Livre:Études sur la Parole — Jean

De mipe
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destinées à aider le chrétien dans la lecture du saint LivreJ.N. Darby

L’évangile de Jean, chaque chrétien s’en aperçoit, a un certain caractère particulier. Il ne nous présente pas la naissance du Christ dans ce monde, envisagé comme Fils de David ; il ne trace pas Sa généalogie depuis Adam pour faire ressortir Son titre de Fils de l’homme, et ne présente pas le prophète qui accomplit par Son témoignage le service de Son Père ici-bas comme tel. Ce n’est ni la naissance du Seigneur dans ce monde, ni le commencement de Son évangile, mais Son existence avant le commencement de tout ce qui en a eu un : « Au commencement était la Parole » ; — en un mot, c’est la gloire de la personne de Jésus, le Fils de Dieu, au-dessus de toute économie, une gloire développée de bien des manières en grâce, mais qui est toujours elle-même. L’évangile du disciple bien-aimé nous fait connaître ce que le Seigneur est, en nous révélant en même temps que nous avons part à toutes les bénédictions qui découlent de ce qu’Il est, quand Il est manifesté de manière à les communiquer. Déjà le premier chapitre constate ce qu’Il était avant toutes choses, et les divers caractères dans lesquels Il est en bénédiction à l’homme, comme Parole faite chair. Il est ; et Il est l’expression de toute la pensée qui subsiste en Dieu, le λόγος. — « Au commencement il était ». Si nous retournons en arrière autant que l’esprit de l’homme le peut, quelque loin que nous allions au-delà de tout ce qui a commencé, Il est. — C’est l’idée la plus parfaite que nous puissions nous faire historiquement, si j’ose parler ainsi, de l’existence de Dieu.

« Au commencement était la Parole ». N’y avait-il que cela outre Lui ? Impossible ! De quoi aurait-Il été la parole ? — « La Parole était auprès de Dieu », c’est-à-dire : une existence personnelle Lui est attribuée. Mais de peur qu’on ne pensât qu’Il fût quelque chose en Dieu, que l’éternité impliquât, et que l’Esprit de Dieu vient révéler, il est dit qu’Il était Dieu : — dans Son existence, éternel — dans Sa nature, divin — dans Sa personne, distinct. On aurait pu en parler comme d’une émanation dans le temps, comme si Sa personnalité était du temps, quoique éternel dans Sa nature ; l’Esprit donc ajoute : « Il était au commencement auprès de Dieu ».

Nous trouvons ainsi la révélation du λόγος éternel avant toute création. Cet évangile donc commence réellement avant la Genèse. La Genèse nous donne l’histoire du monde dans le temps ; Jean celle de la Parole qui existait dans l’éternité avant que le monde fût, Parole qui, lorsque l’homme peut parler de commencement, était, et qui, par conséquent, n’a pas commencé d’exister. Les paroles de l’évangile sont aussi claires que possible ; et, comme le glaive qui gardait le paradis, elles tournent de tous les côtés contre les pensées et les raisonnements des hommes pour défendre la divinité et la personnalité du Fils de Dieu.

Ensuite : « Toutes choses furent faites par elle ». Il y a des choses qui ont un commencement — c’est de Lui qu’elles tirent toutes leur origine : « et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait », distinction nette, positive, et absolue de tout ce qui a été fait, d’avec Jésus. Si une chose quelconque a été faite, elle n’est pas la Parole : car tout ce qui a été fait a été fait par cette Parole. Mais outre l’acte suprême de créer toutes choses, acte qui caractérise la Parole, il y a une autre chose, il y a ce qui était en Lui. La création a été faite par Lui, mais elle n’existe pas en Lui ; — mais « en elle était la vie ». Par celle-ci, Il était en relation avec une partie spéciale de la création, partie qui était l’objet des pensées et des intentions de Dieu. Cette « vie était la lumière des hommes », se révélait comme un témoignage de la nature divine en rapport immédiat avec eux, d’une manière d’après laquelle elle ne le faisait pas à l’égard de quoi que ce soit d’autre[1]. Or, de fait, cette lumière brillait dans ce qui était, de sa nature[2], contraire à elle, un mal au-delà de toute image prise dans la nature, car là où vient la lumière, les ténèbres se dissipent ; mais ici la lumière vient et les ténèbres n’en ont pas la perception — demeurent ténèbres, et conséquemment ne la comprenaient pas, ne la recevaient pas. Voilà les relations de la Parole avec la création et avec l’homme, lorsqu’elle est envisagée dans sa nature d’une manière abstraite. L’Esprit poursuit ce sujet en nous donnant les détails de cette dernière relation d’une manière historique.

On peut remarquer ici, et le point est important, comment l’Esprit passe de la nature divine et éternelle de la Parole existant avant toutes choses, à la manifestation de la Parole faite chair dans ce monde, dans la personne de Jésus. Toutes les voies de Dieu, les économies qu’Il avait ordonnées pour le déploiement de ces voies, en un mot Son gouvernement du monde, sont passés sous silence. En contemplant Jésus sur la terre, nous sommes en rapport immédiat avec Lui comme existant avant que le monde fût. Seulement Il est introduit par Jean le baptiseur, et ce qui se trouvait dans le monde, est reconnu comme créé. Jean est venu pour rendre témoignage à la lumière (v. 7). La vraie lumière était celle qui, en venant au monde, luisait pour tout homme, et non pas seulement pour les Juifs. Créateur du monde, cette Parole est venue au monde ; — le monde, dans les ténèbres, et aveuglé, ne l’a pas connue. Il est venu chez les siens (les Juifs) et les siens ne l’ont pas reçu. Mais il y en avait quelques-uns qui L’ont reçu et de ceux-ci deux choses sont dites : ils ont reçu le droit de devenir enfants de Dieu[3], de prendre position comme tels ; — et, de fait, ils étaient nés de Dieu ; — ni la descendance selon la chair, ni la volonté de l’homme n’y étaient pour rien. Ainsi nous avons trouvé la Parole dans sa nature, d’une manière abstraite (v. 1-3), et comme vie, la manifestation de la lumière divine parmi les hommes avec la conséquence de cette manifestation (v. 4, 5), et comment Il a été reçu là où Il s’est présenté ainsi (v. 10-13). Cette partie générale qui a rapport à Sa nature se termine ici. L’Esprit poursuit l’historique de ce qu’est le Seigneur, manifesté comme homme sur la terre, de sorte qu’Il recommence, pour ainsi dire, à neuf ici (v. 14), avec Jésus présent sur la terre — ce que la Parole devint, non pas ce qu’elle était. Comme lumière dans le monde, les droits qu’Il avait sur l’homme étaient inconnus. Ne pas Le connaître ou Le rejeter quand Il se trouvait dispensationnellement en rapport avec l’homme, était la seule différence. La grâce vient alors avec la puissance de donner la vie pour amener les hommes à Le recevoir. Le monde n’a pas connu son Créateur, lorsqu’Il est venu comme la lumière ; les siens ont rejeté leur Seigneur. Ceux qui sont nés, non de la volonté de l’homme, mais de Dieu, L’ont reçu. Ainsi nous n’avons pas ce que la Parole était, mais ce qu’elle devint.

La Parole a été faite chair, et a demeuré parmi nous dans la plénitude de la grâce et de la vérité. Voilà le grand fait duquel l’évangile nous entretient, fait qui est la source de toute bénédiction pour nous[4], la parfaite expression de Dieu, adaptée (en prenant la propre nature de l’homme) à tout ce qui se trouve dans l’homme, allant au-devant de chaque besoin humain ; toute la capacité de la nouvelle nature dans l’homme pour jouir de l’expression de tout ce en quoi Dieu l’adapte à lui. C’est plus que la lumière, qui est pure et dévoile toutes choses : c’est l’expression de ce que Dieu est, de Dieu en grâce, source de bénédiction. Remarquez, Dieu ne pourrait pas être pour les anges ce qu’Il est pour l’homme — grâce, patience, miséricorde, amour, envers des pécheurs. Et Il est tout cela, aussi bien que la bénédiction de Dieu, pour le nouvel homme. La gloire dans laquelle Jésus a été vu, ainsi manifestée pour ceux qui avaient des yeux pour voir, était celle d’un Fils unique de la part du Père, l’objet constant de Ses délices de Père.

Ce sont les deux parties de cette grande vérité que le commencement de notre évangile nous présente : la Parole qui était avec Dieu et qui était Dieu, a été faite chair, et Celui qui a été vu sur la terre avait la gloire d’un Fils unique de la part du Père.

Deux choses en sont la conséquence : d’abord la grâce (quelle grâce plus grande ? — c’est l’amour même qui se révèle, et envers les pécheurs !) et la vérité sont non pas déclarées, mais venues par Jésus Christ. — La vraie relation de toutes choses avec Dieu a été montrée, et leur séparation survenue. C’est là le fondement de la vérité. Toute chose a pris sa vraie place et son vrai caractère sous tous les rapports, et le centre de tous ces rapports, c’est Dieu. Ce que Dieu est, ce qu’est l’homme parfait, l’homme pécheur, ce qu’est le monde et son prince, la présence de Christ dévoile tout. La grâce donc et la vérité sont venues. — Ensuite, seconde chose, le Fils unique, dans le sein du Père, révèle Dieu, et Le révèle par conséquent comme connu par Lui-même dans cette position. Et ceci se lie avec le caractère et la révélation de la grâce, dans l’évangile de Jean : d’abord la plénitude, avec laquelle nous sommes en communication et dont nous avons tous reçu ; ensuite notre position.

Mais il reste encore dans ces versets des instructions importantes. La personne de Jésus, la Parole faite chair, demeurant au milieu de nous, a été pleine de grâce et de vérité. De cette plénitude nous avons reçu, non pas vérité sur vérité (la vérité est simple et met chaque chose exactement à sa place, moralement et dans sa nature), mais nous avons reçu ce dont nous avons besoin — grâce sur grâce, la faveur de Dieu en abondance de bénédictions divines, fruit de Son amour, comme accumulées les unes sur les autres. La vérité luit — toute chose est parfaitement manifestée ; — la grâce se donne.

Ensuite la relation de cette manifestation de la grâce de Dieu dans la Parole faite chair (dans laquelle aussi la parfaite vérité se fait jour) avec d’autres témoignages de Dieu, est constatée. Jean lui a rendu témoignage. — Le service de Moïse avait un tout autre caractère. Jean a précédé le Seigneur dans Son service ici-bas, mais Jésus a pris place avant lui ; car tout humble qu’Il ait pu être, Dieu par-dessus toutes choses béni éternellement, Il était avant Jean, tout en venant après lui. Moïse avait donné la loi, parfaite à sa place, pour exiger de l’homme de la part de Dieu, ce que l’homme devait être. Dieu était alors caché, et Dieu envoie une loi, montrant ce que l’homme devait être ; mais maintenant Dieu s’est révélé par Christ, et la vérité (quant à toute chose) et la grâce sont venues. Cette loi n’était ni la vérité pleine et entière à tous égards[5], comme en Jésus, ni la grâce ; ce n’était pas une transcription de Dieu, mais une règle parfaite pour l’homme. La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ, non pas par Moïse. Rien ne peut être d’une importance plus essentielle que cette affirmation. La loi exigeait de l’homme ce qu’il devait être devant Dieu, et s’il l’accomplissait, c’était sa justice. La vérité en Christ montre ce que l’homme est (non pas ce qu’il doit être) et ce que Dieu est, et, comme inséparable de la grâce, n’exige rien, mais apporte à l’homme ce dont il a besoin. « Si tu connaissais le don de Dieu », dit le Sauveur à la femme samaritaine. Ainsi, à la fin du voyage dans le désert, Balaam est obligé de dire : « Selon ce temps il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ? ». Le verbe « venir » est au singulier après grâce et vérité. Christ est les deux en un ; en effet, si la grâce n’était pas là, Il ne serait pas la vérité quant à Dieu. Exiger de l’homme ce qu’il devait être était une exigence juste. Mais donner la grâce et la gloire, donner Son Fils, était autre chose sous tous les rapports et Il sanctionnait seulement la loi comme étant parfaite à sa place.

Nous avons ainsi le caractère et la position de la Parole faite chair — ce que Jésus a été ici-bas, la Parole faite chair ; Sa gloire vue par la foi, celle d’un Fils unique de la part du Père ; Il a été plein de grâce et de vérité. Il a révélé Dieu comme Il L’a connu, connu comme Fils unique dans le sein du Père. En comparant les versets 14 et 18, nous voyons que ce titre de fils unique de la part du Père, n’était pas seulement le caractère de Sa gloire ici-bas, mais exprime ce qu’Il était (ce qu’Il a été, ce qu’Il est toujours) dans le sein du Père Lui-même, dans la divinité : et c’est ainsi qu’Il le déclare. Ensuite, Il était avant Jean le baptiseur, tout en venant après lui. Il a apporté dans Sa personne ce qui est d’une nature et d’un caractère entièrement différents que la loi donnée par Moïse.

Voilà donc le Seigneur manifesté sur la terre.

Suivent Ses rapports avec les hommes, les positions qu’Il a prises, les caractères qu’Il revêt parmi les hommes, selon les desseins de Dieu et selon le témoignage de Sa Parole. Premièrement, Jean le baptiseur Lui fait place ; et on remarquera qu’il rend témoignage, dans chaque partie[6] des divisions de ce chapitre 1 : — au verset 6[7], dans celle qui donne la révélation abstraite de la nature de la Parole ; — au verset 15, c’est son témoignage à l’égard de Sa manifestation en chair ; — au verset 19, son témoignage à la gloire de Sa personne, bien qu’Il vienne après Jean ; — au verset 29, à Son œuvre et à ce qui était à la suite de cette œuvre ; — et au verset 36, nous trouvons le témoignage pour le temps alors présent, afin qu’on Le suivît comme venu pour chercher le résidu juif.

Après la révélation abstraite de la nature de la Parole, et celle de sa manifestation en chair, se présente le témoignage rendu de fait dans le monde. Les versets 19-28 forment une espèce d’introduction dans laquelle, sur la demande des sacrificateurs et des Lévites, Jean rend compte de lui-même, et par occasion parle de la différence entre lui et le Seigneur, de sorte que, quels que soient les caractères que prend Christ en rapport avec Son œuvre, la gloire de Sa personne est tout premièrement en vue. C’est ce dont le témoin s’occupe naturellement, pour ainsi dire, avant de rendre son témoignage formel aux fonctions que Celui qui était l’objet de son témoignage a remplies. Jean n’est ni Élie, ni le prophète (savoir celui dont Moïse avait parlé), ni le Christ : il est la voix de laquelle Ésaïe a parlé, la voix qui devait préparer le chemin du Seigneur. Ce n’est pas précisément devant le Messie que la voix se fait entendre, quoiqu’il le fût de fait ; le baptiseur n’est pas non plus Élie avant la journée de l’Éternel, mais la voix dans le désert, devant le Seigneur (l’Éternel) Lui-même. L’Éternel venait : c’est par conséquent ce dont Jean parle. Jean baptisait bien pour la repentance, mais au milieu d’eux se trouvait déjà quelqu’un d’inconnu, qui venait après lui, qui était son supérieur, de la sandale duquel il n’était pas digne de délier la courroie.

Nous trouvons ensuite le témoignage direct de Jean, lorsqu’il voit Jésus venant à lui. Jean le désigne, non pas comme le Messie, mais selon toute l’étendue de Son œuvre, ainsi que nous en jouissons dans le salut éternel qu’Il a accompli, et le plein résultat de l’œuvre glorieuse par laquelle il a été accompli. Il est l’Agneau de Dieu, que Dieu seul pouvait fournir, et était, pour Dieu et selon Son dessein, celui qui ôte le péché (non pas les péchés) du monde ; c’est-à-dire, Il restaure, non pas tous les méchants, mais les bases des relations du monde avec Dieu. Depuis la chute, quelles que soient les voies de Dieu[8], c’est bien le péché, que Dieu doit considérer dans Ses relations avec ce monde. Le résultat de l’œuvre de Christ sera que ceci ne sera plus le cas ; Son œuvre fera la base éternelle de ces relations dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, le péché étant entièrement mis de côté comme formant cette base. Par la foi, nous avons connaissance de ces choses, avant leur manifestation publique dans le monde.

Tout en étant Agneau immolé, Il est préféré à Jean le baptiseur, car Il était avant lui : l’Agneau immolé était l’Éternel Lui-même. Dans l’administration des voies de Dieu, c’était en Israël que ce témoignage à l’œuvre du Seigneur devait être rendu, bien que son sujet fût l’Agneau, dont le sacrifice s’étendait au péché du monde, et que le Seigneur fût l’Éternel. Jean ne l’avait pas connu personnellement ; mais Il était le seul et unique but de sa mission.

Mais ce n’était pas tout : la Parole s’était faite homme, et comme homme Il a reçu la plénitude de l’Esprit, qui est descendu sur Lui et y est demeuré ; et l’homme ainsi désigné et scellé de la part du Père, doit Lui-même baptiser de l’Esprit Saint. En même temps, par la descente de l’Esprit, Il était désigné dans un autre caractère auquel, par conséquent, Jean rend témoignage. Existant ainsi comme homme, et vu et scellé sur la terre, Il était le Fils de Dieu. Jean Le reconnaît comme tel et l’annonce. Ensuite arrive ce qu’on peut appeler l’exercice et l’effet direct du ministère du baptiseur dans ce temps-là ; mais c’est toujours de l’Agneau qu’il parle, car l’œuvre de cet Agneau était l’objet des desseins, du propos arrêté de Dieu. Or l’accomplissement de ces desseins par Jésus et la révélation de Sa personne et en Lui de la gloire du Père, font le sujet de notre évangile, quoique Israël fût reconnu à sa place, place qui lui appartient de la part de Dieu.

Là-dessus les disciples de Jean[9], ayant entendu leur maître, suivent Jésus à Sa demeure. C’est l’effet du témoignage de Jean, d’attacher le résidu à Jésus, le centre de leur rassemblement. Jésus ne se refuse pas à la demande des disciples, fruit de ce témoignage ; et ils L’accompagnent. Cependant ce résidu, quelle qu’ait été l’étendue du témoignage de Jean, ne va pas de fait plus loin que de reconnaître Jésus comme le Messie[10] : c’est ce qui arrive par rapport aux deux disciples dans l’histoire que nous lisons. Jean avait parlé de l’Agneau ; ils ne voient que le Messie ; — mais Jésus les connaît à fond, annonce le caractère de Simon aussitôt qu’il arrive auprès de Lui, et lui donne son nom propre. C’était là un acte d’autorité qui désigne Jésus comme le chef et le centre de tout le système. Dieu peut donner des noms ; Il connaît toutes choses. Il accorde à Adam le droit d’en donner, et Adam a usé de ce droit, selon Dieu, à l’égard de tout ce qui lui était assujetti, ainsi qu’à l’égard de sa femme. Les grands rois qui prétendaient avoir ce même droit, ont, de fait, donné de nouveaux noms à ceux qui les entouraient. Ève a voulu le faire, mais elle s’est bien trompée ; quoique Dieu puisse donner au cœur l’intelligence qui, sous son influence, s’exprime justement sous ce rapport. Or Christ confère un nom caractéristique ici, avec autorité et avec toute science, à l’instant où le cas se présente.

Verset 44[11]. Nous trouvons ensuite le témoignage immédiat de Christ Lui-même et des siens. Premièrement, Il appelle d’autres personnes à Le suivre, quand Il se rend dans le lieu de Son pèlerinage terrestre, qui avait été déjà indiqué par les prophètes. Nathanaël qui, de prime abord, rejette Celui qui sortait de Nazareth, nous présente, je n’en doute nullement, le résidu des derniers jours (le témoignage auquel l’évangile de grâce se rattache, précède aux versets 29-34). Nous le trouvons, en premier lieu, repoussant le méprisé du peuple, et sous le figuier, figure de la nation d’Israël (comme le figuier qui ne devait plus jamais porter du fruit, Israël sous l’ancienne alliance) ; mais Nathanaël est la figure d’un résidu vu et connu du Seigneur, en rapport avec Israël. Le Seigneur qui s’est manifesté ainsi à son cœur et à sa conscience, est reconnu comme Fils de Dieu et roi d’Israël : c’est la foi formelle du résidu d’Israël épargné aux derniers jours, selon le psaume 2. Or ceux qui recevaient ainsi Jésus, quand Il était dans ce monde, verraient encore de plus grandes choses que celles qui les avaient convaincus. Du reste, désormais, ils verraient les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme : Celui, qui, par Sa naissance, avait pris place parmi les enfants des hommes, par ce titre même, serait l’objet du service des créatures les plus excellentes de Dieu. L’expression est emphatique. Les anges de Dieu Lui-même seraient au service du Fils de l’homme : de sorte que le résidu sans fraude d’Israël Le reconnaît Fils de Dieu et roi d’Israël, et le Seigneur se déclare de plus être Fils de l’homme, en humiliation, en vérité, mais objet du service des anges de Dieu. Ainsi, nous avons dans ce chapitre remarquable, la révélation de la personne et des titres de Jésus, depuis Son existence éternelle et divine, comme la Parole, jusqu’à Sa place millénaire de roi d’Israël et de Fils de l’homme[12], ce qu’Il était déjà comme né dans ce monde, mais qui sera réalisé lorsqu’Il reviendra dans Sa gloire.

Avant d’aller plus loin, repassons quelques points de ce chapitre. Le Seigneur est révélé comme la Parole ; comme Dieu, et avec Dieu ; comme lumière ; comme vie ; secondement, comme la Parole faite chair, ayant la gloire d’un Fils unique de la part du Père — comme tel Il est plein de grâce, et la vérité procède de Lui, de Sa plénitude nous avons tout reçu, et Il a annoncé le Père (comp. chap. 14) — comme Agneau de Dieu ; comme Celui sur lequel le Saint Esprit a pu descendre et qui baptisait du Saint Esprit ; comme le Fils de Dieu[13] ; troisièmement, Son œuvre, ce qu’Il accomplit comme Agneau de Dieu ôtant le péché du monde, et comme Fils de Dieu et roi d’Israël. Ici se termine la révélation de Sa personne et de Son œuvre. Dans les versets 35-43, le ministère de Jean, mais où Jésus, comme Il pouvait seul le devenir, est le centre du rassemblement. Verset 44, le ministère de Christ, par lequel Il appelle des âmes à le suivre, ce qui, avec les versets 38, 39, Lui donne Son double caractère, comme étant le point d’attraction dans le monde ; avec cela, Sa pleine humiliation, mais reconnu par un témoignage divin adressé au résidu, selon le psaume 2, et prenant Son titre de Fils de l’homme, selon le psaume 8 — le Fils de l’homme : nous pouvons dire, tous Ses titres personnels. Nous ne trouvons pas ici Sa relation avec l’Église, ni Sa fonction de sacrificateur, mais ce qui appartient à Sa personne et aux rapports de l’homme avec Dieu dans ce monde. Ainsi, outre Sa nature divine, c’est tout ce qu’Il était et ce qu’Il sera dans ce monde : Sa position céleste et Ses conséquences pour la foi sont enseignées ailleurs, et il y est à peine fait allusion dans cet évangile, quand cela est nécessaire.

Remarquez que, lorsque Christ est prêché d’une manière complète jusqu’à un certain point, le cœur de l’auditeur peut vraiment croire et s’attacher à Lui en Le revêtant d’un caractère que l’état de l’âme ne sait pas encore dépasser, et en ignorant la plénitude dans laquelle Il a été révélé. En effet, quand cela est réel, le témoignage, quelque élevé qu’il soit dans son caractère, atteint le cœur où il se trouve. « Voilà l’Agneau de Dieu », dit Jean ; — « nous avons trouvé le Messie », disent les disciples qui ont suivi Jésus, sur le témoignage de leur maître.

Remarquez aussi que l’expression de ce qui se passait dans le cœur de Jean a plus d’effet qu’un témoignage plus formel, plus doctrinal. Il regardait Jésus et s’écriait : « Voilà l’Agneau de Dieu ! » — Les disciples l’ont entendu et ont suivi Jésus. C’était, sans doute, le témoignage propre de Jean de la part de Dieu, Jésus étant là ; mais ce n’était pas une explication doctrinale comme ce qui précède.

Chapitre 2. — Les deux témoignages à Christ qui devaient se rendre dans ce monde avaient été rendus — les deux ayant pour objet de rassembler autour de Lui comme centre — celui de Jean, et celui de Jésus prenant place en Galilée avec le résidu : ce sont les deux jours des voies de Dieu envers Israël ici-bas[14]. Le troisième jour se trouve au chapitre 2. Un mariage a lieu en Galilée ; Jésus y est, et l’eau de la purification est changée en vin, le vin de la joie des noces. Ensuite, à Jérusalem, Jésus purifie le temple de Dieu avec autorité, en exécutant le jugement sur tous ceux qui le profanaient. Ce sont en principe les deux choses qui caractérisent la position millénaire du Seigneur. Sans doute, les faits racontés ici sont réellement arrivés ; mais introduits ici et de cette manière, leur portée est évidemment plus grande que celle de simples faits historiques. Ensuite, pourquoi est-il dit le troisième jour ? Le troisième jour après quoi ? Deux jours de témoignages ont déjà formé le sujet du récit de notre évangile : l’un, celui du témoignage de Jean, et l’autre, celui du témoignage de Jésus. Maintenant, la bénédiction et le jugement s’accomplissent. En Galilée le résidu avait sa place : cette contrée était le lieu de bénédiction, d’après Ésaïe 9 — Jérusalem, celui de jugement. À la noce, le Seigneur ne connaît pas Sa mère : la relation dans laquelle Il se trouvait avec elle, était l’expression de Sa relation naturelle avec Israël. Celui-ci était Sa mère, en envisageant le Sauveur comme né sous la loi ; et Il s’en sépare pour accomplir la bénédiction. Il n’accomplit, par conséquent, cette bénédiction pour le moment, qu’en témoignage en Galilée pour le résidu. Ce sera quand Il reviendra, que le bon vin sera pour Israël la vraie bénédiction et la joie « à la fin » de toutes les voies de Dieu à son égard. Cependant, le Seigneur demeure encore avec Sa mère que, quant à Son œuvre, Il ne reconnaît pas : et c’est bien ce qui est arrivé dans Ses rapports avec Israël.

Ensuite, en jugeant les Juifs et en purifiant judiciairement le temple, le Seigneur se présente comme Fils de Dieu ; le temple est la maison de Son Père. La preuve qu’Il donne de la gloire de Sa personne et de Ses droits divins, c’est Sa résurrection après que les Juifs L’auraient rejeté et crucifié. Du reste, Il n’était pas seulement Fils : — Dieu était en Lui, non pas dans le temple. Elle était vide, cette maison bâtie par Hérode : le corps de Jésus était maintenant le vrai temple. Scellées par Sa résurrection, les Écritures et la parole de Jésus étaient d’autorité divine pour les disciples, comme parlant de Lui selon l’intention de l’Esprit de Dieu.

C’est là que se termine cette subdivision du livre qui nous occupe. Elle termine la révélation terrestre de Christ, y compris Sa mort ; mais même ainsi, c’est le péché du monde. Le chapitre 2 nous présente le millénium ; le chapitre 3 est l’œuvre accomplie en nous et pour nous, qui nous rend propres pour le royaume sur la terre et dans les cieux ; et l’œuvre pour nous, terminant les rapports du Messie avec les Juifs, découvre les choses célestes par la crucifixion du Fils de l’homme — amour divin et vie éternelle.

Les miracles que le Seigneur opérait, convainquaient beaucoup de gens selon leur intelligence naturelle. Sans doute, ils étaient sincères, mais ils croyaient par une conclusion humaine. Une autre vérité se dévoile maintenant : l’homme, dans son état naturel, était réellement incapable[15] de recevoir les choses de Dieu, non que le témoignage fût insuffisant pour le convaincre, ni qu’il ne fût jamais convaincu ; plusieurs l’ont été alors, mais Jésus ne se fiait pas à eux. Il savait ce que c’était que l’homme. Bien que celui-ci fût convaincu, sa volonté ni sa nature n’étaient pas pour cela changées ; quand le moment de l’épreuve serait arrivé, il se montrerait tel qu’il était, aliéné de Dieu, même Son ennemi : triste, mais trop vrai témoignage ! La vie, la mort de Jésus en ont été la démonstration. Il a commencé Son œuvre, sachant bien tout cela ; Son amour ne s’en est pas refroidi, car la force de cet amour était en Lui-même.

Chapitre 3. — Mais il y avait un homme, et d’entre les pharisiens, lequel ne se contentait pas de cette conviction oiseuse qui a caractérisé les foules témoins des miracles du Seigneur. Sa conscience était atteinte ; la vue de Jésus et l’audition de Son témoignage avaient produit des besoins dans son cœur. Ce qui se montre en lui, n’est pas sans doute la connaissance de la grâce ; mais il y a, sous le rapport de l’état de l’homme, un changement total. Nicodème ne connaît rien de la vérité, mais il a vu qu’elle est en Jésus, et il la désire : aussi à l’instant même, il a instinctivement la conscience que le monde lui sera opposé, et il vient de nuit. Le cœur craint le monde, aussitôt qu’il a à faire avec Dieu, car le monde Lui est opposé ; l’amitié du monde est inimitié contre Dieu. C’était le besoin qui faisait la différence dans le cas de Nicodème. Il avait été convaincu comme les autres ; aussi dit-il : « Nous savons que tu es un docteur venu de Dieu » ; et la source de sa conviction comme de celle des autres, c’étaient les miracles. Mais le Seigneur l’arrête tout court, et cela à cause du vrai besoin qui se faisait sentir dans l’âme de Nicodème. L’œuvre de la bénédiction n’était pas d’agir en enseignant le vieil homme ; l’homme avait besoin d’être renouvelé dans la source de sa nature, sans quoi il ne pouvait voir le royaume[16]. Les choses de Dieu se discernent spirituellement, et l’homme est charnel : il n’a pas l’Esprit. Le Seigneur ne va pas plus loin que le royaume (qui n’était pas du reste la loi), duquel Nicodème aurait dû savoir quelque chose ; toutefois Il ne commence pas à enseigner les Juifs comme un prophète sous la loi, mais à présenter le royaume même. En même temps, selon Son témoignage, pour voir celui-ci, il fallait être né de nouveau. Mais le royaume venu ainsi avec le fils du charpentier ne pouvait être vu sans une nature entièrement nouvelle ; il ne faisait résonner aucune corde de l’intelligence de l’homme, ou des espérances juives, quoique le témoignage en fût donné amplement en parole et en œuvre : la manière d’y entrer et d’y avoir part est développée ici. Nicodème ne voit pas plus loin que la chair.

Le Seigneur s’explique. Il fallait deux choses, être né de l’eau et de l’Esprit : l’eau purifie l’homme ; en l’appliquant spirituellement, cette purification a lieu dans ses affections, cœur, conscience, pensées, actes, etc. On existe, et l’on est, en pratique, moralement purifié par l’application de la Parole de Dieu qui juge tout par la puissance de l’Esprit de Dieu, et opère en nous, d’une manière vivante, de nouvelles pensées et affections. C’est ce que veut dire : « être né d’eau » : c’est de fait la mort de la chair. La vraie eau qui purifie chrétiennement est sortie du côté d’un Christ mort : Il est venu par l’eau et par le sang, dans la puissance de la purification et de l’expiation ; Il sanctifie l’Assemblée, en la purifiant « par le lavage d’eau par Parole »[17]. « Vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite ». C’est donc la Parole puissante de Dieu qui, puisque l’homme doit être né de nouveau dans le principe et la source de son être moral, juge, comme étant la mort, tout ce qui est de la chair[18]. Mais il y a, de fait, la communication d’une vie nouvelle ; « ce qui est né de l’Esprit est esprit », n’est pas chair, tient sa nature de l’Esprit. La Parole ne dit pas est « l’Esprit » ; ce serait une incarnation de l’Esprit de Dieu : — mais elle est esprit, cette nouvelle vie ; elle partage la nature de Celui qui en est l’origine. Sans cette nouvelle vie spirituelle, l’homme ne peut entrer dans le royaume. Or, ce n’est pas tout. Si cette nouvelle naissance était une nécessité pour le Juif, nominalement déjà enfant du royaume, car ici, nous avons affaire avec ce qui est essentiel et vrai, la communication de la vie était aussi un acte souverain de Dieu, et s’accomplissait, par conséquent, partout où l’Esprit agissait dans cette puissance : « Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (v. 8). Ceci ouvre la porte, en principe, aux Gentils.

Cependant Nicodème, comme docteur d’Israël, aurait dû comprendre cette doctrine du Sauveur ; les prophètes avaient déclaré qu’Israël devait subir un changement essentiel pour jouir de l’effet des promesses (voyez Éz. 36) que Dieu lui avait faites à l’égard de sa bénédiction dans la terre sainte. Mais le Seigneur parlait de ces choses d’une manière immédiate et en rapport avec la nature et la gloire de Dieu Lui-même. Un docteur en Israël aurait dû savoir ce que contenait la sûre parole de la prophétie. Le Fils de Dieu annonçait ce qu’Il connaissait et ce qu’Il avait vu auprès de Son Père : la nature impure de l’homme ne saurait être en relation avec Celui qui se révélait dans le ciel, d’où Jésus venait. La gloire du sein de laquelle Il était descendu et qui, comme gloire qu’Il avait vue, faisait ainsi le sujet de Son témoignage, cette gloire de laquelle le royaume tirait son origine, ne souffrait rien d’impur. Il fallait être né de nouveau pour en jouir.

Jésus rendait donc témoignage comme venu d’en haut et sachant ce qui convenait à Dieu Son Père. L’homme ne recevait pas Son témoignage : il pouvait bien lui arriver d’être convaincu extérieurement par des miracles ; mais recevoir ce qui convenait à la présence de Dieu, c’était autre chose. Et si Nicodème n’avait pas pu recevoir la vérité dans ses rapports avec la partie terrestre du royaume dont les prophètes mêmes avaient parlé, que ferait-il, et les autres Juifs avec lui, si Jésus parlait de choses célestes ? Cependant personne ne pouvait rien savoir de ces choses par d’autres moyens ; personne n’était monté au ciel ni n’en était descendu, pour en apporter le témoignage. Jésus seul, en vertu de ce qu’Il était, pouvait les révéler, parce qu’Il était Fils de l’homme ici-bas, existant en même temps dans le ciel. Il était la manifestation à l’homme de ce qui était céleste, de Dieu Lui-même dans l’homme, existant comme Dieu dans le ciel et partout, et comme Fils de l’homme se tenant devant les yeux de Nicodème et de tous. Cependant Il devait être crucifié et élevé ainsi de ce monde où Il avait vécu comme la manifestation de l’amour de Dieu dans toutes Ses voies, et de Dieu Lui-même, et seulement ainsi la porte des cieux pouvait être ouverte aux hommes pécheurs, et seulement ainsi un lien avec le ciel était formé pour l’homme.

Or ceci révélait une autre vérité fondamentale. S’il s’agissait des cieux, il fallait encore autre chose que d’être né de nouveau. Le péché existait : — il doit être ôté pour celui qui aurait la vie éternelle. Et si Jésus venant du ciel, était descendu afin d’être le moyen pour d’autres de participer à cette vie éternelle, Il devait, en se chargeant de la tâche de leur salut, ôter le péché — être ainsi fait péché — afin que le déshonneur fait à Dieu, fût lavé, et la vérité de Son caractère, sans laquelle il ne peut y avoir rien de sûr, de bon, ou de juste, fût maintenue. Il fallait que le Fils de l’homme fût élevé, comme le serpent l’avait été dans le désert, afin que la malédiction sous laquelle le peuple mourait fût enlevée. L’homme, tel qu’il était ici-bas, se montrait, par le rejet du témoignage divin du Sauveur, incapable de recevoir la bénédiction d’en haut. Il a dû être racheté ; son péché a dû être expié, enlevé, et lui-même être traité selon la vérité de son état et le caractère de Dieu qui ne saurait se renier Lui-même. Christ a pris cette place de l’homme, en grâce. Il fallait que le Fils de l’homme fût élevé, qu’Il fût rejeté de la terre par l’homme, accomplissant l’expiation devant le Dieu de justice. En un mot, Christ vient avec la connaissance de ce qu’étaient le ciel et la gloire divine ; — pour que l’homme y participât, il fallait que le Fils de l’homme passât par la mort, prît une place expiatoire en dehors de la terre[19]. Remarquez ici le profond et glorieux caractère de ce que Jésus apportait avec Lui, de la révélation qu’Il faisait.

La croix et la séparation absolue entre l’homme sur la terre et Dieu, est le point de rencontre de la foi et de Dieu ; car la vérité de la condition de l’homme s’y dévoile immédiatement, ainsi que l’amour qui y pourvoit. Ainsi, lorsque du camp on s’approchait du lieu saint, la première chose qu’on rencontrait après la porte du parvis, c’était l’autel. L’autel se présentait à celui qui quittait le monde de dehors pour entrer dans les parvis de Dieu. Christ élevé de la terre attire tous les hommes à Lui ; mais il a fallu, vu l’état d’aliénation et de culpabilité où était l’homme, que le Fils de l’homme fût élevé de la terre, afin que quiconque croit en Lui, eût la vie éternelle.

Ce même fait glorieux se présentait aussi sous un autre aspect. Dieu avait tellement aimé le monde, qu’Il avait donné Son Fils, afin que quiconque croirait en Lui eût la vie éternelle. Sur la croix on voit, au point de vue moral, la nécessité de la mort du Fils de l’homme ; on voit le don ineffable du Fils de Dieu ; ces deux vérités se réunissent dans le but commun du don de la vie éternelle à tout croyant. Si ce don de la vie éternelle était fait à tout croyant, il s’agissait donc de l’homme, de Dieu et du ciel, et l’on sortait des promesses faites aux Juifs et des limites des voies de Dieu à leur égard. Car Dieu a envoyé Son Fils dans le monde, non pas pour condamner le monde, mais pour le sauver. Mais le salut est par la foi ; et celui qui croit à la venue du Fils qui met présentement tout à l’épreuve, n’est pas condamné : son état est décidé par le moyen de cette épreuve. Celui qui ne croit pas est déjà condamné : il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu, il a montré quel est son état. Et voici ce que Dieu met à la charge de ceux au milieu desquels Christ est venu : la lumière est venue dans le monde, et ils ont mieux aimé les ténèbres, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Pouvait-il y avoir sujet de condamnation plus juste ? Ce n’est pas que l’homme ne pût trouver le pardon, mais il préférait les ténèbres pour pouvoir demeurer dans le péché.

Le reste du chapitre nous présente le contraste des positions de Jean et de Christ : tous les deux sont en scène ; l’un, le fidèle ami de l’Époux, ne vivant que pour Celui-ci ; l’autre, l’Époux à qui tout appartient ; l’un en soi homme de la terre, quelque grand que fût le don qu’il eût reçu d’en haut ; l’autre, d’en haut Lui-même, et au-dessus de tout. L’Épouse était à Celui-ci ; l’ami de l’Époux était tout réjoui en entendant Sa voix. Rien de plus beau que cette expression du cœur de Jean le baptiseur inspirée par la présence du Seigneur. Il était assez près de Jésus, pour être content et joyeux de ce que Jésus peut tout : — il en est toujours ainsi de celui qui est près de Jésus.

Ensuite, quant à son témoignage, Jean en rendait un en rapport avec les choses terrestres : il était envoyé dans ce but. Celui qui venait d’en haut était au-dessus de tous, rendait témoignage de ce qui était là-haut, de ce qu’Il avait vu et entendu. Personne ne recevait Son témoignage ; l’homme n’était pas du ciel. Sans la grâce, nous croyons selon nos propres pensées. Mais, en parlant comme homme sur la terre, Jésus parlait les paroles de Dieu, et en recevant Son témoignage, celui qui y croit, met son sceau à la vérité de Dieu Lui-même : car l’Esprit n’est pas donné par mesure. En envisageant Jésus comme témoin, Son témoignage était le témoignage de Dieu Lui-même, et Ses paroles les paroles de Dieu. Précieuse vérité ! — De plus, Il était le Fils[20] ; — le Père L’aimait et avait mis toutes choses entre Ses mains (c’est un autre titre glorieux de Christ et un autre aspect de Sa gloire). Les conséquences de ceci pour l’homme étaient éternelles. Ce n’était pas le secours tout-puissant donné à des pèlerins, ni la fidélité aux promesses, en sorte que Son peuple pût se confier en Lui, malgré tout : c’était le don suprême de la vie par le Fils du Père. Tout y était renfermé : « Qui croit au Fils, a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie » ; il demeure donc dans sa culpabilité, et « la colère de Dieu demeure sur lui ».

Tout ceci est une espèce d’introduction. Le ministère proprement dit du Seigneur vient après, car Jean n’avait pas encore été jeté en prison (v. 24), et ce n’est qu’après cet événement que le Seigneur a commencé Son témoignage public. Le chapitre que nous venons d’étudier explique quel était le ministère du Seigneur, le caractère dans lequel Il venait, Sa position, la gloire de Sa personne, la nature du témoignage qu’Il rendait, la position de l’homme en rapport avec les choses dont Il parlait. Il commence par les Juifs, objets déjà des promesses de Dieu, selon la chair, et enfants du royaume ; et Il passe par la nouvelle naissance, la croix et l’amour de Dieu, à Ses droits comme venu dans le monde, à la suprême dignité de Sa propre personne, à Son témoignage proprement divin, à Sa relation avec le Père, qui L’avait pour objet de Son amour et avait mis toutes choses entre Ses mains. Il était le fidèle témoin, et cela des choses célestes (v. 13), mais Il était aussi le Fils Lui-même, venu de la part du Père. Tout, pour l’homme, se rattachait à la foi en Lui. Le Seigneur sort du judaïsme, en montrant le témoignage des prophètes, et apporte du ciel le témoignage direct de Dieu et de la gloire, montrant le seul fondement par lequel nous pouvons y participer. Juifs ou Gentils doivent être nés de nouveau ; et les choses célestes peuvent seulement être introduites par la croix, cette preuve merveilleuse de l’amour de Dieu envers le monde. Jean cède la place au Seigneur en faisant ressortir, non dans un témoignage public en Israël, mais dans un témoignage rendu à ses disciples, la vraie gloire de Sa personne et de Son œuvre[21] dans ce monde. Les expressions d’époux et d’épouse ont ici, je crois, une acception tout à fait générale : Jean dit, en effet, que lui-même n’est pas le Christ ; l’Épouse terrestre appartient au Christ, mais Il ne l’a jamais prise à Lui, et Jean parle des droits du Seigneur, droits qui pour nous seront réalisés dans un meilleur pays et sous un ciel plus beau que ceux que le monde peut nous offrir. C’est, je le répète, l’idée générale d’époux et d’épouse. Mais nous sommes parvenus sur le nouveau terrain d’une nouvelle nature : la croix et le monde, et l’amour de Dieu envers le monde.

Chapitre 4. — Maintenant Jésus, chassé par la jalousie des Juifs, commence Son ministère en dehors d’eux, tout en reconnaissant la position réelle du peuple dans les voies de Dieu. Il va en Galilée ; mais Son chemin le faisait passer par la Samarie, où vivait une race mixte d’étrangers et d’Israélites. Cette race avait abandonné l’idolâtrie des étrangers ; mais tout en suivant la loi de Moïse, et se réclamant du nom de Jacob, elle avait établi un culte à elle à Garizim. Jésus n’entre pas dans la ville ; étant fatigué, Il s’assied sur le bord d’un puits — car Il devait suivre ce chemin ; mais cette nécessité devient l’occasion de la manifestation de cette grâce divine dont la plénitude était dans Sa personne, et qui, débordant, dépassait les étroites limites du judaïsme.

Avant d’aborder la matière de ce chapitre, entrons dans quelques détails préliminaires. Jésus ne baptisait pas Lui-même, car Il savait toute l’étendue des conseils de Dieu en grâce, le vrai but de Sa venue. Il ne pouvait lier les âmes, par le baptême, à un Christ vivant. Les disciples avaient de bonnes raisons pour agir ainsi ; ils devaient recevoir Jésus vivant sur la terre comme le vrai Messie : c’était la foi de leur part. Repoussé par les Juifs, le Seigneur ne conteste pas ; Il les laisse — et arrivé à Sichar, Il se trouve en présence des souvenirs touchants, qui rappelaient de la manière la plus sensible les pensées de Dieu à l’égard d’Israël, mais en Samarie — triste témoignage de la ruine d’Israël. Le puits de Jacob était entre les mains de gens se disant d’Israël, mais qui ne l’étaient pas pour la plupart, et qui adoraient ils ne savaient quoi, tout en prétendant être de la souche d’Israël. Ceux qui étaient dans la vérité, les Juifs, avaient chassé le Messie par leur jalousie : Celui-ci, homme méprisé du peuple, s’en était allé du milieu d’eux.

On Le voit ici, partageant les infirmités de l’humanité et, fatigué de Son voyage, ne trouvant que le bord d’un puits pour s’y reposer à midi. Il s’en contente, ne cherchant que la volonté de Son Dieu qui L’avait conduit là. Les disciples étaient loin, et Dieu amenait à ce même puits, et à cette heure inaccoutumée, une femme, seule (ce n’était pas en effet l’heure à laquelle les femmes sortent pour tirer de l’eau) : mais dans les voies de Dieu, une pauvre pécheresse et le juge des vivants et des morts se trouvaient ainsi ensemble.

Le Seigneur fatigué et altéré n’a pas même les moyens pour étancher Sa soif. Il est dépendant (comme homme) de cette pauvre femme, pour avoir un peu d’eau afin de se désaltérer ; Il lui demande à boire. La femme voyant que c’était un Juif, s’en étonne ; et alors commence la scène divine dans laquelle le cœur du Sauveur, rejeté des hommes et comme opprimé par l’incrédulité de Son peuple, s’ouvre pour laisser déborder cette plénitude de la grâce, qui trouve occasion de s’exercer au milieu des nécessités et non de la justice des hommes. Or cette grâce ne se bornait pas aux droits d’Israël ; elle ne se prêtait pas non plus à la jalousie nationale de ce peuple. Il s’agissait du don de Dieu, de Dieu Lui-même, qui était là en grâce, et de Dieu descendu assez bas pour que, né au milieu de Son peuple, Il dépendît (quant à Sa position humaine) d’une femme samaritaine pour une goutte d’eau afin de se désaltérer. « Si tu connaissais le don de Dieu, et [non pas qui je suis, mais] qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire » ; c’est-à-dire : Si tu savais que Dieu donne librement, et quelle est la gloire de Celui qui est là devant toi, et jusqu’à quel point Il s’est abaissé, Son amour se serait révélé à ton cœur, et l’aurait rempli de confiance parfaite à l’égard même de la satisfaction des besoins qu’une telle grâce aurait réveillés dans ton âme. « Tu lui eusses demandé », dit le Sauveur divin, « et il t’eût donné » de cette eau vive qui jaillit en vie divine et éternelle. Voilà le fruit céleste de la mission de Christ là où Il est reçu : Il se révèle Lui-même[22]. Son cœur expose (c’était se révéler Lui-même) cette grâce céleste et vivifiante refoulée au-dedans de Lui par l’incrédulité des Juifs (rejetant le témoin des promesses), et se décharge dans le cœur d’un être qui était l’objet de cette grâce, se consolant, dans la peine dont Il était oppressé, en présentant le vrai soulagement de la grâce à la misère qui le demandait. C’est là le vrai soulagement de l’amour, qui est affligé quand il ne peut pas s’exercer. Les barrières qui empêchent la grâce de couler sont levées par la misère que cette grâce arrose. Cette misère est le moyen de manifester ce que Dieu est en grâce ; et le Dieu de grâce était là. Hélas ! le cœur de l’homme, desséché, égoïste et préoccupé de ses propres misères (fruit du péché), n’y comprend rien. La femme voit quelque chose d’extraordinaire en Jésus ; elle est curieuse de savoir ce que signifiaient ces communications, et en même temps frappée de Sa manière ; elle ajoute une certaine foi aux paroles du Seigneur. Ses désirs se bornent à être soulagée de la peine d’une triste vie, où son cœur ardent ne trouvait aucune réponse à la misère qu’il s’était acquise comme sa portion par le péché.

Quelques mots sur le caractère de cette femme. Je crois que le Seigneur veut montrer que, malgré l’incrédulité dominante, il existait, au moment où Il parlait, des besoins dans les cœurs, que les champs étaient prêts pour la moisson. Si la misérable propre justice des Juifs Le rejetait, le fleuve de la grâce trouverait son cours ailleurs, là où Dieu avait préparé des cœurs pour le saluer avec joie et actions de grâce, parce qu’il répondait à leur misère et à leurs besoins ; ce n’était pas au milieu des justes qu’il coulerait. Le canal de la grâce était creusé par des besoins et des misères que la grâce même faisait sentir. La vie de la femme samaritaine était misérable, mais au moins elle en avait honte. Sa position l’avait isolée de la foule qui l’oubliait dans le train de la vie sociale. Et il n’y a pas de douleur intérieure plus vive que celle d’un cœur isolé ; mais Christ et la grâce viennent la trouver. Son isolement cesse aussitôt. Il était plus isolé qu’elle-même. Elle venait seule au puits ; elle n’était pas avec les autres femmes. Seule, elle se rencontrait avec le Seigneur par la direction merveilleuse de Dieu qui l’amenait là, et qui avait éloigné les disciples pour lui faire place. Les disciples ne comprenaient rien à cette grâce : ils baptisaient bien au nom du Messie auquel ils croyaient, et c’était très bien : mais Dieu était là en grâce — celui qui devait juger les vivants et les morts — et avec Lui une pécheresse dans ses péchés. (Quelle rencontre !) Dieu, qui s’était abaissé de manière à dépendre de cette femme pour avoir de quoi se désaltérer !

Elle avait une nature ardente ; elle avait cherché le bonheur, elle n’avait trouvé que la misère ; elle vivait dans le péché et était fatiguée de la vie : elle était vraiment au plus bas de la misère. L’ardeur de sa nature ne s’était pas arrêtée devant le péché ; hélas ! elle était allée jusqu’au bout. La volonté engagée dans le mal se nourrit de convoitises et s’use sans fruit. Cependant l’âme de cette femme n’était pas sans éprouver des besoins : elle pensait à Jérusalem, elle pensait à Garizim ; elle attendait un Messie qui leur dirait tout. Est-ce que cela changeait sa vie ? Nullement. Sa vie était affreuse. Quand le Seigneur parle des choses spirituelles en termes propres à réveiller le cœur, dirigeant l’attention de la Samaritaine sur des choses célestes, de manière à ce qu’il soit impossible de s’y méprendre, elle n’y comprend rien : l’homme naturel ne comprend pas les choses de l’Esprit ; elles se discernent spirituellement (1 Cor. 2, 14). L’éveil donné à ses pensées par les paroles du Seigneur, tout en attirant l’attention de la femme, ne la conduit pas au-delà de sa cruche, symbole de sa peine journalière, quoiqu’elle vît en Jésus la prétention d’être plus grand que Jacob. Qu’y avait-il à faire ? — Dieu travaillait en grâce, Il travaillait dans cette pauvre femme ; et quelle qu’en eût été l’occasion pour elle, c’était Lui qui l’avait amenée là ; mais elle était incapable de comprendre les choses spirituelles, quoique exprimées de la manière la plus simple ; car le Seigneur parle de l’eau jaillissant en vie éternelle au-dedans de nous. Mais comme le cœur de l’homme se tourne et se retourne dans ses propres circonstances et dans ses peines, l’horizon de ses besoins religieux se trouve limité en pratique par les traditions qui ont formé sa vie du côté religieux, laissant toujours un vide que rien ne peut remplir. Que faire donc ? Comment peut agir cette grâce, lorsque le cœur ne comprend pas la grâce spirituelle que le Seigneur apporte ? La réponse se trouve dans la seconde partie de ce merveilleux enseignement. Le Seigneur s’en prend à la conscience ; un seul mot adressé par Lui qui sonde le cœur, pénètre jusqu’au fond du cœur de la pauvre Samaritaine. Elle est devant un homme qui lui dit tout ce qu’elle a fait ; car sa conscience étant réveillée par la Parole et se trouvant placée en présence de Dieu, toute sa vie est devant elle.

Et qui est Celui qui sonde ainsi le cœur ? La Samaritaine sent que Sa parole est la parole de Dieu : « Tu es un prophète ». L’intelligence des choses célestes découle de la conscience et non de l’intelligence. L’âme et Dieu, quel que soit l’instrument employé, se trouvent, si l’on ose le dire, ensemble. Elle a tout à apprendre, sans doute, mais elle est en présence de Celui qui enseigne tout. Quel pas de fait pour elle ! Quel changement ! Quelle position nouvelle ! Cette âme qui ne voyait pas plus loin que sa cruche et qui sentait sa fatigue plutôt que son péché, est là, seule avec le juge des vivants et des morts, avec Dieu Lui-même. Et de quelle manière ? Elle ne le sait pas. Elle sentait seulement que c’était Lui, au moins dans la puissance de la Parole venue de Sa part ; et Lui, du moins, ne la méprisait pas comme les autres. Si elle était seule, elle était seule avec Lui. Il lui avait parlé de vie, du don de Dieu ; Il lui avait dit qu’elle n’avait qu’à demander pour recevoir. Elle n’y avait rien compris, il est vrai ; mais ce n’était pas la condamnation, c’était la grâce — la grâce qui s’abaissait jusqu’à elle pour lui demander de l’eau, la grâce qui connaissait son péché et ne s’en rebutait pas. Cette grâce était au-dessus des préventions des Juifs à l’égard d’une pauvre Samaritaine, comme aussi elle était au-dessus du mépris des justes selon l’homme — la grâce qui ne cachait pas à la femme son péché et lui faisait sentir que Dieu le connaissait. Cependant Celui qui le connaissait était là sans terrifier le cœur d’une pauvre pécheresse : son péché était devant Dieu, mais ce n’était pas en jugement. Merveilleuse rencontre d’une âme avec Dieu, comme la grâce de Dieu l’opère par Christ ! Ce n’est pas que la femme raisonnât sur toutes ces choses ; mais elle était sous l’effet de leur vérité, sans s’en rendre compte ; car la Parole de Dieu avait atteint sa conscience : et elle était en la présence de Celui qui avait accompli cette œuvre, et qui était débonnaire, doux, content de recevoir un peu d’eau de ses mains. Sa souillure à elle, ne Le souillait point. Elle pouvait de fait se confier en Lui, sans se dire pourquoi ; et c’est ainsi que Dieu agit : la grâce inspire la confiance, ramène l’âme à Dieu dans la paix, avant qu’elle en ait quelque connaissance intelligente, ou qu’elle puisse s’en rendre compte. Dans ce sens pleine de confiance, la femme commence (c’était la conséquence naturelle de ses nouvelles relations avec le Sauveur) par les questions dont son propre cœur était plein, fournissant ainsi au Seigneur l’occasion d’exposer pleinement les voies de Dieu en grâce. Dieu avait ainsi conduit les choses, car la question de la femme était loin encore du sentiment auquel la grâce devait amener plus tard cette âme pour elle-même. Le Seigneur répond à la femme selon son état : le salut venait des Juifs, ils étaient le peuple de Dieu ; la vérité était avec eux, et non avec les Samaritains, adorateurs ils ne savaient pas de quoi. Mais Dieu mettait tout cela de côté ; ce ne serait ni à Jérusalem, ni à Garizim, qu’on adorerait le Père qui se manifestait maintenant dans le Fils. Dieu est esprit, et il fallait L’adorer en esprit et en vérité. Ensuite, le Père cherchait de tels adorateurs ; c’est-à-dire que le culte que les âmes rendraient, devait répondre à la nature de Dieu, à la grâce du Père qui les avait cherchées[23]. C’est ainsi que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Jérusalem et Samarie disparaissent entièrement, n’ont plus aucune place devant une telle révélation du Père en grâce. Dieu ne se cachait plus ; Il était parfaitement révélé dans la lumière ; et la grâce parfaite du Père agissait pour se faire connaître par cette grâce même qui amenait les âmes à Lui.

Or la femme n’était pas encore amenée à Christ ; mais, ainsi que nous l’avons vu dans le cas des disciples et de Jean le baptiseur, une révélation glorieuse de Jésus atteint l’âme où elle se trouve, agit sur elle, la met en mouvement, moralement, et met la personne de Jésus en rapport avec les besoins qui se trouvent déjà en elle. « La femme lui dit : Je sais que le Messie qui est appelé le Christ, vient ; quand celui-là sera venu, il nous fera connaître toutes choses » (v. 25). Quelque petite que fût l’intelligence de la femme ou quelque incapable que fût celle-ci de comprendre ce que Jésus lui avait dit, l’amour du Seigneur la prend là où elle peut recevoir la bénédiction et la vie, et Il lui répond : « Je le suis, moi qui te parle ». L’œuvre est faite, et le Seigneur reçu : une Samaritaine pécheresse reçoit le Messie d’Israël, que les sacrificateurs et les pharisiens avaient repoussé du sein du peuple. L’effet moral produit sur la femme par ce qui s’est passé, est évident : elle oublie sa cruche, sa fatigue, ses circonstances ; elle est toute remplie de ce nouvel objet, du Christ qui s’est révélé à son âme ; elle en est tellement remplie que, sans réflexion, elle devient un prédicateur et annonce le Seigneur avec effusion et une parfaite simplicité : « Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait » (v. 29). Elle ne pense pas dans ce moment à ce que c’était qu’elle avait fait : c’est Jésus qui le lui avait dit. La pensée de Jésus ôte l’amertume du péché ; le sentiment de Sa bonté enlève la fraude du cœur qui cherche à cacher son péché. En un mot, le cœur de la femme est tout rempli de Christ Lui-même, et beaucoup de gens croient en Lui, sur sa déclaration : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait » — d’autres, en plus grand nombre, lorsqu’ils ont entendu Jésus Lui-même, car Sa propre parole leur apportait une conviction plus forte, en ce qu’elle se rattachait plus immédiatement à Sa personne.

Les disciples arrivent, et s’étonnent, on le comprend, de ce qu’Il parle avec une femme, Lui leur Maître, le Messie ! Ils avaient des perceptions sur la dignité de Celui-ci et sur l’honneur qui Lui était dû ; mais la grâce de Dieu manifesté en chair était encore loin de leurs pensées. L’œuvre de cette grâce était la viande de Jésus. « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (v. 34). Il s’occupait à cela et, dans l’humilité parfaite de l’obéissance, trouvait Sa vie et Son aliment à accomplir la volonté de Son Père et à achever Son œuvre. La misère de la pauvre femme avait une voix qui rassasiait d’une joie profonde Son cœur, brisé comme il l’était dans ce monde, parce qu’il était amour. Si les Juifs rejetaient le Seigneur, les champs étaient néanmoins déjà blancs pour la moisson, où la grâce cherchait ses fruits pour le grenier éternel. Aussi à celui qui travaillerait, son salaire ne manquerait pas, non plus que la joie d’avoir de tels fruits de vie éternelle. Toutefois, les apôtres du Seigneur eux-mêmes n’étaient que moissonneurs où d’autres avaient semé. La pauvre femme en était la preuve. Christ présenté et révélé répondait à des besoins que le témoignage des prophètes avait fait naître ; ainsi (tout en montrant une grâce qui révélait l’amour du Père, du Dieu Sauveur, et sortant, par conséquent, du giron du système juif), Il reconnaissait en plein le service fidèle de Ses ouvriers dans le temps passé, les prophètes qui, par l’esprit de Christ, depuis le commencement du monde, avaient parlé du Libérateur, des souffrances du Christ, et des gloires qui devaient les suivre. Les semeurs et les moissonneurs se réjouiraient ensemble du fruit de leurs travaux.

Mais dans tout ceci, quel tableau du but de la grâce et de sa puissante et vivante plénitude dans la personne de Christ ; quel tableau du don gratuit de Dieu, et de l’incapacité de l’esprit de l’homme à saisir cette grâce, préoccupé, aveuglé qu’il est, par les choses qui sont devant ses yeux, et ne voyant rien qui dépasse la vie matérielle, tout en souffrant la conséquence de son péché ! En même temps, on voit que c’est par le moyen de l’humiliation, de l’abaissement profond du Messie, de Jésus, que Dieu Lui-même se manifeste dans cette grâce. C’est là ce qui rompt les barrières et donne libre cours au torrent de la grâce d’en haut. On voit ensuite que la conscience est la porte de la connaissance dans les choses de Dieu : on est mis vraiment en relation avec Dieu, quand Il sonde le cœur. Il en est toujours ainsi : et alors seulement on est dans la vérité. De plus, Dieu se manifeste ainsi Lui-même ; et la grâce et l’amour du Père se révèlent. Il cherche des adorateurs, et Il en cherche selon cette double révélation de Lui-même. Quelque grande que soit Sa patience envers ceux qui ne voient pas plus loin que le premier pas des promesses de Dieu (comme la femme n’a vu en Celui qui lui a parlé que le Messie promis), si Jésus est reçu, il y a un complet changement ; l’œuvre de la conversion est accomplie, la foi est dans le cœur. En même temps, quel tableau divin de la grâce de notre Jésus, abaissé, il est vrai, mais étant en cela même la manifestation de Dieu en amour, le Fils du Père, qui connaît le Père, et qui accomplit Son œuvre ! Quelle scène glorieuse et sans limites s’ouvre à l’âme admise à voir le Sauveur et à Le connaître ainsi !

Toute la portée de la grâce nous est ici ouverte, dans son œuvre et dans son étendue divine, en ce qui regarde son application à l’individu et l’intelligence personnelle qu’on peut en avoir. Ce qui nous est présenté dans cette scène, n’est pas précisément le pardon, ni la rédemption, ni l’Église ; c’est la grâce coulant dans la personne de Christ, et la conversion du pécheur, pour que celui-ci puisse jouir de cette grâce en Lui, et soit capable de connaître Dieu et d’adorer le Père de grâce. Mais, combien nous avons entièrement rompu avec les étroites limites du judaïsme !

Cependant, dans Son ministère personnel, le Seigneur, toujours fidèle, s’effaçant pour glorifier Son Père en Lui obéissant, se rend là où Dieu avait préparé la sphère de Son travail. Il quitte les Juifs, car aucun prophète n’est honoré dans son propre pays ; et Il se rend en Galilée parmi les méprisés de Son peuple, les pauvres du troupeau, là où l’obéissance, la grâce et les conseils de Dieu Le plaçaient également. Dans ce sens, Il n’abandonnait pas Son peuple, quelque pervers que fût celui-ci, et Il opère là un miracle qui exprime l’effet de Sa grâce en rapport avec le résidu croyant d’Israël, quelque faible que fût la foi de ce résidu. Le Seigneur revient ainsi au lieu où Il avait changé l’eau de purification en ce vin de la joie qui réjouit le cœur de Dieu et de l’homme (comp. Ps. 104, 15 ; Jug. 9, 13). Par ce premier miracle qu’Il avait opéré à Cana, Il avait montré, en figure, cette puissance qui délivrerait le peuple, et indiqué qu’étant reçu par celui-ci, Il établirait la plénitude de la joie en Israël, créant par cette puissance le bon vin des noces d’Israël avec son Dieu. Mais Israël n’en voulait rien : le Messie n’était pas reçu ; Il se retire donc, comme nous venons de le dire, en Galilée, au milieu des pauvres du troupeau, après avoir montré, en passant à Samarie, cette grâce du Père, qui dépassait toutes les promesses et les relations juives, grâce manifestée dans la personne du Fils et dans Son humiliation, et qui amènerait les âmes converties à adorer le Père en esprit et en vérité, en dehors de tout système judaïque, vrai ou faux. En Galilée, Il opère un second miracle au sein d’Israël où Il travaille encore selon la volonté de Son Père, du moins là où il y avait de la foi, non pas cependant dans Son pouvoir de ressusciter les morts, mais dans Son pouvoir de guérir et de sauver la vie de ce qui était prêt à périr. Il accomplissait le désir de cette foi et rendait la vie à celui qui s’en allait mourir. C’est ce que, de fait, Il opérait en Israël pendant qu’Il était ici-bas.

Les deux positions dans lesquelles le Christ se trouverait, étant constatées, savoir : 1° ce qu’en tant que rejeté Il allait faire, selon les intentions de Dieu le Père, et 2° ce qu’Il faisait au moment même pour Israël, selon la foi qui se trouvait parmi eux ; — nous verrons exposés, dans les chapitres qui suivent, les droits et la gloire qui se rattachaient à Sa personne, aussi bien que le rejet de Sa parole et de Son œuvre ; puis le salut assuré du résidu et de toutes les brebis du Seigneur, où qu’elles fussent. Ensuite, le Seigneur étant reconnu de Dieu, en tant que manifesté ici-bas, Fils de Dieu, Fils de David et Fils de l’homme, il est parlé de ce qu’Il ferait lorsqu’Il serait loin, et du don du Saint Esprit, ainsi que de la position dans laquelle Il plaçait les disciples devant le Père et auprès de Lui-même. Puis, après avoir raconté les circonstances solennelles qui se sont passées en Gethsémané et celles du don de Sa propre vie ; après le récit enfin de Sa mort, comme donnant Sa vie pour nous, le chapitre qui termine le livre nous entretient brièvement du résultat de tout ceci dans les voies de Dieu jusqu’à Son retour. Nous pouvons passer rapidement sur les chapitres 5 à 9, non comme étant de peu d’importance, loin de là ; mais comme contenant quelques grands principes qui peuvent être signalés, chacun à leur place, sans exiger beaucoup d’explications.

Chapitre 5. — Ce chapitre met en contraste la puissance vivifiante de Christ et Son droit de conférer la vie aux morts, avec l’impuissance des ordonnances légales. Elles exigeaient la puissance dans la personne qui devait en profiter. Christ apportait dans Sa personne la puissance de guérison, et même de résurrection. En outre, tout jugement Lui a été confié, en sorte que ceux qui avaient reçu la vie, ne viendraient pas en jugement. La fin du chapitre rapporte les témoignages qui ont été rendus à Jésus et relève ainsi la culpabilité de ceux qui ne voulaient pas venir à Lui pour avoir la vie. D’un côté, c’est la grâce souveraine ; de l’autre, c’est la responsabilité, parce que la vie était là. Pour avoir la vie, il fallait la puissance divine du Seigneur ; mais si on Le rejetait, si on refusait de venir à Lui pour avoir la vie, on le faisait malgré les témoignages clairs et positifs qui Lui étaient rendus. — Mais entrons un peu dans les détails de ce chapitre.

Le pauvre homme dont il est question ici, malade depuis trente-huit ans, trouvait dans le caractère de sa maladie un empêchement absolu à profiter des moyens dont l’emploi exigeait de la force. C’est ce qui caractérise le péché d’un côté, et la loi de l’autre. Quelques faibles restes des bénédictions de Dieu se trouvaient encore parmi les Juifs : les anges, ministres de l’économie judaïque, travaillaient encore au bien du peuple ; l’Éternel ne se laissait pas sans témoignage ; — mais pour en profiter, il fallait de la force. Or ce que la loi ne pouvait pas faire, étant faible à cause de la chair, Dieu l’a fait par Jésus. Le désir se trouvait chez l’homme impotent, la force lui manquait : le désir était avec lui, mais aucune force pour l’accomplir ; c’est ce que la question du Seigneur fait ressortir. Un seul mot de Christ accomplit tout : « Lève-toi, prends ton petit lit, et marche » ; la force se communique, l’homme se lève et s’en va avec son lit[24].

Or, c’était le sabbat, circonstance importante et qui tient une place principale dans cette scène intéressante. Le sabbat était donné comme signe de l’alliance entre les Juifs et l’Éternel[25] ; mais il était démontré que la loi ne donnait pas à l’homme le repos de Dieu : il fallait la puissance d’une vie nouvelle, il fallait la grâce pour que l’homme fût en relation avec Dieu. La guérison du pauvre malade de Béthesda était une œuvre de cette même grâce, de cette même puissance, mais opérée au milieu d’Israël. Le réservoir de Béthesda supposait la puissance dans l’homme, l’acte de Jésus l’employait en grâce en faveur d’un malheureux du peuple de l’Éternel. Ainsi le Seigneur dit à l’homme : « Ne pèche plus, de peur que pis ne t’arrive » (v. 14). C’était l’Éternel agissant en grâce, en bénédiction, par Sa puissance, au milieu de Son peuple, mais à l’égard des choses temporelles, signes de Sa faveur et de Sa bonté, et en rapport avec Son gouvernement au milieu d’Israël ; — toutefois cette guérison était l’exercice de la grâce et de la puissance divines.

Or l’homme ayant dit aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri, ceux-ci s’élèvent contre Lui, sous prétexte de violation du « sabbat ». La réponse du Seigneur est profondément touchante et pleine d’instruction, toute une révélation : elle déclare la relation entre Lui, le Fils, et le Père, relation qui se révélait ouvertement maintenant par Sa venue. Il montre (et quelle profonde grâce !) que ni le Père, ni Lui, ne sauraient trouver leur sabbat[26] au milieu de la misère et des tristes fruits du péché. L’Éternel en Israël pouvait imposer le sabbat par la loi, comme obligation, et en faire un signe de cette précieuse vérité que Son peuple entrerait dans le repos de Dieu ; mais Jésus dans ces paroles-ci fait voir que de fait, une fois Dieu vraiment connu, il n’y avait pas de repos dans l’état actuel de Sa création. Mais il y avait plus : Dieu travaillait en grâce ; Son amour ne pouvait pas reposer dans la misère ; Il avait institué au commencement un repos en rapport avec la création toute bonne (Gen. 2) ; mais le péché, la corruption, la misère étaient entrés dans Sa création. Dieu, le saint et le juste, n’y trouvait plus de sabbat, et l’homme n’entrait pas réellement dans le repos de Dieu (comp. Héb. 4). De deux choses l’une, ou Dieu devait détruire en justice la race coupable, ou bien — et c’est ce qu’Il a fait d’après Ses conseils éternels — Il devait commencer à travailler en grâce selon cette rédemption que l’état de l’homme exigeait — une rédemption dans laquelle toute la gloire de Dieu se déploie. En un mot, Dieu devait se mettre à travailler de nouveau en amour. C’est ce que dit le Seigneur : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » (v. 17). Dieu ne prend pas Son parti du péché ; Il ne se repose pas en présence de la misère ; Il n’a pas de sabbat ; — mais Il travaille en grâce. Quelle réponse divine à leurs misérables subtilités !

Une autre vérité ressortait de ce que le Seigneur disait : Il se plaçait sur un pied d’égalité avec Son Père. Or les Juifs, jaloux pour leurs cérémonies, pour ce qui les distinguait des autres nations, et ne voyant rien de la gloire du Christ, Le traitent de blasphémateur, et cherchent à Le tuer. Ceci donne à Jésus l’occasion d’exposer toute la vérité sur le point en question. Il n’était pas comme un être indépendant du Père, avec des droits égaux, un autre Dieu qui agissait de Son propre chef, ce qui du reste est impossible, car il ne peut y avoir deux êtres suprêmes et omnipotents : le Fils est en pleine union avec le Père, ne fait rien sans le Père ; mais Il fait tout ce qu’Il voit faire au Père. Il n’y a rien que le Père fasse, qu’Il ne fasse en communion avec le Fils : on en verrait de plus grandes preuves pour s’en émerveiller (v. 20). Cette dernière partie des paroles du Seigneur, ainsi que le contenu de notre évangile tout entier, montre que Jésus, tout en révélant d’une manière absolue que Lui et le Père sont un, parle de cette unité, comme existant Lui-même dans une position dans laquelle Il a pu être vu des hommes. L’unité dont Il parle est en Dieu : la position dans laquelle Il en parle, est une position prise et, dans un certain sens, inférieure. Mais on voit partout néanmoins, qu’Il est égal au Père et un avec Lui, quoiqu’Il reçoive tout du Père et fasse tout d’après les pensées du Père. Ceci se montre d’une manière remarquable au chapitre 17 : c’est le Fils, mais le Fils manifesté en chair, agissant dans la mission pour l’accomplissement de laquelle le Père L’a envoyé.

Le chapitre que nous avons sous les yeux, parle de deux choses par lesquelles la gloire du Fils est mise en évidence : Il vivifie et Il juge (v. 21, 22). Il ne s’agit pas de guérir, œuvre qui, au fond, a la même source, et prend son occasion d’agir dans le même mal ; mais il s’agit de donner la vie d’une manière évidemment divine. Comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, ainsi le Fils vivifie ceux qu’Il veut. Ici, nous avons la première preuve de Ses droits divins : Il donne la vie, Il la donne à qui Il veut. Mais s’étant fait homme, Il peut être personnellement déshonoré, méconnu, méprisé par les hommes : par conséquent tout jugement Lui est confié — le Père ne juge personne — afin que tous, même ceux qui ont rejeté le Fils, honorent le Fils comme ils honorent le Père qu’ils reconnaissent comme Dieu. S’ils ne veulent pas L’honorer quand Il agit en grâce, ils y seront forcés quand Il agira en jugement. Dans la vie, nous avons communion par le Saint Esprit avec le Père et le Fils (et vivifier, ou donner la vie, est l’œuvre simultanée du Père et du Fils) ; dans le jugement, les incrédules auront à faire avec le Fils de l’homme qu’ils ont rejeté. Ces deux choses ne se mêlent pas dans leur accomplissement : celui que Jésus a vivifié n’a pas besoin d’être forcé à L’honorer en subissant le jugement ; Jésus n’appelle pas en jugement celui qu’Il a sauvé en le vivifiant.

Mais comment peut-on savoir à laquelle de ces deux catégories de personnes on appartient ? Le Sauveur (grâce Lui en soit rendue) répond : « Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé », c’est-à-dire le Père, en écoutant Jésus, « a la vie éternelle (telle est l’efficace vivifiante de la parole du Fils) et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (v. 24) : simple et merveilleux témoignage ![27] Le jugement glorifiera le Seigneur dans le cas de ceux qui L’auront méprisé ici-bas. La possession de la vie éternelle, pour ne pas être assujetti à ce jugement, est la portion de ceux qui croient.

Le Seigneur indique ensuite deux périodes distinctes dans lesquelles doit s’exercer la puissance que le Père Lui a confiée comme venu en chair. L’heure venait, elle était déjà venue, dans laquelle les morts entendraient la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auraient entendue, vivraient. C’est la communication de la vie spirituelle par Jésus, le Fils de Dieu, à l’homme mort par le péché, communication faite par la parole que celui-ci entendrait ; car le Père a donné au Fils, à Jésus, ainsi manifesté sur la terre, d’avoir la vie en Lui-même (comp. 1 Jean 1, 1-2). Aussi Lui a-t-Il donné l’autorité pour exécuter le jugement, parce qu’Il est le Fils de l’homme ; car c’est au Fils de l’homme que, selon les conseils de Dieu, le royaume et le jugement appartiennent, et c’est en prenant ce caractère, quand Il vint en grâce, qu’Il a été méprisé et rejeté. Ce passage aussi fait voir que Jésus, tout en étant le Fils éternel, un avec le Père, est toujours considéré comme manifesté en chair ici-bas, et ainsi, comme recevant tout du Père. C’est ainsi que nous L’avons vu au puits de Samarie, le Dieu qui donnait, mais, en même temps, celui qui demandait à la pauvre femme de Lui donner à boire.

Jésus donc vivifiait les âmes dans ce temps-là ; Il vivifie encore. On ne devait pas s’en étonner, car une œuvre plus extraordinaire aux yeux des hommes s’accomplirait : ceux qui étaient dans les sépulcres en sortiraient. « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront » (v. 25). C’est la seconde période dont le Seigneur parle. Dans l’une, Il vivifie les âmes ; dans l’autre, Il ressuscite les corps. L’une a duré pendant le ministère de Jésus et plus de mille huit cents ans depuis Sa mort ; la seconde n’est pas encore arrivée, mais pendant sa durée deux choses doivent avoir lieu : il y aura une résurrection de ceux qui auront pratiqué le bien, et une résurrection de ceux qui auront fait le mal. La première sera une résurrection de vie ; le Seigneur mettra le comble à Son œuvre de vivification ; la seconde sera la résurrection pour le jugement de ceux qui auront fait le mal (v. 28-29). Or ce jugement sera selon les pensées de Dieu et non le fruit d’une volonté personnelle de Jésus à part. Jusqu’ici, c’est une puissance souveraine, et pour ce qui regarde la vie, une grâce souveraine — Il vivifie qui Il veut. Ce qui suit est la responsabilité de l’homme pour ce qui a trait à la réception de la vie éternelle. Elle se trouvait là en Jésus, et ils ne voulaient pas venir à Lui pour la recevoir.

Le Seigneur indique ensuite aux Juifs quatre témoignages rendus à Sa gloire et à Sa personne, quatre témoignages qui les laissaient sans excuse : Jean, Ses propres œuvres, Son Père, et les Écritures. Tout en prétendant recevoir celles-ci, comme y puisant la vie éternelle, ils ne voulaient cependant pas venir à Celui auquel ces témoignages étaient rendus, pour avoir la vie. Pauvres Juifs, le Fils venait au nom du Père, et ils ne voulaient pas Le recevoir ; un autre viendrait en son propre nom, et ils le recevraient : cela allait mieux au cœur de l’homme. Ils cherchaient la gloire de la part des hommes, comment pouvaient-ils croire ? Souvenons-nous en. — Dieu ne s’adapte pas à l’orgueil de l’homme et n’arrange pas la vérité pour nourrir cet orgueil. Jésus connaissait les Juifs : non pas qu’Il voulût les accuser auprès du Père ; Moïse, en qui ils se fiaient, le ferait ; car ils ne croyaient pas ses écrits ; s’ils avaient cru Moïse, ils auraient cru Jésus ; mais si les écrits de Moïse ne faisaient pas foi, comment l’auraient fait les paroles d’un Sauveur méprisé ?

En résumé, le Fils de Dieu donne la vie, et Il exécute le jugement : dans le jugement qu’Il exécute, le témoignage rendu à Sa personne laisse l’homme sans excuse sur le pied de sa propre responsabilité. Au chapitre 5, Jésus est le Fils de Dieu, qui, avec le Père, donne la vie, et juge comme Fils de l’homme. Au chapitre 6, Il est l’objet de la foi, comme descendu des cieux et subissant la mort. Il y est fait allusion à Son ascension comme Fils de l’homme.

Chapitre 6. — Ce chapitre nous présente le Seigneur descendu des cieux, humilié et mis à mort : non pas maintenant comme le Fils de Dieu, un avec le Père, source de vie ; mais comme Celui qui, tout en étant l’Éternel et en même temps prophète et roi, prendra le caractère de victime, et celui de sacrificateur en haut. Pain de vie dans Son incarnation — mort, Il sera la vraie nourriture du croyant — et monté en haut de nouveau, l’objet vivant de sa foi ; mais le Seigneur ne fait qu’indiquer ce dernier trait : la doctrine de ce chapitre est renfermée surtout dans ce que nous venons de dire. Ce n’est pas la puissance divine qui vivifie, mais le Fils de l’homme venu en chair, l’objet de la foi, et ainsi le moyen de la vie ; et cependant, quoique annoncée simplement par l’appel de la grâce, ce n’est pas le côté divin qui vivifie qui il veut, mais la foi en nous, qui saisit le Sauveur. Dans les deux cas, Il agit indépendamment des limites du judaïsme. Il vivifie qui Il veut, et Il vient pour donner la vie au monde.

Ce discours du Seigneur a eu lieu à l’occasion de la Pâque, figure que le Seigneur devait accomplir, par la mort, sujet dont Il parlait. Remarquez ici que tous ces chapitres présentent le Seigneur et la vérité qui Le révèle, en contraste avec le judaïsme qu’Il quittait et mettait de côté. Au chapitre 5, c’était l’impuissance de la loi et de ses ordonnances ; ici, les bénédictions promises aux Juifs sur la terre, de la part de l’Éternel (Ps. 132, 15) ; et les caractères de prophète et de roi qui s’y accomplissent par le Messie sur la terre, dans Ses relations avec les Juifs, forment contraste avec la nouvelle position de Jésus et avec le nouveau caractère que prend Sa doctrine par Son rejet. Le contraste dont je parle ici caractérise chaque sujet distinct de cet évangile.

Examinons maintenant notre chapitre : premièrement Jésus pourvoit aux besoins du peuple, selon la bénédiction promise au psaume 132, et que l’Éternel Lui-même devait accomplir ; là-dessus le peuple reconnaît Jésus pour « le prophète », et veut par la force faire de Lui son roi. Mais Il refuse maintenant cette offre — Il ne pouvait prendre cette position de cette manière charnelle. Jésus les quitte et se retire sur la montagne, Lui tout seul. C’était, en figure, Sa position comme sacrificateur, en haut. Tels sont les trois caractères du Messie en Israël ; mais le dernier a une application complète et spéciale pour les saints au temps actuel, comme marchant sur la terre, et continuant ainsi la position du résidu. L’Éternel est en même temps roi, et prophète. Jésus quitte le peuple pour monter en haut à part. Il prenait ainsi, quant à la signification de l’acte, la position de sacrificateur en haut. Les disciples montent sur une nacelle, et sont ballottés sans Lui sur la mer. Les ténèbres surviennent (c’est ce qui arrivera au résidu ici-bas), et Jésus n’est pas là ; — Il rejoint cependant les siens, et ils Le reçoivent avec joie : aussitôt la nacelle prend terre là où ils allaient. Tableau frappant du résidu faisant son chemin sur la terre pendant l’absence de Christ, et duquel chaque souhait se trouve satisfait immédiatement — bénédiction entière et repos — lorsque Jésus le rejoint[28].

Cette partie du chapitre ayant montré le Seigneur comme déjà prophète ici-bas, et ne prenant pas la royauté (ce qui n’arrivera que lorsqu’Il rejoindra le résidu ici-bas) — cadre historique de ce qu’Il était et de ce qu’Il sera — la suite du chapitre nous apprend ce qu’Il est pour la foi, en attendant ; elle nous montre quel est Son vrai caractère, et que le but de Dieu, en L’envoyant en dehors d’Israël, est en rapport avec la grâce souveraine. Le peuple Le cherche ; mais la vraie œuvre que Dieu reconnaît, c’est de croire en Celui qu’Il a envoyé. Ainsi, on a cette nourriture qui dure pour la vie éternelle, nourriture que le Fils de l’homme devait donner (c’est sous ce caractère que Jésus se présente ici, comme Il s’était présenté sous celui de Fils de Dieu, au chapitre 5) ; car c’est sur Lui que le Père avait mis Son sceau. Jésus avait pris cette place de Fils de l’homme dans l’humiliation ici-bas ; Il était allé se faire baptiser par Jean le baptiseur ; et alors, dans ce caractère, le Père L’avait scellé, le Saint Esprit étant descendu sur Lui.

La foule Lui demande un signe tel que celui de la manne (v. 30 et suiv.) : Il est Lui-même le vrai signe, la preuve irrécusable de la bonté de Dieu à laquelle la manne avait rendu un témoignage passager : Il est la vraie manne. Moïse n’avait pas donné le pain céleste de la vie ; leurs pères étaient morts, dans le désert même où ils avaient mangé la manne : le Père leur donnait dans ce moment le vrai pain du ciel. Ici, remarquez-le, ce n’est pas le Fils de Dieu qui donne, et qui est la source, le communicateur souverain de la vie, à qui Il veut : Il est l’objet placé devant la foi, Celui qu’on mange, dont on se nourrit, en qui on trouve la vie, de qui on vit, de sorte qu’on n’a jamais faim. Mais la foule ne croyait pas en Lui ; et effectivement il ne s’agissait pas de la masse d’Israël comme telle : ceux que le Père donnerait à Jésus viendraient à Lui. Il était là l’objet passif de la foi, pour ainsi dire. Ce n’est plus ici : « Il vivifie ceux qu’il veut » ; — Il est là pour recevoir ceux que le Père Lui amène. Aussi, quel que fût celui qui venait, Il ne le mettait aucunement dehors, ennemi, moqueur, Gentil ; — aucun ne serait venu à Lui, si le Père ne l’eût amené. Or le Messie était là pour faire la volonté de Son Père, quel que fût celui que le Père Lui amenait. Jésus le recevait pour le salut éternel (comp. chap. 5, 21). La volonté du Père avait ces deux caractères : 1° De tous ceux que le Père Lui donnerait, Jésus n’en perdrait aucun ; précieuse assurance ! Le Seigneur sauve certainement jusqu’à la fin ceux que le Père Lui a donnés. — Ensuite, 2° tous ceux qui verraient le Fils et croiraient en Lui, auraient la vie éternelle. Cette déclaration est l’évangile pour toute âme d’homme, comme l’autre déclaration est ce qui assure infailliblement le salut de tout croyant. Mais ce n’est pas tout : ce n’était pas de l’accomplissement sur la terre des promesses faites aux Juifs qu’il s’agissait, mais d’être ressuscité — d’entre les morts — d’avoir une part à la vie éternelle en résurrection au dernier jour (savoir au dernier jour du siècle de la loi où ils se trouvaient). Jésus ne couronnait pas l’économie légale ; Il devait en introduire une autre, et la résurrection avec elle. Les Juifs[29] murmurent de ce qu’Il se dit descendu du ciel : le Seigneur répond, en déclarant que la difficulté qu’ils éprouvaient à l’égard de Sa descente du ciel se comprenait facilement : « Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire ». C’était la grâce qui produisait cet effet ; être Juif ou non, n’y faisait rien. Il s’agissait, non pas de l’accomplissement des promesses par le Messie, mais de la vie éternelle, d’être ressuscité d’entre les morts par Lui, d’introduire la vie d’un tout autre monde dont on jouissait par la foi — la grâce du Père ayant amené l’âme à trouver cette vie en Jésus. Au reste, les prophètes avaient déjà annoncé : Ils seront tous enseignés de Dieu (És. 54, 13). Chacun donc ainsi enseigné du Père, venait à Lui : non point qu’aucun ait vu le Père, sinon celui qui était de Dieu — Jésus, Lui, avait vu le Père, et celui qui croyait en Lui était déjà en possession de la vie éternelle, car Jésus était le pain descendu du ciel, afin qu’en mangeant de ce pain on ne mourût plus (v. 43-48).

Or ceci n’était pas seulement par l’incarnation, mais par la mort de Celui qui était descendu du ciel : Il donnerait Sa vie ; Son sang serait ôté de ce corps qu’Il avait pris ; on mangerait Sa chair, on boirait Son sang. La mort serait la vie du croyant, car la vie naturelle est maintenant le péché. Et, en effet, c’est dans un Sauveur mort que nous voyons le péché ôté qu’Il portait pour nous, et la mort pour nous est la mort à la nature pécheresse, dans laquelle le mal et notre séparation d’avec Dieu résident. Là en avait fini avec le péché Celui qui ne l’avait point connu. Par la mort que le péché avait introduite, on est quitte du péché qui se rattachait à la vie qui y trouvait sa fin : non que Christ eût du péché dans Sa personne, mais Il a pris le péché, Il a été fait péché sur la croix pour nous ; et celui qui est mort est justifié du péché. Je me nourris donc de la mort de Christ : la mort est mienne, elle est devenue la vie ; elle me sépare du péché, de la mort, de la vie dans laquelle j’étais séparé de Dieu. Le péché et la mort y ont trouvé leur fin : ils se rattachaient à ma vie ; — Christ en grâce les a pris sur Lui et Il a donné Sa chair pour la vie du monde ; et moi j’en suis quitte, et je me nourris de la grâce infinie en Lui qui a accompli cette œuvre. L’expiation est parfaite, et je vis, étant heureusement mort à tout ce qui me séparait de Dieu. C’est de la mort, en tant qu’accomplie en Lui, que je me nourris, y entrant par la foi. Christ a dû être vivant comme homme, afin de mourir ; et Il a donné Sa vie : ainsi, Sa mort est efficace, Son amour est infini, et l’expiation est totale, absolue, parfaite. Ce qui était entre moi et Dieu n’existe plus, car Christ est mort, et tout cela a passé avec Sa vie d’ici-bas, telle qu’Il l’avait sur la terre avant d’expirer sur la croix. La mort ne pouvait pas L’arrêter. Pour accomplir cette œuvre, Il a dû avoir une puissance de vie divine à laquelle la mort ne pouvait toucher ; mais ce n’est pas cette vérité qui est l’objet de l’enseignement de ce chapitre, tout en y étant impliquée.

En parlant à la foule, le Seigneur, tout en leur reprochant leur incrédulité, se présente, en tant que venu en chair, comme l’objet de leur foi dans ce moment-là (v. 32-35). Avec les Juifs, exposant la doctrine, Il répète qu’Il est le pain vivant descendu du ciel, duquel si un homme mange, il vivra pour toujours ; mais Il fait comprendre en même temps qu’on ne pouvait pas en rester là : il fallait recevoir Sa mort. Jésus ne dit pas maintenant « celui qui me mange », mais qu’il fallait manger Sa chair et boire Son sang, entrer pleinement dans la pensée, la réalité de Sa mort ; Il parle de recevoir un Messie non pas vivant, mais mort pour l’homme, mort devant Dieu. Il n’existe pas maintenant comme un Christ mort, mais il faut reconnaître Sa mort, la réaliser, s’en nourrir, prendre notre place devant Dieu en y participant par la foi, sans quoi il n’y a pas de vie en nous[30]. Ainsi le Messie et Son œuvre seraient pour le monde ; ainsi aussi on ne vivrait pas de Sa vie propre, mais de Christ en s’en nourrissant. — Par cette pensée Jésus en revient à Sa propre personne. La foi en Sa mort étant établie, on demeurerait en Lui (v. 56), et l’on serait en Lui devant Dieu selon toute Son acceptation auprès de Dieu, selon toute l’efficace de Son œuvre en mourant. Christ demeurerait dans le croyant selon la puissance et la grâce de cette vie dans laquelle Il avait remporté la victoire sur la mort, et dans laquelle Il vit maintenant l’ayant remportée. Comme le Père vivant L’avait envoyé, et qu’Il vivait, non par une vie indépendante qui n’avait pas le Père pour son objet ou pour sa source, ainsi celui qui Le mangeait vivrait par conséquent de Lui[31].

Ensuite le Seigneur, en réponse à ceux qui se scandalisent de cette vérité fondamentale, en appelle à Son ascension. Il était descendu du ciel, voilà Sa doctrine — et Il y remonterait. La chair matérielle ne profite de rien ; c’est l’Esprit qui vivifie, en réalisant dans l’âme la puissante vérité de ce qu’était Christ et de ce qu’était Sa mort. Or Jésus en revient à ce qu’Il avait dit, que pour venir à Lui, ainsi réellement révélé, il fallait être amené par le Père (v. 65). Il y a une foi ignorante, peut-être, mais qui est pourtant réelle par la grâce : telle était celle des disciples. Ils savaient que Jésus avait, et Lui seul, les paroles de la vie éternelle ; non pas seulement qu’Il fût le Messie, ce qu’ils croyaient en effet, mais Sa Parole avait saisi leur cœur, avec la puissance de la vie divine qu’elle révélait et qu’elle communiquait par la grâce. Ainsi les disciples reconnaissaient Jésus non seulement comme le Fils de Dieu, officiellement, pour ainsi dire, mais selon la puissance de la vie divine : Il était « le Fils du Dieu vivant ». Cependant il y en avait un parmi eux qui était un diable.

C’est ainsi que Jésus descendu du ciel, mis à mort, remonté où Il était auparavant, est la doctrine du chapitre que nous venons de parcourir. Descendu, mis à mort, Il est la nourriture de la foi pendant Son absence en haut, car c’est de Sa mort qu’on se nourrit pour demeurer spirituellement en Lui, et pour qu’Il demeure Lui en nous.

Chapitre 7. — Ici, les frères de Jésus selon la chair, encore plongés dans l’incrédulité, veulent, s’Il fait de si grandes choses, qu’Il se montre au monde ; mais le temps n’était pas encore venu pour qu’Il se montrât : c’est à l’accomplissement du type de la fête des tabernacles qu’Il le fera. La Pâque a eu son antitype à la croix ; la Pentecôte à la descente du Saint Esprit ; mais la fête des tabernacles n’a pas encore eu son antitype. Cette dernière fête avait lieu après la moisson et les vendanges ; et dans cette fête, Israël faisait avec joie dans sa terre, la commémoration de son pèlerinage passé et qu’il avait accompli avant d’entrer dans le repos que Dieu lui avait donné dans la terre de la promesse. Ainsi l’accomplissement de ce type des Tabernacles aura lieu lorsque, après les jugements exécutés, soit en discernant les bons d’avec les méchants, soit en pure vengeance[32], Israël, de retour en son pays, sera en possession de toutes les bénédictions qui lui avaient été promises. Dans ce temps-là, Jésus se montrera au monde : au moment dont nous nous occupons, Son temps n’était pas encore venu. En attendant, s’en étant allé au ciel (v. 33-34), Il donne le Saint Esprit aux croyants (v. 38-39).

Remarquez ici que la Pentecôte n’est pas mentionnée. Nous passons de la Pâque, au chapitre 6, à la fête des tabernacles, au chapitre 7 ; car la Pentecôte représentait la descente du Saint Esprit sur les croyants. Comme je l’ai déjà dit, cet évangile a pour objet une personne divine sur la terre, et non pas l’homme dans le ciel. Il est cependant parlé du Saint Esprit comme substitué au dernier ou huitième jour de la fête des tabernacles. La Pentecôte suppose que Jésus est au ciel. Jésus présentait cependant au peuple ce don du Saint Esprit, de manière à en faire l’espoir de la foi dans le temps où Il parlait, si Dieu créait des besoins dans les âmes. Si quelqu’un avait soif et qu’il vînt à Jésus pour boire, là, non seulement il se désaltérerait, mais de l’homme intérieur, de son âme, couleraient des fleuves d’eau vive : ainsi l’âme altérée venait à Lui par la foi, pour satisfaire à ses propres besoins. — En croyant en Jésus, non seulement l’Esprit serait une source jaillissante en vie éternelle au-dedans de l’homme : Il coulerait aussi du croyant en abondance, pour rafraîchir tous ceux qui avaient soif.

Remarquez ici qu’Israël buvait de l’eau dans le désert, avant de pouvoir célébrer la fête des tabernacles ; mais Israël ne faisait que boire : il n’y avait pas de source vive en eux ; l’eau coulait du rocher. Sous la grâce, quoique sans doute chaque croyant ne soit pas une source en lui-même, un fleuve coule de lui. Ceci cependant n’aurait lieu que lorsque Jésus serait glorifié et arriverait à ceux qui étaient déjà croyants : — le Seigneur ne parle pas ici de l’œuvre de la régénération, mais d’un don fait à ceux qui croient ; de plus, à la vraie fête des tabernacles, Jésus se montrera Lui-même au monde. Mais ce n’est pas de cela que l’Esprit, ainsi reçu, est spécialement témoin ici : Il est donné en rapport avec la gloire de Jésus pendant que Celui-ci est caché au monde. Aussi le Seigneur nous annonce-t-Il ce don à l’occasion du huitième jour de la fête qui porte les regards de la foi sur une part au-delà du repos sabbatique de ce monde et préfigure le commencement d’une autre période, d’une nouvelle scène de gloire. Remarquez aussi qu’en pratique, quoique le Saint Esprit soit présenté ici comme puissance agissant en bénédiction en dehors de celui en qui Il demeure, Sa présence dans le croyant est le fruit d’une soif personnelle, des besoins de l’âme elle-même, des besoins auxquels celle-ci avait cherché la réponse en Christ. Quand on a soif, on a soif pour soi. Le Saint Esprit, en nous révélant Jésus, devient, par Son habitation en nous à la suite de la foi, un fleuve en nous, et ainsi de l’eau vive pour les autres.

Du reste, l’esprit des Juifs se dévoilait clairement. Ils cherchaient à tuer le Seigneur ; et Jésus leur dit que Ses relations avec eux sur la terre, se termineraient en effet bientôt (v. 33). Ils n’avaient pas besoin de tant se hâter de se débarrasser de Lui ; bientôt ils Le chercheraient et ne Le trouveraient point, car Il s’en allait vers Son Père.

On voit clairement ici la différence entre « la foule » et « les Juifs » — deux partis qui sont toujours distingués dans cet évangile. La foule ne comprenait pas pourquoi Jésus parlait du désir manifesté de le tuer : ceux de Judée s’étonnaient de Sa hardiesse, sachant qu’on machinait à Jérusalem contre Sa vie. — Mais Son temps n’était pas encore venu. On envoie des huissiers pour le prendre, et ils reviennent frappés de Son discours, sans s’être emparés de Lui (v. 45 et suiv.). Les pharisiens en sont irrités et expriment leur mépris pour le peuple. « Aucun d’entre les chefs ou d’entre les pharisiens, a-t-il cru en lui ? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi est maudite ». Nicodème hasarde un mot de justice, d’après la loi, et attire le mépris sur lui-même ; puis chacun s’en va chez lui. Jésus qui n’avait point de lieu où se retirer jusqu’à ce qu’Il fût en haut d’où Il était venu, se rend à la montagne des Oliviers, dans ce lieu témoin de Son agonie, de Son ascension, et qui le sera de Son retour, dans ce lieu qu’Il fréquentait habituellement, lorsqu’Il se trouvait à Jérusalem, pendant le temps de Son ministère sur la terre.

Le contraste entre l’enseignement de ce chapitre et le judaïsme (même pour les meilleures espérances qui remplissaient l’avenir que Dieu a préparé pour Son peuple terrestre) est trop évident pour que je m’étende davantage sur ce sujet. Ici, comme partout, cet évangile révèle Jésus en dehors de tout ce qui appartenait au système terrestre du judaïsme. Au chapitre 6, c’était la mort sur la croix ici-bas ; ici, c’est la gloire dans le ciel, les Juifs étant rejetés, et le Saint Esprit donné au croyant. Au chapitre 5, Jésus donne la vie comme Fils de Dieu ; au chapitre 6, Il est le même Fils, non pas comme Fils de l’homme qui vivifie et juge divinement, mais comme descendu du ciel, le Fils dans l’humiliation ici-bas, mais le vrai pain venu du ciel, que le Père a donné. Dans cette humble personne, ils devaient discerner le Fils, afin de vivre. Puis, étant venu de cette manière, ayant pris la forme d’esclave et étant trouvé en figure comme un homme, Il s’est abaissé (v. 53) et a souffert sur la croix comme Fils de l’homme ; au chapitre 7, Il monte dans la gloire et envoie le Saint Esprit. Le chapitre 5 expose Ses titres de gloire personnelle ; les chapitres 6 et 7, Son œuvre et le don de l’Esprit aux croyants, résultat de Sa glorification actuelle en haut[33], glorification à laquelle la présence du Saint Esprit répond en bas ; aux chapitres 8 et 9[34] nous trouvons le témoignage de Jésus et Ses œuvres également rejetés, et la question décidée entre Lui et les Juifs. On remarquera aussi que les chapitres 5 et 6 s’occupent de la vie : au chapitre 5, elle est donnée souverainement et divinement par Celui qui la possède ; au chapitre 6, l’âme, en recevant Jésus et en s’occupant de Lui par la foi, trouve la vie, et se nourrissant de Lui, vit par lui, par la grâce du Père. Ces deux choses sont distinctes dans leur nature : Dieu donne ; — l’homme, par la grâce, se nourrit. D’un autre côté, le chapitre 7 nous montre Christ retournant vers Celui qui L’a envoyé, et annonce, en attendant, le don du Saint Esprit qui déploie la gloire dans laquelle Il se trouve — en nous et par nous dans Son caractère céleste. Au chapitre 5, Christ est le Fils de Dieu qui vivifie en puissance et volonté divine abstraite, c’est-à-dire ce qu’Il est, non la place où Il se trouve, mais étant seul juge, comme Fils de l’homme ; — au chapitre 6, le même Fils, mais descendu du ciel, objet de la foi dans Son abaissement, puis le Fils de l’homme, mourant et s’en retournant au ciel ; — au chapitre 7, Il n’est pas encore révélé au monde. Le Saint Esprit est donné tandis qu’Il est glorifié en haut, Fils de l’homme dans le ciel, considéré du moins comme entrant là. Enfin, au chapitre 8, ainsi que nous l’avons dit, la parole de Jésus est rejetée, et au chapitre 9, Ses œuvres le sont. Mais il y a beaucoup plus que cela : les gloires personnelles du Seigneur, dont les titres se trouvent au chapitre premier, se reproduisent et sont développées dans tous ces chapitres, à part les versets 36 à 51 de ce chapitre premier. Nous avons retrouvé dans les chapitres 5, 6, 7, les versets 14 à 34 de ce chapitre 1 ; maintenant le Saint Esprit revient au sujet des premiers versets de ce même chapitre. Christ est la Parole ; — Il est la vie, et la vie qui est la lumière des hommes. Les trois chapitres que je viens d’indiquer (5-7) s’occupent de ce qu’Il est en grâce pour les hommes, tout en annonçant les droits qu’Il a de juger.

Chapitre 8. — Ici maintenant, l’Esprit nous présente ce que Jésus est en Lui-même et ce qu’Il est vis-à-vis des hommes, mettant ainsi ceux-ci à l’épreuve, de sorte qu’en Le rejetant ils se rejettent eux-mêmes et se montrent réprouvés.

Mais examinons ce chapitre plus en détail. Toujours même contraste avec le judaïsme : on amène une femme, coupable sans contredit ; l’iniquité des Juifs la présente au Seigneur pour Le confondre. S’Il la condamnait, Il n’était pas un Sauveur, Il ne faisait pas autre chose que la loi ; s’Il la laissait aller, Il méprisait et méconnaissait la loi. La démarche était habile, quelque méchante qu’elle fût ; mais que vaut l’habileté en présence de Dieu qui sonde le cœur ? Le Seigneur les laisse s’engager complètement dans leur entreprise, en ne répondant pas pour le moment. — Probablement ils Le croyaient pris dans le piège qu’ils Lui avaient tendu. — Enfin Il leur dit : « Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle » (v. 7). Condamnés par leur conscience, sans droiture et sans foi, ils quittent le lieu de leur confusion, se séparent l’un de l’autre, chacun étant préoccupé de lui-même, de son caractère, non de sa conscience, et s’éloignent de Celui qui les avait convaincus, celui qui avait le plus d’âge, le plus de réputation à soigner s’en allant le premier. Quel triste tableau ! Quelle puissante parole ! Jésus et la femme restent seuls ensemble. Qui peut se tenir en la présence du Seigneur, sans conviction de culpabilité ? — À l’égard de la femme dont la culpabilité était reconnue, le Seigneur ne dépasse pas la position dans laquelle Sa relation avec le judaïsme Le plaçait, sauf à conserver les droits qui se rattachaient à Sa personne, comme venu en grâce. Il ne prononce pas ici, comme en Luc 7, le pardon absolu et le salut. Ceux qui avaient accusé la femme n’avaient pas pu la condamner ; Lui ne le veut pas — et Il la renvoie en disant : « Va — dorénavant ne pèche plus ». Ce n’est donc pas la grâce du salut que le Seigneur montre ici : Il ne juge pas, car Il n’était pas venu pour cela. Mais l’efficace du pardon n’est pas le sujet des chapitres qui nous occupent, c’est la gloire de la personne du Seigneur Lui-même en contraste avec tout ce qui est légal. Il est la lumière par la puissance de Sa Parole. Par cette Parole, Il avait agi comme lumière dans la conscience de ceux qui avaient amené la femme, car cette Parole était la lumière : mais ce n’est pas là toute la vérité présentée dans ce chapitre. C’était en tant que venant au monde, qu’Il était la lumière (chap. 1, 4-10). Or c’était la vie qui était la lumière des hommes, et non une loi qui exigeait et condamnait, ou qui promettait la vie si l’on observait ses préceptes. C’était la vie même qui était là dans la présence du Fils de Dieu, de la Parole, et cette vie était la lumière des hommes, les convainquait et les jugeait peut-être, mais le faisait comme lumière. Ainsi le Seigneur dit ici — en contraste avec la loi, apportée par ceux-là qui avaient reculé devant la lumière — « Moi, je suis la lumière du monde » (non pas seulement des Juifs). Dans cet évangile, nous avons ce que Christ est essentiellement dans Sa personne, soit comme Dieu, le Fils venu du Père, ou comme Fils de l’homme — et non ce que Dieu était dans Ses dispensations spéciales envers les Juifs. Il était ainsi l’objet de la foi en Sa personne et non dans Ses relations dispensationnelles. « Celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (v. 12). Mais c’était en Lui, dans Sa personne, que cette lumière se trouvait ; et Il pouvait rendre témoignage à Lui-même, parce que, tout homme qu’Il fût dans le monde, Il savait d’où Il venait et où Il allait. Il était le Fils qui venait du Père et y retournait ; Il en avait la connaissance et la conscience. Ainsi Son témoignage n’était pas celui d’un homme intéressé, de sorte qu’on pût hésiter à y ajouter foi ; Il avait, pour démontrer qu’Il était bien l’homme pour lequel Il se donnait, le témoignage du Fils (Son propre témoignage) et le témoignage du Père. Si les Juifs l’avaient connu, Lui, ils auraient connu le Père. Malgré un pareil témoignage, on ne se saisit pourtant pas de Lui : Son heure n’était pas encore venue. Il n’attendait néanmoins que cela, car l’opposition des Juifs à Dieu était certaine et connue du Seigneur : elle est clairement déclarée dans les versets 19-24. Si les Juifs ne croyaient pas, ils mourraient dans leur péché. Le Seigneur leur annonce cependant qu’ils sauraient bien que « c’était lui » (le Messie, Fils de Dieu), quand Il serait déjà rejeté, élevé sur la croix, ayant pris une toute autre position comme Sauveur rejeté du peuple et inconnu du monde : alors, quand Il ne se présenterait plus comme Messie, ils connaîtraient que c’était bien Lui, le Fils, et qu’Il leur parlait de la part du Père.

Comme Jésus parlait, plusieurs crurent en Lui (v. 30) : mais Il leur déclare l’effet de la foi ; et cela fait ressortir avec une clarté terrible la vraie condition des Juifs. D’abord Il déclare que la vérité les affranchirait et que si le Fils (qui est la vérité) les affranchissait, ils seraient vraiment libres. — La vérité affranchit moralement devant Dieu. — Le Fils, en vertu de Ses droits naturels et d’héritage dans la maison, les y placerait selon ces droits, et cela dans la puissance de la vie divine venue d’en haut — le Fils de Dieu, comme la résurrection l’a déclaré avec force. C’est en ceci que se trouvait le véritable affranchissement.

Piqués d’être tenus pour des esclaves, irrités de cette idée que leur orgueil ne supportait pas, les Juifs prétendent être libres, et n’avoir jamais été asservis à personne. Dans Sa réponse, le Seigneur montre qu’en commettant le péché, on est esclave du péché. Or le fait d’être sous la loi, le fait par conséquent qu’ils étaient Juifs, les plaçait là dans la position de serviteurs ; et ainsi, comme serviteurs, ils seraient renvoyés de la maison, tandis que le Fils y avait des droits inaliénables ; Il était de la maison même et y demeurait pour toujours. Être sous le péché et sous la loi, c’est la même chose pour un enfant d’Adam : on est esclave. C’est ce que l’apôtre montre en Romains 6, avec lequel on pourra comparer les chapitres 7 et 8 de la même épître, et Galates 4 et 5. En outre, les Juifs n’étaient pas réellement, ni moralement devant Dieu des enfants d’Abraham, tout en l’étant selon la chair ; car ils cherchaient à tuer Jésus. Ils n’étaient pas des enfants de Dieu ; s’ils l’eussent été, ils auraient aimé Jésus qui venait de Dieu. Ils étaient enfants du diable, et ils accompliraient ses œuvres.

Remarquez ici que, comprendre le sens de la Parole est le moyen de saisir la portée des paroles ; on n’apprend pas la définition des mots pour comprendre les choses ; on apprend les choses, et ainsi le sens des paroles est évident : celui qui sait ce que c’est que la régénération, comprendrait ce que le Seigneur dit lorsqu’Il parle d’être né de nouveau. Les Juifs commencent dès lors à lutter contre le témoignage du Seigneur, sentant que celui-ci se faisait plus grand que tous ceux sur lesquels ils s’appuyaient. Ils Le raillent à cause de Ses paroles ; et, par leur opposition, le Seigneur est amené à dire plus clairement ce qui en était de Lui, jusqu’à ce que (ayant déclaré qu’Abraham s’était réjoui de voir Son jour, et les Juifs appliquant cette parole à Son âge comme homme) Il annonce positivement qu’Il est Celui qui s’appelle « Je suis » — nom suprême de Dieu : — Il annonce qu’Il est Dieu Lui-même, Celui qu’ils prétendaient connaître comme s’étant révélé Lui-même dans le buisson. Merveilleuse révélation ! Homme méprisé, rejeté, le méprisé et le rejeté des hommes, contredit, attaqué, maltraité — c’était Dieu Lui-même qui se trouvait là. Quel fait ! Quel changement de tout ! Quelle révélation pour ceux qui Le reconnaissent, ou qui Le connaissent ! Quel état que celui de L’avoir rejeté, et rejeté parce que le cœur était opposé à tout ce qu’Il était, car Il n’avait pas manqué de se manifester ! Quelle pensée, que Dieu Lui-même a été ici-bas la bonté même ! Comme tout s’efface devant Lui — la loi, l’homme, ses raisonnements ! Tout dépend nécessairement de ce grand fait, que Dieu a été ici-bas ; et, grâces Lui en soient rendues, ce Dieu est un Sauveur. C’est aux souffrances de Christ que nous sommes redevables de le savoir. Et remarquez ici comment la suppression des dispensations formelles de Dieu s’opère par la révélation de Lui-même, et introduit ainsi une bénédiction infiniment plus grande.

Mais ici, le Sauveur se présente comme le témoin : Il est la Parole, la Parole faite chair, le Fils de Dieu, mais toujours la Parole, Dieu Lui-même. Dans le récit qui se trouve au commencement du chapitre, Il adresse Son témoignage à la conscience ; Il est la Parole qui sonde et qui convainc. Au verset 18, Il rend témoignage avec le Père ; au verset 26, Il déclare dans le monde ce qu’Il a reçu du Père et que c’est, comme enseigné de Lui, qu’Il a parlé. Au reste, le Père était avec Lui. Par Sa parole, on connaissait la vérité, versets 32-33, et la vérité affranchissait ; verset 47, Ses paroles sont les paroles de Dieu ; verset 51, Sa parole étant gardée, garantit de la mort ; verset 58, on trouve que c’est Dieu Lui-même, l’Éternel, connu des pères, qui parle. L’opposition découlait de ce que Sa parole était la Parole de la vérité (v. 45). Les opposants étaient de l’Ennemi ; il était meurtrier depuis le commencement ; ils le suivraient ; et comme la vérité était la source de la vie, ce qui caractérisait l’Ennemi, c’était qu’il n’est pas demeuré dans la vérité. La vérité n’est pas en lui ; il est le père et la source du mensonge, de sorte que, si le mensonge parle, c’est un des siens qui parle. — Le péché était l’esclavage, et on était dans cet esclavage en étant sous la loi. La vérité, le Fils Lui-même affranchissait. Or, plus que cela, les Juifs étaient ennemis, enfants de l’Ennemi, et feraient les œuvres de l’Ennemi, ne croyant pas ce que Christ disait, parce qu’Il disait la vérité. Il n’y a pas de miracle accompli dans cette occasion : ce que le chapitre nous présente, c’est la puissance de la Parole, et la Parole vivante est Dieu Lui-même. Rejeté des hommes, Il est, pour ainsi dire, forcé de dire la vérité, de se révéler — caché et manifesté, en même temps qu’Il était dans la chair ; caché quant à Sa gloire, manifesté quant à tout ce qu’Il est dans Sa personne et dans Sa grâce.

Chapitre 9. — Nous arrivons au témoignage de Ses œuvres, mais comme étant ici-bas homme humilié. Ce n’est pas le Fils de Dieu vivifiant qui Il veut, comme le Père, mais, par l’opération de Sa grâce ici-bas, l’œil s’ouvrait pour voir dans cet homme humble le Fils de Dieu. Le chapitre 8 présente ce qu’est le Seigneur vis-à-vis de l’homme ; le chapitre 9 ce qu’Il fait dans l’homme pour que l’homme Le voie. Ainsi, nous Le trouvons présenté dans Son caractère d’homme, et, la Parole étant reçue avec foi, reconnu Fils de Dieu. Ainsi le résidu est séparé, et la brebis réunie au bon Berger. Il est la lumière du monde, pendant qu’Il est là ; mais, par la grâce, où Il est reçu dans Son humiliation, Il communique le pouvoir de voir cette lumière, et de tout voir par elle.

Remarquez ici que, quand c’est la Parole, la manifestation en témoignage de ce que le Christ est, qui agit, l’homme est manifesté tel qu’il est en soi, dans sa nature enfant du diable qui est meurtrier et menteur dès le commencement et ennemi acharné de Celui qui peut dire : « Je suis »[35]. Or quand le Seigneur opère, Il produit quelque chose dans l’homme, que l’homme n’avait pas auparavant. Il fait de lui un voyant, en l’attachant ainsi à Celui qui l’a rendu capable de voir. Le Seigneur n’est pas compris, ni manifesté d’une manière en apparence aussi élevée dans ce cas-ci, que lorsqu’Il s’annonce tel qu’Il est, comme Parole de Dieu, parce qu’Il descend aux besoins et aux circonstances de l’homme, afin d’être connu de l’homme de plus près. Mais, en résultat, Il amène l’âme à la connaissance de Sa glorieuse personne. Seulement au lieu d’être la Parole, et un témoignage pour montrer, comme lumière, ce que l’homme est — la Parole de Dieu — Il est le Fils, un avec le Père[36], qui donne la vie éternelle à Ses brebis, et les garde dans cette grâce pour toujours. Quant à la bénédiction qui découle de la relation dans laquelle le Seigneur se trouve ainsi avec les hommes, et à l’exposé complet de Sa vraie position en bénédiction vis-à-vis des brebis, le chapitre 10 va avec le chapitre 9, celui-là étant la continuation du discours qui se trouve à la fin de ce dernier.

Au commencement du chapitre 9, le Seigneur rencontre un homme, dont l’état donne lieu de la part des disciples à une question qui se rapporte au gouvernement de Dieu en Israël. Était-ce un péché des parents de cet homme, qui avait amené cette visitation sur leur enfant, selon les principes annoncés de Dieu dans l’Exode (chap. 20) ? Ou était-ce son propre péché, connu de Dieu, quoique non manifesté aux hommes, qui avait attiré sur lui ce jugement ? Le Seigneur répond que l’état de cet homme n’était pas une conséquence du gouvernement de Dieu en rapport avec le péché de ses parents ou avec le sien propre ; mais simplement un exemple de la misère qui donnait lieu à l’opération puissante de Dieu en grâce. C’est toujours le même contraste entre le judaïsme et la grâce, mais introduit ici dans le but de nous présenter les œuvres de Dieu : Dieu agissant, et non pas seulement ce qu’Il est, ni même simplement un objet de foi. La présence dans ce monde de Jésus qui est la lumière, faisait le jour. C’était donc pour Jésus le temps de travailler et de faire les œuvres de Celui qui L’avait envoyé (v. 4). Mais ici, Celui qui fait les œuvres opère par des moyens qui nous font voir l’union qui existe entre un objet de foi et la puissance de Dieu qui opère. Le Seigneur fait de la boue avec Sa salive et de la terre, et Il la place sur les yeux de l’aveugle-né (v. 6). Cette boue figurait l’humanité de Christ dans Son humiliation terrestre et Son abaissement, présentée aux yeux des hommes, mais avec l’efficace divine de la vie en Lui. En voyaient-ils davantage ? Non, et s’il était possible même, leurs yeux en étaient plus complètement fermés. Dans tous les cas, l’objet était là, touchant leurs yeux, et ils ne voyaient rien. Ensuite l’aveugle se lave dans le réservoir appelé : « Envoyé » (v. 7), et il revient voyant clair ; la puissance de l’Esprit et de la Parole faisant connaître Christ comme l’envoyé du Père, lui donne la vue. C’est l’histoire de l’enseignement divin dans le cœur de l’homme de la part de Dieu Lui-même. Christ comme homme nous touche : nous sommes absolument aveugles, nous ne voyons rien ; mais l’Esprit de Dieu agit, et Christ étant là devant nos yeux, tout se voit clairement. Le peuple s’étonne de ce qui se fait et ne sait qu’en penser. Les pharisiens sont actifs dans leur opposition au témoignage rendu à Christ. Le sabbat est de nouveau en question. Ils trouvent comme toujours de bonnes raisons pour condamner le Seigneur qui avait donné la vue, tout en prétendant glorifier Dieu. Les preuves positives étaient là, que l’homme ici présent, était aveugle-né, que maintenant il voyait, et que Jésus avait fait cette œuvre. Les parents de l’aveugle répondent à la seule chose pour laquelle leur témoignage était important (v. 20) : pour ce qui est du miracle lui-même, d’autres savaient mieux qu’eux qui l’avait opéré ; mais leurs craintes mettent en évidence que les pharisiens avaient un parti pris de rejeter non seulement Jésus, mais tous ceux qui Le confesseraient. Aussi les conducteurs des Juifs avaient amené les choses à un point décisif : non seulement ils rejetaient le Christ, mais ils mettaient hors des privilèges du peuple d’Israël, quant au culte ordinaire, ceux qui Le confessaient (v. 34). Leur hostilité distinguait le résidu manifesté et mettait ce résidu à part, en prenant comme pierre de touche la confession qu’il ferait de Christ. C’était décider de leur propre sort et juger leur propre état. Les preuves données ici à la vérité, ne changeaient rien à cet état : les Juifs, les parents, les pharisiens les avaient devant leurs yeux. La foi venait de ce qu’on était soi-même le sujet de cette opération puissante de Dieu, qui ouvrait les yeux à la gloire du Seigneur Jésus. Ce n’est pas que cet homme ait dès lors tout compris ; mais il s’aperçoit qu’il a à faire à quelqu’un envoyé de Dieu : Jésus est pour lui un prophète, et partant, la puissance avec laquelle Il avait opéré sur l’homme donne à celui-ci la confiance dans Sa Parole comme étant divine. Une fois là, le reste était facile, et le pauvre homme était conduit bien plus loin, et sur un terrain qui, le délivrant de tous ses anciens préjugés, donnait à la personne de Jésus une valeur qui dominait toute autre considération. C’est ce que le Seigneur développe dans le chapitre suivant.

En réalité, le parti des Juifs était pris : ils ne voulaient rien avoir à faire avec Jésus ; ils étaient tombés d’accord pour chasser ceux qui croyaient en Lui. En conséquence, le pauvre homme ayant commencé à raisonner avec eux sur la preuve qu’il y avait dans sa propre personne de la mission du Sauveur, ils le chassent dehors. Le Seigneur, déjà rejeté avant lui, le trouve là, mis dehors ; et Il se révèle par Son nom personnel de gloire. « Crois-tu au Fils de Dieu ? » lui demande-t-Il. L’homme s’en rapporte à la parole de Jésus, déjà pour lui une vérité divine ; Jésus s’annonce à lui comme étant Lui-même ce Fils de Dieu, et l’homme se prosterne devant Lui. Ainsi, l’effet de l’exercice de la puissance divine était d’aveugler les voyants remplis de leur propre sagesse, desquels la lumière était des ténèbres — et de donner la vue à ceux qui étaient aveugles-nés.

Chapitre 10. — Dans ce chapitre, le Seigneur se met en contraste avec tous ceux qui prétendaient ou avaient prétendu être des bergers d’Israël. Il développe ces trois points : 1° Il entre par la porte ; 2° Il est la porte ; 3° Il est le Berger des brebis — le bon Berger.

Il entre par la porte ; c’est-à-dire, Il se soumet à toutes les conditions établies par Celui qui avait construit la maison : Christ répond à tout ce qui est dit du Messie, et suit le chemin de la volonté de Dieu en se présentant Lui-même au peuple. Ce n’est pas l’énergie et la puissance humaines réveillant et attirant les passions des hommes, mais c’est l’homme obéissant qui se soumet à la volonté de l’Éternel, gardant l’humble place d’un serviteur, et vivant de chaque parole qui sort de la bouche de Dieu, s’abaissant avec humilité là où le jugement de l’Éternel avait placé et considérait Israël. Toutes les citations du Seigneur, dans Son combat avec Satan, sont tirées du Deutéronome. Par conséquent, Celui qui veille sur les brebis, l’Éternel, agissant en Israël par Son Esprit et Sa providence, et disposant de tout, Lui donne accès auprès des brebis, malgré les pharisiens et les sacrificateurs et tant d’autres. L’élection en Israël écoute Sa voix. Or Israël étant sous la condamnation, Jésus en fait sortir les brebis : Il va devant elles, et quitte cet ancien bercail, portant sans doute l’opprobre, mais marchant devant Ses brebis dans l’obéissance, selon la puissance de Dieu. Garant du vrai chemin pour chacun qui croyait en Lui, Sa personne servait d’autorité pour suivre ce chemin coûte que coûte, et garantissait ceux qui faisaient ainsi des dangers qui pourraient les atteindre, en leur montrant en même temps le chemin. Les brebis Le suivent, parce qu’elles connaissent Sa voix : il y a d’autres voix, sans doute, et en grand nombre, mais les brebis ne les connaissent point. Leur sûreté consiste, non à connaître toutes les voix, mais à savoir qu’elles ne sont pas celle, la seule, qui leur vaut la vie — celle de Jésus. Toutes les autres sont des voix étrangères.

Il est la porte des brebis : Il est pour les brebis l’autorité pour sortir de la bergerie, leur moyen d’y entrer. En y entrant, on est sauvé ; on entre et on sort : ce n’est plus le joug des ordonnances qui, en garantissant les brebis de ceux de dehors, les tenaient en prison. Les brebis de Jésus sont en liberté ; leur sûreté dépend des soins personnels du Berger, et dans cette liberté elles se nourrissent dans les bons et gras pâturages que leur fournit Son amour. En un mot, ce n’est plus le judaïsme ; c’est le salut, la liberté, et la nourriture. Le larron vient pour tirer son profit des brebis en les tuant ; Christ est venu, afin qu’elles aient la vie, et cela en pleine abondance ; c’est-à-dire selon la puissance de cette vie en Jésus, le Fils de Dieu, qui aurait bientôt acquis cette vie (dont la puissance était dans Sa personne) par la résurrection d’entre les morts.

Le vrai berger d’Israël — du résidu, au moins des vraies brebis — devient la porte qui les autorise à sortir du bercail juif et qui les admet dans les privilèges de Dieu en leur donnant la vie, selon l’abondance d’après laquelle Il pouvait la donner ; Il était aussi, en rapport spécial avec les brebis ainsi mises à part, le bon Berger qui donnait Sa vie pour les brebis. D’autres penseraient à eux-mêmes, Lui à Ses brebis. Il les connaissait, et elles Le connaissaient, comme le Père Le connaissait et Lui connaissait le Père : principe précieux ! On aurait pu comprendre une connaissance et un intérêt terrestre de la part du Messie sur la terre à l’égard de Ses brebis ; mais le Fils, tout en ayant donné Sa vie et étant en haut, connaissait les siens, comme le Père Le connaissait, Lui, lorsqu’Il était sur la terre. Il donnait ainsi Sa vie pour les brebis. En outre, Il avait d’autres brebis qui n’étaient pas Juifs, ou de ce bercail ; et Sa mort interviendrait pour le salut de ces pauvres Gentils : Il les appellerait. Sans doute, Il avait donné Sa vie pour les Juifs aussi, pour toutes les brebis en général, comme telles (v. 11) ; mais Il ne parle distinctement des Gentils qu’après avoir parlé de Sa mort : « Il faut que je les amène », dit-Il, « et il y aura un seul troupeau[37], un seul berger » (v. 16).

Or cette doctrine enseigne le rejet d’Israël, l’appel de l’élection d’entre ce peuple ; — elle présente la mort de Jésus comme étant l’effet de Son amour pour les siens, et nous apprend la divine connaissance qu’Il a de Ses brebis lorsqu’Il sera loin d’elles, ainsi que l’appel des Gentils. L’importance d’un tel enseignement dans ce moment-là est évident ; et cette importance, grâce à Dieu, ne se perd pas avec la marche du temps et ne se borne pas au fait d’un changement d’économie : elle nous introduit dans les réalités substantielles de la grâce, qui se rattachent à la personne de Christ. Mais la mort de Jésus était plus que de l’amour pour Ses brebis ; elle avait une valeur intrinsèque aux yeux du Père : « À cause de ceci mon Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (v. 17). Jésus ne dit pas ici : Parce que je laisse ma vie pour mes brebis ; c’est la chose elle-même qui est agréable au Père. Nous aimons, parce que Dieu nous a aimés le premier ; mais Jésus, le Fils divin, peut fournir des motifs à l’amour du Père. En laissant Sa vie, Il a glorifié le Père : la mort était reconnue la juste peine du péché (étant en même temps annulée par Celui qui avait le pouvoir sur elle[38]), et la vie éternelle, la vie de Dieu, introduite comme fruit de la rédemption. Ici aussi sont constatés les droits de la personne de Christ : — personne ne Lui ôte Sa vie, Il la laisse de Lui-même ; Il avait le pouvoir (ce qui n’est vrai pour aucun autre que pour Celui qui avait ce droit divin) de la laisser, et le pouvoir de la reprendre. Toutefois, en ceci même, Il ne sortait pas du chemin de l’obéissance : Il avait reçu ce commandement de Son Père (v. 18). Mais qui aurait pu l’accomplir sinon Celui qui pouvait dire : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai »[39] ?

Mais on discute ce qu’Il dit. Il y en avait qui ne voyaient en Lui qu’un homme hors de sens et qui L’outrageaient ; d’autres, émus par la puissance de l’œuvre qu’Il avait accomplie, trouvaient que Ses paroles avaient un autre caractère que celui de la folie ; leur conscience était jusqu’à un certain point atteinte. Les Juifs entourent Jésus et Lui demandent jusqu’à quand Il les tiendra en suspens : « Si toi, tu es le Christ, dis-le nous franchement » (v. 24). Le Seigneur leur déclare qu’Il le leur avait déjà dit, et que Ses œuvres Lui rendaient témoignage. Il en appelait aux deux témoignages qui nous ont été présentés dans les chapitres 8 et 9, savoir Sa parole et Ses œuvres ; mais le Seigneur ajoute : « Vous n’êtes pas de mes brebis ». Puis Il en prend occasion, sans tenir compte de leurs préjugés, d’ajouter quelques précieuses vérités à l’égard de Ses brebis : « Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main » (v. 27-28). D’un côté, il n’y aura pas défaut de vie ; d’un autre, personne ne ravira les brebis de la main du Sauveur ; aucune force du dehors ne surmontera la puissance de Celui qui les garde.

Mais il y a encore une vérité infiniment précieuse que le Seigneur, dans Son amour, nous révèle ici. Le Père nous a donnés à Jésus, et Il est plus grand que tous ceux qui prétendraient nous ravir de Ses mains. Or Jésus et le Père sont un : — précieuse révélation, dans laquelle la gloire de la personne de Jésus, du Fils de Dieu, est identifiée avec la sûreté de Ses brebis, avec la hauteur et la profondeur de l’amour dont elles sont les objets. Ici nous ne trouvons pas, comme au chapitre 8, un témoignage qui, tout divin qu’il soit, montre ce qu’est l’homme ; ce sont l’œuvre et l’amour efficace du Fils, et en même temps du Père, qui nous sont présentés. Ce n’est pas « Je suis » ; mais « Moi et le Père, nous sommes un » (v. 30). Si le Fils a accompli l’œuvre et qu’Il soigne les brebis, c’était le Père qui les Lui avait données ; et si le Christ peut accomplir une œuvre divine et fournir un motif à l’amour du Père, c’était le Père qui la Lui avait donnée à faire.

Le chapitre 8 est donc la manifestation de Dieu en témoignage, et comme lumière ; les chapitres 9 et 10, la manifestation de la grâce efficace qui recueille les brebis sous les soins du Fils de Dieu et de l’amour du Père. Jean parle de Dieu, quand il parle d’une nature sainte et de la responsabilité de l’homme ; — du Père et du Fils, quand il parle de la grâce en rapport avec le peuple de Dieu. Remarquez que le loup peut venir et ravir des brebis si les bergers sont des mercenaires, mais non pas les ravir des mains du Sauveur.

À la fin du chapitre, les Juifs ayant pris des pierres pour lapider Jésus, parce qu’Il se faisait égal à Dieu, le Seigneur ne cherche pas à leur démontrer la vérité de ce qu’Il est, mais Il leur montre que, d’après leurs propres principes et selon le témoignage des Écritures, ils avaient tort de Le blâmer. Il en appelle de nouveau à Ses paroles et à Ses œuvres, comme preuve qu’Il était dans le Père et le Père en Lui ; et comme ils prennent de nouveau des pierres, Jésus les quitte définitivement. C’en était fait d’Israël !

Chapitre 11. — Nous en venons maintenant au témoignage que le Père rend à Jésus pour maintenir, pour ainsi dire, Sa gloire lorsqu’Il est rejeté des hommes. Au chapitre 11, la puissance de la résurrection et de la vie dans Sa personne, est présentée à la foi[40]. Mais que Jésus soit rejeté, n’est pas toute la vérité qui ressort ici à l’égard de celui qui a été coupable de ce rejet. L’homme est envisagé ici comme mort, et Israël aussi (car ce sont des hommes), dans la personne de Lazare. La famille de Béthanie était bénie ; elle recevait le Seigneur dans son sein. Lazare tombe malade ; et la maladie de celui que Jésus aimait ainsi, devait naturellement réveiller toutes les affections humaines du Seigneur et Ses sympathies pour la famille. Marthe et Marie le sentaient, et elles Lui font dire : « Celui que tu aimes est malade » (v. 3). Mais Jésus reste là où Il est. Il aurait pu dire la parole pour guérir Lazare, comme dans le cas du centenier et de l’enfant malade, au commencement de notre évangile : Il ne le fait pas. Il avait manifesté Sa puissance et Sa bonté en guérissant l’homme tel qu’il est ici-bas et le délivrant de l’Ennemi, et cela au milieu d’Israël ; mais ce n’était pas le but, ni — tant s’en fallait — la limite de ce qu’Il était venu faire. Il s’agissait de donner la vie, de ressusciter ce qui était mort devant Dieu. Le véritable état d’Israël était celui de la mort : c’était la condition où l’homme se trouvait. Par conséquent, le Seigneur laisse l’état de l’homme sous le péché se manifester dans toute l’intensité de ses effets ici-bas, et permet à l’Ennemi d’exercer sa puissance jusqu’au bout. Il ne restait pour l’homme que le jugement de Dieu qui l’attendait ; et en soi, la mort convainquait l’homme de péché en le conduisant vers ce jugement. On guérit des malades ; mais il n’y a point de remède contre la mort ; c’en est fait de l’homme en tant qu’homme ici-bas ; il ne reste que le jugement de Dieu. « Il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement » (Héb. 9, 27). Le Seigneur, par conséquent, ne guérit pas à cette occasion : Il laisse aller le mal jusqu’au bout, jusqu’à la mort, là où l’homme était réellement. — Une fois Lazare endormi, Jésus s’en va pour le réveiller. Les disciples craignent les Juifs, et ils avaient raison ; mais comme le Seigneur avait attendu la volonté de Son Père, Il ne craint pas de l’accomplir ; pour Lui il faisait jour. En effet, quel que fût Son amour pour Israël, Jésus a dû le laisser mourir (au fond il était mort) et attendre le temps voulu de Dieu pour qu’il fût ressuscité. Si le Seigneur devait mourir en accomplissant cette œuvre, Il s’en remettait à Son Père.

Mais poursuivons la considération du fond de Sa doctrine. La mort est entrée, il faut qu’elle ait son effet. L’homme est réellement mort devant Dieu, mais Dieu intervient en grâce. Or les sœurs de Lazare n’ont aucune idée d’une intervention de ce caractère. Deux choses sont présentées ici que leur foi avait saisies. D’abord Jésus aurait pu guérir. L’espérance et la foi de Marthe, de Marie, des Juifs, n’allaient pas plus loin : seulement, Marthe reconnaît que, comme Messie favorisé de Dieu, Jésus obtiendrait de Lui tout ce qu’Il demanderait. Il en avait agi mille fois de cette manière, même vis-à-vis d’étrangers ou de qui l’avait voulu ; mais Il n’avait pas empêché la mort de Lazare. En second lieu, Marthe savait que son frère ressusciterait au dernier jour, mais, tout vrai que cela fût, cette vérité après tout, n’avait aucune valeur réelle et, bien pesée, n’apportait aucune consolation. Qui répondrait pour l’homme mis en jugement, lorsqu’il y était conduit par la mort qui démontrait son état de péché ? Ressusciter et comparaître devant Dieu n’est pas une réponse à la mort entrée par le péché. Que Christ sût délivrer l’homme mortel de ses maux ici-bas, et qu’il y eût une résurrection au dernier jour, étaient deux choses également vraies ; toutefois elles n’avaient aucune valeur en présence de la mort. Cependant Christ était là ; et Il est, grâces à Dieu, la résurrection et la vie : — l’homme étant mort, la résurrection est placée en première ligne. Mais Christ est ces choses dans la puissance actuelle d’une vie divine : or la vie venant par la résurrection, délivre de tout ce que la mort implique et le laisse en arrière, savoir le péché, la mort, tout ce qui se rattachait à la vie que l’homme avait perdue[41]. Christ étant mort pour nos péchés, en a subi la peine, les a portés. Il est mort. Toute la puissance de l’Ennemi, tout ce que peuvent les efforts de celle-ci sur l’homme mortel, le jugement de Dieu, tout a passé sur Lui. Il en est sorti, dans la puissance d’une vie nouvelle en résurrection, qu’Il nous communique, de sorte que nous sommes spirituellement vivants d’entre les morts, comme Il est Lui-même vivant d’entre les morts. Le péché (comme ayant été fait péché et portant nos péchés en Son corps sur le bois), la mort, la puissance de Satan, le jugement de Dieu, toutes ces choses ont passé sur Lui et ne reviendront plus, et l’homme est dans une toute nouvelle condition, dans l’incorruptibilité. Cela sera vrai pour nous, quant au corps, si nous mourons ; ou bien quand nous serons transmués, si nous ne mourons pas, car nous ne mourrons pas tous ; mais c’est toujours par la communication de la vie de Celui qui est ressuscité de la mort, selon la puissance de la vie qui est en Lui : Dieu nous a vivifiés avec Lui, nous ayant pardonné toutes nos offenses.

Dans le cas présent, Jésus n’a fait que manifester que cette puissance était en Lui ; le Fils de Dieu a été glorifié en cela, car, nous le savons, Il n’était pas encore mort pour le péché, mais c’était cette même puissance en Lui qui a été manifestée[42]. Le croyant, lors même qu’il serait mort, ressuscitera ; et le vivant qui croit en Lui, ne mourra point : Christ a vaincu la mort ; la puissance qui a remporté la victoire était dans Sa personne, et le Père Lui en rendait témoignage. Si l’on est vivant quand Il exerce cette puissance, on ne meurt pas du tout. La mort n’existe plus dans Sa présence. Si, par contre, on est mort avant qu’Il exerce cette puissance, on vivra. La mort ne subsiste pas devant Lui. Tout l’effet du péché sur l’homme est complètement détruit par la résurrection, en tant qu’elle est puissance de vie en Christ. Ceci se rapporte naturellement aux saints, auxquels la vie est communiquée. La même puissance divine est, sans doute, exercée envers les méchants ; mais ce n’est pas la communication de la vie par Christ, et il est évident que ce n’est pas d’être ressuscités avec Lui[43].

Jésus a exercé cette puissance dans l’obéissance à Son Père et dans Sa dépendance, puisqu’Il était homme marchant devant Dieu pour faire Sa volonté ; mais Il est la résurrection et la vie. Il a apporté la puissance de la vie divine au sein de la mort ; et la mort est anéantie devant elle, car dans la vie, la mort n’est plus. La mort était la fin de la vie naturelle de l’homme pécheur, la résurrection, la fin de la mort : par elle la mort n’a plus rien en nous. C’est notre avantage qu’ayant fait tout ce qu’elle peut faire, elle a pris fin ; nous vivons de la vie[44] qui l’a détruite ; nous sortons de tout ce qui pouvait se rattacher à une vie qui n’existe plus. Quelle délivrance ! Or Christ est cette puissance : Il est devenu cette puissance pour nous et l’a manifestée dans Sa résurrection.

Marthe, tout en L’aimant et croyant en Lui, ne comprend rien aux paroles du Sauveur à cet égard, et elle appelle Marie, sentant que celle-ci comprendrait mieux le Maître (nous dirons un mot de ces deux sœurs dans un moment). Marie, qui s’attendait à ce que le Seigneur l’appelât auprès de Lui, et en laissant humblement et dans l’affliction l’initiative à Jésus, croit par l’appel de Marthe que son Maître désirait la voir. Elle va à l’instant vers Lui.

Les Juifs, Marthe et Marie avaient tous été des témoins de miracles et de guérisons qui avaient arrêté la puissance de la mort, et s’en réfèrent tous à ces choses. Mais ici la vie avait pris fin. Qu’y avait-il à faire ? S’Il avait été présent, ils auraient pu compter sur Son amour et Sa puissance. Marie tombe à Ses pieds en pleurant. Sur ce point de la puissance de la résurrection et de la vie de Jésus, elle ne comprenait pas plus que Marthe ; mais son cœur se fondait sous le sentiment de la mort, en présence de Celui qui avait la vie : c’est une expression de besoin et de chagrin qu’elle présente, bien plus qu’une plainte. Les Juifs pleuraient ; la puissance de la mort était sur les cœurs ; Jésus dans Ses sympathies parfaites, y entre. Il frémit en Lui-même ; Il soupire devant Dieu ; Il pleure avec l’homme ; mais Ses larmes se changent en un gémissement qui ne s’exprime pas, mais qui est le sentiment d’un cœur qui, en sympathie, porte le poids de la mort présenté à Dieu par ce gémissement d’amour. Ce soupir profond du Sauveur porte en lui le plein sentiment de la vérité, et cela en amour pour ceux qui étaient assujettis au mal que ce gémissement exprimait. Jésus portait la mort devant Dieu dans Son esprit, comme étant le malheur de l’homme, le joug auquel l’homme ne savait se soustraire : — et Il est exaucé. Ce besoin met en activité la puissance du Seigneur. Ce n’était pas le moment d’expliquer patiemment à Marthe ce qu’Il était. Le cœur de Jésus ouvert par la grâce qui était en Lui, Lui fait sentir ce qui en est, quant au besoin que Marie exprime, et le fait agir.

L’homme peut sympathiser : c’est l’expression de son impuissance ; — Jésus entre pleinement dans l’affliction de l’homme mortel, se place sous le poids de la mort qui pèse sur lui (et cela d’une manière plus complète que l’homme ne sait le faire lui-même) ; mais, en même temps, Il l’ôte avec sa cause. Il fait plus encore que de l’ôter : Il introduit la puissance qui est capable de le faire. C’est ici la gloire de Dieu. Quand Christ est là, si l’on meurt, on ne meurt pas pour la mort, mais pour vivre de la vie de Dieu à la place de celle de l’homme : et par qui ? par Jésus, afin que le Fils de Dieu y soit glorifié. La mort est entrée, entrée par le péché ; l’homme gît sous la puissance de la mort ; mais cela n’a fait que donner lieu à ce que nous possédions la vie selon la puissance de celle du second Adam, Fils de Dieu, et non d’après la similitude du premier Adam, pécheur. C’est la grâce. — Dieu est glorifié dans cette œuvre de grâce ; et c’est la gloire du Fils de Dieu qui resplendit particulièrement dans cette œuvre divine. Et remarquez qu’il n’est pas question ici de la grâce présentée en témoignage, mais de l’exercice de la puissance de la vie. La corruption même ne résiste pas à Dieu.

Pourquoi Jésus est-Il venu ? Pour apporter les paroles de la vie éternelle à l’homme mort. Or Marie se nourrissait de ces paroles, tandis que Marthe servait, encombrait son cœur de bien des choses. Marthe croyait ; elle aimait Jésus, Le recevait dans sa maison, et le Seigneur l’aimait : — Marie écoutait Jésus. Il était venu pour annoncer la Parole de Dieu ; Sa joie était qu’elle fût écoutée, aussi a-t-Il justifié Marie : la part qu’elle avait choisie ne lui sera pas ôtée. Quand Jésus arrive, Marthe va de son chef au-devant de Lui ; elle se retire quand Jésus lui parle de la puissance de la vie divine présente dans Sa personne. On est mal à son aise, lorsque, tout en étant chrétien, on se sent incapable de saisir ce que Christ nous dit, ou ce que les siens nous disent. Marthe sentait que cette conversation avec le Seigneur était plutôt l’affaire de Marie ; elle s’en va donc, et l’appelle en lui disant : « Le Maître (celui qui enseigne — remarquez le nom qu’elle Lui donne) est venu, et il t’appelle » (v. 28). C’était sa propre conscience qui était pour elle la voix de Jésus. Aussitôt Marie se lève et s’en va vers Lui. Elle n’avait pas plus d’intelligence à l’égard de la mort et de la résurrection de son frère que Marthe elle-même ; mais son cœur place ces besoins aux pieds de Jésus où elle avait écouté Ses paroles auparavant et appris Son amour et Sa grâce : et alors Jésus demande le chemin du tombeau. Pour Marthe, toujours occupée des circonstances, « le mort sentait déjà ».

Plus tard (quand Marthe sert et que Lazare est là), au chapitre 12, Marie oint le Seigneur dans le sentiment de ce qui se passe, car on complotait pour faire mourir Jésus. Le cœur de Marie, enseigné par son amour pour Lui, sentait quelle était l’inimitié des Juifs ; et stimulée par une profonde reconnaissance, elle dépense ce qu’elle avait de plus précieux en témoignage de son affection pour Lui. Ceux qui étaient présents la blâment ; Jésus la justifie cette fois-ci encore. La conduite de Marie n’était pas raisonnable sans doute, mais elle avait saisi la position de Jésus. Quelle leçon ! Et quelle maison bénie que cette famille de Béthanie, où le cœur du Seigneur trouvait (en tant que cela se pouvait sur cette terre) du soulagement que Son amour acceptait. Avec quel amour nous avons affaire ! Hélas ! avec quelle haine aussi ! Car nous voyons, dans cet évangile, la terrible opposition entre l’homme et Dieu.

Il est un autre trait dont nous pouvons faire mention ici. Le Saint Esprit a rappelé les paroles de Thomas pour couvrir par la grâce l’incrédulité momentanée, mais coupable, qu’il a manifestée plus tard. Cette incrédulité a dû être racontée ; mais le Saint Esprit a pris soin de faire voir que Thomas aimait le Seigneur et qu’au fond il préférait mourir avec Lui (chap. 20, 24-29 ; et 11, 16). Nous avons des exemples semblables. Paul dit de Marc à Timothée : « Prends Marc et amène-le avec toi, car il m’est utile pour le service » (2 Tim. 4, 11). Pauvre Marc ! il fallait cela à cause de ce qui s’était passé à Perge (Act. 13, 13 ; et 15, 36-41). Barnabas aussi, son faible parent, a la même place dans l’affection et dans le souvenir de l’apôtre, malgré leur contestation. Nous sommes faibles, Dieu ne nous le cache pas ; mais Il revêt du témoignage de Sa grâce le plus faible de Ses serviteurs.

Mais continuons. Caïphe, chef des Juifs comme souverain sacrificateur, propose la mort de Jésus, parce qu’Il a donné la vie à Lazare : et dès ce jour on complote à Jérusalem contre Jésus. Or Jésus s’y rend. — Il était venu pour donner Sa vie en rançon pour plusieurs, et Il poursuit l’accomplissement de l’œuvre que Son amour avait entreprise selon la volonté de Son Père, quelles que fussent les pensées et la malice des hommes. L’œuvre de vie et de mort, de Dieu et de Satan, étaient en face l’une de l’autre. Mais les desseins de Dieu s’accomplissaient en grâce, quels qu’en fussent les moyens : Jésus se dévoue à l’œuvre par laquelle ils devaient s’accomplir. Ayant montré la puissance de résurrection et de vie dans Sa personne, Il se trouve de nouveau, quand le moment est arrivé, tranquille là où Son œuvre le conduisait. Mais quoiqu’Il aille encore dans le temple, Il n’y va plus désormais de la manière dont Il l’avait fait auparavant, car la question entre l’homme et Dieu était déjà moralement vidée. La place de Jésus est maintenant avec le résidu ; là Son cœur peut se reposer : — c’est la maison de Béthanie.

Chapitre 12. — Nous trouvons dans cette famille, en petit, un résumé du vrai résidu d’Israël ; et il se présente sous trois aspects différents. Quant à sa position devant Dieu Marthe avait la foi qui l’attachait, sans doute, à Christ, mais une foi qui ne dépassait pas ce qui était nécessaire pour le royaume. Ceux qui, aux derniers jours, seront épargnés pour la terre, en auront une pareille : leur foi reconnaîtra enfin le Christ le Fils de Dieu. À côté de Marthe, nous avons Lazare, vivant par cette puissance qui aurait pu, lorsque Christ était ici-bas, rappeler tous les saints d’entre les morts de la même manière[45], et qui moralement rappellera Israël de son état de mort — par la grâce, à la fin. En un mot, nous trouvons le résidu qui ne mourra pas, épargné par le moyen d’une foi réelle, mais d’une foi qui aura pour objet un Sauveur vivant qui délivrera Israël et ceux qui seront amenés comme d’entre les morts, pour jouir du royaume. Marthe servait Jésus, s’associant à ceux-ci ; Lazare est à table avec Lui. Mais il y avait dans cette famille le représentant d’une troisième classe : Marie, qui avait bu à la source de la vérité et qui, ayant reçu de cette eau vive dans son cœur, avait compris qu’il s’agissait d’autre chose que de l’espérance et de la bénédiction d’Israël — savoir de Jésus Lui-même. Elle fait ce qui répond à la position d’un Sauveur rejeté, ce qui convient à Celui qui est la résurrection avant d’être pour nous la vie : son cœur se joint au dévouement de Jésus qui donne Sa vie en rançon pour plusieurs ; elle L’oint pour Sa sépulture. Il s’agit pour elle de Jésus Lui-même, de Jésus rejeté ; et la foi prend sa place dans ce qui était la semence de l’Église encore cachée sous le terrain d’Israël et du monde d’ici-bas, mais qui, dans la résurrection, sortira avec toute la beauté de la vie de Dieu, de la vie éternelle. C’est une foi qui se dépense en témoignages d’affection pour la personne du Sauveur, et s’exprime à l’égard de Son corps même dans lequel Il allait subir, pour notre salut, la peine du péché. L’égoïsme de l’incrédulité qui se trahit dans le mépris de Jésus et par l’indifférence à Son égard (v. 5-6), fournit au Seigneur l’occasion d’attribuer sa juste valeur à l’acte de Sa chère disciple. Le fait que ce sont les pieds du Sauveur qu’elle a oints, est signalé ici comme marquant que tout ce qui était de Christ avait pour elle une valeur qui l’empêchait de faire aucun compte d’autre chose ; et c’est là apprécier Christ. La foi qui connaît cet amour qui dépasse toute intelligence, ce genre de foi, est un parfum dans toute la maison, et Dieu en tient compte dans Sa grâce. — Christ a compris ce qu’elle faisait : c’est tout ce qu’il fallait à Marie. Il la justifie : qui s’élèverait contre elle ?

La scène de Béthanie est passée, et le fil des événements est repris. L’inimitié des Juifs, l’inimitié, hélas, du cœur de l’homme ainsi livré à lui-même et par conséquent à l’Ennemi qui est de sa nature meurtrier et ennemi de Dieu, cette inimitié que rien de ce qui procède de l’homme, ne peut vaincre, veut tuer aussi Lazare. L’homme en est bien capable, mais capable de quoi ? Qu’on y pense ! Tout cède à la haine, à ce genre de haine contre Dieu qui se manifeste ici ; sans cela, en effet, un pareil acte serait inconcevable. Il fallait maintenant croire à Jésus ou Le rejeter, car Sa puissance était trop évidente pour qu’on ne fît pas l’un ou l’autre : un homme publiquement rappelé d’entre les morts après quatre jours de sépulture et vivant au milieu du peuple, ne laissait plus de place à l’indécision. Jésus savait d’une manière divine que ce moment critique pour Israël était arrivé. Il se présente comme roi d’Israël pour réclamer Ses droits et offrir au peuple et à Jérusalem le salut et la gloire promise[46]. Le peuple reconnaissait bien la vérité de Ses prétentions : s’Il était rejeté, ce devait être de propos délibéré. Les pharisiens eux-mêmes reconnaissent où en étaient les choses ; mais l’heure était venue, et quoiqu’ils ne pussent rien contre Jésus (car le monde allait après Lui), Jésus meurt, car « il s’est donné lui-même ».

Maintenant le témoignage de Dieu est rendu à Christ comme au roi d’Israël, vrai Fils de David. — Le témoignage était ainsi rendu à Béthanie et à Jérusalem aux droits de Jésus comme Fils de Dieu et Fils de David (chap. 11, 4), en entrant à Jérusalem sur l’ânon d’une ânesse. Il restait encore un titre à mettre en évidence : comme Fils de l’homme, Il doit voir tous les royaumes de la terre soumis à Sa puissance. Les Grecs[47] arrivent (car Sa renommée s’était répandue au loin) et désirent Le voir. Alors Jésus dit : « L’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié » (v. 23). Mais ceci Le ramène aux pensées qu’exprimait pour Son cœur le parfum de Marie. Le Sauveur aurait dû être reçu comme Fils de David par les Juifs, mais en prenant Sa place comme Fils de l’homme, une toute autre perspective se déploie nécessairement devant Ses yeux. Comment sans mourir pouvait-Il être le Fils de l’homme venant dans les nuées des cieux pour prendre, selon les desseins de Dieu, toutes choses entre Ses mains ? Si Son service d’homme sur la terre eût été achevé dans ce moment-là, et qu’Il eût pu sortir libre, appelant, si cela était nécessaire, douze légions d’anges à Son aide, aucun homme n’aurait eu part à Sa gloire avec Lui : Il serait resté seul. « À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Christ, pour prendre Sa gloire céleste et n’y pas être seul, doit mourir afin d’y arriver et d’y amener avec Lui les âmes que Dieu Lui a données.

En effet, l’heure était venue. Elle ne pouvait plus tarder ; tout se dessinait pour la fin de l’épreuve de ce monde, de l’homme, d’Israël ; et par-dessus tout les conseils de Dieu s’accomplissaient. Extérieurement, tout était un témoignage rendu à Sa gloire : Jésus entre en triomphe à Jérusalem ; Il est proclamé roi par la foule. — Que faisaient les Romains ? Ils se taisaient devant Dieu ; les Grecs viennent pour chercher Jésus. La gloire du Fils de l’homme est prête. Mais le cœur de Jésus savait bien que pour la réalisation de cette gloire, pour accomplir l’œuvre de Dieu, afin d’avoir un seul être humain avec Lui, et de remplir le grenier de Dieu selon Ses conseils de grâce, Lui devait mourir. Il n’y avait pas pour les âmes souillées d’autre chemin pour venir à Dieu. Ce que l’affection de Marie prévoyait, Jésus le savait selon la vérité et selon les pensées divines. Il le savait, et Il s’y soumet ; et le Père, à ce moment solennel, y répond, en rendant témoignage à l’effet de cette soumission parfaite de Jésus qui se consacrait à la gloire de Son Père. La souveraine majesté du Père que Jésus glorifiait en plein dans Son obéissance, exigeait que cet effet fût produit ; mais Jésus s’offre pour l’accomplissement de ce qui était le seul moyen de le produire. Et qui pouvait le faire, sinon Celui qui, dans cette obéissance, a agi par l’amour et la puissance de Dieu qui seuls pouvaient l’accomplir ?

Dans ce qui suit, le Seigneur introduit un grand principe qui se lie à la vérité renfermée dans Son sacrifice. Il n’y avait pas de lien entre la vie naturelle de l’homme et Dieu. Si, en Jésus homme, il y avait une vie en parfaite harmonie avec Dieu, Il a dû la laisser à cause de cet état de l’homme. Étant issu de Dieu, Il ne pouvait pas être en rapport avec l’homme : l’homme ne Le voulait pas. Jésus a mieux aimé mourir que de ne pas accomplir Son service en glorifiant Dieu ; Il a mieux aimé mourir que de ne pas obéir jusqu’au bout. Mais si quelqu’un aimait sa vie d’ici-bas, il la perdrait, car cette vie n’était pas en rapport avec Dieu. Au contraire si quelqu’un, par la grâce, haïssait sa vie en ce monde, se séparant de cœur de ce principe d’aliénation d’avec Dieu, et Lui consacrait sa vie, il la gagnerait dans une position nouvelle et éternelle (v. 25). Servir Jésus, c’était donc Le suivre ; et celui qui Le servait, serait là où Il allait. Le résultat de cette association de cœur avec Jésus se manifeste en Le suivant, en se séparant de ce monde, comme Lui-même le faisait, et les bénédictions du Messie deviennent sa part dans la gloire céleste et éternelle de Christ. Si quelqu’un Le servait, le Père en tiendrait compte et honorerait celui qui le faisait.

Tout ceci est dit en vue de la mort de Jésus. La pensée de cette mort revient sur Son esprit, et Son âme en est troublée. Dans la juste crainte de cette heure, qui en soi est le jugement de Dieu et la fin de l’homme tel que Dieu l’a créé ici-bas sur la terre, le Sauveur demande que le Père Le délivre de cette heure. Mais en effet, Il était venu (non pas au fond pour être le Messie, bien qu’Il le fût) non pas pour prendre le royaume, quoiqu’Il en eût le droit, mais Il était venu pour cette heure même, pour mourir en glorifiant Son Père. C’est ce que le Seigneur demande quoiqu’il en soit : « Père glorifie ton nom », est Sa seule prière. C’est la perfection. Il sent ce que c’est que la mort, et il n’y aurait pas eu de sacrifice s’Il ne l’avait pas senti ; mais lorsqu’Il en réalisait toute la portée, Son seul désir était de glorifier Son Père ; et si l’accomplissement de cette gloire Lui coûtait tout, l’œuvre était parfaite en proportion. Il était parfait dans ce désir, et cela jusqu’à la mort. À un tel dévouement le Père devait nécessairement répondre ; et dans Sa réponse, à ce qu’il me semble, Il annonce la résurrection. Mais quelle grâce, quelle merveille que d’être admis à de telles communications ! Le cœur reste stupéfait (tout en adorant et en trouvant la paix dans la grâce qui se déploie dans ces communications), quand il contemple la perfection de Jésus, le Fils de Dieu, jusqu’à la mort, c’est-à-dire la perfection absolue ; et quand il voit Jésus dans le sentiment de ce que la mort était, cherchant la seule gloire du Père, et le Père répondant (réponse moralement nécessaire à ce sacrifice du Fils) selon les exigences de Sa propre gloire et pour l’accomplir. Une voix vient du ciel disant : « Je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau ». Je crois que le Père avait déjà glorifié Son nom dans la résurrection de Lazare[48] ; Il le ferait encore par la résurrection de Jésus, résurrection glorieuse qui implique en soi la nôtre, ainsi que le Seigneur l’avait dit au tombeau de Lazare sans parler de la sienne.

Remarquez maintenant la suite des vérités dans ce remarquable passage. L’heure est venue pour la gloire du Fils de l’homme. Or pour cela, il faut que ce précieux grain de froment, tombant en terre, meure ; sans cela Il demeurerait seul. C’était le principe universel. La vie naturelle de ce monde en nous, n’avait point de part avec Dieu. Il fallait suivre Jésus qui allait mourir : on serait ainsi avec Lui ; et c’était là Le servir ; — on serait aussi honoré du Père. Christ pour Lui-même regarde la mort en face et en sent toute la portée ; Il s’occupe cependant d’une seule chose — de la gloire de Son Père. Le Père y répond ; Il ne peut manquer à Sa propre gloire : Jésus ne pensait qu’à cela ; — Son désir sera accompli : la récompense à Sa perfection ne manquera pas. Le peuple entend ce que le Père Lui dit, comme la voix de l’Éternel Dieu, telle qu’elle est dépeinte dans les Psaumes. Christ, qui en tout ceci s’était entièrement mis de côté, et n’avait parlé que de la gloire des siens et de Son Père, déclare que cette voix était venue pour le peuple, afin que pour son salut ce peuple comprît ce qui en était de Celui qu’il rejetait. Alors, s’ouvre devant Jésus qui s’était ainsi effacé et soumis à tout pour le nom de Son Père, non pas la gloire à venir, mais la valeur, la portée, la gloire de l’œuvre qu’Il allait faire. Les principes dont nous avons parlé, sont ici amenés au point central de leur développement. Le monde était jugé dans la mort de Jésus ; Satan était le prince de ce monde, et il est jeté dehors en réalité ; en apparence c’était le Christ qui l’était. Par la mort, Jésus anéantissait moralement et judiciairement celui qui en avait l’empire. Les droits de l’Ennemi (comp. Héb. 2, 14) sur qui que ce fût et sur quoi que ce fût, étaient totalement et entièrement anéantis, lorsque le Fils de Dieu, le Fils de l’homme, a porté comme homme, dans l’obéissance jusqu’à la mort, le jugement de Dieu. Tout ce que Satan avait de droits par la désobéissance de l’homme et le jugement de Dieu sur cette désobéissance, était nul, en vertu de l’obéissance du Christ se soumettant à ce jugement. Le droit que Satan avait sur l’homme en vertu de ce que Dieu était, droit qui en même temps avait sa source dans le jugement de Dieu, revenait à Christ seul par la mort et le jugement qu’Il a subis. La mort de l’homme, mort dont l’empire était à Satan, la malice et la puissance de ce dernier (vaines contre Christ en qui Satan n’avait rien) et le jugement de Dieu se réunissaient dans la mort du Sauveur. En même temps, élevé sur la croix entre Dieu et le monde, en portant ce qui était dû au péché, Christ devenait le point d’attraction pour tout homme vivant afin qu’il s’approchât de Dieu par Lui ; — l’objet qui devait l’attirer. Vivant sur la terre, Jésus aurait dû être reconnu pour le Messie promis, et cela, naturellement, en relation avec Israël : — élevé de la terre comme victime devant Dieu, et n’étant plus de la terre comme vivant sur elle, Il devenait un centre d’attraction divine à l’égard de tous ; car tous les hommes vivant sur la terre étaient éloignés de Dieu, ainsi que nous l’avons vu, et la croix est l’objet que Dieu a présenté, afin qu’ils viennent à Lui (par la grâce) et trouvent la vie par la mort du Sauveur.

Jésus avertit aussi le peuple qu’il ne Lui restait que peu de temps, à Lui, la lumière du monde, pour demeurer encore avec eux (v. 34 et suiv.). Ils devaient croire pendant qu’il en était temps : bientôt les ténèbres viendraient, et ils ne sauraient où ils allaient. On voit que, quelles que fussent les pensées qui traversassent Son cœur, jamais l’amour de Jésus ne se refroidit. Il s’occupe de ceux qui L’entourent, selon leur besoin. Cependant ils ne croyaient pas, suivant le témoignage que le prophète avait rendu dans la prévision de Son humiliation jusqu’à la mort, lors de la vision de Sa gloire divine, gloire qui ne pouvait qu’amener le jugement sur un peuple rebelle (És. 53 et 6). Cependant, telle est la grâce, que l’humiliation du Sauveur devait être le salut du peuple ; et, dans la gloire qui jugerait celui-ci, Dieu se souviendrait de Ses conseils de grâce, grâce qui était un fruit aussi certain de cette gloire que l’est le jugement que le saint, saint, saint Éternel des armées devait prononcer contre le mal. Ce jugement avait été suspendu par Sa patience durant des siècles et s’accomplirait maintenant que les derniers efforts de Sa miséricorde étaient méprisés et rejetés. Ils ont mieux aimé l’approbation des hommes que la gloire qui vient de Dieu !

Enfin Jésus déclare ce qui en est de Sa venue ici-bas : que, en effet, celui qui croyait en Lui, croyait en Son Père ; et celui qui Le voyait, voyait aussi Son Père. Il était venu comme la lumière, et celui qui croyait ne marcherait pas dans les ténèbres. Jésus ne jugeait pas : Il était venu pour sauver ; mais la parole qu’Il avait dite, jugerait ceux qui l’avaient entendue, car c’était la parole du Père et la vie éternelle.

Chapitre 13. — Ainsi maintenant, Jésus a personnellement accepté la position voulue de Dieu à Son égard, comme devant aller auprès du Père. Le temps était venu pour cela. Il prend donc Sa place, en pratique, dans Ses discours et dans Ses instructions, et dans toutes les relations qui découlent de cette place, selon les conseils de Dieu, et non pas comme ayant une position qui se rattachait à la responsabilité d’un monde qui L’avait déjà rejeté ; mais Il aime les siens jusqu’à la fin. Il est ici en présence de deux choses : 1° du péché, prenant sa forme la plus pénible pour son cœur, dans la trahison de Judas ; — 2° en présence de la conscience qu’Il avait des relations dans lesquelles Il se trouvait avant de venir dans ce monde et à la gloire desquelles Il s’en retournait, c’est-à-dire de Sa gloire personnelle et céleste ; et de la conscience qu’Il avait de la gloire qui Lui était conférée. Il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu, car « le Père avait mis toutes choses entre ses mains ». Mais, ni Son entrée dans la gloire, ni le manque de cœur de l’homme de péché, n’éloignent le cœur de Jésus de Ses disciples, ni ne le ferment à leurs besoins ; seulement Il exerce Son amour pour les mettre en accord avec la nouvelle position qu’Il leur faisait en allant auprès de Dieu. Il ne pouvait plus rester avec eux sur la terre, et s’Il devait les quitter, Il ne les abandonnerait pas, mais les qualifiait pour être où Il se trouverait. Il les aimait d’un amour que rien ne pouvait entraver. Les résultats en sont parfaits, en les rendant propres à demeurer avec Lui. Changement béni accompli par l’amour, même pendant que le Sauveur se trouvait avec eux ici-bas ! Ils auraient une part avec Celui « qui était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu », et dans les mains duquel le Père avait mis toutes choses ; mais à cet effet ils devaient être rendus propres pour demeurer là avec Lui. Dans ce but, Jésus est encore leur serviteur en amour, et même plus que jamais. Sans doute, dans Sa grâce parfaite Il l’avait été jusqu’ici ; mais Il l’avait été au milieu d’eux. Lui et Ses disciples étaient, dans un certain sens, compagnons ; c’est pourquoi, on les voit tous souper ici à la même table. Or cette position, Il la quitte maintenant : Il se lève de table. C’est bien ce qui Lui est arrivé en effet quand Il est monté dans le ciel et qu’Il s’en est allé à Dieu. Or s’Il se lève et qu’Il quitte Sa place au milieu de Ses disciples, Il se ceint néanmoins pour leur service : Il prend de l’eau pour leur laver les pieds[49], les essuyant du linge qui était le signe de Son service. C’est ainsi que Christ, quoique dans le ciel, accomplit toujours envers nous le service de Son amour[50]. L’effet en est que le Saint Esprit, par la Parole, ôte d’une manière pratique la souillure que nous avons ramassée dans notre marche à travers ce monde de péché. Nous touchons, dans notre marche, à ce monde qui a rejeté Jésus. Notre avocat, qui est en haut (comp. 1 Jean 2), nous lave de la souillure du monde par l’Esprit et la Parole. Il nous nettoie en vue des relations avec Dieu Son Père, dans lesquelles Il nous a placés en entrant au ciel comme homme céleste. Il nous faut une pureté qui convienne à la présence de Dieu. Du reste, il ne s’agit que des pieds. Les corps des sacrificateurs qui servaient Dieu dans le tabernacle, étaient lavés lorsqu’ils étaient consacrés ; cela ne se répétait pas. Ainsi, la régénération une fois accomplie par la Parole, ne se répète pas non plus. L’expression « celui qui est lavé » est différente de « se laver les pieds ». La première désigne tout le corps ; la seconde les mains ou les pieds. Nous avons besoin de la seconde continuellement, mais une fois nés d’eau par la Parole, nous ne sommes pas lavés de nouveau, pas plus que la première consécration des sacrificateurs ne se renouvelait. Les sacrificateurs se lavaient les mains et les pieds toutes les fois qu’ils s’occupaient du service, qu’ils s’approchaient de Dieu. Notre Jésus rétablit la communion et la capacité de servir Dieu, lorsque nous les avons perdues. C’est Lui qui le fait, car devant Dieu nous sommes entièrement nets personnellement. Dans le récit que nous examinons, ce service était le service de Christ, le service de Son amour. Il essuyait les pieds des disciples avec le linge dont Il était ceint ; or avoir les reins ceints, figurait un état de service. Le moyen employé pour la purification, c’était l’eau, figure de la Parole appliquée par le Saint Esprit. Pierre recule devant la pensée que Jésus se place aussi bas (v. 6-8) : mais il faut que nous nous soumettions à ce sentiment, que notre péché a été tel que rien de moins que l’humiliation de Christ ne peut, dans tous les cas, nous en purifier. Rien d’autre ne nous fera vraiment connaître la pureté parfaite et éclatante de Dieu, ni l’amour et le dévouement du Sauveur. Or c’est là avoir un cœur sanctifié pour la présence de Dieu. Pierre alors veut que Jésus en fasse de même pour sa tête et pour ses mains (v. 9) ; mais cela est déjà accompli. Jésus s’y refuse en disant que celui qui est lavé, n’a besoin que d’avoir les pieds lavés. Si nous sommes siens, nous sommes régénérés et purifiés par la Parole qu’Il a appliquée déjà à nos âmes ; seulement la Parole est appliquée par le Saint Esprit pour rétablir la communion avec Dieu en nous purifiant de ce qui nous empêche d’en jouir, quand nous avons souillé nos pieds en marchant. C’est ainsi que nous devrions agir à l’égard de nos frères, en appliquant la Parole, selon le modèle du service de Christ, en grâce.

Judas n’était pas net ; il n’était pas né de nouveau, et n’avait pas été purifié par la Parole que le Seigneur avait prononcée ; cependant, étant envoyés par Jésus, ceux qui l’avaient reçu, avaient reçu Christ, comme il en est encore de ceux que Jésus envoie par Son Esprit. Or ceci rappelle au cœur du Seigneur la trahison de Judas, et Son âme est troublée à cette pensée qui pesait sur Lui. Il se décharge de ce poids en communiquant à Ses disciples ce qui allait arriver. Ce n’est pas au point de vue de la connaissance qu’Il avait de la personne qui devait Le trahir qu’Il parle à Ses disciples, mais du fait que l’un d’eux commettrait cette action, l’un de ceux qui avaient été Ses compagnons. C’est pourquoi les disciples se regardent entre eux. Or il y en avait un qui était près de Lui, savoir le disciple que Jésus aimait, car nous avons dans toute cette portion de l’évangile de Jean, le témoignage de grâce qui répond aux diverses formes de la malice et de la méchanceté de l’homme. Cet amour de Jésus avait formé le cœur de Jean, lui avait donné la confiance, la constance de l’affection ; par conséquent il était, sans autre motif que celui-là, assez près de Jésus pour recevoir des communications de Sa part. Ce n’est pas pour les avoir qu’il s’était placé près de Jésus : il y était, parce qu’il aimait le Seigneur dont l’amour l’avait attaché à Lui, et il était là de manière à pouvoir recevoir ces communications de la part de Jésus. C’est ainsi que nous pouvons aujourd’hui encore apprendre de Lui. Pierre aimait le Seigneur, mais il y avait trop de Pierre lui-même pour qu’il y eût intimité, quoiqu’il n’y eût pas trop de lui pour le service de son maître si Dieu voulait l’employer : et Dieu l’a voulu en grâce. Qui, d’entre les douze, a rendu témoignage comme Pierre, lui en qui Dieu a opéré avec efficace pour la circoncision ? Mais on ne trouve pas dans les épîtres de Pierre ce qui se trouve dans celles de Jean[51]. Du reste, chacun a sa place souverainement donnée de Dieu. Pierre aimait Christ et il était lié lui-même à Jean par cette affection commune pour le Seigneur ; nous les trouvons constamment ensemble ; aussi Pierre veut-il connaître le sort de Jean, ainsi que cela nous est rapporté à la fin de notre évangile. Pierre emploie donc Jean pour demander au Seigneur qui serait celui d’entre eux qui Le trahirait, comme Il l’avait dit. Souvenons-nous qu’être près de Jésus pour Lui-même, est le moyen d’avoir Sa pensée lorsque des idées anxieuses viennent nous troubler. Le Seigneur désigne Judas par le morceau trempé qui aurait arrêté tout autre, mais qui pour celui-ci n’était que le sceau de sa ruine. Il en est ainsi, du reste, à divers degrés, de toute grâce de Dieu exercée envers une âme qui la rejette.

Après le morceau trempé, Satan entre en Judas. Déjà méchant par convoitise, cédant habituellement aux tentations ordinaires, quoiqu’il fût avec Jésus, son cœur s’endurcissant contre l’effet de cette grâce qui était toujours sous ses yeux, à ses côtés, et qui, dans un certain sens, s’exerçait à son égard, Judas avait cédé à la suggestion de l’Ennemi de se faire l’instrument des souverains sacrificateurs pour trahir le Seigneur : il était allé s’offrir à eux. Il savait ce qu’ils désiraient ; et quand, par la longue familiarité avec la grâce et avec la personne de Jésus — pendant que Lui se donnait au péché — cette grâce et la pensée de la personne de Christ ont totalement perdu leur influence, il arrive au point de ne rien sentir dans son cœur en trahissant son Maître. La connaissance qu’il avait de la puissance de Jésus l’aidait à s’abandonner au mal et renforçait les tentations de Satan ; car évidemment Judas était persuadé que Jésus réussirait toujours à se délivrer de Ses ennemis. En effet, pour ce qui était de la puissance de Jésus pour le faire, il avait raison. Mais que savait-il des pensées de Dieu ? Tout était ténèbres morales dans son âme.

Et maintenant, après ce dernier témoignage, qui était en même temps un signe de la grâce et manifestait le véritable état du cœur insensible de Judas (ainsi que l’exprime le psaume qui s’accomplit ici), Satan entre en lui, prend possession de lui de manière à l’endurcir contre tout ce qui pouvait lui faire sentir, même comme homme naturel, l’horreur de son action en l’affaiblissant pour l’accomplissement du mal, afin que ni sa conscience ni son cœur ne se réveillassent en le faisant. — Affreux état ! Satan possède Judas, jusqu’à ce qu’il soit forcé de le laisser au jugement auquel il ne saurait le soustraire, et qui sera le sien aussi dans le temps ordonné de Dieu — jugement qui se manifeste dans la conscience de Judas quand le mal est fait et qu’il est trop tard. Ce terrible sentiment de ce qui l’attend se montre chez Judas dans un désespoir que ses liens avec Satan ne font qu’augmenter, mais qui est forcé de rendre témoignage à Jésus devant ceux qui avaient tiré profit de son péché et se moquaient de sa misère. Car le désespoir dit la vérité : — le voile est déchiré ; on ne se fait plus d’illusion ; la conscience est à nu devant Dieu, mais c’est devant Son jugement. Là Satan ne nous trompe plus ; là on connaît, non la grâce, mais la perfection de Christ. Judas a rendu témoignage à l’innocence de Jésus, comme le brigand sur la croix. C’est ainsi que la mort et la destruction ont entendu de leurs oreilles le bruit de la sagesse : Dieu seul la connaît (Job 28, 22-23).

Jésus connaissait bien l’état de Judas. Il ne s’agissait plus pour Lui que d’accomplir ce qu’Il allait faire, par le moyen de celui pour lequel il n’y avait plus d’espoir : « Ce que tu fais », dit le Seigneur, « fais-le promptement » (v. 27). Mais quelles paroles, quand on les entend sortir de la bouche de Celui qui était l’amour même ! Cependant les yeux de Jésus sont maintenant fixés sur Sa mort. Il est seul : personne, pas même Ses disciples, n’avait part avec Lui dans l’œuvre que seul Il pouvait accomplir ; Ses disciples ne pouvaient pas plus que les Juifs eux-mêmes Le suivre où Il allait maintenant. Heure solennelle, mais glorieuse ! Homme, Jésus allait rencontrer Dieu dans ce qui séparait l’homme de Dieu, Le rencontrer en jugement. C’est ce qu’Il exprime, en effet, aussitôt que Judas est sorti : la porte que celui-ci fermait sur lui, séparait Jésus de ce monde : « Maintenant », dit-Il, « le Fils de l’homme est glorifié ! » (v. 31). Il avait dit déjà, au chapitre 12, quand les Grecs s’étaient approchés : « L’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié » ; mais c’était de la gloire à venir, de Sa gloire comme chef de tout homme et même de toutes choses qu’Il avait parlé. Mais cela ne pouvait pas encore avoir lieu et Il avait dit : « Père glorifie ton nom ». Jésus devait mourir : c’est ce qui glorifiait le nom de Dieu dans un monde où était le péché. C’était la gloire du Fils de l’homme d’accomplir cela, là où se déployait toute la puissance de l’Ennemi, où se trouvait tout l’effet du péché et le jugement de Dieu contre le péché. Là, la question du péché a été moralement vidée. Là, Satan, dans sa puissance sur l’homme pécheur — l’homme sous la puissance du péché et ce qui manifestait pleinement son inimitié envers Dieu — et Dieu, se sont rencontrés, non pas que la discipline s’exerçât, comme dans le cas de Job, mais pour la justice. C’est là qu’a été manifesté ce que Dieu est contre le péché ; c’est là que, par Christ se donnant Lui-même, tous Ses attributs ont été en action et glorifiés. Là enfin, par ce qui s’était manifesté, toutes les perfections de Dieu que la malice de Satan ne pouvait atteindre, ont été glorifiées, étant manifestées en Jésus ou par le moyen de ce que Jésus a fait et souffert.

Ces perfections avaient été, en tant que la grâce se manifestait, déployées directement en Christ Lui-même ; mais maintenant, la position qu’Il a prise sur la croix, fournit à Dieu l’occasion de manifester tous Ses attributs. Car ce n’est pas toute la vérité que Christ est Dieu et qu’Il est homme parfait ; mais Il s’est placé dans une position où Dieu a pu montrer la perfection divine de tous Ses attributs moraux, par l’homme, en Jésus, là où Il se trouvait à la place de l’homme, et où (fait péché, et, grâce à Dieu, pour le pécheur) Dieu a été glorifié en Lui. Voyez ce qui s’est passé à la croix : la puissance complète de Satan sur les hommes, Jésus seul excepté ; l’homme en parfaite inimitié contre Dieu, par le rejet de Son Fils ; Dieu manifesté en grâce : ensuite, en Christ, comme homme, amour parfait envers Son Père, parfaite obéissance, et cela dans le lieu du péché, c’est-à-dire comme l’ayant subi (car la perfection de l’amour envers Son Père et Son obéissance se sont montrées quand Il a été fait péché devant Dieu sur la croix) ; ensuite la majesté de Dieu attestée, glorifiée (Héb. 1, 10) ; Son jugement complet et juste contre le péché, comme étant le saint ; mais aussi Son amour parfait envers les pécheurs en leur donnant Son Fils unique. C’est ainsi que nous connaissons l’amour. Pour nous résumer : à la croix, nous trouvons l’homme dans le mal complet — la haine contre ce qui était bon ; le pouvoir complet de Satan sur le monde, comme prince de ce monde ; l’homme, en bonté parfaite, en obéissance, en amour envers le Père, malgré tout ce que cela pouvait lui coûter ; Dieu, dans Sa justice infinie et absolue contre le péché, et dans Son amour divin et infini envers les pécheurs. La bonté et le mal sont pleinement révélés pour toujours, et le salut établi ; le fondement des nouveaux cieux et de la nouvelle terre est posé. Nous pouvons certes bien dire : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui ». Complètement déshonoré par le premier homme, Dieu est d’autant plus glorifié par le second, et c’est pourquoi Il place l’homme (Christ) dans la gloire, et cela incontinent, sans attendre le royaume. Mais ceci demande quelques paroles moins abstraites, car la croix est le centre de l’univers selon Dieu, le fondement de notre salut et de notre gloire, en même temps que la plus glorieuse manifestation de la gloire de Dieu Lui-même, le centre de l’histoire de l’éternité.

Le Seigneur avait dit, quand les Grecs étaient venus à Lui, que l’heure était arrivée pour que le Fils de l’homme fût glorifié. Il parlait alors de Sa gloire comme Fils de l’homme, de la gloire qu’Il devait prendre sous ce titre ; Il sentait alors que pour y introduire l’homme, Il devait nécessairement passer Lui-même par la mort. Mais Il est occupé d’une seule chose qui détache Ses pensées de la vue de la gloire et de la souffrance, savoir du besoin qui possède Son cœur que Son Père soit glorifié. Ici, maintenant, tout était prêt pour cela et le moment était venu où Judas (dépassant les bornes de la parfaite et juste patience de Dieu) était sorti, lâchant la bride à son péché, pour commettre le crime qui devait amener l’accomplissement merveilleux des conseils de Dieu. Or, en Jésus, sur la croix, le Fils de l’homme a été glorifié d’une manière bien plus admirable que ne le ferait la gloire, même positive, qui Lui appartient sous ce titre. Il sera sans doute revêtu de cette gloire ; mais sur la croix, le Fils de l’homme a supporté tout ce qui était nécessaire pour le parfait déploiement de toute la gloire de Dieu. Tout le poids de cette gloire a dû venir peser sur Lui, Le mettant à l’épreuve afin de voir s’Il pouvait la soutenir et l’exalter, en lui donnant toute sa portée dans le lieu même où le péché cachait cette gloire, et lui donnait, pour ainsi dire, un impie démenti. Le Fils de l’homme était-Il capable d’occuper une telle place, de s’y maintenir, de s’engager dans une telle tâche et de l’accomplir jusqu’au bout sans faillir ? Eh bien, Jésus l’a fait ! La majesté de Dieu devait être revendiquée au milieu de la révolte insolente de Sa créature, et non par un jugement exécuté sur elle, qui aurait été sa ruine ; — la vérité de Dieu, qui avait menacé l’homme de la mort, devait être maintenue ; — Sa justice établie contre le péché. Qui pouvait faire face à cette terrible justice ? En même temps l’amour de Dieu devait être pleinement démontré. Satan ayant ici tous les droits qu’il avait acquis sur nous par notre péché, Christ parfait comme homme, seul, à part de tous les hommes, dans l’obéissance, et n’ayant comme homme qu’un but, la gloire de Dieu, Christ divinement parfait sous ce rapport, se donnant Lui-même pour cela, a pleinement glorifié Dieu. Dieu a été glorifié en Lui : Sa justice, Sa majesté, Sa vérité, Son amour — tout a été mis en évidence sur la croix, comme existant en Lui-même, et révélé seulement là ; et cela à l’égard du péché.

Dieu peut maintenant agir librement avec la conscience de ce qu’Il est en Lui-même, sans qu’un seul attribut en cache, en obscurcisse, ou en contredise un autre. La vérité condamnait l’homme à la mort ; la justice condamnait pour toujours le pécheur ; la majesté demandait l’exécution de ce jugement. Où y avait-il place alors pour l’amour ? Si l’amour, tel que l’homme pouvait le concevoir, passait par-dessus toutes choses, où était la majesté, où la justice divine ? — Au reste, cela ne pouvait pas être ; et cet état des choses n’aurait pas été réellement de l’amour, mais de l’indifférence au mal. Par la croix, Il est juste et Il justifie en grâce ; Il est amour, et dans cet amour, Il fait part à l’homme de Sa justice. La justice de Dieu remplace le péché de l’homme pour celui qui croit. La justice de l’homme s’efface, aussi bien que le péché, devant une telle lumière de grâce, et n’obscurcit pas la souveraine gloire de cette grâce exercée envers l’homme réellement éloigné de Dieu. Et qui a fait cela ? Qui a ainsi établi, quant à l’état de choses compromis par le péché, la gloire tout entière de Dieu ? C’est le Fils de l’homme. Aussi Dieu le glorifie de Sa propre gloire, car c’était bien cette gloire-là que Jésus avait rétablie et exaltée lorsque, pour Ses créatures (car elle ne peut être altérée en soi), ses traces étaient effacées par le péché.

Et cette gloire, non seulement avait été rétablie, mais c’est là qu’elle a été réalisée comme elle n’aurait pu l’être autrement. Jamais il n’y eut un tel amour que celui qui a été manifesté dans le don du Fils de Dieu pour les pécheurs ; jamais justice (à laquelle le péché est insupportable) comme celle qui n’a pas épargné le Fils Lui-même quand Il a porté le péché sur Lui ; jamais déploiement de majesté pareil à celui par lequel le Fils de Dieu Lui-même a été tenu de répondre aux pleines exigences de cette majesté (comp. Héb. 2) ; jamais l’immuable vérité de Dieu n’a été mise en évidence comme elle l’a été, lorsqu’elle n’a pas fléchi devant la nécessité de la mort de Jésus ! Nous connaissons Dieu maintenant. Dieu étant glorifié dans le Fils de l’homme, Le glorifie en Lui-même, mais Il n’attend pas, par conséquent, la journée de Sa gloire parmi les hommes, selon la pensée du chapitre 12. Dieu l’appelle à Sa droite, et le place là incontinent, et seul. Quel autre que Lui pourrait y être, si ce n’est en esprit ? Ici, la gloire de Jésus se rattache à ce que Lui seul pouvait faire, à ce qu’Il a dû faire seul. Il a dû en avoir seul le fruit auprès de Dieu, car Il était Dieu.

D’autres gloires viendront dans leur temps : nous les partagerons avec Lui, quoiqu’en toutes choses Il tienne le premier rang. Ici Il est, Il doit toujours rester seul, c’est-à-dire dans ce qui Lui est personnel. Qui a partagé la croix avec Lui en tant que souffrant pour le péché et accomplissant la justice ? Nous la partageons bien, sans doute, comme souffrant pour la justice et pour l’amour de Lui et des siens, et cela jusqu’à la mort même ; et ainsi, nous partagerons aussi Sa gloire. Mais il est évident que nous ne saurions glorifier Dieu comme sacrifice pour le péché. Celui qui n’a pas connu le péché a pu seul être fait péché : le Fils de Dieu a pu seul porter ce fardeau.

C’est dans cet esprit que le Seigneur, lorsque Son âme s’est épanchée en exprimant ces pensées glorieuses, ces conseils merveilleux, s’adresse avec affection à Ses disciples, en leur disant que leurs rapports avec Lui ici-bas allaient bientôt se terminer, qu’Il allait là où, pas plus que les Juifs incrédules, ils ne pouvaient Le suivre (v. 33 et suiv.). L’amour fraternel, dans un certain sens, devait prendre sa place : ils devaient s’entr’aimer comme Il les avait aimés, d’un amour qui s’élève au-dessus des fautes de la chair en eux, d’un amour fraternel dans ces rapports, selon la grâce parfaite du Sauveur. Si leur principal soutien leur était enlevé, soutien sur lequel plusieurs s’appuyaient, ils devaient se supporter les uns les autres, mais non par leur propre force. C’était ainsi que les disciples de Christ seraient reconnus.

Or Simon Pierre veut pénétrer là où nul homme, sauf Jésus, ne pouvait entrer — la présence de Dieu par le chemin de la mort. C’était la confiance de la chair. Le Seigneur en grâce lui répond que là où Il va, Lui, Pierre ne peut pas maintenant Le suivre. Jésus devait auparavant tarir cette mer insondable pour l’homme, ce Jourdain qui déborde — la mort. Ensuite, lorsque celle-ci ne serait plus la condamnation de la part de Dieu, lorsqu’elle ne serait plus maniée par la puissance de Satan (car sous ces deux points de vue, Christ a entièrement détruit sa puissance pour le croyant), alors Son pauvre disciple y passerait pour l’amour de la justice et de Christ. Or Pierre veut Le suivre par sa propre force, prétendant qu’il pouvait faire précisément ce que Jésus allait faire pour lui. De fait, quand le moment arrive, effrayé par le premier mouvement de l’Ennemi, il recule devant la voix d’une servante et renie le Maître qu’il aime. Dans les choses de Dieu, la confiance de la chair ne fait que nous introduire dans une position où elle ne peut pas résister : la sincérité seule ne peut rien contre l’Ennemi ; il faut la force de Dieu.

Chapitre 14. — Maintenant le Seigneur commence à enseigner Ses disciples en vue de Son départ. Il allait où ils ne pouvaient venir, et ils resteraient, à vues humaines, seuls sur la terre. C’est au sentiment de cette condition, en apparence désolante, que le Seigneur s’adresse en leur montrant qu’Il était Lui-même un objet pour la foi, comme Dieu l’était. En faisant ceci, Il expose aux disciples toute la vérité à l’égard de leur condition. Il ne parle pas ici de Son œuvre, mais de leur position en vertu de cette œuvre, position dont Sa personne aurait dû être la clef pour eux et le serait maintenant. Le Saint Esprit, le Consolateur qui viendrait, serait la puissance par laquelle ils pourraient en jouir dans toute son étendue et comprendre pleinement le glorieux moyen de leur participation à cette puissance, qui aurait lieu quand Il serait venu.

À la question de Pierre, à la fin du chapitre 13 : « Où vas-tu ? » Jésus répond. Lorsque ce n’était que par un désir de la chair que Son disciple voulait pénétrer là où Lui allait, le Seigneur ne pouvait que répondre que la force de la chair ne peut aller là où Il va — car en effet, Pierre prétendait suivre Jésus dans la mort ! Pauvre Pierre !

Mais quand Jésus a écrit la sentence de la mort pour nous sur la chair, et a montré l’impuissance de celle-ci, Il peut alors révéler ce qui pour la foi, est au-delà de la chair et de sa force et ce qui nous appartient par Sa mort. Il jette Sa lumière en arrière et fait comprendre qui Il était, lors même qu’Il était ici-bas, et toujours, avant que le monde fût. Le Seigneur ne faisait que retourner là d’où Il était venu. Mais dans Sa grâce, Il commence les instructions merveilleuses qu’Il donne à Ses disciples au point où ils en sont, et répond au besoin de leurs cœurs en leur expliquant comment après Son départ ils seraient, sous de certains et importants rapports, mieux qu’en Le suivant personnellement ici-bas, lorsqu’Il s’y trouvait Lui-même. Ils seraient avec Lui, quoique absent, là où Il se trouverait. Les disciples ne voyaient pas Dieu corporellement présent avec eux ; pour jouir de Sa présence, ils croyaient en Lui : — il en était de même à l’égard de Jésus ; ils devaient croire en Lui. Il ne les abandonnait pas pour s’en aller et jouir seul de la gloire et du repos célestes comme s’il n’y avait place là-haut que pour Lui dans la maison de Son Père[52] : il y en avait pour eux tous. Y aller, remarquez-le, était toujours Sa pensée — car Il n’est pas ici comme Messie ; ce sont Ses relations selon les vérités divines et immuables, selon les pensées éternelles de Dieu que nous trouvons ici : Jésus avait toujours en vue Son départ. Du reste, s’il n’y avait pas eu de place pour eux là où Il se rendait, Il le leur aurait dit : leur place était avec Lui ; et Il allait pour leur préparer une place. Sans avoir présenté ici la rédemption, si Jésus ne se présentait pas à Dieu comme nouvel homme, selon la puissance de cette rédemption, il ne pouvait y avoir de place préparée là-haut pour eux. Jésus entre là dans la puissance de cette vie qui y conduirait Ses disciples : mais ils ne s’en iraient pas seuls là-haut pour Le rejoindre, et Il ne viendrait pas Lui-même les rejoindre ici-bas. Il s’agissait du ciel et non pas de la terre. Il n’enverrait pas d’autres êtres pour les chercher, mais pour ceux qu’Il aimait tendrement, le Seigneur viendrait Lui-même pour les prendre auprès de Lui, afin que là où Il serait ils y fussent aussi. Il viendra du trône du Père : là, sans doute, ils ne peuvent s’asseoir ; mais Il les prendra à Lui là où Il sera en gloire devant le Père. Ils seront avec lui là où Il sera lui-même, position plus excellente que s’Il était resté avec eux ici-bas, lors même qu’Il eût été le Messie glorieux sur la terre.

Maintenant aussi, ayant dit à Ses disciples qu’Il allait auprès de Son Père (et parlant selon l’effet de Sa mort pour eux), Jésus leur déclare qu’ils savaient où Il allait et qu’ils en savaient le chemin. Car Il allait auprès du Père et ils avaient vu le Père en Le voyant. Or ayant vu le Père en Lui, ils savaient le chemin vers le Père ; car en venant à Lui, ils arrivaient auprès du Père qui était en Lui, comme Lui était dans le Père : Il était donc Lui-même le chemin. C’est pour cette raison que le Seigneur reproche à Philippe de ne pas L’avoir connu. Il avait été là révélant le Père dans Sa personne, depuis longtemps, et Ses disciples auraient dû Le connaître, voir qu’Il était dans le Père et le Père en Lui, et ainsi connaître où Il allait, car c’était vers le Père. Il avait déclaré le nom du Père ; et s’ils n’avaient pas pu voir le Père en Lui, ni être convaincus de la gloire de la personne du Sauveur par Ses paroles, ils auraient dû Le reconnaître par le moyen de Ses œuvres, car c’était le Père qui demeurait en Lui, qui faisait les œuvres. Tout ceci reposait sur Sa personne, tandis qu’Il était encore présent dans le monde ; mais une autre preuve frappante de la gloire de Sa personne se rattachait à Son départ, c’est qu’après ce départ, ses disciples feraient de plus grandes œuvres que Lui-même n’en aurait fait, en témoignage de Sa proximité plus grande avec Son Père. Sa gloire exigeait qu’il en fût ainsi. Même il n’y avait pas de limites aux fruits qui en découleraient pour les disciples, car Il les mettait en rapport immédiat avec le Père par la puissance de Son œuvre et de Son nom ; et tout ce qu’ils demanderaient au Père en Son nom, Christ Lui-même le ferait pour eux. Ils seraient exaucés de la part du Père, montrant dans quelle relation immédiate avec le Père Il les avait placés ; et Lui-même (Christ) ferait tout ce qu’ils demanderaient ; car la puissance du Fils qui était sans limites ne faisait et ne pouvait faire défaut à la volonté du Père. Mais ceci amenait un autre sujet.

Si les disciples L’aimaient, ils devaient Le montrer non par des regrets, mais en gardant Ses commandements. Ils devaient marcher dans l’obéissance (v. 15 et suiv.) : c’est la place du disciple, jusqu’à cette heure. L’amour désire être avec le Seigneur, mais se montre en obéissant à Ses commandements ; car Christ a aussi le droit de commander. D’un autre côté, Christ chercherait leur bien en haut, et une autre bénédiction serait accordée aux disciples, savoir le Saint Esprit Lui-même qui ne les quitterait pas comme Christ devait le faire : le monde ne pouvait pas Le recevoir. Christ, le Fils, avait été montré aux yeux du monde et aurait dû être reçu par lui ; le Saint Esprit agirait étant invisible. Par le rejet de Jésus, c’en était fait du monde dans ses rapports naturels et de création avec Dieu ; mais le Saint Esprit serait connu des disciples, car non seulement Il resterait avec eux, ne les quitterait pas comme Christ allait le faire, mais Il serait en eux-mêmes, non pas avec eux, comme Jésus l’était. Le Saint Esprit ne serait pas vu, ni connu du monde.

Jusqu’à présent Jésus, dans Son discours, avait amené les disciples à Le suivre (en esprit) en haut, en leur faisant connaître dans Sa personne en qui le Père était révélé, où Il allait — car Il allait auprès du Père — et par conséquent quel en était le chemin. Lui-même était ce « chemin », ainsi que nous l’avons vu ; Il était « la vérité » même, dans la révélation et la révélation parfaite de Dieu et de la relation de l’âme avec Lui et même du vrai caractère et du véritable état de toutes choses, en faisant briller la parfaite lumière de Dieu dans Sa propre personne, qui Le révélait ; Il était « la vie » dans laquelle on pouvait connaître ainsi Dieu et la vérité. On venait par Lui ; on trouvait le Père révélé en Lui ; et on possédait en Lui ce qui rendait capable de jouir du Père et ce qui, en Le recevant, amenait le croyant de fait au Père. Mais maintenant ce n’est pas l’objet révélé à la foi des disciples que Jésus présente ; ce dont Il les entretient n’est pas « le Père en lui et lui dans le Père », ce que du reste ils auraient dû reconnaître quand Il était ici-bas. Jésus n’élève pas, par conséquent, les pensées de Ses disciples au Père par Lui et en Lui, et à Lui au ciel dans le Père : Il leur présente ce qui leur serait donné ici-bas, le fleuve de bénédiction qui découlait pour eux, dans ce monde, en vertu de ce que Jésus était et était pour eux dans les cieux. Une fois le Saint Esprit introduit comme envoyé, Jésus dit à Ses disciples : « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous » (v. 18). Sa présence en Esprit ici-bas est la consolation des siens. « Vous me verrez », leur dit-Il ; et cela est bien plus vrai que de Le voir des yeux de la chair. Oui, plus vrai : c’est Le connaître d’une manière bien plus réelle, lors même qu’ils avaient cru par grâce en Lui, comme le Christ, le Fils de Dieu. Et de plus cette vue spirituelle de Jésus qu’a le cœur par la présence du Saint Esprit, se lie à la vie. « Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez », dit le Seigneur. Nous voyons Jésus, parce que nous avons la vie : et cette vie est en Lui, et Il est cette vie, car « cette vie est dans le Fils ». Elle est aussi sûre que la durée de celle de Jésus duquel elle dérive : « Parce qu’il vit, nous vivrons ». Notre vie est en chaque chose la manifestation de « Lui-même » « qui est notre vie », ainsi que l’apôtre l’exprime : « Afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ». Hélas ! la chair résiste à la vie divine qui est en nous ; toutefois c’est là notre vie en Christ.

Mais ce n’est pas tout : le Saint Esprit habitant en nous, nous avons connaissance de notre union avec Christ[53]. « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous ». Ici, Jésus ne dit pas « le Père en moi » (ce qui d’ailleurs restait toujours vrai), « et moi en lui » : paroles dont les premières, omises ici, expriment la vérité à l’égard de Sa manifestation du Père ici-bas. Le Seigneur ne fait ressortir ici que ce qui tient à la vérité qu’Il était réellement et divinement un avec le Père, un avec Lui ! « Je suis en mon Père ». C’est de cette dernière partie de la vérité que le Sauveur parle ici, partie d’ailleurs que l’autre, savoir que le Père était en Lui, bien comprise, impliquait aussi. Cela ne pouvait réellement pas être ; mais les hommes auraient pu se faire une idée d’une manifestation de Dieu dans un homme, sans que cet homme fût réellement tel — réellement Dieu, c’est-à-dire, en Lui-même — qu’on pût dire aussi qu’il est dans le Père. On rêve de telles choses, on parle de la manifestation de Dieu en chair : nous, nous parlons de Dieu manifesté en chair, et tout équivoque est ôtée. Jésus était dans le Père ; et c’est cette partie de la vérité qui est répétée ici, avec ceci en plus (en vertu de la présence du Saint Esprit) que les disciples, tout en connaissant bien la divine personne de Jésus, connaîtraient aussi qu’ils étaient eux-mêmes en Lui : « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6, 17). Christ n’a pas dit que les disciples auraient dû savoir cela pendant qu’Il était avec eux sur la terre : ce qu’ils auraient dû connaître, c’était que le Père était en Lui et Lui dans le Père ; mais dans cette union-là Il était seul ; les disciples n’y avaient aucune part, mais, ayant reçu le Saint Esprit, ils connaîtraient leur propre union avec le Christ, union dont le Saint Esprit est la force et le lien. La vie de Christ découlant de Lui, Christ en nous, ce même Christ dans le Père, nous en Lui, et Lui aussi en nous selon la puissance de la présence du Saint Esprit : tout ceci est l’objet de la foi commune, et vrai de tous.

Mais il y a des soins et un gouvernement continuels qui s’exercent de la part de Dieu à notre égard, et Jésus se manifeste à nous d’une manière qui est en rapport avec notre marche. Celui qui est attentif à la volonté du Seigneur, possédera et observera cette volonté : un enfant sage non seulement obéit quand il connaît la volonté de son père, mais il acquiert cette connaissance, parce qu’il est attentif à cette volonté : — c’est l’esprit d’obéissance dans l’amour. Si nous agissons dans cet esprit à l’égard de Jésus, le Père qui tient compte de tout ce qui regarde Son Fils, nous aimera ; Jésus aussi nous aimera, et se manifestera à nous. C’est ce que Jude (non pas l’Iscariote) ne comprenait pas, parce qu’il ne voyait pas autre chose qu’une manifestation corporelle de Jésus, telle que le monde pouvait aussi la percevoir. Jésus ajoute donc que le disciple vraiment obéissant (et ici, Il parle d’une manière spirituelle et plus générale de Sa Parole, et non pas précisément de Ses commandements)[54], sera aimé du Père, et le Père et Jésus viendront faire leur demeure chez ce disciple ; de sorte que là où se trouve l’obéissance, en attendant que nous allions demeurer avec Jésus en présence du Père, le Père et Jésus demeurent en nous. Le Père et le Fils se manifestent en nous en qui demeure le Saint Esprit, comme aussi le Père et le Saint Esprit étaient présents quand le Fils était ici-bas — d’une autre manière, sans doute, car Il était le Fils, et nous ne sommes que vivants par Lui — et le Saint Esprit ne fait que demeurer en nous. Quant à ces glorieuses personnes, le Père, le Fils, le Saint Esprit, elles ne se séparent pas : le Père faisait les œuvres en Jésus, et Jésus chassait les démons par le Saint Esprit, et cependant le Fils travaillait. Le Saint Esprit est en nous, le Père et le Fils viennent et font leur demeure chez nous. Seulement on observera qu’il est ici question d’un gouvernement : nous sommes, selon la vie nouvelle, sanctifiés pour l’obéissance. Il ne s’agit pas ici de l’amour de Dieu en grâce souveraine envers un pécheur, mais des voies du Père avec Ses enfants. Ainsi c’est dans le chemin de l’obéissance que se trouvent les manifestations de l’amour du Père et de l’amour de Christ. Nous aimons nos enfants méchants, mais nous ne les caressons pas ; si nous contristons le Saint Esprit Il n’est pas en nous la puissance de la manifestation du Père et du Fils en communion à nos âmes, mais Il agira plutôt avec conviction sur nos consciences, quoique agissant sur le principe de la grâce. Dieu, il est vrai, peut nous restaurer par Son amour et en nous le témoignant, quand nous nous égarons ; mais nous jouissons de la communion avec Lui en marchant dans l’obéissance.

En résumé, on devait obéir à Jésus, mais en Lui obéissant on obéissait à la parole du Père à Jésus tel qu’Il était ici-bas : Ses paroles étaient les paroles du Père. Le Saint Esprit devait rappeler ce que Jésus était, aussi bien que rendre témoignage à Sa gloire en haut dans le ciel. Il s’agit ici de la manifestation de la vie parfaite de l’homme, de Dieu dans l’homme, du Père dans le Fils, de la manifestation du Père par le Fils qui est dans le sein du Père. Telles étaient les paroles du Fils ici-bas ; et quand on parle de Ses commandements, il ne faut pas entendre par là seulement la manifestation de Sa gloire par le Saint Esprit, quand Jésus est en haut, et ce qui en découle ; mais Ses commandements, lorsqu’Il a parlé ici-bas et qu’Il a dit les paroles de Dieu ; car Il n’avait pas le Saint Esprit par mesure, en sorte que Ses paroles fussent mélangées et en partie imparfaites ou du moins non divines. Il était bien homme et toujours homme, mais Il était Dieu manifesté en chair. Le commandement ancien, donné depuis le commencement, est nouveau, en tant que cette même vie qui s’exprimait dans les commandements de Christ se réalise et agit en nous ; en sorte que ce qui est exprimé dans ces commandements est vrai en Lui et en nous (comp. 1 Jean 2). Les commandements sont les commandements de l’homme Christ, et pourtant ce sont les commandements de Dieu et les paroles du Père selon la vie qui a été manifestée dans ce monde dans la personne de Jésus. Ils expriment en Lui, et forment, et dirigent en nous cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée dans l’homme — dans Celui que les apôtres ont pu voir, entendre, toucher, vie que nous possédons en Lui. Cependant le Saint Esprit aussi nous a été donné pour nous conduire dans toute la vérité, selon ce même chapitre de l’épître de Jean : « vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses ».

Que la vie soit dirigée par des commandements, n’est pas la même chose que de connaître toutes choses. Ces deux points se lient, parce qu’en marchant d’après cette vie, on ne contriste pas le Saint Esprit, et on est dans la lumière. Diriger la vie, où elle existe, n’est pas la même chose que donner une loi, qui est imposée (justement sans doute) à l’homme dans la chair, en lui promettant la vie s’il observe les commandements que cette loi renferme. C’est là la différence entre les commandements de Christ et la loi, différence qui subsiste non pas dans l’autorité qu’ils possèdent — l’autorité divine est toujours la même en elle-même — mais en ceci, que la loi offre la vie et s’adresse à l’homme responsable dans la chair, lui offrant la vie comme résultat ; tandis que les commandements de Jésus expriment et dirigent la vie de celui qui vit déjà par l’Esprit, en rapport avec son union avec Christ, et Christ en lui. Le Saint Esprit, qui, outre cela, enseigne toutes choses, rappelle aussi les commandements de Jésus — toutes les choses qu’Il leur avait dites. Par Sa grâce, il en est de même pour les chrétiens individuellement quant aux détails de leur vie.

Enfin le Seigneur, au milieu de ce monde, laisse la paix à Ses disciples, leur donne Sa propre paix (v. 27). C’est en s’en allant, et en rapport avec la pleine révélation de Dieu, liée à Sa mort, qu’Il a pu le dire à Ses disciples ; de sorte qu’Il possédait cette paix malgré le monde. Il avait passé par la mort, et en buvant la coupe, ôté pour Ses disciples le péché, détruit la puissance de l’Ennemi dans la mort et fait la propitiation en glorifiant pleinement Dieu. La paix était faite et faite pour eux devant Dieu, et tout ce qu’ils étaient amené dans la lumière, comme Lui était lumière ; de sorte que cette paix était parfaite dans la lumière : et elle était parfaite dans le monde, parce qu’elle mettait les disciples tellement en relation avec Dieu que le monde ne pouvait pas même toucher, ni atteindre leur source de joie. En outre, Jésus avait tellement, accompli ceci pour Ses disciples, et Il leur en faisait part d’une telle manière, qu’Il leur donnait la paix dans laquelle Il était Lui-même devant Son Père, et dans laquelle par conséquent Il marchait dans ce monde. Le monde donne une partie de ses biens tout en n’abandonnant pas l’ensemble de ces biens ; Christ introduit dans la jouissance de ce qui Lui est propre, de Sa propre position devant le Père[55]. Le monde ne donne pas comme cela, et ne saurait le faire. Combien a dû être parfaite cette paix dont Il jouissait avec le Père — cette paix qu’Il nous donne — Sa propre paix

Il reste encore une précieuse pensée, pensée de grâce ineffable en Jésus. Il compte tellement sur notre affection, et comme quelque chose qui Lui est personnel, qu’Il dit à Ses disciples : « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père » (v. 28). Il nous donne de nous intéresser à Sa propre gloire, à Son bonheur, et d’y trouver le nôtre. Bon et précieux Sauveur ! Certes nous nous réjouissons de ce que toi qui as tout souffert pour nous, tu as maintenant tout accompli et te reposes auprès de ton Père, quel que soit ton amour actif pour nous. Oh ! que nous sachions te connaître et t’aimer davantage ! Mais maintenant nous pouvons te dire, de plein cœur : Viens bientôt Seigneur ! Quitte encore une fois ce trône de ton repos et de ta gloire personnelle pour venir nous prendre à toi, afin que tout soit accompli pour nous aussi, et que nous soyons avec toi et dans la clarté de la face de ton Père dans Sa maison. Ta grâce est infinie ; mais ta présence et la joie du Père seront le repos de nos cœurs et notre joie éternelle.

Ici, le Seigneur termine cette partie de Son discours[56]. Il avait montré aux siens, dans son ensemble, tout ce qui découlait de Son départ et de Sa mort. Remarquez qu’il s’agit de la gloire de Sa personne ; car même, quant à Sa mort, il est dit : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié » (13, 31) : cependant le Seigneur en avait prévenu les disciples, afin que cette mort fortifiât et n’affaiblît pas leur foi, car Il ne leur parlerait plus beaucoup. Le monde était sous la puissance de l’Ennemi, et celui-ci venait ; non pas qu’il eût quelque chose en Jésus, car, dit-Il, « il n’a rien en moi » (v. 30) ! Ainsi Jésus n’était pas soumis à l’empire de la mort que Satan possédait sur l’homme en vertu du jugement que Dieu avait prononcé ; Sa mort n’était pas l’effet de la puissance de Satan sur Lui, mais dans cette mort, Il montrait au monde qu’Il aimait le Père, et qu’Il Lui obéissait, quoiqu’Il Lui en coûtât. C’était la perfection absolue dans l’homme. Si Satan était le prince de ce monde, Jésus ne cherchait pas à garder Sa gloire messianique ici-bas, mais Il montrait au monde, dans la mort (à la puissance de laquelle Satan voulait L’assujettir, mais à laquelle, de fait, Il allait en s’offrant Lui-même et en accomplissant la volonté du Père), la plénitude de la grâce et la perfection dans Sa personne, afin que le monde sortît de lui-même, si j’ose parler ainsi, du moins ceux qui avaient des oreilles pour ouïr. Puis le Seigneur cesse de parler avec Ses disciples et s’en va. Il n’est plus assis avec les siens comme étant de ce monde : Il se lève et le quitte.

Ce que nous avons dit des commandements du Seigneur, donnés pendant Son séjour ici-bas (sujet sur lequel les chapitres qui suivent fourniront des développements intéressants), aide beaucoup à faire comprendre tout ce discours du Seigneur. Jusqu’à la fin du chapitre 16, le sujet se divise en deux parties principales : l’action du Saint Esprit, quand le Sauveur serait loin — et la relation des disciples avec Lui pendant Son séjour sur la terre. Ainsi, d’un côté, nous avons ici ce qui découlait de l’exaltation du Seigneur à la droite de Dieu (position qui L’élevait au-dessus des questions de Juifs et de Gentils) ; et d’un autre, ce qui dépendait de la présence de Christ sur la terre comme concentrant nécessairement toutes les promesses dans Sa propre personne, ainsi que les relations des siens avec Lui-même, envisagé au point de vue de Ses relations avec la terre et eux-mêmes placés là, lors même qu’Il en serait absent Lui-même. Ce dernier sujet est renfermé dans le chapitre 15. Il y avait par conséquent, deux genres de témoignages : celui du Saint Esprit proprement dit, c’est-à-dire ce que l’Esprit révélait comme témoin de Jésus monté en haut, et celui des disciples eux-mêmes, comme témoins oculaires de tout ce qu’ils avaient vu de Jésus sur la terre (15, 26, 27). Ce n’est pas que les disciples n’eussent pas le secours du Saint Esprit dans le témoignage qu’ils avaient à rendre personnellement ; mais ce dernier n’était pas le nouveau témoignage à la gloire céleste, rendu par le Saint Esprit venu d’en haut. Quant au témoignage propre des disciples, le Saint Esprit leur rappellerait ce que Jésus avait été, ce qu’Il avait dit ici-bas. Ainsi dans ce que nous venons de lire, l’œuvre de l’Esprit est ainsi décrite (14, 26) : « Lui vous enseignera toutes choses, et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites » (comp. le v. 25). Ces deux parties de l’œuvre du Saint Esprit sont présentées ici. Jésus avait dit beaucoup de choses à Ses disciples ; mais le Saint Esprit leur enseignerait toutes choses ; en outre, Il leur rappellerait ce que Jésus avait dit. Au chapitre 16, 12, 13, Jésus leur déclare qu’Il avait beaucoup de choses à leur dire, mais ils ne pouvaient les supporter alors ; mais plus tard l’Esprit de vérité les conduirait dans toute la vérité : Il ne parlerait pas de par Lui-même, mais ce qu’Il entendrait Il le dirait. Il n’était pas comme un esprit particulier qui parle de son propre fonds : un avec le Père et le Fils, et venu ici-bas pour révéler la gloire et les conseils de Dieu, toutes Ses communications seraient en rapport avec eux, en révélant la gloire de Jésus monté en haut, de Jésus à qui appartenait tout ce que le Père avait. Ici, il n’est pas parlé de rappeler tout ce que Jésus avait dit sur la terre : l’objet de la révélation est céleste, et concerne ce qui est en haut, et avec la pleine gloire de Jésus, se rapporte aux conseils futurs de Dieu. Nous en parlerons plus loin ; mais je dis ces quelques mots pour faire ressortir la distinction que j’ai indiquée.

Chapitre 15. — Le commencement de ce chapitre et ce qui a trait au cep, se rattache à la partie terrestre de la position de Jésus et des relations de Ses disciples avec Lui, à ce que Jésus a été sur la terre, à Ses relations avec Ses disciples envisagés comme étant sur la terre, et ne dépasse pas cette position.

« Je suis le vrai cep ». L’Éternel avait planté un cep transporté d’Égypte (Ps. 80, 8) : c’est Israël selon la chair, mais ce n’était pas le vrai cep. Le vrai cep était le Fils, que l’Éternel a fait monter d’Égypte, Jésus[57] (Matt. 2, 15). Celui-ci se présente comme tel à Ses disciples. Le vrai cep n’est pas ici ce qu’Il sera après Son départ : Il l’était sur la terre, et sur la terre en contraste avec Sa position céleste. — Nous ne parlons pas de planter des ceps dans le ciel, ni d’y émonder des sarments. Les disciples auraient considéré le Seigneur comme le plus excellent sarment du cep ; mais ainsi Il aurait été seulement un membre d’Israël, tandis que c’était Lui qui était le vase, la source de bénédiction selon les promesses de Dieu. Ce n’est donc pas Israël qui est le vrai cep duquel notre chapitre parle ; bien au contraire, c’est Christ, en contraste avec Israël, mais Christ, planté sur la terre, prenant comme le vrai cep la place d’Israël. Le Père soigne cette plante, et évidemment sur la terre ; dans le ciel, il n’est pas besoin de vigneron. Ceux qui comme résidu d’Israël sont attachés à Christ — les disciples — ont besoin d’être ainsi soignés. C’est sur la terre que Dieu attend du fruit du cep qu’Il a planté. Aussi voyons-nous qu’étant encore dans le monde, le Seigneur leur dit : « Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite » : « Vous êtes les sarments » (v. 3-5). Judas, pourrait-on dire, avait été ôté, et aussi les disciples qui ne marchaient plus avec Christ ; les autres devaient être éprouvés et purifiés afin qu’ils produisissent plus de fruit. Je ne doute pas que cette relation ne subsiste encore en principe et d’une façon analogue et générale : ceux qui font profession d’appartenir à Christ, qui s’attachent à Lui pour Le suivre, si la vie se trouve en eux, seront purifiés ; sinon, ce qu’ils ont leur sera ôté. Ici donc, ce n’est que de Sa parole — celle du vrai prophète — et du jugement, soit de discipline, soit de retranchement, que le Sauveur parle. Par conséquent, il est question, non pas de la puissance de Dieu, mais de la responsabilité de l’homme, responsabilité à laquelle certes l’homme ne satisfera pas sans la grâce, mais qui n’en a pas moins ici ce caractère. Jésus était la source de toute la force des disciples ; ils devaient demeurer en Lui ; et ainsi — car c’est là l’ordre — Lui demeurerait en eux.

Nous avons vu ceci au chapitre 14 ; il ne s’agit pas dans ces discours de l’exercice souverain de l’amour dans le salut, mais du gouvernement des enfants par leur Père, de sorte que cette bénédiction dépend de la marche (14, 21-23). Ici, le vigneron cherche du fruit, mais l’enseignement donné présente la dépendance complète du cep dans laquelle les sarments se trouvent pour produire du fruit ; Il montre aux disciples qu’en marchant sur la terre, ils seront émondés par le Père — et si quelqu’un (car, au verset 6, Il a soin de changer l’expression, connaissant Ses disciples et les ayant déjà déclarés nets) — « si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors ». Car il ne s’agit pas ici de l’union avec le Christ en haut, par le Saint Esprit, union qui ne se rompt pas, mais des relations qui se formaient déjà alors ici-bas et qui pouvaient être vitales et éternelles, et pouvaient ne l’être pas, ce dont le fruit serait la preuve. Dans le vieux cep, porter du fruit n’était pas nécessaire : on naissait Juif, on était circoncis, on observait les ordonnances, et on restait sur le cep, bon sarment sans porter aucun fruit quelconque pour Dieu : on n’était retranché d’Israël que pour une violation volontaire de la loi.

Ce qui se formait maintenant n’était pas une relation avec Jéhovah, fondée sur le fait qu’on était né d’une telle famille ; ce qu’il fallait c’était de glorifier le Père par des fruits ; c’est ce qui montrerait qu’on était disciple de Celui qui en avait tant porté. Christ donc était le vrai cep ; le Père, le vigneron ; les onze étaient les sarments. Ils devaient demeurer en Lui, ce qu’ils réaliseraient en pensant ne produire aucun fruit sinon en Lui, et en regardant tout premièrement à Lui. Christ précède le fruit. Demeurer en Lui, c’est la dépendance, la proximité pratique et habituelle du cœur, et la confiance, Lui étant attachés par notre dépendance en Sa personne : en faisant cela, Christ en nous sera une source constante de force et de fruit : — Il est en nous. Hors de Lui les disciples ne pouvaient rien faire : si en demeurant en Lui, ils trouvaient la force de Sa présence, ils produiraient beaucoup de fruit. Mais « si quelqu’un » (Il ne dit pas : « ils » ; Jésus les connaissait, comme de vrais sarments et nets) ne demeurait pas en Lui, il était jeté dehors pour le feu. De plus, s’ils demeuraient en Lui, s’il y avait la dépendance constante qui puise à la source, et si les paroles de Jésus demeuraient dans les disciples, dirigeant leurs cœurs et leurs pensées, ils auraient à leur disposition les ressources de la puissance divine : ils demanderaient ce qu’ils voudraient, et il leur serait fait. Mais, en outre, le Père avait aimé le Fils divinement, pendant Son séjour sur la terre ; Jésus en avait fait autant à leur égard. Ils devaient demeurer dans cet amour ; — dans les versets précédents, c’était en Lui, maintenant c’est dans Son amour[58]. En gardant les commandements de Son Père, Jésus était demeuré dans Son amour ; en gardant les commandements de Jésus, Ses disciples demeureraient dans Son amour à Lui. La dépendance (qui implique la confiance, et nos rapports avec Celui dont nous dépendons pour la force, car nous sommes incapables de rien faire sans Lui, et nous appuyant ainsi fermement sur Lui) et l’obéissance sont les deux grands principes de la vie pratique ici-bas. Jésus a marché ainsi en tant qu’homme ; Il savait par expérience quel était le chemin pour les siens. Les commandements de Son Père étaient l’expression de ce que le Père était : en les observant dans l’esprit de l’obéissance, Jésus avait toujours marché dans la communion de Son amour. Il avait maintenu, dans le cœur de Ses disciples, leur communion avec Lui-même. Les commandements de Jésus, lorsqu’Il était ici-bas, sont l’expression de ce qu’Il était, divinement parfait dans le chemin de l’homme. En marchant selon ces commandements, Ses disciples demeureraient dans la communion de Son amour.

Le Seigneur dit ces choses à Ses disciples afin que Sa joie[59] demeurât en eux et que leur joie fût accomplie. On voit qu’il ne s’agit pas ici du salut d’un pécheur, mais du chemin qu’un disciple doit suivre pour qu’il jouisse pleinement de l’amour de Jésus, et que son cœur soit sans nuage là où la joie se trouve. Il n’est pas dit non plus si, étant vraiment croyant, on peut être séparé de Dieu, parce que le Seigneur fait de l’obéissance le moyen de demeurer dans Son amour. Certainement Lui ne pouvait pas perdre la faveur de Son Père ou cesser d’être l’objet de Son amour. Il ne pouvait pas être question de cela ; et cependant Jésus dit : « J’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (v. 10). Mais c’était dans le sentier divin qu’Il en avait joui. Il s’agit donc de la marche et de la force d’un disciple, et non pas du moyen d’être sauvé.

Au verset 12, commence une autre partie du sujet. Le Seigneur veut, c’est là Son commandement, que Ses disciples s’entr’aiment, comme Lui les avait aimés : auparavant Il avait parlé de l’amour du Père pour Lui, amour qui découlait du ciel dans Son âme ici-bas[60]. Il avait aimé Ses disciples de cette même manière, mais Il avait aussi été un compagnon, un serviteur, dans cet amour. Ainsi les disciples devaient s’aimer les uns les autres, d’un amour qui se montrerait supérieur aux faiblesses d’autrui, et qui étant en même temps fraternel, rendrait celui qui en était animé, serviteur de son frère. Cet amour devait se manifester jusqu’à donner sa vie pour ses amis : or pour Jésus, celui qui Lui obéissait était Son ami. Remarquez qu’ici Jésus ne dit pas que Lui serait ami des autres : Il a été notre ami quand Il a donné Sa vie pour les pécheurs ; — nous sommes Ses amis, lorsque nous jouissons de Sa confiance, ainsi qu’Il l’exprime ici : « Je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père » (v. 15). On parle de ses affaires à celui que cela regarde, selon la nécessité où l’on peut être de le faire : Je communique mes propres pensées à celui qui est mon ami. « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? » dit l’Éternel ; — aussi Abraham a-t-il été appelé « l’ami de Dieu ». Or Dieu a communiqué à Abraham, non pas ce qui le regardait lui (Il l’avait déjà fait dans diverses révélations, comme Dieu), mais les choses qui concernaient le monde, Sodome. C’est ainsi que Dieu en agit à l’égard de l’Église, et en pratique à l’égard du disciple obéissant ; il est, comme tel, le dépositaire de Ses pensées. Au reste, Il avait choisi les disciples pour cela ; ce n’était pas eux qui L’avaient choisi par un acte de leur propre volonté. Il les avait choisis et établis pour aller et porter du fruit, et un fruit qui demeurerait ; de sorte qu’étant ainsi choisis de Christ pour l’œuvre, ils reçussent du Père, qui dans ce cas ne pouvait leur manquer, tout ce qu’ils demanderaient (v. 16). Le Seigneur en revient ici à la source et à la certitude de la grâce, afin que la responsabilité pratique sous laquelle Il les plaçait moralement, n’obscurcît pas la divine grâce qui agissait à leur égard et les avait placés sous cette responsabilité.

Qu’ils s’aimassent donc les uns les autres[61] ! Que le monde les haït, n’était qu’une suite naturelle de la haine que ce monde avait eue pour Jésus : c’était un sceau de leur association avec Lui. Le monde aime ce qui est du monde : c’est très naturel. — Les disciples n’étaient point du monde ; en outre, le Jésus que ce monde avait rejeté, les avait choisis et séparés du monde ; c’est pourquoi le monde les haïssait, parce que la grâce les avait choisis. « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait » (v. 19). Cette haine que le monde portait aux disciples, avait sa raison morale, savoir qu’ils n’en étaient pas ; mais cela mettait en évidence leur relation avec Jésus, et Ses droits souverains d’après lesquels Il les avait pris à Lui hors d’un monde rebelle. Les disciples auraient la même part que leur Maître, et cela à cause de Son nom, parce que le monde (et ici Jésus parle particulièrement des Juifs, parmi lesquels Il avait travaillé) ne connaissait pas le Père qui L’avait envoyé dans Son amour. S’enorgueillir de Jéhovah comme étant leur Dieu, allait bien à ce pauvre peuple : il aurait reçu le Messie sur ce pied-là. Mais connaître le Père, révélé dans Son vrai caractère par le Fils, était tout autre chose : cependant le Fils avait révélé le Père ; et par Ses paroles et par Ses œuvres, avait manifesté le Père et Ses perfections. Si Christ n’était pas venu leur parler, Dieu n’aurait pas à leur reprocher le péché ; ils subsisteraient encore, quoique misérablement ; leur véritable état n’aurait pas été complètement mis à l’épreuve (quoiqu’il y eût abondance de péché et de transgression en tant qu’hommes et peuple sous la loi), c’est qu’ils ne voulaient pas de Dieu — pas même venu en grâce. Le fruit d’une nature en chute était là, sans doute, mais non la preuve que cette nature préférait le péché à Dieu, lorsque Dieu se trouvait là en miséricorde, n’imputant pas le péché. La grâce était en action envers eux, ne leur imputant pas le péché. La miséricorde les avait considérés comme étant en chute, mais non comme des créatures coupables. Dieu n’agissait pas sur le fondement de la loi, qui impute, ou sur celui du jugement, mais Il présentait la grâce dans la révélation du Père par le Fils. Les paroles et les œuvres du Fils, révélant le Père en grâce, étant rejetées, cela les laissait sans espoir (comp. 16, 9). Autrement leur condition réelle n’aurait pas été manifestée d’une manière aussi complète, Dieu aurait pu encore employer un moyen ; et Il aimait trop Israël pour le condamner, s’il y en avait eu un seul dont Il ne se fût pas servi.

Si même le Seigneur n’avait pas fait au milieu d’eux les œuvres que nul autre n’eût jamais faites, ils auraient pu rester tranquilles, refuser de croire en Lui, et ne pas être coupables aux yeux de Dieu : ils auraient été encore l’objet de la longue patience de l’Éternel. Mais de fait, ils avaient vu et haï le Fils et le Père (v. 22-24). Le Père avait été pleinement manifesté dans le Fils — en Jésus, et si, lorsque Dieu était pleinement manifesté, et cela en grâce, l’homme Le rejetait, que pouvait-il être fait, sinon de le laisser dans le péché, loin de Dieu ? Si le Père n’avait été que partiellement manifesté, il restait encore une excuse ; les Juifs auraient pu dire : Ah ! s’Il avait montré de la grâce, et si nous L’avions connu comme Il est, nous ne L’aurions pas rejeté ! Maintenant ils ne pouvaient plus dire cela, ils avaient vu le Père et le Fils en Jésus. Hélas ! ils les avaient vus et haïs[62]. Or cela ne faisait qu’accomplir ce qui avait été prédit à leur égard dans leur loi : pour ce qui regardait le témoignage envers Dieu par le peuple et un Messie reçu de lui comme accomplissement des promesses, tout était fini : « Ils m’ont haï sans cause ! »

Maintenant (v. 26 et suiv.), le Seigneur commence à parler de l’Esprit qui devait venir pour maintenir Sa gloire que le peuple avait jetée à terre. Les Juifs n’avaient pas connu le Père manifesté dans le Fils : le Saint Esprit viendrait du Père pour rendre témoignage au Fils ; le Fils L’enverrait de la part du Père. Au chapitre 14, le Père L’envoie au nom de Jésus, pour la relation personnelle des disciples avec Jésus. Ici, Jésus, monté dans les lieux célestes, L’enverra comme témoin de Sa gloire suprême, de Sa position céleste. C’était le nouveau témoignage ; il devait être rendu à Jésus, Fils de Dieu, tel qu’Il est dans le ciel. Les disciples aussi rendaient témoignage de Lui, parce qu’ils avaient été avec Lui dès le commencement. Ils devaient être pour Jésus — avec le secours du Saint Esprit — les témoins oculaires de Sa vie ici-bas, de la manifestation du Père en Lui ; le Saint Esprit Lui-même, envoyé par Christ, serait le témoin de Sa gloire auprès du Père duquel Il venait.

Ainsi ces discours nous ont montré en Jésus le vrai cep, dans les disciples les sarments déjà nettoyés, Christ étant là, présent sur la terre ; puis, après Son départ, Ses disciples devaient maintenir cette relation pratique sur la terre ; ils seraient en relation avec Lui monté en haut, comme Lui ici-bas avait été avec le Père : ils devaient alors être entre eux comme Il avait été avec eux. Leur position était en dehors du monde. Or les Juifs avaient haï le Fils et le Père : le Saint Esprit rendrait témoignage au Fils auprès du Père et dans le Père ; — les disciples en feraient de même à l’égard de ce qu’Il avait été ici-bas. Le Saint Esprit, et, dans un certain sens, les disciples, remplacent Jésus aussi bien que l’ancien cep, sur la terre. Dans ce qui suit, la présence et le témoignage du Saint Esprit sur la terre sont développés.

Il est bon de remarquer la correspondance qui existe entre les sujets des passages que nous examinons. Au chapitre 14, nous avons la personne du Fils révélant le Père, et le Saint Esprit enseignant aux disciples la présence du Fils dans le Père, et eux-mêmes en Jésus en haut. C’était la condition personnelle, à la fois de Christ et des disciples, et tout cela est lié ensemble ; seulement, en premier lieu, le Père, le Fils étant ici-bas, et ensuite, le Saint Esprit envoyé par le Père. Dans les chapitres 15 et 16, nous avons les diverses dispensations : Christ, le vrai cep sur la terre, et ensuite le Consolateur envoyé ici-bas par le Christ exalté. Au chapitre 14, Christ prie le Père, qui envoie l’Esprit au nom de Christ. Au chapitre 15, Christ exalté envoie de la part du Père l’Esprit, témoin de Son exaltation, comme les disciples, conduits par l’Esprit, l’étaient de Sa vie d’humiliation sur la terre, mais comme Fils.

Cependant, bien qu’en reproduisant les mêmes vérités, il y a un développement dans l’enseignement du Seigneur. Au chapitre 14, tout en quittant la terre, Jésus parle en rapport avec ce qu’Il était sur la terre. C’est le Père (non Christ Lui-même) qui envoie le Saint Esprit sur Sa demande. Lui va pour Ses disciples, de la terre au ciel, comme médiateur. Il prie le Père, et le Père leur donnera un autre Consolateur pour demeurer avec eux, et ne pas les quitter comme Lui. Leurs relations avec le Père dépendront de ce Consolateur ; ce sera à eux, comme croyant en Lui, Jésus, que l’Esprit sera envoyé, et non au monde, ni sur des Juifs comme tels ; Il sera envoyé « en son nom ». Ensuite, le Saint Esprit les enseignera Lui-même, et Il leur rappellera les commandements de Jésus, tout ce qu’Il leur avait dit ; car le chapitre 14 donne l’ensemble de la position qui résultait de la manifestation[63] du Fils et de celle du Père en Lui, et du départ du Seigneur, c’est-à-dire le résultat de ce départ à l’égard des disciples. Or au chapitre 15, le Seigneur avait épuisé le sujet des commandements en rapport avec la vie manifestée en Lui ici-bas ; et, à la fin du chapitre, Il se considère comme monté en haut, et Il ajoute : « Mais quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père… » (v. 26). Le Consolateur vient bien du Père, car notre relation est, et doit être directe avec Lui ; — c’est dans cette relation que Jésus nous a placés. Mais ici, ce n’est pas le Père qui envoie le Consolateur sur la demande de Jésus et en Son nom. Jésus a pris Sa place dans la gloire, comme Fils de l’homme, et selon les fruits glorieux de Son œuvre, et Il envoie le Consolateur en rapport avec cette position. Par conséquent, l’Esprit descendu d’en haut rend témoignage à ce que Jésus est en haut, dans le ciel. Sans doute, Il nous fait sentir ce que Jésus était ici-bas, où en grâce infinie Il a manifesté le Père, Il nous le fait sentir bien davantage qu’à ceux qui étaient avec Jésus pendant Son séjour sur la terre. Mais ceci se trouve dans le chapitre 14. Toutefois le Saint Esprit est envoyé par Jésus d’en haut, et Il nous révèle le Fils, que nous connaissons maintenant, comme ayant parfaitement, et divinement (comme homme toutefois, et au milieu des hommes pécheurs) manifesté le Père. Nous connaissons, dis-je, le Fils, comme étant auprès du Père et dans le Père. C’est Lui qui, de là, nous a envoyé le Saint Esprit.

Chapitre 16. — Dans ce chapitre, la révélation de cette grâce fait un pas de plus : le Saint Esprit est considéré comme déjà ici-bas. Le Seigneur déclare qu’Il a exposé toute Sa doctrine relative à Son départ ; aux souffrances de Ses disciples dans le monde, comme y occupant Sa place ; — à ce qui concernait leur joie comme étant dans la même relation avec Lui que celle dans laquelle Il avait été ici-bas avec Son Père ; — à leur connaissance du fait qu’Il était dans le Père et eux en Lui et Lui-même en eux ; — enfin à ce qui se rapportait au don du Saint Esprit, afin de les préparer pour tout ce qui arriverait quand Il serait loin, de sorte qu’ils ne fussent pas scandalisés. Car ils seraient chassés des synagogues, et celui qui les tuerait croirait rendre service à Dieu. Tel serait l’état d’aveuglement de ceux qui, restant dans leurs anciennes doctrines comme une forme, et rejetant la lumière, ne se serviraient de la forme de la vérité, par laquelle ils accréditaient la chair comme orthodoxe, que pour résister à la lumière qui, selon l’Esprit, jugerait la chair. Ils le feraient, parce qu’ils ne connaissaient ni le Père, ni Jésus, le Fils du Père. C’est une vérité nouvelle qui éprouve l’âme et la foi. La vérité ancienne, généralement reçue et par laquelle une congrégation de gens se distingue de ceux qui les entourent, peut être un sujet d’orgueil pour la chair, même là où la vérité se trouve, comme c’était le cas des Juifs. Mais la vérité nouvelle est dans sa source une question de foi ; il n’y a pas là l’appui d’une congrégation pour l’accréditer, mais la croix, l’hostilité et l’isolement. Ils pensaient rendre service à Dieu. Ils ne connaissaient ni le Père, ni le Fils.

La nature s’occupe de ce qu’elle perd ; la foi regarde vers l’avenir où (précieuse pensée !) Dieu nous conduit. La nature agissait dans les disciples. Ils aimaient Jésus, ils souffraient de Son départ, et cela se comprend ; mais la foi ne se serait pas arrêtée là. Si les disciples avaient saisi la gloire nécessaire de la personne de Jésus, qui ne pouvait jamais venir à manquer, si leur affection, animée par la foi, s’était occupée de Lui et non d’eux-mêmes, ils auraient demandé : « Où vas-tu ? ». Cependant Lui, qui pensait à eux, les assure que ce leur serait un gain même de Le perdre : glorieux fruits des voies de Dieu ! Leur gain consisterait en ceci, que le Consolateur serait ici-bas avec eux et en eux.

Ici, remarquez-le, Jésus ne parle pas du Père. Il s’agit du Consolateur ici-bas qui demeurerait avec les disciples à la place de Jésus, pour maintenir le témoignage de Son amour envers les disciples et Ses relations avec eux. Jésus s’en allait, car s’Il ne s’en allait pas, le Consolateur ne viendrait pas ; mais s’Il s’en va, Il L’enverra. Quand le Consolateur sera venu, Il agira par la démonstration de la vérité concernant le monde, qui avait rejeté Christ et qui persécutait Ses disciples : et Il agira en bénédiction dans les disciples eux-mêmes. À l’égard du monde, le Consolateur n’avait qu’un seul sujet de témoignage pour démontrer le péché du monde : celui-ci n’avait pas cru en Jésus — au Fils. Sans doute, il y avait parmi les hommes du péché de toute espèce, et, à vrai dire, rien d’autre que du péché — et ce péché méritait la condamnation ; et par l’œuvre de la conversion, Dieu démontre à l’âme ces péchés. Mais le rejet de Jésus mettait le monde tout entier sous une condamnation commune. Chacun répondra, sans doute, de ses péchés, et le Saint Esprit nous fait sentir nos péchés : mais comme système responsable devant Dieu, le monde avait rejeté le Fils de Dieu ; c’était le fondement sur lequel Dieu agissait envers le monde maintenant ; c’était ce qui manifestait le cœur de l’homme. Ce rejet duquel la présence du Saint Esprit est la preuve, était une démonstration que Dieu étant pleinement manifesté en amour, tel qu’Il était, l’homme ne voulait pas Le recevoir : Dieu était venu ne leur imputant pas leurs péchés, mais l’homme ne voulait pas de Lui. La présence de Jésus n’était pas que le Fils de Dieu Lui-même fût manifesté dans Sa gloire, devant laquelle l’homme peut trembler et craindre, quoiqu’il ne puisse pas y échapper ; mais ce qu’Il était moralement dans Sa nature, dans Son caractère, l’homme le haïssait ! Tout témoignage pour amener l’homme à Dieu était inutile : plus le témoignage était clair, plus on s’en détournait, plus on s’y opposait. La démonstration du péché du monde était donc qu’il avait rejeté Christ : terrible témoignage ! Dieu manifesté en bonté, s’attire la haine, parce qu’Il est parfait, et parfaitement bon. Tel est l’homme ! — Le témoignage du Saint Esprit au monde, comme celui de Dieu à Caïn, avait été : Où est mon Fils ? Ce n’était pas que l’homme était coupable ; mais il était perdu, l’arbre était mauvais[64].

Or ceci amenait Dieu à quelque chose qui était tout autre, à la démonstration de la justice. Christ allait vers Son Père et le monde ne Le verrait plus : c’était le résultat de Son rejet. De justice humaine, il n’y en avait pas ! Le péché de l’homme était démontré dans le rejet du Christ. La croix était, sans doute, le jugement exécuté contre le péché, et dans ce sens-là, justice serait faite. Mais dans ce monde, ce qui avait été vu, c’était le seul juste, condamné par les hommes et abandonné de Dieu : ceci assurément n’était pas la manifestation de la justice ; c’était une séparation finale et judiciaire entre l’homme et Dieu (voyez chap. 11 et 12, 31). Si Jésus eût été délivré lorsqu’Il a été condamné des hommes, et qu’Il fût devenu roi d’Israël, cela n’aurait pas été une conséquence qui répondît au fait qu’Il avait pleinement glorifié Dieu. Mais, ayant glorifié Dieu Son Père, Jésus allait prendre place à Sa droite, à la droite de la Majesté dans les cieux, être Lui-même glorifié en Dieu, s’asseoir sur le trône du Père : Le placer là, c’était la justice divine[65]. Cette même justice privait pour toujours de Jésus le monde tel qu’il est : l’homme ne Le verrait plus. La justice en faveur des hommes se trouvait en Christ, à la droite de Dieu — en jugement quant à ce monde, jugement sans espoir et pour toujours, en ce que celui-ci avait rejeté Christ.

Ensuite Satan avait été démontré prince de ce monde, en le conduisant tout entier contre le Seigneur Jésus. Pour accomplir les desseins de Dieu en grâce, Jésus ne résiste pas ; Il se donne Lui-même jusqu’à la mort. Celui qui a l’empire de la mort s’est compromis jusqu’au bout ; dans son désir de ruiner l’homme, il a dû tout hasarder ; dans son entreprise contre le Prince de la vie, il a pu associer à lui-même pour ce dessein le monde entier, Juif et Gentil, peuple et sacrificateurs, gouverneur, soldats et sujets. Le monde était là, conduit par son prince, à cette journée solennelle. Tout dépendait pour l’Ennemi de l’issue de cette journée ; et le monde était avec lui. Or Jésus est ressuscité, Il est monté vers Son Père, et Il a envoyé le Saint Esprit. Tous les motifs qui gouvernent le monde, et la puissance par laquelle Satan tient les hommes captifs, sont démontrés provenir de lui, Satan ; mais il est jugé. La puissance du Saint Esprit en est le témoignage et surmonte toute la puissance de l’Ennemi. Le monde n’est pas encore jugé, c’est-à-dire, le jugement exécuté : cela aura lieu d’une autre manière ; mais c’est moralement son prince qui est jugé. Tous les motifs de ce monde, religieux et irréligieux, l’ont conduit à rejeter Christ, en se plaçant sous le pouvoir de Satan. C’est sous ce caractère que Satan a été jugé, car il a conduit le monde contre Celui qui est démontré être le Fils de Dieu, par la présence du Saint Esprit.

Tout ceci avait lieu par la présence sur la terre du Saint Esprit envoyé par Jésus : Sa présence même était la démonstration de ces trois choses, signalées dans les versets 8-11 : car si le Saint Esprit était ici-bas, c’était parce que le monde avait rejeté le Fils de Dieu. La justice était attestée par la présence de Jésus à la droite de Dieu — ce dont la venue du Saint Esprit était la preuve — ainsi que dans le fait que le monde ne devait plus Le voir. Or le monde qui avait rejeté Jésus n’était pas jugé ouvertement, mais Satan ayant amené ce monde à rejeter le Fils, la présence du Saint Esprit témoignait que Jésus avait brisé l’empire de la mort ; que celui qui avait cet empire était ainsi jugé ; qu’il s’était montré ennemi de Celui que le Père avait reconnu, que sa puissance était annulée, et que la victoire était au second Adam, après que toute la puissance de Satan avait été employée contre la faiblesse humaine de Celui qui s’y soumettait en amour. Mais Satan, ainsi jugé, était le prince de ce monde.

La présence du Saint Esprit serait donc la démonstration, non des droits de Christ comme Messie, tout réels qu’ils fussent, mais de ces vérités à l’égard de l’homme et du monde dans lequel Israël, ayant rejeté les promesses, était maintenant perdu, bien que Dieu conservât la nation pour Lui-même. Mais le Saint Esprit devait faire encore autre chose que démontrer au monde l’état dans lequel celui-ci se trouvait ; Il accomplirait une œuvre dans les disciples. Il les conduirait dans toute la vérité et Il leur annoncerait les choses qui vont arriver ; car Jésus avait bien des choses à leur dire qu’ils n’étaient pas encore capables de supporter. Quand le Saint Esprit serait en eux, Il serait leur force, aussi bien que leur instructeur ; et ce serait pour eux un état de choses entièrement différent. Ici, l’Esprit est envisagé comme présent sur la terre, à la place de Jésus, et demeurant dans les disciples. Ce n’est pas un esprit particulier qui parle de son propre fonds ; mais ainsi que Jésus avait dit : « Je juge selon ce que j’entends » (chap. 5, 30), jugement parfaitement céleste et divin ; de même l’Esprit agissant dans les disciples dirait ce qui venait d’en haut et parlerait de l’avenir selon la connaissance divine ; — le ciel et l’avenir seraient les sujets de Son témoignage, communiquant d’en haut ce qu’Il aurait entendu, et révélant les événements à venir sur la terre ; et ces sujets montraient que la connaissance qui s’y déployait était une connaissance qui appartient à Dieu. Quelle bénédiction de posséder ce qu’Il a à nous donner !

Mais en outre, l’Esprit prend ici-bas la place de Christ. Jésus avait glorifié le Père sur la terre ; le Saint Esprit glorifierait Jésus sous le rapport de la gloire qui appartient à Sa personne et à Sa position. Le Seigneur ne parle pas ici directement de la gloire du Père. Les disciples avaient vu la gloire de la vie de Jésus sur la terre ; le Saint Esprit leur dévoilerait Sa gloire dans ce qui Lui appartient comme glorifié auprès du Père — ce qui Lui appartenait. Les disciples apprendraient cette gloire partiellement — c’est la mesure de l’homme quand il s’agit des choses de Dieu — mais l’étendue de ce qui appartenait à Jésus leur est déclaré par le Sauveur Lui-même : « Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera » (v. 14-15).

Ainsi, le don du Saint Esprit nous est présenté de plusieurs manières, en relation avec le départ de Jésus et la gloire dans laquelle Il entrait. Dans la dépendance de Son Père, et représentant Ses disciples comme monté en haut du milieu d’eux, Jésus s’adresse en leur faveur au Père, et Lui demande de leur envoyer cet autre Consolateur, l’Esprit de vérité (chap. 14, 16). — Ensuite, nous trouvons que le nom de Jésus a toute efficace : toute bénédiction est accordée en Son nom de la part du Père. C’est à cause de Lui et selon l’efficace de Son nom, de tout ce qui en Lui est agréable au Père, que toute grâce nous est donnée d’en haut. Aussi le Père enverra le Saint Esprit au nom de Jésus (14, 26). — Puis, glorifié dans les lieux célestes et ayant pris Sa place auprès de Son Père, Jésus envoie Lui-même le Saint Esprit de la part du Père comme procédant de Lui (15, 26). — Enfin, le Saint Esprit est présent ici-bas, dans ce monde (c’est-à-dire au milieu des disciples), et Il glorifie Jésus, en prenant de ce qui est à Lui et en l’annonçant aux siens (v. 13-15). Ici, toute la gloire de la personne de Christ est mise en évidence, aussi bien que les droits qui appartiennent à la position qu’Il a prise. « Tout ce qu’a le Père » est à Lui : Il a pris Sa position selon les conseils éternels de Dieu, en vertu de Son œuvre comme Fils de l’homme ; mais s’Il est entré en possession, dans ce caractère, tout ce qu’Il possède dans cette position est à Lui comme Fils, à qui, étant un avec le Père, appartient tout ce que le Père possède. Il sera caché pour un temps ; ensuite les disciples Le verront (v. 16 et suiv.) ; car Son absence loin d’eux n’est que l’accomplissement des voies de Dieu : il n’était pas question d’être, pour ainsi dire, perdu par la mort ; Il va vers Son Père. Mais de ce fait, les disciples ne comprenaient rien. Le Seigneur développe le fait et ses conséquences, sans leur indiquer encore toute la portée de ce qu’Il disait : Il l’envisage du côté historique et humain. Le monde se réjouira de s’être débarrassé de Lui. Triste joie ! Les disciples se lamenteront de Son absence, quoiqu’elle fût une vraie source de joie pour eux, mais leur tristesse sera changée en joie. Comme témoignage, ceci a eu lieu quand Jésus s’est montré à Ses disciples après Sa résurrection ; mais cette promesse de les revoir sera pleinement accomplie, quand Il reviendra pour les recevoir auprès de Lui. Mais quand ils L’auront revu, Ses disciples comprendront la relation dans laquelle Il les a placés avec Son Père ; ils jouiront de cette relation, déjà sur la terre, par le Saint Esprit. Leur état ne sera plus celui dans lequel ils se trouvaient dans ce moment-là, savoir de ne pouvoir s’approcher eux-mêmes du Père, tandis que Christ le pouvait (comme Marthe l’exprimait : « Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera »). Ils pourront eux-mêmes aller directement au Père, qui les aimait, parce qu’ils croyaient en Jésus, et L’avaient reçu lorsqu’Il a été humilié dans ce monde de péché (et en principe il en est toujours ainsi) ; — et demandant ce qu’ils voudront en Son nom, ils le recevront, de sorte que leur joie sera accomplie dans la conscience de la position toute bénie dans laquelle ils se trouvaient et de la valeur de tout ce qu’ils possédaient en Christ.

Cependant déjà, le Seigneur déclare à Ses disciples le fond de la vérité à cet égard ; Il venait d’auprès du Père, Il s’en allait vers le Père (v. 28). Les disciples pensent saisir ce qu’Il dit ici sans énigme : « Voici, maintenant tu parles ouvertement, et tu ne dis aucune similitude ». Ils sentent que le Seigneur a connu leur pensée, car ils ne Lui en avaient rien dit ; toutefois ils ne s’élèvent pas réellement à la hauteur de ce qu’Il vient de leur dire. Il leur avait dit qu’ils avaient cru qu’Il était venu de Dieu ; cela ils le comprenaient — ce qui s’était passé les avait confirmés dans cette foi — et ils déclarent leur conviction à cet égard ; mais ils n’entrent pas dans la pensée : être venu d’auprès du Père et s’en aller vers le Père. Ils croyaient être au clair à l’égard de ce que Jésus leur disait, mais il n’y avait rien dans ce qu’ils avaient compris qui les mît au-dessus de l’effet du rejet de Jésus sur leur foi et leur conduite : ce qu’aurait fait au contraire la pensée qu’Il était venu d’auprès du Père et qu’Il retournait au Père. Jésus leur annonce donc que Sa mort les dispersera, et qu’ils L’abandonneront ; mais que Son Père sera avec Lui, et qu’Il ne sera pas seul. Du reste, Il leur avait expliqué toutes ces choses, afin qu’ils eussent la paix en Lui : dans le monde, qui Le rejetait, ils auraient de la tribulation, mais Jésus avait vaincu le monde : — ils pouvaient avoir bon courage.

Ceci termine les entretiens de Jésus avec Ses disciples sur la terre. Dans le chapitre suivant, Il s’adresse à Son Père, comme à Celui qui devait prendre Sa place à l’égard de Ses disciples (c’est-à-dire, de ceux qui Lui appartenaient), lorsque Lui, Jésus, s’en irait, en donnant en même temps à Ses disciples leur position à l’égard du Père et à l’égard du monde, à la suite de Son propre départ pour être glorifié auprès du Père. Tout ce chapitre place essentiellement les disciples dans la même position que Christ, après en avoir posé le fondement dans Sa glorification et Son œuvre. Sauf les derniers versets, c’est Sa position sur la terre. Ainsi qu’Il était divinement dans les cieux, et qu’Il manifestait sur la terre un caractère céleste et divin, ainsi (Lui étant glorifié comme homme dans les cieux) ils devaient, à leur tour, unis avec Lui, montrer le même caractère. Jusqu’ici, nous avons, en premier lieu, la place qu’Il a occupée personnellement, et l’œuvre qui engageait les disciples à s’y trouver.

Chapitre 17. — Ce chapitre se divise ainsi : les versets 1-5 se rapportent à Christ Lui-même, à Sa position en gloire, à Son œuvre, et à cette gloire, comme appartenant à Sa personne, et étant le résultat de Son œuvre. Les versets 1-3 présentent Sa nouvelle position sous deux points de vue : « Glorifie ton Fils » — autorité sur toute chair, pour la vie éternelle à ceux qui Lui ont été donnés ; les versets 4 et 5 présentent Son œuvre et Ses résultats. Les versets 6-13 nous donnent la relation de Ses disciples avec le Père duquel Il leur avait révélé le nom, leur donnant les paroles qu’Il avait Lui-même reçues du Père, afin qu’ils pussent jouir de la pleine bénédiction résultant de cette relation ; Jésus aussi prie pour eux, afin qu’ils soient un, comme Lui et le Père sont un. Aux versets 14-21 est présentée leur relation avec le monde, en vertu de ce que la parole du Père leur avait été confiée ; dans les versets 20-21, Jésus introduit dans la jouissance des bénédictions que Ses propres disciples posséderaient, ceux qui croiraient par leur moyen. Les versets 22-26 en révèlent le résultat à venir et le résultat dans ce monde pour eux, savoir : la possession de la gloire que Christ Lui-même avait reçue de la part du Père, le bonheur d’être avec Lui, jouissant de la vue de Sa gloire. L’amour du Père serait avec eux ici-bas, comme Christ Lui-même a été l’objet de cet amour — et Christ Lui-même serait en eux. Seuls les trois derniers versets élèvent les disciples dans les cieux, comme vérité supplémentaire.

Tel est le court résumé de ce merveilleux chapitre où nous sommes admis à entendre, non les discours de Jésus à l’homme, mais les vœux de Son cœur quand Il épanche ce cœur dans celui de Son Père, pour la bénédiction de ceux qui Lui appartiennent. Merveilleuse grâce que celle qui nous admet à entendre ces vœux de Jésus, et à comprendre tous les privilèges qui découlent de Ses soins à notre égard, qui faisons le sujet des entretiens du Fils avec le Père, de leur amour mutuel envers nous, lorsque Christ exprime Ses propres vœux, ce qui Lui tient au cœur, ce qu’Il présente au Père, comme étant Son désir à Lui. Quelques explications peuvent aider à saisir la portée de certains passages dans ce merveilleux et précieux chapitre. Que l’Esprit de Dieu nous y aide !

Le Seigneur, dont les regards d’amour avaient été jusqu’alors dirigés sur Ses disciples sur la terre, lève maintenant Ses yeux au ciel, en s’adressant à Son Père. L’heure était venue de glorifier le Fils, afin que, dans la gloire, Il glorifiât le Père. Telle est, en général, la nouvelle position de toute l’œuvre de Dieu pour Sa gloire. La carrière de Jésus était achevée ici-bas et Il devait monter en haut. Deux choses se rattachaient à cette exaltation, l’autorité sur toute chair, et le don de la vie éternelle à ceux que le Père Lui avait donnés. « Le chef de tout homme, c’est Christ ». Ceux que le Père Lui a donnés reçoivent la vie éternelle de Celui qui est monté en haut. La vie éternelle, c’était la connaissance du Père, seul vrai Dieu, et de Jésus Christ qu’Il avait envoyé (v. 3). La connaissance du Tout-puissant donnait de la sécurité au pèlerin de la foi ; — la connaissance de Jéhovah donnait la certitude de l’accomplissement des promesses de Dieu à Israël ; — la connaissance du Père qui envoyait le Fils Jésus Christ (homme oint et Sauveur), qui était cette vie elle-même, et reçue ainsi comme une chose actuelle (1 Jean 1, 1-4), était la vie éternelle. Ici, la vraie connaissance n’est pas une protection extérieure, ou une espérance future, mais la communication, en vie, de la communion avec l’Être connu ainsi dans l’âme — la communion avec Dieu Lui-même, pleinement connu comme le Père et le Fils. La vérité qui fait le sujet de ce passage, n’est pas la divinité de la personne du Fils — quoiqu’une personne divine pût seule occuper une telle place et parler de cette manière — mais la place que le Fils a prise en accomplissant les conseils de Dieu. Ce qui est dit de Jésus dans ce chapitre ne saurait se dire que de Celui qui est Dieu ; mais ce passage s’occupe de la place de Jésus dans les conseils de Dieu, et non de la révélation de Sa nature. Il reçoit tout de Son Père. Il est envoyé de Lui. Son Père Le glorifie[66]. On peut voir la même vérité de la communication de la vie éternelle, en rapport avec Sa nature divine et Son unité avec le Père, dans 1 Jean 5, 20. Ici, dans le passage qui nous occupe, le Seigneur accomplit la volonté du Père, et dépend de cette volonté dans la position qu’Il a prise, dans celle-là même qu’Il va prendre dans la gloire, quelque glorieuse que soit Sa nature. Au chapitre 5 de notre évangile, Il vivifie qui Il veut ; ici, Il donne la vie à ceux que le Père Lui a donnés ; et cette vie se trouve réalisée dans la connaissance du Père et de Jésus Christ qu’Il a envoyé.

Dans ce qui suit, le Seigneur déclare les conditions sous lesquelles Il prend cette place en haut dans le ciel, place qui se rattache à sa personne, au verset 1. Il avait parfaitement glorifié le Père sur la terre ; rien de ce qui manifestait Dieu le Père n’avait manqué, quelle que fût la difficulté de l’accomplissement de cette tâche. La contradiction des pécheurs en était devenue l’occasion ; mais par ce fait même, la douleur dans l’accomplissement de Son œuvre était infinie pour Jésus : toutefois Il avait accompli Sa tâche de manifester la gloire de Dieu sur la terre, en face de tout ce qui s’y opposait. Sa gloire avec le Père dans les cieux n’était que la juste conséquence, conséquence même nécessaire en justice, d’avoir glorifié Dieu ici-bas. Au reste, Jésus avait eu cette gloire avec Son Père, avant que le monde fût ; Son œuvre et Sa personne Lui en donnaient le droit. Le Père glorifié sur la terre par le Fils, le Fils glorifié avec le Père en haut dans le ciel : telle est la révélation contenue dans ces versets. Or la participation à cette gloire était un droit qui découlait de la personne de Jésus comme Fils ; mais la participation à une gloire dans laquelle Il entrait comme homme, à la suite de ce qu’Il avait, comme tel, parfaitement glorifié Son Père sur la terre.

Ce sont là les versets qui concernent le Christ ; en outre, cela démontre la relation dans laquelle Il entre dans cette position nouvelle comme homme : Son Fils — et l’œuvre par laquelle Il accomplit cela en justice, nous donnant ainsi un droit et le caractère dans lequel nous y avons place. Maintenant (v. 6 et suiv.), Jésus parle des disciples — comment ils entraient dans leur position à eux, en rapport avec cette position de Jésus, dans cette relation avec Son Père. Il avait manifesté le nom du Père à ceux que le Père Lui avait donnés du monde : ils appartenaient au Père, et le Père les avait donnés à Jésus. Ils avaient gardé la parole du Père : c’était la foi dans la révélation que le Fils avait faite du Père. Les paroles des prophètes étaient vraies ; les fidèles en jouissaient, elles soutenaient leur foi ; mais la parole du Père par Jésus révélait le Père Lui-même dans Celui qu’Il avait envoyé, et plaçait celui qui les recevait dans la position de l’amour, qui était celle de Christ ; et connaître le Père et le Fils, c’était la vie éternelle. C’était donc tout autre chose que les espérances relatives au Messie, ou à ce que l’Éternel leur avait donné. De même aussi les disciples sont présentés au Père ; non comme recevant Christ sous le caractère de Messie, et L’honorant comme possédant la puissance attachée à ce titre : ils avaient connu que tout ce que Jésus avait, venait du Père (v. 7). Jésus était donc pour eux le Fils ; Sa relation avec le Père était reconnue et, tout stupides qu’ils fussent, le Seigneur les reconnaît d’après Son appréciation de leur foi, d’après l’objet de cette foi, comme connue de Lui-même et non d’après leur intelligence. Précieuse vérité (comp. 14, 7) !

Les disciples reconnaissaient donc Jésus recevant tout du Père, et non comme le Messie, venant de Jéhovah ; car toutes les paroles que le Père avait données à Jésus, Jésus les leur avait données (v. 8). Ainsi Jésus avait amené les disciples quant à leurs propres âmes (dans la conscience des relations qui existaient entre le Fils et le Père), en pleine communion, selon les communications du Père au Fils, avec la position qu’Il avait eue Lui-même pendant Son séjour sur la terre, par le moyen de ces communications qui Lui étaient faites en vertu de Sa position de Fils ici-bas. Il parle de leur position par la foi — non de leur réalisation de cette position. Ainsi les disciples avaient reconnu que Jésus était sorti d’auprès du Père, et qu’Il venait avec l’autorité du Père. Le Père L’avait envoyé ; Il venait de ce lieu-là, et Il en venait muni de l’autorité d’une mission de la part du Père. Telle est la position des disciples par la foi.

Maintenant, étant déjà dans cette position, les disciples sont placés par Jésus, selon Ses pensées et Ses désirs, devant le Père, en prière. Il prie pour eux, en les distinguant complètement du monde (v. 9 et suiv.). Le temps viendrait où Il présenterait au Père Ses demandes à l’égard du monde, selon le psaume 2 ; Il ne faisait pas cela maintenant, mais Il priait pour ceux que, hors du monde, le Père Lui avait donnés, car ils étaient au Père. Car tout ce qui est du Père est en opposition avec le monde (comp. 1 Jean 2, 16). Le Seigneur présente au Père deux motifs de Sa requête : 1° « Ils sont à toi » — les disciples étaient au Père, de sorte que le Père, pour Sa propre gloire, et à cause de Son affection pour ce qui Lui appartenait, devait les garder ; 2° « Je suis glorifié en eux » — en sorte que, si Jésus était l’objet de l’affection du Père, pour cette raison aussi le Père devait les garder. Au reste, les intérêts du Père et du Fils ne pouvaient être séparés ; si les disciples étaient au Père, ils étaient par ce fait au Fils, et ceci n’était qu’un exemple de cette vérité universelle, que tout ce qui est au Fils est au Père, et que tout ce qui est au Père est au Fils (v. 10). Quelle position pour nous que celle d’être les objets de cette affection mutuelle, de ces intérêts communs et inséparables du Père et du Fils !

C’est le grand principe, le grand fondement de la prière de Jésus. Il priait le Père pour Ses disciples, parce qu’ils appartenaient au Père. Jésus ne pouvait donc que chercher leur bénédiction. Le Père s’intéresserait parfaitement aux disciples, car en eux le Fils devait être glorifié. Maintenant (v. 11 et suiv.), Jésus présente les circonstances auxquelles Sa prière s’appliquait. Il n’était plus Lui-même dans ce monde ; Ses disciples seraient privés de Ses soins personnels, comme présent avec eux ; or eux seraient dans ce monde, tandis que Lui s’en allait au Père. C’est la base de la demande de Jésus quant à la position des disciples. Il les met en relation avec le Père saint, avec toute la perfection de l’amour d’un tel Père, le Père de Jésus et leur Père, en maintenant (et c’était leur bénédiction) la sainteté que Sa nature exigeait, s’ils devaient être en relation avec Lui. C’étaient les soins directs du Père. Le Père garderait en Son propre nom ceux qu’Il avait donnés à Jésus. Les rapports étaient ainsi directs. Jésus remettait les disciples au Père, et les Lui remettait, non seulement comme appartenant au Père, mais maintenant comme étant siens, revêtus de toute la valeur que ce fait leur donnait aux yeux du Père.

L’objet de Sa sollicitude était de garder les disciples dans l’unité, comme le Père et le Fils sont un : un seul Esprit divin était le lien de cette unité ; dans ce sens, le lien était vraiment divin. En tant que remplis du Saint Esprit, ils n’avaient qu’une pensée, une vie, un but. C’est l’unité dont il est parlé ici. Le Père et le Fils étaient leur seul objet ; l’accomplissement de leurs conseils et de leurs desseins, leur seule occupation. Ils n’avaient que les pensées de Dieu, parce que Dieu Lui-même, le Saint Esprit, était la source de ces pensées. Une seule puissance et une seule nature divines — le Saint Esprit — les unissaient. Les pensées, le but, la vie, l’existence morale tout entière étaient une en conséquence. Les paroles du Seigneur sont nécessairement à la hauteur de Ses propres pensées quand Il exprime Ses désirs pour les siens. Lorsqu’il s’agit de réalisation, il faut penser à l’homme, mais aussi à une force qui s’accomplit dans l’infirmité. — La somme des désirs du Seigneur, c’est que les siens fussent, en pratique, saints sous les soins du Père : un, non par un effort, ou un accord mutuel, mais un selon la puissance divine. Lui-même étant ici-bas, les avait gardés selon le nom du Père, fidèle à accomplir tout ce que le Père Lui avait confié, et à ne perdre aucun de ceux qui étaient à Lui. Quant au sort de Judas, il n’était que l’accomplissement de la Parole. Désormais ces soins d’un Jésus présent dans le monde ne pouvaient plus avoir lieu ; mais Jésus disait ces choses, étant encore ici-bas, les disciples les entendant, afin qu’ils comprissent qu’ils étaient placés vis-à-vis du Père dans la même position dans laquelle Christ avait été, et qu’ils eussent ainsi accomplie en eux, dans cette même relation, la joie que Jésus avait ressentie. Quelle grâce indicible ! Ils avaient perdu Jésus visiblement, pour se trouver (par Lui et en Lui) dans Sa propre relation avec le Père, jouissant de tout ce dont Il jouissait dans cette communion ici-bas, comme étant dans leur propre relation avec le Père, et ainsi dans la place que Jésus avait eue. C’est pourquoi Il leur avait communiqué toutes les paroles que le Père Lui avait données, les communications de l’amour du Père à Lui-même, quand Il marchait ici-bas comme Fils ; et dans le propre nom du Père saint, par lequel le Fils Lui-même s’adressait à Lui de la terre, le Père devait garder ceux que le Fils y avait laissés : ainsi ils auraient Sa joie accomplie en eux.

Telle était la relation des disciples avec le Père, Jésus étant absent : maintenant (v. 14 et suiv.), le Seigneur en vient à leur relation avec le monde à la suite de celle-là. Il leur avait donné la parole de Son Père (non pas les paroles) pour les placer en communion avec Lui ; Il leur avait donné Sa parole, témoignage de ce qu’Il était ; — et le monde les avait haïs, comme il a haï Jésus (témoin vivant et personnel du Père), et haï le Père Lui-même. Étant ainsi en relation avec le Père, qui les avait pris d’entre les hommes du monde, et ayant reçu la parole du Père (et par cette connaissance la vie éternelle dans le Fils), les disciples n’étaient pas du monde, comme Jésus n’en était pas. C’est pourquoi le monde les haïssait. Cependant le Seigneur ne prie pas qu’ils soient ôtés du monde, mais que le Père les garde du mal ; Il entre dans les détails de Ses vœux à cet égard, fondant ces vœux sur ce que les disciples n’étaient pas du monde. Il répète cette pensée comme devant servir de base à leur position ici-bas : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (v. 16). Que devaient-ils donc être ? D’après quelle règle, sur quel modèle devaient-ils être formés ?… Par la vérité ! — et la parole du Père est la vérité. Christ a été toujours la Parole, mais la Parole vivante chez les hommes. Nous possédons cette Parole par écrit et stable dans les Écritures comme le Saint Esprit la fait connaître. Les Écritures révèlent Christ et Lui rendent témoignage. C’était ainsi que les disciples devaient être mis à part : « Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité » (v. 17). Voilà ce qu’ils devaient être personnellement : formés par la Parole du Père, tel qu’Il a été révélé en Jésus.

Vient ensuite la mission des disciples. Jésus les envoie dans le monde, comme le Père L’avait envoyé Lui dans le monde : — dans le monde, nullement du monde. Ils sont envoyés de la part de Christ dans le monde : s’ils avaient été du monde, ils n’auraient pu être envoyés dans le monde. Mais Jésus ne parle pas seulement ici, comme Il l’avait fait depuis le verset 14, de la Parole du Père qui était la vérité, ni de la communication de cette Parole par Jésus présent avec Ses disciples, disant : « Je leur ai donné ta parole ». Il y avait plus : Jésus se sanctifiait Lui-même, Il se mettait à part, comme homme céleste, au-dessus des cieux, homme glorifié, dans la gloire, pour que toute la vérité resplendît en Lui, dans Sa personne. Ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, tout ce que le Père est, est ainsi manifesté en Lui ; témoignage de justice divine, d’amour divin, de puissance divine, renversant absolument le mensonge de Satan, par lequel l’homme avait été trompé et ce qui est faux introduit dans le monde ; modèle parfait de ce qu’était l’homme, d’après les desseins de Dieu ; et comme expression de Sa puissance, moralement et dans la gloire — l’image du Dieu invisible, et, dans la gloire, le Fils. Jésus s’est mis à part, dans cette position, afin que les disciples fussent sanctifiés par la communication faite à eux de ce qu’Il était ; car cette communication était la vérité, et les créait à l’image de ce qu’elle révélait. Ainsi la vérité par laquelle les disciples devaient être sanctifiés, était la gloire du Père, révélée par Christ ici-bas, et la gloire dans laquelle Celui-ci était monté comme homme : car Son état dans le ciel est le résultat complet, la pleine manifestation dans la gloire, de la manière dont Il s’est mis à part pour Dieu, mais en faveur des siens. Ainsi, il n’y a pas ici seulement la formation et la conduite des pensées par la Parole, nous mettant moralement à part pour Dieu, mais ces affections précieuses découlent de notre possession de cette vérité dans la personne de Christ, nos cœurs étant liés avec Lui par la grâce. Ici se termine la seconde partie de ce qui concerne les disciples en communion et en témoignage.

Au verset 20, Jésus déclare qu’Il prie aussi pour ceux qui croiraient en Lui, par le moyen de ceux auxquels Il avait tout premièrement confié le témoignage. Le caractère de l’unité dont le Seigneur parle ici, est un peu différent de celui du verset 11. Là en parlant des disciples, Il dit : « Afin qu’ils soient un comme nous » ; car l’unité du Père et du Fils se montrait dans une unité de propos arrêté, d’objet, d’amour, d’œuvre, de tout en un mot. — Ainsi les disciples devaient avoir ce genre d’unité. Maintenant, ceux qui croyaient, en tant que recevant ce qui était communiqué et y prenant part, trouvaient leur unité dans la puissance de la bénédiction dans laquelle ils étaient amenés. Par l’Esprit, dans lequel ils étaient nécessairement unis, ils avaient une place de communion avec le Père et le Fils. C’était la communion du Père et du Fils[67] ; ainsi le Sauveur demande que tous les siens soient un en eux (le Père et le Fils). C’était le moyen de convaincre le monde que le Père avait envoyé le Fils ; car ici ceux qui y avaient cru, quelque opposés que fussent leurs intérêts, leurs habitudes, quelques forts que fussent leurs préjugés, étaient cependant un dans le Père et dans le Fils par cette puissante révélation et par cette œuvre.

Ici se termine la prière du Sauveur, mais non pas tout Son entretien avec son Père. Il nous donne (et ici les témoins et les croyants sont confondus) la gloire que le Père Lui a donnée : c’est la base d’un autre et troisième[68] genre d’unité. Tous partageront, il est vrai, dans la gloire cette unité absolue de pensée, d’objet, de propos arrêté, qui se trouve dans l’unité du Père et du Fils. La perfection étant arrivée, ce que le Saint Esprit avait produit spirituellement, dans Son énergie absorbante qui excluait toute autre source de pensée et d’action, était naturel à tous dans la gloire. Mais la raison d’être de cette unité dans la gloire fait qu’un autre caractère s’ajoute à cette unité, celui de manifestation, ou du moins d’une source intérieure qui réalise sa manifestation dans les fidèles glorifiés. « Moi en eux, et toi en moi », dit Jésus (v. 22). Ce n’est pas la simple unité parfaite du verset 11, ni la mutualité et la communion du verset 21 ; c’est Christ en tous ceux qui auront cru, et le Père en Christ, une unité en manifestation dans la gloire, non pas simplement en communion — unité dans laquelle tout est parfaitement lié à sa source ; et Christ, le seul que ceux qui ont cru devaient manifester, est en eux ; et le Père, que Christ manifestait parfaitement, est en Christ. Alors le monde (car ceci aura lieu dans la gloire millénaire qui sera manifestée au monde), le monde saura[69] que Jésus avait été envoyé du Père — comment le nier, quand Jésus sera vu en gloire ? — et de plus, que les disciples avaient été aimés du Père, comme Jésus Lui-même avait été aimé. Le fait qu’ils possèdent la même gloire que Lui, en est bien la preuve !

Mais il y avait plus encore. Il y a ce que le monde ne verra pas, parce qu’il ne sera pas là où on peut le voir : « Père, je veux quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi » (v. 24). Nous voilà, non seulement comme Christ, portant l’image de l’homme céleste, conformes au Fils, devant les yeux du monde, mais avec Lui, là où Il est. Jésus désire que nous voyions Sa gloire[70] après avoir partagé Sa honte. C’est une consolation et un encouragement pour nous, mais bien plus encore, en ce que nous voyons que Celui qui a été déshonoré comme homme, et parce qu’Il s’est fait homme pour l’amour de nous, sera par là même glorifié d’une gloire au-dessus de toute autre gloire, sauf de la gloire de Celui qui a assujetti toutes choses sous Ses pieds ; car Jésus parle ici de la gloire donnée. C’est ce qui est si précieux pour nous, parce que Jésus a acquis cette gloire par Ses souffrances pour nous, et cependant c’est ce qui Lui était parfaitement dû — juste récompense pour avoir parfaitement glorifié le Père par ce moyen. Or ceci est une joie qui nous est propre, la portion exclusive de ceux qui ont suivi Christ, une joie qui est entièrement en dehors du monde. Le monde verra la gloire que nous avons en commun avec Christ, et saura que nous avons été aimés comme Il a été aimé ; mais il y a pour ceux qui L’aiment, un secret qui tient à Sa personne et à leur union avec Lui. Le Père L’a aimé avant que le monde fût, amour qui ne souffre pas de comparaison, mais qui est infini, parfait, et ainsi satisfaisant en soi : nous partagerons cela dans ce sens que nous verrons notre Bien-aimé là, que nous serons avec Lui, et que nous contemplerons la gloire que le Père Lui a conférée, selon l’amour qu’Il a eu pour Lui avant que le monde eût une part quelconque aux voies de Dieu. Jusqu’ici nous étions dans le monde ; maintenant dans les cieux, loin de toutes les revendications du monde, ou de ce qu’il peut comprendre (Christ vu dans le résultat de cet amour que le Père avait pour Lui avant que le monde fût). Alors Christ avait fait les délices du Père. Nous le verrons dans le fruit éternel de cet amour comme homme ; nous y serons avec Lui pour toujours, jouissant de Son séjour dans la gloire — que notre Jésus, notre Bien-aimé se trouve là, et qu’Il est ce qu’Il est.

En attendant, étant tel, il y avait justice dans les voies de Dieu en ce qui concernait Son rejet. Il avait pleinement et parfaitement manifesté le Père. Le monde ne L’avait pas connu, mais Jésus L’avait connu, et les disciples avaient connu que le Père L’avait envoyé. Il fait appel ici, non pas à la sainteté du Père, afin qu’Il les garde selon ce nom béni, mais à la justice du Père, pour qu’Il fasse une distinction entre le monde, d’un côté, et Jésus avec les siens, de l’autre côté ; car il y avait une raison morale, aussi bien que l’amour ineffable du Père pour le Fils. Et Jésus veut que nous ayons la joie, pendant que nous sommes ici-bas, de la conscience que la distinction a été faite par les communications de la grâce, avant qu’elle soit faite par le jugement.

Il leur avait fait connaître le nom du Père, et le leur ferait connaître même quand Il serait monté en haut, afin que l’amour dont le Père L’avait aimé fût en eux (que leurs cœurs pussent le posséder dans ce monde — quelle grâce !) et Jésus Lui-même en eux, leur communiquant cet amour, Lui, la source de force pour en jouir, le dirigeant, pour ainsi dire — avec toute la perfection par laquelle Il en jouit — dans leurs cœurs, dans lesquels Il demeure ; étant Lui-même la force, la vie, la capacité, le droit et le moyen d’en jouir ainsi, et comme tel, dans le cœur. Car c’est dans le Fils qui nous le déclare, que nous connaissons le nom du Père qu’Il nous révèle. C’est-à-dire Il désire que nous jouissions maintenant de ces rapports d’amour, dans lesquels nous Le verrons dans les cieux. Le monde saura que nous avons été aimés comme Jésus, quand nous apparaîtrons avec Lui dans la même gloire ; mais notre part est de le savoir déjà maintenant, Christ étant en nous.

Chapitre 18. — L’histoire des derniers moments du Sauveur commence à la suite des paroles qu’Il a adressées à Son Père. On trouvera, même dans cette partie, que le caractère général du récit qu’en fait notre évangile, est d’accord avec tout ce que nous y avons trouvé, et que les faits font ressortir la gloire personnelle du Sauveur. Nous y voyons, en vérité, la malice de l’homme bien fortement caractérisée ; mais l’objet principal présenté dans ce tableau, c’est le Fils de Dieu, et non le Fils de l’homme, souffrant sous le poids de la douleur qui est venue sur Lui. Nous n’y trouvons pas Son agonie dans le jardin, ni l’expression du sentiment de l’abandon de Dieu. Les Juifs aussi sont vus dans une place de réjection complète. L’iniquité de Judas est dessinée fortement ici, comme au chapitre 13 : Judas connaissait bien le lieu au-delà du Cédron, où Jésus avait l’habitude de se rendre pour s’entretenir avec eux. Quelle pensée que de choisir un endroit pareil pour Le trahir ! Quel endurcissement inconcevable du cœur ! Mais hélas ! Judas s’était comme livré à Satan ; il était le jouet de l’ennemi et la manifestation de sa puissance et de son vrai caractère. Que de choses se sont passées dans ce jardin ; que de communications d’un cœur rempli de l’amour de Dieu Lui-même, et cherchant à faire pénétrer cet amour dans les cœurs étroits et trop insensibles de Ses chers disciples ! Mais tout était perdu pour Judas : il vient avec les agents envoyés par la malice des sacrificateurs et des pharisiens pour s’emparer de la personne de Jésus. Mais Jésus les devance : c’est Lui qui se présente à eux, « sachant toutes les choses qui devaient lui arriver ». Il s’avance en leur demandant : « Qui cherchez-vous ? » (v. 4). C’est le Sauveur, le Fils de Dieu, qui s’offre Lui-même. — Ceux qui Le cherchent Lui répondent : « Jésus le Nazaréen ». — Jésus leur dit : « C’est moi ! » — Judas aussi était là qui Le connaissait bien, Lui et cette voix longtemps familière à ses oreilles. Personne ne met la main sur Jésus ; mais aussitôt que Sa parole retentit dans les cœurs de ceux qui venaient Le prendre, aussitôt que ce divin « c’est moi » se fait entendre au-dedans d’eux, ils reculent et tombent par terre. Qui saisira le Sauveur ? Il n’avait qu’à s’en aller et à les laisser. Mais Il n’était pas venu pour cela ; et l’heure de s’offrir Lui-même était arrivée. Il s’adresse donc de nouveau à eux, en leur demandant : « Qui cherchez-vous ? » et ils Lui répondent de nouveau : « Jésus le Nazaréen ». La première fois, la gloire divine de la personne de Jésus a dû se manifester ; et maintenant, Ses soins pour Ses rachetés doivent se montrer. « Si donc vous me cherchez », dit le Sauveur, « laissez aller ceux-ci » ; c’était afin que fût accompli ce qu’Il avait dit : « De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun ». Jésus se présente Lui-même comme le bon Berger donnant Sa vie pour Ses brebis ; Il se place devant les siens, afin qu’ils échappent au danger qui les menace et que tout vienne sur Lui. Il s’offre Lui-même. Tout ici est de Sa part une libre offrande.

Toutefois quelle que fût la gloire divine qu’Il a manifestée, et quelle que fût la grâce d’un Sauveur fidèle envers les siens, Jésus agit par obéissance, et dans le calme parfait d’une obéissance qui avait tout calculé avec Dieu et recevait tout de la main de Son Père. Quand l’énergie charnelle et inintelligente de Pierre emploie la force pour Le défendre, Lui qui, s’Il l’avait voulu, n’avait qu’à s’en aller ; quand un mot de Sa bouche a terrassé tous ceux qui venaient pour Le prendre ; quand le mot qui leur révèle l’objet qu’ils cherchent leur ôte tout pouvoir de le saisir ; quand Pierre, dis-je, frappe le serviteur Malchus, Jésus prend la place de l’obéissance : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? ».

La personne divine de Jésus avait été manifestée ; l’offrande volontaire de Lui-même était faite, et cela pour garantir les siens ; maintenant, Son obéissance parfaite se montre en même temps. La malice d’un cœur endurci et le manque d’intelligence d’un cœur charnel, quoique sincère, sont mis en évidence : Jésus a Sa place seul, et à part ; Il est le Sauveur. Se soumettant ainsi à l’homme afin d’accomplir les conseils et la volonté de Dieu, Il se laisse mener où Ses ennemis le veulent. Jean ne raconte ici que peu de ce qui s’est passé. Jésus ne rend guère compte de Lui-même lorsqu’on Le questionne. Devant le souverain sacrificateur et Ponce Pilate, on trouve la calme, mais humble supériorité de Celui qui se donnait Lui-même ; cependant, Il est condamné seulement pour le témoignage qu’Il rendait de Lui-même. Chacun avait déjà entendu ce qu’Il enseignait. Il récuse, non pas officiellement, mais paisiblement et moralement, l’autorité qui poursuit l’enquête ; et frappé injustement, tout en se soumettant à l’outrage, Il en appelle avec dignité et un calme parfait à celui qui l’a fait. Mais Il ne reconnaît nullement le souverain sacrificateur, sans toutefois s’opposer à lui d’aucune manière : Il le laisse dans l’incapacité morale où il était. La faiblesse charnelle de Pierre se manifeste, comme auparavant son énergie charnelle.

Amené devant Pilate, tout en confessant qu’Il était roi à cause de la vérité, le Seigneur agit avec le même calme et la même soumission ; mais Il interroge Pilate et l’enseigne de telle manière que Pilate n’a rien à trouver en Lui. Pilate incapable moralement, lui aussi, de se maintenir à la hauteur de ce qui était devant lui, et embarrassé en présence du prisonnier divin, aurait voulu Le délivrer en se prévalant d’une coutume alors pratiquée par le gouvernement, de relâcher aux Juifs à la Pâque, un prisonnier. Mais l’indifférence d’un homme mal à son aise après tout dans sa conscience, qui toute dure qu’elle fût, fléchissait devant la présence de Celui qui, quelque abaissé qu’Il ait pu être, ne pouvait que l’atteindre, cette conscience n’échappait pas ainsi à la malice active de ceux qui faisaient l’œuvre de l’Ennemi. Les Juifs se récrient contre la proposition qu’avait suggérée au gouverneur le malaise de sa conscience, et veulent un brigand et non pas Jésus.

Chapitre 19. — Pilate se laisse aller à sa dureté habituelle. Dans cet évangile cependant, les Juifs sont en saillie, comme étant les vrais auteurs de la mort du Sauveur, pour autant qu’elle dépendait de l’homme. Jaloux de leur pureté cérémonielle, mais indifférents à la justice, ils ne sont pas satisfaits de juger Jésus d’après leur loi. Ils veulent qu’Il soit mis à mort par les Romains[71], car tout le conseil de Dieu devait s’accomplir. C’est sur la demande réitérée des Juifs que Jésus leur est livré par Pilate, pleinement coupable en le faisant ; car il avouait hautement l’innocence de Celui qu’il livrait ainsi à leur volonté, et sa conscience était décidément atteinte, effrayée par les preuves évidentes qui imposaient à son attention, que c’était quelqu’un d’extraordinaire qui était là devant lui. Il ne veut pas avoir l’air d’être touché, mais il l’est (v. 8). La gloire divine qui jaillit à travers l’abaissement de Jésus agit sur lui, et donne de la force à la déclaration faite par les Juifs, que Jésus disait être le Fils de Dieu. Pilate avait fait fouetter Jésus et L’avait livré aux insultes des soldats ; il se serait contenté de cela, et espérait peut-être que cela satisferait aussi les Juifs : il leur présente le Sauveur couronné d’épines. Peut-être aussi espérait-il que leur jalousie à l’égard de toute insulte faite à leur nation les aurait engagés à demander la délivrance de Jésus, mais ils s’écrient, en poursuivant sans compassion l’œuvre de leur haine : « Crucifie, crucifie-le ! ». Pilate ne veut pas le faire, lui, et leur laisse la liberté d’accomplir l’œuvre de leur malice, en disant que, lui, il ne trouvait pas de crime en Jésus. C’est alors que les Juifs insistent sur leur loi. Ils avaient une loi à eux, disent-ils, et selon cette loi, Jésus devait mourir, car Il se faisait Fils de Dieu. Pilate déjà frappé et exercé dans son esprit, est d’autant plus effrayé, et rentrant dans le prétoire, il questionne Jésus de nouveau. Comme Jésus ne répond pas, l’orgueil de Pilate se réveille, et il demande à Jésus s’Il ne sait pas qu’il a le pouvoir de Le relâcher, ou celui de Le crucifier. Le Seigneur maintient dans Sa réponse la pleine dignité de Sa personne : Pilate n’avait aucun pouvoir sur Lui si ce n’eût pas été la volonté de Dieu ; à celle-ci, Lui Jésus se soumettait. Le fait que l’homme n’avait aucun pouvoir sur Lui, à moins que la volonté de Dieu ne dût s’accomplir ainsi, aggravait le péché de celui qui L’avait livré (v. 11).

La conscience qu’on peut avoir de la dignité de la personne du Sauveur donne la mesure du péché commis contre Lui : ne pas Le discerner, faisait juger tout à faux et, dans le cas de Judas, montrait l’aveuglement moral le plus absolu. Il connaissait la puissance de son Maître. Que voulait dire, le livrer à l’homme, si ce n’était pas que Son heure était venue ? Or dans ce cas, quelle était la position du traître ? Mais Jésus parle toujours selon la gloire de Sa personne, et comme étant, par cela, entièrement au-dessus des circonstances par lesquelles Il passait en grâce, et en obéissant à la volonté de Son Père. Pilate est complètement saisi par la réponse du Sauveur ; cependant son sentiment n’a pas assez de force pour le soustraire à l’influence du motif d’après lequel les Juifs le pressent ; mais il a assez de force pour rejeter sur les Juifs tout ce qu’il y avait de propre volonté dans la condamnation de Jésus, et pour les rendre pleinement coupables de Son rejet.

Pilate a cherché à soustraire Jésus à l’acharnement des Juifs ; mais enfin, craignant l’accusation d’être infidèle à César, il se tourne vers eux avec mépris en leur disant : « Voici votre roi ! » agissant, toutefois à son insu, sous la main de Dieu, de manière à faire sortir cette parole mémorable de leur bouche : « Nous n’avons pas d’autre roi que César », parole qui est leur condamnation et leur misère jusqu’à aujourd’hui. Par là, ils reniaient leur Messie. Maintenant était prononcé le mot fatal qui appelait le jugement de Dieu, et Pilate leur livre Jésus (v. 16). Jésus, abaissé, et portant Sa croix, trouve Sa place parmi les malfaiteurs. Toutefois, Celui qui a voulu que toutes ces choses s’accomplissent, a voulu aussi qu’un témoignage fût rendu à la dignité de Celui qui souffrait, et Pilate (peut-être pour vexer les Juifs, mais certainement pour accomplir les desseins de Dieu), affiche sur la croix comme titre de Jésus : « Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs », inscription qui renferme les deux parties de cette vérité : le Nazaréen méprisé est le vrai Messie. Ici donc, comme dans tout cet évangile, les Juifs prennent leur place comme réprouvés de Dieu.

L’apôtre constate ici, ainsi qu’il le fait ailleurs, que Jésus était le vrai Messie, en citant les prophéties qui parlent de ce qui Lui est arrivé en général, à l’égard de Son rejet et de Ses souffrances, de sorte que Jésus est démontré être le Messie, dans les circonstances même où Il a été rejeté par le peuple.

Après l’histoire du crucifiement de Jésus, comme acte de l’homme, nous avons ce qui caractérise ce crucifiement par rapport à ce que Jésus a été sur la croix. Le sang et l’eau coulent de Son côté percé. Le dévouement des femmes qui L’avaient suivi a peut-être un caractère moins important que celui des hommes, du côté de l’œuvre ; il brille cependant, à sa manière, dans cette persévérance de l’amour qui les a amenées tout près de la croix. La position de responsabilité plus grande des apôtres, comme hommes, ne leur permettait guère de s’en approcher dans les circonstances où ils se trouvaient ; mais l’excuse qu’on peut y trouver pour l’absence de presque tous les apôtres, quelque juste qu’elle soit, n’ôte rien au privilège que la grâce attache à la femme fidèle à Jésus. Mais c’était l’occasion maintenant pour Christ de nous donner de nouvelles instructions, et de se montrer tel qu’Il était ; de nous présenter Son œuvre au-dessus de toutes les circonstances, comme l’effet et l’expression d’une énergie spirituelle qui Le consacrait, comme homme, tout entier à Dieu, s’offrant aussi Lui-même à Dieu par l’Esprit éternel. L’œuvre du Sauveur était accomplie : Il s’était offert Lui-même ; Il rentre, pour ainsi dire, dans Ses relations personnelles. La nature, dans Ses sentiments humains, se montre dans Sa perfection ; et, en même temps, personnellement, Sa supériorité divine aux circonstances par lesquelles Il passe en grâce comme homme obéissant. L’expression de Son sentiment filial fait voir que cette consécration à Dieu, qui L’éloignait de toute affection qui est une nécessité et un devoir pour l’homme selon la nature, était, non pas un manque de sentiment humain, mais la puissance de l’Esprit divin. Voyant les femmes (v. 25-27), Il ne leur parle plus en docteur, ou en Sauveur qui est la résurrection et la vie : c’est Jésus, homme, individuellement, dans Ses relations humaines. « Femme », dit-Il, en confiant Sa mère aux soins de Jean, le disciple qu’Il aimait, « voilà ton fils ! ». Et au disciple, Il dit : « Voilà ta mère ! ». Dès lors ce disciple prend celle-ci chez lui : douce et précieuse mission ! Elle témoigne d’une confiance qui disait au cœur qui en était l’objet, ce que celui qui était ainsi aimé a pu seul apprécier. Cela nous démontre aussi que cet amour du Sauveur pour Jean avait un caractère d’affection et d’attachement humains, qui étaient sûrement selon Dieu, mais pas essentiellement divins, quoique remplis de la grâce divine, une grâce qui leur donnait toute sa valeur, mais qui se revêtait de la réalité du cœur humain. C’est ce qui évidemment a lié Jean et Pierre : Jésus était l’unique et commun objet de leurs cœurs ; — de caractères très différents, et d’autant plus liés à cause de cela, ils ne pensaient qu’à une chose. La consécration absolue de soi-même à Jésus, est un lien des plus forts entre cœurs humains ; elle les dépouille du moi, et ils ne sont qu’une âme, en fait de pensée, de dessein, de propos arrêté, parce qu’ils n’ont qu’un seul objet. Mais en Jésus, cette affection était parfaite et elle était la grâce. Remarquez que Jean n’est pas appelé ici : « le disciple qui aimait Jésus », cela aurait été tout à fait déplacé ; cela aurait été faire sortir Jésus entièrement de Sa place, de Sa dignité, et de Sa gloire personnelle, et détruire la valeur de l’amour qu’Il avait pour Son disciple : cependant Jean aimait Jésus, et, partant, appréciait ainsi l’amour de son Maître, de sorte qu’il le rappelle en se donnant ici et ailleurs le nom du « disciple que Jésus aimait » ; et son cœur attaché au Sauveur par la grâce, se vouait à l’exécution de cette douce mission qu’il se plaît à raconter ici. C’est bien l’amour pour le Sauveur qui parle, quoique cet amour ne parle pas de lui-même.

Je crois qu’on retrouve ce sentiment personnel de l’apôtre employé par l’Esprit de Dieu, au commencement de la première épître de Jean, non pas, il est clair, pour ce qui regarde le fond, mais dans le but de donner une couleur à l’expression de ce que Jean avait vu et connu.

On voit aussi ici que l’évangile qui nous occupe ne nous montre pas Jésus sous le poids de Ses souffrances, mais agissant selon la gloire de Sa personne, comme étant au-dessus de toutes choses et accomplissant tout en grâce. Dans un calme parfait, Il prend soin de Sa mère ; et ayant fait cela, Il voit maintenant que tout est achevé. Il est, selon le langage humain, pleinement maître de Lui-même. Mais une prophétie reste encore à accomplir (v. 28) : Jésus dit : « J’ai soif » ; et comme Dieu l’avait prédit, on Lui donne du vinaigre à boire. Jésus sait que maintenant aucun détail ne reste de tout ce qui devait s’accomplir ; Il incline Sa tête et remet[72] Lui-même Son esprit (v. 30).

Ainsi, quand toute l’œuvre divine est accomplie, l’homme divin remet Son esprit, cet esprit quitte le corps qui avait été son organe et son vase. C’était le moment de remettre Son esprit, et en le remettant, Jésus assurait l’accomplissement d’une autre parole divine : « Pas un de ses os ne sera cassé ». Tout apportait sa part à l’accomplissement de ces paroles et des desseins de Celui qui les avait prononcées à l’avance. Un soldat perce le côté de Jésus avec sa lance : — c’est d’un Sauveur mort que sortent les signes d’un salut éternel et parfait, l’eau et le sang ; la première pour purifier le pécheur, l’autre pour expier ses péchés. L’évangéliste l’a vu : son amour pour le Seigneur aime à se rappeler qu’il avait vu son maître ainsi jusqu’à la fin. Il le dit, afin que nous croyions. Mais si l’on trouve dans le disciple bien-aimé le vase que le Saint Esprit emploie — et il est très doux de le voir, et cela selon la volonté de Dieu qui l’a mis en évidence — on trouve aussi bien clairement qui est celui qui l’a employé. Que de choses Jean a vues qu’il n’a pas racontées ! Le cri de douleur et d’abandon, le tremblement de terre, l’aveu du centurion, l’histoire du brigand, toutes ces choses se sont passées sous ses yeux fixés sur son maître ; cependant il n’en parle pas ; il parle de ce qu’était son Bien-aimé à travers tout cela. Le Saint Esprit fait raconter au disciple ce qui a trait à la gloire personnelle de Jésus ; son affection a trouvé la tâche facile et douce. Le Saint Esprit l’a destiné à cette tâche-là, a employé ce cœur à ce qu’il était propre à accomplir. L’instrument se prêtait, par grâce, facilement à l’œuvre pour laquelle l’Esprit le mettait à part ; la mémoire de Jean et son cœur étaient sous l’influence dominante et exclusive de l’Esprit de Dieu. Cet Esprit les employait à Son œuvre. On sympathise avec celui qui est l’instrument ; on croit à ce que le Saint Esprit nous a raconté par son moyen, car les paroles procèdent de Lui.

Il n’y a rien de plus touchant, de plus profondément intéressant que cette grâce divine se manifestant ainsi sous la forme de la sollicitude humaine. Tout en témoignant la réalité de l’affection propre à l’homme, elle avait toute la puissance et la profondeur de la grâce divine. C’était le fruit d’une grâce divine que Jésus possédât de telles affections. D’un autre côté, rien ne pouvait être plus éloigné de l’appréciation de cette source souveraine de l’amour divin, coulant par le canal parfait de l’humanité qu’il s’est creusé par son pouvoir, que la prétention d’exprimer notre amour d’une façon réciproque : ce serait, au contraire, manquer entièrement à cette appréciation. De véritables fidèles parmi les Moraves ont appelé Jésus : « frère » ; et d’autres ont emprunté leurs hymnes et cette expression. Mais la Parole ne parle jamais ainsi. « Il n’a pas honte de nous appeler frères », mais c’est bien différent pour nous de l’appeler ainsi. La dignité personnelle de Christ n’est jamais perdue dans l’intensité et la tendresse de Son amour.

Or le Sauveur rejeté doit être avec les riches et les honorables dans Sa mort, quelque méprisé qu’Il ait pu être auparavant ; et deux hommes qui n’avaient pas osé le confesser pendant Sa vie, Joseph d’Arimathée et Nicodème, réveillés maintenant par la grandeur du péché de leur nation, et par le fait même de Sa mort — que la grâce de Dieu qui les avait réservés pour cette tâche leur faisait sentir — s’occupent des soins dus à Son corps mort. Joseph, conseiller lui-même, vient demander à Pilate le corps de Jésus ; et Nicodème se joint à lui pour rendre les derniers honneurs à Celui qu’ils n’avaient jamais suivi de Son vivant. Leur conduite se comprend bien : autre chose est de suivre Jésus toujours, dans l’opprobre, et de se compromettre à jamais pour Lui — et autre chose d’agir quand arrive quelque grande occasion où il n’y a plus lieu de Le servir constamment. Il n’est pas étonnant que nous nous montrions fidèles lorsque l’étendue du mal nous force à nous en séparer, et que le bien, rejeté, parce qu’il est parfait en témoignage et amené à la perfection par Son rejet, nous force à prendre un parti, si du moins quelque sentiment moral existe en nous par la grâce. Mais Dieu a ainsi accompli Ses paroles de vérité. Joseph et Nicodème placent le corps du Sauveur dans un sépulcre neuf, dans un jardin près de la croix, car la Préparation les engageait de ne pas faire davantage pour le moment.

Chapitre 20. — Nous avons ici, dans le résumé de quelques faits capitaux d’entre ceux qui sont arrivés après la résurrection de Jésus, un tableau de toutes les conséquences de ce grand événement, envisagées dans leur rapport direct avec la grâce qui produit ces conséquences, et avec les affections qui devaient se trouver chez les fidèles, mis de nouveau en relation avec le Seigneur ; — et en même temps, un tableau de toutes les voies de Dieu jusqu’à la révélation de Christ au résidu, avant le millénium. Au chapitre 21, le millénium nous est dépeint. Marie de Magdala, de laquelle le Seigneur avait chassé sept démons, paraît la première sur la scène. Touchante expression des voies de Dieu ! Cette femme nous présente, je n’en doute pas, le résidu juif de ce temps-là, personnellement attaché à Jésus, mais ignorant la puissance de Sa résurrection. Marie est seule dans son affection : la force même de cette affection l’isole. Elle n’est pas la seule qui fût sauvée, mais elle vient seule, mal chercher si vous voulez, mais chercher Jésus, avant que le témoignage de Sa gloire luise dans un monde de ténèbres. Elle vient, parce qu’elle L’aimait. Elle est au sépulcre avant les autres femmes, tandis qu’il faisait encore nuit. C’est un cœur attaché à Jésus — nous en avons déjà vu un exemple dans les femmes croyantes — qui est occupé de Lui, lorsque le témoignage public de l’homme manque encore entièrement. Et c’est à un tel cœur, ainsi occupé de Lui, que Jésus se manifeste premièrement lorsqu’Il est ressuscité. Cependant ce cœur savait où il trouverait un écho : Marie ne trouvant pas le corps de Jésus, s’en va vers Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait. Ceux-ci accourent, et trouvent les preuves d’une résurrection accomplie, et accomplie, en ce qui regardait Jésus Lui-même, avec tout le calme qui convenait à la puissance de Dieu, quelle que fût la frayeur que cela eût pu jeter dans l’esprit de l’homme. Il n’y avait pas eu de hâte à cette occasion : tout était en ordre dans le sépulcre, et Jésus n’y était pas.

Les deux disciples cependant ne sont pas mus du même attachement que celui qui remplissait le cœur de la femme qui avait été l’objet d’une délivrance si puissante[73] de la part du Sauveur. Ils voient ; — et sur ces preuves visibles, ils croient (v. 8). Ce n’était pas l’intelligence spirituelle des pensées de Dieu par le moyen de Sa Parole : ils voyaient — et ils crurent. Il n’y a rien dans ce fait qui rassemble les disciples. Jésus était loin du sépulcre, Il était ressuscité ; les deux disciples étaient satisfaits sur ce point, et ils s’en retournèrent chez eux.

Or Marie, conduite par son affection plutôt que par l’intelligence, ne se contentait pas de reconnaître froidement que Jésus était bien ressuscité[74]. Elle Le croyait encore mort, parce qu’elle ne Le possédait pas. Sa mort, le fait qu’elle ne Le retrouvait pas, ajoutait à l’intensité de son affection, parce que c’était Lui-même qui en était l’objet. Toutes les marques de cette affection se produisent ici de la manière la plus touchante. Marie suppose que le jardinier doit savoir, sans qu’elle le lui dise, de qui il s’agissait (v. 15), car elle ne pensait qu’à un seul (comme si je m’enquerrais d’un membre bien-aimé d’une famille, en disant : Comment est-il ?). Penchée sur le sépulcre, elle tourne la tête quand Il s’approche ; mais alors, le bon Berger ressuscité d’entre les morts appelle Sa brebis par Son nom ; et la voix connue et aimée — puissante selon la grâce qui l’appelait ainsi — Le révèle à l’instant à celle qui l’entendait. Elle se tourne vers Lui et répond : « Rabboni (ce qui veut dire, maître) ! » (v. 16). Mais bien que Christ se révèle ainsi au résidu bien-aimé qu’Il avait délivré, la position de ce résidu est entièrement changée, ainsi que les relations de Christ avec lui. Jésus n’allait pas maintenant demeurer corporellement au milieu des siens sur la terre ; Il ne revenait pas pour rétablir le royaume en Israël : « Ne me touche pas », dit-Il à Marie. Mais par la rédemption Il avait effectué une chose bien autrement importante ; Il avait placé Ses disciples dans la même position que Lui-même vis-à-vis de Son Père et de Son Dieu ; et Il les appelle — ce qu’Il n’avait jamais fait et ne pouvait pas faire auparavant — Ses frères. Jusqu’à Sa mort, le grain de froment restait seul. Fils de Dieu pur et parfait, Jésus ne pouvait être dans la même relation avec Dieu que le pécheur ; mais par la rédemption, dans la position de gloire qu’Il allait reprendre comme homme, Il pouvait s’associer Ses rachetés purifiés, régénérés, adoptés en Lui. Il leur fait annoncer la nouvelle position qu’ils devaient avoir en commun avec Lui. Il dit à Marie : « Ne me touche pas,… mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (v. 17). La volonté du Père, accomplie par le moyen de l’œuvre glorieuse du Fils, qui, comme homme, a pris place en dehors du péché auprès de Son Dieu et Père, et l’œuvre du Fils, source de vie éternelle pour eux, ont placé les disciples dans la même position que le Fils devant le Père.

Or le témoignage rendu à cette vérité rassemble les disciples ; ceux-ci, non garantis maintenant par les soins et par la puissance de Jésus, le Messie, Jéhovah sur la terre, se réunissent, les portes étant fermées. Mais s’ils n’avaient plus la garantie de la présence du Messie, ils ont Jésus au milieu d’eux, qui leur apporte ce qu’avant Sa mort ils ne pouvaient avoir : la paix. Mais Il ne leur apporte pas cette bénédiction seulement comme leur propre part : leur ayant donné les preuves de Sa résurrection, et cela dans Son corps, qu’Il était le même Jésus, Il les place dans cette paix parfaite comme point de départ de leur mission. Le Père, source éternelle et infinie d’amour, avait envoyé le Fils, qui demeurait dans cet amour, en était le témoin, ainsi que de la paix que Lui, le Père, répandait autour de Lui, là où le péché n’existait pas. Jésus, rejeté dans Sa mission, avait, en faveur d’un monde où le péché existe, fait la paix pour celui qui recevait le témoignage de la grâce qui l’avait faite. Il envoie maintenant Ses disciples du sein de cette paix dans laquelle Il les avait introduits par la rémission des péchés (paix qu’Il avait procurée par Sa mort), pour en porter le témoignage dans ce monde.

Il leur dit de nouveau : « Paix vous soit ! » (v. 21), et les envoie revêtus et remplis de cette paix, leurs pieds chaussés par elle, comme Son Père L’avait envoyé, au milieu du monde ; Il leur donne le Saint Esprit dans ce but, afin que, selon Sa puissance, ils portassent la rémission des péchés à un monde qui croupissait sous le joug que ses péchés lui imposaient. Je ne doute pas, historiquement parlant, que ce que le Seigneur a fait ici, en communiquant l’Esprit à Ses disciples, se distingue d’avec le don de l’Esprit dont il est question en Actes 2, en tant que l’Esprit que les disciples reçoivent ici est un souffle de vie intérieure ; comme Dieu a soufflé dans les narines d’Adam un souffle de vie. Ce n’est pas le Saint Esprit envoyé ici-bas des cieux. Ainsi Christ, qui est un Esprit vivifiant, communique aux disciples la vie spirituelle, selon la puissance[75] de la résurrection.

Quant à sa place dans le tableau général présenté en figure dans ce passage, ce don par le souffle du Seigneur, représente l’Esprit conféré aux saints réunis par le témoignage de la résurrection de Christ et de Son ascension auprès du Père, comme toute cette scène représente l’Église dans ses privilèges actuels ; ainsi, nous trouvons ici le résidu affectionné à Jésus ; les croyants individuellement reconnus enfants de Dieu et dans la même position que Jésus devant Lui ; ensuite l’Église, fondée sur ce témoignage, réunie avec Jésus au milieu d’elle, jouissant de la paix ; et ses membres, individuellement, constitués comme possédant cette paix que Jésus a faite, témoin envers le monde de la rémission des péchés, l’administration de cette rémission leur étant confiée. Thomas représente les Juifs aux derniers jours, qui croiront quand ils verront. Heureux ceux qui ont cru sans voir (v. 29) ! Mais la foi de Thomas n’a pas le caractère qui se lie avec la position d’enfant et sert de vase à l’Esprit d’adoption. Il reconnaît (c’est ce que fera le résidu) Jésus pour son Seigneur et son Dieu. Il n’était pas avec les disciples, lors de leur premier rassemblement.

Le Seigneur, par Ses actes, consacre ici le premier jour de la semaine pour Sa réunion avec les siens spirituellement ici-bas.

L’évangéliste est loin d’épuiser tout ce qu’il y avait à dire touchant ce que Jésus avait fait. Le but de ce qu’il a raconté est en rapport avec la vie éternelle en Christ : 1° Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ; et 2° en croyant on a la vie par Son nom. C’est à cela que cet évangile est consacré.

Chapitre 21. — Ce chapitre, en rendant un nouveau témoignage à la résurrection de Jésus, nous donne aussi le tableau de l’œuvre millénaire de Christ (v. 13), et, de là jusqu’à la fin, le sort particulier, soit de Pierre, soit de Jean, en rapport avec le service que l’un et l’autre devaient rendre à Christ. L’application de ceci se borne à la terre, car les disciples avaient connu Jésus sur la terre ; c’est Paul qui nous donne la position céleste de Christ et de l’Église. Mais ce n’est pas ici le sujet.

Conduits par Pierre, plusieurs des apôtres vont pêcher : le Seigneur se rencontre avec eux dans les mêmes circonstances où Il les a trouvés au commencement, et Il se révèle à eux de la même manière. Jean comprend tout de suite que c’est le Seigneur ; et Pierre, avec son énergie habituelle, se jette à l’eau pour aller vers Lui.

Remarquez qu’ici nous nous retrouvons sur le terrain des évangiles historiques, c’est-à-dire que le miracle de la prise des poissons se lie à l’œuvre de Jésus sur la terre, et se trouve dans la sphère de Sa première association avec Ses disciples. C’est la Galilée et non Béthanie. Il n’a pas le caractère ordinaire de la doctrine de l’évangile de Jean, qui nous présente la personne divine de Jésus en dehors de toute question d’économie ici-bas, et élève nos pensées au-dessus de pareils sujets. Ici, en finissant d’esquisser le résultat de la manifestation de la personne divine de Jésus et de Son œuvre, esquisse que le chapitre 20 nous a fournie, l’évangéliste se place pour la première fois au point de vue de l’évangile de Matthieu, c’est-à-dire de la manifestation du Christ et des fruits qui en résultent en rapport avec la terre. Ainsi l’application de ce passage aux relations terrestres du Seigneur n’est pas seulement une chose que le récit suggère à la pensée, mais s’appuie sur les enseignements généraux de la Parole. Toutefois, il y a une différence notable entre ce qui est raconté en Luc à l’égard de la pêche miraculeuse et ce qui est arrivé ici. Dans la première scène, les nacelles s’enfonçaient, les filets se rompaient ; ici, c’est tout le contraire : et le Saint Esprit signale cette circonstance comme distinctive. L’œuvre millénaire de Christ ne se gâte pas. Jésus est présent après Sa résurrection, et ce qu’Il fait ne repose pas en soi sur la responsabilité de l’homme quant à son effet ici-bas ; le filet ne se rompt pas. Aussi, quand les disciples viennent avec les poissons qu’ils ont rassemblés, Jésus en a déjà sous la main (v. 9). Il en sera ainsi à la fin sur la terre. Avant Sa manifestation, Jésus aura préparé un résidu pour Lui sur la terre ; mais après Sa manifestation, Il rassemblera aussi une multitude tirée de la mer des nations.

Une autre pensée se présente encore. Christ se retrouve comme en compagnie avec Ses disciples : « Venez, dit-il, dînez » (v. 12). Il ne s’agit pas ici de choses célestes, mais du renouvellement des rapports du Seigneur avec les siens dans le royaume. Tout ceci n’appartient pas directement au sujet de cet évangile, dont le point de vue général est plus élevé : en conséquence, le sujet est introduit d’une manière mystérieuse et symbolique.

Cette apparition de Jésus est signalée comme Sa troisième manifestation. Je doute que la manifestation de Christ sur la terre avant Sa mort soit comprise dans les révélations auxquelles cette énumération fait typiquement allusion. Je considérerais plutôt les trois comme étant : 1° celle qui, après Sa résurrection, a donné lieu au rassemblement des saints en assemblée ; 2° une révélation de Lui-même aux Juifs, dans le genre de ce qui est présenté dans le Cantique des cantiques ; et ensuite, 3° le déploiement public de Sa puissance, quand Il aura déjà rassemblé le résidu aux derniers jours. Son apparition comme un éclair est en dehors de toutes ces choses. Historiquement, les trois manifestations furent : au jour de Sa résurrection ; puis, le premier jour de la semaine ; enfin Son apparition à la mer de Tibériade.

Ensuite, dans un passage plein de grâce ineffable, le Seigneur confie à Pierre le soin de Ses brebis (c’est-à-dire, je n’en doute pas, de Ses brebis juives ; — Pierre est l’apôtre de la circoncision), et laisse à Jean un séjour indéterminé sur la terre (v. 15-23). Ces paroles s’appliquent beaucoup plus au ministère de ces deux apôtres qu’à leurs personnes, sauf un seul verset se rapportant à Pierre. Mais ceci exige un peu plus de développement.

Le Seigneur commence par la pleine restauration de l’âme de Pierre. Il ne lui reproche pas sa faute, mais Il juge la source du mal qui l’a produite, la confiance en soi. Pierre avait déclaré que si tous reniaient Jésus, lui au moins ne Le renierait pas. Le Seigneur donc lui demande : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? ». Et Pierre est réduit à reconnaître qu’il fallait la toute-science de Dieu pour savoir que lui, qui s’était vanté d’aimer Jésus plus que tous les autres, eût réellement de l’affection pour Lui. La question, trois fois répétée, a dû en effet sonder son cœur jusqu’au fond ; aussi n’est-ce qu’à la troisième fois que Pierre dit : « Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime ». Le Seigneur n’a pas cessé de travailler sa conscience jusqu’à ce qu’il en soit venu là. Toutefois la grâce qui a agi ainsi pour le bien de Pierre, la grâce qui l’a suivi en dépit de toutes choses, priant pour lui avant qu’il en sentît le besoin, ou qu’il eût même commis la faute, cette grâce est parfaite ici aussi ; car au moment où on aurait pu supposer que, tout au plus, Pierre serait réadmis par un support divin, le témoignage le plus puissant de la grâce lui est prodigué. Quand il a été humilié par sa chute, et amené sous la dépendance complète de la grâce, la grâce se déploie en toute abondance à son égard : le Seigneur lui confie ce qui Lui était le plus cher, les brebis qu’Il venait de racheter ; Il les confie à ses soins. Ici donc est manifestée la grâce qui surpasse tout ce que l’homme est, et qui, par conséquent, produit la confiance, non en soi-même, mais en Dieu, comme en Celui dans la grâce duquel on peut toujours mettre sa confiance, Lui étant plein de grâce et parfait dans cette grâce qui est au-dessus de toutes choses et toujours elle-même. C’est cette grâce qui nous rend capables d’accomplir l’œuvre de la grâce — envers qui ? — envers des hommes qui en ont besoin. Elle crée la confiance selon la mesure dans laquelle elle agit. Je crois que les paroles du Seigneur s’appliquent aux brebis déjà connues de Pierre, et avec lesquelles seules Jésus avait été en relation habituelle ; celles qui étaient naturellement devant l’esprit du Seigneur en ce moment dans la scène dont nous voyons ce chapitre s’occuper : les brebis de la maison d’Israël.

Il y a, à ce qu’il me paraît, gradation dans ce que Jésus dit à Pierre. Le Seigneur demande : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? ». Pierre Lui répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Jésus lui dit : « Pais mes agneaux ». Ensuite, la seconde fois, Jésus dit simplement et sans comparer Pierre aux autres, lui rappelant ses anciennes prétentions : « M’aimes-tu ? ». Pierre réitère l’expression de son affection, et Jésus lui dit : « Sois berger de mes brebis ». La troisième fois enfin, Jésus dit : « M’aimes-tu ? » en employant l’expression même de Pierre ; et Pierre répondant comme nous avons vu, et saisissant l’emploi de ses paroles par le Seigneur, Jésus lui dit : « Pais mes brebis ». Les liens entre Pierre et Christ, connu ici-bas, rendaient Pierre propre à paître le troupeau du résidu d’Israël — propre à nourrir les agneaux, en leur montrant le Messie tel qu’Il avait été, et propre à agir comme un berger, en conduisant ceux qui étaient plus avancés, et leur donnant de la nourriture.

Mais la grâce du Sauveur ne s’arrêtait pas là. Pierre aurait pu avoir le chagrin que lui faisait éprouver, quoiqu’il fût pardonné et restauré, le sentiment d’avoir manqué (lorsque l’occasion de la comparution de Jésus devant Ses juges lui avait été présentée) de confesser le Seigneur au moment critique. Jésus l’assure que ce qu’il n’avait pu faire par la force de sa propre volonté, lui serait accordé par la volonté de Dieu. Étant jeune, il se ceignait lui-même ; devenu vieux, d’autres le ceindraient et le mèneraient où il ne voudrait pas (v. 18) ; il lui serait donné, par la volonté de Dieu, de mourir pour le Seigneur, ce qu’il avait prétendu jadis faire par ses propres forces. Maintenant que Pierre était humilié, placé entièrement sous la grâce, et comprenait qu’il n’avait point de force ; qu’il sentait sa dépendance du Seigneur, son incapacité complète s’il se confiait en ses propres forces ; — maintenant, je le répète, Jésus « l’appelle à le suivre » ; ce qu’il avait prétendu faire, lorsque le Seigneur lui avait déclaré qu’il ne le pouvait pas. C’est ce que le cœur de Pierre désirait. Paissant ceux que Jésus avait continué à paître jusqu’à sa mort, il verrait Israël rejeter toutes choses, comme Jésus l’avait vu faire, et son œuvre finir, comme Jésus avait vu finir la sienne ; le jugement prêt à arriver, en commençant par la maison de Dieu.

Après l’histoire de Pierre vient celle du disciple que Jésus aimait. Jean ayant entendu, sans doute, l’appel adressé à Pierre, suit aussi Jésus ; et Pierre, lié avec lui, ainsi que nous l’avons vu, par leur commune affection pour le Sauveur, demande ce qui devait lui arriver, à lui aussi. La réponse du Seigneur déclare quels seraient la part et le ministère de Jean, mais en rapport avec la terre, à ce qu’il me semble. La déclaration énigmatique du Sauveur est cependant aussi remarquable qu’importante. « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? ». Les disciples pensent, par conséquent, que Jean ne mourrait pas : le Seigneur ne l’avait pas dit ; c’était un avertissement à ne pas attacher un sens à Ses paroles au lieu de recevoir ce sens ; et la preuve, en même temps, que le secours du Saint Esprit est nécessaire pour nous diriger dans l’intelligence des paroles du Sauveur : car littéralement, les mots pouvaient bien être pris dans ce sens. Écoutant moi-même, je l’espère, cet avertissement, je vais exposer ce que je pense être la portée des paroles du Seigneur, ce dont je ne doute pas, et ce qui donne la clef de beaucoup d’autres expressions pareilles.

Dans les récits renfermés dans les évangiles, nous sommes en rapport avec la terre, c’est-à-dire engagés dans les rapports de Jésus avec la terre. Comme édifiée à Jérusalem sur la terre, l’Assemblée, en tant que maison de Dieu, est formellement reconnue comme prenant la place de la maison de l’Éternel à Jérusalem. L’histoire de l’Assemblée formellement établie comme un centre sur la terre, s’est terminée avec la destruction de Jérusalem. Le résidu sauvé par le Messie ne devait plus être désormais en relation avec Jérusalem, le centre du rassemblement des Gentils ; et dans ce sens, la destruction de Jérusalem mettait judiciairement fin au nouveau système de Dieu sur la terre, système promulgué par Pierre, encore au milieu d’eux (Act. 3) ; en relation avec ce même système, Étienne déclare aux Juifs leur résistance au Saint Esprit, et qu’il était envoyé dans ce cas comme un messager après Celui qui était allé recevoir le royaume pour revenir ensuite. Tandis que Paul — élu d’entre ces ennemis de la bonne nouvelle encore adressée aux Juifs par le Saint Esprit, après la mort de Jésus, et séparé des Juifs et des Gentils pour être envoyé à ces derniers — accomplit une œuvre nouvelle, cachée aux anciens prophètes, savoir le rassemblement d’une Assemblée céleste sans distinction de Juif ou de Gentil. La destruction de Jérusalem a mis fin à l’un de ces systèmes et à l’existence du judaïsme selon la loi et d’après les promesses, pour ne laisser que l’assemblée céleste. Jean est resté le dernier des douze jusqu’à cette époque et après Paul, pour veiller sur l’Assemblée envisagée comme établie sur ce pied-là, c’est-à-dire comme cadre organisé et terrestre, dans lequel le témoignage de Dieu est renfermé, responsable, dans ce caractère, du témoignage de Dieu, et ainsi l’objet de Son gouvernement sur la terre. Mais ce n’est pas tout. Dans son ministère, ainsi que nous le voyons dans l’Apocalypse, Jean est allé jusqu’au bout, jusqu’à la venue de Christ sur la terre en jugement, et il a relié le jugement de l’Assemblée, témoin responsable sur la terre, au jugement du monde, quand Dieu reprendra Ses rapports avec la terre en gouvernement ; le témoignage de l’Assemblée étant terminé, et elle-même, selon son propre caractère, enlevée pour être avec le Seigneur dans le ciel.

Ainsi l’Apocalypse nous présente le jugement de l’Assemblée sur la terre, comme témoin formel de la vérité ; elle passe ensuite à la reprise du gouvernement de la terre par Dieu, en vue de l’établissement de l’Agneau sur le trône, et de la destruction de la puissance du mal. Le caractère céleste de l’Assemblée ne s’y trouve que lorsque ses membres sont vus sur des trônes, comme rois et sacrificateurs, et que les noces de l’Agneau ont lieu dans le ciel. La terre, après les sept assemblées, ne possède plus le témoignage céleste. Il n’est question de ce témoignage, ni dans les sept assemblées, ni dans la partie proprement prophétique de l’Apocalypse. Ainsi, en prenant les sept assemblées comme telles dans ce temps-là, l’Assemblée d’après l’enseignement de Paul, ne se trouve pas dans ce qui leur est dit. En prenant les assemblées comme des descriptions de l’Assemblée, objet du gouvernement de Dieu sur la terre, nous en avons l’histoire jusqu’à son rejet final ; et cette histoire se continue, et la partie prophétique se rattache immédiatement à la fin de l’Assemblée ; seulement, à la place de celle-ci, nous trouvons le monde et ensuite les Juifs[76].

La venue de Jésus dont il est parlé à la fin de l’évangile qui nous occupe, est Sa manifestation sur la terre ; et Jean, qui est resté personnellement ici-bas jusqu’à la fin de tout ce qui était introduit par le Seigneur en rapport avec Jérusalem, a continué, quant à son ministère, jusqu’à la manifestation de Jésus dans ce monde.

En Jean donc, deux choses se présentent pour notre instruction. D’un côté, le ministère de cet apôtre, en tant qu’il se rattache aux dispensations et aux voies de Dieu, ne dépasse pas ce qui est terrestre : la venue de Jésus et Sa manifestation pour compléter ces voies et pour établir le gouvernement de Dieu. D’un autre côté, le ministère de Jean fixe nos regards sur la personne de Jésus, qui est au-dessus et en dehors de toutes les dispensations et de toutes les voies de Dieu, sauf comme étant la manifestation de Dieu Lui-même. Jean ne s’occupe pas du sujet de l’Assemblée, comme Paul l’expose ; c’est à Jésus personnellement, ou aux rapports de Dieu avec la terre, que son témoignage se rapporte[77]. L’épître de Jean nous présente la reproduction de la vie de Christ en nous, nous garantissant ainsi de toute fausse prétention. Mais par ces deux parties de la vérité, la personne de Jésus, et le vrai caractère de Sa vie en nous, Dieu donne à la foi un appui précieux, quand tout ce qui appartient au corps de témoignage manque. Jésus personnellement l’objet de la foi, Celui en qui nous connaissons Dieu ; — la vie même de Dieu reproduite en nous, en tant que vivifiés par Jésus ; voilà ce qui reste vrai et ce qui est la vie éternelle, lors même qu’on serait seul, sans l’Assemblée, sur la terre ; et cela nous fait traverser les ruines de l’Église, en possession de ce qui est essentiel et de ce qui durera pour toujours. Le gouvernement de Dieu décidera du reste. Seulement notre privilège et notre devoir est de garder la partie paulinienne du témoignage de Dieu, aussi longtemps que, par la grâce, nous pouvons le faire.

Remarquez, de plus, que l’œuvre de Pierre et de Paul est de rassembler en un, soit la circoncision, soit les Gentils. Jean est conservateur, maintenant ce qui est essentiel en vie éternelle. Il raconte le jugement de Dieu qui viendra sur le monde, mais comme un sujet en dehors de ses propres relations avec Dieu, dont l’expression forme l’introduction et l’exorde de l’Apocalypse. Jean suit Jésus, lorsque Pierre est appelé, parce que, quoique Pierre s’occupât de l’appel des Juifs, comme Jésus s’en était occupé, Jean — sans être appelé à cette œuvre — a suivi Christ sur le même terrain. Le Seigneur explique sa conduite, comme nous l’avons vu.

Les versets 24 et 25 sont une espèce d’inscription sur le livre. Jean est loin d’avoir rapporté tout ce que Jésus a fait ; il a conservé dans son témoignage ce qui révélait Jésus, comme vie éternelle. Quant à Ses œuvres, elles ne sauraient être dénombrées.

Grâces à Dieu, j’ai pu exposer ces quatre précieux livres des évangiles, autant que Dieu m’a donné de le faire, dans leurs grands principes. Quant à la méditation de leur contenu en détail, je dois la laisser à chaque âme, assistée par la puissante opération du Saint Esprit ; car en méditant ces livres en détail, on pourrait presque dire comme l’apôtre : le monde ne contiendrait pas les livres qu’il faudrait écrire. Que Dieu, dans Sa grâce, introduise les âmes dans la jouissance des sources intarissables de grâce et de vérité en Jésus qui s’y trouvent !



  1. La forme de l’expression en grec est très forte, comme identifiant entièrement la vie avec la lumière des hommes ; c’est une proposition réciproque.
  2. Ce n’est pas mon but ici de développer les rapports qui peuvent exister entre la Parole et les erreurs de l’esprit humain ; mais de fait, comme elle révèle la vérité de la part de Dieu, elle répond aussi d’une manière remarquable à toute erreur de l’esprit humain, témoins, quant à la personne du Seigneur, les premiers versets du chapitre. Ici, l’erreur qui faisait du principe des ténèbres, un second Dieu en lutte à puissance égale avec le bon Créateur, cette erreur est réfutée par le simple témoignage que la vie était la lumière, et les ténèbres une condition morale incapable et négative, au milieu de laquelle cette vie s’est manifestée en lumière. Si nous avons la vérité elle-même, nous n’avons pas besoin de connaître l’erreur. La connaissance de la voix du bon Berger nous fait savoir que nulle autre n’est de lui. Mais de fait, la possession de la vérité, telle qu’elle est révélée dans les Écritures, est la réponse à toutes les erreurs dans lesquelles l’homme est tombé, tout innombrables qu’elles sont.
  3. Dans les écrits de Paul, la place de fils est celle qui appartient aux chrétiens en rapport avec Dieu, place dans laquelle Christ les a amenés par la rédemption, la même place qui Lui appartient à Lui selon les conseils de Dieu. Par contre, dans la famille du Père, les chrétiens sont enfants (les deux expressions se trouvent en Romains 8, 14-16, et dans ce passage on peut comprendre leur portée à toutes deux. Nous crions : « Père ! » donc nous sommes Ses enfants, mais, par l’Esprit, nous pouvons prendre la place de fils avec Christ, devant Dieu). Jusqu’à la fin du verset 13, nous trouvons d’une manière abstraite ce que Christ était en Lui-même et de toute éternité et aussi ce qu’était l’homme, c’est-à-dire ténèbres. Cette première division va jusqu’à la fin du verset 5. Ensuite nous voyons comment Dieu agit, la place occupée par Jean et son service ; alors paraît la lumière. Il vint dans le monde qui avait été fait par Lui et le monde ne L’a pas connu. Il vint vers les siens, le peuple juif, et les siens ne L’ont pas reçu. Mais il y avait ceux qui, étant nés de Dieu, avaient le droit de prendre la place d’enfants, une race nouvelle.
  4. C’est bien ce qui est la source de toute bénédiction ; mais l’état de l’homme était tel que sans la mort du Seigneur, personne n’aurait eu part à la bénédiction. Le grain de froment, s’il ne tombe pas en terre et ne meurt, reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
  5. Elle disait, en effet, ce que l’homme devait être, non pas ce que l’homme, ou quoi que ce soit, était, et c’est là proprement la vérité.
  6. On observera que ce chapitre se divise comme suit : versets 1-18 (cette partie se subdivise ainsi v. 1-5, 6-13, 14-18), 19-28, 29-34 (subdivisions : v. 29-31, 32-34), et du verset 35 à la fin. Ces derniers versets à leur tour se subdivisent : v. 35-43 et 44 à la fin du chapitre. Nous trouvons d’abord ce que Christ est Lui-même d’une manière abstraite ; puis le témoignage que Jean Lui rend comme étant la lumière ; ensuite, ce qu’Il est, Lui, personnellement, dans le monde ; Jean n’était que le précurseur de Jéhovah, le témoin de l’excellence de Christ ; plus loin nous avons l’œuvre de Christ (l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, Il baptise du Saint Esprit et Il est le Fils de Dieu) ; Jean rassemble les fidèles autour de Jésus ; Lui les rassemble autour de Lui-même. Ceci continue jusqu’à ce que le résidu pieux d’Israël Le reconnaisse comme Fils de Dieu et comme Roi d’Israël ; alors, Il prend le caractère plus étendu de Fils de l’homme.
    Tous les caractères personnels de Christ, pour ainsi dire, se trouvent ici, ainsi que Son œuvre, mais non Ses caractères dans Sa relation avec d’autres ; Il n’est ici ni le Christ, ni le sacrificateur, ni la Tête de l’Assemblée qui est Son corps, mais la Parole, le Fils de Dieu, l’Agneau de Dieu, Celui qui baptise du Saint Esprit, et, selon le psaume 2, le Fils de Dieu, le Roi d’Israël ; Il est aussi, selon le psaume 8, le Fils de l’homme que les anges servent — en un mot Il est Dieu, Il est la vie et la lumière des hommes.
  7. L’état strictement abstrait se termine au verset 5. La réception de Christ venu comme lumière dans le monde sert d’introduction à cet évangile. Nous ne sommes plus dans ce qui est strictement abstrait ; quoique ne développant pas le sujet — ce que la Parole devint — c’est historique quant à la réception de la lumière, nous dévoilant ainsi ce que l’homme était, et ce qu’Il est, par grâce, étant né de Dieu.
  8. Ainsi le déluge, la loi, la grâce. D’abord nous trouvons un paradis d’innocence, puis un monde de péché ; plus tard un royaume de justice, finalement un monde (nouveaux cieux et nouvelle terre) dans lequel la justice habite. Mais c’est une justice éternelle, fondée sur l’œuvre de l’Agneau qui ne peut jamais perdre sa valeur. C’est un état de choses immuable. L’Église ou l’Assemblée, quoiqu’elle y soit révélée, est au-dessus et à part de tout cela.
  9. Remarquez que ce n’est pas en vertu de son témoignage public, mais après avoir entendu l’expression de son cœur qui ne s’adressait à personne.
  10. Principe profondément intéressant pour nous, comme effet de la grâce : en recevant Jésus, on reçoit tout ce qu’Il est, bien qu’au moment même, on ne voie en Lui que ce qui est le point le moins élevé de Sa gloire.
  11. Ces versets 38 à 44 embrassent les deux caractères de nos rapports avec Christ. Il reçoit les deux disciples, ils demeurent avec Lui, et Il leur demande de le suivre. Nous n’avons pas un monde dans lequel nous puissions demeurer, ni un centre autour duquel puissent se rassembler ceux que la grâce a bien disposés. Aucun prophète, ni aucun serviteur de Dieu ne pouvait le faire. Christ est le seul centre de rassemblement dans ce monde. Le fait de « suivre » suppose que nous ne sommes pas encore entrés dans le repos de Dieu. En Éden, il n’y avait pas d’appel à suivre. Au ciel, il n’y en aura pas non plus. C’est une joie et un repos parfaits, là où nous nous trouvons. En Christ nous possédons un objet divin, nous traçant un chemin bien défini à travers ce monde dans lequel nous ne pouvons nous reposer avec Dieu, car le péché s’y trouve.
  12. Sauf ce qui concerne l’Assemblée et Israël. Ici, Christ n’est pas souverain Sacrificateur ; Il n’est pas la Tête du corps, Il n’est pas révélé comme le Christ. Jean ne nous donne pas ce qui montre l’homme dans le ciel , mais Dieu, dans l’homme, sur la terre — non pas ce qui est céleste, comme étant monté dans le ciel, mais ce qui est divin ici-bas. Dans tout l’évangile, Israël est considéré comme étant rejeté. Les disciples reconnaissent Jésus comme le Christ, mais Il n’est pas proclamé comme tel.
  13. Ici Il est vu comme Fils de Dieu dans ce monde ; au verset 14, Il est dans la gloire d’un fils unique de la part du Père ; au verset 18, Il est tel dans le sein du Père.
  14. Remarquez ici que Jésus accepte d’être le centre autour duquel les âmes doivent être rassemblées — principe de toute importance. Nul autre ne pouvait occuper cette place. C’était une place divine. Le monde était ruiné, sans Dieu, et un nouveau rassemblement, tiré du monde, devait se grouper autour de Christ. Ensuite, Il donne le chemin dans lequel l’homme doit marcher : « Suis-moi ». Adam, dans le paradis, n’avait besoin d’aucun chemin. Christ donne un chemin divin, dans un monde où ne pouvait s’en trouver un pareil, car la condition tout entière du monde était le fruit du péché. Troisièmement, dans Sa personne, Il révèle l’homme comme étant le chef glorieux au-dessus de toutes choses, Celui que servent les créatures les plus élevées.
  15. Remarquez que l’état de l’homme est pleinement manifesté ici. En supposant que l’homme est extérieurement juste selon la loi, qu’il croit en Jésus selon des convictions sincères d’après la nature, il s’en revêt pour se cacher à lui-même ce qu’il est réellement. Il ne se connaît nullement ; ce qu’il est reste intact : or il est pécheur. Mais ceci nous conduit à une autre observation. Il y a deux grands principes depuis le paradis même — la responsabilité et la vie : l’homme ne peut jamais les démêler jusqu’à ce qu’il apprenne qu’il est perdu et qu’il n’existe pas de bien en lui ; alors il est content de savoir qu’il y a une source de vie et de pardon en dehors de lui. C’est ce qui nous est montré ici. — Il faut la vie nouvelle. — Jésus n’enseigne pas une nature qui n’est que du péché. Ces deux principes sont développés dans les Écritures d’une manière remarquable : d’abord, au paradis, comme nous l’avons dit, la responsabilité et la vie en puissance. L’homme prit le fruit d’un arbre, tomba sous le rapport de la responsabilité et fut déchu de la vie. La loi donnait la mesure de la responsabilité lorsque le bien et le mal furent connus, et promettait la vie sur ce principe : faire ce qui était commandé, en satisfaisant à la responsabilité. Christ vient, fait face aux manquements de l’homme sous le rapport de la responsabilité, et donne, ce qu’Il est, la vie éternelle. Ainsi, et ainsi seulement, la question peut être résolue, et les deux principes réconciliés.
    Mais deux choses se présentent en Lui pour révéler Dieu : Il connaît l’homme et tous les hommes. Quelle connaissance dans ce monde ! Un prophète sait ce qui lui est révélé ; il a dans ce cas-là une connaissance divine. Mais Jésus connaît tous les hommes d’une manière absolue. Il est Dieu. Puis une fois qu’Il a introduit la vie en grâce, Il parle d’une autre chose : Il dit ce qu’Il connaît, et rend témoignage à ce qu’Il a vu. Or Il connaît Dieu Son Père dans le ciel ; Il est le Fils de l’homme qui est dans le ciel. — Il connaît l’homme divinement, mais Il connaît Dieu et toute Sa gloire divinement aussi.
    Quel superbe tableau, quelle révélation plutôt, devrais-je dire, de ce que Jésus est pour nous, car c’est ici comme homme qu’Il nous parle ; aussi devient-Il pour que nous y entrions et que nous en jouissions, le sacrifice pour le péché, selon l’amour éternel de Dieu, Son Père.
  16. C’est-à-dire tel qu’il était venu alors. Eux, voyaient le fils du charpentier. En gloire, cela est évident, tout œil sur la terre verra le royaume.
  17. Lisez ainsi, et non pas « et par la Parole ».
  18. Remarquez ici que le baptême, au lieu d’être le signe du don de la vie, est le signe de la mort : nous sommes baptisés pour Sa mort. En sortant de l’eau, nous commençons une nouvelle vie en résurrection ; tout ce qui tient à l’homme naturel étant censé être mort en Christ et passé pour tout jamais — « vous êtes morts ». Or « celui qui est mort est justifié du péché » ; mais nous vivons ainsi avec une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ. Ainsi Pierre compare le baptême au déluge à travers lequel Noé a été sauvé, mais qui a mis à mort le vieux monde qui a eu comme une nouvelle vie, quand il en a été dehors.
  19. Sur la croix, Christ n’est pas sur la terre, mais Il est élevé de la terre, rejeté ignominieusement par l’homme, mais en même temps, par cette œuvre, Il est présenté comme une victime offerte à Dieu sur l’autel.
  20. La question se présente ici naturellement, où finit le témoignage de Jean, et où commence celui de l’évangéliste. Je présume que les deux derniers versets sont de l’évangéliste.
  21. Remarquez ici que le Seigneur, tout en ne cachant pas le caractère de Son témoignage, ce qu’Il ne pouvait pas (v. 11-13), parle de la nécessité de Sa mort et de l’amour de Dieu : — Jean, de la gloire de la personne de Christ. Jésus exalte Son Père, en subissant la nécessité que Lui imposait la condition de l’homme, si le Seigneur voulait le placer dans une nouvelle relation avec Dieu : « Dieu », dit-Il, « a tant aimé » ; Jean exalte Jésus. Tout est parfait et à sa place. Le témoignage de Jean à l’égard de Jésus comprend deux choses : la suprématie du Seigneur ; Son témoignage ; ensuite ce qui suit (v. 35, 36) : le fait que toutes choses sont remises entre Ses mains par le Père qui L’aime ; et la vie éternelle de la part de Dieu, en contraste avec la colère qui est le sort de l’homme non croyant — ceci est plutôt une révélation nouvelle ; le conseil de Dieu en mettant toutes choses entre les mains de Christ, Celui-ci étant Lui-même la vie éternelle descendue du ciel, est le témoignage de Jean l’évangéliste.
  22. Remarquez ici que ce n’est pas comme pour Israël dans le désert où l’eau coulait du rocher frappé. Ici, la promesse est celle d’une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle, et cela pour nous.
  23. On trouve dans les écrits de Jean que, lorsqu’il est question de la responsabilité, Dieu est le mot employé ; quand c’est la grâce envers nous, le Père et le Fils. Enfin, quand c’est la bonté (caractère de Dieu en Christ) envers le monde, c’est le mot Dieu qui est employé.
  24. Christ apporte avec Lui la force exigée de l’homme, par la loi, pour pouvoir en profiter.
  25. Quels que soient l’institution ou l’arrangement nouveaux établis sous la loi, le sabbat y est toujours introduit. Et en vérité, sous un certain rapport, avoir part au repos de Dieu est le plus élevé de nos privilèges. Le sabbat terminait la première création ; il en était la fin et la sera quand elle aura son accomplissement. Notre repos à nous se trouve dans la nouvelle création et cela non dans l’état du premier homme comme créature, mais comme hommes ressuscités, Christ, le second homme, en étant le commencement et le chef. De là, le premier jour de la semaine.
  26. Le sabbat de Dieu est un sabbat d’amour et de sainteté.
  27. Remarquez la portée de ceci. S’ils ne viennent pas en jugement pour régler leur état, comme dirait l’homme, ils sont montrés comme étant complètement morts dans le péché. La grâce en Christ ne voit pas un état incertain qui sera déterminé par le jugement. La grâce donne la vie et met à l’abri du jugement. Mais tandis qu’Il juge comme Fils de l’homme, d’après les actes accomplis dans le corps, Il montre ici que, pour commencer, tous étaient morts dans le péché.
  28. L’application directe de ces faits est pour le résidu ; mais aussi, comme nous l’avons indiqué dans le texte, nous sommes, pour ainsi dire, quant à notre marche sur la terre, la continuation de ce résidu : Christ est en haut pour nous, tandis que nous sommes dans l’orage ici-bas. La partie subséquente du chapitre, le pain de vie, est proprement pour nous. Le monde est en question, non Israël. En effet, quoique Christ soit pour Israël comme Aaron au-dedans du voile, tandis qu’Il se trouve là, les saints ont proprement leur caractère céleste.
  29. Les Juifs, dans Jean, sont toujours distingués de la foule ; ce sont les habitants de Jérusalem et de la Judée. Peut-être faciliterait-on l’intelligence de cet évangile, si l’on disait, au lieu de Juifs — « ceux de Judée », ce qui est le vrai sens.
  30. Cette vérité est d’une immense importance en ce qui concerne la question des sacrements. L’école puseyite déclare que les sacrements sont la continuation de l’incarnation. C’est en tous points une erreur et, de fait, une négation de la foi. Les deux sacrements, la cène et le baptême, signifient la mort. Nous sommes baptisés pour la mort de Christ ; la cène est sans contredit un emblème de cette mort. J’emploie les mots « négation de la foi », parce que le Seigneur montre que si quelqu’un ne mange Sa chair et ne boit Son sang, il n’a pas la vie en lui-même. Dans Son incarnation, Christ demeure seul. Sa présence dans la chair ici-bas montrait que Dieu et les hommes pécheurs ne pouvaient être unis. Le fait qu’Il vint comme homme dans ce monde, aboutit à Sa réjection — prouvant ainsi l’impossibilité de l’union ou même d’un fruit quelconque produit sur ce terrain. Il fallait que la rédemption intervînt, que le sang de Christ fût répandu, qu’Il fût élevé de la terre, attirant ainsi tous les hommes à Lui : si la mort n’intervenait pas, Il demeurait seul. Les disciples ne pouvaient participer au « pain qui descend du ciel » s’ils ne mangeaient Sa chair et ne buvaient Son sang. Un sacrifice de gâteau qui n’était pas accompagné d’une offrande dans laquelle le sang était répandu, n’avait aucune valeur, ou plutôt devenait un sacrifice de Caïn. De plus, la cène nous présente un Christ mort et cela seulement — le sang répandu en dehors du corps. Un tel Christ n’existe plus ; et c’est pourquoi la transsubstantiation, la consubstantiation et toutes les doctrines semblables ne sont que des fables absurdes. Par le Saint Esprit nous sommes unis à un Christ glorifié et nous célébrons cette mort infiniment précieuse sur laquelle repose toute notre bénédiction et grâce à laquelle nous avons été amenés là où nous sommes. Nous le faisons en mémoire de Lui, et dans nos cœurs nous nous nourrissons de Celui qui a été donné pour nous.
  31. Il est bon de remarquer que, dans ce passage, aux versets 51 et 53, le mot manger est un aoriste — quiconque a fait ainsi. Dans les versets 54, 56 et 57, manger est au présent — une action présente, continue.
  32. La moisson est un jugement séparatif ; il y a de l’ivraie et du bon grain. Le pressoir est le jugement exécutif de la vengeance. Dans le premier cas, il y en aura deux dans un lit, l’un sera pris, et l’autre laissé ; mais le pressoir représente uniquement la colère comme en Ésaïe 63, et en Apocalypse 14.
  33. Cette gloire, cependant, est seulement sous-entendue ici, non développée. Elle ne peut pas se trouver à la fête des tabernacles, le repos d’Israël, et Jésus ne peut s’y montrer au monde, comme Il le fera alors ; mais, au lieu de cela, Il donne le Saint Esprit. Nous savons que cela suppose Sa position actuelle, à laquelle fait allusion le chapitre 6.
  34. La doctrine du chapitre 9 continue jusqu’au verset 30 du chapitre 10.
  35. Le chapitre 8 est pratiquement conforme au chapitre 1, 5 ; mais outre cela, nous trouvons ici l’inimitié et l’hostilité contre Celui qui était la lumière.
  36. Cette distinction de la grâce et de la responsabilité (en rapport avec les noms de Père et Fils, et celui de Dieu) a déjà été mentionnée.
  37. Non pas « une seule bergerie ». Il n’y a pas de bergerie actuellement.
  38. 2 Timothée 1, 10 ; Hébreux 2, 14.
  39. L’amour et l’obéissance sont les principes dominants de la vie divine. Ceci est développé quant à nous-mêmes dans la première épître de Jean. La dépendance est un autre trait de cette vie, dans la créature, et cela a été pleinement manifesté en Jésus, comme homme.
  40. Il est très remarquable de voir le Seigneur dans l’humiliation de Son service d’obéissance, permettant au mal d’avoir son plein accomplissement comme preuve de la ruine de l’homme (la mort) et du pouvoir de Satan, jusqu’à ce que la volonté de Son Père l’appelle à intervenir. Alors aucun danger ne L’empêche d’agir. Il est la résurrection et la vie par Sa présence personnelle et Sa puissance, et ensuite se donnant Lui-même — comme tel — jusqu’à se livrer à la mort pour nous.
  41. Christ a pris la vie humaine en grâce et sans péché ; et dans cette vie, Il prit le péché sur Lui, le péché qui se rattache, pour ainsi dire, à cette vie dans laquelle Il n’a pas connu le péché, mais a été fait péché pour nous ; Christ y meurt ; Il quitte cette vie ; Il est mort une fois pour toutes au péché ; Il en a fini avec le péché, en en finissant avec la vie à laquelle ce péché se rattachait, non pas en Lui certainement mais en nous. Et ressuscité par la puissance divine, Il vit dans un état tout nouveau dans lequel n’entre pas le péché, laissé en arrière avec la vie qu’Il a quittée (Rom. 6, 3-10). Nous y sommes par le moyen de la foi et par la grâce.
    On a prétendu que de telles pensées affaiblissent les vérités de la vie divine et éternelle qui était en Christ. Ce sont là d’ineptes calomnies. Même lorsqu’il s’agit d’un pécheur inconverti, le fait de mourir, ou de laisser sa vie, ne signifie pas qu’il cesse d’exister quant à la vie humaine intérieure. Tous vivent à Dieu et la vie divine en Christ ne pouvait jamais cesser ni être changée. Il n’abandonna jamais cette vie-là, mais, dans la puissance de cette vie, Il la donna telle qu’Il la possédait ici-bas comme homme, pour la reprendre d’une manière entièrement nouvelle, en résurrection, au-delà du tombeau. Le reproche qu’on nous fait est donc un reproche des plus méchants. Dans cette troisième édition, je n’ai rien changé à cette note, mais j’y ai ajouté ces quelques mots dans l’espoir de la rendre claire pour tous. Cette doctrine elle-même est une vérité vitale. J’ai retranché ou modifié une partie du texte pour une autre raison, savoir, qu’il y avait confusion entre la divine puissance de vie en Christ, et le fait que Dieu L’avait ressuscité, comme un homme mort dans le tombeau. Les deux vérités sont des réalités bénies, mais elles sont différentes l’une de l’autre et on pouvait les confondre. Dans les Éphésiens, Christ comme homme est ressuscité par Dieu. En Jean, nous trouvons qu’Il possède en Lui-même la divine puissance vivifiante.
  42. La résurrection a un double caractère : la puissance divine qu’Il pouvait exercer et exerçait pour ce qui Le concernait Lui-même (chap. 2, 19), et ici Il l’exerce en faveur de Lazare ; ces deux caractères sont d’abord une preuve de Sa nature divine, puis de la délivrance d’un homme mort de son état de mort. Ainsi Dieu ressuscite Christ d’entre les morts, ainsi aussi Christ ressuscite Lazare. Dans la résurrection de Christ, ces deux caractères se trouvent réunis dans Sa personne. Ici, naturellement, ils sont séparés. Mais Christ a la vie en Lui-même et cela en divine puissance. Mais Il a laissé Sa vie en grâce. Nous sommes vivifiés ensemble avec Lui, en Éphésiens 2. Mais il semble que l’apôtre évite l’expression : « Il a été vivifié », en parlant de Lui seul, au chapitre 1.
  43. La calomnie à laquelle j’ai fait allusion à la page 273 sanctionne (involontairement, j’aime à le constater) l’abominable doctrine de l’annihilation ; comme si le fait de laisser sa vie ou de mourir, c’est-à-dire, la fin de la vie ici-bas, comportait la fin de l’existence. Je le fais remarquer, parce que cette doctrine mauvaise est fort en vogue maintenant. Elle renverse le fondement même du christianisme.
  44. Remarquez quel sentiment l’apôtre avait de la puissance de cette vie quand il dit : « Que ce qui est mortel soit absorbé par la vie ». — Considérez sous ce point de vue les cinq premiers chapitres de la seconde épître ans Corinthiens.
  45. Je parle seulement de la puissance nécessaire pour produire cet effet ; car, de fait, l’état de péché où est l’homme, Juif ou Gentil, exigeait l’expiation ; et il n’y aurait pas eu des saints à rappeler d’entre les morts si la grâce de Dieu n’avait pas agi en vertu et en vue de cette expiation. Je parle simplement de la puissance qui se trouvait dans la personne de Christ et qui dominait toute la puissance de la mort qui ne pouvait rien contre le Fils de Dieu. Mais l’état de l’homme, qui nécessitait la mort de Jésus, n’était démontré que par le rejet de Jésus, rejet qui montrait que tout moyen était inutile pour ramener à Dieu l’homme tel qu’il était.
  46. Dans cet évangile, la résurrection de Lazare avait pour résultat le rassemblement de la foule autour de Jésus — le témoignage qu’Il était le Fils de Dieu.
  47. Des Grecs proprement dits, non pas des Hellénistes, c’est-à-dire des Juifs qui parlaient la langue grecque et appartenaient à des provinces étrangères, étant de la dispersion.
  48. La résurrection suit la condition de Christ. Lazare était ressuscité, tandis que le Seigneur était encore ici-bas, et il était ressuscité pour vivre encore dans la chair. Lorsque Christ nous ressuscitera en gloire, Il nous introduira dans la gloire. Et même maintenant que Christ est caché en Dieu, notre vie y est cachée avec Lui.
  49. Il n’y a pas de sang ici. Assurément, cela doit être. Il n’est pas venu par l’eau seulement, mais par l’eau et le sang ; mais ici le lavage est, sous tous les rapports, celui de l’eau. Le lavage des péchés par Son propre sang n’est jamais répété ; il est effectué une fois pour toutes. Sans cela, Christ aurait dû souffrir plusieurs fois (voyez Héb. 9 et 10). Pour ce qui concerne l’imputation, il n’y a plus aucune conscience de péchés.
  50. Le Seigneur, en devenant homme, prit sur Lui la forme d’un serviteur (Phil. 2). Il la conservera toujours. On pourrait croire qu’Il y renoncerait en montant dans la gloire, mais Il nous montre ici qu’il n’en est rien. Il dit maintenant, comme en Exode 21 : « J’aime mon maître, j’aime ma femme, j’aime mes enfants ; je ne veux pas m’en aller libre ». Il reste serviteur pour toujours, même lorsqu’Il aurait pu avoir douze légions d’anges. Ici, Il est serviteur pour laver les pieds des siens, souillés par le passage à travers ce monde. En Luc 12, nous voyons que, dans la gloire, Il garde la place du service. Il est doux de penser que, même là-haut, Il nous communique pour notre bonheur les plus riches bénédictions du ciel.
  51. De l’autre côté, Pierre est mort pour Jésus ; — Jean a été laissé pour soigner l’Église, et il ne paraît pas qu’il ait été martyr.
  52. Par cette expression Il fait allusion au temple.
  53. Notez que ceci est individuel, ce n’est pas l’union des membres du corps avec Christ ; le mot union n’est pas le terme exact. Nous sommes en Lui. C’est plus que l’union, mais non pas la même chose. C’est la nature et la vie, la position en elles, notre place dans cette nature et cette vie. Lorsque Christ était sur la terre, et que les disciples ne possédaient pas le Saint Esprit, ils auraient dû connaître qu’Il était dans le Père, et que le Père était en Lui. Lorsque Christ fut élevé dans les cieux et qu’ils eurent le Saint Esprit, ils connurent qu’ils étaient en Lui, et Lui en eux.
  54. « Garder la parole », va un peu plus loin que garder les commandements. La première expression suppose qu’on réalise davantage la pensée de Jésus, la portée de tout ce qu’Il dit — que tout ce qu’Il exprime dirige le cœur.
  55. Ceci est heureusement vrai sous tous les rapports, excepté, cela va sans dire, quant à Sa nature divine suprême et à Son unité avec le Père : en ceci Jésus demeure divinement seul. Mais Il nous introduit dans tout ce qu’Il possède comme homme et comme Fils dans Sa nature humaine : « Mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu ». Sa paix, Sa joie, les paroles que le Père Lui a données, Il nous les a données ; la gloire qui Lui a été donnée, Il nous l’a donnée ; de l’amour dont le Père L’a aimé, Lui nous a aimés. Les desseins de Dieu n’étaient pas seulement de faire ressortir notre responsabilité comme enfants d’Adam, mais de nous placer devant le monde dans la même position que le second Adam, Son propre Fils. Et l’œuvre de Christ a accompli cela en justice.
  56. Le chapitre 14 nous donne les relations personnelles du Fils avec le Père, et notre position en Lui qui en découle, connue par le Saint Esprit qui nous est donné. Au chapitre 15, nous avons Sa position et Sa demeure sur la terre, comme le vrai cep, et ensuite Sa position glorieuse, comme étant exalté, et envoyant le Consolateur pour nous le révéler.
  57. Comparez, pour cette substitution de Christ à Israël, Ésaïe 49. Il recommence Israël en bénédiction comme Il a recommencé l’homme.
  58. Il y a trois exhortations : Demeurez en moi. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez. Demeurez dans mon amour.
  59. On a pensé que la joie dont il est question ici, est la joie de Christ dans la marche d’un disciple obéissant : je ne le pense pas. C’est la joie dont Il jouissait ici-bas, comme Il nous a laissé Sa propre paix, et nous donnera Sa propre gloire.
  60. Jésus ne dit pas : Le Père « m’aime », mais : « m’a aimé », c’est-à-dire qu’Il ne parle pas simplement de l’amour éternel du Père pour le Fils, mais de l’amour du Père déployé envers Lui, le Fils, durant Son humanité ici-bas.
  61. En les choisissant et les mettant à part pour jouir ensemble de cette relation avec Lui en dehors du monde, Jésus avait placé les disciples dans une position dont l’amour mutuel était comme une conséquence naturelle ; et, en effet, la conscience de cette position et l’amour vont ensemble.
  62. Remarquez qu’il est fait de nouveau mention ici de Sa Parole et de Ses œuvres.
  63. Remarquez ici le développement pratique, pour ce qui regarde la vie, de ce sujet si profondément intéressant. En 1 Jean 1 et 2, la vie éternelle qui avait été avec le Père, a été manifestée (car « en lui », le Fils, « était la vie »), aussi était-Il la Parole de vie, et Dieu était lumière (comp. Jean 1) ; les chrétiens devaient (1 Jean 2, 3-5) garder Ses commandements : c’était un ancien commandement qu’ils avaient eu depuis le commencement (c’est-à-dire depuis le commencement du ministère de Jésus Lui-même ici-bas, de Celui que leurs mains avaient touché). Mais maintenant ce commandement était vrai en Lui et en eux ; cette vie, c’est-à-dire cette vie d’amour dont ces commandements étaient l’expression ainsi que celle de la justice, se reproduirait en eux, en vertu de leur union avec Jésus par le Saint Esprit, selon Jean 14, 20. Aussi demeurait-on en Jésus (1 Jean 2, 6). Dans notre évangile, chapitre 1, nous trouvons le Fils qui est dans le sein du Père, qui révèle le Père. Or Il révèle le Père comme Il le connaît Lui-même étant dans Son sein ; Il révèle ce que le Père était pour Lui-même. Jésus a apporté cet amour (dont Il était l’objet) au sein de l’humanité, et l’a placé dans le cœur de Ses disciples (comp. 17, 26). Ceci est manifesté actuellement en perfection par l’habitation de Dieu en nous, et par Son amour rendu parfait en nous, tandis que nous demeurons dans l’amour fraternel (1 Jean 4, 12 ; comp. Jean 1, 18). La manifestation du fait que nous avons été ainsi aimés, aura lieu par notre apparition dans la même gloire que Christ (17, 22-23). Christ manifeste cet amour en venant du Père ; Ses commandements nous l’enseignent ; la vie que nous avons en Lui le reproduit. Ainsi, les préceptes du Seigneur forment et dirigent cette vie à travers les voies de la chair et les tentations, au milieu desquelles, sans péché, Il a vécu de cette vie ; le Saint Esprit est la force de cette vie en nous, comme étant le lien puissant et vivant de nos âmes avec Lui, l’Esprit par lequel nous avons la conscience d’être en Lui, et Lui en nous (l’union comme corps à la tête est une autre chose, qui n’est jamais le sujet traité dans Jean). De Sa plénitude nous recevons grâce sur grâce. C’est pourquoi nous devrions non pas être ce qu’Il a été, mais marcher comme Il a marché ; car nous ne devons pas marcher selon la chair, quoiqu’elle soit en nous, et pas en Lui.
  64. L’homme est jugé sur ce qu’il a fait ; il est perdu pour ce qu’il est.
  65. Chap. 13, 31, 32 ; 17, 1, 4, 5.
  66. Plus nous examinons l’évangile de Jean, et plus nous voyons une personne qui parle et agit comme une personne divine — une avec le Père — et pouvait seule le faire, mais cependant toujours comme Celui qui a pris la place de serviteur, qui ne prend rien sur Lui, mais reçoit tout de Son Père. « Je t’ai glorifié » ; « maintenant, glorifie-moi ». Quel langage d’égalité de nature et d’amour ! Jésus ne dit pas : Et maintenant je me glorifierai moi-même. Il a pris la position d’un homme pour tout recevoir, quoique ce fût la gloire qu’Il possédait avec le Père avant que le monde fût. Ceci est d’une beauté exquise. J’ajouterai que c’est sur ce point que l’Ennemi chercha en vain à Le séduire, dans le désert.
  67. Comp. 1 Jean 1, 3 ; et voyez combien le langage de l’apôtre ressemble à celui de Christ.
  68. Il est parlé ici de trois unités. Premièrement, celle des disciples : « un, comme nous », unité formée par la puissance d’un seul Esprit, en pensée, en dessein, en service, le Saint Esprit les rendant tous un, leur chemin en commun étant l’expression de Ses pensées et de Sa puissance, et de pas autre chose. Ensuite, l’unité de ceux qui croiraient par leur moyen, l’unité en communion avec le Père et le Fils : « un en nous » — toujours par le Saint Esprit, mais comme y étant amenés, ainsi que nous l’avons déjà dit (voir 1 Jean 1, 3). Enfin l’unité dans la gloire : « consommés en un », en manifestation et révélation descendant sur eux, le Père dans le Fils, et le Fils en eux tous. La seconde unité était pour que le monde crût ; la troisième pour qu’il connût. Les deux premières étaient littéralement accomplies, selon les termes dans lesquels elles avaient été exprimées. Il n’est pas nécessaire de dire combien dès lors les croyants se sont éloignés de ces vérités.
  69. Jésus ne dit pas ici : Afin que le monde croie.
  70. Ceci correspond à Moïse et à Élie entrant dans la nuée, outre leur manifestation dans la même gloire que Christ, se tenant sur la montagne.
  71. On dit que les traditions juives leur défendaient de mettre quelqu’un à mort pendant les grandes fêtes. Il est possible que ceci ait eu de l’influence sur les Juifs ; mais quoi qu’il en soit, les conseils de Dieu ont été ainsi accomplis. Les Juifs, ainsi que le meurtre d’Étienne le montre, n’étaient pas à d’autres moments si prompts à se soumettre aux exigences romaines, qui les privaient du droit de vie et de mort.
  72. C’est la force de l’expression employée ici, qui est toute différente de celle d’expirer. Luc nous apprend que le Sauveur a rendu Son esprit, en disant : « Père ! entre tes mains je remets mon esprit ». Mais dans les paroles qui nous occupent ici, le Saint Esprit tient à présenter la mort même du Sauveur, comme l’effet de l’acte volontaire de Celui qui rendait Son esprit, et non pas de montrer à qui Jésus, comme homme, en mourant, confiait avec une foi absolue et parfaite Son esprit humain, Son âme. C’est le côté de Sa capacité divine qui trouve ici, non pas celui de Sa confiance en Son Père. Ce mot n’est jamais employé de cette manière, sauf pour Christ, dans ce passage, soit dans le Nouveau Testament, soit dans les Septante.
  73. « Sept démons ». Ceci représente la complète possession de cette pauvre femme par ces êtres impurs, auxquels elle avait été en proie. C’est l’expression du véritable état du peuple juif.
  74. Il m’est impossible en donnant de grands principes, pour aider ceux qui cherchent à comprendre la Parole, de développer tout ce qu’il y a de profondément touchant et intéressant dans ce chapitre 20, que j’ai souvent médité, et, par la grâce, avec un intérêt toujours croissant. Cette révélation du Seigneur à Marie, qui ne pouvait se passer de son Sauveur, est d’un intérêt touchant, dont chaque détail rehausse la beauté. Mais il y a un point de vue sur lequel je ne puis qu’attirer l’attention du lecteur. La Parole présente ici quatre états d’âme dont l’ensemble est très instructif, et qui se réalisent tous dans l’état d’un croyant.
    1° Pierre et Jean qui voient et croient, croient réellement ; mais ils ne voient pas en Christ le seul centre de toutes les pensées de Dieu pour l’accomplissement de Sa propre gloire, à l’égard du monde et des âmes. Jésus n’est pas non plus le centre des affections de Pierre et de Jean eux-mêmes bien qu’ils croient. Ayant trouvé que Jésus est ressuscité, ils peuvent rester tranquilles sans Le posséder ; — tandis que Marie, qui ne le savait pas, Marie qui était d’une ignorance coupable même, ne pouvait toutefois être heureuse et satisfaite sans Jésus ; il faut qu’elle Le possède, Lui. Pierre et Jean s’en retournent chez eux : — là se trouve le centre de leurs intérêts ; ils croient bien, mais le moi, leur chez eux, leur suffisent.
    2° Thomas croit et reconnaît avec une foi orthodoxe et réelle, à des preuves irrécusables, que Jésus est son Seigneur et son Dieu ; il croit réellement pour lui-même. Il n’a pas les communications de l’efficace de l’œuvre du Seigneur, et des relations dans lesquelles Jésus place les siens, l’Église, avec Son Père. Il a la paix peut-être, mais toute la révélation de la position de l’Église lui manque. Que d’âmes, d’âmes sauvées même, se trouvent dans ces deux états de Pierre et de Jean, ou de Thomas !
    3° Marie de Magdala est on ne peut plus ignorante ; elle ne sait pas que Jésus est ressuscité ; elle a si peu la vraie notion qu’Il est Seigneur et Dieu, qu’elle pense que quelqu’un aura pu enlever Son corps ; mais Christ est tout pour elle, le besoin de son âme, le seul désir de son cœur ; sans Lui, elle n’a ni un chez elle, ni Seigneur, ni quoi que ce soit ! Or à ce besoin, Christ répond. Ce sont ces besoins qui signalent l’œuvre du Saint Esprit. Le Seigneur appelle Sa brebis par Son nom, se montre à elle la toute première, lui fait comprendre que Sa présence ne devait pas être alors un retour selon les espérances judaïques, accompli dans Son corps sur la terre, mais qu’Il devait, Lui, monter vers Son Père, que Ses disciples étaient maintenant Ses frères, et qu’ils étaient placés dans la même position que Lui-même vis-à-vis de Son Dieu et de Son Père — que Lui, homme, homme ressuscité, montait auprès de Son Dieu et Père. Toute la gloire de la nouvelle position individuelle lui est ouverte.
    4° C’est cette révélation qui rassemble les disciples ; alors Jésus leur apporte la paix qu’Il a faite, et ils ont la joie complète d’un Sauveur présent qui leur apporte cette paix. Il fait de cette paix, possédée par eux en vertu de Son œuvre et de Sa victoire, leur point de départ, et les envoie, comme le Père L’avait envoyé, leur communiquant le Saint Esprit comme souffle et puissance de vie, pour qu’ils soient capables de communiquer cette paix à d’autres. Il fait part à Ses disciples maintenant, ainsi qu’Il l’avait fait à Marie, de l’efficace de Son œuvre, des relations avec le Père qui en résultaient ; et toutes ces communications sont la réponse à l’attachement de Marie à Christ, ou le fruit qu’il produisait. Si, par la grâce, l’affection se trouve là, certainement une réponse sera accordée de la part de Dieu au besoin qu’Il a produit dans le cœur. Ce que le Seigneur révèle ici est la vérité qui découle de l’œuvre de Christ. Nul autre état que ce que Christ présente ici, n’est en accord avec ce qu’Il a fait, et avec l’amour du Père ; et Christ ne peut, par Son œuvre, nous placer dans aucun autre.
  75. Comparez Romains 4, 8, et Colossiens 3, 3. La résurrection était la puissance de vie qui les faisait sortir du domaine du péché, lequel avait son terme dans la mort, et avait été condamné par la mort de Jésus. C’est une question, non de culpabilité, mais de condition. Notre culpabilité, Dieu soit béni, était aussi enlevée. Mais ici, nous mourons avec Christ, et la résurrection nous présente (les Romains, cités plus haut, développent le côté de la mort ; l’épître aux Colossiens y ajoute la résurrection. Dans les Romains, c’est la mort au péché ; dans les Colossiens, la mort au monde) nous présente, dis-je, vivants devant Dieu d’une vie dans laquelle Jésus, et nous par Lui, comparaissons en Sa présence, selon la perfection de la justice divine. Mais cela supposait aussi Son œuvre.
  76. Ainsi nous est présentée dans la vie ministérielle et dans les enseignements de Pierre et de Jean, toute l’histoire religieuse terrestre depuis le commencement jusqu’à la fin, en commençant par les Juifs, comme continuation des rapports personnels de Christ avec eux, traversant toute l’époque chrétienne, et se retrouvant, après la fin de l’histoire terrestre de l’Assemblée, sur le terrain des rapports de Dieu avec le monde (y compris le résidu juif) en vue de l’introduction du premier-né dans le monde. Ce dernier glorieux événement termine l’histoire qui avait commencé avec Son rejet.
    Paul est sur un terrain tout différent. Il voit l’Assemblée comme corps de Christ, unie à Lui dans les cieux.
  77. Jean présente le Père manifesté dans le Fils, Dieu déclaré par le Fils qui est dans le sein du Père, et cela comme vie éternelle — Dieu manifesté à nous et la vie. Le but de Paul est de révéler notre présentation à Dieu en Christ. Quoique chacun d’eux fasse allusion, en passant, à l’autre point de doctrine — l’un est caractérisé par la présentation de Dieu à nous, et la vie éternelle donnée ; le second, par notre présentation à Dieu.