Écho du Témoignage:Remarques sur l’Apocalypse/Partie 12

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Chapitre 20

Les trois premiers versets de ce chapitre sont étroitement liés avec le chapitre précédent. Nous avons vu là, en effet, le jugement de la Bête et du faux prophète, ainsi que de leurs adhérents ; et nous trouvons ici ce que Dieu trouve convenable d’infliger, pour le moment, à celui qui est réellement l’âme, le chef invisible de tout ce mal — le diable. Il y a cependant cette différence que ce n’est pas Christ qui agit dans le cas de Satan. C’est l’éclat de Sa venue qui a détruit la Bête et le faux prophète : ils furent pris et furent tous deux jetés vifs dans le lac de feu. C’est ce que nous apprenons encore par le chapitre 20, 10, quand est venu le tour de Satan d’y être jeté aussi : il est précipité dans ce même lac où se trouvaient déjà la Bête et le faux prophète, et où ils seront tourmentés aux siècles des siècles. Mais pour le moment, l’heure de ce dernier et terrible jugement de Satan n’avait pas encore sonné ; l’épreuve que Dieu fait du monde n’était pas terminée, et c’est là, peut-être, la raison pour laquelle Dieu n’intervenait pas par Christ personnellement, mais par le moyen d’un ange. Avant que Christ inflige à Satan le dernier coup, le coup qui l’écrase, un ange est employé pour restreindre son pouvoir et sa liberté durant une certaine période ; et c’est ce que nous trouvons ici : Satan est lié pour mille ans. Plusieurs se sont prévalus du langage figuré de ce chapitre pour soulever des difficultés à son égard, comme aussi relativement à tout le reste du livre. Mais il ne saurait y avoir d’objection moins raisonnable qu’un pareil motif, car le langage figuré ou symbolique est employé dans l’Écriture depuis le premier livre jusqu’au dernier ; de sorte que, si vous négligez une portion de la Parole de Dieu pour cette raison, vous êtes en danger de la négliger tout entière. L’usage du symbole y est le cas le plus ordinaire. Prenez le langage dont Dieu se servit Lui-même en Éden, les paroles que le Saint Esprit employa pour la consolation et le salut des âmes dès le jour où l’homme fut constitué en état de chute par le péché. Même en ce moment-là, nous voyons le langage de Dieu revêtir à un haut degré la forme métaphorique. Mais si une âme éprouvait des besoins, et avait le désir, par grâce, de comprendre Dieu, il y avait toujours une voie sûre. Dieu attendait patiemment et Il enseignait et conduisait Ses enfants. Sans doute il y avait place pour leur accroissement, mais il y avait aussi place pour l’incrédulité, et le méchant cœur de l’homme pouvait découvrir aisément des difficultés auxquelles il se heurterait. Mais la foi trouve toujours le moyen de comprendre Dieu. Non qu’il n’y ait des choses dures pour des êtres tels que nous sommes ; mais la foi poursuit son sentier étroit à travers les obstacles et les dangers, parce que Dieu a dit : « ils seront tous enseignés de Dieu ». Toutefois, le langage, dans lequel il plut à Dieu de donner le jugement de l’ennemi et de faire pressentir un Rédempteur, est d’une nature si figurée, qu’un Juif incrédule tel que Joseph a pu en dénaturer le sens, et l’appliquer simplement à l’horreur naturelle que les hommes éprouvent pour les serpents, et à leur penchant à s’en débarrasser partout où ils en trouvent. Une pareille idée ne provenait que de l’inintelligence de la pensée de Dieu et du fait que l’historien juif ignorait l’Écriture et la puissance de Dieu. Et souvenez-vous que je n’emploie pas ici le mot « ignorant », eu égard à quelque manque de savoir humain, pas plus que ne le fait l’Écriture lorsqu’elle dit de certaines gens qu’ils sont « ignorants et mal affermis ». Ils pouvaient être aussi sages que Platon et aussi savants qu’Aristote, mais ils n’étaient pas instruits dans la volonté de Dieu et la connaissance de Sa pensée. Or, voilà la science que nous devrions apprécier et cultiver — une science qui ne peut jamais s’apprendre dans les écoles de ce monde. Bien au contraire : si quelqu’un cherche le savoir humain comme moyen de comprendre les choses de Dieu, il s’égare certainement, parce que cette science en elle-même ne procède jamais du Saint Esprit. Sans doute, celui qui l’a acquise peut en faire usage pour Dieu. Mais la grande différence, c’est que l’homme de Dieu doit se servir de la science et de tout ce qui est de l’homme comme de choses à son service, tandis que l’esprit de l’homme, comme tel, fait de la science son maître et en devient l’esclave. De là le danger que toutes ces choses ne deviennent que des obstacles réels, même pour le chrétien, sauf pour autant qu’il est conduit par l’Esprit de Dieu. La seule voie possible pour arriver à l’intelligence de la Parole de Dieu, c’est la soumission au Saint Esprit ; et la pierre de touche, c’est Christ, parce que le but de l’Esprit est de Le glorifier. C’est pour cela que la croissance dans les choses de Dieu ne peut jamais être séparée de l’état moral de l’âme. Il est vrai qu’un homme qui a beaucoup avancé dans la connaissance, peut tomber dans un mauvais état d’âme : mais, en général, une saine connaissance des choses de Dieu et une sage application de la vérité, une application selon la grâce, découlent de la communion avec Dieu.

J’ai fait ces quelques remarques ne doutant pas que beaucoup de mes lecteurs n’en reconnaissent la justesse par leur propre expérience ; mais elles apprendront peut-être à quelques-uns pourquoi leurs progrès dans les choses de Dieu sont si petits et si lents. Le véritable moyen d’en accomplir de plus grands, c’est de chercher la gloire de Christ. Là où un homme a son cœur appliqué à cela, il faut qu’il apprenne, sans doute ; mais tout est ouvert et plein de clarté devant lui, parce qu’il se trouve dans le courant du Saint Esprit, dont l’office est de prendre les choses de Jésus, et de nous les montrer. « Quand il sera venu… Il me glorifiera : car il prendra du mien et vous le montrera ». En effet, c’est Christ, et non pas l’homme, qui est le but et la fin de l’Esprit.

Prenez le tout premier livre de la Bible, la Genèse, dans lequel tous s’accorderont à reconnaître un parfait modèle de simplicité — car c’est en effet le livre le plus simple, trésor de vérité profonde, qui ait jamais été écrit. Eh bien ! que trouvons-nous dans ce livre où Dieu nous plaçait comme à Son école enfantine ? N’est-ce pas le langage figuré qu’Il nous présente presque dans toutes ses pages ? De sorte que, si je dois mettre de côté les Écritures à cause de l’emploi qu’elles font du langage symbolique, il faut que je mette de côté la Bible tout entière, de la Genèse à l’Apocalypse.

La révélation de la semence de la femme qui devait briser la tête du serpent était la chose même d’où dépendait le salut : la vérité bénie dont la foi s’est saisie dans tous les temps. La foi d’Abel, par exemple, qui trouvait son expression dans le sacrifice qu’il offrit, était fondée sur cette parole. Il croit que le Seigneur Jésus (quoiqu’il ne pût connaître ce nom) viendrait, qu’Il serait brisé afin d’amener la destruction du serpent — en un mot, qu’Il aurait à souffrir, que Son talon serait brisé, quoiqu’en définitive Il dût écraser celui de qui Lui serait venue cette souffrance.

Cela montre que la foi est une chose tout à fait distincte de la capacité d’expliquer les figures d’un passage, dont le sens général et la certitude peuvent être vus clairement. C’est tellement vrai que, même aujourd’hui, si vous demandiez à un chrétien de donner l’explication de tous les détails de ce verset — ce qu’il faut entendre par la semence de la femme et celle du serpent, l’inimitié qu’il doit y avoir entre elles, la tête et le talon brisés — quoiqu’il soit parfaitement certain qu’il y est question de Christ, et qu’il en comprenne la signification générale, il trouverait pourtant beaucoup de difficulté à expliquer ce que chaque chose signifie. Mais c’est ici la bénédiction de la Parole de Dieu, que ce n’est pas en ayant des vues claires, des pensées distinctes sur des points obscurs qu’on est sauvé, mais que Dieu dirige les regards de toutes les âmes sauvées sur l’objet convenable : leur cœur se repose sur un Christ qui a souffert pour elles et qui a complètement détruit le destructeur. Il se peut qu’elles ne soient pas capables d’exposer clairement leurs pensées aux autres ; mais la foi de celui qui est enseigné, connaît la vérité, peut-être aussi bien que celui qui l’enseigne, quoique ce dernier puisse seul la développer avec une clarté de nature à convaincre. Nous voyons par là que lorsque Dieu emploie ces figures, la pensée générale est suffisamment claire ; tandis que les expliquer en des paroles pourrait offrir d’insurmontables difficultés à une âme qui n’éprouve aucune incertitude quant à leur sens général.

Ici un ange descend du ciel. Dans la vision prophétique, cet ange a la clef de l’abîme et une grande chaîne en sa main (v. 1). On le voit saisir « le dragon, le serpent ancien qui est le diable et Satan », l’ennemi bien connu de Dieu et de l’homme ; suit alors l’usage fait de la clef et de la chaîne, la clef servant à l’enfermer et la chaîne à le lier solidement. Évidemment ce sont des figures, mais elles sont familières à l’esprit le plus simple. Il n’est personne, quelque ignorant qu’il puisse être à l’égard de certaines choses, qui puisse se méprendre sur leur signification. L’Esprit de Dieu se sert des choses les plus communes de la vie de chaque jour, pour décrire un acte de jugement qui va bientôt s’accomplir dans les voies de la providence de Dieu. Dieu a l’intention de réprimer Satan, et ne veut pas lui laisser la liberté de ses mouvements pour séduire le monde comme il fait aujourd’hui ; mais ce ne sera que pour un peu de temps (v. 2, 3). Satan n’est pas jeté tout de suite dans le lac de feu, mais est prisonnier dans le puits de l’abîme, expression qui désigne le lieu ordinairement sous le contrôle de Satan, mais qui sera alors celui de sa détention (comp. chap. 9 ; 11 et 17).

C’est une chose certaine d’après la Parole de Dieu que Satan n’est pas encore lié, et qu’au contraire il va çà et là aujourd’hui, cherchant à séduire et à détruire les âmes. Le Nouveau Testament suppose toujours cela. Il ressort avec une parfaite clarté de tous ses enseignements et de toutes ses exhortations que Satan est un ennemi encore libre, et très actif dans sa rébellion contre Dieu, dans la propagation du mensonge parmi les hommes, et à causer partout la ruine et la mort ; mais cette action aura un terme, lorsque la terre sera délivrée de ses artifices pour un certain temps. C’est là tout ce que j’ai à déduire du passage qui nous occupe. Je ne vais point examiner si les mille ans doivent être entendus dans le sens littéral ou dans le sens mystique, car ce n’est là qu’une question de détail et de degré. Mais il est incontestable que la période dont il s’agit a un commencement et une fin, et aussi qu’elle ne saurait avoir commencé encore, par la raison que Satan n’est point lié. Les épîtres du Nouveau Testament supposent partout que Satan poursuit la réalisation de ses desseins, fait obstacle à l’œuvre de Dieu, qu’il faut lui résister et qu’il rôde autour des chrétiens comme un lion rugissant cherchant qui il pourra dévorer. De sorte qu’il y aura un changement immense, quand le temps de sa répression sera venu, et Dieu conduira les siens par d’autres parties de Sa Parole qui n’auraient pas d’application au passé ni au présent. Sous plusieurs rapports, les saints de cette période seront dans un état entièrement différent. En ce jour-là, Christ régnera sur la terre qu’Il aura sous Son autorité directe ; et très assurément il résultera de ce fait un changement incalculable. En outre, Satan sera lié, et la discipline au moyen de la Parole de Dieu ne sera pas nécessaire aux saints d’alors, comme elle l’est à ceux qui ont à faire face aux assauts de Satan et à ses accusations. Dieu en agira avec eux selon la condition dans laquelle ils se trouveront placés et aux besoins de laquelle Sa Parole pourvoit.

Laissez-moi répéter que c’est surtout l’influence des préventions avec lesquelles on aborde le livre de l’Apocalypse qui le fait paraître si difficile. On se dit qu’une foule d’hommes pieux et instruits se sont trompés dans l’interprétation qu’ils en ont donnée, et qu’il n’y a pas moyen pour les simples de l’étudier avec profit. Mais une telle pensée est déshonorante pour Dieu, car Il a donné ce livre pour être compris par Son peuple en général, et l’a parfaitement recommandé à Ses serviteurs. Prévoyant même la déception dans laquelle on tomberait de toute part relativement à sa prétendue obscurité, Il a fait des promesses spéciales de bénédiction à ceux qui liraient, entendraient, garderaient les choses qui y sont écrites. Mais pourquoi le diable a-t-il pour but de détourner les gens de la lecture de ce livre ? Pourquoi est-ce que, dans ce qui porte le nom d’églises chrétiennes, se lisent toutes les autres parties de la Bible, tandis qu’on y jette à peine un coup d’œil au livre de l’Apocalypse ? Les apocryphes eux-mêmes sont lus par quelques-unes de ces églises, tandis qu’on ne fait usage çà et là que de quelques fragments des « véritables paroles de Dieu » ! La raison en est qu’il n’y a pas, dans la Bible, de livre que Satan redoute davantage, et cela à juste titre. L’Apocalypse annonce, en effet, d’abord son humiliation certaine par le pouvoir angélique, et ensuite sa destruction subséquente. Les autres portions de l’Écriture présentent les succès partiels qu’il obtient pour un temps ; mais celle-ci appuie sur sa ruine : aussi doit-il la redouter. D’un autre côté, si nous apprenons ici comment Dieu renverse Satan, nous y trouvons aussi pleinement révélée la solennelle hauteur à laquelle sa puissance s’élève avant la fin ; car c’est un principe du gouvernement divin que le mal ne soit jamais jugé jusqu’à ce qu’il ait rejeté toute la patience de Dieu, abusé de Sa bonté, et soit devenu tout à fait intolérable. Si les chrétiens avaient compris qu’en les amenant à négliger ce livre, Satan avait pour but de leur cacher ses ruses, son pouvoir et sa ruine, ils auraient pu se mieux tenir sur leurs gardes. Mais c’est là la dernière chose qu’on veuille soupçonner, car alors on se trouve immédiatement sur le terrain où l’Esprit de Dieu veut amener ; tandis que, si on regarde ce livre comme tellement obscur qu’on n’en saurait tirer aucune lumière pour la pratique, on demeure exposé dans cette mesure aux séductions de l’ennemi, quoique Dieu soit fidèle, qui ne permettra pas qu’on soit tenté au-delà de ce que l’on peut.

Le verset qui suit nous présente une autre chose : la portion des bienheureux. Que fera Christ, que feront ceux qui sont avec Lui, maintenant que la victoire est gagnée ? « Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné » (v. 4). Les deux personnages qui étaient à la tête du mal dans le monde, dans l’ordre civil et dans l’ordre ecclésiastique, avaient été sommairement jugées ; puis la source secrète de tout avait été mise de côté « jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ». Mais maintenant, le Seigneur Jésus a pris le royaume du monde. Toutefois, la pensée du Saint Esprit n’est pas tant de nous montrer ici le règne de Christ ; parce que c’était là une vérité avec laquelle on était bien familiarisé, qui se rencontre partout dans l’Écriture, et qui était bien connue aux saints de l’Ancien Testament. En effet, ils attendaient si habituellement le Messie, et l’attente de Son royaume était si générale et si puissante, même dans la masse inconvertie d’Israël, que Satan en prit avantage pour amener le peuple à refuser la grâce de Christ venant en humiliation. Naturellement, le fait qu’Il règne est bien impliqué par le passage comme le pivot central de la bénédiction ; mais ce sont ceux qui appartiennent à Christ, ou au moins ceux qui ont souffert pour Lui, qu’il met spécialement en évidence avec la plus grande clarté.

Ce peut donc être la raison pourquoi la prééminence est donnée ici à ceux qui règnent avec Christ. Dieu s’intéressait profondément à Ses saints : Ils étaient sous une terrible épreuve et une rude tentation, et Il veut faire voir que s’ils avaient souffert, ils devaient aussi régner avec Lui. C’est pour cela, à ce qu’il me semble, qu’il n’est pas dit ici : Je vis un grand trône, mais bien « Je vis des trônes »[1]. C’est ainsi que le Seigneur Jésus Christ avait dit Lui-même aux disciples : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ». Il ne parle pas d’une seule demeure qu’il y avait là pour Lui particulièrement ; mais Ses paroles sont : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père : s’il en était autrement, je vous l’eusse dit ; je vais vous préparer une place ». N’est-ce pas dans le même esprit que le prophète eut la vision de ces trônes ? Et ils n’étaient point inoccupés : « Je vis des trônes ; et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné ». Ils se trouvaient dans l’exercice du jugement. Évidemment, c’est un accomplissement de la déclaration qui se lit en 1 Corinthiens 6. Là, s’adressant aux Corinthiens, l’apôtre leur dit : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? ». Ici ils nous apparaissent jugeant le monde. Mais il y a plus. Le Seigneur avait dit aux douze apôtres : « Vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ». Bien des personnes pensent que cela ne sera accompli que dans le ciel. Mais dans le ciel, il ne saurait exister un pareil état de choses. Les douze tribus ne sont point en haut : elles n’existent comme telles que sur la terre. C’est ici-bas qu’on les trouvera comme un objet de gouvernement ; et c’est dans ce sens que parlent les prophètes. Qu’est-ce que les saints auront à juger dans le ciel ? Quand les glorifiés seront là, il n’y aura point d’hommes à juger en haut — tous y seront bénis. Ils se trouveront en dehors de la scène du jugement. Il est donc parfaitement clair que la scène décrite ici ne peut s’appliquer au ciel, et qu’elle suppose la terre comme la sphère du jugement. Ceux dont il s’agit règnent au-dessus de la terre. Je dis : « au-dessus de la terre », car il n’y a pas de raison pour croire que ce monde sera la demeure des saints de Dieu ressuscités. Il se peut qu’ils le visitent de temps en temps, comme nous savons que le Seigneur le fera ; mais la terre ne sera pas leur demeure propre. Aujourd’hui même notre bénédiction est dans les lieux célestes en Christ ; évidemment il en sera beaucoup plus ainsi, lorsque nous serons glorifiés ; notre bénédiction est céleste dans sa source, son caractère, et sa sphère. Mais pendant que nous jouirons ainsi de la bénédiction dans les lieux célestes, la terre sera la province inférieure et sujette — pleine d’intérêt et de gloire pour Dieu, mais un domaine comparativement inférieur. Absolument comme un homme d’un rang élevé, qui possède un apanage, peut y avoir une grande résidence de famille ; mais cela ne l’empêche point d’avoir ses propriétés extérieures pour lesquelles il doit laisser sa maison afin de les visiter. Ainsi en sera-t-il plus tard. La gloire d’en haut sera le repos et le centre des saints célestes ; mais à côté de cela, ils jugeront la terre. En conséquence, nous lisons ici : « Je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné ». C’étaient ceux que Dieu avait destinés à être les assesseurs du Seigneur dans le jugement ou le gouvernement.

Mais ce n’était pas tout. « Et (je vis) les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu ». Remarquez ces mots, « les âmes de ceux » etc. Il en est plusieurs qui, en accordant, pour la plupart, que cette vision représente un jugement exercé par les saints célestes sur les hommes se trouvant sur la terre, prennent les « âmes » dont il est parlé ici comme signifiant des personnes, conformément à l’usage ordinaire de l’Écriture. Mais je ne crois pas que ce soit là la véritable explication. Pourquoi ne pas prendre ici le mot « âmes » comme désignant ceux qui se trouvaient dans l’état où l’âme est séparée du corps ? De cette manière, l’apôtre Jean vit dans la vision, premièrement, des trônes avec des personnes qui y étaient assises ; secondement, un certain nombre d’âmes non revêtues de leurs corps, les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la Parole de Dieu ; et en outre, troisièmement, une classe composée de ceux « qui n’avaient pas rendu hommage à la bête, ni à son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main ». S’il eût entendu parler de personnes dans la condition ordinaire, il eût dit : Je vis les âmes qui avaient été décapitées pour le témoignage de Jésus, etc., et non pas : « Je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités ». Précisément comme il a été dit de Jacob : « Toutes les âmes qui vinrent avec Jacob en Égypte… ces âmes furent en tout soixante-six » (Gen. 46, 26, vers. angl.) (comp. Apoc. 6, 9).

Ici donc, Jean eut devant lui dans la vision des hommes qui étaient déjà ressuscités des morts et assis sur des trônes. « Je vis des trônes, et ils étaient assis dessus ». La désignation de cette classe semble avoir à dessein une forme générale, et implique « les armées » décrites antérieurement (chap. 19, 14). Ceux qui suivaient le Seigneur quand Il venait du ciel pour combattre, sont maintenant Ses compagnons dans Son gouvernement de la terre. Ensuite, il vit la compagnie de ceux « qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu ». Ceux-là n’étaient pas encore ressuscités des morts, mais se trouvaient encore dans la condition d’esprits séparés de leurs corps. Mais il y avait une troisième classe — les personnes qui n’avaient pas rendu hommage à la Bête, et ne s’étaient pas non plus soumises à ses prétentions, sous aucune forme ni à aucun degré. Les deux dernières étaient des classes distinctes, mais en rapport l’une avec l’autre, de personnes qui, lorsqu’elles apparurent d’abord, étaient dans la condition d’âmes séparées de leurs corps. « Et ils vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans » : c’est-à-dire qu’elles furent réunies à leurs corps, car c’est naturellement ce que signifie l’expression « ils vécurent ». On aurait pu penser qu’ils avaient perdu leur bénédiction, ou au moins le privilège de régner avec Christ pendant les mille ans. Il y avait des trônes, et des personnes dans leurs corps ressuscités qui les occupaient déjà. Qu’allait-il donc advenir de ceux qui, après la translation des premiers au ciel, avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la Parole de Dieu, et qui ne furent ressuscités des morts que longtemps après ? Quelle portion devaient-ils avoir, et non seulement eux, mais aussi cette classe qui, à une époque encore plus récente, refusa de rendre hommage à la Bête ou de recevoir sa marque ? « Ils vécurent ». Ils apparaissent maintenant, juste avant le règne, réunis à leurs corps ; et, ensemble avec ceux qui avaient été ressuscités antérieurement, et qu’on avait vus assis sur des trônes, ils régnèrent avec Christ mille ans[2].

Voilà donc un jour brillant et d’un riche intérêt jeté sur l’Apocalypse. Il s’y trouve, en effet, des passages sur lesquels ce verset répand de la lumière ; pendant qu’à leur tour ils en renvoient sur un verset qui reste inintelligible, tant qu’on ne voit pas ces distinctions. Considérons encore un peu plus les différentes classes dont il est question ici. « Je vis des trônes et ils étaient assis dessus ». Évidemment, ces premiers objets sont introduits d’une manière tout à fait brusque. Il ne nous est dit ni d’où ils venaient, ni qui ils étaient ; probablement par la raison que le Saint Esprit tient pour certain que nous en avons assez appris sur leur compte par les portions précédentes du livre. Juste un peu auparavant, ils étaient sortis du ciel ouvert (chap. 19). Lorsque le Seigneur Jésus, monté sur le cheval blanc, en sortait en guerrier, les armées qui étaient là Le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur. J’ai déjà essayé de prouver que c’étaient là les saints qui avaient été enlevés au ciel à une époque antérieure, et qui, de temps à autre, nous sont apparus comme s’y trouvant depuis le commencement du chapitre 4. On les a vus alors, et maintes fois dans la suite, sous le symbole des vingt-quatre anciens couronnés. On contestera difficilement que ces anciens représentent les saints célestes. Je ne prétends pas décider s’il faut ou non voir en eux l’Église exclusivement. Très vraisemblablement ils comprennent l’Église à la fois et les saints de l’Ancien Testament ; mais une chose au moins est très claire, c’est qu’il s’agit des saints célestes. Ils suivent Christ lorsqu’Il vient du ciel pour faire la guerre avec la Bête, etc. ; et maintenant que Christ prend Son trône — qu’Il n’apparaît pas simplement sur un cheval blanc s’avançant pour vaincre et subjuguer, mais prend le trône pour régner triomphalement — on les voit aussi sur des trônes avec Lui. « Je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné ».

Tous les croyants savent que, dans un sens ou dans un autre, Christ doit s’asseoir sur Son trône et juger ; mais il peut y en avoir qui pensent que ce serait pour les chrétiens une position fort élevée que d’être assis avec Lui sur des trônes ; tandis que d’autres, qui ont quintessencié et réduit en vapeur, pour ainsi dire, l’enseignement positif des passages de l’Écriture qui traitent des espérances des saints et de l’avenir du monde, estiment qu’ils seront simplement à une vague distance du ciel, jouissant du bonheur éternel avec Christ, mais n’ayant avec la terre aucune espèce de rapport. Pour moi, je ne crois point que le gouvernement de ce monde soit en aucune manière la portion la plus haute de la gloire des saints ; mais il constituera un élément important de la gloire de Christ, et pour cette même raison ne sera pas sûrement au-dessous de la dignité de l’Église. Nul ne peut négliger ou nier cette vérité sans préjudice pour son âme ; et lorsqu’on la voit et qu’on la tient comme il faut, son influence sur la conduite pratique n’est pas peu considérable : car si je dois juger le monde alors, Dieu ne veut pas que je me mêle avec le monde maintenant. C’est là précisément le motif que l’apôtre Paul faisait valoir auprès des croyants de Corinthe, quand il les blâmait d’avoir recours aux tribunaux des hommes. Une pareille démarche était au-dessous de la vocation chrétienne. Il va sans dire qu’en parlant ainsi, je n’entends en aucune manière mépriser les autorités qui existent. Un chrétien doit leur montrer du respect en tout temps et en toutes choses. Il peut supporter d’être dans le monde l’homme de la plus humble condition, car il est le plus élevé : son exaltation est d’une meilleure espèce et brillera de son éclat le plus vif quand ce monde aura été réduit à rien. Quelle merveilleuse chose que nous soyons déjà revêtus de l’onction royale avant que le jour de la gloire ait commencé à poindre ! pareils à David qui fut sacré roi de longues années avant qu’il fût réellement élevé au royaume. L’huile sainte, l’onction royale, était sur lui, dans le temps même où le roi Saül le pourchassait dans les montagnes. C’est ainsi que dans un sens plus élevé encore nous sommes oints du Saint Esprit non seulement pour que nous soyons rendus capables d’entrer dans les choses de Dieu, mais pour que nous soyons faits rois et sacrificateurs pour Dieu. La conséquence en est que Dieu n’attend pas seulement que nous Lui rendions culte dès à présent comme sacrificateurs, mais que nous gardions dans toutes les circonstances le sentiment de notre dignité comme Ses rois (comp. 1 Pier. 2, 5, 9). Que le monde raille et nous traite de fanatiques, il a fait bien plus à l’égard de Dieu Lui-même. Hélas ! les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs, et les chrétiens eux-mêmes se sont détournés, quant à ce point, de la vérité qui est selon la piété. Ils ont cherché à avoir en même temps le monde et Christ. On peut objecter que c’est là tout au plus une espérance si exclusivement relative à l’avenir qu’elle ne saurait avoir d’application actuelle. Mais l’Esprit de Dieu s’adresse à nous comme possédant ce trésor dès à présent, comme ayant, en principe, tout ce que Christ va bientôt déployer en nous dans Son royaume. C’est ce qui fait que nous sommes sous la responsabilité de marcher maintenant dans la foi à cette vérité. Il en a été ainsi dans le sens le plus élevé du Seigneur Jésus Christ. Il savait qu’Il était roi ; et lorsque Satan vint et Lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, offrant de les Lui donner s’Il voulait se prosterner et lui rendre hommage, le Seigneur rejeta tout absolument. Mais Satan a répété, pour ainsi dire, l’offre à l’Église ; et, à la longue, celle-ci l’a acceptée. En recherchant la gloire du monde, elle a cherché à être honorée là où Satan est le prince. Comment un chrétien peut-il lire sa Bible et ne pas reconnaître la vérité de cela ? Que fit le Seigneur Jésus quand les hommes voulurent Le faire roi ? Il se retira loin d’eux. Devant Pilate, Il admit qu’Il était roi, mais Il ajouta : « Mon royaume n’est pas de ce monde… Maintenant, mon royaume n’est pas d’ici ». Bientôt il en sera. « Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu ». Et quand il passera entre Ses mains, le règne des chrétiens commencera. C’est Sa volonté que ceux qui Lui appartiennent participent avec Lui au royaume. En conséquence, la foi attend cela ; et en attendant, nous sommes présentement mis à l’épreuve, « comme n’ayant rien, et toutefois possédant toutes choses ». Il semblera à plusieurs que réclamer aujourd’hui un aussi glorieux privilège, n’est que de la présomption. Mais il n’en est point ainsi. C’est de la foi, et elle a pour fruit une séparation toujours plus grande d’avec le monde. Le principe est la chose importante : car si un homme cherche à obtenir, ne serait-ce que la chose la plus simple de ce monde, qui soit pour lui un objet de désir — une distinction quelque insignifiante qu’elle soit, il y a là trace de l’œuvre de l’ennemi. Dieu attend de tous Ses saints une sainte séparation d’avec le monde : ils ne sont pas du monde, de même que Christ n’en est pas. — Seulement, que cela se réalise en chacun selon la mesure de sa spiritualité et de son intelligence. Aussi, quand un chrétien commence sa marche de foi, Dieu ne lui dit-Il pas tout d’un coup : Il faut que tu quittes ceci, que tu renonces à cela ; Il laisse lieu à l’exercice de la grâce et aux progrès dans la vérité. Le jour que le salut entra dans la maison de Zachée, le Seigneur ne lui dit pas un mot de son odieuse position dans le monde, comme Juif collecteur d’impôts pour les Romains. Il ne nous est pas dit non plus que, du moment de sa conversion, Corneille dût quitter sa place de centenier de la cohorte italique : établir et imposer des règles d’une façon pareille, c’eût été détruire tout ce qu’il y a de précieux et de béni dans les voies de Dieu. L’Église n’est point gouvernée par un code de formes et de pratiques. Elle est conduite par la puissance du Saint Esprit conformément à la Parole. Il en est d’elle comme d’un enfant : aux jours de ses tendres années, il parle comme un enfant, comprend comme un enfant, et pense comme un enfant. Qui désirerait trouver chez les petits enfants le langage et les manières des adultes ? Il en est de même des petits enfants de l’ordre spirituel. Le Seigneur n’attend pas qu’ils marchent comme des hommes et des pères en Christ : Il laisse lieu à leur accroissement dans la grâce. Or, si un homme est dans un état d’âme mauvais, il se prévaut de la grâce et dit : Y a-t-il du mal en ceci ? Y a-t-il quelque commandement pour cela ? Quelquefois une personne s’abstient d’actes mauvais, dans la pensée que si elle y persiste, elle est en danger d’être perdue. Mais ce qui a du prix aux yeux de Dieu, c’est qu’on obéisse avec simplicité, d’une obéissance cordiale, qu’on fasse la volonté de Dieu parce que c’est Sa volonté, parce que c’est un plaisir de faire Sa volonté, et que cela Le glorifie. Il nous sauve par Sa grâce, et nous sauve de manière à ne pas voir une seule tache en nous. Et maintenant Il nous dit : Si je vous ai sauvés et vous ai établis devant moi dans une telle certitude et une telle perfection de bénédiction, ce que j’attends de vous c’est votre cœur, sa confiance dans mon amour et ma sagesse, son culte et son obéissance.

Mais Dieu nous donne aussi la connaissance du royaume qui vient et auquel nous devons participer avec Christ notre Seigneur. Il est bon de se souvenir que le Saint Esprit n’effectue point le royaume, et que ce n’est pas Lui, mais le Seigneur Jésus seul, qui est le roi. La présence de Christ est donc essentielle au royaume, au moins pour ce qui est de sa pleine manifestation. Si Christ n’était pas là personnellement, ce serait un royaume sans roi ; et, en conséquence, il est dit : « Ils vécurent et régnèrent avec Christ mille ans ». Christ était Lui-même présent, et c’est Lui qui est le centre de toute gloire, de toute bénédiction, et de toute joie. Le chapitre 19 nous avait montré Christ et eux sortant du ciel en vue du jugement, et là-dessus, au chapitre 20 nous voyons le royaume établi en paix sur la terre.

Ce qui précède peut servir de réponse à la première question, qui a pour objet de savoir qui sont ceux que Jean vit tout d’abord assis sur des trônes, et naturellement dans des corps ressuscités. Ce sont les saints célestes, comprenant l’Église, s’ils ne sont pas l’Église exclusivement. La question suivante est celle-ci : Qui sont ceux dont les âmes ne furent pas d’abord vues réunies à leurs corps ? La réponse est facile. Si les chapitres 4 et 5 de l’Apocalypse nous présentent les saints glorifiés sous le symbole des vingt-quatre anciens, et correspondant à ceux que notre verset mentionne d’abord, le chapitre 6 nous introduit dans une scène tout autre. Il nous apprend que, postérieurement à la scène décrite dans les deux chapitres précédents, il y aura des saints appelés à souffrir et dont Jean vit alors les âmes sous l’autel. Ils avaient été égorgés pour la Parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils avaient maintenu, et ils crient à Dieu, Lui demandant de juger et de venger leur sang de ceux qui habitent sur la terre. Qui sont ces saints qui font appel à la vengeance de Dieu ? On peut répondre de la manière la plus positive, qu’à coup sûr l’Église ne se trouve point dans leur nombre. Comment pourrait-elle y être, en effet, puisqu’elle avait été déjà enlevée au ciel ? De plus, l’Église est-elle jamais présentée dans l’Écriture comme appelant Dieu à juger et à venger le sang des saints répandu sur la terre ? Ce serait en complète contradiction avec le dessein de Dieu dans l’Église, et aussi dans le chrétien individuellement. Nous sommes l’épître de Christ, et expressément appelés à manifester la gloire de Dieu en Christ, et Sa grâce envers le monde depuis la croix. Et de même que Dieu a permis que les hommes missent à mort Son propre Fils, et que, bien loin de juger ce crime, Il en a pris seulement occasion de montrer encore plus Sa grâce, de même l’Église est appelée à souffrir, et s’il le faut, à se laisser mettre à mort pour le nom de Christ, sans songer à faire appel à la vengeance, ou même la désirer un seul instant. Voyez-en un exemple signalé dans la personne d’Étienne. Il était traité bien cruellement : on le jeta hors de la ville, et on le lapida. Mais il se met à genoux, et crie : « Seigneur, ne leur impute point ce péché ». Et c’est d’une voix éclatante qu’il intercéda de la sorte, car ce n’était pas une chose que son cœur ne sentait pas vivement ; et le Saint Esprit désirait que ceux qui étaient autour de lui connussent le désir de son cœur à leur sujet, coupables qu’ils étaient de son sang. Était-ce là un appel à la vengeance de Dieu ? Tout le contraire, précisément ; et il en a toujours été ainsi. Voyez les apôtres Pierre et Jean : après avoir été battus, ils se retirèrent de devant le sanhédrin, se réjouissant d’avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus. Ouvrez encore la première épître de Pierre ; qu’y trouvez-vous, sinon ce principe : « Si, en faisant bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu, car vous avez été appelés à cela », etc. Le monde ne pourrait pas subsister un jour sur une pareille base ; il tomberait en pièces si le mal ne devait pas être puni, et si ceux qui font bien et souffrent injustement ne devaient simplement que rendre grâces. Mais ces exhortations n’étaient pas destinées au monde ; et c’est là qu’on fait si fréquemment erreur. On oublie que l’Église était appelée à rendre témoignage du ciel — à être l’expression de la pensée et de la grâce de Christ, tout en marchant sur la terre. C’est là notre seule chose, notre affaire ici-bas. Il va sans dire que cela ne fait pas obstacle à ce que nous nous proposions ce qui est honnête devant tous les hommes ; il est bon que le chrétien le fasse ; mais qu’il prenne bien garde comment il le fait. Notre conduite dans les circonstances les plus ordinaires de la vie devrait être un témoignage à ce fait capital, que nous ne sommes pas du monde ; que nous ne cherchons pas à être honorés et considérés dans le monde, mais à glorifier Christ dans le ciel ; et qu’au lieu d’avoir pour but de coopérer à la réalisation des plans de l’homme, et d’être un ornement dans le monde, notre mission est de lui révéler Christ et de faire Sa volonté durant le peu de temps que nous sommes ici.

Mais revenons au sujet qui nous occupe. Nous avons vu que, quoique les anciens assis sur des trônes soient dans le ciel (Apoc. 4 ; 5), il se trouve plus tard des saints sur la terre, de nouveaux témoins qui sont appelés à souffrir jusqu’à la mort pour la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus ; mais qui, au moment où ils meurent, crient à Dieu de venger leur sang sur leurs ennemis. Et ce n’est pas mauvais de leur part ; quoiqu’une pareille pensée nous soit complètement étrangère, parce que telle n’est pas la volonté de Dieu à notre égard. Mais lorsque Dieu, après avoir achevé de former l’Église et l’avoir prise dans le ciel, se sera suscité de nouveaux témoins sur la terre, Il commencera à en agir Lui-même en jugement avec le monde ; et, en conséquence, lorsque ces saints martyrs crieront à Dieu contre leurs adversaires, ils seront en pleine communion avec Lui. Or, c’est ce que la foi cherche toujours — la communion avec Dieu dans ce qu’Il fait ou va faire réellement. Aujourd’hui Dieu n’intervient pas pour juger le monde, aussi Ses saints ne doivent-ils pas Lui demander, comme le font ceux-là, d’exercer le jugement et la vengeance. Aujourd’hui Il supporte avec une patience parfaite la méchanceté du monde, et pour cette raison un chrétien doit plutôt demander à Dieu de faire tourner Sa patience au salut des âmes. Mais quand le moment où doit s’accomplir la vision d’Apocalypse 6 sera arrivé, Dieu fera tomber jugement sur jugement ; et ceux qui en ce jour-là seront témoins pour Dieu, Lui demanderont de juger, et le Lui demanderont justement. Ce sont les Psaumes, en général si mal compris et si mal appliqués maintenant, mais parfaitement appropriés aux circonstances d’alors, qui leur fourniront le langage prophétiquement préparé de Dieu pour l’expression de leurs besoins les plus pressants, de leur désir et de leurs affections les plus intimes.

Il y aura donc, après l’enlèvement de l’Église, un état de choses bien différent de celui d’aujourd’hui. Dieu commencera alors d’agir en juge, et ceux qui seront réellement convertis, et auront sincèrement à cœur la gloire de Dieu, seront dans de grandes ténèbres comparativement à l’Église. Mais leur pieux témoignage n’en sera pas moins insupportable aux pouvoirs du monde, qui verseront leur sang comme de l’eau. Les martyrs crieront à Dieu en vue du jugement, et Il les entendra. Voyez aux versets 9, 10, 11 du chapitre 6 : « Et lorsqu’il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été égorgés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils avaient maintenu ». Remarquez comment cela concorde avec les deux classes mentionnées chapitre 20, 4 : « Je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu ». Considérez en effet la réponse qui leur fut faite. Elles crient : « Jusques à quand, ô Maître souverain, saint et véritable » etc. « Et il leur fut donné une robe blanche ; et il leur fut dit qu’ils se reposassent encore un peu de temps jusqu’à ce que leurs compagnons de servitude et leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux, fussent accomplis ». Lorsque ceux qui passèrent les premiers par la souffrance après l’enlèvement de l’Église, eurent été appelés et mis à mort, il leur fut parlé d’une autre classe de saints qui devaient être tués postérieurement comme ils l’avaient été eux-mêmes, avant que le plein jugement s’exécute. C’est là exactement ce que nous trouvons ici. Il y a d’abord ceux qui sont assis sur des trônes, investis du pouvoir royal de juger ; ensuite ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la Parole de Dieu ; et, en troisième lieu, leurs frères, qui, comme il avait été déclaré au chapitre 6, avaient encore à être complétés. Ces derniers, quand la Bête produisit son idolâtrie, etc., et qu’il s’agit d’être mis à mort ou de l’adorer, refusèrent nettement : ils furent fidèles jusqu’à la mort. Eh bien ! ils sont ici. « Je vis… et ceux qui n’avaient pas rendu hommage à la Bête ni à son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main ». De sorte que l’Apocalypse nous fournit pleinement la réponse au sujet de ces trois classes. Les vingt-quatre anciens correspondent à ceux qui sont assis sur des trônes ; la deuxième classe, les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, etc., nous est apparue au chapitre 6 ; et la dernière partie du livre nous présente leurs frères qui devaient être mis à mort comme ils l’avaient été eux-mêmes, et en vue desquels il leur avait été dit d’attendre. En Apocalypse 13, 7, nous lisons qu’il fut donné à la Bête de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Il y a plus encore. La dernière moitié du même chapitre contient une autre partie du tableau et nous fait voir là comment ces saints ont été caractérisés en Apocalypse 20 comme ceux qui n’avaient pas rendu hommage à la Bête ni à son image, et n’avaient pas non plus reçu sa marque sur leur front et sur leur main. Au verset 14, il est dit que la seconde Bête (chap. 13) séduit « ceux qui habitent sur la terre à cause des miracles qu’il lui fut donné de faire devant la Bête, disant à ceux qui habitent sur la terre de faire une image à la Bête qui a la plaie de l’épée et qui vit. Et il lui fut donné de donner la respiration à l’image de la Bête, afin que l’image de la Bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui ne rendraient pas hommage à l’image de la Bête fussent mis à mort ». Ceci, très évidemment, appartient à la dernière ou troisième classe. Mais voyez encore chapitre 15, 2 : « Je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient remporté la victoire sur la Bête, et sur son image, et sur le nombre de son nom, se tenant sur la mer de verre, et ayant des harpes de Dieu ». L’Apocalypse répond donc pleinement à la question : Qui sont donc ces saints ? Elle nous présente d’abord les saints ressuscités, qui avaient été enlevés au ciel, et qui en sortent avec Christ. C’est la raison pour laquelle ils sont vus séparés des deux autres classes. Ils apparaissent assis tout d’abord sur des trônes, parce qu’ils sont déjà changés à la ressemblance du corps glorieux de Christ. Quant aux autres, on ne les voit jusqu’à ce moment, que comme des âmes, et naturellement non glorifiés. L’Écriture parle de corps glorifiés, mais jamais d’âmes glorifiées. L’âme du croyant est avec Christ après la mort ; mais il faut qu’elle soit réunie avec le corps, avant qu’il puisse en être question comme se trouvant dans une condition glorifiée. Le seul état parfait, c’est lorsque nous porterons l’image du céleste : lorsque nous serons ressuscités ou changés à la ressemblance de Christ.

Si nous regardons à 1 Corinthiens 15, nous verrons cela parfaitement clair. Il y est dit : « Le premier homme est de la terre — poussière ; le second homme est le Seigneur (venu) du ciel. Tel qu’est celui qui est poussière, tels aussi sont ceux qui sont poussière ; et tel le céleste, tels aussi les célestes. Et comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste. Or, je dis ceci, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas non plus de l’incorruptibilité. Voici, je vous dis, un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés… et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corruptible », non pas simplement dépouille la corruption, mais « revête l’incorruptibilité », « et que ce mortel », non pas simplement laisse tomber cette enveloppe mortelle, comme on dit, mais « revête l’immortalité » — évidemment l’état glorifié — « alors la parole qui est écrite s’accomplira : La mort a été engloutie en victoire ». Or, ce n’est point quand un chrétien meurt et déloge pour être avec Christ, que la mort est engloutie en victoire, mais c’est lorsque Christ vient et que les morts sont ressuscités et les vivants changés. Ce qui s’est fait jadis pour Hénoc et pour Élie d’une manière individuelle, se fera sur une grande échelle à la venue de Christ. Alors tous les saints vivants seront changés, et s’en iront pour être avec le Seigneur, sans passer par la mort. Ce sont ceux-là, ressuscités ou changés, qui, ayant été enlevés au ciel, en reviendront avec Christ, et qui sont vus assis sur des trônes. Mais qu’advient-il de ces saints de la terre, qui sont appelés après que les saints précédents ont été pris pour aller à la rencontre du Seigneur ? L’Apocalypse nous montre leurs souffrances pour la justice et leur mort. Que deviennent-ils après ? Déjà l’Église avait été ressuscitée et glorifiée, et ces martyrs sont mis à mort avant que le règne de Christ commence. Eux, qui ont souffert, ne doivent-ils donc pas régner ? Doivent-ils perdre leurs bénédictions parce qu’ils ont résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché ? Jamais cela ne pouvait être. « Je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités… et ils vécurent et régnèrent avec Christ les mille ans ». Ils sont eux aussi ressuscités des morts, ils rejoignent les autres déjà glorifiés, et tous règnent ensemble avec Christ dans « le royaume ».

Je pense, mais je ne donne ceci que comme une opinion, que c’est à ce moment-là ou à peu près que leur résurrection a lieu. La Bête et le faux prophète ont été renversés ; Satan a été jeté dans l’abîme, et le règne millénial de Christ et de Ses saints ressuscités est maintenant sur le point de commencer. Le Seigneur attend pour ainsi dire le tout dernier moment. Il ne veut pas qu’une âme de Ses saints martyrs ne jouisse pas de cette récompense qui est leur récompense spéciale. La Bête avait persécuté jusqu’à la fin, et Dieu diffère jusqu’à ce moment-là, afin que quiconque a souffert avec Christ, soit compris dans le privilège d’être glorifié avec Lui. Si le récit de la résurrection avait été donné lorsque les saints ressuscités antérieurement eurent été transportés au ciel (c’est-à-dire avant Apoc. 4), il aurait pu y avoir doute et anxiété relativement au sort de ceux qui devaient souffrir après l’enlèvement de l’Église ; et il est facile de comprendre pourquoi c’est ici que nous le trouvons. Dieu avait particulièrement pour but de consoler ceux qui devaient souffrir et mourir pour Christ à une époque plus avancée, et de leur faire voir qu’ils ne seraient pas oubliés par Lui. Ils ressuscitent maintenant pour rejoindre les saints déjà ressuscités ; « et ils vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans ». Dieu ajourne leur résurrection jusqu’au moment où va commencer le règne de Christ, et alors ceux qui, dans l’intervalle, avaient souffert pour Lui, sont ressuscités. « Et le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. C’est la première résurrection ». « Le reste des morts » — quels morts étaient-ce ? Le commencement du verset 4 comprend, à mon avis, non seulement l’Église, mais aussi les saints de l’Ancien Testament ; c’est-à-dire, tous les saints célestes enlevés pour être avec Christ, quand Il viendra pour les prendre à Lui dans l’air. Puis, nous avons eu la première compagnie de ceux qui ont souffert avant que la Bête eût atteint le faîte de sa puissance, et enfin la dernière compagnie de ceux qui furent mis à mort parce qu’ils refusèrent de lui rendre hommage. C’étaient là les trois classes de saints maintenant également en vie et régnant avec Christ. Il faut donc que l’expression « le reste des morts » désigne les méchants morts, car la première résurrection comprenait tous les justes morts, et correspond, de fait, à ce que notre Seigneur a appelé « la résurrection des justes » (Luc 14, 14), sauf qu’elle comporte plus de détails si elle ne comprend pas plus de personnes. Ainsi donc, il y a une résurrection qui appartient spécialement aux justes, sans que les passages qui en traitent disent un mot des injustes. Il y a aussi une résurrection des injustes ; et lorsque l’apôtre Paul parle, Actes 24, devant Félix, il rend témoignage de sa foi à la résurrection, tant des justes que des injustes. Mais quand le Seigneur Jésus Christ cherche à élever la conscience de Ses disciples à ce qui est bon et a du prix devant Dieu, c’est à la résurrection des justes seuls qu’Il fait allusion.

Mais ce n’est pas tout. Aux jours du ministère du Seigneur ici-bas, il se trouvait aussi des gens qui tâchaient de tourner en ridicule la doctrine de la résurrection. Aussi lisons-nous que, dans une autre occasion, des sadducéens vinrent à Lui, tirant une difficulté à l’égard de cette doctrine du fait d’une femme supposée avoir successivement épousé sept frères, tous morts l’un après l’autre, la femme, à son tour, étant morte aussi après eux tous. En la résurrection, demandaient-ils, duquel des sept serait-elle donc la femme ? Le Seigneur fait voir sur-le-champ que la difficulté soulevée provenait de l’ignorance de l’Écriture et de la puissance de Dieu. En la résurrection on ne donnera ni ne sera donné en mariage, mais on sera comme les anges (c’est-à-dire comme eux sous ce rapport, car les saints ressuscités jugeront les anges ; mais semblables quant à ceci, qu’il n’y aura pas de distinction de sexe — ni de mariage non plus). « Et aussi ils ne peuvent plus mourir ». Mais il ajoute : « Ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d’entre les morts », etc. Quelle manière de parler extraordinaire, si tous étaient ressuscités en même temps ! « Ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là ». Pesez bien la force de cette proposition. La résurrection des saints a lieu en un siècle qui leur est particulier, et auquel ceux qui en sont indignes n’ont point part. « Ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là (les autres morts ne sont ressuscités qu’après lui) et à la résurrection d’entre les morts ». La résurrection de Christ ne fut pas simplement une résurrection des morts, mais d’entre les morts. Il les laissa tranquilles dans leurs tombeaux. Quelques-uns des saints qui étaient morts, ressuscitèrent, il est vrai, avec Lui, ou plutôt sortirent avec Lui de leurs sépulcres après Sa résurrection ; mais la grande masse des morts ne fut affectée en rien à cet égard par la résurrection de Christ. Il en est de même, en principe, de la résurrection des saints : ce doit être une résurrection d’entre les morts. Le reste des morts doit ressusciter à une époque ; mais ceux qui en seront estimés dignes, auront part à ce siècle-là, et à la résurrection d’entre les morts. Ils ne mourront plus jamais. Dieu pouvait-Il montrer d’une manière plus forte que par ce langage, que la résurrection de Ses saints serait distincte de celle des autres hommes et la précéderait ? Comparez aussi le langage de saint Paul en Philippiens 3, 11 : « Si, en quelque manière que ce soit, je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts ». Sans doute que les versions ordinaires disent « à la résurrection des morts », mais je n’hésite pas à dire que c’est une erreur complète. Le véritable et unique sens du verset, d’après les autorités les meilleures, est : « Si, en quelque manière que ce soit, je puis arriver à la résurrection d’entre les morts », celle qui me tirera du milieu des morts. Il peut sembler à quelques-uns que ce n’est là qu’un petit changement ; mais si nous tenons à connaître la pensée de Dieu, cela fait une grande différence : Car, si c’est bien « la résurrection d’entre les morts » qu’il faut lire, cela implique que pendant que les autres morts restent dans leurs sépulcres, il y a une résurrection qui n’est point commune à tous les hommes bons et méchants, mais est seulement le partage des bien-aimés de Dieu. L’apôtre estimait cette résurrection si brillante et si heureuse qu’il dit en effet : Je ne me mets pas en peine des tribulations et des souffrances que je puis rencontrer sur le chemin — pourvu seulement que je me trouve là ; c’est ce que j’attends et ce que je désire, coûte que coûte. Car en disant : « Si en quelque manière que ce soit », il n’entendait pas exprimer l’ombre d’un doute quant au fait qu’il aurait part à la première résurrection ; mais plutôt, qu’il attachait au prix une valeur telle, qu’il ne pensait pas aux souffrances du chemin qui menait au but.

Maintenant, reportons sur l’Apocalypse la lumière qui jaillit de ce passage. L’expression « le reste des morts » fait allusion aux méchants morts. On avait sous les yeux la résurrection de tous les saints délogés jusqu’à la manifestation du royaume. « Mais », ajoute le prophète », « le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis » (v. 5). Ce passage n’offre réellement aucune difficulté ; mais les gens ont leurs pensées, leurs opinions à eux, et ils ne peuvent faire accorder l’Écriture avec elles. Tandis que tout est aussi clair que possible, si on s’en tient à ce que déclare le Saint Esprit. « C’est là la première résurrection. Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection » (v. 6). Quelle admirable harmonie entre cette parole et ce que le Seigneur avait dit aux sadducéens : « Ceux qui seront estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d’entre les morts » ! Et aussi avec saint Paul : « Si, en quelque manière que ce soit, je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts ».

« La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux ». Remarquez une fois de plus, la force des paroles du Seigneur dans l’évangile : « Car aussi ils ne peuvent plus mourir ». Quant à ceux qui sont laissés dans les sépulcres pour n’être ressuscités qu’après les mille ans, ils sont destinés à mourir d’une autre mort bien misérable — la seconde mort. C’est de cette mort-là que doivent mourir tous ceux qui n’auront pas eu part à la première résurrection. Leur mort sera la seconde mort — l’extinction de toute espérance de bénédiction, quand tout le reste est béni dans le ciel et sur la terre, la demeure à jamais sous la colère de Dieu. Ils sont jetés dans l’étang de feu. Mais pour ceux qui ont part à la première résurrection, « ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans » ; et plus tard ils régneront par Lui dans la vie aux siècles des siècles.

Les trois derniers versets que nous venons de considérer, forment une sorte de parenthèse dans le chapitre, quelque chose d’analogue à ce que nous avons vu dans le chapitre 12. Là, en effet, après nous avoir décrit la guerre qu’il y avait eue dans le ciel, et le fait qui en avait été le résultat, comment Satan en avait été précipité, l’Esprit prophétique reprend, dans le verset 13, l’histoire à laquelle il avait été fait allusion auparavant (v. 6). Ici nous trouvons quelque chose de semblable, car le septième verset continue l’histoire qui avait été déjà commencée précisément à la fin du troisième, où nous avions eu l’emprisonnement de Satan dans l’abîme, et ainsi la répression pour un temps du pouvoir qu’il a de séduire les nations en révolte contre Dieu. Il est ajouté, qu’après cela, il faut qu’il soit délié pour un peu de temps. Le verset 7 nous présente par anticipation le récit de sa mise en liberté et des effets qu’elle produira. « Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison ; et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat ; et leur nombre est comme le sable de la mer » (v. 8). Les versets 4-6 forment donc évidemment une parenthèse — importante sans doute, mais toutefois une parenthèse, et ne font point partie de l’histoire régulière que nous avons ici. Il se peut qu’une des raisons pour lesquelles nous la trouvons à cette place, c’est de faire voir que durant cette même période où Satan est lié, il y a le côté béni — non pas seulement le mal réprimé, mais Christ et Ses saints régnant au-dessus de la terre. Il n’est jamais dit que nous régnerons sur la terre. En Apocalypse 5, 10, j’ai déjà montré que la version ordinaire de ce verset qui comporte cette idée, est un peu inexacte, et que le véritable objet de la pensée du Saint Esprit est, non pas le lieu où les saints de Dieu habiteront alors, mais plutôt la sphère de leur règne. « Ils régneront sur (au-dessus de) la terre ». Ce changement a de l’importance, non pas tant comme fait isolé, mais parce qu’il se rattache à tout le plan de la vérité, et que c’est une partie de ce plan que les saints célestes ne doivent jamais se trouver mêlés avec ceux qui sont sur la terre. La promesse de la première place dans la bénédiction terrestre appartient à Israël, et, en conséquence, cela ferait une confusion extrême, si les saints célestes, les saints glorifiés, se trouvaient mêlés avec les hommes encore dans leurs corps naturels dans ce monde. De fait, une des plus fortes objections que bien des chrétiens font au règne de Christ sur la terre, a pour base l’idée que la doctrine de l’avènement pré-millénial de Christ suppose que les saints glorifiés doivent être mêlés avec les personnes qui seront alors en vie ici-bas. Mais c’est là une grande erreur. L’Église aura sa gloire propre ; mais il y aura, d’ailleurs, deux ordres ou sphères de bénédiction, et l’une d’un caractère plus élevé que l’autre. Toutes les choses qui sont dans les cieux seront réunies sous l’autorité de Christ ; mais en outre, dans le même temps, toutes les choses qui sont sur la terre seront sous le même gouvernement. Tel est le caractère spécial du millénium. Il y aura en haut la portion céleste, et la portion terrestre en bas, réunies ensemble, mais non pas confondues. C’est ce qui est nettement enseigné en Éphésiens 1, 10, où l’apôtre dit que Dieu nous a fait connaître « le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, lequel il s’est proposé en lui-même pour l’administration de la plénitude des temps (savoir), de réunir en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre en lui ». Je n’ignore pas qu’il en est qui pensent qu’il s’agit là de la dispensation évangélique actuelle. Mais c’est sans fondement. L’Église n’est pas un rassemblement de toutes les nations, mais, au contraire, un corps élu tiré d’entre elles toutes. Elle n’a jamais été ni ne sera jamais un rassemblement en un de toutes les nations, de tous les peuples, de toutes les tribus, et de toutes les langues. De plus, c’est d’un rassemblement de toutes choses que parle ce verset. Il existe un rassemblement ensemble des enfants de Dieu, car Christ est mort pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés ; mais ici il est question de choses et non de personnes. Quand sera arrivé le moment où l’administration glorieuse dont l’apôtre parle doit être introduite, toutes choses seront placées sous l’autorité de Christ. En droit, Christ a bien toutes choses sous Son autorité maintenant, mais il n’en est pas encore ainsi comme fait réalisé et manifesté.

Daniel ne dit pas que tout doit être mis sous l’autorité du Fils de l’homme, et le Saint Esprit ne révèle pas non plus dans l’Ancien Testament ce secret de la volonté de Dieu : il y est parlé de la grandeur du royaume sous tous les cieux. Mais le Nouveau Testament nous en dit davantage ; il nous apprend que, dans le même moment où toutes les choses qui sont sur la terre seront mises sous le gouvernement de Christ, toutes les choses qui sont dans les cieux y seront mises aussi. Et ce ne sera pas simplement par Sa providence, comme c’est le cas aujourd’hui, que Christ gouvernera, mais personnellement et d’une manière directe. Naturellement le Seigneur est au-dessus de Satan, le dieu et le prince du monde actuel. Il agit maintenant par Sa providence, et, en outre, Il a pleinement et personnellement droit à toute gloire, céleste et terrestre. Mais le temps, où Il veut faire valoir Son droit, et prendre en mains le gouvernement de toutes choses, est encore à venir. S’Il l’avait aujourd’hui d’une manière immédiate, toute méchanceté serait réprimée, personne ne pécherait sans être frappé du jugement ; et on ne verrait pas non plus le juste souffrir, ni le méchant prospérer. Tout cela prouve que, dans le sens plein et réel du mot, le Seigneur Jésus Christ ne règne pas encore, quelque véritable que soit Son règne pour la foi. Voyez, par exemple, au psaume 97 : « L’Éternel règne ». On cite cette parole comme si elle s’appliquait au temps où le Saint Esprit la faisait écrire, ou du moins au temps actuel. Mais celles qui suivent réfutent cette manière de voir, parce que lorsque l’Éternel régnera dans le sens que l’entend le psaume, la terre se réjouira, etc. Tandis que nous savons parfaitement par Romains 8, pour ne pas parler de l’expérience de tous les jours, que la terre gémit dans la misère, et que toute la création soupire et est en travail jusqu’à maintenant, ce qui est tout le contraire de se réjouir. Mais quand les Psaumes recevront leur plein accomplissement, toute la création sera délivrée et tressaillira d’allégresse sous le règne de Jéhovah. Certes, la foi a raison de dire que l’Éternel règne aujourd’hui ; mais Il n’exerce pas encore sur la terre Son pouvoir royal. Quand Il commencera à le faire, tous les adversaires devront être renversés, et par conséquent il devra y avoir le jugement. La Bête et le faux prophète furent mis de côté, ainsi que nous voyons chapitre 19, et alors vient le règne. Et quoique tous ne doivent pas être convertis, il ne sera pas toléré de péché manifeste. Il se peut que ce ne soit qu’une « obéissance feinte » qui sera rendue par une portion considérable de ceux qui se trouveront sur la terre, mais ce n’en sera pas moins encore, sous quelque rapport, de l’obéissance, même de la part des « enfants de l’étranger ». Tel est le vrai caractère du règne millénial. Ce sera un temps, non pas où il n’y aura pas de mal, mais où le mal sera supprimé par la présence du Seigneur ; où la gloire céleste sera en relation immédiate avec la terre délivrée et joyeuse ; où le peuple terrestre sera restauré dans son pays propre, converti, et confessant ce bien-aimé qu’avaient crucifié leurs pères, car ces mêmes circonstances auxquelles je fais allusion sont décrites, au moins pour ce qui concerne la terre, en Zacharie 12-14. Dans le dernier chapitre, l’Éternel est « roi sur toute la terre : en ce jour-là il n’y aura qu’un seul Éternel, et son nom ne sera qu’un ». Voilà précisément le millénium. Toutes les nations montent pour confesser l’Éternel : si quelqu’une d’elles s’y refuse, elle sera châtiée. L’Esprit de Dieu signale d’une façon particulière le châtiment dont seront frappées les nations qui ne monteront point pour célébrer la fête des tabernacles : la pluie leur sera retenue. En Égypte, où on ne se ressentirait pas d’une privation pareille, la terre ayant d’autres sources de fertilité, la punition sera d’une autre nature, ce sera « la plaie dont l’Éternel frappera les nations », etc. La prophétie nous montre donc clairement la gloire terrestre sous le règne de Christ. Éphésiens 1 ne nous a pas montré simplement la gloire céleste, mais la réunion sous Christ de toutes choses, tant des choses qui sont dans les cieux que de celles qui sont sur la terre. Non pas qu’elles doivent être mises toutes au même niveau, mais elles feront toutes partie d’un seul et même système, comme ayant un seul et même chef au-dessus de tout, à savoir Christ. Mais l’Église n’est pas comprise dans aucune de ces deux catégories de choses. Nous ne sommes confondus ni avec l’une ni avec l’autre : au contraire, il est fait mention de nous comme ayant obtenu en Christ un héritage sur toutes choses. L’Église ne doit pas être seulement un peuple glorieux sur lequel Christ doit régner. Nous sommes héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ — non pas simplement héritiers sous Christ, mais avec Lui — conformément au type si remarquable qui en fut donné dès le commencement de l’histoire de l’homme, où, tandis qu’Adam avait la gloire d’être chef sur ce bas monde, sa femme participe à l’empire, en vertu de son union avec lui. L’Église est l’Ève spirituelle du Seigneur Jésus, l’Épouse du dernier Adam. Ceci peut expliquer un peu la force des expressions d’Éphésiens 1, 10, 23, et nous montre l’importance du jour que nous contemplons en Apocalypse 20. Car « les mille ans » correspondent à cette même période où l’administration sera dans les mains du Seigneur Jésus, où Il sera exalté et manifesté comme Chef sur toutes choses, et où l’Église participera à tout avec Lui.

Une autre remarque que je voudrais ajouter, c’est que le Nouveau Testament seul nous donne la période du règne, et en précise la durée comme devant être de mille ans. Presque toute la prophétie s’y rapporte, mais ce n’est qu’ici que nous apprenons quelles limites lui sont assignées, et dans quelle relation il doit être avec l’état éternel qui lui succède.

Dans un sens, Christ régnera, et les saints aussi, aux siècles des siècles. La chose est positivement ainsi enseignée, indépendamment du temps, par exemple en Romains 5, 17, où il est dit : « Ceux qui… régneront en vie par un seul, Jésus Christ ». Cette parole ne se rapporte pas particulièrement au règne millénial, qui n’est qu’une partie du privilège de régner en vie par le Christ Jésus. Notre vie en Christ étant une vie éternelle implique, selon moi, que, dans un certain sens aussi important que réel, il y aura une manière de régner glorieusement avec Christ, qui durera éternellement. Mais, d’un autre côté, lorsqu’il s’agit d’un royaume donné à Christ, que Christ remet avant la fin à Dieu le Père, ce règne spécial pour un temps limité a aussi une portée pour les saints célestes. Naturellement la gloire proprement divine de Christ est distincte de ces gloires-là et ne saurait être communiquée à personne. Mais Dieu a parlé d’une récompense spéciale — la récompense des souffrances endurées pour Christ : « Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui » ; « Si, du moins, nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui ». Tout cela a trait au règne millénial. Christ sera alors publiquement exalté dans le monde, au lieu même où Il fut méprisé et rejeté ; et les saints seront publiquement exaltés avec Christ sur la scène même de leur opprobre et de leur souffrance, où ils avaient suivi Christ d’un pas bien faible et bien chancelant, sans doute, mais où ils s’étaient tenus attachés au nom de Jésus malgré la persécution et l’opprobre. Mais outre ces récompenses spéciales, il y a la gloire, la félicité, et la joie qui ne passeront jamais.

Le millénium sera un temps où bien des âmes seront amenées à la connaissance du Seigneur. Ce sera la grande moisson de la bénédiction : le temps célébré avec tant de ravissement dans les Psaumes et les Prophètes, où la connaissance de l’Éternel couvrira la terre comme les eaux couvrent le fond de la mer ; ce qui n’implique pas nécessairement que tous ceux qui connaîtront la gloire de Jéhovah, connaîtront Sa grâce, et seront convertis. Toutefois, beaucoup seront amenés au Seigneur. Mais il sera aussi donné en ce même temps une vraie et réelle connaissance de Dieu, car le Saint Esprit sera répandu d’en haut d’une manière spéciale dont le jour de la Pentecôte ne fut, comparativement, que comme la pluie de la première saison, tandis que ce sera alors comme la pluie de la dernière. La Pentecôte fut la figure anticipée de la plénitude de bénédiction à venir — plus grande au moins en étendue — qui sera réalisée dans le millénium.

Or, les saints de « ce jour-là » ne connaîtront jamais la souffrance comme un privilège — ne sauront jamais ce que c’est que suivre Christ dans l’opprobre, et qu’être rejeté avec Lui. En conséquence, ils ne régneront pas dans le royaume. Tous les saints, à partir du commencement et jusqu’au millénium, auront souffert plus ou moins avec Christ. Mais l’Église ayant connu prééminement la communion de Ses souffrances, aura une gloire toute spéciale ; tandis que les saints qui seront amenés à la connaissance du Seigneur après que le millénium aura commencé, et qui n’auront jamais connu les souffrances de Christ, ne participeront pas au royaume. Les saints antérieurs au millénium auront place et part dans l’économie de la gloire, et ils seront changés parce que la corruption ne peut jamais hériter de l’incorruptibilité. Aussi, quand ils sont introduits là où Dieu fait toutes choses nouvelles, portent-ils, sans qu’il puisse exister à cet égard le moindre doute, la ressemblance de Christ, par la raison qu’ils font partie du dernier Adam ; et comme ils sont en connexion avec Christ, et qu’ils ont Sa vie, cette vie aura toute son efficace tant à l’égard du corps qu’à l’égard de l’âme : ils seront changés en Sa ressemblance. Il est vrai que pour ce qui concerne les saints de la période milléniale, nous n’avons pas de déclaration positive sur le moment où ce changement aura lieu. Toutefois, nous pouvons, ce me semble, déduire de principes généraux, que ce sera dans l’intervalle qui s’écoule après que le millénium a pris fin, et avant que les nouveaux cieux et la terre nouvelle apparaissent avec leurs bienheureux habitants. Mais ce silence de l’Écriture a donné lieu à ce que quelques-uns se soient laissés entraîner à l’idée étrange que les saints de la période milléniale resteront dans leur corps naturel, prenant et donnant en mariage durant toute l’éternité ! Une pareille idée ne trouve aucune espèce de fondement dans la Parole de Dieu. On l’a déduite de l’idée qu’il fallait toujours interpréter l’expression « aux siècles des siècles », « à toujours », « éternellement », dans les versions françaises, comme si elle devait, nécessairement et dans tous les cas, signifier l’éternité. Or, dans quelques passages, elle a en effet cette signification, mais elle ne l’a pas dans d’autres. Supposé que Dieu parle d’un état de choses terrestre, et qu’Il emploie l’expression « régner aux siècles des siècles », comme c’est le cas en Daniel 7 et Luc 1, on ne saurait la prendre d’une manière absolue. La portée des mots doit être limitée par le sujet dont Dieu parle. C’est ainsi que, dans les choses humaines, si un homme achète une maison « pour toujours », cela ne veut pas dire qu’il l’achète pour toute l’éternité, mais pour tout le temps que le monde existera sous sa forme actuelle : son droit subsiste aussi longtemps que la terre elle-même, en tant que laissée entre les mains de l’homme. C’est dans le même sens que Dieu se sert de l’expression « aux siècles des siècles » (à toujours, éternellement) en parlant des choses de la terre et de Son peuple terrestre. Seulement, le cas est beaucoup plus fort que dans les transactions humaines ordinaires, car une révolution peut laisser de côté et même détruire tous les actes d’acquisition pareils, tandis que le royaume de Christ devant lequel toute autorité contraire doit s’incliner et disparaître, est ce qui garantit à Israël, etc., l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu. L’expression « régner sur la maison de Jacob » ne peut donc qu’être modifiée par cette idée-ci — aussi longtemps que la maison de Jacob existe comme telle. Mais quand c’est en rapport avec les nouveaux cieux et la terre nouvelle, et dans sa pleine signification, que cette expression est employée, Israël n’est plus trouvé dans son existence nationale terrestre : de semblables distinctions s’évanouissent quand les hommes sont ressuscités d’entre les morts ou changés. S’agit-il de vie éternelle, ou d’éternelle punition, il nous faut prendre l’expression dans son sens le plus étendu, parce que les choses ne se rapportent pas à la terre : elles appartiennent à l’état de résurrection. S’agit-il, au contraire, de choses terrestres, elle doit être prise dans son sens restreint. Mais s’applique-t-elle aux choses en dehors de ce monde, il faut la prendre absolument dans toute son étendue. Or, en Daniel 7, 27, il est dit que « le royaume sous tous les cieux » (vers. angl.), qui est donné au peuple des saints du Souverain, est un royaume éternel. C’est là, je pense, la même période que celle qui est appelée ici les mille ans. Dans le Nouveau Testament, le Saint Esprit nous donne le développement complet de toutes les voies de Dieu, et nous fait voir que ce qui peut avoir semblé aux saints de l’Ancien Testament être un état de choses absolument éternel, est limité et qualifié par des révélations ultérieures qui nous y révèlent deux stages, pour ainsi dire, au lieu d’un. Ainsi, le royaume terrestre dont il est parlé en Daniel doit être « éternel » dans ce sens qu’il ne sortira jamais de dessous la domination de Christ, ne Lui sera jamais retiré et donné à un autre (comme les empires précédents ont été retirés à leurs chefs respectifs), mais restera en Ses mains, et dans les mains des saints du Très-haut, aussi longtemps que Dieu aura un royaume terrestre. Lorsque l’état de choses terrestre prend fin, et que le royaume est remis, le règne de Christ se poursuit éternellement, quoique d’une autre manière, car dans l’état éternel il ne s’agira plus évidemment du fait que tous les peuples, toutes les nations, et toutes les langues doivent Le servir.

Ce chapitre passe rapidement sur l’état millénial, pour ce qui concerne les hommes qui seront alors sur la terre ; et si on désire considérer la partie terrestre des mille ans, c’est à l’Ancien Testament qu’il faut recourir. Là il en est parlé constamment comme de « ce jour-là » — le jour où les Gentils seront introduits et bénis — où le nom de Dieu sera exalté — où tout train de guerre aura disparu ; le jour où le désert se réjouira et fleurira comme le jardin d’Éden, et où ceux dont l’Éternel aura payé la rançon viendront en Sion avec chant de triomphe et une joie éternelle sera sur leur tête — où la douleur et le gémissement s’enfuiront. Telles sont les descriptions que le Saint Esprit nous donne de la bienheureuse période du royaume. Plusieurs ont été disposés à prendre dans un sens figuré ces tableaux prophétiques du millénium : mais il faut bien qu’ils admettent que ces images peuvent être beaucoup plus pleinement accomplies qu’ils ne le supposent. En d’autres termes, je vois dans les brillants récits que nous trouvons dans les prophéties de l’Ancien Testament touchant le millénium, des emblèmes d’une riche et abondante bénédiction qui doit se répandre réellement sur la terre. Sans doute que ces figures peuvent avoir aussi une signification spirituelle ; mais tout en admettant cela, nous ne voulons point enlever aux mots leur sens simple et naturel. Ainsi, par exemple, l’Écriture parle du loup et de l’agneau et d’autres animaux qui aujourd’hui se dévorent les uns les autres, comme vivant alors paisiblement ensemble. Rien n’empêche de faire une application figurée de ces termes et de s’en servir pour décrire ce qui sera moralement vrai des hommes — quoique, pour ce qui me concerne, je ne croie pas que ce soit là leur portée réelle. Car pourquoi Dieu ne ramènerait-Il pas les créatures qu’Il a faites et auxquelles Il porte beaucoup plus d’intérêt qu’on ne le suppose, à une condition pour le moins aussi bonne que celle dans laquelle elles furent créées ? Pourquoi Dieu ne supprimerait-Il pas toutes les tristes conséquences que le péché a amenées, physiquement aussi bien que moralement ? Les effets du péché d’Adam se sont étendus bien au-delà de sa propre race : tout ce qui avait été placé sous sa domination est tombé dans le désordre et dans la ruine. Et cette idée de l’état de ruine où toutes choses se trouvent, n’est pas simplement un fruit de l’imagination, non plus que cette manière de présenter la prophétie de l’Ancien Testament. C’est la doctrine clairement et positivement établie dans le chapire 8 de l’épître aux Romains. Il est écrit là que « la création a été assujettie à la vanité, non de sa volonté, mais à cause de celui qui l’a assujettie ». Ce passage dit la chute de celui qui avait été établi sur la création : il tomba, et la création qui avait été assujettie à Adam, tomba en même temps que lui. C’est lui qui l’assujettit à la vanité ; la misère et la mort entrèrent par lui. Car il n’y a pas de raison pour supposer que la mort eût plus régné sur la création purement animale du monde adamique, que sur l’homme, si le péché ne fût pas entré. Je n’ignore pas que les savants de ce monde parlent souvent de débris fossiles qui prouveraient que des animaux sont morts avant la création de l’homme. Je n’entre pas dans de pareilles recherches, mais je dirai seulement que sous Adam il n’y avait pas le même état de choses. Supposé maintenant que les faits signalés par les géologues, et les inductions qu’ils en tirent, soient véritables, comme l’Écriture garde un silence absolu à l’égard des animaux qui ont pu avoir été formés et détruits sur la terre avant qu’Adam eût été créé, je désire faire de même dans l’explication que j’essaie d’en donner. Il est des questions qui n’ont aucune importance morale, et dont en conséquence un chrétien n’a pas à s’occuper. Mais j’ajoute que ces théories, lors même qu’elles soient vraies, ne sont pas le moins du monde en contradiction avec l’Écriture ; car il n’existe pas le plus petit indice que l’homme ait été en rapport avec l’état de choses antérieur à Adam, et l’Écriture le passe sous silence, ayant hâte, ce semble, d’arriver à ce qui se rattache immédiatement à lui. Aussitôt que la race humaine se trouve sur la terre, les voies morales de Dieu se développent graduellement. Mais bientôt l’homme tomba, et la création fut dégradée par la chute de son chef. La mort, pour ce qui est du monde adamique, entra par la désobéissance d’Adam — la mort directement quant aux hommes, et comme conséquence, ses ravages s’étendirent à toute la création animale inférieure.

Quand le second Adam, exalté au-dessus des cieux, viendra de nouveau, Il n’aura pas simplement une domination comme celle que possédait le premier Adam. Toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre seront soumises à Son glorieux pouvoir : pas un lieu, pas une créature dans tout l’univers de Dieu, qui n’éprouve les effets de cette puissance glorieuse par laquelle Il peut même s’assujettir toutes choses. Ainsi, si jadis l’homme tomba, introduisant le péché, la mort et la misère, et si tous les efforts de sa race pour remédier au mal, au-dehors et au-dedans, n’ont été que des palliatifs et non une véritable cure, le Seigneur Jésus sera le bon, le souverain, le tout-puissant médecin qui guérira tous les maux et toutes les souffrances de la création. Et Dieu aussi aura de la joie — Sa propre joie — en soulageant toute la misère amenée par le péché, conformément à Son estimation de la valeur de Son Fils. Et si, jusques alors, tout n’a fait que remplir pour l’homme la coupe de malheur, quel temps béni ne sera-t-il pas, celui où Dieu reprendra l’histoire à l’inverse, et où Son propre Fils, tant méprisé et rejeté jadis, occupera le trône de Sa double gloire, Sa gloire céleste et Sa gloire terrestre ! Ce temps où la méchanceté sera supprimée, et la justice exaltée à toujours, non pas simplement par la puissance et la gloire, mais par Celui qui avait d’abord porté en grâce le poids de toutes les douleurs, et souffert sur la croix toutes les conséquences de la malice, conformément à la parfaite sainteté de Dieu ! Quelle douceur aussi dans la pensée que Dieu fera voir là qu’il n’y a pas un mal, pas une dégradation, pas une angoisse, pour lesquels Il n’ait pas en Son Fils et par Lui une réponse appropriée et glorieuse ! Car Il déploiera alors toute Sa puissance pour glorifier Son Fils en présence de toute chair, de ceux-là même qui envoyèrent après Lui ce message : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». Mais lorsque ce Bien-aimé reviendra après avoir reçu le royaume, et qu’Il régnera comme le Fils de l’homme ressuscité et exalté, toute la création éprouvera les réjouissants et bienheureux effets de la suprématie et du gouvernement du Seigneur.

Le Seigneur veut qu’Israël occupe sur la terre une position élevée, et que, eux, qui ont été si particulièrement Ses ennemis acharnés, ils entonnent le cantique de louange avec leur Messie que jadis ils rejetèrent, mais qui, désormais, est au milieu de l’assemblée. C’est alors qu’ils reprendront le psaume 100, le psaume d’actions de grâces, et inviteront tous les pays à venir et à célébrer l’Éternel, et même à entrer dans Ses parvis avec des louanges. Quel contraste avec tout ce qui s’est passé jusqu’ici, et se passe encore maintenant ! Combien c’est différent de la haine que les Juifs ont toujours montrée pour quiconque voulait porter le message de grâce aux Gentils ! Quand Paul, en effet, leur raconte comment le Seigneur lui avait dit, pendant qu’il priait dans le temple de Jérusalem : « Va, car je t’enverrai au loin vers les nations » — ils l’écoutèrent jusqu’à ce mot ; mais c’était plus que leur cœur orgueilleux ne pouvait supporter, aussi élevèrent-ils leur voix, disant : « Ôte de la terre un tel homme, car il ne convient pas qu’il vive ». Mais combien la grâce aura changé et élargi le cœur étroit de ceux d’Israël, quand ils sortiront eux-mêmes pour porter les invitations de la miséricorde aux Gentils qui les avaient accablés d’outrages dans toutes leurs fatigantes pérégrinations sur la terre, et qui avaient foulé aux pieds Jérusalem durant tous les temps que Dieu leur avait assignés !

Les Juifs, comme Caïn, ont sur eux la marque de l’Éternel, afin qu’ils ne s’éteignent pas entièrement, nonobstant le meurtre dont ils se sont rendus coupables. Mais dans le dernier jour, le Seigneur leur donnera la repentance, et à partir de là ils seront les hérauts convenables et bénis de Sa grâce jusque dans les parties de la terre les plus lointaines.

Ce temps de bénédiction sous le Messie est ce que nous trouvons si fréquemment et avec tant de détails dans les écritures de l’Ancien Testament. Les évangiles, aussi, s’ouvrent en nous montrant les saints juifs nourrir des espérances pareilles. Mais à mesure que les choses se dessinent d’une manière plus décidée dans le sens de la réjection de Christ, il y rayonne une nouvelle mesure de lumière, jusqu’à ce qu’à la fin, la rédemption étant accomplie, le Saint Esprit fut envoyé du ciel, et manifesta pleinement la pensée de Dieu. C’est alors que la distinction entre le royaume et l’état éternel fut clairement établie et mise dans tout son jour (1 Cor. 15, 24-28). Il fut montré que le règne terrestre de Christ qui, d’après l’Ancien Testament, aurait pu paraître d’une durée sans limites, aura, en réalité, un terme quand Il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance.

Beaucoup de personnes croient que l’état de choses que le millénium verra réalisé, doit être amené progressivement par la prédication de l’évangile et les autres moyens d’action actuellement en œuvre. Sans doute, ils comptent que Dieu bénira cette activité dans une mesure plus grande encore que ce n’est le cas aujourd’hui, car il n’est pas de chrétien, peut-être, qui voulût affirmer que les apparences actuelles autorisent une attente semblable. Mais on pense que s’il y avait un nombre plus considérable de serviteurs de Dieu, qu’il plût à Dieu de bénir en tout lieu la Parole pour la conversion des multitudes, et qu’un esprit d’amour, d’union, et de dévouement prévalût davantage parmi ceux qui aiment le nom de Christ, ce qui en résulterait serait le règne de Christ sur la terre.

Mais, voudrais-je demander, comment savons-nous qu’il doit y avoir un millénium ? Vous répondez : Par la Parole de Dieu. Et de quelle manière le millénium doit-il être amené ? L’humilité devrait répondre : Il nous faut aussi apprendre cela de la Parole de Dieu. Nous reconnaissons tous que la terre doit être remplie de la connaissance de l’Éternel comme les eaux couvrent le fond de la mer. — De quelle manière cela doit-il être effectué ? C’est une chose remarquable que dans le passage même (És. 11, 9) où ces paroles se trouvent, le Saint Esprit donne à entendre que le jugement doit précéder ce temps de bénédiction (voyez v. 4). Nous y apprenons que la connaissance de l’Éternel doit se répandre de toute part et devenir universelle à la suite de l’intervention par laquelle Il aura frappé la terre par la verge de Sa bouche et aura fait mourir le méchant par l’esprit de Ses lèvres — le passage même que l’apôtre Paul applique à la destruction de l’Antichrist, l’homme de péché en 2 Thessaloniciens 2, 8. Le Seigneur le consumera par le souffle de Sa bouche et l’anéantira par l’apparition de Sa venue.

Il est donc parfaitement vrai, et reconnu de tous, qu’il doit y avoir un temps millénial de bénédiction sur la terre ; et voici la réponse à la question concernant la manière dont ce temps doit être amené : la même portion de l’Écriture qui nous révèle ce changement béni, nous déclare que c’est le Seigneur qui l’effectue Lui-même, en venant et frappant le méchant ; en d’autres termes, c’est par le jugement qu’il est amené, et non point par la prédication de l’évangile. L’évangile est de toute importance pour appeler les âmes de la terre au ciel ; mais ce n’est pas par lui que Dieu veut en agir avec le monde et le remplir de bénédiction. Il est le moyen par lequel se fait le rassemblement de l’Église tirée du monde pour Christ. Lorsque le jugement aura eu pleinement son cours, le Seigneur enverra Ses serviteurs. Le Seigneur prononcera la parole, et grande sera la compagnie de ceux qui la publieront. « La loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel sortira de Jérusalem ». La dispensation actuelle est une dispensation qui a pour objet de rassembler, en séparation d’avec le monde. L’évangile doit bien être prêché à tous, mais ce n’est point dans la vaine espérance que tous doivent jamais y croire. Aussi, le Seigneur, en Marc 16, tout en ordonnant à Ses disciples d’aller par tout le monde, et de prêcher l’évangile à toute la création, prend-Il soin d’ajouter : « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé ; et celui qui n’aura pas cru sera condamné ». Il les prépare à ne compter pour leur message que sur un accueil partiel et individuel. De cette manière ils ne devaient pas se sentir découragés et abattus s’il ne se trouvait çà et là que quelques personnes qui reçussent la parole de vie. Peut-être n’y aurait-il qu’un Denys, l’Aréopagite, et une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux. Et qu’étaient ces quelques personnes relativement aux multitudes qui entendirent l’apôtre sur la colline de Mars ? C’était un sujet de joie et d’actions de grâce, d’apprendre que quelque âme avait cru à la vie éternelle, car c’est ainsi que Dieu préserve Ses serviteurs de l’abattement. Il est bon de savoir que tous ne vont pas recevoir l’évangile, mais que Dieu accomplit Ses propres desseins. C’est pourquoi, quand le Seigneur bénit la Parole, et réveille çà et là la conscience d’un pauvre pécheur, il y a lieu de se réjouir. Mais nous savons que pour ce qui est du monde considéré comme un tout, le mal croîtra et « les hommes méchants et les imposteurs iront en empirant, séduisant et étant séduits ». Comment cela peut-il arriver, si la bénédiction milléniale doit être le résultat de l’œuvre d’évangélisation à laquelle travaillent aujourd’hui les chrétiens ? Mais le Seigneur doit frapper la terre de la verge de Sa bouche et faire mourir le méchant par le souffle de Ses lèvres, qui est dit être comme un torrent de soufre (És. 30, 33) ! Est-ce là l’évangile ? C’est tout le contraire, précisément — une figure de jugement de destruction. L’évangile délivre de Topheth, mais ce jugement du Seigneur y précipite d’une manière irrévocable. C’est donc, évidemment, un jugement qui procède de la main de Dieu Lui-même, et non point un jugement que l’homme, et bien moins encore l’Église, doive frapper. Ce n’est pas l’affaire de l’Église de précipiter dans Topheth. Nulle puissance, si ce n’est celle de Dieu, ne peut livrer à l’enfer.

Mais il y a une autre chose qui caractérise le millénium — Satan lié dans l’abîme. L’Église peut-elle lier Satan ? Et quelqu’un affirmera-t-il que Satan peut être absolument empêché de séduire aujourd’hui le monde ? Or, jusqu’à ce qu’il soit lié, il ne saurait y avoir de bénédiction universelle pour le monde ; et tout chrétien est obligé de reconnaître que c’est Dieu seul qui peut lier ou briser Satan. Il peut bien pour le faire se servir d’un ange, ou s’associer les saints, ainsi que nous lisons en Romains 16, 20 : « Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds » : car l’Église est unie à Christ, et sera alors réellement avec Lui, à qui, comme la semence de la femme, il appartient de briser la tête du serpent ; mais la puissance qui le fait est en Christ, et non dans l’Église. Quand ce jour de jugement sera venu, Christ renversera tous les adversaires ainsi qu’il est dit : « Il frappera les nations, et les gouvernera avec une verge de fer » (Apoc. 19). Nous ferons la même chose en vertu de notre association avec Christ (Apoc. 2) ; et dans le règne de paix (Apoc. 20, 4, 6), nous Lui serons encore associés. C’est par l’Église, dans sa condition céleste, et non pas pendant que nous sommes sur la terre, que Satan sera ainsi brisé.

Mais il est parfaitement clair, d’un autre côté, que le millénium n’est pas exclusivement le règne des saints glorifiés ; la terre, comme telle, avec ses habitants, sera introduite dans la délivrance et la bénédiction. Nous avons vu cela en Éphésiens 1, 10, où se trouve la vraie clé du caractère de cette période merveilleuse — l’union de la gloire céleste et de la gloire terrestre sous une seule et même Tête, en qui, nous aussi, le corps, avons été faits héritiers. Il y aura sur la terre les Juifs et les Gentils bénis comme tels dans leurs corps naturels, tandis que les saints glorifiés seront les instruments de la bénédiction pour la terre.

Maintenant, la terre est un séjour misérable, et les hommes savent à peine jusqu’à quel point ils sont devenus des rebelles par le péché. Mais outre cela, il y a un ennemi invisible, un sombre et infatigable adversaire de Dieu et de l’homme, qui a à ses ordres ses armées de mauvais anges qu’il emploie comme instruments de sa séduction. Tout cela passera ; et ces mêmes lieux qui sont remplis maintenant de mauvais esprits, les lieux célestes (non pas, naturellement, le lieu où Dieu habite dans la gloire inaccessible, mais les cieux inférieurs qui sont en rapport avec la terre) seront une portion de l’empire de l’Église dans la gloire, et les saints célestes serviront de canaux et de moyens de joie et de bénédiction pour le monde, autant que les mauvais esprits sont maintenant les principaux agents de toute sa misère. Ils pourront bien, après le millénium, sortir pour un peu de temps de leur prison pour engager les nations éloignées de la terre dans une dernière conspiration contre le Seigneur, mais ils ne recouvreront jamais leur premier accès dans les lieux célestes où leur influence était la plus subtile et la plus dangereuse.

C’est alors que brillera pour le monde le jour de la plus grande gloire. Il va sans dire que je ne parle pas de la croix ; car, entre toutes les gloires qui seront jamais données à Christ, aucune ne saurait être comparée à la gloire si réelle et si profonde de Sa mort. C’est elle qui a, pour ainsi dire, rendu possible à Dieu de déployer Sa miséricorde conformément à Son propre cœur ; et, en conséquence, parmi toutes les joies et toutes les bénédictions milléniales, il ne s’en trouvera pas une seule qui ne découle de la croix de Jésus. Et plus encore, car elle a des conséquences éternelles, et non pas pour le millénium seulement. Toutefois, quelle que soit son importance, et quoiqu’il doive être un temps de bénédiction merveilleux, le siècle à venir, ou millénium, sera encore imparfait ; car il y aura encore sur la terre des hommes dans leur corps naturel, et bon nombre d’entre eux seront inconvertis. Conformément à cela, ce même chapitre nous montre qu’après l’expiration des mille ans, « Satan sera délié de sa prison, et sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat ; et leur nombre est comme le sable de la mer » (v. 7, 8). Ce trait-là ne se trouve point dans l’Ancien Testament ; car comme il ne donne pas à entendre que le règne doive prendre fin, il ne nous mentionne pas non plus la période où Satan sera délié. Les termes, dans lesquels le jugement qui tombe sur le méchant est mentionné là, pourraient s’entendre d’un seul coup qui terminera l’affaire. Nous apprenons d’Ésaïe que le lieu de la punition de l’armée superbe (vers. angl. de ceux d’en haut) sera en haut, comme les rois de la terre seront punis sur la terre. Il est évident que par l’expression « l’armée superbe », l’Esprit de Dieu ne fait pas allusion aux grands de la terre (car Il la place en contraste avec les rois de la terre), mais aux puissances de méchanceté qui sont dans les lieux célestes (comp. Éph. 6, 12). C’est exactement ce que nous trouvons, quoique avec plus de détails, en Apocalypse 12 ; 19 ; 20. Les rois de la terre reçoivent leur châtiment sur la terre, tandis que Satan et ses favoris, l’armée superbe, souffrent en haut. Satan est précipité sur la terre, et ses anges sont précipités avec lui. Leur place ne se trouve plus dans le ciel. Les détails ne sont point donnés jusqu’à l’Apocalypse. Ce jour verra le jugement de tous les ennemis en haut ou en bas. Que tel soit le caractère du jour millénial, n’exige pas de preuve.

Dans le chapitre suivant (És. 25, 6), il est dit : « Et l’Éternel des armées fera à tous les peuples en cette montagne un banquet de choses grasses, un banquet de vins purifiés (un banquet, dis-je), de choses grasses et moelleuses, et de vins sans aucune lie, bien purifiés ». C’est un temps de bénédiction comme on n’en a jamais connu auparavant. Et la bénédiction n’est pas limitée, comme c’est le cas maintenant, à un certain nombre de personnes recueillies d’une masse considérable, mais « l’Éternel des armées fera à tous les peuples en cette montagne », etc. « Cette montagne » signifie la Palestine, parce que elle sera pour toute la terre le lieu où l’Éternel sera exalté. Il va sans dire que c’est dans un sens moral et non dans un sens matériel qu’il faut prendre tout ceci. Remarquez ce que nous trouvons dans le verset suivant. « Et Il enlèvera en cette montagne l’enveloppe redoublée qu’on voit sur tous les peuples ». Le Seigneur détruira les ténèbres qui sont aujourd’hui sur la face de toutes les nations, « et la couverture qui est étendue sur toutes les nations ». Mais cette ère sera aussi caractérisée par la résurrection. « Il engloutira la mort en victoire », paroles par lesquelles le Saint Esprit fait évidemment allusion à la première résurrection mentionnée dans l’Apocalypse. Alors seulement la victoire est complète (comp. 1 Cor. 15). « Et le Seigneur l’Éternel essuiera les larmes de dessus tout visage, et il ôtera l’opprobre de son peuple de dessus toute la terre ; car l’Éternel a parlé ». C’est le temps de la bénédiction pour le peuple juif. « Et l’on dira en ce jour-là : Voici, c’est ici notre Dieu ; nous l’avons attendu, aussi nous sauvera-t-il ». Ici, ce sont bien incontestablement des personnes sur la terre qui ont besoin d’être sauvées. L’Église est sauvée déjà, et nous n’attendons point la venue de « ce jour-là » pour que notre Dieu nous sauve. Ceux-là seront sauvés au jour de la gloire ; nous sommes sauvés, nous, au jour de la grâce. « C’est ici l’Éternel ; nous l’avons attendu, nous nous égaierons et nous réjouirons de son salut. Car la main de l’Éternel reposera sur cette montagne, mais Moab sera foulé sous lui comme on foule la paille pour en faire du fumier ». Nous avons là un des ennemis d’Israël foulé, car ce doit être un jour de jugement aussi bien que de bénédiction. Dans le chapitre suivant (26) il est écrit : « En ce jour-là ce cantique sera chanté au pays de Juda : Nous avons une ville forte », etc. Et dans sa dernière partie à laquelle je désire renvoyer le lecteur à cause de son importance, Israël dit : « Nous avons conçu, et nous avons été en travail… nous ne saurions en aucune manière délivrer le pays », etc. « Tes morts vivront, même mon corps mort vivra, ils se relèveront ». « Tes morts » c’est-à-dire, le peuple juif qui est regardé figurément comme étant mort ; absolument comme en Ézéchiel où ils sont représentés non seulement comme morts, mais comme dans leurs sépulcres. Mais, de même que le Seigneur fait passer Son vent sur ses ossements desséchés, de telle sorte qu’ils vivent ; de même ici, « tes morts vivront, même mon corps mort vivra ». Il n’est pas dit simplement : Ton corps mort, mais Mon corps. Je les reconnais — ils sont à moi. Jéhovah se les approprie. Il les reconnaît pour siens, quelque morts qu’ils aient pu être. On ne les aura plus dans cet état ; ils se relèveront. « Réveillez-vous et vous réjouissez avec chant de triomphe, vous habitants de la poussière ; car ta rosée est comme la rosée des herbes, et la terre jettera dehors les trépassés. Va, mon peuple, entre dans tes cabinets, et ferme la porte sur toi ». Ceci ne ressemble pas à l’Église. Les saints célestes n’entrent point dans leurs cabinets sur la terre, mais ils sont enlevés pour être dans la maison du Père dans le ciel. Mais ici il est question du peuple juif. L’Esprit prophétique s’occupe de les consoler, et leur annonce qu’ils se relèveront de leur état dégradé, « car ta rosée est comme la rosée des herbes ». « Va, mon peuple… cache-toi pour un petit moment, jusqu’à ce que l’indignation soit passée ». L’indignation dont Dieu a été indigné si longtemps contre Son peuple, se changera désormais en indignation contre leurs ennemis. L’Assyrien dont Dieu s’est servi jadis comme d’une verge pour châtier Israël, doit maintenant subir lui-même sa sentence finale. « Car, voici, l’Éternel s’en va sortir de son lieu pour visiter l’iniquité des habitants de la terre commise contre lui ; alors la terre découvrira le sang qu’elle aura reçu, et ne couvrira plus ceux qu’on a mis à mort ». Et toutefois, c’est bien ici évidemment le temps où Dieu introduit le millénium, et nullement celui où il est passé. L’Éternel sort de Son lieu pour punir les habitants de la terre. Y a-t-il là quelque chose qui ressemble à l’évangile, puisque au lieu de proclamer la rémission de leurs péchés, Il vient pour les punir ? Certainement non. De plus, « en ce jour-là, l’Éternel punira de sa dure et grande et forte épée le léviathan, le serpent tortu, le léviathan, dis-je, serpent tortu, et il tuera la baleine (vers. angl. le dragon) qui est dans la mer ». Sans aucun doute, il y a là une allusion générale au méchant, Satan, l’ancien serpent. Seulement, il n’est pas envisagé ici comme quelqu’un qui occupait une place en haut, mais comme défait et rejeté ici-bas. Il n’est pas parlé de lui d’une manière aussi détaillée que dans l’Apocalypse, qui nous donne la pleine lumière de Dieu sur ce sujet et sur tous ses détails.

Une autre chose que nous apprenons de notre chapitre (Apoc. 20), c’est qu’à la fin du millénium, Dieu fera voir que le jour de la gloire (les mille ans, qui forment une partie du jour du Seigneur quand Satan est lié, et que le Seigneur Jésus règne d’une manière manifeste) ne convertira pas plus les âmes par lui-même, que ne l’ont fait le jour de la grâce et la publication de l’évangile jusqu’aux extrémités de la terre. Car si au jour de la grâce, le salut d’une seule âme exige la puissance immédiate de Dieu, naturellement il ne faudra pas moins que la même puissance ici-bas au jour de la gloire. Tandis que le Seigneur sera là, le mal sera tenu bas ; il n’y aura pas de chef pour guider l’homme dans son mal. Mais du moment qu’il est permis à Satan de sortir de son lieu et d’exercer sa puissance, on a la preuve manifeste que le cœur de l’homme n’est point changé. Il s’en va aux quatre coins de la terre pour séduire les nations, et il les rassemble pour leur ruine.

Ces nations sont appelées d’un nom symbolique, qui est une sorte d’allusion aux ennemis d’Israël mentionnés en Ézéchiel 38 ; 39. Mais ce ne sont pas les mêmes, et il faut les en distinguer soigneusement, car, en Ézéchiel, Gog est à la lettre un individu — le prince des vastes territoires et des peuples du nord-est, connus de nos jours comme l’empire de Russie. Gog sera alors le chef de cette contrée que l’Écriture appelle « le pays de Magog ». C’est là le véritable sens des mots rendus dans nos versions par « prince des chefs » et qui doivent être traduits par « prince de Rosh ». Mais à l’époque où les Écritures furent traduites en latin (version qui eut une grande influence sur celles qui suivirent), l’empire russe n’existait pas et ne pouvait être connu sous ce nom, le nord de l’Europe étant alors habité seulement par des hordes errantes de barbares appelés sarmates, scythes, etc. Ainsi, quand Jérôme, qui corrigea la vieille version latine, arriva au terme hébreu « Rosch », il crut qu’il devait être pris, non comme le nom d’un peuple, mais comme un nom commun signifiant « chef » ou « prince », juste comme il en est arrivé des Francs, dont le nom, outre qu’il est devenu celui de la contrée qu’ils avaient conquise, signifiait aussi « hommes libres ». De là vient probablement que dans nos versions « Rosh » été traduit par chef, ce que l’hébreu pouvait également bien supporter, si le contexte n’exigeait pas un nom propre. C’est pour cela, je suppose, que les traducteurs, ne connaissant pas de meilleure manière de le rendre, s’arrêtèrent à la vague expression de « prince des chefs de Méshec et de Tubal ». Cependant, c’est une chose bien connue que des personnes instruites qui n’avaient pas de lumière sur la prophétie, ou n’en avaient que partiellement — que des savants qui examinaient ce sujet il y a cent ans déjà, arrivaient à la conclusion qu’il fallait entendre par là la Russie. Mais ce qui est d’une importance beaucoup plus grande, c’est que la version grecque, ou celle des Septante, qui a été faite deux siècles avant l’ère chrétienne, a laissé ce mot tel qu’il est dans l’original, Rosh ; ils ne savaient pas quel lieu ou quelle race ce nom désignait, mais voyant que Méshec et Tubal étaient donnés comme des noms propres, ils comprirent de la même manière le mot précédent. Gog doit donc être réellement « le prince de Rosh, de Méshec et de Tubal » qui seront tous trouvés dans l’empire russe. Ézéchiel fait voir alors que, à l’époque où Dieu restaure Israël et le plante dans son propre pays, la Russie doit être le dernier grand ennemi qui monte pour l’attaquer, et trouve sa propre ruine, qui lui vient de la main de Dieu, sur les montagnes d’Israël. Sa prophétie ne porte pas, je pense, sur les événements actuels, sauf en tant qu’ils sont un acheminement à celui-là ; bien moins encore doit-on la confondre avec le rassemblement de Gog et de Magog décrit dans les versets 8, 9 (Apoc. 20). Impossible que les deux passages aient trait au même événement. En effet, le prophète juif parle d’une vaste confédération qui est antérieure au millénium, ou du moins a lieu dans ses tous premiers jours ; tandis que celle dont il s’agit dans l’Apocalypse ne se forme qu’après que les mille ans sont écoulés. Je pense qu’ici Gog et Magog sont purement et simplement des expressions symboliques qui ont, il est vrai, leur fondement dans le prophète de Kebar, mais qui en sont entièrement distinctes. La prophétie d’Ézéchiel reçoit son accomplissement lorsque Israël est restauré (voyez chap. 36 ; 37). Gog monte quand le peuple habite dans ses villes sans murailles, et il pense en faire pour cette raison aisément sa proie. Mais l’Éternel intervient : Gog est détruit, et Israël vit et prospère paisiblement dans son pays. Ici (Apoc. 20), ce sont des symboles empruntés aux circonstances de l’Ancien Testament, mais appliqués à des temps bien postérieurs. Le dernier ennemi qu’Israël eut à combattre avant le millénium était le véritable Gog, Gog dans le sens littéral ; la dernière rébellion qui a lieu après lui tire son nom de cet effort bien mémorable des nations extérieures à la Palestine. D’innombrables essaims de peuples venus des quatre coins de la terre, sous la conduite de Satan, répéteront (ce qui ne sera plus jamais répété) ce que le chef russe aura fait avant elles. Ils monteront sur la largeur de la terre, et ils environneront le camp des saints et la ville bien-aimée. Il va sans dire que c’est du peuple et de la ville terrestre qu’il s’agit, car Israël sera alors un corps de saints, un peuple saint, et Jérusalem sera la ville bien-aimée, non pas de nom seulement, mais, en réalité, alors, la ville du grand Roi. Ces nations montèrent et les environnèrent, et Dieu sera forcé, s’il m’est permis de parler de cette manière, de les détruire pour toujours. « Et du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora » (v. 9). Le feu est constamment la figure du jugement de Dieu. C’est ainsi qu’ils périssent. Leur chef n’est point atteint par ce jugement : un sort pire lui est réservé. « Et le diable qui les avait séduits fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où aussi sont la Bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles ». Ceux qui le suivaient sont détruits par un jugement divin sur la terre, mais le diable, qui les avait entraînés par ses impostures, est jeté dans l’étang de feu et de soufre.

Mais il y a encore une autre scène — la plus solennelle de beaucoup pour l’homme, et où tout est réellement solennel. « Et je vis un grand trône blanc, et celui qui est assis dessus, de devant la face duquel la terre s’enfuit et le ciel ; et il ne fut point trouvé de lieu pour eux » (v. 11). Remarquez cela. Il est beaucoup de personnes qui supposent que c’est là le temps de la venue du Seigneur, et qui, en conséquence, placent le millénium avant Sa venue. Mais cette opinion ne peut soutenir la lumière de l’Écriture. Sans recourir à des preuves en dehors de ce chapitre, je voudrais prendre une autre voie qui est courte et simple, et à mon avis, parfaitement concluante sur cette question. Quand le Seigneur Jésus vient, Il vient à la terre depuis le ciel. Telle est généralement, autant que je puis le savoir, la foi de tous ceux qui ont sur ce point des pensées précises. Or, ce n’est point ce que nous trouvons ici ; car le Seigneur est assis sur un grand trône blanc, et au lieu de Sa venue du ciel à la terre, c’est la disparition de la terre et du ciel à la fois qui nous est présentée. Impossible qu’il s’agisse de la venue du Seigneur à la terre, car il n’existe plus de terre à laquelle Il puisse venir. Tout le système de la terre et du ciel, tels qu’ils sont maintenant, aura disparu de la scène — aura été, non pas anéanti, mais détruit ; car il y a une grande différence entre ces deux idées. Toutefois, la terre n’est plus trouvée occupant sa place : elle a disparu. Le grand trône blanc n’est dont point en aucune façon sur la terre ; car la terre et le ciel se sont enfuis de devant la face de Celui qui est assis sur le trône, et il ne fut point trouvé de lieu pour eux. Et de peur qu’on ne pensât que leur fuite n’était qu’une simple figure de langage, il est ajouté qu’il ne fut point trouvé de lieu pour eux. Ainsi que c’est annoncé en 2 Pierre 3, ils seront dissous, et leurs éléments se fondront par l’ardeur du feu. Remarquez donc qu’au moment où Christ est vu assis sur le grand trône blanc, la terre et le ciel se sont enfuis. Quelle conséquence devons-nous tirer de cela ? Ou bien que le Seigneur Jésus Christ doit être venu auparavant, ou bien qu’Il ne viendra jamais sur la terre ; car ce ne serait nullement la même chose que de supposer qu’Il viendra seulement sur la terre nouvelle après que tout jugement, même celui des méchants morts, sera passé. Or, nous savons que « le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils »« établi de Dieu juge des vivants et des morts ». La foi générale des chrétiens est qu’Il viendra sur cette terre-ci. Un jour qui est encore futur, Ses pieds se tiendront debout sur la montagne des Oliviers qui est vis-à-vis de Jérusalem du côté de l’orient, et qui, dès ce moment-là, doit être non pas détruite, mais fendue par le milieu en témoignage de cet événement solennel. Toutes ces circonstances ne sauraient s’appliquer à ce que saint Jean nomme les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Lorsque le grand trône blanc apparaît, la terre n’est plus là ; et, par conséquent, il faut que la venue de Christ à la terre ait eu lieu antérieurement à cette dernière scène du jugement. De fait, aussi, nous avons eu déjà la description de la venue du Seigneur dans le chapitre 19, et celle de Son règne dans la première partie du chapitre 20. Ceci donne d’une manière très précise le caractère du grand trône blanc. Rien de plus simple, si vous prenez les choses dans l’ordre dans lequel Dieu les arrange. Mais l’homme est toujours intraitable ; et ainsi il efface la venue de Christ du chapitre 19 où elle est présentée, et l’imagine dans le chapitre 20, 11, où elle n’est point, ni ne saurait être.

Remarquez encore que le jugement du grand trône blanc n’est pas un jugement général, pas plus que la résurrection mentionnée ici n’est une résurrection générale. De fait, l’idée d’une résurrection commune aux justes et aux injustes est pure imagination. Je tiens, que toute âme d’homme, c’est-à-dire, de ceux qui sont morts, doit se trouver dans l’une ou l’autre résurrection. Mais l’Écriture nous montre que la résurrection des justes est une chose entièrement différente de celle des injustes, et a lieu dans une tout autre époque : elles n’ont rien de commun, si ce n’est que, dans les deux cas, l’âme et le corps doivent être réunis pour toujours. Il n’existe pas de passage en faveur d’un relèvement commun à tous. On en allègue pourtant quelques-uns pour fournir une apparence de preuve. Le Seigneur dit en Jean 5, 28 : « L’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront mal fait en résurrection de jugement ». Mais ces paroles ne montrent pas qu’ils ressusciteront dans le même temps. L’heure vient en laquelle l’une et l’autre de ces classes se relèveront ; mais au lieu de dire qu’ils doivent se relever tous dans une résurrection commune, Christ s’attache à faire voir que ceux qui ont pratiqué le bien doivent sortir de leurs sépulcres pour une résurrection de vie, et ceux qui ont mal fait pour une résurrection de jugement. Il y a donc deux résurrections, et non une seule résurrection commune à tous. Le passage même qu’on cite à l’appui d’une résurrection générale, enseigne, de fait, le contraire. L’évangile de saint Jean montre qu’elles sont distinctes l’une de l’autre quant à leur caractère respectif ; son Apocalypse montre qu’elles le sont quant au temps où elles ont lieu.

On dira peut-être que ces paroles : « l’heure vient », impliquent que tous doivent être ressuscités à peu près dans le même temps. Mais le mot « heure » est employé dans l’Écriture (et même partout ailleurs) dans un sens très large. Il pourrait comprendre mille ans, ou plus encore ; de sorte que, si l’une des deux résurrections avait lieu au commencement, et l’autre à la fin du millénium, ce pourrait encore être la même « heure ». « L’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et l’ayant entendue ils vivront » (Jean 5, 25). Cela a trait à l’œuvre qui s’est poursuivie depuis que Christ était sur la terre jusqu’au moment actuel. « L’heure » comprend là près de deux mille ans ; et certainement ce n’est pas trop d’en inférer que dans le verset 28 « l’heure » pourrait embrasser, si c’était nécessaire, une période aussi longue. C’est à l’Écriture qu’il appartient de décider. Le même Jean, qui nous montre le relèvement de toute chair hors de sépulcre, divisé en deux résurrections, en contraste l’une avec l’autre, d’hommes caractérisés par des qualités morales opposées, nous montre avec non moins de clarté et de certitude l’intervalle qui sépare ces deux résurrections. Le chapitre de l’Apocalypse que nous examinons maintenant répond à cette question, et prouve qu’il y aura entre les deux un intervalle de mille ans au moins. Mais ce n’est pas tout. Ces résurrections ne sont pas seulement distinctes l’une de l’autre par le temps où elles ont lieu, il y a encore dans leur nature une différence profonde, fondamentale. L’évangile de Jean déclare que la première est une résurrection de vie, et la seconde une résurrection de jugement. Dans la première sont les justes ; tous ceux qui sont jugés dans la seconde sont les méchants. Nos traducteurs l’appellent la résurrection de « condamnation », quoique le véritable sens du mot soit « jugement ». C’est le même terme qui est employé auparavant dans un verset ou deux (v. 22, 27). « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils… Et lui a donné autorité aussi de juger, parce qu’il est Fils de l’homme ». Et il est nécessaire de se bien mettre dans l’esprit que, si Christ donne Sa vie comme Fils de Dieu, Il vient comme Fils de l’homme pour exécuter le jugement dans Son royaume. Il donne Sa vie pour celui qui croit, et Il exécute le jugement sur l’incrédule. Ainsi, il y a deux résurrections correspondant à ces deux titres. Il y a la résurrection de vie, ou la résurrection du croyant : c’est l’application à son corps de cette puissance de vie qu’il possède déjà dans son âme. Mais ceux qui ont repoussé Christ, que leur est-il réservé ? La résurrection de jugement. Ils ont méprisé Christ maintenant, impossible qu’ils évitent alors la résurrection de jugement.

Revenant à Apocalypse 20, n’est-ce pas ce que nous avons ici ? D’abord nous y avons vu la résurrection de vie, de « ceux qui ont pratiqué le bien ». « Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection ». Qu’a-t-il été dit à leur sujet ? « Ils vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans ». C’est une résurrection de vie. Mais regardez aux autres, aux méchants, « ceux qui ont mal fait » : « Le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ». Qu’avez-vous ici ? « Le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que », etc. Ils ressuscitent donc. « Et je vis les morts, petits et grands, se tenant devant Dieu ». Il n’y a là que des morts — et de quelle manière différente ils apparaissent devant le trône ! « Et les livres furent ouverts ; et un autre livre fut ouvert, qui est celui de la vie : et les morts furent jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres » (v. 12). Or, je crois pleinement que toutes les œuvres des saints de Dieu seront examinées ; ce qu’ils auront fait dans le corps viendra en évidence. Nous recevrons louange ou blâme selon notre fidélité ou notre infidélité, quand le Seigneur Jésus prendra place sur le siège du jugement, que nous nous tiendrons devant Lui et que nous serons manifestés. C’est saint Paul qui nous dit cela (Rom. 14 ; 2 Cor. 5). Mais dans saint Jean, le but du Saint Esprit est de placer les deux résurrections en contraste l’une avec l’autre. En conséquence, il n’est pas dit un mot, dans le récit de la première résurrection, de notre comparution devant Christ afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, soit bien soit mal ; mais nous y sommes représentés comme jugeant les autres. Telle est la manière dont est décrite la résurrection de vie. « Je vis des trônes ; et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné ». Naturellement, ils rendent compte pour eux-mêmes au Seigneur, et reçoivent en conséquence ; mais le Saint Esprit a Ses raisons parfaitement sages pour ne faire ici aucune allusion à cela. C’est une résurrection de vie dans l’évangile, et c’est aussi une résurrection de vie dans l’Apocalypse. Mais lorsque vous en venez au reste des morts qui n’ont pas pratiqué le bien, quand ils sont ressuscités et qu’ils se tiennent debout devant le trône, c’est tout le contraire d’une résurrection de vie. Ils n’ont fait que le mal, et quand le livre de vie est ouvert, il ne doit s’y trouver aucun nom ; car ce n’est point une résurrection de vie mais une résurrection de jugement. Ils doivent être jugés selon leurs œuvres écrites dans ces autres livres, et leurs œuvres appellent à grands cris le jugement. Leurs œuvres sont toutes et toujours mauvaises ; ils sont jugés d’après elles, et quel est le résultat ? Il pouvait y avoir de la différence entre eux sous plusieurs rapports : il y avait des grands et des petits, mais ils étaient pareils en ceci — ils n’étaient point écrits dans le livre de vie ; et quiconque n’y était pas trouvé écrit, était jeté dans l’étang de feu. Pas un mot touchant ceux qui y étaient écrits. C’est la résurrection de ceux qui n’avaient point de part dans ce livre, et ils sont jetés dans l’étang de feu. C’est comme si Dieu disait : les livres de leurs œuvres appellent le jugement ; n’y a-t-il rien à dire pour la défense de ces misérables ? En conséquence, le livre de vie est ouvert, mais ils ne s’y trouvent point : la dernière espérance s’est évanouie ; « et si quelqu’un n’était pas trouvé écrit dans le livre, il était jeté dans l’étang de feu » (v. 15). C’est la résurrection de jugement, il n’y a là ni vie ni miséricorde. Ceux qui avaient eu part à la résurrection de vie, étaient ressuscités longtemps auparavant, et ne viennent jamais en jugement ; il est dit en effet (Jean 5, 24) : « Celui qui entend ma parole, et croit en celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement (le même mot que dans les versets 22, 27, 29), mais il est passé de la mort à la vie ».

Rien de plus certain que cette résurrection est distincte de l’autre, qu’elle est d’un caractère différent, et qu’elle en est séparé par un long intervalle. La résurrection de vie avait eu lieu depuis longtemps, et maintenant arrive la résurrection de jugement. « Et la mer rendit les morts qui étaient en elle ». Les profondeurs que l’homme ne pouvait explorer qu’imparfaitement, ne peuvent plus cacher ceux qui y furent engloutis ; et le monde invisible lui-même, sur lequel il n’exerce aucun contrôle, est aussi forcé de lâcher ses misérables habitants : « Et la mort et le hadès rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon ses œuvres » (v. 13). Et leurs œuvres les condamnent. Le livre de vie ne renferme pas un mot à leur sujet, et ils sont jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Ils sont relevés de leur première mort pour être jetés à toujours dans ce lieu de tourment, d’où il est impossible d’échapper.

L’autre passage de l’Écriture, d’une extrême importance, souvent cité à l’appui d’une résurrection générale, est celui de Daniel. Qu’y trouvons-nous ? Il est écrit chapitre 12, 1 : « Or en ce temps-là Micaël, ce grand chef, qui tient ferme pour les enfants de ton peuple (c’est-à-dire le peuple de Daniel, les Juifs), tiendra ferme ; et ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il y a eu des nations jusqu’à ce temps-là ». Évidemment, ce n’est point là le millénium. « Et en ce temps-là, ton peuple, c’est à savoir, quiconque sera trouvé écrit dans le livre, échappera ». Ce n’est pas là non plus le temps où l’Église est délivrée ; car nous avons été délivrés depuis longtemps par la croix du Seigneur Jésus Christ. Mais depuis la croix de Christ, le peuple juif n’a eu en partage que la misère : cette croix était leur crime. N’avaient-ils pas crié : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » ? Le temps de leur plus grande souffrance doit précéder immédiatement l’heure de leur délivrance (Jér. 30, 7). Notre délivrance, comme la leur, est accomplie au moyen des souffrances d’un autre ; mais ce n’est qu’après que nous sommes délivrés que nous sommes appelés à souffrir. Il en est tout autrement pour les Juifs. Ils ont encore à passer par une effroyable tribulation, la pire de toutes celles qu’ils aient eue jamais à traverser ; mais immédiatement après arrive leur délivrance finale — « En ce temps-là ton peuple échappera », etc. Ils n’échapperont pas seulement en tant que peuple, mais ils seront sauvés et convertis individuellement, selon le dessein de Dieu — « Quiconque sera trouvé écrit dans le livre ». « Et plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l’infamie éternelle ». Voilà le verset qui a été généralement appliqué à la résurrection ; mais je suis convaincu qu’il ne s’applique point au relèvement du corps. C’est une figure qui, à la vérité, est prise de lui, et qui suppose cette grande vérité connue ; mais c’est la même sorte d’expression, et ayant trait à un sujet et à un but analogues, que celle que j’ai fait remarquer en Ésaïe 26, 19, où Israël était désigné comme « mon corps mort », était invité, comme un habitant de la poussière, à se réveiller et à se réjouir avec chant de triomphe. Il est dit de même ici : « Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre, se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l’infamie éternelle ». Cela ne cadre avec aucun système d’interprétation, s’il faut l’appliquer littéralement à la résurrection corporelle des bons et des méchants dans le même moment. Vous remarquerez que cela se passe avant le millénium. C’est évidemment antérieur au temps de la délivrance et de la bénédiction. Il y a un temps de détresse, immédiatement après lequel le peuple de Daniel est délivré ; et ceux qui auraient pu être oubliés (dormant, pour ainsi dire, parmi les Gentils), apparaissent de nouveau, mais non pas tous pour la même destinée, les uns pour les opprobres, et les autres pour la vie éternelle (comp. aussi És. 66, 20, 24). Cela ne répond point au dessein de ceux qui citent ce passage ; car leur idée est qu’il y a d’abord le millénium, et ensuite la résurrection des bons et des méchants ; tandis que la résurrection dont il s’agit ici, littérale ou figurée, précède le millénium, et est suivie du temps de la plus grande détresse qu’Israël ait jamais connue. Aussi, ma conviction est-elle qu’elle se rapporte aux Juifs. D’abord, au verset 1, ceux qui doivent échapper sont mentionnés en rapport avec la Palestine. Ensuite, il est annoncé que plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre, sortiront de leur dégradation, se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, etc. Parmi ces Juifs qui doivent s’avancer hors de tous les lieux où ils sont comme cachés, ensevelis sur la terre, les uns se montreraient des rebelles, et seraient traités en conséquence ; tandis que les autres apprendront que l’Éternel a opéré en leur faveur pour l’amour de Son nom. Nous pouvons rapprocher cela d’Ézéchiel 37 où les os secs représentent la maison d’Israël. Il ne peut rester aucun doute dans tout esprit sérieux relativement à ce passage, le Seigneur Lui-même l’ayant interprété comme une figure de la résurrection à venir d’Israël. « Mon peuple, voici, je vais ouvrir vos sépulcres, et je vous tirerai hors de vos sépulcres ». Et si en Daniel il est dit que les uns doivent avoir la vie éternelle, Ézéchiel déclare que l’Éternel mettra Son Esprit en eux. C’est une restauration spirituelle, aussi bien qu’une restauration nationale. Le passage de Daniel se rapporte donc à une résurrection figurée d’Israël, où quelques-uns se réveilleront de leur mort morale.

Nous pouvons maintenant revenir à Apocalypse 20 avec une conviction plus affermie que la doctrine d’une résurrection générale est une erreur complète, et que la Parole de Dieu enseigne une résurrection pour les justes et une autre pour les injustes. Celle dont il est question à la fin de notre chapitre, est uniquement la résurrection des méchants morts ; c’est une résurrection de jugement. J’en appelle à vous-mêmes : Pouvez-vous faire reposer sur vos œuvres le salut de vos âmes ? J’admets que nos œuvres seront examinées et que nous recevrons conformément à ce qu’elles auront été ; mais ce n’est point la même chose que d’être jugés selon nos œuvres. Dans le premier cas, la personne est acceptée, mais ses œuvres sont passées en revue pour la louange ou pour le blâme ; dans l’autre, la personne est jugée selon des œuvres complètement mauvaises. En effet, l’homme naturel, l’homme inconverti, n’a pas de vie pour Dieu, il ne peut donc se trouver en lui que de mauvaises œuvres pour lesquelles il doit être jugé. Il n’en est point ainsi du croyant. Sans doute qu’il se trouve en lui des œuvres quelquefois bien mélangées, et même pires quelquefois ; mais il a une position au-delà de toutes ces œuvres, quelque pénibles, quelque tristes qu’elles soient. Il possède la nouvelle nature que Dieu a donnée et qu’Il ne veut pas retirer. Ses œuvres seront examinées, et elles auront une influence très grande sur la position que le Seigneur lui assignera dans Son royaume. Il ne s’agit jamais de récompense, mais uniquement de la grâce et de la puissance de Christ, dans l’affaire du salut ou de la perdition. Quand vous parlez de récompense, c’est une dette à acquitter pour une œuvre faite ; mais l’Écriture ne présente jamais le salut comme une récompense des œuvres. Il est l’œuvre de Christ — le fruit du travail et des souffrances d’un autre, dans la jouissance duquel Dieu nous place par un effet de Son amour souverain. Et lorsque nous nous trouverons devant le tribunal de Christ, ce ne sera point comme si notre comparution devait avoir pour issue l’acquittement ou la condamnation : ce serait nier notre justification et la valeur de Son œuvre propre. Toutes nos voies seront manifestées à la lumière de Dieu, et le Seigneur nous mènera en triomphe à travers elles toutes ; mais Il ne passera pas sur une seule chose qui aura été faite contre Lui. Et de même qu’un chrétien peut aujourd’hui faire devant Dieu l’examen de ses voies, passer condamnation sur elles, et rendre grâces à Dieu pour Sa discipline fidèle, il en sera de même, et d’une manière plus brillante, plus bénie, et plus parfaite encore, devant le tribunal de Christ. Il ne sera pas question alors d’être sauvé seulement, mais de justifier la gloire et la bonté de Dieu. Et certes ce n’est pas là une chose que nous ayons à redouter : c’est ce dont nous aurons à rendre grâces durant toute l’éternité. Après le bonheur d’adorer Dieu et de Le servir fidèlement par grâce, la meilleure chose, même dès à présent, n’est-elle pas, en effet, de nous juger nous-mêmes ? Nous n’aurons pas une parole à dire pour notre défense, mais le Seigneur aura beaucoup à dire en notre faveur. Il manifestera tout ce que nous aurons fait, et nous recevrons en conséquence. Pour les choses mauvaises nous souffrirons une perte, pour les bonnes nous obtiendrons une récompense. Mais ici, quelle différence ! Les morts qui se tiennent debout devant le trône ; ils n’ont pas de vie — rien que des œuvres mortes. Ils n’avaient point Christ, que peuvent donc mériter leurs œuvres ? Ils sont jetés dans l’étang de feu. La mort et le hadès ne sont plus désormais nécessaires ; ils sont personnifiés comme ennemis de Dieu et de l’homme, et comme tels ils sont, dans la vision (v. 14), jetés aussi dans l’étang de feu.

Chapitre 21

La division de ces chapitres eût été plus heureuse, si le chapitre 21, versets 1 à 8, eût fait partie de la série d’événements qui a été donnée au chapitre 20, car c’en est la suite non interrompue. Il y a une terminaison bien marquée de la chaîne, avec le verset 8 de ce chapitre. De là à la fin, y compris même les cinq premiers versets du chapitre 22, nous avons une autre portion dont les détails se lient entre eux. Les huit premiers versets se rattachent à une époque tout à fait différente de celle qui suit. À partir du verset 9 du chapitre 21, vous revenez au millénium ; au lieu que les précédents versets du chapitre sont le récit le plus complet que la Parole de Dieu fournisse sur les nouveaux cieux et la nouvelle terre, dans le sens propre de ces expressions. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre sont subséquents au règne de mille ans, ainsi qu’au grand trône blanc, et tout naturellement aussi, à la dissolution des cieux et de la terre qui existent maintenant, lesquels sont encore là quand ce trône est élevé. Puis, lorsque cette rapide description de l’état éternel est terminée, l’Esprit de Dieu ajoute un très important appendice, si l’on veut bien me permettre ce mot, sur l’état des choses durant le millénium, appendice dont les détails n’avaient pas été donnés lorsque cette époque milléniale a été mentionnée dans la succession historique d’Apocalypse 19 ; 20 ; 21, 1-8.

Mais quelques personnes objecteront peut-être à cela, et nous diront : Sur quelle autorité vous fondez-vous pour diviser ainsi les chapitres ? Pourquoi ne pas prendre le chapitre 21 en entier (ainsi que l’ont probablement compris ceux qui ont fait la division) comme s’appliquant à un seul et même temps ? Pourquoi ne pas supposer que ce qui est dit de la nouvelle Jérusalem au verset 10, se rapporte à la même date que ce qui est dit au verset 2 ? La réponse est toute simple. Dans l’état éternel, Dieu est en relation avec les hommes ; toutes les distinctions de temps ont pris fin ; il n’y a alors ni rois, ni nations. Et cette relation, nous la trouvons en exercice dans les huit premiers versets. Prenez, pour exemple, le verset 3 : « Et j’entendis une grande voix du ciel, disant : Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu ». Tandis que si nous jetons un coup d’œil sur la dernière partie du chapitre, nous voyons qu’il s’agit encore là de nations et de rois terrestres. « Et les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre lui apporteront leur gloire » etc. Lorsque commencera l’éternité, Dieu aura fini d’en agir avec les choses qui sont selon l’ordre du monde — comme les rois, les nations, ou autres semblables arrangements pris par Sa providence en vue du temps. Tout cela implique le gouvernement, et le gouvernement suppose un mal qui demande à être réprimé. Conséquemment, ce n’est pas l’état éternel que nous avons dans la dernière partie de notre chapitre, mais un état de choses antérieur, les premiers versets (1 à 5) du chapitre 22 étant la suite de cette description. Il y est fait mention d’un arbre : « et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations ». Ce qui signifie qu’au temps dont parle le verset, il n’y a pas seulement des nations, mais des nations qui ne sont pas relevées du besoin de guérison ; et Dieu pourvoit à ce que leur condition réclame. Voilà ce qui doit convaincre tout esprit non prévenu que l’Esprit de Dieu, au chapitre 22, ne fait pas allusion à ce qui suit le dernier jugement, alors que tout ce qui tient au monde aura entièrement pris fin, mais qu’Il revient à un état préalable dans lequel Dieu gouverne encore. Il est à remarquer aussi que, dans la partie relative au millénium (c’est-à-dire à partir du verset 9 du chapitre 21), nous avons des noms d’économies, tels que le nom de Seigneur Dieu Tout-puissant, et celui d’Agneau ; il n’en est pas ainsi dans le chapitre 21, 1 à 8, passage qui nous dévoile l’éternité, où Dieu sera tout en tous.

Mais une remarque qui peut aider à convaincre de la vérité de ma manière d’envisager ce passage, c’est que, dans ce livre, les tableaux rétrospectifs sont habituels à l’auteur inspiré. Je dis cela pour montrer qu’en cherchant à établir mon opinion quant à l’ordre selon lequel je conçois que ces événements sont arrangés, je ne soutiens pas du tout un fait qui serait sans précédents. Prenez, par exemple, le chapitre 14. Là, nous avons vu une septuple série bien régulière d’événements, dans le cours desquels la chute de Babylone occupe la troisième place. Après ce jugement vient celui des adorateurs de la Bête ; ensuite, le Saint Esprit déclare bienheureux ceux qui meurent dans le Seigneur, puis, la venue du Seigneur en jugement, présentée de deux manières : 1° comme faisant la moisson ; 2° comme foulant la cuve — la moisson figurant un jugement où il se fait une distinction ; la vendange, un jugement de pure vengeance. Là, Babylone a sa place très clairement assignée. Mais longtemps après, dans la prophétie, lorsque l’Esprit de Dieu nous a donné les sept coupes de la colère de Dieu, Babylone apparaît de nouveau. La chute de Babylone a lieu sous la septième coupe. Et cela est important ; car alors le Saint Esprit revient en arrière pour décrire le caractère et la conduite par lesquels Babylone s’était justement attirée une si terrible visitation de la main de Dieu. Dans ce cas, le Saint Esprit, au chapitre 14, nous a conduits jusqu’à des événements subséquents à la chute de Babylone, et même jusqu’à la venue du Seigneur en jugement ; puis, Il revient en arrière pour nous exposer des détails concernant Babylone et son association avec la Bête et les rois de la terre, etc.

Or, il me semble que cela est parfaitement analogue à l’ordre des événements du chapitre 21. Il y a une analogie frappante dans la manière dont Babylone et la Jérusalem céleste sont introduites ; et, bien que, sans doute, il existe entre les deux choses en elles-mêmes le contraste le plus fort et le plus accentué, il est cependant assez manifeste, selon moi, que le Saint Esprit les avait l’une et l’autre à la fois dans Sa pensée. Ainsi, en Apocalypse 17, 1, il est dit : « Et l’un des sept anges qui avaient les sept coupes, vint et me parla, disant : Viens ici, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux ». Telle est la déclaration, à l’endroit où la vision revient en arrière pour donner la description de Babylone et de sa sentence. C’est exactement de la même manière que nous sommes introduits dans la contrepartie de cette vision au chapitre 21, lequel nous reporte en arrière à l’épouse, la femme de l’Agneau. « Et un des sept anges qui avaient les sept coupes qui avaient été pleines des sept dernières plaies, vint et me parla, disant : Viens, je te montrerai l’épouse de l’Agneau, la femme ». De même que Babylone avait eu sa place précise dans la série historique des événements, et que cette série ayant été complètement déroulée, le Saint Esprit s’était arrêté pour mettre à découvert, d’une façon rétrospective et en plein, ces voies morales qui avaient, pour ainsi dire, forcé Dieu à la juger — de la même manière exactement, l’épouse de l’Agneau, la nouvelle Jérusalem avait été vue sous ces deux caractères dans l’esquisse finale de l’histoire jusqu’à la fin. Et maintenant, le Saint Esprit revient en arrière, décrivant la même nouvelle Jérusalem dans son rapport avec le règne millénial et les rois et nations qui seront alors sur la terre. Nous avons vu, chapitre 19, 7, que l’épouse, la femme de l’Agneau, s’était préparée. Au chapitre 21, 2, il est parlé de la nouvelle Jérusalem comme descendant du ciel d’auprès de Dieu, encore fraîche de la beauté de ses épousailles après que plus de mille ans ont passé. Mais maintenant, au chapitre 21, 9, ressort le très important fait que l’épouse, la femme de l’Agneau, est la ville, la sainte Jérusalem. « Et un des sept anges… vint et me parla, disant : Viens, je te montrerai l’épouse de l’Agneau, la femme. Et il m’emporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra (non pas comme au Texte Reçu, la grande cité, mais) la ville, la sainte Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu ». Jean était appelé pour voir l’épouse, et, regardant, il vit la Jérusalem céleste. Ainsi, si nous avons eu au chapitre 19 l’épouse dans sa relation avec l’Agneau, et ensuite comme la sainte ville, la nouvelle Jérusalem, dans sa relation avec l’état éternel, les versets 9 et suivants de ce chapitre (21) nous montrent que pendant l’intervalle qui s’écoule entre les noces de l’Agneau et les nouveaux cieux et la nouvelle terre de l’état éternel, l’épouse occupe une place extrêmement bénie aux yeux de Dieu et des hommes. C’est la manifestation milléniale de l’Église.

Ces quelques remarques préliminaires pourront frayer la voie, et prouver que je n’avance rien qui ne puisse être démontré, en prenant les huit premiers versets comme la suite propre des événements trouvés dans les chapitres 19 et 20, et le restant de ce chapitre, à partir du verset 9, comme une description rétrospective de l’état millénial. Il y a évidemment les raisons les plus fortes en faveur de cette interprétation, et il me semble véritablement que toute autre est hors de question, si l’on tient dûment compte du contexte. Impossible qu’une personne instruite et non prévenue, qui considère attentivement les circonstances ici décrites, puisse supposer que ce qui suit le verset 9 se lie chronologiquement avec la section qui précède immédiatement. Ce sont, comme nous l’avons déjà remarqué, deux états de choses inconciliables.

Qu’est-ce que le Saint Esprit fait voir à l’apôtre, après le jugement dernier et la disparition des cieux anciens et de l’ancienne terre ? « Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés, et la mer n’est plus ». Il ne faut pas donner à ces mots simplement une portée préparatoire et morale. Le prophète Ésaïe avait parlé dans ce sens. En Ésaïe 65, de nouveaux cieux et une nouvelle terre sont annoncés ; mais de quelle manière différente ! Là, il faut, en effet, prendre le langage dans un sens figuré. « Car, voici (v. 17), je m’en vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; et on ne se souviendra plus des choses précédentes, et elles ne reviendront plus au cœur. Mais plutôt vous vous réjouirez, et vous vous égaierez à jamais en ce que je vais créer : car, voici, je vais créer Jérusalem pour n’être que joie, et son peuple pour n’être qu’allégresse. Je m’égaierai donc sur Jérusalem, et je me réjouirai sur mon peuple, et on n’y entendra plus de voix de pleurs, ni de voix de clameurs. Il n’y aura plus désormais aucun enfant né depuis peu de jours, ni aucun vieillard qui n’accomplisse ses jours ; car celui qui mourra âgé de cent ans sera encore jeune, mais le pécheur, âgé de cent ans, sera maudit ». Voilà, évidemment, un très brillant changement, mais c’est un état terrestre. Il y a des enfants et des vieillards ; et bien que la description établisse à dessein un contraste entre les choses d’alors et toutes celles que le monde a vues jusqu’ici, il s’agit cependant d’un état de bénédiction qui se rattache au temps : ce n’est pas l’éternité. L’apôtre Jean nous montre, dans l’Apocalypse, un nouveau ciel et une nouvelle terre, non dans un sens relatif, mais dans le sens le plus absolu. Dans l’Ancien Testament, les nouveaux cieux et la nouvelle terre ont une limite, parce qu’ils se rattachent à Israël sur la terre. C’est ainsi qu’il est dit du Seigneur qu’Il « régnera sur la maison de Jacob à toujours et qu’il n’y aura pas de fin à son royaume ». Cela est une espérance propre à l’Ancien Testament, quoique l’expression en soit trouvée dans le Nouveau, et le passage signifie naturellement que le Seigneur régnera sur la maison de Jacob aussi longtemps qu’elle existera comme telle sur la terre. Lorsque la terre disparaîtra et qu’Israël cessera d’être une nation, il sera, sans nul doute, béni d’une autre et meilleure manière ; mais il n’y aura pas alors de règne de Christ sur lui comme peuple terrestre ici-bas ; de sorte que ce royaume, quand même il n’a pas de fin aussi longtemps que la terre subsiste, doit nécessairement être limité à la durée de la terre. C’est ainsi que je comprends les nouveaux cieux et la nouvelle terre dont il est parlé en Ésaïe. Le Nouveau Testament emploie cette expression dans une acception pleine et absolue, comme signifiant un état sans fin ; mais dans l’Ancien Testament, elle se lie aux relations terrestres dont le Saint Esprit parlait alors. Ce qui rend la chose encore plus claire, c’est que le verset suivant (És. 65, 21) continue et dit : « Même ils bâtiront des maisons et y habiteront ; ils planteront des vignes et ils en mangeront les fruits. Ils ne bâtiront pas des maisons afin qu’un autre y habite… mes élus jouiront longtemps du travail de leurs mains. Ils ne travailleront plus en vain et n’engendreront plus pour être dans l’anxiété ; car ils sont la postérité des bénis de l’Éternel » etc. (vers. angl.). Or, cela est très réjouissant. Et encore : « Le loup et l’agneau paîtront ensemble… On ne nuira point et on ne fera aucun dommage dans toute la montagne de ma sainteté, a dit l’Éternel ». Si beau et si brillant que soit ce tableau de ce que le Seigneur peut accomplir, il est cependant en rapport avec la terre et un peuple terrestre. Ce n’est pas un état éternel, mais un jour excessivement glorieux, dans lequel la mort sera l’exception, et la vie la règle. Je dis que la mort sera ainsi rare, au moins dans la Terre sainte, à cause de ce verset : « Celui qui mourra âgé de cent ans sera encore jeune ; mais le pécheur, âgé de cent ans, sera maudit ». Ce qui signifie que si quelqu’un meurt à l’âge de cent ans, il sera encore, comparativement, un enfant ; et que si même la mort survient à cet âge, c’est seulement comme résultat d’une malédiction expresse de la part de Dieu. C’est ainsi qu’il en sera durant le millénium ; et c’est la réponse à une question fréquemment adressée : Que deviendront les justes pendant ce merveilleux règne ? Si la première résurrection a déjà eu lieu alors, et que dans la seconde il n’y ait que les méchants, que les morts, qui ressuscitent, quelle peut être la destinée de ces justes qui vivent au temps du millénium ? La vérité est qu’il n’y a pas de preuve dans l’Écriture que des justes meurent dans le cours des mille ans. Ce qui est dit implique le contraire. Si donc il n’en meurt pas dans le cours du millénium, il n’y en a pas à ressusciter à sa fin. En conséquence, la résurrection de la fin ne demeure que pour les méchants, pour les morts seulement. Les justes seront ressuscités avant le millénium, les méchants après. Les justes qui vivent pendant le règne de Christ ne sont pas du tout appelés à mourir, pour autant que l’Écriture nous renseigne à leur sujet. Nous pouvons être sûrs que ces saints du millénium seront changés en la ressemblance de Christ. Ils seront transportés dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Nous ne sommes pas appelés à conjecturer sur la manière dont ces faits s’accompliront. Il nous suffit de savoir que, quoique ils ne soient pas présentés comme passant par la mort durant le millénium, et que, par conséquent, ils n’aient pas besoin d’être ressuscités, cependant, lorsque la nouvelle terre apparaît, des hommes sont trouvés en elle, et bien distingués de la nouvelle Jérusalem, qui est le symbole des saints célestes glorifiés. Je crois que le verset 3 garantit ce que j’avance. « Voici l’habitation de Dieu (ou la cité qui descend) est avec les hommes », etc.

Une autre preuve qu’Ésaïe ne parle pas de l’état éternel ici décrit, est celle-ci : Quand les nouveaux cieux et la nouvelle terre sont vus par le prophète du Nouveau Testament, il est rapporté que les premiers s’en sont allés et que la mer n’est plus. Or, il n’en est pas ainsi dans la prophétie d’Ésaïe. Là, c’est plutôt l’esprit ou le gage des nouveaux, qui venait dans les anciens — l’ombre de ce qui devait arriver, et non l’image même ou l’accomplissement des choses. Prophétiquement ils sont dits être « nouveaux », à cause de la grande joie et de la bénédiction que Dieu accordera à Son peuple d’Israël et à leur pays. Dans l’Apocalypse, « la mer n’est plus ». Dans l’Ancien Testament, au contraire, « l’abondance de la mer (est-il écrit) se sera tournée vers toi… Car les îles s’attendront à moi, et les navires de Tarsis les premiers » (És. 60). Il n’y a pas de raison de douter que ce chapitre parle du même temps que le chapitre 65. « Car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi ». Ce passage, ainsi que plusieurs autres, prouve qu’il doit encore y avoir la mer au temps dont parle Ésaïe : les îles et les navires l’impliquent nécessairement, et « les îles éloignées » sont introduites entre les deux déclarations concernant les nouveaux cieux et la nouvelle terre en Ésaïe 65 et 66.

Ici, dans l’Apocalypse, ce n’est pas seulement la dispensation actuelle, mais le ciel et la terre d’à présent qui s’en sont allés, et ont fait place à « toutes choses faites nouvelles ». Sans doute, le nouveau ciel et la nouvelle terre seront formés du premier ciel et de la première terre. Tout comme le corps de résurrection sera formé du corps d’humiliation actuel par la puissance de Dieu, ainsi la terre et les cieux actuels sont destinés à une transformation de même nature. Après leur dissolution, ils reparaîtront dans la forme du nouveau ciel et de la nouvelle terre. « Plus de mer » serait chose impossible sans un miracle, aussi longtemps que la vie, dans sa condition présente, doit être maintenue. Mon lecteur sait que la mer est absolument nécessaire pour animer la nature telle qu’elle est ; sans elle, l’homme ne pourrait pas exister. Et tout le règne animal et même le règne végétal, sans parler du vaste monde des eaux, ne le pourraient pas davantage. Mais lorsque le temps aura pris fin, lorsque aura cessé la vie naturelle qui est soutenue par Dieu — lorsque le millénium aura achevé de rendre le plus éclatant témoignage à ce fruit aussi bien qu’à tous les autres fruits de Sa sagesse, de Sa bonté et de Sa puissance — alors suivra un état de choses entièrement nouveau, un état de chose parfait et éternel. Il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre, car les premiers cieux et la première terre auront passé et la mer ne sera plus.

Mais cela n’est pas tout. Dans ce tabernacle et cet ordre de choses que Dieu aura formés, distingués d’une manière si remarquable de tout ce qui aura existé auparavant et même de ce qui accompagne le règne de Son propre Messie, Jean voit « la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari. Et j’entendis une grande voix du ciel, disant : Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux ; et ils seront Son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu » (v. 2, 3). À mon sens, la nouvelle Jérusalem est le tabernacle de Dieu. C’est là que, d’une manière toute particulière, Dieu habite. Et ce tabernacle de Dieu descend du ciel pour être avec les hommes. Les saints célestes composent le tabernacle de Dieu, tandis que ceux qui sont vus dans la nouvelle terre sont simplement nommés « les hommes ». Ils ne sont plus désormais Juifs et Gentils, comme dans le millénium ; cette différence aura passé avec « les premières (ou vieilles) choses ». C’en sera fait de toute distinction qui aura été en rapport avec le temps. Lorsqu’un saint est ressuscité ou changé, il cesse d’être Juif ou Grec : il est un homme, toutefois portant l’image du céleste. De même ici, Dieu a affaire avec les hommes : « et il habitera avec eux et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu ». Au lieu de la contempler à distance, Dieu ne viendra pas seulement visiter la scène que Sa main aura formée pour les hommes, comme c’était autrefois le cas au jardin d’Éden, mais Il habitera éternellement au milieu d’eux. « Et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux ; et la mort ne sera plus ; et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car les premières choses sont passées » (v. 4). Il n’y a pas de doute que les figures employées pour décrire cet état de choses sont tirées d’Ésaïe — figures que l’Esprit de Dieu avait primitivement appliquées à la bénédiction milléniale. Ésaïe prédit une condition glorieuse mais terrestre, que Dieu amènera à réalisation en faveur des justes durant le millénium. En ce temps-là, la bénédiction sera la règle ; la douleur, l’exception. Le Saint Esprit reprend maintenant des termes semblables, mais avec des différences frappantes, et les applique dans un sens infiniment plus profond et qui réellement ne peut pas se qualifier.

Et si nous considérons un moment 2 Pierre 3, nous y trouverons, je crois, un lien entre Ésaïe et l’Apocalypse. Il est écrit en 2 Pierre 3, 10 : « Or, le jour du Seigneur viendra comme un larron dans la nuit, et dans ce jour-là les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments étant embrasés, seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle, seront brûlées entièrement… Les cieux étant en feu, seront dissous, et les éléments embrasés se fondront ». Or, il me paraît bien clair que c’est là ce qui a lieu à l’époque du grand trône blanc. Car du moment que le Seigneur prend place sur ce trône, la terre et le ciel s’enfuient de devant Sa face, et il n’est plus trouvé de lieu pour eux. Cela forme une partie du « jour du Seigneur », jour qui comprend tout l’intervalle depuis le moment où le Seigneur intervient pour juger le monde, entrer dans Sa grande puissance et dans Son règne, jusqu’au moment où Il remettra le royaume, après le millénium et l’exécution des jugements qui le doivent suivre[3]. « Puis donc que toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et piété ; attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, dans lequel les cieux étant en feu, seront dissous, et les éléments embrasés se fondront. Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite ».

Or, c’est là l’état de choses décrit, avec des détails plus complets quant au temps, etc., par l’apôtre Jean. Le nouveau ciel et la nouvelle terre, c’est ce que nous trouvons au commencement du chapitre 21 ; ce sont les nouveaux cieux et la nouvelle terre « dans lesquels la justice habite ». La justice est là chez elle parce que Dieu y habite, et la chose ne peut être ainsi rapportée que parce que la justice est le trait dominant. Il est clair que le Saint Esprit, dans Pierre, fait allusion au passage d’Ésaïe, ainsi qu’il est dit : « Nous attendons, selon sa promesse » ; mais encore lui donne-t-Il une signification plus étendue et plus profonde. Et Jean, le dernier des écrivains du Nouveau Testament, reprend la même pensée et met chaque détail à sa place. Il nous montre que si le millénium peut présenter un accomplissement partiel de ces expressions, ce n’est qu’après le millénium que leur pleine force ressortira, alors que toutes choses étant conformes à la pensée et au conseil divins, Dieu se reposera, et que les hommes — non pas seulement Israël mais des hommes rachetés et glorifiés — seront Son peuple et qu’Il sera leur Dieu.

Mais il faut encore que je cite un autre passage pour rapprocher les uns des autres les passages divers qui traitent de l’état éternel. En 1 Corinthiens 15, 23, nous lisons que chacun doit ressusciter en son propre rang : « Christ, les prémices (Lui qui est déjà ressuscité) ; puis ceux qui sont de Christ, à sa venue ; ensuite, la fin, quand il remettra (c’est ainsi qu’on doit lire) le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance ». Voilà la tâche que Christ remplira pendant le millénium : Il abolira toute domination contraire, s’assujettissant à Lui-même tous les adversaires, et toutes choses à la gloire de Dieu le Père, car c’est là le but suprême de Son exaltation, ainsi que nous le voyons en Philippiens 2. « Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. L’ennemi qui sera détruit le dernier, c’est la mort ». Cela est en parfaite harmonie avec Apocalypse 20 ; 21, où nous avons d’abord le règne de Christ, puis la mort détruite, et ensuite le nouveau ciel et la nouvelle terre, ou le temps auquel, en 1 Corinthiens 15, 24, Christ est dit remettre le royaume à Dieu le Père. Non pas que Christ cesse de régner dans un sens divin ; mais le règne spécial de Christ, comme homme, finira — c’est-à-dire Son acte de régner pendant une période donnée sur un peuple terrestre et sur le monde en général, règne auquel les saints célestes dans la gloire auront part avec Lui. Un tel acte aura un terme. À la fin, tous les justes se trouveront dans un état de résurrection ou de changement ; tous les méchants, les morts, seront jetés dans l’étang de feu, et alors le royaume finira. Sa remise à Dieu le Père ne touche en aucune manière à la gloire personnelle du Seigneur Jésus. Le royaume que Christ possède pendant le millénium, n’est pas ce qu’Il a comme Dieu, mais comme homme ressuscité — comme Celui qui a été humilié, mais ensuite exalté. Ce royaume, Il le remet à Dieu le Père (Lui-même aussi comme homme prenant une place de sujétion dans la gloire, ainsi qu’autrefois sur la terre Il le fit dans la grâce), afin que Dieu — Père, Fils et Saint Esprit — soit tout en tous ; c’est-à-dire, Dieu, comme tel, occupant une place de suprématie dans toute l’éternité. Mais, bien que le règne médiatorial de Christ doive avoir un terme, il n’en est pas ainsi du règne divin ; c’est pourquoi nous, qui sommes participants de la nature divine, nous sommes dits régner aux siècles des siècles (Apoc. 22). C’est ainsi qu’en Romains 5, il est écrit : « Nous régnerons en vie par un seul, Jésus Christ ». Il est évident que le fait de notre participation à la nature divine n’affecte en rien la gloire incommunicable de la divinité. Mais il demeure vrai que nous avons une vie éternelle, et que son caractère d’être sans fin découle du fait qu’elle nous est donnée par Celui qui, bien que véritablement homme, est une personne divine, par Celui qui est le vivant, et qui a été mort, et voici, qui est vivant aux siècles des siècles… L’expression : « régneront en vie par un seul, Jésus Christ », indique un règne qui n’est pas plus limité par rapport au temps, que par rapport à la sphère.

Vous remarquerez que, dans cette dernière partie de l’Apocalypse, c’est Dieu qui est l’objet prééminent, en parfaite harmonie avec ce que nous avons vu en 1 Corinthiens 15, 28. « Et celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il me dit : Écris, car ces paroles sont certaines et véritables » (v. 5). Celui qui parle est Celui qui est assis sur le trône. Vous ne voyez pas qu’il soit fait mention de l’Agneau. C’est, dans le sens le plus complet possible, la gloire de Dieu que nous avons ici. « Et il me dit : C’est fait : Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin ». Sans doute, Christ est aussi l’alpha et l’oméga, ainsi que nous le voyons au chapitre 22, 13 ; mais ici ce n’est pas le Seigneur comme tel qui agit et parle, c’est Dieu. « À celui qui aura soif, je donnerai, moi, gratuitement, de l’eau de la fontaine de la vie. Celui qui vaincra héritera de toutes choses, et je lui serai Dieu et il me sera fils » (v. 6, 7). Rien ne saurait être plus clair que ceci, à savoir, que c’est Dieu comme tel qui parle d’un bout à l’autre du passage. « Mais quant aux timides, et aux incrédules, et à ceux qui se sont souillés avec des abominations, et aux meurtriers, et aux fornicateurs, et aux empoisonneurs et aux idolâtres et à tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort » (v. 8). Parole d’avertissement terrible au plus haut degré, surtout dans la forme où elle est employée ici. Considérez-en bien la force. C’est alors que Dieu sera tout en tous — Dieu qui est amour. Mais Il n’est pas amour seulement : cela est une pensée fausse, infidèle ; Il est lumière aussi bien qu’amour. Il appartient à Dieu autant de se révéler en sainteté, que de se révéler en grâce ; c’est la même portion de la Parole, qui nous enseigne l’une et l’autre de ces vérités. Et ici nous en avons la preuve finale. En amour, Il descend pour habiter avec Son peuple. Son peuple, ce peuvent être des hommes, mais ce sont des hommes qui ne connaissent plus la faiblesse, ni la souffrance, car Dieu Lui-même a essuyé toutes larmes de leurs yeux. Mais Il est lumière ; et c’est pour cela qu’en présence des choses faites nouvelles, des choses où la justice habite en paix, où il n’y a plus aucun mal ou péché, mais une séparation complète du mal à jamais par la puissance de Dieu ; c’est pour cela, dis-je, qu’alors précisément la part des méchants est dans l’étang brûlant de feu et de soufre. Remarquez bien que ceci est l’état éternel. Souvenez-vous que c’est pour l’état éternel qu’est prononcé le jugement, la condamnation sans fin de ceux qui auront rejeté Christ, pris position sur leur misérable moi. Telle est la sentence, rendue de la part de Dieu Lui-même. Leur part est dans la seconde mort, où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point, comme le Seigneur Jésus l’exprime d’une manière si touchante. Il n’est pas de déclaration plus solennelle que celle d’Apocalypse 21, 8, non seulement à cause de son caractère, mais à cause de la place qu’elle occupe. Lorsque Dieu prendra Son repos dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre — lorsque Dieu descendra pour habiter avec les hommes, parce qu’il n’y aura plus de mal pour empêcher qu’Il demeure avec eux — c’est alors que se présente l’effroyable scène du tourment sans espoir et sans fin qui attend le mal. Voilà ce que Dieu nous enseigne dans le tableau qu’Il trace de l’état éternel. Il n’y a pas seulement le côté glorieux, mais il y a une place pour l’étang de feu, au sujet duquel, en outre, il n’est jamais donné à entendre qu’il aura une fin.

Mais maintenant, après nous avoir conduits jusqu’à « la fin », dans le sens le plus absolu du mot, le Saint Esprit nous ramène en arrière. Nous avons vu, au moment où commence cet état éternel, la nouvelle Jérusalem descendant du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari. Mais quelle est sa relation avec la terre milléniale ? Si nous n’avions que les révélations antérieures, nous ne pourrions pas répondre à cette question d’une manière positive. L’épouse, la femme de l’Agneau, a trouvé dans le ciel la consommation de sa joie ; ensuite, comme la nouvelle Jérusalem après le millénium, elle entre en sa place par rapport aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre ; mais quelle est sa relation vis-à-vis de ceux qui seront ici-bas pendant le millénium ? Cette question devient maintenant bien claire. « Et un des sept anges qui avaient eu… et me parla, disant : Viens, je te montrerai l’épouse de l’Agneau, la femme. Et il m’emporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville, la sainte Jérusalem, descendant du ciel, d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu ; et son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin ». Il me semble que le récit qui assimile le brillant luminaire de la ville à une pierre de jaspe, est en rapport très intime avec ce qui vient d’être dit d’elle comme ayant « la gloire de Dieu » ; car lorsque Dieu Lui-même est vu sur le trône, au chapitre 4, Il apparaît semblable à une pierre de jaspe et de sardius. Ici, la nouvelle Jérusalem a la gloire de Dieu, et son luminaire est semblable à une pierre de jaspe. Mais ce n’est pas tout. « Elle avait une grande et haute muraille », et après cela il nous est dit, au verset 18, que « sa muraille était bâtie de jaspe ». De sorte qu’il est évident que cette pierre est, d’une manière spéciale, celle qui sert à décrire la gloire de Dieu, pour autant qu’elle peut être contemplée par la créature — non pas cette gloire de Dieu qu’il est impossible à la créature de contempler, car Dieu possède une gloire inaccessible. — Mais il est aussi de Son bon plaisir de déployer une gloire à Lui, appropriée à la capacité de la créature ; et la pierre précieuse employée dans le livre de l’Apocalypse comme figure de cette gloire, c’est le jaspe.

De plus, il nous est rapporté que la ville avait « douze portes, et aux portes, douze anges, et des noms écrits sur elles, qui sont ceux des douze tribus des fils d’Israël ». Il est particulièrement fait mention du nombre « douze » dans tout le récit qui est donné au sujet de la nouvelle Jérusalem. Il est dit immédiatement auparavant que la ville a la gloire de Dieu, dans l’espérance de laquelle nous nous glorifions (Rom. 5, 2). Ici, nous voyons que cette espérance dans l’attente de laquelle nous sommes et dans laquelle nous nous glorifions, est devenue jouissance. Mais il plaît à Dieu de se souvenir que c’est un peuple sur la terre qui est l’objet de Ses voies, et la nouvelle Jérusalem a une relation toute particulière avec les hommes pendant la durée du millénium. En conséquence, il y a douze portes, avec les noms des douze tribus d’Israël écrits sur elles. Aux portes se tiennent douze anges, montrant leur subordination. Dans ce jour de gloire, les anges sont heureux d’être établis portiers aux portes de la céleste ville ; heureux, s’il ne leur est pas donné d’entrer, d’avoir leur charge et leur fonction en dehors. « Car ce n’est point aux anges qu’il a assujetti le monde habitable à venir duquel nous parlons » (Héb. 2). « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ?… Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? » (1 Cor. 6).

« Et la muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux, les douze noms des douze apôtres de l’Agneau » (v. 14). Éphésiens 2, 20 nous donne, je crois, la force de ce symbole, « Ainsi donc, vous n’êtes plus étrangers, ni forains, mais concitoyens des saints… ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin ». Sans doute, tout l’édifice croît pour être un temple saint dans le Seigneur. Mais nous sommes édifiés sur « le fondement des apôtres et prophètes » — soit, les apôtres et prophètes du Nouveau Testament. S’il se fût agi des prophètes de l’Ancien Testament, ils auraient naturellement été nommés avant les apôtres, afin d’éviter toute confusion ; mais l’expression, telle qu’elle se présente, semble construite à dessein pour prévenir une pareille erreur. Les prophètes de l’Ancien Testament complétaient la loi, outre qu’ils rendaient témoignage des choses futures, des jugements, de la nouvelle alliance, etc. La loi et les prophètes ont été jusqu’à Jean, ainsi qu’il est écrit (voyez aussi Matt. 5, 17). Leur autorité ne saurait jamais être détruite. Mais lorsque le Messie fut rejeté par Israël et que la rédemption fut accomplie sur la croix, un fondement nouveau fut posé pour une nouvelle œuvre de Dieu, œuvre entièrement distincte de ce que la loi, ou les prophètes, ou même Jean-Baptiste, avaient en perspective. C’est le fondement des apôtres et prophètes du Nouveau Testament, et c’est sur ce fondement que la nouvelle Jérusalem est édifiée. Maintenant, Dieu a donné à connaître toute Sa pensée comme fondement de la vérité. Dans les temps de l’Ancien Testament, il y avait certaines choses encore réservées. Voyez le Deutéronome. « Les choses cachées, y dit Moïse, sont pour l’Éternel, notre Dieu ; mais les choses révélées sont pour nous et pour nos enfants à jamais, afin que nous fassions toutes les paroles de cette loi » (chap. 29, 29). Ici, les choses révélées sont rattachées à la loi et ses conséquences, dans le but d’insister sur l’obéissance. Mais les choses secrètes, qui alors appartenaient à Dieu, sont maintenant elles-mêmes révélées — les réponses de la grâce alors que tout était ruine sous la loi. Et c’est là-dessus que l’apôtre Paul insiste si fortement, là où il nous déclare de quelle manière Dieu, par révélation, lui a fait connaître le mystère ou secret : « D’où vous pouvez comprendre, en le lisant, quelle est mon intelligence dans le mystère du Christ, lequel n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes dans d’autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes ». Pareillement aussi en Colossiens 1, 26. Le Saint Esprit a manifesté ce qui a été tenu secret dans les temps anciens. Le mystère a été révélé. Il semble que ce soit cette pleine révélation de la vérité qui est appelée le fondement des apôtres et prophètes, fondement sur lequel l’Église est édifiée. C’est pourquoi il est dit en 1 Timothée 3, 15, que l’Église est « la colonne et le soutien de la vérité ». La vérité est venue, et Dieu n’a en quelque sorte plus de secrets maintenant. Tout ce qu’Il a trouvé bon de révéler, tout ce qui a pu être de quelque service à la créature, tout ce qui a pu glorifier Son propre Fils, Dieu l’a manifesté, de manière qu’en ce sens comme en tout autre il peut être dit que « les ténèbres s’en vont et la vraie lumière luit maintenant ». Ainsi donc, c’est sur ce vaste et profond fondement, sur lequel sont déployés non seulement les dispensations de Dieu envers des individus ou envers un peuple, non seulement Ses promesses et Son gouvernement, mais sur lequel tout ce que Dieu peut donner à connaître de Lui-même à la créature, a été révélé en Son Fils, c’est dis-je, sur ce fondement que l’Église est édifiée. Et c’est là ce qui a été maintenant manifesté à Ses saints, savoir, ce qui était caché, mais qui a été maintenant révélé. « La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux, les douze noms des douze apôtres de l’Agneau ». Les apôtres étaient les instruments de cette révélation.

« Et celui qui me parlait avait un roseau d’or, pour mesurer la ville et ses portes et ses murailles. Et la ville était bâtie en carré, et sa longueur était aussi grande que sa largeur… et sa longueur, et sa largeur et sa hauteur étaient égales » (v. 15, 16). Cette image démontre la perfection de la ville, « dont Dieu est l’architecte et le créateur ». Je ne veux pas dire que l’on doive prendre cette description comme s’appliquant à une ville dans le sens littéral du mot. Dans mon appréciation, ce tableau est purement symbolique, exprimant certaines relations dans lesquelles se trouve placée l’épouse de l’Agneau, la femme. L’Écriture elle-même déclare positivement que la nouvelle Jérusalem est (non pas la demeure des rachetés, mais) l’épouse elle-même, décrite sous la figure d’une ville. Tout comme l’église apostate, le vaste système ecclésiastique idolâtre dont il est si souvent parlé dans ce livre, est présentée sous la figure d’une grande ville, Babylone ; de même ici l’Église glorifiée est présentée sous le caractère d’épouse, la femme de l’Agneau, en contraste avec la grande prostituée, et sous l’aspect de la sainte ville descendant du ciel d’auprès de Dieu, en contraste avec la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre. Lors donc que nous lisons que la ville forme un carré, de longueur, de largeur et de hauteur égales, il faut simplement l’entendre comme expression figurative de sa perfection. En même temps, il ne faut pas confondre ces symboles l’un avec l’autre ; car immédiatement après il est dit : « Et il mesura sa muraille, cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme, c’est-à-dire d’ange » (v. 17). Or, la hauteur de la ville a été ci-devant donnée comme égale à sa longueur et à sa largeur — soit, douze mille stades. Évidemment cette mesure est énormément plus grande que celle de cent quarante-quatre coudées, qui désigne expressément la hauteur de la muraille. Premièrement, nous avons l’idée générale d’une ville qui forme un carré sous tous ses côtés, de fait, un cube ; ensuite, quand nous arrivons aux détails de la muraille, une hauteur est donnée, qui montre que nous ne devons pas simplement rechercher une harmonie littérale, comme s’il s’agissait d’un portrait. Le nombre douze maintient l’idée de la perfection par rapport à l’homme.

« Et sa muraille était bâtie de jaspe ; et la cité est d’or pur, semblable à du verre pur » (v. 18). Nous avons déjà, dans une précédente partie du livre, découvert la signification de ces deux figures, l’or et le verre. Le Seigneur conseillait à Laodicée en état de chute, d’acheter de Lui « de l’or éprouvé par le feu ». L’or est invariablement la figure de la justice divine — de la justice qui peut subsister devant le feu pénétrant du jugement de Dieu. La justice humaine ne pourrait pas s’y tenir ; aussi n’est-elle jamais représentée par l’or, mais plutôt par le fin lin. Le fin lin, Dieu peut le nettoyer et n’y laisser aucune tache ou souillure ; mais le feu, ce serait sa destruction : au lieu que pour ce qui regarde l’or, il ne peut qu’en faire ressortir la perfection. En conséquence, cette cité est d’or pur. Si la cité a la gloire divine, la justice divine la caractérise également. Mais il y a plus. Elle est d’or pur, « semblable à du verre pur ». La sainteté, maintenant fixe et sans défaut, distingue encore la cité. Quant à la sainteté qui nous est indispensable, elle est exprimée sous la figure de l’eau, parce qu’il s’agit d’être nettoyé de la souillure dans le sens pratique. Dans l’Apocalypse, ce n’est pas le cas ; car à partir du quatrième chapitre, les saints qui sont vus associés avec la sainteté, sont des saints ressuscités, qui, par conséquent, n’ont plus à faire d’être nettoyés. C’est pourquoi ils sont représentés, ainsi que dans le cas de cette compagnie de saints dont il est fait mention au chapitre 15, comme étant sur une mer de verre, parce que c’est la pureté qui est dans une condition de fixité et d’inaltérabilité. Leur état n’est plus un état qui puisse avoir besoin de nettoiement. C’est la sainteté qui repousse tout ce qui serait de nature à souiller. De même ici, la cité est d’or pur, semblable à du verre pur. En Apocalypse 15, il est remarquable que la mer de verre soit dite être mêlée de feu, ce qui n’est pas le cas en Apocalypse 4, et cela parce que les saints dont il est parlé en ce premier endroit avaient non seulement passé par une complète purification de cette nature et étaient maintenant dans un état de pureté inaltérable, mais parce qu’ils avaient traversé la dernière et terrible tribulation, dont le feu, dans ce passage, est une figure. De cette tribulation, les saints ravis d’Apocalypse 4 avaient été exempts. Ainsi donc nous avons la cité d’or pur, semblable à du verre pur ; c’est-à-dire, qu’il y a maintenant une justice divine, et une sainteté à laquelle rien ne saurait porter atteinte.

« Et les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de toute pierre précieuse : Le premier fondement était de jaspe, etc. Et les douze portes étaient douze perles ; chacune des portes était d’une seule perle ; et la rue de la ville était d’or pur comme du verre transparent » (v. 19-21). Sans prétendre donner la signification, au sens spirituel, des diverses pierres précieuses, nous pouvons apprendre par elles qu’en ce jour de gloire Dieu parera Ses saints de toutes sortes de beauté. Il y aura différents rayons de Sa gloire réfléchis par eux, rayons qui sont typifiés par ces différentes pierres précieuses. Pour ce qui regarde Dieu Lui-même, il n’en est pas ainsi. Sa gloire essentielle n’est pas décrite de cette manière. C’est une plénitude, une concentration de lumière. Elle n’est pas divisée en une variété de nuances, si nous pouvons ainsi parler, comme c’est le cas pour la gloire qui est conférée à l’Église. Dieu est lumière, et Il habite dans une lumière inaccessible. L’arc-en-ciel avec ses couleurs variées est le signe par lequel Dieu a indiqué Son alliance avec la création et Ses voies diverses envers l’homme ruiné. Mais quand il s’agit du luminaire des saints dans la gloire céleste, et de la manière en laquelle Dieu déploiera la beauté de Son peuple (car Il voit véritablement de la beauté en Son peuple), ces pierres précieuses sont les emblèmes employés.

« Et les douze portes étaient douze perles ; chacune des portes était d’une seule perle ». C’est sous cet aspect qu’elles apparaissaient aux hommes du côté extérieur : comme quelque chose de tout à fait surnaturel. C’est une description qui renferme une allusion à la Jérusalem terrestre ; mais, dans le cas de cette dernière ville, ce qui existe réellement dans la nature servira à l’orner. Ici la beauté de l’Église est représentée par une image surnaturelle : chacune des portes était d’une seule perle. Ce sont des symboles qui représentent la parfaite et divine beauté dont Dieu revêtira Son peuple. Déjà cela est vrai d’eux en Christ ; mais ils sont destinés à reluire ainsi, de fait et personnellement, en ce jour-là. Le fait que chaque porte est d’une seule perle montrerait, ce me semble, la ressemblance spéciale et la communion avec Christ que Dieu accordera à Son peuple — l’Église. En Matthieu 13, nous avons, je pense, le Seigneur Jésus présenté comme un marchand qui cherche de belles perles, lequel ayant trouvé une perle de très grand prix, s’en alla, et vendit tout ce qu’il avait et l’acheta. C’est la beauté de l’Église, vue dans la pensée de Dieu, qui, si l’on peut ainsi parler, ravit le Seigneur Jésus, de sorte qu’Il se dépouilla de toute Sa gloire terrestre pour acquérir cette perle ; l’expression est très forte, en effet, mais pas trop forte pour dire jusqu’à quel degré Il appréciait l’Église. Mais nous savons que si le Seigneur a pu voir quelque beauté en l’Église, cette beauté tout entière émanait de Lui. Il voyait l’Église telle qu’elle était dans la pensée et le dessein de Dieu ; et c’est là-dessus qu’Il vendit tout ce qu’Il avait afin d’acheter cette perle de grand prix, qui n’est, après tout, que la réflexion de Sa propre beauté. Pareillement ici, la perle sans défaut — perfection de beauté morale qui avait été si précieuse aux yeux de Christ — est la figure de ce qui, à l’entrée même, apparaîtra aux yeux des hommes et des anges.

« Et je ne vis point de temple en elle ; car le Seigneur Dieu, le Tout-puissant, et l’Agneau en sont le temple » (v. 22). Ceci est très important. Car peut-être quelqu’un dira-t-il : Qu’est-ce que tout cela a affaire avec les saints maintenant ? Je réponds : Il faut que le monde attende le jour de la gloire pour voir la beauté de l’Église. Et nous-mêmes sommes, comme le monde, si souvent incrédules, qu’il y a chez nous tendance, si nous échappons au rêve illusoire d’améliorer la chrétienté, à ne voir que les ténébreuses, les pénibles circonstances de l’Église. Lequel de nous porte habituellement, constamment, dans son cœur le sentiment de délices qu’éprouve le Seigneur Jésus en dévoilant ce que l’Église doit être — oui, ce qu’elle est déjà même à Ses yeux et à Son cœur ? Notre incrédulité sous ce rapport est une des principales et secrètes sources de l’esprit de murmure et de rébellion. Je ne dis pas que nous devions rester indifférents à l’égard de la chute de l’Église de Dieu, quant à l’état des choses sur la terre. À Dieu ne plaise que j’aie une telle pensée ! Mais notre sentiment de sa chute ne serait que plus vif et accompagné de plus d’amour, s’il y avait chez nous un sens plus profond de la proximité de l’Église avec Christ, et de la gloire dans laquelle elle est appelée à resplendir bientôt. Une bonne partie de ce que nous ressentons, en considérant le mal qui se rencontre dans les enfants de Dieu, vient de ce que le moi est atteint. Nous sommes tous enclins à traiter durement en quelqu’un la vanité, l’orgueil et choses semblables. Pourquoi ? N’est-ce pas, trop fréquemment, parce que cela nous blesse ? On ne nous a peut-être pas porté le respect, reconnu l’importance auxquels nous nous imaginions avoir droit ? et cela nous aigrit facilement. Mais ce n’est pas là être impressionné selon Christ. Non pas que nous devions être insensibles aux voies de la chair et du monde, mais il faut en être affligés pour Christ et non pour nous-mêmes. Qu’est-ce qui peut nous en rendre capables ? Rien, sinon un cœur rempli de Christ et de la place excessivement bénie dans laquelle Il nous a mis. Nous sommes appelés à montrer Christ maintenant. Ce n’est pas seulement que nous sommes destinés à devenir membres de Son corps, de Sa chair et de Ses os, mais que nous le sommes maintenant ; aussi l’amour pour Dieu et le désir de Sa gloire devraient-ils nous amener à marcher d’une manière conforme à cette position, dans l’Église et devant les hommes. Ce que Dieu ne tardera pas à déployer devant l’univers entier, Il veut de nous que nous nous attendions à le trouver maintenant dans les siens. Quand ce jour-là sera venu, il n’y aura plus d’empêchements ; mais le Saint Esprit agit dans le but de réaliser en nous ce qui, alors, sera manifesté en perfection, mais qui est vrai en principe dès à présent. S’il y a une tache en quelqu’un qui est destiné à reluire avec Christ alors, cela stimule nos affections pour que le mal soit ôté selon Dieu et pour Sa gloire. Et c’est là ce qui augmente chez nous, dans une si grande proportion, le sentiment de la honte, dans le cas où de semblables taches se trouveraient en nous-mêmes. Pour moi, il est évident que le Saint Esprit communique la description de la gloire divine qui sera dans l’Église, dans le but d’agir maintenant sur nos âmes par une grande puissance pratique, si la Parole est mêlée avec de la foi dans ceux qui l’entendent. La véritable raison pour laquelle nous en tirons si peu de profit, c’est que nous sommes des croyants si incrédules ! Nous sommes croyants ; mais n’est-il pas humiliant que nous puissions passer sur d’aussi précieux fruits de l’amour de Christ, d’aussi brillantes visions de gloire assurée, comme si nous n’en avions pas besoin maintenant, ou comme s’il ne s’agissait pas des certaines et véritables paroles de Dieu ? Bientôt nous serons dans la gloire, et nous connaîtrons comme nous sommes connus ; mais la gloire est révélée à ceux qui n’y sont pas encore afin que leurs âmes soient maintenant pleines de la joie de cette gloire, et afin que les effets en soient manifestes même pour le monde qui fait mépris d’eux. Le Saint Esprit est les arrhes de l’héritage, aussi bien que le sceau de la rédemption.

Mais cela n’est pas seulement vrai de la beauté dans laquelle l’Église est appelée à briller alors ; il y a une chose qui doit exercer présentement sur nous une puissante influence ; il y a une immédiate relation avec Dieu dans le sens du culte ; et quoi ensuite ? Le symbole ici employé est celui d’une ville ; c’est pourquoi nous ne sommes pas présentés sous le caractère de sacrificateurs. S’il était parlé de nous comme individus, nous serions vus comme ayant été approchés de Dieu, c’est-à-dire comme sacrificateurs, et c’est ainsi que nous le sommes au chapitre 20, 6. Mais ici, nous voyons une ville — et une ville dans laquelle il n’y a point de temple, non qu’il n’y eût pas là un siège spécial pour la présence de Dieu, mais parce que Sa présence remplissait le lieu tout entier et partout également. L’accès à Dieu est immédiat. Mais cela est aussi une vérité présentement applicable (Héb. 10). Ici-bas, maintenant, il n’y a point de temple, ni de sacrificateurs entre nous et Dieu. Sans doute, nous avons en haut le grand et fidèle souverain Sacrificateur — ministre des lieux saints et du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non pas l’homme. Mais il y aura ici-bas temple et sacrificateurs pendant le futur royaume, pour ceux qui, sur la terre, auront besoin de Lui, alors qu’Il « s’assiéra comme sacrificateur sur son trône » (Zach. 6, 13, vers. angl.). Ainsi, pour le chrétien il n’y a maintenant ni temple ni sacrificateurs sur la terre. Nous nous tenons, quant à la foi, dans la présence immédiate de Dieu, dont la parfaite faveur luit sur nous. Si l’on ne sent pas cela, c’est qu’on ne le croit pas. Nous devons toujours croire une chose sur l’autorité de la Parole de Dieu premièrement ; et plus nous mettons de simplicité à croire, plus nous jouissons de la consolation, de la force et des fruits de la vérité.

« Et je ne vis point de temple en elle : car le Seigneur Dieu, le Tout-puissant, et l’Agneau en sont le temple. Et la cité n’a pas besoin du soleil, ni de la lune, pour l’éclairer ». Il n’est besoin d’aucune lumière terrestre, ni même céleste, appartenant à la première création : « car la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau est sa lampe » (v. 23). De quelle admirable façon cette description tout entière est en harmonie avec quelques paroles de Jean 17, auxquelles je renverrai avant d’aller plus loin.

Dans son étonnante prière (si nous pouvons appeler prière ce qui est plutôt l’épanchement du Fils devant le Père), le Seigneur a dit : « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée ». C’est une gloire divine, mais non la gloire de Sa divinité ; car celle-ci ne peut jamais être donnée, attendu qu’elle appartient à Dieu seul. Le Seigneur Jésus possédait la gloire de la divinité, mais non pas comme Lui ayant été donnée : Il la possédait d’une manière essentielle, Il la possédait de droit, comme étant Dieu de toute éternité. Mais celle que le Père Lui a donnée comme homme, Il l’a donnée à Ses disciples : « afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Or, ceci correspond exactement à ce que nous avons dans l’Apocalypse. Nous y voyons la sainte ville, descendant du ciel d’auprès de Dieu ; et l’Agneau est en elle, et le Seigneur Dieu se fait connaître d’une manière spéciale, pour ainsi dire, dans l’Agneau ; car l’Agneau n’est pas seulement la lumière, mais le vaisseau de la lumière, la lampe. Nous pouvons voir une diffusion de lumière, ainsi qu’il est écrit : « la gloire de Dieu l’a illuminée » ; mais si nous en voulons voir la concentration, où nous faut-il regarder ? L’Agneau est cette lumière. C’est ainsi que Dieu Lui-même fait resplendir Son éclat dans toute cette glorieuse cité : l’Agneau est le grand objet de concentration, répandant la lumière sur la scène entière. Or, voici dans quel ordre cela a lieu : « Moi en eux, et toi en moi ; afin qu’ils soient consommés en un, et que le monde connaisse », etc.[4]. L’Agneau leur fait connaître Dieu, comme eux font connaître l’Agneau à tous les autres. C’est là ce qui est exposé dans l’Apocalypse. « Les nations marcheront à sa lumière » ; — non pas immédiatement dans la lumière de l’Agneau, mais au moyen de la lumière de la cité céleste, et c’est précisément ce que nous trouvons en Jean 17 (« afin qu’ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé »). Voilà, me semble-t-il, ce qui répond aux nations marchant à la lumière de la cité. L’Église avait passé à travers ces nations dans les jours de son pèlerinage, et elle y avait été méprisée à cause de sa communion avec Christ (1 Jean 3, 1). Car, comme Lui-même y a été, et y a été méconnu, ainsi « le monde ne nous connaît pas ». Mais maintenant, lorsqu’arrive le jour éclatant, lorsque Jésus, longtemps absent et rejeté, Lui l’homme béni et exalté, le Seigneur du ciel, viendra dans Sa gloire, comme le grand témoin et l’accomplissement de la gloire de Dieu, de même qu’Il en est le véritable resplendissement — Il ne sera pas vu séparé de Son épouse. Elle apparaîtra avec Lui en gloire, et les nations marcheront à la lumière de cette méprisée qu’elles auront rejetée si longtemps. Même les rois de la terre lui[5] apportent leur gloire. Il est nécessaire de constater cela, afin que personne ne s’imagine qu’il y aura communication directe entre les habitants de la terre et la cité céleste. Car si la cité est vue descendant du ciel, elle n’est pas dite descendre sur la terre de manière à être avec les hommes, comme c’est le cas lorsque le nouveau ciel et la nouvelle terre sont là. Ici, sa gloire est au-dessus de la terre, en conséquence, les rois et les nations lui apportent leur gloire et leur honneur, dans le sens d’hommage, je présume, pour Celui qui y habite.

« Et ses portes ne seront point fermées de jour : car il n’y a point là de nuit ». Aucun danger ne menace la cité ; au contraire : « et on lui apportera la gloire et l’honneur des nations ». Naturellement, cette expression a le même sens qu’au verset 24. « Et il n’y entrera aucune chose souillée, ni ce qui fait une abomination et un mensonge : mais seulement ceux qui sont écrits au livre de vie de l’Agneau ». Ainsi, place entière est laissée à la sainteté de Dieu, et les choses impures, abominables, sont exclues de Sa présence, comme, en vérité, elles sont moralement et absolument impropres à y paraître ; mais, de plus, Sa souveraineté est maintenue intacte. Nul n’y entre, excepté ceux inscrits au livre de vie de l’Agneau. Nous avons remarqué que les cinq premiers versets du chapitre 22 sont nécessaires pour compléter la vision, mais, je ferai mieux, je crois, de les réserver pour la prochaine méditation où nous verrons aussi la conclusion du livre à sa vraie place.

Chapitre 22

L’un des traits distinctifs et bien intéressants de ce livre, c’est qu’il ne peut être compris si on le sépare du reste de la Parole de Dieu, ou si, du moins, on l’envisage en dehors des autres portions de cette Parole. Dieu a, d’une manière très remarquable, lié ce volume avec le premier des Saintes Écritures. Par exemple, dans ce chapitre, le Saint Esprit se sert d’images pour dépeindre la bénédiction de la cité céleste dans ses relations avec la terre durant le millénium ; mais d’où ces figures sont-elles tirées ? Il me faut aller au commencement du livre de Dieu, à la Genèse, au commencement même de la Genèse, et je trouve là l’arbre de vie, les fleuves, etc., auxquels le Saint Esprit fait évidemment allusion dans le chapitre qui s’offre aujourd’hui à notre étude. Et c’est pour moi une indication frappante du lien que Dieu tient à établir entre les diverses parties de Sa Parole, lorsque je considère que, pour avoir une connaissance entière d’une portion quelconque, il est urgent que je ne la sépare pas de l’ensemble. Cette union est d’autant plus importante, que cette même Parole de Dieu nous révèle plusieurs états ou dispensations en contraste positif les uns avec les autres. Il y eut d’abord un temps d’innocence ; puis une époque durant laquelle le péché seul se manifestait, et cela, sans rencontrer aucune opposition jusqu’à ce que vînt le jugement de Dieu exercé par le moyen du déluge, et qui fit périr tous les hommes excepté le petit nombre qui trouva un refuge dans l’arche. Après cela parut la loi, et enfin l’évangile, ayant chacun en vue un but différent. Durant le temps actuel, nous sommes dans l’attente de la scène importante qui clora le présent siècle, et où tout ce que Dieu a opéré sur la terre, tout ce que la révélation a fait connaître de Ses pensées, mais qui a été corrompu par l’homme, sera manifesté dans ses résultats.

Pour bien comprendre ce que le Saint Esprit m’enseigne touchant ces résultats, il faut d’abord que je me reporte au commencement. Or, si nous ouvrons la Genèse, nous trouverons que, quoiqu’il y ait une sorte d’analogie entre le temps d’innocence, où Dieu déployait Ses voies envers Sa créature placée sous la responsabilité de se maintenir dans sa position d’innocence, et l’époque encore future, celle-ci fait néanmoins, avec la première, le contraste le plus béni, en ce qu’elle manifeste d’une manière bien plus remarquable encore la profondeur de cette grâce que Dieu déploiera dans la sainte cité. Examinons donc un peu la différence de ces époques. La Genèse nous fait voir quatre fleuves, et quoique nous ne sachions pas grand-chose ou plutôt que nous ne sachions rien des deux premiers, il est manifeste toutefois que les deux autres, l’Euphrate et Hiddékel, ou le Tigre, se lient un peu plus tard aux circonstances les plus pénibles de l’histoire terrestre du peuple de Dieu. Sur ces rivières furent bâties les deux villes les plus fameuses de l’antiquité : Ninive située sur le Tigre, et Babylone sur l’Euphrate. Il est évident que je fais ici allusion à une époque de beaucoup postérieure à Adam ou même au déluge. Et quoique ce cataclysme ait transformé une partie de l’ancien monde, il n’a pas changé le cours de ces rivières que nous retrouvons ensuite. Le paradis a disparu, nous le savons ; mais ces fleuves devaient encore jouer un rôle important dans l’histoire de l’homme, et surtout dans l’histoire de ce qui leur acquiert plus d’importance qu’ils n’en ont par eux-mêmes, le fait qu’ils se trouvent, dans les voies de Dieu, mêlés aux vicissitudes et aux châtiments de Son peuple d’Israël.

Ces deux fleuves, disons-nous, furent identifiés avec les puissances qui devaient causer respectivement la ruine de Juda et d’Israël. Ninive fut la capitale de l’Assyrie qui transporta en captivité la grande masse des dix tribus d’Israël ; Babylone fut employée de Dieu pour châtier cette portion du peuple qui, pendant un temps, avait semblé témoigner pour Lui aussi fidèlement que l’avait fait la maison de David, mais qui plus tard s’égara encore davantage que le coupable Israël. C’est ainsi que ces deux fleuves, qui d’abord avaient été rattachés au paradis, devinrent ensuite les représentants des puissances employées de Dieu pour le châtiment de Son peuple infidèle.

Deux arbres attirent ensuite notre attention dans le jardin d’Éden ; le premier est celui de la connaissance du bien et du mal, et le second celui de la vie. Mais quelles que soient les bénédictions que semblait promettre l’arbre de vie, l’homme ne devait y trouver aucun avantage, puisque l’autre arbre lui faisait subir une épreuve dans laquelle il ne pouvait que succomber. Bientôt, en effet, il faillit : il prêta l’oreille à la voix de sa femme qui elle-même avait écouté le serpent, et il tomba dans la rébellion. La conséquence fut que l’arbre de vie ne put plus servir à son usage ; en eût-il été autrement, cela n’eût servi qu’à perpétuer une vie de péché et de misère. De sorte que le chérubin armé, gardant l’arbre de vie, manifestait bien le jugement de Dieu, mais un jugement mêlé d’une miséricorde profonde. Dieu réservait pour l’homme quelque chose de meilleur, savoir, un arbre de grâce si je puis m’exprimer ainsi.

Arrivés au dernier récit de la Parole de Dieu, nous ne rencontrons pas plusieurs fleuves comme en Éden, ni un arbre destiné à éprouver l’homme. Il ne se trouve dans le tableau offert à nos regards qu’un seul fleuve et qu’un seul arbre. Tout ce qui était en quelque manière lié avec la faiblesse, le péché, et le jugement, a disparu. Les souvenirs pénibles de la culpabilité et de la discipline ne sont plus nécessaires. Le paradis de l’homme a été perdu, Israël a failli, l’Église aussi a manqué dans son témoignage ; et maintenant, le paradis, le peuple, et la cité, tout est de Dieu. Il s’y fait connaître et y révèle Sa gloire, de sorte que tout ce qui n’aurait été introduit que pour éprouver ou discipliner l’homme, disparaît complètement afin de laisser resplendir l’amour de Dieu, Sa grâce céleste, Sa fidélité à l’égard d’Israël, Sa souveraine miséricorde en faveur des Gentils, Son juste et bienfaisant gouvernement. Le Seigneur Jésus Christ était intervenu, et avait par Lui-même enduré le châtiment que méritait le peuple de Dieu, de sorte que Dieu pouvait avec justice ne laisser éclater que Son amour, en leur donnant la vie et en faisant propitiation et purification pour eux par Son Fils bien-aimé.

« Et il me montra un fleuve d’eau vive, éclatant comme du cristal sortant du trône de Dieu et de l’Agneau. Et au milieu de la rue et des deux côtés du fleuve était l’arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois : et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations » (v. 1, 2). Dans ces versets, nous avons évidemment la grâce régnant par la justice, en tant du moins qu’il s’agit de l’arbre et du fleuve. Rien ne peut y être corrompu par la puissance de Satan. Il ne s’y trouve rien non plus, qui corresponde au chérubin tenant l’homme à l’écart de l’arbre de vie. C’est précisément tout le contraire. Cet arbre de vie rapporte du fruit chaque mois. Naturellement ce n’est là qu’une figure. Il n’y aura littéralement ni arbre ni fleuve ; mais comme les eaux de la vie symbolisent la vie et la bénédiction abondantes qui jailliront de la cité, c’est-à-dire l’Épouse, la femme de l’Agneau, il s’y trouve aussi des ressources pour la guérison des nations. Il n’est rien dit d’explicite concernant les douze fruits, qui peuvent exprimer une bénédiction beaucoup plus élevée et une provision infiniment riche pour le rafraîchissement continuel des saints célestes, mais les feuilles sont désignées d’une manière expresse comme devant servir à la guérison des nations. Cela est d’autant plus remarquable, que nous sommes habitués à voir dans les prophètes un tout autre tableau de la Jérusalem terrestre, même lorsqu’il s’agit du jour glorieux à venir. Prenez pour exemple la description que nous fournit le soixantième chapitre d’Ésaïe. Le chapitre 59 nous a appris que le Rédempteur paraîtra en Sion, et le chapitre 60 nous décrit la cité : « Tes portes aussi seront continuellement ouvertes ; elles ne seront fermées ni nuit ni jour », etc. Mais quelles sont, en principe, les relations qui existeront entre la Jérusalem terrestre et les nations ? « Car la nation et le royaume qui ne te serviront point, périront ; et ces nations-là seront réduites en une entière désolation ». Le gouvernement est confié à une justice impitoyable, accompagnée du jugement. Dieu exige que l’honneur soit rendu à Son peuple qui a si longtemps été méprisé et foulé aux pieds par les nations. Nous le savons, un Juif est maintenant traité avec le dernier mépris, même dans la chrétienté ; et si par sa prospérité il obtient la faveur du monde, chacun regarde la chose comme un acte surprenant de libéralisme dont on se glorifie extrêmement, quoique en général, on agisse ainsi sur un principe faux, que ce soit le scepticisme ou le pseudo-christianisme.

On a été tellement habitué à mépriser les Juifs, que les concessions qui leur sont faites accidentellement semblent arrachées souvent en vertu de principes aussi faux que celui des droits de l’homme, etc. Je ne fais ici qu’allusion à des faits bien connus de l’histoire du monde. Comme chrétiens, de semblables questions ne nous regardent pas, sauf pour les apercevoir et en juger. La mission du chrétien ici-bas consiste uniquement à rendre témoignage d’un Christ rejeté ici-bas, mais exalté dans le ciel, et à agir en accord avec la grâce et la gloire de Celui qui est maintenant assis à la droite de Dieu. Lorsque nous perdons de vue ce but, nous sommes semblables au sel qui a perdu sa saveur. Une personne peut avoir de la philanthropie et s’efforcer de faire beaucoup de bien dans le monde, mais Dieu a en vue un objet plus élevé que tous les plans que peut concevoir notre imagination, et c’est ce qui découle de notre sujet actuel. Car, qu’il s’agisse de l’Église antérieurement à la gloire, ou de l’Église quand la gloire vient, comme c’est le cas ici, la grâce est ce qu’il nous est convenable de manifester, puisque c’est cette grâce qui caractérise vraiment la manière d’agir de Dieu envers l’Église ; elle est la manifestation de Lui-même tel qu’Il s’est révélé en Christ. C’est là ce que l’apôtre présente en Éphésiens 5, quand il dit : « Soyez donc imitateurs de Dieu ». Et comment cela ? « comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour ». De quelle manière ? Le chapitre précédent avait parlé de Christ comme de l’offrande par laquelle seule Dieu peut pardonner le péché (v. 32), et c’est pour cette raison que nous devons nous pardonner les uns aux autres « comme Dieu aussi vous a pardonné en Christ ». Mais au chapitre 5, l’apôtre va beaucoup plus loin. « Marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est donné lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur ». Ces quelques mots vous dépeignent parfaitement la grâce, qui fournit à ceux qui la connaissent et y demeurent la puissance de Christ pour marcher à travers ce monde.

Si je découvre ici ou là chez l’un de mes frères des pensées erronées ou de fausses espérances ; ou bien encore si je le vois agissant sans conscience et contrairement à la volonté du Seigneur, de quelle manière Dieu réveillera-t-Il mes affections à son égard ? Ce sera en me rappelant la grâce que Dieu Lui-même déploie envers Ses saints et en me conduisant à agir de la même manière, me donnant, si possible, d’élever l’âme de mon frère jusqu’à la connaissance du sentiment que Dieu éprouve pour lui et de Sa volonté envers lui. S’il entrevoit la grâce dans laquelle Dieu a agi, il sera préparé à discerner ce qu’il doit à Dieu. C’est ainsi que l’apôtre parle toujours. Jetez un nouveau coup d’œil sur l’épître aux Éphésiens. De quoi Paul a-t-il été occupé depuis le commencement de cette épître jusqu’au chapitre 5 ? Il a fait resplendir l’amour parfait de Dieu envers Ses saints, et l’union avec Christ dans laquelle Il les a Lui-même introduits ; ce n’est pour ainsi dire qu’après cela, que l’apôtre ajoute : Marchez dans l’amour que Christ vous a Lui-même témoigné. Dans notre chapitre, je découvre un fait analogue. Il n’est plus question des tonnerres, des éclairs et des voix sortant du trône ; tout cela a complètement disparu. Le chapitre 4 nous avait bien fait entrevoir de telles scènes et ouïr de semblables sons. Ils convenaient alors et étaient même nécessaires pour maintenir et manifester la sainteté de Celui qui était assis sur le trône ; ils étaient l’expression de Ses sentiments alors que l’Église ayant été recueillie au ciel, l’homme était laissé s’exalter lui-même, réprimé seulement par des jugements providentiels. Mais dans le chapitre que nous avons maintenant sous les yeux, il n’y a rien de semblable ; nous y voyons le trône de Dieu et de l’Agneau, mais que jaillit-il de là ? Un fleuve d’eau vive éclatant comme du cristal. Et pourquoi cela ? Parce que le trône est vu ici en rapport avec la cité céleste, et que la cité céleste est le symbole de l’Église glorifiée dont le caractère habituel, même dans la gloire, est la grâce. C’était un fleuve de vie, non de mort, et les feuilles de l’arbre étaient pour la guérison et non la destruction des nations.

La Jérusalem d’ici-bas est la cité de la justice terrestre — le lieu où Dieu amènera les Juifs en les faisant passer par une détresse excessive. Ils seront obligés de traverser d’abord une affreuse tribulation, le temps de la détresse de Jacob, mais il en sera délivré. Le châtiment qu’ils endureront ne sera que la juste rétribution de leurs nombreux péchés. Ils traverseront toute cette affliction que Dieu Lui-même leur a justement infligée, mais l’indignation cessera, et cela par la destruction de ceux qui en auront été les instruments. « Mais encore un peu de temps, un peu de temps et mon indignation sera consommée et ma colère sera à leur destruction ». Dieu prendra en mains la cause de Son peuple, et durant le millénium l’appel d’Israël sera encore empreint de cette justice qui a caractérisé les voies publiques de Dieu à son égard, quelles qu’aient pu être les sources cachées de Sa grâce. Toutes les nations monteront à Jérusalem lorsque la maison de l’Éternel sera affermie au sommet des montagnes. « Car la loi sortira de Sion et la parole de Jérusalem ». La loi est la règle de la justice ; la grâce est tout autre chose. Elle n’est pas une règle de justice dont la conséquence inévitable soit la mort. La grâce, il est vrai, règne par la justice ; mais alors il s’agit d’une justice qui est de Dieu et non pas de l’homme ; et par l’effet de sa miséricordieuse culture, celle-ci remplit le saint du fruit de la justice qui est à la gloire et à la louange de Dieu par Jésus Christ. C’est donc une scène de grâce parfaite que nous avons ici. Rien ne peut surpasser vis-à-vis de l’homme une telle mesure de bénédiction. Le nombre douze est toujours employé en rapport avec les voies de Dieu envers l’homme dans l’administration humaine. Sept est le nombre de la perfection en rapport avec les choses de Dieu, ou plutôt avec ce qui est spirituel qu’il s’agisse de choses bonnes ou de choses mauvaises — douze a trait au côté humain. C’est pour cela que lorsque Dieu choisit les patriarches, il y en eut douze ; ils ne correspondaient pas seulement, je suppose, aux douze tribus qui naquirent d’eux, mais bien aussi au reste de l’humanité. Plus tard lorsque les apôtres furent appelés, nous en voyons paraître douze, nombre correspondant à celui des tribus d’Israël. Du moment où il est question de l’apôtre qui a particulièrement la mission d’établir l’Église sur un fondement céleste et inébranlable, le nombre douze disparaît, et les apôtres dont il est ensuite parlé ne sont plus limités à ce nombre (Act. 14, 4, 14 ; Éph. 4). Cela peut servir à développer la pensée que j’ai émise au sujet des douze portes et des douze fondements que nous fait voir le vingt-et-unième chapitre et que je considère comme dépeignant le caractère de la cité vis-à-vis du monde. Elle est envisagée dans son caractère gouvernemental public. Il en est de même de cet arbre. Le fait qu’il porte douze fruits, et qu’il rend son fruit chaque mois, le présente dans ses rapports avec l’homme. C’est pour la même raison qu’il est ajouté après cela, que les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations.

Un autre point est aussi parfaitement clair : c’est qu’il n’est pas question ici de l’état éternel, mais bien du millénium, car dans l’éternité les nations n’existeront plus comme telles et elles n’auront évidemment aucun besoin de guérison. Mais rappelons-nous bien cependant que s’il s’agit de la cité céleste elle-même, elle est éternelle. L’introduction du millénium ou de l’état éternel, n’apporte aucun changement dans sa position. Le chapitre 21 nous a fait voir deux descentes de la cité, l’une au commencement du millénium et l’autre à l’introduction de l’état éternel : dans le verset second, c’est sa descente alors que l’état éternel a paru, et au verset 10 sa descente en vue du millénium. La raison en est, je pense, qu’à la fin du millénium les cieux anciens et l’ancienne terre passent naturellement, et que la cité disparaît de cette scène de bouleversement. Puis, quand la nouvelle terre apparaît, la cité céleste apparaît de nouveau et prend une place permanente dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite. Il est important de remarquer cela, parce que, tandis que toutes choses seront changées à la fin des mille ans, la cité céleste n’en demeurera pas moins à toujours. « À Lui soit gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus pour tous les âges du siècle des siècles. Amen ». Il est évident que dans la gloire éternelle, l’Église n’exercera plus, vis-à-vis du monde, certains offices qu’elle doit remplir durant le millénium, mais la bénédiction qui lui est propre demeurera éternellement la même. Aussi est-il dit dans le chapitre que nous étudions : « Et il n’y aura plus de malédiction ». À partir de ce moment la chose est aussi éternellement vraie pour la cité céleste, qu’elle le sera plus tard pour les nouveaux cieux et la nouvelle terre. « Et le trône de Dieu et de l’Agneau sera en elle, et ses esclaves le serviront ; et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. Et il n’y aura plus là de nuit ; et ils n’auront plus besoin d’une lampe ni de la lumière du soleil » — l’un de ces luminaires représentant la lumière produite par l’homme, et l’autre celle qui vient de Dieu ; mais tout ce qui était approprié à ce monde n’a plus aucune valeur pour la cité. « Car le Seigneur Dieu fera briller sa lumière sur eux ; et ils régneront aux siècles des siècles » (v. 3-5). Cette expression aux siècles des siècles doit, je n’en doute pas, être prise ici dans son sens le plus étendu. Elle ne s’applique pas uniquement à ce qui est appelé « le royaume », quoique le règne commence alors. En 1 Corinthiens 15, 24, il est question d’un royaume que Christ remet à une époque déterminée appelée « la fin ». La fin implique que les mille ans et le jugement des vivants et des morts ont eu lieu, car ce jugement fait partie du règne de Christ ; — en est, pouvons-nous dire, le grand et dernier acte. Toutes ces choses appartiennent au royaume ; et ce n’est qu’après leur accomplissement et lorsque le dernier ennemi, la mort, a été détruit, que le Seigneur Jésus remet le royaume à Dieu.

Le but du royaume est d’assujettir tous les ennemis ; et quand cela se trouve accompli, ce royaume terrestre spécial prend fin. Mais s’il se produit alors un grand changement dans la condition corporelle des saints terrestres, il n’en est pas de même de ceux qui sont déjà glorifiés et assis dans les lieux célestes. Ils régneront aux siècles des siècles ; réalité éternelle ! Ces mots semblent employés ici sans aucune restriction. Tout le récit contenu depuis le neuvième verset du chapitre 21, jusqu’au cinquième verset du chapitre 22 présente la relation de la cité céleste avec la terre durant le millénium ; mais parmi les traits qui la caractérisent, il en est quelques-uns qu’elle garde éternellement. Un de ces traits, outre celui de sa gloire intrinsèque qui ne changera jamais, est celui que le service des saints durera aux siècles des siècles ; il en est de même du règne. Il pourra y avoir quelque changement dans la manière de régner et de servir après que le royaume terrestre aura pris fin ; mais, quant aux choses mêmes, elles subsistent, je pense, aux siècles des siècles.

Nous en sommes maintenant venus aux considérations finales du prophète et à son entretien avec l’ange au sujet de la prophétie, ainsi qu’au dernier message du Seigneur Jésus Lui-même. Rigoureusement, on peut dire que le cinquième verset termine la prophétie. Mais de même que le livre commence par une sorte de préface, il se termine aussi par une conclusion solennelle.

Vous remarquerez que, dans les dernières paroles du Seigneur, il est trois fois question de la venue du Seigneur, et chaque fois dans une acception nouvelle. Le verset 7 nous présente le premier de ces cas, évidemment en rapport avec le verset 6. « Et il me dit : Ces paroles sont certaines et véritables ; et le Seigneur, le Dieu des saints prophètes, a envoyé Son ange pour montrer à Ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt. Et voici je viens bientôt ; bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre » (v. 6, 7). Le Seigneur Jésus parle ici de Sa venue, en rapport avec la bénédiction réservée pour l’homme qui est attentif aux paroles de la prophétie. Le Saint Esprit, en connexion étroite avec cela, recommande alors d’une manière solennelle cette prophétie qui allait se clore. Évidemment le Seigneur Jésus prévoyait le mépris avec lequel les hommes allaient traiter ce livre, et leurs efforts pour le mettre de côté. Je n’aime pas de faire allusion à des sociétés religieuses particulières, mais permettez-moi pourtant de dire un mot d’un corps réformé bien connu. Chose extraordinaire ! dans l’arrangement qu’il a fait pour présenter au peuple toute la Parole de Dieu en portions journalières, quelle place a-t-il donnée au livre de l’Apocalypse ? À peine en trouve-t-on quelque court fragment en une ou deux occasions spéciales, tandis que de nombreuses portions des livres apocryphes y sont insérées. Le Seigneur cherchait, il me semble, à mettre les siens en garde contre le mépris plus ou moins avoué pour ce livre de la Révélation.

Mais ce n’est pas seulement dans le cas que nous venons de citer, qu’une indifférence coupable se signale pour cette Parole divine ; beaucoup de personnes dans des circonstances toutes différentes ne sont pas moins en faute à cet égard. Ah ! disons-le, ce livre est-il quelque part honoré comme le Seigneur le demande ? De chers enfants de Dieu qui n’ont pas en principe l’intention de le négliger, le font hélas constamment dans la pratique ; et si ce livre est étudié, ce n’est généralement qu’en vue de questions de controverse, d’histoire, ou d’imagination. À peine en existe-t-il une exposition simple et pratique. Il est bien peu de serviteurs qui s’en occupent au temps convenable de manière à le faire servir à la nourriture des gens de la maison de Dieu. Et si on s’aventure parfois à en fournir des interprétations, ne sont-elles pas généralement des plus indigestes, étant empruntées d’ordinaire aux savantes élucubrations de quelque archéologue, ou se fondant sur les ignobles comparaisons de tel historien ou tel journaliste incrédule ? Quelle chose solennelle de s’écarter de cette Parole que Dieu a confiée aux siens, afin qu’elle soit comme une lumière resplendissante dans un lieu obscur et non pas du tout pour servir d’aliment à la science et à l’imagination des hommes ! Elle avait pour but d’aider au développement de la vie spirituelle des chers enfants de Dieu, et d’entretenir leur communion avec Lui. Dieu voulait non seulement qu’ils connussent Sa grâce, mais encore qu’ils fussent instruits des jugements qui doivent fondre sur le monde ; Il voulait qu’ils comprissent que ce livre qui montre le cours et le jugement du monde, indique aussi leur délivrance de ce jugement ; car l’Apocalypse révèle clairement que l’Église occupera une place assurée dans la présence de Dieu avant que le moindre jugement éclate ici-bas : à partir du commencement du chapitre 4, elle est vue assise dans les cieux. Oh ! n’est-il pas évident que toutes les paroles de la prophétie sont de la plus haute importance pour nous ? Dieu désire que nous soyons heureux dans la communion qu’Il nous donne avec Lui-même, avant qu’arrivent les événements qui vont avoir lieu : « Bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre ». Et pourquoi a-t-il, de fait, été si peu profitable ? Tout simplement parce que la prophétie a été séparée de la promesse. Cette déclaration pleine de grâce : « Voici je viens bientôt », n’a pas été distinguée des « paroles de la prophétie de ce livre » ; et par suite, la portion de l’Église a été confondue avec les jugements qui doivent fondre sur le monde. L’Apocalypse suppose les enfants de Dieu dans l’attente de la venue de Christ, attente qui devrait sûrement être de jour en jour leur plus glorieuse espérance. Lorsque cela n’est pas le cas, il est, je crois, moralement impossible de pénétrer dans les profondeurs de ce livre et d’en jouir. « Bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre ». Le Seigneur vient bientôt. Mais si nous ne sommes pas dans l’attente de sa venue, nous ne manquerons pas d’altérer ses paroles au lieu d’en tirer profit.

Dès que l’apôtre Jean eut entendu et vu ces choses, il se jeta à terre pour adorer devant les pieds de l’ange qui les lui montrait. Il en avait fait autant précédemment (chap. 19, 10)[6]. Il se peut que la grandeur imposante de la vision lui ait fait supposer que le Seigneur Jésus Lui-même se trouvait devant lui sous la forme d’un ange ; mais son erreur est aussitôt relevée. L’ange lui apprend qu’il est son co-esclave et celui de ses frères les prophètes, et non pas du tout le Seigneur : et par conséquent l’adoration ne lui appartient pas. « Garde-toi de le faire, je suis ton co-esclave et celui de tes frères les prophètes et de ceux qui gardent les paroles de ce livre. Rends hommage à Dieu ». Mais il ajoute quelques paroles d’une grande importance pratique pour les enfants de Dieu. Vous pouvez vous souvenir que, dans le dernier chapitre de Daniel, il est écrit (v. 4) : « Mais toi Daniel, ferme ces paroles et cachette ce livre jusqu’au temps de la fin (vers. angl.) auquel plusieurs courront et la science sera augmentée ». Remarquez maintenant dans quelle place merveilleuse Dieu a établi Son Église. Il venait d’adresser Sa parole à l’homme le plus privilégié entre tous les prophètes privilégiés de l’Ancien Testament, à celui qui avait été appelé « l’homme aimé de Dieu ». Et quoiqu’une prophétie lui eût clairement annoncé la venue et la mort de Christ, une nouvelle communication venait de lui être faite au sujet de laquelle il lui fut dit : « Mais toi Daniel, ferme ces paroles et cachette ce livre jusqu’au temps de la fin ». Ici, à la fin de l’Apocalypse, le même Esprit s’adresse à Jean et lui dit : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre ; le temps est proche » (v. 10). Comment cela se fait-il ? Tout l’appel de l’Église se trouve au temps de la fin. À partir du jour où l’Église commença réellement d’exister, ce fut le temps de la fin ; et tout le cours de son histoire, c’est encore le temps de la fin. Je ne veux pas dire, naturellement, que c’est d’une manière positive le temps de la fin pour les Juifs, qui doivent attendre le développement de tout sur la base de l’accomplissement littéral des faits ; mais c’est là que consiste le caractère particulier de l’appel de l’Église. Elle est au-dessus des temps et des saisons, quoiqu’elle les connaisse ; elle n’a rien à faire avec les dates, les signes, ou les événements antérieurs, pas plus qu’avec l’histoire du monde, dont ces choses sont l’accompagnement naturel et nécessaire. L’Église plane au-dessus d’une scène pareille ; elle est céleste. Le ciel, voilà le lieu où la grâce de Dieu nous place complètement en dehors des supputations qui se rapportent au gouvernement de ce monde.

Quant au Juif dont Daniel était le type, il faut qu’il attende jusqu’à ce que le temps de la fin soit réellement venu, jusqu’à ce que la connaissance soit donnée par Dieu à ceux qui comprendront alors. Jusqu’à ce moment-là, tout est cacheté pour Israël. Tel n’est pas le cas de l’Église représentée par Jean. À lui il est dit : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre » ; etc.

Mais c’est ici qu’est l’erreur commise par beaucoup d’excellents esprits. Sir Isaac Newton, homme de la plus grande réputation dans les sciences humaines, appliqua à l’Église cet ordre de fermer et de cacheter le livre qui fut donné à Daniel ; et en conséquence, il l’abandonna comme une chose qui ne pouvait être comprise jusqu’au temps de la fin. S’il eût comparé le passage de Daniel avec les dernières paroles de l’Apocalypse de Jean, il aurait compris que les paroles mêmes qui furent cachées au prophète juif sont expressément révélées au chrétien. Si Daniel devait sceller, Jean reçoit expressément l’ordre de ne pas sceller. Et pourquoi ? Parce que Christ était venu, qu’Il s’en est allé au ciel, et qu’Il est à la droite de Dieu, prêt à juger les vivants et les morts ; Il est rejeté, et dès ce moment-là c’est moralement le temps de la fin. C’est ainsi que parlent les écrivains du Nouveau Testament. L’apôtre Jean dit : « Jeunes enfants, c’est la dernière heure ». « La fin de toutes choses est proche », écrit Pierre ; et Jacques : « Le juge se tient devant la porte ». Saint Paul écrivait de la même manière : « Or toutes ces choses leur arrivaient en types ; et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement à nous que les fins des siècles ont atteints ». Voyez aussi Hébreux 9, 26. Vous trouvez donc la même grande vérité formellement enseignée depuis les épîtres de saint Paul, de saint Pierre, et de saint Jacques, jusqu’à l’Apocalypse. À mon avis, c’est là ce qui est supposé, lorsque Jean reçoit l’ordre de ne pas cacheter les paroles de la prophétie de ce livre. Nous avons à en faire usage, et à la comprendre maintenant en vertu de la connaissance de Christ, et avec le Saint Esprit donné par Christ comme une onction par laquelle nous connaissons toutes choses. Pour nous, le temps est toujours proche, et les paroles de ce livre ne sont pas scellées pour nous ; de sorte que c’est pure incrédulité, si au lieu de porter le livre pour ainsi dire, à Christ qui est la lumière pour révéler cela comme tout le reste, nous le soumettons au monde et à sa sagesse, qui ne peuvent qu’en obscurcir l’intelligence. C’est là, je n’en ai aucun doute, la source et la raison des erreurs si répandues relativement à l’interprétation du livre et des difficultés qu’elle rencontre. Pour le bien comprendre, ainsi que toute autre portion de l’Écriture, il faut que je voie ce que Dieu est occupé à faire pour la gloire de Son Fils. Comme chrétien, je suis encouragé à lire la prophétie : ses paroles ne sont point scellées pour ceux qui ont la pensée de Christ. Si j’étais juif, j’aurais à attendre jusqu’au temps de la fin dans la pleine acception prophétique du mot, c’est-à-dire jusqu’à la fin du siècle. Alors les intelligents parmi les Juifs comprendront ; ils sont le résidu, fidèle, intelligent. C’est par un tel résidu, du moins en principe (appelé, il est vrai, à de meilleures espérances), que l’Église commença.

Mais, diront peut-être quelques personnes, il y avait dans la prophétie de Daniel certaines choses qui devaient être scellées, et d’autres qui ne devaient pas l’être : pourquoi ne seraient-ce pas ces dernières (et non les premières) qui étaient celles qu’il fut dit à Jean de ne pas sceller ? Je réponds que l’Apocalypse suppose toute la vérité que nous trouvons en Daniel, et bien davantage encore. Elle ne saurait être comprise si Daniel ne l’était pas ; tandis qu’il y a bon nombre de vérités comprises dans l’Apocalypse qui ne furent point données en Daniel. Un pareil argument est donc sans valeur. De fait, Daniel parle dans les termes les plus généraux, et il lui fut dit de fermer les paroles et de cacheter le livre et non pas quelques-uns de ses parties seulement. L’Apocalypse est sur le même terrain que Daniel pour ce qui concerne le dernier empire, mais contient nombre de choses d’une portée encore plus vastes et de beaucoup plus profondes — choses provenant de l’apostasie chrétienne, et qui s’ajoutent à la ruine antérieure d’Israël et à la méchanceté future tant d’Israël que des Gentils. Si donc il se trouvait dans le Nouveau Testament quelque livre qu’on pût naturellement s’attendre à voir sceller, c’est sans contredit celui de l’Apocalypse ; car, comme il est le dernier de tous les livres de la Bible, il en est aussi le plus difficile, le plus abstrus, et le plus étendu. C’est pourquoi, lorsque j’entends le Saint Esprit dire : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre », je vois clairement impliquée dans cet ordre, l’indication des privilèges particuliers du chrétien. Il le suppose placé dans la pleine lumière de Dieu ; de sorte que ce qui peut avoir été caché auparavant, est aujourd’hui pleinement révélé, à cause que Christ est venu et nous a fait membres de Son corps, et qu’Il nous a donné le Saint Esprit qui sonde toutes choses et même les choses profondes de Dieu. Telle est, à mon avis, la raison pour laquelle il est dit : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre ».

Cela est important sous un autre rapport qu’on ne voit pas toujours. Les événements signifiés par les visions prophétiques de l’Apocalypse ne rendent jamais capable de comprendre le livre lui-même. Lors même qu’ils s’accompliraient aujourd’hui, cela ne donnerait pas par soi-même l’intelligence de l’Apocalypse. La seule clef pour la prophétie, c’est le Saint Esprit qui peut seul nous faire connaître la relation qu’elle a avec Christ ; et tant que cette relation n’est pas connue, on ne saurait comprendre la prophétie. Prenez, par exemple, une des prophéties les plus claires et les plus précises, celle des soixante-dix semaines de Daniel. On admet généralement qu’elle a été accomplie ; mais demandez qu’on vous en donne le sens réel, et vous verrez combien peu on la comprend : on a une idée vague qu’elle est accomplie, et c’est là presque tout ce qu’on en connaît. Ce ne sont donc pas les événements qui expliquent la Parole : il nous faut l’enseignement du Saint Esprit qui est aussi nécessaire pour interpréter la prophétie, que pour toute autre partie des Écritures. Les événements peuvent être l’accomplissement d’une prophétie particulière, et un témoignage de sa vérité pour ceux qui doutent ; mais ils n’apportent jamais par eux-mêmes la vraie interprétation de la prophétie ; ils la corroborent, incontestablement, quand elle est accomplie, et peuvent servir à fermer la bouche aux adversaires ; mais il faut comprendre la prophétie elle-même avant de pouvoir l’appliquer aux événements ; et lorsque vous la comprenez, vous avez ce que Dieu voulait donner à votre foi, indépendamment des événements. De fait, pour réfuter une idée pareille nous n’avons qu’à peser ce qui est dit ici, comme où que ce soit ailleurs : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre ; car le temps est proche ». Le prix, l’utilité, que la prophétie a pour nous, pour l’Église, est avant les événements, quelque utilité qu’elle puisse avoir pour ceux qui se trouveront là quand les événements auront lieu.

Mais écoutez maintenant une vérité bien solennelle. Lorsque le temps dont traite la prophétie sera réellement arrivé, quelle sera la condition des hommes ? Elle se trouvera fixée, à jamais fixée pour tous — sans espérance pour quelques-uns. « Que celui qui est injuste, soit injuste encore ; et que celui qui est souillé, se souille encore ; et que celui qui est juste, soit rendu plus juste encore ; et que celui qui est saint, soit sanctifié encore » (v. 11). C’est-à-dire, que ce n’est plus un temps où il puisse s’opérer un changement moral ; plus un temps où il puisse y avoir conversion des pécheurs, où un homme qui se trouve sous la puissance de Satan, puisse en être délivré et être transporté dans le royaume du bien-aimé Fils de Dieu. Tout cela a pris fin. Alors il faut que celui qui est injuste reste injuste, et que celui qui est souillé se souille encore. Les hommes sont solennellement fixés dans la condition dans laquelle ils sont trouvés. Le jour de la grâce aura passé, le jour du jugement sera venu, et la porte sera fermée alors pour toujours.

« Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi pour rendre à chacun selon ce que son œuvre sera » (v. 12). Ceci confirme évidemment ce que nous avons remarqué. Lorsque ce jour arrive, c’est le jugement des vivants. La venue du Seigneur n’est pas mentionnée ici comme un encouragement pour celui qui entend et garde les paroles de la prophétie de ce livre, mais plutôt comme en rapport avec un jugement qui saura tout discerner. « Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin » (v. 13). Le Seigneur Jésus prend ici, outre ce qui Lui est particulier, le même titre que Dieu Lui-même a pris au chapitre 21, 6. Comme Dieu était la somme et la substance de toute la révélation en cours d’action, Christ l’était pareillement. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est au sein du Père, Lui, l’a fait connaître ». « Bienheureux sont ceux qui font ses commandements, afin qu’ils aient droit à l’arbre de vie, et qu’ils entrent par les portes de la ville. Dehors sont les chiens et les empoisonneurs, et les fornicateurs et les meurtriers, et les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge » (v. 14, 15).

Mais nous avons ensuite une autre chose. Il ne s’agit plus de la venue du Seigneur, présentée comme un encouragement à ceux qui garderaient les paroles de la prophétie de ce livre ; ce n’est pas non plus le Seigneur venant pour juger tous les hommes, et ayant Sa récompense avec Lui pour rendre à chacun selon ses œuvres. Nous avons vu les saints et les justes ayant leur portion, et les souillés et les injustes leur jugement. Mais le Seigneur a aussi Sa relation propre et parfaite avec l’Église. Et en conséquence, Sa voix se fait maintenant entendre ici avec une expression toute particulière. « Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange, pour vous rendre témoignage de ces choses dans les assemblées. Je suis la racine et la postérité de David » (v. 16). C’est-à-dire, qu’Il fait allusion à Sa nature humaine et à Sa nature divine. Mais, outre cela, Il a une relation spéciale avec nous — « l’étoile brillante du matin ». Quand le Seigneur vient dans Sa gloire en vue du monde, c’est comme le soleil de justice avec la santé dans ses rayons pour ceux qui ont été brisés, dispersés, et pillés — pour le peuple terrible depuis là où il est et par-delà. Mais Il apparaît alors dans un appareil de terreur, pour fouler sous Ses pieds ceux qui L’ont méprisé. Ce n’est point ainsi qu’Il se présente à nous. Ce n’est pas pour nous l’image du soleil quand l’homme ne doit plus dormir. Lorsque le soleil de justice adresse son appel à l’homme, ce n’est pas pour l’inviter à travailler comme il travaille à présent ; il le cite à comparaître pour être jugé pour toujours, pour entendre sa sentence éternelle prononcée par le Seigneur de gloire qu’il ne peut plus mépriser. Voilà de quelle manière Il apparaîtra au monde, et « tous les orgueilleux, et tous les méchants seront comme du chaume. Et ce jour qui vient, a dit l’Éternel des armées, les embrasera et ne leur laissera ni racine ni rameau ». Mais pour ceux qui veillent durant la nuit du jour de l’homme, avant que le Seigneur Jésus apparaisse dans Sa gloire, pour ceux qui veillent avec des affections d’épouse, ne dormant pas comme les autres — dans quels termes le Seigneur s’adresse-t-Il à ceux-là ? Sous quel aspect se présente-t-Il à eux ? « Je suis l’étoile brillante du matin ». Précieuse étoile, étoile bénie du matin avant que naisse le jour ! Ce n’est point en vue du jour que nous veillons ; nous veillons en vue de Christ durant la nuit, et Il nous donnera l’étoile du matin, avant-coureur de l’aurore. Position bienheureuse — celle de notre amour et de notre espérance : elle ne sera jamais frustrée de sa joie, et le Seigneur Jésus viendra sûrement à nous comme l’étoile brillante du matin. Il nous encourage pendant que nous L’attendons, et Il viendra Lui-même bientôt pour nous. Il se peut que nous ayons à attendre un peu ; au moins il peut nous sembler à nous que le temps est long. Hélas ! il sera trop court pour ceux qui le perdent dans le sommeil ; mais quant à ceux qui attendent Christ et qui soupirent avec ardeur après le moment où ils Le verront, l’espérance peut sembler longtemps différée. Puissent nos cœurs, au lieu d’être fatigués et languissants, être remplis au contraire de la joie et de l’assurance ferme que le Seigneur vient bientôt ! Il est l’étoile brillante du matin.

Mais plus encore : « Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens ». Quelle chose précieuse pour nous de penser que le Saint Esprit Lui-même est Celui qui prend la parole et dit : « Viens » ! Il gémit avec nous, entrant dans nos souffrances, maintenant qu’Il est descendu. Je n’ai pas besoin de dire qu’Il n’en est pas moins divin, mais Il a daigné en outre condescendre à s’identifier, pour ainsi dire, avec nos cœurs, et à partager nos sentiments. Mais ce ne sont pas des gémissements que nous avons ici ; telle n’est point la pensée de l’Esprit quand Il pense à la venue du Seigneur pour nous. C’est la calme et paisible ardeur du désir. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ». Combien n’est-il pas fortifiant de savoir que c’est la voix du Saint Esprit Lui-même qui dit au Seigneur Jésus : « Viens » ! Ce n’eût pas été une chose tout à fait aussi bénie, si l’Église avait seule dit : « Viens ». Mais c’est « l’Esprit et l’Épouse ». Elle avait fait bien des choses mauvaises, elle avait commis bien des fautes dans ses pensées, dans ses sentiments, et dans ses voies. Mais maintenant c’est l’Esprit, le Saint Esprit Lui-même, qui dit : « Viens ». C’est Lui qui dirige le cœur à désirer la venue de Jésus ; c’est Lui qui est l’énergie de l’Église, la hâtant de Ses vœux et de Ses prières. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ». C’est en regardant à Jésus que l’Église ou le chrétien, dit : Viens ; ce n’est pas en regardant au pauvre pécheur et lui disant de venir. Le Saint Esprit conduit et inspire le cœur de l’Épouse à crier ainsi, non seulement par sympathie pour ses souffrances, mais en communion avec la joie avec laquelle elle regarde en haut dans l’espérance du retour de l’Époux.

« Que celui qui entend, dise : Viens ». Si seulement j’ai entendu la voix de Jésus, je suis autorisé à dire : Viens. Ici, il en est peut-être qui sont prêts à s’écrier : Oh, que je serais heureux de pouvoir demander au Seigneur de venir ! Mais comment puis-je dire : Viens, quand je me vois si indigne ? Chères âmes, le Seigneur Lui-même vous autorise à dire : Viens. Ce n’est pas seulement l’Épouse remplie du Saint Esprit qui dit : Viens — entrant dans la plénitude de ses privilèges ; mais écoutez cette parole : « que celui qui entend dise : Viens ». Avez-vous entendu la voix de Jésus et goûté combien Il est bon ? Ne savez-vous pas qu’Il est le bon Berger ? Je pourrais être le plus chétif et le plus faible, et par ignorance reculer à la pensée de la venue immédiate du Seigneur ; et néanmoins je trouve ici le Saint Esprit m’invitant moi-même à me saisir de la même parole que l’Esprit et l’Épouse font entendre : « Qui celui qui entend, dise : Viens ». Il est bien évident aussi que cette effusion des premières affections du cœur pour Christ et Sa venue, n’endurcit point le cœur à l’égard de ce pauvre monde, et ne nous rend pas indifférents à la conversion des pécheurs perdus. Elle produit bien plutôt un effet tout contraire. Quelque bonne opinion que les hommes aient de leurs propres efforts, ma conviction est que ceux qui désirent le plus la conversion des pécheurs, sont, toutes les autres choses égales d’ailleurs, ceux qui soupirent le plus ardemment après la venue du Seigneur Jésus. Je ne crois pas que ceux qui veulent l’ajourner, soient ceux qui prient et travaillent le plus pour la conversion des âmes. Qu’est-ce qui porte ces personnes à désirer que les pécheurs se convertissent ? Elles travaillent dans ce but parce qu’elles voient les âmes périr éternellement, et qu’elles sentent avec raison que sans Christ elles sont toutes profondément misérables. Mais ces sentiments-là leur sont communs avec tous leurs frères. Tous nous croyons que si les hommes ne reçoivent pas l’évangile, ils seront précipités en enfer, et nous sommes extrêmement affligés de les voir rejeter le Sauveur. Nous éprouvons ces sentiments aussi bien qu’eux. Mais nous avons une autre chose qui leur est étrangère : je veux dire la voie même du Seigneur, celle-là vaut mieux que la leur. Il sait, Lui, incomparablement mieux que Ses serviteurs, ce qui est bon pour les pauvres pécheurs et les pauvres saints. Or, Il nous fait voir dans ce passage que c’est le même Esprit qui regarde à Jésus et dit : Viens, qui peut aussi nous faire tourner nos regards vers les pécheurs perdus, avec la miséricordieuse invitation : « Que celui qui a soif, vienne ». Voilà l’autre côté de notre position bénie. Ici ce n’est pas l’Esprit dirigeant l’Église à regarder en haut au Seigneur, et à dire : Viens, mais c’est le cœur dirigé maintenant vers le monde et disant : « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut, prenne gratuitement de l’eau de la vie » (v. 17). Le pécheur n’est pas invité à dire : Viens. Observez qu’il y a une grande différence dans la dernière partie du verset. Dans les deux premières clauses, on dit : Viens ; mais dans la dernière, ceux dont il est question n’appellent pas la venue de Jésus, mais sont invités à venir eux-mêmes : « Que celui qui a soif vienne », etc.

C’est ainsi que Dieu fait voir que la première pensée de mon cœur doit être pour le Seigneur Jésus. Si je Lui suis fidèle, je désirerai Sa venue. L’Esprit inspire et sanctionne ce désir. Et quel est l’effet de cela sur mes sentiments à l’égard du monde ? J’y trouve un motif céleste pour désirer la conversion des pécheurs. J’aurai les mêmes motifs moraux, et les mêmes affections qui agissent sur mes frères dont le cœur ajourne la venue du Seigneur, mais j’aurai de plus toute l’impulsion que peuvent me donner l’espérance de la prompte arrivée de Christ et le sentiment du danger de ceux pour lesquels Sa venue ne saurait être autre chose qu’un jugement certain, même dans ce monde. Plus un chrétien attend la venue de Christ à chaque moment, et plus aussi il doit désirer ardemment que les âmes viennent et prennent de l’eau de la vie, et déployer dans ce but une sollicitude active et pleine de zèle.

Dans ce verset 17, Dieu signale donc notre double relation. Il me montre ma relation avec Christ, qui doit être la pensée de mon cœur — non pas seulement pour que mon âme soit en paix s’Il vient, mais pour qu’elle soit remplie de l’ardente affection qui désire qu’Il vienne. Il me fait voir ensuite que si je suis en bon état à cet égard, je regarderai autour de moi avec un zèle plein d’ardeur dans le sentiment de la grâce de Christ, et dirai à quiconque a soif : Viens. Plus que cela : Si j’aperçois une âme qui peut-être n’éprouve pas une soif ardente, mais qui veut venir, je ne lui dirai pas d’attendre qu’elle ait soif. Je l’engagerai à venir sur-le-champ, et lui ferai bon accueil ; car voici la teneur de la parole : « que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie ». Lors même qu’il n’y ait que le simple désir du cœur, il vient de Dieu et personne n’a le droit de dire : Il vous faut attendre que vous ayez fait telle ou telle expérience. Si un homme n’est pas allé aussi loin dans la connaissance de son état réel, je ne dois pas le tenir à l’écart. L’eau de la vie est pour quiconque veut : cet homme est engagé à venir et à en boire gratuitement. Quelle plénitude de grâce il y a dans la manière dont le Seigneur nous présente notre position !

« Moi, je rends témoignage à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre, que si quelqu’un ajoute à ces choses, Dieu lui ajoutera les plaies écrites dans ce livre ; et si quelqu’un ôte quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu ôtera sa part de l’arbre de vie et de la sainte ville, des choses qui sont écrites dans ce livre » (v. 18, 19). Vous remarquerez que l’arbre et la ville mentionnés ici, correspondent à ce que nous avons vu au verset 14. Ceux qui font Ses commandements sont bienheureux, et ont droit de manger de l’arbre de vie et d’entrer par les portes dans la cité. Mais quant à ceux qui ôtent quelque chose des paroles de ce livre, Dieu ôtera leur part tant de l’arbre que de la ville, des choses qui sont écrites dans ce livre. Ils n’y auront point accès.

Le Seigneur venait de dire que s’il se trouvait des hommes qui ôtassent quelque chose des paroles de la prophétie de ce livre, et qui le déshonorassent, Il le saurait certainement, le ressentirait et en ferait punition. Mais Il ne pouvait terminer par de telles paroles. Il a gardé, pour ainsi dire, le meilleur vin pour la fin. Il avait déjà parlé de Sa venue en rapport avec le jugement, et de Sa venue pour l’Église en parfaite grâce ; et maintenant Il ne pouvait pas nous quitter sous une impression de tristesse. Il faut qu’Il ramène nos cœurs à l’allégresse et à la joie que fait éprouver la pensée de Son retour ; et en conséquence Il ajoute : « Celui qui rend témoignage de ces choses, dit : Oui, je viens bientôt. Amen ». Est-ce Son amen à Lui, affirmant la vérité, ou simplement la réponse du cœur du prophète ? Si c’est le Sien, il est véritablement plein de douceur. Ce serait le Seigneur mettant Son propre sceau sur la vérité de la parole qu’Il avait dite auparavant : « Voici je viens bientôt ». Toujours est-il certain qu’immédiatement Jean, comme représentant l’Église, répond : Viens, Seigneur Jésus. Si c’est l’« amen » du prophète, il est la prompte réponse que son cœur fait au Seigneur.

Et si c’est notre privilège de regarder à Christ et d’entendre Sa voix ; si nous avons connu quelque chose de la joie d’être, même dès à présent, en union avec Lui-même, d’avoir été faits membres de Son corps, de Sa chair et de Ses os ; si nous attendons dans la conscience de notre relation d’Épouse avec Christ et sûrs que nous aurons la portion de l’Épouse, en présence de l’Agneau pour toujours, que le Seigneur nous accorde que ce soit là la réponse de nos cœurs et de nos lèvres — « Amen, viens Seigneur Jésus ». Puisse notre attente ne pas être l’attente de quelque chose, pour nous, ni pour l’Église, bien moins encore pour le monde ! Quel déplorable aveuglement que d’attendre des jours meilleurs, tandis que Jésus est absent ! Sans doute qu’il y a en réserve d’heureux jours, même pour ce pauvre monde — les jours du ciel sur la terre ; mais il faut auparavant que le Seigneur vienne, et il faut qu’avant tout, il nous ait pris à Lui. Le Seigneur ne dispensera pas au monde, envisagé comme un tout, une période de joie réelle, permanente, jusqu’à ce qu’Il ait l’Église avec Lui-même. Car, comme nous le voyons en Romains 8 : « la vive attente de la création attend la révélation des fils de Dieu ». La révélation, dont il s’agit ici, sera une révélation en gloire. Saint Paul avait parlé un peu avant de la gloire qui sera révélée en nous, lorsque nos corps seront changés et rendus semblables au corps glorieux de Christ. Nous ne sommes pas semblables au Fils de Dieu maintenant, pour ce qui est de nos corps : nous savons trop bien que nous portons encore l’image de celui qui est poussière ; mais un jour nous porterons l’image du céleste. Et alors, quand Dieu nous verra briller à la ressemblance de Son propre Fils, Il n’aura pas lieu d’avoir honte de nous. Il ne veut pas nous produire devant l’univers, jusqu’à ce que nos corps soient aussi dignes de Lui, que l’est la vie nouvelle qu’Il a donnée à nos âmes. Quand les fils de Dieu seront manifestés, la création cessera de gémir et la terre et les cieux, remplis de félicité et d’allégresse, publieront à la fois la gloire et la bonté de Dieu : « Les fleuves battront des mains, et les montagnes chanteront de joie, au-devant de l’Éternel ». Il sera manifesté alors, que la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire que le Seigneur a mises devant nous, auront pour résultat des chants de louange, de joie et d’allégresse, qui retentiront jusque dans les parties de la terre les plus lointaines, et jusqu’aux plus extrêmes limites de la création.

Que le Seigneur daigne nous faire la grâce de pouvoir dire : « Amen, viens, Seigneur Jésus » ! Puissions-nous le dire pour nous-mêmes, comme pour toute l’Église, et dans un sens, aussi pour toute la création dont la bénédiction dépend de notre manifestation avec Christ ! En attendant, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints.



  1. Daubuz signale une autre distinction bien digne d’être remarquée, mais ce qu’il dit à cet égard a besoin d’être rectifié. « Ces trônes, dit-il, dont le nombre n’est pas déterminé (comme au chap. 4), doivent être distingués soigneusement des vingt-quatre mentionnés là » (Comme Perp. p. 925). Je dis la même chose ; mais quand il continue d’enseigner que l’état de l’Église chrétienne, et son institution primitive et militante étaient ce que les anciens couronnés signifiaient, je rejette une explication pareille, comme font presque tous les chrétiens. Toutefois, il est manifeste qu’il y a une différence notable entre cet état de choses et l’état millénial qui nous est présenté ici. La seule solution satisfaisante, j’en suis convaincu, dépend de l’enlèvement des saints célestes, antérieurement à l’accomplissement du chapitre 4, et de l’intervalle qui s’écoule avant qu’ils apparaissent avec Christ en gloire, comme nous voyons dans les chapitres 19 et 20.
  2. « Je ne puis consentir (dit le doyen Alford) à enlever aux mots leur sens manifeste, et la place chronologique qu’ils occupent dans la prophétie en raison des difficultés que peut entraîner avec elle la doctrine du millénium ou de l’abus qu’on peut en faire. Ceux qui vécurent après les apôtres, et l’Église tout entière pendant trois cents ans, les comprirent dans leur sens littéral ; et c’est un étrange spectacle aux jours actuels de voir les commentateurs qui sont les plus ardents à révérer l’antiquité, mettre complaisamment de côté l’exemple le plus incontestable d’unanime accord que l’antiquité primitive présente. Pour ce qui est du texte lui-même, impossible d’en tirer d’une manière tant soit peu légitime ce qu’on appelle l’interprétation spirituelle aujourd’hui en vogue. Si, dans un passage où se trouvent mentionnées deux résurrections où certaines ψυχαι εζησαν à la première, et le reste des νεϰροι εζησαν seulement à la fin d’une période particulière qui a suivi cette première — si, dis-je, dans un passage pareil, on peut entendre la première résurrection d’une élévation spirituelle avec Christ, tandis que la seconde signifie une sortie littérale du tombeau ; — alors il faut renoncer à chercher quelque signification au langage, et à trouver dans l’Écriture un témoignage positif à quoi que ce soit. Si la première résurrection est une résurrection spirituelle, alors la seconde l’est aussi, ce que, je suppose, personne n’aura l’audace de maintenir ; mais si la seconde est à la lettre une résurrection, la première en est une de même, ce que je maintiens et reçois comme un article de foi et d’espérance, en commun avec toute l’Église primitive et avec bon nombre de commentateurs modernes des meilleurs » (vol. 4, deuxième partie). J’ajouterai seulement quant à ce qui est dit de « la place chronologique », que, comme ceux qui sont assis sur les trônes, ou le premier groupe de cette vision, ne sont pas représentés comme des âmes, on ne doit pas non plus les comprendre dans l’expression « ils vécurent ». Le fait qu’ils étaient vivants et destinés à régner avec Christ, ressortait assez clairement du fait qu’ils étaient assis sur des trônes. Cela est dit maintenant des martyrs postérieurs à leur enlèvement, et des confesseurs durant la crise finale. Ceux-ci rejoignent les autres dans la résurrection, et participent au règne, juste quand il commence.
  3. Je ne crois pas que le jour du Seigneur, dans le sens où Pierre emploie l’expression, soit seulement l’époque de la venue du Seigneur, mais plutôt la période entière qui comprend Son règne et le jugement. D’où il suit que le millénium, aussi bien que la dissolution finale du ciel et de la terre d’à présent, peuvent arriver et arrivent en effet dans la limite de Son jour, tandis que Sa venue peut précéder l’un et l’autre. Il ne faut pas identifier le jour du Seigneur avec la venue du Seigneur.
  4. Les versets 22 et 23 de ce chapitre s’appliquent au temps de la glorification, le seul temps d’unité parfaitement déployée ; mais il ne faut pas confondre cette unité avec celle demandée aux versets 20, 21, laquelle est aussi clairement une question de grâce et de témoignage au monde, que l’autre sera une question de gloire à la connaissance du monde. Ce qu’il y a de vrai, c’est que l’unité est demandée sous trois formes. Il y a premièrement au verset 11, celle qui est absolue et au-dessus de toutes les circonstances : « afin qu’ils soient un, comme nous ». Il y a, secondement, l’unité qui embrasse ceux qui croiraient par la parole des apôtres : « afin que tous (Juifs ou Gentils, esclaves ou libres) soient un (non pas en vertu de la loi de Jéhovah et des rites et ordonnances forcés du système lévitique, mais par la révélation du Père et du Fils), comme toi, Père, es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie (ce n’est pas encore : connaisse, mais croie) que c’est toi qui m’as envoyé ». Ce témoignage-là, les saints rassemblés l’étaient pendant qu’ils marchaient ici-bas dans une unité céleste. Puis vient la troisième forme — le couronnement — celle qu’il sera impossible au monde de nier, quand il verra les saints apparaissant dans une même gloire avec Christ. C’est pourquoi il est ajouté : « et que le monde connaisse que tu m’as envoyé » ; mais ce n’est pas tout : « et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Comment contredire, lorsque Christ et l’Église apparaîtront soudain, dans une communauté de gloire, à ses yeux étonnés ? Mais cela ne change en rien la vérité précédente, vérité qui ne doit pas être affaiblie, à savoir, que le Seigneur désirait une unité actuelle de tous Ses disciples, comme un moyen et un puissant témoignage par lequel le monde puisse croire en la mission qu’Il avait reçue du Père. De fait, cette vérité forme une partie importante de notre responsabilité pratique, et il n’est pas sage de s’en détourner par la raison qu’elle est grossièrement pervertie en vues de puissance terrestre et d’orgueil par l’Église-monde dans toutes ses variétés. Les Actes des apôtres exposent les faits ; les épîtres démontrent l’importance de la doctrine.
  5. Dans le sens de, lui rapporteront leur gloire, la lui attribueront, lui en feront hommage, et, par-dessus tout, à Dieu en elle, comme il est dit plus bas.
  6. Il peut être bon d’observer ici que, dans la proposition réciproque dont on fait si souvent une vague ou une fausse application, « l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus », nous devons comprendre qu’il s’agit, non d’un témoignage à Jésus, mais bien du témoignage qu’Il a rendu, et en général dans tout le livre de l’Apocalypse, de Son témoignage prophétique, qu’Il l’ait confié à un ange ou à Ses serviteurs. C’est donc inexact de dire que cette proposition signifie un témoignage rendu à Jésus, ce qui est régulièrement exprimé par le datif, ou par le génitif avec περι. L’ange qui était l’intermédiaire de la communication n’était qu’un compagnon de service des compagnons de service de Jean : c’est à Dieu qu’il devait être rendu hommage.