations de miséricorde envers les Juifs et envers les Gentils, et par de rapides coups d’œil jetés sur les saints célestes qui sont en la présence de Dieu. Sans nul doute, les âmes des saints qui meurent dans l’intervalle vont à Dieu ; mais quelle que soit la bénédiction qui leur est réservée (Apoc. 14, 13), les saints qui sont déjà changés demeurent dans cette présence pendant toute la durée de la période.

Les saints célestes, comprenant ceux qui sont de vrais chrétiens aujourd’hui, ceux qui l’ont été auparavant, et les saints de l’Ancien Testament, peuvent être enlevés à tout moment pour être avec le Seigneur. Je ne connais pas d’autorité scripturaire qui donne droit à un croyant de dire : Il ne viendra pas demain. Personne ne peut dire en s’appuyant sur une parole de Dieu : « Il y a encore quelque chose à faire auparavant — un délai est encore nécessaire ». Sans doute, il est possible qu’un temps plus ou moins long s’écoule ; mais l’Écriture ne place jamais le délai entre nous et la venue de Christ : elle le met seulement en avant de Son jour. Tel qu’un serviteur ayant sa main sur la porte, et se tenant en quelque sorte sur le qui-vive dans l’attente de l’arrivée de son Maître, de façon à être prêt à Lui ouvrir immédiatement quand Il vient, tel doit être dans sa véritable attitude, maintenant, l’enfant de Dieu. C’est ainsi que notre Seigneur s’exprime Lui-même. Il veut que tout soit en règle, que nous soyons réellement prêts à tout moment. Non pas que nous soyons capables le moins du monde de nous préparer. Béni soit Dieu, qui nous a rendus agréables par la grâce de Christ ; mais il peut y avoir, dans nos voies et dans notre marche, dans ce que nous faisons, des choses qui ne supporteront pas la lumière de Sa présence. Quoi que nous fassions, nous devons chercher à ne rien entreprendre de nature à nous rendre pénible la pensée du retour du Seigneur. Nous devons nous garder de spéculations et de plans qui supposent que nous avons encore bien du temps devant nous. Le Seigneur désire que nous soyons comme des voyageurs qui traversent une terre étrangère et qui en même temps sortent à la rencontre de Celui qui vient promptement pour nous. Il se peut que le Seigneur tarde un peu plus que nous ne pensons ; mais toutefois Il vient, et Il vient à une heure à laquelle les hommes ne pensent pas. Sa venue agira d’une manière immédiate sur tous les saints célestes : résurrection des morts, changement des vivants, et enlèvement des uns et des autres auprès de Lui-même en haut. Puis, suivent les scènes de Apocalypse 4 et 5 qui nous laissent voir l’intérêt que prennent les saints glorifiés aux justes qui souffrent sur la terre, après que les premiers s’en sont allés au ciel. Ces scènes ne sauraient recevoir de pleine application, ni pendant qu’une partie seulement de l’Église est en haut et dans l’état de séparation du corps, ni quand le règne millénial sera arrivé. Elles supposent un intervalle entre ces deux choses, après que le Seigneur sera venu et aura changé les saints en Sa ressemblance de ressuscité, et avant qu’ils L’accompagnent du ciel afin de juger et de régner[1].

Nous en venons au cours terrestre des « choses qui doivent arriver après celles-ci ». Les sceaux ne sont pas des jugements exécutés par le Seigneur, mais des jugements d’une nature providentielle. Quelques-uns ont pensé que le premier sceau s’appliquait à Christ, à cause du cheval blanc. On voit sur-le-champ combien serait étrange une telle représentation du Seigneur, surtout comme c’est Lui qui, en tant que l’Agneau, ouvre successivement les sceaux, et qui, lorsqu’il est clairement fait allusion à Sa personne dans le contenu du sixième sceau, conserve encore le nom d’Agneau ! Et combien plus étrange encore l’idée qu’Il entrerait actuellement dans une voie de conquête, au temps même où, si vous le prenez dans le sens historique, toute l’Asie se détournait de Paul, où Timothée avait devant lui la triste et sûre perspective des hommes méchants et des imposteurs allant en empirant, où Jean lui-même avait écrit ou était près d’écrire : « jeunes enfants, c’est la dernière heure ; et comme vous avez entendu que l’antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists, par quoi nous connaissons que c’est la dernière heure ». Néanmoins, la plupart des écrivains anciens et beaucoup des modernes commencent leurs commentaires par ce faux point de départ, quelques-uns l’appliquant au second avènement ; mais cette interprétation renverse complètement l’ordre des sceaux fixé par le Saint Esprit, et même l’ordre du livre tout entier.

Il est vrai qu’au chapitre 19, où le Seigneur vient en personne et comme juge, Il est représenté monté sur un cheval blanc. Mais il y a toute la différence possible entre cette vision du cheval blanc et celle que nous avons ici. Le cheval de ce chapitre 6 ne sort pas du ciel, comme fait celui du chapitre 19 ; en conséquence, il n’y a pas un mot au sujet de celui qui est monté dessus, indiquant qu’il s’agisse nécessairement de Christ : au lieu que, au chapitre 19, Il est appelé fidèle et véritable, et est dit juger et combattre en justice. De qui ceci pourrait-il être dit, sinon d’un seul ? Ses yeux étaient comme une flamme de feu. Nul ne connaissait que Lui seul le nom écrit qu’Il portait. La Parole de Dieu, Roi des rois. Seigneur des seigneurs — ce sont des titres qui ne peuvent appartenir qu’à Jésus seul. Pour ne rien dire de la robe trempée de sang, l’épée tranchante qui sort de Sa bouche, la verge de fer avec laquelle Il gouverne, et l’acte par lequel Il foule le vin de la colère divine, sont, au chapitre 19, des descriptions auxquelles rien ne correspond dans les cavaliers du chapitre 6. Ici, point d’armées ne suivent, vêtues de fin lin, etc. ; et bien qu’il soit dit qu’une couronne est donnée à celui qui est monté sur le cheval, le mot est tout à fait différent de celui qui se trouve employé au chapitre 19 et qui signifie des diadèmes royaux, la couronne de royauté. Les Romains étaient grands amateurs d’une espèce de guirlande, qui ne présentait pas à leur esprit, comme le diadème impérial, l’idée de l’autorité absolue : et c’est cette couronne qui est mentionnée au chapitre 6.

De plus, il y a deux figures ou symboles fréquemment employés dans l’Écriture pour exprimer le pouvoir ; l’un est le trône, l’autre est le cheval. Ainsi nous avons déjà vu le trône suprême en haut, et maintenant nous voyons sur la terre le cheval avec celui qui est monté dessus. On voit la même chose aux chapitres 19 et 20. Là, vous avez des chevaux dans un chapitre et des trônes dans l’autre. La différence entre ces symboles est celle-ci : quand le pouvoir est pris pour le renversement d’un rival ou pour faire opposition à l’autorité existant sur la terre, « le cheval » est employé comme figure à cause de l’usage qu’on en fait dans la guerre : il indique l’acte de subjuguer. Mais quand la victoire est remportée, et qu’il est question, non plus de subjuguer, mais de gouverner et de juger, « le trône » est employé, comme étant l’emblème propre du gouvernement sur ceux qui ont été ainsi subjugués. Lorsque Christ va renverser Ses ennemis, Il est vu, dans la vision du chapitre 19, sur le cheval, employé pour représenter la réalité de Sa puissance pour subjuguer ; lorsqu’il s’agit de l’acte de puissance subséquent, au chapitre 20, les trônes paraissent. Ce serait tout à fait à tort, naturellement, que l’on confondrait cette forme symbolique avec un cheval ou un trône matériel. L’idée fournie par le premier, est celle d’un pouvoir qui subjugue, et par le dernier, de la domination après que la victoire a été gagnée. Le trône peut aussi être employé, comme ci-après, pour le solennel et éternel jugement des morts, trône d’une sainteté sans tache.

Nous ne pouvons naturellement pas appliquer les quatre chevaux et ceux qui les montent, aux grands empires desquels trois avaient depuis longtemps disparu. L’opinion qu’il s’agit là de quatre religions successives, est pour le moins aussi insoutenable, surtout quand on entend avancer sérieusement, que l’incrédulité clôt la liste ouverte par le christianisme, suivi du mahométisme et du papisme. Il est difficile de dire si de telles pensées sont plus opposées au temps ou au lieu, à l’analogie ou au contexte. De plus, on convient qu’il serait choquant à l’extrême, et presque à tous les points de vue, d’appliquer le premier sceau à Christ ou à l’Église dans les premiers triomphes de l’évangile, et les trois suivants à l’empire ou aux empereurs romains. Mais il est plus important de remarquer que l’Apocalypse elle-même nous fournit une preuve positive pour rejeter l’assertion que le cheval désigne l’empire romain. Je n’en réfère pas à des passages tels que chapitre 9 verset 17 où il s’agit littéralement de cavaliers, mais le chapitre 19 nous fournit un exemple de l’emploi de ce symbole : le fait que le Seigneur est sur le cheval blanc indique-t-il que c’est Lui qui dirige l’empire romain ? Ou bien, les chevaux blancs des armées vêtues de lin impliquent-ils les pouvoirs impériaux ? Assurément, nous devons chercher une interprétation plus en accord avec l’emploi qu’il est fait ailleurs de cette figure. Elle exprime, selon moi, une attaque contre la terre, quoique ce puisse être de la part du ciel. De là, comme en Zacharie 1, elle peut s’appliquer au Seigneur, ou aux diverses puissances impériales qui ont succédé à Babylone ; et il en est de même des chariots et des chevaux de diverses couleurs, en Zacharie 6. Mais, comme distingué des cornes (chap. 1, 19), le précédent symbole se rapporte plutôt aux instruments providentiels cachés derrière la scène et en rapport spécial avec ces empires, qu’aux chefs eux-mêmes ou à leurs royaumes. Il n’y a donc pas évidemment de raison, tirée du livre lui-même ou de Zacharie auquel l’allusion est manifeste, d’appliquer le symbole du cheval à l’empire romain seulement. Il n’y en a pas davantage dans l’histoire profane, pour soutenir que le cheval est le signe particulier de ce peuple et de cette puissance-là. Et ce n’est pas étonnant ; car l’infanterie romaine caractérisait mieux la puissance militaire de ce peuple, que la cavalerie. Sans doute la figure du cheval abonde sur ses médailles, mais pas plus, comparativement, que chez les autres nations guerrières — particulièrement dans l’Orient, où elles représentaient ainsi leurs victoires. Cette figure avait été auparavant portée sur l’un des étendards de guerre romains ; mais deux siècles avant Domitien, toutes les variétés avaient été remplacées par l’aigle. À un point de vue abstrait, le cheval ne peut donc pas être considéré comme l’insigne national de Rome, ou l’emblème de l’empire romain. La question de savoir s’il y est fait ici allusion dépend de l’examen du contexte. Et il me semble ici que le quatrième sceau s’oppose d’une manière concluante à un point de vue semblable, les quatre sceaux étant des jugements providentiels, homogènes de caractère, mais différents de forme. Il se peut que le territoire romain en soit la sphère, mais ceci n’a rien à faire avec la portée symbolique du cheval dans notre passage.

Sans prolonger la discussion, qu’on veuille bien me laisser établir ma manière de voir personnelle. Nous avons une série régulière de jugements providentiels. Le premier est le cheval blanc, symbole d’un pouvoir triomphant et prospère. « Celui qui était monté dessus avait un arc » (v. 2). L’arc est le symbole d’une guerre lointaine. La carrière du cavalier est un cours non interrompu de victoires. Du moment qu’il paraît, il est vainqueur. La bataille est gagnée sans combat, et en apparence, sans le carnage du second jugement dans lequel est employée l’épée, symbole d’une lutte serrée corps à corps. Mais ce premier conquérant est quelque puissant personnage qui balaye la terre, et gagne victoire après victoire par le prestige de son nom et de sa réputation. Rien ne suggère ici la pensée d’un grand massacre ; mais le second jugement est d’un caractère bien plus effrayant. Il sortit un cheval qui était rouge, et celui qui est monté dessus n’est pas l’orgueilleux conquérant auquel les nations se soumettent sans résistance, mais quelqu’un qui, s’il remporte des victoires, fait flotter son étendard sur des monceaux de cadavres. En conséquence, il a un cheval rouge couleur de sang — le symbole de la puissance en rapport avec un affreux carnage. Le premier sceau, c’est-à-dire la carrière victorieuse de celui qui monte le cheval blanc, peut avoir eu pour résultat la paix et des changements relativement peu ensanglantés ; mais tout est sanguinaire sous le second sceau (v. 4). Le cheval rouge de feu, la paix ôtée de la terre, le massacre réciproque, la grande épée, sont des signes trop évidents pour qu’on puisse se méprendre à leur égard. Le troisième cheval est noir, couleur du deuil. C’est une nuance choisie pour montrer qu’il devait survenir de nouveaux actes providentiels de Dieu en jugement, par diverses douleurs particulièrement grandes, non plus causées maintenant par l’effusion du sang, mais par la disette, et peut-être pouvons-nous ajouter, à vue humaine, par une famine des plus extraordinaires. Ici nous avons la voix qui proclame : « Un chœnix de froment pour un denier »[2] etc. Le sou, dans notre pays, offre l’idée d’une valeur insignifiante ; mais dans ces lieux et dans ces temps-là, un chœnix de froment pour un denier était chose fort coûteuse, car peu auparavant on pouvait se procurer sept ou huit chœnix pour le même argent ; et par moment, paraîtrait-il, une fois plus encore. On donnait un denier pour le salaire d’une journée, et c’était à peine assez pour la nourriture quotidienne d’un homme ; car le chœnix semble être un minimum, puisque c’est ce que l’on accordait à un esclave. Mais pendant qu’il y aurait cette disette des choses même indispensables à la vie, il y avait ordre de ne pas toucher à ce qui tenait au luxe de la vie, l’huile et le vin. Ce n’était donc pas les riches qu’il importait plus particulièrement de frapper, mais les peuples dans ce qui forme les premières nécessités de la vie. Dieu étend Sa main sur le monde.

Cependant il est possible que de tels événements surviennent en temps ordinaires. Il se peut qu’un grand conquérant, tel que Jules César ou Napoléon à un moment quelconque, apparaisse sur la scène du monde, ou qu’il y ait famine, etc. Et dans le quatrième sceau, nous avons les quatre plaies mortelles envoyées à la fois par Dieu, l’épée, la famine, la mortalité, et les bêtes sauvages de la terre, mais limitées ici à la quatrième partie. Ce ne sont encore que des châtiments préparatoires. « Et voici un cheval livide, et le nom de celui qui est monté dessus est la Mort, et le hadès suivait avec lui » (v. 8). En Ézéchiel 14, vous trouverez que ces quatre mêmes plaies sont mentionnées ensemble en rapport avec Israël. Dans ces premiers jugements, Dieu n’a pas recours à des mesures bien extrêmes. Un conquérant n’est pas quelque chose de fort rare sur la terre ; une guerre sanglante et peut-être civile est également assez commune. Ceux-ci pourraient être suivis d’une famine, et cette famine pourrait assez naturellement produire la peste, etc. L’homme voudrait expliquer ainsi ces choses, et les sages seraient pris dans leur propre ruse. Mais nous savons d’avance, par la Parole de Dieu, qu’il vient un temps de conquête — puis de guerre sanglante — ensuite de disette — et enfin le temps de l’effusion des quatre plaies mortelles de Dieu. Les saints célestes sont destinés à être établis dans la paix et dans le repos en la présence de Dieu — l’Église, à être abritée en sécurité avant que commencent ces jugements.

La scène suivante, sous le cinquième sceau, est bien remarquable. Les animaux laissent échapper leur cri : « Viens »[3], qui était en rapport seulement avec des jugements extérieurs providentiels. Mais nous avons à présent une série d’événements quelque peu différents. Le cinquième sceau fait voir que Dieu a encore un peuple sur la terre. Qui sont ceux qui souffrent maintenant ? Le prophète voit leurs âmes sous l’autel, où ils se trouvaient comme holocaustes. Quoique morts, ils parlent encore. Ils furent égorgés à cause de la Parole de Dieu et à cause de leur témoignage. Après cela, l’homme ne peut plus rien faire. Ils font appel à la vengeance ; car après que le Seigneur aura pris à Lui les saints célestes, Il commencera à appeler des saints terrestres. Ils ne seront pas, sans doute, régénérés par un autre esprit ; mais ils seront appelés à suivre un autre chemin, et ne connaîtront pas Dieu dans la plénitude et la proximité avec lesquelles Il se révèle à nous maintenant, et dans lesquelles nous devons Le connaître. Ces saints auront « l’esprit de prophétie ». Tel était le mode par lequel le Saint Esprit opérait dans les saints de l’Ancien Testament. L’effet de l’Esprit de prophétie, c’est qu’ils attendaient la venue de Christ pour l’accomplissement de la promesse et de la prophétie ; et pareillement ces saints attendront la venue de Christ en gloire. Toutes leurs espérances reposent sur Lui, qui doit les délivrer d’une aussi profonde détresse. Ce n’est pas de cette manière que nous devons attendre Christ. Nous avons le repos en Lui maintenant. Bien que nous soyons dans l’attente de la venue de Christ, nous avons actuellement communion avec Lui dans la paix, et le droit, mis à mort ou non, de toujours nous réjouir en Lui. Ce n’est pas l’affaire des chrétiens, maintenant, de dire dans un temps d’épreuve : « Jusques à quand, ô Maître souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas, et ne venges-tu pas notre sang ? » etc. Les saints dont il est parlé ici ne seront pas placés, avec Christ, dans la même relation que nous en tant qu’il s’agit de communion. Ils feront appel au Seigneur pour qu’Il juge et qu’Il venge. Nous devons prier le Seigneur qu’Il pardonne. Ainsi Étienne « cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché ». Telle est aussi la seule prière qui convienne aux saints participants de la vocation céleste. Mais ici, les saints dont il est question sont sur un terrain différent. Ils prennent la position et expriment les sentiments décrits dans les Psaumes. Ceux qui pensent que les Psaumes ont pour but de présenter notre position et les sentiments qui nous sont propres comme chrétiens, ne peuvent qu’éprouver une grande difficulté à comprendre le langage de vengeance et d’imprécation qui y est employé. Mais lorsque l’Église sera enlevée, Dieu répandra, de la place qu’Il occupe sur le trône, ces jugements apocalyptiques ; et c’est à ce moment-là que ces psaumes s’appliquent pleinement. Dieu montre maintenant de la miséricorde : alors, ce sera le jugement de la terre. Lorsque ces visions s’accompliront réellement, Dieu ne déploiera pas, comme à présent, les immenses richesses de Sa grâce, mais les éclats terribles de Sa juste colère ; et ainsi, quand ce jour-là viendra et que les hommes seront encore inattentifs, les saints vivants ou morts diront : « Jusques à quand, ô maître souverain », etc.

« Et il leur fut donné une robe blanche » (v. 11). C’est-à-dire que la vengeance leur a été accordée, bien qu’ils ne prennent place sur des trônes qu’au chapitre 20. Il n’est jamais dit des esprits dépouillés du corps, qu’ils sont assis sur des trônes. Nous ne lisons pas que des esprits sont glorifiés, mais des corps ; c’est alors qu’ils entrent dans la gloire qui leur est destinée. Ils régneront avec Christ. Ainsi, après que l’Église s’en sera allée, il y aura des personnes qui rendront témoignage pour Dieu ici-bas, mais qui tiendront un langage totalement différent : ce seront des appels à la vengeance et non des paroles de grâce et de longanimité. Ce fut jadis une chose sainte que d’exterminer les Cananéens ; ce ne serait pas là aujourd’hui une chose chrétienne. Combien cela nous siérait mal, alors que Dieu montre de la miséricorde ! Mais lorsqu’Il jugera, cette conduite, qui ne serait pas maintenant de saison, sera convenable et juste. Si Dieu voit que la terre est dans un état tel qu’il devient nécessaire de la châtier et de la juger, ce sera une sainte chose d’avoir part à cette œuvre. Mais si je jugeais maintenant les méchants qui sont sur la terre, je ferais ce que ne fait pas le Seigneur — bien plus, le contraire même de ce à quoi Il prend plaisir. Le Seigneur est occupé maintenant à déployer les merveilles de Sa grâce ; et tous ceux qui le comprennent, agiront dans le même esprit. Le terrible tremblement du sixième sceau (v. 12) vient apparemment en réponse à la prière des saints qui sont impliqués dans ces scènes, et montre que les pouvoirs persécuteurs du monde recevaient un avant-goût de leur jugement aussi véritablement que les égorgés, au temps du sceau précédent, sont en partie reconnus dans leur droit avant qu’ils héritent le royaume. Leur sang criait, pouvons-nous dire, au Seigneur Sabaoth. Ils ont vécu pour Dieu et sûrement ils ressusciteront ; mais il leur faut attendre. Une autre classe de martyrs doit encore être complétée. « Et il leur fut dit qu’ils se reposassent encore un peu de temps, jusqu’à ce que leurs compagnons de servitude, et leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux, fussent accomplis ». Nous ne trouvons ici aucun détail sur la mort de ces saints, il nous faut les chercher plus loin dans d’autres parties de ce livre. En attendant, ceux qui ont souffert les premiers jouissent des résultats de la justice et sont reconnus de Dieu ; mais ils doivent attendre qu’une nouvelle classe différente de frères martyrisés qui doivent souffrir à la fin, soit complétée. C’est alors que viendra la vengeance. Il faut que l’iniquité parvienne à son comble avant l’heure du plein jugement de Dieu. Il doit y avoir auparavant un autre et dernier éclat de persécution. Mais remarquez-le aussi, il n’est laissé à personne la perspective d’être transmué sans passer par la mort.

Nous avons établi que les saints célestes (c’est-à-dire les morts en Christ et nous qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur), ont déjà été enlevés de la terre, comme l’avait fait voir le chapitre 4 — le cinquième chapitre ajoutant ce trait de plus que, tandis qu’ils sont en haut, il y a sur la terre des justes aux prières desquels les saints ressuscités prennent intérêt. Ce qui veut dire que ceux qui sont en haut, nous apparaissent animés de l’esprit d’intercession ; et il n’est rien de plus doux que cette position — rien en quoi nous soyons plus réellement rapprochés de Christ, sauf notre relation immédiate avec Lui-même. L’Église est destinée à avoir ce privilège dans la gloire, comme nous l’avons maintenant dans la grâce à l’égard de tous les hommes (1 Tim. 2) — le privilège de l’intercession pour d’autres qui sont encore dans l’épreuve sur la terre. L’Église prendra le plus profond intérêt à leurs tribulations, à leurs bénédictions et à leurs espérances.

Mais qui sont ceux qui souffrent sur la terre ? Au chapitre 6, 9, comme nous l’avons vu, il y a un effroyable massacre des saints. Ils poussent des cris qu’avec saint Jean et par son moyen, il nous est permis d’entendre. Ils en appellent à Dieu comme au Maître souverain de toutes choses. « Jusques à quand, ô Maître souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas, et ne venges-tu pas notre sang de ceux qui habitent sur la terre ? ». Évidemment, ceci n’est pas le cri d’un chrétien ; je ne dis pas que ce ne sera pas un cri de croyants, mais il sera approprié à leurs circonstances et aux voies de Dieu d’alors. On a des vues si bornées, qu’on s’imagine qu’il n’est pas possible d’être croyant sans être chrétien. Il est vrai que maintenant un croyant est naturellement un chrétien ; les jeunes enfants mêmes connaissent le Père. « Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; celui qui confesse le Fils a aussi le Père ». Mais nous devons toujours tirer nos pensées et notre langage de l’Écriture, et non de notre propre imagination. Or, bien qu’Abraham et tous les saints de l’Ancien Testament fussent nés de l’Esprit, ils n’étaient cependant pas chrétiens dans le sens propre du Nouveau Testament ; car un chrétien n’est pas seulement celui qui a la foi en Christ, mais celui à la foi duquel Christ mort et ressuscité a été présenté par Dieu, et qui a, par conséquent, le Saint Esprit pour l’unir à Christ dans le ciel. Mais cela n’était pas et ne pouvait pas être jusqu’à ce que Christ fût venu et eût achevé l’œuvre de la rédemption. Ils étaient sans nul doute régénérés ; car le fait d’être né de nouveau n’implique pas nécessairement que l’œuvre de l’expiation a été préalablement accomplie ; mais cependant, c’est dans une position différente que nous avons été introduits par l’œuvre accomplie et par le résultat qu’elle a eu, la présence de l’Esprit durant l’absence de Christ

Ce ne sont donc pas des accents chrétiens que font entendre les âmes qui sont sous l’autel ; elles nous rappellent plutôt la position et les sentiments révélés autrefois. Depuis que le Seigneur Jésus Christ est venu et est monté au ciel, comme le rejeté maintenant glorifié, les souffrances de Christ comme le juste témoin pour Dieu et l’expression de la parfaite grâce envers l’homme sont, pour ainsi dire, reproduites dans les siens. Le Saint Esprit les met en communion de sentiment avec Christ. Ce qui était auparavant vrai dans une certaine mesure, devenait maintenant la portion des saints. Nul autre que Christ ne pouvait souffrir de la part de Dieu pour le péché. Mais une partie des souffrances, même des souffrances de la croix, provenait du fait que Christ y était placé par la malice des hommes ; il y en avait une autre partie, beaucoup plus profonde, et qui résultait de ce qu’Il était placé là par la grâce de Dieu pour revendiquer les droits de la sainteté et délivrer le pécheur. Dans cette dernière, Il souffrit pour nous ; dans la première, nous pouvons et devons souffrir avec Lui. De là, l’apôtre Paul n’hésite pas à dire : « Pour le connaître, Lui… et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort ». Un chrétien peut partager les souffrances de Christ dans le sens d’être rejeté, même jusqu’à la mort. Maintes fois, l’apôtre lui-même eut à la lettre cette perspective devant lui (voyez 2 Cor. 1 ; 4). Il connaissait la communion des souffrances de Christ ; Étienne la connut de même. Tel n’est pas du tout l’esprit de ce cri. Ici, ceux qui souffrent sont sous le profond sentiment de l’injustice dont ils sont l’objet, et ils n’invoquent que le jugement de Dieu. Quelle différence quand, au lieu de fuir la prison et le jugement, on se retire en rendant grâces à Dieu plein de joie pour avoir été estimé digne de souffrir la honte pour le nom de Jésus ! Est-ce là ce que nous trouvons ici ? Sans doute, le monde agit avec injustice ; mais il y a quelque chose de plus précieux que d’en appeler à Dieu pour qu’Il traite le monde comme le monde nous a traités. C’était là ce qui avait lieu lorsque les hommes étaient sous la loi ; et c’est ainsi que le principe de la juste rétribution paraîtra de nouveau au jour millénial, quand ils auront la loi écrite sur leurs cœurs. En tant qu’il s’agit de la justice pratique, de la bénédiction morale de la loi, Dieu l’accomplit maintenant dans les siens. Mais il y a un autre principe qui est développé sous toutes les formes ; car la grâce de Dieu va chercher les perdus. La mort de Christ est la plus grande manifestation de cette grâce, et le Saint Esprit produit l’esprit de grâce dans le cœur de Son peuple. Mais le cri du cinquième sceau est, que le péché soit mis à la charge des oppresseurs et qu’en conséquence la vengeance ait son cours : c’est là la justice, mais non pas la grâce. N’oublions pas cependant, que Dieu ne nous permet pas de faire entendre à notre gré un cri de justice ou un cri de grâce. Nous avons toujours tort si, toutes les fois que nous souffrons de la part du monde, chaque coup ne nous pousse pas à demander grâce pour nos persécuteurs. Dans nos rapports de chrétiens à chrétiens, nous sommes en droit, sans doute, de nous attendre les uns de la part des autres à une conduite honnête et juste : il entre dans le caractère d’un chrétien de sentir ce qui est mal et d’apprécier ce qui est bien (Rom. 12). Mais il devrait toujours y avoir puissance pour s’élever au-dessus du mal et lui opposer Christ, qu’il s’agisse soit de discipline à l’égard de ceux de dedans, soit d’intercession en faveur de ceux de dehors. Dieu agit en parfaite grâce, et nous devrions L’imiter dans nos rapports avec le monde. Ici, dans l’Apocalypse, c’est tout autre chose ; Dieu exerce des jugements préparatoires ; et il en résulte, pour les siens, un autre genre de relation, que celle dans laquelle Il nous a placés jusqu’à ce qu’Il nous prenne à Lui-même. En conséquence, ce que nous y trouvons c’est l’attente juive d’une délivrance, au moyen de la destruction des adversaires par la main de Dieu, et non l’espérance que nourrit le chrétien d’être retiré de la scène et transporté au ciel. Une juste vengeance est invoquée sur les habitants de la terre. Cela n’implique point chez les saints un caractère vindicatif, mais assurément ce n’est pas non plus la grâce pratique. Ils s’attendent donc à ce que Dieu juge, au lieu de soupirer, comme nous ferions, après la venue de Christ pour qu’Il nous prenne à Lui. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens ! ».

Remarquez que le mot employé ici pour « Seigneur » n’est pas le terme généralement usité, mais le même qui se rencontre en Luc 2, 29 ; Actes 4, 24 ; Jude 4. Il signifie Seigneur dans le sens de « Maître souverain ». Il est aussi employé en 2 Pierre 2, 1 : « Reniant aussi le Maître qui les a achetés ». Nous n’avons pas ici l’intimité dans laquelle nous Le connaissons comme « notre Seigneur », mais la relation générale d’autorité dans laquelle le Seigneur est le Maître du monde entier — de tous les hommes, soit bons soit mauvais. Il n’est jamais dit que ceux qui connaissent le Seigneur Jésus Christ, par le Saint Esprit, puissent renier le Seigneur qui les a achetés.

Quoi qu’il en soit, à cet appel répondent les cris de douleurs de toute la nature, présentant, sous une forme symbolique, aux yeux du prophète, ce qui allait arriver. « Et je vis, lorsqu’il ouvrit le sixième sceau, et il se fit un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac fait de poil, et la lune devint rouge comme du sang ; et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre comme un figuier, agité par un grand vent, jette loin ses figues tardives. Et le ciel se retira comme un livre roulé, et toute montagne et toute île furent remuées de leur place » (v. 12-14). Les cieux sont bouleversés depuis un bout jusqu’à l’autre ; les étoiles tombent, etc., évidemment, à ce qu’il me semble, dans la vision seulement. « Et les rois de la terre, et les grands, et les chiliarques, et les riches, et les forts, et tout esclave et tout homme libre, se cachèrent dans les cavernes et entre les rochers des montagnes Et ils disent aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et nous cachez de devant la face de celui qui est assis sur le trône, et de devant la colère de l’Agneau, car le grand jour de sa[4] colère est venu ; et qui peut subsister ? » (v. 15-17). Ces jugements imminents jettent dans l’agitation les hommes de toutes les classes. Ce n’est pas réellement le grand jour de la colère de l’Agneau ; cependant les hommes le pensent ; ils craignent que le dernier jour ne soit déjà venu. Plusieurs ont cru que ce sceau représente l’épiphanie du Seigneur en jugement à la fin du siècle. C’est ce qui les a amenés à voir dans cette description un récit littéral des changements dans le ciel et sur la terre qui accompagnent ce grand événement. Mais de semblables pensées ne reposent sur aucun fondement solide. En premier lieu, le septième sceau n’est pas encore ouvert, de sorte que ce ne peut être la fin, lors même qu’on adopterait le système d’après lequel les trompettes ne seraient que la répétition des sceaux, sous un autre point de vue. De plus, il n’y a pas un mot faisant allusion à la présence du Seigneur. Il y a un grand tremblement de terre ; mais l’apparition de Jésus est incomparablement plus sérieuse que toute commotion possible dans le monde. La différence est manifeste, si nous comparons ces versets avec le chapitre 19, 11-21 de ce livre, et avec 1 Thessaloniciens 5 ; 2 Thessaloniciens 1 ; Luc 17, 24-37, etc. Pour ne rien dire de la sixième trompette, sous la septième coupe (que l’on doit sûrement reconnaître comme ne passant pas avant le sixième sceau), il est un tremblement de terre dont le Saint Esprit parle en termes encore plus expressifs. Cependant nous savons que celui-ci a lieu avant le jour du Seigneur ; car tous admettent que les coupes sont versées avant qu’Il vienne comme un larron. Et a fortiori pourquoi pas le sixième sceau ? Si ces commotions eussent été envoyées sous le septième sceau, la raison aurait pu paraître plus valable : dans l’état des choses, elle n’existe réellement pas.

Il y a aussi cette différence notable entre le sceau qui nous occupe et les passages de Matthieu 24 ; Marc 13, et Luc 21 auxquels quelques-uns voudraient le rattacher, que dans ces derniers il est expressément dit du Fils de l’homme qu’il est vu venant dans les nuées du ciel avec puissance et grande gloire, et que dans le premier, comme nous l’avons observé, on ne trouve pas trace de ce fait. Nous trouvons dans la description du sceau, que tous les hommes dans leur terreur disent aux montagnes et aux rochers (ceci serait-il littéral, après qu’ils avaient été remués de leur place ?) : « Tombez sur nous et nous cachez de devant Celui qui est assis sur le trône, et de devant la colère de l’Agneau ; car le grand jour de sa colère est venu, et qui pourra subsister ! ». C’est là une révélation, non pas de ce que Dieu déclare au sujet des temps et des circonstances, mais de l’effroi des hommes et de son effet sur leurs consciences. Prendre ce que Jean dit dans la vision pour autant de réalités physiques qui devaient alors se produire littéralement dans le soleil, la lune, les étoiles et le ciel, serait, je pense, adopter une opinion sans y avoir mûrement réfléchi. Aurait-on besoin et serait-il possible d’invoquer la chute des montagnes et des rochers, si les étoiles tombaient réellement sur la terre ? Les hommes ou le globe lui-même pourraient-ils survivre à un tel choc ? En outre, il est clair que la description fait allusion à des passages de l’Ancien Testament, tels que Ésaïe 13 ; 34 ; Ézéchiel 32, 7, 8 ; et Joël 2. Or, ce dernier affirme nettement que les signes qui y sont prédits ont lieu avant que vienne la grande et terrible journée du Seigneur, et le premier reçut son accomplissement dans le passé, lors de la chute de Babylone, quoiqu’on puisse aussi voir en eux des types d’une catastrophe plus solennelle et plus universelle qui doit avoir lieu à la fin. Tout ceci, à mon avis, prouve d’une manière décisive que le sixième sceau, d’après la place naturelle qu’il occupe dans la prophétie, ne désigne en aucune façon la grande journée du Seigneur, mais fait ressortir, d’abord en figures et puis en langage ordinaire, une terrible révolution qui renverse les institutions existantes et tout l’ordre gouvernemental. Toutes les autorités, souveraines, dépendantes, et subordonnées, cessent leurs fonctions. Le choc est universel. Les hommes pensent que la dernière heure est venue ; — ce n’est pas le Seigneur, c’est leur conscience effrayée qui appelle ce moment, le jour de Sa colère. Mais quand ce jour-là vient (comme au chap. 19), ils sont hardis comme des lions. La fréquence même des jugements divins agit sur les cœurs endurcis des hommes, et ainsi, bien que les trompettes n’aient pas encore sonné, et que les jugements doivent devenir de plus en plus intenses, pourtant lorsque le Seigneur vient en personne, au lieu de crier que les montagnes les couvrent, ils sont trouvés combattant contre Lui. Quand leurs consciences étaient moins endurcies, ils s’alarmaient, mais lorsque le grand jour arrive ils sont en rébellion ouverte contre Christ. Ce que c’est que le cœur de l’homme ! Et quelle grâce infinie que le Seigneur nous ait amenés, non pas à la pensée de Sa colère — bien que je puisse désirer que le Seigneur veuille se servir de ce moyen pour réveiller les âmes — mais quelle grâce de penser qu’Il nous a amenés dans la paix, et qu’Il veut nous avoir dans la pleine jouissance de nos bénédictions célestes, même lorsque tous ces jugements passent au-dessous de nous ! Être dans la céleste présence de Celui qui exécutera alors ces jugements — telle est notre portion. Le Seigneur nous accorde de marcher en Sa grâce maintenant, de ne pas nous laisser entraîner dans l’esprit du monde et de ne pas nous prévaloir de nos droits ! Du moment que les hommes pécheurs commencent à parler de leurs droits, la seule chose à laquelle ils ont droit en la présence de Dieu, c’est d’être jugés et perdus. S’Il agissait envers nous sur ce pied-là, quand et comment pourrions-nous être sauvés ? Mais Il nous a pardonné toutes nos fautes, et nous a donné la joie de tenir ferme pour Ses droits. Le Seigneur nous accorde d’être vrais à l’égard de Lui-même et de Sa croix !

Chapitre 7

Le lecteur attentif de l’Apocalypse aura remarqué que ce chapitre ne fait point partie à proprement parler du cours des événements ; c’est-à-dire qu’il ne nous présente ni l’un des sceaux, ni l’une des trompettes, ni l’une des coupes. Les sceaux ne sont pas encore épuisés. Nous en avons eu six au sixième chapitre, et nous en trouvons un septième au chapitre huit. Quel est donc le sens du chapitre 7 ? Il constitue un intervalle — une espèce de parenthèse dans la suite de ces événements — qui se rencontre entre le sixième et le septième sceau ; sous le sixième, il survient une effroyable catastrophe parmi les rois et leurs sujets, les grands et les petits, qui appellent les montagnes et les rochers à tomber sur eux et à les cacher de devant la colère de l’Agneau. Dans leur pensée, Son jour était arrivé.

D’un autre côté, lorsqu’il ouvre le septième sceau (chap. 8), il se fait dans le ciel un silence d’environ une demi-heure : de sorte que l’ensemble du chapitre 7 ne constitue pas un chaînon dans la succession des événements qui se déroulent par anticipation sous les regards de saint Jean. Mais il n’y a pas moins d’ordre et de régularité dans cette interruption apparente du fil de l’histoire que dans la série formellement comptée des jugements, parce que tout ce que Dieu fait est parfait : tous les détails sont établis avec le plus grand soin et la plus grande précision. Une considération qui confirme cela c’est que, lorsque nous arrivons aux sept trompettes, nous trouvons la sixième au chapitre 9, tandis que la septième n’apparaît qu’au chapitre 11, verset 15 ; de sorte que tout le chapitre 10, et la plus grande partie du chapitre 11 forment une grande parenthèse où des événements sont révélés, d’une manière tout à fait semblable à ce que nous avons ici. Pour moi, c’est même plus remarquable encore dans les trompettes. Il est dit en effet au chapitre 9, 12 : « Le premier malheur est passé ; voici, il arrive encore deux malheurs », etc., et nous avons alors le sixième ange sonnant de la trompette et la description des cavaliers de l’Euphrate. Mais ce n’est qu’au chapitre 11, 14, que nous lisons « le second malheur est passé », paroles qui se rapportent évidemment aux cavaliers de l’Euphrate mentionnés auparavant dans le chapitre 9. De sorte que tout ce qui est relatif à l’ange puissant, qui descend du ciel, au petit livre que le voyant devait prendre et dévorer, au temple et aux adorateurs qu’il devait mesurer, ainsi qu’à la cour et à la cité abandonnée pendant quarante-deux mois, et aux deux témoins, à leur témoignage, à leur mort, à leur résurrection et à leur ascension, etc. ; — tout cela fait partie de ce remarquable épisode. Par conséquent, de même qu’il existe une parenthèse entre le sixième et le septième sceau, il en existe une parfaitement correspondante entre la sixième et la septième trompette ; et de plus, les coupes nous présentent quelque chose de tout à fait analogue. Si vous regardez à la sixième coupe (chap. 16, 12), vous verrez qu’il y a une interruption entre elle et la septième. Premièrement, l’eau du grand fleuve Euphrate tarit afin que la voie des rois qui viennent du soleil levant fût préparée. Et ensuite nous trouvons un sujet tout différent. « Je vis sortir de la bouche du dragon trois esprits immondes », etc. — « ce sont des esprits de démons » ; et puis, quelque chose encore de différent de cela : « voici, je viens comme un larron. Bienheureux est celui qui veille », etc. C’est là une courte mais remarquable parenthèse qui à la fois rend compte du mal et annonce la venue du Seigneur pour le juger. Je n’y fais allusion ici que pour faire voir qu’il n’y a rien dans la Parole de Dieu, et particulièrement dans ce livre-ci, qui ne s’y trouve à dessein et avec une portée bien précise.

Si vous prenez l’Apocalypse, il se peut qu’à première vue, elle ne vous semble qu’un labyrinthe embrouillé ; mais elle n’est nullement cela, et une pareille impression ne provient que d’une précipitation ignorante, ou d’une incapacité de discernement. Le fait est qu’on apporte à l’étude du livre certains sentiments ou certaines vues, au lieu d’attendre dans le désir de savoir quelles sont les pensées de Dieu et ce qu’Il dit dans ses pages. Mais nous prenons pour la Parole de Dieu le terrain le plus élevé, et nous maintenons que ce n’est que par l’efficacité du Saint Esprit que l’on peut comprendre quelque partie que ce soit de cette Parole. Or, qu’il s’agisse de l’âme d’un homme, de son salut et de ses espérances, de sa marche pratique soit comme individu, soit comme faisant partie d’un corps, de ses voies dans l’Église ou dans le monde, de son besoin d’instruction touchant le culte et le service de Dieu, ou même touchant ses devoirs dans les diverses relations qu’il soutient sur la terre quelles qu’elles soient, il existe une lumière divine pour tous les pas du chemin, et la seule raison par laquelle nous ne la voyons pas tous, c’est parce que nous n’avons pas l’œil simple que donne la foi. C’est la foi qui obtient la bénédiction, et je crois que de même que cette parole est toujours vraie : « Qu’il te soit fait selon que tu as cru », il y a aussi aveuglement selon la mesure d’incrédulité. Le Seigneur accorde toujours la bénédiction sur laquelle la foi compte de Sa part ; l’incrédulité trouve inévitablement la stérilité qu’elle mérite.

Mais revenons à notre sujet. Longtemps j’avais été arrêté par la difficulté que présentaient le scellement d’un corps de Juifs élus et la vision d’une innombrable foule de Gentils sauvés, lorsque leur bénédiction arrive seulement dans une portion plus avancée du livre. Mais du moment que j’ai appris que tout cela était une parenthèse et que l’époque où le résidu scellé d’Israël et les Gentils sauvés entrent réellement dans l’action et prennent leur place sur la scène, était une tout autre chose, cette difficulté a disparu. Pendant que les jugements continuent, Dieu permet pour notre consolation que le rideau soit ôté, s’écarte un petit moment, et nous voyons qu’ils sont tous en sûreté sous Ses yeux et prêts à être manifestés au temps convenable. Mais pour ce qui est de savoir quand ils viennent publiquement en vue, c’est une autre question. Le chapitre 14 fait mention d’un corps de cent quarante-quatre mille dont l’Agneau est le centre, et qui se tiennent avec Lui sur la montagne de Sion, ayant Son nom et le nom de Son Père écrits sur leurs fronts. Ce corps est évidemment analogue à celui que nous avons ici, quoiqu’il ne soit pas le même ; et peut-être pouvons-nous aussi comparer, mais non pas identifier, les « nations » dont il est parlé en Apocalypse 21, 24, 26, avec la foule innombrable de Gentils que nous présente notre chapitre. Leur ressemblance avec les brebis de Matthieu 25 est plus frappante encore, parce que celles-ci ne sont pas simplement les Gentils bénis du jour millénial, mais ils avaient soutenu l’épreuve durant le douloureux intervalle qui l’avait précédé. Et remarquez que dans ce passage, les brebis sont distinguées des frères du Roi dont la position est encore plus rapprochée de Lui-même — les saints Juifs auxquels, après l’enlèvement de l’Église au ciel, sera confié l’évangile du royaume qui doit être prêché dans tout le monde comme un témoignage à toutes les nations avant que la fin arrive. Ainsi, en Matthieu 25, 31-46, les frères israélites du Roi, immédiatement avant la fin, servent à éprouver les Gentils qui à Son apparition sont mandés devant Son trône et distingués les uns des autres comme bénis ou maudits, selon que la conduite qu’ils ont tenue envers les messagers qui annonçaient l’approche du royaume, au temps de leur douloureux témoignage, a prouvé leur foi ou leur incrédulité. Dans les jours de paix du millénium ; il sera né des millions de Gentils pour lesquels sera fatale la mise en liberté de Satan hors de sa prison à son terme.

Nous avons donc simplement dans ce chapitre deux scènes remarquables, rattachées l’une à l’autre par le sens qu’elles ont sinon quant à l’époque où elles ont lieu, en dehors de la marche régulière des choses. L’Esprit de Dieu interrompt pour le moment la description qu’Il faisait des jugements divins dans leur ordre historique, et nous montre que Dieu a en réserve de la miséricorde même dans le jour de détresse qui vient. Israël se trouvera dans des circonstances terribles : « Jérusalem recevra de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ». Comme elle a été ardente dans sa haine contre le Seigneur, ainsi entend-Il que Sa colère soit doublement répandue sur la ville coupable. Nous avons vu passer sous nos yeux les jugements qui commencent d’abord par des événements comparativement ordinaires, tels que l’apparition d’un grand conquérant, des meurtres sur une grande échelle, la famine, les plaies mortelles de Dieu (la mort ayant trait au corps et le hadès à l’âme) ; puis un éclat impitoyable de persécution contre le peuple de Dieu ; ensuite une effroyable convulsion universelle embrassant le ciel, la terre et la mer, sujet de la plus vive alarme et de la plus grande épouvante parmi les hommes qui pensent que le jour de la colère de l’Agneau est venu. Mais ce jour n’était pas encore venu en ce moment. Lorsqu’il sera arrivé, le Seigneur exécutera en personne le jugement sur les morts et sur les vivants. Mais ici, c’est une terreur panique qui s’empare des hommes et leur fait redouter le jour du jugement. Et les rois de la terre et les grands, et les chiliarques, et les riches, et les forts, et tout esclave et tout homme libre, furent dans la dernière consternation.

Mais ici le Seigneur s’arrête, et nous prend à part pour un temps, afin de nous montrer ce que Sa miséricorde va faire. « Et après ces choses je vis quatre anges… retenant les quatre vents de la terre ». Pour le moment un frein est mis à leur impétuosité. « Et je vis un autre ange montant du soleil levant, ayant le sceau du Dieu vivant ; et il cria à haute voix aux quatre anges, auxquels il avait été donné de nuire à la terre et à la mer, disant : Ne nuisez pas à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons scellé les esclaves de notre Dieu sur leurs fronts » (v. 2, 3). Quelques-uns se sont imaginé que l’ange qui a le sceau est Christ, en partie parce qu’on prétend que l’œuvre dont il s’agit consiste dans la communication du Saint Esprit, sceau de la rédemption. Pour moi, tout cela est plus que douteux. Le Seigneur ne prend jamais la forme et le titre d’un ange, que lorsque nous arrivons à la série des trompettes. Que nous regardions aux sceaux, ou à la parenthèse qui se trouve entre les deux derniers, Il est invariablement comme l’Agneau, partout où il est question certainement de Lui. Ensuite, cet ange monte du soleil levant. Je puis sans difficulté appliquer un tel mouvement aux anges assujettis au Fils de l’homme, qui montent et qui descendent pour faire Son bon plaisir : mais lorsque le Seigneur apparaît sous la forme angélique, ou bien c’est dans Son service de souverain sacrificateur avec l’encensoir d’or, ou Il descend en proclamant Son empire et avec des signes de Sa puissance tels qu’il n’est pas possible de s’y méprendre. Dans la scène décrite ici, il n’est rien dit qui révèle sans équivoque Sa gloire propre. On a beaucoup insisté sur la phrase « jusqu’à ce que nous ayons scellé », comme si elle renfermait une allusion à la pluralité des personnes dans la divinité, ainsi qu’en Genèse 1, 26. Je suis surpris qu’on n’ait pas observé que le reste de la phrase était incompatible avec un sens pareil. Le Père, le Fils et le Saint Esprit (car tel dans ce cas serait le sens), diraient-ils : « jusqu’à ce que nous ayons scellé les esclaves de notre Dieu » ? Cette idée est absolument sans fondement aucun. Un pareil langage, lors même qu’on le mettrait dans la bouche du Seigneur exclusivement, ne semblerait pas en harmonie avec Sa dignité. Il enseigne Ses disciples à dire « notre Père », mais Il ne le dit pas avec eux ; et quand Il les associe avec Lui-même comme ressuscité des morts, l’expression dont Il se sert même alors, c’est : « Mon Père est votre Père ; mon Dieu est votre Dieu » ; — ce n’est jamais notre Dieu.

Le sens est donc que, avant que les jugements divers frappent la création, Dieu se sera préparé un certain peuple pour Lui-même. Ce sont des personnes scellées du sceau du Dieu vivant, c’est-à-dire qu’elles sont revêtues d’un caractère en tant que mises à part pour Dieu. Caïn fut revêtu par Jéhovah d’une marque bien différente : elle avait pour but de le mettre à l’abri du jugement de l’homme. Ici aussi le sceau peut impliquer l’idée de protection. Dans tous les cas, ces hommes sont scellés sur leurs fronts, ce qui, naturellement, ne signifie pas une marque physique, mais le fait que Dieu les met à part pour Lui-même, et je suppose d’une manière publique. Qui sont les scellés ? Un résidu déterminé de Son ancien peuple.

Ainsi, nous voyons les anges retenir les jugements qui vont tomber sur la création, et le sceau de Dieu est mis sur un certain nombre de personnes choisies du milieu d’Israël. Dieu aura des élus d’entre ce peuple, mais ce sera une élection personnelle et individuelle, et non pas simplement une élection nationale, comme jadis. Lorsque David entreprit de faire le dénombrement du peuple, ce fut un péché présomptueux ; mais ici c’est Dieu qui, dans Sa grâce, prend pour Lui-même un ensemble complet des tribus d’Israël. Le nombre cent quarante-quatre mille est un nombre régulier et complet, quoiqu’il soit un nombre mystique ayant trait, je suppose, à l’usage que Dieu veut faire ici-bas de la nation privilégiée. Le nombre douze implique toujours l’idée de quelque chose de parfait en vue de l’accomplissement de l’œuvre de Dieu, en tant que confiée à l’administration de l’homme. On peut voir cela dans les douze tribus d’Israël, les douze patriarches, les douze apôtres, et même dans les douze portes et les douze fondements de la nouvelle Jérusalem. C’est un nombre parfait dans les choses du ressort de l’administration de l’homme. De là vient que, lorsque la nation d’Israël doit être introduite de nouveau, nous trouvons employé par le Saint Esprit le multiple de douze et exprimé par des mille : le plein résultat pour ce qui concerne Israël, de l’administration que Dieu confiera à l’homme.

Une question importante a été soulevée ici : on a demandé si les tribus d’Israël devaient être prises dans le sens littéral ou dans un sens mystique. On fait valoir en faveur du dernier que la toute première vision, celle des chandeliers, image empruntée au sanctuaire juif, ainsi que les allusions renfermées dans les sept épîtres qui suivent, mais plus particulièrement dans le chapitre 3, 12, comparé avec le chapitre 21, 12, conservent le sens chrétien tout le long du livre. Mais raisonner ainsi, n’est-ce pas méconnaître le fait que l’application de symboles juifs aux églises, pendant qu’elles sont expressément mentionnées comme se trouvant ici-bas, et d’autres encore à l’Église, soit glorifiée en haut, ou suivant Christ, lorsqu’Il vient du ciel au jour du Seigneur, est entièrement distincte de la question, si certains symboles, pris d’Israël, ne peuvent pas s’appliquer aussi à une classe différente de témoins sur la terre entre ces deux termes ? La véritable question consiste dans l’intervalle entre le moment où il n’est plus fait mention des églises et celui où l’Épouse apparaît en gloire, avec l’Époux. Il suffit de bien poser la question pour montrer le manque complet de force de l’argument dans son application, non pas à Apocalypse 2 et 3, ni à Apocalypse 21, 12, où en général nous sommes tous d’accord, mais aux visions prophétiques à partir du chapitre 6.

Eu outre, il est accordé par le plus intelligent de l’école historique que, vers la fin du siècle, les Juifs seront convertis et se mettront à la tête dans le chant de louange que les saints terrestres feront retentir en ce temps. Il se peut que cela soit placé trop tard dans le livre et appuyé sur la faible preuve de la rencontre du mot hébreu « Alléluia » en Apocalypse 19, 3 : le fait n’en est pas moins admis — celui d’une prophétie apocalyptique de ce qui doit arriver avant l’apparition du Seigneur. Et qui plus est, une portion considérable de la même école, représentée par un de ses ouvrages les plus populaires (dissertations sur les prophéties de l’évêque Newton, tome I, pages 578, 579), prend les tribus d’Israël dans leur portée naturelle, historique, et applique la prophétie qui nous occupe à la vaste affluence des Juifs convertis qui se trouva sous le règne de Constantin. De fait, le premier écrivain chrétien qui fasse allusion à ce chapitre, Irénée, le pieux évêque de Lyon, explique sans hésitation l’omission de Dan de manière à prouver qu’il pensait que c’étaient bien les tribus d’Israël qu’il désignait réellement. C’est le même langage que tient aussi Victorien dans un passage au moins du commentaire le plus ancien qui existe sur l’Apocalypse. D’autres commencèrent bientôt de tourner vers la méthode allégorique, jusqu’à ce qu’à la fin la théorie anti-judaïque devînt de beaucoup la plus générale.

Mais il peut être bon de signaler rapidement les raisons alléguées par l’un des plus habiles défenseurs de l’école mystique, Vitringa. D’abord, il prétend que s’il faut prendre les noms dans le sens littéral, il doit en être de même pour le nombre. Mais cela s’en suit-il ? Et s’il le fallait, où serait l’obstacle ? Celui qui au jour d’Élie s’était réservé sept mille peut bien sceller cent quarante-quatre mille d’Israël à une époque future. Mais je ne vois pas la nécessité de cela. Il n’y a pas de difficulté, sauf pour un esprit fasciné par l’amour d’une simplification excessive, à prendre les personnes dans le sens littéral et leur nombre dans le sens symbolique. On ne nie point que les symboles existent, ni qu’ils aient un sens déterminé, mais c’est contraire à tous les faits d’attendre une harmonie de couleurs dans toutes les parties. De plus, que faudrait-il entendre par un Ruben, un Gad, un Aser mystiques ? Personne, que je sache, ne prétend attribuer à ces noms une signification distincte, à moins que ce ne soit quelque esprit entièrement livré aux caprices de son imagination. Ensuite, si c’est dans ce sens qu’il faille les prendre, on peut s’attendre à ce que chacun d’eux ait sa signification, et on la cherche en vain chez ceux qui plaident avec le plus d’ardeur en faveur de l’idée générale. On met encore en avant que par les scellés il faut entendre les élus de Dieu, qui doivent être garantis d’une calamité d’ailleurs universelle ; et qui peut assurer que ce ne sont que des Juifs ? Mais qui affirme qu’il n’y a pas d’autres élus que ceux-là ? Nous allons voir que la portée de la prophétie et le contexte font entendre le contraire. Ce qu’il y a de faux, c’est donc, non pas de prétendre que les milliers scellés sont pris des tribus d’Israël seulement, mais de prétendre qu’il n’y aura pas d’autres saints que ceux-là. En troisième lieu, l’omission de Dan semble présenter une difficulté pour le moins aussi grande dans l’hypothèse mystique que dans l’interprétation littérale. Dans la bénédiction de Moïse (Deut. 33), Siméon est laissé de côté. Faut-il donc prendre cette liste des tribus d’une manière allégorique ? En quatrième lieu, le passage parallèle allégué (Apoc. 14, 1) ne prouve en aucune manière qu’il ne s’agit pas des tribus d’Israël prises à la lettre. Les cent quarante-quatre mille du chapitre 14 sont des saints existant sur la terre peu avant la catastrophe finale, et en contraste avec ceux qui sont souillés par Babylone et tenus asservis par la Bête. Mais qu’ils soient l’Église plutôt qu’un résidu de Juifs pieux associés dans la pensée de l’Esprit avec Christ qui a souffert, mais qui est maintenant exalté, c’est ce que les écrivains de cette trempe n’ont même jamais bien considéré, et beaucoup moins encore l’ont-ils établi d’une façon ou de l’autre.

D’un autre côté, je comprends que la distinction des tribus est incompatible avec tout autre sens que le sens littéral. Puis encore la distinction entre les scellés d’Israël et la multitude innombrable de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue, est aussi évidente, aussi positive qu’il est possible de l’exprimer par des mots. De sorte que si on l’examine de près, la théorie mystique ne peut échapper au reproche d’absurdité ; car elle identifie les Israélites scellés avec les Gentils qui ont des palmes en leurs mains, nonobstant le contraste manifeste et formel dans lesquels le chapitre les place. Cela vient de ce qu’on ne veut voir dans la multitude gentile que la réunion de toutes les générations successives des élus d’entre les tribus d’Israël. Pour ce qui concerne les scellés, on ne trouve rien qui suggère l’idée qu’il y a succession parmi eux : l’ordre de suspendre l’action des quatre vents, jusqu’à ce que les élus fussent scellés, implique même le contraire. C’était une heure précise limitée, de même qu’il s’agissait d’une classe spéciale de personnes. Mais ce qui tranche la question, c’est que les Gentils porteurs de palmes (c’est-à-dire, selon quelques-uns, l’Église chrétienne dans sa plénitude céleste), sont tous décrits comme venant de la grande tribulation — tribulation que même ils considèrent comme ayant suivi les jours de Constantin. Ainsi, à mon avis, tout concourt à prouver avec force que les scellés de notre chapitre sont à la lettre israélites ; — ils ne sont pas seulement d’Israël, mais ils sont Israël, l’Israël de Dieu, de même que l’interprétation mystique de la première partie du chapitre, avec l’interprétation littérale du reste, conduit ses défenseurs aux conséquences les plus grossières ; là on la suit systématiquement.

Quant aux tribus dont il est fait mention, il y a un point particulier sur lequel je ne puis dire que peu de chose. On y trouve les fils des diverses femmes de Jacob : d’abord les deux fils de Léa, Juda et Ruben ; puis ceux de Zilpa, servante de Léa, Gad et Aser ; ensuite Nephthali, le fils de la servante Bilha, et à la place de Dan, son autre fils, est substitué Manassé, premier-né de Joseph. Viennent ensuite les quatre fils de Léa, Siméon, Lévi, Issacar et Zabulon, et enfin les fils de Rachel, Joseph et Benjamin, Évidemment les fils sont placés d’après leurs différentes mères, les enfants des servantes étant entremêlés avec ceux des femmes libres. Dan, qui avait été le plus en évidence pour l’idolâtrie, est omis, et à la place d’Éphraïm, le plus jeune fils de Joseph, nous trouvons Joseph lui-même. Ce sont les appelés d’Israël que nous avons ici ; mais les tribus sont comptées et disposées dans un ordre particulier. Ce n’est plus l’ordre selon la nature, celui de la naissance, qui est suivi, mais il semble que Dieu fait entendre qu’Il voulait en faire aussi un peuple spirituel, marqué de Son sceau. Ce seront de vrais Israélites en qui véritablement il n’est point de fraude. Dan n’est pas non plus déshérité à la fin (Éz. 48, 1, 32).

Mais il y a autre chose. Dieu va aussi sauver une multitude de Gentils, et ici il n’est point indiqué de nombre : pensée bien délicieuse par son ampleur ; car quoique Dieu en tire maintenant un peuple pour Son nom, néanmoins quand nous pensons aux multitudes qui sont plongées dans les ténèbres, aux myriades de myriades qui vivent dans les contrées païennes, et que nous nous disons que dans leur sein il se trouve tout au plus çà et là une poignée d’hommes ayant la connaissance de Dieu, quel sujet de réflexions pénibles et humiliantes n’est-ce pas pour nos cœurs ? Mais n’est-ce pas remarquable que lorsque Dieu va nous montrer l’accroissement de la méchanceté, tant du Juif que du Gentil, et que Ses jugements sont sur le point d’éclater, nous trouvons que cette multitude est comptée avec le plus grand soin en Israël et que Dieu n’oublie pas les pauvres Gentils ? Il se peut qu’ils ne soient pas placés dans la même position élevée que les Israélites, mais néanmoins Dieu les bénira d’une manière merveilleuse. Mais le prophète qui venait de reconnaître les élus scellés d’Israël et en avait entendu le nombre doit recourir à un des anciens pour apprendre quels sont ceux dont se compose cette multitude innombrable. Ils étaient pour Jean une foule nouvelle, inconnue parmi les bienheureux. S’ils eussent été scellés sur leurs fronts, peut-on croire que leur vue eût semblé après cela aussi étrange ?

La multitude dont il s’agit ici est distincte de l’Église, si même elle ne fait pas contraste avec elle, et voici comment nous savons cela clairement. Les anciens représentent les saints célestes comme chefs de la sacrificature. Or, Dieu pourrait bien employer deux symboles différents pour représenter le même corps, comme par exemple les vierges sages et les bons et fidèles serviteurs en Matthieu 25 sont successivement des figures des saints célestes ; mais notre passage donne la multitude gentile et les anciens comme des sociétés distinctes comprises dans la même scène. En outre, les anciens font une chose et la multitude en fait une autre. Et par-dessus tout, remarquez que la manière dont Dieu parle de cette multitude la distingue totalement, soit de l’Église de Dieu, soit des saints de l’Ancien Testament. Voici, en effet, ce que nous lisons au verset 14 : « Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation ». Je comprendrais naturellement que l’ensemble de cette dispensation fut appelé, d’une manière figurée, un temps de tribulation et même de grande tribulation ; mais ici il n’est pas dit simplement : « Ce sont ceux qui sont venus d’une grande tribulation », mais « de la grande tribulation ». Il n’est pas possible d’étendre « la grande tribulation » à tout le temps qui s’est écoulé entre la première et la seconde venue du Seigneur. Même les interprètes protestants, qui se tiennent à un sens vague, en font eux-mêmes une tribulation spéciale, mais ils l’appliquent, comme c’est tout naturel chez eux, aux terribles persécutions de la papauté. Le texte signale un temps particulier de détresse, et nous apprenons d’ailleurs qu’il est encore à venir ; et c’est précisément ce temps-là que comprend la partie centrale de l’Apocalypse, ce temps dont surtout elle traite. Il était dit dans l’épître à Thyatire : « Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle dans une grande affliction, s’ils ne se repentent de ses œuvres ». Je soupçonne fort que cette grande tribulation doit s’accomplir maintenant. La scène de l’Église est close, la grande tribulation vient avec rapidité, et ceux qui avaient fait profession de christianisme, mais qui étaient retournés à l’idolâtrie, y seraient jetés avec d’autres. Ce que Dieu nous fait voir ici, c’est donc une multitude de Gentils sauvés ; il ne s’agit point des Juifs, car nous les avons eus juste avant, et ce n’est pas non plus les chrétiens, car ils seront alors dans le ciel. C’est un corps de Gentils, appelés après l’enlèvement de l’Église ; ils doivent se trouver dans la grande tribulation, mais ils y seront préservés.

Il est parlé de la grande tribulation dans plusieurs parties de la Parole de Dieu. Jérémie la nomme en rapport avec les Juifs (Jér. 30, 6). « Hélas ! que cette journée-là est grande. Il n’y en a point eu de semblable, et elle sera un temps de détresse à Jacob, mais il en sera pourtant délivré ». Il doit y avoir un temps d’angoisse excessive, qui se termine par le jour du Seigneur, et Jacob doit en être délivré, de sorte que vous avez là la détresse du Juif ainsi que sa délivrance. Mais c’est encore plus explicite en Daniel (Dan. 12). L’ange parle du propre peuple de Daniel, des Juifs. « En ce temps-là…, et ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il y a eu des nations jusqu’à ce temps-là, et en ce temps-là, ton peuple, c’est à savoir quiconque sera trouvé dans le livre, échappera ». C’est là « le temps de la détresse de Jacob, mais il en sera délivré ». C’est évidemment une contrepartie manifeste des paroles de Jérémie. J’en conclus qu’il doit y avoir une période future de « détresse, telle qu’il n’y en a jamais eu », et qui précédera immédiatement la délivrance du peuple de Jacob, comme il en est parlé dans ces prophéties.

En Matthieu 24, le Seigneur Lui-même y fait allusion. « Car alors il y aura une grande affliction, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais ». Évidemment, c’est la même période que nous avons là, le Seigneur citant le passage même de Daniel ; il est de toute clarté qu’Il ne parle que des Juifs, parce qu’ils sont supposés être en rapport avec le temple, et qu’ils sont exhortés à prier pour que leur fuite n’arrive pas en un jour de sabbat, cas où ils ne pourraient aller plus loin que le chemin d’un sabbat, non plus qu’en hiver. Dans l’un et l’autre cas, leur fuite rencontrerait un obstacle, soit du côté de Dieu, soit dans les circonstances de la saison. La même allusion se trouve en Marc, mais Luc semble parler d’une manière plus générale. Quelles sont donc les personnes qui doivent se trouver sur la scène de la tribulation ? D’abord il y aura des Juifs dont il est parlé dans les prophètes et les évangiles, objet des soins de Dieu qui agira avec amour à l’égard d’un résidu d’Israël et le délivrera de sa détresse. Puis Apocalypse 7, 9 nous apprend qu’il doit aussi y avoir une multitude de Gentils. Mais ni l’une ni l’autre de ces deux catégories ne sont l’Église,

Nous ne voyons jamais Dieu s’occuper ainsi dans Ses voies du Juif et du Gentil comme tels et en même temps former l’Église, car alors il y aurait dans le même temps, sur la terre, au moins deux, sinon trois objets — non seulement différents, mais opposés — de l’affection particulière de Dieu, et avec lesquels Il agirait sur des principes et dans des buts différents. Supposez qu’il y eût deux personnes que le Seigneur s’occupât de rapprocher de Lui : s’il s’agissait du Juif, Dieu reconnaîtrait un temple, une sacrificature et un culte terrestres. Quand Il était sur la terre, le Seigneur reconnaissait les Juifs comme tels, et Il fera de même, d’une manière plus bénie encore, dans le jour qui approche. Mais aussi longtemps qu’Il s’occupe de la formation de l’Église, l’ordre juif cesse d’avoir des droits. À supposer donc que Dieu bénît les Juifs comme Juifs, et qu’en même temps Il fût occupé à former l’Église sur la terre, si deux personnes se convertissaient, l’une dirait : Je dois encore avoir mon sacrificateur et aller au temple, tandis que l’autre s’écrierait : Il n’y a pas d’autre sacrificateur que Christ, et c’est dans le ciel qu’est le temple. Voyez la confusion qui résulterait du fait que Dieu reconnaîtrait dans le même temps ici-bas un peuple terrestre et un peuple céleste. En ce temps de tribulation, où le Seigneur reconnaîtra en un certain sens le Juif, c’est-à-dire le résidu fidèle, l’Église ne sera plus sur la scène. Les objets de la délivrance seront des Juifs élus et des Gentils élus, parfaitement distincts les uns des autres, et non l’Église de Dieu dans laquelle ils sont unis, et où toutes les distinctions disparaissent. Nous avons vu dans les chapitres 4 et 5 la preuve directe que l’enlèvement de l’Église a eu lieu alors. Ici nous en trouvons une démonstration indirecte dans le fait de Juifs scellés et de Gentils sauvés, et dans l’expresse distinction de ces derniers, des anciens ou des saints célestes. Les Juifs scellés comprenaient les élus d’entre toutes les tribus d’Israël, excepté là où il se trouvait une flétrissure particulière comme dans le cas de Dan. Mais du moment que les Juifs reparaissent, Dieu regarde aussi vers les nations, quoique séparément d’Israël, parce qu’ayant déjà visité le Gentil dans Sa miséricorde, Il ne la lui retirera jamais. C’est pourquoi, comme Il parle ici de miséricorde à une plénitude d’Israël, il y a aussi le salut pour une multitude de toute nation, de toute tribu, de toute langue et de tout peuple.

Nous avons vu en Thyatire que si les coupables chrétiens de profession continuaient dans leur péché avec Jésabel, ils seraient abandonnés et auraient à passer par la grande tribulation. Ici nous trouvons la grande tribulation arrivée, et non seulement les Israélites sont scellés, mais une multitude de Gentils en sont délivrés. L’Ancien Testament ne parle pas de délivrance de Gentils, il ne parle sous ce rapport que des Juifs. Cependant Dieu a envoyé le salut aux Gentils, et de là vient que la délivrance gentile est aussi prééminente dans la prophétie du Nouveau Testament que l’est dans l’Ancien la délivrance juive. Dieu fait voir qu’il y a à sauver dans les derniers jours une immense multitude de Gentils. Mais en sera-t-il ainsi dans ces contrées où la lumière de l’évangile a brillé et a été méprisée ? « Ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela Dieu leur enverra une énergie d’erreur pour croire au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thess. 2, 10-12). Dieu visitera ceux qui n’ont pas joui de ce témoignage, les peuples en dehors de la chrétienté auxquels Christ n’a pas été présenté comme il faut. L’Église a entièrement manqué à ce que Dieu attend de nous. Il appelait l’Église à prendre la croix et suivre Christ ; mais dans la pratique, l’Église a laissé la croix et suivi le monde. Tout cela a endurci les païens, qui trouvent que l’Église ne porte pas les fruits qui conviennent à la grâce et à la vérité que nous professons avoir trouvées en Christ. Mais Dieu, dans la plénitude de Sa miséricorde, ira vers ces peuples de dehors. Ma pensée est donc que ces mêmes pays, qui se seront donnés comme le centre d’où jaillit la lumière, seront plongés alors dans l’idolâtrie de l’Antichrist, tandis que ceux qui auront été dans les ténèbres se montreront dans la lumière. Ce sera seulement une seconde fois l’histoire de la Galilée des nations, lorsque Jérusalem méprisa et perdit le Fils de Dieu — hélas ! jusques à quand ?

Le résultat béni de cela nous apparaît ici dans cette multitude innombrable de toutes nations, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues, qui se tiennent devant le trône[5] et devant l’Agneau. Leurs robes sont les robes de justice[6] et leurs palmes sont les palmes de la victoire ; mais ils ne chantent pas le cantique nouveau. Rien dans cette scène ne rappelle le ton élevé et triomphant du chapitre 5 ; pas d’intercession pour d’autres, pas un mot du privilège d’être faits rois et sacrificateurs pour Dieu. Ils crient à haute voix : « Le salut est de notre Dieu qui est assis sur le trône et de l’Agneau ». Ce sont des personnes sauvées ; mais dans ce qu’elles célèbrent, elles s’arrêtent au titre que Dieu prend sur le trône, et à l’Agneau ; elles ne vont point au-delà. Or, Dieu n’est pas assis maintenant sur le trône décrit dans ce passage : du moins ce n’est pas ainsi qu’Il se révèle pendant que l’Église est sur la terre. Il y prendra bientôt Sa place, comme quelqu’un qui va procéder à des jugements ; et la grande idée qui me paraît présentée ici, c’est que quoique ce soit un temps de colère et d’action judiciaire préparatoires, Dieu montre une miséricorde signalée, même envers les Gentils. Le verset 13 nous présente les anciens considérant cette scène. Comment pourraient-ils se contempler eux-mêmes ? Tel cependant doit être le cas, si on suppose que les anciens et l’innombrable multitude figurent également l’Église. Ce sont des catégories distinctes. Si les anciens sont l’Église, la multitude ne l’est point ; et si la multitude l’est, alors les anciens ne sauraient l’être. Je puis bien comprendre qu’un homme se soit fait peindre avec un costume à une époque, et dans un costume différent à une autre. Mais il n’est pas possible que le portrait d’un homme le représente revêtu, dans le même moment, de deux costumes différents destinés à le montrer dans des caractères distincts et remplissant en même temps des fonctions opposées.

Dans l’Église de Dieu dont l’appel a cours actuellement, il n’y a ni Juif ni Gentil. Du moment que vous trouvez la distinction entre eux gardée, il ne saurait y avoir l’Église. Partout où vous séparez le Juif du Gentil, vous êtes hors du principe de l’Église. Avant la mort et la résurrection de Christ, Dieu n’était pas occupé à former du Juif et du Gentil un seul corps. Aussi, quand le Seigneur Jésus était sur la terre, allait-Il jusqu’à défendre à Ses disciples d’aller vers les Gentils, ou même d’entrer dans les villes samaritaines. Mais quand le moment fut venu où Il allait former l’Église, Lui, le commencement, le premier-né d’entre les morts, Il leur commanda d’aller partout et de prêcher l’évangile à toute créature, au lieu de rechercher seulement ceux qui le méritaient en Israël. Par là, Dieu manifestait un changement total dans Ses voies ; non pas qu’Il n’eût pas connu la fin depuis le commencement, mais dans le dessein de déploiements nouveaux de Sa gloire en Son Fils. C’est ainsi, pareillement, que lorsque la vocation présente prendra sa fin, Sa miséricorde s’ouvrira des voies nouvelles comme nous l’avons vu.

J’ai donc confiance qu’il a été montré clairement que ce n’est pas l’Église qui fait le sujet de ce chapitre, mais bien Israël et les Gentils bénis comme tels. Et certes, je n’hésite pas à dire que si quelqu’un supposait que Apocalypse 7 traite de l’Église, cela prouverait qu’il n’a pas une idée juste de la nature et de la vocation de l’Église — qu’il n’a pas l’idée de ce que le Saint Esprit rattache avec le corps de Christ ici-bas[7]. L’Église de Dieu est essentiellement un corps céleste qui exclut complètement toute distinction de Juif et de Gentil. Il résulte de ce chapitre, si même il n’a pas pour but de l’établir, qu’au temps auquel il se rapporte, ces distinctions reparaissent. Il nous présente d’abord un ensemble déterminé d’Israélites, ensuite une foule innombrable provenant des Gentils ; outre ces deux catégories, la classe des rachetés composée de Juifs et de Gentils, et qui nous est familière depuis longtemps dans ce livre, savoir, les anciens couronnés, y est aussi présentée comme un corps entièrement distinct.

Nous avons donc dans ce chapitre, « le Juif, le Gentil et l’Église de Dieu » — des Juifs scellés et des Gentils sauvés pour la terre, comme je le suppose, et l’Église avec les saints de l’Ancien Testament conservés pour la gloire céleste. Quoique une grande miséricorde soit aussi manifestée aux élus des douze tribus, et aux Gentils aussi qu’on aurait pu croire oubliés alors (v. 14-17), ce n’est pas cependant le même haut privilège dont nous jouissons. « Ils », c’est-à-dire, les Gentils épargnés, « le servent jour et nuit dans son temple ». Mais quand le Saint Esprit nous montre notre place particulière de bénédiction, le prophète dit : « je ne vis point de temple en elle ». Au chapitre 21 où il décrit l’épouse ou la Jérusalem céleste, c’est un état de choses entièrement différent de ce que nous avons ici. Quoique ce fût la cité où vous vous seriez attendu avant tout à trouver un sanctuaire, il dit : « Je ne vis point de temple en elle ». Pourquoi cela ? Parce que cette cité est le symbole de l’Épouse, et que lorsque Dieu révèle la bénédiction et la gloire de l’Église, Il en parle comme l’attirant tout près de Lui-même de telle sorte qu’il n’y ait que Christ entre Lui et elle ; si nous pouvons appeler cela entre, quand Christ Lui-même est l’image du Dieu invisible, Celui qui nous révèle Dieu et qui est Dieu. Elle exclut l’idée du temple. Ici au contraire nous avons le temple. Un des plus grands privilèges mentionnés comme appartenant à ceux dont il s’agit, c’est qu’ils servent Dieu dans Son temple, et que « Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux ». Tel est le véritable sens de l’original, qui ne signifie point, habitera avec eux, comme disent les versions ordinaires. Au chapitre 21, nous trouvons Dieu habitant avec les hommes ; mais c’est une expression complètement différente de celle de notre chapitre. Ici l’idée est que la présence de Dieu couvre les Gentils de son ombre, les protège, les met à l’abri ; mais rien ne tend à faire penser que Dieu prenne Sa place avec eux. Ils sont bénis de Dieu, couverts de Son ombre, et protégés comme autrefois Israël, sous la nuée de Sa présence. Comme eux aussi, dans l’avenir (És. 49), ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus ni aucune chaleur : expressions bénies mais qui rappellent plutôt une position terrestre qu’une position céleste. Pour nous, nous avons l’Agneau Lui-même pour nous paître maintenant. Même ici, Il nous donne d’avoir en nous des fontaines d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle, et de voir couler de nous des fleuves d’eau vive.

J’ai donc tâché d’établir que les desseins de Dieu ne se bornent pas à ce qu’Il fait maintenant. Tout en formant le corps céleste de l’Église, et lui conférant les plus hauts privilèges qu’Il puisse accorder, Dieu va bientôt visiter les Gentils. Il se souviendra d’eux, et cela sera fait au milieu des jugements les plus terribles qui précèdent le grand jour. Dieu fait voir clairement notre position propre au milieu de tout cela, car nous voyons les anciens distingués de tous les autres, et ils ont la pensée de Christ. Ceci est la position de l’Église même sur la terre, absolument comme Joseph fut, en son temps, le dépositaire de la sagesse de Dieu. En prison, ou hors de prison, il entrait dans les pensées de Dieu, et était capable de les exprimer à d’autres. Telle est la position dans laquelle nous place la bonté de Dieu. Hélas ! combien peu elle est appréciée, et comme nous agissons peu en conséquence. Avoir la pensée de Christ est l’un des plus précieux privilèges qui appartiennent à l’Église de Dieu, après la position que Dieu nous donne en tant que amenés tout près de Lui en Christ. Il devrait y avoir la puissance d’annoncer les pensées de Dieu révélées par le Saint Esprit.

Chapitre 8

Il est évident pour moi que l’ouverture du septième sceau est suivie d’une pause courte mais solennelle qui introduit encore une nouvelle série de jugements divins. « Et lorsqu’il eut ouvert le septième sceau, il se fit un silence au ciel, d’environ une demi-heure. Et je vis les sept anges qui se tenaient devant Dieu, et il leur fut donné sept trompettes ». Les jugements qui nous sont présentés ici ont un caractère un peu différent de celui des sceaux. En premier lieu, les sceaux semblent en général avoir une étendue plus grande, mais les coups n’étaient pas aussi rudes. Il est vrai qu’en Apocalypse 6, 8, le coup frappé alors était limité, quant à son étendue, à la quatrième partie, mais il n’y avait pas de restriction pareille dans les autres cas, tandis que dans la plupart des trompettes, ce n’est, sauf quelques petites exceptions, que la troisième partie qui est frappée. Il est donc possible que le champ qu’embrassent les trompettes ait moins d’étendue que celui des sceaux, mais on verra tout à l’heure que les jugements qu’elles annoncent ont bien plus d’intensité. En outre, le nom lui-même indique une différence. La trompette est l’expression d’un appel de Dieu éclatant et solennel. C’est Dieu sommant les hommes à comparaître, car s’ils ont rejeté Sa grâce, il faut qu’ils entendent, lors même qu’ils les oublient, les rudes avertissements de l’approche de Son jugement. Les sceaux n’auraient pas pu être aussi facilement considérés par leur nature et leur ordre comme des interventions divines, directes, si Dieu ne nous eût déclaré d’avance qu’ils étaient bien cela. En eux-mêmes, ils étaient les avant-coureurs, et spécialement les quatre premiers, d’événements désastreux, mais non sans précédents. Mais lorsque nous arrivons aux trompettes, il n’est pas aussi nécessaire d’annoncer que ce sont des jugements dispensés d’en haut. Leur retentissement, ou la sommation qu’elles adressent, est de toute clarté et du caractère le plus pressant : impossible aux hommes de s’y méprendre.

Mais nous devons signaler une autre différence remarquable et d’une nature plus spirituelle. Dans ces scènes nouvelles, nous n’apercevons plus l’Agneau. Il n’est point parlé du Seigneur Jésus dans ce caractère-là, pendant que ces jugements de destruction ont leur cours. Cette circonstance suppose et annonce un changement considérable, et nous avons à rechercher ce que Dieu veut que nous apprenions par là. Si parfois le Seigneur Jésus intervient, c’est sous un autre aspect, et non pas comme l’Agneau. Ce n’est pas l’Agneau, mais un ange qui prend l’encensoir d’or. Je ne nie point que cela est relatif à Christ, mais c’est à Christ envisagé dans ses rapports avec les anges, ou au moins sous une forme angélique. Il est présenté ici dans une position plus éloignée que celle dans laquelle L’ait jamais connu et le connaisse l’Église, ou le chrétien comme tel. En Hébreux 2, le Saint Esprit argumente du fait que Christ a pris la place de l’homme. « Car certes il ne prend pas les anges » etc., c’est-à-dire qu’Il ne se charge pas des anges ; ils n’étaient point l’objet de l’appel de Dieu, ni de Sa rédemption. Jésus s’est chargé de la semence d’Abraham, Il a pris son affaire en mains, et à cause de cela, « puisque les enfants ont part à la chair et au sang, lui aussi semblablement y a participé ». Il ne s’est point chargé de la cause des anges. Il ne soutient pas de relation avec eux sur ce pied-là. Cependant il n’y a rien, à ce qu’il me semble, de contradictoire dans l’idée que c’est le Seigneur Jésus qui est présenté dans notre chapitre 8, comme l’ange officiant à l’autel, car Il est véritablement le chef de toute chose, le chef de toute principauté et de toute puissance. Pourquoi donc ne serait-Il pas envisagé ici dans une gloire élevée, dans la gloire angélique ? Le personnage dont il est question agit comme l’ange sacrificateur. Ce n’est point incontestablement de cette manière que Christ s’occupe des saints célestes, et qu’Il sert pour nous devant Dieu. Mais alors, au moment où nous sommes arrivés dans la prophétie, le Seigneur en a complètement fini avec Ses divers ministères en faveur de ceux qui sont participants de l’appel céleste, au moins autant qu’il s’agit de pourvoir à ce qu’exigent leurs manquements ; mais nous apprenons qu’Il s’intéresse à une autre classe de saints — à « tous les saints » naturellement — qui se trouveront sur la terre après que l’Église aura été enlevée au ciel.

Les saints de Dieu nous apparaissent ici dans la souffrance moins que partout ailleurs. Les jugements tombent presque exclusivement sur le monde, sur les hommes dans leurs circonstances et leurs personnes, et finalement, sur les hommes dans leur responsabilité quant à leur relation avec Dieu. Il semblerait qu’extérieurement, les saints sont mêlés avec eux, et cela explique l’absence de l’Agneau ; car, toutes les fois qu’Il apparaît comme tel dans le livre de l’Apocalypse, c’est dans Son saint caractère de souffrance et de réjection. En conséquence, l’Agneau est particulièrement présenté là où il est fait mention de saints dans la souffrance. Car cette parole-ci demeure toujours vraie : « Quand il a mis ses propres brebis dehors, il va devant elles ». Jamais Il ne les place sur un sentier dont Il n’ait pas goûté avant elles la souffrance la plus amère. Ici, Il se retire en quelque sorte, et on ne Le voit que dans une gloire comparativement éloignée, dans la gloire angélique.

Remarquez aussi comme le chapitre est rempli de symboles, et comme, dès la première trompette, ils sont d’une espèce extérieure. Partout domine le caractère mystérieux. Ce n’est point l’expression du bon plaisir du cœur de Dieu en ceux qu’Il aime que nous trouvons là. Lorsque ceci fait le sujet de Ses communications, Dieu parle face à face pour ainsi dire. Il est simple et explicite dans Son langage. Sans sortir de ce livre, prenez, par exemple, le chapitre 14. Là, Il va parler de personnes qui étaient ou devaient être exposées à toutes sortes d’épreuves, à cause de leur association avec Jésus, et la première chose que nous voyons sur la montagne de Sion, c’est l’Agneau. Vient ensuite la portion des méchants de la manière la plus distincte. De même encore au chapitre 12, « ils l’ont vaincu (le dragon accusateur) à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage ; et ils n’ont point aimé leur vie, même jusqu’à la mort ». Mais ici, il s’agit des voies de Dieu avec le monde, et il n’y est presque pas question des siens comme vus à part ; et comme le monde n’a pas de titre à faire valoir auprès de Dieu, quelle que soit Sa bonté pour lui, comme le monde n’a pas de lien avec Lui et n’a que mépris pour Son amour, Dieu ne parle que des jugements dont Il va frapper la terre sous des formes de plus en plus terribles. Il ne met pas en avant les personnes d’une manière aussi distincte que dans d’autres scènes ; et c’est pour cela, je suppose, que même la personne de Jésus ne ressort pas avec évidence. Car ici, comme partout ailleurs, on voit régner dans l’Écriture la plus étonnante harmonie, quand une fois on en possède la clef.

Ce qui nous est présenté d’abord, ce sont les anges se tenant devant Dieu et qui prennent leurs trompettes, le septième sceau étant une sorte de préparation, ou un signal, pour une nouvelle série et une autre espèce de jugements. Mais avant qu’elle commence de se dérouler, nous avons un ange sacrificateur. Il se trouve sur la terre des personnes pour lesquelles Dieu est fidèle, car Ses yeux sont sur les justes et Ses oreilles sont attentives à leurs prières ; mais la face de l’Éternel est contre ceux qui font le mal. Et quoiqu’il n’y ait là qu’un rapide coup d’œil sur les saints, Dieu ne veut pas cependant que nous oubliions que, même en ce moment, ils sont l’objet de Ses soins miséricordieux. « Et un autre ange vint et se tint devant l’autel, ayant un encensoir d’or ; et beaucoup de parfums lui furent donnés ». Toutes les fois que l’autel est mentionné sans autre qualification, il signifie l’autel d’airain — le premier moyen de rapprochement, ou premier point de contact entre Dieu et les hommes sur la terre. C’est sur lui qu’étaient brûlés l’holocauste et les autres sacrifices de bonne odeur ; on y prenait aussi le feu avec lequel on faisait fumer l’encens sur l’autel du parfum dans le lieu saint. Et de même que cela résulte des autres parties de l’Écriture, ou s’accorde avec elles, c’est aussi en parfait accord avec son emploi dans l’Apocalypse (chap. 6, 9 ; 11, 1 ; 14, 18 ; 16, 7). Quand il s’agit de l’autel du parfum, il est désigné comme « l’autel d’or » devant le trône, ou devant Dieu (chap. 8, 3 ; 9, 13). Il est fait allusion ici aux deux. S’il était question au commencement du verset 3 du même autel qu’à la fin, sûrement la description complète en eût été donnée à sa première mention plutôt qu’à la seconde : et il n’y a pas plus de difficulté à voir le grand autel dans la vision céleste que nous avons ici, que n’en présente la mer ou bassin d’airain dans le chapitre 4, car, selon le type juif, ils se trouvaient également dans le parvis. C’est donc à cet autel qui rattachait le feu au sacrifice et à l’acceptation de Christ, que l’ange se tenait avec l’encensoir appartenant au saint des saints. Les termes eux-mêmes donnent clairement à entendre que ce n’était point sa place ordinaire : il vint et se tint là. Dans les versions usuelles, il est dit des parfums qu’ils « lui furent donnés pour offrir avec les prières » etc. Mais si nous prenons la phrase comme elle se présente dans le chapitre 11, le sens devient plus clair et plus juste. Là, nous lisons (v. 3) : « Je donnerai (puissance) à mes deux témoins ». Or, c’est absolument la même forme d’expression que nous avons ici, et le sens est qu’Il donnerait puissance aux prières ou les rendrait efficaces. « Et la fumée des parfums avec les prières des saints, monta devant Dieu » etc. (v. 4). Quel est l’effet des prières et du parfum ? Tout le monde sent que le Saint Esprit ne porte pas à prier pour des choses contraires à la pensée de Dieu, quoique, lorsqu’une prière inintelligente est offerte, Dieu l’écoute dans Sa miséricordieuse patience, sachant bien comment démontrer à Ses enfants la folie de semblables requêtes. Mais personne ne saurait dire que le Saint Esprit ait jamais suggéré ou appuyé une prière qui n’était pas en harmonie avec le dessein de Dieu. Remarquez aussi que le parfum qui s’élève de la main de l’ange, accompagne les prières des saints, et que ces prières sont offertes à Dieu.

Mais le cinquième verset signale une action nouvelle. « Et l’ange prit l’encensoir et le remplit du feu de l’autel ». Certainement il s’agit ici de l’autel d’airain, où le feu était toujours allumé et où on ne brûlait pas d’encens. Le résultat est, non pas que l’efficace de l’œuvre de Christ monte devant Dieu en bonne odeur de plus en plus grande (comme nous voyons que c’est le cas des sacrifices offerts sur l’autel d’airain dans le Lévitique), mais qu’ici le feu fut jeté sur la terre et qu’immédiatement suivirent « des tonnerres, et des éclairs, et des voix, et un tremblement de terre ». De sorte que c’est évidemment une prière d’un caractère particulier et dont l’effet est différent de celui de nos prières. De plus, le sacrificateur lui-même est envisagé sous un aspect tout autre, eu égard à ce qui a lieu maintenant. Pour nous, Jésus le Fils de Dieu a traversé les cieux comme un souverain sacrificateur qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché. Il mourut pour nos péchés, Il peut sympathiser avec nos infirmités, ayant souffert au plus haut point, soit par les tentations, soit dans l’œuvre de l’expiation. Notre Dieu aussi est sur un trône de grâce d’où procèdent la miséricorde et la grâce pour secourir au moment opportun (Héb. 4). D’un autre côté, notre attitude envers ceux de dehors est du même caractère, et en conséquence, des supplications, des prières, des intercessions et des actions de grâces sont et doivent être faites pour tous les hommes. Mais ici, ce n’est point miséricorde, mais jugement ; car, quoiqu’il y ait le parfum et les prières des saints, l’effet immédiat est qu’on voit les symboles des jugements de Dieu traverser la terre. Toutes les scènes décrites ici sont dans une harmonie parfaite. Quoiqu’il y ait un sacrificateur, un autel (les deux autels, à ce qu’il me semble), les saints, le parfum et l’encensoir, et que tout se trouve dans l’ordre convenable, c’est néanmoins en communion avec Dieu châtiant la terre. De là, aussi, la position relativement éloignée que nous avons fait déjà remarquer. Si le Seigneur apparaît en quelque mesure, c’est comme un ange, et non dans Sa dignité souveraine, comme Fils de Dieu consacré pour toujours. Naturellement Il est toujours le Fils de Dieu, mais Il possède en outre d’autres dignités, et la vision prophétique Le présente ici dans une gloire et sous un caractère entièrement différents.

De plus, c’est une induction inintelligente, qu’elle soit mise en avant par les champions de l’interprétation historique ou par les futuristes, que l’expression « tous les saints » implique nécessairement la conclusion que c’est l’Église de Dieu qui est désignée là. Cette question doit être décidée par nos convictions relativement à la portée de toute cette partie du livre, et j’ai abondamment fait voir que, depuis le commencement du chapitre 4, l’Église est toujours considérée comme déjà et entièrement glorifiée dans le ciel. En conséquence, l’Église est ici réellement hors de question, et les saints dont il s’agit sont tous ceux qui se trouvent sur la terre postérieurement à elle, et pour lesquels la délivrance est préparée. L’ange offre leurs prières et la réponse est l’effusion du jugement sur la terre en vue de leur délivrance. L’explication ordinaire est donc à côté de la vérité. Les mots « tous les saints » désignent naturellement des personnes qui sont au Seigneur, une catégorie de convertis, Juifs ou Gentils. Qu’ils désignent ceux que l’Écriture appelle chrétiens ou l’Église, c’est une tout autre question que nos contradicteurs feraient bien d’étudier.

« Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent pour sonner des trompettes. Et le premier sonna de la trompette, et il y eut de la grêle et du feu, mêlés de sang » etc. La portée générale de tout ceci est manifeste, et il ne faut pas s’arrêter à la signification apparente ou physique des termes. Supposé qu’une montagne tombât à la lettre dans la mer (v. 8), changerait-elle jamais l’eau en sang ? Rien de semblable. Le fait est que c’étaient là des tableaux qui passaient devant les yeux du prophète. Quant à leur signification, nous avons à la recueillir de la teneur générale de la Parole, sous l’enseignement de l’Esprit, et je présume que le prophète lui-même avait à l’apprendre d’autres paroles de l’Écriture. Saint Jean en effet nous est présenté ici, non pas comme quelqu’un devant lequel tout était nu et découvert, et immédiatement compris, mais plutôt simplement comme un voyant. Il n’est pas nécessairement capable, comme chose toute naturelle, d’entrer pleinement dans ce qui passe devant lui, mais il a besoin de faire attention, d’apprendre, et de digérer intérieurement. L’Apocalypse nous place sur le terrain de la prophétie, et c’est un champ différent de celui dans lequel le Saint Esprit nous révèle les choses de Christ, comme Esprit de communion. Et ce qui nous est dit dans tout le livre du prophète Jean lui-même, prouve qu’il ne se rendait pas compte toujours ni nécessairement de ce qu’il contemplait dans l’Esprit. En d’autres termes, il vit une espèce de panorama et il enregistra les visions exactement comme elles lui apparaissaient ; et il nous faut faire usage de la Parole de Dieu par l’Esprit pour savoir ce que les symboles impliquent. Nous ne devons pas supposer que l’événement lui-même sera simplement la répétition en forme de ce qui l’avait préfiguré, mais une réalité répondant à l’ombre qu’on en a vue d’avance[8].

Ainsi, quand le premier son a retenti, il éclate une violente tempête de grêle et de feu mêlés de sang — le sang la distinguant de tous les précédents orages, comme n’étant pas une tempête naturelle. Celle-ci annonçait ou introduisait une explosion furieuse, sanglante et entassant ruines sur ruines, qui bouleverserait et ravagerait tout dans sa sphère. « Et la troisième partie[9] de la terre fut brûlée, et la troisième partie des arbres fut brûlée, et toute l’herbe verte fut brûlée » (v. 7). Évidemment ceci ne se rapporte pas à la terre, aux arbres ou à l’herbage pris dans le sens littéral. Dans l’Écriture, l’herbe est le symbole employé pour désigner l’homme dans sa faiblesse, sa gloire même étant comme la fleur de l’herbe. La prospérité humaine serait alors représentée par l’herbe verte. C’est un jugement de Dieu sur cette prospérité que nous avons ici : elle est détruite tout entière, et non pas seulement en partie, dans quelque proportion que ce pût être. Les arbres représentent les hommes d’une position élevée. C’est un symbole très commun dans la Parole de Dieu pour désigner ceux qui ont ici-bas de profondes racines avec un port altier, et exercent une influence qui s’étend au loin (voyez par exemple, Éz. 31, 3 ; Dan. 4, etc.). Ainsi donc, un coup est frappé sur une partie déterminée de la scène des voies morales de Dieu, et tant les hommes d’humble condition universellement, que ceux des classes élevées, dans une large proportion, en éprouvent les effets ruineux.

Le second coup suppose un grand changement. Il tombe sur la mer, et ainsi a trait, non pas à cette portion du monde qui est sous le régime d’un gouvernement spécial et fixe, mais à celle qui se trouve, ou se trouvera alors, dans un état de confusion et d’anarchie. Les nations qui sont dans cette condition-là sont aussi frappées par le jugement. « Et le second ange sonna de la trompette : et comme une grande montagne toute en feu fut jetée dans la mer, et la troisième partie de la mer devint du sang. Et la troisième partie des créatures qui étaient dans la mer et qui avaient vie mourut, et la troisième partie des navires périt ». Si on consulte Jérémie, on verra que l’explication que je donne de ces choses n’est point arbitraire, ni le fruit de mon imagination. Comme il ne s’agit point ici d’un jugement si ordinaire, Dieu prend soin, je pense, de nous en donner un autre exemple, et intervient ainsi avec abondance de lumière et d’instruction précisément là où vraisemblablement nous commettrions des erreurs. La « montagne toute en feu » représente un système d’autorité, lui-même sous le jugement de Dieu et qui est pour d’autres l’occasion du jugement. Nous lisons en Jérémie 51, 25 : « Voici, j’en veux à toi, montagne qui détruis, dit l’Éternel, qui détruis toute la terre ; et j’étendrai ma main sur toi, et je te roulerai en bas du haut des rochers, et je te réduirai en montagne d’embrasement (vers. angl. montagne brûlée) ». Ce qui nous est présenté là répond en quelque mesure à ce que nous avons ici. En Jérémie, Babylone devait être « une montagne brûlée » précipitée de sa haute position. Ici la montagne est présentée comme toute en feu. Babylone devait être elle-même comme une montagne consumée ou détruite. Ici la montagne est un moyen de destruction pour d’autres, comme il est dit dans le prophète juif : « Montagne qui détruis, dit l’Éternel, qui détruis toute la terre ». Régulièrement, la montagne est le symbole d’un pouvoir établi et exalté. Mais ici elle est jetée dans la mer, parce que, tout en étant l’objet du jugement elle-même, elle est comme un instrument de jugement pour d’autres. Le Seigneur Jésus se sert Lui-même d’une partie du symbole à l’égard d’Israël. Ayant vu un figuier qui n’avait rien que des feuilles, il déclara là-dessus que désormais aucun fruit ne naîtrait plus de lui à jamais. Il était venu, et n’y avait pas trouvé de fruit, mais seulement des feuilles en abondance, et incontinent le figuier sécha. Or, presque tous ceux qui ont lu avec soin la Parole de Dieu, ont vu dans ce figuier le symbole d’Israël, placé sous la responsabilité de porter du fruit pour Dieu, mais qui a complètement failli à cela. Le figuier était la figure de « cette génération », et c’est en rapport avec cette pensée que le Seigneur dit à Ses disciples : « Non seulement vous ferez ce qui… mais même si vous dites à cette montagne : Ôte-toi de là et te jette dans la mer, cela se fera ». Et cela fut fait ainsi : car le témoignage des apôtres ne fut pas plutôt parvenu à la connaissance d’Israël, et Israël n’eut pas plutôt entièrement rejeté ce que le Saint Esprit lui faisait annoncer par eux, que le jugement vint sur lui. Ce n’est pas seulement que le peuple ne porta pas de fruit, mais il fut l’objet d’un jugement positif, et déraciné de la position qu’il occupait. La montagne fut jetée dans la mer ; la place et la nation d’Israël disparurent complètement dans la masse des Gentils. C’était beaucoup plus que le fait de cesser simplement de produire du fruit. L’état politique des Juifs fut brisé et s’évanouit complètement, absolument comme il en arriverait d’une montagne qui serait arrachée de sa base et jetée dans la mer. Ici de même une grande puissance qui paraissait être bien établie, est ôtée de sa place, et cette puissance n’est pas tant mise en pièce elle-même, comme elle devient un moyen de souffrance pour d’autres. Elle est toute en feu, et il en résulte la destruction de la troisième partie des créatures qui avaient vie dans la mer et des navires aussi, toute la scène étant une figure empruntée à l’effet que produirait un volcan jeté dans la mer. C’est ainsi que le Seigneur complète le tableau de destruction, par une grande puissance en feu elle-même qui tombe sur la masse confuse des peuples, avec un grand carnage d’hommes et l’anarchie politique pour résultat. Il se peut que tout cela ait une signification plus précise, mais je ne fais que présenter le peu que je vois dans les symboles, indépendamment de leur application à un temps, à un lieu ou à un peuple particuliers.

Le troisième jugement dans la série des trompettes est d’une espèce différente. « Le troisième ange sonna de la trompette, et il tomba du ciel une grande étoile, brûlant comme un flambeau ; et elle tomba sur la troisième partie des fleuves, et sur les fontaines des eaux. Et le nom de l’étoile est Absinthe : et la troisième partie des eaux devint absinthe, et beaucoup d’hommes moururent par les eaux, parce qu’elles avaient été rendues amères ». Or, une étoile, ainsi que nous l’avons vu dans un chapitre précédent, quoique dans une connexion différente (chap. 1, 20), est le symbole de quelqu’un qui occupe une position d’autorité subordonnée — quelqu’un qui peut administrer la lumière à d’autres — assujetti lui-même à un autre, mais cependant étant en autorité. Ici c’est un chef dégradé, un dignitaire déchu de sa place d’autorité. Les eaux sont le symbole des peuples dans un état informe, les fontaines sont les sources de leur prospérité, et un fleuve est ce qui caractérise leur carrière. Tout cela est gâté dans une certaine proportion par la chute de cette étoile ou de ce chef qui rend amer tout ce qu’il touche, et beaucoup meurent parce que les eaux ont été rendues amères. Ce jugement-ci ne semble pas tant d’un caractère politique comme le précédent ; c’est plutôt le changement en poisons, en instruments de mort, de tout ce qui devrait être pour l’homme un moyen de bénédiction et qui concerne sa vie ordinaire.

Sous la quatrième trompette, nous avons quelque chose de plus élevé. Auparavant les eaux étaient devenues des poisons ; mais maintenant les autorités les plus élevées sont atteintes. Ce n’est pas une étoile qui tombe du ciel, mais la troisième partie du soleil, et la troisième partie de la lune, et la troisième partie des étoiles sont frappées, « de sorte que la troisième partie en fut obscurcie et que le jour ne parut pas pour la troisième partie de sa durée, et de même pour la nuit ». J’entends cela d’un jugement de Dieu sur les autorités de ce monde dans la sphère dont il s’agit, sur l’autorité suprême aussi bien que sur les autorités inférieures, qui sont toutes, dans une certaine étendue, éteintes, ou au moins éclipsées.

Maintenant surgit une importante question. — Quel est le véritable accomplissement des jugements désignés par ces trompettes ? Il est évident, toutefois, que la réponse doit dépendre de la question encore plus large du temps et de l’état de choses auxquels s’appliquent en général les visions prophétiques. Car il ne s’agit pas ici de détails, mais d’un principe important, et ce n’est pas moi qui nierai les conséquences pratiques immenses qui découlent, d’un côté, d’une application juste, ou de vues erronées, de l’autre. Convaincu que les sept épîtres avaient une application littérale directe aux assemblées d’Asie du temps de saint Jean, je ne puis douter, quant à moi, que les sceaux préfiguraient le cours de l’empire romain à partir de cette époque ; et qu’ainsi ils ont eu, selon que les systèmes historiques ordinaires insistent sur ce point, une application réelle, qui n’est en aucune manière sans importance, jusqu’au renversement du paganisme et à la suprématie nominale du christianisme, avec la conversion d’une multitude d’âmes d’entre les Juifs, mais bien plus encore d’entre les Gentils, dans cette sphère et à cette époque, comme résultat naturel. Conformément à cette idée, les premières trompettes me semblent se rapporter presque nécessairement : d’abord, aux invasions des Goths sous Alaric, Radagaise, etc. ; secondement, aux ravages de Genséric et de ses Vandales ; troisièmement, au « fléau de Dieu » comme le Hun Attila aimait à s’appeler lui-même ; et en quatrième lieu, à l’ère mémorable signalée par l’extinction de l’empire romain en Occident.

Mais tout en reconnaissant pleinement que dans ces limites le champ des visions embrasse ces événements, il est manifeste pour moi que les sept épîtres portent l’empreinte de la portée la plus étendue, et comprennent, comme cela résulte des preuves internes les plus fortes, les phases diverses par lesquelles la maison de Dieu passerait dans toute la durée de son existence ici-bas, jusqu’au moment où le Seigneur prend à Lui dans le ciel les fidèles, les gardant de l’heure de la tentation qui attend ceux dont le cœur est aux choses de la terre, et vomissant de Sa bouche la masse de la chrétienté satisfaite d’elle-même. En harmonie avec cette manière de considérer les églises dans leur existence continue et successive qui, sous une forme ou sous une autre, s’est recommandée d’elle-même dans les âges divers à de pieux et intelligents investigateurs des Écritures, l’interprétation la plus simple des chapitres 4 et 5 est celle qui les considère comme supposant que l’Église des premiers-nés a été enlevée et glorifiée, et qui fait commencer postérieurement à cet événement le grand accomplissement des chapitres 6 et suivants. Il est facile à un esprit ingénieux de soulever des difficultés et d’opposer une ligne formidable d’objections : il n’est aucune partie de l’Écriture, aucune des vérités qu’elle révèle, qui ne soit exposée à des attaques parfaitement semblables. Mais personne ne saurait nier que si on s’en tient seulement au texte sacré lui-même, c’est la manière la plus naturelle de prendre les chapitres 4 et 5 ; ni que, dans la théorie ordinaire, ces passages ne s’adaptent pas exactement aux circonstances d’alors, soit que nous considérions comme un tout la scène qui y est décrite, soit que nous nous arrêtions aux personnages particuliers qui y figurent. Leur rencontre ici, dans l’interprétation ordinaire, constitue une difficulté énorme, inexpliquée, et peut-être, pouvons-nous ajouter, inexplicable ; tandis qu’avec l’enlèvement des saints, alors fait accompli, comme clef, ils sont une magnifique et indispensable préface à tout ce qui suit.

Il y a plus. Le chapitre 6 et ceux qui suivent donnent lieu à la question fondamentale, s’il se trouve encore des églises ou des chrétiens, dans le sens propre des mots, impliqués dans les scènes terrestres qu’ils décrivent, lorsqu’elles sont en voie de recevoir leur plein accomplissement et non pas simplement un commencement de réalisation. Pourquoi ceux qui écrivent sur la prophétie se prévaudraient-ils de l’affirmative sans rien alléguer qui ressemble raisonnablement à une preuve en sa faveur ? Pourquoi ne pas la prouver s’ils le peuvent ? Plus ce point-là peut être indispensable à la défense du système en vogue, et moins les personnes sans préventions peuvent trouver satisfaisant que ses avocats gardent un silence si absolu, non certes s’il s’agit de réitérer leur allégation ou de raisonner d’après elle, mais s’il s’agit de la démontrer. Qui pourrait prétendre que c’est une proposition évidente par elle-même ? Qui ignore qu’il y a bon nombre de chrétiens occupés de l’étude intelligente de la parole prophétique, qui croient que ce n’est pas l’Église, mais un résidu juif pieux avec des Gentils convertis mais distincts, que les luttes du dernier jour concernent directement ? N’est-ce pas un sujet digne d’être discuté ? La prophétie renferme-t-elle une question plus vitale, plus vaste ? Ce ne serait pas charitable d’attribuer ce singulier silence à un sentiment de mépris pour leurs frères, et ce ne serait pas bien non plus de l’interpréter comme un aveu tacite de l’impossibilité où se trouvent ceux qui le tiennent de donner un semblant de preuves tirées de l’Écriture à l’appui de leur sentiment. Nous nions que ces prophéties, quelque profitables qu’elles soient pour nous, concernent pleinement, bien moins encore exclusivement, l’Église. Si quelqu’un prétend que c’est à l’Église qu’elles se rapportent, c’est à lui qu’il incombe de prouver. Mais on ne prouve pas ; on prend simplement la chose pour convenue. Ne vaudrait-il pas mieux que les défenseurs de ce système réunissent et présentassent avec autant de force que possible toutes les preuves qui frappent leur propre esprit ? Nous en appelons aux portions mêmes de l’Écriture qui fournissent le sujet du débat, comme démontrant avec clarté : quelques-unes, que le corps chrétien se trouve dans le ciel dans un état glorifié avant qu’aient lieu les événements judiciaires terrestres ; les autres, que les Juifs et les Gentils, distincts les uns des autres, et non pas réunis en un seul corps, comme l’Église, se voient à partir de là sur la terre, et sont réellement ceux que la prophétie a en vue dans la crise de la fin. Si nous avons raison, une grande partie des différences entre ceux qui étudient le sujet seraient décidées sans plus de contestation. Pourquoi donc perdre son temps dans les champs arides des champions aux tendances allemandes de l’école historique, ou des fauteurs romanistes de l’école futuriste ? Pourquoi ne pas se saisir de la démonstration faite par des chrétiens qui, par la bonté de Dieu, sont pour le moins aussi éloignés de Babylone que peuvent prétendre l’être les plus zélés protestants ? Si c’est là, comme j’en suis certain, la vraie et satisfaisante interprétation, rien ne nous oblige à faire entrer le passé, bon gré mal gré, dans le cadre d’un accomplissement forcé, et nous n’avons pas non plus à donner une explication arbitraire des fréquents et manifestes indices de l’avenir. Toutes les exigences légitimes sont satisfaites par l’admission d’une ressemblance générale n’ayant rien de forcé entre les visions et l’histoire du passé, ressemblance qui suffit pour montrer positivement le doigt de Dieu, mais qui, loin d’épuiser la portée de la prédiction, laisse place plutôt à ce qu’elle reçoive une application finale et plus directe, lorsque les saints, corps et âme, seront dans le ciel.

« Et je vis et j’entendis un aigle qui volait par le milieu du ciel et qui disait à haute voix : Malheur ! malheur ! malheur ! à ceux qui habitent sur la terre, à cause des autres voix de la trompette des trois anges qui vont sonner de la trompette » (v. 13). C’est un aigle, je crois, que Jean vit ici, un ange en Apoc. 14, 6, auquel notre verset peut avoir été assimilé, si les deux termes n’ont pas été confondus simplement par négligence. La fuite de l’aigle par le milieu du ciel était le sombre et très convenable avant-coureur des malheurs qui approchaient. Le fait qu’il prononce des paroles à haute voix ne renferme pas non plus de difficulté réelle, car l’autel lui-même est, dans le vrai texte, présenté comme parlant, au chapitre 16, verset 7.

Les quatre premières trompettes ont introduit les jugements préliminaires. Ils sont tombés, dans une certaine étendue, sur la prospérité de l’homme dans les hautes et dans les humbles conditions — d’abord dans la sphère d’un système de gouvernement régulièrement établi, et ensuite dans celle que caractérise un état de confusion ; puis le coup a frappé sur les sources des jouissances humaines qui ont été changées en amertume et en moyens de destruction ; et enfin tout le système gouvernemental, l’autorité souveraine comme l’autorité subordonnée, subit une éclipse considérable. En tout cela, les hommes étaient donc jugés dans leurs circonstances, plutôt que visités dans leurs personnes mêmes. Mais il nous est aussi annoncé une dernière série de châtiments d’une nature plus profonde encore, et distinguée de la manière la plus nette de celle qui précède : « Malheur, malheur, malheur à ceux qui habitent sur la terre », etc. Ceux qui n’étaient pas scellés du sceau de Dieu n’échappent pas à la première, la troisième partie des hommes est tuée sous la seconde, et avec la dernière nous arrivons d’une manière générale, à la fin de tout.

Il est possible qu’une idée de lieu se rattache au sens de l’expression « ceux qui habitent sur la terre », particulièrement durant la grande crise finale. Mais il me semble résulter de l’examen des divers cas où elle se rencontre que, dans la pensée du Saint Esprit, elle a principalement une portée éminemment morale. Deux fois déjà avant celle-ci, nous l’avons vue dans l’Apocalypse ; et à mesure que nous approchons de la fin, sa signification acquiert une gravité nouvelle. D’abord, elle se trouve dans l’épître à l’ange de l’église de Philadelphie, où le Seigneur promet à ceux qui gardent la parole de Sa patience de les garder de l’heure de la tentation qui va arriver sur tout le monde habitable pour éprouver ceux qui habitent sur la terre (Apoc. 3, 10). La raison pour laquelle, à mon avis, les hommes qui ont leurs pensées aux choses de la terre sont présentés là d’une manière si distincte, c’est que l’état de l’église en question suppose qu’on a saisi le Christ dans une mesure extraordinaire et d’une manière céleste, tant pour ce qui est de jouir présentement de Lui, que pour l’attente de Son retour. De là, le contraste que faisaient ceux dont le cœur était aux choses d’ici-bas. Ils mangeront le fruit amer de leur choix quand sera venue la grande tribulation ; comme ceux dont les affections sont fixées sur les choses célestes seront alors, de fait, là où ils habitent maintenant en esprit. Puis, sous le cinquième sceau (Apoc. 6, 10), les âmes des premiers martyrs de la période apocalyptique sont représentées comme appelant le Maître souverain à juger et à venger leur sang « de ceux qui habitent sur la terre ». Ces personnes-là auront éclaté alors en persécutions impitoyables, meurtrières, contre les témoins que Dieu aura sur la terre pendant l’accomplissement des sceaux ; et maintenant, sous les trompettes de malheur, elles sont l’objet spécial de ces jugements terribles. Nous ajournons d’autres détails jusqu’à ce que nous en venions aux chapitres qui en traitent plus particulièrement.



  1. On remarquera que cette assertion, si elle est bien fondée, tranche la question de l’application propre et vraie du reste du livre. Car quoi de plus important que de savoir s’il parle, dans toutes ces visions, du temps pendant lequel l’Église est encore sur la terre, ou des jours qui suivront — de la grande crise en laquelle l’Église ne sera plus ici-bas, mais sera ressuscitée, et où Dieu en agit avec la terre sur un autre principe ? Dire qu’il nous est donné de connaître ces visions ne prouve rien. Toute l’Écriture nous est donnée et nous est bonne ; mais certainement ne nous concerne pas toujours, et nous tirons grand profit, non pas de l’idée que Dieu ne pense jamais qu’à nous, mais de la véritable intelligence de sa portée et de son but. Si Abraham s’était imaginé qu’il devait être enveloppé dans la catastrophe qui menaçait Sodome, parce que le Seigneur dans Sa grâce la lui avait révélée avant qu’elle arrivât, une telle illusion lui aurait fait du mal. Ce n’est pas à Lot, qui était là, mais à Abraham, qui n’y était pas, que fut faite la plus complète communication. Et tel sera encore le cas, je n’en doute pas. Un résidu est destiné à être sauvé — sauvé comme à travers le feu. Puisse notre place être au-dessus de tout cela, au-dessus du monde, en esprit maintenant, et puissions-nous regarder en bas, à ses plans et à ses progrès, avec la conscience permanente que le jugement se hâte — destinés que nous sommes à être de fait en haut quand ce jugement viendra.
  2. Un chœnix, ou environ une pinte et demi, pour un denier, ou environ seize sous de notre monnaie.
  3. Il peut être bon de mentionner dans cette note mon opinion, que voici : les mots « et vois », qui d’après le texte reçu et la version autorisée, suivent « Viens » dans le cri des quatre animaux vivants, me paraît être une interpolation. Dans le cas du second cri (v. 3), il n’y a pas de différence de jugement parmi les critiques de quelque notoriété, mais, chose étrange, Griesbach et Scholz retiennent le sens ordinaire dans les deux derniers cas et, dans le premier, Knapp avec eux. Buttmann, Hahn, Lachmann, Tischendorf et Tregelles sont unanimes à supprimer ces mots, et, je pense, avec raison. La différence quant à l’interprétation serait celle-ci. D’après la leçon du texte reçu, c’est un appel fait par chaque animal à Jean ; mais s’ils crient seulement : « Viens », l’appel semblerait s’adresser directement à ceux qui sont montés sur les divers chevaux, et qui, en conséquence, sortent à leur commandement. Le rapport des animaux avec l’action des cavaliers, est rendu plus clair et plus expressive par ce petit changement.
  4. La Vulgate, avec une forte autorité des manuscrits, lit : leur colère (ipsorum, non pas, ipsius).
  5. La vision n’implique pas que ces personnes doivent se trouver dans le ciel plutôt que sur la terre quand le royaume s’établit. L’expression « devant le trône et devant l’Agneau » a une portée plutôt morale que locale (comp. Apoc. 11, 4 ; 14, 3). Elle exprime simplement la place où le prophète les voit dans la pensée de Dieu. La description par laquelle le chapitre se termine donne l’idée de personnes délivrées d’amères souffrances, et désormais à l’abri pour toujours. Sans aucun doute ce sera pour elles une inexprimable bénédiction ; mais rien de ce qu’elles disent ne s’élève à la hauteur de la joie et de l’intelligence qui se montrent dans les anciens, et il n’est dit non plus absolument rien à leur sujet qui les mette sur un même niveau avec eux. On ne les voit jamais avec des couronnes ni assises sur des trônes comme les vingt-quatre. Elles sont en relation avec Dieu quand Il n’est plus envisagé comme assis sur un trône de grâce, aspect sous lequel nous Le connaissons maintenant, mais comme sur un trône d’où procèdent des jugements. Tout cela est en harmonie avec l’intervalle d’une action de Dieu en gouvernement qui précède le millénium auquel elle sert comme d’introduction.
  6. On a cherché à établir un contraste entre ces Gentils d’Apocalypse 7 et notre position propre en Apocalypse 1, 5, 6, en insistant sur la différence des déclarations, qu’ils ont lavé leurs robes, et qu’Il nous a lavés. Mais des rapprochements semblables mènent souvent à de graves erreurs, comme c’est le cas certainement de celui-ci. Je désire en conséquence déclarer d’une manière explicite mes convictions personnelles (auxquelles sans doute l’auteur à qui je fais allusion se joindrait cordialement), que le salut de tous les sauvés de tous les temps dépend de l’œuvre de Christ, et que l’Esprit l’applique seul efficacement à toute âme. La question réelle, c’est celle de la diversité des voies de Dieu et de Ses dispositions souveraines parmi les sauvés. À mon avis, l’Écriture est parfaitement claire sur tout cela, si on voulait abandonner toute idée préconçue et s’attendre à Dieu pour la réponse à cette question.
  7. L’extrait suivant de la dissertation préliminaire du docteur John Owen à son commentaire sur l’épître aux Hébreux est fortement recommandé à l’attention par un professeur de théologie vivant, et peut servir à prouver les ténèbres qui règnent sur le sujet en question. « À la venue du Messie, il n’y eut pas d’église ôtée et remplacée par une autre ; mais la même Église continua d’exister en ceux qui étaient les enfants d’Abraham selon la foi. L’église chrétienne n’est pas une église différente ; elle est exactement l’église même qui existait avant la venue de Christ, partageant la même foi qu’elle, et étant intéressée dans la même alliance. L’olivier est le même, seulement quelques branches ont été coupées et d’autres y ont été entées ; les Juifs sont tombés et les Gentils sont venus à leur place. C’est là ce qui fait et doit faire la différence entre les Juifs et les chrétiens relativement aux promesses de l’Ancien Testament. Elles sont toutes faites à l’Église. Personne n’y a part, si ce n’est en qualité de membre de l’Église. Cette église est, et a toujours été, la même. Quels que soient ceux dans lesquels elle se poursuit, les promesses leur appartiennent, non pas par application ou analogie, mais directement et proprement. Elles appartiennent aussi immédiatement aujourd’hui, soit aux Juifs ( ?), soit aux chrétiens, qu’elles appartenaient jadis à qui que ce soit. Il s’agit de savoir quels sont ceux qui composent cette église qui est fondée sur la semence promise dans l’alliance ; car là où elle est, là se trouvent Sion, Jérusalem, Israël, le temple de Dieu ». Pas une phrase en tout cela, qui ne renferme une erreur, car là même où il y a un certain fond de vérité, il en est fait un usage trompeur. Sur ce pied, la transformation de l’Église en quelque chose de tout juif est complète. Le fait est que le Dr Owen confond la vocation de l’Église selon le mystère caché dès les siècles et les générations, avec l’ordre terrestre auquel appartient l’administration des promesses. Ainsi, la doctrine des épîtres aux Éphésiens, aux Colossiens, et d’autres portions semblables de l’Écriture, est laissée de côté et inconnue : c’est-à-dire, la doctrine d’un corps uni à Christ, sa tête glorifiée, et manifesté sur la terre par le Saint Esprit envoyé du ciel. Un état de choses pareil n’existait pas avant la première venue de Christ, ni ne saurait exister après Sa seconde venue. Quant à l’héritage des promesses, nous y avons part avec les saints des anciens temps, mais cela ne constitue pas notre lot particulier de bénédiction. L’Église, comme telle, est une chose toute différente, quoique ses membres soient, avec d’autres, héritiers par Christ. De même pour l’olivier. Sans doute, les Gentils y sont entés maintenant, mais est-ce possible qu’un homme spirituel confonde cela avec le corps de Christ ? Ces Juifs étaient des branches naturelles, l’olivier était leur propre olivier ; les branches incrédules elles-mêmes en faisaient partie, quoiqu’elles aient été coupées à la fin pour que les Gentils entrassent. Mais y a-t-il en tout cela un mot qui manifeste l’Église telle qu’elle nous apparaît en Éphésiens 1 et 2 ? Ici tout n’est-il pas au-dessus de la nature ? Dans ce corps qui est un, nous n’avons pas des Juifs faisant place aux Gentils, mais les croyant juifs ou gentils, retirés de leur ancienne condition précédente, réconciliés en un par la croix, et édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit. Tout cela est annulé par la théorie du Dr Owen. M. Elliot l’abandonne au moins pour ce qui regarde l’avenir. « L’Église des premiers-nés, l’épouse peut être complète, dit-il, mais il ne s’en suit pas que personne ne peut être sauvé après. La déclaration que les rois de la terre marcheront à la lumière de la Jérusalem céleste, me semble impliquer une jouissance de la bénédiction par d’autres que ceux qui composent l’épouse de Christ, la nouvelle Jérusalem. Le fait lui-même que Christ est un sacrificateur sur Son trône (s’il s’applique, comme je le pense, à l’époque milléniale), implique que Christ agit comme intercesseur et qu’Il remplit d’autres fonctions sacerdotales. Et si la manière dont je comprends Jean 17, 21, 23 est juste, c’était un point important de Sa toute première prière d’intercession, qu’il résulterait de la manifestation distinctive en gloire de l’église de Ses disciples de la dispensation actuelle que le monde généralement croirait en Lui ; — manifestation qui, comme tous en conviennent, n’aura lieu qu’à sa seconde venue » (Horæ Apoc. page 187). Chacun doit reconnaître que dans le millénium l’olivier sera florissant plus que jamais, et que les promesses à Abraham seront accomplies à la lettre. Si donc l’Église, l’Épouse de Christ, est distincte des saints de l’époque milléniale quoique ces derniers héritent des promesses et soient des branches de l’olivier, le principe est évidemment abandonné. La même chose peut être vraie des saints de l’Ancien Testament. C’est une question de témoignage de l’Écriture. Or, celle-ci, nous l’avons vu, déclare que l’Église de Dieu, le corps de Christ, dépend du don et de la présence du Saint Esprit à la suite de la mort, de la résurrection et de la glorification du Sauveur (Matt. 16, 18 ; Jean 7, 39 ; 14-16 ; Actes 1 ; 2 ; 1 Cor. 12 ; etc.).
  8. Tout ce qu’il y a de fantastique et d’incertain dans le système d’interprétation des trompettes, particulièrement de ceux qui nient qu’elles sont postérieures aux sceaux et qui tâchent d’en déduire un cours d’événements parallèle à celui des sceaux, peut se voir par l’esquisse ci-dessous tracée par l’un des plus habiles d’entre eux. « Il suffira de choisir neuf ou dix commentateurs des plus éminents et des plus renommés, pour voir combien leurs vues diffèrent dans les détails ; tandis qu’il y a accord unanime quant à l’idée générale que ces trompettes indiquent les jugements politiques qui tombèrent dans les premiers siècles sur l’empire romain. Comparons Mede, Cressener, sir Isaac Newton, Whiston et Lowman ; et parmi les auteurs vivants M. Faber, M. Cuninghame, M. Frere et le Dr Keith avec le dernier desquels M. Elliot est à peu près d’accord dans l’arrangement de cette partie de la prophétie. La première trompette commence, selon Lowman, au temps de Constantin ; selon M. Cuninghame et M. Frere, à la mort de Valentinien, l’an 376, et finit à la mort de Théodose, l’an 395. Mais Mede, Newton, Keith, et M. Elliot la font commencer à la mort de Théodose et durer jusqu’à la mort d’Alaric, l’an 410. Cressener et Whiston y comprennent les deux périodes. M. Faber s’accorde avec Mede et Newton quant à son commencement, mais la continue quarante ans après la mort d’Alaric, années 395-450. La seconde, d’après Lowman, M. Cuninghame et M. Frere, s’étend depuis Théodose jusqu’à Alaric, précisément l’intervalle que Mede, Newton, Keith et M. Elliot assignent à la première. Mede la rapporte à la chute de la souveraineté romaine, années 410-455 ; Cressener, aux invasions au-delà des Alpes, années 410-448 ; sir Isaac Newton, aux Visigoths et aux Vandales, 407-427 ; Whiston, Faber et Keith aux Vandales seulement, mais dans des limites différentes, années 406-450, 439-477, et 429-477 respectivement. La troisième trompette est appliquée par sir Isaac Newton aux Vandales, années 427-430 ; par Whiston, M. Cuninghame et Dr Keith, à Attila et ses Huns, années 441-452 ; par Mède, Cressener et Lowman, aux troubles d’Italie ou à l’établissement du César occidental, années 450-476 ; par M. Faber, aux mêmes événements dans de plus étroites limites, années 462-476 ; et par M. Frere, à l’hérésie nestorienne. Enfin, la quatrième est rapportée par M. Cuninghame à la chute de l’empire, années 455-476 ; par Whiston, à son extinction elle-même, année 476 ; par Mede, Cressener, Lowman et Keith, à l’éclipse subséquente de Rome, années 476-540 ; par Newton, aux guerres de Bélisaire, années 535-552 ; par M. Faber et M. Frere, au règne de Phocas et à l’invasion des Perses en Orient, années 602-610. La remarque de M. Faber sur ces différences entre les auteurs qui l’avaient précédé, est très naturelle et très juste : « Tandis qu’ils conviennent que la chute de la puissance romaine en Occident est au moins le trait le plus saillant de la prophétie, c’est à peine si deux s’accordent sur la division de ce sujet entre les diverses trompettes que l’on suppose s’y rapporter. Le résultat en général qu’ils font ressortir, c’est le renversement de l’empire d’Occident, mais on ne saurait imaginer plus de variété et de désaccord dans les degrés particuliers par lesquels ils y conduisent. Une aussi curieuse circonstance peut être considérée avec juste raison comme la honte de l’interprétation de l’Apocalypse, et peut naturellement nous amener à soupçonner que la véritable clef pour l’application distincte des quatre premières trompettes n’a jamais été trouvée encore ou, que, si elle l’a été, on ne s’en est jamais encore servi d’une manière satisfaisante. La conséquence naturelle qui découle de cette étrange variété d’opinions parmi les meilleurs commentateurs, c’est que les divisions historiques qu’ils ont adoptées sont obscures et vagues, comparées à la netteté avec laquelle les quatre premières trompettes sont distinguées les unes des autres » Birks’ Mystery of Providence, pages 103, 104. Je dois ajouter cependant que peu de commentateurs ont dépassé M. B. dans la liberté qu’il s’est donnée dans la manière dont il applique ce chapitre. Il appelle les versets 2-4 la saison de l’intercession, et les applique au temps qui va depuis Nerva jusqu’après Aurélien (années 86-180) ; — pourquoi à cette époque plutôt qu’une autre quelconque, c’est ce qu’on ne voit pas clairement. Puis les versets 5-6 sont l’avertissement et la préparation (années 181-248) ; ensuite, verset 7, la première trompette (années 250-268) avec une pause imaginaire dans le jugement (années 270-365) ; versets 8, 9, la seconde (années 365-476) ; versets 10, 11, la troisième (années 431-565) ; verset 12, la quatrième (années 540-622).
  9. L’expression « la troisième partie » se rencontre souvent dans les quatre premières trompettes. Elle est relative, je pense, à la partie occidentale de l’empire romain. Nous la retrouvons au chapitre 9 dans une connexion différente où sa signification doit être modifiée ; car, à mon avis, il ne saurait y avoir de doute que les deux premières trompettes de malheur (quoi qu’on puisse penser de la dernière), trouvent leur application locale en Orient. De fait, cela est si clair qu’un écrivain de nos jours voudrait décider du sens de l’expression dans le chapitre 8, par son rapport incontestable avec l’Orient (ou comme peut-être il voudrait dire la Grèce), dans le chapitre suivant. Mais évidemment ce mode d’interprétation n’est pas légitime, et c’est une erreur de voir là une allusion au troisième emblème de Daniel. En elle-même l’expression « troisième partie » ne détermine rien, sinon qu’il y a une division en trois parties. Elle peut s’appliquer également à l’une ou à l’autre des trois : pour déterminer celle qui est particulièrement désignée, il nous faut tenir compte du contexte.