Écho du Témoignage:Les voies de Dieu. Le gouvernement, la grâce et la gloire

De mipe
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À une époque, comme celle dans laquelle nous vivons, si pleine d’événements se pressant les uns les autres dans l’histoire de ce présent siècle, siècle qui se termine avec des conséquences si profondes et si solennelles pour le monde, mais si plein de bénédiction pour le chrétien et l’Église de Dieu — c’est une bénédiction du Seigneur si nos pensées sont dirigées vers la parole prophétique et sur les voies de Dieu. Il est dit dans 2 Pierre 1, 19, de la parole prophétique : « Vous faites bien d’y être attentifs comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos cœurs ».

Nous désirons donc mettre devant l’esprit des saints, aussi brièvement que nous le permettra le but que nous avons en vue, et selon qu’il plaira au Seigneur de nous diriger et de fournir à nos besoins, une vue générale des grandes dispensations de Dieu, de ce qu’il Lui a plu, dans Sa sagesse infinie, de nous faire connaître au moyen de Sa parole, en vue du déploiement de Ses voies successivement sous le triple aspect du gouvernement, de la grâce, et de la gloire. De cette manière, quelques-uns du moins pourront être rendus capables de suivre ces voies dans leur ordre consécutif d’aussi près qu’il est possible, et de saisir les desseins de Dieu ainsi révélés.

En vérité, nous pouvons bien dire que « nous ne connaissons qu’en partie » ; mais le Seigneur est plein de miséricorde et ménage notre lenteur à apprendre.

Nous ne prétendons pas donner une vue complète de ces choses, mais nous y arrêter assez pour amener le cœur à rechercher plus attentivement les moindres détails de la Parole de Dieu, et une intelligence plus parfaite de Ses desseins et de Ses voies.

Dans la poursuite d’un tel but, bon nombre de vérités bien connues depuis ces derniers temps au milieu du peuple de Dieu seront placées devant nous — et cela par nécessité — pour que des parties plus importantes ne soient ni oubliées ni omises dans l’ordre consécutif des voies de Dieu. Et, si nous trouvons qu’il soit nécessaire de nous éloigner de cet ordre, ce ne sera que pour rattacher plus pleinement et plus clairement les événements les uns aux autres, afin que la pensée puisse suivre toute la chaîne sans qu’un seul chaînon soit oublié.

Le but de ces articles est de placer devant l’esprit, d’une manière claire et simple, la vérité d’après les Écritures, pour « l’édification qui est en la foi », et non pour combattre l’erreur, quelque utile et nécessaire que cela puisse être à sa place. Car nous sentons bien que lorsque la vérité brille dans l’âme avec sa lumière pure et parfaite, elle dissipe les ténèbres et trouve un lieu de repos dans le cœur qui désire être soumis à la Parole de Dieu.

Puisse la considération de ces vérités être une bénédiction de Celui qui seul peut bénir ; et puisse-t-Il nous rendre capables de vivre dans la puissance des choses invisibles et éternelles, et bénir abondamment Sa propre Parole !

Dans nos recherches sur ces sujets, une bien grande portion des Écritures sera nécessairement déployée devant nous, outre les Écritures prophétiques qui embrassent cinq grands sujets distincts : – 1° la corruption ou la ruine d’Israël ; 2° le jugement qui suit la ruine ; 3° le temps des Gentils ; 4° la crise de l’histoire du monde ; 5° la gloire ou le royaume. Je présenterai d’abord une remarque sur 2 Pierre 1, 20 : « Sachant ceci premièrement, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même ». Il y a eu dans les temps passés, certains accomplissements partiels de la prophétie qui, sans nul doute, étaient largement empreints, au moment où ils avaient ainsi une application première, des traits des événements définitifs auxquels ils se rapportaient ; mais si nous disions que leur portée se bornait là, nous nous méprendrions sur la pensée de l’Esprit dans le sujet de l’Écriture, et nous en ferions une interprétation privée. La prophétie commence dans les pensées et les conseils de Dieu, et n’est terminée que lorsque Sa propre gloire sera révélée, complétée et déployée dans Son Fils. Elle relie deux choses : les conseils de Dieu et leur accomplissement en Christ. Nous ne pouvons donc pas commencer à un point postérieur ou nous arrêter à aucun point antérieur à la fin, sans en perdre la grande portée. N’importe l’exactitude qu’ait pu présenter l’accomplissement apparent de certaines prophéties, quand nous venons à examiner les détails, nous sommes sûrs de trouver des traits qui montrent clairement que, quand il a plu à Dieu de se servir de circonstances futures ou de circonstances présentes, Il a toujours montré que ce qui occupait Sa pensée, c’était l’accomplissement de Ses pleins desseins et de Sa propre gloire dont les circonstances du moment n’étaient pour Lui que comme un type. En outre la prophétie s’occupe des choses terrestres et des choses célestes. « Autre est la gloire des terrestres, autre celle des célestes », c’est vrai ; mais la prophétie se tait sur « le mystère caché en Dieu depuis le commencement des siècles », mystère caché depuis le commencement mais maintenant rendu manifeste. « Ce mystère est grand ; mais moi je le dis par rapport à Christ et à l’assemblée ».

Vue générale des voies de Dieu

En rapport avec ce sujet, nous nous référerons à trois passages de l’Écriture. « Mais quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi » (Gal. 4, 4). « Lequel Il s’est proposé en Lui-même pour l’administration de la plénitude des temps, savoir, de réunir en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre en Lui, en qui, nous aussi, nous avons été faits héritiers (Éph. 1, 10-11). « Et l’ange… jura par celui qui est vivant aux siècles des siècles… qu’il n’y aurait plus de délai ; mais qu’aux jours de la voix du septième ange, quand il sonnera de la trompette, le mystère de Dieu sera aussi terminé » (Apoc. 10, 6, etc.). Ces trois portions de l’Écriture mentionnent trois grandes époques ou événements importants dans les desseins de Dieu envers le monde. La première est passée ; les deux autres évidemment à venir, la différence entre les deux dernières époques consistant en ce que l’une commence lorsque l’autre finit. Nous essaierons maintenant de prouver par l’Écriture à quelles voies de Dieu déjà accomplies le passage des Galates fait allusion : « quand l’accomplissement du temps fut venu ». Pour cela, il nous faut jeter un coup d’œil général sur l’histoire passée du monde, telle qu’elle nous est révélée.

Allons d’abord à Genèse 1 ; 2. Là nous trouvons que Dieu, ayant créé l’homme et la femme, leur donne la domination sur « les poissons de la mer, et les oiseaux des cieux, et sur le bétail, et sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre ». Il leur est accordé une domination universelle sur toutes les choses qui avaient été créées. Nous passons à Genèse 3, et nous y trouvons que Satan était intervenu et avait réussi à obtenir cette suprématie au moyen de la chute de l’homme et de ses convoitises après qu’il se fut éloigné de Dieu. À Adam, fait âme vivante et innocent, avait été donnée une loi de l’observation de laquelle dépendaient le maintien de ses bénédictions et de son autorité et son propre maintien à lui, comme créature, dans sa vraie place de soumission à Dieu. Adam, ainsi tombé, entend la promesse que la semence de la femme (ce qu’il n’était pas) écraserait, au temps convenable, la tête de Satan qui avait obtenu la suprématie par sa ruse ; et avec cela, il est mis hors de la présence de Dieu. « Ainsi il chassa l’homme ». Alors commence le temps d’épreuve de l’homme dans cette condition, épreuve qui durera environ quatre mille ans, jusqu’à ce que « l’accomplissement du temps fût venu ».

Pendant à peu près seize ou dix-sept cents ans de ce temps d’épreuve, les hommes sont laissés à eux-mêmes (quoique Dieu ne se laisse jamais sans témoignage) jusqu’au déluge, quand la terre fut corrompue devant Dieu et remplie d’extorsions. « Dieu donc regarda la terre ; et voici, elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre ». « Ce qu’on ne peut voir de lui, savoir sa puissance éternelle et sa divinité, se discernent depuis la fondation du monde par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites », les laissant « sans excuse ». « Et Dieu dit : La fin de toute chair est venue devant moi, car ils ont rempli la terre d’extorsion, et voici, je les détruirai avec toute la terre ». Et ainsi Il fit venir le déluge sur un monde d’impies… et le monde d’alors périt, « étant submergé par les eaux du déluge » ; et ainsi se termina l’épreuve de l’homme laissé à lui-même.

Noé et sa famille sont sauvés à travers ce jugement, et nous le trouvons sur la terre ainsi purifiée. Entre ses mains est remise « l’épée », le gouvernement lui est confié. — « Quiconque aura répandu le sang de l’homme, par l’homme son sang sera répandu ; car Dieu a fait l’homme à son image ». Noé ainsi revêtu d’autorité se mit à cultiver la terre ; il plante la vigne, en boit le fruit et s’enivre, perdant ainsi moralement la position dans laquelle il avait été placé par Dieu.

Le culte des démons commence. Les hommes après avoir connu Dieu, « ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ils ne lui ont point rendu grâces ; mais ils sont devenus vains en leurs raisonnements, et leurs cœurs destitués d’intelligence ont été remplis des ténèbres : se disant sages, ils sont devenus fous, et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible, en la ressemblance de l’image d’un homme corruptible, et d’oiseaux et de bêtes à quatre pieds et de reptiles ». « Les choses que les nations sacrifient, elles les sacrifient à des démons et non pas à Dieu ».

La volonté propre remplit ainsi le cœur de l’homme — volonté propre qui prétend à être centre elle-même, ayant perdu le lien qui la rattachait à Dieu, le seul centre du bien — et les hommes s’unissent pour faire un centre d’unité à part de Dieu. « Bâtissons une ville et une tour, de laquelle le sommet monte jusqu’aux cieux, et acquérons-nous de la réputation, de peur que nous ne soyons dispersés sur toute la terre ». L’homme voulait appeler cela unité ; Dieu l’appelle confusion (Babel), et Il descend et disperse les hommes, leur donnant le frein des langues, « une ceinture de fer autour des hommes ».

Quand le monde fut ainsi tombé dans l’idolâtrie et qu’ils se furent mis à « honorer et servir la créature plutôt que le Créateur béni éternellement », Dieu mit à part pour soi-même un homme, Abraham, et en lui une famille, une nation, afin qu’Il pût (entre autres conseils) placer l’homme sous une autre épreuve, sur un nouveau terrain. Dans la suite du temps, Il sépare cette nation d’Israël du monde (Égypte), pour Lui-même ; habite au milieu d’eux et leur donne Sa loi. Cette loi représentait à l’homme la règle de sa responsabilité comme pécheur, tout en représentant aussi l’autorité de Dieu. S’ignorant eux-mêmes, ils l’acceptent comme condition de leur relation avec Dieu ; le législateur va pour la recevoir, et avant même que les conditions soient proclamées, ceux qui les avaient acceptées établissent un veau d’or, l’adorent comme leur Dieu et tombent ! Dieu met alors la loi entre les mains d’un médiateur, et ajoute à Ses exigences des conditions de long support et de miséricorde. L’histoire du peuple d’Israël ainsi établi sur un terrain nouveau nous donne le résultat de cette nouvelle épreuve de l’homme. Elle dura jusqu’à la captivité de Babylone. Pendant ce temps d’épreuve, nous entendons la voix d’intervention des prophètes et des messagers de Dieu s’efforçant de ramener le peuple rebelle à l’observation des conditions de leur relation avec Lui, et à garder la loi qui les déterminait. « Mais, dit le prophète, comme Adam, ils ont transgressé l’alliance, ils se sont portés perfidement contre moi » (Os. 6, 7). Ils rompirent l’alliance de laquelle dépendaient les bénédictions, comme Adam avait fait.

L’homme maintenant obtient une nouvelle épreuve. Le pouvoir suprême est placé dans ses mains. La domination universelle est remise entre les mains de Nebucadnetsar, roi de Babylone. « Toi, ô roi, es le roi des rois ; le Dieu des cieux t’a donné le royaume, la puissance, la force et la gloire ; et en quelque lieu qu’habitent les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a donnés entre tes mains, et t’a fait dominer sur eux tous » (Dan. 2, 37-38). Comment en usera-t-il ? Sera-ce à la gloire et à l’honneur de Celui dont il l’a reçue ? Le résultat est connu. S’élevant dans l’orgueil de son cœur, il fait de lui-même un centre et, pour obtenir une unité religieuse et idolâtre, à part de Dieu, il persécute Son peuple. Plein d’orgueil, il dit : « N’est-ce pas ici Babylone, la grande, que j’ai bâtie pour être la demeure royale, par le pouvoir de ma force, et pour la gloire de ma magnificence ! » (Dan. 4, 30). Il perd son sens moral, et devient une brute !

Et maintenant dans ce désert du monde, au lieu où Dieu avait placé Sa vigne et planté Son cep afin qu’elle Lui rapportât du fruit — vigne qu’Il avait entourée d’une haie, dont Il avait ôté les pierres, et qu’Il avait plantée des ceps les plus exquis, et dont Il pouvait dire : « Que pouvais-je faire de plus à ma vigne que ce que j’ai fait ? », et qui, lorsqu’Il s’attendait qu’elle produirait des raisins, n’a produit que des grappes sauvages — dans le désert moral de ce monde, dis-je, et dans ce petit lieu sur lequel Il avait déployé tant de soin, s’est accomplie Sa dernière épreuve de l’homme ! « J’ai un Fils, peut-être le révéreront-ils lorsqu’ils le verront ». L’histoire est bientôt dite : on Lui donna une croix, lorsqu’Il était venu chercher Sa couronne ! On Lui cracha au visage, lorsqu’Il était venu chercher du fruit ! Et ainsi se termine l’épreuve de quatre mille ans sous toute sorte de formes diverses ; l’accomplissement du temps était venu !

L’homme ne peut pas dire à présent qu’il y a une seule voie dont Dieu n’ait pas essayé ; il reste sans excuse.

La plénitude des temps était venue et Dieu envoya Son Fils. Le Fils vint chercher et sauver ce qui était perdu ! Il prit la double position, de « né de femme », par qui était entré le péché ; « né sous la loi », par laquelle l’homme était sous la condamnation, pour « racheter ceux qui étaient sous la loi », afin que nous reçussions l’adoption de fils et que Dieu pût déployer les richesses immenses de Sa grâce envers ceux qui étaient pauvres et misérables par le péché. Le résultat pour ceux qui croient est : « Nous avons la rédemption par Son sang, le pardon des péchés selon les richesses de Sa grâce ».

C’est à des êtres ainsi bénis qu’est révélé Son dessein, « pour l’administration de la plénitude des temps, savoir : de réunir en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre en Lui, en qui nous avons été faits héritiers ». Et lorsque ces plénitudes des temps auront achevé leur cours, l’ange puissant jurera par Celui qui vit à jamais, qu’il n’y aura plus de retard et que, quand sonnera le septième ange, « le mystère de Dieu sera accompli » (Apoc. 10). « Et le septième ange sonna de la trompette, et il y eut dans le ciel de grandes voix disant : Le royaume du monde de notre Seigneur et de Son Christ est venu, et Il régnera aux siècles des siècles » (Apoc. 11, 15).

Maintenant considérons « ces temps » qui se poursuivent jusqu’à leur « plénitude ». « L’accomplissement du temps » est évidemment passé ; la « dispensation de la plénitude des temps » visiblement future.

1. C’est maintenant le temps du témoignage de la croix et de la résurrection de Jésus ; et le rassemblement des cohéritiers pour Lui en qui nous avons obtenu un héritage : le temps pendant lequel l’œuvre de Dieu se poursuit, appropriant les pierres spirituelles à Sa maison spirituelle.

2. Le temps de l’Église souffrant dans le brisement du cœur et la faiblesse ici-bas, dans le royaume et la patience de Jésus.

3. Le temps de la confusion et du désordre pendant lequel le jugement est tellement séparé de la justice que, lorsque celui qui était le seul juste comparaissait devant le siège judiciaire, reconnaissant que le pouvoir qui y siégeait était de par Dieu — « Tu n’aurais aucun pouvoir s’il ne t’était donné d’en haut » — le jugement condamna l’innocent.

4. Le temps d’aveuglement du peuple bien-aimé, le voile étant sur sa face, la plénitude des Gentils étant en voie de se rassembler.

5. Le temps de la domination des Gentils pendant lequel la grande statue de Daniel n’a pas encore reçu le coup sur ses pieds par la pierre taillée sans main.

6. Le temps pendant lequel la création tout entière soupire et est en travail, attendant la manifestation des fils et héritiers de Dieu.

7. Le temps pendant lequel Satan rôde comme un lion rugissant déchaîné, cherchant qui il pourra dévorer, et dont nous entendons la voix dans les malins esprits disant : « Ne nous tourmente pas avant le temps ».

8. Le temps du « mystère de Dieu », pendant lequel Il supporte avec longanimité le mal sans le juger ; pendant lequel la méchanceté est dans les hauts lieux et la bonté foulée aux pieds ; pendant lequel le mensonge triomphe et la vérité est foulée aux pieds dans les rues.

9. Et le temps pendant lequel Jésus, rejeté par le monde, est assis à la droite de Dieu, attendant que « Ses ennemis soient faits le marchepied de ses pieds ».

Mais il nous faut revenir en arrière. Nous avons vu l’homme perdre sa suprématie et l’autorité qui lui avaient été données en Genèse 1 et 2. Nous allons au psaume 8 et nous y trouvons un « Fils de l’homme » auquel cette domination est conférée. « Tu l’as établi dominateur sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds ; les bœufs et les brebis sans réserve, même les bêtes des champs, les oiseaux des cieux et les poissons de la mer, ce qui traverse par les sentiers de la mer ». Qui est « ce Fils de l’homme » ? Quand cette domination doit-elle être exercée et goûtée ? Hébreux 2 nous répond. « Car ce n’est pas aux anges qu’il a assujetti le monde habitable à venir (οιϰουμενη) duquel nous parlons, mais quelqu’un a rendu ce témoignage quelque part, disant : Qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui, ou le fils de l’homme que tu le visites ? Tu l’as fait un peu moindre que les anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur. Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds… nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties, mais nous voyons Jésus… couronné de gloire et d’honneur ». C’est dans le siècle à venir que cette domination s’exercera et sera goûtée par Celui qui est aussi « le Fils de l’homme » maintenant couronné de gloire et d’honneur.

Nous allons à Éphésiens 1, 19-23, et nous trouvons l’apôtre citant le même psaume. Il parle de l’excellente grandeur de la puissance opérée en Christ « quand Il le ressuscita d’entre les morts, et le fit asseoir à Sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité et puissance et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Il a assujetti toutes choses sous ses pieds et l’a donné pour être Chef sur toutes choses à l’Église, qui est Son corps et la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Nous apprenons par là, et par d’autres portions des chapitres 1 à 4 que, tandis qu’Il est ainsi exalté, se forme pour Lui un corps d’entre les Juifs et les Gentils ; et que la même puissance qui fut déployée pour ressusciter Christ et L’exalter comme homme à la droite de Dieu (Il était toujours le Fils éternel, la Parole qui était avec Dieu) est déployée pour transmuer, ressusciter et unir à Lui les cohéritiers qui forment Son corps, l’Église.

L’apôtre cite encore ce psaume dans 1 Corinthiens 15, 27. Là, nous apprenons que cette domination est accomplie dans la résurrection, la résurrection des saints d’entre les morts, dont traite ce chapitre ; que, quand viendra ce jour, quelques-uns ne se seront pas endormis en Christ ; mais tous (vivants ou morts) seront transmués. C’est dans cette époque que la dispensation de la plénitude des temps aura son cours, que Dieu aura réuni en un en Christ toutes choses dans le ciel et sur la terre, et où cette parole sera accomplie : « la mort est engloutie en victoire », 1 Corinthiens 15, 54 ; Ésaïe 25, 8. C’est alors qu’Il travaillera, comme nous le voyons dans des passages analogues d’Ésaïe, à accomplir les bénédictions terrestres, et que les royaumes de ce monde deviendront le « royaume de notre Seigneur et de Son Christ » quand l’Éternel des armées régnera en la montagne de Sion et à Jérusalem, et ce ne sera que gloire en la présence de ses anciens.

Nous trouvons cela dans Ésaïe 24-26 : le monde et ses systèmes amenés en jugement lorsqu’il chancellera de côté et d’autre comme un homme ivre sous le jugement de Dieu. Quand Dieu visitera dans un lieu élevé l’armée superbe : Satan et ses anges chassés des hauts lieux (Apoc. 12) après avoir si longtemps obscurci et entravé la bénédiction de Dieu. Les rois de la terre seront punis sur la terre lorsqu’ils seront rassemblés contre le Roi des rois et le Seigneur des Seigneurs (Apoc. 19). Ce jugement universel prépare la voie à l’établissement de Son trône en Sion. « L’Éternel des armées fera à tout Son peuple un banquet de choses grasses, un banquet de vins purifiés, de choses grasses et moelleuses, et de vins sans aucune lie bien purifiés. Il enlèvera le voile qui est étendu sur toutes les nations. Il ôtera l’opprobre de Son peuple d’Israël, le résidu de la nation qui se sera attendu à Lui, qui ont été la force du chétif, du misérable en sa détresse, le refuge contre le débordement, l’ombrage contre le hâle ; quand le souffle du terrible est comme un débordement contre la muraille, Il abattra le branchage des terribles et fera que le pied des affligés et les plantes des chétifs, résidu de son peuple, marcheront dessus, et Il leur enseignera en ce jour de leur délivrance et de leur restauration à chanter ce cantique dans la terre de Juda : Nous avons une ville forte, la délivrance y sera mise pour muraille et pour avant-mur ». Les trois chapitres en entier sont d’une beauté admirable, montrant ce que fera l’Éternel quand cette parole sera accomplie : « la mort est engloutie en victoire », quand tout ce qui a été détruit et gâté entre les mains du premier Adam sera renouvelé dans celles du dernier Adam et qu’Il exercera la souveraineté du psaume 8, comme Rédempteur héritier — les cohéritiers unis avec Lui ; quand le nom de l’Éternel sera exalté par toute la terre et que Sa gloire, non seulement comme Roi sur Sion, mais sur tout ce qu’Il a établi au-dessus des cieux, se déploiera dans les cieux et sur la terre aux temps « du rétablissement de toutes choses ».

En définitive, nous voyons que l’homme s’est détruit lui-même ; chaque nouvelle épreuve démontrant seulement combien complète a été sa ruine et sa chute. Il a forfait par le péché à ses bénédictions aussitôt qu’il les a reçues. Mais tout ce que l’homme a ruiné, tout ce en quoi il a failli, Dieu l’accomplira dans un sens bien plus élevé et à Sa propre gloire dans le Fils de l’homme — le second Adam — en Christ ! Ce que nous avons considéré n’embrasse que la période de l’épreuve de l’homme jusqu’à la croix et au rejet de Dieu Lui-même dans la personne de Christ. Nous verrons ressortir plus clairement, en considérant d’autres sujets, cette découverte humiliante et pourtant nécessaire. Il est vrai que l’homme — le premier Adam — était aussi réellement ruiné et perdu aux jours de Genèse 3 que lorsqu’il rejeta Christ ; mais ce rejet fit ressortir définitivement l’inimitié de son cœur à l’égard de Dieu et du bien. Avant la croix, il n’y avait pas de preuve manifeste de cela. Il avait failli dans bien des épreuves que Dieu avait faites de lui avec tant de patience ; mais sa ruine fut pleinement prouvée quand Dieu vint au milieu des hommes en amour, en douceur, en tendresse, en compassion, plein de grâce et de vérité, et fut rejeté dans la personne de Jésus Christ !

L’histoire passée du peuple d’Israël

Après avoir pris une vue rapide des diverses dispensations en général, nous en venons maintenant à considérer les voies de Dieu telles qu’elles sont exposées plus en détail ; et pour cela nous nous tournons vers ce peuple ou cette nation qui fut tout particulièrement la scène de leur manifestation en gouvernement, en long support et en miséricorde — le peuple d’Israël.

Nous avons vu l’état du monde et la chute de l’homme dans les jours qui précédèrent le déluge ; ensuite, Noé établi sur une terre renouvelée, le monde tombant dans l’idolâtrie, et, parmi les éléments contraires des volontés humaines, l’homme s’efforçant de se faire un centre et un nom à part de Dieu, et le jugement de Dieu sur cela — la division du monde en nations, dans la famille de Noé. Dieu à cette époque, avait déjà dans Sa pensée et Ses conseils un dessein que nous trouvons en Deutéronome 32, 8 : « Quand le Souverain partageait les nations, quand Il séparait les enfants des hommes les uns des autres, Il établit les bornes des peuples selon le nombre des enfants d’Israël. Car la portion de l’Éternel, c’est son peuple ; et Jacob est le lot de son héritage ». Nous trouvons ici que bien des siècles avant qu’ils existassent comme nation, les conseils de Dieu s’occupaient d’eux. Ses voies avec les nations du monde étaient dirigées en vue de la semence de Jacob.

Le monde avait perdu la connaissance du seul vrai Dieu pour courir après les idoles ; même la famille de celui dont il avait été dit : « Béni soit l’Éternel, le Dieu de Sem ». Satan avait réussi à gagner la place que Dieu aurait dû occuper dans les pensées et les cœurs des hommes : « Vos pères, Térakh, le père d’Abraham et le père de Nakhor, ont anciennement habité au-delà du fleuve, et ont servi d’autres dieux » (Jos. 24, 2). Nous apprenons de 1 Corinthiens 10, 20 où l’apôtre cite Deutéronome 32 que ces dieux étaient des démons. Cela étant le cas, Dieu fait choix d’un homme, qu’Il appelle à sortir de son pays, à se séparer de ses associations et de sa parenté pour être Son témoin dans le monde et contre le monde. À cet homme, Abraham, Dieu fait certaines promesses, tant spirituelles que temporelles. Comme c’est l’histoire passée de la nation d’Israël qui fait notre sujet, nous ne nous occuperons que des promesses temporelles. Lorsqu’Abraham fut venu dans le pays de Canaan, Dieu lui dit : « Je donnerai ce pays à ta postérité » (Gen. 12, 7). Quand Lot se fut séparé de lui, ces promesses sont renouvelées. « Lève maintenant tes yeux, et regarde du lieu où tu es, vers le septentrion, le midi, l’orient et l’occident ; car je te donnerai, et à ta postérité, pour jamais, tout le pays que tu vois » (Gen. 13, 14, etc.). Et encore dans le chapitre 15, nous trouvons la promesse renouvelée et les limites du pays établies : « Je suis l’Éternel, qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens, afin de te donner ce pays-ci pour le posséder ». Et encore : « J’ai donné ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate ». Dans une vision du même chapitre, Dieu révèle à Abraham que sa postérité séjournerait comme étrangère dans un pays qui ne lui appartiendrait pas, et serait asservie à ses habitants : « et ils seront affligés pendant quatre cents ans… et après cela ils sortiront avec de grands biens ».

Or ces promesses étaient entièrement sans conditions : elles furent données par Dieu et reçues par Abraham sans condition aucune. Nous les trouvons, toujours sans conditions, répétées à Isaac en Genèse 26 et à Jacob en Genèse 28. Nous arrivons à Exode 2, lorsque les quatre cents ans sont écoulés, et nous trouvons qu’il y est fait allusion à ces promesses faites aux pères. « Dieu ouït leurs sanglots, et Dieu se souvint de l’alliance qu’Il avait faite avec Abraham, Isaac et Jacob. Ainsi Dieu regarda les enfants d’Israël, et Il fit attention à leur état ». Le peuple est racheté et tiré hors d’Égypte, et le nom de Jéhovah, en rapport avec l’alliance, leur est révélé. Ensuite ils apprennent quel était le dessein de Dieu dans cette délivrance dont ils étaient ainsi l’objet. « Afin que tu connaisses que l’Éternel (Jéhovah) est celui qui est Dieu, qu’il n’y en a point d’autre que Lui » (Deut. 4, 35). Ou bien, comme Il dit en Ésaïe 43, 12 : « Vous êtes mes témoins que je suis Dieu ». À la suite de la rédemption du peuple, Dieu fait Son habitation au milieu d’eux dans la nuée et la gloire.

Toutefois, la question de la justice n’avait pas encore été soulevée. Le peuple voyage de la mer Rouge à la montagne de Sinaï, comme l’objet d’une grâce parfaite. Ici, Dieu leur propose certaines conditions de relation avec eux. « Vous avez vu ce que j’ai fait aux Égyptiens, comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi ; maintenant donc, si vous obéissez exactement à ma voix et gardez mon alliance, alors vous serez d’entre tous les peuples mon plus précieux joyau, quoique toute la terre m’appartienne » etc. (Ex. 19). « Et tout le peuple répondit d’un commun accord : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit ». Voyez aussi chapitre 24, 3, 7, où l’alliance est ratifiée avec le sang. Ainsi ils entrent sous une alliance d’obéissance comme condition de leur relation avec Dieu. Au lieu de dire : « Nous ne pouvons en rien compter sur nous-mêmes ; si nous acceptons de telles conditions, nous sommes sûrs de manquer, nous ne serons pas capables de conserver nos bénédictions une heure seulement ». Au lieu de cela, ils se montrèrent pleins de confiance, et tout à fait ignorants d’eux-mêmes. Le résultat est clair et solennel. Le législateur monte sur la montagne en feu pour recevoir les termes de l’alliance ; et, avant son retour, le peuple fait un veau d’or et l’adore comme le Dieu qui les a fait sortir d’Égypte ; ils disent : « Lève-toi, fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car quant à ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d’Égypte, nous ne savons ce qu’il est devenu » (Ex. 32, 1). Moïse revient avec les tables de la loi dans ses mains. Il aperçoit, en approchant du camp, la musique et les danses ; il voit que du côté du peuple les termes de relation étaient enfreints, et, sa colère s’allumant, il jette les tables et les brise au pied de la montagne. La loi pure et sans mélange n’est donc jamais venue au milieu du peuple. Le législateur retourne à la montagne et remonte ; et « peut-être je ferai propitiation pour vos péchés », et, en réponse à la prière de Moïse, le peuple est épargné, et une alliance de longanimité, de patience et de miséricorde est ajoutée à celle de la loi ; et elle est établie entre les mains du médiateur et du peuple (Ex. 34, 27).

Le livre du Lévitique, entre autres choses, règle ce qui concernait la sacrificature et la manière de s’approcher de Dieu qui habitait au milieu d’eux.

Le livre des Nombres donne le voyage à travers le désert.

Quand ils furent prêts à entrer dans le pays, l’alliance établissant les termes de leur possession du pays, à condition qu’ils les observeraient, fut renouvelée de la manière la plus claire dans le livre du Deutéronome. Le chapitre 27 pose le principe de la justice légale, et le chapitre 28, comme d’autres portions du livre, les conditions de leur héritage et de leur bénédiction dans le pays. « Or il arrivera que si tu obéis exactement à la voix de l’Éternel, ton Dieu, et que tu prennes garde de faire tous Ses commandements que je te prescris aujourd’hui, l’Éternel, ton Dieu, te rendra haut élevé par-dessus toutes les nations de la terre. Et toutes ces bénédictions viendront sur toi et t’atteindront, quand tu obéiras à la voix de l’Éternel, ton Dieu. Tu seras béni dans la ville, tu seras béni aussi aux champs. Le fruit de ton ventre sera béni, et le fruit de ta terre, et le fruit de ton bétail ; les portées de tes vaches, et les brebis de ton troupeau. Ta corbeille sera bénie, et ta huche aussi. Tu seras béni en ton entrée, et tu seras aussi béni en ta sortie » (Deut. 28, 1-6). Et puis l’alternative : « Mais si tu n’obéis pas à la voix de l’Éternel, ton Dieu, pour prendre garde de faire tous ses commandements et ses statuts que je te prescris aujourd’hui, il arrivera que toutes ces malédictions-ci viendront sur toi, et t’atteindront. Tu seras maudit dans la ville, et tu seras maudit aux champs ; ta corbeille sera maudite, et ta huche aussi. Le fruit de ton ventre sera maudit, et le fruit de ta terre ; les portées de tes vaches, et les brebis de ton troupeau. Tu seras maudit en ton entrée, et tu seras aussi maudit en ta sortie » (Deut. 28, 15-19). Le chapitre tout entier établit d’une manière solennelle les conditions de leur possession et de la conservation de leurs bénédictions dans le pays. Et nous lisons dans le chapitre 28, 69 : « Ce sont ici les paroles que l’Éternel commanda à Moïse de traiter avec les enfants d’Israël, au pays de Moab des confins d’Israël, outre l’alliance qu’Il avait traitée avec eux en Horeb ».

En conséquence, nous les voyons entrer dans le pays sous la conduite de Josué ; les eaux du Jourdain se partageant, et le « Dominateur de toute la terre » passant dans le pays devant Son peuple pour posséder par eux la terre. C’est un titre important que prend maintenant l’Éternel, titre auquel nous aurons occasion de revenir.

Le livre de Josué donne l’histoire de leurs conquêtes et de leur établissement dans le pays. Dans le dernier chapitre nous voyons Josué établir une alliance avec le peuple, par laquelle ils s’obligent à servir l’Éternel, leur Dieu, et à obéir à Sa voix ; et sous ces conditions à conserver la bénédiction.

Nous voyons maintenant un autre point clairement établi, point de la plus grande importance, savoir, que le peuple n’a pas encore possédé jamais le pays, ni les bénédictions promises aux pères, selon les promesses faites en termes absolus et sans conditions à Abraham, Isaac et Jacob. Ces promesses sont encore à accomplir et doivent être accomplies en grâce.

Nous trouvons dans le livre des Juges et dans d’autres portions des Écritures, les résultats de leur héritage du pays et des bénédictions sous condition d’obéissance. « Les enfants d’Israël donc firent ce qui déplaît à l’Éternel, et servirent les Baals. Et ayant abandonné l’Éternel, le Dieu de leurs pères, ils allèrent après d’autres dieux, d’entre les dieux des peuples qui étaient autour d’eux, et ils se prosternèrent devant eux ; ainsi ils irritèrent l’Éternel. Ils abandonnèrent donc l’Éternel, et servirent Baal et Ashtaroth… Et la colère de l’Éternel s’enflamma contre Israël. Et Il dit : Parce que cette nation a transgressé mon alliance, que j’avais commandée à leurs pères, et qu’ils n’ont point obéi à ma voix, aussi je ne déposséderai plus de devant eux aucune des nations que Josué laissa quand il mourut, afin d’éprouver par elles Israël et voir s’ils garderont la voie de l’Éternel pour y marcher, comme leurs pères l’ont gardée, ou non », etc. (Jug. 2, 11-13, 20-23). Ce livre nous fait voir leur chute, et la fidélité et la longanimité de Dieu qui suscite de temps en temps des juges et des libérateurs pour leur accorder des délivrances passagères des mains de leurs ennemis.

Dans 1 Samuel, nous avons la chute de la sacrificature dans la famille d’Éli. Nous lisons : « Or les fils d’Éli étaient de méchants hommes et ils ne connaissaient point l’Éternel » (1 Sam. 2, 12). Le chapitre en entier traite de cette chute et de la connaissance qu’en prend l’Éternel. Dans le chapitre 3, l’Éternel établit la ligne régulière des prophètes avec Samuel, « avant que les lampes de Dieu fussent éteintes dans la maison de l’Éternel », pour rétablir le lien entre Lui et les consciences du peuple. Dans le chapitre 4, l’arche de Dieu sur laquelle Il manifestait Sa présence est prise. Éli meurt, et la femme de Phinées donne naissance à son enfant qu’elle nomme « I-Cabod », disant : « La gloire de l’Éternel est transportée d’Israël ». Le prophète Samuel est maintenant le lien entre Dieu et le peuple. « Il jugea Israël tous les jours de sa vie ». Quand il fut devenu vieux, il établit ses fils juges sur Israël, « mais ils ne suivirent pas son exemple, car ils se détournaient après le gain déshonnête, ils prenaient des présents et s’éloignaient de la justice ».

Le peuple maintenant désire un roi. « Samuel fut affligé de ce qu’ils lui avaient dit : Établis sur nous un roi pour nous juger ; et Samuel fit requête à l’Éternel. Et l’Éternel lui dit : Obéis à la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront ; car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais c’est moi qu’ils ont rejeté, afin que je ne règne point sur eux ». L’Éternel leur donne alors un roi, un homme selon leur propre choix, Saül, fils de Kis. Les chapitres 9 à 15 nous donnent l’histoire de son élévation et de sa chute. Il manque dans ce en vue de quoi il avait été élevé. « Alors Samuel lui dit : L’Éternel a aujourd’hui déchiré le royaume d’Israël de dessus toi, et l’a donné à ton prochain, qui est meilleur que toi » (15, 28). Dieu alors leur donne un roi, un homme de Son propre choix, David, fils de Jessé, qui, enfin, est établi dans le royaume. Après lui, son fils Salomon monte sur le trône du royaume, dans la plénitude de la prospérité et de la bénédiction, « n’ayant point d’ennemis, ni d’affaires fâcheuses » (voyez 1 Sam. 16 ; 1 Rois 10). Mais Salomon « fit venir des chevaux d’Égypte et il multiplia ses femmes », deux choses expressément défendues par Deutéronome 17. C’est pourquoi « l’Éternel fut irrité contre Salomon, parce qu’il avait détourné son cœur de l’Éternel, le Dieu d’Israël qui lui était apparu deux fois, et qui même lui avait fait ce commandement exprès, qu’il ne marchât pas après d’autres dieux ; mais il ne garda pas ce que l’Éternel lui avait commandé » (1 Rois 11, 9-10).

Maintenant ils avaient failli sous les sacrificateurs, sous les prophètes et sous les rois. Salomon avait un instant réuni tous ces titres dans sa propre personne, type de Celui en qui tout sera établi. Nous lisons en 2 Chroniques 9, 3-4, que lorsque la reine de Sheba fut venue, elle entendit la sagesse du prophète, elle vit la magnificence du roi et l’ascension du sacrificateur royal à la maison de l’Éternel — ombre faible du jour prochain de la gloire du royaume.

Ici Dieu commence à susciter les adversaires du royaume contre Salomon, déclarant par Son prophète qu’Il lui ôterait le royaume, mais que pourtant Il conserverait une tribu à la maison de David, afin que David ait toujours une lampe devant Lui. Par conséquent, lorsque Roboam monta sur le trône, la masse du peuple se révolta sous Jéroboam, qui fonda un royaume séparé et un centre d’unité idolâtre. La tribu de Juda fut seule conservée à la maison de David.

À partir de cette époque, nous poursuivons l’histoire de ces deux divisions de la nation sous les rois d’Israël et de Juda. Celle de la première est un récit d’iniquités sans un rayon consolateur, jusqu’à ce que nous arrivions à 2 Rois 17, quand, sous leur dernier roi, Osée, Shalmanéser, roi d’Assyrie, monte et emmène la nation d’Israël en captivité. « La neuvième année d’Osée, le roi des Assyriens, prit Samarie, et transporta les Israélites en Assyrie, et les fit habiter à Khalakh et sur Khabor, sur le fleuve de Gozan, et dans les villes des Mèdes » (2 Rois 17, 6). Lisez le chapitre en entier qui en donne le récit. Ces tribus n’ont jamais été ramenées.

Suivons l’histoire du royaume de la maison de Juda, depuis les jours de Roboam. C’est un autre récit de méchancetés, de chutes, et d’éloignement de Dieu, tempéré par le règne de quelques rois fidèles, tels que Josias et Ézéchias, jusqu’à ce que la maison de Juda eut consommé son iniquité avec Achaz. Ce roi établit l’autel d’un dieu étranger dans la maison de l’Éternel, fit des images de fonte des Baals et suivit les abominations des idolâtres. Il fut à peine surpassé en méchanceté par Manassé, après le règne d’Ézéchias. Pendant le règne de Sédécias, le temps était venu où ces paroles touchantes et solennelles furent prononcées : « Or l’Éternel, le Dieu de leurs pères, les avait sommés par ses messagers, qu’Il avait envoyés en toute diligence, parce qu’Il était touché de compassion envers Son peuple, et envers Sa demeure. Mais ils se moquaient des messagers de Dieu ; ils méprisaient Ses paroles, et ils traitaient ses prophètes de séducteurs ; jusqu’à ce que la fureur de l’Éternel s’alluma tellement contre Son peuple, qu’il n’y eut plus de remède » (2 Chron. 36, 15-16). Nebucadnetsar, roi de Babylone, monta contre la cité de Jérusalem, l’assiégea, la prit, emmena la nation captive dans le pays de Babylone, fit crever les yeux du roi et tuer ses fils, et dévasta la maison de l’Éternel qu’il fit brûler, ainsi que la maison du roi, ne laissant que quelques-uns des plus pauvres du peuple pour être vignerons et cultivateurs dans le pays. Ils avaient failli sous les prophètes, les sacrificateurs et les rois, et Dieu prononce, par la bouche de Son prophète, ces paroles touchant leur dernier roi : « Et toi, profane, méchant prince d’Israël, duquel le jour est venu où l’iniquité aura une fin. Ainsi a dit le Seigneur, l’Éternel : Qu’on ôte cette tiare, et qu’on enlève cette couronne : ce ne sera plus celle-ci ; j’élèverai ce qui est bas, et j’abaisserai ce qui est haut. Je la mettrai à la renverse, à la renverse, à la renverse, et elle ne sera plus jusqu’à ce que vienne celui auquel appartient le gouvernement, et je le lui donnerai » (Éz. 21, 30-32).

La gloire ou la présence de Jéhovah, qui avait habité au milieu d’Israël depuis qu’ils avaient été rachetés d’Égypte, abandonne sa maison. Lisez les chapitres 9 à 11 du prophète Ézéchiel. Dans le chapitre 9, le prophète voit la gloire du Dieu d’Israël quitter le chérubin et se tenir sur le seuil de la maison. L’Éternel marque Ses fidèles, puis exécute le jugement. Au chapitre 10, la gloire quitte le seuil et se tient au-dessus des chérubins qui doivent l’emporter. Et dans le chapitre 11, la gloire monte du milieu de la cité et s’arrête sur la montagne qui est à l’orient de la ville (la montagne des Oliviers).

Aussitôt que le peuple fut parti pour la captivité, « l’épée » du gouvernement passe au roi gentil et « les temps des Gentils » commencent. « Toi, ô roi, tu es le roi des rois, parce que le Dieu du ciel t’a donné le royaume, la puissance, la force et la gloire ; et qu’en quelque lieu qu’habitent les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, Il les a donnés en ta main, et t’a fait dominer sur eux tous » (Dan. 2, 37-38). Jusque-là Israël avait été le serviteur de Dieu (dans cette position, quoique infidèle). Voyez Ésaïe 43, 10 : « vous êtes… mon serviteur que j’ai élu » (voyez aussi És. 41, 8 ; 42, 19 ; 44, 21).

Le roi gentil prend maintenant la place de serviteur de l’Éternel, quoique dans un autre sens (voyez Éz. 29, 18, 20 ; Jér. 25, 9 ; etc.). Pendant les temps des Gentils Dieu prend le titre de « Dieu des cieux », comme nous le voyons tout le long du livre de Daniel qui traite de ces temps. Nous avons vu qu’Il avait passé le Jourdain, pour entrer en Canaan, sous le titre de « Dominateur de toute la terre », et qu’Il avait exercé Son gouvernement du sein d’Israël comme Son centre. Le peuple s’étant montré pire que les païens qui l’entouraient, et témoin complètement infidèle du « Dominateur de toute la terre », Dieu retire Sa présence du milieu d’eux, et remet le gouvernement du monde entre les mains du roi gentil.

Ainsi se termine, à proprement parler, l’histoire passée de la nation d’Israël. Dans le langage d’Osée : « Les enfants d’Israël demeureront plusieurs jours sans roi et sans gouverneur, sans sacrifice et sans statue, sans éphod et sans théraphim ». Et encore : « Appelle son nom Lo-Ammi ; car vous n’êtes point mon peuple et je ne serai point votre Dieu ».

Nous ne devons pas toutefois clore notre bref aperçu de leur histoire passée, sans jeter un coup d’œil rapide sur le retour du résidu d’une partie de Juda et de Benjamin, à la fin de la captivité babylonienne. Dans Jérémie 25, nous voyons qu’au moment de partir pour la captivité, le prophète leur dit : « Voici, j’enverrai… Nebucadnetsar, mon serviteur, et je les ferai venir contre ce pays et contre ses habitants… Et tout le pays sera un désert, jusqu’à s’en étonner, et ces nations seront asservies au roi de Babylone soixante-dix ans ». Nous voyons dans le livre d’Esther, comment Dieu veillait secrètement sur Son peuple, sans les reconnaître publiquement et sans se manifester à eux dans le pays de leur captivité. Nous lisons dans Daniel 9, qu’aussitôt que les soixante-dix années du royaume de Babylone furent accomplies, et que Darius, le Mède, eut pris le royaume : « Moi, Daniel, je compris par les livres, que le nombre des années duquel l’Éternel avait parlé au prophète Jérémie pour finir les désolations de Jérusalem, étaient de soixante-dix ans ». Quand les soixante-dix ans furent accomplis, un résidu de Juda et de Benjamin revint et s’établit dans le pays (Esdr. 1, etc.). Ils rebâtirent le temple, et relevèrent et réparèrent la cité (Néhémie). L’histoire de ce résidu est touchante et impressive. C’était pourtant un temple vide ; ils n’avaient ni la schékinah (ou la gloire de la présence de Jéhovah), ni l’arche, ni l’urim et le thummim. Ils ne prétendaient pas à plus que ce qu’ils possédaient, mais firent ce qu’ils pouvaient au milieu des ruines qui les entouraient. Cela n’était pas la restauration nationale, promise par les prophètes ; ce n’était pas non plus l’héritage, selon les promesses faites aux pères. Un résidu seulement de Juda et de Benjamin revint sous le patronage bienveillant de leurs gouverneurs à qui ils étaient encore soumis. « Voici, nous sommes aujourd’hui esclaves, même dans le pays que tu as donné à nos pères pour en manger le fruit et les biens ; voici, nous y sommes esclaves. Et il rapporte en abondance pour les rois que tu as établis sur nous, à cause de nos péchés, et qui dominent sur nos corps et sur nos bêtes, à leur volonté, de sorte que nous sommes dans une grande angoisse » (Néh. 9, 36-37). Quand la restauration nationale prend place, Dieu déclare : « Et je ferai qu’ils seront une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël ; Ils n’auront tous qu’un roi pour leur roi, ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes ». Et encore : « Ils tiendront captifs ceux qui les avaient tenus captifs, et ils domineront sur leurs exacteurs » (És. 14, 2).

Ce résidu de la nation resta dans le pays sous ses oppresseurs jusqu’à la venue de son Messie et Sa présentation comme tel : une petite troupe de disciples seulement s’attachèrent à Lui et Le reçurent comme le Christ ; la masse du peuple refusa de Le recevoir, et choisit un meurtrier à Sa place. Ils furent avertis par Lui qu’Il était venu au nom de Son Père, et que néanmoins ils Le rejetaient ; et que, si un autre venait en son propre nom, ils le recevraient (Jean 5). Dans Son précieux et infatigable amour, Il plaide avec le peuple, lui donne les avertissements les plus solennels, s’émeut pour lui, pleure sur lui — sur ce peuple encore bien-aimé à cause des pères — jusqu’à ce qu’Il est contraint de s’écrier : « Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison va devenir déserte. Car je vous dis que désormais vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur » (Matt. 23, 37-39). L’heure de la sentence d’aveuglement judiciaire et d’endurcissement du cœur, prononcée sept cents ans auparavant par le prophète, mais retenue par longanimité (És. 6, 9-10), était arrivée (Matt. 13 ; Jean 12). Le Père de famille avait envoyé Son propre Fils pour recevoir les fruits de Sa vigne, et les vignerons dirent : « Voici l’héritier, venez, tuons-Le et l’héritage sera à nous ; et l’ayant jeté hors de la vigne, ils Le tuèrent ». Son amour ne cessa pas d’agir même après cela. Le Saint Esprit emprunte les paroles de Jésus sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font », pour les mettre dans la bouche de Pierre en Actes 3, où il dit : « Et maintenant, frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, ainsi que vos gouverneurs ». Repentez-vous et vous convertissez, et même maintenant Il reviendra. Mais ils grincèrent des dents contre Son témoin Étienne, le lapidèrent et envoyèrent par lui un message à Jésus : « Nous ne voulons pas que Celui-ci règne sur nous ». Pourtant, plein de clémence, Il diffère encore jusqu’à Actes 28, où nous trouvons la sentence finale prononcée par Paul : « Le Saint Esprit a bien parlé à nos pères par Ésaïe, le prophète, en disant : Va vers ce peuple, et dis-leur : Vous écouterez de vos oreilles, et vous n’entendrez pas ; et en regardant vous verrez, mais n’apercevrez point. Car le cœur de ce peuple est engraissé ; et ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ont fermé leurs yeux, de peur qu’ils ne voient des yeux, et n’entendent des oreilles, qu’ils ne comprennent du cœur, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse » (Act. 28, 25-27). Il ne restait qu’à accomplir la sentence par les armées de Titus — jusqu’à ce que les villes aient été désolées et qu’il n’y ait plus d’habitants, ni d’hommes dans les maisons, et que la terre soit mise en une entière désolation, et que l’Éternel ait dispersé au loin les hommes, et que celle qu’Il aura abandonnée aura demeuré longtemps au milieu des pays (És. 6, 11-12).

Le grand prophète était venu au milieu de Son peuple ; ils ne voulurent pas L’écouter. Rejeté, Il était allé au ciel pour être sacrificateur, en faveur de ceux qui crurent ; et quand Il reviendra comme Roi, Il unira toutes ces gloires dans Sa propre personne, et Son royaume n’aura pas de fin !

Les temps des Gentils, et leur jugement

Nous avons brièvement esquissé l’histoire passée du peuple d’Israël jusqu’à la captivité babylonienne où fut prononcée sur lui la sentence « Lo-Ammi » (pas mon peuple), où la présence de Jéhovah, ou la gloire, lui fut retirée, et où le gouvernement du monde fut transféré aux Gentils : c’est-à-dire, où « les temps des Gentils » commencèrent[1]. Nous avons aussi suivi l’histoire du résidu de Juda et de Benjamin qui retourna dans le pays pour que leur Messie leur fût présenté, la sentence « Lo-Ammi » n’étant pas encore ôtée, et ne devant l’être qu’après leur complète dispersion et la destruction des cités du pays (És. 6, 10).

Peu avant l’époque où Juda fut finalement emmené en captivité, nous trouvons Dieu envoyant Son prophète à Sédécias occupé à comploter avec les nations voisines en vue de secouer le joug du roi de Babylone, qui exigeait que tant elles que lui se soumissent à son autorité. Voici ce qu’il déclare : « J’ai fait la terre, les hommes et les bêtes qui sont sur la terre, par ma grande force, et par mon bras étendu, et je l’ai donnée à qui bon me semblait. Et maintenant j’ai livré tous ces pays entre les mains de Nebucadnetsar, le roi de Babylone, mon serviteur, et même je lui ai donné les bêtes de la campagne, afin qu’elles lui soient asservies… Soumettez votre cou au joug du roi de Babylone, et rendez-vous sujets à lui et à son peuple, et vous vivrez » (Jér. 27, 5-12). C’est avec cette puissance gentile et celles qui lui succédèrent jusqu’à la fin de leurs temps que nous avons maintenant à faire.

Nous ouvrons le livre de Daniel, et nous y voyons un des captifs hébreux, rendu capable, de par Dieu, de rappeler et d’interpréter le songe du roi gentil qui l’avait oublié (Dan. 2, 31-45). Le songe parlait d’une grande statue dont la tête était d’or ; la poitrine et les bras étaient d’argent, le ventre et les cuisses d’airain, les jambes de fer, et les pieds moitié de fer, moitié de terre. L’interprétation montre que cette statue typifiait le pouvoir gentil depuis le jour du premier roi, Nebucadnetsar, jusqu’à sa fin. Dans son dernier état, une pierre, « coupée sans main », un royaume élevé par Dieu, frappe la statue sur les pieds, c’est-à-dire à la fin de son existence. En conséquence, les parties composées de la statue, alors pleinement formée, sont brisées et consumées par un acte écrasant de jugement, infligé par la pierre. Elles deviennent comme la paille de l’aire d’été que le vent transporte çà et là, en sorte qu’il ne se trouve plus aucun lieu pour elles. C’est ainsi que la pierre qui exécute cet acte de jugement devient une grande montagne et remplit la terre tout entière. La vision est claire, et n’exige que peu de paroles. La puissance gentile existe sous différentes phases dont chacune est successivement inférieure à la précédente, à mesure qu’elle s’éloigne de la source de sa première autorité, jusqu’à ce qu’un acte de jugement, des plus complets et des plus destructeurs, soit exécuté sur son dernier état, par un pouvoir qui n’est pas confié à des mains humaines, de sorte que tout vestige de la statue disparaît de la scène, et que le pouvoir qui donne le coup s’étend, est exalté, et demeure à toujours.

Babylone était la tête d’or ; sa source était un don de Dieu, comme nous l’avons vu ; son pouvoir absolu et incontestable. « Et à cause de la grandeur que Dieu lui avait donnée, tous les peuples, les nations et les langues, tremblaient devant lui et le redoutaient, car il faisait mourir ceux qu’il voulait, et sauvait la vie à ceux qu’il voulait, et élevait ceux qu’il voulait et abaissait ceux qu’il voulait » (Dan. 5, 19).

Après elle, vint l’empire médo-perse : la poitrine et les bras d’argent, pouvoir composé de deux pouvoirs unis (deux bras), inférieur au premier dans son autorité absolue, en tant que celui qui faisait la loi était lui-même, comme un autre, soumis à cette loi ; « car la loi des Mèdes et des Perses est irrévocable ».

La troisième puissance, d’airain, l’empire grec, était plus inférieure encore, ainsi que la quatrième qui était de fer, et le fer mêlé de terre dégénère davantage encore.

Le grand point qu’il s’agit pour nous de comprendre, c’est que la grande puissance donnée au roi gentil, à laquelle succèdent les autres puissances, telles qu’elles sont typifiées dans la grande statue (qui va se détériorant à mesure que son existence se prolonge), se continue jusqu’à ce que le grand acte de jugement, écrasant, complet, qui a encore à être exécuté, emporte toute cette puissance, n’en laisse pas le moindre vestige, la remplace, et ensuite remplit toute la terre. Je dis : « qui a encore à être exécuté », parce que, communément, on entend, mal à propos, de l’évangile, ce royaume qui doit détruire tous les autres et puis remplir toute la terre. La grâce, ou l’évangile, n’est jamais représentée dans l’Écriture comme opérant une œuvre pareille. En premier lieu, la statue n’existait pas dans l’état typifié par les pieds, au commencement du jour de l’évangile. Ensuite, c’est sur eux que le coup est frappé, ce qui est un acte écrasant de jugement et non pas de grâce. Et en troisième lieu, c’est le premier acte de la pierre, un acte de jugement, avant qu’elle commence à grandir et à remplir toute la terre. Ceci n’est dit qu’en passant, comme le but de ces articles est plutôt d’établir la vérité, en suivant ces puissances gentiles jusqu’à leur fin, que de combattre l’erreur.

Nous arrivons maintenant à Daniel 7, où ces quatre grandes puissances sont représentées sous la forme de quatre bêtes féroces. De la vaste mer des passions et des ruses humaines qui flottaient sans ordre dans le monde, montèrent, sous l’action des luttes que se livraient les quatre vents des cieux, quatre bêtes féroces, ou quatre royaumes. La première, semblable à un lion, roi parmi les animaux de la terre, avec des ailes d’aigle, chef des oiseaux : puissance rapide dans son vol, et s’élevant au-dessus des autres puissances de la terre. Nous savons que c’était la première des quatre grandes monarchies : Babylone (Dan. 1, 1 ; 2, 37-38).

Suit une autre bête féroce — l’empire médo-perse qui succéda à Babylone (voir chap. 5, 28, 30, 31).

Puis une troisième — l’empire grec formé par Alexandre-le-Grand, qui suivit le royaume médo-perse et qui fut divisé ensuite en quatre têtes (chap. 8, 21, 22).

La quatrième, différente de toutes les autres, et pourtant participant des qualités ou matériaux de toutes (Apoc. 13, 2), excessivement forte, dévorant, brisant et détruisant tout ce qui restait, et ayant aussi dix cornes. C’est avec ce quatrième empire que nous avons tout particulièrement à faire. Le chapitre que nous méditons s’en occupe spécialement. La quatrième grande puissance était Rome qui remplaça l’empire grec après qu’il fut divisé en quatre têtes (chap. 7, 6 ; 8, 21, 22). Cette puissance impériale est introduite dans le chapitre 11 par l’ancien nom de ce qui l’entourait, de son centre, Rome. Nous lisons : « Les navires de Kittim viendront », etc. Nous citons cela tout simplement pour prouver que les quatre royaumes sont nettement et distinctement désignés dans les Écritures, soit par leur nom, soit par les circonstances les concernant respectivement. Cette puissance existait dans toute son étendue et toute la force de son unité dans les jours de Christ, comme nous le lisons dans Luc 2, 1 : « Et… un édit fut publié de la part de César Auguste, portant que tout le monde fut enregistré ». Et c’est avec cette puissance que nous, en tant que chrétiens, appelés d’entre les Gentils, avons surtout à faire.

Dans la deuxième vision du chapitre 7, nous trouvons que la quatrième bête avait dix cornes, et que du milieu des dix cornes sortait une autre corne, devant laquelle il en tomba trois ; et cette corne avait des yeux, expression d’une intelligence et d’un dessein actifs, et une bouche qui disait de grandes choses. Elle prononce de grandes paroles contre le Souverain, harasse les saints du Souverain en combattant contre eux, pense à changer les temps (fêtes juives) et les lois (cérémonies) jusqu’à un temps, des temps et la moitié d’un temps (trois ans et demi). Des trônes sont élevés, et l’Ancien des jours s’assied : la domination de la petite corne est ôtée (elle personnifie la bête à la fin de son existence, prenant la tête parmi les autres cornes, et ainsi devient l’expression du tout) et son corps détruit, et livré aux flammes. Le jugement est alors donné aux saints du Très-haut (les saints célestes ; « ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? » 1 Cor. 6, 1, 2), et les saints possèdent le royaume terrestre. « Venez les bénis de mon Père hériter le royaume réservé pour vous depuis la fondation du monde » (Matt. 25). Nous trouvons ensuite dans une autre vision le royaume du Fils de l’homme substitué à celui de la quatrième bête (l’Ancien des jours est le Fils de l’homme Lui-même, voyez verset 22) personnifié dans la petite corne qui monte la dernière parmi les autres cornes.

Ces questions s’élèvent maintenant : 1° Le quatrième royaume n’a-t-il pas cessé d’exister depuis longtemps dans sa vaste puissance de fer ? 2° A-t-il jamais revêtu les traits présentés par les dix cornes ? 3° A-t-il jamais fait ce qui lui est attribué au verset 25 ?

Ces questions seront résolues d’une manière satisfaisante par d’autres passages des Écritures. Nous ouvrons Apocalypse 13, et nous y voyons une bête sauvage que le prophète voit s’élever de la mer. Elle participait aux traits caractéristiques des trois bêtes précédentes de Daniel 7 ; mais un autre trait est ajouté aux autres, savoir, que le dragon lui donna son pouvoir, son siège et une grande autorité. Elle n’avait pas cela auparavant. Elle avait sept têtes et dix cornes — sept formes de gouvernement, et dix divisions dans son pouvoir administratif. Jean vit une de ces têtes blessée, lui semblait-il, à mort, mais la blessure mortelle fut guérie. Il n’y a aucun doute que cette tête était sa forme impériale qui a longtemps cessé d’exister : quelques-uns croient, pour toujours, que la blessure était mortelle. Mais la blessure, mortelle en apparence, fut guérie, et toute la terre en est dans l’admiration, et ils l’adorent, et, par elle, Satan qui lui a donné son pouvoir, son siège et une grande autorité, et ils disent : « Qui est semblable à la Bête ? et qui pourra combattre contre elle ? ». C’est là évidemment la petite corne de Daniel 7, car les mêmes faits lui sont attribués. Mais, dans l’Apocalypse ceci est ajouté : que, lorsque elle revient à la vie, elle est la pleine expression et l’instrument de Satan, car nous lisons (comme en Daniel 7) qu’il lui fut donné une bouche qui prononçait de grandes choses et des blasphèmes, et que le pouvoir lui fut donné pour faire la guerre durant quarante-deux mois (trois ans et demi). Elle blasphème contre Dieu et contre son tabernacle, et contre ceux qui habitent dans les cieux, « les saints des lieux célestes », et fait la guerre aux saints qui sont sur la terre et les surmonte. — Daniel 7 nous fait savoir jusqu’à quelle époque.

En allant à Apocalypse 17, dans l’explication donnée au prophète de la vision nous trouvons la même bête qui « était et qui n’est pas ». Elle avait existé dans sa vaste unité impériale, le quatrième royaume de Daniel 7 ; elle avait cessé d’exister et sortira du fond de l’abîme ; elle apparaîtra de nouveau, mais, en apparaissant, elle sera la pleine expression de Satan. — Le dragon lui donna sa « puissance, son siège et une grande autorité » (chap. 13, 2).

Mais passons à sa description sous sa dernière forme. « Il y a sept rois », sept formes de gouvernement dans l’empire latin. « Cinq sont tombés », cinq avaient disparu quand le prophète écrivait ; « un est », elle existait alors. Une autre forme, encore à venir, devait s’élever et subsister peu de temps. Puis la Bête qui était et pourtant avait cessé d’exister — serait une huitième forme et toutefois des sept. Il y aurait maintenant un trait expliqué quant aux dix cornes, n’appartenant pas à son précédent état d’existence. Les dix cornes sont dix rois ; ils n’avaient pas alors reçu de royaume, ils n’appartenaient pas à ses antécédents de vaste unité impériale, mais apparaîtraient et recevraient la puissance à la même époque que l’empire, lorsqu’il existerait de nouveau sous sa forme finale. Ils seraient d’un même sentiment et donneraient leur pouvoir et leur force à la bête ; chacun aurait son existence distincte, et pourtant ils reconnaîtraient la bête, comme leur chef — l’expression du tout. Ceux-ci font la guerre contre l’Agneau et Il les vainc. Nous trouvons leur fin dans le chapitre 19. Le cavalier monté sur le cheval blanc s’avance avec les armées célestes, au dernier défi, audacieux et blasphématoire, jeté à Son autorité ; et la bête et ces rois sont assemblés pour faire la guerre contre Celui qui est assis sur le cheval et contre Ses armées ; et la bête fut prise et « jetée vivante dans le lac ardent de soufre et de feu » ; ses armées aussi sont judiciairement tuées.

Nous avons un point à remarquer pour expliquer la présence de Satan sur la terre lors de cette dernière scène, quand il donne son pouvoir à la dernière forme de l’empire latin, trois ans et demi avant l’exécution du jugement qui introduit le royaume du Fils de l’homme. Pour cela, nous recourons à Apocalypse 12. Là, nous trouvons le Fils mâle (Christ et Son corps, l’Église) enlevé vers Dieu et Son trône, ce qui est immédiatement suivi de la guerre dans le ciel. Satan est jeté sur la terre, des réjouissances s’en suivent dans le ciel ; malheur est prononcé sur les habitants de la terre, « car le diable est descendu vers vous étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps »[2]. Il tourne alors sa malice contre les saints juifs d’en bas, qui sont alors les objets de l’attention de Dieu ; il donne son autorité et son pouvoir à la bête pour les mille deux cent soixante jours jours ou quarante-deux mois, ou un temps, des temps et la moitié d’un temps, avant la fin de l’existence de la bête.

Résumons brièvement ce que nous avons recueilli des Écritures, c’est-à-dire, l’histoire des puissances gentiles, depuis son commencement jusqu’à sa fin.

Nous avons vu s’élever quatre grands royaumes commençant par celui de Babylone qui tenait son pouvoir directement de Dieu, et suivi par celui des Médo-perses, celui des Grecs et celui des Romains ; ce dernier existait quand Jean écrivait son livre, et continua pendant quelques centaines d’années avec plus ou moins de son autorité de fer. Il fut ensuite brisé en plusieurs royaumes, et continua ainsi pendant un temps assez long. Trois ans et demi avant la fin de la puissance des Gentils, Satan est jeté hors du ciel. Puis l’empire latin, en apparence détruit et oublié pendant si longtemps, est restauré, mais sous une forme nouvelle ; non pas sous celle de son ancienne imposante unité de pouvoir de fer, mais sous celle de sa division en différents royaumes qui s’unissent pour reconnaître pour chef un homme d’entre eux, auquel ils donnent leur pouvoir et leur force. Satan fait de lui son facile instrument, et le monde est dans l’admiration et adore. Ce chef blasphème contre Dieu ; et comme Satan ne peut plus accuser les saints dans les lieux célestes, il fait blasphémer contre eux ses instruments. Il tourne sa rage, par le moyen de ce chef, contre le peuple juif, alors rassemblé dans son pays ; et finalement il le conduit à tourner son cœur en rébellion ouverte contre Christ qui vient prendre possession de Son royaume terrestre et mettre fin à l’empire gentil. Ce chef et ses rois se rassemblent contre le Roi des rois et contre Ses saints célestes, et la fin de la bête est l’étang de feu et de soufre.

Nous avons suivi, sans nous écarter beaucoup de notre sujet, l’histoire des empires gentils jusqu’à leur fin, nous arrêtant surtout aux traits que revêtira le quatrième empire quand il reviendra à la vie comme puissance impériale, trois ans et demi avant la fin de son existence, lorsque, dans la personne de son chef, il sera l’expression claire et complète du pouvoir diabolique. Possédé par Satan, il sera incité à la rébellion contre Dieu et Son Christ, et ainsi sera détruit.

Mais, chers amis, rappelons-nous qu’en considérant l’histoire passée d’Israël, nous avons vu que, lorsque Jésus fut présenté aux Juifs à Jérusalem, Il fut rejeté et reçu seulement par une petite troupe de disciples, et qu’Il leur dit qu’Il était venu au nom de Son Père, et qu’ils ne voulaient pas Le recevoir, et que si un autre venait en son propre nom ils le recevraient. Maintenant, pendant le temps de la crise de l’histoire du monde, synchronique, comme nous l’avons vu, avec les trois ans et demi du plein développement de l’iniquité, de la malice de la Bête, les Juifs auront été de nouveau réunis dans leur pays dans un état d’apostasie. Les Écritures nous montrent pleinement qu’un faux Christ se présentera à eux à cette époque, et qu’il sera reçu par la masse du peuple et rejeté par un résidu de fidèles — le contraire précisément de ce qui arriva dans les jours du Seigneur Jésus. Ce personnage est le lien d’union entre la puissance gentile dans un état d’apostasie et de révolte et les Juifs dans un semblable état. Christ fut présenté à Pilate comme au représentant de la quatrième monarchie, et à Caïphe qui représentait, à cette époque, la nation juive. Tous deux s’unirent pour Le crucifier. À la même époque Il fut rejeté par la masse des Juifs et reçu par une petite troupe de disciples. À la fin de l’existence de la quatrième monarchie dans son état ravivé, ce faux Messie apparaîtra ; la masse des Juifs, de retour dans le pays, le recevra, et il sera reconnu par la tête impériale de l’empire latin restauré dans la dépendance de laquelle il jouera son rôle ; mais il sera rejeté par un petit résidu de fidèles dont Dieu forme le cœur, à travers une tribulation sans exemple, pour le royaume prêt à être substitué à celui de la Bête quand le jugement aura été exécuté.

Après avoir ainsi brièvement introduit ce faux Messie nous suivrons, par ordre, les passages des Écritures qui parlent de lui. Il est introduit en Daniel 11, 36-39, et nous ferons remarquer qu’il est dit au prophète dans le chapitre 10, 14, que l’ange lui était apparu pour lui faire comprendre ce qui arriverait aux Juifs dans les derniers jours. Les chapitres 10-12 sont une seule vision et s’occupent de ce sujet ; et le Seigneur Lui-même dans Ses directions aux Juifs en Matthieu 24 fait allusion à cette prophétie (Daniel 12) comme encore à venir ; et après leur avoir dit, que lorsqu’arriverait l’abomination de la désolation ce serait un signe pour le résidu de fuir, Il ajoute : « Immédiatement après ces jours… apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme… venant avec grande puissance et grande gloire ». Nous ne pouvons donc l’appliquer à une autre époque, que l’heure de la grande tribulation ou les mille deux cent soixante jours de la fin, avant l’apparition de Christ, avant le jugement exécuté par Lui et avant l’établissement du royaume (voyez aussi Daniel 12, 11, où trente jours sont ajoutés) et sa substitution à celui de la Bête.

Le roi est introduit tout à coup dans le chapitre 11, 36-39, comme quelqu’un qui possède ce titre aux yeux des Juifs. Il agit selon sa volonté, s’exalte et s’élève au-dessus de tout dieu, profère des choses étranges contre le Dieu des dieux, et prospère jusqu’à ce que l’indignation soit accomplie. Il ne se soucie point du Dieu des Juifs, ni du Messie, ni d’aucun autre Dieu, s’exaltant au-dessus de tous. Il est parlé de « l’indignation », dans Ésaïe 10, 5, 24, 25, où nous trouvons qu’il y a un temps assigné à sa durée.

Nous allons à Apocalypse 13, 11, et nous y trouvons ce personnage présenté de nouveau, comme la seconde bête qui monte de la terre, ayant deux cornes comme un agneau — quelque imitation de Christ, mais sa voix est semblable à un dragon ! Il ne peut écarter la puissance du roi gentil, la bête — cela est réservé à Christ, mais il l’assiste et « exerce devant lui le pouvoir de la première bête » — le pouvoir de Satan, mais subordonné à celui de la bête. « Et il fait de grands miracles, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes », etc. Il imite ainsi le grand pouvoir de Dieu. Sans doute il n’en est pas ainsi, mais seulement à la vue et dans l’opinion de l’homme.

Lisez maintenant Apocalypse 16, 13, 14, où nous trouvons les trois grands associés en méchanceté : le dragon, la bête et le faux prophète, desquels procèdent des esprits impurs pour rassembler les rois de toute la terre habitable, pour la bataille du grand jour du Dieu Tout-puissant.

Dans Apocalypse 19, 20, nous trouvons les deux grands instruments de Satan, la Bête et le faux prophète. La Bête avec ses rois vassaux, comme nous l’avons déjà vu, réunis pour faire la guerre à l’Agneau, le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois. La Bête et le faux prophète trouvent ici leur arrêt. Alliés dans la méchanceté et le blasphème, ils sont alliés dans le jugement. « Ils furent tous deux jetés ensemble dans l’étang de feu embrasé par le soufre ».

Il manque maintenant, bien-aimés, un chaînon dans cette triste et affligeante histoire. Triste et affligeante, en effet, parce que dans le jugement de ces deux personnages nous voyons la fin, d’abord, de celui qui personnifie, à la fin de la domination gentile, l’abus du pouvoir qui avait été remis par Dieu entre les mains de l’homme : rempli de folie morale et d’un impuissant orgueil, il devient le facile instrument de Satan dans les derniers actes de sa méchanceté prodigieuse, jusqu’à ce qu’il soit lié par Christ, dont il avait meurtri le talon, lorsqu’Il était ici-bas et qui maintenant déploie, dans le monde, si longtemps le théâtre de l’action de Satan, les bénédictions qu’Il réussit à procurer à l’homme quand Il descendit dans les sombres domaines de celui qui avait la puissance de la mort. Triste et affligeante aussi quand on pense que les esprits des hommes, toujours prêts à recevoir le plus grossier mensonge de Satan, et toujours prêts à douter de l’amour de Dieu, à la fin deviennent tellement abrutis par la méchanceté et l’aveuglement moral jusqu’à recevoir un tel individu pour leur Christ. Mais il y a, comme nous l’avons fait remarquer, un chaînon qui manque encore ; je veux dire celui qui fait voir comment cette consommation de méchanceté spirituelle, ce faux Messie devient le lien, comme nous pouvons dire, entre l’histoire de la chrétienté professante et celle des Juifs, à la fin et lors de la crise finale de l’histoire de ce siècle, avant l’introduction d’une économie de bénédiction et de paix. Nous reviendrons encore là-dessus ; mais avant cela nous devons considérer un autre sujet qui intervient durant la grande parenthèse des Gentils, qui remplit l’espace entre l’époque où Israël était le peuple terrestre de Dieu, reconnu et avoué, et celle où ils le seront de nouveau. Ce sujet est « l’appel de l’Église ». Il comprend la seconde venue de Christ pour les siens avant Sa manifestation avec eux, au monde dans le jugement que nous avons considéré en partie ; il comprend ainsi la première résurrection, la résurrection d’entre les morts (dont Christ était les prémices), des saints, « enfants de la résurrection ». Ce sujet, chers amis, est un sujet béni, proche du cœur de Christ — le secret caché en Dieu, le dessein éternel qu’Il s’était proposé dans le Christ Jésus notre Seigneur.

Appel de l’Église et sa gloire

Voici ce que nous lisons dans le psaume 2 : « Pourquoi se mutinent les nations, et pourquoi les peuples projettent-ils des choses vaines ? Les rois de la terre se trouvent en personne, et les princes consultent ensemble contre l’Éternel et contre Son Oint (ou Christ). Rompons, disent-ils, leurs liens, et jetons loin de nous leurs cordes ». Nous trouvons là une confédération entre les Gentils et le peuple d’Israël, les rois et les gouverneurs, pour rejeter l’autorité de l’Éternel et de Son Christ. Ce passage est cité, Actes 4, 24-26, où le Saint Esprit, par la bouche de l’apôtre, le fait suivre de ce commentaire : « Car, en effet, dans cette ville, contre ton saint Fils Jésus que tu as oint, se sont assemblés, et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et le peuple d’Israël pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites ». Il fut présenté aux Juifs et aux Gentils, aux gouverneurs et aux rois comme Roi en Sion et fut rejeté. L’Éternel est présenté dans ce psaume comme se riant de leur rage impuissante : « Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux ; le Seigneur s’en moquera ». Et malgré toute leur rage et leur réjection de Christ, Dieu dit : « J’ai sacré mon Roi sur Sion, la montagne de ma sainteté ». Ils avaient beau faire, ils ne pouvaient empêcher Son dessein. Maintenant tout en étant pleinement convaincus que ce fut à la croix que les Juifs rejetèrent entièrement le Christ comme leur Messie, quand ils dirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César », pourtant, lorsque nous examinons les récits évangéliques, nous trouvons que l’esprit qui se montra si pleinement hostile à la croix, s’était manifesté de différentes manières, spécialement parmi les gouverneurs et les principaux de la nation, pendant le ministère du Seigneur au milieu d’eux. C’est ce qui L’engagea, après avoir annoncé la nouvelle économie qu’introduirait Sa réjection, à défendre à Ses disciples de dire encore qu’Il fût le Christ (il n’y avait plus aucun bien à retirer de ce témoignage parmi le peuple, c’est-à-dire, de Ses droits comme Messie). Il ajoute immédiatement : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté des anciens, et des principaux sacrificateurs, et des scribes, et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour ». Consultez Matthieu 16, 20, 21 ; Luc 9, 20-22 qui contiennent, je n’en doute pas, la vérité qui nous occupe. En considérant le psaume 8, en connexion avec d’autres sujets, nous avons vu qu’il y avait un Fils de l’homme à qui fut dévolue sur toute la terre la domination qu’Adam avait perdue par le péché. Nous avons vu que ce Fils de l’homme était le Seigneur Jésus Lui-même, selon que Hébreux 2 nous avertit qu’Il jouira de Son héritage dans un âge à venir. Le Seigneur se donne à Lui-même ce titre conformément à ce psaume, après Sa réjection comme Roi en Sion conformément au psaume 2, le prenant dans la résurrection. Il prend la domination et l’héritage avec son fardeau de péché et de culpabilité, et Il en hérite, non seulement comme Lui appartenant de droit, mais aussi en vertu de la rédemption. Il le prend comme l’héritier — Rédempteur. « Nous ne voyons pas encore, dit Hébreux 2, toutes choses sous lui, mais nous voyons Jésus… couronné de gloire et d’honneur ». Les hommes disent : « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous ». Dieu dit : « Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour ton marchepied ».

Nous allons à Éphésiens 1, et là nous voyons que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ (regardé ici comme homme exalté et glorifié) avait ressuscité Jésus d’entre les morts et « l’a fait asseoir à Sa droite, dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et Il a assujetti toutes choses sous Ses pieds ; et l’a donné pour être chef sur toutes choses à l’Église, qui est Son corps, et la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Ici, nous Le trouvons ressuscité et assis dans les lieux célestes comme homme glorifié, toutes choses n’étant pas encore visiblement mises sous Ses pieds ; mais Son titre est déclaré ; et, tandis que comme héritier présomptif, Il est assis là, nous apprenons qu’une œuvre se poursuit pour vivifier, ressusciter et faire asseoir ensemble en Lui, le second Adam, dans les lieux célestes, les cohéritiers de Sa gloire. Plus nous méditons sur la profondeur et la magnificence de cette œuvre et plus nous la sondons, plus nous sommes humiliés jusque dans la poussière à la vue des « richesses immenses de Dieu ». Des paroles humaines ne peuvent que faiblement exprimer des pensées justes sur une œuvre qui prend les Madeleines, les rejetés, les méprisables, perdus et dégradés par le péché, et les place dans la même gloire que le Fils de Dieu ! Non seulement Il les bénit par Lui et par Son œuvre divine sur la croix, mais avec Lui, leur conférant toute la dignité, toute la gloire, tout l’honneur conférés à Christ Lui-même, comme Fils de l’homme ressuscité, exalté et glorifié ! Et pourtant une œuvre dans laquelle Dieu est glorifié, et dans laquelle Il montre aux armées célestes, les fruits de Sa propre précieuse grâce !

Cela est bien propre à renverser toute prétention de l’homme à raisonner sur ces choses ! Regardant à ce que nous sommes, nous sommes prêts à nous écrier : « Comment ces choses se peuvent-elles faire ? ». Mais, si nous regardons à Dieu et à Son dessein pour la gloire de Son Fils, nous voyons que nous servons à manifester aux principautés et aux puissances, dans les lieux célestes, et à leur enseigner la signification du mot « grâce » ! Puissions-nous apprendre à nous taire et à soumettre nos cœurs à Celui qui fait toutes choses bien !

L’épître aux Éphésiens est la portion de l’Écriture qui fait ressortir pleinement ces choses. Nous trouvons là le dessein de Dieu et l’exécution de ce dessein ; Ses propres conseils et le bon plaisir de Sa volonté nous y sont révélés ; Lui-même étant la source des bénédictions, Son Fils Jésus Christ la mesure de ces bénédictions, et nous-mêmes, par nature morts en fautes et en péchés, les objets de ces bénédictions.

Mais continuons. Nous nous sommes arrêtés quelques instants sur cette œuvre qui se poursuit, tandis que la Tête est assise dans les cieux — vivifiant et unissant à Lui les cohéritiers. Cela est l’œuvre du Saint Esprit depuis Sa descente à la Pentecôte. Maintenant, il est pleinement reconnu que la régénération a été la même dans tous les âges et dans toutes les dispensations. Des pécheurs, depuis la chute de l’homme, ont été vivifiés par le Saint Esprit, et amenés à se confier dans les promesses de Dieu pour le salut, par un Rédempteur futur, faiblement aperçu dans les types et les ombres de l’ancienne alliance. Toutefois, les saints étaient vivifiés ; ils espéraient et mouraient dans la foi, et ils étaient sauvés. Mais le salut individuel n’est pas l’Église de Dieu. Tout membre de cette Église, sans doute, est un sauvé ; pourtant, collectivement, ils occupent une place, comme nous le verrons, au-delà de tout ce qui avait précédé, et particulière à la dispensation dans laquelle nous vivons. Il était réservé au jour où le Seigneur Jésus — rejeté, crucifié, mort, enseveli, ressuscité, élevé et assis à la droite de Dieu non seulement comme Fils unique et éternel de Dieu, mais comme homme glorifié — aurait pleinement accompli la rédemption dans Sa propre personne, aurait aboli le péché par le sacrifice de Lui-même, aurait glorifié Dieu parfaitement quant au péché, se serait substitué à Son peuple sur la croix, et se serait assis bien au-dessus de tous les cieux, il était réservé, dis-je, à une telle époque de faire ressortir le mystère qui était caché dès les siècles en Dieu — le mystère de Christ et de l’Église.

Nous trouvons la première mention de cette œuvre en Matthieu 16, où le Seigneur en annonce la fondation en Lui-même comme Fils du Dieu vivant. Il parle de l’Église comme d’une chose future. Il dit, lorsque Pierre Le confessa comme le Christ, Fils du Dieu vivant : « Sur ce rocher, je bâtirai mon assemblée ». L’apôtre apprend, plus tard, la vraie signification du fondement déclaré ici, quand, par l’Esprit, il dit : « Duquel vous approchant comme d’une pierre vivante… vous aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés pour être une maison spirituelle, etc. ». Ceci toutefois est en passant, car c’est au ministère de Paul, et à son ministère seul, qu’est confiée la révélation du mystère de Christ et de Son corps. Le Seigneur Lui-même ne le révèle pas. Il avait des disciples pendant Son ministère ici-bas, mais non des disciples rassemblés en un corps et unis par le Saint Esprit à un homme glorifié dans le ciel.

Dans les jours du judaïsme, c’était une chose contraire à la loi, qu’un Juif eût des relations avec ceux d’aucune autre nation. Il était séparé de toutes les nations de la terre, pour Dieu. « Je vous ai connus vous seuls de toutes les familles de la terre », dit Dieu par la voix de Son prophète.

Quand il nous arrive de considérer la vie du Seigneur et Son ministère ici-bas, nous trouvons qu’Il allait constamment au-delà du mur mitoyen de clôture qui entourait l’enceinte juive, dans l’effusion de Sa propre grâce bénie envers ceux qui n’avaient aucune relation avec Dieu, même d’une manière extérieure. Témoins la femme cananéenne dans Matthieu 15, et la femme de Samarie dans Jean 4. Il était le serviteur de la circoncision pour la vérité de Dieu, afin de confirmer les promesses faites aux pères, et afin que les nations glorifient Dieu pour la miséricorde (Rom. 15, 8, 9). Pourtant le mur mitoyen de clôture ne fut réellement détruit qu’à la croix, quelle que fût d’ailleurs la manière dont le Seigneur témoignât, par Ses actes, de ce qui allait arriver. Nous trouvons les positions respectives du Juif et du Gentil mises fortement en contraste dans les passages suivants : « Qui sont Israélites, auxquels sont l’adoption, et la gloire, et les alliances, et le don de la loi, le service divin et les promesses ; auxquels sont les pères, et desquels, selon la chair, est descendu le Christ, qui est Dieu sur toutes choses béni éternellement. Amen ! » Et encore : « C’est pourquoi, souvenez-vous qu’autrefois vous, les nations dans la chair, qui étiez appelées incirconcision par ce qui est appelé la circoncision faite de main dans la chair, vous étiez en ce temps-là sans Christ, sans droit de cité en Israël, et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et sans Dieu dans le monde » (Éph. 2, 11, 12).

Nous trouvons dans cette dernière épître que l’apôtre parle dans le premier chapitre du dessein et des conseils de Dieu et de la rédemption de Son peuple comme fait accompli, y adjoignant Son dessein ultérieur qui doit être accompli dans « la dispensation de la plénitude des temps », quand toutes choses auront été réunies en un dans le ciel et sur la terre sous Sa domination, et quand ceux qui croient auront obtenu héritage avec Lui et en Lui dans ces choses. Il continue en montrant que la Tête qui avait été dans la mort (il ne Le voit qu’ainsi) était de nouveau vivante, ressuscitée et glorifiée, Chef de toute principauté, etc., donnée comme Tête sur toutes choses, à l’Église qui est Son corps. Dans le chapitre 2, il voit tant les Juifs que les Gentils, morts dans les transgressions et dans les péchés, comme enfants du premier Adam. Dans les versets 1 et 2, il montre ce qu’étaient les Gentils ; puis, se tournant vers les Juifs favorisés, il écrit : « Parmi lesquels nous aussi et… étions des enfants de colère comme les autres ». Telle était la portion, par nature, tant du Juif que du Gentil. Nous continuons et nous voyons que Christ « des deux en a fait un, ayant détruit le mur mitoyen de clôture, et ayant aboli dans Sa chair l’inimitié, la loi des commandements, qui consiste en ordonnances, afin qu’il créât les deux en Lui-même, pour être un seul homme nouveau en faisant la paix, et qu’Il les réconciliât tous les deux en un corps à Dieu par la croix, ayant tué en elle l’inimitié ».

Il pouvait y avoir, et il y avait, comme nous l’avons vu, salut pour les individus avant la croix et en vertu de ce qu’accomplirait le Christ ; mais la croix elle-même est le fondement de cette unité de Juifs et de Gentils en un même corps. « Et étant venu, il a annoncé la bonne nouvelle à vous qui étiez loin, et à ceux qui étaient près. Car, par Lui, (Christ) nous avons (Juifs et Gentils) accès auprès du Père par un seul Esprit » (Éph. 2, 17, 18). Ici nous apprenons la puissance de cette unité dont la croix était la base. Le Saint Esprit donc est la puissance par laquelle cette unité est formée. Maintenant nous admettons tous que tout ce qui a jamais été fait de bien et selon Dieu dans ce monde, provenait du Saint Esprit. Mais, chers amis, cette unité était réservée pour le jour où les saints de Dieu, en vertu d’une rédemption accomplie, auraient leurs consciences si parfaitement purifiées que Dieu pourrait venir et habiter par le Saint Esprit le corps du croyant, et où le Saint Esprit serait pleinement donné comme Il l’a été dans cette dispensation depuis le jour de la Pentecôte.

Nous ne trouvons pas dans l’expérience — même d’un David, la possession d’une conscience purifiée. Il y avait un abandon et une confiance en Dieu des plus bénis et des plus parfaits, mais une conscience purifiée ne s’y trouve jamais. Cette bénédiction était réservée pour le jour où le péché, aboli à la croix, en rendrait la jouissance possible.

Nous lisons, dans Jean 14, que le Seigneur, avant Son départ, promet à Ses disciples le Saint Esprit comme Consolateur. Il dit : « Et je prierai le Père et Il vous donnera un autre Consolateur (Christ l’était tant qu’Il resta avec eux) pour demeurer avec vous éternellement… Il… sera en vous ». « En ce jour-là (quand Il sera venu) vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous ». Telles étaient la connaissance et l’expérience que devait communiquer la présence personnelle du Saint Esprit. En Jean 7, 37-39, nous apprenons que Sa présence comme tel était une chose nouvelle, et que, quoiqu’il y eût des croyants avant Sa descente, pourtant c’était à des croyants comme tels, qui avaient été constitués tels, par Sa puissance vivifiante, que le Saint Esprit devait être accordé : « Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là, et cria, disant : Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. (Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en Lui ; car l’Esprit Saint n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié) ». Nous en trouvons un exemple dans Actes 19. Longtemps après le don du Saint Esprit, au jour de la Pentecôte, nous voyons Paul qui trouve à Éphèse certains disciples. Il leur demande : « Avez-vous reçu le Saint Esprit après avoir cru ? ». Ils répondent : « Nous n’avons pas même ouï dire si l’Esprit Saint est » (comparez Jean 7, 39 où le mot donné n’a que faire). Il demande encore : « De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? ». Ils répondent : « Du baptême de Jean ». Paul dit : « Jean a baptisé du baptême de la repentance, disant au peuple qu’ils crussent en Celui qui venait après lui, c’est-à-dire dans le Christ Jésus ». Il trouve là une compagnie de disciples, croyants, pour autant du moins qu’ils avaient entendu la vérité, mais qui n’avaient pas encore reçu le Saint Esprit. Loin du centre où le don de l’Esprit avait été accordé à la Pentecôte, ils n’avaient pas encore ouï dire s’Il était venu ; non pas « s’il y en avait un ». La version française ordinaire est fautive ici, et pourrait conduire à de fausses conclusions. « Aussitôt qu’ils eurent ouï ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus ; et lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint Esprit vint sur eux ».

Nous cherchons à montrer que le grand trait distinctif entre l’état du croyant individuel sous la dispensation du Saint Esprit, et du saint sous l’ancienne dispensation, c’est que maintenant il reçoit le Saint Esprit en lui, pour y habiter ; que, être « dans l’Esprit » est l’état propre de son existence comme chrétien, et le lien qui l’unit avec Christ ressuscité : nous reviendrons sur les bénédictions collectives.

Dans l’exemple cité, il y eut l’imposition des mains par l’apôtre ; mais, sans aucun doute, Dieu nous montre qu’il y a une chose double — la puissance vivifiante et la demeure dans le croyant du Saint Esprit, la dernière appartenant spécialement à l’époque actuelle.

Bon nombre d’enfants de Dieu ne voient pas cela, et c’est ce qui explique en grande partie la faiblesse de leur état. Ils pensent que le christianisme est une espèce de judaïsme spiritualisé, et que l’état des saints est le même qu’avant la descente du Saint Esprit. En conséquence, vous trouvez sur les lèvres d’un grand nombre la prière de David : « Ne m’ôte pas ton Saint Esprit » ; tandis que d’autres prient constamment pour que le Saint Esprit soit répandu sur eux. Mais le moins intelligent des saints à qui le christianisme comme tel a été enseigné ne pourrait plus employer de telles prières. Il sait que maintenant il reçoit le Saint Esprit, de même qu’il reçoit la vie éternelle, par la foi et comme conséquence de la rédemption, ainsi que l’apôtre demande aux Galates qui se mettaient sous la loi : « Avez-vous reçu l’Esprit par des œuvres de loi, ou par la prédication de la foi ? » et encore : « Afin que nous reçussions la promesse de l’Esprit par la foi ». Sans doute qu’un chrétien, et c’est triste à dire, peut par son infidélité contrister entièrement le Saint Esprit, et même Le contrister tellement qu’il en vienne presque jusqu’à croire qu’il ne L’a jamais reçu du tout ; mais il ne saurait dire avec la moindre intelligence du christianisme : « Ne m’ôte pas ton Saint Esprit ». Dans Romains 8, l’Esprit est le principe de notre relation avec Dieu ; Il constitue le lien entre le croyant et Christ, et c’est là seulement qu’est la vie chrétienne (la vie dans l’Esprit) qui dépend de la rédemption accomplie.

Ceci est un fait reconnu, comme étant le cas dans tout l’enseignement apostolique à l’Église. Dans Éphésiens 1, 14, Il est donné comme le sceau de la rédemption et les arrhes de l’héritage promis, jusqu’à sa rédemption hors des mains de l’ennemi, le prix de son rachat ayant été payé. Dans aucune autre épître, les gloires officielles du Saint Esprit ne sont aussi vivement dépeintes que dans celle-ci qui révèle l’appel céleste de l’Église de Dieu. Dans le chapitre 1, 13, Il est le sceau de la rédemption. Dans le chapitre 2, 18, Il est le moyen d’accès du Juif et du Gentil, constitués en un corps, auprès du Père par Jésus Christ. Verset 22, Dieu habite dans l’assemblée, sur la terre, par Son Esprit. Au chapitre 3, 16, Il fortifie les saints dans l’homme intérieur, les rendant capables de se saisir et de jouir de leurs positions et de leurs privilèges. Dans le chapitre 4, les préceptes sont fondés sur les doctrines ; il est recommandé aux saints de ne pas contrister le Saint Esprit de Dieu, par lequel ils ont été scellés pour le jour de la rédemption. Dans le chapitre 5, il leur est dit d’être remplis du Saint Esprit. Dans le chapitre 6, Il est la puissance du combat dans les lieux célestes ; et la prière des saints doit être « par l’Esprit ». Il est inutile de multiplier les exemples.

Cela étant établi, nous considérerons les passages qui parlent du corps et de l’unité de l’Esprit. Nous avons vu que le Seigneur, pendant Son propre ministère ici-bas, parle de l’Église comme d’une chose future. Il eut des disciples, mais non des disciples unis en un corps, constituant la « plénitude » d’un homme glorifié dans le ciel, par la puissance de l’Esprit les unissant en un. Telle, et uniquement telle, est l’Église de Dieu. Il était réservé au ministère de l’apôtre Paul de faire ressortir cette grande vérité centrale de l’unité de l’Église. Il nous dit qu’il l’avait reçue « par révélation », et non, par conséquent, d’aucun homme.

Après la réjection du Seigneur et la descente du Saint Esprit, le jour de la Pentecôte, nous voyons l’Église rassemblée à Jérusalem, et principalement composée de Juifs, offrant un merveilleux spectacle au monde qui l’entourait, unis en un cœur et une âme, un temple de Dieu par le Saint Esprit. Le Seigneur, dans Son amour miséricordieux, s’arrêtait encore auprès de Son peuple bien-aimé, quoique rejeté maintenant, pour voir si le témoignage du Saint Esprit à un Christ ressuscité et glorifié ne toucherait pas leurs cœurs. Mais l’inimitié des Juifs et des chefs religieux de la nation ne fit que grandir d’heure en heure, jusqu’à ce qu’elle fût arrivée à son plein développement, quand le sanhédrin (le grand conseil de la nation) grinça des dents sur le témoignage du Saint Esprit à un Christ ressuscité et exalté, dans la personne d’Étienne qui, rempli du Saint Esprit, voit le ciel ouvert, et, lapidé par ses meurtriers, est reçu par le Fils de l’homme « se tenant à la droite de Dieu ». L’église de Jérusalem est rompue dans sa manifestation extérieure et dispersée. Saul de Tarse, le jeune homme aux pieds duquel les meurtriers avaient déposé leurs habits, sur sa route de Jérusalem à Damas, avec l’ordre du souverain sacrificateur dans sa robe, et dans son cœur le dessein d’effacer de la terre, si c’était possible, le nom même de Jésus, est renversé au milieu du jour par la vision de Jésus glorifié et exalté. Il entend proclamer pour la première fois cette vérité merveilleuse, que les pauvres chrétiens persécutés sur la terre, étaient les membres du corps de Christ ! « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?… Je suis Jésus que tu persécutes ». Il se lève, et, sur-le-champ, prêche que Jésus est « le Fils de Dieu ».

La courte période de sa manifestation à Jérusalem ayant pris fin, l’Église prend pleinement sa position céleste dans la pensée de l’Esprit. Tant qu’elle est sur la terre, en quelqu’endroit qu’elle soit localement représentée par des saints réunis au nom du Seigneur par la puissance du Saint Esprit, elle est le tabernacle de Dieu par l’Esprit.

À l’apôtre Paul est commis le témoignage du mystère caché en Dieu dans les âges passés, mais manifesté dans ces temps-ci. Il nous dit qu’il l’a reçu par révélation (Éph. 3, 3). Nous donnerons succinctement quelques-uns de ses témoignages à cet égard. L’épître aux Romains ayant principalement pour but la révélation du christianisme, et de la relation individuelle des saints avec Dieu, et la sagesse de Ses dispensations dans Ses voies envers les Juifs, il n’y est fait qu’une rapide allusion à l’Église, dans le chapitre 12, 4, 5, où Paul écrit : « Car comme nous avons plusieurs membres en un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même action, ainsi, nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun réciproquement des membres l’un de l’autre ». Dans 1 Corinthiens 12, 12-27, ce sujet est présenté d’une manière plus complète. La seule lecture de ce passage serait suffisante : « Car de même que le corps est un et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit », etc. Rien ne peut être plus clair pour l’esprit soumis aux Écritures. Le Saint Esprit est le centre et la puissance vivante de l’unité du corps ; les chrétiens sont « membres de Christ » et membres « les uns des autres ». Comme cela renverse totalement les idées des hommes qui parlent d’être membres de telle ou telle église (comme on dit), ou association religieuse ! L’unité du corps est la seule qu’un chrétien soit tenu de reconnaître, d’avouer et de s’efforcer d’observer de tout son cœur, en témoignant ainsi de l’unité opérée par le Saint Esprit, et qui constitue chaque chrétien membre d’un même corps, et les rassemble pour être soumis à Christ comme Seigneur. Le Saint Esprit, nous pouvons le dire, est la vie qui anime le tout, habitant non seulement dans le croyant individuel, mais collectivement dans le corps. Et, quand les saints sont ainsi rassemblés ensemble, reconnaissant cette unité, et celle-là seule, ils forment la sphère pour la manifestation de Sa présence dans le ministère de Sa parole « distribuant à chacun en particulier Ses dons comme il lui plaît » ; prenant et employant selon Son divin plaisir, ceux qui ont été doués et placés dans l’Église pour la construction et l’édification du corps, et pour le perfectionnement des saints. « Dieu a placé les membres — chacun d’eux — dans le corps, comme Il l’a voulu » (1 Cor. 12, 18). De même Christ quand Il est monté en haut, Il a emmené captive la captivité, « et a donné des dons aux hommes… Et, Lui, a donné les uns, apôtres, les autres, prophètes, les autres, évangélistes, les autres, pasteurs et docteurs, en vue de la perfection des saints », etc.

L’Assemblée est ainsi sur la terre le tabernacle de Dieu par l’Esprit : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Cor. 3, 16). Encore Éphésiens 2, 22 : « En qui aussi vous êtes bâtis ensemble pour une habitation de Dieu par l’Esprit ». Nous considérons maintenant, cela va sans dire, les passages de l’Écriture qui se rapportent à l’Assemblée ici-bas ; d’autres portions, comme nous l’avons fait remarquer, l’envisagent comme corps de l’homme élevé dans le ciel. Les uns et les autres sont vrais. Éphésiens 1 traite du corps de Christ dans le ciel, le chapitre 2 de l’Assemblée sur la terre.

Tel étant l’appel des saints, l’apôtre fonde là-dessus son exhortation en Éphésiens 4, 1-6. Il place d’abord leurs privilèges devant eux, puis envisage leur responsabilité. « C’est pour cela que moi, Paul, le prisonnier de Jésus Christ pour vous Gentils… je vous exhorte à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés… vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps, un seul Esprit… un seul Seigneur ».

C’est à dessein que nous avons passé par-dessus le chapitre 3. Le lecteur peut remarquer dans sa Bible que depuis le verset 2 du chapitre 3 jusqu’au milieu du verset 1 du chapitre 4, le passage en entier est une parenthèse.

Voilà donc ce qu’est l’Église de Dieu — voilà l’unité que nous devons garder : non pas faire une unité pour nous-même, entre les nombreuses fractions qui nous entourent, ni en choisir une qui convienne à notre éducation, à nos pensées, à nos sentiments, à nos circonstances, etc., mais nous appliquer, avec des cœurs soumis à Christ, comme Seigneur, à garder une unité qui a été formée par le Saint Esprit depuis le jour de la Pentecôte — le corps de Christ.

Nous avons dans le même chapitre (Éph. 4) le soin de Christ pour Son corps. Quand Il monta en haut, « Il emmena la captivité captive ». Il était entré dans le domaine de Satan, et avait lié l’homme fort ; mais avant de manifester les résultats de Sa victoire au milieu des hommes dans la bénédiction de la terre milléniale, Il le fait dans Son corps, distribuant des dons aux hommes pour l’affranchissement de ceux que Satan retient captifs, et pour l’édification de ceux qui ont été délivrés, « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ». Quand cette plénitude sera atteinte — le complément du corps pour la tête, il sera enlevé pour être uni, de fait et réellement, à la Tête dans les cieux. Alors viendra la résurrection des saints endormis, et leur enlèvement avec les saints vivants, quand tous seront enlevés à la rencontre du Seigneur en l’air.

Les Écritures abondent en déclarations concernant cette espérance bénie de l’Église. Dans la première des épîtres (1 Thessaloniciens) nous trouvons que, quelque faiblement qu’elle fût comprise, les saints, pourtant, avaient été convertis pour cette espérance bénie. « Vous vous êtes tournés des idoles à Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre du ciel Son Fils ». Ce fut l’espérance placée devant les disciples attristés, comme ils regardaient au ciel après la disparition du Seigneur, en Actes 1, savoir, qu’« Il reviendrait de la même manière ». Les Corinthiens « ne manquaient d’aucun don pendant qu’ils attendaient la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Cor. 1, 7). L’épître aux Éphésiens envisage les saints comme déjà assis dans les lieux célestes en Christ, attendant là le rassemblement de toutes choses lors de la plénitude des temps. Leur bénédiction est dans les lieux célestes, chapitre 1, 3 ; pareillement leur position, chapitre 2, 6 ; leur témoignage, chapitre 3, 10 ; et leur combat, chapitre 6, 12. En Philippiens 3, 20, 21, la bourgeoisie des saints est dans les cieux d’où ils attendent, « comme Sauveur, le Seigneur Jésus Christ qui transformera notre corps vil », etc. En Colossiens 3, 4, la vie des saints est tellement liée à celle de Christ, que, lorsqu’Il est manifesté au monde, ils sont manifestés avec Lui. En 1 Thessaloniciens, l’épître entière est pleine de cette espérance. Dans le chapitre 1 elle est rattachée à leur conversion ; au chapitre 2, aux travaux du serviteur de Christ ; dans le chapitre 3, à la justice pratique et à la sainteté ; dans le chapitre 4, tout le sujet et la manière dont il s’accomplira se trouvent présentés d’une manière détaillée ; le chapitre 5 montre le dessein de l’apôtre pour leur sanctification pratique, et pour qu’ils fussent conservés sans tache pour la venue du Seigneur Jésus Christ. 2 Thessaloniciens rectifie dans le cœur des saints tout ce qui concerne l’espérance à l’égard de laquelle ils avaient été troublés par une fausse épître, et distingue la venue de Christ pour les saints, et leur rassemblement auprès de Lui (leur vraie espérance), de Sa manifestation au monde en jugement, manifestation dans laquelle nous savons par d’autres passages qu’Il est accompagné de Ses saints.

Je m’abstiens de faire d’autres citations sur ce sujet. C’est presque chose triste d’être forcé d’insister ainsi sur une espérance si bénie, auprès du peuple du Seigneur — une espérance dont les livres du Nouveau Testament sont tellement remplis. Chose triste à dire, cela est devenu nécessaire. Même les saints de Dieu se sont imprégnés du mal et de l’esprit mondain du serviteur infidèle qui dit en son cœur : « Mon maître tarde à venir », et des moqueurs des derniers jours qui disent en leurs cœurs : « Où est la promesse de son avènement ? ».

En considérant notre premier sujet — le grand dessein de Dieu — nous avons indiqué les endroits du Nouveau Testament où le psaume 8 est cité. Le premier était Hébreux 2, où « le Fils de l’homme », à qui toute autorité fut donnée, est vu dans le ciel « couronné de gloire et d’honneur », toutes choses n’étant pas encore mises sous Lui, l’autorité suprême devant être goûtée dans la terre habitable à venir. Le second était Éphésiens 1 et 2, où le corps se préparait pour la Tête glorifiée. Le troisième reste encore à citer (1 Cor. 15) : « Car il a mis toutes choses sous ses pieds ». Ceci arrivera, comme l’indique le chapitre, au jour où les paroles d’Ésaïe 24-26 seront accomplies, au jour de la première résurrection. « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés… Or quand ce corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce mortel aura revêtu l’immortalité, alors la parole qui a été écrite s’accomplira : La mort a été engloutie en victoire » (És. 25, 8). Le chapitre tout entier traite de cette résurrection dont Christ fut les prémices ; c’est une résurrection en puissance et en gloire. « Il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire ; il est semé en faiblesse, il ressuscite en force ». Il n’y a aucune allusion dans ce chapitre à la résurrection des méchants. Nous avons déjà fait remarquer brièvement que la restauration de la nation d’Israël aurait lieu à cette époque — le voile sera ôté de dessus toutes les nations. Et ce sera une période de jugement universel tant à l’égard des puissances qui sont sur la terre que de celles qui sont dans les lieux célestes, une période qui introduit au royaume de Dieu en Sion et en la terre renouvelée, royaume dont les saints de la première résurrection hériteront, régnant dans les lieux célestes comme cohéritiers avec Christ En un mot, c’est le temps du « rétablissement de toutes choses ». Cette période du jugement universel est, comme nous pouvons le voir, identique avec ce dont nous avons parlé en considérant « les temps des Gentils », et leur jugement.

Corruption de la chrétienté

Nous avons vu, dans une certaine mesure, la nature et l’unité de l’Église de Dieu, et son appel céleste — l’Église à laquelle Christ a communiqué la gloire qui Lui a été donnée comme homme, par Dieu, le Père, la gloire étant sienne par droit de Fils éternel, aussi bien que par la création. Mais nous ne pouvions participer à Sa gloire qu’à la condition qu’Il devînt homme, et qu’Il prît cette gloire et ce premier rang par-dessus toutes choses, à travers la mort et la résurrection — accomplissant ainsi la rédemption des siens. Combien peu ils entrent et marchent dans la puissance de leur appel céleste et le réalisent ! Bien plutôt, peut-on dire de beaucoup, « ils ont leurs pensées aux choses terrestres ». Ils sont entravés et absorbés dans les poursuites et les desseins de ce monde — « ce présent siècle mauvais », duquel Il a voulu les délivrer par Sa mort (Gal. 1, 4). Ils se conforment à ses voies, à ses vanités, à ses projets plutôt que de suivre un Christ rejeté, contre lequel le monde, sous son prince, s’est uni pour Le jeter dehors, et de déclarer clairement, par leur marche et leurs voies, qu’ils sont étrangers sur la terre et citoyens du ciel, et qu’ils sont de ceux de qui Christ a dit : « Ils ne sont pas du monde comme moi, aussi je ne suis pas du monde » (Jean 17), et l’apôtre : « tel qu’est le céleste, tels les célestes ». Plût à Dieu, qu’il y eût plus de cet intense dévouement personnel, parmi ceux qui sont à Christ — parmi ceux à qui, dans Sa grâce merveilleuse, Il a enseigné la nature et la signification de cet appel céleste, et la vérité de Son Église, Son Épouse — parmi ceux qui sont maintenant dans la place du témoignage de Dieu par Sa propre bonté souveraine ! Plût à Dieu que Son témoignage s’imprimât plus profondément sur nos âmes et nous conduisît à cette séparation intime d’avec le monde, et à un dévouement personnel, individuel, comme témoins ou serviteurs, selon qu’il Lui plaira ! Sûrement, tous peuvent Le servir, dans cette première qualité, tous peuvent être des témoins, si tous ne sont pas des ouvriers. Et sûrement, le témoignage collectif sans le dévouement personnel, ou le dévouement personnel sans le témoignage collectif, est défectueux ; il faut qu’ils aillent ensemble pour être en accord, dans notre faible mesure, avec la pensée et les desseins de Dieu.

Pendant quelque peu de temps, le désir de Christ, « qu’ils soient un… afin que le monde croie ! » (Jean 17, 21) s’accomplit à la première effusion de la joie désintéressée de l’Église le jour de la Pentecôte, lorsque le monde contempla avec étonnement cette grande multitude toute d’un seul cœur, d’une seule âme, ayant toutes choses communes. Mais nous pouvons nous rappeler, qu’après avoir considéré, plus haut, l’essai de l’épreuve faite de l’homme, depuis Éden jusqu’à la croix, nous avons trouvé, qu’éprouvé de toute manière, il avait failli ; voyons maintenant ce que fera l’homme sous la grâce — si une telle position réussira. Ce n’est précisément qu’une autre histoire lamentable, avec cette différence — que, non seulement il a failli, mais qu’il a corrompu, quant à son témoignage dans le monde, ce qu’il y avait de meilleur !

Quand l’Église revêtit pleinement son appel céleste, après la persécution, et la dispersion qui arriva à la mort d’Étienne, nous trouvons Paul suscité par le Seigneur, afin de manifester par lui le véritable appel céleste et la doctrine de l’Église de Dieu — le corps de Christ. Dans les travaux dévoués de l’apôtre, et les Écritures qui nous ont été données par son moyen, nous trouvons qu’il était devenu nécessaire que le Saint Esprit révélât les conséquences qui résulteraient pour l’Église de son témoignage sur la terre, en tant que confié à l’homme. Le mal s’était glissé dès le commencement ; mais aussi longtemps que l’énergie apostolique se trouva là, il fut jugé et tenu en échec. Le judaïsme, les faux frères et des hommes impies se glissèrent parmi ceux qui étaient de vrais disciples ; et même, ceux qui étaient vraiment disciples s’imprégnèrent du mal et de l’esprit du monde. Témoins ces paroles solennelles de Paul aux anciens de l’assemblée d’Éphèse, la scène où tous ceux d’Asie avaient entendu la Parole du Seigneur : « Je sais ceci, qu’après mon départ, il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses, afin d’attirer des disciples après eux ». Et en vue d’un pareil état de choses, il dirige le cœur du fidèle disciple « à Dieu, et à la parole de Sa grâce qui a la puissance d’édifier et de nous donner un héritage avec tous les sanctifiés ». Dieu et la Parole de Sa vérité devaient être sa ressource certaine et infaillible dans ces temps de ruine qui s’avançaient rapidement. À Corinthe, nous trouvons des écoles de doctrine et de sagesse humaines, prendre au milieu d’eux la place de la révélation et de la sagesse divine (1 Cor. 1, 11). Dans l’épître aux Galates, l’influence des prédicateurs de la loi, et des judaïsants, oblige un moment l’apôtre à se demander s’ils avaient réellement abandonné le terrain du christianisme ou non ; pourtant il avait confiance en eux par le Seigneur. Dans les Philippiens, « tous cherchent leurs intérêts et non les choses qui sont de Jésus Christ » (chap. 2, 21) ; et encore : « Car plusieurs marchent, desquels je vous ai souvent dit, et maintenant je le dis en pleurant, qu’ils sont ennemis de la croix de Christ, desquels la fin est la perdition, le dieu desquels est leur ventre, et desquels la gloire est dans leur honte, lesquels ont leurs pensées aux choses terrestres » (chap. 3, 18, 19). Dans les Colossiens, Satan avait réussi à introduire des ordonnances, et la philosophie, et de vaines séductions, d’après les traditions humaines, le manger et le boire et l’observance des jours de fête, de dévotion volontaire et de négligence de la chair. Dans 1 Timothée, nous trouvons les prédicateurs de la loi et les judaïsants, « ne comprenant, ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment », et l’annonce de l’apostasie des derniers temps. En 2 Timothée, la puissance du mal était entrée comme un tel torrent que l’apôtre voit l’Église, pour laquelle il avait travaillé, sur laquelle il avait veillé, qu’il avait bâtie comme un sage architecte — celle que l’Esprit appelle l’habitation de Dieu, « qui est la maison de Dieu, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3, 15), la maison habitée par le Saint Esprit — il la voit, dis-je, toute bouleversée et tombée en ruines, et transformée « en une grande maison dans laquelle il y a des vaisseaux d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; quelques-uns à honneur, mais d’autres à déshonneur ». Dans un tel état de choses, dans les « temps fâcheux » des « derniers jours », il ne reste qu’un sentier pour le disciple fidèle — ne pas être satisfait d’un pareil état, ni se croire capable de relever la ruine, mais se tenir pur des vaisseaux à déshonneur, et marcher avec les fidèles qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur (chap. 2, 20-22). Et encore, l’apôtre exhorte l’âme du fidèle à se tourner vers les Écritures de Dieu, comme profitables à tous et à chaque difficulté, afin qu’il puisse être « parfaitement instruit pour toute bonne œuvre ». L’avertissement du chapitre 3, 1-5 contre ce qui, tout en portant le nom de chrétienté et tout en ayant devant les yeux des hommes le caractère de la sainteté, abrite les traits les plus affreux du cœur corrompu de l’homme, cet avertissement, dis-je, est si profondément solennel, que les termes sont presque littéralement les mêmes, et moralement les mêmes, que ceux dont l’apôtre se sert pour décrire la corruption et la dégradation morale du monde païen à la fin du chapitre 1 de l’épître aux Romains. Il y a aussi l’énergie active du mal dans ceux qui, « réprouvés quant à la foi, séduisent et sont séduits ». L’homme de Dieu devait se retirer de telles gens, les abandonnant au jugement de Dieu. En Tite, nous trouvons les discoureurs déréglés et les séducteurs étendant partout leur funeste influence. 2 Pierre témoigne aussi contre les mauvaises influences à l’œuvre parmi les saints ; Jude signale l’apostasie à partir de l’époque où de certains hommes impies se glissèrent « jusqu’à ce que le Seigneur vient avec ses saints pour exécuter le jugement contre tous ». Dans le verset 11, nous avons un sommaire de l’apostasie de l’homme naturel, « le chemin de Caïn » ; l’enseignement de l’erreur pour un salaire et l’emploi de la vérité pour des fins corrompues, « l’erreur de Balaam » ; et, finalement, le terme où aboutit l’apostasie, « la contradiction de Coré ». Il faut se rappeler que ceci était la révolte des Israélites à l’instigation du Lévite Coré contre l’autorité de Christ dans Sa royauté, représentée par Moïse, et dans Sa sacrificature, représentée par Aaron. Les Lévites recherchèrent la sacrificature (« que vous recherchiez encore la sacrificature ? » Nombres 16) et furent les instigateurs de la révolte des simples Israélites. Et il en a été toujours ainsi ; le mal ecclésiastique a toujours entraîné le pouvoir civil à la rébellion. Voyez la révolte d’Absalom contre David : celui qui en fut la source et l’énergie, c’est le conseiller d’Absalom, Akhitophel, qui était un sacrificateur (voyez 2 Sam. 15, 12). Et il en est de même à la fin : une bête, et un faux prophète qui suit l’autre de près, et exerce « tout le pouvoir de la première bête devant elle, et fait que la terre et ceux qui habitent sur elle, rendent hommage à la première bête dont la blessure mortelle a été guérie » (Apoc. 13). Telle a été la corruption dès les commencements de la chrétienté. Ceux qui auraient dû occuper la position du Lévite, c’est-à-dire, ceux qui furent envoyés dans l’Église pour travailler pour le Seigneur, au lieu de conserver la place de Lévite, reconnaissant que tous les enfants de Dieu sont sacrificateurs, et par cela même ont le droit d’entrer dans le lieu très saint (1 Pier. 2, 5, 9), se sont arrogé la position ecclésiastique ou sacerdotale comme médiateurs entre Christ et Son peuple ; et cela n’est pas limité au mal plus grossier et aux corruptions de Rome, mais le principe est le même dans toute la chrétienté, quoiqu’il ne soit pas développé partout dans la même mesure. Ces deux épîtres, la seconde de Pierre et celle de Jude — témoignent l’une et l’autre du rejet de la seigneurie de Christ. Les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse nous donnent, à des degrés successifs, les phases différentes du développement du mal dans l’Église envisagée dans sa position de témoignage ici-bas, depuis l’abandon de son premier amour jusqu’au moment où elle est menacée d’une entière réjection, comme quelque chose de dégoûtant pour Lui — faux témoin dans le monde. « Je te vomirai de ma bouche ». Nous avons aussi le témoignage, dans Matthieu 13, du Seigneur Lui-même, dans la parabole de l’ivraie, par laquelle nous voyons que le mal, produit au commencement par l’introduction de l’ivraie parmi le froment, se continue jusqu’à la moisson, où les justes sont rassemblés dans les greniers, et l’ivraie est liée en faisceaux, et ensuite jetée au feu et consumée, purifiant ainsi le royaume du Fils de l’homme. Bien loin qu’un changement doive s’effectuer, comme on se l’imagine, dans les pensées, les sentiments et la conduite du monde, et que, par le moyen de l’évangile, la connaissance du Seigneur doive couvrir la terre comme les eaux couvrent le fond de la mer, c’est le mal qui va en augmentant jusqu’à la moisson. Comment les pensées des hommes qui attendent un millénium amené par la prédication de l’évangile peuvent-elles s’accorder avec cette portion de la Parole ? À proprement parler, Matthieu 13, y compris la parabole de l’ivraie et du froment, est une similitude du royaume des cieux dans la forme qu’il revêtirait lorsque le Roi serait pleinement rejeté, et ne nous présente en aucune manière l’Église qui n’existait pas. Dans un chapitre postérieur (16) le Seigneur en parle comme d’une chose future. Il vint, comme leur Messie, vers Son peuple d’Israël — Sa vigne — pour chercher du fruit et n’en trouva pas. Alors Il sema dans le monde (« le champ, c’est le monde ») ce qui devait produire du fruit — « la Parole ».

C’est à dessein que j’ai passé par-dessus 2 Thessaloniciens et les épîtres de Jean, car là nous trouvons le nom du personnage qui consommera en lui-même toute cette méchanceté — « l’homme de péché » — « l’Antichrist ». Dans la première de ces épîtres, qui nous a été donnée à l’occasion d’une fausse épître, reçue par les Thessaloniciens comme si elle venait de Paul (chap. 2, 2), leur disant que le « jour de Christ » était là, l’apôtre (v. 1) les supplie par leur propre espérance, laquelle il leur avait enseignée dans sa première épître, celle de la venue de Christ et de leur rassemblement auprès de Lui, de ne pas se laisser ébranler par la pensée émise dans cette fausse épître ; savoir, que le « jour », ou la manifestation, était alors présente.

L’apôtre distingue clairement « la venue », de l’apparition ou « jour », qui doit leur apporter le repos après les épreuves et les tribulations du monde, et les jugements sur leurs ennemis ; car, lorsque viendra « le jour » de Sa manifestation, les saints seront manifestés avec Lui en gloire. Il continue à montrer qu’avant « le jour », il y aurait, il y a d’abord, le mystère d’iniquité qui travaille déjà ; secondement, l’apostasie de la chrétienté (v. 3) ; troisièmement, la révélation de « l’homme de péché » (v. 3, 4, 8). Le jugement, exécuté par Christ Lui-même, serait « le jour » dans lequel la fausse épître leur disait qu’ils étaient déjà. Nous avons déjà vu que, dans ce « jour », Il serait accompagné de tous ses saints, déjà rassemblés auprès de Lui. Nous avons vu quelques-uns des témoignages de l’Écriture concernant le « mystère d’iniquité », et aussi l’apostasie de la chrétienté ; mais il existait une puissance en bien qui faisait obstacle ; et quand une fois cette puissance serait ôtée, alors l’inique serait pleinement révélé. Les principes étaient tous à l’œuvre, mais le Saint Esprit était dans l’Église, la puissance de Dieu était ici-bas, et la volonté propre et sans frein de l’homme, s’élevant au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu ou adoré, était encore contenue jusqu’à ce que le temps propre fût venu ; alors le mal revêtirait sa forme définitive dans « l’homme de péché ».

Nous suivrons, jusqu’à sa fin, le mystère d’iniquité. Nous arrivons à Apocalypse 17, et là, nous trouvons la quatrième bête, ou l’empire latin, dans son état ravivé, montée par la fausse femme : « Mystère, Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre », impérialement et magnifiquement vêtue, et sa coupe pleine d’idolâtrie et de fornications, enivrée du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. L’apôtre s’étonne en voyant à quoi avait abouti ce qui fut jadis si précieux, si magnifique — l’œuvre de la grâce à la Pentecôte ! Elle domine sur les peuples, les nations, les langues et leurs rois, qui ont été enivrés du vin de sa fornication ; jusqu’à ce qu’à la fin, fatiguées de son oppression, les « dix cornes et la Bête — celles-ci haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu ». Elle n’attend pas l’apparition de Christ pour recevoir son jugement, mais elle le subit de la main de ceux sur lesquels elle exerça si longtemps son influence pernicieuse. Le chapitre 18 décrit son jugement et les lamentations des rois de la terre, et de ceux qui avaient profité de son trafic et de ses récompenses, et qui gémissent à cause de sa chute. Telle est la fin de la chrétienté corrompue, à Rome et partout où elle se trouve ; car elle est « la mère des prostituées et des abominations de la terre ».

En considérant l’histoire des puissances gentiles, depuis leur commencement jusqu’à leur fin en jugement, et celle de la bête qui la représente, poussée à la fin par Satan, nous avons aussi vu sa connexion avec le faux Messie que les Juifs reçoivent à la fin de la dispensation, et son jugement dans le caractère du faux prophète, avec la première bête : nous avons voulu montrer comment ce personnage forme le lien entre leur histoire et celle de la fausse chrétienté professante dans les derniers temps. Nous avons vu, dans 2 Thessaloniciens 2, 3, 4, 8, que ce méchant ne serait pas révélé avant que la puissance en bien qui faisait obstacle fût ôtée ; le mystère d’iniquité était en train et l’apostasie devait venir ; nous avons suivi cela jusqu’à sa fin dans le jugement de la femme prostituée d’Apocalypse 17 ; mais le jour de la manifestation de Christ en jugement ne viendrait pas jusqu’à ce que l’homme de péché fût révélé, la puissance en bien qui faisait obstacle ayant auparavant été enlevée. Apocalypse 13 nous a aussi montré que c’est pendant la forme ravivée de l’empire latin, à la fin de l’existence de la quatrième bête, que cet homme serait pleinement manifesté. Celui qui a le titre de roi parmi les Juifs, la seconde bête, assiste la première bête (ne pouvant se débarrasser de la puissance gentile) pendant la courte période qui précède la fin, quand Satan lui aura donné son plein pouvoir, et son siège et une grande autorité. Nous avons aussi vu que c’est après le rassemblement des saints que Satan est jeté hors des lieux célestes (Apoc. 12) ; ainsi, en réunissant toutes ces choses, nous voyons que c’est entre la venue de Christ pour Ses saints, et Son apparition en jugement avec eux, que l’homme de péché, l’inique, sera révélé. Tel qu’il est décrit en 2 Thessaloniciens 2, il fait des choses semblables à celles qui lui sont attribuées dans Daniel 11, 36-38, « il s’oppose et s’élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, de sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu… en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge », comme Christ Lui-même, comme l’homme de justice « approuvé de Dieu devant vous par les miracles, les prodiges, les signes, que Dieu a faits par lui » (Act. 2, 22). Le désir d’atteindre cette position — celle de Dieu — fut la première suggestion de Satan à Adam. Ici nous trouvons, dans cet homme de péché qui s’oppose au Seigneur Jésus — l’homme en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité, Colossiens 2 — Adam tombé, pleinement développé et rempli de l’énergie de Satan.

Lorsque nous avons examiné Apocalypse 13 relativement à ce personnage, nous avons vu que les miracles qu’il accomplit ont, dans l’opinion des hommes, l’apparence d’une énergie divine, et qu’ils sont, pour la plupart, d’un caractère juif. Dans 2 Thessaloniciens 2, ils sont davantage une imitation de Christ. Quant à ceux d’Apocalypse 13, nous pouvons nous rappeler que, lorsque Élie fut élevé pour témoigner en faveur du nom de Jéhovah devant les tribus apostates d’Israël (1 Rois 18), la question — si l’Éternel ou Baal était Dieu, fut décidée par le feu qui descendit et consuma le sacrifice, et que le peuple tomba alors sur leurs faces criant : « c’est l’Éternel qui est Dieu ». Dans 2 Thessaloniciens 2, comme nous l’avons vu, en citant Actes 2, c’est davantage une imitation de Christ quoique d’origine satanique.

Dans la première épître de Jean, il est nommé « l’Antichrist », celui qui nie le Père et le Fils, ou la révélation du christianisme. Ainsi, il est clair que, dans ces jours de l’énergie d’erreur — où les hommes n’ayant pas reçu l’amour de la vérité, afin d’être sauvés, seront livrés à un esprit de mensonge — il forme le lien d’union entre la chrétienté apostate, le judaïsme apostat et l’apostasie de la quatrième bête ou puissance gentile, et est, en lui-même, l’expression de l’apostasie de l’homme voulant être Dieu ; du judaïsme, car il s’assied dans le temple de Dieu (il est presque inutile d’ajouter à Jérusalem) — de la chrétienté, comme nous l’avons vu. Et nous le voyons arriver à sa fin avec son coadjuteur en mal, dans l’Apocalypse 19, 20, sous le titre du « faux prophète », titre qui est davantage d’un caractère juif ; la femme perfide ou la corruption ecclésiastique ayant déjà été détruite, non pas par le Seigneur, mais par ceux-là mêmes sur lesquels elle avait dominé.

Nous avons maintenant suivi jusqu’à leur fin, les différents agents du mal dans l’apostasie de l’homme naturel à qui le pouvoir avait été confié, personnifiés par la Bête, l’Antichrist jusqu’à sa fin, et la fausse chrétienté jusqu’à sa fin. Sujets profondément solennels et nécessaires, (sans quoi Dieu ne nous aurait pas donné des avertissements à leur égard), ils ne nous affectent pas nous-mêmes, quant à leur jugement et leur fin ; mais nous nous trouvons au milieu de principes qui mûrissent rapidement autour de nous, et nous avons à faire avec eux. Notre appel est un appel en dehors et au-dessus du monde ; et nous serons avec le Seigneur quand les maux seront pleinement manifestés et que le monde sera entraîné et séduit par eux. Notre bourgeoisie est dans les cieux où ces maux ne peuvent entrer, béni soit notre Dieu ! Le mal mûrit rapidement, et l’esprit de l’homme s’aveugle toujours davantage, et il y a plusieurs antichrists. Puisse la considération de ces choses nous conduire, dans toutes nos poursuites et nos voies, à une séparation toujours plus marquée d’avec ce qui se termine si tristement ! Et puissions-nous désirer avec plus d’ardeur la venue de Celui qui mettra un terme à tout ce mal, et remplira, sous Lui, la terre de bénédictions !

Nos considérations nous ont mené jusque-là. Nous avons vu que les trois grands systèmes (1 Cor. 10, 32) établis dans le monde en vue du déploiement du gouvernement de Dieu et de Sa grâce (savoir, le Juif, sous la loi ; le Gentil, sans loi, à qui est confiée la domination universelle ; et l’Église comme épître de Christ dans le monde — Son témoin de la grâce et de la vérité, et sous la grâce) ont tous trois, en tant qu’il s’agit de la responsabilité de l’homme, été une scène de ruine, de chute et de corruption — la ruine de ce qui était le plus excellent se trouvant être la pire de toutes les corruptions !

Le jugement d’Israël et des nations préliminaire au royaume

Au début de nos considérations sur les voies de Dieu, nous avons rappelé que les Écritures prophétiques s’occupent d’événements terrestres et embrassent cinq grands sujets principaux et distincts, quelques-uns desquels, sinon tous, sont souvent groupés ensemble dans la même prophétie. Nous allons nous occuper spécialement du quatrième de ces sujets — la crise ou courte période de jugement qui purifie la terre de tous les scandales et de ceux qui commettent l’iniquité, et qui prépare à l’établissement du royaume — « l’heure de la tentation, qui va arriver sur tout le monde habitable pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3, 10). « Un temps de détresse à Jacob, mais il en sera pourtant délivré » (Jér. 30, 7). La nation d’Israël est la plus proéminente durant cette période ; elle est l’objet du jugement auquel participent les Gentils. Les témoignages des Écritures sont bien complets là-dessus, et pour aider à les graver dans notre esprit, je les ai classés sous trois points comme suit :

1° Les promesses faites pour la restauration d’Israël, après sa chute, et, en outre et en vue de cette restauration, les promesses inconditionnelles faites aux pères qui s’accompliront les unes et les autres pour un résidu de la nation établi dans le royaume sous Christ dans le pays.

2° Les témoignages des Écritures qui annoncent qu’Israël sera mis de côté pendant une période longue et indéterminée, connue de Dieu seul, puis repris pour être restauré.

3° Les déclarations portant qu’à l’expiration de cette période indéterminée la nation sera restaurée par le jugement ; lequel jugement ne tombe pas seulement sur les apostats qui se trouvent au milieu de la nation et délivre un résidu, mais qui est aussi un jugement universel sur les nations du monde et une introduction au royaume de Dieu en Sion, et à la période milléniale où la terre sera remplie de la connaissance de la gloire du Seigneur comme les eaux couvrent la mer.

I. Quant au premier point, nous nous tournerons vers Lévitique 26 où nous trouvons le résultat placé devant Israël, comme conséquence de leur soumission aux conditions qu’ils avaient acceptées comme termes de leur relation avec Dieu et de la conservation de leurs bénédictions dans le pays, et l’alternative en cas de désobéissance. « Si vous marchez dans mes ordonnances… je vous donnerai les pluies », etc. (Lév. 26, 3-13). « Mais si vous n’écoutez point… Aussi je vous ferai ceci », etc. (v. 14-39) Le chapitre continue en assurant que ce dernier état serait le cas jusqu’à ce que les villes fussent ravagées, et la terre et son sanctuaire désolés, et les habitants dispersés au milieu des nations dans la terre de leurs ennemis ; mais là, même quand ils sont dans la terre étrangère, Dieu dit : « Je ne les ai point rejetés, ni eus en haine pour les consumer entièrement et pour rompre l’alliance que j’ai faite avec eux, car je suis l’Éternel leur Dieu, et je me souviendrai, pour leur bien, de l’alliance faite avec leurs ancêtres lorsque je les ai retirés du pays d’Égypte à la vue des nations pour être leur Dieu ». L’Éternel se tourne alors, après qu’ils se sont détruits, vers les promesses faites sans conditions aux pères, et, quand ils sont dans le pays étranger, Il ne les oublie pas, Il ne les rejette pas entièrement : « S’ils confessent leur iniquité, et l’iniquité de leurs pères… et qu’ils ont marché de front contre moi… alors je me souviendrai de mon alliance avec Jacob… aussi de mon alliance avec Abraham, et je me souviendrai de la terre » (v. 40-42).

Allez maintenant à Deutéronome 30, 1-10 : « Or il arrivera que lorsque toutes ces choses seront venues sur toi, soit la bénédiction, soit la malédiction, que je t’ai représentées, et lorsque tu les auras rappelées dans ton cœur, parmi toutes les nations vers lesquelles l’Éternel, ton Dieu, t’aura chassé ; et que tu te seras retourné vers l’Éternel ton Dieu… l’Éternel, ton Dieu, ramènera tes captifs, et aura compassion de toi ; et il te rassemblera de nouveau d’entre tous les peuples, parmi lesquels l’Éternel, ton Dieu t’avait dispersé… et te ramènera au pays que tes pères auront possédé et tu le posséderas ; Il te fera du bien, et te fera croître plus qu’Il n’a fait croître tes pères », etc. Ceci n’est pas aussi frappant que Lévitique 26 où il est fait allusion aux promesses faites aux pères. Le Deutéronome est davantage le principe de leur acceptation comme nation après leur chute et que « Lo-Ammi » a été écrit sur eux. Il établit aussi le principe de leur acceptation comme individus, dans l’intérim, par l’évangile et la justice par la foi. Voyez l’usage qu’en fait l’apôtre, Romains 10, 11-14.

Il y a d’autres promesses en vue de leur restauration ; en particulier, celles faites à la maison de David, rendues parfaites en Christ. Nous lisons dans 1 Chroniques 17, 11-14 : « Il arrivera donc que quand tes jours seront accomplis pour t’en aller avec tes pères, je ferai lever ta postérité après toi, qui sera un de tes fils, et j’établirai son règne. Il me bâtira une maison, et j’affermirai son trône à jamais. Je lui serai père et il me sera fils ; et je ne retirerai point de lui ma gratuité, comme je l’ai retirée de celui qui a été avant toi. Mais je l’établirai dans ma maison et dans mon royaume à jamais, et son trône sera affermi à toujours ». Ce passage est appliqué à Christ dans Hébreux 1, 5.

Nous trouvons les promesses faites aux pères, mentionnées à la fin en vue de leur entière délivrance. Voyez Michée 7, 19, 20. Le prophète exprime l’adoration de son cœur en contemplant la bonté de Dieu dans leur délivrance et dit : « Tu maintiendras ta vérité à Jacob, ta gratuité à Abraham, laquelle tu as jurée à nos pères dès les temps anciens ». Il ne faut pas oublier que si Dieu devait manquer aux promesses terrestres faites à Abraham, nous n’avons aucune raison de supposer qu’Il ne manquerait pas aussi aux promesses spirituelles qu’Il lui a faites et qui rejaillissent sur nous. Consultez Galates 3, 6-14. Nous le savons : ni les unes, ni les autres ne peuvent jamais faillir.

Et encore quand Christ vint : « Comme Il avait parlé à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour toujours » (Luc 1, 54, 55). Dans les versets 69-74, lorsque les promesses faites aux pères et celles faites à la maison de David sont rappelées : « Il nous a suscité une corne de salut, dans la maison de David, Son serviteur… pour accomplir Sa miséricorde envers nos pères et pour se souvenir de Sa sainte alliance, le serment qu’Il a fait à Abraham, notre père ». Il est presque inutile de faire remarquer que les bénédictions terrestres furent différées à cause du rejet de Christ par la nation.

Venons maintenant à Ésaïe 49. Nous trouvons qu’Israël, ayant failli comme serviteur de Dieu, est mis de côté, et Christ présenté comme le vrai serviteur ; et pourtant Il dit : « J’ai travaillé en vain », car nous savons qu’Israël Le rejeta. La réponse de Dieu vient dans le verset 5, etc. C’était peu de chose de rétablir les tribus d’Israël ; mais il serait élevé et donné comme lumière aux Gentils. Dans le verset 8, Il est donné comme alliance au peuple pour les délivrer à la fin. Le langage de la prophétie est des plus beaux : « Ô cieux ! réjouissez-vous, avec chant de triomphe, et toi, terre, égaie-toi ; montagnes, éclatez de joie avec chant de triomphe ; car l’Éternel a consolé Son peuple, et il aura compassion de ceux qu’Il aura affligés ». Sion, délaissée en apparence, apprend alors que la fidélité du Seigneur est plus grande que celle d’une mère à l’égard de son nourrisson : « Voici, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains, tes murs sont continuellement devant moi ». Ses enfants se hâtent de retourner vers elle, et ses destructeurs ont hâte de quitter ses murs : « Élève tes yeux à l’environ et regarde ; tous ceux-ci se sont assemblés, ils sont venus à toi. Je suis vivant, dit l’Éternel, que tu te revêtiras de ceux-ci comme d’un ornement et tu t’en orneras comme une épouse. Car tes déserts et tes lieux désolés, et ton pays détruit, sera maintenant trop étroit pour ses habitants, et ceux qui t’engloutissaient s’éloigneront. Les enfants que tu auras, après avoir perdu les autres, diront encore, toi l’entendant : Ce lieu est trop étroit pour moi, fais-moi place afin que j’y puisse demeurer. Et tu diras en ton cœur : Qui m’a engendré ceux-ci, vu que j’avais perdu mes enfants, et que j’étais seule, emmenée en captivité, et agitée ? Et qui m’a nourri ceux-ci ? Et voici, j’étais demeurée toute seule, et ceux-ci où étaient-ils ? Ainsi a dit le Seigneur Éternel : Voici, je lèverai ma main vers les nations, et j’élèverai mon enseigne vers les peuples ; et ils apporteront tes fils entre leurs bras, et on chargera tes filles sur les épaules. Et les rois seront tes nourriciers, et les princesses, leurs femmes, tes nourrices ; ils se prosterneront devant toi le visage contre terre, et lécheront la poudre de tes pieds ; et tu sauras que je suis l’Éternel, et que ceux qui se confient en moi ne seront point honteux ». La pensée d’appliquer cela à l’Église est trop forcée pour nécessiter une remarque. Quand est-ce que l’Église dit jamais : « L’Éternel m’a délaissée, et le Seigneur m’a oubliée », et cela au moment où la bénédiction est complète ?

Dans Romains 11, l’apôtre Paul traite ce sujet, et montre que Dieu n’a pas rejeté Son peuple, et il donne comme arguments trois raisons principales. Premièrement : il y a un résidu selon l’élection de grâce. Secondement : par la chute de sa nation, le salut est venu aux Gentils, pour exciter Israël à la jalousie (voyez Deut. 32, 21) et non pour le rejeter. Et troisièmement : « Le Libérateur viendra de Sion, et Il détournera de Jacob l’impiété », à l’époque où tout Israël sera sauvé (c’est-à-dire, comme un tout ou comme nation).

Quand nous considérerons le troisième point proposé, beaucoup de ces promesses de restauration seront mises sous nos yeux, rattachées au jugement des Gentils et des apostats de la nation.

II. Quant au deuxième point, arrêtons-nous à Daniel 9, 24-27, où nous trouvons la réponse à la prière de Daniel, un des captifs d’Israël à Babylone. Naturellement le sujet le plus cher à son cœur et à ses affections comme Juif était la restauration de son peuple ; et le sujet de grande importance était de s’assurer de la durée du temps pendant lequel ils devaient rester soumis à leurs vainqueurs, sous le joug desquels ils moissonnaient ce qu’ils avaient semé lorsqu’ils étaient reconnus de Dieu. Au commencement du chapitre, nous voyons Daniel, comme tout homme pieux, étudiant la Parole ; et, dans la première année du roi Darius le Mède qui s’était emparé du royaume après la chute de Babylone, il avait reconnu par le livre du prophète Jérémie que les soixante-dix années de la désolation de Jérusalem étaient écoulées. La foi travaillait dans son âme, et il tourne sa face vers le Seigneur Dieu — et s’humilie devant Lui — à cause de sa nation — avec des prières, des supplications, par le jeûne, le sac et la cendre. Il prend la position de la nation conformément à ses péchés devant Dieu et s’identifie avec elle (voyez Lév. 26, 40, 41). Son cœur reconnaît le Dieu avec qui il avait à faire comme Celui qui ne change jamais — un Dieu de grâce et de miséricorde. Dieu Lui-même est sa confiance : « Seigneur, à nous est la confusion de face, à nos rois, à nos principaux, et à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. Les miséricordes et les pardons sont du Seigneur notre Dieu, quoique (vers. angl.) nous nous soyons rebellés contre lui ». C’est beau de voir sa foi appeler Jérusalem, « Ta cité » et Israël « Ton peuple », comme Moïse, lorsque le peuple fit le veau d’or et que Dieu ne pouvait le reconnaître. Nous lisons : « Comme je parlais encore et faisais ma requête et confessais mon péché et le péché de mon peuple d’Israël… ce personnage Gabriel… m’instruisit », etc. ; et dans la communication qui suit — c’est-à-dire la prophétie des soixante-dix semaines — la réponse à sa prière. Nous ferons remarquer que — de même qu’à Moïse dans le cas que nous avons mentionné — Dieu parle du peuple à Daniel comme « ton peuple » ; et la prophétie s’applique au peuple juif et à Jérusalem. « Il y a soixante-dix semaines déterminées sur ton peuple, et sur ta sainte ville, pour abolir l’iniquité, consumer le péché, faire propitiation pour l’iniquité, pour amener la justice des siècles, pour mettre le sceau à la vision et à la prophétie, et pour oindre le (lieu) très saint. Tu sauras donc et tu entendras, que depuis la sortie de la parole, portant qu’on s’en retourne, et qu’on rebâtisse Jérusalem, jusqu’au Christ, le conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines ; et les places et la brèche seront rebâties, et cela en un temps d’angoisse. Et après ces soixante-deux semaines le Christ sera retranché et n’aura rien ; puis le peuple du conducteur qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et la fin en sera avec débordement, et les désolations sont déterminées jusqu’à la fin de la guerre. Et il confirmera une alliance à plusieurs dans une semaine, et à la moitié de cette semaine il fera cesser le sacrifice et l’oblation ; puis par le moyen des ailes abominables qui causeront la désolation, même jusqu’à une consomption déterminée (la désolation) fondra sur le désolé ». Ici nous avons une période mentionnée et clairement déterminée à la fin de laquelle un changement remarquable serait introduit concernant son peuple, les Juifs, et leur cité — leur retour et leur complet rétablissement en grâce — les transgressions pardonnées, le péché consumé, l’iniquité oubliée et la justice introduite ; la vision et la prophétie scellées et le saint des saints oint. Maintenant rappelons-nous l’état de Juda et de Jérusalem comme nous l’avons vu en examinant l’histoire passée du peuple d’Israël à l’époque où Juda fut emmené en captivité à Babylone dans le dernier chapitre de 2 Rois. Le roi de Juda et la nation furent emmenés captifs (il y avait longtemps que les dix tribus étaient captives des Assyriens), la cité détruite, la maison de l’Éternel brûlée par le feu, et quelques-uns des plus pauvres du peuple laissés comme vignerons et laboureurs. Comparons cet état avec ce que nous avons ici en Daniel 9 où nous trouvons une restauration complète et parfaite et un rétablissement promis.

Pendant la continuation de ces soixante-dix semaines d’années (quatre cent quatre-vingt-dix ans), il suppose ou déclare que le peuple ou le résidu du peuple serait dans le pays, mais pas encore reconnu comme de Dieu et encore sous la puissance des Gentils ; le temple rebâti, et la cité restaurée. Ceci est d’une extrême importance ; aussi mettons-nous bien dans l’esprit ces trois points qui caractérisent la continuation des soixante-dix semaines :

1° Le peuple (ou quelques-uns du peuple) est dans le pays, mais non reconnu de Dieu ;

2° Le temple et la cité sont rebâtis ;

3° Les Gentils sont encore en possession du gouvernement de la terre ou, en d’autres termes, « les temps des Gentils » non expirés.

Ces trois choses ne caractérisent pas l’époque actuelle. Les soixante-dix semaines se divisent en trois périodes ou divisions : sept semaines, soixante-deux semaines et une semaine. La première division de sept semaines ou quarante-neuf ans commence à la proclamation du décret qui permettait de restaurer et rebâtir Jérusalem. C’était le point de départ : « Tu sauras donc et tu entendras, que depuis la sortie de la parole portant qu’on s’en retourne et qu’on rebâtisse Jérusalem, jusqu’au Christ, le conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines, et les places et la brèche seront rebâties et cela en un temps d’angoisse ». D’abord cette reconstruction se continue pendant sept semaines d’années. Nous lisons dans Néhémie que ce fut un temps de trouble et de grande détresse. « Or il arriva que Sanballat, ayant appris que nous rebâtissions la muraille, fut fort indigné et fort irrité ; et il se moqua des Juifs, car il dit en la présence de ses frères, et des gens de guerre de Samarie : Que font ces Juifs languissants ? Se fortifieront-ils (vers. angl) ? Sacrifieront-ils et achèveront-ils tout en un jour ? Pourront-ils faire revenir les pierres des monceaux de poudre puisqu’elles sont brûlées ? » etc. Puis nous avons soixante-deux semaines d’années depuis la reconstruction de Jérusalem jusqu’au Messie, en tout soixante-neuf des soixante-dix semaines. Le Messie est alors retranché et rejeté et n’entre pas dans Son royaume. « Et après, le Christ sera retranché et n’aura rien ». Christ se présente à la nation comme leur Roi et, au lieu d’avoir Son royaume, Il est crucifié, après les soixante-deux semaines ; et le compte des soixante-dix semaines s’arrête pour un temps, puis le peuple du conducteur qui viendra détruira la ville et le sanctuaire. Cela fut accompli sous Titus et les armées romaines à la destruction de Jérusalem après le rejet de Christ. Le peuple dont les armées l’accomplirent était le peuple romain. En Jean 11, 48, nous trouvons les craintes des gouverneurs juifs tout à fait prophétiques en ce qui concernait cet événement : « Si nous Le (Christ) laissons ainsi faire, tous croiront en Lui et les Romains viendront, et ôteront et notre lieu et notre nation ». Et le Seigneur Lui-même prédit cette destruction lorsqu’Il vit la ville et pleura sur elle : « Car les jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées et t’environneront et te serreront de tous côtés, et ils te raseront » (Luc 19, 43). Et encore : « Et comme quelques-uns parlaient du temple et disaient qu’il était orné de belles pierres et de dons, il dit : Quant à ces choses que vous regardez, les jours viendront où il n’y sera laissé pierre sur pierre qui ne soit renversée… et Jérusalem sera foulée par les nations jusqu’à ce que les temps des nations seront accomplis » (Luc 21, 5, 6, 24).

Le Messie ayant été retranché après la soixante-neuvième semaine, la chaîne des événements pour ce qui est du peuple juif est interrompue (tout à fait lorsque la ville fut détruite), et par conséquent, le temps cesse de compter depuis ce moment-là jusqu’au temps présent. Dieu, comme nous l’avons vu, s’occupe d’autres choses. La soixante-dixième semaine devait introduire et rétablir en pleine prospérité et bénédiction, le peuple suivant le verset 24 ; mais, au lieu de la bénédiction, ce qui suit c’est le retranchement du Messie après la soixante-neuvième semaine, la ville et le sanctuaire foulés, une longue et obscure période de désolations pour le peuple et la cité. Évidemment, comme nous l’avons vu, c’est le peuple romain qui devait exécuter ce qui est dit au verset 26. « Le peuple du conducteur qui viendra » : le conducteur n’était pas là, le peuple seul est nommé, mais le conducteur lui-même n’était pas venu. Il nous est présenté après cette obscure période de désolation qui se continue encore : « Il traitera une alliance », etc.

Le rejet du Christ suspendit donc toutes les relations et toutes les voies de Dieu avec le peuple juif comme Son peuple, et cette période déterminée de soixante-dix semaines est interrompue. Et quand les Juifs seront de nouveau les objets des voies de Dieu dans la courte période de jugements, avant qu’Il les reconnaisse de nouveau comme Sa nation, la période qui reste encore des soixante-dix semaines s’écoulera et amènera une complète restauration. Cette courte période est donc, comme nous pouvons facilement le voir, contemporaine avec les derniers événements, ou la crise de l’histoire du monde qui introduira au royaume.

Nous trouvons la même chose supposée ou déclarée dans bien d’autres passages des Écritures (voir És. 8, 14-22 ; 9, 1-7). Christ devient une pierre d’achoppement pour la nation — le témoignage est confiné à Ses disciples — le Seigneur cache alors Sa face de la maison de Jacob pendant une période longue et indéterminée, et la prophétie passe aux derniers jours qui introduisent le royaume par le jugement. De nouveau en Ésaïe 61, 1, 2, lorsque le Seigneur annonce Sa mission dans la synagogue de Nazareth, Il s’arrête court, au milieu du verset 2 qui est déjà séparé de la clause suivante depuis plus de mille huit cents ans, laquelle clause annonce « le jour de la vengeance » et la consolation de ceux qui pleurent, savoir, le résidu de la nation dans le royaume.

III. Considérons maintenant le témoignage des Écritures sur le troisième point. Voyons Deutéronome 32. Dans les derniers versets du chapitre 31, Moïse rassemble les anciens et les officiers du peuple d’Israël pour réciter à leurs oreilles le cantique prophétique qui lui est donné par l’Éternel en vue de leur chute. Il dit : « Je sais qu’après ma mort vous ne manquerez point de vous corrompre et que vous vous détournerez de la voie que je vous ai prescrite ; mais à la fin, il vous arrivera du mal, parce que vous aurez fait ce qui déplaît à l’Éternel en l’irritant par les œuvres de vos mains ». Puis dans le chapitre 32, ils sont envisagés comme étant corrompus. « Ils se sont corrompus envers Lui, leur tache n’est pas une tache de Ses enfants, c’est une génération perverse et revêche ». Il continue et dépeint leur histoire merveilleuse, et les conseils et les soins de Dieu à leur égard, et ce qu’ils Lui ont donné en retour. « Mais Jeshurun s’est engraissé et a regimbé… ils l’ont ému à jalousie par les dieux étrangers… ils ont sacrifié aux idoles… Et quand l’Éternel l’a vu… Il les a méprisés (vers. angl.)… Et il a dit : Je cacherai ma face d’eux ; je verrai quelle sera leur fin, car ils sont une race perverse, des enfants en qui on ne peut se fier. Ils m’ont ému à jalousie par ce qui n’est pas Dieu… ainsi je les émouvrai à jalousie par ceux qui ne sont pas un peuple ». Et alors dans Sa colère Il les rejette, amoncelant le mal sur leurs têtes. Quand ils sont ainsi rejetés, Il a agit dans Sa propre souveraineté, et en vue de cela, Il déclare : « Mais l’Éternel jugera son peuple, et se repentira en faveur de Ses serviteurs, quand Il verra que la force s’en sera allée, et qu’il n’y aura rien de reste, rien de serré, rien de délaissé ». Il juge Son peuple et venge le sang de Ses serviteurs. Quand Sa main saisit le jugement, Il tourne la vengeance sur Ses adversaires, enivre Ses flèches de sang — Son épée dévore la chair ; puis Il se tourne en miséricorde vers Son peuple et Son pays. Et, comme résultat de ce jugement sur les nations, les Gentils chantent le cantique de délivrance avec le résidu de Son peuple délivré (voyez psaumes 67 et 117).

Psaumes 2 ; 8 à 10. Dans le premier de ces psaumes, nous trouvons Christ présenté comme Roi en Sion et rejeté, et pourtant les desseins de Dieu ne sont que différés. Christ prend dans la résurrection la gloire plus étendue de Fils de l’homme suivant le psaume 8. Nous avons déjà vu que le Saint Esprit, dans Actes 4, cite les deux premiers versets du psaume 2, puis s’arrête. Le Seigneur est représenté comme se riant de leur rage, mais malgré toute leur fureur, Il déclare : « Et j’ai oint mon Roi sur Sion, la sainte montagne de ma sainteté ». Le Messie est désiré : « Demande-moi et je te donnerai pour héritage les nations », etc. Quand Il est rejeté, et qu’Il va être crucifié, Il se représente Lui-même priant pour Ses disciples : « Je fais des demandes pour eux, je ne fais pas des demandes pour le monde » (Jean 17) ; mais le temps vient où Il réclamera Son héritage et la réponse suit : « Tu les briseras avec un sceptre de fer, et tu les mettras en pièces comme un vaisseau de potier ». Il en hérite par le jugement dans lequel Son peuple, maintenant rassemblé, a sa place avec Lui, une preuve de plus que partout où il est parlé de Christ dans l’Ancien Testament, nous trouvons aussi la portion de l’Église. « Et celui qui vaincra et qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin — je lui donnerai autorité sur les nations : et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vaisseaux d’un potier, selon que moi aussi j’ai reçu de mon père » (Apoc. 2, 26, 27). Ceci toutefois n’est pas Sa plus excellente portion, car « je lui donnerai l’étoile du matin » (v. 28) — Christ Lui-même. Et alors, non seulement le nom de Jéhovah est exalté sur toute la terre, mais Il place Sa gloire au-dessus des cieux (Ps. 8, 1) et fait cesser l’ennemi et le vindicatif. Les psaumes 9 et 10 nous montrent la position et les circonstances dans lesquelles se trouve la nation pendant cette crise de jugement. Le résidu racheté dit : « Car tu m’as fait droit et justice… tu as réprimé fortement les nations, tu as fait périr le méchant, tu as effacé leur nom pour toujours et à perpétuité… L’Éternel s’est fait connaître ; il a fait jugement ; le méchant est enlacé dans l’œuvre de ses mains… Les méchants retourneront vers le sépulcre, toutes les nations qui oublient Dieu. Car le pauvre ne sera pas oublié à jamais, l’attente des affligés ne périra point à perpétuité. Lève-toi, ô Éternel, et que l’homme ne se renforce point ! Que la vengeance soit faite des nations devant ta face ! Éternel, remplis-les de frayeur : et que les nations sachent qu’elles ne sont que des hommes ». C’est quand il n’y a personne pour dire : « Jusques à quand ? » que le Seigneur apparaît pour leur délivrance. Et encore : « L’Éternel est Roi à jamais, et à perpétuité, les nations ont été exterminées de dessus la terre. Éternel, tu as entendu le souhait des débonnaires, affermis leurs cœurs (c’est-à-dire les épargnés qui sont préparés pour le royaume), que ton oreille les écoute attentivement », etc. Quelle erreur de croire que les Psaumes sont l’expression de l’expérience chrétienne comme telle ! Que de fois le chrétien simple de cœur a été embarrassé par le cri de vengeance sur les ennemis, qui se retrouve sans cesse dans cette classe de psaumes, placé sur ses lèvres, à lui dont l’appel est de bien faire, de souffrir pour la justice, et de tout supporter patiemment tant qu’il est dans le royaume et la patience de Jésus Christ ! Le royaume et la puissance seront recherchés par ces cœurs juifs comme ce qui amène leur délivrance. Les épreuves des saints célestes cessent au moment où commencent celles des saints juifs. Voyez Apocalypse 12 où nous trouvons des réjouissances dans le ciel quand l’accusateur est précipité, et malheur sur les habitants de la terre et de la mer, « car le diable est descendu vers vous ». Il tourne alors sa rage contre la femme et sa semence, le peuple juif. L’Esprit de Christ est merveilleusement entré dans ces épreuves, afin qu’Il pût donner une voix au résidu, dans les derniers jours avant le royaume.

Lisons maintenant le psaume 110. Christ rejeté par les hommes et par Son peuple — en tant que leur roi — par les Juifs qui dirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » ; « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » — est exalté à la main droite de Dieu. Dieu dit : « Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis le marchepied de tes pieds » (voyez Héb. 1, 13 ; 10, 13). Il y reste donc pour un temps indéterminé « jusqu’à » cette heure connue du Père seul. Le Seigneur, quand vient cette heure, fait sortir de Sion la verge de Sa force, et Christ gouverne au milieu de Ses ennemis. Son peuple veut bien de Lui au jour de Sa puissance (il n’en voulait pas au jour de Son humiliation) ! « L’Éternel, à ta droite, froissera les rois au jour de Sa colère. Il exercera jugement au milieu des nations », etc.

Prenons Ésaïe 1 à 4. La bénédiction et le repos sont offerts dans le chapitre premier comme conséquence de la repentance de la nation ; mais ils ne voulurent pas écouter. Plus tard cette repentance est amenée par le jugement — « Sion sera rachetée par le jugement, et ceux qui y retourneront, par la justice ; mais les rebelles et les transgresseurs seront froissés ensemble ». Le résultat de ce jugement se trouve dans les chapitres 2, 1-4 ; 4, 2-6, un temps de paix et de gloire : « Or il arrivera aux derniers jours que la montagne de la maison de l’Éternel sera affermie au sommet des montagnes… et toutes les nations y aborderont… Il exercera le jugement parmi les nations… ils forgeront de leurs épées des hoyaux et de leurs hallebardes des serpes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre, et ils ne s’adonneront plus à la guerre ». Qu’il est différent le temps dans lequel nous vivons, où « les temps des Gentils » se poursuivent et qui est caractérisé par ces paroles de notre Seigneur : « Nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume… et sur la terre une angoisse des nations en perplexité ; la mer et les flots faisant un grand bruit, les hommes rendant l’âme de peur et à cause de l’attente des choses qui viennent sur la terre habitable », précurseurs de la venue du Fils de l’homme dans une grande puissance et une grande gloire (Luc 21, 10, 25-27). Le reste d’Ésaïe 2, etc., montre la connexion entre le jugement des nations et celui d’Israël : « Entre dans la roche et te cache dans la poudre, à cause de la frayeur de l’Éternel, et à cause de la gloire de Sa majesté. Les yeux hautains des hommes seront abaissés, et les hommes qui s’élèvent seront humiliés. Car le jour de l’Éternel des armées sera sur tout orgueilleux et hautain, et contre tout homme qui s’élève, et il sera abaissé… et l’Éternel sera haut élevé en ce jour-là… quand Il se lèvera pour châtier la terre ». L’établissement de Son peuple dans la gloire du royaume est le résultat de ce jugement universel : « Et il arrivera que celui qui sera resté dans Sion, et qui sera demeuré de reste dans Jérusalem, sera appelé saint ; et ceux qui seront dans Jérusalem seront tous marqués pour vivre ; quand le Seigneur aura lavé la souillure des filles de Sion, et qu’il aura essuyé le sang de Jérusalem du milieu d’elle, en esprit de jugement, et en esprit de consomption. Aussi l’Éternel créera sur toute l’étendue du mont de Sion, et sur ses assemblées, une nuée de jour avec une fumée, et une splendeur de feu flamboyant de nuit ; car la gloire se répandra partout. Et il y aura de jour une cabane pour donner de l’ombre contre la chaleur, et pour servir de refuge et d’asile contre la tempête et la pluie ». Sa propre présence sera avec Son peuple délivré comme anciennement dans le désert.

Ésaïe 11. Ce chapitre est si clair qu’il nécessite à peine un mot d’explication. Un temps de paix et de bénédiction universelles ; Son peuple restauré et sous le gouvernement du Messie, introduit par le jugement qui tombe sur eux et sur les nations : « Il frappera la terre par la verge de Sa bouche, et fera mourir le méchant par l’esprit de Ses lèvres ». « Et la jalousie d’Éphraïm sera ôtée et les oppresseurs de Juda seront retranchés », etc.

Ésaïe 13 et 14 traitent de la même époque : temps de jugement universel sur le trône impérial du monde (chap. 13). « La journée de l’Éternel » où « toutes mains deviendront lâches, et tout cœur d’homme se fondra ». « Car l’Éternel aura pitié de Jacob et élira encore Israël, et Il les rétablira dans leur terre, et les étrangers se joindront à eux et s’attacheront à la maison de Jacob… ils tiendront captifs ceux qui les avaient tenus captifs, et ils domineront sur leurs exacteurs… au jour que l’Éternel te donnera du repos de ton travail, de ton tourment, et de la dure servitude sous laquelle on t’aura asservi ». « C’est là le conseil qui a été arrêté sur toute la terre, et c’est là la main étendue sur toutes les nations » (chap. 14, 1-3, 26). Le jugement continue jusqu’à la destruction de l’Assyrien après la délivrance du peuple (la puissance qui occupe à cette époque le territoire de leur ancien ennemi). Je dis « après », parce que, dans le passé, l’Assyrien tomba avant Babylone ; ici, ce qui prouve l’application future de la prophétie, il tombe après que Babylone est jugée.

Ésaïe 24 à 27. Nous avons déjà examiné cette prophétie. Elle montre le jugement universel sur les nations et sur Israël et la délivrance d’un résidu. Le trône du Seigneur est établi en Sion, l’opprobre de Son peuple enlevé, et le voile ôté de dessus toutes les nations. L’Éternel avait caché Sa face de la maison d’Israël, tandis qu’Il les désavouait ; mais il est parlé de Lui comme sortant de Son lieu pour leur délivrance : « Va, mon peuple, entre dans tes cabinets, et ferme la porte sur toi ; cache-toi pour un petit moment, jusqu’à ce que l’indignation soit passée. Car voici, l’Éternel s’en va sortir de son lieu pour visiter l’iniquité des habitants de la terre commise contre Lui ; alors la terre découvrira le sang qu’elle aura reçu, et ne couvrira plus ceux qu’elle a mis à mort… Et il arrivera en ce jour-là, qu’on sonnera la grande trompette, et ceux qui s’étaient perdus au pays d’Assyrie, et ceux qui avaient été chassés au pays d’Égypte, reviendront et se prosterneront devant l’Éternel, en la sainte montagne de Jérusalem ».

Ésaïe 30 : « Et la lumière de la lune sera comme la lumière du soleil ; et la lumière du soleil sera sept fois aussi grande, comme si c’était la lumière de sept jours, au jour que l’Éternel aura bandé la froissure de Son peuple, et qu’il aura guéri la blessure de sa plaie. Voici 1e nom de l’Éternel vient de loin, sa colère est ardente, et une pesante charge ; ses lèvres sont remplies d’indignation, et sa langue est comme un feu dévorant. Et son esprit est comme un torrent débordé, qui atteint jusqu’au milieu du cou, pour disperser les nations d’une telle dispersion, qu’elles seront réduites à néant, et il y aura une bride aux mâchoires du peuple qui les fera errer… Et l’Éternel fera entendre sa voix pleine de majesté, et Il fera voir où son bras aura été étendu dans l’indignation de sa colère, avec une flamme de feu dévorant avec éclat, tempête et pierres de grêle. Car l’Assyrien, qui frappait du bâton, sera effrayé par la voix de l’Éternel. Et partout où passera le bâton (la verge de la vengeance que Dieu a décrétée) que l’Éternel fera reposer sur lui, ce sera avec des tambours et des harpes (quand elle s’appesantit sur l’Assyrien, elle est la source de la joie et de la délivrance à la fin de l’indignation pour le résidu d’Israël) et dans de grandes batailles, il combattra par elle (vers. angl.). Car Topheth est déjà préparée, et même elle est apprêtée pour le roi (l’Antichrist qui porte ce titre au milieu de la nation apostate) ; il l’a faite profonde et large ; son bûcher, c’est du feu, et il y a beaucoup de bois, le souffle de l’Éternel l’allumant comme un torrent de soufre ».

Ésaïe 59, 15-21. Le verset 20 de ce chapitre est cité par l’apôtre, en Romains 11, en vue de la future restauration du peuple : « Et le Libérateur viendra en Sion, et vers ceux de Jacob qui se convertissent de leur péché ». Et alors Il établit la nouvelle alliance avec Israël ; Sa pensée est avec Son peuple, Ses paroles sont dans leur bouche et demeureront avec eux à toujours. Les versets 18, etc., montrent qu’elle s’établira par le jugement : « Comme pour la rétribution, et comme quand quelqu’un veut rendre la pareille, la fureur à ses adversaires et la rétribution à ses ennemis ; Il rendra aussi la rétribution aux îles ; et on craindra le nom de l’Éternel depuis l’occident et Sa gloire depuis le soleil levant ». Le chapitre qui suit déclare que Jérusalem est restaurée dans la gloire du royaume et ses fils et ses filles rassemblés de tous côtés.

Ésaïe 66. Ce chapitre donne le jugement qui introduit la gloire et la bénédiction de la nation restaurée décrites dans la dernière portion du chapitre 65. D’abord nous avons le résidu qui craint le nom de Jéhovah et s’attend à Lui ; puis les apostats de la nation. Les premiers sont encouragés par la promesse que le Seigneur apparaîtrait pour leur joie et leur délivrance, et à la honte des apostats qui disent dans leur mépris : « Que l’Éternel montre Sa gloire ». « Car voici, l’Éternel viendra avec le feu, et Ses chariots seront comme la tempête, afin qu’il tourne Sa gloire en fureur, et sa menace en flammes de feu. Car l’Éternel exercera jugement contre toute chair par le feu et avec Son épée, et le nombre de ceux qui seront mis à mort par l’Éternel sera grand » (chap. 66, 15, 16) Ce passage montre qu’Il vient soudainement, comme un tourbillon, et rend à Ses ennemis le feu du jugement. Puis nous avons le résultat de ce jugement dans les versets 6-14 ; les lois sont établies d’une manière merveilleuse et Jérusalem est restaurée. « Réjouissez-vous avec Jérusalem, vous tous qui l’aimez ; vous tous qui meniez deuil sur elle, réjouissez-vous avec elle d’une grande joie… Car ainsi a dit l’Éternel : Voici je vais faire couler vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent débordé… Je vous caresserai pour vous apaiser comme quand une mère caresse son enfant pour l’apaiser, car vous serez consolés en Jérusalem. Et vous le verrez et votre cœur se réjouira, et vos os germeront comme l’herbe ; et la main de l’Éternel sera connue envers Ses serviteurs ; mais il sera ému à indignation envers Ses ennemis ». Puis, dans les versets 19, 20, le résidu s’avance pour célébrer la gloire du Seigneur parmi les Gentils et pour ramener les dispersés d’Israël. Le chapitre en entier montre très clairement la connexion entre le jugement des nations et d’Israël, avec la délivrance d’un résidu, et les Gentils épargnés bénis autour du peuple de Dieu.

Allez à Jérémie 25. Nous avons déjà fait allusion à ce chapitre : il déclare que la durée de la captivité de Juda à Babylone est de soixante-dix ans ; mais Dieu ayant donné à Babylone le trône du monde, quand Il eut mis de côté Son peuple et retiré Sa présence du milieu d’eux — en principe, quand Babylone est renversée, Son peuple est délivré, parce que c’était la seule puissance qui tint sa domination directement de Dieu — les autres puissances gentiles suivent providentiellement. Jérusalem ne fut que partiellement restaurée ; toutefois cela fait voir le principe. En examinant le chapitre, nous trouvons que le jugement se continue jusqu’à la fin, jugement dans lequel Son peuple est compris : primitivement il avait trait au jugement qui fut exécuté sur Jérusalem et les nations à l’époque à laquelle se rapportait la prophétie ; Babylone, qui l’avait exécuté, tombant la dernière de toutes ; et servant de type à la crise finale du jugement de toutes les nations de la terre. « Car voici… je vais appeler l’épée sur tous les habitants de la terre, dit l’Éternel des armées… Un son éclatant viendra (vers. angl.) jusqu’aux bouts de la terre, car l’Éternel plaide avec les nations, il contestera contre toute chair… Et en ce jour-là, ceux qui auront été mis à mort par l’Éternel seront depuis un bout de la terre jusqu’à l’autre bout », etc. (v. 29-33).

Jérémie 30 à 33. Dans cette magnifique série de prophéties, nous trouvons d’abord Juda restauré ; puis Israël ; ensuite l’un et l’autre établis sous la nouvelle alliance ; le pays restauré ; le Messie et la sacrificature : le tout introduit par le jugement sur les Juifs et les nations, jugement qui trouve Jacob au comble de sa détresse. Examinons-les plus attentivement. Dans le chapitre 30, 7, le prophète écrit : « Hélas ! que cette journée-là est grande ! Il n’y en a pas eu de semblable, et elle sera un temps de détresse à Jacob ; il en sera pourtant délivré. Et il arrivera en ce jour-là, dit l’Éternel des armées, que je briserai son joug de dessus ton cou, et que je romprai tes liens, et les étrangers ne t’asserviront plus ; mais ils serviront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi, lequel je leur susciterai. Toi donc, mon serviteur Jacob, ne crains point, dit l’Éternel, et ne t’épouvante point, ô Israël ! car voici je vais te délivrer du pays éloigné, et ta postérité du pays de leur captivité ; et Jacob retournera et il sera en repos et à son aise, et il n’y aura personne qui lui fasse peur. Car je suis avec toi, dit l’Éternel, pour te délivrer, et même je consumerai entièrement toutes les nations parmi lesquelles je t’aurai dispersé ; mais quant à toi, je ne te consumerai pas entièrement, mais je te châtierai par mesure, et ne te tiendrai pas entièrement pour innocent… Néanmoins tous ceux qui te dévorent seront dévorés, et tous ceux qui te mettent dans la détresse iront en captivité, et tous ceux qui te fourragent seront fourragés, et j’abandonnerai au pillage tous ceux qui te pillent. Même je consoliderai tes plaies, et je te guérirai de tes blessures, dit l’Éternel, parce qu’ils t’ont appelée la délaissée, disant : C’est Sion, personne ne la recherche… ta ville sera rétablie sur son sol… et vous serez mon peuple et je serai votre Dieu…. L’ardeur de la colère de l’Éternel ne se détournera point jusqu’à ce qu’il ait exécuté et mis en effet les desseins de son cœur ; vous entendrez ceci aux derniers jours ». Le chapitre 31 présente la délivrance, à la même époque, de toutes les tribus d’Israël. Et ils planteront les vignes dans les montagnes de Samarie et en mangeront le fruit, comme de choses communes. Le langage de cette délivrance est merveilleusement touchant : « Voici, je vais les faire venir du pays d’Aquilon et je les rassemblerai des bouts de la terre ; l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et celle qui enfante seront ensemble parmi eux ; une grande assemblée retournera ici. Ils y seront allés en pleurant, mais je les ferai retourner avec des supplications, et je les conduirai aux torrents d’eaux et par un droit chemin, auquel ils ne broncheront point ; car j’ai été pour père à Israël, et Éphraïm est mon premier-né… Celui qui a dispersé Israël le rassemblera… Ils viendront donc et se réjouiront avec chant de triomphe au plus haut de Sion, et ils accourront aux biens de l’Éternel, au froment, au vin et à l’huile, et au fruit du gros et du menu bétail, et leur âme sera comme un jardin plein de fontaines, et ils ne seront plus dans l’ennui… Voici les jours viennent, dit l’Éternel, que je traiterai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda (les deux maisons, la nation entière), non selon l’alliance que je traitai avec leurs pères au jour que je les pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, laquelle alliance ils ont enfreinte… car c’est ici l’alliance… Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leurs cœurs… Chacun d’eux n’enseignera plus son prochain, ni chacun d’eux son frère disant : Connaissez l’Éternel ; car ils me connaîtront tous depuis le plus petit jusqu’au plus grand, dit l’Éternel, parce que je pardonnerai leurs iniquités et je ne me souviendrai plus de leur péché… Si jamais ces règlements (de la création) disparaissent devant moi, dit l’Éternel, aussi la race d’Israël cessera d’être jamais une nation devant moi ». Quand le Messie fut retranché, le sang de cette nouvelle alliance fut répandu, et tout ce qui était nécessaire, du côté de Dieu, fut accompli pour les établir en justice sous elle. Il est clair que le retour du résidu de Juda, de Babylone, n’était pas ce rétablissement, car l’alliance en question sera établie avec tout Israël ; comme c’est dit positivement, et en grâce. Toutefois la bénédiction de cette alliance ne les amènera jamais au-dedans du voile, comme c’est la place du chrétien maintenant : « Voici les jours viennent, dit l’Éternel, que cette ville sera rebâtie à l’Éternel, depuis la tour de Hananeël jusqu’à la porte du coin. Et encore le cordeau à mesurer sera tiré vis-à-vis d’elle sur la colline de Gareb, et fera le tour vers Goath. Et toute la vallée de la voirie et des cendres, et tout le quartier jusqu’au torrent de Cédron, jusqu’au coin de la porte des chevaux, vers l’orient, sera une sainteté à l’Éternel, et ne sera plus démoli ni détruit à jamais ».

Dans le chapitre 32, l’Éternel relève les circonstances du siège de Jérusalem par Nebucadnetsar pour déclarer Ses conseils en grâce quant à leur restauration finale. Il est ordonné au prophète d’acheter un champ comme témoignage que le peuple posséderait de nouveau le pays : « Voici je vais les rassembler de tous les pays dans lesquels je les ai dispersés par ma colère… et je les ferai retourner en ce lieu-ci, et je les ferai demeurer en sûreté… Et je prendrai plaisir à leur faire du bien, et je les planterai dans ce pays-ci solidement de tout mon cœur et de toute mon âme ».

Le chapitre 33 répète les mêmes bénédictions en vue du jour où leur Messie serait avec eux : « Et je ferai retourner les captifs de Juda et les captifs d’Israël (les deux maisons)… Et je les purifierai de toute leur iniquité, par laquelle ils ont péché contre moi ; et je pardonnerai toutes leurs iniquités, par lesquelles ils ont péché contre moi, et par lesquelles ils ont péché grièvement contre moi… En ces jours-là, et en ce temps-là, je ferai germer à David le Germe de justice, qui exercera le jugement et la justice en la terre » (« C’est pourquoi le jugement s’unira à la justice et tous ceux qui sont droits de cœur le suivront », psaume 94, 15). « En ces jours-là Juda sera sauvé et Jérusalem habitera en assurance, et c’est ici le nom dont elle sera appelée : l’Éternel notre justice. Car ainsi a dit l’Éternel : Il ne manquera jamais à David d’homme assis sur le trône d’Israël », pas simplement sur Juda. « Ainsi a dit l’Éternel : Si je n’ai pas établi mon alliance touchant le jour et la nuit, si je n’ai point établi les ordonnances des cieux et de la terre ; aussi rejetterai-je la postérité de Jacob et celle de David, mon serviteur, pour ne prendre plus de sa postérité des gens qui dominent sur la postérité d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; car je ferai retourner leurs captifs, et j’aurai compassion d’eux ».

Voyons maintenant Ézéchiel 20. L’Esprit retrace ici l’idolâtrie de la nation entière depuis le moment de leur délivrance hors d’Égypte. Dieu les avait fait sortir et leur avait donné Ses sabbats, comme signe entre Lui et eux ; mais ils s’étaient constamment rebellés dans le désert et avaient profané Ses sabbats. « Mais les enfants se rebellèrent aussi contre moi, ils ne marchèrent point dans mes statuts… ils profanèrent mes sabbats… au désert ». Dieu leur avait dit (Deut. 32 ; Lév. 26) qu’Il les disperserait parmi les nations. Pourtant quand ils furent amenés dans le pays, ils abandonnèrent le Seigneur pour les hauts lieux et le Seigneur jura qu’Il ne voulait plus être invoqué par eux ; mais la nation, endurcie dans son idolâtrie, résolut d’être comme les païens et servit le bois et la pierre. Alors l’Éternel dit qu’Il répandrait Sa fureur et dominerait sur eux. « Et je vous tirerai d’entre les peuples et je vous rassemblerai hors des pays dans lesquels vous aurez été dispersés… et je plaiderai avec vous face à face… et je vous ferai passer sous la verge… et je mettrai à part d’entre vous les rebelles (les apostats) et ceux qui se révoltent contre moi… et ils n’entreront pas dans la terre d’Israël… car en ma sainte montagne… toute la maison d’Israël me servira, dans toute cette terre… quand je vous aurai fait revenir en la terre d’Israël, qui est le pays touchant lequel j’ai levé ma main pour le donner à vos pères… J’allumerai un feu au-dedans de toi…. Et toute chair verra que moi, l’Éternel, je l’ai allumé, et il ne s’éteindra point » (v. 33-44 ; 21, 1-4). Israël est traité ici comme idolâtre au milieu des nations de la terre, de même que Juda est traité pour la réjection de Christ (car Israël n’est jamais retourné pour que leur Messie leur fût présenté comme Il l’a été à Juda), son péché spécial dans lequel il s’est uni avec la quatrième puissance gentile représentée par Pilate. À la fin, il est trouvé étroitement lié avec l’empire gentil et politiquement favorisé par lui dans son état ravivé. L’esprit impur d’idolâtrie ne retourne pas vers les Juifs après le retour du résidu de Babylone. Le Seigneur signale cela en Matthieu 12 : « Et quand l’esprit immonde est sorti de l’homme, il va par les lieux secs cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti. Et quand il y est venu, il la trouve vide, balayée et ornée. Alors il va et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui-même, et étant entrés, ils habitent là ; et le dernier état de cet homme est pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette génération méchante ». Le verset 4 montre la connexion du jugement des nations avec celui d’Israël.

Ézéchiel 36-39. Dans cette série de chapitres, nous avons d’abord le renouvellement moral de la nation, puis la vivification et la restauration du peuple dans une résurrection nationale ; puis, lorsqu’une fois ils sont restaurés et dans leur pays, leur dernier grand ennemi qui occupe le territoire de l’Assyrien monte contre eux, et trouve sa ruine et sa destruction dans les montagnes d’Israël.

Chapitre 36. La chute passée de la nation est placée devant eux afin qu’ils le reconnaissent devant Dieu. Les nations ont dit : « Ceux-ci sont le peuple de l’Éternel, et (cependant) ils sont sortis de son pays » (v. 20). Mais alors Dieu se souvient que Son nom est engagé, et, pour l’amour de Son saint nom, Il les délivre. Puis, comme Il l’avait montré à Nicodème, un docteur en Israël, la nouvelle naissance était nécessaire, même pour la jouissance des bénédictions terrestres ; chose qu’en son caractère de docteur en Israël il aurait dû savoir par le témoignage des prophètes. « Et je répandrai sur vous des eaux nettes… je vous donnerai un nouveau cœur… et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous… et vous demeurerez au pays que j’ai donné à vos pères… et je multiplierai le fruit des arbres et le revenu des champs… Je vous ferai habiter dans des villes et les lieux déserts seront rebâtis » etc. La nation est ainsi moralement renouvelée afin qu’ils s’abhorrent devant Dieu à cause de leurs péchés.

Chapitre 37. Dans la vision de ce chapitre, nous avons une figure de la résurrection finale du peuple. Le prophète voit une vallée couverte d’ossements secs auxquels il prophétise comme il lui a été ordonné ; et il y eut un bruit et un tremblement et ils se rassemblèrent, et les tendons et la chair les couvrirent et le souffle leur revint et ils vécurent. « Alors il me dit : Fils d’homme, ces os sont toute la maison d’Israël. Voici ils disent (dans la captivité) : Nos os sont devenus secs, notre attente est perdue ; c’en est fait de nous. Ainsi a dit le Seigneur Éternel : Mon peuple, je vais ouvrir vos sépulcres, et je vous tirerai hors de vos sépulcres, et vous ferai rentrer dans la terre d’Israël… Et je mettrai mon esprit en vous et vous revivrez et je vous placerai sur votre propre terre ». L’image de la résurrection est ici employée pour montrer le rassemblement, dans leur pays, de la nation longtemps perdue, en apparence, parmi les nations de la terre. Elle ne s’applique, en réalité, qu’à la terre, et non au rassemblement actuel des saints qui sont morts dans le Seigneur ; autrement ce serait « dans le ciel » et non « sur la terre », qu’ils seraient amenés. Dans ce qui suit nous trouvons que Juda et Israël, longtemps séparés, sont réunis en une seule nation, sous un seul roi. Dieu dresse Son tabernacle et Son sanctuaire parmi eux et établit Son alliance de paix.

Dans les chapitres 38 et 39, l’Assyrien, l’ancien ennemi du peuple, au temps où il était reconnu de Dieu — « la verge de la colère de l’Éternel » (És. 10, 5, contre Son peuple pour le châtier de leurs péchés) — est ici introduit sous le nom de Gog, le prince de Rosh (Russie), Méshec (Moscou) et Tubal (Tobolsk). Il possède le territoire occupé par la Russie, ou ce que cette puissance aura réuni sous sa domination en ce jour-là. Il est représenté comme venant méchamment contre la nation en Palestine quand elle est restaurée et en repos. « Tu diras : Je monterai contre le pays dont les villes sont sans murailles ; j’envahirai ceux qui sont en repos, qui habitent en assurance… pour enlever un grand butin et faire un grand pillage, pour remettre ta main sur les déserts qui sont maintenant inhabités, et sur le peuple ramassé d’entre les nations, lequel vaque à son bétail et à ses biens au milieu du pays… Ainsi dit l’Éternel… Tu seras aux derniers jours, et je te ferai venir contre ma terre… N’est-ce pas de toi que j’ai parlé, que j’ai parlé autrefois par le ministère de mes serviteurs les prophètes d’Israël… Et il arrivera… quand Gog viendra contre la terre d’Israël, dit le Seigneur Éternel, que ma colère éclatera… Et j’entrerai en jugement avec lui par la mortalité et par le sang… Et je te ferai retourner en arrière, n’en laissant que de six l’un… Tu tomberas sur les montagnes d’Israël… Voici cela est arrivé et a été fait, dit le Seigneur l’Éternel, c’est ici la journée dont j’ai parlé… Et ils (la maison d’Israël) sauront que je suis le Seigneur, leur Dieu, lorsqu’après les avoir transportés parmi les nations, je les aurai rassemblés en leur terre, et que je n’en aurai laissé demeurer là aucun de reste… Et je ne leur cacherai plus ma face, depuis que j’aurai répandu mon esprit sur la maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel ». Comparez aussi pour cette destruction de l’Assyrien, après la restauration du peuple, Ésaïe 14, 24, 25 ; 33. Nous devons soigneusement distinguer Gog, la terre de Magog en Ézéchiel 38 et 39, de Gog et Magog en Apocalypse 20 : le premier s’élève lorsque le peuple est restauré au commencement du royaume ; le dernier, après que les mille ans du royaume sont expirés. « Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison, et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog », etc. (v. 7, 8).

Daniel 12. Nous avons déjà vu que l’époque de la grande tribulation dont il est parlé ici est celle à laquelle le Seigneur Lui-même fait allusion comme devant arriver au temps où l’abomination de la désolation sera établie dans le temple et qui se termine par la venue du Seigneur Lui-même, et la délivrance du peuple. C’est la fin de la soixante-dixième semaine, quand l’empire latin reconstitué est la pleine expression de l’énergie satanique et dont la destruction prépare le royaume pour Christ. Nous lisons : « En ce temps-là Micaël tiendra ferme… pour les enfants de ton peuple ; et ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il y a eu des nations, jusqu’à ce temps-là ; et en ce temps-là ton peuple échappera… Et plusieurs (pas tous) de ceux qui dorment dans la poussière de la terre » (ceci est une figure analogue à la mort et à la résurrection morale d’Ésaïe 26, 13-19 et à la résurrection nationale comme elle est présentée par la figure de la vallée des os secs dans Ézéchiel 37) « se réveilleront ; les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l’infamie éternelle. Et ceux qui auront été intelligents luiront comme la splendeur de l’étendue et ceux qui en auront amené plusieurs à la (instruit plusieurs dans) justice, comme des étoiles à toujours et à perpétuité… Et l’un dit… Quand est-ce que sera la fin de ces merveilles (c’est-à-dire la fin de la tribulation) ? Et il jura que ce sera jusqu’à un temps, et des temps et une moitié des temps « pour mettre fin à la dispersion du peuple saint » : la dernière moitié de la soixante-dixième semaine de Daniel 9.

Joël 3. Il suffit de lire les versets 1, 2, 9-17 pour montrer la connexion : « Car voici, en ces jours-là… auxquels je ferai retourner ceux qui auront été emmenés captifs de Juda et de Jérusalem, j’assemblerai toutes les nations et les ferai descendre en la vallée de Josaphat (le jugement de Jéhovah), et j’entrerai en jugement avec eux, à cause de mon peuple, et de mon héritage d’Israël, lequel ils ont dispersé parmi les nations ; et parce qu’ils ont partagé entre eux mon pays… Publiez ceci parmi les nations… Amassez-vous et venez toutes nations d’alentour, et soyez assemblées…. Que les nations se réveillent, et qu’elles montent à la vallée de Josaphat, car je serai là pour juger toutes les nations d’alentour » (ceci est le jugement des nations vivantes). « Et l’Éternel rugira de Sion, et fera ouïr sa voix de Jérusalem et… sera un asile à son peuple et la force des enfants d’Israël… et Jérusalem ne sera que sainteté, et les étrangers n’y passeront plus ». Elle ne sera plus foulée par les nations ; leurs temps seront pleinement accomplis.

Michée 4 et 5. Cette prophétie montre d’une manière merveilleusement belle la venue et le rejet du Bethléhémite par Son peuple qui est alors délaissé pour un temps, jusqu’à ce que Sion, qui est en travail, ait enfanté et que le Fils soit reconnu comme « né à la nation » (voyez És. 9) ; alors Israël sera restauré. L’Assyrien alors monte, et Celui qu’ils avaient rejeté devient leur paix. « Et il se maintiendra et gouvernera par la force de l’Éternel… Et c’est lui qui fera la paix, après que l’Assyrien sera entré dans notre pays, et qu’il aura mis le pied dans nos palais… » Il « nous délivrera des Assyriens… et le résidu de Jacob sera au milieu de plusieurs peuples comme une rosée qui vient de l’Éternel, et comme une pluie menue qui tombe sur l’herbe, laquelle on n’attend point d’aucun homme, et qu’on n’espère point des enfants des hommes ». Jacob sera le canal de la grâce rafraîchissante de Dieu envers le monde et un témoignage de Sa puissance.

Sophonie 3, 8-20. « C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, au jour où je me lèverai pour le dégât ; car mon ordonnance est d’amasser les nations… afin de répandre sur elles mon indignation… car tout le pays sera dévoré par le feu de ma jalousie ». Le résidu est ainsi encouragé à attendre du Seigneur ce temps de jugement quand Il se lèvera pour le dégât ; ce jugement seul les rendra libres et enseignera aux nations à invoquer le nom de l’Éternel et à Le servir d’un même cœur. En ce jour-là Dieu rassemblerait Son peuple dispersé au-delà des rivières d’Éthiopie (Euphrate et Nil) et aurait, au milieu d’eux, un peuple se confiant dans le nom de Jéhovah ; et « le résidu d’Israël ne fera point d’iniquité, et ils ne proféreront point de mensonges ; et il n’y aura point dans leurs bouches de langue trompeuse ; aussi ils paîtront et feront leur gîte et il n’y aura personne qui les épouvante. Réjouis-toi avec chant de triomphe, fille de Sion ! Jette des cris de réjouissance, ô Israël ! Réjouis-toi et t’égaies de tout ton cœur, fille de Jérusalem ! L’Éternel a aboli ta condamnation ; il a éloigné ton ennemi ; le Roi d’Israël, l’Éternel, est au milieu de toi ; tu ne sentiras plus de mal. En ce temps-là on dira à Jérusalem : Ne crains point Sion, que tes mains ne soient pas lâches. L’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi ; le Puissant te délivrera ; il se réjouira à cause de toi d’une grande joie, il se reposera dans son amour (vers. angl.), il s’égaiera à cause de toi avec chant de triomphe… je vous rendrai célèbres et un sujet de louanges parmi tous les peuples de la terre, quand je ramènerai vos captifs en votre présence, a dit l’Éternel ».

Aggée 2. « Car ainsi a dit l’Éternel des armées : Encore une fois, et dans peu de temps, j’ébranlerai les cieux et la terre, la mer et le sec, et j’ébranlerai toutes les nations, et le désiré de toutes les nations viendra, et je remplirai de gloire cette maison, a dit l’Éternel des armées… La dernière gloire de cette maison sera plus grande que la première… J’ébranlerai les cieux et la terre ; je renverserai le trône des royaumes, je détruirai la force des royaumes des nations… dit l’Éternel des armées ». Ce jugement universel qui sert d’introduction à Christ et à la gloire de la nation restaurée, est mentionné par l’Esprit Saint en Hébreux 12, 26, comme encore à venir.

Zacharie 10 à 14. Dans cette série de chapitres nous avons la restauration de Juda et d’Israël, à une époque de jugement universel ; et il en est encore parlé comme d’une chose future, bien longtemps après le retour de Juda de la captivité de Babylone.

« Et il arrivera en ce temps-là que je ferai que Jérusalem sera une pierre pesante à tous les peuples ; tous ceux qui s’en chargeront seront entièrement écrasés, quoique toutes les nations de la terre seront assemblées contre elle… et Jérusalem sera encore habitée en sa place, savoir, à Jérusalem… Et il arrivera qu’en ce temps-là je chercherai à détruire toutes les nations qui viendront contre Jérusalem ». Les versets suivants qui parlent de la repentance de la maison de David et de la nation sont extrêmement beaux. Le Messie rejeté est le Jéhovah qui les délivre. Ils regardent vers Celui qu’ils ont percé. Il y a un grand deuil dans le pays, tel que fut le deuil de la plaine de Meguiddo. Cette allusion à 2 Chroniques 35, 22 est extrêmement touchante. , dans les derniers jours de leur précédente histoire, leur roi fidèle, Josias, était tombé ; et la nation avait pleuré et mené grand deuil sur son roi égorgé. Ici, ils apprennent à pleurer dans la poussière, lorsqu’ils apprennent que le roi, que leur nation a crucifié, est l’Éternel des armées Lui-même.

Dans l’histoire passée de la nation, nous avons vu comment ils étaient tombés ; — le peuple, les prêtres, les prophètes et les rois. — Ici nous trouvons ces différentes classes toutes représentées dans cette repentance nationale et pourtant individuelle. La maison de David qui représente les rois — la maison de Nathan, les prophètes — la maison de Lévi, les sacrificateurs — la maison de Shimhi (Siméon), le peuple.

Juda est ici traité, dans le pays, pour le rejet de Christ, et non comme Israël, ainsi que nous l’avons vu, pour cause d’idolâtrie. « Et… dans toute la terre… deux parties seront retranchées en elle, et défaudront, mais la troisième y demeurera de reste. Et j’amènerai la troisième partie au feu ; je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or ; chacun d’eux invoquera mon nom, et je l’exaucerai ; je dirai : C’est mon peuple (Ammi). Et il dira : l’Éternel est mon Dieu ». La sentence : « Appelle son nom Lo-Ammi, car vous n’êtes point mon peuple et je ne serai point votre Dieu », etc., Osée 1, 9, est enlevée.

Dans le chapitre 14, le Seigneur apparaît pour leur délivrance à l’endroit d’où « la gloire » du Dieu d’Israël était partie quand Il transféra « l’épée » aux Gentils. De cette même place, Il était entré dans Jérusalem comme leur Roi, conformément à ce prophète au chapitre 9, monté sur le poulain d’une ânesse. Sur la même montagne des Oliviers, Il s’était assis en Matthieu 24 entouré de Ses disciples juifs ; et puis Il avait quitté Sa nation jusqu’au jour où ils diraient : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », et Il les avait instruits touchant la restauration et le rassemblement de leur nation des quatre coins de la terre à la venue du Fils de l’homme dans Sa gloire. De la même montagne, Il était remonté au ciel après avoir été rejeté et crucifié par Sa nation (Act. 1). Et c’est sur cette même montagne que Ses pieds se tiendront debout quand Il reviendra pour leur pleine et entière délivrance en grâce : « Alors l’Éternel sortira et combattra contre ces nations-là… Et Ses pieds se tiendront debout en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté d’orient… Alors l’Éternel mon Dieu viendra et tous les saints seront avec toi… Et il arrivera qu’en ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem… Et l’Éternel sera roi sur toute la terre… Et toute la terre deviendra comme la campagne depuis Guéba jusqu’à Rimmon, vers le milieu de Jérusalem, laquelle sera exaltée et habitée en sa place, depuis la porte de Benjamin jusqu’à l’entrée de la première porte, et jusqu’à la porte des encoignures ; et depuis la tour de Hananeël, jusqu’aux pressoirs du roi… Et il arrivera que tous ceux qui seront restés de toutes les nations venues contre Jérusalem, monteront en foule chaque année pour se prosterner devant le roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des Tabernacles ».

Nous avons suivi sans trop de commentaires, et en laissant l’Écriture parler par elle-même, ce qu’elle a fait par la loi, les prophètes, les Psaumes qui tous parlent d’une époque de jugement universel, lorsque Dieu vient à s’occuper de nouveau directement de la terre, la nation d’Israël étant l’objet spécialement devant Lui, toutes ces voies préparant le chemin pour le royaume de Dieu en Sion et en la terre restaurée, à l’époque du rétablissement de toutes choses : et nous avons vu, bien distinctement, que cette époque de jugement est synchronique avec la supputation de la dernière partie de la soixante-dixième semaine de Daniel 9 — la crise décisive de l’histoire du monde. Mais avant de clore ce sujet, je voudrais signaler brièvement la position des saints célestes et glorifiés — l’Église des premiers-nés — durant ces scènes de jugement universel. Nous les avons vus enlevés, pour être toujours avec le Seigneur à l’époque de la première résurrection (où s’accomplissent les paroles d’Ésaïe 25, 8 ; 1 Corinthiens 15, 54 : « La mort est engloutie en victoire ») lorsque commence cette période de jugement. Nous trouvons cela dans le livre de l’Apocalypse, dans les chapitres 4 à 19 qui s’occupent de cette période de jugement précurseur du royaume ; il en est aussi question dans d’autres passages. Dans le chapitre 1, nous avons « les choses que tu as vues », la vision de Christ marchant au milieu des chandeliers. Chapitres 2 et 3, « les choses qui sont » (v. 19), ou le temps de l’Église comme porte-lumière ici-bas pour Christ. Dans sa place de responsabilité, les traits variés qui devaient marquer son existence dans ce monde sont esquissés, depuis l’abandon de son premier amour jusqu’à ce qu’elle est menacée d’un rejet total — « Je te vomirai de ma bouche ». — Sans nul doute, c’est à sept assemblées locales en Asie que sont adressées ces épîtres solennelles ; mais l’état moral de chacune d’elles est saisi pour décrire tout ce qui se trouverait dans la chrétienté. Que ces sept assemblées et elles seules ne pouvaient pas être désignées comme « les choses, qui sont », ressort avec évidence du fait qu’elles ne constituaient nullement tout ce qui existait alors ; et en outre, le chapitre 3, 10 indique que c’est tout le temps de l’existence de l’Église sur la terre qui est envisagé, ce verset promettant que le vainqueur qui garderait la parole de la patience de Christ serait gardé de « l’heure de la tentation qui va arriver sur tout le monde habitable pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » — la période de jugement que nous venons d’examiner et qui introduit, ou plutôt, précède le royaume. Le chapitre 4, etc., « Les choses qui doivent arriver après celles-ci » μετα ταυτα commence cette période : « Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci ». Nous ne pouvons pas mettre en doute que, dans ces chapitres, il se trouve des traits présentant les points principaux qui caractérisent la période prolongée depuis les jours apostoliques jusqu’à la fin du siècle ; mais quand nous en venons aux détails, l’interprétation ne peut s’appliquer, en vérité, qu’à la crise de l’histoire du monde.

À travers tout le cours de ces chapitres de l’Apocalypse, nous trouvons une compagnie assise dans les cieux, calme et paisible au milieu des tonnerres, des éclairs et des jugements, initiée à la pensée de Dieu, et comprenant parfaitement tout ce qui se passe sur la terre au-dessous d’elle. Dans le chapitre 4, nous les trouvons en présence d’un trône de jugement, assis comme rois et sacrificateurs, habillés de vêtements blancs et ayant sur la tête des couronnes d’or — le nombre complet des saints célestes reçus à la venue de Christ. Dans le chapitre 5, un d’entre eux explique au prophète des choses qui le troublaient ; et on les voit encore vaquant à leur service sacerdotal autour de l’Agneau. Puis, dans le chapitre 7, nous les trouvons encore dans le ciel ; et l’un d’eux donne au prophète des explications sur les cent quarante-quatre mille d’Israël, et sur la multitude des saints portant des palmes qui avaient été scellés pour être préservés à travers le jugement pour la terre milléniale, et qui ne sont plus sujets à la faim, à la soif, ni à la douleur. Dans le chapitre 12, nous entendons leurs voix célébrant la chute de Satan et de ses anges hors des lieux célestes. « Malheur aux habitants de la terre » est proclamé, parce que Satan est descendu dans une grande colère, n’ayant que peu de temps — la fin des mille deux cent soixante jours de la puissance de la Bête. Les souffrances des saints célestes cessent dès qu’ils sont enlevés, et juste avant que commencent celles des saints juifs scellés pour la préservation. Dans le chapitre 13, ces saints célestes sont les objets des blasphèmes de Satan par le moyen de la Bête ; il ne peut plus les accuser ou leur causer de la peine ; alors il blasphème « contre ceux qui habitent dans les cieux ». Dans le chapitre 19, après les noces de l’Agneau, nous voyons Christ, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, venant en jugement accompagné des saints célestes, habillés de fin lin qui est la justice des saints (comparez aussi chapitre 17, 14). Il vient pour exercer Son pouvoir sur les nations, et pour les gouverner avec un sceptre de fer, choses dans lesquelles les saints ont part avec Lui. Voyez psaume 2, 9 : « Tu les briseras avec un sceptre de fer, et tu les mettras en pièces comme un vaisseau de potier », avec Apocalypse 2, 26-27 : « Celui qui vaincra… je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vaisseaux d’un potier, selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père ». Ensuite, dans le chapitre 20, les trônes sont établis, et « ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné… ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ et ils régneront avec lui mille ans ». Dans le verset 4, nous trouvons trois classes. La première, ceux qui avaient été enlevés à la venue de Christ ; la seconde, ceux qui, pendant l’intervalle du jugement avant Son apparition, avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu, les martyrs sous le cinquième sceau (6, 9) ; et la troisième, ceux qui, pendant la colère de la Bête, dans son dernier effort, poussé par Satan, « n’avaient pas rendu hommage à la Bête, ni à son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main ». Ces deux dernières classes ne sont pas privées de leur bénédiction pour avoir souffert. Ils perdent celles du royaume terrestre, mais ne sont pas oubliés et reçoivent la bénédiction céleste avec ceux qui avaient été enlevés à la venue de Christ.

La gloire ou le royaume

Cette courte période de jugement universel que nous avons considérée purifie la sphère du royaume de tous les scandales et de tous ceux qui commettent l’iniquité, et se termine par la venue du Fils de l’homme avec puissance et grande gloire pour exécuter le dernier coup de jugement et régner sur le monde pendant la durée du royaume. Quand il sera établi, Dieu aura alors accompli, en Son Fils et par Lui, Ses conseils et Ses desseins quant à tout ce qui avait été remis entre les mains du premier Adam, et souillé et détruit par lui.

Nous avons vu le premier Adam, innocent et entouré de bénédictions, tomber et perdre ainsi sa place de domination sur toute la terre, et assujettissant par sa chute toute la création à la vanité (Rom. 8, 20). Livré à lui-même, une fois tombé, et hors du centre du bien, il remplit la terre de corruption et de violence, et Satan usurpe la place que Dieu aurait dû avoir dans sa pensée. Nous avons vu ensuite les trois grands systèmes établis dans le monde : le Juif sous la loi ; le Gentil sans loi, et revêtu du pouvoir suprême ; et l’Église sous la grâce — chacun ne servant qu’à prouver que l’homme manque toujours quand quelque chose lui est confié ; je parle de l’Église comme témoin dans le monde, dans la place de responsabilité et de témoignage, et non comme corps de Christ dans le ciel.

Dans les jours du royaume, le dernier Adam sera là. Dans Sa propre humanité, parfaite, sans tâche, Il vint et se tint au milieu des ruines d’un monde perdu, et eut à faire face à Satan qui avait obtenu son pouvoir par les convoitises du premier Adam déchu (Luc 4). Il se tint dans Son héritage et trouva « les royaumes du monde et leur gloire », entre les mains de Satan, souillés par le péché et en ruine. Il le prit ainsi avec son fardeau de péchés et de souillures ; Il déjoua et vainquit Satan dans le lieu de sa puissance ; Il lia l’homme fort et commença à le dépouiller de ses biens. Le prince de ce monde vint, mais n’avait rien en Lui. Il descendit dans le domaine de celui « qui avait la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable » (Héb. 2), et par Sa mort Il détruisit son pouvoir. Au temps convenable, Il le chassera, lui et ses anges, des lieux célestes (Apoc. 12) ; et quand, pendant une courte période, il aura consommé sa prodigieuse méchanceté dans l’empire latin ravivé et dans l’Antichrist, Il le liera et le jettera dans l’abîme, jusqu’à ce que les mille ans du royaume soient accomplis, et alors Il le jettera dans l’étang de feu. Quand Christ était ici-bas, Il manifestait « les puissances du siècle à venir » ou du royaume, chassant dehors les malins esprits et guérissant les malades. Quand ce jour-là sera venu, Satan sera dans l’abîme, et « les yeux des aveugles seront ouverts, et les oreilles des sourds seront débouchées. Alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet chantera en triomphe » (És. 35).

La création, qui a été assujettie à la vanité, non de sa propre volonté, mais par le fait de l’homme lorsqu’il tomba, et qui soupire et est en travail, attendant le jour de sa délivrance, sera délivrée de la servitude de la corruption dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous lisons en Genèse 3 : « La terre sera maudite à cause de toi, et elle te produira des épines et des chardons ». Mais, au jour de sa régénération, « au lieu de l’épine croîtra le sapin, et au lieu des ronces croîtra le myrte. Le désert et le lieu aride se réjouiront, et le lieu solitaire s’égaiera, et fleurira comme une rose » Et la sentence prononcée sur Caïn : « Quand tu laboureras la terre, elle ne te rendra plus son fruit », sera enlevée ; car nous lisons qu’au jour où Dieu fera briller Sa face sur Israël restauré, alors : « La terre produira son fruit, Dieu, notre Dieu, nous bénira ; Dieu nous bénira, et tous les bouts de la terre le craindront » (Ps. 67).

Le Juif restauré sera le centre du gouvernement de Dieu reconnu dans le monde sous Christ ; la suprématie sur les nations établie en Celui qui s’élèvera pour régner sur eux ; la royauté juive restaurée dans la maison de David, et la sacrificature réalisée dans son excellence et sa pureté.

Les hommes avaient entrepris de se former à Babel un nom et un centre en dehors de Dieu, et avaient été divisés en nations et en langues (Gen. 11). Israël était la nation relativement à laquelle ils avaient reçu leur héritage ; il était désigné comme le centre du gouvernement de Dieu dans le monde (Deut. 32, 8) : il se montra indigne de cette confiance, comme nous lisons de Jérusalem : « Ainsi a dit le Seigneur, l’Éternel : C’est ici cette Jérusalem que j’avais placée au milieu des nations et des pays qui sont autour d’elle. Elle a changé mes ordonnances en une méchanceté pire que celle des nations, et mes statuts en une méchanceté pire que celle des pays qui sont autour d’elle ; car ils ont rejeté mes ordonnances, et n’ont point marché dans mes statuts » (Éz. 5, 5, 6). Et le roi gentil s’efforça de constituer une unité religieuse en dehors de Dieu (Dan. 3). Nombreux ont été les centres d’union proposés par les hommes pour contrecarrer la sentence de dispersion prononcée par Dieu à Babel ; mais chaque fois ils ont échoué — Dieu n’en a qu’un ! « Le sceptre ne se départira point de Juda, ni le législateur d’entre ses pieds jusqu’à ce que le Shilo vienne, et à Lui appartient l’assemblée des peuples » (Gen. 49, 10). Quand Il vint à Juda, Il fut rejeté — « Beauté et Cordon » furent brisés (Zach. 11) et il n’y eut pas de rassemblement des nations. Son nom fut encore proposé comme centre lorsqu’à la Pentecôte, la miséricorde se réjouit au-dessus du jugement, et que Dieu, en grâce, prit occasion des langues, le signe du jugement, pour laisser chaque nation entendre parler dans la langue de son pays des œuvres merveilleuses et de la grâce de Dieu. Mais là encore son centre fut refusé, et il n’y eut pas de rassemblement des nations, mais un peuple tiré des nations pour Son nom et pour le ciel, où le centre du rassemblement, refusé sur la terre, avait été transporté. Dans les jours du royaume dont nous parlons s’accomplit ce que nous trouvons révélé en Genèse 28 au pèlerin Jacob, dans un songe d’une échelle unissant le ciel et la terre (Dieu Lui-même faisant en grâce ce que l’homme, dans sa volonté propre, avait tenté de faire à Babel). Nous voyons un type des jours du royaume quand Christ (ainsi que nous en informe Jean 1, 52) sera le lien d’union entre les cieux habités par les saints glorifiés et la terre milléniale ; quand la postérité de Jacob, maintenant vagabonde sur toute la surface de la terre, sans pays ni autel, sera « comme la poussière de la terre », et que Dieu les aura ramenés dans leur pays et leur aura fait tout ce qu’Il a promis (Gen. 28, 15). La semence de Jacob sera alors la tête et non pas la queue (Deut. 28, 13) ; et « plusieurs peuples, et de puissantes nations viendront rechercher l’Éternel des armées à Jérusalem et y supplier l’Éternel. Ainsi a dit l’Éternel des armées : Il arrivera en ce jour-là que dix hommes de toutes les langues des nations empoigneront et tiendront ferme le pan de la robe d’un Juif, en disant : Nous irons avec vous, car nous avons entendu que Dieu est avec vous » (Zach. 8, 23).

Autre chose. Jéhovah avait passé le Jourdain au-devant des tribus, sous Josué, dans leurs premiers jours, en prenant le titre de « Dominateur de toute la terre » (Jos. 3) ; mais quand Israël cessa d’être un témoin de ce titre et fut mis de côté et la domination transférée aux Gentils, Dieu prit le titre de « Dieu du ciel », ainsi que nous l’avons vu auparavant, et le conserve tout le long des « temps des Gentils ». Mais, pendant la scène de jugement préparatoire que nous avons considérée, Ses droits comme « le Dieu de la terre » sont de nouveau proclamés par Ses témoins (Apoc. 11) ; Il prend alors pleinement ce titre, et les biens des Gentils qui désirèrent le monde sans Dieu sont consacrés au Dieu de toute la terre (Mich. 4, 13). « Et l’Éternel sera Roi sur toute la terre ; en ce jour-là il n’y aura qu’un seul Éternel et son nom ne sera qu’un » (Zach. 14, 9 ; voyez aussi És. 54, 5).

Jérusalem, foulée par les Gentils jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis, sera alors restaurée ; quand le Rédempteur sera venu à Sion (Ésaïe 59 ; Romains 11), il lui sera dit : « Lève-toi, sois illuminée ; car ta lumière est venue et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi ; car voici les ténèbres couvriront la terre, et l’obscurité couvrira les peuples : mais l’Éternel se lèvera sur toi, et sa gloire paraîtra sur toi. Et les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la splendeur qui se lèvera sur toi. Élève tes yeux à l’environ et regarde, tous ceux-ci sont assemblés, ils sont venus vers toi ; tes fils viendront de loin, et tes filles seront nourries à tes côtés (vers. angl.) ; la puissance des nations sera venue à toi ; une abondance de chameaux te couvrira ; les dromadaires de Madian et de Épha et tous ceux de Sheba viendront ; ils apporteront de l’or et de l’encens et publieront les louanges de l’Éternel. Toutes les brebis de Kédar seront assemblées vers toi ; les moutons de Nebaïoth seront pour ton service, ils seront agréables étant offerts sur mon autel, et je rendrai magnifique la maison de ma gloire… Tes portes seront aussi continuellement ouvertes ; elles ne seront fermées ni jour, ni nuit, afin que les forces des nations te soient amenées et que leurs rois y soient conduits. Car la nation et le royaume qui ne te serviront point périront, et ces nations-là seront réduites en une entière désolation… Les enfants de ceux qui t’auront affligée viendront vers toi en se courbant, et tous ceux qui te méprisaient tomberont à tes pieds et t’appelleront : la ville de l’Éternel, la Sion du Saint d’Israël. Au lieu que tu as été délaissée et haïe tellement qu’il n’y avait personne qui passât parmi toi, je te mettrai dans une élévation éternelle, dans une joie qui sera de génération en génération… Je ferai venir de l’or au lieu d’airain, de l’argent au lieu de fer, et de l’airain au lieu de bois, et du fer au lieu des pierres, et je ferai que la paix te gouvernera, et que tes exacteurs ne feront que justice. On n’entendra plus parler de violence en ton pays, ni de dégât, ni de calamité en tes contrées ; mais tu appelleras tes murailles Salut et tes portes Louange ». Voyez aussi Ésaïe 65 : « Voici : Je vais créer Jérusalem pour n’être que joie et son peuple pour n’être qu’allégresse. Je m’égaierai en Jérusalem, et je me réjouirai sur mon peuple, et on n’y entendra plus de voix de pleurs, ni de voix de clameurs… Ils bâtiront des maisons et y habiteront ; ils planteront des vignes et en mangeront le fruit. Ils ne bâtiront point des maisons, afin qu’un autre y habite ; ils ne planteront pas des vignes afin qu’un autre en mange le fruit ; car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres, et mes élus jouiront longtemps du travail de leurs mains. Ils ne travailleront plus en vain, et n’engendreront point pour le trouble, car ils seront la postérité des bénis de l’Éternel et ceux qui sortiront d’eux les joindront. Le lion et l’agneau paîtront ensemble, et le lion mangera du fourrage comme le bœuf, et la poudre sera la nourriture du serpent ; on ne nuira point et on ne fera aucun dommage dans toute la montagne de ma sainteté, a dit l’Éternel des armées » (És. 65). Jérusalem longtemps délaissée par Jéhovah, comme nous en informe le commencement d’Ézéchiel lorsque Sa gloire remonta au ciel et qu’Il transféra l’épée aux Gentils, redevient la demeure de Sa gloire. Ézéchiel en vue du jour de Sa gloire décrit, dans les chapitres 40-44, le sanctuaire et la cité restaurée. Nous lisons dans le chapitre 43, 2-5 : « Et voici la gloire du Dieu d’Israël qui venait de devers le chemin d’orient, et le bruit qu’il menait était comme le bruit de beaucoup d’eaux et la terre resplendissait de sa gloire. Et c’était selon l’apparence de la vision que j’avais vue, même selon la vision que j’avais vue, lorsque je vins pour détruire la cité… (vers. angl.). Et la gloire de l’Éternel entra dans la maison, et voici la gloire de l’Éternel remplit la maison ». Et encore : « Le nom de la cité depuis ce jour sera « Jéhovah Shamma » ou « l’Éternel est là » (chap. 48). « Et en ce jour-là on appellera Jérusalem le trône de l’Éternel ; et toutes les nations s’assembleront vers elle au nom de l’Éternel à Jérusalem » (Jér. 3, 17), et cela lorsque Israël et Juda ne seront qu’une même nation dans le pays.

Son peuple. — Ils seront tous justes, comme nous lisons en Ésaïe 4, 3 : « Et il arrivera que celui qui sera laissé dans Sion, et que celui qui sera demeuré de reste dans Jérusalem sera appelé saint, savoir tous ceux qui seront laissés parmi les vivants à Jérusalem » (vers. angl.). Et encore : « Et quant à ton peuple, ils seront tous justes ; ils posséderont éternellement la terre ; le germe de mes plantes, l’œuvre de mes mains, afin que je sois glorifié » (És. 60, 21). La loi sera écrite dans leurs cœurs : « Après ces jours-là, dit l’Éternel, je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jér. 31, 33).

Les nations aussi invoqueront le nom de l’Éternel. Après qu’Il aura exécuté le jugement qui délivre le résidu de Son peuple, nous lisons : « Alors je changerai aux peuples leurs lèvres en lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel, pour le servir d’un même esprit » (Soph. 3, 9). Et encore : « Tous les bouts de la terre s’en souviendront, et se convertiront à l’Éternel, et toutes les familles des nations se prosterneront devant toi » (Ps. 22, 27).

Les promesses sans condition faites aux pères seront alors accomplies en grâce, et amenées, comme nous l’avons vu, par le jugement. Le psaume 105 le prophétise et offre des actions de grâces à Jéhovah, et invite la semence d’Abraham et de Jacob, à qui elles ont été faites, à chanter et à donner gloire à Son nom. Car Il est l’Éternel notre Dieu ; Ses jugements sont sur toute la terre. Il s’est souvenu à jamais de Son alliance, de la parole qu’Il a commandée en mille générations ; du traité qu’Il a fait avec Abraham, et du serment qu’Il a fait à Isaac, lequel Il a ratifié pour être une ordonnance à Jacob, et à Israël pour être une alliance éternelle ; en disant : Je te donnerai le pays de Canaan pour être le lot de ton héritage (v. 7-11). Nous pouvons nous souvenir qu’en considérant l’histoire passée de la nation nous avons vu que ces promesses n’ont pas encore été accomplies : le peuple ayant pris son héritage sous la loi, l’a perdu. Elles leur seront ratifiées en grâce souveraine, et, comme le déclare le verset 7, par le jugement, démontrant très clairement que leur application est encore future.

La connaissance du Seigneur et Sa gloire couvriront la terre comme les eaux couvrent la mer ; et le trône de Dieu et Son gouvernement en justice seront reconnus dans le monde. « Le jugement s’unira à la justice » (Ps. 94, 15). Et « la justice et le jugement seront la base de son trône » (97, 2). Christ sera le prince de ce monde, et Satan qui en est maintenant le prince sera lié. L’obéissance sera accordée à Son pouvoir manifesté ; et quand cette obéissance ne sera pas rendue, le retranchement en sera le résultat, chose qui, si elle a lieu pendant la continuation du royaume, sera reconnue comme l’effet des actes judiciaires de Dieu ; et tout se poursuivra en paix et heureusement. Satan ne sera plus là pour agir sur l’homme et l’exciter au péché. Nous trouvons au psaume 101 les principes du gouvernement du Messie dans le pays. « Le cœur mauvais se retirera d’auprès de moi, je n’avouerai point le méchant. Je retrancherai celui qui médit en secret de son prochain ; je ne pourrai pas souffrir celui qui a les yeux élevés et le cœur enflé. Je prendrai garde aux gens de bien du pays, afin qu’ils demeurent avec moi… Celui qui usera de tromperie ne demeurera point dans ma maison ; celui qui profère mensonge ne sera point affermi devant mes yeux. Je retrancherai chaque matin tous les méchants du pays, afin d’exterminer de la cité de l’Éternel tous les ouvriers d’iniquité ». Nous trouvons aussi le retranchement comme résultat du péché dans Ésaïe 65, 20, où nous lisons : « Le pécheur âgé de cent ans sera maudit », c’est-à-dire que s’il est retranché, cet acte sera reconnu comme retranchement pour cause de péché dans le gouvernement de Dieu. Le royaume d’Israël sera le centre terrestre de l’administration du gouvernement de Dieu dans le monde : « Il jugera justement ton peuple, et équitablement ceux des tiens qui seront affligés… Il descendra comme la pluie sur le regain, et comme la menue pluie sur l’herbe fauchée de la terre. En son temps le juste fleurira, et il y aura abondance de paix jusqu’à ce qu’il n’y ait point de lune. Même il dominera depuis une mer jusqu’à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre. Les rois de Tarsis et des îles lui présenteront des dons, les rois de Sheba et de Seba lui présenteront des dons. Tous les rois aussi se présenteront devant lui, toutes les nations le serviront… Une poignée de froment étant semée dans la terre, au sommet des montagnes, son fruit mènera du bruit comme les arbres du Liban, et les hommes fleuriront par les villes, comme l’herbe de la terre. Béni soit l’Éternel Dieu, le Dieu d’Israël, qui seul fait des choses merveilleuses. Béni soit aussi le nom de sa gloire et que toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen, oui, Amen ! » (Ps. 72). Et encore : « Voici, un roi régnera en justice, et des princes présideront avec équité… Le jugement habitera au désert, et la justice se tiendra en Carmel. La paix sera l’effet de la justice, et le labourage de la justice sera le repos et la sûreté à jamais » (És. 32).

Jusqu’ici nous avons brièvement mentionné les bénédictions terrestres du royaume. Nous avons laissé les saints célestes, qui avaient été enlevés au ciel à la venue de Christ, ainsi que ceux qui étaient morts martyrs pendant la crise de jugement qui avait introduit le royaume, assis sur des trônes à Sa manifestation, pour régner avec Lui mille ans. Voyons maintenant les bénédictions célestes du royaume. Dans Apocalypse 21, 9 à 22, 5, nous trouvons une description de la manifestation milléniale de la Jérusalem céleste au monde. Le prophète la voit descendant (non pas descendue : ceci, elle ne le fait jamais) du ciel d’auprès de Dieu. Ce que les saints devraient être dans ces jours d’épreuve — « des luminaires dans le monde » (Phil. 2) — l’Église l’est dans les lieux célestes, au jour de la gloire, réfléchissant devant le monde toutes les gloires de Dieu et de l’Agneau, siège de la puissance céleste administrative du royaume (« ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? ») ; sa position et son caractère célestes, et pourtant sa connexion avec la terre milléniale révélés — revêtue de gloire divine semblable à celle de celui qui est assis sur le trône au chapitre 4. Des anges sont les heureux portiers de cette cité sûre, qui est le principal fruit du travail de l’âme de Christ. Elle a la plénitude, dans la perfection, du pouvoir administratif, envers et sur le monde : douze portes, car la porte était la place du jugement. Les manifestations variées de la nature de Dieu, sous la figure de pierres précieuses, qui ont brillé dans la création (Éz. 28) et dans la grâce, sur le pectoral du souverain sacrificateur (Ex. 28), brillent ici dans la gloire. La cité et sa rue sont formées de justice divine, de quoi l’or est toujours l’emblème, et de sainteté de vérité « comme du verre transparent ». Le Seigneur Dieu, le Tout-puissant et l’Agneau en sont le temple et la lumière. Les nations (épargnées à travers les jugements exécutés sur la terre) marchent à la lumière de la cité céleste, et les rois de la terre rapportent à elle (jamais n’apportent en elle) leur gloire et leur honneur ; ils reconnaissent que le royaume céleste maintenant établi et les cieux eux-mêmes sont la source de la bénédiction pour la terre.

« Le Seigneur répondra aux cieux, et les cieux répondront à la terre » ; et il est reconnu que « les cieux dominent » (Dan. 4, 26). Aucun mal, qu’il provienne de l’homme ou de Satan, ne s’y trouve, et rien n’y entre de ce qui souille ou qui prononce le mensonge, mais seulement ceux qui sont écrits au livre de vie de l’Agneau. Le fleuve de Dieu et les fruits de l’arbre de vie sont pour le rafraîchissement des rachetés du Seigneur ; il n’y a plus là maintenant d’arbre de responsabilité, mais un seul arbre qui est l’arbre de vie, et dont les feuilles sont pour la guérison des nations de la terre. La cité est le vase de la grâce envers le monde dans ce jour-là. — La grâce la caractérise ; de même que la suprématie royale du sanctuaire terrestre restauré et de la cité de Jérusalem est à jamais maintenue, car nous lisons : « La nation et le royaume qui ne te serviront point périront » (És. 60, 12).

Ainsi nous trouvons tout ce qui avait été ruiné et souillé par l’homme, réalisé au jour du royaume en Christ et sous Lui. Les trois grands systèmes, élevés par Dieu, et détruits par les hommes, sont établis en gloire. Le Juif dans une suprématie et une bénédiction terrestres ; le Gentil, béni de toute part d’une manière subordonnée, et gouverné en justice ; et l’Église de Dieu dans la gloire céleste, et centre de l’administration du royaume et canal de la grâce pour le monde : la rivière de Dieu (Ps. 65). Son courant de bénédiction, toujours rempli d’eau, a été toujours desséché dans son flux à travers le monde, non pas quant à sa source, mais en tant que Dieu formait de temps à autre un canal pour la bénédiction dans le monde et envers Lui ; le canal a été corrompu et Dieu a été forcé de donner aux ondes pures d’autres directions, toujours en vue de la bénédiction de l’homme, le canal s’étant toujours montré indigne du contenu. Au commencement, le fleuve prit naissance en Éden, où il s’agissait d’une dispensation de bien-être et de joie terrestres, et se divisa en quatre bras pour apporter à la terre les richesses d’une telle dispensation. Bientôt, toutefois, comme nous le savons, ses canaux se corrompirent et il ne se trouva plus de place pour le flux d’une telle bénédiction, et ainsi les sources furent arrêtées et les canaux effacés par les eaux du déluge.

Puis, lorsqu’Israël fut racheté, et que Dieu se fut placé au milieu d’eux, le fleuve prit naissance dans le rocher qui fut frappé pour Son peuple dans le désert. « Ils burent de ce rocher spirituel qui les suivait » pendant les quarante années de leur voyage, jusqu’à ce qu’ils fussent en sûreté dans le pays. Alors, dans les fêtes journalières et annuelles célébrées en l’honneur de Jéhovah, le peuple fut rafraîchi par les eaux de Siloé qui coulaient doucement parmi eux — la rivière « dont les ruisseaux réjouissaient la ville de Dieu » (Ps. 46). Mais les canaux se corrompirent encore ; de sorte que lorsque Celui qui était leur source vint visiter cette famille, la seule qu’Il connût d’entre toutes les familles de la terre (Amos 3, 2) et qu’Il avait choisie pour être l’objet du flux du fleuve de Dieu et pour en être le canal à l’égard des nations, Il trouva qu’elle s’était tellement corrompue qu’Il ne pouvait plus la reconnaître ou lui permettre de souiller le courant. Et ainsi la source fut de nouveau transférée à une autre place, et le monde devint pleinement ce qu’il était pour Lui et ce qu’il a toujours été depuis lors pour Son peuple, « une terre déserte, altérée et où il n’y a point d’eau » (Ps. 63).

La source devait être maintenant le Fils de l’homme glorifié dans le ciel ; la dispensation, une dispensation de bénédictions spirituelles dans les biens célestes ; et le canal de la bénédiction, les membres de Christ sur la terre. Nous lisons en Jean 7, où le Seigneur passa outre et ne put pas reconnaître le canal (les fêtes qui revenaient chaque année), qui était devenu impropre pour la rivière de Dieu : « Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là, et cria, en disant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre ». Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit Saint n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié ». Tout infidèle que se soit montré Son peuple dans cette dispensation-ci, et tout obstrué que soit devenu le courant, pourtant il coule encore, et ne sera jamais ni épuisé, ni desséché. « Il (le Saint Esprit) habitera avec vous éternellement ».

Mais le jour vient où ce ne sera pas seulement une dispensation de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, mais une dispensation de biens terrestres aussi ; où il y aura la gloire des célestes et celle des terrestres ; où toutes choses, tant celles qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre, seront rassemblées ensemble en Christ ; où le Seigneur « répondra aux cieux, et les cieux répondront à la terre ; et la terre répondra au froment, au bon vin et à l’huile, et eux répondront à Jizreël » (Os. 2, 21, 22), la semence de Dieu. Le fleuve de Dieu aura alors une double source en bénédiction céleste et en bénédiction terrestre : sa source de gloire céleste sera la Jérusalem céleste — l’Église des glorifiés : « Le fleuve d’eau vive, claire comme du cristal, sort du trône de Dieu et de l’Agneau » (Apoc. 22, 1). Et la source de la gloire terrestre sera le sanctuaire de la Sion terrestre, lorsque les eaux vives découleront de la Jérusalem restaurée pour la bénédiction des Gentils et de la terre milléniale : « Voici les eaux qui sortaient de dessous le seuil de la maison vers l’orient » (Éz. 47 ; voyez Joël 3, 18 ; Zach. 14, 8). Et Christ sera le vrai Melchisédec, un sacrificateur sur Son trône, le lien entre la gloire céleste et la gloire terrestre. La vraie fête des tabernacles sera célébrée, non seulement par les Juifs et les Gentils, mais aussi par les saints dans les lieux célestes, après la moisson ou la récolte, et la vendange du jugement à la fin de ce siècle. « Et il arrivera que tous ceux qui seront restés de toutes les nations venues contre Jérusalem, monteront en foule chaque année pour se prosterner devant le roi, l’Éternel des armées, pour célébrer la fête des tabernacles ». Et les nations qui refuseront de monter ne participeront point aux courants rafraîchissants de la rivière de Dieu. Que le Seigneur hâte ce jour en Son temps !

Satan délié pour un peu de temps, le grand trône blanc, et l’état éternel

Après que le royaume a pris fin, avant que Christ le remette au Père, et que Dieu soit « tout en tous », nous trouvons un autre témoignage de la ruine de l’homme. Bien qu’ayant vu Christ, bien qu’ayant été placé au milieu des bénédictions du royaume, nous apprenons encore que l’homme est toujours le même. Nous avions le témoignage de l’Écriture que ceux de Son peuple sont tous justes au commencement du royaume. Les habitants du monde avaient appris la justice par suite des jugements qui l’avaient amenée, mais nous n’avons pas la même attestation quant à ceux qui seront nés pendant sa durée. Et la scène finale nous démontre le fait que la grâce et la régénération sont aussi nécessaires alors que maintenant pour conduire l’homme à Dieu. Il est clair par conséquent qu’il y aura déclin durant l’existence du royaume.

Quand le royaume a pris fin, Satan est délié pour un peu de temps, et s’en va aux quatre coins de la terre (il ne retourne jamais dans les lieux célestes) ; les nations sont ainsi mises à l’épreuve pour la dernière fois, et les irrégénérés tombent dans ses mains, en aussi grand nombre que le sable de la mer. Ceux qui sont ainsi séduits montent contre le camp des saints sur la terre, et sont détruits par le feu du jugement de Dieu — séparés, de la sorte, des fidèles par le jugement. Satan est alors précipité dans le lac de feu, où la bête et le faux prophète l’ont été déjà, après quoi le grand trône blanc est dressé ; la terre et les cieux sont emportés loin de la présence de Celui qui y est assis dessus, et il ne reste point de place pour eux. Les méchants morts se tiennent devant le trône, et sont jugés par Celui qui juge les secrets des hommes (Rom. 2) et qui les connaît. Ce jugement s’opère selon leurs œuvres et leur responsabilité constatées par « les livres ». Le livre de vie est ouvert, mais nul d’entre eux ne s’y trouve inscrit, et ils sont jetés dans le lac de feu. Le dernier ennemi, la mort, est détruit, et le hadès, le séjour des esprits de ceux qui sont morts, n’existe pas plus longtemps ; tous ceux qu’il renferme sont jetés dans le lac du feu. « Ensuite viendra la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. L’ennemi qui sera détruit le dernier, c’est la mort ; car il a assujetti toutes choses sous ses pieds. Or, quand il dit que toutes choses Lui sont assujetties, il est évident que celui qui lui a assujetti toutes choses est excepté. Mais quand toutes choses lui auront été assujetties, alors le Fils aussi Lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu (Père, Fils et Saint Esprit) soit tout en tous » (1 Cor. 15, 24-28).

Suit l’état éternel, les nouveaux cieux et la nouvelle terre « où la justice habite » (2 Pier. 3) ; non pas ce sur quoi « un roi régnera en justice », mais où la justice habite, car toutes choses ont été mises dans un ordre et une dépendance si parfaits, que la bénédiction découle sans obstacle de Dieu. Dieu habite parmi les hommes ! Dans cet état de suprême bénédiction nous trouvons en outre que l’Épouse, la nouvelle Jérusalem, a sa propre place à part, elle est le tabernacle de Dieu parmi les hommes. Il essuie toutes larmes, et il n’y a plus ni mort, ni tristesse, ni cri, ni souffrance d’aucun genre, car les premières choses, qui étaient en rapport avec le péché, sont passées. Le vainqueur a Dieu pour son Dieu, et il sera Son fils. De plus — pensée solennelle pour ceux qui voudraient s’opposer à la vérité ! — même dans cet état éternel, alors que le royaume intermédiaire de l’Agneau a disparu, et que Dieu est tout en tous, le châtiment éternel s’exécute parallèlement à l’éternelle bénédiction, pendant les ères sans fin de l’éternité ! À Dieu « soit la gloire dans l’Église, par le Christ Jésus, pour tous les âges du siècle des siècles ! Amen ! ».

Note. — On a pu observer que le chapitre 20 et une partie du 21 sont suivis de la description de l’état millénial de l’Épouse, la femme de l’Agneau. Le chapitre 20 commence par l’enchaînement de Satan, aux débuts du royaume, et continue pendant la durée du royaume, soit mille ans, jusqu’au verset 7 ; là, il prend les derniers actes de méchanceté de Satan après qu’il a été délié pour un temps ; enfin, il expose le jugement des morts et la destruction du dernier ennemi, la mort, avant que Christ ne remette Son royaume à Dieu (à Celui qui est Père) et Dieu est tout en tous ; de sorte que les versets 1-8 du chapitre 21 suivent leur ordre régulier dans l’état éternel, comme ceux que nous avons cités de 1 Corinthiens 15. Alors l’Esprit revient en arrière pour décrire ce qui n’avait pas été exposé auparavant, les gloires milléniales de la Jérusalem céleste pendant les jours du royaume, ainsi que cela résulte évidemment des versets 10, 24, 26, et des versets 1 et 2 du chapitre 22. C’est la division en chapitres et en versets qui a interrompu l’ordre véritable.

Conclusion

Nous avons parcouru la chaîne des grandes dispensations de Dieu, et en avons envisagé les aspects les plus généraux, dans la mesure de capacité que Sa grâce nous a accordée : prenant pour point de départ la chute de l’homme dans le jardin d’Éden, nous avons abouti à l’état éternel.

Nous lisons au psaume 25 : « Il fera marcher dans la justice les débonnaires et il leur enseignera sa voie… Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent ; il leur donne son alliance pour les instruire ». Et dans Ses relations avec Ses serviteurs, nous trouvons qu’Il agit conformément aux principes de Sa propre Parole ; nous lisons, en effet, en Nombres 12 : « Cet homme-là, Moïse, était le plus doux des humains qui sont sur la face de la terre » ; et au psaume 103, 7 : « Il découvrit ses voies à Moïse, et aux enfants d’Israël ses hauts faits ». C’est envers ceux qui sont moralement près de Lui que Dieu agit de cette manière, leur donnant la capacité de Le comprendre, et leur communiquant Son Esprit. Ceci est solennel, car tandis qu’Israël pouvait seulement Le connaître par Ses faits publics, il demeurait moralement éloigné de Lui, et par là même impropre à recevoir la communication de Ses conseils et de Ses voies. Il en est toujours ainsi : il y a chez tel chrétien une appropriation morale — une obéissance pratique aux intentions et à la volonté de Dieu telles qu’elles sont révélées — un désir de s’incliner devant Lui, et de répondre à la manière dont Il s’est révélé Lui-même, selon Son attente, Ses directions et Ses instructions ; tandis que tel autre, au contraire, est lent à écouter, n’apprend que fort peu, et cela même est sans fraîcheur et sans puissance sur son âme. « L’homme animal ne comprend point les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont une folie ; et il ne peut même les entendre, parce qu’elles se discernent spirituellement » (1 Cor. 2, 14). « Si quelqu’un veut (désire) faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine, savoir, si elle est de Dieu, ou si je parle de moi-même » (Jean 7, 17). Ce principe-là est bien simple, et pourtant que de choses il renferme ! Dieu ne révèle pas Sa vérité, pour qu’elle forme une simple somme de connaissances que l’on apprend pour la satisfaction de l’intelligence. Ce qu’Il enseigne, avec tant de condescendance, est imparfaitement appris, si même il est appris du tout, quand la conscience n’a pas été exercée et que les droits de Sa vérité n’ont pas trouvé de réponse dans l’âme, de manière à juger les ténèbres, à faire marcher dans cette vérité, à en jouir, et à vivre sous sa puissance. En outre, la vérité divine est tellement contraire à toute pensée des hommes, même des meilleurs, que même l’âme qui jouit de sa révélation est portée à tomber dans les pensées humaines et dans l’usage humain de la vérité.

Nos méditations nous ont conduits, nous l’espérons, par la grâce du Seigneur, à saisir un peu les traits principaux des dispensations de Dieu, ce qui est d’une importance extrême : tant que l’âme ne comprend pas la vérité relative à ces dispensations, elle ne peut rendre un témoignage ferme. Si l’on travaille pour le Seigneur, on donne aux besoins des âmes la première place ; et les droits de Dieu sur l’âme de Son peuple sont trop souvent oubliés. Le « vase d’albâtre plein d’huile odoriférante » devrait être joint à « cet évangile », c’est-à-dire la publication des opérations de la grâce de Dieu par l’évangile, satisfaisant aux besoins de l’âme, unie à un enseignement qui conduirait par grâce l’âme ainsi satisfaite et en repos, à une telle intelligence de la personne de Christ Lui-même, et à une telle appréciation de Lui, que la connaissance de Ses desseins et de Sa volonté est ce qu’on poursuit sans relâche ; et le cœur apprend à respecter les droits de Dieu, et à marcher dans le sentier d’une obéissance intelligente, sentier que Son œil signalerait, dans lequel Sa Parole écrite dirigerait, de sorte qu’on puisse Lui plaire (1 Thess. 4, 1).

Je n’hésite pas à dire que, sans la connaissance de la vérité dispensationnelle, cela est entièrement impossible ; sans doute, il peut y avoir et il y a de la piété chez plusieurs ; mais la piété, tout en rencontrant un certain respect, même de la part de l’homme du monde dont le cœur n’est pas complètement cautérisé, n’est pas « la vérité de Dieu ». Autre chose est d’être pieux, autre chose de marcher dans la vérité. L’âme qui a été établie dans la vérité dispensationnelle, qui a constaté les voies de Dieu durant les diverses dispensations (et même lorsque le témoignage confié aux hommes dans chaque dispensation a été corrompu ou détruit), cette âme apprend à répondre au conseil de Dieu, à marcher devant Lui selon Son esprit et Sa volonté, même quand la dispensation est tombée en ruines. On pense avec raison que le sentier tracé dans une dispensation, ne conviendrait pas à une autre ; et l’on juge aussi, avec beaucoup de discernement spirituel, qu’un sentier droit au commencement d’une dispensation, change nécessairement de caractère quand la dispensation est tombée en ruines par l’infidélité de ceux auxquels le témoignage est confié ; on reconnaît toutefois que les principes divins n’ont jamais changé, même alors qu’il était évident que le vaisseau ne pouvait contenir le trésor déposé en lui.

Le chrétien, ainsi instruit, voit ce qui répondait à Dieu d’une manière divine, fruit de l’enseignement de l’Esprit, dans l’âme d’un Juif pieux sous la loi, quand sa nation, comme nation terrestre élue, était reconnue de Dieu, subissant nécessairement une altération dans son caractère quand sa nation se fut corrompue, tandis que les conseils divins ne changeaient pas. Et il est encore capable de voir de la manière la plus nette que le sentier d’un Juif pieux, chez une nation terrestre, sous la loi, ne saurait être celui d’un chrétien dans une dispensation où son appel est à la fois en dehors et au-dessus du monde ; que l’expérience d’un Israélite pieux, dans sa dispensation, n’est pas telle, dans son meilleur état, qu’elle pût convenir à un membre du corps d’un Christ glorifié ; qu’être satisfait à si bon marché, c’est ignorer la position du chrétien comme tel et retourner en principe au judaïsme. Marcher comme ceux dont il est dit : « Heureux ceux dont la voie est innocente, qui marchent selon la loi de l’Éternel ! » (Ps. 119, 1), est chose bonne et bénie en son temps, tandis que « marcher dans la lumière, comme il est dans la lumière », est tout autre chose et bien supérieur : c’est réaliser que la dispensation avec un voile non déchiré a cessé, que les choses permises alors ont été mises de côté, et que le chrétien est maintenant en dedans du voile, dans la pleine lumière de la présence de Dieu, placé là pour marcher comme il convient à une telle position, et pour juger tout ce qui dans ses voies serait incompatible avec ce lieu, dans la liberté de la grâce. Toute l’étendue de sa responsabilité découle de sa position et de la relation dans laquelle il est placé.

Le chrétien, ainsi instruit, est rendu capable de traverser le monde, avec la vérité pour ceinture de ses reins, et avec un juste discernement moral quant à la valeur de tous ces progrès tant vantés en civilisation, religion, politique, et tout ce qui s’en suit : et quoique son témoignage puisse être, pour ainsi dire, celui d’un homme « vêtu d’un sac », cependant sa foi est confirmée par les principes même professés autour de lui et qui tendent dans une direction opposée, et il sent que, par grâce, rien de tout cela ne l’émeut. Il sait que le jour vient où son témoignage, s’il est en harmonie avec la pensée du Seigneur, sera confessé, et qu’alors il verra pleinement pourquoi le Seigneur l’avait pris pour témoin quand, extérieurement, il était comme Jérémie « renfermé », et que, « assis à l’écart », la Parole de Dieu remplissait son cœur de joie.

Qu’il me soit permis de poser à l’âme chrétienne une question. Les droits que le Seigneur Jésus a sur vous, ont-ils à vos yeux une importance suprême ? Je pose cette question à ceux qui professent aimer Christ et Lui appartenir comme à leur maître, à ceux dont la conscience a été pour toujours mise en repos, à ceux qui ont été introduits par la foi dans la parfaite et pure présence de Dieu en Christ, à ceux qui donnent pour réponse à toute pensée de nature à troubler leur paix le sang expiatoire, de sorte que passé, présent, avenir, tout est en sûreté. Les droits de Christ ont-ils assez de valeur pour que vous cherchiez à connaître Sa pensée et Sa volonté, même s’il devait en résulter la rupture des liens les plus chers à votre cœur ? Et connaissant Ses intentions et Sa volonté, cherchez-vous par grâce à y conformer votre marche ? Je sens que c’est une question profondément solennelle dans le temps actuel, temps des professions les plus retentissantes, mais où il n’y a ni conscience, ni vie pour Dieu.

La religion se présente sous les formes les plus belles et les plus séduisantes ; elle recherche l’appui de la science, de la poésie, de l’art ; elle s’en pare ; elle tient à la main une coupe de prostitution qui énerve les sens, assoupit et endort la conscience. Même alors qu’elle ne revêt pas tous ces ornements extérieurs, elle a recours à toute espèce de stratagèmes. Ceux qui ne se laissent pas prendre aux apparences, sont séduits par des arguments spécieux de convenances, et se jettent dans un tourbillon d’activité évangélique — œuvres parfaites, c’est possible, aux yeux des hommes, mais non à ceux de Dieu (Apoc. 3, 2). Elle s’adapte de plus en plus à l’homme naturel, irrégénéré, et, sous le nom de Christ, elle détourne les regards de Christ, et se vante « d’être riche, dans l’abondance, de n’avoir besoin de rien » (Apoc. 3, 17). « La forme de la piété, sans sa force », c’est bien là l’état de choses au milieu duquel nous vivons. La seigneurie de Christ est ignorée. On va jusqu’à renier en paroles la présence du Saint Esprit, ou, ce qui est pire, on l’admet en paroles, et on la nie complètement dans la pratique. C’est vraiment solennel. La vérité centrale, vitale du christianisme et de l’Église de Dieu, celle qui sépare nettement cette dispensation de tout ce qui a précédé ou doit suivre, est niée ; tout se perd dans un amas de confusion, dont les âmes ne peuvent sortir ; aussi elles « apprennent toujours, mais ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de la vérité ».

« Le fondement de Dieu demeure ferme », quelle qu’ait été l’infidélité de l’homme. Les principes de Dieu ne varient point ; et la responsabilité de Son peuple demeure aussi la même. Tandis que la bénédiction consiste à savoir que : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens », la responsabilité est « que quiconque invoque le nom de Christ se retire de l’iniquité », de l’iniquité en rapport avec la grande maison et sa corruption (2 Tim. 2, 19, etc.). Le chrétien doit se purifier des vaisseaux à déshonneur, afin qu’il puisse être un vaisseau à honneur, sanctifié, et utile au maître, et préparé pour toute bonne œuvre. Il ne doit pas, comme nous l’avons déjà dit, pactiser avec la corruption — et n’a pas non plus à essayer de réparer la ruine survenue ; elle ne sera jamais réparée jusqu’à ce que la masse professante trouve sa fin dans le jugement. Son sentier est clairement tracé : « Qu’il se retire de l’iniquité ! » « Qu’il se purifie des vaisseaux à déshonneur ! ». Puis vient sa marche personnelle de sainteté. Il doit « fuir les convoitises de la jeunesse » ; et ensuite, dans la compagnie d’autres chrétiens, « poursuivre la justice, la foi, l’amour, et la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». C’est ici le principe, principe bien clair : se séparer du mal, et s’en séparer pour Dieu au milieu de lui.

Puisse Celui qui seul peut le faire, incliner à l’obéissance à Sa Parole ceux dont les yeux tombent sur ces lignes, et donner un esprit de séparation et de soumission croissante, pour marcher dans le droit chemin, à ceux qui par grâce ont appris dans une certaine mesure à y marcher ! « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime » ; et « si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles » (Jean 14). C’est là le trait caractéristique du christianisme. C’est une obéissance intelligente rendue à une personne, non à une loi. Il fut un temps où l’homme fidèle et pur dans ses voies, où celui qui marchait selon la loi de l’Éternel, était béni (Ps. 119, 1, etc.). Alors Dieu n’était pas révélé. Il était caché derrière le voile et les barrières de la dispensation d’alors. Il était caché et avait proclamé Ses droits sur les hommes par la loi ; et quoique celle-ci eût dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force », elle ne révélait pourtant pas une personne pour attirer le cœur. Ce temps est passé. Christ est venu, et « par lui nous croyons en Dieu » (1 Pier. 1), et à Lui nous devons l’amour de nos cœurs et l’obéissance de notre vie — amour qui nous pousse à vivre désormais « non plus pour nous-mêmes, mais pour Celui qui est mort pour nous et qui est ressuscité » (2 Cor. 5). C’est une personne pour laquelle nous sommes appelés à vivre et que nous devons aimer ; c’est quelqu’un qui nous a sanctifiés pour une obéissance telle que celle qui caractérisa (1 Pier. 1, 2) Son propre renoncement, Sa vie, tout ce qu’Il a fait pour ceux qui Le haïssaient. La loi invitait l’homme à aimer son prochain comme lui-même ; l’obéissance de Christ a été l’entier abandon de soi-même pour Ses ennemis !

Le Seigneur Jésus engagea en Son jour les Juifs (Luc 12, 54-57) à discerner « les signes des temps », même par la puissance de la conscience naturelle, et à juger de ce qui était juste. Sa parole devrait aujourd’hui trouver un écho dans tout cœur chrétien qui s’est réveillé d’entre les morts (Éph. 5, 14). Tout autour de nous, à l’époque actuelle, la religion, l’état des sociétés, les nations, les puissances, les royaumes, tout prend graduellement et visiblement sa place pour les scènes finales de jugement. Le chrétien, prévenu à l’avance de ce qui doit se passer, peut veiller dans le calme et le repos, attendant la venue de son maître. Il sait que son appel est un appel céleste, qui le met hors de l’atteinte des jugements.

La venue du Seigneur, le Fils de Dieu, pour Son peuple est la borne, ou l’horizon de ses espérances. Ses actions, son service, ses projets, son séjour ici-bas, sont arrangés en vue de cet événement ; et s’il est appelé à servir son Seigneur et Maître sur cette terre, il le fait comme servant dans les derniers jours. Puisse un sentiment profond de cette vérité remplir l’âme de Son peuple ! Puisse-t-elle, avant que brille l’aurore de ce jour, pénétrer dans les cœurs et contribuer à les diriger dans leurs voies ! Quelqu’un a dit, je crois, que les écrits de l’Ancien Testament se terminaient avec l’espérance de la venue du soleil de justice, et ceux du Nouveau avec celle de « l’étoile du matin ». Cette pensée est d’une suave beauté. Le résidu pieux d’Israël, qui craignait le Seigneur et s’en entretenait souvent, etc. (Mal. 3) avait devant soi cette précieuse consolation, la venue du soleil de justice qui porte la santé dans ses rayons (Mal. 4). Et nous trouvons dans Luc 2 les Siméon, les Anne et « tous ceux qui attendaient la délivrance en Israël » (v. 25-38), se réjouissant à l’avènement du soleil de justice, la consolation d’Israël. Mais hélas ! Ses rayons tombèrent sur les cœurs sans les réchauffer ; Son peuple n’avait plus de cœur pour Lui. Les hommes n’étaient moralement pas en état d’avoir Dieu parmi eux ; c’est ainsi qu’Il fut obligé de voiler Ses rayons de bénédiction dans la scène ténébreuse qui se déroula autour de la croix, et de renvoyer à une autre époque le jour de la bénédiction. En attendant, notre vocation était révélée, et notre espérance nous était présentée, non plus comme « le soleil de justice », mais comme « l’étoile du matin ».

Plus nous contemplons la convenance de ce symbole de notre espérance, plus sa divine origine nous apparaît. C’est la sentinelle qui, après une longue nuit, voit l’étoile du matin durant quelques instants, tandis que les ténèbres disparaissent de dessus la face de la terre, et avant que les rayons du soleil la vivifient de leur chaleur. Ainsi en est-il de l’espérance du chrétien ; il veille pendant la nuit dans laquelle ce monde est plongé moralement, jusqu’à ce que brille l’aurore, et justement alors que les ténèbres sont le plus épaisses et sont près de se dissiper devant les rayons de la venue du « soleil de justice », son espérance est couronnée par la vue de « l’étoile du matin » (Apoc. 22, 16) venant, dans sa plus vive splendeur, prendre son peuple avec elle, afin de resplendir ensemble comme le soleil, dans le royaume de leur Père (Matt. 13) quand Jésus se révèle à la terre milléniale comme le soleil de justice.

Puisse Celui qui seul peut donner la bénédiction, bénir abondamment ces réflexions, et communiquer à cette espérance une puissance sanctifiante sur les âmes !

« Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour rendre témoignage de ces choses dans les assemblées. Je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin… Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt. Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! Amen ! »



  1. Les prophètes qui prophétisèrent après la captivité comptent les années par les années des oppresseurs gentils, et aucun ne s’adresse au peuple comme à un peuple reconnu de Dieu, sinon dans l’avenir.
  2. Ce rejet de Satan des lieux célestes est important. Il est parlé de Satan et des malins esprits comme étant dans les lieux célestes à notre époque. Il est appelé « le prince de la puissance de l’air », et l’Église de Dieu est dite dans Éphésiens 6, « avoir à combattre non contre la chair et le sang, mais contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes ».