Études Scripturaires:Le ciel

De mipe
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traduit de l’anglais par Steven van MuydenW. Trotter 28 août 1854

Je désire rassembler, dans l’Écriture, les instructions qu’elle nous donne touchant le ciel, que nous le regardions comme l’objet présent de nos affections, ou comme notre habitation future. « Participants de l’appel céleste » (Héb. 3, 1) nous avons intérêt à nous enquérir de ce qui concerne le lieu vers lequel nous nous dirigeons, et, déjà « assis ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ » (Éph. 2, 6), nous ne faisons ainsi que contempler les objets au milieu desquels la grâce de Dieu nous a placés. Que le Saint Esprit dirige et bénisse et ceux qui lisent, et le pauvre pécheur qui essaie d’écrire sur un pareil sujet !

« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre » (Gen. 1, 1). Telles sont les paroles par lesquelles commence le livre inspiré. Ce n’est cependant que lorsque nous arrivons au milieu du volume que nous apprenons dans quel but ces deux sphères séparées ont été créées : « Quant aux cieux, les cieux sont à l’Éternel ; mais il a donné la terre aux enfants des hommes » (Ps. 115, 16). Mais tandis que tel était le but général et ostensible de Dieu, nous apprenons d’un autre passage de l’Écriture que, déjà avant la création du monde, le dessein de Dieu était de placer les saints dans le ciel : « Dieu a créé toutes choses par Jésus Christ, afin que la sagesse de Dieu infiniment variée fût maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par le moyen de l’Église, selon le dessein arrêté dès les siècles, qu’il a formé dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Éph. 3, 9-11). Ainsi nous voyons que, tandis que ni le ciel, ni l’enfer, n’étaient faits pour l’homme, puisque c’est le péché qui a précipité la famille humaine dans l’enfer, et que ce n’est que la grâce qui a pu prendre occasion du péché de l’homme pour ouvrir le ciel à des pécheurs pardonnés, le dessein d’après lequel ce miracle s’accomplit est un dessein éternel. Dieu, prévoyant la chute de l’homme, s’est proposé de toute éternité d’en sortir quelques-uns de cette race déchue pour les placer, avec Son Fils glorifié, dans le ciel dont le psalmiste nous dit qu’il est « à l’Éternel », tandis que c’est la terre qu’Il a donnée « aux enfants des hommes ». Ce n’est donc pas par accident, mais selon le dessein éternel de Dieu, que, au lieu d’être seulement bénis de bénédictions temporelles sur la terre, nous nous trouvons « bénis en toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes » (Éph. 1, 3). Et si nous nous demandons comment il est possible que nous ayons ainsi trouvé grâce aux yeux de Dieu, que Sa réponse nous rassure, et nous donne le courage de contempler par la foi l’héritage dont nous avons été faits cohéritiers avec Christ « afin qu’il fît voir dans les siècles à venir la surabondante richesse de sa grâce par sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2, 7).

L’Ancien Testament ne nous donne guère d’instructions, quant au ciel, que d’une manière typique. Nous y lisons en vérité, quant à Énoch, qu’il « marcha avec Dieu, mais qu’il ne parut plus, parce que Dieu le prit » (Gen. 5, 24). Mais ce n’est que dans le Nouveau Testament que les paroles : « on ne le trouva pas, parce que Dieu l’avait transporté », nous sont expliquées par celles-ci : « Énoch fut transporté pour ne point voir la mort » (Héb. 11, 5). De même quant à Abraham, Isaac et Jacob, nous lisons dans la Genèse le récit de leurs pèlerinages, et nous sentons qu’il devait y avoir quelque attraction puissante pour agir ainsi sur leurs cœurs, et les rendre étrangers à la terre ; mais ce n’est aussi que dans l’épître aux Hébreux que nous apprenons le secret de tout cela. D’Abraham il est dit qu’il « attendait la ville qui a les fondements, et dont Dieu est l’architecte et l’ouvrier » (Héb. 11, 10) ; et de ceux qui « faisaient profession d’être étrangers et forains sur la terre », il est dit que « ceux qui parlent ainsi montrent manifestement qu’ils recherchent une patrie ; et, s’ils eussent eu le souvenir de celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner ; mais maintenant ils aspirent à une meilleure, c’est-à-dire à une céleste ; c’est pourquoi Dieu n’a point honte d’eux, ni de s’appeler leur Dieu, car il leur a préparé une ville » (v. 13-16). Les patriarches et les autres saints de l’Ancien Testament regardaient sans doute en avant vers la résurrection et une patrie céleste ; mais c’était dans l’exercice d’une foi qui allait au-delà de la dispensation sous laquelle ils étaient placés ; aussi n’est-ce pas de leur histoire, mais de la manière dont il est parlé d’eux dans le Nouveau Testament, que nous apprenons le caractère céleste de leurs espérances. L’économie elle-même, celle au moins sous laquelle Israël était placé, était essentiellement terrestre ; le ciel est simplement regardé, dans l’Ancien Testament, comme la demeure de Dieu et de Ses anges, ou, en un mot, comme la source de l’influence qui s’exerce sur les choses d’ici-bas, qu’elles soient envisagées comme actuelles ou comme futures. Ainsi nous lisons dans l’Ancien Testament : « L’Éternel est celui qui est Dieu dans les cieux » (Deut. 4, 39). « Les cieux, les cieux des cieux, appartiennent à l’Éternel » (Deut. 10, 14). « Dieu habite au plus haut des cieux » (Job 22, 12). « L’Éternel a établi son trône dans les cieux » (Ps. 103, 19). « Ainsi a dit l’Éternel : Les cieux sont mon trône, et la terre est le marchepied de mes pieds » (És. 66, 1). Voilà quelques passages qui parlent du ciel comme du séjour de Dieu, du siège de Sa gloire, du lieu depuis lequel Il gouverne le monde. Nebucadnetsar a dû être chassé pour apprendre cela ; car il lui est dit : « Ton royaume te sera rendu dès que tu auras connu que les cieux règnent » (Dan. 4, 26). Cela s’appliquait au temps d’alors ; cela s’applique aussi au temps d’aujourd’hui ; mais cela s’appliquera plus particulièrement au temps futur, au royaume millénial, et pour cette époque nous trouvons dans l’Ancien Testament un grand nombre de prophéties. « Il arrivera en ce temps-là, dit l’Éternel, que je répondrai aux cieux, et les cieux répondront à la terre, et la terre répondra au froment et au bon vin et à l’huile, et eux répondront à Jizreël » (ce qui signifie semence de Dieu) (Os. 2, 21, 22). « Éternel notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre, vu que tu as mis ta majesté au-dessus des cieux » (Ps. 8, 1) ! « Attribuez la force à Dieu, sa magnificence est sur Israël, et sa force est dans les nuées. Ô Dieu, tu es redouté à cause de tes sanctuaires. Le Dieu fort d’Israël est celui qui donne la force et la puissance à son peuple. Béni soit Dieu » (Ps. 68, 34, 35) ! « Tu as fait entendre des cieux le jugement, la terre en a eu peur, et s’est tenue dans le silence, quand tu te levas, ô Dieu, pour faire jugement, pour délivrer tous les débonnaires de la terre » (Ps. 76, 8, 9). « La vérité germera de la terre, et la justice regardera des cieux » (Ps. 85, 11), « car l’Éternel aura jeté la vue du haut de sa sainteté, et il aura regardé des cieux en la terre, pour entendre le gémissement des prisonniers, et pour délier ceux qui étaient voués à la mort, afin qu’on annonce le nom de l’Éternel en Sion, et sa louange dans Jérusalem » (Ps. 102, 19-22). « Ô cieux ! envoyez la rosée d’en haut, et que les nuées fassent distiller la justice ; que la terre s’ouvre, qu’elle produise le salut, et que la justice germe ensemble ! Moi, l’Éternel, j’ai créé cela » (És. 45, 8). Telle est la lumière que l’Ancien Testament jette sur ce sujet. Le ciel est envisagé comme le trône de Dieu, et comme la source d’où découle la bénédiction pour la terre. Mais que le ciel serait peuplé d’habitants choisis parmi les habitants corrompus de la terre, et que, dans la gloire à venir, quand l’influence bénie du ciel s’étendra sur la terre, cette influence serait exercée par des hommes, c’étaient là des vérités dont la révélation était réservée pour une autre économie. C’est à nous qu’elles sont annoncées par ces paroles de l’apôtre : « Ce n’est pas aux anges qu’il a soumis la terre à venir dont nous parlons » (Héb. 2, 5). La terre habitable à venir ne sera pas sous le gouvernement des anges, mais sous celui de l’homme, d’abord de ce Fils de l’homme dont il est parlé dans ce huitième psaume que l’apôtre cite, ensuite de tous ces fils des hommes qu’Il amène à la gloire, et que, comme « prince de leur salut », « il n’a pas honte d’appeler ses frères » (Héb. 2, 10, 11). Mais n’anticipons pas.

Nous n’avons pas besoin de lire bien loin dans le Nouveau Testament pour nous apercevoir que nous sommes, pour ainsi dire, dans un autre élément que celui qui caractérise l’Ancien. Ce n’est plus exclusivement, ou du moins principalement, l’homme, son monde, ses épreuves sur cette terre, avec Dieu à distance et derrière le voile, quoique tout cela soit accompagné de magnifiques promesses d’une bénédiction et d’une gloire futures. C’est le Fils de Dieu Lui-même, descendu du ciel, manifestant ce qu’est le ciel, ouvrant le ciel, et devenant, par Sa mort et par Sa résurrection, le chemin par lequel de pauvres pécheurs montent au ciel. Et quoique cette nouvelle et céleste lumière n’éclate pas immédiatement dans toute sa plénitude, quoique le premier évangile présente Christ plutôt en connexion avec les Juifs, comme fils de David et fils d’Abraham, comme « serviteur de la circoncision pour la vérité de Dieu, afin qu’il confirmât les promesses des pères » (Rom. 15, 8), Il est pourtant, quant à Sa personne, « Emmanuel, Dieu avec nous » (Matt. 1, 23), et Sa gloire ne peut pas être cachée. Même quand Il cherche à la cacher sous le voile d’une humilité, dans laquelle, quoique Lui-même sans péché et saint, Il s’identifie avec le résidu repentant d’Israël dans l’acte même par lequel ils confessent leurs péchés, le ciel s’ouvre, l’Esprit de Dieu descend sur Lui comme une colombe, et une voix des cieux crie : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis ma bienveillance » (Matt. 3, 17). Comme la lumière du ciel éclate ici ! Le béni de Dieu Lui-même est du ciel, et nous voyons en Lui l’image parfaite de ce que le ciel est. L’homme (et la terre a jusqu’à présent pris son caractère de l’homme) cherche à s’exalter lui-même. Voici quelqu’un qui s’humilie Lui-même si profondément, que, quoique la sainteté même, Il condescend à prendre place au milieu de ceux qui confessent leurs péchés. Il n’avait point de péché, ou, selon les paroles plus expressives de l’Écriture, Il n’avait « pas connu le péché » (2 Cor. 5, 21), et néanmoins Il s’identifie Lui-même avec le résidu repentant dans ce premier mouvement de leurs cœurs vers Dieu, et, à tout ce que Jean-Baptiste avance pour L’arrêter, Il répond simplement : « Laisse faire maintenant, car c’est ainsi qu’il nous est convenable d’accomplir toute justice » (Matt. 3, 15). Quel contraste entre le ciel et la terre ! Les seules personnes de la terre en qui l’Esprit de Dieu agissait alors, au lieu de se justifier et de s’exalter, confessaient leurs péchés et justifiaient Dieu. Voici quelqu’un du ciel. Où Le conduisent Ses affections célestes ? Précisément vers cette troupe au cœur brisé. Et le ciel, répondant à cette parfaite expression des sentiments du ciel de la part de Celui qui descendait du ciel, s’ouvre et proclame ses délices : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis ma bienveillance » ! — Divin Jésus, attire-nous vers toi afin que nous suivions tes traces !

Mais cette lumière céleste est trop pure pour l’égoïsme et l’orgueil de l’homme, et tous ceux qui la reçoivent et la reflètent ne peuvent pas s’attendre à être mieux traités des hommes que ne l’a été Celui qui, dans Sa propre personne, a apporté cette lumière sur la terre. Mais, s’ils sont rejetés de la terre, le ciel ne leur sourit que davantage, et il est intéressant de voir comme, de bonne heure, le Maître dirigea les yeux de Ses disciples de la terre au ciel : « Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux est à eux. Bienheureux ceux qui sont dans le deuil… Bienheureux ceux qui sont doux… Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice… Bienheureux les miséricordieux… Bienheureux ceux qui sont purs de cœur… Bienheureux les pacificateurs… Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice, parce que le royaume des cieux est à eux. Vous serez bienheureux quand, à cause de moi, l’on vous outragera, et qu’on vous persécutera, et que, en mentant, on dira toute espèce de mauvais propos contre vous. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre salaire est grand dans les cieux » (Matt. 5, 3-12). C’est autre chose que le langage de la loi ; elle parle des bénédictions de ceux qui obéissent à Dieu d’une toute autre manière : « Tu seras béni dans la ville ; tu seras béni aux champs. Le fruit de ton ventre sera béni, et le fruit de ta terre, et le fruit de ton bétail, les portées de tes vaches et les brebis de ton troupeau. Ta corbeille sera bénie, et ta main aussi. L’Éternel fera que tes ennemis qui s’élèvent contre toi seront battus. Tous les peuples de la terre verront que le nom de l’Éternel est réclamé sur toi, et auront peur de toi » (Deut. 28, 3-10). Ce sont, comme on voit, des bénédictions exclusivement terrestres, tandis que, dans le Nouveau Testament, la récompense de ceux qui souffrent est dans les cieux. Ceux qui, attirés par la lumière du ciel et par l’amour de Jésus, auront suivi Ses pas, et participé à Sa réjection sur la terre, trouveront, comme Lui, leur consolation et leur récompense dans le ciel, une consolation si douce, une récompense si magnifique, que, au milieu de toutes leurs épreuves et de toutes leurs persécutions, ils pourront se réjouir et être dans l’allégresse.

Jésus a manifesté non seulement la lumière du ciel, mais aussi l’amour du ciel, et Il veut qu’il en soit de même chez nous. « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et vous persécutent, en sorte que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux… Vous serez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux est parfait » (Matt. 5, 44, 45, 48). Si l’amour de Jésus a rempli nos cœurs de manière à ce que les plus grandes souffrances sur la terre ne produisent en nous que la joie et l’allégresse, cela se montrera par une ressemblance pratique à notre Père qui est dans les cieux, qui fait lever Son soleil sur les méchants et sur les bons, et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Un païen ou un Juif, qui ne voyait pas au-delà de la terre, ne pouvait aimer que ceux qui l’aimaient ; mais quand la grâce nous a ouvert le ciel, et nous y montre notre Père qui est dans le ciel, Son cœur et Ses voies deviennent nécessairement notre modèle : « Vous serez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux est parfait ».

Les instructions que notre Seigneur adresse à Ses disciples quant à la prière jettent aussi une lumière précieuse sur ce que c’est que le ciel. Ces instructions étaient parfaitement adaptées à l’état dans lequel ces disciples étaient alors, et dans leur esprit, aussi bien que, sous plusieurs rapports, dans leur lettre, elles s’adaptent encore à l’état dans lequel nous sommes aujourd’hui. « Notre Père qui es dans les cieux » (Matt. 6, 9) ! Cela ne signifie pas seulement que Dieu habite dans les cieux, ce que l’Ancien Testament révélait déjà amplement, mais que maintenant Dieu, dans le ciel, se révèle de manière à ce que de pauvres pécheurs sur la terre peuvent Lui dire : « Notre Père qui es dans les cieux » ! De plus nous apprenons que ce Père est obéi, parfaitement obéi, dans le ciel, et qu’il n’y a qu’une seule volonté, la volonté infiniment parfaite du Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (v. 10) ! Heureux séjour ! Point de contestations entre les créatures, point de propre volonté, point de désobéissance. Heureuse la famille, déjà sur la terre, où les enfants mettent leur bonheur à obéir à leurs parents, ou mieux encore, à prévenir leurs désirs, avec une affection intelligente, et à les accomplir même avant qu’on ait eu le temps de les exprimer ! Quel profond bonheur n’y a-t-il pas dans l’esprit d’obéissance ! Que ne doit pas être le ciel où chaque action, chaque parole, chaque mouvement du cœur, est en parfaite obéissance à notre Père qui y habite ! Et que sera la terre, quand cette prière sera exaucée : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » !

Hélas ! quelle différence avec la terre d’aujourd’hui, et comme elle est parfaite et divine cette sagesse qui veut que nous transportions nos trésors et nos cœurs de cette terre au ciel ! « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où le ver et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni le ver ni la rouille ne détruisent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent ; car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (Matt. 6, 19-22). Je voudrais que ces paroles fussent inscrites dans nos cœurs d’une manière indélébile. C’est en vain que nous essaierions d’avoir nos trésors en bas, et nos cœurs en haut. N’est-ce pas là le secret de ce défaut d’affections célestes dont on se plaint si généralement, même là où la vérité divine est connue ? « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux, pourvu que vous les pratiquiez » (Jean 13, 17).

Vers la fin de l’évangile de Matthieu nous avons un passage qui nous apprend que, dans le ciel, ces relations qui caractérisent l’existence ici-bas n’auront pas lieu. Les sadducéens avaient pensé embarrasser notre Seigneur par une question relative à une femme qui, conformément à la loi juive, avait eu successivement sept maris. « Duquel des sept en la résurrection », demandèrent-ils, « sera-t-elle la femme ? ». Jésus, dans la perfection de Sa sagesse, leur répliqua : « Vous vous égarez, ne connaissant pas les Écritures, ni la puissance de Dieu. Car, dans la résurrection, on ne prend ni ne donne des femmes en mariage, mais on est comme les anges de Dieu dans le ciel ». Je cite cela seulement comme une démonstration évidente que, dans le ciel, nos relations divines avec Dieu et avec Christ en Esprit, et les uns envers les autres en Esprit, auront complètement remplacé ces relations humaines et charnelles qui existent sur la terre. Nous serons « comme les anges de Dieu dans le ciel » (Matt. 22, 23-30).

Et nous n’y perdrons rien, bien-aimés. Si les relations terrestres ne trouvent pas de place dans le ciel, il y aura des relations qui rempliront tout le vide d’un cœur renouvelé. Nous les connaissons déjà maintenant par la foi, et éprouvons, quoique faiblement, leur effet béni sur nos âmes. N’est-ce pas cela qui nous est représenté en Matthieu 25, sous l’image de vierges sortant à la rencontre de l’époux ? La nuit peut devenir longue et noire. La foi, l’espérance et la patience peuvent être éprouvées à l’extrême. Même ceux qui sont le plus éveillés, et qui ont la plus grande provision d’huile, peuvent, par manque de foi, céder, en quelque mesure, à l’engourdissement général, et la lampe peut avoir besoin d’être ranimée à l’approche de l’époux. Mais, quoiqu’il en soit, il y en aura qui alors entreront avec lui aux noces, et la porte sera fermée. Quelle joie ce sera d’être au-dedans !

Mais une autre parabole dans ce chapitre nous parle encore de la félicité céleste, et du bonheur de ceux qui habiteront avec Jésus. Ils sont représentés comme des serviteurs à qui leur maître a confié des biens pour être employés pour lui pendant son absence. Et quelle est la récompense qui est accordée à son retour à ceux qui ont employé fidèlement leurs talents à son service ? « Bien ! esclave bon et fidèle ; tu as été fidèle en peu de choses ; je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur » (Matt. 25, 21). Oui, ce sera une partie de la félicité céleste, quoique le ciel ne se trouve pas mentionné ici, pour ceux qui auront envisagé les intérêts de Christ comme les leurs, et auront profité avec fidélité de toutes les occasions pour Le glorifier, d’être admis par Lui à la participation à Sa joie, et de voir augmenter infiniment les occasions de servir Celui dont tout leur bonheur est de Lui rendre gloire : « Je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur ».

L’évangile de Marc ne diffère pas beaucoup, quant au sujet qui nous occupe, de celui de Matthieu ; mais dans celui de Luc nous trouvons, d’un bout à l’autre, l’expression morale de ce qu’est le ciel. Nous n’avons pas besoin d’attendre ici que Jésus ait atteint l’âge de trente ans pour apprendre la joie du ciel au sujet de Son incarnation sur la terre. La nuit même qu’Il naquit un ange du Seigneur visite les bergers qui gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit, la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux, et l’ange leur annonce la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple. « Et aussitôt il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre, et bienveillance envers les hommes » (Luc 2, 14) ! Quel témoignage que Jésus est le centre de la joie du ciel ! Quel reproche adressé à notre indifférence pour Celui qui a bien voulu se joindre à nous comme Il ne l’a jamais fait même pour les anges du ciel !

Dans Luc 9, nous avons le récit de la vision que Pierre, Jacques et Jean eurent sur la sainte montagne. Cette vision, nous dit Pierre, révélait « la puissance et l’arrivée de notre Seigneur Jésus Christ ». « Ce n’est pas en suivant des fables artificieuses » qu’il avait fait connaître cette puissance, mais, « après avoir été témoin oculaire de sa majesté » (2 Pierre 1, 16). Trois des évangélistes nous donnent le récit de cette transfiguration, et chacun d’eux mentionne des circonstances qui ne sont pas indiquées par d’autres ; mais tous nous dépeignent, d’une manière délicieuse, le bonheur dans lequel l’arrivée de notre Seigneur Jésus nous introduira. Nous verrons couvert de gloire Celui qui, pour nos péchés, a consenti à être couvert de honte et d’opprobre. Matthieu dit : « Il fut transfiguré devant eux, et son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière » (Matt. 17, 2). Marc dit : « Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une extrême blancheur, comme la neige, et tels qu’il n’y a foulon sur la terre qui puisse ainsi blanchir » (Marc 9, 3). Luc dit : « L’aspect de son visage devint tout autre, et sa robe d’une blancheur étincelante » (Luc 9, 29). Mais comment nos yeux pourront-ils supporter l’aspect d’une pareille gloire ? C’est que nous serons nous-mêmes aussi dans la gloire : « Et voici, deux hommes s’entretenaient avec lui ; c’étaient Moïse et Élie qui étaient apparus en gloire » (Luc 9, 30, 31). De voir Jésus, d’être avec Lui, d’être semblables à Lui, n’est-ce pas le ciel ? Mais, de plus, ils s’entretenaient avec Lui. Chaque évangéliste nous le dit : « Et voici, Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui » (Matt. 17, 3). « Puis Élie leur apparut avec Moïse, et ils s’entretenaient avec Jésus » (Marc 9, 4). « Et voici, deux hommes s’entretenaient avec lui ; c’étaient Moïse et Élie » (Luc 9, 30). Ce n’était pas qu’Il parlait à eux, et qu’ils se tenaient à distance, comme des esclaves qui reçoivent les ordres de leur maître. Non, ils s’entretenaient familièrement avec lui. C’est ce que nous ferons dans le ciel. Que sera-ce donc que le ciel ? — Et quel était le sujet de leur entretien ? C’est Luc qui nous l’apprend : « Ils parlaient du départ qu’il allait accomplir à Jérusalem » (Luc 9, 31). Et ne sera-ce pas là aussi le sujet de notre éternelle admiration et de notre inépuisable louange ? — Puis : « Il y eut une nuée, et elle les couvrit de son ombre » (v. 34). Qu’est-ce que c’était que cette nuée ? « Il sortit de la nuée une voix » (v. 35), et Pierre nous dit que cette voix lui était adressée « par la gloire magnifique » (2 Pierre 1, 17). Il n’est donc pas étonnant que Pierre et les fils de Zébédée « eurent peur quand ils entrèrent dans la nuée » (Luc 9, 34). Quel homme en effet, étant encore dans la chair, pourrait supporter d’être entouré par la gloire magnifique ? Mais Moïse et Élie pouvaient le supporter, c’était pour ainsi dire leur élément. Ce sera aussi le nôtre dans le ciel. Et quelles paroles prononçait cette voix ? « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma bienveillance » (Matt. 17, 5). Oui, c’est là la parfaite joie du ciel : communion avec le Père dans les délices avec lesquelles Il contemple Son Fils bien-aimé, et communion avec le Fils dans Ses délices d’être l’objet de l’amour du Père !

En continuant à lire l’évangile de Luc nous y trouvons exprimé, d’une manière frappante, le caractère terrestre correspondant à la gloire céleste qu’il nous a été permis de contempler pour un moment : « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » (Luc 9, 58). Et Jésus dit à Ses disciples qui voulaient faire descendre le feu du ciel sur des Samaritains, parce qu’ils ne les recevaient pas : « Vous ne savez de quel esprit vous êtes » (Luc 9, 55). Cela nous montre quelle position acceptait Celui à qui appartenait toute gloire.

Dans le chapitre suivant le ciel nous est présenté comme la place où les noms des disciples sont inscrits. Du résidu terrestre, dans les jours à venir, il est dit : « En ce temps-là le germe de l’Éternel sera plein de noblesse et de gloire, et le fruit de la terre plein de grandeur et d’excellence, pour ceux qui seront réchappés d’Israël. Et il arrivera que celui qui sera resté dans Sion, et qui sera demeuré de reste dans Jérusalem, sera appelé saint, et ceux qui seront dans Jérusalem seront tous marqués pour vivre » (És. 4, 2, 3). Mais notre évangéliste, ou plutôt le Seigneur Lui-même dont il rapporte les paroles, parle d’un registre encore plus précieux que celui-là : « Réjouissez-vous, dit-il, de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux » (Luc 10, 20). Israël ne montrait que d’une manière trop évidente qu’il n’était pas préparé pour ces jours de bénédiction sur la terre dont les prophètes avaient parlé, et que les psalmistes avaient chantés. Dans ce même chapitre Jésus s’était lamenté sur ces villes dans lesquelles Ses miracles avaient été opérés sans effet. Ses disciples étaient participants de Sa réjection. Mais s’il n’y avait alors point de registre des vivants à Jérusalem ; si Jérusalem elle-même devait devenir un lieu de désolation, comme cela arriva effectivement peu après, les disciples devaient savoir, et nous aussi devons savoir, qu’il y a un registre gardé dans le ciel. Heureux ceux dont les noms y sont conservés !

Plus loin l’évangéliste parle des serviteurs que le Seigneur trouvera éveillés quand Il arrivera, et leur annonce qu’Il deviendra Lui-même leur serviteur : « Bienheureux ces esclaves-là que le Seigneur, en arrivant, trouvera veillant ! Amen, je vous dis qu’il se ceindra, et qu’il les fera mettre à table, et que, s’avançant, il les servira » (Luc 12, 37, 38). Serviteur ici pour nos besoins, Christ deviendra, dans la gloire, serviteur pour nos joies.

Quel est celui dont le cœur n’a pas bondi de joie en lisant, dans le chapitre 15, la description de ce qu’est le ciel. S’il est le séjour de la gloire, il est aussi la demeure de la grâce. Il n’y a pas de cœur qui ne batte à l’unisson avec la grâce de celui qui se révèle comme « le Dieu de toute grâce » (1 Pierre 5, 10). Le ciel ne regarde-t-il pas avec intérêt et sollicitude quand le bon berger part pour chercher la brebis perdue jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ? Et quand, l’ayant trouvée, il la met tout joyeux sur ses épaules, retourne à la maison, et rassemble ses amis et ses voisins pour qu’ils se réjouissent avec lui, le ciel n’a-t-il pas d’écho pour cet appel ? « Je vous dis que, de même, il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Luc 15, 7). Et pour la femme qui a retrouvé sa drachme, et rassemble ses amies et ses voisines pour se réjouir avec elles, il est dit : « De même il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit » (v. 10). Et, quoique le ciel ne soit mentionné, dans la parabole du fils prodigue, que par le prodigue lui-même qui dit à son père : « Mon père, j’ai péché contre le ciel et devant toi » (v. 21), quel est le but de toute cette parabole, si ce n’est de nous placer au centre de la joie du ciel, et de nous montrer que la cause en est précisément le fait que nous y sommes ! « Mangeons et nous réjouissons, parce que mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (v. 24) ! Il n’est pas dit un mot de la joie du fils prodigue, et il n’y aurait effectivement pas eu place pour ses paroles. Quand Dieu et tous les anges du ciel se réjouissent de sa résurrection, le silence de sa part exprime le mieux la profonde allégresse qui remplit son cœur.

Il est vrai aussi que la parabole nous montre un frère aîné mécontent et envieux ; mais il ne représente aucun des habitants du ciel. Son caractère est dépeint pour convaincre et confondre les pharisiens qui, rejetant la grâce de Dieu pour eux-mêmes, sous prétexte qu’ils n’en avaient pas besoin, s’opposaient encore à ce qu’elle débordât sur d’autres, à qui leur conscience en faisait sentir la nécessité. D’ailleurs, au fait, il est dit que le frère aîné « se mit en colère, et ne voulut point entrer » (v. 28). Mais l’enfant prodigue entre avec la plus belle robe, un anneau à sa main, et une chaussure à ses pieds, et il trouve son père qui se réjouit avec lui et avec tous ses serviteurs qui partagent son allégresse. Oh, que ce tableau touche le cœur de ceux qui ont trop de propre justice pour entrer dans le ciel comme péagers et comme pécheurs ! Et qu’il remplisse aussi le cœur de ceux qui, comme fils prodigues, entrent déjà dans le ciel par la foi, en leur montrant cette grâce qui non seulement nous y reçoit, mais qui trouve sa plus vive et sa plus profonde joie à y recevoir des pécheurs misérables et déguenillés comme nous sommes. Un ciel de gloire ne serait pas un ciel pour des pécheurs, s’il n’était en même temps un ciel de parfaite grâce, comme ce chapitre nous le révèle.

Dans quelle heureuse harmonie avec ce qui précède ne se trouve pas le récit du brigand converti ? Ce malfaiteur qui s’était d’abord joint à son compagnon pour outrager Jésus (Matt. 27, 44), eut ensuite le cœur si touché, qu’il se mit à réprimander l’autre qui continuait ses injures, et qu’il implora la grâce de Jésus par ces paroles : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu seras venu dans ton règne » (Luc 23, 42) ! Il avait l’espérance juive d’un royaume terrestre, et implore la miséricorde du Messie pour y être admis. Mais le Seigneur lui révèle en réponse quelque chose de plus immédiat, de plus intime et de plus excellent ; le paradis allait recevoir Son propre esprit qu’Il allait remettre entre les mains du Père, et l’âme du pauvre criminel allait y être avec Lui : « Amen, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (v. 43).

Tous les récits qui nous sont donnés par les évangélistes des rapports de Jésus ressuscité avec Ses disciples jettent du jour sur notre état céleste. Quelque vrai qu’il soit que les âmes des saints qui se sont endormis sont auprès du Seigneur, néanmoins ce n’est qu’après la résurrection qu’elles jouiront de la gloire céleste. Et personne ne peut lire le récit des entrevues entre Jésus et Ses disciples après Sa résurrection, sans remarquer la ressemblance entre ces apparitions et les diverses apparitions d’anges décrites soit dans l’Ancien, soit dans le Nouveau Testament. Ce qui serait un empêchement pour le caractère charnel des corps dans lesquels nous sommes maintenant, n’en était pas un pour le corps ressuscité de notre Seigneur. La manière dont Il apparaissait à Ses disciples était tellement différente de ce à quoi ils étaient accoutumés avant Sa mort, que, lorsqu’Il se présenta soudain au milieu d’eux, et leur dit : « Paix vous soit ! — consternés et tout tremblants ils pensaient voir un esprit » (Luc 24, 36, 37). Il les invita néanmoins à se convaincre que c’était bien Lui-même, et plus que cela, que c’était bien Son corps qu’ils voyaient : « Voyez mes mains et mes pieds, car c’est bien moi ; touchez-moi et voyez, car un esprit n’a pas de la chair et des os, comme vous voyez que j’ai » (v. 39). Il mangea même devant eux, afin qu’aucun doute ne pût demeurer au fond de leurs cœurs. Cependant que trouvons-nous en même temps dans ce chapitre ? Jésus marche avec deux d’entre eux qui ne Le reconnaissaient pas, et Le prenaient pour un inconnu ; mais, quand Il rompt le pain, leurs yeux sont ouverts, et ils Le reconnaissent ; puis Il disparaît de devant eux. Ils s’en retournent à Jérusalem, et trouvent les onze et ceux qui étaient avec eux assemblés, disant : Le Seigneur est réellement ressuscité, et Il est apparu à Simon. Les deux disciples d’Emmaüs racontent les choses qui leur étaient arrivées, et c’est comme ils disaient ces choses que Jésus se présente au milieu d’eux, et qu’ils Le prennent pour un esprit, comme nous l’avons déjà mentionné. Les portes du lieu où les disciples étaient réunis étaient fermées, comme nous l’apprend un autre évangéliste (Jean 20, 19) ; mais ce n’était pas un empêchement pour Jésus.

Quand Il eut communiqué avec eux de cette manière pendant quarante jours, « il les mena dehors jusqu’à Béthanie ; puis, élevant ses mains, il les bénit. Et il arriva, pendant qu’il les bénissait, qu’il se sépara d’avec eux ; et il était enlevé dans le ciel » (Luc 24, 50, 51). Quoiqu’Il pût, dans Son corps de résurrection, visiter pour quelque temps ceux qui étaient encore dans des corps de chair et de sang, se manifestant à eux comme nous avons vu, le ciel, et non la terre, était néanmoins Sa demeure. Et le ciel était encore Sa demeure dans un sens plus relevé que celui-ci. Quoique la Parole eût été précédemment « faite chair » (Jean 1, 14), elle a maintenant revêtu un « corps spirituel » (1 Cor. 15, 44), et s’élève pour remonter au ciel, son lieu d’origine. Après avoir répandu Son sang pour la rémission des péchés, et abandonné la vie qu’Il avait reçue en prenant un corps charnel, Jésus la reçoit de nouveau dans la résurrection. Il peut dire : « Un esprit n’a pas de la chair et des os comme vous voyez que j’ai » ; et néanmoins l’apôtre peut nous assurer « que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu » (1 Cor. 15, 50). Quoiqu’il y ait là des mystères que, aujourd’hui, nous ne pouvons pas comprendre, et que nous devons nous contenter d’adorer, nous pouvons nous réjouir de voir dans tout cela des indications de ce que sera notre état après la résurrection. Aujourd’hui notre chez-nous est le corps ; mais alors notre chez-nous sera auprès du Seigneur (2 Cor. 5, 1-9). Nous serons alors avec Lui dans la gloire céleste, et régnerons avec Lui sur la terre. Quoique le ciel soit alors notre domicile, nous pourrons sans doute aussi, comme Jésus, paraître aux yeux des habitants de la terre milléniale. Ayant été rendus conformes, par la résurrection, au corps glorieux de Jésus (Phil. 3, 21), il nous sera aussi aisé d’apparaître, de disparaître, et de nous transporter d’un lieu à un autre, qu’il l’était au corps de Jésus pendant les quarante jours qui ont suivi Sa résurrection. Au surplus nous en avons une indication dans les corps des saints qui, après la résurrection de Jésus, sortirent des sépulcres, entrèrent dans la sainte ville, et apparurent à beaucoup de personnes (Matt. 27, 52, 53). Mais n’oublions pas une chose : ce ne sera pas pour faire notre propre volonté, ou pour satisfaire nos désirs, que cette puissance miraculeuse des corps ressuscités se déploiera ; nous serons alors, par la bonté de Dieu, dépouillés de tout cela. Si nous serons alors « comme les anges de Dieu » (Matt. 22, 30), et mieux que cela, comme notre Seigneur ressuscité, quant à la nature de nos corps, nous le serons aussi quant à l’absence totale de toute propre volonté, et à la parfaite soumission à la volonté de Dieu. Le psalmiste parle des « anges qui font le commandement de l’Éternel en obéissant à la voix de sa parole » (Ps. 103, 20) ; et nous savons qui a dit : « Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté du Père qui m’a envoyé » (Jean 5, 30). Quelle que soit la faculté que nous posséderons dans la résurrection de descendre du ciel sur la terre, et de remonter de la terre au ciel, nous ne le ferons jamais, nous ne désirerons même jamais de le faire, autrement que pour obéir à la volonté de Celui qui nous enverra. Que signifierait la puissance la plus miraculeuse sans cette perfection morale qui consiste à faire abnégation de soi-même pour consacrer à Dieu son esprit, son cœur et sa volonté ?

Si de Luc nous passons immédiatement aux Actes, ce n’est pas que l’évangile de Jean ne jette pas de lumière sur le sujet qui nous occupe, ou que nous ayons l’intention de le laisser de côté, mais parce que les Actes ne sont proprement que la continuation de l’évangile de Luc. L’évangile finit avec l’ascension de Jésus au ciel, les Actes commencent par reprendre les particularités de cet événement, en donnant quelques détails qui ne se trouvent pas dans le livre précédent. Les cœurs des disciples n’étaient pas encore détachés de la terre, puisqu’ils interrogèrent Jésus en disant : « Est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? ». Mais Il leur répondit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité ; mais vous recevrez de la puissance lorsque le Saint Esprit viendra sur vous, et vous serez mes témoins, et à Jérusalem, et dans toute la Judée, et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (Actes 1, 6-8). C’est après avoir dit ces choses qu’Il fut élevé, et qu’une nuée L’emporta de devant leurs yeux. Depuis ce moment ils eurent les yeux arrêtés vers le ciel, qui était tout pour eux depuis qu’il avait reçu leur Seigneur. Et qu’est-ce qui est révélé à leurs esprits en extase ? C’est le retour de Celui qui venait de partir : « Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous là, regardant vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé d’avec vous dans le ciel, reviendra de la même manière que vous l’avez contemplé allant au ciel » (v. 11). Le ciel devenait ainsi le lieu de leurs affections comme demeure de Celui que leurs cœurs aimaient, et le lieu de leurs espérances comme point de départ de Celui qu’ils se réjouissaient de revoir bientôt. Peut-on en dire autant de chacun de nous, bien-aimés, et, si nous nous posons cette question, quelle réponse aurons-nous à y faire ?

Comme, au contraire, les cœurs des apôtres et des premiers chrétiens cédaient à cette attraction divine ! Lisez les premiers chapitres des Actes, et vous trouverez que chez eux le ciel était la pensée qui absorbait tout, parce que Jésus y était monté, et y était exalté à la droite de Dieu. « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous en sommes tous témoins. Ayant donc été élevé à la droite de Dieu, et ayant reçu du Père la promesse du Saint Esprit, il a répandu ce que maintenant vous voyez et entendez. Car David n’est point monté dans les cieux, mais il dit lui-même : Le Seigneur a dit à mon seigneur, assieds-toi à ma droite » (Act. 2, 32-34). « Jésus Christ que le ciel doit retenir jusqu’au temps du rétablissement de toutes les choses dont Dieu a parlé de tout temps par la bouche de tous ses saints prophètes » (Act. 3, 20, 21). Et quel était l’effet pratique de cette connaissance de Christ comme homme glorifié dans le ciel, et du Saint Esprit descendu du ciel pour rendre témoignage à cette gloire ? C’était de faire mépriser la terre. Si le ciel était tout parce que Christ y était, la terre n’était rien parce qu’elle avait rejeté Christ. Ils se réjouissaient en conséquence d’abandonner ce que, comme hommes terrestres, ils auraient estimé et recherché. Des distinctions, comme celle entre les pauvres et les riches, s’évanouissaient parmi ceux qui étaient tous enrichis d’espérances célestes. Un Christ crucifié, ressuscité, glorifié et révélé par le Saint Esprit descendu du ciel, concentrait les affections de tous, et, à côté de ce trésor, tout le reste n’était que vanité. « Or la multitude de ceux qui avaient cru était un seul cœur et une seule âme ; et pas un d’eux ne disait qu’aucun de ses biens lui appartînt en propre, mais toutes choses étaient communes entre eux. Et les envoyés rendaient témoignage avec une grande puissance à la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce était sur eux tous ; car il n’y avait aucun indigent parmi eux ; car tous ceux qui étaient possesseurs de terres ou de maisons, faisant des ventes, apportaient le prix des choses vendues, et le mettaient aux pieds des envoyés, et on le distribuait à chacun selon qu’il en avait besoin » (Act. 4, 32-35). Jésus était descendu du ciel, et avait, dans Sa vie d’humiliation, d’obéissance et d’amour, révélé les affections et les voies du ciel. Et maintenant il y avait sur la terre une assemblée dans laquelle, pour quelque temps et quoique imparfaitement, les mêmes choses étaient manifestées au monde. Et quelle est la cause de la ruine actuelle de l’Église ? C’est qu’elle a perdu de vue le ciel pour se laisser absorber par les choses de la terre. C’est l’esprit du ciel qui rassemble et unit ; c’est l’esprit de ce monde qui divise et disperse. Prenez un point de ralliement sur la terre, et vous pourrez y rassembler quelques-uns qui l’envisagent de la même manière ; mais en rassemblant ceux-là, ou en rassemblant avec eux, vous vous séparez de Christ et de ceux qui sont à Lui. Que Christ, dans Sa gloire céleste, soit réellement vu par la foi, et il faudra nécessairement que ceux à qui, par la puissance du Saint Esprit, Il aura été ainsi révélé, se rassemblent autour de Lui.

Hélas ! nous voyons déjà dans les chapitres 5 et 6 des Actes comment le mal s’introduisit dans l’Église, et le chapitre 7 nous montre que le monde ne pouvait pas supporter cette lumière céleste qui resplendissait encore dans la marche de ces témoins d’un Christ rejeté de la terre. Mais si Étienne eut le premier l’honneur d’être rendu conforme à la mort de Jésus, il eut aussi l’honneur d’être le premier qui vit le ciel ouvert, et le Fils de l’homme se tenant à la droite de Dieu. Le ciel s’était ouvert au baptême de Jésus, pour proclamer qu’Il était le Fils bien-aimé du Père. Une voix de la gloire magnifique avait révélé la même chose sur la sainte montagne. Jésus Lui-même était monté au ciel à la vue de Ses disciples, mais une nuée L’avait emporté « de devant leurs yeux » (Act. 1, 9). Et maintenant il est donné au témoin expirant pour son maître céleste de voir le ciel ouvert, et Jésus à la droite de Dieu. Il L’avait vu déjà si clairement, par la foi, avant le commencement de son discours, que son visage en reflétait la gloire. « Et tous ceux qui étaient assis dans le conseil, ayant arrêté les yeux sur lui, virent son visage comme un visage d’ange » (Act. 6, 15). Mais, entendant les choses qu’il leur disait, ils frémissaient de rage en leurs cœurs, ils grinçaient les dents, et, l’ayant jeté hors de la ville, ils le lapidèrent. Comment Étienne répondit-il à tout cela ? Ici encore il suivit les pas de son maître. Jésus avait dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23, 34) ; Étienne dit : « Seigneur, ne leur impute point ce péché » (Act. 7, 60). Jésus avait dit : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23, 46) ; Étienne dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Act. 7, 59).

Depuis la mort d’Étienne les travaux de ceux qui annonçaient l’évangile s’étendirent sur un champ plus vaste, comme nous verrons quand nous reprendrons le livre des Actes, et prirent un caractère plus céleste, toutes les choses qui tenaient plus particulièrement à la nation juive, et ainsi à la terre, étant insensiblement abandonnées. Mais je m’arrête pour le moment, et retourne à l’évangile de Jean.

On a souvent remarqué que Jean ne raconte pas la transfiguration, et la raison en est sans doute que, pendant tout cet évangile, Jésus nous est montré dans une élévation et une gloire semblable à celle qu’Il a déployée sur la sainte montagne, en sorte qu’il eût été inutile de faire ressortir comme particulier et exceptionnel un fait qui brille partout.

Dans les autres évangiles, Jésus nous est montré comme un homme sur la terre, se distinguant assurément de tous les autres hommes par des choses qui montraient qu’Il était, et que le ciel le reconnaissait pour être, plus qu’un homme ; mais enfin comme un homme caractérisé tantôt par Sa descendance, selon la chair, de David et d’Abraham, tantôt par le commencement de Son ministère public en Israël, tantôt par Sa naissance miraculeuse comme fils de la vierge, et néanmoins Fils de Dieu. Le caractère général de chacun de ces récits est en harmonie avec son point de départ, néanmoins c’est le même Christ, chaque évangéliste, malgré les différences qui le distinguent, nous dépeignant le même personnage céleste. Mais le ciel est le principal point de départ de Jean : « Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu » (Jean 1, 1). C’est l’éternité de Christ, Ses titres et Ses gloires divines, Sa descente du ciel pour revêtir la chair, et prendre les différents caractères sous lesquels les autres évangiles Le représentent : « Et la Parole a été faite chair, et elle a dressé sa tente parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme du Fils unique de la part du Père » (v. 14). Ce n’est pas ici le ciel s’ouvrant sur un homme sur la terre, un homme humble et obéissant, pour proclamer qu’Il est le Fils bien-aimé de Celui qui a mis en Lui toute Son affection ; c’est d’entrée Christ comme Fils du Père, comme Celui qui était avec Dieu, qui était Dieu, et dont la gloire, quand Il prit un corps pour que l’homme pût le voir, était la gloire du Fils unique du Père. Aussi Jésus dit-Il à Nathanaël déjà à la fin du premier chapitre : « Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l’homme ».

Dans Sa conversation avec Nicodème, notre Seigneur lui parle du royaume de Dieu en disant que celui qui est né de la chair ne peut ni le voir ni y entrer, et Il insiste en conséquence sur la nécessité de naître de nouveau. Mais Il lui montre aussi que ce royaume a une partie céleste aussi bien qu’une partie terrestre, et tandis que Nicodème, comme docteur en Israël, aurait dû savoir que, même dans le royaume terrestre, on ne pouvait entrer sans nouvelle naissance, Jésus seul pouvait lui révéler les choses célestes. Lui pouvait les connaître, et en parler avec certitude comme de choses qui Lui étaient familières : « Ce que nous savons, nous le disons, et ce que nous avons vu, nous le témoignons, et vous ne recevez point notre témoignage. Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous si je vous parle des choses célestes ? Et personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel » (Jean 3, 11-13). Ah, il y a là des hauteurs auxquelles aucun homme ne peut atteindre, et des secrets de bénédiction et de gloire qu’aucun homme ne peut révéler, sauf Celui qui était descendu de ces hauteurs, et qui (mystère admirable) pendant qu’Il marchait ici-bas comme homme dans l’humiliation, était néanmoins toujours, en vertu de Sa divinité, autant là-haut qu’ici : « le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». Et si Nicodème était alors incapable de comprendre ces mystères célestes, il avait cela de commun avec nous tous. Il faut d’abord connaître la croix. L’amour de Dieu en donnant Son Fils unique, et le pardon des péchés par l’élévation du Fils de l’homme sur la croix : voilà les vérités par lesquelles une nouvelle vie est communiquée, et par la réception desquelles un homme naît de nouveau. Alors il peut comprendre ces mystères de gloire et de grâce. Mais la croix était nécessaire du côté de Christ, et cette nouvelle naissance est nécessaire de notre côté, pour que nous puissions recevoir la connaissance vivante des choses célestes. La capacité naturelle, quelle qu’elle soit, ne peut servir de rien ici, comme Jean-Baptiste en rend lui-même témoignage : « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tout ; celui qui est de la terre, est de la terre, et de la terre il parle ; celui qui vient du ciel est au-dessus de tout. Et, ce qu’il a vu et entendu, il le témoigne, et nul ne reçoit son témoignage » (Jean 3, 31, 32). Mais quoiqu’aucun homme ne le reçoive par nature, il y en a qui, par la grâce de Dieu, sont rendus capables de le recevoir : « Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est vrai » (v. 33). Et c’est pour lui qu’il est ajouté : « Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses en sa main » (v. 35). C’est ainsi qu’il nous est donné un aperçu de ces choses célestes, qui ne pouvaient pas encore être révélées en détail. Il y avait bien quelqu’un qui les connaissait, et qui pouvait les révéler ; mais la croix était sur le chemin de cette révélation, et elle n’avait pas encore été soufferte. À cause de cela, et parce que le Saint Esprit n’était pas encore descendu, la capacité pour comprendre ces choses manquait même aux disciples. Nous voyons cela d’une manière remarquable à travers tout cet évangile.

Dans le chapitre quatrième nous avons un passage qui nous révèle quelque chose de nos joies futures. En l’absence de Ses disciples, Jésus avait semé la précieuse semence dans le cœur d’une pauvre femme samaritaine. Elle était retournée à la ville, avait appelé ses habitants, et les avait ainsi préparés à la réception de Jésus Lui-même. Alors s’élève, devant les yeux de Jésus, la délicieuse perspective de passer deux jours au milieu de cette heureuse foule, et de leur communiquer la vie éternelle en se faisant connaître à eux comme « le Sauveur du monde » (Jean 4, 42). Ses disciples doivent participer à cette joie ; ils doivent moissonner là où Il a semé ; puis semeur et moissonneurs doivent se réjouir ensemble : « Levez vos yeux, et regardez les campagnes, elles sont déjà blanches pour la moisson. Or celui qui moissonne reçoit son salaire, et amasse du fruit pour la vie éternelle, afin que, et celui qui sème, et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble. Car en ceci cette parole est véritable : autre celui qui sème, et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner ce à quoi vous n’avez pas pris de peine ; d’autres ont pris de la peine, et vous êtes entrés dans leur travail » (v. 35-38). Et quant à nous, bien-aimés, qu’a été tout le temps de la vie de Jésus ici-bas, sinon un temps de semailles pendant lequel Il a travaillé pour nous ? Et que sera toute l’éternité, sinon le temps de la moisson, pendant lequel « nous moissonnerons ce en quoi nous n’avons pas pris de peine » ? Oui, alors « celui qui sème et ceux qui moissonnent se réjouiront ensemble ».

Mais si la semence semée par cet étranger céleste ne trouvait pas d’affinité dans le cœur naturel de l’homme, s’il fallait une nouvelle vie pour recevoir le témoignage de Celui qui était descendu du ciel, il en résulte que la moisson produite par cette semence ne pouvait être moissonnée que dans la résurrection. Aussi quelle importance ne voyons-nous pas accordée à la doctrine de la résurrection dans cet évangile du Fils de Dieu ! « Car, comme le Père réveille les morts, et les fait vivre, de même aussi le Fils fait vivre ceux qu’il veut » (Jean 5, 21). Et le pouvoir du Fils de Dieu ne se manifeste pas seulement en vivifiant des âmes. Et béni soit Son nom de ce qu’Il se manifeste ainsi ! Mais Il se manifestera aussi en vivifiant des corps. « Ne soyez pas étonnés de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de l’homme, et sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien pour une résurrection de vie ; mais ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de jugement » (28, 29). C’est à la résurrection de vie que se rattache le sujet qui nous occupe ; aussi comme Jésus paraît s’y complaire, et s’en réjouir, puisque, dans le chapitre sixième, Il en parle quatre fois : « C’est ici la volonté du Père qui m’a envoyé, que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour » (v. 39). « C’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé, que quiconque contemple le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (v. 40). « Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et je le ressusciterai au dernier jour » (v. 44). « Qui mange ma chair, et boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (v. 54). Il est évident qu’ici Jésus remplace toutes les bénédictions royales des Juifs par celles de la résurrection et de la vie éternelle. Reconnu comme prophète (v. 14), mais refusant d’être roi selon la chair (v. 15), Il se retire seul sur la montagne, et renvoie Ses disciples qui s’embarquent. La mer est agitée, et ils ont de la peine à avancer ; mais, aussitôt que Jésus monte sur la barque, ils touchent à terre.

Plus tard le Seigneur parle de Son retour au ciel d’où Il était descendu : « Ceci vous est-il une occasion de chute ? Et si vous contemplez le Fils de l’homme remontant où il était auparavant » (Jean 6, 61, 62) ! Puis Il leur dit que Son temps n’est pas encore venu de se manifester au monde. Hélas, quand il viendra, ce sera en jugement, et alors malheur au monde ! Il monta néanmoins à la fête, mais comme en secret. Et quand on envoya des sergents pour Le saisir, Il leur dit : « Je suis encore un peu de temps avec vous, et je m’en vais à celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez, et vous ne me trouverez point, et là où je suis vous n’y pouvez venir » (Jean 7, 33, 34). Mais, pendant qu’Il est ainsi absent de la terre, et caché là où les incrédules ne peuvent arriver, quel est le caractère de ce Christ rejeté, mais exalté ? Quelles sont Ses relations avec de pauvres pécheurs qui ont appris à Le connaître et à Le confesser ? « Au dernier jour, au grand jour de la fête, Jésus se tenait debout et criait en disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Si quelqu’un croit en moi, selon que l’Écriture a dit, de son ventre couleront des fleuves d’eau vive. Or il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui, car il n’y avait pas encore d’Esprit Saint, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jean 7, 37-39). Le Saint Esprit devait témoigner sur la terre de la gloire céleste de Christ rejeté, et, pendant que des fleuves d’eau vive devaient découler du ventre de ceux qui avaient cru, chaque pauvre pécheur altéré devait apprendre combien il était doux de se désaltérer auprès de Jésus. Quelle grâce parfaite et illimitée !

Laissant de côté les contestations de Jésus avec les Juifs, où Il leur tient un langage tel que celui-ci : « Je sais d’où je suis venu, et où je vais » (Jean 8, 14) ; « Vous êtes d’en bas, mais moi je suis d’en haut ; vous êtes de ce monde, mais moi je ne suis pas de ce monde » (v. 23) ; laissant même de côté la manifestation de Sa puissance dans la résurrection de Lazare, nous arrivons au moment où Il commence à dévoiler à Ses disciples les mystères de ce lieu d’où Il était venu, et où Il allait retourner. Nous avons d’abord l’instruction symbolique qu’Il leur donne en leur lavant les pieds, nous avons ensuite Ses communications directes avec les onze, après que Judas se fut retiré.

« Lorsque Jésus sut que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père ». Son moment était venu de quitter ce monde pour remonter auprès du Père ; mais Il y laissait « les siens », et voulait leur montrer qu’Il les aimait « jusqu’à la fin » (Jean 13, 1). Et s’Il le leur montra par l’acte le plus humiliant, Il saisit cette occasion pour leur dévoiler le secret de cette humilité : « Jésus, sachant que le Père lui avait donné toutes choses entre les mains, et qu’il sortait de Dieu, et s’en allait à Dieu, se leva de souper, posa ses vêtements ; puis, ayant pris un linge, il s’en ceignit » (v. 3, 4). La conscience d’être au-dessus de tout Le mettait à même de se placer aux pieds de tous. Il en est de même pour nous. C’est la connaissance de nos privilèges célestes qui nous permet de prendre la dernière place sur la terre. Que pouvaient valoir les dignités et les honneurs de la terre pour le Fils de Dieu ? Que peuvent-ils valoir pour celui qui connaît la communion avec Lui ?

Mais tout cela se passait en présence du traître : « Vous êtes purs, mais non pas tous ». « Je ne parle pas de vous tous ; je sais ceux que j’ai élus ; mais c’est afin que soit accomplie cette Écriture : Celui qui mange le pain avec moi a levé le talon contre moi » (v. 10, 18). Quand le traître fut sorti, le cœur de Jésus, renfermé jusqu’alors, s’épancha au milieu de ceux qui restaient : « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et bientôt il le glorifiera » (v. 31, 32). Maintenant Il parle clairement des choses que auparavant Il n’avait fait qu’indiquer. Il n’était plus que pour peu de moments avec eux, et, comme Il avait auparavant dit aux Juifs que là où Il allait, ils ne pouvaient pas Le suivre, de même Il dit maintenant à Pierre : « Où je vais, tu ne peux me suivre maintenant, mais tu me suivras dans la suite » (v. 36). Il ne voulait pas que leurs cœurs fussent troublés ; ils avaient cru en Dieu qu’ils ne voyaient pas, et maintenant qu’Il devait cesser d’être l’objet de leur vue, Il ne devait pas cesser d’être l’objet de leur foi. Ils avaient cru en un Dieu invisible ; ils devaient croire aussi en un Sauveur invisible. Il allait monter à la maison de Son Père, et là il y avait plusieurs demeures : « Je vais vous préparer une place ; et quand je serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis vous soyez aussi ; et vous savez où je vais, et vous savez le chemin » (Jean 14, 2-4). Le ciel devait non seulement devenir tout pour eux comme la demeure de leur Seigneur, et comme le lieu d’où ils attendaient Son retour ; mais Il leur dit maintenant clairement qu’il deviendra leur propre demeure, et que, quand Il reviendra, ce sera pour les y placer. Il leur avait parlé de « la maison de son Père » (v. 2). Mais qu’est-ce qui la caractérise ? Qu’est-ce qui fait qu’elle est la maison du Père ? Quand les pensées de celui qui est exilé de sa terre natale retournent à la demeure de son enfance, qu’est-ce qui enflamme son imagination et remplit son cœur ? Sont-ce les appartements, les meubles, les tableaux ? Non, quelque vastes que soient les appartements, quelque splendides que soient les meubles, quelque magnifiques que soient les tableaux, ce n’est rien de tout cela qui le fait soupirer après le retour ; ce n’est que ceci : la maison de mon père !

Jésus leur avait dit qu’Il s’en allait auprès du Père, et, de ce qu’ils connaissaient le Père, ils pouvaient conclure ce qu’était la maison du Père. Mais comment connaissaient-ils le Père ? En connaissant Jésus. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaître » (Jean 1, 18). « Qui m’a vu, dit ailleurs Jésus, a vu le Père » (Jean 14, 9). En connaissant Jésus, ils connaissaient donc le Père, ils connaissaient la maison du Père, ils savaient où Jésus allait, et ils connaissaient le chemin. Et néanmoins, quoiqu’ils devaient connaître tout cela, et que Jésus leur parlait comme s’ils le connaissaient, en fait ils ne le connaissaient ni le comprenaient ; leurs oreilles étaient bouchées. C’est ce que montrent les questions que les uns et les autres adressent à Jésus. Il répond patiemment à tous leurs doutes, et leur promet le Consolateur, le Saint Esprit, qui leur « enseignera toutes choses » (v. 26). « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous » (v. 20).

Et ce n’est pas seulement que l’habitation de Jésus dans les siens ne pût pas être connue avant Son ascension au ciel, et la descente du Saint Esprit ; la chose elle-même n’existait pas. Elle n’a commencé à exister que lorsque Jésus a pris place dans le ciel comme la tête glorifiée de Son corps, de Son Église, et que le Saint Esprit est descendu pour faire Son temple de chacun de ceux qui croient en Jésus. Et c’est ce Saint Esprit qui leur a enseigné ces choses : « Le Saint Esprit que le Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera toutes choses, et vous fera ressouvenir de toutes les choses que je vous ai dites » (Jean 14, 26). « Je ne vous appelle plus esclaves, parce que l’esclave ne sait pas ce que son seigneur fait, mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père » (Jean 15, 15). Assurément ces passages décrivent notre privilège et notre bonheur actuels ; mais diminuent-ils notre bonheur futur ? En est-il un d’entre nos privilèges qui sera amoindri dans le ciel ? Ne continuerons-nous pas toujours à savoir que Jésus est en Son Père, et nous en Lui, et Lui en nous, et à nous en réjouir ? Et ne connaîtrons-nous pas mieux la hauteur, la profondeur, la longueur et la largeur de son amour, quand nous serons avec lui dans la maison du Père, que nous ne les connaissons à présent ? Si, aujourd’hui déjà, Il nous traite en amis, nous envisagera-t-Il comme des esclaves quand nous serons avec Lui dans la gloire ? — C’est impossible ! Assurément nous ne serons pas avec Lui dans une relation plus étroite que celle dans laquelle nous sommes à présent, parce que nous ne le pourrions pas ; mais nous jouirons alors pleinement et éternellement des choses dont maintenant nous ne jouissons qu’imparfaitement, parce que nous serons débarrassés des entraves qui aujourd’hui empêchent notre jouissance.

Néanmoins, quelque précieuses que fussent ces communications de Jésus à Ses disciples, leur état ne Lui permettait pas de leur tout dire. Il n’y avait aucun empêchement de Son côté ; Son cœur aurait au contraire aimé à répandre devant eux tout ce qu’il contenait ; mais, tant que le Saint Esprit ne leur avait pas été donné, ils étaient incapables de comprendre tout ce qu’Il aurait eu à leur dire. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Et quand celui-là sera venu, l’Esprit de la vérité, il vous guidera dans toute la vérité, car il ne parlera point de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir » (Jean 16, 12, 13). Il paraît, d’après cela, que les choses qui font le bonheur futur des saints étaient au nombre de celles que les disciples ne pouvaient pas encore recevoir, mais que le Saint Esprit devait leur révéler plus tard. Mais, si Jésus ne pouvait pas les leur communiquer encore, il y avait quelqu’un devant qui Il pouvait, sans réserve, répandre tous les désirs de Son cœur, et Il le fait devant Son Père, et en présence de Ses disciples. Et Il prie non seulement pour eux, mais pour tous ceux qui croiront en Lui par le moyen de leur parole. Et Sa prière s’étend au-delà de leur position ici-bas : « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient consommés en un, et afin que le monde connaisse que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jean 17, 22, 23). Cela ne nous donne-t-il pas une vue ravissante de ce qui est devant nous ? Nous jouirons de la même gloire que le Père a donnée au Fils, cette gloire sera manifestée au monde, et il verra ainsi que nous avons été les objets du même amour. Et nous aussi verrons la gloire de Jésus, et témoignerons ainsi de l’amour dont Il a été l’objet de toute éternité ! Tout cela sera notre part. « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde » (v. 24). Quel témoignage de Son affection envers nous, qu’Il ait assez de confiance en la nôtre, pour demander pour nous, comme ce qu’il y a de meilleur, de contempler la gloire que le Père Lui a donnée ! Et si maintenant vos cœurs sont insensibles à cette marque d’affection, ils ne le seront assurément pas alors. Ah ! si seulement, dès à présent, ils pouvaient en être plus touchés et plus reconnaissants !

Le seul point que je veux toucher encore dans l’évangile de Jean, c’est lorsque Jésus dit à Marie, après Sa résurrection : « Ne me touche point, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20, 17). En montant vers Son Père, Il nous place dans la même position que Lui-même devant le Père et devant Dieu. Quelles paroles bénies : Mes frères ; mon Père et votre Père ; mon Dieu et votre Dieu ! Qui peut en sonder la profondeur, et que sera le ciel, où ces choses seront non seulement parfaitement connues, mais goûtées et réalisées !

Notre unité avec Christ est donc déjà établie dans l’évangile de Jean : « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous » (Jean 14, 20). « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient consommés en un » (Jean 17, 22, 23). « Mon Père et votre Père ; mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20, 17). Cela nous conduit tout naturellement au chapitre neuvième des Actes. Déjà à la fin du chapitre septième il est question d’un jeune homme appelé Saul, qui était consentant de la mort d’Étienne ; le chapitre neuvième nous raconte sa conversion. À lui fut révélée dès le principe cette unité des saints avec Christ en gloire. Étienne, en regardant en haut, avait vu le ciel ouvert, et le Fils de l’homme à la droite de Dieu, prêt à recevoir l’esprit de Son martyr aussitôt que ses meurtriers auraient accompli leur œuvre de cruauté et de sang. Saul, l’un d’entre eux, ou au moins consentant à leur meurtre, et avide de les imiter, est arrêté tout à coup près de Damas, par une lumière qui resplendit du ciel comme un éclair autour de lui ; et, étant tombé par terre, il entend une voix qui lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Et il dit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus, que tu persécutes » (Act. 9, 4, 5). C’est ainsi que, avec le premier rayon de lumière qui pénètre dans son cœur, il lui est révélé que Christ et Ses saints sont un. S’il ne voit pas le ciel ouvert, comme vit Étienne, il voit le Seigneur, et la vue de cette gloire le rend aveugle pour trois jours. Et il lui est montré que ceux qu’il persécute sont tellement identifiés avec Christ dans la gloire, qu’Il peut lui dire : « Tu me persécutes ». C’est de cela que, dès ce moment, il devient le témoin dévoué et infatigable. D’abord il prêche que Jésus est le Fils de Dieu ; ensuite que l’Église est une avec Lui. C’est là ce qu’il appelle son évangile, et, en face des coups, des liens, de la mort elle-même, dans toutes ses formes les plus horribles, il continue à attester devant les Juifs et les Gentils, mais principalement devant ceux-ci, ce mystère qui, en d’autres générations, n’avait point été donné à connaître aux fils des hommes, mais qui maintenant était révélé par l’Esprit à Ses saints envoyés et prophètes. Ceci nous conduit tout naturellement à l’épître aux Éphésiens.

Cette épître commence par ces paroles : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis en toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes, dans le Christ » (Éph. 1, 3). Remarquez que c’est le ciel qui est le lieu de nos bénédictions, et qu’elles sont spirituelles, qu’elles sont en Christ, et que nous les possédons déjà actuellement. Pouvons-nous donc nous étonner de l’action de grâce avec laquelle l’apôtre introduit ces choses ? Étonnons-nous plutôt de l’insensibilité de nos cœurs, qui peuvent les entendre avec tant d’indifférence. Élus en Christ avant la fondation du monde, prédestinés à l’adoption des enfants, et acceptés dans le Bien-aimé, ayant la rédemption en Son sang, le pardon de nos péchés, connaissant les mystères du dessein de Dieu, et ayant reçu un héritage en Christ, héritage dont nous possédons les fruits dès maintenant, ayant été scellés par le Saint Esprit : nous sommes tout cela en vertu des bénédictions énumérées ici. Mais quel est ce mystère du dessein de Dieu que, en faisant de nous Ses confidents, Il nous a révélé ? « Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté, selon sa bienveillance arrêtée d’avance en lui-même, savoir que, pour l’administration de la plénitude des temps, il ferait que toutes choses se résumassent dans le Christ, soit celles qui sont dans les cieux, soit celles qui sont sur la terre, dans le Christ » (Éph. 1, 9, 10). L’unité de toutes choses dans le ciel et sur la terre, sous une seule tête, en Christ, tel est le glorieux mystère dont la connaissance a été confiée à l’Église. Mais qu’est cette Église qui devient ainsi le vase de cette connaissance divine ? Cherchons d’abord à connaître quelle est la place de Christ, et nous connaîtrons ainsi quelle est l’espérance de l’appel de Dieu, et quelle est la richesse de la gloire de Son héritage dans les saints. Mais pour cela nous avons besoin de l’esprit de sagesse et de révélation, nous avons besoin que les yeux de notre entendement soient ouverts. L’apôtre parle de la « surabondante grandeur de sa puissance, envers nous qui croyons, selon l’efficace du pouvoir de sa force, qu’il déploya dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle-ci, mais aussi dans celui qui est à venir, et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et il l’a donné pour tête au-dessus de toutes choses, à l’Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (v. 19-23). Telle est la hauteur de la gloire à laquelle a été élevé Celui qui, pour nous, est descendu jusque dans la poussière du sépulcre. C’est dans la dispensation de la plénitude des temps que toute cette gloire sera manifestée, et c’est alors que nous posséderons avec Christ l’héritage que nous avons reçu en Lui. Toutes choses sont mises sous Ses pieds ; Il est la tête de toutes choses, et nous sommes le corps de cette tête. Et notre nature déchue et pécheresse n’est pas un obstacle à cette gloire, car l’apôtre, après en avoir parlé, continue : « Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous aussi qui étions morts par les offenses, il nous a fait vivre ensemble par le Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés), et il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ » (Éph. 2, 4-6). Telle est la communion de l’Église avec Christ, et sa position bénie. Et dans quel but tout cela ? « Afin qu’il fit voir dans les siècles à venir la surabondante richesse de sa grâce, par sa bonté envers nous, dans le Christ Jésus » (v. 7). En présence des abondantes richesses de cette grâce, et de l’unité céleste en Christ, dans laquelle elle a placé de pauvres pécheurs, par nature morts dans leurs péchés, et enfants de colère, toutes les distinctions humaines s’évanouissent. Même celle que Dieu avait établie entre les Juifs et les Gentils disparaît. Tous deux sont dans la condamnation, mais tous deux sont sauvés par le sang de Christ, « afin qu’il créât lui-même les deux pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix, et qu’il réconciliât l’un et l’autre en un seul corps avec Dieu, par le moyen de la croix » (v. 15, 16). Voilà pourquoi Jésus a souffert, afin que nous ayons, « par son moyen, les uns et les autres, accès auprès du Père en un seul esprit » (v. 18). En Jésus Christ, pierre angulaire, « tout l’édifice bien coordonné s’accroît pour être un temple saint en notre Seigneur » (v. 21). Voilà ce que l’Église a, et voilà ce qu’elle est, par la grâce de Dieu.

Après avoir parlé de l’ascension de Jésus, l’apôtre continue : « Or, qu’il soit monté, qu’est-ce, si ce n’est que auparavant aussi il était descendu dans les parties les plus basses de la terre ? Celui qui est descendu est le même aussi qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses » (Éph. 4, 9, 10). Oui, il y a quelqu’un qui n’a pu monter qu’en commençant par descendre, et Il est descendu même dans les parties les plus basses de la terre, afin que, ayant ainsi accompli la gloire de Dieu dans le lieu du péché et du triomphe de Satan, Il puisse, montant au-dessus de tous les cieux, remplir toutes choses, en sorte que, pour la gloire de Dieu, pour la bénédiction des créatures, et pour la joie des saints, il n’y ait pas un lieu entre la poussière de la mort et le trône de Dieu au-dessus des cieux, où Christ n’ait pas été. Et c’est à ce Christ que nous sommes unis : « Un seul corps et un seul esprit » (Éph. 4, 4).

Deux choses demandent à être considérées dans le chapitre suivant : l’amour de Christ pour l’Église, et la relation de l’Église avec Christ. Cette instruction se trouve au milieu des exhortations à marcher d’une manière digne de notre vocation céleste, mais c’est souvent ainsi que, occasionnellement, nous sont données les choses les plus précieuses. « Maris, aimez vos femmes, comme aussi le Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, l’ayant purifiée par le lavage d’eau dans la parole, afin qu’il se présentât l’Église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, et qu’elle fût au contraire sainte et sans défaut » (Éph. 5, 25-27). C’est donc pour cela que Jésus s’est donné Lui-même, et c’est pour cela qu’a lieu le lavage d’eau dans la Parole. L’Église, de toute éternité l’objet de l’affection de Christ comme don de l’amour du Père, déjà rachetée, et maintenant purifiée, sera en définitive présentée par Lui-même à Lui-même, comme une épouse sainte et glorieuse, pour être les délices éternelles de Son cœur. Puis l’apôtre, après avoir dit : « Personne n’eût jamais en haine sa propre chair, mais il la nourrit et la soigne tendrement, comme aussi le Seigneur le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps ; de sa chair et de ses os » (v. 29, 30), ajoute, et nous pouvons ajouter avec lui : « Ce mystère-là est grand ; or je parle par rapport au Christ, et par rapport à l’Église » (v. 32).

Mais, quoique l’amour de Christ pour l’Église, et Ses délices quand Il se la présente à Lui-même en gloire, soient assurément l’un des objets les plus relevés, si ce n’est le plus relevé, de la joie du ciel, il y a cependant ici un enseignement touchant la relation de l’Église avec Christ, qui ne doit pas être passé sous silence : « Le mari est la tête de la femme, comme le Christ aussi est la tête de l’Église, et comme il est lui-même le sauveur du corps. De même que l’Église est soumise au Christ, que les femmes aussi le soient à leurs maris en toute chose » (v. 23, 24). La relation conjugale est si intime que, en vertu d’une ordonnance primitive de Dieu, elle surpasse toute autre : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seul chair » (Gen. 2, 24 ; Éph. 5, 31). Ainsi le principe de la Genèse est établi ici sur une nouvelle base, la relation conjugale entre Christ et l’Église. Mais si l’Église est placée ainsi avec Christ dans la relation la plus intime que le langage humain puisse exprimer, et que le cœur puisse concevoir, quelle en est la conséquence de la part de l’Église ? C’est la plus complète soumission à son Seigneur et Époux ; c’est que l’Église trouve son plus grand bonheur à accorder la plus parfaite obéissance à Celui qui l’a acquise à un si grand prix. Ainsi Il a la prééminence en toutes choses ; dans toutes les fonctions qu’Il remplit, dans toutes les positions qu’Il occupe, quoique nous soyons associés et même identifiés avec Lui, Il prend la première place. Sommes-nous une habitation de Dieu, s’élevant pour être un temple saint ; Il est le fondement et la principale pierre du coin. N’a-t-Il pas honte de nous appeler ses frères, nous savons qu’il est le premier-né d’entre plusieurs frères. Remportons-nous par la résurrection la victoire sur la mort, pour être, Lui et nous ensemble, une moisson glorieuse de gerbes pleines et mûres ; nous savons qu’Il est les prémices, la poignée consacrée à Dieu, le premier-né d’entre les morts. L’Église est-elle Son corps, Il est la tête de ce corps. Le lien conjugal est-il employé pour dépeindre l’union mystérieuse de l’Église avec Christ, et l’affection illimitée qu’Il lui témoigne ; sa place, dans cette relation, est encore celle du vase plus faible, soumise à Christ en toutes choses : « Car le mari est la tête de la femme, comme le Christ aussi est la tête de l’Église » (v. 23). Divin Jésus ! nous remplirons un jour notre place dans cet ineffable mystère, comme tu as rempli, et remplis, encore, la tienne. « Comme Sara, qui obéissait à Abraham, l’appelant seigneur » (1 Pier. 3, 6), nous aussi pouvons maintenant, par ta grâce, t’appeler Seigneur, et nous désirons te reconnaître comme tel dans chaque battement de notre cœur, trouvant notre bonheur suprême à t’être soumis en toutes choses !

J’ai maintenant envie de retourner en arrière à un chapitre important que j’ai expressément laissé de côté jusqu’à présent, le second chapitre de la première épître aux Corinthiens. L’apôtre s’y adresse à ceux qui recherchent la sagesse de ce monde, et leur rappelle que ce ne fut pas avec excellence de parole ou de sagesse qu’il leur annonça le témoignage de Dieu, mais en démonstration d’esprit et de puissance, afin que leur foi ne fût pas par la sagesse des hommes, mais par la puissance de Dieu. « Or, ajoute-t-il, nous parlons sagesse parmi les parfaits, sagesse non de ce siècle, ni des chefs de ce siècle qui sont impuissants ; mais nous parlons une sagesse de Dieu en mystère, celle qui a été cachée, que Dieu, avant les siècles, détermina d’avance pour notre gloire, et que aucun des chefs de ce siècle n’a connue, car, s’ils l’eussent connue, il n’auraient pas crucifié le Seigneur de la gloire » (1 Cor. 2, 6-8). L’apôtre avait une sagesse pour parler à ceux qui étaient en état de la comprendre, une sagesse cachée, une sagesse de Dieu en mystère, un mystère dont il est dit que, si les gouverneurs des Juifs l’eussent connu, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. S’ils avaient su qu’Il était le Seigneur de gloire, et que l’effet de cette crucifixion serait d’introduire les Gentils aussi bien que les Juifs dans la position où l’épître aux Éphésiens nous montre l’Église, assurément ils n’auraient pas consommé le crime. Mais les Corinthiens eux-mêmes n’étaient pas en état de recevoir ce mystère ; ils tenaient trop à la sagesse humaine, ils étaient trop charnels, et voilà pourquoi l’apôtre « ne put leur parler comme à des hommes ayant l’Esprit, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants dans le Christ » (1 Cor. 3, 1). Mais, quoiqu’il ne pût pas leur dévoiler le mystère comme il le fit aux Éphésiens, il les en avertit, il leur parle du pouvoir par lequel, et de la manière en laquelle il est révélé, et jette ainsi un grand jour sur le sujet dont nous nous occupons.

« Les choses que l’œil n’a point vues, et que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, les choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment » (És. 64, 4). Voilà les paroles du prophète de l’Ancien Testament, et il devait s’arrêter là ; mais l’apôtre peut ajouter : « Dieu nous les a révélées par son Esprit, car l’Esprit scrute toutes choses, même les profondeurs de Dieu » (1 Cor. 2, 10). Voilà cette puissance de saisir les choses célestes dont nous voyons même les disciples être privés pendant tout le cours de l’évangile de Jean. « Car lequel des hommes connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même aussi personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu » (v. 11). Le mystère qui avait été caché aux générations précédentes était assurément au nombre des profondeurs de Dieu, que Lui seul connaît, et que Son Esprit seul peut faire connaître. « Mais pour nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été gratuitement données de Dieu » (v. 12). Quoique le terme de révélé par l’Esprit que nous trouvons dans le passage : « comme il a été maintenant révélé par l’Esprit à ses saints envoyés et prophètes » (Éph. 3, 5), s’applique spécialement aux apôtres, les termes employés ici nous embrassent tous. De même, si ces mots : « nous parlons, non avec les paroles qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec celles qu’enseigne l’Esprit Saint, appropriant les choses spirituelles à ceux qui ont l’Esprit » (1 Cor. 2, 13), ne s’appliquent qu’aux hommes inspirés, les mots qui suivent ont une application générale : « Or l’homme n’ayant que l’âme ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge ; mais celui qui a l’Esprit juge toutes choses, et pour lui il n’est jugé par personne. Car, qui a connu la pensée du Seigneur pour l’instruire ? Mais nous, nous avons la pensée de Christ » (v. 14-16). L’homme spirituel, enseigné par le Saint Esprit, soit par révélation directe, comme les prophètes et les apôtres, soit par la réception de ce qu’ils ont révélé, discerne toutes choses. L’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu ; elles peuvent lui être annoncées, ou il peut les trouver écrites, mais il ne les reçoit pas, et ne peut même pas les recevoir. Mais l’homme spirituel est placé avec Christ dans une relation si intime que rien ne lui est caché, et que toutes choses lui sont dévoilées. Ces choses que jamais œil n’a vues, que jamais oreille n’a entendues, qui ne sont jamais entrées dans le cœur de l’homme, nous sont révélées par l’Esprit de Dieu qui scrute toutes choses, même les profondeurs de Dieu ; « nous avons la pensée de Christ ». L’homme spirituel voit ainsi tout un monde invisible pour d’autres, et, agissant d’après des motifs tirés de ces choses invisibles, sa conduite est inexplicable aux autres, « il n’est jugé par personne ». L’Esprit de Christ fait ainsi de lui, en quelque mesure, ce que Christ Lui-même était en perfection. Même pendant qu’Il était sur la terre Il était, en vertu de sa divinité, le Fils de l’homme dans le ciel. Au milieu des relations humaines et des circonstances terrestres Il manifestait l’esprit du ciel ; Il agissait par des motifs tirés des choses qu’Il voyait, mais qui étaient cachées à tous les autres, choses dont Il disait : « Ce que nous savons, nous le disons, et ce que nous avons vu, nous le témoignons » (Jean 3, 11). En cela, et selon la mesure de Sa spiritualité, l’homme spirituel ressemble à Christ. Il n’est pas, comme Christ, littéralement et actuellement dans le ciel, mais il est un avec Christ qui y est, au point qu’il est assis avec Lui dans les lieux célestes, et le Saint Esprit, qui l’unit à Christ dans la gloire, est, en vertu de Sa divinité, aussi réellement à la fois dans le ciel et sur la terre que Christ l’était quand Il était sur la terre. En vertu de l’habitation du Saint Esprit en lui, l’homme spirituel discerne les choses célestes, comme des choses qui lui ont été données, qu’il possède, et dont il jouit. Il a ainsi tout un monde d’objets avec lesquels il est en relation, objets d’affection et d’espérance, desquels le monde ne connaît rien. Est-il étonnant que cette conduite soit une énigme pour le monde, et qu’il y paraisse comme un étranger ? Ah, plût à Dieu qu’il en fût ainsi davantage pour nous ! que, à force d’être occupés des choses célestes, de Christ, nos pensées et nos voies fussent, pour ainsi dire, jetées dans un moule céleste !

Il peut paraître singulier de passer de ce chapitre deuxième de la première épître aux Corinthiens à un passage qui parle de la parfaite connaissance comme d’une partie de notre bonheur futur : « Nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie ; mais, quand la perfection sera venue, alors ce qui est en partie sera rendu inutile. Car à présent nous voyons énigmatiquement, par le moyen d’un miroir, mais alors nous verrons face à face ; à présent je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme aussi j’ai été connu » (1 Cor. 13, 9, 10, 12). Mais il n’y a aucune contradiction entre ces deux choses. Assurément nous sommes actuellement un avec Christ ; assurément le Saint Esprit habite en nous, et nous révèle toutes choses ; assurément nous avons la pensée de Christ. Mais qui d’entre nous ne s’aperçoit que, tandis que tout est parfait du côté de Dieu, de Christ, du Saint Esprit, de la révélation écrite, par laquelle Il nous parle, ceux sur qui et en qui Il agit sont loin d’être parfaits ? C’est même au sujet de ces grandes choses, qui sont le privilège actuel du croyant, que l’apôtre déclare aux Corinthiens qu’il ne peut communiquer avec eux sur le pied de ces privilèges, parce qu’ils sont charnels. Et la chair n’est-elle pas aussi un empêchement pour nous ? Qui de nous ne connaîtrait pas mieux la pensée de Christ, et tous les objets bénis de la foi, de l’espérance et de l’amour, s’il n’en était empêché par la chair ! Et même quant à la communication des pensées de Dieu par le moyen de ceux qui furent inspirés dans ce but, est-ce par un seul homme qu’elles nous ont été révélées ? Pierre n’avait-il pas sa partie de vérité, et Paul la sienne ? N’est-ce pas ce dernier lui-même qui dit : « Nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie » ? Quel bonheur quand la perfection sera venue, et quand ce qui est en partie sera aboli ! Dans le ciel nous ne connaîtrons pas en partie. Il ne sera besoin d’y prophétiser, ni en tout, ni en partie. Nous n’y verrons plus confusément comme dans un miroir, mais face à face. Si, déjà ici, c’est la vie éternelle de connaître Dieu et Jésus Christ qu’Il a envoyé, quelle ne sera pas notre joie quand, tous les obstacles résultant de notre propre nature charnelle et pécheresse étant écartés, nous connaîtrons comme nous avons été connus !

Dans le chapitre quinzième nous recevons l’instruction la plus détaillée quant au changement que nos corps subiront par l’arrivée de Christ, changement qui s’accomplira également, qu’Il nous trouve endormis dans le tombeau, ou en vie parmi ceux qui resteront. « Toute chair n’est pas la même chair, mais autre est la chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre celle des poissons, autre celle des oiseaux. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais autre est la gloire des célestes, et autre celle des terrestres » (1 Cor. 15, 39, 40). Ceci est très important, puisque, dans la suite du chapitre, ces deux choses sont placées en contraste. « Il (le corps des saints qui se sont endormis) est semé en corruption, il se relève en incorruptibilité : il est semé en déshonneur, il se relève en gloire ; il est semé en faiblesse, il se relève en puissance ; il est semé corps animal, il se relève corps spirituel. Il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel » (v. 43, 44). Ainsi le corps animal est corruptible, méprisable, faible ; le corps spirituel est incorruptible, glorieux, puissant. Le premier Adam est le type du premier, le second Adam est le type du second : « Le premier homme, Adam, fut fait en âme vivante ; le dernier Adam, en esprit vivifiant. Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est animal ; ensuite ce qui est spirituel. Le premier homme est de la terre, poussière, le second homme, le Seigneur, est du ciel. Tel celui qui est poussière, tels aussi ceux qui sont poussière, et tel le céleste, tels aussi les célestes » (v. 45-48). Ainsi nous voici revenus à la distinction par laquelle l’apôtre commence cette partie de son raisonnement. Il y a des corps terrestres, et il y a des corps célestes. Le corps d’Adam avait sans doute une gloire particulière avant la chute, mais nous savons que celui du second Adam en a une qui la surpasse infiniment. Nous savons aussi que, « comme nous aurons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image de celui qui est céleste » (v. 49). Oui, ce corruptible revêtira l’incorruptibilité, et ce mortel, l’immortalité, et alors nous pourrons nous écrier : « Où est, ô mort, ton aiguillon ? Où est, ô sépulcre, ta victoire ?… Grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (v. 55, 57).

Il est bon de mentionner ici deux passages qui se trouvent en connexion avec ce triomphe sur la mort. Le premier se trouve dans 2 Corinthiens 4 et 5. L’apôtre parle de lui comme portant toujours en lui, en son corps, l’état de mort de notre Seigneur Jésus (4, 10), comme toujours livré à la mort à cause de Jésus (v. 11). Puis, après avoir cité le psaume 116, il exprime la même espérance qui soutenait celui dont parle le psaume : « Sachant que celui qui ressuscita le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi par le moyen de Jésus, et nous présentera avec vous » (v. 14). Voilà pourquoi il ne perdait point courage ; car, quoique son homme extérieur dépérissait, l’intérieur se renouvelait de jour en jour, et sa légère tribulation du temps présent produisait un poids éternel d’une gloire souverainement excellente. Quelle expression, « une gloire souverainement excellente » (v. 17) ! Les choses qu’on voit ne méritent ni un regard, ni une pensée, en comparaison de celles-ci. « Les choses visibles sont pour un temps, mais les invisibles sont éternelles » (v. 18).«  Car nous savons que, si notre maison terrestre, qui est une tente, est détruite, nous avons de Dieu, dans les cieux, un édifice, une maison éternelle qui n’est pas faite de mains » (5, 1). Tant que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, étant chargés. Être absent du corps, et présent auprès du Seigneur, est meilleur que d’être présent dans le corps, mais absent du Seigneur. Mais ce n’était pas seulement d’être absent du corps que l’apôtre désirait : « parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie » (v. 4). Il désirait avec ardeur d’être revêtu de son domicile qui est du ciel (v. 2). Qu’elles sont belles, ces aspirations d’un cœur renouvelé après sa demeure céleste ! « Or celui qui nous a formés pour cela même, c’est Dieu, qui nous a aussi donné les arrhes de l’Esprit » (v. 5). Et cette absorption complète d’un cœur par ses espérances célestes produisait une marche que les autres ne pouvaient pas comprendre. C’est pourquoi on regardait Paul comme étant « hors de lui-même » (v. 13). S’empressait-il de rejeter ce reproche ? Loin de là, il s’empressait au contraire de se recommander aux consciences de ses frères à Corinthe, qui auraient dû comprendre et apprécier sa marche : « Car, soit que nous soyons hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu ; soit que nous soyons de sens rassis, c’est pour vous. Car l’amour du Christ nous presse » (v. 13, 14). Ce n’était pas seulement la gratitude envers Christ, pour l’avoir sauvé par sa mort de la condamnation, qui produisait cet effet chez l’apôtre ; il y avait encore l’intelligence du but de cette mort, et il était complètement dévoué à ce but. Il jugeait que, « si un mourut pour tous, tous donc moururent, et qu’il mourut pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui mourut et ressuscita pour eux » (v. 15). C’était juger que, pour ceux qui vivaient, il ne valait plus la peine de s’occuper d’aucune des choses qui ornent ici-bas la scène de la mort. Il n’y avait donc plus lieu à connaître personne selon la chair. Même si quelqu’un avait connu Christ selon la chair, il ne le connaissait plus ainsi, mais en résurrection, et dans sa gloire céleste, comme il était apparu à Paul. « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une nouvelle création » (v. 17). C’est être introduit effectivement dans une nouvelle création, dont Lui, ressuscité et glorifié, est le chef. « Les choses vieilles sont passées ; toutes choses sont devenues nouvelles » (v. 17). Réalisons-nous ainsi, chers frères, notre vocation céleste comme étant identifiés avec Christ ? La terre, et tout ce qui lui appartient, est-elle devenue pour nous une scène de mort, dont la mort et la résurrection de Christ nous a délivrés, en nous introduisant dans cette nouvelle création dont Il est la tête, et qui, quant à nous, sera accomplie quand nous serons revêtus de notre habitation céleste ?

Le second passage se trouve dans le chapitre 8 de l’épître aux Romains. Nous y lisons : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts fera vivre même vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (v. 11). Nous avons ici la même espérance. Puis, considérant notre bonheur actuel, d’être déjà enfants de Dieu, l’apôtre continue : « Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui » (v. 17). Et tel était l’effet que cette espérance produisait sur l’âme de l’apôtre, que cela lui faisait supporter toutes les afflictions de la terre : « Car j’estime que les souffrances du temps présent ne sont point à comparer avec la gloire à venir qui doit être révélée pour nous » (v. 18). Puis l’apôtre considère l’état de toute la création qu’il représente comme attendant la manifestation de cette gloire. Soumise à la vanité, elle espère qu’elle sera délivrée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. « Et non seulement elle, mais nous-mêmes qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, attendant l’adoption, la délivrance de notre corps » (v. 23).

Dans 1 Corinthiens 15, nous trouvons que, comme nous avons porté l’image du terrestre, d’Adam, nous porterons aussi l’image du céleste, de Christ. Dans 2 Corinthiens 5, l’apôtre se réjouit dans l’espérance de cette habitation céleste, dont la réception sera, pour les saints, l’accomplissement de cette nouvelle création dans laquelle l’homme est introduit en étant en Christ. Dans le passage qui est devant nous il y a les mêmes anticipations : la résurrection de nos corps mortels, la gloire qui sera révélée en nous, la rédemption de nos corps. Mais ici nous trouvons non seulement que nous atteindrons l’accomplissement de notre vocation, étant rendus conformes au second grand chef de la famille humaine, le second Adam, et glorifiés avec Lui, mais encore que toute la création ressentira les effets de ce glorieux événement, étant délivrée de l’esclavage de la corruption, pour être placés dans la liberté que cette gloire des enfants de Dieu répandra partout. C’est ainsi que les espérances célestes des saints sont liées au plus bel avenir de la création elle-même. Ayant les prémices de l’Esprit, et étant ainsi liés à Christ et à Dieu, nous sommes, dans nos soupirs après l’incorruptibilité, les interprètes intelligents des soupirs inintelligents, mais non moins réels, de la création toute entière. Et quand la création, se reposante en paix sous le sceptre de son Seigneur maintenant rejeté, élèvera sa voix comme un chant général de louange, y demeurerons-nous étrangers ? Si elle attend la manifestation des enfants de Dieu, ne répondrons-nous pas à cette attente ? Oui, nous serons alors manifestés dans une gloire céleste, et nous répondrons du ciel, par des chœurs célestes, au concert terrestre de la création d’ici-bas.

Avant de prendre congé de ces premières épîtres je voudrais encore mentionner un passage en 2 Corinthiens 12, qui nous apprend autant par ce qu’il omet, que d’autres par ce qu’ils disent : « Je connais un homme dans le Christ, qui, il y a quatorze ans, fut ravi jusqu’au troisième ciel (si ce fut en corps, je ne sais ; si ce fut hors du corps, je ne sais ; Dieu le sait), et je sais qu’un tel homme (si ce fut en corps ou hors du corps, je ne sais, Dieu le sait) fut ravi dans le paradis, et entendit des choses ineffables, qu’il n’est pas possible à un homme d’exprimer » (v. 2-4). Que doit être le paradis, que doit être le ciel, si un apôtre inspiré y a entendu des choses qu’il lui est impossible de communiquer à d’autres ! Les hommes qui ont prétendu avoir eu des visions célestes et des révélations, ont été prodigues de leurs communications de ce qu’ils prétendaient avoir vu et entendu. L’apôtre, qui a réellement eu de pareilles visions et révélations, garde un silence complet, au moins quant à ce que nous savons, pendant quatorze années, et, quand il parle, il dit que ce qu’il a vu et entendu ne peut s’exprimer. Quelle leçon ! Autant il est important pour nous de croire et de réaliser ce qui nous est révélé du ciel, autant il est bon aussi de savoir qu’il y a des choses qui, lors même qu’on les a vues, et qu’on en a joui, ne peuvent être exprimées par le langage humain.

L’épître aux Philippiens nous montre que ce qui donnait au ciel tant d’attrait pour le cœur de l’apôtre, c’était la présence de Christ Lui-même. L’envisage-t-il comme le séjour de son esprit pour le cas où il s’endormirait avant le retour du Seigneur, il dit : « Ayant le désir de m’en aller, et d’être avec Christ, car c’est beaucoup meilleur » (1, 23). Regarde-t-il en avant vers la venue de Christ, et toute la gloire pour laquelle il a été saisi par Lui, il méprise toutes choses « afin qu’il gagne Christ » (3, 3). Il avait vu Christ en gloire, et cette vue l’avait tellement frappé, que sa justice légale, ses privilèges juifs, ses espérances et ses avantages temporels, tout cela n’était plus pour lui que des ordures. « Les choses qui m’étaient un gain, je les ai estimées une perte à cause du Christ. Bien plus, j’estime même que toutes choses sont une perte à cause de l’excellence de la connaissance de Christ Jésus mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes choses ; et je les estime comme du fumier, afin que je gagne Christ, et que je sois trouvé en lui, ayant, non pas ma justice, celle qui vient de la loi, mais celle qui est par le moyen de la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, afin de le connaître, ainsi que la puissance de sa résurrection, et la communication de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort, si de quelque manière je parviens à la résurrection d’entre les morts » (3, 7-11). Le Christ qu’il avait vu au moment de sa conversion, Christ ressuscité et glorifié, c’est le même Christ qu’il voit encore à la fin de sa carrière de tribulations et de souffrances, et d’être avec Christ et comme lui, de le posséder, de le gagner, comme il dit, voilà ce qui le soutenait, et l’attirait en haut avec une énergie que rien ne pouvait distraire ni abattre. Aussi pouvait-il encourager et fortifier les autres : « Soyez ensemble mes imitateurs, frères,… car notre droit de bourgeoisie est dans les cieux, d’où nous attendons aussi pour Sauveur le Seigneur Jésus Christ, qui transformera le corps de notre humiliation, pour qu’il soit conforme au corps de sa gloire, selon l’efficace par laquelle il peut même s’assujettir toutes choses » (3, 17, 20, 21). Il n’est donc pas étonnant qu’il dise un peu plus loin : « J’ai appris à être content dans l’état où je me trouve » (4, 11). Quand le cœur est bien assis en Christ dans le ciel, les choses terrestres deviennent, dans un certain sens, toutes indifférentes. Aussi Paul pouvait dire : « Je sais être humilié, je sais aussi être dans l’abondance, je suis initié en tout et partout, soit à être rassasié, soit à avoir faim, soit à être dans l’abondance, soit à être dans l’indigence, je puis tout dans le Christ qui me fortifie » (4, 12, 13). Que le Seigneur nous apprenne à connaître pleinement ce secret céleste de contentement terrestre !

L’épître aux Colossiens parle du ciel en partie comme celle aux Éphésiens, en partie comme celle aux Philippiens. Étant morts avec Christ, et ressuscités avec Lui, les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu, sont celles sur lesquelles nos esprits ont à se reposer. Cependant cette épître ne nous regarde pas exactement comme assis ensemble dans les lieux célestes en Christ. Nous sommes morts, et notre vie est cachée avec Christ en Dieu, et quand Christ, qui est notre vie, apparaîtra, nous apparaîtrons avec lui en gloire. Il y a aussi l’unité du corps, car il est question de Celui qui est « la tête, duquel tout le corps, au moyen des jointures et des liens, étant pourvu et étroitement uni, s’accroît d’un accroissement de Dieu » (2, 19). Puis, au lieu que l’Église soit déjà vue dans le ciel, c’est plutôt, au moins dans quelques passages, le ciel lui-même qui est l’objet de nos espérances. Et quelles espérances ! Car le mystère ici aussi est : « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (1, 27). Et comme l’apôtre compte sur la certitude de cette espérance ! Il en rend grâces comme s’il la tenait déjà : « Nous rendons grâces au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux » (1, 3, 5). Qu’est-ce qui, bien-aimés, peut nous mettre à même de compter avec certitude sur cette espérance, rendant grâces pour elle comme si elle était déjà accomplie ? C’est la confiance en celui par qui elle nous a été annoncée. Aussi l’apôtre continue-t-il : l’espérance « dont vous avez ci-devant ouï parler dans la parole de la vérité de la bonne nouvelle » (1, 5). Oui, si le ciel doit être pour nous une réalité, nous devons savoir sur le témoignage de qui nous nous appuyons pour y compter. Nous avons besoin de quelque chose de solide et d’assuré pour y asseoir nos espérances. La terre et même le ciel pourraient-ils nous fournir une base plus sûre que « la parole de la vérité de l’évangile » ?

C’est aussi dans cette épître qu’il nous est parlé de « l’héritage des saints dans la lumière » (1, 12), d’être présentés « saints et sans défaut et irréprochables devant lui » (1, 22), et de « recevoir du Seigneur la récompense de l’héritage » (3, 24) ; mais nous n’avons pas le temps de nous y arrêter davantage.

Les épîtres aux Thessaloniciens traitent plutôt de l’arrivée du Seigneur Jésus Christ, que des détails de ce en quoi cette arrivée nous introduira. Cependant nous y attendons Celui qui doit être révélé « du ciel » (2 Thess. 1, 7), et Dieu nous y appelle « à son royaume et à sa gloire » (1 Thess. 2, 12). L’apôtre ajoute même : « Quelle est notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire ? N’est-ce pas vous aussi devant notre Seigneur Jésus Christ à son arrivée ? Car vous êtes notre gloire et notre joie » (1 Thess. 2, 19, 20).

La grande vérité révélée dans la première épître est la descente de Christ dans l’air, où les saints ressuscités et transmués seront réunis avec Lui. Et quelle sera pour nous la conséquence de cet événement ? « Nous serons toujours avec le Seigneur » (4, 17). Espérance bénie, espérance de salut qui est bien faite pour nous servir de « casques » (5, 8), et nous garantir même des coups les plus forts qui, dans le combat, sont assenés sur nos têtes. Quelle tribulation ne peut-on pas supporter, quel péril ne peut-on pas affronter, quand on sait que « Dieu ne nous a pas réservés pour la colère, mais pour la possession du salut, par notre Seigneur Jésus Christ, qui mourut pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui » (5, 9, 10).

Les pensées en rapport avec le sujet qui nous occupe, que nous trouvons dans la seconde épître, sont que nous serons « jugés dignes du royaume de Dieu » (1, 5), qu’il nous sera donné « du relâche en la révélation du Seigneur Jésus » (1, 7), qu’alors Il viendra « pour être en ce jour-là glorifié dans ses saints, et rendu admirable dans ceux qui croient » (1, 10), et que, par l’évangile, nous sommes appelés « pour la possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ » (2, 14).

La seconde épître à Timothée parle de la mort abolie, et de « la vie et de l’incorruptibilité mises en lumière par l’évangile » (1, 10). Paul dit qu’il « endure tout à cause des élus, afin que eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus avec la gloire éternelle » (2, 10). Et l’apôtre continue : « Cette parole est certaine ; car si nous mourûmes avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous endurons, nous régnerons aussi avec lui » (2, 11, 12). Et ailleurs : « Au reste, la couronne de la justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la rendra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé son apparition » (4, 8). Enfin, voici comment il exprime sa confiance. « Le Seigneur me délivrera de toute œuvre mauvaise, et me sauvera dans son royaume céleste. À lui la gloire, aux siècles des siècles, amen » (4, 18) !

« L’espérance de la vie éternelle » (1, 2), et « attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ » (2, 13), sont les seules expressions de l’épître à Tite qui se rapportent au sujet qui nous occupe.

Nous en arrivons à l’épître aux Hébreux qui nous arrêtera plus longtemps. L’expression « d’appel céleste » ne se rencontre qu’une seule fois dans l’Écriture, et c’est dans l’épître aux Hébreux (3, 1) que nous la trouvons. Mais voyons d’abord comment ce sujet est amené. « Dieu ayant autrefois, à plusieurs reprises, et de plusieurs manières, parlé aux pères par les prophètes, nous a parlé en ces derniers jours par le Fils » (1, 1). C’est ainsi que nous avons dès l’entrée un messager céleste, et ce messager est quelqu’un que Dieu « a établi héritier de toutes choses, par le moyen duquel aussi il a fait les siècles, et qui, étant le resplendissement de sa gloire, et l’empreinte de sa substance, porte toutes choses par la parole de sa puissance » (1, 2, 3). Tels sont les faits et les titres de celui par lequel Dieu nous a parlé en ces derniers jours. Mais Il a accompli une œuvre, et pris une place pour l’homme, aussi bien qu’Il a apporté un message de Dieu : « Après avoir fait, par soi-même, la purification de nos péchés, il s’est assis à la droite de la majesté dans les lieux hauts » (1, 3). Ainsi Il est un sacrificateur céleste aussi bien qu’un messager céleste, et c’est dans ces deux caractères qu’Il nous est présenté dans tout le cours de cette épître. Sa divinité, Sa qualité de Fils, Sa gloire comme créateur, Son éternité et Sa séance à la droite de la majesté, sont établies dans ce premier chapitre, et Sa supériorité sous tous ses rapports même au-dessus des anges, les créatures les plus élevées, est solennellement démontrée. « C’est pourquoi il faut nous attacher plus fortement aux choses que nous avons entendues » (2, 1). La loi avait été donnée par le moyen des anges (Ps. 68, 17 et Act. 7, 53), et néanmoins aucun transgresseur ne pouvait échapper, « comment échapperions-nous si nous avons négligé un si grand salut, qui, ayant commencé d’être annoncé par le moyen du Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’entendirent, Dieu rendant aussi témoignage avec eux par des signes et des miracles, et divers actes de puissance, et des distributions d’Esprit Saint, selon sa volonté » (2, 3, 4). Telle est l’introduction de l’épître.

Mais le contraste entre Christ et les anges amène tout naturellement un autre sujet, c’est-à-dire que la terre à venir, la terre milléniale, ne sera pas soumise aux anges, mais à l’homme, c’est-à-dire à Christ et à ceux d’entre les hommes qui Lui seront associés dans cette dignité. Pour nous associer ainsi à Lui-même, Lui à qui toutes ces gloires énumérées dans le premier chapitre appartiennent, et qui, par conséquent, est tellement élevé au-dessus des anges, Il a dû pour quelque temps être fait inférieur aux anges, afin que, « par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout homme » (2, 9). Le fait est que, soit l’héritage, soit ceux qui étaient prédestinés à devenir cohéritiers, étaient tous les deux, à cause du juste jugement de Dieu sur le péché, sous le pouvoir de l’adversaire et usurpateur qui a le pouvoir de la mort. Pour prendre possession Lui-même de l’héritage, et s’associer les cohéritiers pour en jouir avec Lui, Christ avait à subir en expiation le jugement de Dieu sur le péché, pour ainsi rencontrer et vaincre l’ennemi. Ainsi Il est devenu non seulement sacrificateur et messager, mais aussi capitaine de notre salut ; quoique, au fond, cette dernière fonction soit renfermée dans celle de messager, puisqu’un messager peut être envoyé aussi bien pour accomplir une œuvre que pour faire une communication. Ainsi Josué, qui conduisit victorieusement les Israélites en Canaan, était apôtre ou envoyé aussi bien que Moïse, qui leur donna la loi, et le même Moïse les conduisit hors d’Égypte et à travers le désert. Voilà comment il se fait qu’il n’est parlé de Jésus que comme envoyé et souverain sacrificateur, Moïse étant le type du premier, et Aaron du second. « Car il lui convenait, à lui, à cause duquel sont toutes choses, et par le moyen duquel sont toutes choses, que, amenant beaucoup de fils à la gloire, il consommât le prince de leur salut par le moyen des souffrances » (2, 10). Et ce n’est pas seulement comme prince de notre salut qu’Il a été rendu parfait par les souffrances, c’est aussi comme souverain sacrificateur : « C’est pourquoi il a dû en toutes choses être rendu semblable à ses frères, afin qu’il fût un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui regardent Dieu, afin de faire la propitiation pour les péchés du peuple. Car, en ce qu’il a souffert lui-même ayant été tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés » (2, 17, 18).

Au commencement du chapitre troisième l’apôtre tire la conséquence de tout ce qui précède : « En conséquence, frères saints, participants de l’appel céleste, considérez celui qui est l’envoyé et le souverain sacrificateur de notre profession, Christ Jésus » (3, 1). Oui, frères saints, frères de Jésus, « car celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, viennent tous d’un ; c’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères » (2, 11). Ce n’est pas parce que Christ a partagé notre nature, que cela est dit, mais parce que, par la résurrection, Il nous a faits participants de la sienne. Ce n’est pas l’unité du corps qui est enseignée ici, comme dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, mais c’est l’unité de famille, Christ, le Fils de Dieu, reconnaissant pour frères tous ces fils de Dieu qui, par grâce, ont été rendus participants de Sa nature, et qui, par Lui, le capitaine de leur salut, ont été, par le moyen de Ses souffrances, placés dans la gloire ; saints frères, appelés de Dieu leur Père, qui leur parle par Son Fils du ciel, pour qu’ils trouvent dans le ciel déjà leur lieu de culte actuel, puisque leur souverain sacrificateur y est, et leur future demeure, puisque Christ y est déjà entré comme avant-coureur, et qu’Il ne manquera pas de les y conduire à la fin de leur pèlerinage à travers le désert. « En conséquence, frères saints, participants de l’appel céleste, considérez celui qui est l’envoyé et le souverain sacrificateur de notre profession, Christ Jésus » (3, 1). Oui, c’est en le considérant que nous apprendrons quelle est notre vocation, et dans quel esprit nous avons à marcher en attendant ici-bas.

Mes lecteurs savent sans doute que, dans cette épître, le ciel est représenté sous deux types : le pays de Canaan, dans lequel nous n’entrons qu’en traversant le désert, et le sanctuaire auquel nous n’avons accès que par le sacrifice et la sacrificature. Les chapitres 3 et 4 jusqu’au verset 13, et une partie du chapitre 6, s’occupent du premier type ; le reste de l’épître, jusqu’au verset 23 du chapitre 10, du dernier ; la fin renferme des applications pratiques qui découlent des deux.

Quant à ces deux représentations du ciel, et les types y correspondant de notre Seigneur Jésus, savoir Moïse, Josué et Aaron, l’instruction qui nous est donnée l’est autant par contraste que par comparaison, même davantage. Moïse fut fidèle comme serviteur dans toute sa maison ; Christ l’a été comme Fils sur Sa propre maison. Josué ne leur a pas donné le repos, car sans cela ils n’auraient pas parlé après cela d’un autre jour. Dans le passage d’Israël d’Égypte en Canaan il n’y eut pas d’entrée anticipée du chef, pendant que le reste du peuple était encore éprouvé dans le désert. Quant à nous, nous voyons depuis ici Jésus couronné de gloire et d’honneur, tandis qu’on ne voit pas encore que toutes choses Lui soient soumises, et que nous sommes encore dans le désert. Nous saisissons « l’espérance qui est devant nous, et que nous tenons comme une ancre de l’âme, sûre, ferme, et qui pénètre dans l’intérieur du voile, là où Jésus est entré pour nous comme précurseur » (6, 18-20). La grande exhortation dans cette partie de l’épître est que « nous retenions ferme, jusqu’à la fin, le principe de notre ferme attente » (3, 14). Ceux dont les corps tombèrent dans le désert périrent parce qu’ils pensèrent que Dieu pouvait bien les faire sortir d’Égypte, mais ne pouvait pas les faire entrer dans la terre promise. Les seuls qui entrèrent furent Josué et Caleb, qui avaient confiance en Dieu qu’Il les y ferait entrer, puis les petits enfants dont les incrédules avaient dit qu’ils seraient en proie. Que Dieu, bien-aimés, nous donne de connaître Ses voies de manière à ne jamais séparer la sortie d’Égypte de l’entrée en Canaan. L’incrédulité perd, comme dans le cas d’Ésaü, la bénédiction et le droit d’aînesse qu’elle profane ; elle attire sur elle la destruction, et déshonore Dieu. Que nous apprenions cette leçon solennelle et salutaire, et que nous éprouvions la pleine assurance qu’il y a dans ces paroles : « Il reste un repos pour le peuple de Dieu » (4, 9). C’est dans ce repos que nous entrons. Comme tout le passage d’Israël à travers le désert peut être appelé son entrée en Canaan, de même tout notre pèlerinage dans ce monde, depuis que nous avons reçu la bonne nouvelle, n’est qu’une entrée dans notre patrie céleste ; « car nous entrons dans le repos, nous qui avons cru » (4, 3). « Car la bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu’à eux » (4, 2). Quelle fut cette bonne nouvelle annoncée aux Israélites ? Est-ce que Dieu ferait sortir Son peuple d’Égypte pour le laisser périr dans le désert ? Assurément non, mais qu’Il l’introduirait dans le pays qu’Il avait promis à leurs pères. Et Dieu les y a fait entrer. Caleb et Josué y sont entrés, ainsi que ces petits qui n’avaient pas montré leur incrédulité. Il n’y a eu d’exclus que ceux qui, par incrédulité, ont refusé d’y entrer. Et maintenant quelle est la bonne nouvelle qui nous est annoncée ? Est-ce que Dieu nous a rachetés par le précieux sang de Christ pour nous laisser périr en chemin ? Assurément non, mais que nous entrerons dans Son repos, et serons dans Sa présence et Sa gloire pour toujours. Ainsi donc nous qui avons cru entrons dans le repos. Dieu, dans Sa grâce, nous y a appelés. Nous qui avons entendu l’appel, et qui y avons répondu, cheminons, à travers les contrariétés, les tribulations et les combats, vers ce repos qui reste pour le peuple de Dieu. « Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos » (4, 11). Ne nous décourageons jamais. Ne nous désespérons jamais. Ne trouvons jamais le chemin ni trop long ni trop difficile. Ne doutons jamais de notre arrivée. Ce fut la parfaite certitude de Caleb d’entrer dans le pays, et de le posséder, qui le soutint pendant les quarante ans qu’il eut à cheminer dans le désert avec l’incrédulité de ses frères. C’est elle qui lui donna le courage, à quatre-vingt-cinq ans, d’attaquer et de vaincre les puissants fils d’Anak, et de prendre possession de cette véritable forteresse qui, quarante-cinq ans auparavant, lui avait été assignée par Moïse. Efforçons-nous, avec une égale confiance et une égale constance, d’entrer dans ce repos dont la Canaan terrestre n’était qu’une faible et imparfaite image.

Le ciel, comme notre lieu de culte actuel, en contraste avec le tabernacle terrestre des Juifs, est peut-être un sujet encore plus saillant dans cette épître, que celui que nous venons de toucher. Mais quoique le ciel, ainsi que le sacrifice et la sacrificature de Christ, soient unis en opposition avec le tabernacle terrestre, ses sacrifices et sa sacrificature, le dernier n’en est pas moins déclaré avoir été un type du premier. « Il y a des sacrificateurs offrant les offrandes selon la loi, lesquels font le culte, en symbole et en ombre des choses célestes, selon l’avertissement divin que reçut Moïse lorsqu’il devait confectionner la tente : Aie donc soin, dit-il, de faire toutes choses d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne » (8, 4, 5 ; Ex. 25, 40). « Il était nécessaire que les symboles des choses qui sont dans les cieux fussent purifiés par de tels moyens, mais que les choses célestes elles-mêmes le fussent par de plus excellentes victimes que celles-là » (9, 23). « Pendant que la première tente était encore debout, c’était là une parabole pour le temps présent » (9, 8, 9). Le tabernacle juif, avec ses sacrifices et sa sacrificature, est donc à la fois une figure pour expliquer, et un exemple pour faire valoir, par contraste, les réalités divines dans lesquelles nous sommes introduits. Nous avons un sacrifice qui a ôté le péché une fois pour toutes, et qui a rendu sa répétition aussi inutile que impossible. Nous avons un grand souverain sacrificateur qui est entré dans les cieux, Jésus, le Fils de Dieu. Il ne s’est pas attribué Lui-même cet honneur, mais Il y a été appelé de Dieu, qui Lui dit : « Tu es mon Fils, toi, je t’ai engendré aujourd’hui » (5, 5 ; Ps. 2, 7). Proclamé souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, Il est réellement ce que Melchisédec n’était que typiquement, et selon la signification de son nom ; car son nom signifie « roi de justice et ensuite roi de Salem, c’est-à-dire roi de paix » (7, 2). Voilà ce que notre souverain Sacrificateur est réellement, et, quoiqu’Il n’ait pas encore été manifesté en cette qualité, Il ne la possède pas moins actuellement. Quant à sa sacrificature Melchisédec était « sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie » (7, 3). De même, Celui qu’il représente n’a, dans Sa sacrificature, ni commencement, ni fin, mais Il est « souverain sacrificateur éternellement » (6, 20). Il n’a pas de successeurs dans Sa sacrificature, comme Aaron et ses fils en avaient, parce qu’Il est devenu sacrificateur « non selon la loi d’un commandement charnel, mais selon la puissance d’une vie impérissable » (7, 16). Il y a eu beaucoup de sacrificateurs, parce que, à cause de la mort, ils ne pouvaient pas durer ; mais Christ, qui ne meurt point, a une sacrificature sans fin, et Il est à même de sauver pour toujours ceux qui s’approchent de Dieu par Lui, voyant en Lui un sacrificateur toujours vivant pour intercéder pour eux. « Il nous convenait d’avoir un tel souverain sacrificateur, saint, sans méchanceté, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux, qui n’a pas chaque jour besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir des victimes premièrement pour ses propres péchés, vu qu’il l’a fait une seule fois, s’étant offert lui-même » (7, 26, 27). Il est « Fils consommé pour l’éternité » (7, 28).

Arrivé à ce point l’apôtre s’arrête pour résumer ce qu’Il a dit : « Or le point capital de ce qui a été dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s’est assis à la droite du trône de la majesté dans les cieux, ministre du sanctuaire et de la véritable tente, que le Seigneur a dressée, et non pas un homme » (8, 1, 2). Puis il montre que « il a obtenu un ministère d’autant plus excellent qu’il est aussi médiateur d’un meilleur testament, constitué sur de meilleures promesses » (8, 6). Puis l’apôtre parle du sanctuaire terrestre avec ses ordonnances, du premier tabernacle, puis du second, dans lequel le souverain sacrificateur seul entrait une fois par an, avec du sang, parce que « le chemin du sanctuaire n’était pas encore manifesté » (9, 8). « Mais Christ, s’étant avancé, souverain sacrificateur des biens à venir, à travers la tente plus grande et plus parfaite qui n’est pas faite par des mains, est entré une seule fois dans le sanctuaire, non au moyen du sang des boucs et des veaux, mais au moyen de son propre sang, ayant trouvé un rachat éternel » (9, 11, 12). « Ce n’est pas dans un sanctuaire fait par des mains, image correspondant au véritable, que le Christ est entré, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant devant la face de Dieu pour nous » (9, 24). Et Son entrée là ne se borne pas à Lui, en sorte qu’un voile Le sépare de la place où les sacrificateurs entrent tous les jours. Non, ce voile, qui jadis séparait en deux le tabernacle juif, était un type de la chair de Christ, et, quand le vrai voile fut déchiré sur la croix, le voile typique fut déchiré du haut en bas. Remarquez que ce fut du haut en bas. Ce ne fut pas du bas en haut, comme si un homme sur la terre l’avait fait, mais du haut en bas, comme une œuvre du ciel. « Ayant donc, frères, assurance pour entrer dans le sanctuaire par le sang de Jésus, chemin nouveau et vivant qu’il nous a inauguré au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair, et ayant un grand sacrificateur sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur vrai, dans une pleine certitude de foi, ayant nos cœurs arrosés et purifiés d’une mauvaise conscience ; et, le corps lavé d’eau pure, retenons invariable la profession de l’espérance ; car celui qui a promis est fidèle » (10, 19-23).

Le reste de l’épître est rempli d’exhortations à la foi, à l’espérance et à la patience, basées sur ce qui précède. Il y a quelques points qu’il importe de signaler ici. L’apôtre rappelle aux frères à qui il écrit une période passée de leur histoire : « Souvenez-vous des jours précédents, dans lesquels, après avoir été éclairés, vous endurâtes un grand combat de souffrances » (10, 32). Ils n’avaient pas seulement été persécutés pour leur propre profession de christianisme, mais ils avaient aussi volontairement pris part aux afflictions des autres. Quel était le secret qui les mettait à même d’endurer des souffrances pour Christ ? Voici la réponse : « Car vous avez sympathisé à mes liens, et vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez en vous-mêmes, dans les cieux, des biens meilleurs et permanents » (10, 34). Oui, c’est la certitude du ciel qui nous met en état de renoncer à la terre, et même de le faire avec joie. Voilà la confiance dont l’apôtre voulait que les Hébreux la retinssent, et ne l’abandonnassent jamais. Et elle a une grande récompense. Il faut de la patience pour que, après avoir fait la volonté de Dieu, nous recevions la promesse. Mais la promesse est immanquable, et son accomplissement approche. « Car encore un peu, très peu de temps, et celui qui vient arrivera, et il ne tardera pas. Or celui qui est juste par la foi vivra, et, s’il se retire, mon âme ne prend point de plaisir en lui. Quant à nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de leur âme » (10, 37-39).

Ceci conduit l’apôtre à parler, dans le chapitre onzième, de la foi en elle-même, et à en donner de nombreux exemples. Ce qui fait l’objet de la foi, ce sont les choses qu’on ne voit point ; et néanmoins elle les voit, et y compte avec assurance, en se fondant sur le témoignage de Dieu. C’est ainsi que les choses qu’on ne voit point reçoivent une démonstration, et que celles qu’on espèrent acquièrent une substance. La foi, comme Dieu, en qui elle croit, considère les choses qui ne sont pas encore, comme si elles existaient déjà. « Par la foi Abraham alla habiter dans la terre de la promesse, comme dans une terre étrangère, logeant dans des tentes ; car il attendait la ville qui a les fondements, dont Dieu est l’architecte et l’ouvrier » (11, 9, 10). Quel témoignage simple, et cependant précieux, est donné ici à ces anciens héritiers des promesses célestes ! « Tous ceux-ci moururent dans la foi, sans avoir reçu les promesses, mais après les avoir vues de loin, et crues et saluées, et avoir fait profession d’être étrangers et forains sur la terre » (11, 13). Et comme Dieu apprécie et honore leur foi ! « Car ceux qui parlent ainsi montrent manifestement qu’ils recherchent une patrie ; et, s’ils eussent eu le souvenir de celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner ; mais maintenant ils aspirent à une meilleure, c’est-à-dire une céleste ; c’est pourquoi Dieu n’a point honte d’eux, ni de s’appeler leur Dieu, car il leur a préparé une ville » (11, 14-16). Que l’on entende par là que Dieu n’avait point honte d’être appelé Dieu par ceux qui regardaient par-dessus tout ce qu’il y avait sur la terre vers une ville qui était dans le ciel, ou qu’on entende par là que Dieu n’avait point honte d’être appelé Dieu par ceux à qui Il avait destiné une ville dans le ciel : dans les deux cas quel précieux et quel encourageant privilège !

Par la foi Moïse « estima l’opprobre du Christ une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte » (11, 26). Par la foi encore « d’autres furent torturés, n’acceptant pas la délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection » (11, 35). Le monde, il est vrai, ne les estima dignes que de moqueries, de verges, de liens et de prisons. « Ils furent lapidés, ils furent sciés, ils furent tentés ; ils moururent tués par l’épée ; ils errèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis, de peaux de chèvres, dénués de tout » (11, 37). Mais comment Dieu les apprécie-t-Il ? Peu de mots nous le diront : « Eux dont le monde n’était pas digne » (11, 38). Et si Dieu a pourvu à quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne fussent pas consommés sans nous dans cette résurrection à laquelle ils regardaient, et dans l’espérance de laquelle ils ont souffert et sont morts, ne devrions-nous pas, stimulés par de meilleures espérances, les suivre et même les dépasser dans cette carrière de renoncement au monde et à nous-mêmes ? « Ainsi donc nous aussi, puisque nous avons autour de nous une si grande nuée de témoins, ayant déposé tout fardeau, et le péché qui enveloppe facilement, fournissons par la patience notre course dans le combat qui est devant nous, attachant nos yeux sur le prince et le consommateur de la foi, Jésus » (12, 1, 2). Car Il est encore un meilleur exemple de cette foi patiente et victorieuse. Il est le commencement et la fin. Il a parcouru toute la course ; Il a atteint le but et remporté le prix. Les témoins dont il est parlé au chapitre onzième attendent encore la résurrection ; mais Lui, « en vue de la joie qui était devant lui, endura la croix, ayant méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu » (12, 2). Mystère des mystères ! Celui dont la gloire est dépeinte dans le premier chapitre de cette épître, Celui qui est descendu si bas que d’offrir, dans les jours de Sa chair, avec cri véhément et avec larmes, des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort, Celui-là est aussi descendu si bas que d’agir, sur la terre, en vue de la joie qui était devant Lui, car « en vue de la joie qui était devant lui, il endura la croix ». Ô ! regardons constamment à Lui. En regardant à Lui nous apprendrons ce qu’est la vocation céleste, et serons attirés en haut par la force de Son exemple et par l’attraction de Son amour.

Vers la fin du chapitre douzième, nous avons un résumé de tout ce à quoi la grâce de Dieu a conduit les chrétiens, par opposition à Sinaï avec ses terreurs et sa loi : « Vous vous êtes approchés d’une montagne de Sion, et d’une Jérusalem céleste, ville du Dieu vivant, et de myriades d’anges, d’une réunion générale, et d’une assemblée de premiers-nés inscrits dans les cieux, et d’un juge Dieu de tous, et des esprits de justes consommés, et de Jésus, médiateur d’un nouveau testament, et d’un sang d’arrosement, qui prononce de meilleures choses qu’Abel » (12, 22-24). Quelle énumération ! Et comme toutes ces choses sont immuables ! Une fois Dieu a parlé sur la terre, et alors Sa voix a ébranlé la terre. Maintenant Il parle des cieux, et promet d’ébranler encore une fois non seulement la terre, mais aussi le ciel. Toutes les choses qui ont été faites seront ébranlées, « afin que celles qui ne sont pas ébranlées demeurent » (12, 27). Est-ce qu’une seule des choses auxquelles nous sommes arrivés peut être ébranlée ? Non. « C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, possédons la grâce, par laquelle nous rendions notre culte à Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec respect et crainte » (12, 28). Mais n’oublions jamais que ce royaume, qui ne peut être ébranlé, est au-dessus de cette terre, et de tout ce qui y appartient. S’il y avait eu sur la terre une place que Dieu eût pu reconnaître, ce ne pouvait être que Jérusalem, où Il avait placé Son nom, où était Son sanctuaire, et où se célébrait Son culte. Mais Jésus, « afin qu’il sanctifiât le peuple par son sang, a souffert hors de la porte » (13, 12). Et voici la conséquence que l’apôtre en tire : « Sortons donc vers lui, hors du camp, en portant son opprobre » (13, 13). Le sang de ce sacrifice pour le péché n’a pas été porté dans un sanctuaire terrestre, il a été porté par Jésus ressuscité dans le ciel lui-même, et il y établit, d’une manière immuable et éternelle, le pardon et l’acceptation de tout ce qui, devant Dieu, est sous l’efficace de ce sang. Tout le reste doit être ébranlé ; tout le reste doit périr. Suivons donc Jésus, portant son opprobre, « car nous n’avons point ici une ville permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir » (13, 14). Ô ! que nous la cherchions avec un zèle sérieux, avec une foi patiente, et avec une marche ferme et infatigable ! Dans cette ville nous trouverons que, quoi qu’on nous en ait dit par anticipation « on ne nous en avait pas rapporté la moitié » (1 Rois 10, 7 ; 2 Chron. 9, 6).

Dans l’épître de Jacques nous trouvons « la couronne de la vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment » (1, 12).

En ouvrant la première épître de Pierre, l’impression que nous recevons est que l’apôtre avait, par la foi, envisagé sa patrie céleste, contemplant ses diverses gloires, et se réjouissant dans l’espérance de ses bénédictions infinies, jusqu’à ce qu’enfin son cœur, plein d’émotion et de bonheur, déborde par les paroles qui commencent cette épître : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a réengendrés pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, inflétrissable, conservé dans les cieux en vue de nous, qui, par la puissance de Dieu, sommes gardés par la foi, pour le salut prêt à être révélé dans le dernier temps » (1, 3-5). Ici l’héritage est dans le ciel, et la résurrection de Jésus Christ est ce par quoi nous avons été, par la grâce de Dieu, engendrés de nouveau pour une espérance vivante de l’héritage. Et quel héritage ? Un héritage « incorruptible, sans souillure et inflétrissable » ! Et comment nous est-il assuré ? Il est « conservé dans les cieux en vue de nous », tandis que nous, par la puissance de Dieu, sommes conservés pour lui pendant que nous cheminons ici-bas. L’influence de cette espérance était si puissante sur ceux à qui Pierre écrivait, qu’ils s’y réjouissaient, malgré le poids des épreuves auxquelles ils étaient exposés. Mais cette épreuve de leur foi était précieuse, pour « tourner à louange, à honneur et à gloire en la révélation de Jésus Christ » (1, 7). Et comme ce qui est dit de leur bonheur et de leur joie montre ce que sera leur (et notre) félicité future ! « Lequel vous aimez sans l’avoir connu, en qui vous croyez, sans le voir encore, et vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1, 8). Si la foi peut donner une telle chaleur d’affections, et de telles profondeurs de sainte joie en Christ, que sera-ce de le voir, et de converser avec lui face à face ? Aussi quelle exhortation ! « C’est pourquoi, ayant ceint les reins de votre entendement, et étant sobres, espérez parfaitement dans la grâce qui vous est apportée en la révélation de Jésus Christ » (1, 13). Et si notre joie actuelle est en Christ, et notre position celle d’attendre de Le voir dans la gloire, combien est naturelle l’exhortation de l’apôtre : « Ayant donc rejeté toute malice, toute fraude, toute hypocrisie, toute envie et toute médisance, désirez avec ardeur le lait pur de la parole » (2, 1, 2). Puis plus bas : « Bien-aimés, je vous exhorte, comme gens en séjour et comme forains, à vous abstenir des désirs charnels qui font la guerre à l’âme » (2, 11). C’est cette espérance d’un héritage dans le ciel qui nous rend étrangers et pèlerins sur la terre ; et plus aussi nous maintenons notre caractère d’étrangers et de pèlerins, plus cette espérance se développera dans nos cœurs. Et si nous avons à supporter des tentations jusqu’à être comme dans « une fournaise » (4, 12), nous ne serons pas étonnés, comme s’il nous arrivait quelque chose d’étrange, mais même alors l’apôtre dit : « Selon que vous participez aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin que aussi, en la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec allégresse » (4, 13).

Pierre, ancien lui-même, se présente comme un témoin des souffrances du Christ, et comme ayant part aussi à la gloire qui doit être révélée, et il exhorte en conséquence ceux qui sont anciens avec lui, à paître le troupeau de Dieu. Et voici le motif qu’il leur donne : « Lorsque le souverain berger aura été manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de la gloire » (5, 4). Et, en priant pour ceux à qui il écrit, il appelle Dieu « le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus » (5, 10). Ailleurs il est dit que « nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Rom. 5, 2) ; ailleurs nous sommes appelés « héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ » (Rom. 8, 17) ; ailleurs encore il est dit que « Dieu nous appelle à son royaume et à sa gloire » (1 Thess. 2, 12) ; ici enfin c’est « le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus ». Nous n’avons pas, il est vrai, l’expression de vocation céleste ; mais assurément c’est notre vocation céleste qui est décrite ainsi.

Dans la seconde épître de Pierre nous trouvons un puissant encouragement à l’affermissement dans la foi : « Car ainsi l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera richement accordée » (1, 11). Puis vient l’allusion à la transfiguration sur la sainte montagne, dont nous nous sommes déjà occupés à l’occasion des évangiles. Enfin, vers la fin de cette épître, l’apôtre parle de la destruction des cieux et de la terre d’à-présent, pour être remplacés par de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dont il est dit : « Or nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habite » (3, 13). Dans ces cieux et cette terre post-milléniale, le mal ne trouve plus de place, car toutes choses auront été faites nouvelles, et seront devenues le séjour de la justice la plus parfaite.

La première épître de Jean, comme son évangile, est essentiellement céleste dans le caractère des vérités qu’elle présente ; mais c’est plutôt le déploiement de la vie céleste ici-bas, que la description de ce qu’elle sera en haut. L’évangile nous donne la manifestation de la vie éternelle en Celui duquel il est dit : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1, 4). L’épître nous la présente dans ses divers caractères et ses diverses manifestations chez les saints. Elle commence, il est vrai, par nous rappeler sa parfaite manifestation en Jésus, ce que Jean avait entendu, ce qu’il avait vu de ses yeux, ce qu’il avait contemplé et que ses mains avaient touché, cette vie éternelle qui était auprès du Père, et qui nous été manifestée ; mais tout cela l’apôtre nous l’annonce afin que nous ayons « communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1, 3). Tout cela est céleste ; mais c’est le déploiement de la vie céleste sur la terre, au milieu des circonstances qui nous entourent, plutôt que notre joie quand ce qui est en partie aura été abrogé, et que la perfection sera venue. Cependant ce côté n’est pas omis complètement : « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté, mais nous savons que, lorsqu’il aura été manifesté, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est » (3, 2). Dans quelle parfaite harmonie cela est avec tout ce que nous avons vu jusqu’à présent ! Voir Christ comme Il est, Lui être semblables, c’est ce qui nous attend, quoique cela ne soit pas encore manifesté. Mais nous en sommes néanmoins parfaitement sûrs : « nous savons ». La raison humaine et l’incrédulité du cœur diront que, être sûr du ciel, cela nous rendra peu soucieux du chemin que nous avons à faire pour y arriver. Mais comment au contraire l’apôtre dit-il que cette certitude agit sur le cœur ? « Et quiconque a cette espérance en lui se purifie comme lui est pur » (3, 3). Ce n’est qu’à une nouvelle et céleste nature que la certitude d’être avec Christ, et comme Lui, peut offrir de la joie. Et si, par grâce, je suis maintenant participant d’une nature qui se réjouit en espérance de ces choses, comme de la consommation de mon bonheur, il est impossible que je ne cherche pas déjà actuellement à ressembler à Celui à qui j’espère ressembler complètement quand Il apparaîtra. Quel est le saint qui ne peut pas dire, dans la plus grande lumière de nos espérances actuelles, ce que le psalmiste a dit dans les temps de l’Ancien Testament ? « Moi, je verrai ta face en justice, et je serai rassasié de ta ressemblance, quand je serai réveillé » (Ps. 17, 15).

La prière qui termine l’épître de Jude nous donne une vue délicieuse de la félicité future des saints : « Or à celui qui peut vous garder exempts de chute, et vous présenter devant sa gloire, sans tache et dans l’allégresse, à Dieu seul sage, notre Sauveur, gloire et majesté, pouvoir et autorité, et maintenant et pour tous les siècles, amen » (v. 25) ! Quelle vue de Dieu et de notre bonheur à venir, pour ceux qui, dans ces derniers jours, ont à frayer leur chemin à travers toutes les embûches que l’apostasie tend aux pas de la foi ! Ce chemin, grâce à Dieu, est aussi droit qu’il l’a jamais été ; mais les chemins de côté, à droite et à gauche, sont si multipliés et si séduisants, qu’il est bien précieux et encourageant pour le cœur de savoir que nous sommes remis aux soins de Celui qui peut nous garder de toute chute, et nous conduire droit au but pour « nous présenter devant sa gloire sans défaut et dans l’allégresse ». Et nos cœurs répondront avec actions de grâce : « À lui soit gloire et majesté, pouvoir et autorité, et maintenant et pour tous les siècles, amen » !

Il nous reste l’Apocalypse, livre qui à lui seul, pour ce qui concerne l’objet qui nous occupe, pourrait facilement donner matière à un article aussi long que celui que nous sommes sur le point de terminer. Le second et le troisième chapitres nous offrent sept expressions différentes de la gloire céleste pour l’encouragement de ceux qui, au milieu du déclin et de l’apostasie, cherchent à vaincre par la force de la grâce. Manger de l’arbre de la vie qui est au milieu du paradis de Dieu ; recevoir la couronne de vie, et n’avoir rien à souffrir de la seconde mort ; manger de la manne cachée, et recevoir un caillou blanc, et sur le caillou un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit ; recevoir autorité sur les nations, comme Christ aussi l’a reçue de la part de son Père, et avoir l’étoile du matin ; marcher avec Christ en vêtements blancs, et, au lieu de voir effacer son nom du livre de vie, l’entendre confesser devant le Père et devant ses anges ; être gardé de l’heure de la tentation qui doit venir sur toute la terre, devenir une colonne dans le temple de Dieu, pour n’en plus jamais sortir, et avoir écrit sur soi le nom de Dieu, et le nom de la ville de Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de Dieu, et le nouveau nom de Christ ; enfin, s’asseoir avec Christ sur son trône, comme il s’est assis avec son Père sur son trône : telles sont les promesses de repos, de communion, de triomphe, de bénédiction, de sécurité, de stabilité et de gloire faites à celui qui vaincra.

Après cela une porte s’ouvre dans le ciel, et le prophète de Patmos nous raconte ce qu’il y a contemplé, et le cours des événements sur la terre qu’il voit se dérouler depuis cette position céleste. Un trône était placé dans le ciel, et quelqu’un était assis dessus, et celui qui y était assis était d’un aspect semblable au jaspe et à la pierre de sardius. Autour du trône il y avait vingt-quatre autres trônes, et sur ces trônes étaient vingt-quatre anciens en vêtements blancs, et des couronnes d’or sur leurs têtes. Il y avait encore un arc-en-ciel autour du trône, et devant le trône il y avait sept flambeaux de feu ardents, qui sont les sept esprits de Dieu, et une mer de verre semblable à du cristal. Et au milieu, et autour du trône, étaient quatre êtres vivants, qui ne cessaient ni jour ni nuit de dire : « Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu, le Tout-puissant, qui était, et qui est, et qui vient » (4, 8) ! Et quand ils donnaient gloire et honneur, et action de grâces à Celui qui était assis sur le trône, les vingt-quatre anciens se prosternaient devant Lui, et L’adoraient en disant : « Tu es digne, Seigneur, de recevoir la gloire, et l’honneur, et la puissance, parce que c’est toi qui créas toutes choses, et que c’est par ta volonté qu’elles furent créées » (4, 11).

Puis Jean voit dans la main droite de Celui qui était assis sur le trône un livre scellé de sept sceaux ; et un ange demande : « Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en rompre les sceaux ? » (5, 2). Mais nul ne pouvait, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le livre, ni le regarder. Et Jean, quoique en esprit dans le ciel, se met à pleurer. Mais ses larmes sont séchées quand il regarde, et voici au milieu du trône, et des quatre êtres vivants, et au milieu des anciens, un agneau comme égorgé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre. Il vient, et prend le livre de la main droite de Celui qui était assis sur le trône, et ceci devient l’occasion d’une nouvelle adoration : les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens tombent devant l’Agneau, et chantent un cantique nouveau en disant : « Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux, parce que tu as été égorgé, et que tu nous as achetés pour Dieu, par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation, et que tu nous as faits rois et sacrificateurs, et nous régnerons sur la terre » (5, 9, 10). Et à ce chœur formé par ceux qui sont le plus rapprochés du trône, des myriades de myriades d’anges répondent : « Digne est l’Agneau qui a été égorgé, de recevoir la puissance, et la richesse, et la sagesse, et la force, et l’honneur, et la gloire, et la bénédiction » (5, 12) ! Et même, comme par anticipation, toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et ce qui est sur la mer, et tout ce qui est en ces choses, répondent : « À celui qui est assis sur le trône, et à l’Agneau, la bénédiction, et l’honneur, et la gloire, et le pouvoir, aux siècles des siècles » (5, 13). Et l’harmonie de ces cantiques célestes, entonnée auprès du trône, après avoir passée de bouche en bouche, et d’écho et écho, jusqu’aux dernières limites de la création rachetée, retourne en chœur au centre d’où elle était partie : « Et les quatre êtres vivants disaient : Amen ; et les vingt-quatre anciens se prosternaient, et adoraient celui qui est vivant aux siècles des siècles » (5, 14).

J’ai cité presque textuellement, parce que nulle part, comme ici, le ciel ne nous est présenté comme un chœur d’adorations et d’actions de grâces. Dans le reste de l’Apocalypse le ciel est plutôt la place d’où sortent les jugements par lesquels les droits de Christ sont revendiqués, et par lesquels les corrupteurs et les destructeurs de la terre sont eux-mêmes détruits. Il est le lieu d’où Christ Lui-même, monté sur un cheval blanc, et les armées qui sont dans le ciel, les saints qui y ont été préalablement recueillis, et qui y sont vus de temps en temps depuis le chapitre 4 au chapitre 19, sortent pour la bataille du grand jour du Dieu Tout-puissant.

Un événement raconté dans le chapitre 19 ne doit pas être passé sous silence ici, ce sont les noces de l’Agneau. Fiancée à Christ sur la terre, comme une vierge chaste, sachant par la foi qu’elle est l’objet des affections de Son cœur, nourrie et chérie par Lui selon que nous le dit le chapitre 5 de l’épître aux Éphésiens, l’Église n’est pourtant pas encore la femme de l’Agneau avant l’époque signalée dans ce chapitre de l’Apocalypse. Elle l’est maintenant en expectative, elle est préparée et formée par les soins du Saint Esprit ; mais ce n’est que lorsqu’elle aura été complétée, et rendue parfaite dans la gloire, qu’arrivera ce qui est raconté ici : « Et j’entendis comme la voix d’une foule nombreuse, et comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de forts tonnerres, disant : Alléluia ! parce que le Seigneur Dieu Tout-puissant est entré dans son règne. Réjouissons-nous, et soyons dans l’allégresse, et donnons-lui gloire, parce que les noces de l’Agneau sont venues, et que sa femme s’est préparée. Et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, pur et éclatant ; car le fin lin, ce sont les justifications des saints » (19, 6-8). Oui c’est alors que les affections de Christ et de Son épouse non seulement recevront leur parfaite et mutuelle satisfaction, mais les noces, dans lesquelles cela sera consommé, seront publiquement solennisées, et donneront lieu à ces éclats de louange et d’adoration dont il semble, quand on lit la prophétie, qu’on entend résonner toute l’étendue des cieux. Alors une voix sortira du trône disant : « Louez notre Dieu, vous tous ses esclaves, et vous qui le craignez, les petits et les grands » (19, 5). Et après la consommation du mariage nous trouvons ces paroles : « Bienheureux ceux qui sont appelés au souper des noces de l’Agneau… Ce sont là les véritables paroles de Dieu » (19, 9).

Le vingtième chapitre nous donne le règne de mille ans de Christ, et de tous ceux qui auront part à la première résurrection. « Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection ! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et régneront avec lui mille ans » (20, 6). À la fin de cette période, quand Satan aura été délié pour un peu de temps, pour susciter la dernière révolte contre Dieu, et qu’un dernier jugement aura écrasé lui et ceux qu’il avait séduits, quand le jugement des morts aura eu lieu devant le grand trône blanc, et que le ciel et la terre se seront enfuis devant la face de Celui qui est assis sur ce trône, et que Jean aura vu un nouveau ciel et une nouvelle terre, dans laquelle il n’y a pas de mer, alors il verra aussi « la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, descendant du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse parée pour son mari » (21, 2). Le laps de mille ans n’a donc rien changé dans le caractère d’épouse de l’Église. Le dernier coup d’œil que la Parole inspirée jette sur elle, quand elle entre dans cette éternité, qui succède non seulement à son pèlerinage sur la terre, mais même à l’économie milléniale, à la période du royaume, lequel, à la fin, est remis à Dieu le Père, pour que Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, soit tout en tous, le dernier coup d’œil jeté sur l’Église nous la montre encore dans sa pleine gloire d’épouse : « Et moi, Jean , je vis la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse parée pour son mari ». Et il semble que, même dans ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre, qui succèdent à l’époque millénaire, l’Église conservera encore une place particulière. Déjà aujourd’hui l’habitation de Dieu par l’Esprit, elle gardera alors ce haut et saint caractère : « Et j’entendis une grande voix du ciel qui disait : Voici la tente de Dieu avec les hommes ; et il dressera sa tente avec eux, et ils seront ses peuples, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu » (21, 3). Puis les heureux effets de cette habitation de Dieu parmi les hommes, l’Église étant, à ce qu’il paraît, Son tabernacle, sont décrits : « Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ; et la mort ne sera plus ; et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, parce que les premières choses ont passé » (21, 4). La part des méchants sera dans le lac brûlant de feu et de soufre ; c’est la seconde mort ; toutes choses seront faites nouvelles, et toute cette nouvelle création deviendra l’héritage de Christ et de ceux qui auront vaincu : « Celui qui vaincra héritera de toutes choses ; et je lui serai Dieu, et il me sera fils » (21, 7).

Nous avons dit tout à l’heure que le dernier coup d’œil que la Parole jette sur l’Église est placé au commencement de l’éternité, et qu’elle conserve toujours son caractère et sa gloire d’épouse. Nous avons d’elle encore une autre image, non pas postérieure, mais différente ; c’est une description détaillée et symbolique de sa gloire en connexion avec la terre milléniale. Néanmoins, tout ce qui est essentiel en elle, demeurera éternellement. Et quel est le chrétien, quel que soit le degré de son intelligence quant aux symboles employés ici, dont le cœur n’a pas été réchauffé et rempli de joie et d’espérance, quand il a lu la description de cette cité céleste ? Cette ville d’or pur, ces murailles de pierres précieuses, ces portes de perles ne laissent-elles pas dans notre âme une impression de magnificence et de gloire qu’aucun langage humain ne peut exprimer ? C’est une ville, c’est-à-dire que notre position d’étrangers et de pèlerins sera échangée contre un établissement fixe et un repos éternel. Ce ne sera plus « un petit troupeau » (Luc 12, 32), comme les enfants de Dieu l’ont été dans toutes les économies successives, mais « une grande ville » (Apoc. 21, 10). Cette ville sera « sainte » (21, 10). Son nom sera « Jérusalem » (21, 10). Elle « descendra du ciel, d’auprès de Dieu » (21, 10). Elle aura « la gloire de Dieu » (21, 11). Ce sera « l’épouse de l’Agneau, la femme » (21, 9). Il y aura l’accomplissement et la plénitude, au-delà de tout ce que l’espérance ou la foi peuvent concevoir, de ces mots : « héritier de Dieu » (Gal. 4, 7) ; « appelés à son royaume et à sa gloire » (1 Thess. 2, 12) ; « appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus » (1 Pier. 5, 10). Celui que, au chapitre 4, on a vu assis sur le trône, était d’un aspect semblable au jaspe et à la pierre de sardius ; il est dit de la ville que « son luminaire est semblable à une pierre très précieuse, telle qu’une pierre de jaspe cristallin », et qu’elle a « la gloire de Dieu » (21, 11). Rendue ainsi conforme à la gloire de Dieu, et devenue le vase où cette gloire se déploie, la ville n’a pas de temple, « car le Seigneur Dieu Tout-puissant en est le temple, ainsi que l’Agneau » (21, 22). Elle n’a besoin ni du soleil, ni de la lune pour y luire, « car la gloire de Dieu l’a éclairée, et sa lampe c’est l’Agneau » (21, 23). Les nations de ceux qui sont sauvés marchent à sa lumière, et les rois de la terre y apportent leur gloire et leur tribut ; car elle éclairera la terre, et accomplira ainsi la prophétie touchant la Jérusalem terrestre : « Lève-toi, sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi » (És. 60, 1). Ses portes ne seront point fermées de jour ; car il n’y aura point là de nuit. On y apportera la gloire et le tribut des nations. Il n’y entrera rien qui souille, ni qui commette l’abomination et le mensonge, mais seulement ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau. Un fleuve pur d’eau de la vie, resplendissant comme du cristal, sortira du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de sa place, et des deux côtés du fleuve, sera l’arbre de vie, produisant douze fruits, rendant chaque mois son fruit, et les feuilles de l’arbre seront pour la guérison des nations. Il n’y aura plus aucune malédiction ; le trône de Dieu et de l’Agneau y sera ; Ses esclaves Lui rendront leur culte, et ils verront Sa face, et Son nom sera sur leurs fronts. Il n’y aura point là de nuit, et ils n’auront pas besoin de lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera ; et ils régneront aux siècles des siècles.

Quelle belle, quelle magnifique, quelle glorieuse représentation de notre éternelle demeure ! Que sa splendeur éclaire le chemin par lequel nous nous hâtons vers elle, et qu’elle rende de plus en plus chère dans nos cœurs l’espérance de Celui qui s’annonce à nous comme l’étoile resplendissante du matin, et dont la présence, tandis qu’elle nous introduit à toutes ces bénédictions, en est elle-même aussi le principal fondement !