Livre:Études sur la Parole — Psaumes

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Révision datée du 16 décembre 2018 à 20:41 par Éditeur (discussion | contributions) (Étude sur la Parole de J.N.D.)
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destinées à aider le chrétien dans la lecture du saint LivreJ.N. Darby

Le livre des Psaumes a évidemment un caractère particulier. Il ne nous raconte pas l’histoire du peuple de Dieu ; il ne nous expose pas les voies de Dieu à l’égard de ce peuple ; il n’a pas davantage pour but de nous enseigner certaines doctrines ou devoirs positifs, pas plus qu’il n’est la proclamation prophétique et formelle d’événements à venir. Sans doute, on y trouve des allusions à des événements importants, et les Psaumes sont étroitement liés avec diverses révélations prophétiques, de même qu’avec l’ensemble des enseignements de la Parole de Dieu, mais le but du livre n’est pas de s’occuper directement de ces sujets.

Les Psaumes sont, presque tous, l’expression des sentiments produits dans les cœurs du peuple de Dieu par les événements par lesquels ce peuple passe, ou, pour parler plus exactement, l’expression des sentiments préparée pour eux, par l’Esprit de Dieu, dans ces événements ; et par le fait ils expriment les sentiments, non seulement du peuple de Dieu, mais encore souvent ceux du Seigneur Lui-même. Les Psaumes sont l’expression de la part que l’Esprit de Dieu, en tant qu’opérant dans les cœurs des saints, prend à leurs souffrances et aux exercices de leurs âmes : l’opération de l’Esprit s’y lie à toutes les épreuves par lesquelles ils passent et à l’infirmité humaine qui apparaît dans ces épreuves, au milieu desquelles l’Esprit leur fournit ainsi des pensées de foi et de vérité comme ressource pour eux au milieu de toutes leurs vicissitudes. Nous trouvons par conséquent, dans les Psaumes, les espérances, les craintes, les afflictions, la confiance en Dieu qui respectivement remplissent l’âme des saints ; — parfois la part que prend à ces sentiments le Seigneur Lui-même — occasionnellement à l’exclusion de tout autre que Lui — et la position qu’Il a occupée afin qu’Il sympathisât ainsi avec eux.

De tout cela il résulte que, pour juger sainement de la vraie portée et de l’application des Psaumes, il faut un jugement spirituel plus mûr qu’à l’égard de toute autre partie des Saintes Écritures : il est nécessaire en effet qu’on soit capable de comprendre, dans cette lecture, ce qui dispensationnellement a donné naissance aux Psaumes, comme aussi de juger de la vraie position devant Dieu de ceux dont ils expriment les besoins ; — et ceci est d’autant plus difficile que les circonstances, l’état, et la relation avec Dieu du peuple dont ils traduisent les sentiments, ne sont pas ceux dans lesquels nous nous trouvons nous-mêmes. La piété que respirent les Psaumes est édifiante pour tous les temps ; la confiance en Dieu qu’ils expriment souvent au milieu de l’épreuve, a consolé et réjoui le cœur de plus d’un enfant de Dieu dans sa propre épreuve ; et ce sentiment doit être nourri et entretenu soigneusement. Mais plus cela est important, plus il est nécessaire que notre jugement spirituel sache discerner la position à laquelle se rapportent les sentiments exprimés dans les Psaumes, position qui donne son caractère propre à la piété qu’ils respirent. Faute de cette intelligence, la vraie et entière puissance de la rédemption, ainsi que la portée de l’évangile de la grâce de Dieu, sont perdues, et un grand nombre d’expressions, qui choquent l’esprit chrétien inattentif à leur véritable portée, restent obscures et même tout à fait incompréhensibles. L’âme qui se place, aujourd’hui, dans la position décrite dans les Psaumes, retourne en arrière vers des expériences qui appartiennent à un état légal, et qui sont la part de quelqu’un qui, pour le péché, se trouve sous le châtiment et dans l’épreuve ; dans cet état, elle retourne en arrière vers des expériences qui se rattachent aux espérances d’un peuple terrestre. On en vient ainsi à se servir de la Parole de Dieu pour sanctionner un état légal qui, pour le chrétien, est un état d’incrédulité ; on vit satisfait dans un état spirituel, auquel manque la connaissance de la rédemption, dans la crainte de se voir ravir les Psaumes ; et en voulant les conserver pour soi, comme on se l’imagine, on maintient son âme dans un état dans lequel on se trouve privé de l’intelligence de la vraie portée de cette portion des Écritures ; on perd de vue ses propres privilèges, on devient incapable de comprendre le sens véritable des Psaumes et d’en jouir ; enfin, ce qui est pis encore, on se prive de l’intelligence, si bénie et si profondément instructive, des tendres et miséricordieuses sympathies de Christ dans leur vraie et divine application. L’intelligence égoïste n’apprend pas Christ, tel qu’Il est, tel qu’Il est révélé — et la perte est grande.

Sans doute, il y a dans les Psaumes des consolations et des secours de grâce pour une âme sous la loi, parce que les Psaumes s’appliquent à ceux qui sont sous la loi — et des âmes, qui se sont trouvées dans cet état, ont été ainsi réconfortées par eux — : mais, je le répète, c’est faire une fausse application des Psaumes, c’est perdre la puissance de ce que Dieu nous a donné dans ce livre, et c’est nous dépouiller de la vraie position spirituelle dans laquelle l’évangile nous place, que d’user des Psaumes pour demeurer dans un état légal et pour en faire l’application, particulièrement et avant tout, à nous-mêmes. La raison en est que la relation d’enfant, vis-à-vis du Père, n’est pas et ne peut pas être introduite dans les Psaumes, et c’est vivre hors de cette relation que de rester dans l’esprit des Psaumes, quoique l’obéissance et la dépendance confiante qu’on y respire soient toujours ce qui convient à notre sentier chrétien.

Dans la présente étude, je me propose d’examiner le livre des Psaumes dans son ensemble, puis chacun des Psaumes en particulier, afin d’avoir, autant que possible, un aperçu complet de tout le livre. La manière la plus profitable de faire cette étude sera d’envisager les Psaumes au même point de vue que les autres portions de la Parole que nous avons déjà parcourues, bien que le caractère même des Psaumes rende ici cette tâche plus difficile : nous rechercherons donc l’intention et le but du Saint Esprit dans les Psaumes, laissant l’appréciation de la piété précieuse qu’ils renferment, au cœur seul capable de l’estimer, c’est-à-dire au cœur qui se nourrit de Jésus par la grâce de l’Esprit de Dieu.

Les Psaumes, et les mouvements du cœur sous l’action de l’Esprit de Dieu, qui y sont reproduits, ont pour base les espérances et les craintes d’Israël et se rapportent, dans leur application et leur vraie portée, aux circonstances qui sont le propre de Juda et d’Israël ; — et ces circonstances, il faut l’ajouter, sont celles de Juda et d’Israël aux derniers jours, bien que, quant à l’état moral des choses, ces derniers jours aient, en réalité, commencé à la réjection de Christ. La piété et la confiance en Dieu, dont ce précieux livre est plein, trouvent sans doute un écho dans tout cœur croyant, mais les exercices de l’âme, tels qu’ils sont exprimés ici, s’accomplissent au milieu d’Israël. L’appréciation que nous faisons ainsi des Psaumes, appréciation dont la vérité est démontrée par la lecture des Psaumes eux-mêmes, est sanctionnée par l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains, où, après avoir cité plusieurs Psaumes, il dit : « Or nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi » (Rom. 3, 19).

Les Psaumes donc concernent Juda et Israël, et la position dans laquelle se trouvent ceux qui appartiennent à Juda et à Israël : ils sont essentiellement l’expression de l’opération de l’Esprit de Christ, quant au résidu, ou dans le résidu des Juifs (ou d’Israël) aux derniers jours. L’Esprit de Christ entre dans toutes les afflictions des fidèles Israélites de ces jours-là, exprimant leurs confessions, leur confiance de foi, leurs espérances, leurs craintes, leur reconnaissance pour les délivrances obtenues, en un mot tous les exercices de leurs âmes dans les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent aux derniers jours, offrant ainsi à ces fidèles les directions, l’approbation et la sympathie de l’Esprit de Christ, et l’expression de l’opération de cet Esprit en eux et même en Christ Lui-même. À côté de cela, les Psaumes nous présentent la place que Christ Lui-même prit au milieu de ces fidèles, lorsqu’Il était sur la terre, pour qu’ils eussent part à Ses sympathies, et pour que leur délivrance fût rendue possible, et que leur confiance en Dieu fût juste, quoiqu’ils eussent péché contre Lui. Les Psaumes ne raisonnent pas, comme les épîtres, sur l’efficacité de l’œuvre de la croix, mais, dans ceux qui s’appliquent à Christ, ils nous présentent les sentiments qui remplissaient Son âme, alors qu’Il accomplissait l’œuvre. Ils nous font comprendre aussi la place qu’Il prit dans le ciel à la suite de Sa réjection, et celle qu’Il prendra finalement sur le trône du royaume ; mais à part Sa présente exaltation dans le ciel, mentionnée seulement comme fait nécessaire pour introduire la délivrance finale d’Israël et donner à cette délivrance son caractère complet, tout ce qui est révélé à l’égard du Seigneur, dans Sa relation avec Israël, nous est communiqué, non dans une narration, mais dans l’expression de Ses propres sentiments en rapport avec la place qu’Il a prise, comme cela aura lieu pour le résidu lui-même. C’est ce trait qui donne aux Psaumes le caractère et l’intérêt qui leur sont particuliers.

Les Psaumes nous enseignent que Christ entra dans toute la profondeur des souffrances qui firent de Lui le vase de cette grâce, compatissant à ceux qui avaient à traverser ces souffrances : — Il entra dans cette voie comme s’intéressant à ces fidèles, comme se chargeant de leur cause et la soutenant devant Dieu. Dans le chemin de Son humiliation, Il apprit la langue des savants, afin de savoir soutenir par une parole celui qui est las (És. 50, 4). Ils étaient des pécheurs, ils ne pouvaient ni réclamer aucune exemption de la peine, ni compter sur aucune faveur qui pût délivrer et restaurer. Si Lui n’avait pas souffert pour eux, il leur eût fallu porter les souffrances présentes qu’ils avaient à endurer, en rapport avec la culpabilité qui les y laissait plongés, en dehors de la faveur de Dieu. Mais telle n’était pas la pensée de Dieu ; Il voulait les délivrer, et Christ entre au milieu d’eux, en grâce. Il prend sur Lui la culpabilité de ceux qui devaient être délivrés. C’étaient là pour Christ des souffrances vicariales, c’était souffrir comme substitut — et dans la voie de l’obéissance et de l’amour parfaits, Il entra dans les souffrances au travers desquelles avaient à passer ceux qu’Il venait délivrer. En obéissant, Il entra dans ces souffrances de manière à attirer, par l’expiation, l’efficace de la grâce salutaire de Dieu sur ceux qui auraient dû se trouver eux-mêmes dans ces souffrances, et à devenir ainsi, en vertu de tout cela, comme leur représentant et leur répondant, le garant de leur délivrance, et le soutien de leur espérance, dans ces souffrances, en sorte qu’ils n’y succombassent pas.

Néanmoins il faut, selon les justes voies de Dieu, que les fidèles du résidu passent par la souffrance à cause de leur folie et de leur méchanceté, et afin qu’ils en soient purifiés intérieurement. Christ entra dans toutes ces souffrances, afin d’y être pour eux une source de vie et un soutien pour leur foi, lorsque la main de l’oppresseur pèserait lourdement sur eux au-dehors et que le sentiment de leur culpabilité accablerait leur âme au-dedans, ne leur laissant ainsi d’autre sentiment de la faveur divine que la conscience que Celui qui leur avait assuré cette faveur et qui pouvait en être le canal, avait entrepris leur cause devant Dieu et passé, pour eux, par les mêmes circonstances. Sans doute, toute l’efficace de Son œuvre dans leur délivrance, par la mort de ce seul homme pour la nation, ne sera pas connue jusqu’à ce qu’ils regardent vers Celui qu’ils ont percé. Le peuple, et tout spécialement les fidèles du résidu, à cause de leur intégrité (car la masse de la nation se joindra aux Gentils idolâtres afin de jouir de la paix), sont laissés au plus profond de l’épreuve qui, comme voie gouvernementale de Dieu, les amène par la grâce au sentiment de leur culpabilité pour avoir violé la loi, puis rejeté et crucifié le Messie, afin qu’ils connaissent véritablement ce que chacun d’eux est, et qu’en intégrité de cœur, ils courbent la tête devant un Seigneur offensé, et disent : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! ». Mais quoique la délivrance et un salut meilleur ne doivent pas se réaliser avant ce moment-là, cependant, en vertu de l’œuvre accomplie pour les effectuer, Christ peut nourrir les âmes des fidèles du résidu et les conduire à cette délivrance, et c’est là précisément ce qu’Il fait dans les Psaumes qui sont l’expression de Ses pensées envers eux ou plutôt en eux, lorsqu’ils sont dans la détresse, et qui parfois aussi rappellent de quelle manière Il a appris cette « langue des savants ». De là vient aussi que des âmes, qui sont encore sous la loi, trouvent dans les Psaumes une si grande consolation pour elles-mêmes.

Que personne ne suppose, je le dis ici en passant, que ce profond intérêt du cœur dans ces souffrances de Christ se perde lorsqu’on laisse la loi pour être sous la grâce ; au contraire, il en résulte un gain immense.

En effet, au lieu d’user des Psaumes égoïstement, en vue de mes propres besoins et de mes propres douleurs, quelque juste que puisse être cette application, la jouissance de la grâce me permet de contempler, dans l’adoration et dans l’amour, toutes les souffrances de Christ avec une aptitude plus profonde pour le faire, donnée par Son Esprit qui habite en moi. Je puis revenir en arrière, en paix, Lui étant en haut, et, avec un intérêt et une intelligence donnés par Dieu (quelle que soit d’ailleurs ma mesure) envisager les souffrances qu’Il a endurées ici-bas. Je puis Le suivre de cœur lorsque, pour la gloire de Dieu et en amour pour nous, Il traçait ce « chemin de la vie » au travers d’un monde de péché et de misère, au travers de la mort même, jusqu’à la gloire justement acquise dans laquelle Il est maintenant.

C’est ainsi que, dans Jean 14, l’amour pour Sa personne et non l’esprit légal, est à la base des consolations et des encouragements qu’Il donne à Ses disciples quand Il leur dit, au verset 28 : « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père ». Sous la loi, les Psaumes peuvent nous apporter de la consolation et du secours, dans une détresse profitable ; — sous la grâce, nous en jouissons comme aimant Christ et avec une intelligence divine.

Mais revenons à notre sujet. Le grand fondement qui devait être posé pour rendre possible la sympathie, c’est que Christ n’a pas été épargné là où le résidu sera épargné, parce qu’il faut que Christ souffre tout entière la peine du crime et de l’iniquité, autrement Il ne pourrait pas délivrer le résidu, justement et pour la gloire de Dieu[1]. Ainsi il a fallu que Christ passât personnellement au travers de la souffrance, comme Il l’a fait, en esprit ; et de plus, qu’Il fît expiation pour le coupable. Il a passé au travers de la souffrance dans la communion avec Dieu, sauf dans l’œuvre expiatoire ; et, par l’expiation, toute la grâce et la faveur de Dieu envers Lui, tout ce qu’Il a trouvé que Dieu était pour Lui dans l’affliction, Il le rend valable pour ceux qui doivent y passer comme Lui, afin qu’ils aient ainsi la connaissance de toute la pensée de Dieu à leur égard, en grâce, quand ils se trouveront eux-mêmes dans l’affliction, et lors même qu’ils seront dans les ténèbres. Si l’on demande comment cela est possible, alors qu’ils n’ont pas encore appris que Dieu est pour eux dans l’expiation — on peut répondre que ce sont précisément ces Psaumes qui, entrant dans tous les détails des sentiments de Christ et de la propre position des fidèles, sont le moyen par lequel Dieu les introduira dans cette voie, selon Ésaïe 50, que j’ai déjà cité. À dire vrai, un grand nombre de chrétiens sont dans un état analogue : ils s’attachent à la promesse, ils sentent leurs péchés, ils sont encouragés par l’espérance, ils voient la bonté de Dieu — ils usent des Psaumes comme se rapportant à eux — et ils ne connaissent ni la rédemption, ni la paix.

Les Psaumes donc se rapportent proprement à Israël[2], et en Israël, au résidu fidèle. C’est là le premier principe général que la Parole elle-même établit pour nous, comme nous l’avons déjà fait remarquer, de sorte que nous pouvons dire avec Paul que ce que les Psaumes disent, ils le disent « à ceux qui sont sous la loi ». L’examen même des Psaumes nous fournira d’autres éléments très clairs et positifs à l’appui de ce principe. Les Psaumes distinguent (Ps. 73), et commencent par distinguer (Ps. 1) l’homme qui est juste et pieux, selon la loi, du reste de la nation. « Il n’en est pas ainsi des méchants » (v. 4), et « les pécheurs » ne subsisteront pas dans l’assemblée des justes (v. 5). Ésaïe nous enseigne la même chose, doctrinalement, avec non moins de force (És. 48, 22 ; 57, 21). Le sujet propre des Psaumes, c’est le vrai résidu fidèle, le juste en Israël (voyez Ps. 16, 3 et beaucoup d’autres) ; ce qu’on y trouve, ce sont, par conséquent, la part et les espérances d’Israël : — le psaume 1 l’établit clairement et distinctement ; — mais ce sont les espérances d’un résidu, dont la part est, dès le commencement, distinguée de celle des méchants de la manière la plus positive.

De plus, et c’est ici un second principe général à noter, c’est l’Esprit de Christ, l’Esprit de prophétie qui parle dans les Psaumes : l’Esprit de Christ, s’intéressant Lui-même à la condition du résidu fidèle d’Israël et parlant des choses à venir, comme si elles étaient présentes, ainsi que font toujours les prophètes. Mais si l’Esprit de Christ s’intéresse au résidu d’Israël, il faut que les souffrances propres de Christ soient annoncées, ces souffrances qui étaient la preuve parfaite et assurée de l’intérêt que Christ porte au résidu, et sans lesquelles cet intérêt eût été inutile. En effet, nous trouvons dans les Psaumes les plus touchantes expressions des souffrances de Christ, non pas comme récit, mais exactement telles qu’Il les a senties — exprimées comme de Sa propre bouche au moment où Il les endurait[3]. C’est toujours l’Esprit de Christ qui parle (comp. 1 Pier. 1, 11), Christ prenant part Lui-même à l’affliction et à la douleur de Son peuple, soit par Son Esprit en eux, ou Lui-même pour eux comme l’unique moyen, en présence du juste jugement de Dieu, pour la délivrance d’un peuple bien-aimé quoique coupable. Ceci nous fait comprendre l’admirable convenance du langage des Psaumes en un point que je mentionnerai plus loin. Dans les psaumes qui parlent proprement d’expiation, Christ est seul, et ainsi Son œuvre est sauvegardée ; dans les psaumes qui parlent de souffrances non expiatoires dans leur nature, alors même qu’elles vont jusqu’à la mort, certaines parties s’appliquent à Christ personnellement, parce que, en personne et individuellement, Il traversa ces souffrances ; mais dans d’autres parties de ces mêmes psaumes, les saints entrent en scène parce qu’ils auront leur part de ces souffrances-là ; et ainsi les souffrances personnelles de Christ nous sont présentées, mais Ses sympathies aussi ne sont pas perdues.

Un autre principe se lie à celui que nous venons de signaler, et forme le troisième grand principe caractéristique des Psaumes. Les péchés du peuple empêcheraient moralement que le résidu se confie en Dieu dans sa détresse ; cependant Dieu seul peut le délivrer, et il faut qu’il regarde vers Dieu avec un cœur intègre. Ces deux choses se retrouvent dans les Psaumes : les détresses sont présentées à Dieu en recherchant la délivrance, puis l’intégrité est invoquée en même temps que les péchés sont confessés. Christ étant entré, comme nous l’avons vu, dans les afflictions du résidu, et ayant fait l’expiation, peut conduire les fidèles, malgré leurs péchés et au sujet de leurs péchés, vers Dieu. Sans doute ils ne connaissent pas d’abord réellement la pleine rémission, mais l’Esprit de Christ les conduit en avant, et, dans le sentiment de la grâce, par les expressions qu’Il leur fournit dans ces psaumes mêmes, Il les fait marcher (et que d’âmes il y a qui sont pratiquement dans cet état !) vers le Dieu des délivrances, en confessant aussi leurs péchés. Ils prennent avec eux des paroles, et reviennent à l’Éternel (Os. 14, 2). La rémission aussi leur est présentée. L’Esprit de Christ étant vivant en eux, comme principe de vie, et fixant le propos de leur cœur, ils peuvent, par la confession de leurs péchés, invoquer sincèrement leur intégrité et leur fidélité à Dieu, mais la pensée de la miséricorde précède toujours celle de la justice comme base de leur espérance. En principe, tout ceci est vrai de toute âme renouvelée qui n’a pas trouvé encore la liberté, la liberté que donne une rédemption connue. C’est l’état d’âme du fils prodigue avant qu’il rencontre son père, et c’est aussi l’état de toute âme qui a le sentiment que le Dieu de lumière et d’amour a été révélé en Christ, mais qui ne connaît pas encore la plénitude de la rédemption et sa pleine acceptation en Christ. Dans un tel état, il peut y avoir de la confiance, mais pas encore la paix, ni la liberté avec Dieu. Les Psaumes, hormis certaines louanges à la fin du livre et à la fin de certains psaumes placés ailleurs, ne sont jamais l’expression de cette liberté : et alors même qu’elle s’y trouve, elle a trait à une délivrance et à une rémission terrestres.

En résumé donc, les Psaumes sont l’expression de l’Esprit de Christ, soit dans le résidu juif (ou dans le résidu de tout Israël), soit dans la propre personne de Christ comme souffrant pour ces fidèles, en vue des conseils de Dieu à l’égard de Son peuple ; — et, puisque ces conseils doivent être accomplis plus particulièrement dans les derniers jours, les Psaumes sont l’expression de l’Esprit de Christ dans ce résidu au milieu des événements qui s’accompliront dans ces jours-là, alors que Dieu commencera à s’occuper de nouveau de Son peuple terrestre. Les souffrances morales qui se lient à ces événements, ont été plus ou moins réalisées dans l’histoire de Christ sur la terre, soit dans Sa vie, soit, plus encore, dans Sa mort, Christ étant lié aux intérêts et au sort de ce résidu. Au temps de Son baptême par Jean, Christ s’identifia déjà avec ceux qui composaient le résidu ; non pas avec la multitude sans repentance d’Israël, mais avec le premier mouvement de l’Esprit dans ces « excellents de la terre », par lequel ils étaient amenés à reconnaître la vérité de Dieu dans la bouche de Jean-Baptiste, et à s’y soumettre. Or c’est dans ce résidu que les promesses faites à Israël seront accomplies ; en sorte que, bien que ce ne soit qu’un résidu seulement, les affections de ces saints et leurs espérances sont celles de la nation. Sur la croix, Jésus est demeuré le seul vrai fidèle devant Dieu en Israël — le représentant personnel de tout le résidu qui devait être délivré, aussi bien que Celui qui a accompli l’œuvre sur laquelle la délivrance des fidèles pouvait être fondée.

Il y a, de plus, quelques observations générales à faire sur un point dont j’ai déjà dit quelques mots ; je veux parler des souffrances de Christ : ces observations, tirées en grande partie des Psaumes eux-mêmes, nous aideront par la lumière que nous fournissent à cet égard les évangiles, à saisir l’esprit de tout ce livre et à entrer plus exactement dans la pensée d’un grand nombre des psaumes. Nous avons déjà vu, en général, que les Psaumes placent le résidu devant nous, avec ses souffrances, ses espérances, sa délivrance et l’association de Christ avec lui dans toutes ces choses. Christ est entré dans les afflictions des fidèles ; Il sera leur libérateur, et a accompli l’expiation qui pose le fondement de leur délivrance, comme elle est le fondement de la délivrance de toute âme vivante — mais Christ mourut pour la nation juive (Jean 11, 51). Sans doute, Sa propre perfection se manifeste dans toute Son œuvre, mais ici nous avons à considérer la relation dans laquelle cette œuvre se trouve avec Israël et la terre, bien qu’il soit question aussi de la glorification personnelle de Christ dans les cieux — d’où découlera la délivrance finale d’Israël. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, nous n’avons pas à chercher ici le mystère de l’Église, qui, à cette époque, était « caché en Dieu », ni Christ non plus au point de vue de Ses rapports avec l’Église. Les Psaumes nous fournissent d’une manière parfaite toutes les expériences terrestres de Christ et de Son peuple, que l’Esprit de Christ a voulu nous présenter ; mais pour trouver les expériences célestes de ceux qu’Il a rachetés, il faut recourir au Nouveau Testament, à l’épître aux Philippiens, par exemple.

Or Christ a passé au travers de toutes les souffrances morales que peut traverser un cœur d’homme ; Il fut tenté en toutes choses comme nous, à part le péché, et rien, en son lieu et place, ne peut porter plus de fruits[4] que d’avoir le cœur occupé des souffrances du Sauveur : personne jamais ne souffrit comme Lui. Les Psaumes placeront ces souffrances devant nous, mais je ne veux pas me laisser aller à en parler ici en détail ; dans ces remarques préliminaires, je ne puis que brièvement faire allusion aux causes de ces souffrances et aux diverses positions dans lesquelles Christ les endura.

Les positions dont je parle sont, je pense, au nombre de trois : Christ souffrit de la part des hommes pour la justice et l’amour, pour le témoignage qu’Il a rendu dans ce qui était bon — rendant témoignage à Dieu et révélant Dieu. Ensuite, Christ a souffert de la part de Dieu, pour le péché. Ces deux caractères différents des souffrances de Christ sont bien clairs et simples pour tous ceux qui croient. Mais il y a un troisième genre de souffrances, pour l’intelligence duquel il faut prêter aux Écritures une attention plus particulière. Il est dit des voies de Jéhovah à l’égard d’Israël : « Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés » (És. 63, 9). Ceci a été (et, quant à la dernière partie, le sera) spécialement accompli en Christ, qui est Jéhovah venu comme homme au milieu d’Israël. Mais les souffrances d’Israël, du résidu d’Israël, au moins, prennent à la fin un caractère particulier ; les fidèles sont sous l’oppression des Gentils, au milieu d’une entière iniquité en Israël, mais ils sont caractérisés pourtant par l’intégrité de cœur (et c’est là ce qui fait d’eux réellement le résidu), conscients en même temps cependant, à cause de cette intégrité même, des conséquences générales actuelles du péché sous le gouvernement de Dieu et la puissance de Satan et de la mort, et souffrant sous le poids de ce sentiment. La délivrance qui les tire de cette situation n’étant pas encore arrivée, leurs âmes sont comme accablées sous ce fardeau. Eh bien ! Christ est entré dans cette affliction-là, aussi.

Pendant tout le cours de Sa vie, même jusque dans la mort, Il a souffert de la part des hommes pour la justice (voyez en rapport avec ceci, le psaume 11 et d’autres). En outre, sur la croix, Il a souffert pour le péché, Il a bu la coupe de la colère pour le péché, la coupe que Son Père lui avait donnée à boire. Mais à côté de ces deux genres de souffrances, Il porta dans Son âme, à la fin de Sa vie, nous pouvons dire après le repas pascal, toute la détresse et l’affliction que le gouvernement de Dieu fera venir sur Israël — non pas la condamnation, mais cependant la conséquence du péché. Nul doute qu’Il n’ait anticipé toute cette affliction et que, dans ce sens, Il ne l’ait sentie, comme Il l’a fait au chapitre 12 de l’évangile de Jean, à l’égard de la croix qui L’attendait. C’était alors, comme Il dit, l’heure d’Israël apostat et de la puissance des ténèbres, « votre heure et le pouvoir des ténèbres » ; mais Il s’attendait toujours à Son Père, dans le sentiment de Sa fidélité, et Il n’était pas non plus encore abandonné de Dieu. Il pouvait encore s’adresser à l’homme pour qu’il veillât avec Lui, tandis qu’il n’y avait que faire de veiller lorsque la colère divine était sur Lui.

Pour celui qui est enseigné de Dieu, le caractère distinctif de ces différents genres de souffrances ressort clairement de l’examen attentif des Psaumes qui nous en parlent. Ainsi, nous verrons que, lorsque Christ souffre de la part des hommes, Il demande, comme parlant par Son Esprit en Israël et pour Israël, que la vengeance vienne sur l’homme ; et alors souvent d’autres personnes souffrent avec Lui. Mais lorsque Christ souffre de la part de Dieu, Il est absolument seul, et les conséquences ne sont que bénédiction et que grâce, sans mélange. Pour ce qui est des souffrances de la part de l’homme, nous pouvons avoir le privilège de souffrir ainsi, ayant communion avec Ses souffrances ; mais, dans ce qu’Il a souffert de la part de Dieu, comme placé sous la colère de Dieu, Il a souffert ainsi, afin que nous, nous n’eussions jamais à boire une seule goutte de cette coupe qui eût été pour nous la perdition éternelle. Dans les souffrances qu’Il endura sous le pouvoir de Satan, des ténèbres et de la mort, lorsqu’Il ne buvait pas encore, de fait, la coupe de la colère — à côté de ce qu’exigeait sous ce rapport la majesté de Dieu (voyez Héb. 2, 10) — Il souffrait pour sympathiser avec Israël, participant aux afflictions dans lesquelles les fidèles entrent par leur intégrité, tout en étant cependant encore dans leurs péchés. Toute âme réveillée, mais encore sous la loi, trouvera ici de la consolation. L’Esprit de Christ dans les Psaumes entre par avance dans toutes ces souffrances, quant à Christ et quant à Israël. Il faut seulement remarquer que c’est le rejet du Messie qui a entraîné la ruine totale des Juifs et la perte de toutes leurs promesses (toute réserve faite quant à la grâce souveraine), de même que les souffrances et la douleur du résidu aux derniers jours.

Il faut aussi se souvenir que, quoique les trois genres de souffrances dont nous venons de parler soient essentiellement différents, et qu’ils soient chacun en particulier, dans leur caractère, bien clairs et importants, ils se sont tous unis et se trouvent tous ensemble au terme de la vie de Christ, dans les souffrances de Ses dernières heures — sauf que je ne doute pas qu’en quittant Gethsémané, Christ n’eût déjà traversé et laissé derrière Lui les efforts de la puissance de Satan contre Son âme — mais, sur la croix, Il souffrit en même temps de la part des hommes pour la justice, et de la part de Dieu pour le péché. Cette souffrance pour le péché, de la part de Dieu, lorsqu’elle étreignait Son âme, était trop profonde, je n’en doute pas, pour qu’Il sentît beaucoup celle qui venait des hommes ou qu’Il fût sensible à quoi que ce soit en dehors d’elle.

Ayant présenté les observations générales qui précèdent et qui m’ont paru nécessaires à l’intelligence du livre, je me propose d’examiner maintenant, avec le secours du Seigneur, le contenu même des Psaumes. Que le Seigneur veuille nous guider tous deux, et moi, et vous, mon lecteur ! Si Dieu nous dépeint les souffrances de Christ et l’intérêt qu’Il prend à Son peuple sur la terre, il nous convient de sonder ces choses avec révérence, et une confiance enfantine en même temps, et il nous faut compter, comme nous devons toujours le faire, sur Son enseignement pour être conduits et instruits dans l’étude que nous entreprenons. Ce qui nous parle des choses que Christ a senties, mérite que nous nous en occupions avec un amour confiant, mais avec une sainte révérence.

On sait que les Psaumes sont divisés en cinq livres, le premier comprenant les psaumes 1 à 41 ; le second les psaumes 42 à 72 ; le troisième les psaumes 73 à 89 ; le quatrième les psaumes 90 à 106 ; et le dernier les psaumes 107 à 150. Chacun de ces livres a son sujet particulier, et l’examen détaillé que nous allons en faire nous permettra, j’espère, de discerner clairement leur caractère spécial.

Le premier livre s’occupe de l’état du résidu juif avant qu’il soit chassé de Jérusalem, et, par conséquent, de Christ Lui-même en rapport avec ce résidu. De fait, ce livre nous donne plus de détails que tous les autres sur l’histoire personnelle de Christ, et on en comprend facilement le motif : Christ entrait et sortait avec le résidu juif tandis qu’il était encore associé à Jérusalem ; et je dis résidu juif par opposition avec Israël ou la nation tout entière.

Dans le second livre, le résidu est envisagé comme chassé de Jérusalem, Christ se plaçant au milieu des fidèles et leur donnant dans cette détresse leur vraie position d’espérance. L’entrée de Christ au milieu d’eux, quand ils sont ainsi chassés de Jérusalem, les rétablit cependant, au point de vue prophétique, dans leur position en relation avec l’Éternel (Jéhovah) comme un peuple devant Dieu (Ps. 45 ; 46). Avant ce moment, chassés de Jérusalem, ils parlent de Dieu (Élohim) plutôt que de l’Éternel, car ils ont perdu les bénédictions de l’alliance ; mais ils sont amenés ainsi à connaître Dieu beaucoup mieux. Les circonstances historiques de Sa vie ont offert à Jésus l’occasion d’entrer pratiquement et personnellement dans le sentiment de cette condition du peuple, à cause de l’inimitié dont Il a été l’objet. Au psaume 51 le résidu reconnaît la culpabilité de la nation et plus particulièrement des Juifs, dans le rejet de Christ[5].

Le troisième livre nous présente la délivrance et la restauration d’Israël comme nation, et les voies de Dieu envers la nation comme telle, Jérusalem, à la fin, étant le centre de la bénédiction et du gouvernement de Dieu. Les effets terribles du fait que les fidèles se trouvent sous le régime de la loi, et la réunion de toutes les gratuités en Christ, sont développés dans les psaumes 88 et 89, finissant par des supplications pour l’accomplissement de ces gratuités. La suprématie de la royauté établie en grâce et en délivrance, quand tout était perdu, nous est présentée au psaume 78.

Dans le quatrième livre, nous trouvons le Seigneur Lui-même, en tout temps le refuge et la demeure d’Israël. Israël est délivré par la venue du Seigneur ; — l’introduction du Fils unique dans le monde caractérise en général tout le livre. L’Éternel ayant été toujours le refuge d’Israël, celui-ci regarde vers Lui pour être délivré. C’est pourquoi les noms abrahamiques et millénaires de Dieu : « le Tout-puissant », « le Très-haut », sont introduits. Alors le jugement vient sur les méchants, et les justes sont délivrés. La nature divine du Messie est introduite comme fondement de la participation du peuple aux bénédictions des derniers jours, bien qu’Il ait été une fois retranché. Il est le vivant et immuable Jéhovah, le Créateur. Ensuite vient la bénédiction sur Israël et sur la création, puis le jugement des païens, afin qu’Israël jouisse des promesses ; mais c’est la même grâce qui l’a si souvent épargné.

Le cinquième et dernier livre a un caractère plus général, plus spécialement moral ; il se termine par des chants de triomphe et des actions de grâce. Après les détails sur la restauration d’Israël au travers de toutes les difficultés et de tous les dangers, après avoir montré le droit que Dieu a sur le pays tout entier, l’iniquité de l’instrument anti-chrétien de l’Ennemi, l’élévation du Messie à la droite de Jéhovah jusqu’à ce que Ses ennemis soient mis pour le marchepied de Ses pieds, et le peuple terrestre, devenu un peuple de franche volonté au jour de sa puissance — ce livre nous offre un aperçu rétrospectif des voies de Dieu, un exposé de toute la condition d’Israël, de tout ce par quoi le peuple a passé et des principes selon lesquels les fidèles sont placés devant Dieu, « la loi étant écrite dans leurs cœurs ». — Puis viennent les louanges de la fin.

D’après l’exposé rapide que nous venons de faire et, plus encore, par l’examen détaillé auquel nous allons nous livrer, il sera facile de se convaincre qu’il y a beaucoup plus d’ordre dans les Psaumes que ne le supposent généralement ceux qui considèrent chacun d’eux à part comme un chant isolé, destiné à servir d’expression à la piété individuelle. Les Psaumes, il est vrai, ne sont pas liés par un fil historique ininterrompu comme d’autres parties des Écritures, mais ils sont cependant l’expression régulière et méthodique de différentes parties distinctes d’un même sujet, c’est-à-dire de l’état du résidu des Juifs ou d’Israël aux derniers jours, des sentiments de ce résidu et de l’association du Messie avec lui. L’Esprit de Dieu qui a dirigé l’arrangement, aussi bien qu’Il a inspiré le contenu de l’Écriture sainte tout entière, a imprimé aussi Son sceau sur cette partie-ci, en caractères non équivoques. Je n’ai pas la prétention de dire qui réunit ensemble ces cantiques divins, ouvrage de divers auteurs et d’époques différentes ; ceux qui s’occupent de ce genre d’étude peuvent en faire la matière de leurs investigations et de leurs discussions ; mais l’autorité qui les a rassemblés ne demeurera l’objet d’un doute pour aucun de ceux qui seront entrés dans la pensée qui les remplit.

La distinction que j’ai faite entre les différents sujets qui sont traités dans les Psaumes, m’avait porté à les diviser en cinq livres, avant que mon attention eût été attirée sur le fait, bien connu d’ailleurs, qu’ils sont divisés exactement ainsi dans la bible hébraïque. Le même principe d’ordre se retrouve dans chacun des livres, considéré isolément.


Livre 1

Nous avons à nous occuper maintenant de l’ordre du premier livre et du contenu de chacun des psaumes qui le composent. Ce premier livre, par l’aperçu général et caractéristique qu’il nous donne des sujets qui sont traités dans les Psaumes, est peut-être de tous le plus complet et le plus intéressant ; les autres livres s’occupent davantage des détails qui servent à mettre en relief l’idée générale qui a été donnée dans le premier. En général on peut remarquer que dans ce premier livre, et plus ou moins dans les autres, il arrive souvent que quelque grande vérité ou quelque fait historique important relatifs à Christ, au résidu ou à tous les deux à la fois, sont mis en avant, et qu’ensuite vient une série de psaumes exprimant les pensées et les sentiments du résidu en rapport avec cette vérité ou ce fait.

Conformément à ce principe, nous diviserons le premier livre en plusieurs parties distinctes. Les huit premiers psaumes forment un tout, qui sert d’introduction à l’ensemble des Psaumes, les deux premiers posent la base de ce qui est enseigné ou exprimé dans les psaumes 3 à 7, tandis que le psaume 8 se présente comme une conclusion.

Après cette première division, nous trouvons les psaumes 9 et 10 qui forment la base des psaumes suivants jusqu’à la fin du psaume 15 : cette seconde série ne s’occupe pas tant des grands principes fondamentaux de l’histoire d’Israël aux derniers jours, que de la condition historique du résidu à cette époque. Les psaumes 11 à 15 développent les pensées et les divers sentiments auxquels donnent naissance cette condition du résidu fidèle et les circonstances au milieu desquelles ce résidu se trouve placé.

Une troisième série, comprenant les psaumes 16 à 24, nous montre le Messie entrant formellement dans les circonstances du résidu pieux, les témoignages de Dieu, les souffrances du Messie et la manifestation finale de Sa gloire, lorsqu’Il est reconnu comme Jéhovah, à Son retour. On y trouve également le résidu (Ps. 17, 20 et 23) ; mais le sujet principal de toute cette série, avec la seule exception du psaume 19, qui nous présente le témoignage de la création et de la loi, c’est le Messie.

Une quatrième série, formée des psaumes 25 à 39, nous expose les divers sentiments du résidu au milieu de ces circonstances. Puis le livre se termine et se complète, dans les psaumes 40 et 41, par la présentation des motifs supérieurs de l’intervention du Messie, puisés dans les conseils et les desseins de Dieu — de la position qu’Il a prise dans l’humiliation, comme affligé et pauvre, et de la bénédiction qui en résulte pour celui qui, avec une intelligence divine, a su discerner la nécessité de cette humiliation dans laquelle Christ est entré, en communion avec le résidu juste qu’Il associait à Lui-même. C’est ce dernier aspect de la vérité que les Psaumes sont particulièrement destinés à mettre en évidence.

S’il est extrêmement important que certains psaumes nous présentent la personne du Messie Lui-même, il ne l’est pas moins que nous apprenions à connaître les traits moraux qui forment la beauté et l’excellence de Son caractère devant Dieu et qui attirent sur Lui les bénédictions que Dieu se plaît à Lui prodiguer, afin que, d’un côté, nous puissions en jouir, et que de l’autre, l’indissoluble union morale entre Christ et le résidu soit mise en lumière. Ce rapport moral dont nous parlons et sa manifestation en Christ, nous sont présentés d’une manière bien claire au commencement du discours sur la montagne (Matt. 5) ; le Seigneur déclare bienheureux ceux qui manifestent certains traits ou qualités morales : ces traits caractérisent le résidu, et d’un autre côté, si on les considère attentivement, on verra qu’ils nous présentent le caractère de Christ Lui-même.

On comprend ainsi comment il se fait que Christ et le résidu se trouvent si intimement confondus dans un grand nombre de psaumes, tandis que d’autres, comme nous l’avons déjà fait remarquer, nous présentent le grand fondement de bénédiction en Lui-même. On saisira aussi, de cette manière, la différence qui existe entre l’association de Christ avec le résidu d’Israël et l’union de l’Église avec Lui. Celle-ci commence après que la rédemption est accomplie et que Christ est déjà élevé dans la gloire : par l’Esprit envoyé du ciel les saints sont unis à Lui dans cette gloire, et leurs expériences comme chrétiens découlent de leur union avec Christ en conséquence d’une rédemption accomplie, et ils se trouvent au milieu de l’opposition du monde, en tant que jouissant déjà de cette rédemption. Avant qu’ils aient éprouvé la puissance de la rédemption, et pour cette raison même, les saints peuvent passer aujourd’hui par des expériences analogues et qui en principe sont les mêmes que celles que nous rencontrons dans les Psaumes, et trouver, par conséquent, une grande consolation dans la lecture de ce livre, mais leur vraie et propre position comme chrétiens est dans leur union avec Christ[6], union bien différente des relations du Seigneur avec le résidu. Les expériences de ces saints du résidu ne seront pas le fruit de leur union[7] avec Christ ; si Christ a parcouru le même chemin qu’eux — en grâce envers eux — ce n’est pas qu’ils fussent unis à Lui, car Il a été seul ; mais Il a été affligé dans toute leur affliction et dans toute l’oppression dont le monde les accablera jusqu’à la mort. Comme nous l’avons déjà dit, Il est entré, en grâce, dans les souffrances résultant pour eux des conséquences pénales du gouvernement de Dieu à leur égard, à cause de l’état dans lequel se trouvait alors Israël. Souffrant sous la main d’Israël incrédule et pervers et sous l’oppression des Gentils, comme devront souffrir en ce jour-là les fidèles du résidu, Christ s’associe ainsi à eux prophétiquement par Son Esprit, dans toutes leurs afflictions, et, par la voix de Son Esprit en eux, les fait avancer dans le chemin qui les conduit à la découverte de la rédemption.

Ce qui précède rend le langage et le but des Psaumes clairs et intelligibles. Sur la croix, accomplissant l’œuvre d’expiation — fruit de la grâce — Christ dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Le jugement d’Israël était ainsi suspendu, et le Saint Esprit relevant ces paroles par la bouche de Pierre, au chapitre 3 des Actes, engage les Juifs à se repentir afin que Jésus revienne au milieu d’eux, fils des prophètes, peuple en qui les nations devaient être bénies (Act. 3, 17). Cette grâce fut vaine alors ; mais aux derniers jours, tous les fruits de la croix et de cette intercession de Jésus sur la terre, seront accomplis sur la terre, lorsqu’ils se seront repentis et qu’ils auront regardé vers Celui qu’ils ont percé. L’intercession de Christ elle-même et l’accomplissement final de ce qu’Il a demandé, sont fondés sur l’expiation accomplie avec Dieu seul, sur cette œuvre qui a sa source dans la grâce et apportera la grâce ; ils ne sont pas liés à ce que le Sauveur a souffert de la part des hommes, ce qui amènera le jugement sur Ses adversaires. Les Psaumes, d’un bout à l’autre, nous présentent ce jugement comme une conséquence de la méchanceté des hommes contre Christ et comme l’objet des vœux du résidu : mais, dans l’évangile, jamais Christ n’exprime un désir de ce genre ; Il prononce de prophétiques malédictions contre ceux qui empêchaient les âmes de venir à Lui, mais c’est l’amour pour ces âmes qui est la source de ces paroles et il ne s’y joint aucune demande de jugement. D’un autre côté, on ne trouve nulle part, dans les Psaumes, de passage semblable à ce : « Père, pardonne-leur… » bien que le fruit de la grâce, après la propre délivrance du Christ d’entre les cornes des buffles, y soit développé d’une manière très frappante. L’évangile était la bonne nouvelle de la visitation du monde et d’Israël, en amour, par le Fils de Dieu. L’incarnation était l’entrée solitaire de Christ dans ce chemin de l’amour envers tous : Dieu était en Christ réconciliant le monde avec Lui-même. Rien d’autre, ni rien de plus, n’était ni ne pouvait être alors révélé et développé ; — il s’agissait de ce qu’Il était personnellement dans le monde. Mais le résidu du peuple de Dieu devait passer par ces afflictions ; le seul moyen possible de la délivrance des fidèles, était la destruction de leurs ennemis. Nous, chrétiens, du milieu de nos afflictions, nous irons à la rencontre du Seigneur en l’air (1 Thess. 4) ; nous ne nous trouvons pas dans la nécessité de désirer la destruction de nos ennemis pour être délivrés nous-mêmes ; dans l’évangile, nous avons à faire avec la grâce et la gloire, avec un Christ céleste, qui ne passe pas maintenant par les souffrances.

On comprend maintenant pourquoi le résidu d’Israël demande l’exécution du jugement contre ses ennemis ; il n’a pas à faire comme nous avec cette grâce céleste, souveraine et abondante qui nous place « nets » avec Christ en dehors du monde, n’étant pas du monde comme Il n’est pas du monde, Lui qui a été aimé avant la fondation du monde ; les fidèles du résidu ont affaire avec le gouvernement de ce monde. Sans doute ils sont eux-mêmes des objets de la grâce, de la parfaite grâce, car ils ont rejeté les promesses en Christ qui leur ont été présentées selon la vérité de Dieu (Rom. 15, 8) et ont été renfermés dans l’incrédulité pour être des objets de miséricorde (Rom. 11, 31), mais néanmoins ils sont la nation dans laquelle le gouvernement de ce monde a son centre et à l’égard de laquelle ce gouvernement est manifesté. Ils attendent donc le jugement et la manifestation du juste exercice de ce gouvernement, le retranchement de l’oppresseur et des méchants. Ainsi Christ aussi, qui est entré et entrera en esprit dans leurs afflictions, mais a été retranché Lui-même, au lieu de voir Ses ennemis retranchés, car Il accomplissait une œuvre plus excellente et plus glorieuse, n’a pas fait alors de demandes pour le monde, mais pour les siens, et a demandé pour eux qu’ils fussent avec Lui là où Il était. Le chapitre 17 de l’évangile de Jean fait ressortir le contraste formel qu’il y a entre les deux systèmes, contraste que nous désirons mettre ici en lumière. Il ne voulait pas faire descendre le feu du ciel ni exécuter le juste jugement. Le sermon sur la montagne, il est vrai, nous fait comprendre que Christ était « en chemin » avec Israël, comme Jean nous apprend que « le monde ne l’a pas connu ». Il n’en est pas moins vrai que la voie du chrétien, c’est de faire le bien, de souffrir pour l’avoir fait et de souffrir patiemment comme Lui. Ainsi donc, en passant par les souffrances, Christ n’a pu être associé que prophétiquement à ces désirs et à ces aspirations du résidu à l’égard du jugement ; ils seront légitimement à leur place, quand le temps du gouvernement public de Dieu dans ce monde et du jugement sera venu. C’est pourquoi, déjà au psaume 2, nous trouvons le Christ dans cette position ; et ce point de vue se retrouve au travers de tous les psaumes. Ainsi le résidu, en souffrant et en demandant le jugement, retourne en arrière jusqu’à Celui qui, quoique n’ayant jamais recherché le jugement pour Lui-même, a souffert, et qui pour le résidu, recherchera et exécutera le jugement, étant Lui-même le centre de ce cercle du gouvernement terrestre de Dieu. L’Esprit prophétique Le voit dans les mêmes circonstances que le résidu, et la demande du jugement est exaucée : mais on remarquera que, comme nous l’avons dit, toutes les fois que ceci a lieu, le résidu, c’est-à-dire d’autres personnes, se trouvent associées avec le Seigneur Lui-même.

En principe, tout Juif souffrant peut s’exprimer ainsi ; seulement, comme Christ a souffert plus que tous, les expressions que nous rencontrons dans les psaumes où se trouve la demande de la vengeance, s’élèvent quelquefois jusqu’aux circonstances qui ont été littéralement vraies pour Lui, dans Ses souffrances sur la terre. Mais le point de départ du sentiment exprimé et de tout ce qui l’accompagne, c’est l’état d’âme d’un Juif pieux, quel qu’il soit, aux derniers jours. — C’est dans cette position que Christ s’est placé ; mais on ne peut Lui faire, à Lui-même, l’application directe et exclusive d’un passage, que lorsque le passage dont il est question, soit dans les circonstances qu’il rapporte, soit dans les expressions dont il se sert, en fournit la preuve. Le point de départ moral, c’est toujours le résidu et sa situation. Christ est seulement associé avec lui dans la pensée de l’Esprit prophétique, bien que, quant aux faits, Christ soit descendu dans une plus profonde souffrance qu’aucun des fidèles. De là, l’importance immense qu’il y a de saisir avant tout la position et les pensées qui sont le propre du résidu dans les Psaumes. Christ est seulement associé en grâce à la position du résidu, quoiqu’Il doive toujours et partout où Il se place, former le centre et occuper la première place. En dehors de cela, il est impossible de comprendre les Psaumes en aucune façon. Toute interprétation qui n’a pas son point de départ dans ce principe ou cette vérité, pèche par la base et ne peut être qu’erronée. Quand nous entrons sur le terrain de la prophétie et de l’ordre gouvernemental de Dieu, même dans le Nouveau Testament, nous retrouvons immédiatement ces mêmes demandes de vengeance dont nous parlons : il s’agit de jugement et non de grâce. Ainsi les âmes qui sont sous l’autel (Apoc. 6, 9, 10) demandent que leur sang soit vengé, et les saints apôtres et prophètes sont invités à se réjouir de la destruction de Babylone (Apoc. 18, 20).

Établissons donc ce principe important, que tout psaume auquel le résidu pieux peut avoir une part, c’est-à-dire tout psaume dont la personne de Christ n’est pas le sujet direct (car nous avons vu que certains psaumes, tels que les psaumes 2, 102, et d’autres, parlent de Christ personnellement), ne doit pas être, en général, appliqué entièrement et directement à Christ, mais bien à la condition du résidu : c’est de celle-ci qu’il s’occupe, et la manière d’agir de Dieu à l’égard du résidu, par Christ, est souvent présentée comme le grand exemple de Ses voies envers l’homme pieux souffrant. C’est pourquoi aussi telle partie d’un psaume, dans les circonstances auxquelles il se rapporte, peut s’élever jusqu’aux circonstances mêmes que Christ a traversées, montrant ainsi de quelle manière Christ s’est associé aux circonstances des fidèles, et alors cette partie du psaume pourra évidemment en constituer la part la plus importante, mais le principe exposé plus haut, n’en est pas altéré. Il peut se trouver aussi des psaumes qui introduisent le résidu collatéralement sur la scène comme sujet final de bénédiction, mais dont une partie spéciale peut être évidemment applicable à Christ qui, seul, peut amener cette bénédiction. Le psaume 22 a un caractère tout particulier en ce que, dans ce psaume, Christ, en exprimant des souffrances qui, par leur caractère, sinon par leur degré, sont communes à Lui et au résidu comme s’y trouvant déjà, passe de ces souffrances-là à une situation dans laquelle Il a été absolument seul. On peut même dire que ce psaume a pour but de faire ressortir ces deux genres de souffrances en les plaçant en contraste l’un avec l’autre. Les justes ont été dans la détresse, le résidu y sera ; les justes ont été délivrés quand ils ont crié à Lui, et le résidu, lui aussi, sera délivré ; mais Christ, parfait dans la souffrance la plus profonde et la plus complète, n’a pas été délivré, en sorte qu’Il est réellement tout seul ici, bien que, pour mettre en relief le contraste entre ce qu’Il souffre ici et ce que d’autres saints ont pu souffrir et ont réellement souffert, il soit fait mention de souffrances qui ne sont pas la part de Christ seul. Nous avons déjà signalé, et il est important de le répéter pour former notre jugement en cette matière, que, dans les psaumes qui sont l’expression des souffrances de l’homme pieux de la part des hommes, celui qui parle implore toujours la vengeance, tandis que Christ, dans Sa vie, comme Il nous est présenté dans les évangiles, c’est-à-dire comme la vérité venue personnellement dans le monde, et étant placé seul comme témoin dans le monde, ne fait jamais ainsi. Non seulement Christ n’a pas imploré la vengeance, mais Il a fait tout le contraire sur la croix ; et durant Sa vie, quand Ses disciples Lui demandent la vengeance, Il la leur défend expressément et leur reproche de ne pas savoir de quel esprit ils sont animés : ce fait nous montre jusqu’à quel point et en quelle manière nous trouvons dans les Psaumes le Christ vivant et historique comme objet direct des paroles de l’auteur inspiré.

Passons maintenant aux détails.

Un lecteur attentif reconnaîtra facilement qu’un principe, auquel j’ai fait allusion, ressort clairement de l’ordre des psaumes du premier livre, savoir que la Parole met en tête des psaumes types, présentant quelque grand principe ou quelque fait important, et qu’elle fait suivre ensuite ces psaumes d’une série d’autres, exprimant les pensées et les sentiments produits par les premiers dans l’âme des fidèles du résidu. C’est ainsi qu’aux psaumes 1 et 2 succèdent les psaumes 3 à 7, qui expriment l’état de choses tel qu’il se présentait au psalmiste en connexion avec les psaumes 1 et 2, Christ étant rejeté — et puis le psaume 8 qui est le résultat[8]. Les psaumes 9 et 10 nous présentent l’ordre des faits des derniers jours ; les psaumes 11 à 15, les sentiments divers du résidu, qui s’y rattachent. Puis, dans les psaumes 16 à 24, Christ et tout le témoignage de Dieu, puis Christ sur la croix, c’est-à-dire l’expiation, ayant été placés devant nous, les sentiments qui en découlent sont décrits dans les psaumes 25 à 39. La première mention des péchés est faite au psaume 25. Il a bien été question auparavant d’épreuves et de délivrances, mais les péchés ne peuvent pas être confessés, si ce n’est en vue et sur le fondement de l’expiation, lorsque Dieu Lui-même est Celui qui enseigne ; il en sera de même d’Israël aux derniers jours, historiquement, quoique ce point ne soit pas touché ici.

J’ai déjà fait remarquer que les deux premiers psaumes forment une sorte d’introduction, base de tout le livre des Psaumes. Ils montrent le caractère moral et la position du résidu, puis les conseils de Dieu à l’égard de Christ, roi en Sion. La loi et Christ sont les deux grandes bases des voies de Dieu envers Israël.

Le psaume 1 place sous nos yeux le résidu pieux et la bénédiction qui accompagne sa piété, selon le gouvernement de Dieu. Cette bénédiction, sauf pour ce qui touche à la consolation et à la paix du cœur intègre, n’a jamais été accomplie, mais elle est introduite ici de la même manière que la part des débonnaires, lorsque Christ présente le royaume au chapitre 5 de l’évangile de Matthieu : « Ils hériteront de la terre » ; — cependant le royaume n’était pas, et n’a pas encore été établi en puissance (ce qui est le sujet du psaume 2)[9] ; c’est pourquoi le Seigneur, en Matthieu 5, parle de souffrir pour la justice. Le royaume des cieux est la part de ceux qui font ainsi ; et s’ils souffrent pour Son nom, le ciel aussi est introduit, et la récompense sera grande, là, pour eux. Nous trouvons la même chose en 1 Pierre 3, 14 et 4, 14.

Le psaume 1, toutefois, nous présente simplement le résidu pieux sur la terre ; et je dis « résidu » parce que le sujet du psaume est caractérisé par la fidélité individuelle : les méchants, les pécheurs, les moqueurs environnent le juste ; la loi est son plaisir ; il est un Juif pieux, se tenant loin des méchants ; il est béni et prospère. Tel est le principe de ce psaume ; mais pour son accomplissement le jugement de la terre doit intervenir, et dans ce jugement les méchants ne subsisteront pas, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes alors délivrés de l’oppression de ceux qui ne se souciaient pas de Dieu. Le psaume 1 nous donne le caractère général de l’homme pieux, et le résultat de sa piété sous le gouvernement judiciaire de Dieu.

Un autre élément est alors introduit : l’Éternel connaît la voie des justes, mais la voie des méchants périra. D’un côté, il y a un jugement ; de l’autre, une approbation morale avant ce jugement, approbation liée à la relation d’alliance de l’Éternel avec Israël. Nous avons vu que Christ a été, sur la terre, cet homme pieux, et qu’Il s’est placé au milieu du résidu fidèle, des « excellents de la terre » selon le psaume 16 ; Il a été parfait dans cette position. C’est en cela que ce psaume s’applique à Christ, quoique ce ne soit pas encore d’une manière directe. Le sujet propre du psaume, c’est, je le répète, le caractère de l’homme pieux, et le résultat de sa piété sous le gouvernement de Dieu, de l’Éternel, au milieu de Son peuple. Il ne s’agit pas encore de souffrir pour la justice : ceci viendra en son temps ; mais il s’agit du caractère de l’homme pieux en présence des méchants, et du résultat, mesuré par les principes immuables du gouvernement de Dieu. L’Éternel connaît les justes ; — les autres périront certainement.

Le psaume 1 nous donne donc le caractère moral du résidu, sa position au milieu des méchants, le gouvernement général de Dieu, et le lien entre l’Éternel et le juste. À côté de cela on peut remarquer que le psaume 1 place le juste et le méchant en présence d’un jugement prochain, par lequel les méchants sont chassés au loin, comme la balle, tandis que les justes constituent une assemblée, ce qui indique bien explicitement qu’il s’agit du résidu dans les derniers jours. Les principes de ce psaume, le caractère des personnes dont il y est question, et la position de ces personnes sont suffisamment clairs ; ils sont en même temps d’une haute importance, en ce qu’ils forment une des parties essentielles de la base de tout l’édifice des Psaumes, savoir le gouvernement de Dieu et les afflictions du résidu qui sembleraient démentir ce gouvernement, car ce dernier ne trouvera son accomplissement que dans le jugement, après que le mystère de Dieu aura été accompli. Nous sommes placés ici en face d’Israël et du gouvernement de Dieu selon la loi, mais les justes sont distingués des méchants, et la bénédiction n’est pas la part de tout Israël comme tel, mais la part des justes qui formeront l’assemblée quand le jugement sera exécuté. La bénédiction est sur les justes, mais ce sont eux qui formeront le peuple quand les méchants seront chassés au loin comme la balle : c’est exactement la doctrine de la fin d’Ésaïe (voyez És. 48, 22 ; 57, 20 ; 65 ; 66). Seulement, dans ce dernier chapitre, le jugement atteint aussi les nations.

Telles sont les premières vérités que nous rencontrons : un résidu pieux du peuple prenant son plaisir en la loi, puis le jugement de Dieu, manifestant l’assemblée des justes selon le vrai caractère de Jéhovah, et les méchants chassés au loin ; c’est le gouvernement moral de Dieu sur la terre, accompli par le jugement en Israël[10]. C’est pourquoi les derniers jours sont clairement en vue.

Psaume 2. Nous avons dit que le Messie, les conseils de Dieu touchant Son Oint, constituent le second élément essentiel de la condition d’Israël et du gouvernement de Dieu. Ici, les Gentils sont introduits et forment le sujet principal du psaume. Comme au psaume 1, nous nous retrouvons aux derniers jours, alors que les droits de Christ seront revendiqués et établis contre les rois de la terre et tous les opposants ; mais Israël est, encore ici, le centre et la sphère de l’accomplissement de ces conseils de Dieu : l’Oint sera roi en Sion. Les adversaires sont les puissants d’entre les nations, le mal, hélas ! s’étendant jusqu’aux chefs d’Israël, qui, comme nous le verrons, « mourront comme un homme, et tomberont comme un des princes »… « une nation sans piété » (Ps. 82, 7 ; 43, 1). Nous en trouvons déjà l’application faite par Pierre en Actes 4, 25-26.

J’ai dit que les conseils de Dieu à l’égard du Messie sont l’élément des voies de Dieu formant le sujet des Psaumes, qui est introduit ici ; mais le psaume 2 s’ouvre par le soulèvement des nations qui veulent se soustraire à l’autorité de ce Messie et à celle de l’Éternel qui L’a établie ; les Juifs apostats, comme nous l’avons vu, étant engagés dans cette grande lutte contre Dieu. Les nations s’agitent ; les peuples méditent la vanité ; les rois et les princes de la terre veulent rompre les liens de l’Éternel et de Son Oint ; mais ce soulèvement ne fait qu’amener la colère et le courroux, contre lesquels toute résistance est vaine. Celui qui est assis dans les cieux se rira d’eux, Adonaï[11] s’en moquera ; en dépit de tous, l’Éternel a oint Son Roi sur Sion, la montagne de Sa sainteté : tel est le propos assuré de Dieu, accompli par Sa puissance. La présomption de l’homme qui résiste ne fait qu’amener sa ruine.

Il y a plus encore : Ce roi, qui est-il ? L’Éternel Lui a dit : « Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré ». Ce Roi, c’est quelqu’un qui étant engendré dans ce qui peut être appelé « aujourd’hui », c’est-à-dire dans le temps, en contraste avec l’éternité, est reconnu Fils par l’Éternel. Il n’est donc pas question ici de la précieuse vérité de la filialité éternelle du Fils avec le Père, bien qu’il ne faille pas l’en séparer (ce qui ne saurait se faire), mais la Parole nous présente Celui qui, étant l’homme oint, la « sainte chose » née dans le monde, avec le titre de Fils de Dieu aussi (Luc 1, 35), est reconnu tel par l’Éternel. C’est pourquoi Paul nous dit que cet acte, par lequel Jésus a été suscité (non pas ressuscité), est l’accomplissement de la promesse faite aux pères, citant le psaume 2 comme confirmation de son dire ; il rapporte ensuite un autre passage à l’égard de Sa résurrection et de Son incorruptibilité (voyez Act. 13, 33-35).

Christ donc, né sur la terre, est reconnu Fils de Dieu par l’Éternel, et de vastes conséquences découlent de ce titre. Christ n’a qu’à demander à l’Éternel et les nations Lui seront données pour héritage et les bouts de la terre pour possession. Il les gouvernera avec un sceptre de fer et les mettra en pièces comme un vase de potier ; avec une puissance irrésistible Il dominera en jugement sur toute l’impiété et l’impuissance qui se sont élevées contre Son trône. Ce jugement toutefois n’est pas accompli encore, et le psaume invite les rois et les juges de la terre à se soumettre en reconnaissant le Fils, de peur qu’ils ne périssent si Sa colère s’embrase tant soit peu. On peut et on doit se confier en Lui, et qui peut réclamer cette confiance, sinon l’Éternel ? Cet appel aux rois de la terre est fondé, il faut le remarquer, sur la revendication du titre de Christ au jugement royal et au pouvoir sur la terre. Mais Christ est-Il établi roi sur Sion ? Il a été jeté hors de Sion, pendu au bois, en vue de choses meilleures et d’une gloire plus excellente que celle qu’Il avait auprès du Père avant que le monde fût ; toutefois Il a été rejeté de Sion à laquelle Il s’est présenté comme Roi ; et pour ce qui concerne les nations et l’héritage terrestre, Il ne les a pas encore demandés : quand Il le fera, « au temps déterminé par le Père », ils Lui seront certainement donnés et Ses ennemis seront mis pour marchepied de Ses pieds. Il déclare Lui-même (Jean 17) qu’Il n’a pas fait de demande à ce sujet, mais seulement pour ceux qui Lui ont été donnés du monde. Les rois de la terre continuent à régner, plusieurs se réclament de Son nom, pour être cependant trouvés rebelles quand Il prendra en main Sa grande puissance, et que les nations s’irriteront, et que Sa colère sera venue. Nul sceptre de fer ne les a encore frappées ; — le vase de potier mis en pièces n’est pas leur image maintenant ; le Seigneur ne s’est pas encore réveillé pour les mépriser ; elles règnent par l’autorité de Dieu ; mais il n’y a point de roi en Sion : Christ a été rejeté. Cependant nous savons qu’Il est Adonaï dans les cieux.

Nous avons eu devant nous, dans ces deux premiers psaumes, les grands événements des derniers jours : un résidu juif attendant le jugement, les méchants étant toujours sur la scène, les nations se mutinant contre l’Éternel et Son Oint ; Celui qui est assis dans les cieux se riant de leur vaine rage, l’Éternel établissant Christ roi sur Sion et, à Sa demande, Lui donnant toutes les nations pour Son héritage : la soumission étant imposée à tous par un jugement auquel rien ne peut résister. Point de souffrances dans tout cela, pas même quant au résidu du psaume 1, mais simplement les conseils et les décrets de Dieu et une puissance à laquelle nul ne peut résister. De fait, les rois de la terre se sont levés et les princes ont consulté ensemble, et, pour ce qui est de la puissance et de la scène terrestre, ont réussi. Christ a été rejeté et n’a pas résisté. Et maintenant, si nous cherchons où est le résidu et quelle est sa condition au milieu de la scène juive de l’histoire de ce monde, nous verrons que les grands principes caractéristiques de sa position nous sont présentés dans les psaumes 3 à 7.

On comprendra maintenant facilement comment les deux premiers psaumes forment la base de tout le livre, bien que les psaumes suivants soient l’expression des exercices produits dans l’âme par le non-accomplissement, pour un temps, des conseils révélés dans les deux premiers ; et sous ce rapport on peut dire que l’ordre du livre tout entier ressemble à celui d’un grand nombre des psaumes eux-mêmes. La thèse est établie dans le premier ou les premiers versets ; puis viennent les circonstances, souvent entièrement contraires, au travers desquelles le fidèle passe, et qui l’amènent à ce qu’exprimait le commencement du psaume.

Conformément à cette règle, les psaumes 3 à 7 nous présentent en général, et quant au principe, la condition du résidu et les pensées et les sentiments produits dans les fidèles par l’Esprit de Christ, au milieu de l’état de choses qui est la conséquence, en Israël, du rejet personnel du Christ. On ne rencontre pas d’allusion aux circonstances au milieu desquelles les fidèles se trouvent historiquement eux-mêmes, avant les psaumes 9 et 10 ; c’est pourquoi ces cinq psaumes nous exposent l’opération de l’Esprit de Christ dans les fidèles, produisant les fruits moraux convenables, de manière à nous initier ainsi à la condition du résidu pieux, la sainte semence qui est en Juda, quand tout est en ruine. Les principes caractéristiques de la position de ces fidèles, les divers sentiments qui s’y déploient, sont placés devant nous. Il n’y a pas là cette puissante expression qui s’échappe du cœur sous la pression des circonstances au milieu desquelles il se trouve ; mais chaque phase morale met au jour les sentiments divers que l’Esprit de Christ doit produire en relation avec Dieu.

Le psaume 3 place, le premier, devant nous, la condition du résidu en général, en contraste avec le psaume 2, ainsi que l’appui et la confiance de la foi dans cette condition. Les persécuteurs de l’homme pieux sont multipliés ; ils s’élèvent et triomphent sur lui comme si Dieu lui faisait défaut : mais l’Éternel est son bouclier. Il se couche en paix, et, par la foi, il voit ses ennemis frappés et leur puissance renversée. Le salut est de l’Éternel et Sa bénédiction est sur Son peuple. Ici de nouveau, remarquons-le, nous nous retrouvons aux derniers jours ; l’homme pieux, bien qu’environné par ses ennemis, repose en paix et, prophétiquement, voit leur destruction, et la bénédiction sur Israël. Ce psaume est l’expression de la confiance en Dieu au milieu d’ennemis multipliés et dans une position sans ressource. Sans doute Christ est entré pleinement dans cette position, mais le psaume nous reporte aux derniers jours, après qu’a été établie la preuve du non-accomplissement du psaume 2, lors de la première présentation de Christ comme Messie à Israël.

Le psaume 4 diffère, sous ce rapport, du psaume 3 ; comme d’autres que nous rencontrerons plus tard, il n’est pas seulement l’expression de la confiance en Dieu, mais il demande aussi la justice contre les fils des hommes qui diffament toute la gloire qui appartient au peuple de l’Éternel et particulièrement à son Roi ; mais Dieu a choisi l’homme pieux, et la lumière de la face de l’Éternel est sa ressource. Le psaume 3, 4 et le psaume 4, 1 font tous deux mention de la grâce de l’Éternel comme étant connue par expérience.

Le psaume 5 nous présente la requête de l’homme pieux ; il fait appel au caractère de Dieu, comme correspondant nécessairement à celui du juste et comme exigeant qu’Il l’écoute et juge le méchant. Si le juste aime la piété, assurément l’Éternel l’aime aussi ; si le juste hait la méchanceté, assurément l’Éternel la hait. Celui que le fidèle invoque dans ce psaume, répond à ce qu’est le « Père juste » dans la bouche du Seigneur, au chapitre 17 de l’évangile de Jean, avec cette différence seulement que, là, la réponse a été le ciel ; — ici, la terre ; — conséquence nécessaire de la différence de position de Christ sur la terre et du résidu.

Au psaume 6, le résidu se place sur un autre terrain. Les fidèles sont opprimés, leur âme est troublée, la grandeur de leur détresse et l’absence d’une conscience purifiée, font naître dans leur esprit accablé la crainte que l’Éternel ne se tourne contre eux dans Sa colère, et ils demandent que Celui-ci ne les reprenne point en Sa colère et ne les châtie point en Sa fureur, qu’ils ont bien méritées comme nation, mais au sujet desquelles le cœur des rachetés implore la miséricorde. Ils s’attendent à être délivrés par miséricorde et à être sauvés de la mort, et invitent le méchant à se retirer, car l’Éternel a entendu leur cri.

Le psaume 7 est un appel à l’Éternel, fondé sur la juste et plus que juste conduite du fidèle envers ses ennemis, afin que l’Éternel se lève et se réveille pour le jugement qu’Il a ordonné, et qu’ainsi, par la délivrance du résidu au moyen du jugement, l’assemblée des diverses nations de la terre l’environne (v. 6, 7). Alors l’Éternel jugera les peuples ; cela introduit distinctement le jugement à venir. Mais nous trouvons ici une autre vérité : le Seigneur juge l’homme juste ; si un homme ne retourne pas en arrière, mais va en avant dans sa méchanceté, Sa colère le suivra.

Dans tout ceci nous voyons l’Esprit de Christ s’associant au résidu juif, et, sous certains rapports, nous entrevoyons Christ Lui-même, comme passant au travers des circonstances qui L’ont mis à même de prendre part à celles du résidu avec vérité, car nous avons vu que l’effet sur Sa propre âme n’a jamais été ce que cet effet est dans le résidu. Il ne s’agit pas de l’histoire de Christ, mais de Ses sympathies pour les fidèles du résidu ; et sous ce rapport, nous pouvons reconnaître deux principes qui lient ensemble Christ et le résidu aux derniers jours : en premier lieu, Christ introduit les fidèles, en grâce, dans Sa propre position sur la terre, et, en second lieu, Il s’associe à leur position à eux. C’est ce que nous montre Matthieu 17, 24-27 où Il associe les siens à Sa position, sans doute par anticipation, seulement Il leur révélait déjà le nom du Père. Quant à la nature et aux principes de leur vie, les justes ont moralement les sentiments produits par l’Esprit de Christ : leurs cris et leurs supplications sont l’expression de ce fait. Dieu reconnaît les droits des justes, bien qu’ils n’en aient pas eux-mêmes clairement l’intelligence, et Il leur en fournit l’expression dans les Psaumes. C’est à la fois un besoin et un désir, que la vie qui est en eux légitime, devant le cœur de Celui qui peut tenir compte du fondement que Christ a posé pour la bénédiction : Il est donc juste dans Son support, quoique la justice, quant aux Juifs, ne soit pas encore manifestée. La connaissance qu’a le résidu de ce qu’est l’Éternel — de ce qu’Il a toujours été — pour ce qui concerne l’intégrité et l’oppression, lui donne d’attendre une délivrance qui semble impossible[12].

Nous trouvons ici (Ps. 4, 2 ; 6, 3 et ailleurs) une expression qu’il faut remarquer : « Jusques à quand ? ». Ce cri est l’expression de l’attente de la foi : Dieu ne peut pas rejeter Son peuple à toujours ; — jusques à quand agira-t-Il envers eux comme Il l’a fait et ne tiendra-t-Il aucun compte de l’oppression ? C’est pourquoi il est dit quelque part : « Il n’y a personne… qui sache jusques à quand » (Ps. 74, 9).

Les psaumes dont nous venons de parler, en les considérant comme un seul tout, sont donc une exposition générale de l’état du résidu des Juifs devant Dieu aux derniers jours, et des principes selon lesquels les fidèles sont reconnus comme étant intègres : jusqu’ici nous n’avons pas encore trouvé la puissante effusion des sentiments des fidèles sous le poids de l’affliction. Christ est-Il donc loin d’eux tous ? Certainement non ; autrement nous n’aurions pas les Psaumes. Christ entre par Ses sympathies dans leur condition, Il forme la foi de leurs cœurs dans cet état par Son Esprit, et entre ainsi pleinement et de la manière la plus touchante dans leur condition d’abaissement. Ces psaumes ne sont pas l’expression[13] de Ses propres sentiments lorsqu’Il était sur la terre, bien que (précieuse vérité !) Il ait appris par Ses propres souffrances dans des circonstances semblables, à soutenir par une parole celui qui est las et accablé (comp. És. 50).

Nous sommes arrivés maintenant au psaume 8, qui clôt l’exposition de la condition du résidu et des conseils de Dieu concernant l’Oint de l’Éternel, rejeté. Ce qui est dit ici, l’est encore par la bouche du résidu, considéré comme délivré. « Éternel, notre Seigneur ! ». C’est en vain que les nations se sont élevées contre toi ! « Que ton nom est magnifique par toute la terre ; tu as mis ta majesté au-dessus des cieux ! ». Il ne s’agit pas ici du Roi en Sion — bien que, certainement, Il régnera comme tel ; — mais d’une gloire qui est établie au-dessus des cieux. Ce n’est pas seulement le peuple du grand Roi, qui est ainsi béni ; mais nous avons devant nous la gloire du nom de l’Éternel, le Seigneur d’Israël, en quelque lieu qu’habitent les enfants des hommes ; non pas comme s’il était question, dans ce psaume, de l’établissement de Christ sur la sainte montagne de Sion ; mais la Parole nous présente ici cette gloire en relation avec l’élévation du Fils de l’homme, non seulement au-dessus des fils des hommes, mais au-dessus de toutes les œuvres de Ses mains dans tous les lieux de Sa domination, sans qu’aucune soit exceptée.

Et qui est ce Fils de l’homme ? Il a été fait un peu moindre que les anges, à cause de la passion de la mort, couronné maintenant de gloire et d’honneur, et établi (l’épître aux Hébreux nous montre que ceci n’est pas encore accompli) sur toutes les œuvres des mains de Dieu[14]. Il n’a pas pu être rejeté comme Christ (lors même que ce titre doive être aussi réalisé plus tard en Lui, par Celui qui, du haut des cieux, se rit de la rage impuissante des rois de la terre) sans que les conseils de Dieu Lui eussent préparé une position encore plus glorieuse, savoir d’être couronné de gloire dans les cieux et établi dominateur sur toutes choses. Les titres de Fils de Dieu et de Fils de David, Roi en Sion, sont Ses titres sur la terre (comparez Jean 1, 49-51) ; mais Sa première réjection comme tel, Lui ouvre cette gloire plus étendue qu’Il a également justement acquise — ce qui appartient au Fils de l’homme selon les conseils de Dieu. C’est pour ce motif que nous voyons le Seigneur défendre à Ses disciples de dire plus longtemps qu’Il fût le Christ (Matt. 16, 20, 21 ; 17, 12 ; Luc 9, 20-22), car Il était alors virtuellement rejeté par Israël, parce que le Fils de l’homme devait souffrir et être rejeté, livré aux nations, mourir et ressusciter. Sans doute, il y avait la grâce envers Israël — mais c’était la grâce envers l’homme, envers l’homme en Christ : — et le Seigneur d’Israël, l’Éternel, avait ainsi un nom magnifique par toute la terre.

Ce résultat glorieux de la fin de notre psaume est proclamé par la bouche du résidu, bien que ce résultat soit amené par une gloire bien plus excellente et soit dépendant d’elle. En présence de la fureur et de la méchanceté de Ses ennemis, et pour confondre les oppresseurs et les infatigables et impitoyables persécuteurs de Ses saints et de Son peuple, Dieu a choisi ce qu’il y a de plus faible sur la terre pour en tirer Sa parfaite louange. La réception du Christ, entrant à Jérusalem sur le poulain d’une ânesse, nous en présente comme une image anticipée, mais le plein accomplissement est pour les derniers jours. Christ avait reçu témoignage comme Fils de Dieu en ce qu’Il avait ressuscité Lazare ; comme Fils de David, dans Son entrée à Jérusalem ; comme Fils de l’homme, lorsque les Grecs étaient montés, mais Il devait mourir pour avoir cette dernière gloire (Jean 12, 24). Aux derniers jours tout ne faillira pas ainsi sur la terre, mais sera accompli en puissance : en attendant Il est couronné de gloire et d’honneur dans un lieu plus excellent.

Tout le psaume dont nous nous occupons a un caractère d’élévation et d’énergie en rapport avec la grande délivrance qu’il célèbre. L’homme est si peu de chose devant la création : qu’est-ce que l’homme quand nous considérons l’étendue et la gloire de l’univers ? Mais regardez à Christ, et toute cette magnificence pâlira devant la gloire excellente de Celui sous les pieds duquel sont placées toutes choses. Ces choses mêmes en recevront un nouvel éclat. L’homme est, en effet, grand et élevé au-dessus de toutes choses en Lui, le Fils de l’homme, établi sur toutes choses.

Ce n’est pas ici le lieu de faire remarquer l’emploi que le Nouveau Testament fait de ce psaume 8, mais l’emploi qui en est fait rend évidents et son sens et son importance. Le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens nous montre qu’il est accompli en résurrection ; par le chapitre 2 de l’épître aux Hébreux, nous apprenons que l’assujettissement de toutes choses sous les pieds du Fils de l’homme aura lieu dans le monde à venir, et que ces choses ne sont pas encore actuellement placées sous les pieds de Christ, mais qu’Il est déjà maintenant couronné de gloire et d’honneur ; par le chapitre 1 de l’épître aux Éphésiens, nous voyons de plus que l’Assemblée est unie à Lui dans cette position de gloire, mais ce point n’entre en aucune manière dans le but et la portée du psaume, car il fait partie du mystère caché dès les siècles et les générations (Col. 1, 26).

Avant d’entrer dans l’examen des psaumes suivants, je voudrais passer brièvement en revue le champ que nous venons de parcourir, en nous occupant des psaumes qui forment comme l’introduction de tout le livre. Nous avons vu d’abord le résidu des derniers jours, ensuite les conseils de Dieu touchant le Messie. Mais les rois et les princes de la terre s’élèvent contre l’Éternel et contre Son Oint : cependant Il sera établi Roi dans Sion. Nous avons trouvé ensuite, dans les psaumes 3 à 7, les grands principes de la marche du résidu au milieu des circonstances dans lesquelles il se trouvera lui-même : on n’y rencontre pas ces expressions profondes des sentiments que produit ailleurs la grandeur de la détresse, mais celles-là seulement qui se rapportent aux sentiments de confiance et de foi que la grâce fait naître dans la position où le résidu se trouve. Au psaume 3, nous trouvons la confiance ; au psaume 4, l’imploration adressée au Dieu de la justice, et le sentier du juste ; au psaume 5, le juste crie à l’Éternel, parce que l’Éternel distingue le mal du bien, et ainsi il faut que le méchant soit ôté et que Jéhovah bénisse le juste qui se confie en Lui. Le psaume 6 fait appel à la compassion : le juste, troublé dans son âme, supplie l’Éternel de ne pas le reprendre dans Sa colère, et Celui-ci l’a entendu dans sa détresse, afin de le sauver de la mort ; au psaume 7, le juste demande l’intervention de l’Éternel contre ses persécuteurs, plaçant en contraste leur conduite, et la sienne envers eux ; mais l’Éternel juge Son peuple.

Tels sont les principaux éléments des relations de l’Éternel et du résidu de Son peuple en ce jour-là. Combien il sera précieux pour les fidèles de trouver ainsi pour leur foi un soutien et une expression, élevés au-dessus de leurs craintes, par le moyen de ces témoignages de grâce de l’Esprit de Christ, afin d’être conduits par eux, justifiés dans leurs meilleures espérances et calmés au milieu de leurs plus justes craintes ! Il me semble qu’il est facile de comprendre pourquoi Christ n’a pas pu avoir personnellement les sentiments et les désirs qui sont exprimés ici, et comment il se fait qu’Il a pu produire cependant par Son Esprit, prophétiquement, ces mêmes désirs dans le résidu et entrer par Ses sympathies dans toutes les circonstances qui entourent celui-ci. Il descendit du ciel et ne perdit jamais l’esprit qu’on y respire, bien qu’Il se trouvât dans les circonstances que Sa présence sur la terre a amenées sur Lui ; mais cet esprit, c’est l’amour. Christ était au-dessus du mal dans la puissance de l’amour et dans la conscience des sentiments divers que devait nécessairement avoir le Fils de l’homme « qui est dans le ciel », quoiqu’Il passât par toutes les afflictions auxquelles pouvait être assujetti le Fils de l’homme sur la terre. Il passa au travers de toute la détresse que le péché et l’inimitié infatigable de l’homme, aussi bien que l’insensibilité de Ses disciples[15], pouvaient attirer sur Lui ; — mais d’autant plus sensible Lui-même à cette détresse et la ressentant d’autant plus profondément, qu’Il était parfait, Il était élevé au-dessus de tout le mal, en amour, dans la perfection personnelle du bien. Le résidu ne sera pas ainsi : il sera soutenu par Dieu, non pas seulement au milieu du mal, mais sous le mal, quand il sera oppressé par lui, par le sentiment de la culpabilité, par la crainte de la colère ; et non seulement par un sentiment profond de la colère, mais, plus que cela, par une frayeur de cette colère, agissant sur l’âme pour la cribler. Il n’y a point de délivrance pour les fidèles, si ce n’est par la destruction de leurs ennemis ; et ils soupirent après cette destruction : ces ennemis sont aussi ceux du Seigneur, et le désir des fidèles est juste (voyez Ps. 6, 5, 7, 10). Christ, nous l’avons fait remarquer, n’a pas fait ainsi : Il était élevé au-dessus de toute cette haine, en amour céleste et en vraie et consciente communion avec Son Père, dont Il avait à accomplir en paix la volonté, sachant qu’Il était approuvé de Lui, jusqu’à ce que, à la fin, Il entrât dans cette sombre vallée, où, pour l’amour de nous et d’Israël, Il dut rencontrer la colère ; mais là tout se passe entre Dieu et Lui. Quant à Ses ennemis humains, Il dit seulement : Si c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci (Jean 18), et tous tombent à la renverse devant Lui ; c’est à Lui de leur dire en paix : « C’est ici votre heure, et la puissance des ténèbres ! ». C’est pourquoi Lui-même, l’amour divin, traversant toutes les afflictions qu’Israël, ou bien nous-mêmes, pouvons avoir à traverser, Il passa au travers de tout personnellement, en amour : tout a été senti par Lui, mais Il était élevé au-dessus du mal, en amour envers les hommes, étant en parfaite communion avec le ciel, son amour et sa faveur. En cela Christ est un modèle pour nous chrétiens, non pas pour Israël. Mais Il traversa réellement tout ce par quoi le résidu ne pourra jamais passer, étant toutefois assez libre à l’égard de toute la puissance que pouvaient exercer sur Lui ces circonstances, pour sentir pour les autres, dans ce chemin qu’Il traversait. Parfait dans ce sentier, Il inspire prophétiquement les expressions de la foi à ceux qui ne connaissent pas encore l’amour céleste et la délivrance, à ceux qui sont oppressés au milieu de leurs afflictions ; et Il exprime par l’esprit prophétique, devant Dieu (comme ferait l’Esprit en de telles gens), les sentiments de leurs cœurs oppressés, sentiments auxquels les circonstances donnent naissance, là où la faveur divine et la délivrance ne sont pas connues. Nul ne peut entrer aussi bien dans les afflictions d’autrui sous cette détresse, que Celui qui en connaît les causes et l’effet, quant aux relations avec Dieu, mais qui ne s’y trouve pas Lui-même. Christ a été dans toute leur affliction ; Il l’a sentie, mais Il n’a pas senti, comme à l’égard d’autres afflictions, ce que ceux-là sentent qui s’y sont plongés, et qui, à cause de leurs fautes, nécessairement et justement, sont occupés d’eux-mêmes. Il était rempli d’amour divin pour Ses oppresseurs. Ses sympathies étant parfaites, elles L’ont fait entrer dans toutes les circonstances et les sentiments du résidu, et en ont fourni l’expression divine.

On dira peut-être qu’il a été facile pour Lui de fournir cette expression par l’Esprit prophétique, si Lui-même n’est pas réellement entré dans ces circonstances. Mais à cela je réponds que dans chaque partie des afflictions, Il est entré pleinement ; et infiniment plus complètement que ne le fera jamais le résidu, ayant souffert, en outre, ce que celui-ci ne souffrira jamais, précisément parce que Lui l’a souffert à leur place. Or, cette souffrance plus profonde dans laquelle Il est entré, loin de L’empêcher de sympathiser parfaitement, L’a rendu capable d’avoir cette sympathie en rapport avec toute la détresse qui venait de Satan et de Dieu sur Sa propre âme, tandis qu’il n’était pas question chez ceux qui avaient causé la détresse de sentir cela. Il traversa tout de la même manière qu’eux, bien plus profondément toutefois, et Sa part a été la plus lourde, en ce qu’Il a pris sur Lui ce qu’aucun d’eux n’aura jamais à porter.

Lorsque les fidèles du résidu seront dans les mêmes afflictions, sans connaissance de la faveur divine, Il leur apportera, par ces psaumes, tous les sentiments auxquels Dieu peut donner Son approbation et prêter Son oreille. Il conduira leurs âmes au travers de ces afflictions. Que de fois, lorsque nous-mêmes nous osions à peine exprimer ce que nous sentions, par crainte d’offenser Dieu, au milieu des incertitudes d’une foi environnée de nuages, n’avons-nous pas été calmés par un texte qui exprimait nos afflictions d’une manière qui, étant de Dieu, doit être juste, et n’avons-nous pas été ainsi fortifiés dans la foi en regardant à Dieu : il en sera de même pour le résidu.

Les psaumes 9 et 10 nous introduisent historiquement au milieu des circonstances dans lesquelles se trouve le résidu aux derniers jours, dans la terre d’Israël. Les grands principes ont été posés : le résidu ; — le Messie ; — l’affliction au milieu d’Israël en suite de Son rejet ; — un sentier qu’Il a personnellement appris à connaître ; — la gloire dans le Fils de l’homme ; et nous trouvons maintenant, dans ces deux psaumes 9 et 10, une sorte de préface qui, nous initiant à ces circonstances, nous fait connaître la scène des exercices d’âme des fidèles, l’état de choses qui donne naissance à ces exercices, et la délivrance opérée par le jugement de Dieu.

Nous pouvons remarquer ici, comme confirmation de ce que nous avons avancé précédemment, que l’homme juste, le Messie selon les conseils de Dieu — mais rejeté (avec les afflictions du résidu qui en découlent et dans lesquelles Il entre), et en résultat glorifié comme Fils de l’homme et établi sur toutes les œuvres des mains de Dieu — ayant été placé devant nous dans les huit premiers psaumes, nous nous trouvons d’abord aux derniers jours, alors que le résidu juste sera sous l’oppression des méchants et des nations. Les psaumes 9 et 10 nous font entrer d’une manière plus détaillée dans les circonstances de ces derniers jours. Le Messie, en esprit, dans le résidu opprimé, reconnaît la justice du Dieu qui est assis sur le trône, jugeant justement.

Remarquons également en passant, la grande différence qu’il y a entre la célébration de la justice de Dieu, assis sur le trône, jugeant justement, et vengeant l’homme juste de l’oppresseur — et cette autre scène, où nous voyons Christ sur la croix qui n’a pas été vengé sur la terre, mais qui se déclare Lui-même abandonné de Dieu ; Ses ennemis, en apparence, accomplissant tout leur méchant conseil contre Lui ; mais alors, la justice étant établie par des voies célestes, la justice de Dieu Le fait asseoir à Sa droite dans les lieux célestes : « De justice, parce que je m’en vais à mon Père et que vous ne me voyez plus » (Jean 16, 10). Pour ce qui concerne cette justice, Il a été entièrement retiré de ce monde, de manière que les disciples, comme étant dans la chair, et c’était le cas des Juifs, ne L’ont plus vu. Il avait glorifié Dieu, et était glorifié en Dieu comme Dieu avait été glorifié en Lui. La justice qui jugeait l’oppresseur, quoique exercée par Dieu qui seul est réellement juste et a la puissance, avait sa sphère et sa mesure dans le gouvernement terrestre et dans la distinction qu’elle faisait entre le juste et le méchant au milieu des hommes, entre l’opprimé et l’oppresseur : elle se liait au juste gouvernement de Dieu. L’intelligence de cette différence est une clef pour la compréhension de toute la structure des Psaumes.

Un autre point qu’il ne faut pas passer sous silence est celui-ci : Dans nos traductions, divers mots hébreux sont rendus par peuple. Ainsi : Ham, Hammi (au singulier), « peuple », « mon peuple » (Israël) Ps. 3, 6, 8 ; Gojim, « les nations ou les païens », Ps. 2, 8, c’est-à-dire ceux du dehors, en contraste avec Israël, peuple de Dieu (Israël est une fois désigné par ce mot pour signaler sa culpabilité, Ps. 43, 1) ; l’ummim, « les peuplades » Ps. 7, 7, en général, sur la terre, les diverses races de l’humanité ; Hammim, pluriel, « les peuples » Ps. 7, 8, je pense les nations envisagées en connexion avec Israël rétabli et placées en relation avec Jéhovah.

Nous pouvons aborder maintenant l’examen des deux psaumes que nous avons devant nous.

Le psaume 9 nous présente l’Éternel, le Très-haut (noms que Dieu prend en relation avec les Juifs d’une part et avec l’accomplissement millénaire des promesses faites à Abraham d’autre part), délivrant le peuple de l’oppression des nations et mettant fin à la puissance du méchant par le jugement. Le Juif délivré célèbre cette bonté qui a revendiqué les droits du juste et maintenu sa cause. C’est réellement l’Esprit de Christ qui parle ici, comme ayant pris en main la cause du juste : c’est le droit de Christ ; si le Juif a quelque droit, c’est par Lui, et si les fidèles invoquent ce droit, c’est Lui qui a mis les paroles dans leur bouche. En effet, si Christ n’était pas entré dans leur affliction, et s’Il ne leur avait pas donné ces paroles, ils n’eussent pu parler de « mon droit ».

Pénétrons maintenant un peu plus avant dans le détail des circonstances auxquelles ce psaume nous initie. L’homme humble et opprimé célèbre Dieu de tout son cœur, sous le double nom de l’Éternel et du Très-haut (comparez Ps. 91 et Gen. 14, 19-20). La défaite de ses ennemis n’est pas seulement une victoire humaine ; ils tombent et périssent devant la face de l’Éternel qui est intervenu pour revendiquer le droit du juste et maintenir sa cause, proprement le droit et la cause de Christ qui s’était placé Lui-même au milieu des fidèles dans Ses sympathies miséricordieuses.

Au verset 6 nous trouvons un principe important pour la foi dans tous les temps, alors réalisé de fait : les efforts de l’ennemi ici-bas sont pour un temps ; il peut, si Dieu le permet, détruire la prospérité présente ; — le Seigneur demeure à jamais ; nous n’avons qu’à faire Sa volonté sur le chemin qui est devant nos pieds ; Sa volonté s’accomplira toujours à la fin. Cette volonté que nous accomplissons dans notre course, peut-être dans l’affliction et la souffrance maintenant, dominera certainement au terme de la route. Le moment était venu où les destructions devaient prendre fin pour toujours — les villes et leur mémoire avaient été détruites : l’Éternel demeure à toujours. Nous avons ouï parler de la patience de Job — c’était pendant le cours de son épreuve ; mais nous avons vu la fin du Seigneur — ceci devient un fondement de la foi. La foi marche avec Celui qui tient certainement la fin entre Ses mains : Il est assis à toujours ; Il a préparé Son trône pour le jugement. Il jugera en justice le monde universel et exercera le jugement sur les peuples avec droiture.

Tel est le caractère public de l’Éternel ; mais il y a un côté particulier de Son caractère personnel, si l’on peut parler ainsi, dont la manifestation, publique aussi, est le sujet principal du psaume 9 ; avec le premier caractère public dont nous venons de parler, elle forme réellement le grand sujet de tous les Psaumes ; ces deux caractères sont connus seulement de la foi et ils sont célébrés par anticipation. Ce second caractère est que l’Éternel est un refuge pour l’opprimé, un refuge au temps de la détresse. C’est pourquoi ceux qui connaissent Son nom, se confient en l’Éternel en tout temps. Son intervention en faveur de ceux qui Le cherchent dans ce jour-là, rendra Son nom glorieux en tout lieu.

Un autre point nous est encore présenté ici : l’Éternel, se révélant ainsi, habite en Sion. Ses exploits (c’est-à-dire ce qu’Il fait pour la gloire de Son nom, par le jugement en faveur du résidu) seront publiés parmi les peuples, afin que les fidèles du résidu soient ainsi rendus capables de se confier en Lui. Le mot hébreu que nous trouvons ici n’est pas celui qui est employé souvent pour désigner les peuples ; et ce mot particulier doit s’appliquer, je pense, aux nations que Dieu reconnaît. L’Éternel est ainsi retourné dans Sion à la fin. Aux versets 13 et 14 les fidèles du résidu implorent l’Éternel, faisant appel à Sa miséricorde, afin que leurs cœurs Le célèbrent en Sion aussi bien que Ses jugements. Le verset 15 célèbre le jugement, dont le côté moral nous est donné au verset 16 : l’Éternel se fait connaître par le jugement qu’Il exécute.

La manière dont ce psaume 9 sert ainsi de préface au livre des Psaumes tout entier, et nous fait connaître, et sa portée, et son application aux derniers jours, est évidente ; et une fois bien saisie, elle sert grandement à la compréhension de la structure générale du livre.

Aux derniers versets, les méchants (ici c’est au pluriel et cela a son importance, car il y a aussi « le méchant » comme Paul l’appelle), quels qu’ils soient d’ailleurs, Juifs ou Gentils, mais plus particulièrement le Juif et puis toutes les nations qui oublient Dieu, c’est-à-dire qui n’avaient pas voulu se souvenir de Dieu, sont présentés comme devant être rejetés et jugés, placés dans le hadès par le jugement. C’est en ceci que Dieu se souvient des opprimés, car la destruction des méchants est leur délivrance, et c’est pourquoi le résidu s’écrie : « Lève-toi, ô Éternel ! ». Ce trait nous fournit l’explication de certaines expressions des Psaumes auxquelles j’ai fait allusion plus haut — l’imploration du jugement. Comparez les caractères de ceux qui sont jugés, dans les chapitres 1 et 2 de l’épître aux Romains ; remarquez seulement que la colère, dans ces chapitres, est la colère révélée du ciel et non pas la colère gouvernementale sur la terre, colère qui vient de Sion ; remarquez encore que, comme on pouvait s’y attendre, on trouve, dans l’épître aux Romains, un développement moral plus grand et non pas le jugement extérieur des nations. En Apocalypse 4, nous avons, dans les quatre animaux, les caractères des chérubins aussi bien que des séraphins, pour annoncer, je crois, que les jugements qui vont s’exécuter sont à la fois conformes à la sainte nature de Dieu et à Ses voies gouvernementales. Il est vrai que le cas d’Ésaïe 6, où nous ne trouvons que les séraphins, s’applique à un jugement gouvernemental, alors que la grâce épargne un résidu, mais l’incompatibilité entre l’Éternel et la souillure est placée devant le prophète.

Le psaume 10, dans son ensemble, dépeint l’état des choses aux derniers jours, jusqu’au moment où l’Éternel se lève pour le jugement, et plus particulièrement le caractère du méchant, car on reconnaît le méchant à son caractère, et c’est dans le Juif spécialement que ce caractère se retrouve (comp. És. 40 à 48 qui s’occupe particulièrement de l’idolâtrie et de Babylone ; et 49 à 58 qui traite du rejet du Messie, ces deux péchés capitaux qui amènent les Juifs sous le jugement, le péché contre l’Éternel et celui contre Son Oint). Le méchant, dans son orgueil, agit d’après ce qui se voit, tandis que le juste agit en se confiant au caractère de l’Éternel, par la foi en Lui. Le méchant se glorifie du désir de son âme et bénit l’avare que l’Éternel abhorre ; il poursuit ses plans, sans conscience, cherchant à détruire l’affligé par ses artifices, et estimant que Dieu l’a oublié. De quel secours Christ ne peut-Il pas être ici pour le résidu ? Les débonnaires élèvent leur voix sous l’oppression ; pourquoi l’Éternel se tient-Il loin et se cache-t-Il au temps de la détresse ?

Les débonnaires sont loin en effet d’être là où Christ a été ; toutefois l’ombre, si je puis dire ainsi, de ces souffrances que Christ a traversées, passe sur eux, mais ils peuvent espérer en Dieu. Ainsi au verset 12, ils implorent Dieu afin qu’Il élève Sa main, qu’Il n’oublie pas les affligés ; pourquoi le méchant méprise-t-il Dieu ? — L’Éternel l’a vu, et recherchera : — le malheureux s’abandonne à Lui.

Les versets 16 et suivants célèbrent l’entrée de l’Éternel sur la scène en réponse aux supplications des débonnaires, et les résultats qui découlent de cette intervention. L’Éternel est Roi à toujours — les nations ont péri de dessus Sa terre. Voilà le jugement public ; puis le secret de Jéhovah : Jéhovah a exaucé le désir des débonnaires ; Il a préparé leur cœur ; ensuite Il a entendu leur cri ; et Sa réponse sera le jugement ; Il sera juge en faveur de l’orphelin et de celui qui est opprimé, en sorte que l’homme de la terre, celui qui a sa force et son espérance sur la terre, n’effraye plus désormais.

Quelques observations supplémentaires sur les deux psaumes que nous venons de parcourir ne seront pas hors de propos.

À côté du résidu pauvre et débonnaire qui s’attend à Dieu, il y a deux autres, et même dans un certain sens, trois autres classes de personnes : il y a les nations, gojim, étrangères à Israël, qui l’oppriment, des ennemis de Dieu ; puis les méchants, qui seront alors plus spécialement au milieu des Juifs, comme nous l’avons vu. Mais ces méchants sont mentionnés à un double point de vue, et c’est pourquoi j’ai parlé de trois classes de personnes : en général — dans le psaume 10 partout, et dans le psaume 9 partout, excepté au verset 17 — il est parlé du méchant au singulier ; au verset 17, il est parlé des méchants au pluriel, afin de montrer qu’ils seront tous précipités dans le shéol. L’expression de méchant, au singulier, définit le caractère, bien que je ne doute pas qu’il y aura un méchant particulier, harashah, o anomos l’antichrist ; il est mentionné ici certainement par son caractère, non pas par une prophétie distincte touchant sa personne. L’anomia est manifestée — mais non pas l’anomos — et elle n’est pas restreinte à un seul. L’analogie de tout ce qui concerne le Christ dans Ses circonstances de réjection sur la terre est claire ; il en est ainsi de toutes les formes de la méchanceté : la trinité même est imitée, en mal, dans l’Apocalypse ; on y trouve la cité de la corruption, comme aussi l’épouse de Christ, et ainsi de suite. Jusqu’ici, sauf pour ce qui est du Messie des conseils de Dieu, présenté au psaume 2, l’homme juste a été placé devant nous caractéristiquement ; ici, comme cela est nécessaire, la Parole caractérise toute la classe des personnes opposées à l’Éternel et à Son Christ, bien qu’un seul homme puisse être l’expression concentrée, pour ainsi dire, de ce caractère. Le résidu était appelé à juger d’après ce caractère, moralement.

De plus, remarquez-le, les méchants sont jugés avec les nations ; ils tombent tous ensemble sous le même jugement. Les méchants seront repoussés jusque dans le shéol, et avec eux toutes les nations qui oublient Dieu : « Tu as tancé les nations, tu as fait périr le méchant » (9, 5). Ce psaume 9 nous présente, comme nous l’avons vu, l’aspect général de l’intervention de l’Éternel en jugement ; au psaume 10 nous avons particulièrement la position du résidu affligé et tourmenté, au-dedans ; c’est pourquoi nous trouvons qu’il est fait mention du méchant (un homme), non pas des nations, jusqu’à ce que, lors de l’exécution du jugement, ils se trouvent tous également retranchés de la terre de l’Éternel, de manière à identifier le jugement avec les déclarations générales du psaume 9. Il est inutile d’ajouter combien tout ceci répond pleinement à l’histoire qui nous est donnée des derniers jours.

Le psaume 11 nous montre ce que doit faire le résidu juste lorsque le pouvoir du mal est établi dans la terre d’Emmanuel. Nous avons déjà dit que les psaumes 11 à 15 nous donnent les pensées et les sentiments du résidu dans ce temps-là, c’est-à-dire à la suite de l’état de choses dont il a été question dans les psaumes 9 et 10. En voici les traits généraux.

Le psaume 11 nous présente le juste rejetant loin de lui l’idée de faiblir, comme s’il était sans ressource devant l’impie méchanceté de ceux qui ne craignent pas Dieu : il se confie en l’Éternel. Cependant le méchant, de toute sa force, cherche la destruction de ceux qui sont droits de cœur. Si toute ressource humaine, tout terrain sur lequel l’espérance aurait pu s’établir sur la terre, font défaut, que fera le juste ? L’Éternel demeure le même, immuable comme toujours : Il est au palais de Sa sainteté ; Il a son lieu sur la terre, lieu que la foi reconnaît, quelque ruiné qu’il soit ; et Son trône est dans les cieux. Là, aucun mal n’a accès, et Son trône domine à jamais. Mais il y a plus que cela : si l’Éternel habite dans un repos que rien ne peut troubler, parce qu’Il est le Tout-puissant et s’Il est élevé au-dessus de tout mal, dans les cieux, Il regarde vers la terre : Il la gouverne, car c’est de la terre, et non pas de la part céleste de l’Église, qu’il est question, comme du reste dans tout l’Ancien Testament. Ses yeux voient, Ses paupières sondent les fils des hommes. Quelle solennelle et puissante consolation pour ceux qui sont dans l’épreuve. Les voies gouvernementales de Dieu nous sont encore découvertes davantage. L’Éternel sonde le juste : l’histoire de Job, image de ce qui arrive à Israël, nous l’apprend. Aujourd’hui, l’état de choses qui nous entoure n’est en aucune manière une révélation du gouvernement de Dieu ; la foi sait que Dieu a la haute main et que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu ; mais Dieu ne gouverne pas immédiatement, en sorte que l’état de choses présent puisse montrer le résultat de l’estimation que Dieu fait du bien et du mal ici-bas. S’il en était ainsi, nous ne verrions aucun mal toléré ; le juste fleurirait et prospérerait dans toutes ses voies : mais il en est tout autrement. Pendant ce temps, l’Église a sa part en dehors du monde, elle a le lieu de son habitation là où Christ est allé lui préparer place ; elle souffre avec Lui et régnera avec Lui. Mais quant à tous Ses saints, Il les éprouve ; quant au méchant qu’Il hait, Il fera pleuvoir sur lui le jugement, des pièges, du feu et du soufre ; car l’Éternel juste aime la justice et Sa face regarde l’homme droit.

Tel est donc, pour ce temps-là, le vrai fondement de la foi, alors que le résidu sera dans l’épreuve. Dieu regarde : Il éprouve le juste et exécutera Son jugement au temps convenable. Cela découle du fait que « l’Éternel juste aime la justice ». Mais si c’est là le fondement général de la confiance et de la marche de l’homme pieux, le juste, cependant, n’est pas insensible au mal, et il peut le présenter à Dieu, comme nous le voyons au psaume suivant.

Psaume 12. « Sauve, Éternel ! car l’homme pieux n’est plus » ; l’Éternel retranchera les lèvres flatteuses et la langue orgueilleuse, car tel est le méchant. Le méchant ne connaît ni résistance, ni frein à sa volonté ; il dit : « Qui est seigneur sur nous ? ». Mais, parce qu’il opprime les débonnaires, à cause de cela même, l’Éternel se lève. La parole de Dieu en laquelle les fidèles avaient mis leur confiance, et qui leur promettait du secours, comme témoignage nécessaire du caractère de l’Éternel vers lequel ils ont regardé, cette parole de Dieu est pure, éprouvée par sept fois ; elle portera infailliblement son fruit promis ; il n’y a en elle rien de trompeur. L’Éternel préservera Ses pauvres de la génération des méchants ; mais les méchants ont libre carrière quand les gens vils sont élevés parmi les fils des hommes.

Au psaume 13, le juste est réduit à la dernière extrémité, en tant qu’il s’agit du mal qui vient des hommes : on pourrait penser que Dieu l’a entièrement et définitivement oublié. Son ennemi a été exalté par-dessus lui, et lui, consultait dans son cœur ; mais alors il a crié, il a regardé vers l’Éternel pour être entendu, de peur qu’il ne pérît, d’un côté, et de peur aussi que son ennemi ne pût dire qu’il a eu le dessus. Jéhovah l’entend ; le juste peut se réjouir de sa délivrance et chanter la louange de Celui dans la miséricorde duquel il s’est confié et qui, à la fin, agit envers lui dans Sa bienveillance.

Au psaume 14, le mal a atteint son apogée devant Dieu. Ce qui est toujours vrai de la chair est placé maintenant sous le regard de Dieu, au temps où Il va juger. Les hommes s’élèvent orgueilleusement contre Lui : oui, c’est là ce qui amène le jugement. L’Éternel regarde des cieux pour voir s’il y a, parmi les hommes, quelqu’un qui ait de l’intelligence ou qui cherche Dieu. Mais il n’y a personne. Il y a bien un résidu, en qui la grâce opère, que l’Éternel reconnaît déjà comme Son peuple (v. 4) ; et les méchants le dévorent comme ils mangeraient du pain ; ils n’invoquent point l’Éternel. L’orgueil et la méchanceté de l’homme sont là dans leur plein épanouissement ; mais bientôt tout change : Dieu est au milieu de la génération juste. La frayeur tombe sur l’orgueilleux qui, peu auparavant, jetait de l’opprobre à l’affligé parce qu’il se confiait en l’Éternel. Le verset 7 nous montre que tout ceci est présenté d’une manière anticipée et prophétique et nous fait voir où et comment tout sera accompli : c’est le désir de l’homme pieux selon l’intelligence de la foi. Le juste attend la délivrance, il l’attend de Sion, remarquons-le, n’étant pas satisfait jusqu’à ce que le Seigneur établisse là Sa louange. Le peuple est envisagé comme étant captif.

Alors vient la question : Qui aura part aux bénédictions de cette sainte montagne lorsque le Seigneur aura établi en Sion le siège de Son juste pouvoir ? Le psaume 15 répond à cette question : Ce sera celui qui marche dans l’intégrité de son cœur dans le chemin de la loi. Remarquez ici que, tandis que les hommes pieux — quand tout est obscurité autour d’eux, quand la méchanceté a complètement le dessus, que les fondements de toute espérance terrestre de la part des hommes, même dans les choses qui concernent Dieu sur la terre, sont détruits, et que la méchanceté a pris la place de la justice — élèvent leurs yeux en haut et voient le trône immuable dans le ciel, et ainsi toutes choses dans le ciel et sur la terre mises en rapport ensemble ; cependant le point qu’ils ont en vue, c’est l’Éternel dans le temple de Sa sainteté, et la délivrance venant de Sion. C’est, en effet, ainsi que les choses s’accompliront (voyez És. 66, 6). Le trône immuable dans le ciel établira en puissance le trône longtemps vide sur la terre. L’Éternel sera dans Son temple, mais Il régnera, en la personne de Christ, en Sion. C’est une délivrance juive dans son caractère, et selon les justes espérances des Juifs.

Nous devons faire ici une remarque générale et importante : c’est que le résidu jouit pleinement du sentiment de sa relation avec l’Éternel. Quelle que soit l’épreuve, quelle que soit la condition du résidu, quelle que soit la méchanceté du peuple ou l’oppression des nations dans le pays, la foi du résidu regarde à sa relation avec l’Éternel. C’est pourquoi aussi l’Éternel est vu comme étant dans Son temple, bien que, pour le moment, il n’y ait encore aucune manifestation de Sa puissance. Le résidu, par conséquent, n’est pas envisagé non plus comme encore entièrement chassé hors du pays, ni la puissance de l’antichrist comme manifestée : quand l’antichrist établira sa puissance, il y aura révolte ouverte et les fidèles seront obligés de s’enfuir. Mais le méchant et les nations, comme telles, dans le pays, sont en vue, et nous apprenons clairement par le psaume 11, que l’expression : « le méchant » désigne ici un caractère et non une personne ; c’est pourquoi nous avons le pluriel partout, excepté au verset 5, où le méchant est mis en contraste avec le juste.

Les psaumes qui nous occupent dans ce moment, passent par-dessus l’expulsion du résidu hors de Jérusalem, nous introduisent en espérance sur une autre scène, et nous montrent la délivrance opérée par l’Éternel quand Il est réellement revenu à Jérusalem : non pas, comprenons-le bien, la destruction de l’antichrist par la venue du Seigneur descendant du ciel ; mais l’expulsion des oppresseurs gentils par l’Éternel établi en Sion. C’est pourquoi tout Israël est introduit (Ps. 14, 7), et la délivrance vient de Sion. C’est pourquoi aussi, ces psaumes, dans la mesure où ils s’appliquent à Christ, ont en vue le temps durant lequel Christ marchait sur la terre avant Sa réjection finale. En général ils ne s’appliquent pas directement à Lui, sauf les psaumes 2 et 8, mais au résidu ; cependant dans Sa marche sur la terre depuis Son baptême par Jean-Baptiste, Christ s’est associé publiquement au résidu, dans Sa grâce, comme, à la fin de Sa carrière, Il a goûté en grâce les souffrances finales des fidèles au terme de leur histoire.

Tous ces psaumes nous présentent l’état du résidu pendant qu’il a encore sa place au milieu des nations qui n’ont pas encore ouvertement rompu avec l’Éternel par l’apostasie, mais dont la méchanceté se montre de fait et mûrit jusqu’à son plein développement : les fidèles devancent, par la foi, le temps où l’Éternel, assis en Sion, délivrera Son peuple, jetant hors de Son pays tous les Gentils, et ramenant tout Israël de la captivité. Toute la scène des derniers jours est devant nous, excepté la dernière demi-semaine du pouvoir de l’antichrist. Jéhovah est encore dans Sa demeure, publiquement reconnu. Il en a été ainsi exactement aux jours du Seigneur. Le psaume 14, 5 nous parle d’Élohim parce que ce n’est pas la relation qui est ici en question, mais Dieu Lui-même dans Sa nature et Son caractère. Ce n’était pas l’homme, ni rien qui fût de l’homme, ni même la puissance de Satan, qui était là, mais Dieu était avec la génération juste.

Avec le psaume 16, nous commençons une série importante de psaumes — ceux dans lesquels la relation de Christ Lui-même avec le résidu nous est présentée par l’Esprit divin. Dans le psaume 16, Christ prend formellement place au milieu du résidu. Ce psaume est cité par l’apôtre Pierre en Actes 2, et par Paul en Actes 13, 35, pour prouver la résurrection de Christ, et l’allusion qui y est faite en Hébreux 2, 13 : « Je me confierai en lui », a pour but de montrer Sa participation à la nature humaine. Quant à la citation textuelle d’Hébreux 2, elle est la traduction littérale d’Ésaïe 8, 18, d’après les Septante.

Au verset 2, Christ dit à l’Éternel : « Tu es le Seigneur, ma bonté, etc. » ; et au verset 3 Il dit aux saints : « En eux sont toutes mes délices ! ». Ce psaume prend ainsi une valeur toute particulière : Christ prend place en grâce au milieu du pauvre résidu d’Israël ; Il prend la place de serviteur, pour parcourir ce sentier de la vie que nul homme dans la chair n’avait trouvé dans ce monde, et qui conduisait par la mort au-delà de la mort, où il y a abondance de joie. Christ prend une position de dépendance, de confiance, non pas d’égalité divine ; et Celui qui dit qu’Il ne prend pas cette place, doit avoir un titre à faire ainsi, sans quoi il serait inutile de le dire. Il prend une autre position ; Il prend la place de serviteur et appelle l’Éternel Son Seigneur. Mais ce n’est pas tout : quelque seul qu’Il puisse être dans Sa perfection, quelque parfait qu’Il puisse être en s’anéantissant ainsi, Il prend place au milieu des saints sur la terre ; et Il ne prend pas cette place seulement de fait, mais avec la plus complète affection. Il prend Son plaisir en eux ; Il se réjouit de les appeler « les excellents de la terre ».

Ajoutons que ce n’est pas aux saints célestes qu’Il s’associe, et que ceux dont Il parle ici, ne sont pas unis à Lui dans le ciel ; — mais Il s’associe à eux. Quelques-uns peuvent entrer dans le ciel par ce chemin de vie dont Il a Lui-même tracé l’empreinte, mais Il s’associe à eux et Il se les associe sous ce nom d’« excellents de la terre ».

Remarquez de plus que le psaume tout entier respire cet esprit et porte ce caractère de dépendance si précieux pour le pauvre résidu. Ce n’est pas ici : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » ; — ce qui était prendre une place divine : Son corps était un temple — Il l’a relevé Lui-même ! Mais ici, Il s’appuie comme homme sur l’Éternel, parfait dans cette position comme dans la première. « Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ».

Considérons ce psaume plus en détail ; nous avons dit quelques mots déjà sur les premiers versets ; mais les principes qu’il renferme sont de la plus haute importance et méritent une attention toute spéciale à cause de la place que Christ prend ici.

Le Messie, comme homme, s’attend à Dieu, afin que Dieu Le garde. Il prend la position d’homme, non pas seulement comme un Juif invoquant l’Éternel, mais comme un homme devant Dieu : Il met Sa confiance en Dieu, et ce principe de confiance est présenté en Hébreux 2, 13, comme un témoignage que le Messie est le vrai homme. — Ensuite Il prend la position de serviteur, disant à Jéhovah : — car Il prend maintenant Sa position devant Lui — « Tu es mon « Adon », mon Seigneur », et c’est là une position bien définie et distincte. — De plus Il ne prend pas cette position en bonté divine envers d’autres personnes, mais Il se place devant Dieu comme homme : « Ma bonté, dit-il, ne s’élève pas jusqu’à toi », comme nous le voyons répondre au jeune homme qui s’approcha de Lui en l’appelant bon Maître : — Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon sinon un seul, Dieu (Luc 18, 19). Mais, bien qu’en vérité Il soit réellement seul, si nous Le considérons dans Sa relation avec l’homme, car tous étaient pécheurs, Il prend place avec le résidu, « les excellents de la terre ». Historiquement Il a pris cette position lorsqu’Il vint au baptême de Jean-Baptiste avec ceux que l’Esprit amenait à Dieu par la sainte voie de la repentance. C’était leur premier pas, et Il s’associe à eux en grâce. Néanmoins, même ici, nous sommes placés en face du résultat final aux derniers jours. Il ne veut qu’on Lui parle d’aucun Dieu, sinon de l’Éternel : les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées. L’Éternel Lui-même est Sa part, Il l’a gardée dans la paisible jouissance de ce dont Il était appelé à jouir dans le conseil de Dieu, et les cordeaux Lui sont échus en des lieux agréables. L’héritage de l’Éternel sur la terre était Sa part, et cet héritage est tout particulièrement en Israël. — Voilà Sa part ! — mais le chemin à parcourir vient d’abord ; et ici encore, Il bénit l’Éternel ; c’est Lui qui toujours Le conduit par Son conseil ; le conseil de l’Éternel est avec Lui pour le diriger, et quand, loin des hommes, tout est amené au plus profond de Son cœur, Ses propres sentiments les plus intimes ont été lumière et direction. Il en est toujours ainsi quand nous sommes en communion avec Dieu, car bien que de tels sentiments soient dans le cœur même, ils sont toujours lumière de Dieu dans le cœur, le fruit, et le fruit moral de l’opération de Son Esprit. Il y avait la direction positive de l’Éternel, et puis cette intelligence intérieure de l’âme, résultat de l’opération de Dieu en elle.

En Christ, sans doute, tout ceci a été parfait. En même temps qu’on juge toutes choses par la Parole, il ne faut pas négliger ce travail de l’âme poussée et enseignée par Dieu : on y trouve la pensée de l’Esprit en discernement moral. À côté de cette direction, il y avait le propos positif du cœur : il s’était toujours proposé l’Éternel devant lui ! Il n’avait pas d’autre guide, et parce que l’Éternel était toujours proche, et à Sa droite, Il ne serait pas ébranlé. Ce n’était pas dépendre de soi-même, mais c’était la confiance en l’Éternel, et véritablement le chemin de la vie, quoique non encore manifesté en puissance visible (comparez Rom. 1, 4).

C’est pourquoi Il se réjouira au travers de tout et passera par la mort avec une foi sans nuage ; Sa chair reposera en assurance ; comme homme, Il n’a pas craint la mort. L’Éternel en qui Il s’est confié, ne laissera pas Son âme au shéol, ni ne permettra que Son saint voie la corruption. L’âme et le corps, bien que s’en allant respectivement là où vont les esprits des trépassés et où leurs corps sentent la corruption, ne seront, ni l’une laissée au shéol, ni l’autre atteint par la corruption. Jéhovah Lui montrera le chemin de la vie au travers, mais au-delà de la mort : et de quelle manière bénie ne l’a-t-Il pas fait ? Ce chemin de la vie menait à des joies plus glorieuses que la bénédiction d’Israël au milieu duquel Il était venu habiter ; et là, sans doute, les excellents de la terre ne pouvaient pas Le suivre (Jean 13, 33, 36 et 21, 19) : il faut auparavant qu’Il dessèche les eaux du Jourdain pour eux, et qu’Il en fasse le chemin pour eux aussi, après y avoir Lui-même passé. Car ce sentier, depuis qu’il a conduit au travers de la mort, doit conduire (s’il est réellement le chemin de la vie) à ce qui est au-delà de la mort — dans la présence de Celui dont la face est un rassasiement de joie, et là où il y a des plaisirs à Sa droite pour toujours.

Tels sont, et la bienheureuse issue et les résultats bénis du chemin du Seigneur au travers de ce monde, où Il est venu prendre place au milieu des saints, et où, dans la confiance en l’Éternel, entre les mains duquel Il a remis Son esprit, Il a suivi le chemin qui — s’Il s’est chargé de nous — devait conduire à travers la mort, et qu’Il a retrouvé alors en résurrection pour entrer ainsi comme homme auprès de Celui devant qui il y a plénitude de joie. L’Esprit de sainteté caractérisa la vie du Fils de Dieu d’un bout à l’autre : Il a été déclaré tel, en puissance, par la résurrection ; mais, étant homme, Il a été élevé et est entré dans la présence de Dieu qu’Il s’était toujours proposé devant Lui. La vie de sainteté et de confiance trouve là sa parfaite joie. Il est notre précurseur ; — Dieu en soit béni, et loué soit le précieux nom de Celui qui a parcouru ce chemin ![16]

Arrêtons-nous un moment ici pour considérer la relation de tout ceci avec d’autres écritures auxquelles nous avons déjà fait partiellement allusion ; nous arriverons ainsi à mieux comprendre la vraie position de Christ au milieu d’Israël et la différence qu’il y a entre les relations d’Israël et celles de l’Église avec Lui. En même temps nous apprendrons à connaître les sentiments divinement parfaits de Christ Lui-même dans cette position. Christ s’est associé aux saints en Israël ; seulement cette position qu’ils sont appelés à prendre, en témoignage de leur retour à Dieu, Il l’a prise volontairement. Nous apprenons (Héb. 2, 11) que cette association a lieu avec « ceux qui sont sanctifiés » : Christ forme, avec le résidu pieux, manifesté ainsi pour Dieu, une seule compagnie ; Il ne prend point à honte de les appeler frères, s’étant chargé de leur cause et étant en conséquence devenu homme, devenu chair et sang, parce que les enfants que Dieu Lui avait donnés participaient à la chair et au sang. Il est réellement devenu homme, mais pour s’identifier avec les intérêts et assurer la bénédiction des saints[17], du résidu des enfants que Dieu amenait à la gloire et qui sont distingués de la masse d’Israël pour laquelle ils devaient être un signe (voyez És. 8, 18). Ce passage du prophète envisage la condition de ce résidu et l’attente de meilleurs jours : laissant de côté l’Église qui n’est pas le sujet de la prophétie, la Parole passe ici, comme elle le fait souvent ailleurs, de la relation personnelle de Christ avec les saints en Israël, à la position et à la part de ces saints aux derniers jours. Le passage d’Ésaïe que nous venons de citer est particulièrement clair sur ce point, et nous aide grandement à bien saisir la manière dont l’Esprit de Dieu passe de l’histoire précédente des saints en Israël, aux derniers jours, omettant entièrement l’Église. Christ, en Esprit, n’a en vue que ces saints, c’est-à-dire Sa relation avec eux, le résidu d’Israël, et dans cette mesure, avec la nation ; Il passe ainsi par-dessus toute l’histoire de l’Église, afin de se retrouver de nouveau dans la même relation avec la nation aux derniers jours. « Lie le témoignage », dit-Il, « scelle la loi parmi mes disciples. Et je m’attendrai à l’Éternel (comme en Héb. 2, 13), qui cache sa face de la maison de Jacob, et je l’attendrai » (És. 8, 16, 17) : ceci a été accompli quand Il est devenu le sanctuaire rejeté et la pierre d’achoppement. Le passage va ensuite jusqu’à la gloire finale, alors qu’Israël Le possédera, Lui, comme « le Fils qui nous est né » (És. 9, 6, 7). Si nous ne faisons pas abstraction de l’Église, il nous est impossible de comprendre les prophéties de l’Ancien Testament : l’Église a une part céleste, mais Christ peut considérer séparément Sa relation avec Son peuple terrestre.

Reprenons notre psaume 16. Le lecteur remarquera l’allusion qui y est faite, au verset 4, à l’idolâtrie, ce grand sujet de controverse entre Dieu et Israël. Nous apprenons, par Matthieu 12, 43, 45, et Ésaïe 65, que les Juifs tomberont dans l’idolâtrie aux derniers jours. L’Esprit prophétique de Christ reconnaît l’Éternel seul, et ce n’est qu’après que toute cette idolâtrie aura été ôtée, que, aux jours qui sont à venir, Il se réjouira dans la part que le Seigneur Lui a donnée avec les « excellents de la terre ». La certitude de cette espérance est liée à la résurrection, qui est la condition nécessaire de son accomplissement, et que la faveur de l’Éternel assure à Son Oint, en vertu de cette puissance qui ne souffrira pas que Son saint voie la corruption. C’est pourquoi l’apôtre fait allusion aux « grâces assurées de David » (Act. 13, 34), c’est-à-dire à l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu à Israël, comme preuve que Christ devait ressusciter d’entre les morts pour ne plus voir la corruption.

Rien, si ce n’est Sa mort, ne peut être plus beau que l’expression des sentiments du Seigneur qui nous sont donnés dans ce psaume, dans lequel Il exprime Lui-même la position qu’Il a prise et qu’Il a prise avec les saints. L’Éternel est Sa part ! Combien cela a été vrai ! Quel autre avait-Il que l’Éternel ? Cependant Il a pris Son plaisir dans les saints. Ne voyons-nous pas qu’Il a pris plaisir en Ses disciples ? Dès le premier pas de la vie spirituelle dans les fidèles du résidu, manifestée dans leur soumission au baptême de la repentance prêché par Jean, Il s’identifie avec eux, Lui qui certainement n’avait pas besoin de repentance ; et ainsi, comme un homme fidèle, un Israélite, Il se propose toujours l’Éternel devant Lui. Ainsi, même dans la mort, Il se confie en Lui pour la résurrection, chemin de la vie au travers et en dépit de la mort (chemin qu’Il a ouvert pour nous) ; et là, Il le sait, l’Éternel, Dieu, la présence de Son Père, est une plénitude de joie — « il y a des plaisirs à sa droite pour toujours ». C’est la joie la plus élevée, la propre joie de l’âme et de l’Esprit de Christ : — non pas la gloire, mais la présence de Dieu.

La clef du psaume 16 se trouve dans les mots : « Je me confie en toi » ; celle du psaume 17 dans ceux-ci : « Écoute, ô Éternel, la justice ! ». Au psaume 16, nous avons trouvé le chemin bienheureux et l’opération de cet esprit de confiance : et ce psaume, nous l’avons vu, est essentiellement applicable à Christ Lui-même, en personne, bien que le même esprit opère aussi dans le résidu. Le psaume 17 s’applique également à Christ, mais non pas aussi complètement : le point de vue en est un peu moins élevé, quoiqu’il soit également celui de l’Esprit de Dieu : nous voyons clairement qu’au verset 11, il a en vue d’autres personnes que Christ Lui-même, bien que non pas sans Christ, comme le montre le verset 11 : « À chacun de nos pas, maintenant ils nous environnent ». Cependant Christ est là, car, sans Lui, nul ne peut dire avec raison : « Écoute la justice ! ». Notre psaume est un appel à l’Éternel pour qu’Il juge, Dieu se levant pour défendre la justice de celui qui L’invoque. Le résidu fidèle sera finalement délivré de ses ennemis mortels ; l’Éternel se lèvera pour confondre ceux-ci. Toutefois quelques-uns, même d’entre les sages, tomberont (Dan. 11) : Christ Lui-même, parfait en toutes choses, a succombé, quoique pour des raisons bien plus glorieuses, mais cependant dans Ses sympathies pour Son peuple. C’est pourquoi la justice s’élève bien plus haut que la délivrance présente du résidu pieux sur la terre par le gouvernement de Dieu — à un résultat vrai à l’égard de Christ et qui fait la consolation de la foi de tous ceux qui tomberont sous l’oppression de l’ennemi : « Moi, je verrai ta face en justice ; quand je serai réveillé, je serai rassasié de ton image » (v. 15). Ceci est entièrement vrai de Christ qui est devant Son Père en justice et qui est l’image même du Dieu invisible, Celui en qui Dieu est manifesté en gloire. Mais Christ a tracé le chemin qu’Il a parcouru, comme le Juste sur la terre, au milieu du mal, et là où Il fut exposé aux tentations de l’ennemi. Avant tout il y avait en Lui, jusque dans Ses pensées les plus secrètes, une parfaite intégrité de cœur ; il y avait en Lui, dans l’obéissance, le propos de ne pas transgresser ; les paroles de la bouche de Dieu Le dirigeaient dans l’obéissance ; et ainsi Il ne mit jamais un seul instant le pied dans les sentiers du destructeur ; les paroles de la bouche de Dieu ne conduisent jamais là, comme le Seigneur nous le montre dans Sa tentation au désert. Dans les sentiers de l’Éternel, Il regardait à l’Éternel afin qu’Il affermît Ses pas : or c’est ici une partie de la justice dans l’homme, savoir la dépendance. Il a imploré Dieu, avec la pleine assurance que Dieu L’entendrait, et telle est la confiance que nous avons.

Tel a été le sentier de Christ : Christ en fait ensuite le fondement de Son attente en l’intervention de la puissance de Dieu pour Sa protection, comme Dieu délivre ceux qui se confient en Lui, de l’oppression des méchants : « Rends admirable ta bonté, toi qui, par ta droite, sauves de leurs adversaires ceux qui se confient en toi » (v. 7). Ils étaient dans la prospérité, ils s’enorgueillissaient ; mais l’Éternel était le refuge de Christ quand Il n’intervenait pas encore, et Christ s’attendait à Son intervention ouverte en Sa faveur.

Remarquez que la perfection du caractère moral établit une proximité de confiance et donne le sentiment qu’on a du prix aux yeux de l’Éternel : Dieu voudrait voir ce sentiment en nous aussi. Combien plus valons-nous que des passereaux ; les cheveux mêmes de notre tête sont comptés ! Ici tout cela est parfait, et le juste en appelle à l’Éternel pour être gardé comme la prunelle de l’œil, comme ce qui est le plus précieux à celui qui le possède.

Après tout, ces oppresseurs prospères ne sont que les instruments de l’Éternel — des hommes de ce monde, rassasiés de tout ce que leur cœur peut désirer, par la providence extérieure de Dieu : — mais quelle leçon pour les Juifs dont la part, selon la loi, était d’être bénis dans « leur corbeille, dans leur huche et dans le fruit de leur ventre » (comparez la parabole du riche et de Lazare, et celle de l’économe infidèle). La Parole nous présente ici clairement la rupture avec ce monde et une place dans la gloire du monde à venir. « La face de l’Éternel en justice » et « Son image » après le réveil dans un autre monde, valent bien la part des « hommes de ce monde ». Mais, remarquez-le, la mort et un autre monde sont ici pleinement en vue — bien que la délivrance aussi le soit, le résidu étant introduit ici d’une manière plus distincte : il en est ici comme de Matthieu 5, où nous trouvons ces deux mêmes choses. — Nous trouvons ainsi, dans ce premier livre, les Juifs à la fin des jours, mais au milieu de circonstances pareilles à celles de la vie de Christ, c’est-à-dire vivant pieusement au milieu d’un peuple méchant.

Le psaume 18 nous présente la relation de Christ avec toute l’histoire d’Israël, et en particulier Christ entrant dans les souffrances de la mort (non pas cependant dans les souffrances expiatoires ; celles-ci nous sont présentées au psaume 22). Ce psaume fait ressortir la liaison de la délivrance d’Israël et du jugement final exécuté en sa faveur sur la terre, avec le droit que Christ avait à cette intervention. Sans doute l’expiation était absolument nécessaire pour l’accomplissement de ces choses, mais ce n’est pas à ce point de vue que les souffrances de Christ sont envisagées ici. Dieu prend Son plaisir en Lui ; Il Lui répond selon l’intégrité de Son cœur, et délivre le résidu souffrant, aux souffrances duquel Il s’est associé. Christ, en un mot, est la base de toutes les délivrances d’Israël, la cause de leur délivrance d’Égypte, et de leur complète et finale rédemption en puissance aux derniers jours, et leur libérateur personnel également. Il est dépendant de l’Éternel ; l’Éternel L’entend ; Ses souffrances sont devant nous : mais à la fin Il accomplit avec la puissance de l’Éternel la délivrance de Son peuple, et est alors le témoin fidèle de la miséricorde de Dieu (khesed) envers David Son oint, et envers sa semence à toujours. La miséricorde ici n’est pas seulement cette miséricorde dont nous parlerions à des pécheurs, mais la faveur et la grâce manifestées et goûtées, devenant ainsi la source de la piété dans l’homme. Cette miséricorde est célébrée particulièrement dans le psaume 89, où le terme « khasid », saint, est appliqué à Christ en qui se concentrent la bonté, la piété et la miséricorde. Il est le « khasid » (Ps. 89, 19). C’est pourquoi les grâces accordées à Israël à la fin (et réellement à tous ceux qui en jouissent) sont appelées « les grâces assurées de David », confirmées par une alliance éternelle, et de fait, comme l’apôtre nous le montre, assurées par la résurrection de Christ, rendant ainsi bien claire leur liaison avec les douleurs de la mort dont parle notre psaume.

Le psaume 18 place également sous nos yeux une preuve scripturaire directe et un exemple de l’application d’un principe essentiellement important concernant la nature de tous les psaumes, et nous donne ainsi une clef de leur caractère général et de leur forme. Nous apprenons par 2 Samuel 22 que l’occasion de ce psaume a été la célébration par David de la délivrance qui lui a été accordée de la main de Saül et de tous ses ennemis. Mais il est évident que les paroles du psaume ne s’arrêtent en aucune manière à quelqu’un des événements particuliers de la vie de David, et que dans Son dessein général l’Esprit de Dieu n’a pas même en vue ce qui est arrivé à ce David souffrant, déjà oint, qui a été l’occasion du psaume. L’Esprit de Dieu s’empare de la circonstance qui a un intérêt présent et personnel pour celui dont Il se sert uniquement comme prophète, comme d’une occasion pour dévoiler la scène plus vaste dont Christ seul peut être le centre et l’explication complète, et relativement à laquelle les circonstances de David ne forment qu’un des anneaux (peut-être d’un haut intérêt) de cette chaîne qui conduit jusqu’à la pleine manifestation de Dieu et de Ses voies dans leur grand résultat.

Il en a été ainsi de tous les prophètes et, ici, d’une manière toute spéciale. L’invasion de Sankhérib, par exemple, sert d’occasion pour introduire sur la scène l’Assyrien des derniers jours. De cette façon, les prophéties avaient une application du plus haut intérêt dans le temps où elles étaient prononcées et révélaient alors le gouvernement de Dieu, mais elles étaient en même temps la révélation de ces événements de la fin, sur la terre, au milieu de ces mêmes peuples et nations dans lesquels le gouvernement de Dieu doit être et sera entièrement et finalement manifesté. Les prophéties ne sont pas « d’une interprétation particulière », « idias epiluseôs » (2 Pier. 1, 20), mais elles font partie du plan général du gouvernement de Dieu. Dans les Psaumes, en particulier, l’écrivain et l’occasion immédiate disparaissent quelquefois presque entièrement, et ne sont jamais l’objet principal, bien qu’il faille toutefois en tenir compte, là où les paroles du psaume sont l’expression propre de sentiments personnels, au lieu d’être la révélation de faits objectifs. Dans ce dernier cas, les circonstances au milieu desquelles se trouvait l’écrivain, ont peu d’application. Les Psaumes, plus que d’autres parties de la prophétie, introduisent l’écrivain sur la scène, quoique le croyant reconnaisse que le Saint Esprit s’est servi des sentiments de celui qui parle pour créer ainsi une ressource pour d’autres, l’Esprit dominant cependant et opérant en eux, et conduisant l’écrivain par Sa propre puissance bien au-delà de tout ce que les circonstances auraient suggéré à son esprit. Le sentiment, produit par la circonstance qui pouvait donner lieu au psaume, n’était que l’occasion pour le Saint Esprit de se servir de l’écrivain pour préparer un document divin qui guidât les fidèles dans les âges futurs, ou révélât les sentiments de Christ Lui-même comme prenant la cause de Son peuple. Ces sentiments pouvaient être ceux de l’écrivain également comme cela se présente souvent quand il s’agit de piété ; mais, dans tous les cas, les paroles qui nous sont rapportées étaient comme la provision faite par l’Esprit pour les jours à venir, ou bien une prophétie relative à Christ Lui-même et à la part qu’Il prend aux voies de Dieu envers Israël et s’étendant — si nous considérons le livre des Psaumes dans son entier — jusqu’à la célébration complète et manifeste des résultats de ces voies.

Le psaume 18, nous l’avons dit, introduit l’histoire d’Israël tout entière, et parle comme si déjà la délivrance de dessous l’oppression de la puissance hostile était accomplie ; mais il célèbre particulièrement l’Éternel Lui-même, le libérateur, exprimant toujours la dépendance dans laquelle demeure à Son égard celui qui parle. Tel est le sujet de ce psaume. Ensuite, selon l’habitude des Psaumes, il passe par toutes les circonstances qui ont amené l’âme à ce qui est célébré dans le, ou les premiers versets. Christ nous est présenté : les douleurs de la mort L’environnent, la foule des méchants Le presse ; les souffrances du hadès L’accablent et les cordeaux de la mort entourent Son âme. Je ne doute pas que nous n’ayons ici l’expression littérale de ce que David a éprouvé, comme le montre d’ailleurs le verset 50 ; cependant, ainsi que je l’ai dit plus haut, ceci n’est que l’occasion, et le fond du psaume s’applique à Christ : Christ passe dans Son âme, comme à Gethsémané, au travers des douleurs de la mort. Là est le fondement de tout le reste. — Viennent ensuite la dépendance et les supplications : dans Sa détresse Il implore l’Éternel et crie à Son Dieu ; l’Éternel L’entend comme habitant au milieu d’Israël, et Son cri parvient jusqu’à Lui — puis les résultats suivent. Christ ici ne représente qu’Israël, car l’Église n’a rien à faire ici. Les versets 7 à 16 nous présentent la délivrance d’Israël hors d’Égypte par l’intervention puissante de l’Éternel ; mais Israël avait d’autres difficultés ; il fallait que la puissance des ennemis qui étaient plus forts que lui, pour ce qui concerne la chair, fût annulée : ceci aussi a été accompli, et il a été amené en un lieu prospère.

Un autre principe est ainsi introduit : — la justice dans laquelle Dieu prenait plaisir, et qui, bien qu’elle ne se trouve parfaitement et absolument qu’en Christ, comme homme vivant, caractérise cependant les fidèles du résidu d’Israël, dans le cœur desquels est gravé l’amour de la loi de Dieu. Ce principe est développé depuis la fin du verset 19 jusqu’au verset 26. Christ est le fondement de tout ceci, mais c’est comme entrant dans la condition et les souffrances de Son peuple. Il est l’Israël en esprit ; et c’est pourquoi, tandis que toute la valeur de Sa perfection est devant Dieu pour les fidèles — perfection de Celui dont toute la vie, dans son identification avec eux, était agréable à Dieu — nous devons nous placer au point de vue du résidu, et de David lui-même. Car si Christ prit place au milieu des fidèles du résidu, dans Sa propre perfection, pour leur donner la valeur de cette perfection devant Dieu comme Lui étant agréables, c’est cependant l’état de ceux à qui elle devait être comptée qui est réellement placé sous nos yeux dans notre psaume. De là vient cette expression importante pour bien juger de l’usage littéral des Psaumes : « Je me suis gardé de mon iniquité » (v. 23). Christ eût pu dire : « Je me suis gardé de l’iniquité », mais non pas « de mon iniquité ». Mais l’Esprit de piété (de Christ) dans les fidèles du résidu les garde, en sorte qu’ils ne suivent pas la chair : ils reconnaissent qu’Israël s’est égaré ; ils se sont tous égarés. Mais, comme principe général, cette méchanceté était la leur propre — ce qu’ils étaient en eux-mêmes ; — seulement ils en étaient gardés, et c’est là la vérité dans l’homme intérieur ; exactement ce que Dieu recherche. C’est le gouvernement de Dieu qui nous est ici clairement présenté dans ses immuables principes (v. 25, 26). Or Christ, ayant entrepris la cause du résidu, comme s’étant associé à lui, à ces « excellents de la terre », toute la valeur de ce qui appelait sur Lui le bon plaisir de Dieu, et qui, par grâce, se reproduisait en eux, était le principe de leur acceptation devant Dieu, bien que finalement tout dût reposer sur l’expiation. Mais, dans les fidèles, cette intégrité et cette nature divine intérieure se manifestaient en ce qu’ils étaient préservés de leur voie naturelle. À côté de cela il y avait une autre partie de ce gouvernement, savoir les tendres soins pour les affligés, par lesquels ceux-ci étaient sauvés, et tout l’orgueil de l’homme abaissé (v. 27) : au milieu des ténèbres la lampe pouvait luire et la lumière se lever dans les ténèbres pour le juste.

Une autre scène se présente maintenant à nous : — la puissance qui délivre le résidu pieux ; et comme Christ avait pris part à l’affliction, au commencement, et qu’ensuite nous avons trouvé les fidèles dans leur propre position à eux, Christ cependant n’étant pas séparé d’eux, pour ce qui est de l’intérêt qu’Il leur porte, et de Son association avec eux (car il ne s’agit pas ici d’union qui est la part de l’Église) ; — ainsi il faut ici que Christ saisisse le pouvoir en personne (précisément comme dans Marc, nous Le voyons occupé des semailles et de la moisson, aussi tout le temps intermédiaire s’écoule sans que Son intervention personnelle ou Ses soins apparaissent, quoique la récolte fût toujours à Lui). La parole de Dieu s’est montrée ferme au travers de tout, et l’Éternel Lui-même a été un bouclier pour ceux qui se confient en Lui ; mais maintenant Il donne la force et la victoire à Son Oint pour Israël, depuis le verset 29 jusqu’à la fin du psaume. Sans doute, le langage est celui de David ; mais c’est réellement l’introduction du royaume de Christ. Si l’on a bien saisi le caractère général de la dernière partie de notre psaume, quelques observations suffiront pour en faire ressortir les détails : la victoire, une victoire à laquelle rien ne peut résister, domine toute cette fin du psaume, mais au verset 43 il y a quelques particularités à noter. Trois classes de personnes y sont mentionnées comme devant servir le Messie : le peuple, aux séditions duquel Il a échappé ; les nations dont Il a été établi chef ; puis un peuple, jusque-là inconnu, avec lequel Il n’avait pas encore été en relation. Le Messie est délivré des luttes et des débats des Juifs impies — Il est établi chef des nations ; enfin un peuple, jusque-là étranger, Le servira — devenu maintenant un peuple qui Lui appartient. La soumission sera immédiate, tant sont manifestes maintenant Sa puissance et Sa gloire ; même là où il n’y a pas de vraie sincérité, ou au moins de preuves de cette sincérité, Il sera obéi sans coup férir, tout genou se ployant devant Lui. Il s’agit ici du millénium ; l’Éternel est de nouveau reconnu.

Ayant traversé toutes les difficultés du chemin avec Israël, ou du moins avec les Juifs, nous nous retrouvons en face du but originel du psaume. Je ne vois pas l’antichrist ici : le seul mot qui pourrait sembler se rapporter à lui, est l’expression du verset 48 : « l’homme violent » ; mais je pense que cet homme violent est un ennemi du dehors : c’est pourquoi le psaume célèbre l’Éternel parmi les nations, tandis que la destruction de l’antichrist serait célébrée parmi les Juifs.

Il faut le remarquer ici, Christ, quoique revêtu de force de par Dieu, est envisagé comme l’homme dépendant, et, sur la terre, soit souffrant, soit victorieux. Nous Le trouvons tel que nous avons pu apprendre à Le connaître par l’étude des versets 4-6, au commencement du psaume, dans Ses souffrances et Sa détresse ; et bien que David soit partiellement en scène, cependant c’est réellement le Messie qui nous est de nouveau présenté depuis le verset 32. Dans l’intervalle, nous trouvons Israël, premièrement délivré comme nation, ensuite traversant les afflictions et la calamité. Alors les principes du gouvernement de Dieu sont établis, et la délivrance est introduite. Il est du plus haut intérêt de voir, après que la personne du Messie a été introduite et que Son association avec le résidu pieux a été établie, l’histoire publique d’Israël rattachée tout entière, depuis le commencement jusqu’à la fin, à Son intérêt pour eux, et à Sa participation à leurs douleurs : « Dans toutes leurs angoisses, il a été en angoisse ».

Nous arrivons maintenant aux témoignages rendus dans le monde ou à Israël. Le psaume 19 nous fournit deux de ces témoignages : d’abord la création, et particulièrement la création dans les cieux, qui se trouve au-dessus de l’homme et n’a pas été corrompue par lui : c’est là un témoignage à Dieu, comme Dieu. Ensuite il y a la loi (v. 7), la loi de l’Éternel. Devant ce double témoignage, le péché apparaît sous un double aspect au Juif pieux dans son humble condition : en premier lieu, il ne peut pas dire son péché, tant il le connaît peu — et ici il désire être purifié. En second lieu, il entrevoit des actions commises par fierté ; et de celles-ci, il désire être gardé. De cette manière il sera préservé de se détourner de l’Éternel en quoi que ce soit.

Au psaume 20, au milieu des souffrances et du mal qui est entré dans le monde, en rapport avec les deux témoignages précédents, la Parole place devant nous le témoin fidèle, le témoin vivant Lui-même. On le voit au jour de Sa détresse, car Il est descendu au milieu d’un peuple impie ; le résidu, prophétiquement désigné par le fait qu’il prend part à la détresse du Messie, est assuré que l’Éternel exaucera Son Oint. Il y a de la conscience dans les fidèles ; la vérité est dans leurs cœurs en présence de la loi, et de la loi comprise spirituellement ; ils s’intéressent de cœur au Messie lorsqu’Il est méprisé et rejeté des hommes ; toutefois nous sommes en Israël et ils attendent le secours du Dieu d’Israël et de ce Dieu comme demeurant au milieu d’eux et ayant là Son sanctuaire. Au psaume 16, le Seigneur s’identifiait avec le résidu ; ici les fidèles s’associent de cœur avec Lui dans Ses souffrances et Son combat, bien qu’ils n’en voient peut-être que le dehors, étant assurés toutefois de Son acceptation devant l’Éternel. Ils désirent que Ses oblations soient acceptées, que le désir de Son cœur et Ses conseils soient accomplis et que toutes Ses demandes Lui soient accordées. Leur joie est dans la pleine délivrance de cet Oint béni, mais dépendant, et le verset 6 exprime la parfaite assurance de leur foi à cet égard : l’Éternel a exaucé du ciel, les puissants sont tombés, les pauvres du troupeau sont relevés et soutenus devant Lui. — Au verset 9, le Messie prend une autre position : l’Oint, dépendant de l’Éternel, avait été délivré au jour de sa détresse ; maintenant les fidèles du résidu attendent que le roi les exauce au jour qu’ils crient à lui. C’est toujours à l’Éternel qu’on s’attend comme Sauveur, mais on invoque le Messie, le Roi ; ils savent maintenant que l’Oint est élevé sur le trône. Nulle autre partie des Écritures ne dévoile la personne de Christ comme les Psaumes, à l’exception toutefois des deux premiers chapitres de l’épître aux Hébreux, qui s’y rapportent et leur servent de clef. — Ici le Messie associé au résidu est l’homme dépendant, mais élevé aussi comme Roi pour être invoqué par Israël ; un peu plus loin nous trouverons qu’Il est l’Éternel Lui-même.

Je ne vois pas de raison pour changer ici le texte conformément aux Septante, que d’autres, et parmi eux la Vulgate, ont suivi. Les anciens, la version syriaque et toutes les interprétations juives lisent comme nous, au lieu de lire, comme le veulent quelques-uns : « Éternel, sauve le roi ! réponds-nous, etc. ! ». Déjà au psaume 21 l’Éternel et le Roi sont associés dans le jugement, comme nous les avons vus associés plus haut, au psaume 2 ; et c’est ici précisément le point capital de l’instruction des Psaumes — le mystère de la manifestation de Christ dans la chair.

Le psaume 21 est la réponse à la requête du psaume 20 : l’élévation de Christ y projette sa lumière pour mettre en relief le vrai caractère des demandes du psaume 20. Le roi se réjouit dans la force de l’Éternel et s’égaie de la délivrance que cette force a introduite. Cette délivrance est ensuite manifestée : l’attente patiente du résidu, comme nous l’avons vu au psaume précédent, était que l’Éternel accorderait au Messie souffrant le désir de Son cœur et exaucerait toutes Ses demandes. Maintenant, par l’élévation de Christ, ils peuvent dire, et l’Esprit dit pour eux : « Tu lui as donné le désir de son cœur et tu ne lui as pas refusé la requête de ses lèvres ». Bien plus, la bienveillance et l’amour de l’Éternel pour Lui, Le prévenaient par des bénédictions excellentes et mettaient sur Sa tête une couronne d’or fin. Mais ce psaume nous révèle avec plus de détails ce qui s’était réellement passé et ce qui avait été accompli. Le Messie avait demandé la vie à l’Éternel (comp. Héb. 5) et Il la Lui avait donnée, même une longueur de jours pour toujours et à perpétuité, c’est-à-dire la vie éternelle de l’homme ressuscité et glorifié. Telle avait été la réponse de l’Éternel au cri du Messie souffrant, quand la mort avait été devant Lui ; cela est clairement manifesté dans ce qui suit. Sa gloire est grande par cette délivrance, par la faveur de l’Éternel ; Il a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père ; l’Éternel L’a revêtu de majesté et de magnificence ; Il L’a mis pour bénédictions à toujours et L’a rempli de joie par Sa face. Telle a été la délivrance du Messie souffrant, la réponse de Dieu à Son cri, la glorification de l’homme souffrant. Il n’est pas envisagé ici comme portant la colère de Dieu ; au contraire, lorsqu’Il est abattu, le secours doit venir de l’Éternel, et le jugement de Ses ennemis en est, comme nous l’avons vu, la conséquence. L’inimitié et les machinations de l’homme sont en vue, puis vient le jugement : la droite du Roi trouve tous ses ennemis ; l’Éternel les engloutira. Je le répète, ce ne sont pas les souffrances expiatoires du Christ qui nous sont ici présentées, mais les machinations méchantes des hommes. C’est pourquoi les souffrances du Messie n’amènent pas la paix, mais le jugement.

Nous trouvons donc ici Christ souffrant, et criant à l’Éternel ; Christ élevé comme homme, couronné de gloire et d’honneur ; Christ, enfin, exécutant le jugement sur Ses ennemis ; et les trois psaumes qui viennent de nous occuper, ont fait passer successivement devant nous le témoignage de la création, le témoignage de la loi, puis les souffrances et l’élévation du Messie (le vrai et fidèle témoin), véritable et final témoignage des justes voies de Dieu. Ce témoignage sera de la plus haute importance pour le résidu aux derniers jours, soit quant aux souffrances, soit quant à l’assurance de la délivrance. Christ a souffert comme homme de la part des hommes et pour Sa fidélité ; le jugement des hommes en sera la conséquence ; en attendant Il est élevé en haut. Mais Il a aussi souffert de la part de Dieu pour le péché, et les faits qui s’y rapportent sont développés au psaume 22, de même que les résultats de ces souffrances spéciales.

Au psaume 22, les souffrances de Christ ont un caractère différent et bien plus profond qu’au psaume 20. Nous sommes placés en face de l’œuvre glorieuse qui est le fondement de toute la bénédiction développée dans les autres psaumes, ainsi que de toute la bénédiction et de la gloire éternelles. En même temps, cette œuvre rend possible l’intérêt que Christ prend à Ses saints, parce qu’elle rend cet intérêt légitime et aboutit à la gloire de Dieu. — Nous avons déjà fait observer ailleurs, comme principe général, que souvent le sujet d’un psaume nous est donné dans le premier ou les premiers versets : c’est encore ici le cas. Christ avait souffert de la part des hommes, de la part d’hommes aussi violents qu’insensibles ; des chiens L’avaient environné, de puissants taureaux de Basan L’avaient entouré. Mais si la mesure de ces souffrances dépasse toute expression, si ce que Christ a souffert ainsi, Il l’a senti plus et autrement que des souffrances ordinaires de la part des hommes, parce qu’ici, ces souffrances étaient entièrement injustes, et supportées par amour pour l’Éternel pour le nom duquel Il souffrait la honte ; cependant d’autres que Lui avaient, dans une certaine mesure et pour l’amour du Seigneur, enduré des souffrances de la part des hommes sans pitié ; si Lui, en grâce, a été le chef et le consommateur de la foi, d’autres que Lui — et c’était, quant à eux, le privilège qui leur était accordé, et quant à Dieu, la bonne volonté de Sa grâce — avaient par grâce fait quelques pas dans ce sentier tracé par Dieu. Ils s’étaient confiés en Dieu et ils avaient été délivrés ; selon qu’Il l’avait promis, l’Éternel ne les avait jamais délaissés ou oubliés ; ils savaient, dans leurs consciences, qu’Il ne manquait jamais à aucune de Ses bonnes et miséricordieuses promesses. Mais ici, nous nous trouvons en face d’une souffrance qui était hors de la portée de la promesse, et bien plus, qui devait poser le fondement de Son juste accomplissement ; nous sommes en présence d’une scène nouvelle, d’une scène sans pareille dans le passé et dans l’avenir de l’histoire éternelle des cieux et de la terre, d’une scène unique : — le juste abandonné de Dieu. Impossible qu’elle se retrouve une seconde fois, car elle y perdrait son caractère et détruirait ou ruinerait son premier témoignage, Dieu parfaitement glorifié, moralement glorifié à l’égard du péché (et Dieu ne l’aurait pas été, si la scène avait dû être répétée). Elle s’accomplit une fois pour toutes, complètement et parfaitement. La nature de Dieu est établie moralement, en témoignage dans l’univers ; et il n’y a plus aucune place pour la répétition d’une telle œuvre. Tout est accompli, la gloire de Dieu est parfaitement et éternellement établie.

Mais pour amener ce résultat, à l’égard du bien et du mal, afin que la justice, la grâce et l’amour pussent être établis là où sont la faiblesse et le péché, il a fallu que tout ce que Dieu était contre le mal fût constaté et réalisé. Mais contre qui ? — Qui est-ce qui pourra l’endurer ? — Si c’est contre le pécheur, ce sera pour lui le malheur éternel, et l’amour, ce que Dieu est, ne sera pas manifesté. Mais le Seigneur se donne Lui-même, Lui qui était seul capable de porter le fardeau et qui, dans la plus profonde humiliation de ceux dont Il prit la cause, était puissant pour accomplir l’œuvre dans leur nature. Il porte dans Son âme le poids de tout ce que Dieu est contre le mal. Heure terrible ! Elle seule peut nous faire comprendre ce que sont la justice et le jugement.

Voilà ce qui nous est présenté ici, ce qui nous est présenté dans les paroles même de Christ, manifestant le grand fait et le sentiment qu’Il en avait : ce qui s’est passé là, nul cœur d’homme ne peut le sonder. C’est le fait qui est placé devant nous ici, mais avec l’expression du sentiment qu’Il en a eu Lui-même. Cependant nous avons sous les yeux le juste, conscient de Sa justice, celui qui est parfaitement obéissant ; Il a le sentiment de Son néant quant à Sa position, mais aussi le sentiment de la perfection certaine et immuable de l’Éternel. Il est juste, et Il peut dire : Pourquoi ? Il est soumis — « et toi, tu es saint ». Ici, nulle activité de la volonté mettant en question les voies de Dieu, mais un état sûr et parfait qui voit, quoi qu’il en soit, la perfection de Dieu. Car le seul juste qui eût glorifié Dieu dans toutes Ses voies, est seul exclu ici de toutes les voies de la juste faveur de Dieu envers les justes : Il est abandonné ; Il crie et l’Éternel ne L’entend pas ; Il est un ver et non pas un homme. Mais cette position ne pouvait durer, pas plus qu’Il ne pouvait être retenu par la mort, parce qu’Il avait glorifié Dieu parfaitement en allant jusqu’au bout de l’épreuve et en attendant le temps qui conviendrait à Dieu. Celui qui faisait partout et toujours les délices de l’Éternel ne pouvait pas être exaucé jusqu’à ce que tout fût accompli, bien qu’Il fût l’objet de ce bon plaisir de l’Éternel plus glorieusement, et à plus juste titre, que dans l’accomplissement d’une justice vivante, quelque parfaite qu’elle eût été. Dans Sa vie, Il avait glorifié Dieu à l’égard du bien ; Il avait été parfait dans Son obéissance comme homme et parfait en manifestant le nom de grâce de Son Père, proclamant ce que Dieu était, quoi qu’il pût Lui en coûter ; les outrages de ceux qui outrageaient Dieu, sont tombés sur Lui : — mais maintenant, étant fait péché, Il glorifie Dieu à l’égard du mal ; et ceci a un caractère et une valeur absolument uniques dans son genre, comme nous l’avons vu : À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne (Jean 10, 17).

Là où le péché est placé devant Dieu, c’est-à-dire où Christ était fait péché, mais dans une position où Son obéissance était absolue et parfaite, dans un entier dévouement de Lui-même pour Dieu ; — ce qui est le contraire du péché — là où la justice de Dieu trouvait un motif d’amour : dans cette position même Dieu devait L’abandonner, pour poser à la fois le fondement de la justice éternelle et de la bénédiction éternelle. Là, Dieu était parfaitement glorifié et le fondement de l’accomplissement de tous Ses conseils en gloire était établi d’une manière immuable.

Plus nous étudions la croix, plus nous y voyons la solution de toute la question du bien et du mal, ainsi que l’établissement de la base immuable de la bénédiction parfaite que Dieu veut manifester en justice, en grâce et aussi en majesté, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite. Pour nous, nous y découvrons d’abord le témoignage béni que la croix fait face à tous nos besoins ; mais en la contemplant en paix, nous y voyons l’homme dans tout son péché, haïssant et rejetant Dieu manifesté en grâce et en bonté ; puis, toute la puissance de Satan ; les disciples s’enfuyant de peur et le monde tout entier exerçant sa puissance contre Christ ; tandis qu’il y avait, d’autre part, dans la personne de Christ, l’homme, dans une bonté et une obéissance absolues, aimant le Père et glorifiant Dieu quant au péché même et selon que ce péché l’avait rendu nécessaire. En même temps, nous voyons là, comme nulle part ailleurs, Dieu dans Sa justice parfaite contre le péché et dans Son amour parfait envers le pécheur. L’innocence était une bénédiction conditionnelle, mais la croix établit une bénédiction parfaite dont la valeur ne peut jamais changer. C’est une justice éternelle. C’est pourquoi la bénédiction des nouveaux cieux et de la nouvelle terre est immuable. Nous avons eu un Éden innocent, un monde pécheur ; nous aurons, outre le règne de la justice, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite, et nous le devrons à la croix.

Lorsque l’œuvre, cette œuvre morale de la glorification de Dieu, est complète, alors Il est exaucé des cornes des buffles. L’homme et tout ce qui s’y rattache est hors de vue, d’épaisses ténèbres le couvrent, alors que tout ce qui est de Dieu, comme ce qui est de la puissance et de l’impuissance du mal s’opposant à la souveraine bonté et à la justice de Dieu, a été amené à ce résultat divin où Dieu a été glorifié. Tout se passe entre l’âme de Celui qui est une offrande pour le péché et le juste Jéhovah, et tout est accompli. Il est parfait ; Il a établi la gloire de Dieu ; Il L’a glorifié lorsqu’Il ne pouvait pas être exaucé ; puis Il a été exaucé, et tout est accompli ! Il descend, il est vrai, dans le tombeau, sûr et irréfutable témoin du fait que tout ce qui tenait à cette grande cause dont la mort était le témoin ordonné, était arrivé à son terme ; mais Il y descend seulement afin de ressusciter sans que rien manque désormais à la perfection de l’œuvre de propitiation et à la glorification de Dieu à l’égard du péché ; à la victoire complète sur l’ennemi, quel qu’il soit, même le dernier ennemi, la mort. Il est exaucé ! Qui pouvait le mettre en question parmi ceux qui ont su qu’Il était ressuscité ?

Que reste-t-il maintenant ? — Le péché ? En ce qui concerne les résultats de l’œuvre accomplie, il était entièrement et à jamais ôté de devant les yeux de Dieu pour ceux qui avaient une part avec Christ[18]. — La colère ? Il en avait bu la coupe. — Le jugement contre le péché ou le jugement du croyant à cause du péché ? Il l’avait porté. — La puissance de la mort sur l’âme ? Il en avait triomphé. — La puissance de Satan qui avait l’empire de la mort ? — Il l’avait anéantie. Mais la lumière de la face et de l’amour du Père était là, le bon plaisir du Père en justice divine et en notre faveur. Jésus entre dans une nouvelle relation avec Son Dieu et Père, en tant qu’établie devant Lui en justice sur le fondement de ce qu’Il avait accompli pour Le glorifier et non pas seulement comme objet personnel des éternelles délices du Père : c’est pourquoi cette position est immuable pour ceux qui y ont une part avec Lui, ainsi que pour la bénédiction éternelle des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Cette position a été acquise pour des pécheurs en ôtant leur péché, et elle est fondée sur la justice de Dieu Lui-même. Comme homme Il entre maintenant dans la pleine bénédiction de cette relation avec Dieu sur la base de la justice divine.

Christ, durant Sa vie ici-bas, employait naturellement, dans Sa relation avec Dieu, le terme « Père ». À la croix, après les heures de ténèbres, Il dit : « Mon Dieu, mon Dieu » (en mourant, de même qu’en Gethsémané, Il dit : « Père ») et après Sa résurrection, Père et Dieu (Jean 20, 17) — le premier terme exprimant Sa relation personnelle et les délices du Père, le second, la justice divine dans laquelle Il nous a introduits.

Mais Jésus avait « ses frères » — ceux, du moins, auxquels Il s’était associé et qu’Il aimait plus que tout après la gloire de Son Père. Une fois entré dans le lieu sans nuages de la bénédiction, Son cœur n’avait plus besoin que de déclarer à Ses frères le nom qui était l’expression de cette bénédiction ; le connaître, c’était être amené à cette bénédiction : « Je déclarerai ton nom à mes frères ». Ce témoignage si particulièrement précieux de Son amour est précisément celui que Christ a donné à Ses disciples après Sa résurrection : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20, 17).

Remarquez que c’est « des cornes de buffles » qu’Il a été exaucé, au moment où Son œuvre s’achevait, lorsqu’Il avait soumis Son âme à la mort comme jugement divin. L’obéissance jusqu’à la mort étant complète, l’exaucement devenait juste et nécessaire. La résurrection en a été la preuve pour l’homme ; mais Lui pouvait dire : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » ; remettre Son esprit réellement à Son Père, et assurer le brigand qu’il serait ce jour-là même avec Lui dans le paradis.

J’ai déjà fait observer un caractère infiniment précieux de ce psaume 22, si différent de ceux qui parlent des souffrances de Christ de la part des hommes, et même en contraste avec eux, car, ici, tout est grâce. Pas un mot de jugement ! En effet, qui donc aurait à passer en jugement, après que Dieu Lui-même avait infligé les souffrances et caché Sa face à Celui qui se présentait comme le substitut des croyants ? Par ces souffrances mêmes, ils étaient délivrés de leurs péchés. Sans doute, ces souffrances étaient l’expression du jugement, mais d’un jugement passé, épuisé, de sorte que tout était grâce désormais. Dès lors, la grâce coule comme un fleuve, flot après flot, portant la bénédiction et rien d’autre. Remarquons, toutefois, que cette bénédiction est ici tout entière sur la terre, tant il est vrai que le Seigneur n’a en vue qu’Israël et les Juifs, dans les Psaumes ; et quoique nous ayons vu passer devant nous Sa propre résurrection et que nous ayons plus loin la mention de Son ascension, en sorte que le chemin de la vie soit ainsi ouvert à la foi jusqu’en la présence de Dieu Lui-même, néanmoins le lieu d’habitation céleste des saints n’est pas révélé. Nous savons bien que les vérités sur lesquelles repose la bénédiction, s’étendent plus loin que la terre, mais le psaume n’en parle pas : « Je te louerai au milieu de la congrégation ». Le résidu rassemblé alors est le premier cercle réuni dans les parvis de la louange ; — puis vient la bénédiction millénaire de tout Israël. Ceux qui craignent l’Éternel sont invités à Le louer. Les hommes ne savent que craindre Dieu, et rien de plus ; mais cette œuvre fait que ceux qui Le craignent Le louent en ce jour-là. Ainsi, ceux qui craindront l’Éternel pendant la tribulation à venir et qui souffriront pourront désormais prendre courage, car Christ sera le garant de leur délivrance et leur confiance (et Il peut l’être parce qu’Il a fait la propitiation). De fait, Il sera leur délivrance positive, parce que l’Éternel, au jour où Christ affligé a crié, n’a pas fermé l’oreille à Son cri, ni caché Sa face de Lui, lorsqu’Il avait crié : Jéhovah L’avait entendu. — Il avait été affligé pour un moment, mais seulement afin que dans ces souffrances la propitiation fût faite ; Il est exaucé, maintenant qu’elle est accomplie. Il pouvait donner à d’autres aussi l’assurance de la délivrance. Il en résulte que les débonnaires de la terre mangeront et seront rassasiés ; ils seront en paix. Mais la bénédiction ne sera pas limitée à Israël : tous les bouts de la terre s’en souviendront, et se tourneront vers l’Éternel, et se prosterneront devant Lui, car le règne appartiendra au Seigneur ; c’est Lui qui dominera et tout genou fléchira devant Lui. La bénédiction n’est pas même limitée à cette génération, mais ils viendront et raconteront Sa justice à un peuple qui naîtra et lui annonceront que le Seigneur a fait ces choses.

En m’occupant ici de l’explication des Psaumes, je dois laisser de côté la méditation de l’œuvre elle-même sur laquelle le psaume 22 est fondé ; je dis : fondé, parce que le psaume parle de ce que Christ a senti en accomplissant l’œuvre, plutôt que de l’œuvre elle-même. Je désire seulement que ce constant et inépuisable sujet de méditations des saints ait sur l’âme de mon lecteur, comme sur la mienne propre, toute la force dont de faibles créatures humaines, par la puissance du Saint Esprit, peuvent être capables. Pour ce qui concerne la paix, notre consolation est que, comme l’œuvre a eu sa source dans l’amour de Dieu, Dieu aussi apprécie cette œuvre parfaitement, et qu’en même temps qu’Il a glorifié Jésus, Il a Lui-même accepté cette œuvre pour notre paix. Mais, je le répète, je ne suis occupé ici que de la structure du psaume lui-même, pour la développer de mon mieux.

Quant aux souffrances extérieures, le lecteur remarquera combien elles étaient profondes ; mais Christ seul, entre tous les justes, devait porter le poids de l’abandon de Dieu : Lui qui avait souvent exprimé Sa confiance en l’Éternel, et l’intimité de Sa relation avec Lui, et qui avait enseigné Ses disciples à mettre leur confiance en Celui qui exauçait toujours la prière, il faut qu’Il proclame publiquement qu’Il n’est pas exaucé, mais abandonné ! Quelle expression de ce que fut cette heure ! — Comme nous l’avons déjà fait remarquer, les souffrances de Christ de la part des hommes amènent le jugement sur Ses ennemis ; tandis que l’abandon qu’Il souffre de la part de Dieu, étant expiatoire — et c’était, pour Lui, endurer le jugement — tout ce qui en découle n’est que grâce sans mélange ! Une fois exaucé des cornes des buffles, tout est grâce. Un fleuve de grâce coule pour le résidu, ensuite pour Israël, pour le monde, pour la génération à venir — et la seule et unique source de cette grâce, c’est l’œuvre inébranlable et divinement parfaite de l’expiation, accomplie dans la mort de Christ. Quant à l’œuvre, dans les souffrances, Il a été seul. — Cela fait et accompli, Il prend place au milieu de la congrégation dont Il s’entoure.

Remarquez combien parfaite a dû être en Christ la connaissance du nom de Son Dieu et Père, dans la jouissance de laquelle Il entrait comme homme après qu’Il eut ôté le péché, combien parfaite a été en Lui la joie qui en découlait, comme aussi la pleine satisfaction de Dieu en Lui et dans Son œuvre. Tout ce que Dieu a été contre Lui alors, Il l’est pour Lui maintenant, en vertu de l’excellence de Son œuvre ! Quelle connaissance Christ ne doit-Il pas avoir de ce que c’est que de passer des souffrances insondables de la croix dans cette lumière de la joie divine ! Eh bien ! cette délivrance est ici le motif de Sa louange, et tel doit être aussi le caractère de nos louanges ; elles doivent découler de la bienheureuse certitude que nous sommes sortis de l’enceinte du péché, de la mort et du jugement, et entrés dans la perfection de la faveur divine. Tout ce qui ne découle pas de ce sentiment-là est en désaccord avec Celui qui conduit nos louanges.

Les psaumes 23 et 24 s’interprètent en quelque sorte, eux-mêmes : nous y trouvons la parfaite confiance dans le Berger, l’Éternel, fondée sur l’expérience de ce qu’Il est en toute circonstance, puis le caractère de ceux qui auront une part avec Jacob : deux principes que les psaumes 16 et 17 ont mis en évidence relativement à Christ, et qu’on retrouve dans un grand nombre d’autres psaumes : savoir la confiance en la fidélité de l’Éternel, et la justice pratique qui caractérise ceux qui se tiendront dans la sainte demeure de l’Éternel au temps de Sa gloire millénaire. Mais l’Éternel y prend place, comme Roi de gloire. Ceci nous donne le côté divin, dans toute sa perfection, du chemin suivi par le Seigneur et du résultat manifesté dans la gloire terrestre, par rapport au résidu, à Christ, et à l’Éternel. Nous trouvons, en outre, le témoignage précieux pour nous que, d’un côté, Christ a Sa place et Sa part avec les fidèles dans le sentier que Dieu leur a tracé, et que, d’un autre côté, Il l’a avec l’Éternel, car Il était réellement homme, et réellement l’Éternel. Mais entrons un peu plus dans les détails.

Ce qui rassure et réjouit l’âme au psaume 23, ce n’est pas ce que l’Éternel donne, mais l’Éternel Lui-même. Il nous fait reposer (car c’est là le fruit naturel de Sa grâce en tout temps et cela en sera aussi le résultat) dans de verts pâturages et nous mène à des eaux paisibles. Douce et abondante pâture, là où ne peut atteindre aucune sécheresse — sécurité pour en jouir et conduite sûre vers ces rafraîchissements divins, dont on jouit en paix, telle est la portion donnée par les soins du Berger ; mais ce qui donne confiance et ôte les craintes, c’est Lui-même. Le mal est entré sur la scène ; nous devons le sentir — nous, en nous-mêmes ; Christ, dans tout ce qui L’a entouré, en sorte qu’Il a pu être saisi d’une profonde tristesse et troublé ; mais nous, hélas, plus que cela ! Le bon Berger — et Christ est pour nous le bon Berger — restaure l’âme et nous conduit dans des sentiers de justice à cause de Son nom. La bénédiction dépend de ce qu’Il est, non pas de ce que nous avons saisi. Sans doute j’ai de la bénédiction et j’apprends à la goûter dans les verts pâturages ; et, si j’ai été troublé ou que je me sois égaré, Il restaure mon âme. Mais avec le chagrin et la douleur, le péché a apporté aussi la mort. Alors Il vient et me fait passer au travers de la mort et me console. Ensuite, il y a des ennemis mis sur le chemin ; Il dresse la table devant moi et je m’en rassasie en leur présence. Quelle consolation, là aussi, pour le chrétien ! Puisque c’est de l’Éternel Lui-même que je suis appelé à dépendre, et non pas des circonstances dans lesquelles je me trouve — je peux dire : « Tu as oint ma tête d’huile, ma coupe est comble ». Lorsque j’ai vu toutes les peines et les difficultés de la route, j’ai l’Éternel Lui-même plus distinctement comme étant la bénédiction, en sorte que je puis compter sur elle pour toujours, car Lui ne change pas. En ayant fait l’expérience dans le passé, devant tous les effets de la puissance de l’ennemi, et sachant ce qu’Il a été Lui-même pour moi dans ces circonstances, je puis compter sur la bénédiction en tout temps, pour l’avenir. — La fin des voies du Seigneur est que nous serons amenés à habiter avec Lui à jamais. La bénédiction est moins apparente à la fin, mais bien plus profonde et plus personnelle, et, comme nous l’avons dit, l’âme se repose sur l’Éternel, connu dans toutes les circonstances, et non pas sur la bénédiction qu’Il se plaît à donner. Une âme exercée a ainsi, comme résultat, une bénédiction bien plus profonde qu’une âme simplement bénie. Le résultat pour Israël — et bien plus pour nous — est plus que les verts pâturages dans lesquels, à l’origine, le peuple avait été le troupeau placé par l’Éternel ; il est dans la profonde connaissance qu’une âme exercée a acquise de la fidélité de l’Éternel, et ainsi, selon la béatitude de Sa propre nature, le repos sera Son repos. Les verts pâturages convenaient à des brebis, mais la tête ointe, la coupe débordante et la maison du Seigneur pour toujours, voilà ce qui convenait à Celui qui demeurait là.

Tel est le résultat de la confiance du résidu en l’Éternel alors que les verts pâturages sont, en quelque sorte, perdus pour un temps : dans ces conditions, on suit l’Agneau. Pour nous c’est Christ qui est le Berger. Nous souffrons avec Lui, et nous avons de plus une meilleure bénédiction. En attendant, les soins du Berger sont là sous une autre forme.

Le psaume 24, comme nous l’avons vu, nous présente le second aspect de la condition du résidu à l’égard du bien, de ce que la grâce produit en eux. L’Éternel était le Berger tout le long du chemin ; à la fin, la terre et tout ce qu’elle contient, le monde et ceux qui l’habitent, sont à Lui. Le ciel n’est pas directement introduit sur la scène, ni le long du chemin, ni à son terme ; mais l’Éternel a, sur la terre, un lieu spécial de Son habitation, une montagne qui est particulièrement Son héritage. Qui montera en ce lieu-là ? — Ceux dont la Parole nous donne le caractère : — l’homme qui a les mains innocentes et le cœur pur ; qui ne s’attache pas aux idoles ; qui ne jure point faussement à son prochain. — Ceux-là seront bénis ; ils sont la génération et ont le vrai caractère de ceux qui recherchent Jacob, car Dieu a établi en Jacob le lieu de Sa demeure. Ils recherchent Jacob en tant que peuple béni du Seigneur ; mais s’ils montent à la montagne de l’Éternel et entrent dans Sa sainte demeure, la couronne de leur bénédiction, c’est que l’Éternel Lui-même entre par les portes ouvertes afin de demeurer là. Le Seigneur victorieux, l’Éternel des armées, entre. Christ Lui-même qui a pris la place de Ses brebis pour marcher devant elles, occupe alors la place de l’Éternel, qui Lui appartient de droit, et dans laquelle Il est reconnu lorsque la plénitude de la bénédiction est introduite et révélée. Ceci vient clore le développement de la position de Christ en rapport avec le résidu, tel que nous l’ont présenté les psaumes que nous venons d’étudier, à partir du psaume 16, le premier qui introduise formellement ce sujet, et nous avons à nous occuper maintenant de la position du résidu à un point de vue et sur un terrain nouveaux.

Christ ayant été introduit, non pas encore en gloire, mais comme s’associant au résidu et souffrant même la mort pour lui, la Parole peut maintenant nous occuper prophétiquement de tout ce qui concerne l’état d’Israël. Ici, au psaume 25, nous rencontrons pour la première fois la confession des péchés. Il ne s’agit plus simplement d’une position, comme nous pouvions la trouver dans les psaumes 3 à 7, ni du sentiment des circonstances au milieu desquelles l’homme pieux se trouve, tel que nous l’ont retracé les psaumes 11 à 15, fondés sur les psaumes 9 et 10 ; mais la condition tout entière du résidu, comme celui-ci la sentira, est maintenant placée devant nous.

Les premiers mots caractérisent les fidèles : « À toi, Éternel, j’élève mon âme ! ». L’homme pieux exprime sa confiance en son Dieu et demande à ne pas être confus dans son attente comme le seront ceux qui agissent perfidement. Le verset 3 distingue clairement le résidu. Il y a dans l’âme des fidèles le désir de connaître les voies de l’Éternel, d’être enseignés dans Ses sentiers, car Il est le Dieu de leur salut ; ils se sont toujours attendus à Lui. Au verset 6, le fidèle se jette entre les bras de la miséricorde divine, s’abandonnant à Dieu tel qu’Il s’était Lui-même manifesté en bonté ; il supplie Dieu de ne plus se souvenir des péchés passés d’Israël, mais de Lui-même, à cause de Sa bonté ; le fidèle sait que l’Éternel est bon et droit et que, par conséquent, Il enseignera le chemin aux pécheurs, et c’est ici un point important. — Ensuite, nous trouvons le caractère du résidu : les fidèles sont les débonnaires de la terre et l’Éternel les fera marcher dans la justice ; toutes Ses voies ne sont que gratuité et vérité envers eux, et ils gardent Son alliance et Ses témoignages (v. 9-10). L’homme pieux confesse ici, de la manière la plus complète, non plus seulement les péchés passés d’Israël, mais son propre péché ; il s’attend à la miséricorde seule, tant son péché est grand, et ne fonde son espérance que sur le nom de l’Éternel. Ceci est d’une grande beauté. Les premiers versets de ce psaume avaient présenté l’appréciation que fait l’homme pieux du nom de l’Éternel, comme Il avait été révélé en Israël ; — de Ses voies de grâce et de vérité. La réponse de Dieu à ce cri du résidu, telle qu’elle apparaît dans l’œuvre efficace de Christ, quoique annoncée par les prophètes et formant la base de tout, aux yeux de Dieu, n’est pas connue du résidu pieux, à cette époque ; elle ne le sera que lorsqu’ils regarderont vers Celui qu’ils ont percé. Mais s’ils n’ont pas cette connaissance, ils ont celle des voies de Dieu et de Ses promesses ; ils ont les nombreuses déclarations de l’Éternel, dans les prophètes, que si leurs péchés étaient comme le cramoisi, ils seraient blanchis comme la neige. Toute cette révélation est liée pour eux au nom de l’Éternel, et c’est à Lui qu’ils regardent, étant, jusqu’à un certain point, dans la position de la pauvre femme pécheresse avant qu’elle eût reçu la réponse du Seigneur : Va-t-en en paix ! (Luc 7). Aux versets 12 à 14, nous trouvons la réponse prophétique de l’Esprit en espérance ; aux versets 15-21, celui qui est débonnaire, plaçant toute sa position devant le Seigneur. Le grand résultat et le vrai sens du psaume nous sont donnés dans le dernier verset.

Ce psaume 25 place toute la condition du résidu devant l’Éternel dans l’expression devant Lui des sentiments d’une âme attirée et enseignée par la grâce ; on y trouve l’expression claire et complète de la position du résidu et de ses instances devant l’Éternel, selon ce qu’Il est. Quelques points très spéciaux sont mis en évidence : la confession des péchés passés d’Israël, la confession des propres péchés de celui qui parle ; — la miséricorde est considérée comme la seule ressource. Cependant on peut attendre d’un Dieu si plein de grâce qu’Il enseigne des pécheurs ; mais ces pécheurs sont les débonnaires qui doivent hériter de la terre. L’intégrité de cœur les caractérise ; ils se confient en l’Éternel et s’attendent à Lui. — Comparez avec ce psaume le tableau merveilleux du résidu que nous trouvons au commencement de l’évangile de Luc. — Le psaume 25 est à la fois plein de beauté et tout particulièrement caractéristique.

Le psaume 26 est une invocation à l’Éternel, fondée sur l’intégrité et la confiance en Lui. L’homme pieux s’étant confié en Lui ne chancellera certainement pas. Il invite l’Éternel à sonder son cœur jusqu’au fond, ainsi que fit Pierre (Jean 21, 17) bien qu’il fût tombé. Ici encore la bonté de l’Éternel est le premier motif de l’homme pieux. — Ensuite la séparation des fidèles de la masse infidèle de la nation est mise en pleine lumière et invoquée comme motif pour que les âmes des fidèles ne soient pas réunies avec les pécheurs (v. 9). Cependant si le fidèle invoque son intégrité, il recherche la rédemption et la miséricorde ; il sait que la fin sera bénédiction pour lui : son pied s’est arrêté dans un chemin uni ; il bénira l’Éternel au milieu de toute la congrégation réunie. En substance, la Parole nous présente ici la complète séparation des fidèles d’avec la nation, et ces fidèles devenant la congrégation de Dieu.

Ainsi, dans ces deux psaumes 25 et 26, nous avons la confession des péchés et l’intégrité dont se réclame l’homme pieux, le double témoignage du renouvellement de l’entendement. Quoique la possibilité du gouvernement de Dieu, en pardon et en miséricorde, soit fondée sur l’expiation qui nous a été présentée au psaume 22 et qui est pleinement reconnue par Israël en Ésaïe 53, postérieurement au temps de ces psaumes, cependant le point de vue auquel tout est envisagé par le résidu, dans ces deux psaumes, est le caractère bien connu et le gouvernement de l’Éternel en Israël ; les sentiments du cœur renouvelé sont exprimés en rapport avec ce gouvernement, c’est-à-dire avec les voies de l’Éternel. Son nom est la clef de leurs pensées et réveille leurs meilleures et leurs plus vraies affections. C’est la foi d’un Israélite pieux aux derniers jours. Toute cette portion des Psaumes nous occupe spécialement de l’état moral du résidu, et plus particulièrement de l’état des fidèles à l’égard de l’Éternel, les circonstances au milieu desquelles les fidèles se trouvent étant comparativement moins en vue, quoique les ennemis au-dehors et les transgresseurs au-dedans soient nécessairement l’occasion des sentiments exprimés quant à la délivrance et à la rédemption. Le cœur du fidèle a le secret de toute l’histoire d’Israël et de toutes les voies de l’Éternel envers Son peuple, parce que le fidèle s’attend à la grâce et a fait confession du péché. C’est le vrai principe de l’intelligence en tout temps, et pour le résidu aussi. Les voies de Dieu ont été et sont parfaites : on L’invoque afin qu’Il se souvienne de Ses compassions et non pas des péchés de la jeunesse de Son peuple : on Lui présente les ennemis du peuple. L’espérance du pardon est fondée sur le nom de l’Éternel (elle est liée, comme nous l’avons vu, avec Son gouvernement ; les fidèles n’ont pas encore tourné leurs regards vers Christ et compris l’expiation) ; le fidèle dans sa conduite recherche la direction de l’Éternel et compte sur Sa fidélité : il présente tous ses péchés, toutes ses afflictions, tous ses ennemis, à cœur ouvert, à l’Éternel ; il peut envisager et attendre les grâces de l’alliance, parce que l’Éternel se trouve réellement auprès d’un pécheur qui confesse son péché d’un cœur droit.

Le psaume 27 se divise en deux parties, et nous présente ensuite dans les deux derniers versets, le résultat de l’enseignement de Dieu dans l’âme du fidèle. La première partie, versets 1-6, est l’expression de la confiance absolue du croyant, quels que soient ses ennemis ; la seconde, versets 7-12, le cri de sa détresse. Le fondement de la confiance, dans la première partie, est « l’œil simple » ; dans la seconde, c’est l’appel de l’Éternel à rechercher Sa face. Les ennemis du dehors ou les oppresseurs du dedans (car le résidu les trouvera tous deux contre lui), toute une armée et la guerre qui s’élève, ne lui inspirent aucune crainte. L’Éternel est la lumière et la délivrance de son âme ; son seul désir, c’est d’habiter dans la maison de l’Éternel pour voir Sa beauté et s’enquérir diligemment de Lui dans Son temple. Il L’a connu quand Il mettait en déroute les ennemis du fidèle ; il Le cherche comme l’objet du désir de son cœur. Au temps de la détresse, l’Éternel le mettra à couvert dans Sa loge ; les ennemis qui l’attaquent ne seront pour lui que l’occasion d’élever sa tête au-dessus d’eux, et alors il sacrifiera des sacrifices de cris de réjouissance.

Mais les choses changent, à partir du verset 7 ; nous ne trouvons plus le fidèle pensant au Seigneur, par la foi ; nous le trouvons criant à Lui dans sa détresse. Il n’invoque pas son intégrité devant l’Éternel ; mais il se souvient qu’Il a dit : « Cherchez ma face ! ». Après avoir parlé ainsi, l’Éternel la cacherait-Il ? Le fidèle demande que l’Éternel le conduise dans un chemin droit : il y a de l’intégrité dans son cœur, mais ce qui l’occupe, c’est ce à quoi Dieu l’appelle. À la fin, il recherche et attend avec confiance la délivrance temporelle dans la terre des vivants ; en attendant, il faut qu’il se confie patiemment au Seigneur qui interviendra au temps convenable et qui fortifiera son cœur. — Nous avons ici un tableau instructif qui vient s’ajouter à ce que nous avons déjà appris sur la condition du résidu fidèle : la confiance abstraite des fidèles et la base de leur espérance, quand ils sont dans la détresse et qu’il leur faut s’attendre à l’Éternel, sont placées devant nous.

Psaume 28. Le Juif pieux, au temps de la détresse qui est venue sur la nation, demande à ne pas être confondu avec les méchants. Il est si réellement plongé dans la même détresse que ceux-ci, que si le Seigneur n’intervient pas en sa faveur, la mort l’engloutira : il demande le jugement des méchants ; ils méprisent l’Éternel et l’Éternel leur rendra selon leurs œuvres. — Les Psaumes ne fournissent pas seulement au résidu l’expression du cri de sa détresse ; mais encore le témoignage que le Seigneur a entendu ce cri. Le cœur se confie en l’Éternel ; il a trouvé du secours et ainsi la joie et la louange. Alors le Messie est pleinement associé avec le juste. L’Éternel est la force des fidèles ; Il est celle du Messie. Ceci une fois établi, le désir prophétique de l’homme pieux, selon l’Esprit de Christ, est présenté à l’Éternel, afin qu’Il sauve Son peuple et bénisse Son héritage (car la foi aux bénédictions et aux relations d’alliance se retrouve tout le long de ces psaumes), et qu’Il paisse Son peuple et l’élève éternellement. Être délivrés, bénis, nourris, élevés éternellement — voilà ce que les fidèles attendent de l’intervention de l’Éternel en puissance.

Nous avons vu, aux psaumes 25 et 26, les grands principes moraux de la confiance en l’Éternel (même dans la confession des péchés) et l’intégrité, tandis que dans les derniers psaumes qui viennent de nous occuper, nous sommes placés davantage en face du sentiment personnel de la condition des fidèles, et du fondement de leur relation avec Dieu. Le sentiment dont nous parlons se manifeste d’une manière admirable dans ce seul désir qui remplit le cœur au commencement du psaume 27 ; et plus loin dans cette touchante invocation : Tu m’as dit de chercher ta face ! Alors — en ces temps de divine instruction — mon cœur te dit : « Je chercherai ta face » : Seigneur — détournerais-tu ta face de moi maintenant que je suis dans la détresse, quand toi tu m’enseignas à chercher ta face et à me confier en toi ? La vérité est la même au commencement et à la fin, seulement la première partie du psaume est l’expression du désir seul et unique qui possède le cœur ; tandis que, dans la seconde, l’exhortation de Dieu à chercher Sa face devient la ressource du cœur. L’Éternel Lui-même est le refuge du fidèle et l’a enseigné à Le rechercher.

Au psaume 28, le poids du mal pèse plus lourdement sur le cœur ; il demande le jugement et la séparation du résidu d’avec les méchants. Cette séparation caractérise le témoignage de Dieu tout entier en rapport avec le Messie à venir, et ce fait nous aidera à saisir l’unité du résidu dans la pensée de Dieu. Non seulement la séparation du résidu est prophétiquement annoncée, comme au chapitre 65 d’Ésaïe, mais Jean-Baptiste caractérise par elle la venue du Messie, avertissant ceux qui viennent de ne pas s’appuyer sur leur qualité extérieure d’enfants d’Abraham ce qui est sans valeur (Matt. 3, 9). Cette séparation s’accomplit d’ailleurs spirituellement ainsi, seulement le Seigneur étant rejeté et ne venant pas encore en puissance, les séparés furent alors ajoutés à l’Assemblée comme les « sôxomenoi ». C’est ce qui explique le langage de Pierre au chapitre 2 des Actes, verset 40. Le Seigneur Lui-même les reçoit comme Ses brebis (Jean 10) ; Paul aussi appuie sur le même fait son argumentation au chapitre 11 de l’épître aux Romains.

Le psaume 29 somme les puissants d’écouter la voix plus puissante de l’Éternel, de Le reconnaître et de L’adorer selon le saint ordre de Sa maison, célébrant la puissance de Sa voix dans toute la création. Mais il y a un lieu de service intelligent où Sa gloire est comprise — Son peuple, où les hommes sont appelés à venir. Cet Éternel est élevé au-dessus de l’orgueilleux bruissement des flots de toutes puissances créées : Il préside comme Roi éternellement et en dépit de tout ; et c’est Lui, ce puissant Éternel, qui donnera force à Son peuple, et le bénira par la paix. Ce psaume n’est pas un cri de détresse ou un appel à Dieu, mais un encouragement positif pour les fidèles, un témoignage pour eux, afin d’affermir leur cœur en présence des puissants. Celui qui prend soin d’eux est plus puissant que ces fils des forts.

Au psaume 30 nous trouvons le contraste entre la confiance dans la prospérité, même donnée par Dieu, et la confiance en Dieu Lui-même. Il est intervenu ; Il a élevé le pauvre et ne l’a pas abandonné à ses ennemis. Sa faveur est la vie ; Sa colère n’est que pour un moment et pour le bien de Ses saints : Sa faveur est à toujours. Si la lamentation a demeuré chez eux le soir, le chant de joie y est le matin. Peut-être les laisserait-Il descendre jusqu’aux portes du tombeau, mais c’est afin de manifester Son pouvoir dans Son infaillible délivrance. Quant à lui, l’homme pieux — Israël lui-même comme peuple — il s’était confié en la prospérité qui lui avait été donnée ; — maintenant, au sein de l’adversité, il a trouvé l’Éternel en délivrance. Surmonter définitivement la puissance du mal, vaut mieux que le bien incertain qu’on peut perdre. On est en sûreté sous la bénédiction et dans les bras de l’Éternel qui est pour nous : car c’est Lui qui est le libérateur. Nous voyons clairement ici que le peuple dont il s’agit est un peuple vivant qui doit être béni sur la terre (v. 3, 9) ; et bien qu’il puisse y avoir des grâces analogues dans tous les temps, car il y a un gouvernement de Dieu pour les chrétiens aussi, il y aurait du danger à faire l’application de ce psaume aux saints d’aujourd’hui. Il s’agit d’une délivrance temporelle pour jouir de la paix dans ce monde. Nulle montagne, même lorsque nous reconnaissons qu’elle a été rendue forte par l’Éternel, n’est semblable à l’Éternel Lui-même, quand même nous serions aux portes du sépulcre : mon cœur, s’il en est occupé, dit d’elle : c’est « ma montagne » (v. 7), et cela y apporte un certain caractère de faiblesse.

Le psaume 31 nous démontre comment Jésus a pu prendre dans Sa bouche les pieuses et saintes paroles d’un psaume, et réellement passer au travers de tout en esprit, sans que ce psaume doive Lui être appliqué d’une manière littérale.

Nous trouvons ici, en effet (v. 5), ces mots qu’Il a prononcés : « En ta main je remets mon esprit », ce qui a été absolument vrai de Lui (Luc 23, 46). Mais le psaume continue, disant : « Tu m’as racheté, ô Éternel ! Dieu de vérité », tandis que Lui a dit : « Père ! ». Bien que je ne doute pas qu’alors Son âme fut rentrée dans la jouissance de la faveur divine, cependant les paroles : « tu m’as racheté », ne peuvent s’appliquer à Lui, si ce n’est à ce seul point de vue que Son âme a été délivrée de la malédiction qu’Il a portée lorsqu’Il fut fait péché pour nous, tout en glorifiant parfaitement Dieu quant à nos péchés. Mais le Seigneur ne s’est pas servi de ces dernières paroles sur la croix. À ce moment, bien qu’Il eût encore, de fait, à passer par la mort, l’amertume et l’aiguillon de la mort avaient disparu.

Ainsi ce psaume tout entier est — sans parler de David — la requête et l’expression de la confiance du résidu, liant les deux principes de la confiance et de la justice ; le résidu recherche la direction de l’Éternel pour l’amour de Son nom et il attend la délivrance alors qu’il est entouré par ses ennemis. Il a invoqué l’Éternel ; son nom était en cause. L’homme pieux a compté sur Sa bonté, mise en réserve pour ceux qui Le craignent, et cela au milieu d’une vie qui se consume « dans la tristesse et le gémissement ». La détresse l’accable, sa force s’en va. Il est dans l’épreuve pour sa fidélité, mais ses voisins et ceux de sa connaissance l’ont abandonné et leur cœur l’a oublié comme un mort. Telle sera la condition du résidu, et combien réellement Christ ne s’y est-Il pas associé ? Mais le temps de la délivrance et de tout ce que le fidèle doit jamais porter et traverser, est entre les mains de Dieu, non pas dans celles de l’ennemi, quelle que soit sa fureur. Au milieu de ses afflictions et de l’adversité, l’Éternel connaît l’âme du fidèle, car il marche devant Lui dans la conscience de sa relation d’alliance avec Lui. La présence du Seigneur est un tabernacle et un lieu de refuge pour lui. Dans son agitation, il s’était estimé retranché de devant Ses yeux ; mais il a crié et l’Éternel l’a entendu (v. 22). Au milieu de la fureur de ses adversaires, il a crié à Lui comme à son Dieu (v. 14) ; il en célèbre maintenant, dans les deux derniers versets, le résultat béni, et encourage les saints et tous ceux qui espèrent en l’Éternel : quelle que soit la détresse, l’Éternel garde les fidèles et juge les orgueilleux.

Ceci, en un certain sens, clôt et résume l’expression expérimentale, fournie par l’Esprit, de l’état du résidu, et manifeste pleinement cet état. Le psaume qui suit parle de pardon et de grâce ; ensuite nous rencontrons une connaissance plus claire, une confiance plus objective en face du jugement de toutes choses, jusqu’à ce que nous arrivions aux psaumes 38 et 39 qui ont un caractère particulier. Sans doute la délivrance n’est pas encore venue, mais les sentiments exprimés dans ces psaumes, sont plutôt l’expression de la faveur dans la lumière que celle de la confiance du fond de la détresse.

Tout lecteur instruit de Dieu saisira combien le psaume 31, dont nous venons de nous occuper, est l’expression parfaite de l’Esprit de Christ et cependant la relation personnelle de Christ avec Dieu était autre. Il était Fils ; et mourant, Il remit Son esprit à Son Père, non pas à l’Éternel pour être préservé de la mort. Comme nous l’avons déjà fait remarquer dans l’introduction, Il prie pour Ses ennemis qui Le crucifient, au lieu d’appeler sur eux la vengeance. Ici la prière de Son Esprit dans le résidu est conforme à Sa pensée pour ce jour-là, tandis qu’en Lui personnellement, il a dû en être autrement, car Il vint en grâce et donna Sa vie en rançon pour Israël et pour plusieurs : c’est pourquoi Il passe au travers de tout, selon Sa perfection, avec Son Père à Gethsémané, et se livre Lui-même à la mort, parce que telle était la volonté de Son Père. Toutefois, pour ce qui est de l’affliction et de l’épreuve, Il a tout traversé, et l’Esprit prophétique dans les Psaumes déclare ici ce qui s’accomplira à la fin, comme conséquence de l’inimitié perverse des Juifs et des païens aussi. Les expressions dont Il se sert ici deviendront de vivantes requêtes dans la bouche du résidu, dont ces jugements seront la seule et nécessaire délivrance. Christ a demandé la vie, et elle Lui a été donnée en résurrection et en gloire, comme nous le voyons au psaume 21 ; mais non pas, nous le savons, en ce qu’Il a été épargné ici-bas. Dans l’accomplissement de la rédemption, le chemin de la vie, pour Lui, conduisait à travers la mort, quoiqu’Il ne pût pas être retenu par elle. — C’est ainsi que Christ est entré, en esprit, dans toute l’affliction du résidu. Les paroles, dans la pensée de l’écrivain, s’appliquaient, dans leur sens littéral, à Ses propres sentiments — dans le sens prophétique, au résidu pieux des derniers jours ; mais la variété des motifs et des sentiments réunis dans ce psaume 31, exige quelques remarques supplémentaires.

J’ai déjà fait observer que nous rencontrons ici, réunis ensemble, les deux fondements, si fréquemment mentionnés, de la confiance en Dieu, base de la requête du fidèle, puis de la justice, comme motif sur lequel se fonde cette confiance. L’amour du nom de l’Éternel est ajouté (v. 3). Le verset 6 est la complète réprobation de ceux « qui prennent garde aux vaines idoles » ; au verset 7, la bonté de l’Éternel est reconnue comme étant miséricorde. Il a connu les détresses de l’âme du croyant dans l’adversité — douce pensée, quelque sombre qu’ait jamais été l’affliction. La délivrance a été accordée (v. 8). Le verset 9 est l’expression de la détresse de Christ, arrivée à son comble. Les huit premiers versets formaient comme une préface de principes généraux, mais maintenant le fardeau de sa condition présente pèse sur lui : il est en opprobre à ses ennemis, particulièrement à ses voisins, et une frayeur à ceux de sa connaissance ; il est pauvre, méprisé, et cependant haï et rejeté : il appartient à un caractère divin, à Dieu Lui-même, d’être tous les deux. L’homme laisse de côté celui qu’il méprise ; mais jamais il ne peut laisser Dieu ainsi, ou ce qui est de Dieu. Le brigand, sur la croix, n’a pas insulté l’autre brigand crucifié à côté de lui, mais il a insulté Christ. L’homme couvrira Dieu d’opprobre, si Dieu s’abaisse (il fera de même pour ceux qui sont à Lui) ; mais il craindra Dieu et Le haïra tout à la fois. Il est mis en oubli, et malgré cela méprisé, insulté, environné d’ennemis qui consultent ensemble pour Lui ôter la vie. Ces versets 9 à 13 sont l’expression de la position que l’Esprit de Christ, ou Christ Lui-même, occupe dans le monde. Le verset 14 est frappant : Il se confie en Dieu ! Tout ce qui doit Lui arriver est après tout entre Ses mains ! — Ensuite un autre motif est présenté : « je t’ai invoqué » (v. 17). — Que ce soient les lèvres menteuses qui soient rendues muettes (v. 18) ! La confiance dans la bonté de Dieu est mise en réserve ici pour les saints, et leur refuge est en Dieu pour le mauvais jour (v. 20). Le verset 21 célèbre la fidélité de Jéhovah ; les versets 23 et 24 en font un motif d’encouragement pour les saints. Au milieu d’une détresse sans pareille, toutes les requêtes du fidèle sont merveilleusement rassemblées ici. Tous ces derniers psaumes que nous venons de parcourir sont l’expression des sentiments d’Israël dans l’angoisse et cherchant la délivrance : et, de fait, c’est ce qu’Israël fera.

Au psaume 32, nous arrivons à ce qui, plus encore que cette délivrance, fait défaut à Israël, savoir la rémission des péchés. Le poids de l’affliction tourne son âme vers la loi de Dieu et par elle à la conscience qu’il l’a violée. Comment à ce point de vue invoquerait-il la justice ? C’est de pardon qu’il a besoin, et que l’Éternel ne lui impute pas son iniquité dont il a maintenant conscience. Longtemps il avait lutté contre ce sentiment, mais l’Éternel ne lui a pas laissé de repos : il confesse son péché et la fraude est ôtée de son cœur. Il est impossible que le cœur soit autrement : jusque-là nous y tenons cachée notre iniquité. Le pardon par la grâce attire l’homme pieux vers Dieu ; dans un déluge de grandes eaux, elles ne l’atteindront point ; l’Éternel est l’asile de son âme ; Lui garde, bénit et conduit. Seulement les fidèles sont exhortés à être intelligents en étant obéissants, au lieu d’être sans intelligence et de devoir être conduits par la providence de Dieu.

Remarquez ici que, tandis que le pardon est célébré — et le résidu en aura un besoin profond — le grand trait distinctif qui sépare le résidu de la masse du peuple est clairement maintenu, savoir la confiance, la justice et l’intégrité de cœur tandis que plusieurs douleurs atteindront le méchant.

En principe, un psaume comme celui-ci est d’une application très étendue, Dieu en soit béni. Pour le résidu, il est prophétique, afin de produire la vérité dans le cœur et d’encourager les fidèles, par la grâce, à cette confession du péché dans laquelle seule Dieu peut bénir, ici, comme toujours — car le pardon et la fraude ne vont pas ensemble. Le résidu ne connaîtra la pleine acceptation devant Dieu que lorsqu’il regardera « vers Celui qu’ils ont percé » et qui vient, comme Jéhovah, pour délivrer. Mais allons plus loin et regardons au grand principe dont ce psaume est l’expression. Le pardon complet, absolu, l’entière non-imputation du péché, voilà ce qui ôte la fraude du cœur. En dehors de là on fuit Dieu, on s’excuse, on pallie le mal si on n’ose le justifier. Mais avec le pardon devant les yeux, on a le courage d’être vrai de cœur. Qui ne dira toutes ses dettes lorsqu’il ne s’agit que de les voir acquittées par un autre ? Qui ne déclarera son mal en vue d’une guérison assurée ? La grâce apporte la vérité dans le cœur, l’amène à confesser ses transgressions et tout le fardeau des péchés est ôté. L’homme débonnaire et pieux est encouragé à s’approcher d’un Dieu connu de cette manière. « Mais il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint » (Ps. 130, 4). Notre psaume veut amener ainsi le résidu à une vraie confession : lorsque celle-ci sera devenue un fait, le résidu sera introduit dans la pleine bénédiction qui l’attend. Ce psaume est donc une préparation prophétique et une école pour les saints ; il place devant eux ce qui ne sera pas entièrement accompli lorsqu’ils seront amenés à se tourner vers l’Éternel, mais avec la certitude que tous leurs besoins seront satisfaits. C’est pourquoi ces psaumes parlent du caractère de l’Éternel, tel qu’Il s’est révélé à l’égard des auteurs inspirés ; en principe, et souvent littéralement à l’égard de Christ — afin de produire la confiance au jour de la détresse et de fortifier toute âme inquiète ; c’est pourquoi aussi nous voyons la célébration de la pleine délivrance mêlée à la requête qui demande cette délivrance ; car tout cela est prophétique et a eu des accomplissements.

Avant d’aller plus loin, remarquez combien l’absence de fraude, produite dans le cœur par un pardon entier, amène l’âme à cette intimité avec Dieu qui la fait jouir de la direction par Son œil. Nous avons une même pensée avec Lui, et cela dans la perfection de Sa propre nature.

Le psaume 33 est placé logiquement après le pardon. Le pardon conduit à la pleine bénédiction, et le psaume 33 nous dépeint, en le célébrant, le résultat complet de la délivrance. Ceux qui sont droits de cœur sont invités à se réjouir ; le caractère de l’Éternel, Sa parole, Ses œuvres, sont manifestés, et la terre est remplie maintenant de Sa bonté. C’est Lui qui a fait toutes choses, Il est le Créateur ; que la terre Le craigne ! Il dissipe les desseins et les conseils de l’homme, mais Son conseil demeure à toujours. Bienheureuse la nation qui a l’Éternel pour son Dieu, le peuple qu’Il a choisi pour Son héritage ! L’Éternel regarde des cieux sur les fils des hommes et Il dispose de tous ; mais Ses yeux sont sur ceux qui Le craignent et qui s’attendent à Sa bonté. Le glorieux résultat de l’intervention de l’Éternel est ainsi placé devant la foi du résidu et célébré comme s’il était déjà présent dans son entier ; les trois derniers versets nous montrent la confiance produite ainsi dans le cœur des fidèles.

Psaume 34. L’assurance que c’est Dieu qui gouverne, rend la foi capable de bénir en tout temps. Il a manifesté Sa fidélité à ceux qui étaient dans la détresse. Le psalmiste, Christ en esprit, engage le résidu à bénir, car l’Éternel a manifesté Sa délivrance envers lui. Les yeux du Seigneur sont sur les justes et Ses oreilles sont ouvertes à leur cri ; Sa face est contre ceux qui font le mal pour les retrancher de la terre (v. 15, 16). L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et Il sauve ceux qui ont l’esprit abattu (v. 18). Le juste doit s’attendre à souffrir aussi longtemps que l’homme a son jour, mais l’Éternel le délivre, tandis que le mal fait mourir le méchant ; l’Éternel rachète l’âme de Ses serviteurs, et aucun de ceux qui se confient en Lui ne sera tenu pour coupable. C’est l’expression de la pleine assurance du gouvernement de l’Éternel en faveur de celui qui est humble de cœur, et ce qui le rend capable de bénir non seulement lorsqu’il est béni — ce ne serait pas la foi — mais en tout temps, car l’Éternel entend le cri des justes, Il les garde, Il les rachète lorsqu’ils sont dans la détresse. Christ est l’exemple par excellence de tout ceci. Je ne pense pas qu’Il parle ici personnellement, quoiqu’Il le fasse en esprit dans les premiers versets. La foi du résidu s’empare de ce qui Lui est arrivé, pour son propre encouragement (v. 6). Le verset 20 a aussi été accompli littéralement à Son égard. Le psaume tout entier est le secret de la foi seule qui, par son épreuve, est conduite à bénir en tout temps. Pierre en fait l’application aux principes immuables du gouvernement de Dieu.

Remarquez aussi que c’est le premier psaume dans lequel nous ayons trouvé le caractère interlocutoire qu’on rencontre ailleurs quelquefois, comme aux psaumes 91 et 145, quoique ce psaume soit certainement l’expression de l’expérience du psalmiste qui parle de nouveau au verset 11. Toutefois, je pense que, dans ce psaume, Christ en esprit expose les voies de Dieu. Magnifiez l’Éternel avec moi ! J’ai cherché l’Éternel ! Il y a là l’encouragement le plus puissant pour le juste, humble de cœur.

Le psaume 35 est une pressante requête pour que l’Éternel intervienne en jugement contre les perfides et impitoyables persécuteurs qui poursuivent l’âme du juste. Les insultes, la ruse, la violence, tout a été employé contre lui : ses ennemis ont voulu le surprendre. Il a recherché la délivrance afin que l’Éternel soit loué dans la grande congrégation, savoir dans l’assemblée complète d’Israël restauré. Les versets 13, 14 nous montrent la grâce dont l’homme pieux (Christ Lui-même) a usé envers ces ennemis ; et tout le psaume en général s’applique à l’homme pieux, mais Christ en particulier est introduit ici en esprit.

Au psaume 36 nous trouvons un avertissement nécessaire à l’égard des méchants, de ceux qui sont spécialement les ennemis de la justice, les instruments du pouvoir de Satan. On ne peut attendre d’eux qu’ils aient de la conscience, ni rien qui les arrête dans leurs machinations. La puissance et la bonté de l’Éternel sont le refuge assuré de ceux qui s’attendent à Lui. Finalement les méchants sont renversés !

Le psaume 37 est d’un grand intérêt ; il s’adresse au résidu, et avec lui à toute âme, pour l’exhorter à s’attendre à Dieu et à ne point se laisser troubler dans son esprit par les méchants ; ils seront soudainement fauchés comme l’herbe ! Que les justes donc ne se tourmentent pas et ne se dépitent pas, mais qu’ils se confient en l’Éternel et qu’ils fassent le bien ; qu’ils aient leurs délices en Lui, car leurs désirs seront accomplis ; ils jouiront de la prospérité ; qu’ils remettent leur voie sur l’Éternel, Il les justifiera ; qu’ils se reposent en Lui et s’attendent à Lui patiemment, car Il va intervenir, retrancher les méchants et donner le pays en héritage aux débonnaires !

Le résidu a un autre caractère largement développé ici : le caractère d’homme juste qui apparaît à partir du verset 12. L’Éternel n’oublie pas Ses saints ; Il les garde ; les justes posséderont le pays. Ce à quoi ils sont particulièrement exhortés, après tout, c’est à s’attendre à l’Éternel et à garder Sa voie. Les justes souffrent, mais ils ne sont point oubliés ; les méchants jouissent d’une grande prospérité, mais pour un moment, et leur lieu ne les reconnaît plus ! Combien tout ce que nous lisons ici, touchant le juste, nous montre la profondeur des souffrances de Celui qui fut abandonné, tout en étant la perfection de la justice.

Le psaume qui nous occupe nous aide aussi à saisir la ressemblance qu’il y a eu entre les disciples et le résidu (lisez Matt. 5, 5) ; mais il nous montre aussi la différence qu’il y a entre eux : le Fils était avec les disciples ; ils pouvaient souffrir pour Son nom ; et ceci introduisait le ciel (Matt. 5, 12). De même Jésus pouvait leur révéler le Père, et les établir comme la lumière du monde et le sel de la terre. Tout cela, joint à la révélation du Père qui agit en grâce, met les disciples en présence de certains détails de la grâce dont le résidu des derniers jours ne saura rien. Cependant, malgré ces différences de fait, nous avons devant nous le même résidu.

Les psaumes 38 et 39, comme nous l’avons déjà fait remarquer, ont un caractère particulier. Celui qui est droit de cœur a recherché et attendu la délivrance, et le pardon des péchés lui a été accordé comme bénédiction ; mais dans ces deux psaumes, le résidu gémit sous le poids du châtiment gouvernemental des péchés, et il a le sentiment du pourquoi il souffre de la part de Dieu. Au psaume 6, le fidèle suppliait l’Éternel de l’épargner dans Sa colère, mais ici il est sous le poids tout entier de la discipline pour le péché : la verge a atteint le troupeau au-dehors, l’âme au-dedans. Il s’agit de chacun d’eux individuellement, mais c’est pourtant le résidu qui est en vue. Ceux qui aiment l’homme pieux et ses compagnons se tiennent loin de sa plaie ; des ennemis sans pitié complotent contre lui et cherchent sa vie. Toutefois il est devant Dieu avec tout son désir et tous ses soupirs. Il est droit de cœur envers Dieu, et il reconnaît Dieu, mais il est comme un muet à l’égard des hommes. Les flèches qui l’ont percé sont pour son âme les flèches de l’Éternel — et c’est à Lui qu’il a recours (v. 13-16). Le saint courbe la tête et se soumet. Ses ennemis sont actifs et puissants, mais quoique l’Éternel le frappe, il se confie en Lui, parce que l’âme qui est humble reconnaît que le châtiment est juste. Elle peut attendre d’être délivrée de tous ses ennemis. Ils seraient heureux que le pied du fidèle glissât, pour triompher de lui ; mais ce dernier déclare son iniquité et est en peine de son péché qu’il reconnaît. Il ne s’excuse, ni ne cache son âme devant Dieu : c’est à Dieu qu’il crie, afin qu’Il se hâte de le secourir.

Ce psaume 38 nous présente un admirable tableau de l’état d’une âme : car l’Esprit pourvoit à tout, même là où le juste a manqué et où il a pu appeler sur lui quelque grand châtiment, à la joie du méchant. Mais celui qui est droit de cœur accepte la punition de son iniquité et se place ouvertement devant Dieu, confessant son péché, mais se confiant en Lui pour être délivré des méchants. Quelque triste que puisse être un cas pareil, rien ne met plus en évidence la vérité devant Dieu et la confiance en Lui. Comment confesser son péché et attendre le secours de Dieu, quand on a été infidèle, quand on L’a déshonoré et que l’ennemi s’en réjouit ? Point d’excuse ; nulle tentative de rien cacher ! Le juste confesse tout et s’abandonne entre les mains de Dieu.

Sans ces détails, le tableau de l’état du résidu eût été incomplet, aussi bien que les enseignements de la grâce pour toute âme en tout temps. Maintenant, jusqu’à quel point l’Esprit de Christ entre-t-Il dans cette condition dont notre psaume est l’expression ? Il y entre pleinement, je pense, quoique, sans doute, Christ en personne n’ait jamais pu s’y trouver. L’écrivain était évidemment sous l’impression de quelque grand châtiment, et d’un châtiment ouvertement manifesté. De pareils cas pourront se produire au milieu du résidu, dans toute leur étendue. Le principe d’ailleurs est d’une application universelle. En Christ, sans doute, il n’y a rien à discipliner ; mais ayant devant Lui le péché dans toute sa gravité, et rencontrant dans Son chemin toutes les afflictions qui tomberont sur le peuple, Christ peut, tout en étant « le bois vert », entrer dans le jugement qui viendra sur « le bois sec »[19]. Il n’a pas pu dire ce qui est exprimé ici ; mais Il peut sympathiser parfaitement avec ceux qui doivent parler ainsi : Il leur a préparé les paroles qui, par Son Esprit, en seront l’expression dans leurs cœurs. S’Il n’avait pas porté toute la colère pour ces mêmes iniquités qui pèsent de tout leur poids sur leurs consciences, et à la pleine rigueur de laquelle ils échappent, ce n’aurait pas été simplement de la discipline gouvernementale qu’ils auraient eu à demander la délivrance, et c’est aussi pourquoi, lorsque l’affliction a ce caractère, Christ peut faire plus que de la sentir, car dans toutes les douleurs dont ils sont environnés, Il a pris la plus large part.

Au psaume 39, l’homme pieux est encore sous le châtiment de Dieu, mais plutôt avec le sentiment du néant de toute chair sous la main de Dieu, qu’avec celui de la défaveur, de la honte et de la crainte. Le fidèle courbe la tête devant Dieu, il se tait plutôt que de laisser son cœur déborder et sa langue parler follement. Il eût pu répliquer ; il eût pu être irrité pour mal faire, mais il lui faut savoir se contenir et se taire quand Dieu fait peser Sa main sur lui : il en est de même en tout temps. Le fidèle s’est tu, même quant au bien, et sa douleur a été excitée ; il nous le dit dans l’admirable langage de notre psaume. À la fin, son cœur déborde, mais c’est pour présenter à Dieu le néant dont le sentiment a mûri dans son âme. Il désire connaître sa fin et la mesure de ses jours, combien fragile il est : Il voit que tout est vanité, mais il voit sa propre transgression et son péché dans la présence de Celui dont la correction consume la beauté de l’homme comme la teigne. Il s’attend au Seigneur pour sa délivrance : ce dont il s’inquiète, c’est de son châtiment. Il a confiance en Lui, qu’Il ne le laissera pas devenir en opprobre à l’insensé. Cette expression de la vanité, trouvant son niveau dans l’anéantissement de soi-même, est d’une grande beauté, de même que la confiance en Dieu pour être délivré de l’orgueil des hommes, mais ce qui domine c’est que Dieu a affaire avec nos transgressions.

Ici se termine l’histoire morale du résidu au point de vue de sa relation d’alliance avec l’Éternel : le résidu invoque Son nom, parce qu’il est en relation avec Lui. C’est pourquoi nous trouvons tant de Christ Lui-même dans les psaumes de ce premier livre. Le psaume suivant nous montre Christ prenant la place dans laquelle Il devait être associé aux fidèles selon les conseils de Dieu, puis nous apprenons que cette position est la position réellement bénie.

Au psaume 40 donc, Christ n’apparaît pas seulement comme traversant les afflictions qui encombraient Son chemin, du moment qu’Il se chargeait de la cause du peuple de Son amour, désobéissant et coupable, afflictions au milieu desquelles Il a appris la langue des savants et par lesquelles Il a été rendu capable d’entrer dans les afflictions de ceux qui seront éprouvés et épargnés aux derniers jours, et d’exprimer les désirs et les requêtes qui convenaient à leur état devant Dieu ; — mais ce psaume nous place avant tout en face de la délivrance dans laquelle Christ, ayant attendu patiemment l’Éternel au milieu de ces afflictions, fait l’expérience de la fidélité de l’Éternel, en sorte qu’Il est délivré de ces afflictions pour l’encouragement de plusieurs ; puis nous trouvons la clef de toute Son histoire, lorsqu’Il a entrepris de faire la volonté de l’Éternel, tout le système juif sous la loi prenant ainsi fin et étant mis de côté. Christ a été parfaitement fidèle à l’Éternel au milieu de toute la congrégation d’Israël, au travers de l’épreuve et de l’affliction la plus profonde ; mais le psaume se clôt, comme il convenait, sur le thème de la délivrance.

De là vient que l’application de cette délivrance aux afflictions de Christ, analogues à celles du résidu, sera d’un si grand prix pour les fidèles du résidu lorsqu’ils se trouveront dans la détresse. Ce principe est développé ici d’une manière si claire, que le psaume 40 prend une importance particulière au milieu de tout le livre. La relation de Christ avec Israël dans le résidu est mise en lumière d’une manière aussi frappante que possible, et posée comme base de tout l’enseignement des Psaumes, bien que les circonstances ne soient plus les mêmes après le psaume 41.

J’ai à peine besoin de dire que le psaume nous parle de Christ personnellement — (l’apôtre le cite comme les propres paroles de Jésus en Héb. 10) — de Christ entreprenant cette œuvre glorieuse par laquelle les symboles et les figures sont mis de côté, et le croyant rendu parfait à perpétuité. « Voici, je viens », telles sont les paroles du Fils s’offrant Lui-même de Sa libre volonté, pour accomplir toute la volonté de Dieu dans Son œuvre ici-bas, selon les conseils éternels de la divinité. Je le répète, ce psaume nous fait voir Christ entreprenant l’œuvre. Son œuvre, c’était d’obéir, mais Il s’offre Lui-même pour cela, de Sa pleine et libre volonté, trouvant Ses délices à faire le bon plaisir de Dieu. Dans la grande congrégation d’Israël, en accomplissant Son service envers l’Éternel, Il n’avait pas reculé, quelle que fût la réception qu’on Lui fît : Il avait prêché la justice ; Il n’avait pas retenu Ses lèvres ; Il avait été fidèle à Son service, coûte que coûte, et c’était l’Éternel qu’Il avait ainsi proclamé. Il n’avait point caché Sa justice, Sa fidélité, Son salut, Sa bonté et Sa vérité devant le corps tout entier d’Israël. — Tel avait été Son service : mais ensuite tout change pour ce fidèle serviteur, car des maux sans nombre L’ont environné. Il s’attend à la gratuité et à la vérité de l’Éternel envers lequel Il a été fidèle. Il y a plus encore : non seulement des maux sans nombre L’ont entouré, des hommes ont cherché Son âme pour la détruire, mais Il dit : « Mes iniquités m’ont atteint et je ne puis les regarder ». Ces iniquités, sans doute, quand il s’agit de Christ, étaient celles d’autres personnes, de tous les rachetés et particulièrement aussi d’Israël envisagé comme nation. Dans cet état, il désire que ceux qui cherchent l’Éternel, puissent s’égayer et dire continuellement : « Magnifié soit l’Éternel » ; et que les autres soient rendus honteux et soient confondus ! Il sépare le résidu pieux qui cherche l’Éternel, de ceux qui, lorsqu’Il se présente fidèlement et en amour, se montrent les ennemis de Celui dont Il manifeste le nom. C’est ainsi que Christ termine Son expérience du monde, affligé et pauvre, mais assuré que le Seigneur pense à Lui.

Christ n’est pas abandonné dans la position dans laquelle Il nous est présenté ici, mais Il entre dans cette position par une vie de fidélité qui devait aboutir à cette heure terrible. C’est, en quelque sorte, Son cri, au moment où Il confesse les péchés avant que la victime soit consumée ou égorgée. Il est là dans la profonde affliction d’une telle position, implorant l’Éternel, mais non pas sous la colère manifestée au temps où Il ne peut être entendu. Le psaume, je le répète, ne dépeint pas cette colère, mais la fidélité de Christ, qui s’attend à l’Éternel lorsqu’Il est dans l’affliction, plutôt que de rechercher le repos, ou douze légions d’anges, ou la myrrhe qui stupéfie, ou de reculer devant la souffrance qui doit résulter de l’entière soumission à la volonté de Dieu, de même qu’Il n’a pas craint d’affronter les hommes quand Il a annoncé cette volonté. Il a attendu patiemment l’Éternel, et Il s’est penché vers Lui et a entendu Son cri : c’est là la perfection de Christ. Il n’a pas cherché une issue pour éviter l’obéissance, Il n’a pas hésité, Il n’a pas reculé, ni ne s’est détourné : Il a attendu le temps de l’Éternel dans le sentier de l’obéissance parfaite, et le temps vint où, comme il est dit de Joseph, Sa cause fut connue.

Le but de l’Esprit, dans notre psaume, est de montrer à ceux qui étaient éprouvés, que quelqu’un avait passé avant eux dans le chemin de la souffrance, et avait été exaucé. Nous pouvons dire que c’est en résurrection que Jésus a été pleinement exaucé ; mais, sur la croix même, l’heure des ténèbres était passée, et avec une forte voix, Il put remettre Son esprit à Son Père, et Sa mère à Son disciple bien-aimé. Ces détails nous sont donnés par l’histoire, non par la prophétie, et ils n’auraient pas été profitables pour les fidèles du résidu, car ce dont ceux-ci ont besoin, c’est de savoir qu’ils seront exaucés lorsqu’ils s’attendront patiemment à l’Éternel. S’ils sont mis à mort, l’exaucement sera pour eux en résurrection ; s’ils demeurent vivants, ils seront exaucés pour jouir de la position d’Israël en bénédiction, je n’en doute pas, avec l’Agneau sur la montagne de Sion, parce qu’ils ont traversé, quelque faibles et infirmes qu’ils aient été, des épreuves et des souffrances semblables, fidèles à l’Éternel dans la grande assemblée. Si leurs iniquités les alarment, ils ne sont pourtant pas sans espérance ; ils ne connaissent pas l’expiation, mais ils savent que quelqu’un qui a pu dire : « Mes iniquités m’ont atteint », a attendu patiemment et a été exaucé et délivré. Ils attendent, se confiant en la miséricorde de l’Éternel, quoique maintenant ils ne connaissent pas encore la paix. Leurs iniquités les ont atteints, en sorte qu’ils se demandent comment ils peuvent espérer en l’Éternel pour être délivrés. « Il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint » (Ps. 130, 4), et notre psaume assure aux fidèles que quelqu’un, qui était dans un abîme pareil à celui dans lequel ils se trouvent, a été délivré. Quand ils regarderont à Lui, ils jugeront leurs péchés dans cette lumière où ils verront Celui qui les a portés, et ils auront la paix ; mais le fondement de la paix est posé ici pour eux, en espérance. Un cœur accablé sous le poids de ses iniquités peut, en s’appuyant sur Lui, attendre la délivrance. La délivrance est trouvée, et quelque obscure que soit la lumière des fidèles, car elle le sera, le fondement de l’espérance est posé (comparez Ésaïe 50, 10, 11, qui décrit cet état, résultat pour le résidu de ce que Christ a été justifié et secouru). Mais ce n’est pas tout : le Messie se place dans Son association avec les saints : « Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu. Plusieurs le verront et craindront, et se confieront en l’Éternel ». « Bienheureux l’homme qui a mis en l’Éternel sa confiance, et ne s’est pas tourné vers les orgueilleux et ceux qui se détournent vers le mensonge ! ». Telles sont les pensées de Dieu envers nous (v. 5) !

Aux premiers versets, nous voyons Christ qui a attendu patiemment l’Éternel, exaucé et tiré hors du puits de la destruction et d’un bourbier fangeux. Je ne doute pas que le cœur de David n’ait chanté cela, mais il s’agit certainement ici non de lui, mais de Christ, dans l’intention de la prophétie. Ensuite, nous l’avons vu, Christ, quoique distinguant le résidu, s’identifie avec Israël. La louange de notre Dieu, dit-Il (v. 3) ; le résultat est que « plusieurs le verront, et craindront, et se confieront en l’Éternel ». Ce qu’ils ont vu agit sur les fidèles aux derniers jours et les encourage à se confier en l’Éternel ; ils peuvent s’attendre aussi à la délivrance ; plusieurs le feront. Sa prédication de la justice à la grande congrégation rassemble un petit troupeau ; Sa délivrance, en tant que Christ souffrant, sera bénie pour un grand nombre. « Qui m’a engendré tous ceux-ci ? » dira Sion en ce jour-là (És. 49, 21). Cette expression embrasse, peut-être, les dix tribus aussi ; toutefois, comme principe, une multitude de gens sera là présente et bénie, ce qui n’a pas eu lieu à la première venue du Christ : alors, Il a dû être, dans Son histoire et Ses souffrances personnelles, le méprisé et le rejeté des hommes.

Les pensées dont fait mention le verset 5, sont les pensées de l’Éternel pour bénir ; elles nous amènent à la pensée capitale, au centre et au fondement de tout, savoir à Christ venant pour faire la volonté de Dieu ; et maintenant nous pouvons pénétrer plus avant et comprendre mieux la valeur de l’accomplissement de cette volonté, ou ce qui est mieux encore, l’Esprit le fait pour nous. Après le verset 5, nous sommes placés beaucoup plus en présence de la fidélité de Christ, accomplissant cette volonté, accablé par les iniquités qui L’ont atteint dans Sa propre âme tel que nous le voyons en Gethsémané — mais en présence de la délivrance. La confession des péchés sur la tête de la victime, souvenons-nous-en, était autre chose pour elle que d’être mise à mort ou consumée : de même, lorsque Christ reconnaît ou confesse les iniquités dont Il se chargeait comme siennes, ce n’est pas porter la colère, ni être retranché de la terre des vivants. Quelque terrible qu’ait été pour Lui ce moment, comme nous le trouvons dans les évangiles — (et Il voyait à l’avance tout ce qui devait en résulter pour Lui) — ce qu’Il a fait alors, confesser les péchés, est tout autre chose que de porter la colère qui leur est due. Il faut que Son peuple, je ne dis pas imite Sa confession de péchés, mais s’empare de cette confession avec la conscience que les péchés qu’Il a confessés étaient les leurs ; et peut-être, jusqu’à ce que la grâce soit pleinement connue, auront-ils à le faire dans une profonde angoisse et une appréhension terrible de la colère à venir. C’est là — les afflictions extérieures à part — ce qui constitue l’analogie entre le résidu juif et le Seigneur : quant à la colère de l’expiation, nous savons qu’Il en a porté le poids, afin que nous n’ayons jamais à la souffrir.

Notre psaume nous présente donc Christ, selon les conseils éternels de Dieu, venu ici-bas pour accomplir la volonté de Dieu dans la nature humaine, se plaçant au milieu de la grande congrégation d’Israël, souffrant en conséquence profondément, descendant jusque dans le puits de la destruction ; mais Sa confiance en l’Éternel demeure ferme. Il L’a attendu patiemment ; Il a été délivré et un nouveau cantique a été mis dans Sa bouche. L’Éternel a entendu Son cri et L’a fait sortir du bourbier. C’est une leçon pour tout le résidu : Oh ! que bienheureux est l’homme qui a mis en l’Éternel sa confiance et ne s’est pas tourné vers les orgueilleux ! — Puis vient la suite des événements : les conseils de Dieu ont été merveilleux ; Christ vient pour faire la volonté de Dieu comme homme ; Il trouve Ses délices à la faire ; Il déclare la justice de Dieu devant tous. Mais Il est amené par là dans la plus profonde détresse ; des maux sans nombre L’entourent, et de plus, Ses iniquités (celles de Son peuple) L’atteignent ; mais la patience a son œuvre parfaite : Il est parfait et accompli dans toute la volonté de Dieu, et comme le psaume nous le montre au commencement, Il est délivré. Toutefois, ainsi que je l’ai déjà fait remarquer, le psaume annonce Sa fidélité, tout spécialement ; c’est pourquoi nous Le suivons jusqu’à l’accomplissement de l’épreuve, mais toujours sans qu’il en soit encore délivré. L’objet de Sa requête est que les méchants, étant trouvés Ses ennemis, soient retranchés, mais que les pauvres du troupeau soient rendus capables de louer, de s’égayer, et de se réjouir en l’Éternel. Qu’il est beau de voir Sa parfaite patience dans l’épreuve, afin que toute la volonté de Dieu soit accomplie, et de Le contempler cherchant la joie et la parfaite béatitude du pauvre résidu, mais prenant Lui-même la position de dépendance vis-à-vis de l’Éternel et Le priant d’intervenir comme Dieu. L’obéissance et la dépendance sont les deux traits caractéristiques de l’action de la vie divine dans l’homme à l’égard de Dieu.

On peut remarquer ici que le témoignage au milieu de la congrégation est clos lorsque « les maux sans nombre » L’atteignent. La préface du psaume parle du puits de la destruction quand Il en est déjà sorti, et nous apprenons en vue de quoi Il a été obéissant, mais le psaume ne fait pas mention de Sa mort. Le corps même du psaume nous Le présente dans la fidélité de Sa vie comme témoin, car Il est venu pour faire la volonté de Dieu, et nous montre les maux qui L’ont atteint à la fin, quand Il eut à porter le poids de l’iniquité de Son peuple. Le verset 4 applique au résidu, pour son instruction, et son encouragement, le résultat de la fidélité de Christ.

Avant de passer plus avant, je dirai quelques mots de l’expression du verset 6 : « Tu m’as creusé des oreilles ». Cette expression n’est pas la même que celle que nous trouvons dans l’Exode, au chapitre 21, où l’esclave a l’oreille percée avec une alène et attachée au poteau de la porte, afin qu’il devienne serviteur pour toujours. Ce n’est pas non plus l’expression dont se sert Ésaïe (chap. 50) pour nous dépeindre Son obéissance si entière et parfaite, comme serviteur, à la volonté de Son Père, qu’Il prête l’oreille chaque matin pour recevoir Ses commandements. Le sens du mot que nous trouvons ici, au psaume 40, est proprement que Dieu Lui a « creusé des oreilles », c’est-à-dire que Lui, Il a pris la position de serviteur. Mais, selon que nous enseigne l’épître aux Philippiens, chapitre 2, Il a pris cette position en se faisant homme ; c’est pourquoi l’Esprit accepte ici l’interprétation que les Septante donnent de ce passage : « tu m’as formé un corps » (voyez Héb. 10, 5). Comparez Jean 13 (qui répond, quant au temps, à Exode 21) ; Luc 12, 37 et 1 Corinthiens 15, 28.

Le psaume 41 nous montre le bonheur de l’homme qui a l’intelligence de cette position des pauvres du troupeau et qui s’y associe (comp. Matt. 5, 3 ; Luc 6, 20). Les paroles du psaume sont celles de l’un des fidèles du résidu souffrant — sans doute, l’expression de l’expérience propre du psalmiste. Nous avons devant nous un des psaumes auxquels Christ emprunte une expression pour montrer comment, au terme de Sa vie, lorsqu’Il a pris part aux souffrances du résidu, Il les a goûtées dans toute leur amertume. Cependant le pauvre est gardé dans l’intégrité et placé devant la face de l’Éternel. Le triomphe apparent des méchants est de courte durée.

Ainsi se termine le premier livre, dans lequel, comme ensemble, nous trouvons l’expérience du résidu avant qu’il soit chassé, ou au moins l’expérience de ceux qui ne seront pas chassés : le nom d’alliance de l’Éternel y est employé. C’est pourquoi nous y sommes initiés à la position de Christ, pour autant qu’Il vint et se plaça Lui-même au milieu des pauvres du troupeau sur la terre, et vécut dans la souffrance et l’intégrité, au milieu du mal : mais, comme je l’ai déjà observé, Il n’est pas personnellement le sujet du dernier psaume du livre, comme nous le fait voir le verset 4.

Comme nous l’avons dit aussi, les huit premiers psaumes forment une sorte d’introduction dans laquelle la scène tout entière se déroule devant nos yeux dans ses principes et ses résultats selon le conseil de Dieu : après quoi les psaumes 9 et 10 nous font connaître les véritables circonstances historiques des Juifs aux derniers jours. — Ainsi, au point de vue des faits historiques, l’état des Juifs aux derniers jours forme la base et le sujet de tout le livre, en même temps que nous apprenons de quelle manière Christ a pu s’associer à leurs souffrances et devenir par Son exemple un encouragement pour eux. Sa vie tout entière au milieu de la nation est passée en revue, et plus particulièrement à la fin, alors que, après avoir déclaré la justice de Dieu dans la grande congrégation, Il entra dans les profondes souffrances des dernières heures de Son passage sur la terre, s’avançant au-devant de l’abandon de Dieu. Cependant le sentier qu’Il suivait était pour Lui, et grâce à Dieu certainement pour nous, le sentier de la vie. Dans cette suite de psaumes, le psaume 40 offre cet intérêt particulier, qu’il nous montre non seulement l’histoire de Christ, Sa fidélité, mais la libre offrande qu’Il fait de Lui-même avant Son incarnation, pour accomplir tout ce que les conseils du Père exigeaient de Sa part ; — puis nous Le présente, attendant dans l’obéissance jusqu’à ce qu’il plaise à l’Éternel d’intervenir, après quoi Il chantera le cantique nouveau. La résurrection a été le témoignage solennel de l’intervention de Dieu, par laquelle, comme nous l’avons vu au psaume 22, Il a suscité ou plutôt créé ce cantique dans tant d’autres cœurs. Comme nous le voyons fréquemment ailleurs, les premiers versets (v. 1-3) nous fournissent le sujet même du psaume, ceux qui suivent tout ce qui a produit ce résultat, avec ceci de particulier qu’ici, le sentier a pour point de départ l’offrande qu’Il a faite d’abord de Lui-même pour accomplir l’œuvre.

Le lecteur remarquera aussi, dans le psaume 41, que nous avons signalé comme caractérisant le résidu, la reconnaissance du péché (v. 4) et la déclaration de l’intégrité (v. 12). Nous avons déjà dit que Christ a emprunté une expression de ce psaume qui montre, quoique le psaume ne traite pas directement de Lui, comment Il a pris la place à laquelle la teneur générale du psaume s’applique (Jean 13, 18). Les orgueilleux et les méchants pouvaient Le mépriser et Le fouler aux pieds, Lui, humble et débonnaire, et ce fait peut s’appliquer au résidu sous la discipline, mais ce qui est ici devant nous, c’est plutôt l’esprit de fausseté de ceux dans lesquels Il aurait dû se confier. La bénédiction est pour ceux qui, humbles et débonnaires sous le châtiment, comprennent les voies du Seigneur. L’homme humble regarde au Seigneur quand Sa main est sur lui. La portée du psaume est que ceux qui comprennent la position des pauvres avec lesquels l’Éternel a affaire et qui s’y associent, sont bienheureux. Christ a pleinement pris cette place, quoiqu’Il n’ait jamais été sur un lit de maladie.

Livre 2

Le second livre tout entier nous présente le résidu hors de Jérusalem, et la ville livrée à l’iniquité ; la relation d’alliance des Juifs avec l’Éternel est perdue, mais le résidu se confie en Dieu. Quand le Messie entre sur la scène, tout change. Le livre place aussi plus clairement devant nous l’exaltation de Christ dans les cieux comme moyen de la délivrance des fidèles, ainsi que Son rejet et Ses souffrances ici-bas. Il se termine par le règne millénaire du Messie dans la paix, sous la figure de Salomon. L’esprit de l’homme pieux est mis à l’épreuve par ces circonstances, et comme tout espoir de trouver dans le peuple quelque chose de bon est perdu, l’âme du fidèle est tournée plus complètement vers Dieu Lui-même et s’attache à Lui.

Le livre s’ouvre par le psaume 42. L’homme pieux s’était rendu avec la multitude à la maison de Dieu, mais tout cela est passé : il est chassé hors du pays et sa supplication monte depuis le pays du Jourdain et des Hermons, de la montagne de Mitsear ; toutes les vagues de Dieu ont passé sur lui. Quelle douleur, quelle chose effrayante de voir un ennemi en possession du sanctuaire, le nom de l’Éternel blasphémé et celui qui Lui était fidèle jeté dehors. Les Gentils, selon Joël, sont entrés avec puissance et se sont raillés de ceux qui s’attendaient à la fidélité de l’Éternel, disant : « Où est leur Dieu ? » (Joël 2, 17). Il y avait là, certainement, une épreuve terrible (il en a été ainsi de Christ, sur la croix, et bien plus encore, car Il a dit qu’Il était abandonné), car ce que Dieu était pour les fidèles, par la foi, était mis en question. Cette foi est précisément ce dont notre psaume est l’expression. Le cœur du fidèle soupire après Dieu : les bénédictions de l’alliance étaient perdues ; dès lors, ce que Dieu était en Lui-même n’en ressortait que plus puissamment et était apprécié de même. La détresse qui prédomine est exprimée dans ces mots : « Où est ton Dieu ? ». Mais si le saint n’est plus dans Jérusalem, Dieu est sa confiance. La foi dit : « Je le célébrerai encore, sa face est le salut ». Le cœur aussi peut en appeler à Lui, et sous le poids des outrages répétés espérer en Dieu Lui-même, qui sera le salut de la face de celui qui se confie en Lui. Au verset 5, on remarquera qu’il est parlé de la face de Dieu qui est le salut, et qu’au verset 11, Dieu devient le salut de la face de celui qui s’attend à Lui. Par la privation de toutes les bénédictions et l’exercice de foi qui s’y rattache, l’âme est rejetée entièrement sur Dieu ; Dieu Lui-même devient tout pour elle.

L’ennemi du psaume 42 est l’ennemi et l’oppresseur du dehors, le Gentil. Quoique ce ne soit, naturellement, que dans les circonstances et non dans les profondeurs de l’expiation, il est pourtant intéressant de constater l’analogie qui existe entre le verset 3 et ce que le Seigneur a dit sur la croix ; mais au psaume 43, qui forme comme un supplément du précédent, la nation impie, les Juifs, et l’homme trompeur et pervers, le méchant, sont devant nous — l’oppresseur gentil restant toutefois sur la scène (v. 2), car nous savons qu’ils seront tous deux présents alors. Le fait qu’il s’agit ici de la nation juive ramène davantage les pensées du résidu vers le retour à la montagne sainte, aux demeures de Dieu et à Son autel. Les versets 3 et 4 forment la base du livre.

Le psaume 44 nous présente un tableau complet et vivant de l’état de la nation, développé dans la conscience du résidu. Ils ont ouï de leurs oreilles ; la foi se repose dans le souvenir de toutes les anciennes glorieuses délivrances de Dieu, et elle se souvient comment Il a mis Son peuple en possession du pays par Sa puissance, non par la leur (v. 1-8). Les versets 9-16 sont l’expression de leur condition présente : ils sont rejetés et dispersés ; l’ennemi, le vengeur est au milieu d’eux ; ils sont dispersés parmi les nations, vendus par Dieu pour rien. Cependant ils ne se sont pas détournés de leur intégrité (v. 17-22) ; au contraire, c’est pour l’amour de Lui qu’ils sont mis à mort tout le jour et qu’ils sont estimés comme des brebis de tuerie[20]. Les versets 23-26 contiennent leur requête à Dieu pour qu’Il se réveille, afin de les délivrer à cause de Sa bonté. Le nom de l’Éternel n’est pas mentionné dans ce psaume, car les fidèles sont « dehors », loin de Jérusalem ; c’est de Dieu qu’il s’agit.

Le psaume 45 introduit le Messie sur la scène, et, avec Lui, un changement complet, comme nous allons le voir. La portée de ce psaume est si simple et si claire que, malgré tout son intérêt et toute sa force, il est presque superflu d’entrer dans beaucoup de détails à son sujet. Le Messie est là en jugement et prend possession du trône. Il avait déjà prouvé qu’Il aimait la justice et haïssait la méchanceté, qu’Il était propre au gouvernement. Il est salué Dieu : toutefois Ses disciples (le résidu) sont appelés « ses compagnons », tandis que Zacharie (chap. 13, 7), qui nous Le présente dans Son humiliation et frappé, L’appelle le compagnon de Jéhovah. Je pense que la reine (la femme), mentionnée au verset 9, est Jérusalem. Tyr et d’autres lui offrent des présents ; elle est reçue glorieusement « dans les appartements du Roi lui-même », car tel est, je pense, le sens de l’expression « dans l’intérieur » du verset 13. Elle est dans la relation la plus intime avec le Roi. Les vierges, ses compagnes, sont, je le suppose, les villes de Juda. La gloire d’Israël n’est plus celle des pères, mais la présence du Messie qui est venu accomplir les promesses, a éclipsé la gloire des anciens dépositaires de la promesse. Au lieu des pères, ils ont des fils qui seront établis pour princes dans tout le pays. L’entrée du Messie sur la scène, en gloire et en jugement, amène le triomphe complet de Jérusalem et du peuple juif et leur gloire au milieu des nations. Ce psaume est exclusivement rempli par le Messie, envisagé comme homme : Dieu est Son Dieu ; mais le Messie est Dieu.

Psaume 46. Maintenant que le Messie est apparu en gloire, le résidu peut célébrer ce que Dieu est pour Son peuple ; il peut Le célébrer avec la connaissance particulière qu’il a acquise de ce qu’Il a été pour lui au temps de la détresse. Il peut y avoir encore une attaque à subir, et en effet, selon la prophétie, je crois qu’il y en aura une. Mais comme le plein et entier effet de la venue du Messie en bénédiction est célébré dans le psaume 45, le psaume 46 en célèbre le grand résultat selon le gouvernement de Dieu. Le résidu fidèle a l’Éternel avec lui comme le Dieu de Jacob (v. 7), ici spécialement comme refuge et délivrance ; on en comprendra le pourquoi, après l’étude que nous venons de faire. Quand la terre tremblerait, que les montagnes se renverseraient, et que les eaux mugiraient et écumeraient, son peuple n’a rien à craindre : Dieu est avec lui. Ce n’est pas tout : Sa sainte ville sur la terre, le saint lieu où le Très-haut habite, les tabernacles de Dieu, sont réjouis par le fleuve qui, dans ces descriptions, ici et ailleurs, est l’image de la bénédiction, et qu’on retrouve avec la même signification, soit dans la Jérusalem céleste, soit dans la Jérusalem terrestre (dans Ézéchiel), soit dans le paradis, soit dans le croyant et dans l’Église qui invite celui qui a soif à boire l’eau de la vie. Même alors, ce fleuve réjouit la ville de Dieu ; Dieu est là — la plus sûre et plus excellente réponse à l’insultante question : « Où est ton Dieu ? » du psaume 42. La ville du Souverain ne sera pas ébranlée, mais sera secourue au lever du matin. Le verset 6 nous présente, avec une puissance magnifique, le grand résultat de l’intervention divine ; tout est décidé. Alors les fidèles disent : « L’Éternel des armées (Jéhovah Sabaoth) est avec nous » ; le Dieu de tout le peuple est la haute retraite de ce pauvre résidu (v. 7). Dans les versets 8 et 9, les saints invitent la terre à contempler les hauts faits de l’Éternel, la fin de l’impuissante rage des hommes et de tous leurs efforts, car Il sera exalté parmi les nations et par toute la terre. Que la foi soit tranquille et s’attende à Lui, et sache qu’Il est Dieu, comme le résidu de Jacob reconnaîtra avec joie que l’Éternel des armées, le Dieu de Jacob, est avec lui.

Le psaume 47 poursuit cette délivrance jusqu’à ses brillants résultats pour Israël, selon la gloire de Dieu sur la terre. L’Éternel est maintenant un grand Roi sur toute la terre (comp. Zach. 14) ; Il assujettit les peuples à Israël et Lui-même leur choisit leur héritage. Les versets 5 à 9 célèbrent ce fait avec un chant de triomphe, ainsi que la réunion, au peuple du Dieu d’Abraham, de ceux d’entre les nations qui maintenant reconnaissent Dieu. Il est spécialement le Roi d’Israël (le Roi du résidu), mais s’Il est tel, Il est Roi sur toute la terre. Dieu est magnifié dans ces versets, mais Il est le Dieu d’Israël : c’est la célébration de la partie terrestre de la gloire millénaire de Dieu, dont Israël, reconnu dans le résidu délivré, est le centre.

Le psaume 48 complète la série des psaumes qui nous occupent. L’Éternel est pleinement établi Roi d’Israël en Sion, qui est devenue maintenant la joie de toute la terre, la ville du grand Roi, et dans les palais de laquelle Dieu est bien connu comme une haute retraite. Les rois s’étaient assemblés ; ils avaient trouvé là un tout autre pouvoir que celui qu’ils imaginaient ; ils ont été étonnés, ils ont été troublés, et se sont enfuis consternés. La puissance de la mer a été brisée par le vent d’orient, et la main de l’Éternel y a été manifestée. Notre psaume nous reporte d’une manière admirable au commencement du psaume 44, où les saints, dans leur détresse, disaient : « Nous avons entendu de nos oreilles… l’œuvre que tu as opérée dans leurs jours » ; tandis que maintenant ils disent : « Comme nous avons entendu, ainsi nous l’avons vu dans la ville de l’Éternel des armées, dans la ville de notre Dieu » (v. 8). Ils ne s’expriment pas maintenant comme au psaume 42 : « J’allais avec la foule… il me souvient de toi depuis le pays du Jourdain… », mais dans une douce paix que rien ne peut troubler, ils disent : « Ô Dieu ! nous avons pensé à ta bonté, au milieu de ton temple » (v. 9). Ils s’étaient confiés au nom de Dieu ; maintenant ils célèbrent Ses louanges selon ce nom : Il est entré sur la scène en puissance. Sa louange s’étend jusqu’aux bouts de la terre ; Il invite la montagne de Sion à se réjouir à cause de Ses jugements avec la certitude bienheureuse que ce Dieu est leur Dieu pour toujours et à perpétuité, et sera leur guide jusqu’à la mort (v. 11 à 14). La bénédiction est terrestre, et la mort, « le dernier ennemi », n’est pas détruite.

Le psaume 49 est une espèce de conclusion morale pour tous, fondée sur ces jugements de Dieu. Prospérité, gloire mondaine, tout ce dont l’homme s’enorgueillit, tout cela n’est que vanité. L’homme s’attend à durer, il donne son nom à sa terre, il bénit son âme et il est loué de sa prudence et de sa sagesse parce qu’il s’est fait du bien ; mais le moment vient où « ils gisent dans le shéol comme des brebis ». L’homme du monde espère toujours, mais il doit quitter le monde au milieu duquel il était grand ; sa mémoire, qui dure, ne sera rien pour lui et une déception pour d’autres. La puissance de Satan est pour cette vie-ci, il n’y a plus après elle lieu à tromperie. L’homme qui est en honneur et qui n’a point d’intelligence est semblable aux bêtes qui périssent, mais le résidu fidèle se confie en Dieu, son âme sera rachetée de la puissance du shéol. Dieu le prendra. La préservation sur la terre ou la bénédiction céleste sont ici un peu dans le vague. L’attente immédiate des fidèles serait plutôt d’être gardés en vie, mais elle assure à ceux qui seront mis à mort l’espérance la plus entière. Il en est de même dans Luc 21, 19 (Ktêsasthe tas psychas umôn) et dans Matthieu 24, 13. Ici aussi, le vague est intentionnellement maintenu.

Nous entrons maintenant sur un autre terrain, et nous trouvons au psaume 50, le jugement de Dieu sur le peuple — l’Éternel, le Dieu fort, appelle la terre à comparaître — puis au psaume 51 la confession du péché dont le peuple s’est rendu coupable en mettant Christ à mort. L’introduction du psaume 50 est de toute beauté ; elle exige du reste peu d’explication. Remarquez seulement que les deux premiers versets forment la thèse du psaume, développée dans les versets qui suivent. Il appelle les cieux en haut et la terre comme témoins de sa justice, mais le jugement est spécialement celui du peuple. Aux versets 5 et 6, Dieu prend en main la cause du résidu ; Il reçoit et rassemble Ses saints (ou pieux ; khasidim, en hébreu) qui sont entrés maintenant en alliance avec Lui sur le sacrifice. C’est, je suppose, avec la pensée qu’ils porteront leurs regards vers Christ, Celui qu’ils ont percé, que ces choses sont exprimées. Quoique Dieu soit en résultat établi en Sion, les cieux interviennent pour la manifestation de Sa justice, et cette manifestation est distincte de Son jugement, remarquez-le. Tout ceci est une mise en scène et n’est pas en soi-même le jugement de Dieu. Lui resplendit au milieu de toute cette scène, je n’en doute pas, mais d’une manière particulière ; nous pouvons dire que cela a lieu dans Ses saints glorifiés (naturellement avec Christ Lui-même), et si pleinement, qu’ils jugeront la terre. Il ne s’agit pas ici de jugements providentiels par des causes secondaires ; Dieu Lui-même est juge maintenant, et c’est pourquoi Il rassemble Ses saints aussi. Au verset 7, le peuple est jugé. Dieu n’a pas besoin de sacrifices, Il veut la justice, et ne veut pas la méchanceté, ni non plus maintenant que les méchants demeurent au milieu de Son peuple. Nous retrouvons les mêmes choses aux chapitres 48 et 57 d’Ésaïe. L’homme estime que Dieu est semblable à lui, mais Il l’en reprendra et mettra tout en ordre en Sa présence (v. 21) ; ceci est le jugement de Dieu.

Le psaume 51 est la vraie confession des fidèles du résidu : ils sont entrés pleinement dans la pensée de Dieu (voyez v. 16). Il y a une vraie et complète humiliation devant Dieu pour le péché, et pourtant de la confiance en Lui. La vraie foi du peuple de Dieu s’attend à Lui pour qu’Il purifie et délivre. Le péché tout entier du cœur et de la nature est reconnu et le crime horrible de la mort de Christ confessé (v. 14) ; l’humiliation est acceptée, mais avec le sentiment que la purification de Dieu est parfaite. Il crée aussi un cœur pur. Le résidu demande à Dieu que l’esprit de Sa sainteté, dont Aggée dit qu’Il a demeuré avec eux après tous leurs péchés (Agg. 2, 5), et en dépit de la captivité de Babylone, ne soit pas ôté du milieu de lui, et qu’il ne perde pas le sentiment de la présence de son Dieu. Quelques personnes trouvent ici une difficulté que je ne vois pas. Les saints de l’Ancien Testament n’ont pu faire aucun bien que par l’Esprit Saint ; et si cet Esprit leur était retiré, toute leur joie et leur bonheur s’évanouiraient et feraient place aux ténèbres : c’est ce que le fidèle appréhende ici. Il ne peut y avoir de doute sur ce fait que l’Esprit a été avec les saints de l’Ancien Testament ; la seule question est de savoir s’Il était présent avec eux de la même manière et s’Il a habité en eux en vertu de l’œuvre et de la gloire de Christ, les unissant à un Chef (Tête) ressuscité dans le ciel. Ceci, naturellement, ne pouvait être. L’œuvre n’était pas encore accomplie, l’homme Jésus n’était pas encore entré dans la gloire. Le Nouveau Testament est très explicite à cet égard. Le Saint Esprit n’était pas encore (Jean 7, 39), mais il fallait qu’Il opérât en eux et avec eux, car tout ce qu’il y a de bien vient de Lui. Toute activité de Dieu dans la créature est par l’Esprit, comme, lors de la création, Il se mouvait sur la surface des eaux. Or Il opère spécialement dans les cœurs des hommes pour y être la source et la puissance de toute activité et de toute joie, comme nous le voyons dans les prophètes et chez d’autres. Un saint qui a l’intelligence de sa position ne pourrait maintenant tenir le langage du verset 11 ; il sait que Dieu ne lui retirera pas Son Esprit. Peut-être, dans son angoisse, s’exprimera-t-il ainsi, et avec un cœur vrai ; — et Dieu dans Sa miséricorde l’entendra, mais il n’aura pas parlé avec intelligence. — Cette repentance d’Israël, comme nous l’apprenons par l’enseignement invariable des Écritures (voyez Act. 3, 19), est le chemin qui conduit à la bénédiction de Sion. Dieu recevrait-Il leurs sacrifices ?

Dans les deux psaumes qui viennent de nous occuper, nous avons trouvé le jugement séparatif en Israël en rapport avec la méchanceté, le péché contre l’Éternel, un jugement qui est la vraie délivrance pour le résidu ; puis (lorsqu’Il est apparu) la pleine confession, celle même d’être coupable du sang du Sauveur. Pour ce qui est des circonstances, ces deux psaumes complètent l’exposé de la scène tout entière que nous avons devant nous, et qui forment la base de tout le livre.

La série de psaumes, qui commence avec le psaume 52, vient (comme nous l’avons vu ailleurs) fournir et développer l’expression des sentiments qui conviennent au résidu au milieu de ces circonstances ; par conséquent elle ne nous présente pas autant l’épreuve et les souffrances de celui qui se trouve au milieu du mal, que celles qui l’accablent par le fait qu’il voit le mal dominer et prévaloir dans le lieu même qui appartient à l’Éternel. De là vient aussi que ces psaumes sont généralement adressés à Dieu et au Très-haut, le Dieu de la promesse, et non pas à l’Éternel, le Dieu des bénédictions de l’alliance, car les fidèles sont loin du lieu de ces bénédictions ; chaque fois qu’il en sera autrement, nous aurons soin de le faire remarquer. Après que toutes ces souffrances ont été développées, provoquant les soupirs vers la délivrance, nos regards sont dirigés sur la position en vertu de laquelle le Christ qui a souffert une fois en Israël, et qui est exalté en haut, pouvait secourir et délivrer Son peuple. Tout ceci s’applique au résidu, comme la dernière requête de David souffrant et fatigué de jours, et caractérisant la position d’Israël lui-même à la fin, aboutit au règne millénaire de Christ sous la figure de Salomon.

Au psaume 52, nous trouvons la foi en face de la puissance du méchant, puissance qui est devant le juste. « La bonté de Dieu subsiste ». Dieu détruira l’orgueilleux et le trompeur, mais les justes demeureront. Le psaume nous rappelle Shebna, non pas les ennemis du dehors, ni même la Bête, mais au-dedans, au milieu d’eux, l’Antichrist lui-même dans sa puissance.

Le psaume 53 nous présente les méchants en général, toute la masse du peuple, sauf ceux que la grâce a mis à part. Ce sont les mêmes paroles que nous trouvons au psaume 14, mais ici nous avons le nom de Dieu au lieu de celui de l’Éternel, parce que le résidu est loin du lieu de l’alliance. C’est pourquoi nous n’avons pas ici Dieu au milieu de la génération juste (Ps. 14, 5), mais la confusion complète de ceux qui campent contre elle — le jugement public des ennemis extérieurs (Ps. 53, 5). Ceux qui sont saisis de frayeur, sont les Juifs impies (voyez És. 33, 14 ; 8, 12 et 10, 24) ; au psaume 14, ils méprisaient l’affligé qui se confiait en l’Éternel ; ils étaient extérieurement ensemble. Maintenant il en est autrement : au lieu de l’impie orgueilleux accablant le pauvre du troupeau, nous trouvons Dieu dispersant ses ennemis, et alors nous trouvons le désir que le salut complet (les saluts) d’Israël, et non pas seulement le jugement des ennemis du dehors, vienne de Sion. La puissance qui vient du ciel et détruit l’oppresseur sans foi, est une chose distincte de l’établissement du résultat en Sion, de la puissance qui appartient à l’alliance, conformément à la promesse.

Le psaume 54 est le cri du juste demandant à Dieu de le délivrer selon la valeur de Son nom, qui est le motif de sa confiance. Le double caractère des ennemis est mentionné : les étrangers sont les ennemis du dehors et les hommes violents sont ceux du dedans qui cherchent la vie du pauvre. Quand la délivrance vient, alors le nom de l’Éternel est introduit (v. 6 et 7). Le nom de Dieu est la révélation de ce qu’Il est : c’est là ce qui fait le fondement de la confiance. Le nom de l’Éternel, le nom du Dieu de l’alliance, sera célébré quand le peuple retournera au lieu où il est en relation avec Lui.

Le psaume 55 est une description effrayante de la méchanceté dans Jérusalem. Celui qui parle est hors de la ville, mais il a fait l’expérience de cette méchanceté par la trahison de ses plus chers amis. Dieu est sa ressource : l’Éternel sauvera. Il regarde en arrière, je pense, vers tout ce dont il a fait l’expérience à Jérusalem. Jour et nuit la méchanceté faisait le tour de ses murailles ; la méchanceté, la tromperie et la fraude étaient au milieu d’elle, et ne s’éloignaient pas de ses places. Il se serait volontiers enfui loin de tout cela. L’ennemi est au-dehors, le méchant au-dedans ; ils accusent le juste de méchanceté et l’ont en parfaite haine ; mais ce qui lui est le plus dur, c’est la perfidie sans cœur de ceux du dedans, de ceux avec lesquels il avait été de compagnie à la maison de Dieu. Toutefois sa confiance est en Dieu, car où chercherait-il du secours ailleurs ?

Psaume 56. Ce psaume est l’expression du sentiment de l’ardente et infatigable inimitié des méchants, mais Dieu recueille les larmes de l’homme pieux. Dieu est reconnu comme le Très-haut : Son titre en rapport avec la promesse, non pas avec l’alliance. Son nom d’alliance est l’Éternel, et ici le résidu est loin de Jérusalem : — mais la Parole de Dieu est une sûre retraite. Elle apporte la vérité de Dieu à l’âme comme fondement de sa confiance, et renferme toutes les expressions de Sa bonté, de Ses voies, de Sa fidélité, et aussi de Son intérêt pour Son peuple. C’est pourquoi le fidèle n’a aucune crainte de l’homme (v. 11). L’âme du juste était délivrée de la mort ; il s’était échappé et avait fui, et maintenant il s’attend à Dieu pour qu’Il garde ses pieds de broncher afin qu’il marche devant Lui dans la lumière des vivants. Comme expression des sentiments de celui qui, chassé de Jérusalem, est éprouvé, et qui échappe, ce psaume a une place bien distincte au milieu des autres : il a en vue, particulièrement, le mal et la marche au milieu du mal de celui dont les pieds sont gardés parce qu’il s’appuie sur la Parole.

Le psaume 57, quoique s’adressant à Dieu dans le même esprit, au milieu des mêmes circonstances, et sous le même nom, est davantage l’expression de la confiance en Dieu comme refuge du fidèle. Les ailes de Dieu sont un abri jusqu’à ce que les calamités soient passées, et le fidèle attend sa complète délivrance de l’intervention glorieuse de Dieu qui mettra fin à son affliction. Dieu a envoyé des cieux et a sauvé (v. 3). C’est pourquoi la fin de ce psaume est plus triomphante que celle du précédent. « Je te célébrerai parmi les peuples, ô Seigneur ! je chanterai tes louanges parmi les peuplades ; car ta bonté est grande jusqu’aux cieux, et ta vérité jusqu’aux nues » (v. 9, 10). Le fidèle attend que Dieu s’élève publiquement au-dessus des cieux et que Sa gloire soit au-dessus de toute la terre. Il n’y avait point de secours sur la terre auquel il pût s’attendre ; mais il est ainsi rejeté plus complètement sur Dieu, et amené par là à une confiance plus entière en Sa protection et en la manifestation finale de Sa puissance pour le délivrer. Il en est toujours de même. Le Dieu Très-haut « a envoyé des cieux » ! Combien ceci dirige en haut les regards du résidu et le lie à une délivrance céleste. Ensuite, l’Éternel est loué.

Psaume 58. Toute justice se tait en Israël. Les méchants étaient méchants et rien d’autre. L’homme pieux attend que le jugement tombe sur eux, car « si l’on use de grâce envers le méchant il n’apprend pas la justice ; dans le pays de la droiture, il fait le mal » (És. 26, 10). C’est des mêmes hommes que David dit qu’on ne les prend pas avec la main, mais que l’homme qui les touche se munit d’un fer ou d’un bois de lance (2 Sam. 23, 6, 7). C’est pourquoi le juste attend le jugement, comme le seul moyen possible d’ôter le mal, selon le propre jugement de Dieu, car il avait montré une patience parfaite à l’égard des méchants, mais lorsque la main de Dieu Lui-même est élevée contre eux, ils ne voient point (És. 26, 11). La vengeance pour la délivrance viendra, « et l’homme dira : Certainement, il y a un fruit pour le juste, certainement il y a un Dieu qui juge sur la terre » (v. 11). « Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice » (És. 26, 9). Ces terribles événements établissent le gouvernement et le juste jugement de Dieu sur la terre. La grâce nous a tirés hors du monde, nous chrétiens ; nous ne sommes pas du monde, comme Christ n’était pas du monde. Quant à notre délivrance, même du milieu des souffrances, Christ viendra et nous retirera hors du mal, en sorte que nous n’avons en aucune manière à chercher la destruction de nos ennemis ; mais, pour le résidu persécuté, il n’y a pas d’autre délivrance que par cette destruction : c’est pour eux la seule délivrance promise, qui en même temps, établit le gouvernement de Dieu sur la terre.

Le psaume 59 envisage plutôt les ennemis extérieurs. La même méchanceté se retrouve chez eux, mais la force du pouvoir humain est avec elle ; il faudra qu’ils passent sous le jugement eux aussi, afin que la méchanceté soit ôtée. Ce n’était pas le péché d’Israël contre les Gentils qui avait attiré sur le peuple l’oppression de leur part (bien que Dieu puisse châtier le peuple parce qu’il a péché contre Lui, en sorte que Dieu soit justifié) ; c’est pourquoi le résidu fidèle attend l’intervention de l’Éternel pour juger ces ennemis, et Lui jugera toutes les nations. Elles ne sont pas détruites, mais dispersées ; toutefois, pratiquement, comme puissance, elles sont consumées, et beaucoup d’entre elles sont mises à mort. Ce psaume ne fait aucune mention d’un rétablissement de la bénédiction ; il s’agit ici de jugement, et d’un jugement qui se continue et n’est pas terminé. Ce jugement des ennemis orgueilleux et méchants sera poursuivi : quoique dans leur rage ils s’élèvent jusqu’au comble de la méchanceté, ils seront retranchés et consumés. Toutes les nations passeront sous ce jugement, mais particulièrement, je pense, la puissance apostate poussée par Satan, partiellement peut-être le roi du chapitre 8 de Daniel. On remarquera que, dès que la position du peuple est envisagée en contraste avec les nations, le nom de l’Éternel est introduit. L’invocation personnelle est faite encore au nom de Dieu, car le peuple est encore loin de Jérusalem (voyez v. 3, 5, 8 pour le nom de l’Éternel ; et les v. 1, 9, 10, 17 pour l’invocation personnelle). Le résultat de l’intervention de Dieu, c’est que Dieu domine en Jacob jusqu’aux bouts de la terre. Les versets 14 et 15 sont, je pense, une sorte de défi : que les nations entourent la ville comme des chiens affamés, le croyant chantera la puissance de Jéhovah ! La scène se passe à la fin de la tribulation.

Ce psaume nous fait connaître une autre phase de la relation d’Israël avec le Messie, et nous montre comment David devint entre les mains de Dieu un instrument propre à dire les souffrances du Messie et du résidu. « Ne les tue pas, de peur que mon peuple ne l’oublie »[21] (v. 11) : ce n’est pas le langage du roi, comme tel, mais celui de l’Éternel. Le seul cas où cette expression : « mon peuple », soit employée, se trouve en 2 Samuel 22, 44 et au psaume 18, 43, où c’est Christ qui parle. Mais lorsque Christ est né, Il est appelé Jésus, car Il sauvera Son peuple de leurs péchés (Matt. 1, 21). Jésus a été la manifestation personnelle de ce qui était dit de l’Éternel : dans toutes leurs afflictions, Il a été affligé, comme Ésaïe nous le montre au chapitre 63. C’est l’Éternel qui « apprend la langue des savants », selon Ésaïe 50 ; en sorte que là où les paroles : « mon peuple » ne sortent pas directement de la bouche de l’Éternel, ce qui arrive fréquemment, elles sont l’expression des sentiments de Christ s’associant en sympathie aux souffrances d’Israël, mais selon l’amour de l’Éternel pour Son peuple. Ce sont Ses sympathies comme homme, sans doute, car comment eût-Il pu souffrir autrement ; mais cependant celles de l’Éternel Lui permettent de sympathiser parfaitement aux souffrances d’Israël. Ainsi Il pleure sur Jérusalem, disant : « Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants ! ». Mais c’était l’Éternel. C’est pourquoi, bien qu’Il puisse dire « notre bouclier » parce qu’en grâce Il prend place au milieu des enfants, cependant, en disant : « notre », Il donne à la requête toute la valeur et l’excellence de Sa propre personne. Le « je » et le « moi » peuvent être souvent l’expression des sentiments de quelqu’un des fidèles du résidu, mais quand nous rencontrons des expressions comme celle-ci « mon peuple », nous nous trouvons, cela est bien clair, en présence d’un personnage qui est dans une autre position. Il ne s’agit pas de David seulement, qui dit toujours, comme Moïse, à l’Éternel : « ton peuple », ce qui est parfaitement à sa place, mais il s’agit de quelqu’un qui, dans quelque affliction que ce fût, pouvait dire comme l’Éternel — prophétiquement : — « mon peuple », entrer dans toutes leurs afflictions, et demander avec justice que Dieu intervînt en jugement. — Je pense que, quoique les ennemis soient ici les nations, l’intimité de ces nations avec les méchants d’entre les Juifs et leur alliance avec eux ressortent clairement de ce passage, comme en Ésaïe 66 : ils sont fondus ensemble en un seul système et dans une même condition de méchanceté.

Au psaume 60, le résidu reconnaît que Dieu l’a rejeté ; son seul espoir est que Dieu se retournera de nouveau vers lui. C’est ici ce qui constitue la justice d’Israël comme nation : nulle recherche d’un autre secours, nul esprit de rébellion ; mais l’acceptation de la punition de leur iniquité. Aussi Dieu a placé Sa bannière en Israël ; Il est leur Jéhovah-Nissi. Ils regardent maintenant vers Lui, et la fin du psaume nous montre Dieu, affirmant Son droit au pays de la promesse. La victoire sera donnée à Israël par Lui.

Psaume 61. Le caractère principal de tous ces psaumes, c’est la confiance en Dieu alors que tout est contre l’homme pieux. Plus les circonstances sont contraires, plus la confiance est absolue, mais Christ brille au travers de tout, prenant la place du juste sous la dépendance de Dieu. Il est vraisemblable qu’un grand nombre des psaumes de ce livre ont été composés par David quand il fuyait devant Absalom. Cette confiance qui fait appel à Dieu est exprimée spécialement dans le psaume 61. Nous n’avons pas ici une requête du juste contre ses ennemis, mais le juste succombant sous le poids du sentiment qu’il est rejeté, le juste criant à Dieu du bout de la terre, le cœur accablé par un déluge de maux, et attendant que Dieu le conduise sur un rocher trop haut pour lui, afin de le délivrer. Sa confiance est alors rétablie. Il se confie en un Dieu connu, quelles que soient ses souffrances du moment. Le verset 5 est l’expression de la certitude présente qu’il a d’avoir été entendu. Ses vœux sont parvenus jusqu’aux oreilles de Dieu ; — une pleine bénédiction repose sur lui et sous cette bénédiction il acquittera ses vœux. Au verset 6, il est évidemment question de David, quant à l’occasion, mais nos regards sont dirigés, je pense, vers quelqu’un de plus grand que David et vers la vie dans laquelle Il est entré à perpétuité comme homme. Quoique le résidu pieux soit loin de Jérusalem, succombant sous le poids de l’affliction de son âme, le fait que le roi s’est trouvé dans la même position, encouragera les fidèles et affermira leurs cœurs ; son cantique deviendra le leur, et, qu’il l’ait chanté lui-même, sera leur consolation, lorsqu’ils auraient pu être accablés sous le désespoir. Bien que le fait que le résidu est chassé de Jérusalem soit l’occasion de notre psaume, et soit senti par les fidèles, ce psaume n’a pas en vue la méchanceté, mais la faiblesse de la nature, quand le cœur de l’homme est prêt à succomber.

Le psaume 62 est encore davantage l’expression de la confiance. Ce n’est plus le cri d’un cœur accablé, mais le regard s’élève librement en haut, en sorte que le cœur est en paix. L’âme s’attend à Dieu ; elle n’a rien que Lui, mais elle ne désire rien d’autre ; elle attend, et dit aussi : « Jusques à quand ? » (v. 3). Dieu interviendra certainement au temps convenable ; alors on connaîtra à qui la puissance appartient. Ce psaume est l’expression des sentiments personnels de chacun des saints du résidu. « Jusques à quand vous jetterez-vous sur un homme ? ». Quel est le but de ceux qui consultent ensemble contre lui… ? Pourquoi le haïssent-ils et cherchent-ils traîtreusement à le précipiter de son élévation, du lieu de bénédiction dans lequel Dieu a placé les fidèles en Israël ? Mais tout ceci, je n’en doute pas, a une application particulière à Christ comme à Celui qui a été réellement dans cette position et contre lequel ils ont mis en œuvre toute leur méchanceté pour Le faire déchoir de Son élévation. C’est Lui aussi qui invite le peuple (juif) à mettre Sa confiance en Dieu, à répandre son cœur devant Lui, et qui, se plaçant avec les fidèles dans cette position, ne trouve pas seulement pour Lui-même Son refuge en Dieu, mais peut dire : « Dieu est notre refuge » (v. 7, 8). En disant « mon refuge », Il nous montre qu’Il possédait réellement cette retraite ; mais ces « maskilim » (les intelligents, et par-dessus tout, Lui, le vrai intelligent) en instruiront plusieurs et en amèneront plusieurs à la justice[22]. Les peuples sont invités à ne pas mettre leur confiance en ceux qui sont grands et usent d’oppression et de rapine, mais à Celui à qui appartient la force et auprès de qui est la bonté. Ils peuvent se confier en Lui comme en un Dieu de justice et vivre justement, n’étant pas séduits par la prospérité des méchants, car Adonaï « rendra à chacun selon son œuvre ». C’est le désir qu’ont les méchants de jeter par terre les pauvres du troupeau qui est l’occasion de ce psaume, parce qu’après tout, les méchants ont le sentiment que l’excellence de Dieu est avec ceux-ci et avec Christ particulièrement. Mais il est aussi l’expression de la foi du fidèle et un avertissement pour le peuple de se confier en Dieu et non pas dans les grands de la terre. Ceux-ci sont élevés sur la terre, mais la vraie grandeur de la part de Dieu est avec Christ, et avec ceux qui marchent ainsi dans la crainte de Dieu et l’obéissance à la voix de Son serviteur.

Psaume 63. Si le psaume 61 était le cri d’angoisse, et l’encouragement à s’abandonner à Lui, le psaume 63 nous présente le désir du fidèle, toujours chassé et éloigné du sanctuaire — (quant à nous, nous pouvons parler ainsi du ciel, car nous y avons vu, par la foi, la force et la gloire) — mais ayant pour portion, par la foi en la gratuité elle-même, des chants de louange, même dans le désert, avec de la moelle et de la graisse pour se rassasier. C’est un psaume admirable à ce point de vue, parce qu’il nous montre comment la connaissance de Dieu engendre la louange dans l’âme, pour tous les temps. — Deux choses sont mises en avant : d’abord, parce que la bonté de Dieu est meilleure que la vie, les lèvres du fidèle Le loueront, quoique la vie dans le désert soit une vie de douleur ; ensuite, parce que Dieu a été son secours, il chantera de joie à l’ombre de Ses ailes. Le verset 8 nous en montre le résultat pratique : l’âme du fidèle s’est attachée étroitement à Dieu et Sa droite l’a soutenue. Elle désire voir Sa force et Sa gloire (comme elle L’avait contemplé dans le lieu saint) ; elle est rassasiée comme de moelle et de graisse, et se réjouit ainsi, même dans les veilles de la nuit, lorsque loin des excitations du monde, elle est livrée à elle-même. Ceux qui cherchent la vie du juste pour la détruire, s’en iront dans le hadès, mais le roi se réjouira en Dieu. Ceux qui confessent Son nom s’en glorifieront, mais la bouche de ceux qui parlent faussement et se sont détournés de Lui, sera fermée. C’est encore le roi qui parle et le psaume s’applique à Christ Lui-même beaucoup plus qu’au résidu. Quant à Lui il a désiré voir la gloire de laquelle Il était descendu ; pour le Juif cette gloire était dans le temple ; pour nous, elle nous a été révélée en Christ, et nous la voyons, par la foi, dans le lieu saint où Il est entré.

Il y a une différence entre ce psaume et le psaume 84 : dans ce dernier, nous trouvons le désir de retourner de nouveau dans le sanctuaire pour le visiter ; au psaume 63, c’est la soif de Dieu Lui-même ; là, les tabernacles de l’Éternel, d’un Dieu d’alliance, sont aimables ; ici, Dieu Lui-même est un rassasiement de joie lorsqu’il n’y a point de tabernacles à visiter. Ceci est d’un profond intérêt moral[23].

Le psaume 64 parle principalement de l’incessante et artificieuse inimitié de l’ennemi, et fait requête à Dieu : « Dieu tirera sa flèche contre eux » (v. 7). Ce jugement aura pour conséquence que tous les hommes craindront, raconteront les actes de Dieu et considéreront Son œuvre. Alors, car le jugement sera venu, le juste se réjouira en l’Éternel : Son nom d’alliance est maintenant mentionné, le jugement ayant ôté la puissance du mal. Ceux qui sont droits de cœur se glorifieront : le jugement introduit ainsi le millénium.

Les psaumes 65 à 67 nous présentent la pleine et joyeuse confiance du fidèle qui sait être entendu, et compte sur la bénédiction, quoiqu’il n’y soit pas encore actuellement placé, tandis que jusqu’ici nous nous sommes trouvés en présence de la puissance du mal ou des supplications adressées à Dieu par ceux qui s’attendent à Lui.

Néanmoins les portes de la louange ne sont pas encore ouvertes au psaume 65 ; la louange se tait dans Sion, mais pas à toujours, car les vœux seront accomplis. En attendant, si la louange se tait encore, Dieu écoute les prières et toute chair viendra jusqu’à Lui. Il y a pleine confiance ! Quant à l’état actuel du peuple et du résidu — le résidu seul, au fait, a conscience de sa position — les iniquités ont prévalu contre eux ; mais la confiance demeure inébranlable, Dieu en fera la purification. Bienheureux est l’homme qu’Élohim a choisi — car tout est grâce — et qu’Il aura fait habiter dans Ses parvis : ils seront rassasiés des biens de Sa maison ; ils en ont l’assurance et leurs cœurs sont satisfaits. Au verset 5, il est fait mention du jugement qui intervient en faveur du résidu pour introduire la bénédiction : « des choses terribles de justice ». La fin du psaume célèbre les bénédictions de la terre quand Dieu interviendra ainsi en faveur de Son peuple. Les fidèles, qui portaient encore le fruit de leurs péchés hors de Sion, sont amenés maintenant à ses portes, et, encore que la louange se taise dans Sion, sont prêts pour cette louange. Dieu n’a qu’à intervenir en jugement et en délivrance ; alors la louange s’éveillera. Élohim fera ces choses, Lui qui seul bénit et gouverne toute la terre.

Le psaume 66 célèbre cette intervention de Dieu en justice. Les hommes sont invités à contempler les œuvres de Dieu (v. 5), de ce même Dieu qui a autrefois délivré Israël de l’Égypte (v. 6). Le verset 8 invite tous les peuples qui ont été mis en relation avec Dieu, à bénir le Dieu du résidu, c’est-à-dire d’Israël. Les fidèles avaient eu à traverser toutes sortes d’afflictions et d’oppression afin d’être éprouvés comme l’argent (v. 9-12) ; maintenant ils viendront à Lui et Le loueront. Ils avaient crié à Lui, ils avaient été droits, ils avaient été exaucés et avaient trouvé grâce ; leur prière n’avait point été rejetée et la bonté de Dieu ne s’était point détournée d’eux. C’est ainsi qu’après les souffrances (souffrances qu’ils reconnaissent maintenant comme le fruit des voies et de la main puissante de Dieu envers eux), il s’est élevé une lumière pour les justes, dans l’obscurité ; ils peuvent acquitter les vœux faits au temps de leur détresse, et dire à d’autres la bienheureuse et assurée délivrance du Seigneur qui prend soin des justes et a, en vérité, entendu leur cri. Toutefois, c’est une délivrance par des actes terribles de justice de la part de Dieu, manifestant Son intervention en jugement dans le gouvernement de ce monde. Nous voyons ici, comme dans beaucoup d’autres psaumes, et bien qu’un passereau ne tombe pas en terre sans sa volonté, que c’est dans le résidu juif que Dieu manifeste Son gouvernement du monde, de même que c’est de ce résidu, comme le montrera le psaume suivant, que découle la bénédiction de la terre.

Le psaume 67 termine cette courte série de psaumes en exprimant l’attente de la bénédiction du résidu, non pas seulement comme la juste et miséricordieuse réponse à la requête des fidèles, mais comme le moyen de répandre la connaissance de Dieu par toute la terre. « Que Dieu use de grâce envers nous,… pour que ta voie soit connue sur la terre » ; ainsi tous les peuples célébreront Dieu et la terre sera jugée et gouvernée avec droiture. Elle donnera son fruit, la bénédiction de Dieu sera sur elle, et, comme Dieu du résidu pieux qui s’est confié en Lui, Il bénira les fidèles. Le résultat est résumé dans le dernier verset : « Dieu nous bénira et tous les bouts de la terre le craindront », car la repentance d’Israël est le moyen de bénédiction, une vie d’entre les morts pour le monde (Rom. 11, 15).

Psaume 68. Ce psaume fait suite aux précédents, car il célèbre l’introduction d’Israël dans la position que ceux-ci nous ont dépeinte ; mais il a un caractère particulier et forme un tout en lui-même. Il rappelle tout d’abord les paroles que Moïse prononçait au départ de l’arche, lorsque le camp d’Israël s’ébranlait dans le désert sous la conduite de Dieu, la nuée s’élevant et marchant devant lui. Il en est de même maintenant. Dieu prend place devant Son peuple. Le psaume s’ouvre avec une grande majesté : « Que Dieu se lève, que ses ennemis soient dispersés » ; comme de la cire devant le feu, les méchants périront devant Lui. Que les justes se réjouissent et exultent en Sa présence et qu’ils tressaillent de joie, car Il apparaîtra pour la confusion du fort qui s’oppose à Lui, et pour la gloire du pauvre qui marche dans la justice. Ceci met clairement en relief l’intention de notre psaume ; mais, si nous lisons plus loin, nous y trouvons de plus un magnifique développement du caractère de Celui qui intervient ainsi : Il est le Père des orphelins, le juge des veuves ; Il fait habiter en famille ceux qui étaient seuls, mais les rebelles demeurent dans une terre aride. Le jugement est la vraie et miséricordieuse délivrance du Dieu bienheureux, et maintenant Son peuple peut chanter Sa gratuité. Ensuite, l’histoire du peuple est rappelée (v. 7) ; tel Dieu a été lorsqu’Il le tira d’Égypte. Au Sinaï, la terre trembla à cause de Sa présence, mais Il fit tomber sur Son héritage une pluie rafraîchissante ; Il rétablit Son peuple fatigué, lorsqu’Il eut préparé Ses biens pour l’affligé. Maintenant, des faits présents disaient ces choses plus puissamment encore au cœur des fidèles : « Le Seigneur donna la parole : grande fut la foule des femmes (des filles d’Israël) qui répandirent la bonne nouvelle » (v. 11). Les rois se sont enfuis en hâte. Quelle subite et complète délivrance ! Celle qui demeurait dans la maison, la femme la plus paisible, partage le butin, car le Seigneur a opéré. Alors Israël apparaît dans toute sa beauté, bien qu’il eût été dans la pauvreté et la misère[24] : Au milieu de toutes les prétentions et de toutes les luttes des nations, la volonté de Dieu jette un défi à ces prétentions de la puissance humaine : « Pourquoi, montagnes à plusieurs sommets, regardez-vous avec jalousie la montagne que Dieu a désirée ? ». Sion était la montagne de Dieu et l’Éternel veut y demeurer pour toujours. Il a dispersé les rois pour l’amour de Ses saints et Il veut demeurer au milieu de ceux-ci. Mais d’où vient cette grande délivrance ? Le Seigneur est monté en haut, Il a reçu des dons comme homme et pour les hommes — même pour Israël, le rebelle, dont il est maintenant question, afin que Jah habitât au milieu de ce peuple : c’est pourquoi il célèbre le Dieu de sa délivrance, car son Dieu est un Dieu de salut, et avec quelle puissance de vérité et d’expérience Christ n’a-t-Il pas rendu témoignage à cela ! Mais ils étaient toujours des hommes mortels sur la terre. Leur délivrance était terrestre et temporelle, quoiqu’elle fût la délivrance de saints ; mais Lui serait toujours leur conducteur, même jusque dans la mort — Il détruirait les méchants ! La vraie cause de toute cette explosion de joie, de cette exultation dont le cœur est trop plein pour en parler plus tranquillement, est ensuite indiquée : Israël est rétabli en puissance, ses ennemis sont détruits, l’ordre magnifique de son temple est restauré ; les tribus y montent, les rois apportent des présents. Dieu a ordonné sa force, et le peuple compte sur Dieu pour maintenir ce qu’Il a opéré (v. 28). Puis vient l’assujettissement de tous les ennemis et de tous les puissants. Des princes viendront d’Égypte, et Cush étendra ses mains vers Dieu. Tous les royaumes de la terre sont invités à chanter les louanges du Seigneur. La force est à Dieu, mais Sa majesté, ce en quoi Il est glorifié, est sur Israël, et, dans les nuées, du lieu de Sa demeure en puissance, Sa force veille sur Son peuple. C’est la pleine restauration de la bénédiction et de la gloire d’Israël, et plus même que la restauration — tout cela, en conséquence de l’exaltation du Seigneur, afin qu’Il reçoive des dons comme homme. Mais dans cette intervention de Dieu en puissance de jugement pour la bénédiction du résidu, en jetant par terre tout pouvoir humain et toute arrogance de la volonté de l’homme quand Dieu se lève devant Son peuple terrestre et disperse ses ennemis, il y a à relever des détails de la plus grande importance : Premièrement, nous trouvons le nom de « Seigneur » (Adonaï). Le nom de « Jah » se trouve bien dans les versets 4 et 18, mais c’est toujours du « Seigneur » qu’il est parlé. Ce n’est pas le nom d’alliance, quoique Jah le rappelle, mais un nom qui implique la puissance en exercice. Il s’agit de seigneurie et d’une seigneurie divine. Je crois que c’est ce que nous trouvons chez Thomas quand il dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est autre chose que : « Dis à mes frères : Je monte vers mon Père et votre Père ». C’est Dieu, mais manifesté en puissance comme Seigneur, ainsi qu’au psaume 2 : « le Seigneur s’en moquera ». Seulement là Il n’est pas encore redescendu, tandis qu’ici Son ascension est envisagée comme ayant eu lieu. Ce n’est pas Dieu, comme tel, qui donne, mais Celui qui est Seigneur est monté et a reçu des dons comme homme et dans l’homme. Il les a reçus dans Son caractère adamique (dernier Adam) ayant emmené captive la captivité (Act. 2, 33-36). Il est ici l’homme monté en haut, quoiqu’Il soit beaucoup plus, et, ayant reçu les dons comme Tête humaine glorifiée, Il les distribue (voir Éph. 4), mais bien que, comme homme, ce soit pour l’homme et dans l’homme, il s’y ajoute encore un caractère spécial : « même pour les rebelles, afin que Jah, Dieu, ait une demeure ». Ici, le résidu, l’Israël de notre psaume, apparaît. L’apôtre ne cite pas cette dernière partie, mais s’arrête au fait que les dons sont reçus par Lui pour l’homme. Dans le psaume suivant, nous trouverons Son humiliation — (quel contraste !) — mais combien elle est loin d’être moins glorieuse ou d’un moins grand intérêt pour le cœur qui a appris et sait qui Il est !

Psaume 69. L’état d’âme dont ce psaume est l’expression demande la plus grande attention et un patient examen. Jusqu’ici, nous avons eu toujours le résidu d’Israël devant nous, ou Christ Lui-même associé à ce résidu : il en est de même au psaume 69. Celui qui parle est David tout d’abord, sans doute, mais en réalité un plus grand que lui. L’état qui y est décrit est celui de quelqu’un qui est dans la plus grande détresse, enfoncé dans une boue profonde ; il a à peser devant Dieu la folie et les fautes qui sont l’occasion de ce triste état. Il est environné de nombreux et puissants ennemis qui le haïssent sans cause. Quoi qu’il en soit des péchés qu’il envisage, lui, personnellement, a été fidèle ; le zèle même de la maison de Dieu l’a dévoré, et il souffre l’opprobre pour l’amour du Dieu d’Israël. C’est pourquoi il demande que son état ne soit pas une pierre d’achoppement pour d’autres, lorsqu’ils verront qu’un tel fidèle a été plongé dans l’angoisse et la détresse les plus extrêmes. Cependant il n’est pas abandonné de Dieu ; bien au contraire, sa prière s’adresse à Dieu en un temps agréé ; il s’attend à être exaucé selon la grandeur de Sa bonté et la vérité de Son salut. Ses ennemis sont le sujet de sa plainte, cependant il se voit lui-même frappé de Dieu et placé au milieu de ceux que Dieu a blessés (v. 26). Son désir est la vengeance contre ces hommes : ce n’est pas le témoignage de la grâce.

Tout cela répond parfaitement à la condition du fidèle au milieu du résidu d’Israël : il reconnaît ses péchés — tous les péchés de son peuple ; cependant il souffre l’opprobre et une inimitié sans cause pour l’amour du Dieu d’Israël ; plus il est fidèle, plus il souffre. Cependant la foi lui fait savoir qu’il prie le Dieu d’Israël en un temps agréé (c’est le caractère des derniers psaumes que nous venons de parcourir), mais il est dans la détresse la plus profonde ; ses yeux se consument pendant qu’il attend son Dieu. Son intérêt pour Israël, sa soumission aux outrages, font de lui le sujet de leur mépris. Il demande la destruction de ses adversaires et de ses persécuteurs qui n’ont point de pitié, qui n’en veulent point, assuré que le Seigneur écoute les pauvres et ne méprise pas Ses prisonniers. Toute la création est invitée à Le célébrer, car Dieu sauvera Sion et bâtira les villes de Juda, afin qu’ils y habitent et qu’ils les possèdent ; la semence de ses serviteurs l’héritera et ceux qui aiment son nom y demeureront. Tout ceci est exactement la position et le sentiment du résidu fidèle — les maskilim. Mais au verset 21 et même au 9e, quoique ce dernier soit d’une application plus générale, nous trouvons ce qui a été littéralement accompli en Christ. L’emploi que fait l’épître aux Romains du verset 22, nous amène à la même conclusion ; c’est aussi à Christ que plusieurs autres versets trouvent leur application la plus parfaite, tout en étant applicables à d’autres personnes. Qu’on le remarque bien cependant : dans ce psaume, Christ ne parle en aucune manière comme abandonné de Dieu. Aussi, quoique ce soit à la vie de Christ qu’il se rapporte, et que cela puisse s’étendre jusqu’aux souffrances de la croix, on n’y trouve, comme nous l’avons vu, aucune allusion à la grâce et à la miséricorde qui en découlent. Ce sont les souffrances de la part de l’homme qui nous sont présentées dans ce psaume, et non point l’abandon de Dieu : aussi n’annonce-t-il point la grâce en vertu de la justice, mais il appelle le jugement sur l’homme. Cependant les péchés y sont confessés devant Dieu, et celui qui endure les persécutions est quelqu’un que Dieu a frappé. C’est à cause de cela qu’il m’est impossible de ne pas voir, dans ce psaume, Christ entrant de cœur et de pensée — après Sa vie juste, à cause de laquelle Il a souffert l’opprobre (et dont Il fait le récit en rapport avec les grands principes qui L’ont dirigée), dans les maux et la détresse qu’Israël avait attirés sur lui selon les lois du gouvernement de Dieu. Il ne s’agit point toutefois ni d’abandon, ni de rejet, car c’était la part de Christ seul, comme portant le péché, et en faisant l’expiation. Cependant Israël est battu de Dieu et blessé par Lui, et Christ y est entré selon les sympathies de Son cœur, parce que, bien que ce ne soit pas le sujet généralement traité dans ce psaume, Il a été battu de Dieu dans le sens le plus élevé et le plus absolu. La persécution par les Juifs est le grand sujet présenté ici ; mais la personne persécutée était frappée de Dieu et sentait ce qu’il y avait de terrible dans la méchanceté qui n’avait qu’insulte et outrage pour Celui que l’amour et le dévouement avaient amené à prendre cette coupe amère que nous avions remplie de nos péchés. Christ était frappé de Dieu sur la croix et sentait profondément l’opprobre et la honte qui Lui échurent là.

Quant aux fautes rappelées dans le verset 5[25], je pense qu’elles sont en rapport avec le gouvernement de Dieu en Israël : le fait que c’est Dieu qui frappe, y est bien mis en saillie, mais la puissance expiatoire de ce fait n’est nullement le sujet de ce psaume. C’est pourquoi il fait appel au jugement ; ce n’est point le fruit de l’expiation (comparez le psaume 22). Mais pour cette même raison, ce psaume nous fait plus pleinement comprendre toutes les souffrances personnelles de Christ, en omettant celles dans lesquelles Il demeure absolument et entièrement seul dans Son œuvre de propitiation et d’expiation. — Ne nous eût-il été révélé que cette portion de Ses souffrances, elle est d’une grandeur telle qu’elle aurait éclipsé toutes celles à travers lesquelles Il eut à passer personnellement comme homme en ces jours-là. Dieu en soit béni, ce que nous trouvons dans ce psaume, c’est ce qui accompagnait le grand fait qu’Il fut battu de Dieu.

Le psaume 70 est l’expression du désir de l’Esprit de Christ, en rapport avec les souffrances qu’Il a endurées de la part de l’homme, mais avec la forme que ce désir prendra chez le résidu au dernier jour : Que Ses ennemis soient confondus, eux qui disent : ha ! ha ! — comme ils le firent quand Il était sur la croix ; — que ceux qui cherchent l’Éternel s’égaient et se réjouissent en Lui, et que ceux qui aiment Son salut — en d’autres termes, ceux qui jouissent de ce salut — disent continuellement : Magnifié soit Dieu ! En ce qui Le concerne, Il est satisfait, à cause de cela, d’être affligé et pauvre comme homme sur la terre, et de ne pas avoir d’autre part jusqu’à la fin. Il se confie en l’Éternel qui est Son secours et Son libérateur, et sait qu’Il interviendra. Il Lui demande de ne point tarder. Ce langage peut se trouver, sans doute, dans la bouche d’un saint quelconque du résidu, mais il résume parfaitement le principe d’après lequel l’Esprit de Christ parle, dans les saints, lorsque Christ s’associe personnellement à leurs tribulations : par là, Il nous fournit une clef pour l’intelligence de ces psaumes. On remarquera que le nom d’alliance : « l’Éternel », est introduit à partir du verset 13 du psaume 69.

Le psaume 71, composé, je le suppose, ainsi que plusieurs autres psaumes de ce livre, pendant la fuite de David lors de la révolte d’Absalom, présente, à mon avis, le résumé de toutes les voies de Dieu envers Israël depuis le commencement de son histoire ; il célèbre les soins fidèles de ce Dieu de bonté et de compassion et Lui adresse une instante requête pour qu’Il n’abandonne pas maintenant Son peuple. Je ne doute point que Christ n’entre ici, comme toujours, en esprit dans tous ces sentiments (voir le verset 11), mais l’expression que nous en trouvons ici ne saurait s’appliquer à Christ personnellement. Vers la fin de Sa vie, Il connut à la vérité des épreuves exactement semblables, seulement elles étaient plus profondes, et n’avaient été amenées sur Lui par aucune faute ; ici, les expressions de notre psaume s’appliquent aux anciens temps de l’histoire du peuple, que la grâce fidèle du Saint d’Israël fera remonter comme des lieux profonds de la terre.

Avec le psaume 72 nous arrivons, non aux souffrances et aux combats de David, mais au parfait établissement du règne de paix et de la bénédiction royale. Le psaume nous présente le Fils de David, source et garant des bénédictions millénaires ; il est d’ailleurs si clair, qu’il ne me semble pas demander beaucoup d’explications. Nous y trouvons le roi à qui Dieu donne Ses jugements et qui est en même temps le fils du roi, le fils de David, dans son règne de justice et de paix, comme Salomon ou Melchisédec. Son royaume s’étend aussi loin que s’étendait la promesse, mais tous les rois du dehors doivent se prosterner devant lui. Des bénédictions de toute sorte accompagnent ce règne de justice. La déclaration qu’on priera pour lui continuellement, montre simplement que les bénédictions dont on jouira par son moyen porteront les cœurs à désirer et à demander la continuation de sa gloire et de sa puissance. Je pense que, tout en ayant trait littéralement à Salomon, cela s’applique aussi à Christ, régnant comme vrai homme sur la terre. Le verset 17 prouve, selon moi, qu’il ne faut point voir dans ces prières l’indice de quelque incertitude touchant la durée du roi, mais bien les effets de son gouvernement sur les cœurs de tous ceux sur lesquels il règne. Je pense qu’il y aura à Jérusalem un prince de la maison de David, mais le psaume me paraît aller plus loin que lui.

Ici se termine le second livre. Il nous a montré les fidèles chassés hors de Jérusalem, la détresse qu’ils éprouvent, et la confiance qui les anime dans cette position, tout cela finissant par la certitude et la ferme espérance de leur rétablissement. Nous y avons vu ensuite la délivrance apportée par le Messie, Son humiliation préalable, Sa personne glorieuse, mais dans l’humiliation, mise en lumière, et enfin le gouvernement royal de l’homme établi en Israël. Cela met fin aux voies de Dieu envers le résidu, envisagé comme séparé du reste de la nation.

Livre 3

Avec le troisième livre nous entrons dans une sphère plus étendue que celle qui vient de nous occuper, et qui n’embrassait que l’état du résidu juif durant les derniers jours, soit que ce résidu se trouve dans Jérusalem, soit qu’il en ait été chassé. Par suite, dans ce troisième livre, nous trouvons beaucoup moins que dans les autres, les circonstances personnelles, les sentiments particuliers du Seigneur, qui, aux jours de Sa chair, marcha avec le résidu comme en faisant Lui-même partie. Ce qui est en vue ici, ce sont les intérêts généraux d’Israël ; en conséquence, nous entrons dans le domaine de l’histoire. Nous avons devant nous tout l’ensemble de la position nationale d’Israël, mais avec la distinction d’un résidu au cœur droit et sincère. Remarquez que ce livre ne renferme qu’un seul psaume de David ; les autres sont attribués à Asaph, aux fils de Coré, à Éthan, car je ne connais pas de raison pour rejeter les indications qui nous sont données relativement à ces différents auteurs des psaumes. C’est bien encore de l’état d’Israël dans les derniers jours qu’il s’agit ici, seulement les faits généraux sont mentionnés en rapport avec la nation tout entière, et il ne faut pas y chercher les détails qui sont particuliers au résidu juif, et à Christ comme prenant place avec lui : le sujet est beaucoup plutôt Israël ; les principes sont généraux, avec des allusions à l’histoire passée du peuple et aux voies de Dieu envers lui.

Le premier psaume de cette nouvelle série, le 73e, est une preuve de ce que nous venons de dire. « Certainement, Dieu est bon envers Israël, envers ceux qui sont purs de cœur ! » — mais le fidèle était dans la perplexité à cause de la prospérité des méchants et ses pieds lui manquaient presque. Puis vient la description de cette prospérité des impies ; le gros du peuple se joint à eux et le Très-haut est méprisé ; tandis que l’homme pieux est continuellement châtié et serait porté à dire que c’est en vain qu’il a lavé ses mains dans l’innocence ! Mais en parlant ainsi, il serait infidèle à la génération des enfants de Dieu (v. 15). Peser attentivement cet état de choses était un travail trop pénible pour l’homme : mais tout devenait clair dans les sanctuaires de Dieu, aux lieux où la pensée de Dieu était révélée. Il en sera de toutes les prétentions des méchants comme d’un songe, quand on se réveille ; — elles disparaîtront lorsque Dieu s’éveillera. Le fidèle déplore son manque de sens divin dans ces pensées et ces sentiments ; cependant après tout, il est avec Dieu qui le tient par la main droite ; guidé par Son conseil, dans ce temps de ténèbres, il sera reçu, après que la gloire aura été révélée (comparez Zach. 2, 8). Le résultat est béni. Le fidèle n’a, dans le ciel, aucun autre que le Seigneur et il ne prend plaisir sur la terre en rien qu’en Lui seul : tel est l’effet de l’épreuve ; mais sa chair et son cœur défaillent : c’est la nature. Il faut qu’il en soit ainsi, mais Dieu est le rocher de son cœur et son partage à toujours. Les deux derniers versets annoncent le résultat final : ceux qui se sont éloignés de l’Éternel et qui sont tombés dans l’apostasie, périssent ; mais il est bon, pour l’homme pieux, de s’approcher de Dieu. Il a mis son espérance dans le Seigneur quand Il ne se montrait pas, afin de pouvoir raconter tous Ses faits lorsque la délivrance sera venue, car ceux qui seront bénis plus tard, sans avoir été éprouvés, n’auront pas appris cette connaissance de Dieu.

Le psaume 74 se plaint de la désolation du sanctuaire par les ennemis, après qu’il a été reconstruit dans le pays. Les adversaires de Dieu, comme la foi les appelle ici, rugissent dans les synagogues. Les signes de l’homme, et non ceux de Dieu, caractérisent leur autorité. Le culte public juif est renversé. Mais il y a plus : ce qui dans un temps pareil aurait pu être une consolation, fait complètement défaut ; il n’y a point de signes de la part de Dieu pour encourager les fidèles dans leurs difficultés, point de prophètes, personne qui sache jusques à quand — qui sache, par la direction de Dieu, quand Dieu interviendra en puissance. Cependant la confiance que Dieu n’abandonnera pas Son peuple, se trouve ici ; et cette parole : « jusques à quand », s’il n’y a pas de réponse pour elle, se change en requête : Dieu ne laissera pas les siens pour toujours ; ils se confient en Sa fidélité. Dieu avait jadis frappé l’Égypte et délivré Son peuple en le faisant passer à sec à travers la mer ; à Lui seul est toute puissance dans la création. L’ennemi avait outragé le nom de l’Éternel. Israël doit être encore considéré, dans le résidu, comme la tourterelle de Dieu ; il supplie Dieu de regarder à l’alliance, car les lieux ténébreux de la terre (ou du pays) sont pleins d’habitations de violence. Les opprimés, les pauvres, les affligés, sont, comme toujours, présentés aux yeux et au cœur de Dieu. Nous les retrouvons partout, comme ceux auxquels Dieu pense, auxquels Christ prend Son plaisir dans le pays. Il en est ainsi, même quant à l’esprit qui doit nous animer. Le psalmiste supplie Dieu de se lever et de défendre Sa propre cause : le tumulte de ceux qui s’élevaient contre Lui montait continuellement. C’est une chose remarquable de voir comment la foi identifie les intérêts du résidu pieux, envisagé dans sa pauvreté et son oppression, avec les intérêts de Dieu, et plaide sa cause auprès de Dieu. Sa requête s’élève à Dieu comme venant de dehors ; c’est à Lui que l’on s’adresse, seulement on Lui rappelle que le nom qu’Il a pris en Israël a été blasphémé. Ce nom rappelle (v. 19, 20) la relation de l’Éternel avec Son peuple et le tendre amour qu’Il lui porte en vertu de l’alliance.

Au psaume 75, c’est le Messie qui parle, quoique le psaume commence par les actions de grâce que le résidu rend à Dieu pour les œuvres merveilleuses déjà accomplies. Puis les jugements de Dieu introduisent le Messie dans Son royaume. Il reçoit la congrégation d’Israël (v. 2) ; ensuite le juste jugement doit être exécuté. La terre s’écroule dans le crime et dans la confusion ; le Messie a affermi ses piliers. Dans les versets qui suivent, Il avertit les méchants et les contempteurs de ne pas s’enorgueillir, car c’est Dieu qui est le juge : Il élève et Il abaisse. Les méchants boiront la coupe des jugements jusqu’à la lie ; mais le Messie méprisé exaltera le Dieu de Jacob et humiliera les méchants : les justes seront élevés.

Psaume 76. L’application de ce psaume au jugement des rois qui viennent dans leur orgueil contre Jérusalem, et y trouvent inopinément le Seigneur Lui-même, est extrêmement simple (comp. Mich. 4, 11-13 et Zach. 14, 3, 4 ; 12, 2). Le jugement de Dieu est raconté, et le psalmiste célèbre Dieu comme ayant Son domicile en Sion. Il est le Dieu de Jacob et Il est connu en Juda : Son jugement a été entendu des cieux. Sion, longtemps méprisée, est plus glorieuse que « les montagnes de la rapine », que les hauts lieux de la violence humaine. La terre a eu peur et s’est tenue dans le silence lorsque Dieu s’est levé pour accomplir le jugement et pour sauver tous les débonnaires de la terre.

Le psaume 77 nous présente la délivrance spirituelle et le rétablissement de la confiance du fidèle. Il a crié à Dieu et Dieu l’a écouté. Crier est plus qu’un désir. Un cri est l’expression de la faiblesse, de la dépendance, du recours à Dieu, dans l’âme et avec un cœur droit. Au jour de la détresse, le fidèle n’a pas eu simplement des plaintes, de l’irritation, de la colère, mais, dit-il, « j’ai cherché le Seigneur », Adonaï, non pas l’Éternel. Sa première pensée a été de se demander si le Seigneur l’aurait rejeté pour toujours (v. 7-9) ; car ici, comme nous l’avons vu souvent dans les Psaumes, ses pensées suivent le cours qui nous ramène à ce qu’expriment les premiers versets[26]. Au verset 10, il juge lui-même sa pensée, et se rappelle, comme au verset 5, les années auxquelles se déployait la puissance de l’Éternel, Dieu d’alliance d’Israël, le Tout-puissant des pères. La voie de Dieu est toujours et nécessairement en harmonie avec Sa nature très sainte et bénie : on la comprend dans le lieu secret où Il fait connaître Ses pensées à ceux qui sont en communion avec Lui. Ses voies sont en parfait accord avec ce lieu, et Il juge Son peuple selon sa relation avec Lui (de là la fonction de l’interprète, un entre mille). Les voies de Dieu sont l’application des principes divins de Sa nature sainte, quand Il se met en relation avec Son peuple selon cette nature : la relation elle-même doit être maintenue conformément à ces principes. C’est là Son sanctuaire ; c’est là qu’on s’approche de Lui. De là vient qu’Il agit envers Son peuple, non pas simplement en le guidant d’une manière extérieure, mais en réalisant selon Sa majesté, les principes de Sa nature (pour autant qu’ils sont révélés) dans l’homme caché du cœur ; et cela suppose la conversion. Il agit envers nous, dans le saint lieu de Sa nature et de Sa majesté, selon la vérité de notre état — de notre état réel, moral, intérieur. Il ne dévie pas de ces voies, ni ne compromet la majesté qu’elles ont pour but de manifester. Mais quoique Dieu agisse dans ces voies conformément à Sa nature, Il agit envers l’homme dans une relation révélée ; Ses voies sont la sanction de Sa nature et de Sa majesté dans cette relation, mais elles n’enfreignent jamais Son caractère. L’homme, placé en relation avec Lui, doit marcher d’une manière qui soit en harmonie avec cette relation et digne d’elle ; il doit, quant à son état intérieur, marcher avec Dieu selon cette relation ; mais si Dieu agit conformément à cette relation, Il purifie l’homme pour elle ; — Il montre le mal ; — Il dépouille l’homme de son orgueil afin de le bénir, mais Il maintient Sa majesté. Aussi, dans le mal, le cœur revient-il en arrière à ce qui a formé la relation par la rédemption (v. 14-18). Ici, Israël ou le résidu fidèle, n’est pas dans la jouissance des bénédictions que l’alliance lui assure, il se trouve, au contraire, dans la détresse, et regarde en arrière, par la foi, vers une époque qui rappelle le pouvoir de Celui qui ne peut changer. L’âme trouve sa consolation dans le fait que la voie de Dieu est dans le sanctuaire, conformément à la nature et aux voies de Dieu Lui-même, dans la mesure où Il est révélé. Si je cherche à juger comme homme, Sa voie est « dans la mer » (v. 19) ; je ne puis en suivre la trace. « Ses traces ne sont point connues », car qui serait capable de suivre Celui qui, d’une pensée, arrange toutes choses ? C’est par la foi que nous connaissons la vraie nature et le vrai caractère de Dieu, en relation avec nous, et nous pouvons compter sur cette nature et ce caractère parce qu’Il est un Dieu fidèle et immuable ; mais nous ne pouvons pas connaître Ses voies en elles-mêmes, ni en juger. Aussi l’incrédule est mécontent, et blâme Dieu ; mais le croyant est heureux, parce qu’il a la clef de tout ce qu’est le Dieu qu’il connaît, et qu’il peut compter sur l’arrangement qu’Il a fait de toutes choses. Il faut que tout soit conforme, et non pas contraire, à ce que Dieu est ; mais Il est pour nous, et par conséquent arrange tout en notre faveur : il faut que toutes choses travaillent ensemble pour notre bien. Il mène Son peuple comme un troupeau. Dans le psaume 73, le fidèle éprouvé apprenait la fin de ses ennemis extérieurs, qui prospéraient pendant que lui était châtié ; ici, il apprend les voies de Dieu à son égard. Mais ce psaume est à la fois intéressant et instructif au point de vue pratique. L’âme privée de la jouissance de la bénédiction divine est, de ce fait, amenée par grâce à crier à Dieu. Elle cherche le Seigneur, ce qui accentue son trouble, comme cela arrive toujours, car elle connaît sa condition et elle refuse d’être consolée. Penser à Dieu, alarme le fidèle au lieu de lui donner la paix, car si sa foi est réveillée sa conscience l’est aussi et le sentiment d’avoir perdu la bénédiction accable son esprit. Il ne peut oublier sa condition présente. Il pense aux jours d’autrefois, aux merveilles des siècles passés, lorsque la lumière du Seigneur brillait sur lui. Dieu l’a-t-Il abandonné ? A-t-Il oublié d’user de grâce ? A-t-Il enfermé Ses miséricordes dans la colère ? Peut-il penser que Dieu l’a abandonné, lui qui est un de Ses saints ? Cela amène Dieu Lui-même dans sa pensée. Comment tout serait-il fini pour lui ? C’était là son infirmité et il regarde en arrière aux années de la droite du Très-haut. Il se souvient des œuvres de l’Éternel. En s’approchant de l’Éternel avec son esprit humilié, il s’approche de quelqu’un qui n’avait pas changé envers Son peuple, en faveur duquel Il avait opéré la rédemption. Ce Dieu ainsi connu, et non pas son propre état, devient alors la source de ses pensées. Le fait qu’il était leur Dieu s’était montré dans l’histoire du peuple d’une manière terrible. Le fidèle peut alors penser à Ses voies et les apprécier justement. Elles n’avaient pas laissé, dans la mer, des traces pouvant être suivies par le pied de l’homme, mais dans le sanctuaire, elles apparaissaient conformes à Sa nature et à Son caractère, et comme l’accomplissement des desseins de Sa bonté.

Au psaume 78, la sagesse discute la conduite d’Israël, historiquement en rapport avec tout le peuple, mais en faisant ressortir des principes très importants. Il n’y a pas seulement eu autrefois une rédemption à laquelle la foi avait recours ; il a été donné un témoignage et une loi pour diriger les voies d’Israël et pour que les pères les fissent connaître à leurs enfants. Mais les pères avaient été une génération indocile et rebelle. Or la loi et le témoignage furent donnés afin que les enfants ne fussent pas tels que leurs pères (v. 8) ; ils le furent, et c’est l’histoire de leurs infidélités qui est exposée ici. En conséquence Dieu les châtia ; il y eut de Sa part un gouvernement direct et manifeste, à l’égard de leurs voies. Quand le châtiment fondait sur eux, ils se retournaient vers Dieu et Le recherchaient ; mais ils Le flattaient de leur bouche ; leur cœur n’était pas ferme envers Lui et ils ne furent pas fidèles dans Son alliance (v. 32-37). Néanmoins Il montra de la compassion ; Il leur pardonna ; Il se souvint qu’ils n’étaient que chair. Après les signes opérés en Égypte, ils L’avaient oublié ; introduits dans le pays, ils s’adonnèrent à l’idolâtrie. Lorsque Dieu l’entendit, Il se mit en grande colère et méprisa fort Israël (v. 59). Sur le pied de ce gouvernement, fondé sur la loi et le témoignage, et qui comportait pourtant une tendre miséricorde, Israël fut entièrement délaissé, le tabernacle abandonné et l’arche livrée pour aller en captivité entre les mains des ennemis. Le peuple aussi fut livré au jugement.

Mais l’amour de l’Éternel pour Son peuple, sur le principe de la grâce, n’était pas affaibli, et la misère dans laquelle le peuple était tombé faisait appel à cet amour. Le Seigneur se réveilla comme quelqu’un qui se serait endormi et Il frappa Ses ennemis et les livra à un opprobre éternel (v. 65, 66). Mais maintenant Il était intervenu en grâce dans Son amour pour Son peuple. Ce n’était pas la bénédiction de Son gouvernement direct sous condition d’obéissance, mais l’intervention de la grâce, après que la désobéissance avait, sur le principe du gouvernement, amené un jugement complet, malgré la compassion et la miséricorde. Maintenant la grâce souveraine intervenait. Les anciennes bénédictions avaient établi Joseph héritier naturel ; il avait eu la riche et double part ; mais Dieu a choisi Juda, Il a choisi Sion. C’est ce qui donne à ce psaume son importance. Son sanctuaire est le lieu de l’amour en grâce, quand tout a manqué sous la loi, même accompagnée de l’exercice de la plus pleine et compatissante patience. Il a bâti Son sanctuaire. Il ne s’agit pas ici directement de l’objet de l’élection de grâce ; mais Dieu a choisi David, le prenant dans la condition la plus humble, pour qu’il fût ensuite le conducteur de Son peuple.

Des principes de la plus grande importance se trouvent dans ce magnifique psaume. Envisagé comme établi en Sinaï sur le principe du gouvernement, sur le pied de la loi mêlée de compassion, Israël ayant entièrement failli, était devenu un objet d’horreur, était complètement rejeté. Il y avait eu rupture totale ; l’arche de l’alliance, ce lien entre Israël et Dieu, lieu de propitiation et trône de Dieu, avait été abandonnée à l’ennemi. Mais Dieu, dont l’amour souverain pour Son peuple étant intervenu en puissance pour délivrer, avait choisi Juda, Sion, David, avait établi un lien en grâce, par la délivrance, après que tout avait failli. La foi peut revenir en arrière pour considérer les œuvres de Dieu dans la rédemption, mais non pas la conduite de l’homme sous la loi. Le psaume 78 est l’opposé du psaume 77. Néanmoins, en Israël, tout cela est déclaré pour produire dans leurs cœurs ce que la grâce opérera au dernier jour, la valeur de la loi, qui les portera à l’enseigner à leurs enfants (comp. Gen. 18, 17-19 ; voyez Ex. 34 où la miséricorde plaçait encore Israël sous la condition de l’obéissance). Ici la puissance délivre le peuple après qu’il avait failli sous la miséricorde et que le jugement était venu, Dieu agissant selon Sa pensée d’amour. De fait, Israël n’a jamais été placé purement sous la loi ; les tables ne sont jamais entrées dans le camp (comp. 2 Cor. 3). La face de Moïse ne brilla que lorsqu’il eut vu Dieu, après être monté la seconde fois sur la montagne, étant reçu en grâce ; mais, quant à Israël, cette alliance le ramenait sous la loi. Cette loi, mitigée de grâce, introduite postérieurement à la seconde ascension de Moïse, est mort et condamnation. Cela est impossible, avec une substitution ; mais, Moïse ne pouvait évidemment pas prendre cette place de substitut : « Peut-être ferai-je propitiation pour votre péché » ; — « Efface-moi, je te prie ! ». À quoi Dieu répond : « Celui qui aura péché contre moi, je l’effacerai ». Cela était la loi, et, comme nous le voyons ici, et comme nous le déclare positivement 2 Corinthiens 3, la mort et la ruine.

Le psaume 79 se rapporte, de la manière la plus évidente, à l’invasion des nations, spécialement à celle de l’armée du Nord (Joël 2 a trait à une seconde attaque, lors de laquelle la requête de ce psaume est exaucée ; Ésaïe parle des deux) qui avait ravagé Jérusalem et le temple et répandu le sang des adorateurs de l’Éternel. On confesse dans ce psaume les iniquités anciennes, et on implore la miséricorde, les tendres compassions du Seigneur. Le motif qu’on fait valoir est celui qui est invoqué en Joël 2, et auquel il est fait allusion dans les psaumes 42 et 43. « Pourquoi les nations diraient-elles : Où est leur Dieu ? ». La foi demande que Dieu se fasse connaître en vengeant le sang de Ses serviteurs. Ainsi Son peuple et le troupeau de Sa pâture Le célébreraient à toujours ! La colère de l’Éternel est envisagée ; il y a de la foi pour dire : « Jusques à quand ? ». Quoique le résidu ne jouisse pas des grâces de l’alliance, et qu’il soit même dans un état tout contraire, la foi a les yeux sur ces gratuités et voit l’Éternel irrité contre Son peuple ; mais c’est Son peuple ; et s’Il est en relation avec les siens, Il ne peut les abandonner. C’est seulement : « Jusques à quand ? ». Cependant, même alors, le cri s’adresse directement à Dieu, et non à l’Éternel. Israël n’est pas rétabli dans sa relation d’alliance. Quand il s’y trouvera, ce sera en grâce et cette condition ne sera plus jamais perdue de vue. Tel n’est pas le cas ici : Israël est rejeté en vertu du fait qu’il a manqué sous une alliance conditionnelle, et, quoique la foi aux promesses le soutienne, il n’est pas encore entré dans l’alliance nouvelle ; il est en dehors de la bénédiction, regardant en arrière et en avant, n’ayant rien actuellement. Ce n’est jamais la position chrétienne ; en s’y plaçant et en s’appliquant le langage du psaume, on se fait juif. Car, tandis que Christ est caché en haut pour eux, par le Saint Esprit descendu vers nous pendant qu’Il est là, nous savons qu’Il est accepté et glorifié comme ayant pris notre place, et que nous sommes en Lui.

Le psaume 80 montre, d’une manière remarquable, que nous sommes ici sur le terrain d’Israël, de ses circonstances historiques dans le passé ou dans l’avenir : ce n’est point Christ qui nous y est présenté, quoique naturellement tout dépende de Lui, ni les Juifs fidèles au milieu de la congrégation apostate. Nous voyons bien Jérusalem prise, des assemblées de peuples, d’anciennes délivrances d’Israël, en un mot l’histoire de la nation, ou la prophétie au sujet de circonstances nationales, mais tout est extérieur ; point d’épreuves intérieures de nature à faire intervenir Christ personnellement sur la scène, sauf quand Il reçoit la congrégation, alors que les fidèles en Israël sont distingués. Ce n’est pas non plus à l’Éternel qu’on s’adresse (sauf pour l’avenir, quand on entre dans la nouvelle alliance), jusqu’au jugement de la dernière confédération, qui fait connaître l’Éternel comme le Très-haut sur toute la terre. Je pense que ces psaumes n’excluent pas les Juifs ; ils font partie d’Israël, et c’est en Judée que Jéhovah sera révélé : seulement ce qui est introduit d’une manière historique, c’est tout Israël, y compris Joseph ; la nation, en un mot. Dieu est invoqué comme le Berger d’Israël qui mène Joseph comme un troupeau et qui est assis entre les chérubins : encore ici, il s’agit d’Israël dans le sens historique ; ce n’est point Dieu appelant ou venant du ciel ; Il n’est vu par la foi, que lorsqu’Il a pris Sa place en Israël.

Le psaume qui nous occupe est un psaume remarquable. Dieu est en Israël, et Son trône y est aussi, de droit ; on s’attend à ce qu’Il fasse reluire Sa splendeur et réveille Sa puissance pour secourir Son peuple ; on Lui rappelle les temps anciens, lorsque autrefois, en Israël dans le désert, Éphraïm, Benjamin et Manassé se trouvaient immédiatement après l’arche, derrière le tabernacle, et que, le camp étant en marche, le sanctuaire allait immédiatement devant eux, et l’on demande que ces temps se renouvellent. C’était Jéhovah, le Dieu des armées. La foi soupire après Sa présence, en puissance, au milieu de Son peuple, comme au temps jadis. La question est celle-ci : « Jusques à quand » (l’ardent désir de la foi) « ta colère fumera-t-elle contre la prière de ton peuple ? ». Tels sont ici les pensées et le langage de la foi ! La vigne, transportée d’Égypte, était ravagée ; sa haie, selon la menace proférée par Ésaïe, était rompue ; des larmes étaient le seul breuvage du peuple de l’Éternel ; le fidèle supplie Dieu de regarder des cieux et de visiter la vigne : le cep qu’Il avait planté et le provin qu’Il avait fortifié pour Lui-même — ce dernier signifiant la famille de David, je suppose. Néanmoins l’état d’Israël était un châtiment de la part de Dieu. En outre, la foi s’attend à ce que la puissante main divine soit sur l’homme de cette puissance, le Fils de l’homme que Dieu s’était fortifié pour Lui-même (v. 17). Nous pouvons comprendre d’après ce passage, et non pas seulement d’après Daniel 7 qui donne simplement au Fils de l’homme une place particulière, pourquoi le Seigneur prend habituellement le titre de Fils de l’homme. Quoique rejeté, Il est celui sur lequel la droite de Dieu doit être en puissance. C’est à ce passage que le Seigneur fait allusion en Luc 22, 69, en disant : « Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu ». Descendu ici-bas en grâce, Sa mission était terminée ; désormais on ne Le connaîtrait plus qu’élevé au pouvoir judiciaire. Cela donne une grande importance à ce nom qui, selon le psaume 8, apporte la délivrance du résidu d’Israël selon toute la vaste portée de sa puissance. Comme Fils de l’homme, l’humanité, dans Sa personne et selon les conseils de Dieu, est élevée au-dessus de toutes les œuvres de la main de Dieu. Il est le Seigneur de tout, mais comme homme, et en vertu de Son œuvre en faveur de Son peuple, Il effectue cette délivrance du résidu d’Israël. De cette manière, le peuple de Dieu sera gardé. Telle est la portée de la requête de ce psaume : l’intervention en puissance de la part de l’Éternel, le Dieu d’Israël ; la puissance placée sur le Fils de l’homme ! La requête a sa source dans la grande détresse d’Israël ; cependant la foi s’attend à l’Éternel, et Le voit intervenir en Israël. Lorsqu’Il les aura visités ainsi, ils ne se retireront plus en arrière de Lui ; quand Il leur aura rendu la vie, ils invoqueront Son nom de Messie. Les versets 3, 7 et 19 montrent le sujet du désir : « Ramène-nous » ; cependant c’est encore la délivrance extérieure qu’ils attendent. Le verset 17 demande une attention spéciale au point de vue déjà signalé : il indique ce qui était dans la pensée du Seigneur, lorsqu’Il présentait aux siens cette immense anomalie que le Fils de l’homme devait souffrir. Le psaume 8 donne la clef des desseins de Dieu, quant à l’humiliation et à l’exaltation, et à la place de l’homme ; c’est sur cette humiliation que le Seigneur insistait auprès de Ses disciples. Ici, les fidèles attendent que la puissance divine se déploie en Lui. L’Église et son union avec Christ, puis l’adoption connue individuellement, sont les seules choses qui ne soient pas, que je sache, révélées dans l’Ancien Testament. Tout ce qui concerne Christ y est révélé, sauf encore peut-être, la position présente de Christ comme sacrificateur. Ni l’une ni l’autre de ces choses ne sont mentionnées parmi les titres donnés à Christ dans le premier chapitre de l’évangile de Jean.

Le psaume 81, tout en célébrant, en figure, la restauration d’Israël, revient encore au point de vue historique, notamment en ce qu’il introduit Joseph qui représente les dix tribus (voir Éz. 37, 16) : sinon Juda, les Juifs, auraient pu tout réclamer. Mais lors de la restauration (quoiqu’il y ait des événements qui se rattachent d’une manière spéciale aux Juifs, car c’est parmi eux que Jésus a conversé, et, au dernier jour, Il entrera tout particulièrement dans les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent, s’associant avec eux de la manière si profondément intéressante que nous avons étudiée dans les deux premiers livres), il est évident que, dans le plein accomplissement des desseins de Dieu, le bois de Joseph doit avoir sa place, et ne faire qu’un avec Juda dans la main du Fils de l’homme, pour représenter tout Israël. Or la nouvelle lune était le symbole de la réapparition d’Israël à la lumière du soleil ; le peuple la saluait avec allégresse, rattachée qu’elle était à la rédemption, dans la pensée de la foi (voyez le verset 5 du psaume).

Israël dans la détresse avait crié à Dieu, et Dieu l’avait délivré ; mais un autre principe apparaît en même temps : Dieu, il est vrai, répondait à Son peuple en détresse, mais Il l’éprouvait aussi. Ils tentaient Dieu, doutant de Ses soins et de Sa puissance, et Lui les mettait à l’épreuve par des difficultés qui semblaient montrer qu’Il ne s’occupait pas d’eux, et qu’Il manquait de pouvoir. Ils dirent alors : L’Éternel est-Il au milieu de nous ? Mais l’Éternel répondit en grâce (Ex. 17). C’est, je pense, l’événement auquel il est fait allusion ici. Mais même dans la seconde occasion, celle de Meriba, ainsi nommée parce qu’Israël contesta de nouveau avec l’Éternel, lorsque Moïse (Nomb. 20) parla inconsidérément de ses lèvres et fut exclu de Canaan (car depuis Sinaï le peuple était placé sous le gouvernement de la loi, quoique ce fût un gouvernement miséricordieux), l’Éternel fut sanctifié en donnant de l’eau à Son peuple, par une grâce qui s’élevait au-dessus de la faute de Moïse. Néanmoins, quoique la grâce et la fidélité de Dieu à Ses promesses envers Son peuple se trouvassent dans Son gouvernement (Ex. 34, 6, 7), le peuple était mis à l’épreuve d’une manière légale, sur le pied même de cette miséricorde. Ce gouvernement mettait à l’épreuve, tout en étant un gouvernement miséricordieux, et tel est, en effet, dans un sens, le gouvernement divin. Dieu soumet Son peuple à cette épreuve-ci : s’ils étaient fidèles à Dieu, et qu’il n’y eût point de dieu étranger au milieu d’eux, la bénédiction était prête. Il était l’Éternel, leur Dieu, qui les avait fait monter du pays d’Égypte. Ils n’avaient qu’à ouvrir la bouche toute grande et Il la remplirait. Mais ils ne voulurent point écouter, et furent abandonnés à l’obstination de leur cœur. Cependant nous voyons dans ce psaume la tendresse de l’amour de Dieu en leur faveur, et la joie qu’Il aurait eue à les bénir et à subjuguer tous leurs ennemis. Son juste gouvernement aurait été manifesté en eux (comp. Matt. 23, 37 ; Luc 19, 42). Oh ! s’ils eussent écouté ! Ceci nous donne la raison de la ruine d’Israël. En tant que racheté de l’Égypte, le peuple était placé sous l’épreuve de l’obéissance et de la fidélité envers Dieu ; il y avait failli ; néanmoins il apparaîtra de nouveau pour refléter la lumière de la face de l’Éternel. Cet amour de l’Éternel pour Son peuple éclate même dans sa chute. Ici, un principe d’une grande importance pour toute âme nous est présenté : la rédemption, accompagnée de la promesse d’une bénédiction conditionnelle, ne fait qu’aboutir à la perte de la bénédiction, précisément comme il en a été pour la création. C’est la même chose ou pis encore. Comment le soin d’assurer la bénédiction reposerait-il sur nous, maintenant que nous sommes des êtres déchus, au lieu d’être innocents et libres comme Adam dans le paradis ? La grâce seule peut nous garder, et il en sera ainsi à l’égard d’Israël. Le psaume 81 fait ressortir d’une manière magnifique les pensées de Dieu envers Son peuple et Son caractère plein de grâce et de tendresse. Les passages des évangiles auxquels j’ai renvoyé expriment la même tendresse, mais montrent de plus que Jésus est l’Éternel même.

Psaume 82. Ici Dieu prend le gouvernement dans Ses propres mains. Il avait établi l’autorité sur la terre, et particulièrement en Israël. Dirigés quant au jugement par Sa Parole et revêtus de Son autorité, les juges, parmi le peuple d’Israël, avaient porté le nom de Dieu (Élohim) : mais aucun d’entre eux ne voulait comprendre ni agir selon la justice et les fondements de la terre chancelaient. Tous les magistrats avaient reçu le pouvoir et l’autorité de Dieu. Les juges juifs avaient aussi reçu Sa parole, mais eux non plus ne connaissaient, ni n’entendaient rien : ils étaient des hommes ; ils mourraient comme des hommes, et tomberaient comme un prince quelconque d’entre les princes inconvertis de ce monde. Dieu qui avait conféré l’autorité jugeait parmi les dieux. Il faut qu’Il exerce la justice. L’esprit de prophétie demande ce jugement, dans celui qui a de l’intelligence : « Lève-toi, ô Dieu ! juge la terre, car tu hériteras toutes les nations ! ».

Le psaume 83 exige que nous attirions l’attention du lecteur sur ce qui en fait le sujet, savoir la dernière confédération des nations qui entourent Canaan, avec Assur qui les aide dans leur attaque. Le nom de l’Éternel est introduit à la fin du psaume, quoique la requête s’adresse à Dieu comme tel, car le peuple n’est pas encore établi dans la bénédiction de l’alliance. Le jugement doit être exécuté pour que les nations rebelles recherchent le nom de l’Éternel. Ce n’est point pour qu’elles connaissent le Père, ni qu’elles sachent qu’il y a un Dieu, mais afin qu’elles connaissent l’Éternel. Quand Ses jugements sont en la terre, les habitants du monde apprennent la justice ; ils sauront que Celui-là seul dont le nom est l’Éternel, Celui qui était et qui est et qui vient, est le Très-haut, c’est-à-dire que l’Éternel (le seul vrai Dieu) le Dieu d’Israël, est au-dessus de tout, le Très-haut sur toute la terre. C’est avec ce nom-là qu’Il prend possession de la terre, comme Melchisédec la bénit au nom du Très-haut, possesseur des cieux et de la terre, et comme Nebucadnetsar, le chef humilié des Gentils, célèbre et bénit le Très-haut. C’est le nom millénaire de Dieu, le nom sous lequel Il prend à Lui Sa grande puissance et règne, véritable Melchisédec, sacrificateur sur Son trône, le conseil de paix étant établi entre les deux, savoir entre Christ et Jéhovah en haut. Cela établit, d’une manière prophétique, l’Éternel le Dieu d’Israël, comme le Très-haut sur toute la terre. Son peuple, rétabli maintenant dans la relation qui lui est propre, attend une pleine bénédiction, et le nom de l’Éternel est de nouveau employé. Jusqu’ici le peuple n’étant pas en possession des bénédictions de l’alliance, avait adressé sa requête à Dieu, sauf quand il portait son regard en arrière ou en avant.

Le psaume 84 considère la bénédiction qu’il y a à se rendre maintenant dans les parvis de l’Éternel ; mais il fait allusion d’une manière figurée au chemin qui mène à ces parvis et au sentier de larmes que le peuple avait dû suivre dans sa marche vers la bénédiction. Ce psaume a donc une grande portée morale, instructive pour les chrétiens comme pour les Juifs. Au psaume 63, le résidu chassé avait soif de Dieu Lui-même et trouvait en Lui, en dépit de tout, un rassasiement comme de moelle et de graisse ; dans celui-ci, l’âme est occupée des joies de Sa maison, car elle entre dans la jouissance des bénédictions de l’alliance : non pas qu’elle ne soupire avec ardeur après le Dieu vivant ; mais elle est dans Ses parvis. « Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison ; ils te loueront incessamment » (v. 4). Être introduits là — telle est la bénédiction ! Ils n’auront plus rien à faire qu’à louer. C’est le premier grand sujet de bénédiction : la bénédiction parfaite et complète dans sa nature même. Elle se trouve au terme de la course ; mais il y a aussi le chemin qui y conduit : « Bienheureux l’homme dont la force est en toi, et ceux dans le cœur desquels sont les chemins frayés » (ceux qui mènent à la maison). Ces traits caractérisent l’état de l’âme qui est devant nous : sa force est en l’Éternel ; son cœur est aux chemins qui conduisent à Lui. Ce sentier de la bénédiction passe à travers l’épreuve ; c’est pourquoi l’on a besoin de force ; et, quel qu’il puisse être, on aime et l’on prend le chemin qui conduit à Dieu. Les saints passent par la vallée des pleurs : elle devient pour eux une fontaine ; car par ces choses-là on a la vie, et dans toutes ces choses consiste la vie de l’esprit. De plus, la pluie vient d’en haut remplir les réservoirs de cette terre altérée. Les saints font usage de leur force : sans aucun doute cette force est mise à l’épreuve : mais ils la renouvellent ; ils vont de force en force jusqu’à ce qu’ils paraissent tous devant Dieu en Sion (v. 6, 7). C’est un peuple qui prie, demeure dans la dépendance, et se confie en la grâce. Le nom d’alliance : l’Éternel des armées — le Dieu de Jacob, est de nouveau introduit ici ; Il est le bouclier de Son peuple et ce dernier Lui demande de regarder à Son Oint. Tel est maintenant le lien entre l’Éternel et Son peuple — non la loi que le peuple avait enfreinte. Ils paraissent devant Dieu en Sion, le lieu de la délivrance royale en grâce. Désormais les intérêts du peuple et de l’Oint ne peuvent plus être séparés ; la bénédiction repose sur Lui, et sur eux à cause de Lui.

L’intérêt que prend le cœur à cette bénédiction spéciale est ensuite exprimé d’une manière pleine de douceur et de force ; le psalmiste résume ce qu’est l’Éternel, qui donne cette bénédiction : Il est lumière et protection ; Il donne la grâce et la gloire et ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité. La pensée de ce qu’est l’Éternel amène le psalmiste à se résumer dans un mot, dont il a profondément conscience : « Éternel des armées ! bienheureux l’homme qui se confie en toi ! ». Il est très beau de voir les saints célébrer de nouveau, du fond du cœur, à diverses reprises, l’Éternel, leur Dieu selon l’alliance, maintenant que le chemin, bien que passant à travers l’affliction, leur est ouvert jusque dans Sa présence connue. Le psaume 63 était l’expression de la joie en Dieu, dans le désert, quand on n’avait rien d’autre que Lui ; le caractère du désert faisant ressortir la profondeur et la douceur de la bénédiction du sanctuaire ; le psaume 84 exprime la joie dont Dieu est la source pour le cœur lorsqu’on a été amené à Lui, ou qu’on est en route vers Lui ; la manière dont on jouit de Lui au milieu de ce qui l’entoure. Le psaume suivant traite de la bénédiction du pays et du peuple délivré. Dans ceux qui viennent ensuite nous trouvons Christ Lui-même, en tant qu’associé au peuple, mais toujours en rapport avec la relation qui existe selon l’alliance entre l’Éternel et Son peuple.

En lisant le psaume 85, j’ai longtemps hésité sur sa véritable portée directe : je me suis demandé si sa première partie était relative à la délivrance extérieure et à la grâce qui s’y manifeste, et si la seconde serait destinée à faire entrer le peuple dans la jouissance de cette bénédiction par la restauration de l’âme de chacun des fidèles en particulier — ou bien si, comme nous avons vu que cela est souvent le cas, nous y avons d’abord la déclaration du grand résultat comme sujet du psaume et ensuite la description des souffrances du résidu et des opérations divines qui menaient à ce résultat. La délivrance extérieure du peuple sera suivie d’une œuvre de restauration dans les âmes. À présent encore je ne me prononce pas sur ce point avec une grande certitude. Sur l’ensemble du psaume, je suis porté à penser que les Israélites fidèles y recherchent la jouissance de la faveur divine lorsqu’ils seront délivrés de tous leurs ennemis et que leur délivrance leur montrera qu’ils sont pardonnés. En effet, les trois premiers versets posent cette base, que Dieu est propice à Sa terre, et qu’Il a rétabli les captifs de Jacob. C’était la grande vérité publique. Mais le verset 4 fait voir que le peuple restauré avait besoin d’une autre bénédiction, dans la réalité de sa relation propre avec Dieu : « Ramène-nous, ô Dieu de notre salut ! ». L’Éternel était le Dieu de leur salut, mais ils avaient besoin de Sa bénédiction au milieu du pays, afin que Son peuple se réjouît en Lui. Combien souvent cela est vrai de l’âme qui sait qu’elle est pardonnée ! Les rachetés s’attendent à la bonté et au salut de l’Éternel, et restaurés ainsi dans Sa faveur, ils écoutent ce que dira Élohim Jéhovah ; car ils comptent sur la miséricorde. Il dira paix à Son peuple, le caractère public des fidèles, et à Ses saints, le résidu qui doit en jouir. La foi possède donc, en toute manière, la certitude que le salut de Dieu est près de ceux qui Le craignent, afin que la gloire de l’Éternel habite dans le pays.

Les derniers versets célèbrent dans des termes remarquables les principes divins sur lesquels les bénédictions sont désormais établies. La bonté et la vérité de Dieu se sont maintenant rencontrées ; Ses promesses, toujours véritables, ont été maintenant accomplies par Sa miséricorde. Il convient de remarquer que, dans les Psaumes, la miséricorde précède toujours la justice et la vérité. Car en rejetant le Seigneur, Israël avait perdu tout droit à la promesse ; il était tombé pleinement sous la culpabilité ; il n’avait pas de justice sur laquelle il pût s’appuyer ; il avait été renfermé dans la désobéissance, afin qu’il pût être aussi l’objet de la pure miséricorde. Mais, par le moyen de l’œuvre de Christ, ces promesses vont être maintenant accomplies, et la bonté et la vérité se rencontreront. Il y a encore plus que cela. Le Seigneur est, par grâce, la justice de ceux qui composent le résidu ; par conséquent cette justice est pour eux la paix, et ce qui, dans le jugement, aurait été leur ruine, se trouve, dans la grâce, être leur paix : « la justice et la paix se sont entre-baisées ». J’ai à peine besoin de dire combien ces grands principes sont vrais pour quelque pécheur que ce soit, à l’égard de bénédictions bien meilleures et célestes. Ici, ils sont appliqués à des bénédictions terrestres : la vérité germera de la terre, c’est-à-dire que son fruit, le plein et entier effet de la vérité et de la fidélité de Dieu, sera manifesté sur la terre en de parfaites bénédictions. Mais ces bénédictions ne seront pas le résultat d’une justice, accomplie ici-bas par l’homme d’une manière légale. La justice regardera des cieux : c’est la justice de Dieu — l’Éternel leur justice ! Elle est donc stable. L’Éternel donne ce qui est bon, et le pays est béni. La justice fraie à Jéhovah Lui-même, dans le pays — Son pays, sans aucun doute — le chemin de la bénédiction. Son règne sera caractérisé ainsi : « Un roi régnera en justice » (És. 32, 1). Il n’y aura plus d’oppression, on ne verra plus la justice se tenir loin, ni la vérité trébucher sur la place publique, comme dit Ésaïe 59, 14. Le jugement est revenu sur la terre et le gouvernement a ce caractère : « l’œuvre de la justice sera la paix et le travail de la justice, repos et sécurité à toujours » (És. 32, 17). Ce dernier trait est pratique, mais il est le résultat du fait que la justice a regardé des cieux ; bien plus, qu’elle est établie sur la terre (comp. Ps. 72, 1-7, où nous trouvons la description de cet état béni).

Psaume 86. Ce psaume est l’humble requête, mais la requête assurée et pleine de confiance, d’une âme qui a le sentiment de sa piété envers l’Éternel et qui regarde aux résultats du privilège qu’elle possède d’être en relation avec Lui. Nous retrouvons toujours l’Éternel depuis le psaume 84, fondé sur ces relations selon l’alliance, dans lesquelles le résidu sent qu’il se trouve, quoiqu’il attende encore, du sein de la détresse, le rétablissement des bénédictions de l’alliance dans le pays. L’expression « saint » du verset 2, signifie pieux (khesed et non pas kodesh). Nous trouvons trois requêtes dans ce psaume. Au verset 1 nous lisons : « Éternel ! incline ton oreille, réponds-moi ». Puis, au verset 6, nous avons un appel à la miséricordieuse attention de l’Éternel, pour qu’Il prête l’oreille à la prière du juste et soit attentif à la voix de ses supplications ; c’est-à-dire que le juste s’attend à ce que l’Éternel l’exauce. Enfin, nous avons, au verset 11, la troisième requête : d’être enseigné dans la voie de la vérité. Puis le résidu reconnaît les miséricordes de l’Éternel dans la terrible lutte qu’il a traversée, mais il s’attend encore à ce que l’Éternel intervienne en sa faveur, afin que ceux qui le haïssent soient honteux, parce que l’Éternel l’aura aidé et consolé. Combien l’état du résidu, comme l’histoire de Job, fait ressortir le grand conflit entre le pouvoir de Satan et la délivrance divine ! Mais dans cette lutte, l’âme sincère qui en est le sujet, en quelque bas état qu’elle puisse avoir été amenée, reconnaît que c’est l’Éternel qui est la source de toute délivrance et de toute bénédiction, quoique ses pieds aient été près de glisser en voyant la prospérité des méchants. Nous n’avons point ici une âme qui se plaigne ou soit dans l’amertume ; mais une âme, encore affligée et pauvre, qui a goûté la consolation que fait éprouver la bonté du Seigneur[27], une âme pieuse (voyez v. 2).

La mort et la puissance de l’homme sont devant les pensées des fidèles, mais ils ont aussi pour aide la consolation d’un Éternel bien connu : la délivrance est trouvée, mais elle n’est pas complète en bénédiction. En résumé, ce psaume nous présente essentiellement la requête que, dans sa piété, le résidu d’Israël, de retour dans le pays, adresse à l’Éternel ; mais d’une manière générale, on peut dire qu’il est l’expression de sentiments et d’une position dans lesquels Christ est pleinement entré, quoique le psaume ne Lui soit pas applicable directement.

Le psaume 87 considère Sion comme fondée par Dieu, comme une cité qui a des fondements. Les hommes possédaient des cités et en étaient fiers, mais Dieu avait une cité qu’Il avait fondée dans les montagnes de sainteté ; même ici, il ne s’agit pas de Joseph, ou des richesses de la nature ; la richesse de Sion, c’est Dieu ; son lieu, les saintes montagnes, ce qui est consacré à Dieu Lui-même ! Dans la puissance de l’Esprit, les fidèles n’ont pas à rougir de Sion, en présence de tous les lieux vantés de la terre : ce qui se dit d’elle sont des choses glorieuses. L’Égypte et Babylone se sont enorgueillies en vain, ainsi que la Philistie, Tyr et l’Éthiopie qui toutes avaient eu leur jour. Les fidèles peuvent parler de ces lieux sans redouter la comparaison. On tient Sion pour le lieu de naissance de l’homme de Dieu, le lieu de naissance des bien-aimés de l’Éternel. Le Très-haut l’établira. « Quand l’Éternel enregistrera les peuples, il comptera : Celui-ci est né là ». Là se trouvaient la joie, la célébration des louanges et toutes les fraîches sources de l’Éternel. Je doute un peu que l’expression « celui-ci » se rapporte à Christ : Sion s’enorgueillit de ses héros : les mots « celui-ci » et « celui-là » désignent les grands hommes, non les pauvres et les misérables. Ils sont les enfants de celle qui était autrefois désolée (comparez És. 49, 21, 22).

Le psaume 88 place le résidu sous le sentiment profond et terrible de la loi enfreinte et de l’ardente colère de Dieu, venant en justice sur ceux qui se sont conduits de la sorte ! Il ne s’agit plus de souffrances extérieures ou de l’oppression des ennemis, mais de quelque chose d’infiniment plus profond entre l’âme et Dieu. Quoique les jugements de Dieu aient amené le résidu au sentiment de sa petitesse (il en est toujours ainsi, moralement, de l’âme quand Dieu la visite en jugement, car que pourrait faire l’homme dans cette position, s’il voulait y porter remède ?), ce n’était, néanmoins, qu’une partie de la détresse résultant de la colère de Dieu, car la mort et la colère sont le véritable fardeau envisagé dans ce psaume, mais ici les terreurs de Dieu pèsent sur l’âme. On n’y trouve pas, non plus, comme chose actuelle, aucune trace de consolation, ni la perspective d’une délivrance de l’oppression humaine, quelque obscurément que cette délivrance pût être entrevue par la foi. Le psaume se termine dans la détresse ; tout s’y passe avec Dieu : c’est ainsi qu’il faut avoir affaire avec Lui jusqu’à ce que la grâce soit connue. Israël, placé sous la loi, doit arriver au sentiment que la colère divine est sur lui à cause de la loi qu’il a enfreinte : il est juste qu’il en soit ainsi. Mais le Dieu dont la colère pèse sur eux est un Dieu avec lequel ils sont en relation. Ils ont été délivrés, ramenés, ils se trouvent dans le pays plus près de Dieu ; ils ont, par suite, le sentiment de ce que leur condition de juste affliction est par rapport à cette relation. Ceci mérite d’être bien remarqué, soit pour ce qui concerne Israël, soit pour nous-mêmes ; car on peut réellement connaître d’une manière générale un Dieu de délivrance, sans que la conscience soit véritablement sondée, que la colère divine soit connue dans la conscience, et que celle-ci en soit délivrée.

« Éternel, Dieu de mon salut ! » tel est le début de ce psaume, ce qui lui donne sa portée et son vrai caractère, et le rend d’autant plus terrible ! Il est possible que la pleine bénédiction de la liberté dans la grâce ne soit pas connue, mais on connaît assez la relation avec le Dieu du salut ; on Le connaît assez Lui-même ; on a assez conscience d’avoir affaire avec Lui, pour que la privation de Sa faveur et le sentiment de Sa colère soient ce qu’il y a de plus terrible, la chose affreuse par-dessus toutes. La position des Juifs, sous la loi, les circonstances dans lesquelles ils se trouvent et le gouvernement de Dieu à leur égard, peuvent se rapporter davantage à ce que nous trouvons ici, parce que leur relation avec l’Éternel se rattache précisément à ces choses. Cependant c’est la colère ardente de l’Éternel qui est le grand et terrible fardeau ; le sujet de ce psaume est précisément cette terreur du Tout-puissant, ou, plus exactement de l’Éternel, qui absorbe et confond l’esprit — le sentiment de la colère, qu’aura, en ce jour-là, le résidu, sous une loi qu’il a enfreinte ! Les douleurs l’avaient visité auparavant ; il avait été affligé et près de rendre l’âme dès sa jeunesse, car telle avait été effectivement sa portion, comme chassé loin de Jérusalem, et maintenant rétabli. Étant ainsi mis en relation avec l’Éternel, le Dieu de son salut, il faut qu’il sente toute la profondeur de sa position morale, entre l’Éternel et lui seul, sous la colère qu’il a méritée. À moins de passer par là, on ne peut pas être réellement guéri, on ne peut entrer justement dans la bénédiction. Cela ne veut point dire, certes, que la colère doive demeurer sur les fidèles ; c’est pourquoi il y a de la foi, de la confiance dans ce psaume, quoiqu’il ne s’y trouve point de consolation. Car c’est après que la miséricorde leur a été montrée, et a été connue d’eux, que cette détresse vient sur les fidèles ; c’est quand ils sont rentrés dans leur relation avec Dieu par cette miséricorde, qu’ils peuvent en sentir la valeur, de la même manière que Job qui, déjà béni, apprit ensuite à se connaître et à voir quel homme il était, comme ayant à faire lui-même à Dieu, lorsque fut élevée la question de l’acceptation et de la justice. La colère ne demeurera pas sur les fidèles, parce que Christ en a bu la coupe ; mais il faut qu’ils entrent dans l’intelligence de cette colère, comme placés sous la loi, car ils avaient été sous la loi et avaient eu la prétention d’arriver par elle à la justice ; or, jusque-là, cette question n’était pas résolue pour eux. Je n’ai pas besoin de dire combien Christ est entré réellement en tout ceci dans la dernière période de Sa vie : c’est le fait capital de Son histoire.

Il faut remarquer que, même quant à ce qui fait le sujet direct du psaume, les terreurs n’ont pas été toujours sur l’affligé ; il avait été affligé et expirant dès sa jeunesse[28] ; telle avait été sa vie ; — mais maintenant il sentait son âme rejetée, et les amis et compagnons qu’il avait eus auparavant avaient été éloignés de lui par la main de Dieu. Il en fut ainsi de Christ : Ses disciples ne purent pas alors persévérer avec Lui dans Ses tentations ; Il leur rendit témoignage qu’ils l’avaient fait jusque-là ; mais maintenant ils allaient être criblés comme le blé, et la part des meilleurs d’entre eux allait être de L’abandonner ou de Le renier. Tel fut le lot de notre Sauveur, différant seulement en ceci d’avec les fidèles, que non épargné, ni délivré, Il but réellement la coupe qui fera échapper ceux-ci à la mort qu’ils redoutent. Cela pourra leur être appliqué comme une leçon pressante, afin qu’ils connaissent la justice et la délivrance ; mais, quant à la coupe de colère, ils ne la boiront pas ; ils seront exaucés et délivrés sur la terre. Ce psaume nous présente donc la colère sous la loi ; dans le psaume 89, nous trouvons la miséricorde et la faveur, en Christ, mais comme objet de leur attente dans la promesse ; la délivrance actuelle viendra dans le livre suivant, par l’introduction définitive de l’Éternel, le Messie, pour le repos du monde et d’Israël.

Psaume 89. Nous avons vu que le psaume précédent plaçait Israël (lorsqu’il était coupable de Lui avoir été infidèle), sous le jugement de l’Éternel, avec le sentiment de la colère qu’il avait encourue, ayant foi néanmoins en l’Éternel Lui-même. C’est une position que Christ a tout particulièrement prise, quoique naturellement pour d’autres, en particulier pour Israël, mais non pas pour cette nation seulement. Maintenant, le psaume 89 s’occupe de l’autre face de la relation de Dieu avec Israël ; non pas de Sa relation avec la nation en tant que sous la loi, mais de cette relation selon les promesses de l’Éternel à David. Ici, remarquez-le, ce n’est point le péché qui est mis en avant ; certainement il était, dans l’un et l’autre cas, la cause de l’état dont il est fait mention ; mais ce dont il s’agit, c’est de la colère au lieu du salut. L’Éternel avait été le Sauveur d’Israël, et la foi Le considérait encore comme tel ; néanmoins Il abandonnait Israël au lieu d’accomplir la promesse, en tant que faite à David. Il n’y a pas de trace de confession de péché. Dans le psaume 88, le résidu exprime sa plainte à l’égard de la mort et de la colère sous lesquelles ils se sent placé ; notre psaume, lorsque la bonté devait être édifiée pour toujours, montre l’alliance devenue de nul effet et la couronne de David profanée. Les chapitres 40 à 58 d’Ésaïe sont des plaidoyers contre Israël, pour le convaincre qu’il s’est rendu coupable, d’abord contre l’Éternel par les idoles qu’il s’est faites (chap. 40 à 48) ; ensuite, par son rejet de Christ (chap. 49 à 58). Ici, au contraire, nous avons la plainte d’Israël contre l’Éternel Lui-même ; non pas, je pense, une plainte de blâme qui serait impie, mais une sorte d’appel qui s’adresse à Lui, sur le fondement de ce qu’Il avait été pour Israël : comme nous l’avons vu, l’Éternel est occupé ici à établir ces relations. Israël est bien Israël, et il se trouve dans le pays (voyez le psaume 85) ; les nations sont là ; tout n’est pas restauré ; la dernière confédération apparaît, mais elle est formée contre Israël. Dieu se tient dans l’assemblée de Dieu ; Il juge au milieu des juges (Ps. 82) ; l’Éternel s’est rappelé Ses anciennes compassions (Ps. 81, 10-16). Le souvenir de l’arche est rappelé et il est fait mention de Dieu comme de Celui qui est assis entre les chérubins, comme autrefois dans le désert (Ps. 80). En un mot, le livre tout entier présente la condition d’un peuple rétabli dans le pays, mais qui est attaqué et détruit ; le temple qui existe de nouveau étant abattu et ruiné (Psaumes 74 à 76 et 79). Ce n’est pas simplement un résidu juif, se plaignant de la malice anti-chrétienne de gens avec lesquels il est extérieurement associé ou par lesquels il a été chassé ; mais c’est la nation d’Israël (représentée par le résidu), ayant des ennemis qui détruisent ce qui lui est cher, encouragée par des prophéties relatives au résultat final et instruite par la grâce souveraine envers David, lorsque, pour ce qui la concerne, elle a manqué à sa fidélité comme nation (Ps. 78 et 79). Elle regarde à Dieu (Élohim) comme tel, en contraste avec l’homme, au Très-haut, mais revient avec prière à l’Éternel (auquel elle appartient depuis sa sortie d’Égypte) et demande que Sa main soit sur le fils de l’homme, le provin[29] qu’Il s’est fortifié, psaume 80. En un mot, tout le livre envisage Israël comme formant un peuple qui est de fait dans le pays, qui a un temple, qui entre par la foi dans la relation d’alliance, mais qui est sujet aux invasions destructrices de puissances ennemies, l’Assyrien et ses alliés, auxquels, à la vérité, le peuple revient par suite des succès qu’ils remportent (Ps. 73, 10) ; car la prophétie, contenue en Ésaïe 10, 5-23 n’est pas encore accomplie dans ce moment-là (comparez Ésaïe 18, 5-7).

Or les deux derniers psaumes du livre font voir toute la pression que cet état de choses exerce sur l’esprit des fidèles. Au lieu d’un peuple béni, nous avons devant nous son isolement sous la colère. Néanmoins l’Éternel est le Dieu de leur salut. Le trône est renversé et profané, quoique d’immuables promesses, qu’il ne serait point mis de côté par suite de fautes quelconques, eussent été faites en miséricorde à David. On trouve le résultat dans le livre suivant, par la manifestation du Seigneur, par l’introduction du Fils unique dans le monde. Dans tout ce livre-ci, nous sommes sur le terrain de la prophétie en rapport avec Israël : le livre ne présente point la condition spéciale dans laquelle le résidu juif sera vis-à-vis de l’Antichrist, par suite du péché qu’il a commis en rejetant Christ, ni ses afflictions spéciales en rapport avec cette condition ; ceci se trouve, comme nous l’avons vu, dans les premier et deuxième livres. De là vient aussi que dans les livres suivants nous voyons les fidèles reconnaître que l’Éternel a été leur refuge et leur demeure dans toutes les générations : leur histoire prend fin par l’apparition du Messie, en gloire.

Avant d’aller plus loin, j’ajouterai ici encore quelques observations de détail sur le psaume 89. Il a pour sujet les bontés de l’Éternel (Sa gratuité envers Israël, khasdei) et leur immutabilité, les gratuités assurées. Il y a de la foi pour dire « à toujours », car c’est la grâce ; et ainsi la requête que nous avons fait remarquer ailleurs, s’élève vers Dieu : « Jusques à quand ? ». En serait-il autrement et en apparence même à toujours ? L’Éternel était fidèle ; car le fidèle avait dit avec foi : la gratuité, la bonté « sera édifiée pour toujours ; dans les cieux mêmes tu établiras ta fidélité », là où rien ne pouvait lui porter atteinte. Il en sera ainsi, Satan étant précipité du ciel : c’est la description même du millénium. Alors le psalmiste raconte l’alliance faite dès l’origine avec David, alliance qui est l’expression de la gratuité, de ce à quoi Jéhovah devait être fidèle : les gratuités assurées à David. Ensuite il revient en arrière, et continue de célébrer les louanges de l’Éternel (v. 5-18) ; il rappelle l’ancienne délivrance de la servitude d’Égypte et considère que la louange de l’Éternel découle nécessairement de ce qu’Il est, et de la bénédiction du peuple qui sait ce que c’est que le cri de joie. Ils s’égaieront tout le jour en Son nom et seront haut élevés par Sa justice (car ici nous sommes en plein sur le terrain de la grâce). Il est la gloire de leur force, et dans Son bon plaisir leur corne sera haut élevée. Telle est la bénédiction qu’il y a à se trouver associé avec l’Éternel, dans Sa faveur. Mais cette bénédiction se trouve dans les immuables gratuités promises à David. Comment s’accompliront-elles ? En ceci (v. 18), que le Kodesh (saint) d’Israël, sera leur roi. Mais Dieu avait aussi parlé, non d’un Kodesh (saint), mais d’un Khésed (bien-aimé) dans lequel tous les Khasdei (pluriel de Khésed), toutes les gratuités, seraient concentrés et envers lequel l’Éternel montrerait une fidélité immuable — « les grâces assurées de David ». Le psaume revient ici à l’alliance faite avec David et fait voir qu’elle ne devait jamais être changée (v. 34-37). Cependant tout était, de fait, dans un état différent ; mais il y avait aussi, fondée sur cette promesse, la foi pour dire : Jusques à quand, ô Éternel ? S’Il cache Sa face à jamais et si Sa fureur s’embrase comme un feu, qui est l’homme qui vivra et ne verra point la mort (v. 48) ? Le fidèle fait appel aux bontés précédentes envers David, en tant que jurées à David lui-même ; mais je ne doute pas que, dans le verset 49, ces gratuités ne soient applicables à tous les fidèles. Néanmoins l’Esprit de Christ entre dans cette position du résidu, comme Il l’a fait pour la colère, afin de prendre sur Lui toute la réalité de leur fardeau. Naturellement, en ce jour-là, Lui n’éprouvera aucune souffrance ; mais Il a anticipé ce jour de souffrance, afin que Son Esprit pût s’exprimer dans Son peuple comme avec Sa propre voix ; car l’opprobre qui vient des puissants et des apostats, en ce jour, diffamera les actes de l’Oint de Dieu. Et si les fidèles marchent sur ces traces, ils auront part à l’opprobre provenant des ennemis de l’Éternel. Telle est alors la position des fidèles : ils marchent dans les sentiers du Seigneur, ils attendent les bénédictions de l’alliance avec Israël, sentant la colère sous laquelle ils se trouvent ; dans la foi néanmoins, mais regardant à la promesse de gratuité faite par Dieu à David (promesse qui était une pure grâce, car l’arche de l’alliance s’en était allée et Israël était devenu I-Cabod), et attendant la réponse. Cette réponse, le livre suivant la donne. Comme je l’ai dit, nous sommes ici dans les temps prophétiques, au milieu des scènes décrites par Ésaïe, avec l’Assyrien et un temple dévasté. Les méchants sont là ; le peuple s’assemble en foule avec eux dans la prospérité. Si quelque partie du livre de Daniel se rapporte à ces circonstances, c’est le chapitre 8 et non pas le 7e : la Bête ou l’Antichrist ne sont pas en scène, mais nous avons devant nous le pays, Israël coupable, les promesses — non pas la question d’un Christ rejeté. Ce psaume termine le troisième livre.

Livre 4

Le quatrième livre ne diffère pas du troisième d’une manière aussi marquée que les trois précédents l’un de l’autre, et spécialement le troisième des deux premiers, par la raison que le troisième, tout en annonçant prophétiquement la bénédiction, décrit un état de choses qui prépare le chemin à l’intervention divine pour introduire une pleine bénédiction. Le premier livre avait donné les grands principes de la position du résidu juif en rapport avec l’histoire de Christ ; le second avait présenté les fidèles hors de Jérusalem ; le troisième revient à la condition d’Israël comme nation rétablie dans le pays, mais pas encore dans la pleine bénédiction de l’Éternel ; le quatrième, comme je l’ai dit, complète le tableau par la venue du Messie et rattache ensemble la nation et Christ, la nation et l’Éternel. Le livre s’ouvre donc en présentant la nation en relation avec l’Éternel, au retour duquel on s’attend et qui, finalement, bénit les Israélites afin que Son bon plaisir soit sur eux. Le second psaume du livre nous fait voir la nation en rapport avec Christ, en tant qu’homme dans ce monde ; le troisième, psaume 92, célèbre d’une manière prophétique le grand résultat, dans le plein établissement duquel nous font entrer les psaumes 93 à 100. Viennent ensuite quelques détails profondément intéressants sur Christ, psaumes 101 et 102, tandis que le résultat général, en tant que manifestant les voies de l’Éternel envers Israël et la terre, est traité dans les louanges des psaumes 103 et 104. Les voies de l’Éternel, depuis le commencement, et celles d’Israël envers Lui, se trouvent dans les psaumes 105 et 106 qui terminent le livre.

Le premier psaume du livre, le psaume 90, place le peuple — c’est-à-dire sa portion fidèle — sur le fondement de la foi en l’Éternel, et exprime son désir d’être délivré et béni de Sa main. D’abord l’Israélite pieux reconnaît que le Seigneur a été de génération en génération la demeure d’Israël ; ensuite qu’Il est le Dieu éternel, avant que le monde fût, qu’Il tourne et retourne l’homme en un moment, comme il Lui semble bon, et que pour Lui le temps n’est pas le temps. Actuellement Israël était consumé par Sa colère. Mais ce n’est pas tout : quoique Son pouvoir soit absolu, Il n’en use pas d’une façon arbitraire. Son gouvernement est un vrai et saint gouvernement moral ; les fidèles le reconnaissent par une confession sincère, non seulement des fautes extérieures, mais aussi des péchés secrets que ce gouvernement met en lumière, car c’est la manière d’agir de Dieu. Leurs jours s’en allaient par Sa grande colère ; ils demandent que l’orgueil de leur cœur soit tellement brisé, qu’il leur soit donné de se souvenir de leur faiblesse et de leur mortalité, de telle sorte qu’ils soient débarrassés de la suffisance si naturelle à leurs pauvres cœurs et qu’ils en acquièrent un cœur sage, par la crainte de Dieu. L’homme est mis à sa place et Dieu à la sienne, en même temps qu’Israël se confie en l’Éternel : tout ceci est plein d’instruction relativement à la position morale qui convient dans ce jour-là au résidu, ainsi qu’à tous ceux qui ont affaire avec Dieu. Ainsi on regarde à l’Éternel pour qu’Il revienne en délivrance, comme l’indique la parole de la foi : « Jusques à quand ? ». Quant à Ses serviteurs, ils demandent que, de même que l’affliction est venue sur Lui, ainsi aussi Son œuvre apparaisse désormais : que la gratuité du Seigneur soit sur eux et que leur œuvre soit établie par Lui. C’est la vraie foi, quant à la relation avec le Dieu suprême dans Son saint gouvernement sur la terre. Mais s’il en est ainsi, c’est que l’Éternel est le Dieu d’Israël.

Psaume 91. Nous trouvons ici un autre principe fort important. En prenant place avec Israël, dans la position de la confiance en l’Éternel, le Messie devenait le canal qui doit amener la pleine bénédiction du peuple. Trois noms d’Élohim (Dieu) nous sont présentés dans ce psaume : celui par lequel Il fut en relation avec Abraham, le nom de Tout-puissant ; puis un autre nom, dont Abraham a pu avoir connaissance d’une manière prophétique par le témoignage de Melchisédec, le titre millénaire d’Élohim, quand Il prend Son titre le plus élevé sur la terre (comp. Gen. 14, 18-20), le nom de Très-haut. Ces deux noms, comme tous les noms de Dieu, ont l’un et l’autre leur signification propre : l’un rappelle Sa puissance parfaite, l’autre Sa suprématie absolue. Le troisième nom est celui d’Éternel. Alors surgit la question : Quel est le Dieu à qui appartient cette place ? Qui est ce Dieu suprême au-dessus de tout sur la terre ? Qui trouvera le lieu secret de Sa demeure pour y habiter ? Celui qui se sera logé là, sera complètement protégé par le pouvoir du Tout-puissant. Le Messie (Jésus) dit aussitôt : « J’ai dit de l’Éternel : Il est ma confiance et mon lieu fort ». Il prend l’Éternel, le Dieu d’Israël, pour Sa demeure. Les versets 3-8 nous font connaître la réponse qu’Il reçoit. Sans aucun doute ces choses sont vraies de tout pieux Israélite, et tous les fidèles peuvent les avoir, mais conduits par l’Esprit de Jésus, le seul parfait fidèle, qui a réellement pris cette position. Je pense qu’au verset 9, c’est Israël qui parle, c’est-à-dire que l’Esprit personnifiant Israël, s’adresse au Messie : « Parce que toi tu as mis l’Éternel, mon refuge, le Très-haut, pour ta demeure, aucun mal ne t’arrivera ». L’allocution continue jusqu’au verset 13 ; puis au verset 14, l’Éternel Lui-même parle du Messie (Jésus) comme de Celui qui a mis Son affection sur Lui et qui obtiendra la pleine bénédiction de l’Éternel, parce qu’Il a connu Son nom. C’est un psaume très intéressant à ce point de vue.

Mais nous avons à remarquer que tout — le caractère de Dieu sous tous ses aspects — est envisagé ici au point de vue de la terre. Quant à la question de savoir comment Christ a pu faire l’abandon de toutes les bénédictions terrestres, comme chose actuelle, afin de prendre la position de parfaite obéissance, en se confiant d’une manière absolue en Son Père, elle nous conduit à des vues plus profondes sur les desseins de Dieu et sur le sentier du Bien-aimé Lui-même. Satan aurait voulu se servir précisément de ce qui est dit ici pour Le détourner du chemin de l’obéissance, et L’amener dans celui de la défiance et de la volonté propre. Mais, Dieu soit béni, ce fut en vain, comme nous le savons. Les gratuités assurées à David devaient se trouver dans un Être obéissant et ressuscité — (ce point est traité plus loin dans un psaume d’une incomparable beauté) — et des bénédictions plus profondes et des gloires plus hautes devaient être ainsi introduites. Mais celui qui a suivi cette marche parfaite de la soumission, n’en a pas moins assuré tout le fruit à ceux qui marcheront après Lui dans cette position de confiance en l’Éternel sur la terre. Ce principe se montre sous diverses formes tout le long du livre des Psaumes : et même l’œuvre expiatoire de Christ, impliquant qu’Il renonçait personnellement à la bénédiction terrestre, était nécessaire pour que d’autres pussent suivre ce chemin dans lequel Il a pu, naturellement, marcher personnellement sans elle. Nous trouvons, au psaume 21, une révélation divine quant à la manière dont la promesse de la vie s’est accomplie pour le Seigneur.

Le psaume 92 emploie les noms de Dieu : Éternel et Très-haut ; seulement il ne s’agit plus du domicile secret que connaissent seules la fidélité et la foi. Les versets 7 et 8 montrent comment la toute-puissance assure la bénédiction et répond à la foi. Ce qui est célébré ici n’est point l’exercice de la foi, sous la discipline, mais la réponse à la foi, annonçant (v. 15) que l’Éternel est droit et qu’il n’y a point d’injustice en Lui. Les psaumes 90, 91 et 92 forment ensemble une introduction au grand thème qui suit, caractérisé par l’expression : « L’Éternel règne ». Déjà la puissance avait été déployée ; on en attend maintenant le résultat parfait et final dans le jugement de tous les ennemis, et dans la bénédiction permanente, non pas simplement comme objet d’espérance, mais fondée sur l’intervention manifeste de Dieu. Ces choses sont exprimées dans la position que le Messie avait prise au psaume précédent, où Il est identifié avec Israël dans les derniers jours, restauré par la puissance divine, mais non pas encore dans la pleine et paisible jouissance de la bénédiction divine, précisément comme nous l’avons vu dans le troisième livre. Le Messie prend donc la direction de la célébration des louanges, et voit Sa corne élevée en gloire (comp. Ps. 75). Mais les pensées de l’Éternel sont plus profondes. Il voit de loin, Il voit la fin dès le commencement, et Il accomplit Sa parole et tous Ses desseins. C’est là ce dont la foi doit se souvenir.

Le psaume 93 annonce les grands et bienheureux résultats de l’intervention finale de Dieu en puissance. L’Éternel règne. Certes Son trône était établi dès l’éternité ; mais les fleuves avaient élevé leur voix ; les flots mugissant des hommes impies s’étaient fait entendre, seulement l’Éternel, dans les lieux hauts, était plus puissant qu’eux tous. Deux autres grands principes complètent ce court, mais remarquable sommaire de toute l’histoire du gouvernement de Dieu à l’égard de l’homme : « Les témoignages de l’Éternel sont très sûrs ». Quoi qu’il puisse arriver, la foi peut compter sur eux. D’autre part, il en ressort une autre grande vérité concernant le caractère de Dieu : « La sainteté sied à la maison de Dieu ». Mais je regarde cette dernière phrase comme décrivant la sainteté qui convient à la maison de Dieu durant la période finale de laquelle ces psaumes parlent et en vue de laquelle la terre a été établie. Puis, au psaume suivant, viennent les détails de la venue du Fils unique dans le monde, à l’effet d’y établir la gloire et l’ordre selon Dieu, venue à laquelle la requête du résidu d’Israël sert d’introduction.

Le psaume 94 nous donne cette requête des fidèles ; elle est en même temps l’expression de la parfaite intelligence de leur position, des voies de Dieu, de la position des méchants et du résultat qui va être produit, et cela, pour ce psaume comme pour tous ceux de ce livre, sur le pied de la relation connue du peuple avec l’Éternel. Nous avons vu qu’au psaume 91, Christ prend cette place avec le peuple, afin que la pleine bénédiction puisse venir sur le peuple en tant qu’associé avec Lui. Le psaume 94 s’adresse à l’Éternel comme au Dieu des vengeances et Lui demande de se montrer, de s’élever comme juge de la terre et de rendre la récompense aux orgueilleux. Le « Jusques à quand ? » devient instant et pressant ; la conduite et l’impiété des méchants sont exposées. Les versets 4-11 s’adressent aux Israélites incrédules touchant la folie de cette conduite. Les versets 12-15 renferment une explication bien instructive des voies de l’Éternel : « Bienheureux l’homme » que Jah châtie et qu’Il enseigne par Sa loi ! Telle est la position du résidu souffrant, cette position dans laquelle Dieu le met à l’abri des mauvais jours jusqu’à ce que la fosse soit creusée pour le méchant. Sans doute les fidèles (comme les Psaumes nous le montrent) avaient été quelquefois bien près d’oublier cette précieuse vérité (voy. Ps. 73) ; pas toujours cependant (voyez Ps. 27, 5) ; mais la foi ne l’oublie pas, et c’est là le vrai sens des afflictions du résidu, et des nôtres aussi sous les soins de notre Père. Le cœur, au milieu du mal, a affaire avec Dieu, non seulement dans la soumission, mais comme sachant que la coupe qui lui est présentée vient de l’Éternel (de notre Père). Ainsi le trouble et la misère que nous ressentons, lorsque nous rencontrons la volonté de l’homme dans notre volonté, sans qu’il nous reste de ressource, prennent fin ; et la volonté (le grand obstacle) étant soumise, Dieu enseigne alors le cœur humble et soumis qui est dans sa vraie position devant Lui[30]. Pour la foi, c’est d’ailleurs une chose établie que l’Éternel ne rejettera jamais Son peuple : mais le jugement retournera à la justice et tous ceux qui sont droits de cœur le suivront. C’est là le grand principe, le principe essentiel et capital du changement qui s’effectue dans le temps dont parle notre psaume. Le jugement, longtemps séparé de la justice, revient désormais à elle. Le jugement se trouvait en Pilate, la justice en Christ. Là l’opposition de ces deux choses était complète ; — partout ailleurs elle l’est plus ou moins. Souffrir pour la justice — or la justice divine établie dans les cieux est certainement la meilleure part — c’est la part de Christ, comme homme, maintenant glorifié ; mais ce n’est point là le maintien de la justice sur la terre. Cette justice sur la terre doit être maintenue d’une manière effective ; mais où trouver celui qui la fera triompher ? Qui se chargera de la cause des fidèles, ou se lèvera pour le résidu, contre les puissants ouvriers d’iniquité ? Si l’Éternel ne s’était levé pour eux, leurs âmes eussent été bientôt logées dans le lieu du silence. Il est à peine besoin de faire remarquer combien tout cela est vrai de Christ, à l’égard des hommes, combien Il entre pleinement dans toute la position qui nous est présentée ici. Même lorsque le résidu avait peur de glisser, la bonté de l’Éternel l’a soutenu ; et sous le poids accablant des pensées, où se trouve toute la puissance du mal, les consolations de l’Éternel ont fait les délices de son âme. Le verset 20 nous présente une demande très remarquable : le trône d’iniquité et celui de l’Éternel sont-ils prêts à s’unir ensemble ? Non, sans doute ; alors les jours du trône de l’iniquité sont comptés. La méchanceté est là, elle est maintenant patente. Mais l’Éternel, la retraite des fidèles, le juge des méchants, qui fera venir leur iniquité sur eux-mêmes, les détruira. Comme je l’ai déjà fait observer, ce psaume nous présente donc, d’une manière remarquable, la revue la plus complète de l’ensemble de la position du résidu et des voies de l’Éternel.

Les psaumes 95 à 100 nous montrent très distinctement la marche de l’introduction du Fils unique dans le monde ; mais ici, Il est toujours vu comme l’Éternel venant du ciel en jugement, et, à la fin, prenant place entre les chérubins et appelant le monde à L’adorer là. Cela met en contraste l’établissement d’Israël dans la bénédiction par le moyen de la puissance, avec son ancienne chute, quand il fut délivré pour la première fois.

Le psaume 95 appelle Israël à venir devant l’Éternel avec des cris de joie, des louanges et des actions de grâce ; il décrit (v. 3-5) Sa grandeur par-dessus tous les dieux et comme Créateur. Mais l’Éternel est Celui qui a fait Israël, Il est aussi son Dieu ; et Israël maintenant peut attendre le repos, même après un si long temps et une si longue chute. Jusqu’à ce que la puissance intervienne pour exercer le jugement, pendant qu’il est dit : « aujourd’hui » (car dans ce grand « demain » Dieu ne supportera plus de mal ni de volonté rebelle), le peuple est invité à ne pas endurcir son cœur, comme autrefois dans le désert, lorsque Dieu jura qu’il n’entrerait point dans Son repos. Mais maintenant, après tout, la grâce dit : « Aujourd’hui ! ». Elle les invite à venir en Sa présence à Lui, le rocher de leur salut.

Le psaume 96 appelle toute la terre à entrer dans l’esprit de l’évangile éternel : tous doivent reconnaître l’Éternel ; les dieux des nations ne sont que vanité ! Au psaume 95, l’invitation était faite comme de compagnie : « Venez, chantons, agenouillons-nous ! ». Ici, il est dit à ceux qui sont loin : « Chantez à l’Éternel… racontez parmi les nations sa gloire ». L’Éternel est le Créateur ; et Son excellence est alors déclarée, mais c’est dans Ses parvis, en Israël sur la terre, qu’Il est connu. Les nations sont de nouveau invitées à Le reconnaître là, à L’adorer conformément à l’ordre établi dans Sa maison sur la terre, car l’Éternel règne, le monde est affermi ; Il exercera le jugement sur les peuples avec droiture. Cela introduit l’invitation à tout le monde créé de se réjouir dans un chœur de louanges devant l’Éternel, car Il vient pour juger la terre en justice et selon Sa fidélité.

Le psaume 97 célèbre la venue même de Christ. L’Éternel a pris à Lui Sa grande puissance et Son règne : la terre et la multitude des îles sont appelées à se réjouir. Les nuées et l’obscurité sont autour de Lui, car ce n’est pas de la révélation de Lui-même qu’il s’agit, mais de celle de Ses jugements en puissance. La justice et le jugement caractérisent toujours Son trône : le feu du jugement marche devant Lui et consume tous Ses adversaires. L’Éternel, le Seigneur de toute le terre, sort de Son lieu. Les cieux (car sur la terre il n’y a personne pour le faire) déclarent Sa justice avec puissance, et tous les peuples voient Sa gloire. Ensuite l’effet du jugement est déclaré : le culte des idoles est couvert de confusion devant l’Éternel, et tous les pouvoirs, toutes les autorités, depuis les anges et au-dessous, doivent désormais Le reconnaître. Mais un autre fait se produit, qui est la joie et la délivrance pour Sion : c’est le jugement du mal qui est sa délivrance, car il est la glorieuse exaltation de l’Éternel son Dieu[31]. Les versets 10-12 signalent les objets bénis de la délivrance, savoir le résidu fidèle. La lumière est semée pour le juste et la joie pour ceux qui sont droits de cœur. Le psaume tout entier est un exposé fort complet du caractère de la venue du Seigneur sur la terre.

Dans le psaume 98, Israël sur la terre célèbre le résultat de cette intervention personnelle. L’Éternel a fait connaître Son salut et s’est souvenu de Sa bonté et de Sa fidélité envers la maison d’Israël. Tout le pays (ou toute la terre) est invité à célébrer l’Éternel comme Roi. Ici l’invitation ne s’adresse point aux cieux, comme au psaume 96 : les cieux sont déjà remplis de Sa gloire, et les anges ont été appelés à adorer ; mais la mer, avec tout ce qui la remplit, le monde et ceux qui y habitent, doivent faire éclater leur joie au-devant de l’Éternel qui vient pour juger la terre et tout le monde habitable.

Le psaume 99, quoique d’un caractère très simple, renferme quelques principes importants. L’Éternel règne maintenant, non pas seulement en rendant manifeste la puissance céleste, mais en établissant cette puissance comme Roi sur la terre. Maintenant Il est assis, comme jadis, entre les chérubins, en Israël. Il est grand en Sion et haut élevé par-dessus tous les peuples. Je pense que ce mot peuples (« Ammim »), traduit généralement par « peuple », ce qui le confond avec Israël, est employé, non pas comme « Goïm » (98, 2 et souvent ailleurs), en opposition avec Israël et la connaissance de l’Éternel, mais pour désigner les nations qui ne sont pas Israël, en tant que mises en relation avec Israël et par là avec l’Éternel Lui-même. Israël est appelé « Goï » (Ps. 43) quand il est jugé et rejeté. En outre le Roi (le Messie, mais toujours l’Éternel), aime la justice et établit la droiture, exerçant le jugement et la justice en Jacob. Ainsi l’Éternel, le Dieu de Jacob, devait être exalté et cela dans Jérusalem.

Mais voici un autre principe touchant et important. Israël avait entièrement failli ; il avait repoussé l’Éternel, rejeté le Messie, et avait été jugé et chassé. Mais Dieu n’avait jamais abandonné Sa fidélité et Sa grâce. Aussi l’Esprit revient-Il ici en arrière pour reconnaître les saints de l’ancienne alliance qui, par grâce, avaient été fidèles. Le résidu a toujours été reconnu ; en un sens nous sommes tous encore enfants de Jérusalem, la délaissée, et nous attendons, sous la discipline et le gouvernement, qui sont pour nous ceux d’un Père. Moïse et Aaron parmi Ses sacrificateurs, Samuel parmi ceux qui invoquaient Son nom, les vrais prophètes sans office, quelle que fût leur mesure, tous ont crié à l’Éternel et Il leur a répondu. Il y avait entre eux et Lui la relation de la foi : l’Éternel leur répondait, mais Il gouvernait Son peuple, tirant vengeance de leurs actes. Il en sera de même à la fin : quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé, mais certainement les actes de ceux qui L’invoqueront seront punis. Ce sont là les deux pivots de toutes les voies de Dieu : d’un côté la grâce et des oreilles de compassion attentives au cri des débonnaires et des affligés ; de l’autre, un gouvernement saint et vrai. Il en est de même pour nous ; seulement nous sommes sous le gouvernement du Père (quoiqu’il soit toujours le gouvernement du Dieu saint), mais après le salut et l’adoption. L’Israël régénéré est ainsi identifié avec l’Israël fidèle de jadis. L’enfant de Ruth et de Booz est un fils né à Naomi. On ne connaît plus Mara.

Le psaume 100 est une invitation universelle à adorer l’Éternel avec allégresse et louange. L’Éternel est bon. Le verset 5 présente en principe la grande vérité si souvent posée comme fondement de l’espérance d’Israël : « Sa bonté demeure à toujours », vérité qui leur donnait aussi lieu de dire : « Jusques à quand ? ». L’expression : « Toute la terre » du verset 1, désigne tout le pays d’Israël ; le droit que réclame le peuple d’Israël d’être le peuple de l’Éternel et le troupeau de Sa pâture, semble s’étendre à la terre entière ; cependant, j’incline beaucoup à penser qu’il est question simplement de « tout le pays d’Israël ». Ce psaume termine la remarquable série de ceux qui décrivent la venue de l’Éternel (Christ) pour établir la justice et le jugement sur la terre, et Son trône en Israël.

Le psaume 101 pose les principes d’après lesquels le roi gouvernera sa maison et le pays quand il prendra le royaume au nom de l’Éternel.

Le psaume 102 est un des plus remarquables, peut-être le plus remarquable de tous les psaumes ; il présente Christ d’une manière divinement admirable. Le verset 10 fait voir quelle a été l’occasion du cri par lequel le psaume commence. Christ est complètement envisagé comme homme, élu d’entre le peuple et exalté pour être le Messie ; et maintenant, au lieu de prendre le royaume, Il est rejeté et chassé[32]. Le temps auquel nous sommes reportés, est celui de l’approche immédiate de la croix ; mais il fut, nous le savons, anticipé, peut-être souvent, en pensée, par le Seigneur, comme Jean 12 nous en fournit un exemple. Christ regarde à l’Éternel, qui avait jeté par terre Celui qu’Il avait appelé à la position de Messie, mais qui rencontre maintenant l’indignation et la colère. Ici, Il n’envisage pas Ses souffrances comme Lui venant de la part de l’homme. Elles venaient de sa part, sans doute, et Il le sentit ; mais les hommes ne sont pas devant Lui dans ce jugement ; ce n’est pas non plus de Son œuvre expiatoire qu’il est question, quoique nous trouvions ici ce qui l’opérait, l’indignation et la colère qui ont eu leur plein effet à la croix : il s’agit de Christ Lui-même, de Son retranchement comme homme. Il est dans la détresse, Son cœur est frappé, semblable au pélican du désert et au hibou des lieux désolés ; Ses jours sont comme une ombre qui s’allonge ; Il est sec comme l’herbe. Tel était le Messie à qui appartenaient toutes les promesses. Mais l’Éternel demeurait éternellement ; Ses promesses étaient certaines. Il se lèverait et aurait compassion de Sion ; le temps assigné était venu. Toute la scène, depuis Christ sur la terre jusqu’au résidu des derniers jours, est une scène seule et unique. Lorsque Sion sera restaurée, les nations craindront le nom de l’Éternel. Quand l’Éternel bâtira Sion, Il paraîtra dans Sa gloire. Il aura égard à la prière du désolé et exaucera le pauvre résidu, afin qu’on annonce Son nom en Sion et Sa louange dans Jérusalem, alors que les peuples seront rassemblés et les royaumes, pour servir l’Éternel. Mais où était alors le Messie ? Sa force avait été abattue dans le chemin ; Ses jours avaient été abrégés. Il avait crié à celui qui pouvait Le délivrer, Le sauver de la mort. Sion devait-elle être restaurée et pas le Messie ? Devait-Il, Lui, rester abattu et retranché ? Vient alors l’admirable et glorieuse réponse : Il est Lui-même le Créateur des cieux et de la terre ; Il est toujours le même ; Ses années ne défaudront pas, lorsque l’univers créé sera changé comme un habit. Les enfants de Ses serviteurs continueront d’habiter près de Lui et leur semence sera établie devant Lui. Le Christ, Jésus, le méprisé et le rejeté, est l’Éternel le Créateur. Le Jéhovah dont nous avons appris qu’Il doit venir, est le Christ qui est venu. L’Ancien des jours vient : c’est Christ qui l’est, tout en étant Fils de l’homme. Ce contraste entre l’extrême humiliation et l’isolement de Christ, et Sa nature divine, est d’une puissance incomparable. Mais il faut nous rappeler que nous avons ici le sentiment personnel de la réjection de Christ, en rapport avec le résidu, et non le fait de porter dans Son âme le jugement du péché, pour les hommes. Considérez la différence des résultats au psaume 22, bien que cette œuvre parfaite fût nécessaire aussi pour la « nation » qui sans elle n’aurait pu être délivrée.

Les psaumes 103 à 106 nous présentent, en même temps que l’alliance, les résultats en grâce et en responsabilité de l’histoire d’Israël.

Le psaume 103 nous fait entendre la voix du Messie en Israël, célébrant les louanges de Dieu selon Ses voies envers ce peuple. Le psaume 104 nous donne le chant de louange du Messie dans la création. Le psaume 105 décrit les voies de Dieu en grâce envers Israël, depuis Abraham jusqu’au moment où Dieu donna à Son peuple le pays dont il doit maintenant jouir en paix. Au psaume 106, les voies d’Israël, depuis le commencement jusqu’à la fin, sont confessées, mais la bonté de l’Éternel est reconnue, et les fidèles s’attendent à elle, car elle demeure à toujours. La grâce et la faveur sont le seul fondement sur lequel puisse être édifiée l’espérance qui mène à l’obéissance. Cette pensée termine le livre.

Les psaumes 103 et 104 exigent quelques observations. Sans doute, c’est l’Esprit de Christ qui conduit les louanges que nous y trouvons, car Sa louange commencera par l’Éternel dans la grande congrégation ; mais c’est au nom d’Israël que le psaume s’énonce. Israël possède le pardon et la miséricorde par les tendres compassions de l’Éternel. Pour ce qui est de l’homme, ses jours sont comme l’herbe ; le peuple aussi a été comme l’herbe et desséché (És. 40), mais la bonté de l’Éternel est de tout temps et à toujours sur ceux qui Le craignent, sur ceux qui Lui obéissent. Ainsi tout est attribué à la grâce — en même temps qu’à la fidélité — selon la nature même et le nom de l’Éternel ; mais c’est pour ceux qui obéissent, pour le résidu fidèle. Maintenant l’Éternel les reconnaît avec amour et de tendres compassions ; tous leurs péchés sont entièrement éloignés d’eux ; le trône de l’Éternel est préparé dans les cieux : seul moyen d’assurer la bénédiction ! Maintenant Son royaume a domination sur tout. Il ne s’agit pas seulement des droits de l’Éternel, mais Son règne est établi de fait. Ce psaume est le chant de louange d’Israël à la suite de l’intervention de l’Éternel, dont ont parlé les psaumes précédents. Matthieu 9, 1-6 signale Jésus comme l’Éternel qui maintenant, à la fin, guérit tout Israël, selon le verset 3 de notre psaume. Plus nous apprenons à connaître à fond l’Écriture, plus la vérité que, tout en étant Fils de l’homme, Christ est le Jéhovah de l’Ancien Testament, apparaît claire et nette.

Le psaume 104, qui célèbre l’Éternel comme Créateur, exige fort peu de remarques. Il s’occupe presque exclusivement de la terre. L’Éternel y est présenté comme revêtu de la gloire des cieux, décrite ici en un magnifique langage ; mais c’est la terre qui est le sujet du psaume. Elle est envisagée comme existant pour être la demeure de l’homme, ainsi qu’elle l’est effectivement, mais sous la dépendance absolue de la volonté souveraine de l’Éternel. Ce n’est pas la terre que l’on célèbre, mais son Créateur ; ce n’est pas le paradis, mais la terre, telle que nous la voyons entre les mains de l’homme. Seulement, le psaume envisage les pécheurs comme consumés de dessus la terre, de sorte qu’il n’y a plus de méchants : ce trait donne à notre psaume un caractère particulier et le rattache à l’introduction du Premier-né dans le monde.

Le psaume 105 offre des actions de grâces à l’Éternel et invite la postérité d’Abraham et de Jacob à se souvenir de Lui et à se glorifier en Son nom. Les versets 7 à 9 nous en donnent les motifs. Il est l’Éternel leur Dieu ; Ses jugements sont dans toute la terre, et Il s’est souvenu de Son alliance à toujours. Cette alliance devait être une alliance éternelle : elle était ordonnée pour mille générations ; maintenant Il s’en est souvenu. Vient alors le récit de la manière dont Dieu avait pris soin des pères et avait jugé l’Égypte pour la délivrance de Son peuple ; en dépit de la servitude, aucun n’avait chancelé parmi Ses tribus. « Il se souvint de sa parole sainte, et d’Abraham son serviteur[33], et il fit sortir son peuple avec joie, ses élus avec chant de triomphe. Et il leur donna les pays des nations,… afin qu’ils gardassent ses statuts et qu’ils observassent ses lois ». Quant à toutes leurs chutes subséquentes, il n’en est fait mention en aucune manière ; car maintenant Dieu s’est souvenu de nouveau de Son alliance avec Abraham (v. 8), et Il a délivré Son peuple par des jugements, car c’est l’accomplissement de la promesse ; et « les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance ». Le psaume suivant nous dira les voies d’Israël, mais seulement afin de faire ressortir la miséricorde de Dieu et Sa bonté qui ne faillit jamais ; car tel est le thème précieux de ce psaume.

Psaume 106. « Alléluia ! Célébrez l’Éternel, car il est bon ; car sa bonté demeure à toujours ». Nous avons retrouvé souvent cette expression de la bonté inépuisable et fidèle de l’Éternel qui fait la sûreté d’Israël. Le psaume décrit ensuite le caractère de ceux qui sont bienheureux, et demande, comme par la bouche d’un fidèle Israélite de la fin, que l’Éternel se souvienne de lui selon Sa faveur envers Son peuple, avec le désir de voir le bien de Ses élus, de se réjouir dans la joie de Sa nation et de se glorifier avec Son héritage. C’est l’expression d’une piété vraie qui se met à confesser la culpabilité du peuple. Elle ne dit pas : ils ont péché, bien qu’elle le reconnaisse, comme manifestant la bonté de l’Éternel qui demeure ; mais : nous avons péché avec nos pères. C’est le langage de la piété pratique, faisant l’expérience, par sa propre confession, de la permanence de la miséricorde. Le psaume parcourt alors toute l’histoire d’Israël à ce point de vue et montre à la fin que, malgré tout, l’Éternel se souvenant de Son alliance, a considéré l’affliction d’Israël et a fait que les nations qui l’avaient emmené captif ont eu compassion de lui. Car c’est la miséricorde que les fidèles contemplent maintenant, afin de pouvoir triompher dans la louange de l’Éternel. Cela termine le livre quatrième.

On remarquera que, de même que le troisième livre, le quatrième parle de tout Israël, et que, tout en faisant ressortir le contraste remarquable entre l’humiliation de Christ et Sa divinité éternelle, ce livre n’entre pas d’une manière particulière dans les circonstances des Juifs, ni dans l’association de Christ avec eux, quoique Son Esprit soit dans tout ce que nous y trouvons. Dans le psaume 94, l’antichrist nous est présenté, mais en vue de sa destruction par l’arrivée du Messie, le Roi, venant comme l’Éternel, le juge.

Livre 5

Le cinquième livre nous ramène en arrière et présente une vue générale des voies de Dieu envers Son peuple avec une espèce de commentaire divin sur elles toutes ; il se termine par des chants de louange, comme se termineront sûrement toutes les voies du Seigneur.

Le psaume 107 est une sorte d’introduction à tout ce qui suit. Il célèbre la bonté de Dieu « qui demeure à toujours », formule bénie de la foi en l’immuable miséricorde de l’Éternel dans tous les âges, depuis la manifestation de la grâce au temps de David. C’est à Israël restauré qu’il appartient particulièrement de chanter cette miséricorde. Le psaume célèbre les deux parties de la délivrance dans laquelle la bonté de Dieu s’est manifestée envers ceux qui en ont été l’objet. Ils sont rachetés de la main de l’oppresseur ; — ils sont rassemblés des pays du levant et du couchant, du nord et de la mer. Tel est le double caractère de la restauration d’Israël : sa délivrance dans le pays et son rassemblement d’entre les nations de tous côtés. Mais le sujet propre du psaume est la bonté de l’Éternel. Il envisage les délivrances accordées, dans les circonstances les plus fâcheuses où la folie de l’homme l’ait placé, en réponse à son cri de détresse, avec le désir que ceux qui ont fait de telles expériences célèbrent l’Éternel pour Sa bonté et Ses merveilles envers les fils des hommes. En Israël s’en trouve la manifestation complète. Le psaume passe ensuite au châtiment qui atteint les Juifs dans le pays, après leur retour, mais il le fait suivre de la ruine complète de l’orgueil des hommes comme dernier résultat. L’Éternel verse le mépris sur les nobles et relève le pauvre de l’affliction, donnant les familles comme par troupeaux. Le grand résultat du gouvernement de Dieu est alors signalé : les hommes droits se réjouissent, toute iniquité a la bouche fermée. Quiconque est sage et prend garde à ces voies de Dieu, comprendra les bontés de l’Éternel. Il convient de remarquer comment la bonté de Dieu, rappelée ici, est manifestée exclusivement dans les choses temporelles ; elle n’en est pas moins Sa bonté, qui est d’une grande douceur, mais ce fait nous montre très clairement quel est le terrain sur lequel ces enseignements nous placent.

Le psaume 108 a un caractère particulier : il est composé de la fin de deux autres, dont les premières parties étaient l’expression d’une profonde détresse et dont les dernières, réponse à ce cri, en foi et en espérance, ont été réunies ici. La première partie de ce psaume, qui forme la fin du psaume 57, exprime la ferme assurance du cœur pieux qui peut psalmodier maintenant, et qui psalmodie parmi les peuples (« ammim ») désormais en relation avec Israël, et parmi les diverses races de nations, les peuplades.

Mais tous les résultats que doit amener la faveur de Dieu ne sont pas encore produits, et la même foi, saisissant le psaume 60, dont elle omet le cri de détresse, célèbre l’intervention de Celui dont la bonté s’élève par-dessus les cieux, à l’effet d’amener l’assujettissement de tous ceux qui possèdent encore quelques parties du territoire d’Israël.

Il est bon de faire remarquer que ce qui caractérise en général ce livre, comme le livre précédent, relativement à la position d’Israël, c’est que le peuple est bien délivré et rétabli par Dieu dans le pays, mais n’y est pas à l’abri de toute attaque, ni en possession de toute la terre promise. Aussi, quoique le peuple fasse entendre des actions de grâce et des chants de louange (car Dieu est intervenu, et l’état d’Israël a changé), il éprouve le besoin de secours et de sécurité contre des ennemis non encore détruits, et celui de la pleine bénédiction de Dieu dans la paix. Parmi ces psaumes de la fin, on n’en trouve que quelques-uns qui soient exclusivement des psaumes de louange, ou plutôt qui invitent à la louange. Cet état, dans lequel le peuple est délivré, mais attend encore une pleine sécurité, est exprimé à la fin du psaume 108 ; pour ce qui regarde la délivrance finale, le fait seul est énoncé.

La connexion des deux parties de ce psaume n’est pas sans intérêt. La première célèbre l’Éternel pour ce qu’Il est, en tant que connu du cœur par la foi : c’est Dieu en contraste avec l’homme. Sa bonté est grande par-dessus les cieux, et Sa vérité atteint jusqu’aux nues — la bonté étant toujours placée la première, comme la racine de tout. La seconde partie débute en exprimant l’attente que Dieu s’élève au-dessus des cieux et que Sa gloire soit au-dessus de toute la terre : il faut qu’Il prenne Sa place et qu’Il revendique Son nom comme Dieu, afin que Ses bien-aimés soient délivrés. Le verset 7 fait connaître la réponse de Dieu qui prend en main, en détail, toute la cause d’Israël comme étant la sienne propre. Ainsi c’est Dieu qui a guerre avec les nations qui possèdent le pays d’Israël, et c’est par la force de Dieu avec lui que le résidu fera des actions de valeur. C’est pourquoi il est fait mention ici de Dieu et non de Jéhovah, parce qu’il ne s’agit pas de la relation selon l’alliance, mais de ce qu’Il est, Lui, en contraste avec l’homme dont le secours pour la délivrance est absolument vain.

Psaume 109. Il est certain que ce psaume-ci s’applique à Judas ; toutefois nous verrons en le lisant qu’il ne peut s’appliquer exclusivement à lui, et cette remarque nous aide à comprendre de quelle manière les Psaumes sont écrits. On y trouve la condition générale des saints aux derniers jours, et cela même d’une manière qui ne peut absolument pas s’appliquer à Christ personnellement, comme par exemple le psaume 118, 10, 11 ; ces passages s’appliquent aux justes en général ; il y en a d’autres qui peuvent s’appliquer, et quelques-uns avec toute leur portée et leur exactitude prophétique, à Christ personnellement et aux circonstances dans lesquelles Il s’est trouvé. Quand on lit les Psaumes, il faut avoir tout cela devant l’esprit, et rechercher l’enseignement de Dieu. J’ai dit que le psaume 109 ne s’applique pas exclusivement à Judas. Il parle, pour la plus grande partie, plutôt « des méchants » que « du méchant ». Les cinq premiers versets parlent de la haine des méchants qui sont de la troupe des Juifs, hostiles à Christ et au résidu fidèle ; — Judas est un cas spécial de cette haine des méchants contre Christ ; — mais je n’ai aucun doute que même cette partie du psaume ne soit d’une application générale, c’est-à-dire que les jugements demandés sont des jugements généraux, et qu’il ne faut point y voir une révélation prophétique que Judas avait femme et enfant, ou quoi que ce soit de ce genre. Le verset 20 prouve incontestablement le caractère général de l’application de ces imprécations. Toutefois, nous ne saurions douter que notre bien-aimé Seigneur ait été dans cette position de souffrance, mais je ne doute pas davantage qu’Il s’y soit trouvé simplement en grâce, comme prenant la position du résidu, et que le psaume s’applique au résidu qui traverse des afflictions semblables : les versets 30 et 31 le font voir clairement. Néanmoins c’est une chose très certaine que Christ est pleinement entré dans tout cela, ce qui est, pour nous, du plus profond intérêt, car le fait qu’Il y est entré donne précisément à ce que nous trouvons ici son véritable caractère.

Le psaume 110 est d’une application si simple que, malgré son grand intérêt, il n’a pas besoin d’un long commentaire. Le pauvre (Ps. 109, 31) qui, pour son amour, a trouvé la haine, est le Seigneur de David ; Il est appelé à s’asseoir à la droite de l’Éternel. Il est du plus profond intérêt de voir comment, en Ésaïe 6, le Seigneur est l’Éternel des armées, dans le sens le plus absolu, et, dans notre psaume, Celui qui est le Fils de David s’assied à la droite de l’Éternel et brise les rois au jour de Sa colère (comparez Ps. 2). Tout ce qui est relatif à l’association de l’Église avec Lui en haut, est omis, et le psaume passe directement du fait de la séance de Christ à la droite de Dieu, au fait qu’Il enverra de Sion la verge de Sa force : cela montre combien, dans ces psaumes, tout est entièrement juif. Remarquez de plus que ce psaume est la réponse au rejet de Christ sur la terre : il ne s’agit point de Sa venue du ciel pour détruire l’antichrist ; Il a déjà pris possession de Sion, et c’est de là que sort la verge de Sa force. Tout cela répond à la position du résidu, telle qu’elle nous est présentée dans tout ce livre, qui nous a montré les Juifs restaurés, mais la domination d’Israël ou de Christ en Sion non encore établie. Mais le peuple est désormais de franche volonté au jour de la puissance de Christ (voyez Cant. 6, 12). Qu’Il était différent lors de Son humiliation ! Le psaume 109 a décrit ce dernier état. Mais ici nous nous trouvons, au matin d’un jour nouveau, dans lequel nous sommes, non pas devant les pères, mais devant les enfants de la grâce. Puis nous trouvons le serment assuré de l’Éternel, que Christ sera assis comme sacrificateur sur Son trône sur la terre. C’est à la fois une promesse et une prophétie. Le regard se porte aussi en avant vers le jour de Sa colère : Adonaï, le Seigneur qui est à la droite de l’Éternel, a un jour de colère qui approche — le jour déjà signalé, où Ses ennemis seront mis pour le marchepied de Ses pieds ! Le temps de Sa séance à la droite de l’Éternel n’est pas ce jour, mais le temps de la miséricorde, le jour favorable. Christ a été exaucé et exalté, et Son œuvre parmi les hommes est le résultat de Son expiation en grâce. Désormais le temps de la colère est venu, celui de l’exécution du jugement. Je suppose qu’au verset 6, le chef d’un grand pays est le chef du pouvoir sur la terre, mais pas l’antichrist, ni même la Bête, qui sont détruits lorsque Christ vient du ciel. L’homme qui s’exalte est abaissé. Christ, qui, dans une humble dépendance de Son Père, but des eaux rafraîchissantes qui Lui furent données en chemin, selon la volonté de Dieu, aura Sa tête haut élevée sur la terre. Nous trouvons dans les psaumes que nous venons de parcourir, les principaux éléments de la scène tout entière.

Les psaumes qui suivent sont comme une revue des circonstances depuis les temps anciens, et de celles qui doivent survenir, avec des réflexions à leur sujet et des chants de louange relativement au résultat.

Les psaumes 111, 112 et 113 forment un tout, comme un alléluia qui célèbre les voies de l’Éternel à l’égard d’Israël dans l’œuvre de sa délivrance. D’abord, au psaume 111, ce sont les œuvres de l’Éternel, glorieuses par elles-mêmes. Il les a rendues mémorables par Sa puissante intervention en justice ; néanmoins Il s’est montré plein de compassion, et s’est souvenu aussi de Son alliance. Il a manifesté à Son peuple la puissance de Ses œuvres en lui donnant l’héritage des nations ; de plus, Ses œuvres subsistent. Ce qui donne lieu à la louange, avec la connaissance de Son nom, c’est qu’Il a envoyé la rédemption à Son peuple. L’Éternel étant tel, Sa crainte est le commencement de la sagesse : elle nous rend intelligents pour la conduite que nous avons à suivre. La foi le sait, et l’apparition du Seigneur pour le jugement le prouvera au monde.

D’autre part, le psaume 112 décrit le caractère de ceux qui craignent l’Éternel, ainsi que la bénédiction qui sera leur partage lorsque le gouvernement de Dieu sera établi. Tout cela fait voir combien il est impossible d’appliquer ces psaumes à la position des saints d’aujourd’hui, quoique les exercices de la foi et de la piété aient souvent la même origine chez les saints de tous les âges. Mais, c’est par la délivrance d’Israël que le nom de l’Éternel est alors manifesté.

Dans le psaume 113 le sujet de la louange est plus général, même tout à fait universel, mais l’occasion en est la même. Cette louange est célébrée dès maintenant et à toujours ; désormais elle est répandue sur toute la terre, mais Celui qu’on célèbre est le Dieu d’Israël, qui habite dans les lieux très hauts, qui s’abaisse néanmoins à regarder si bas, mais afin d’exalter ceux qu’Il aime, de les faire asseoir avec les nobles de Son peuple et de remplir de joie dans leur demeure ceux qui étaient sans espérance.

Le psaume 114 est écrit dans le style poétique le plus élevé. Il est important pour nous, en ce qu’il rattache directement l’ancienne délivrance d’Israël de la servitude d’Égypte à la délivrance actuelle du peuple, et nous fait voir que, dans toutes les deux, c’est le même Seigneur qui appelle la terre à trembler à cause de Sa présence. Lors de la délivrance de Jacob, la mer s’enfuit et le Jourdain retourna en arrière. Pourquoi cela ? Ce n’était certes pas par frayeur devant la présence de l’homme. La terre doit trembler, maintenant aussi, devant Celui qui apparut alors pour la délivrance de Son peuple et qui, pour l’amour de lui, changea la mer en une terre sèche et la pierre dure en une source d’eau !

Le psaume 115 nous montre quel est le vrai et parfait fondement de cette délivrance, dont le cœur jouit par la foi. Ce n’est point aux fidèles que revient la louange, mais à l’Éternel, particulièrement pour Sa miséricorde, ensuite pour Sa fidélité à Sa promesse. L’homme pieux, par l’Esprit, se réfère alors au cri de la douleur amère dont il est parlé en Joël et à laquelle font allusion les psaumes 42 et 43 : Pourquoi les nations diraient-elles : Où donc est leur Dieu ? Moïse parlant dans le même esprit, avait dit de même : « Les Égyptiens l’entendront, et que feras-tu à ton grand nom ? ». Sainte et heureuse hardiesse de la foi ! Ce caractère de l’affliction du résidu montre comment sur la croix et dans Ses dernières souffrances, Christ entra dans ce genre de douleur. Les Juifs Lui tinrent alors effectivement le langage que nous lisons ici, mais ils n’auraient jamais pu le Lui tenir auparavant. L’Israélite fidèle répond : Notre Dieu est aux cieux ! Puis il met son Dieu en contraste avec les idoles ; Israël, la maison d’Aaron, et tous ceux qui craignent l’Éternel sont invités à se confier en Lui. Cette dernière invitation ouvre la porte à tous les Gentils qui recherchent la face de Jacob. Vient ensuite ce que nous avons indiqué comme le fondement des psaumes qui nous occupent, savoir que l’Éternel s’était souvenu des Israélites, et qu’Il voulait les bénir, même de plus en plus, les petits avec les grands : « vous et vos fils ». Ils étaient les bénis de l’Éternel, le Créateur des cieux et de la terre. Les cieux Lui appartenaient, mais Il avait donné la terre aux fils des hommes. Ce trait montre bien clairement que c’est de la bénédiction terrestre qu’il s’agit ici, car Dieu ne nous a pas donné à nous la terre, mais la croix sur la terre, avec le ciel et les choses qui y sont, pour notre part : nous cherchons les choses qui sont en haut, non celles qui sont sur la terre. De même, d’une manière presque plus frappante, les morts ne loueront point Jah, mais, nous, dit l’Esprit par la bouche du résidu, nous Le louerons dès maintenant (c’est-à-dire depuis le moment de la délivrance finale) et à toujours ! Pour nous, chrétiens, nous disons : « Déloger et être avec Christ est de beaucoup meilleur ! ».

Le psaume 116 célèbre cette délivrance qui échoit aux fidèles quand ils sont sur le point de mourir. Jéhovah les exauce et ils marcheront devant l’Éternel, dans la terre des vivants. Sous ce rapport, ce psaume est un récit continu de la miséricordieuse bonté de l’Éternel envers les Israélites qu’Il avait secourus lorsqu’ils étaient abaissés ; et cela avait provoqué leur amour pour Lui. Au reste, voici quel est le caractère de l’Éternel : Il garde les simples ; l’âme si douloureusement éprouvée, peut retourner en son repos ; la mort de Ses saints est précieuse devant Ses yeux ; et maintenant, devant tout Son peuple, dans les parvis de la maison de l’Éternel, au milieu de Jérusalem, le fidèle rendra les vœux qu’il avait faits en sa détresse quand il invoquait l’Éternel. Il offrira le sacrifice d’actions de grâces. La citation de ce psaume par l’apôtre Paul fait voir l’usage qu’on peut faire des psaumes qui nous occupent comme renfermant, pour tout fidèle, de saints principes de conduite. Malgré la souffrance et l’épreuve, la confiance en l’Éternel ouvrait la bouche du fidèle. Quand Paul disait en Romains 3, 4 : « Que Dieu soit vrai et tout homme menteur », ce n’était pas dans le même esprit qu’au verset 11 de notre psaume, quoiqu’il y ait quelque chose de semblable dans l’expression de l’apôtre : « Tous cherchent leurs propres intérêts » (Phil. 2, 21). Mais, quant au principe, l’apôtre peut l’adopter. Le mot traduit « agitation » ne signifie pas « agitation » dans le sens d’un défaut moral, comme trop de hâte, mais plutôt : « dans ma détresse », et mieux encore : « dans ma détresse ou mon alarme subite », c’est-à-dire par l’effet de la pression des circonstances ; une alarme qui fait qu’on est agité.

Le psaume 117 est l’invitation aux autres nations et aux autres peuples à venir célébrer l’Éternel, qui désormais sera roi sur toute la terre. Les peuples se réjouissent et sont heureusement introduits dans cette relation, l’Éternel s’étant révélé à eux par Ses voies à l’égard d’Israël. Ici, comme toujours, la bonté vient d’abord ; et la vérité demeure à toujours, aucune chute du peuple n’y mettant fin. Comme les psaumes précédents, celui-ci est un « Alléluia ».

Au psaume 118 nous trouvons, mais pas d’une manière aussi formelle, la louange et l’action de grâces, rattachées à la formule bien connue : « Sa bonté demeure à toujours ! » — ou plutôt, fondées sur elle. Les mêmes personnes que le psaume 115 invitait à se confier en l’Éternel, sont maintenant invitées à Le célébrer. Depuis le verset 5, le Saint Esprit parle, dans la personne d’Israël délivré, de cette fidélité de Jah. Maintenant que l’Éternel est pour Ses saints, ils n’ont plus à redouter l’homme. L’Éternel vaut mieux que l’homme. L’Éternel vaut mieux que les principaux (v. 6-9). Les versets 10-18 exposent les circonstances et les voies par lesquelles Israël avait passé : toutes les nations l’avaient environné ; au nom de l’Éternel, il les avait détruites ; elles avaient été éteintes comme un feu d’épines. La puissance de l’ennemi avait rudement poussé Israël ; mais l’Éternel lui avait été en secours. Les versets 14-17 célèbrent le résultat de cette intervention dans un chant de joie et d’allégresse. Au verset 18, nous trouvons un autre aspect de la même scène. Les circonstances qu’Israël avait traversées étaient le châtiment de Jah, qui l’avait châtié sévèrement, mais ne l’avait point livré à la mort qui constituait la puissance de l’ennemi sur le peuple. Nous apprenons donc ici ce qu’est réellement l’épreuve, comme nous pouvons le voir aussi dans Job — d’abord les instruments, les hommes, même toutes les nations ; ensuite l’ennemi qui agit, par leur moyen, et sur l’esprit, poussant l’âme rudement ; mais derrière cela, source de tout ce qui arrive, nous voyons Dieu qui châtie, mais qui n’abandonne pas. Ceci est plein d’instruction pour nous dans beaucoup de circonstances par lesquelles nous passons et où se trouvent tous ces divers éléments d’épreuve.

Maintenant les portes de justice s’ouvrent devant Israël. Ce changement, introduit tout à coup, comme résultat de l’épreuve, est de toute beauté : « J’y entrerai, je célébrerai Jah ; c’est ici la porte de l’Éternel, les justes y entreront ! ». Israël célébrera là ses louanges, car l’Éternel lui a répondu et a été son salut. Mais ici paraît une vérité plus élevée et plus profonde : Israël ne peut être restauré sans le Messie, et Israël reconnaît maintenant Celui qu’il avait méprisé jadis. « La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée est devenue la tête de l’angle. Ceci a été de par l’Éternel ; c’est une chose merveilleuse devant nos yeux » (v. 22, 23). Cette expression « nos yeux », nous révèle qui est réellement celui qui parle, et, quoiqu’on n’entende qu’une seule voix, qui sont ceux qui prennent part au chant de louange. C’est ici le jour que l’Éternel a fait ; c’est Sa journée, la journée de la bénédiction de Son peuple en rapport avec le Messie ; Son peuple se réjouit en elle. Maintenant ils crient : Hosannah au Fils de David, au Roi d’Israël, et disent : Béni soit Celui qui vient au nom de l’Éternel (v. 24-26) ! Nous apprenons, d’après le propre enseignement du Seigneur, quels sont ceux qui parlent dans ce psaume et à quel temps il s’applique ; car la maison a été laissée déserte, et ils ne Le verront pas de nouveau jusqu’à ce qu’ils disent : « Béni soit celui qui vient ! ». En sorte que c’est bien Israël, c’est-à-dire le résidu, qui parle, et cela au jour de sa repentance, sous la grâce, quand il est près de voir de nouveau le Messie. Ils bénissent Celui qui vient de la maison de l’Éternel. L’Éternel est Dieu, Il a donné la lumière à Israël ; maintenant le culte et le sacrifice sont offerts à Celui qui a délivré et béni ; maintenant ils disent : « Tu es mon Dieu, je te célébrerai, je t’exalterai ! ». Le psaume se termine par l’expression bien connue de la louange et de la gratitude reconnaissante d’Israël : « Célébrez l’Éternel, car il est bon, car sa bonté demeure à toujours ! ».

Ainsi l’intelligence spirituelle des voies de Dieu à laquelle arrive le peuple, sa venue pour adorer l’Éternel en justice, et la confession qu’il fait du Messie, de Jésus, jadis méprisé et rejeté, tout cela est développé en rapport avec la délivrance et la bénédiction d’Israël et avec la parfaite manifestation de la nature et du caractère de l’Éternel. Plusieurs versets de ce psaume sont cités au terme des souffrances du Sauveur ; dans aucun autre psaume on ne trouve autant de rapprochements entre Lui et les douleurs ou les promesses d’Israël.

Le psaume 119 nous présente, dans son contenu général, la loi écrite dans le cœur. Ce psaume prend ainsi, dans la série des Psaumes, une place importante. Il se rattache aussi nettement aux souffrances d’Israël dans les derniers jours, et aux précédentes infidélités du peuple envers Dieu ; chacune de ses vingt-deux parties présente, ce me semble, une phase différente des exercices du cœur en rapport avec la loi qui y est écrite, quoique le principe général soit le même d’un bout à l’autre. Je signalerai très brièvement la portée principale de ces diverses divisions.

La première division nous présente naturellement le grand principe général. C’est la troisième fois que nous rencontrons la déclaration de la béatitude comme manifestation du retour de l’âme dans l’épreuve et dans la détresse, à la grande vérité exprimée dans le psaume 1, où l’effet en est vu sous le gouvernement immédiat de Dieu. Au psaume 32, le bonheur du pardon est célébré ; ici, c’est celui que l’on goûte à marcher avec Dieu, quand on est revenu de ses égarements, en dépit de toutes les difficultés et du mépris que l’on peut rencontrer. À la vérité, il y a une autre béatitude à la fin du premier livre, où nous avons vu Christ si pleinement introduit : le psaume 41 déclare bienheureux celui qui comprend le pauvre, qu’il s’agisse de Christ ou de ceux qui marchent sur Ses traces. Le psaume premier supposait le bonheur sous le gouvernement d’un Dieu qui prenait en main la cause des justes, mais nous savons que, de fait, cette bénédiction n’a pas été réalisée sur la terre, et c’est même ce qui a introduit une justice céleste et la rédemption. Dès lors, au psaume 41, la vraie béatitude consiste dans le discernement et l’intelligence de la position que le Seigneur a prise comme rejeté des hommes, Lui, le vrai pauvre, se plaçant Lui-même, pratiquement, dans cette condition qu’Il déclare bienheureuse, comme nous le montre le sermon sur la montagne, où se trouve établie la grande vérité de la loi dans le cœur. Ici, dans notre psaume, nous voyons apparaître aussi les circonstances adverses dans ce cri : « Ne me délaisse pas tout à fait ! ».

Dans la deuxième division du psaume, la Parole est liée à Dieu. Non seulement celui qui garde la Parole est l’homme bienheureux, mais la Parole le purifie : le désir de son cœur est positivement fixé sur elle. Remarquez la connexion intime entre Dieu et Sa Parole, aux versets 10, 11.

La troisième division nous présente la manière dont celui qui a la loi dans son cœur s’appuie, dans l’affliction, sur la miséricorde divine. Le fidèle Israélite regarde aux voies pleines de bonté de l’Éternel pour être conduit à garder Sa parole (v. 17). Le verset 19 décrit l’état de ce fidèle ; le verset 21, ainsi que nous l’avons remarqué dans tout ce livre, l’intervention de l’Éternel qui s’est fait connaître déjà par la délivrance, mais pas encore par la complète bénédiction. Les versets 22 et 23 font voir le mépris sous lequel se trouve le résidu affligé qui, dans cet état, a fait de la loi de l’Éternel ses délices et sa consolation.

Dans la quatrième division, l’épreuve est plus intérieure. L’âme du fidèle est attachée à la poussière, mais il s’attend au secours de Dieu, selon Sa Parole ; il désire éprouver l’effet de cette eau vive qui vient de Dieu. Il a été sincère devant Dieu ; il Lui a déclaré ses voies ; il en est toujours ainsi. Il demande que Dieu éloigne de lui la voie du mensonge : il s’est tenu fermement à la Parole et s’attend à ce que Dieu ne le rendra point honteux. Mais il demande que son cœur soit mis au large, afin de pouvoir courir librement dans la voie des commandements de Dieu. C’est là le résultat certain de la discipline : une âme qui a pris plaisir à la volonté de Dieu et à la sainteté, souhaite encore de courir en liberté. Quoiqu’il s’agisse ici de commandements, c’est-à-dire d’un côté extérieur de la Parole, c’est pourtant toujours la Parole dans le cœur. Nous retrouvons la même chose chez Zacharie et Élisabeth, qui sont une belle expression morale du résidu. Pour le chrétien, ces choses auront un caractère plus absolu et intérieur ; ce sera plutôt la sainteté que les témoignages (quoiqu’il puisse peut-être commencer par ceux-ci) soit quand Dieu l’appelle pour la première fois, soit après la discipline ; il s’agit pour lui de « marcher dans la lumière comme Dieu est dans la lumière » ; il ne s’agit point des ordonnances et des commandements de l’Éternel. Néanmoins, en principe, la nature de ces exercices est essentiellement la même. Faire aujourd’hui aux saints l’application directe de ce psaume, c’est abaisser le niveau divin de leurs pensées ; mais on peut appliquer d’une manière fort instructive la nature de l’exercice moral qui y est présenté — car la soumission et la confiance au sein de l’épreuve sont toujours convenables et bonnes, quoique les formes en soient chez le Juif tout à fait inférieures à ce qu’elles sont chez le chrétien (comparez avec ce que nous avons ici, l’épître aux Philippiens, où nous trouvons l’expérience chrétienne).

La cinquième division exprime le désir d’être guidé et enseigné de Dieu dans Ses voies et dans l’observation de Sa loi.

La sixième implore la bonté et le salut de Dieu dans cette marche, afin qu’on ait du courage devant les adversaires et qu’on tienne ferme la loi de Dieu.

Dans la septième, le fidèle, vivifié par la Parole, compte sur elle, car Dieu a fait qu’il s’y est attendu comme en Sa parole, en sorte que maintenant il s’appuie sur toutes ses déclarations. Au milieu des peines et des chagrins, quand il n’y avait au-dehors rien de réjouissant pour la nature, la Parole a soutenu son cœur.

Cela amène la huitième division : C’est pourquoi l’Éternel est la portion du fidèle. Il L’avait recherché, il s’était jugé et avait rebroussé chemin vers les témoignages de l’Éternel. Il comptait sur Lui et voulait Le célébrer dans les veilles secrètes de la nuit, où son cœur était laissé à lui-même. Il s’accompagnait de ceux qui le craignaient. L’Éternel illumine ses pensées et il voit la terre remplie de Sa bonté. C’est une belle peinture des mouvements du cœur.

La neuvième division expose les circonstances dans lesquelles se trouve le fidèle au moment de ce psaume. Par l’effet de la consolation dont nous l’avons vu jouir, dans la partie qui précède, il peut considérer les circonstances qui l’environnent avec l’œil et la pensée de Dieu. Aussi cette portion du psaume met-elle, beaucoup plus que les autres, ces choses devant nous, du moins les sentiments auxquels ces circonstances donnent lieu. L’Éternel avait déjà fait du bien à Son serviteur, selon Sa Parole ; et celui-ci recherche l’enseignement de Dieu, afin de bien comprendre Sa pensée. Il avait été sous la discipline ; avant de s’y être trouvé, il allait à travers champs, mais maintenant il marchait dans l’esprit et le sentier de l’obéissance. Il voit les orgueilleux dire des mensonges contre lui, et leur cœur épaissi comme la graisse, sans aucun lien avec Jéhovah ni dans leur état, ni dans l’esprit d’obéissance ; et il reconnaît combien il lui est bon d’avoir été affligé, afin qu’il apprît les statuts de l’Éternel. Il n’y a pas de meilleure marque de la bonne condition de l’âme, que de voir celle-ci revenir à la volonté de Dieu — « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » — et considérer comme bon tout ce qui a contribué à l’amener à cet état : elle donne à la volonté de Dieu, comme autorité et moralement, la place qui lui appartient dans le cœur.

La dixième division renferme deux pensées principales. L’Éternel est le Créateur du fidèle, Celui qui l’a formé ; ce dernier regarde à Lui pour qu’Il dirige Sa pauvre créature, comme un fidèle Créateur. Ceux qui craignent l’Éternel se réjouiront, quand ils le verront, parce qu’il s’est attendu à Sa Parole. En second lieu, il connaît que c’est dans Sa fidélité même que l’Éternel l’a affligé, et il attend que Ses compassions viennent sur lui, que les orgueilleux soient couverts de honte et que ceux qui craignent l’Éternel reviennent à Lui. Tout cela se rattache à l’intégrité du cœur dans les statuts de l’Éternel.

Le cri devient plus pressant dans la onzième division. Le fidèle est sous la pression de l’épreuve, son âme se consume en attendant la délivrance ; — en attendant que l’Éternel exécute le jugement ; car il marche dans Ses préceptes. Les orgueilleux le persécutent, sans cause : ils ne tiennent point compte de l’Éternel, ni de Sa loi.

Dans la douzième division, la création rend témoignage à la fidélité permanente de Dieu. Sa Parole est établie dans les cieux où rien ne peut l’atteindre ni l’ébranler. N’eût été la loi de l’Éternel qui avait soutenu son cœur, le fidèle eût péri sous le poids de l’affliction. Combien il est précieux de posséder la Parole dans un monde pareil ! Nous avons plus que des commandements, mais nous pouvons dire : « J’ai vu la fin de toute perfection ». Et une autre pensée plus rassurante surgit de tout cet exercice du cœur : « Je suis à toi ! ».

Dans la treizième division, le fidèle exprime les délices qu’il prend intérieurement dans la loi de l’Éternel, et l’effet qu’il en retire, en intelligence spirituelle.

Dans la quatorzième division, la loi le dirige dans sa marche. Affligé et opprimé, il attend sa consolation de Celui dont il a pris les jugements pour sentier, en dépit des méchants et de leurs pièges.

La quinzième division nous dit l’horreur que le fidèle éprouve pour ceux qui sont doubles de cœur, et comment il regarde à Dieu comme son asile, et rejette les méchants. Il compte sur l’appui de l’Éternel pour ne pas être confus dans son espérance, et il considère avec une solennelle frayeur le jugement assuré des méchants.

Dans la seizième division, le fidèle insiste plus vivement pour que l’Éternel intervienne en vue de la délivrance. La manière dont les méchants ont annulé la loi ne fait que le porter, lui, à s’y attacher plus étroitement. Il est temps que l’Éternel agisse.

Toutes les divisions qui suivent manifestent les effets de ce fort attachement à la loi et aux témoignages de l’Éternel, la valeur de la loi, sous tous les rapports, pour le cœur du fidèle. Nous y voyons l’épreuve sous laquelle il était encore dans ce sentier de la justice, comment il voulait marcher dans les voies de l’Éternel lorsqu’il serait délivré, et sa profonde douleur quant aux transgresseurs. Il demande à être enseigné, vivifié, gardé, et rappelle le caractère éternel des témoignages de Dieu ; en sorte qu’il demeure ferme, quoique opprimé par les méchants.

La dernière division, la partie finale, est d’un caractère plus général, quoique dans le même esprit que les autres ; elle est, pour ainsi dire, le résumé de tout le psaume. Le fidèle exprime le désir que le cri de l’opprimé, qui prenait ses délices dans la loi, monte devant l’Éternel ; il demande l’intelligence et la délivrance selon Sa Parole ; et il déclare que ses lèvres publieront Sa louange, quand Il lui aura enseigné Ses statuts : sa langue s’entretiendra de Sa Parole ; il a le sentiment de la justice de Ses commandements ; il attend que Sa main lui soit en secours, parce qu’il a choisi Ses préceptes. Il avait ardemment désiré le salut de l’Éternel (il n’avait point mis sa confiance en l’homme) ; la loi de Jéhovah avait été ses délices — non point sa volonté, ni les voies de l’homme prospère. Il demande de vivre afin de célébrer les louanges de l’Éternel, et que Ses ordonnances lui soient en aide ; car il a devant lui la puissance de la mort et du mal. Enfin il reconnaît qu’il s’était égaré et s’attend au Berger d’Israël, pour Le chercher, car il n’avait point mis en oubli Ses commandements. Tel est l’état moral d’Israël dans les derniers jours, lorsque de retour dans son pays, la loi est écrite dans son cœur, mais que la pleine délivrance et la bénédiction finale ne sont pas encore venues. De fait, ce psaume développe l’état moral du cœur de ceux qui craignent Dieu dans les circonstances prophétiquement introduites par le psaume 118.

Nous arrivons maintenant, avec les psaumes 120-134, aux cantiques appelés « Cantiques des degrés ». Ils décrivent, je n’en doute point, les circonstances extérieures de la même période dont nous venons de parler, alors qu’Israël est dans le pays, mais que la puissance de Gog n’est pas encore détruite. Le psaume 120 est la première expression du cri que le fidèle dans la détresse fait monter vers l’Éternel qui l’a exaucé. Ici la plainte est particulièrement relative au mensonge et à la tromperie : le jugement atteindra tout cela. Mais il ne s’agit point de l’oppression et de la violence contre Jérusalem, ni de celles qu’exerce le peuple apostat ; il s’agit des mensonges et des tromperies proférées contre le fidèle lui-même : son malheur est de séjourner en Méshec, et de demeurer dans les tentes de Kédar. Le mal est dans le cœur de ceux qui sont devant lui ; et lorsque le fidèle parle de paix, ils sont pour la guerre. Il me semble que ce psaume ne traite pas de l’oppression exercée à Jérusalem par l’antichrist ou par la Bête, mais qu’il s’applique à ceux qui, dans le pays, se trouvaient là où le dernier ennemi qui avait feint de les favoriser[34], et en avait amené plusieurs à apostasier pour l’amour du repos et de la prospérité, se manifeste maintenant comme n’étant qu’un perfide oppresseur.

Au psaume 121 l’assurance est donnée que l’Éternel est la protection du fidèle, Lui qui ne sommeille ni ne s’endort jamais ; « il ne permettra point que ton pied soit ébranlé ». La portée générale de ce psaume est évidente ; mais je ne suis pas absolument certain de celle du premier verset, à moins d’identifier l’Éternel, le Créateur des cieux et de la terre, avec la montagne de Sion[35] et la ville du grand Roi. Quoi qu’il en soit cependant, le sujet du psaume est l’Éternel comme la grande sécurité des fidèles ; c’est pourquoi Son nom est souvent répété. Ce nom est mentionné en rapport avec le double caractère de Créateur des cieux et de la terre, et de gardien d’Israël, du fidèle en particulier. L’Éternel le gardera en toutes circonstances, dès maintenant et à toujours !

Le psaume 122 célèbre Jérusalem. Le saint se réjouit d’y aller ; c’est là que montent les tribus, et que les trônes de jugement, les trônes de la maison de David, se trouvent. Son cœur y est attaché pour l’amour de ses frères et de ses compagnons et à cause de la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël, le Dieu des Israélites fidèles. Il s’agit du rétablissement des relations avec Jérusalem, le souvenir des anciennes relations revient à l’esprit, et les nouvelles sont établies.

Au psaume 123 nous revenons aux douleurs du résidu, et à ce qui constitue sa ressource. La bénédiction n’est pas complètement venue ; le résidu regarde à l’Éternel dans les cieux ; mais en regardant à Lui comme Dieu d’Israël, il dit maintenant : « notre Dieu ! ». Toutefois il est encore accablé par les insultes de ceux qui sont à leur aise et par le mépris des orgueilleux.

Au psaume 124 la puissance de l’ennemi venait de se déployer contre les fidèles qui, dans le pays, se confiaient en l’Éternel ; ils avaient échappé, mais uniquement parce que l’Éternel avait été pour eux, sans quoi ils eussent été entièrement engloutis par le dernier effort de la puissance de l’ennemi, je pense, quand la Bête apostate et l’antichrist ont disparu de la scène.

Le psaume 125 célèbre la bénédiction de ceux qui se confient en l’Éternel, en vertu de Son intervention qui leur fait dire que désormais l’Éternel est autour de Son peuple, dès maintenant et à toujours. La paix sera sur Israël. Quant à ceux qui se détournent dans leurs voies tortueuses, l’Éternel les amènera en jugement avec les ouvriers d’iniquité. Le bâton de la méchanceté ne reposera point sur le lot des justes : ce bâton de méchanceté, qui représente le règne des méchants, sera absolument exclu, ainsi que le mal qu’il fait, pour que les justes ne s’écartent pas du droit chemin. Je pense que tout cela est relatif à la dernière invasion de Gog au terme de sa puissance, à la dernière condition de l’Assyrien, peut-être au huitième chapitre de Daniel ; seulement ce passage nous donne l’ensemble du caractère de cette invasion, et non pas simplement son caractère final ; peut-être aussi tout cela est-il relatif au dernier roi du Nord qui entre en scène après le roi qui fait selon sa volonté en Daniel 11.

Psaume 126. Après avoir éprouvé la délivrance, le cœur du fidèle trouve son centre en Sion, car il en sera ainsi. Combien Sion avait été abaissée, selon le psaume 124 (comp. És. 29, 4 ; 17, 12-14, et d’autres passages) ! Et maintenant c’était comme un songe, tant la joie était complète, tant elle était inattendue ! Les nations elles-mêmes reconnaissent la main du Seigneur. Mais le fidèle attend la pleine bénédiction et demande à l’Éternel de rétablir Ses captifs pour que cette bénédiction soit entière. Cependant Dieu s’était déjà manifesté ; et, pour le fidèle qui s’était chargé de Son témoignage dans la souffrance, dans la honte et l’opprobre, il y avait maintenant une moisson d’allégresse. Il en est toujours ainsi, car ce n’est que par la souffrance qu’arrive la joie parfaite, le témoignage de Dieu étant placé dans un monde d’iniquité.

Au psaume 127, nous voyons que c’est l’Éternel qui bâtit la maison, qui garde la ville, qui accorde la faveur ardemment désirée, de nombreux enfants, et que sans Lui l’homme travaille et veille en vain. Le caractère de la bénédiction est ici entièrement juif.

Le psaume 128 rappelle qu’une postérité nombreuse est un don et une bénédiction de Dieu, et déclare que les bénédictions qui viennent d’être mentionnées sont la part de quiconque craint l’Éternel. Il s’agit d’une bénédiction temporelle et actuelle — de bénédictions qui viennent de Sion ; et le désir du cœur de l’Israélite fidèle, c’est de voir tous les jours de sa vie la prospérité de Jérusalem. Quoique le résidu soit l’objet direct des bénédictions présentées, Dieu voulait, comme principe, que le fidèle gentil, celui qui craignait l’Éternel et qui reconnaissait le Dieu d’Israël, y eût part aussi et se réjouît avec Son peuple.

Le psaume 129 revient maintenant avec joie aux souffrances et aux épreuves par lesquelles ont passé les enfants de Sion. Mais l’Éternel est juste ; Il a coupé les cordes des méchants. Tous ceux qui ont Sion en haine (car Sion est toujours ici la pensée dominante) sont desséchés comme l’herbe des toits, comme des choses sans valeur que personne ne désire.

Le psaume 130 traite un autre sujet, dont nous avons rencontré, ailleurs déjà, des traces manifestes : il s’occupe des péchés d’Israël comme question entre le peuple et Dieu. Nous ne trouvons point ici cependant une détresse purement légale : la confiance en Jéhovah caractérise le sentiment que le résidu a de ses péchés, bien que ce sentiment soit accompagné de celui d’une détresse et d’une humiliation profondes. C’est l’effet que produit toujours dans l’âme la vue du péché unie à l’expérience de la miséricorde. La détresse purement légale est plus personnelle dans sa terreur, quoiqu’elle soit merveilleusement efficace pour détruire la confiance en soi, et nous jeter dans les bras de la miséricorde ; la conviction de péché avec le sentiment de la miséricorde implique davantage le sentiment d’avoir offensé le Dieu de bonté, et c’est une œuvre plus profonde. Ici, « il y a pardon » auprès de Jah, afin qu’Il soit craint, et l’âme attend l’Éternel, quoiqu’elle ait crié des lieux profonds ; elle Le désire, la grâce est ce à quoi elle regarde ; l’Éternel est celui qu’elle attend, verset 5. Le fondement de son espérance est déclaré au verset 7, tandis que le verset 8 montre sa confiance dans un résultat complet. Au verset 3, l’âme reconnaît sincèrement ce qui a donné lieu au besoin auquel la grâce vient répondre ; le verset 7 expose ce sur quoi on peut compter en grâce : la bonté et la rédemption en abondance ; au verset 8 la foi compte pleinement sur cela en faveur d’Israël. Israël sera racheté, non pas de ses peines, mais de ses iniquités.

Le psaume 131 établit en peu de mots la marche du fidèle dans l’humilité et dans l’éloignement de toute confiance en lui-même. Israël doit se confier en l’Éternel dès maintenant et à toujours.

Le psaume 132 est, sous quelques rapports, un psaume très intéressant. Il nous présente le rétablissement de l’arche de l’alliance dans le lieu de son repos, et les promesses de l’Éternel en réponse à la supplication de Son serviteur. Son point de départ est l’établissement de l’arche en Sion par David. Ce fait, comme nous l’avons vu en étudiant les livres historiques, est d’une très haute importance. En lui se manifesta la grâce agissant en puissance, lorsque Israël avait manqué si complètement que le lien entre le peuple et Dieu était entièrement rompu, en tant que basé sur le principe de la responsabilité du peuple, et que l’arche avait été menée en captivité et que « I-Cabod » avait été écrit sur tout cet état de choses[36]. Mais maintenant avaient été trouvées, en un sens plus complet et plus durable, des demeures pour le Puissant de Jacob, des demeures où les fidèles se prosterneraient devant Son marchepied, car la semence de David, le Messie de Jéhovah, devait s’asseoir sur Son trône à toujours et à perpétuité. L’Éternel entrait maintenant dans Son repos, Lui et l’arche de Sa force. Auparavant (voir Nomb. 10, 35-36), s’Il se levait, c’était pour disperser Ses ennemis, et Il retournait ensuite aux dix mille milliers d’Israël. Maintenant les ennemis étaient dispersés, et l’Éternel se levait pour trouver Son repos en Israël. Remarquez au verset 13 l’élection souveraine de Dieu. Remarquez aussi que la promesse qui répond à la supplication, va chaque fois au-delà de la requête : cela ressort de la comparaison des versets 14 et 15 avec le verset 8 ; du verset 16 avec le verset 9 ; et des versets 17 et 18 avec le verset 10. C’est du plus haut intérêt comme manifestation de la grâce du Seigneur, en faisant voir tout l’intérêt qu’Il porte à Son peuple et comment Son amour dépasse toutes les espérances de celui-ci.

Psaume 133. Maintenant les frères habitent ensemble dans l’unité. C’est comme l’huile de l’onction d’Aaron, qui, répandue sur sa tête, communiquait à tout le reste le parfum de la faveur divine ; comme la rosée abondante de l’Hermon, qui, quelque élevée que fût sa source, portait sa puissance rafraîchissante là où Dieu avait commandé la bénédiction et la vie pour l’éternité[37]. Je ne vois pas la nécessité de chercher près de l’Hermon quelque montagne du même nom, mais plutôt le contraire.

Le psaume 134 clôt la série des psaumes des degrés en invitant les serviteurs de l’Éternel à Le bénir : nuit et jour ils doivent Le célébrer et élever des mains pures dans le lieu saint pour Le bénir. Il est là, et Ses serviteurs y sont aussi pour célébrer Ses louanges. L’Éternel qui a fait les cieux et la terre, bénit maintenant, non pas simplement du ciel, mais de Sion. Sion est le lieu où l’on bénit Jéhovah, et d’où Jéhovah bénit. Je serais disposé à considérer le dernier verset comme prononcé par la bouche de Christ comme Fils de David et dans le caractère de Melchisédec, qui disait : « Béni soit le Dieu Très-haut, et béni soit Abram de par le Dieu Très-haut ! ». J’observe seulement que Christ parle ainsi spécialement en rapport avec l’Éternel (comme en Zach. 6, 13), bénissant de Sion le résidu fidèle. Ce dernier verset est une espèce de réponse à l’invitation contenue dans ceux qui précèdent ; l’Esprit de Christ dans le résidu invite les serviteurs de l’Éternel à Le bénir ; et eux bénissent de Sa part le fidèle.

Les psaumes 135 et 136 célèbrent l’Éternel qui a délivré Israël et habite désormais dans Jérusalem ; ils rendent grâce à Celui dont la miséricorde demeure à toujours, le Créateur de toutes choses, en bonté, qui d’abord avait délivré le peuple et s’était souvenu de lui pour le racheter lorsqu’il était déchu et abaissé.

Le psaume 135 a un caractère très marqué, car il donne une clef remarquable pour l’interprétation du livre tout entier, qu’il rattache aux anciennes déclarations de Jéhovah touchant Sa relation avec Israël, de manière à faire de l’histoire du peuple un seul tout. Il a pour sujet : « Louez Jah. Louez le nom de l’Éternel ! » car Il est bon ; c’est une chose agréable de Le célébrer. Il s’est choisi Jacob et Israël pour Son trésor particulier. Puis au verset 6, l’Éternel est célébré comme le Dieu Tout-puissant qui fait tout ce qui Lui plaît et dispose chaque jour de la création ; ensuite, comme Celui qui a exécuté le jugement sur les oppresseurs d’Israël, qui a délivré le peuple et lui a donné le pays des nations qu’Il a chassées. Après cela vient le nom de l’Éternel en rapport avec Israël et en contraste avec les idoles ; puis aux versets 13 et 14, deux passages qui sont rapportés d’après Exode 3, 15 et Deut. 32, 36. Dans l’un de ces passages nous voyons que Dieu se chargea pour toujours d’Israël, sous le nom de l’Éternel, et l’autre annonce d’une manière prophétique la délivrance du peuple après qu’il aura totalement et complètement failli. Dans le premier, lorsque Dieu envoie Moïse pour les délivrer, Dieu prend le nom de l’Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et Il déclare que c’est là Son nom éternellement, et Son mémorial dans tous les âges. Il fait ensuite la promesse de délivrer Israël et de l’introduire dans le pays. Le second passage se trouve dans le cantique prophétique de Moïse, après qu’il a placé sous les yeux des enfants d’Israël le tableau de leur apostasie, de leur tache qui n’est point une tache d’enfants de Dieu ; car ils quittèrent le Dieu qui les avait faits et l’émurent à jalousie par les dieux étrangers ; alors l’Éternel cacha d’eux Sa face, et se serait décidé à abolir leur mémoire d’entre les hommes, n’eût été la crainte que l’homme, dans son orgueil, n’en prît occasion de s’exalter. Mais ensuite, lorsque le peuple sera dénué de tout appui et sans espérance en lui-même, l’Éternel jugera Son peuple et se repentira en faveur de Ses serviteurs ; Il exécutera des jugements sur les nations et fera qu’elles se réjouiront avec Son peuple. En sorte que nous trouvons dans ces deux versets la première délivrance et le dessein de Dieu, ainsi que Ses jugements et Ses voies aux derniers jours, où les psaumes nous ont amenés. Ils nous fournissent ainsi une clef qui rend aisée l’application des Psaumes. Puis les versets 15-18 présentent le jugement exercé sur les idoles dont il est question en Deutéronome 32, et qui avaient été une occasion de chute pour le peuple. Le psaume se termine par une invitation solennelle à bénir l’Éternel, adressée aux diverses classes déjà signalées : la maison d’Israël, la maison d’Aaron, la maison de Lévi et tous ceux qui craignent l’Éternel. C’est maintenant de Sion qu’on loue l’Éternel, dont on pouvait dire désormais qu’Il habitait dans Jérusalem.

Le psaume 136 peut être considéré comme la réponse à l’invitation solennelle du psaume précédent. Ce qui le caractérise, c’est la formule, déjà souvent remarquée, qui exprime la bonté immuable de l’Éternel pour Israël en dépit de tout : « Sa bonté demeure à toujours ! ». Le psaume célèbre Dieu comme Créateur, Dieu des dieux et Seigneur des seigneurs, Libérateur des enfants d’Israël qu’Il avait conduits par le désert ; Celui qui ayant exterminé par Son pouvoir de grands et puissants rois, avait donné l’héritage du pays à Son peuple ; Celui qui, se souvenant enfin des siens dans leur état d’extrême abaissement, les avait délivrés, Celui qui fournissait la nourriture à toute créature vivante, Lui, le Dieu des cieux. Dans un sens, ce psaume clôt les psaumes historiques.

Viennent ensuite deux séries supplémentaires : d’abord une série de psaumes, qui nous présentent les afflictions caractéristiques du résidu et les voies de l’Éternel à son égard dans les derniers jours ; ensuite une autre série que remplissent les louanges millénaires. Les afflictions dont nous parlons, se trouvent à partir du psaume 137 jusqu’au psaume 144 ; ce dernier toutefois exprime l’attente de la délivrance et de la bénédiction. Le psaume 139 a aussi un caractère particulier, comme nous allons le voir.

Le psaume 137 est le seul qui fasse mention de Babylone pour donner l’histoire complète des souffrances d’Israël ; dans les derniers jours il n’aura qu’un accomplissement mystique, mais qui a son importance, parce que c’est au temps de la captivité de Babylone que la présence divine dans Jérusalem a pris fin et que la puissance des Gentils a été établie. La foi ne pouvait pas être heureuse sur une terre étrangère, ni y chanter les cantiques de Sion. Ces fidèles que nous trouvons ici, ne forment point un peuple céleste ; c’est pourquoi leur pensée se tourne vers Jérusalem que la foi n’oublie jamais. Babylone doit être détruite ; son jugement est ardemment désiré ; l’inimitié d’Édom n’est point oubliée. Le but du psaume est d’exprimer tout l’attachement que, dans leur captivité, les fidèles portent à Sion ; le cœur ne pouvait être séparé d’elle sur la terre étrangère.

Le psaume 138 nous présente le fondement sur lequel la foi repose ; savoir la Parole de Dieu. Le fidèle arrive maintenant à reconnaître cette Parole dans le culte ; lorsque les rois de la terre l’auront ouïe, ils se convertiront, célébreront l’Éternel et chanteront dans Ses voies. Mais il y a autre chose à célébrer que Sa vérité : quoique haut élevé, l’Éternel voit ceux qui sont en bas état ; Il vivifie, Il protège, Il achève tout ce qui concerne le croyant fidèle : « Sa bonté demeure à toujours ! ».

Dans le psaume 139 nous trouvons tous les exercices de cœur qui appartiennent aux voies de Dieu. Quoique la fidélité de Dieu accomplisse toute la bénédiction qu’Il s’est proposée, pas une de nos pensées ne Lui échappe ; il n’est pas possible à l’homme de se tenir en Sa présence, mais il n’est pas non plus possible de s’enfuir et de se cacher de Lui, comme la conscience pourrait le désirer. Cela révèle une autre vérité : Dieu voit tout et connaît tout, parce qu’Il a tout formé. Cette pensée se rattache à la pensée si précieuse pour nous, que c’est en bonté qu’Il prend une connaissance parfaite de nous. Il s’intéresse à nous, veille sur chacun de nos membres, comme Il connaît chacune de nos pensées. Mais s’Il connaît nos pensées, Lui, a les siennes ; et combien elles nous sont précieuses !

Ce sont là précisément les effets produits par la loi. Elle commence nécessairement par la conscience, sous l’œil de Dieu, car elle nous amène en Sa présence ; ensuite elle nous conduit aux pensées de Dieu, qui nous a formés pour Lui-même, puis a déployé devant nous les sphères infinies de Sa bénédiction et de Ses voies. Dieu veille sur le fidèle dans le silence du sommeil, en sorte que, s’il se réveille, il se trouve avec Dieu. Mais, de plus, cette relation avec Dieu le sépare entièrement des méchants : Dieu les tuera ; le fidèle les somme de se retirer loin de lui. Par conséquent, il regarde les méchants avec haine et horreur à cause de ce qu’ils sont à l’égard de Dieu : pour ce qui le concerne lui-même, il désire être sondé à fond, afin qu’il ne reste pas de méchanceté en lui.

Quoique ce psaume ait spécialement en vue le jugement extérieur des méchants, il nous fait pénétrer profondément dans la relation de l’esprit de l’homme avec Dieu et son langage s’adapte à notre propre condition comme chrétiens. Le grand sujet qui y est traité directement, c’est que le cœur de l’homme doit être entièrement sondé, comme il le sera lors du jugement, comme il doit l’être toujours. Si cette recherche de l’état du cœur, cette opération qui consiste à le sonder à fond, a lieu lorsque nous sommes dans une position de responsabilité personnelle, le résultat est nécessairement ce cri : « Où fuirai-je loin de ta face ? ». Mais lorsque nous sommes devenus l’ouvrage de Dieu, c’est-à-dire, lorsque la grâce et la puissance sont intervenues, les pensées de Dieu nous deviennent précieuses, et nous pouvons demander d’être sondés, connus et éprouvés (plus nous le serons, mieux ce sera), afin que, dépouillés de nous-mêmes, nous soyons capables de jouir de Dieu. Alors aussi nous demandons à Dieu de nous conduire. La volonté est brisée, comme les pensées sont jugées, et notre désir est d’être conduits par Dieu. Nous voyons aussi que le caractère de ce psaume le rattache aux derniers jours : « Ô Dieu, si tu voulais tuer le méchant ! ». Celui qui parle attend le jugement ; il exprime sa haine pour ceux qui haïssent Dieu et l’horreur qu’ils lui inspirent.

Dans les cinq psaumes qui suivent nous sommes sur le même terrain que nous avons déjà parcouru très en détail ; seulement, ils s’appliquent à un Israël restauré, mais qui se trouve encore dans le combat, et n’est pas pleinement béni.

Au psaume 140, le fidèle demande à être délivré de l’homme mauvais et de l’homme violent. Israël est en relation avec l’Éternel, mais les orgueilleux l’enserrent de toutes parts.

Psaume 141. Instruit au sujet du gouvernement de l’Éternel, le fidèle est attentif à Ses paroles et à Ses pensées pour être gardé et béni par Lui. Il accepte comme une discipline d’être frappé par le juste ; il compte sur l’exaucement de ses requêtes ; et même lorsque le jugement fond sur les orgueilleux (Israël, je pense), il envisage ce jugement comme le moyen de leur faire entendre la parole de l’Éternel. C’est un psaume, comme David eût pu l’écrire quand Saül le poursuivait. Le fidèle prévoit le jugement dont le méchant va être frappé, mais il désire que les calamités servent à en arrêter quelques-uns.

Le psaume 142 regarde à l’Éternel comme à l’unique refuge.

Psaume 143. Le fidèle implore particulièrement la miséricorde et la bonté de l’Éternel, afin qu’au milieu des persécutions dont il est l’objet de la part de l’ennemi et des maux qui le pressent, Dieu n’entre point en jugement avec lui, mais fasse voir Sa miséricorde. Comme serviteur de l’Éternel, il demande à être enseigné et conduit. Tous ces psaumes expriment donc les sentiments de personnes plongées dans une profonde détresse, mais qui, étant en relation avec l’Éternel — non pas chassées loin de Jérusalem et ne Le connaissant que comme Dieu — attendent que leurs ennemis soient retranchés.

Le psaume 144 bénit l’Éternel comme source de la force. Le motif qu’il allègue pour la destruction des ennemis, est : « Qu’est-ce que l’homme ? ». Pourquoi l’Éternel tiendrait-Il compte[38] d’un ver semblable et différerait-Il d’introduire la bénédiction en ajournant ainsi le jugement ? On attend donc la délivrance comme la parfaite, la vraie bénédiction finale d’Israël : « Bienheureux le peuple pour qui il en est ainsi ! Bienheureux le peuple qui a l’Éternel pour son Dieu ! ». Ce psaume s’applique directement à David lui-même, car il y est nommé et reconnaît Dieu comme assujettissant Son peuple sous lui (le peuple de Dieu), en un mot comme la source du pouvoir royal. Je ne vois pas qu’il introduise personnellement quelqu’un sur la scène au dernier jour. S’il le faisait, ce serait à l’égard du « prince » ; car il y aura alors sur la terre une maison de David selon la chair. Mais ce que nous avons ici, c’est l’introduction du peuple dans l’état de soumission à Christ, où il sera un peuple de franche volonté au jour de sa puissance, et s’établira un chef dans la grande journée de Jizreël (Os. 1, 11) ; alors l’Éternel dissipera entièrement la puissance de ses ennemis, fournira au peuple un nouveau cantique, et le bénira. Le Messie sera certainement son chef, mais cela est dit d’une manière prophétique par David en personne. Le véritable bien-aimé sera Chef sur Israël.

Le psaume 145 avance prophétiquement jusqu’au millénium, quand la détresse est passée et que la parfaite délivrance peut être célébrée. Nous avons ici Christ en esprit, peut-être même en personne, entonnant les louanges de Dieu au milieu d’Israël et réveillant ces louanges parmi les hommes. De là vient que, quoique n’étant que l’expression d’un dessein, ce psaume a le caractère d’un dialogue. Il exprime dès l’abord le dessein de Christ de célébrer Dieu à toujours et à perpétuité : une génération dira à l’autre la louange de Ses œuvres. « Je parlerai ! ». Son cœur, on le voit, est plein de louange ; et il en parle (v. 5). Et les hommes « diront la force de tes actes terribles, et moi je déclarerai tes grands faits. Ils feront jaillir la mémoire de ta grande bonté, et ils chanteront hautement ta justice ». Il s’interrompt alors, par un mouvement plein de beauté, pour parler de la miséricorde ; ici encore, de l’abondance du cœur la bouche parle : Toutes les œuvres de l’Éternel Le célébreront. Ses saints Le béniront. Ils prendront pour sujet la gloire du royaume de l’Éternel et ils diront Sa puissance, afin de faire connaître à l’ensemble du genre humain Ses actes puissants et la magnificence glorieuse de Son royaume qui est un royaume de tous les siècles. Puis les versets 14-20 décrivent le caractère de l’Éternel. Le verset 21 revient au dessein du cœur de celui qui a entonné la louange.

C’est comme homme que Christ parle ici ; au verset 1, Il dit : « Mon Dieu » ; et l’Éternel est envisagé comme roi. En général, les actes extérieurs et la grandeur de l’Éternel sont célébrés par d’autres, appelés « ils » dans le psaume, tandis que tout en mentionnant Ses actes merveilleux et Ses grands faits Celui qui dit « je » ou « moi » (Christ) célèbre surtout l’Éternel Lui-même, ce qu’Il est. C’est de la grandeur, de l’excellence et de la majesté de l’Éternel que nous voyons son cœur rempli, dans les versets 3, 5, 8-10 ; mais il mentionne aussi, d’une manière générale, Ses voies et Son caractère de bonté et de miséricorde (v. 14-19). Il convient de remarquer que ceux qui parlent dans ce psaume, sont : Celui qui conduit les louanges, les saints (le résidu juif), et le monde en général, les fils d’Adam. À ce point de vue, il présente un grand intérêt, car nous y voyons le Messie, le premier à louer l’Éternel dans la grande congrégation. Et combien Son cœur n’est-il pas rempli de Ses louanges ! Le règne de l’Éternel est établi ; tout s’unit pour Le louer, à commencer par le Messie au milieu d’Israël, puis viennent les saints préservés, et, sous leur direction, le monde entier : ils célèbrent Sa grandeur, Sa grande bonté et Ses actes merveilleux.

Le psaume 146 introduit les dernières louanges. D’abord, c’est l’effusion du cœur qui loue l’Éternel comme Celui qui a été le secours de Jacob, qui célèbre ce qu’Il est, ainsi que la consolation qu’il y a à se confier en Lui, le Créateur, le libérateur des opprimés et des prisonniers, le consolateur des humbles, Celui qui aime les justes et qui renverse le train des méchants. L’Éternel, le Dieu de Sion, régnera à toujours, de génération en génération. Après tout ce que nous venons de voir, le caractère de cette louange est fort simple.

Psaume 147. Maintenant les saints prennent leur place dans Jérusalem et en Sion pour dire ce qu’est l’Éternel : Il est leur Dieu ; Il bâtit Jérusalem et rassemble ceux d’Israël qui étaient dispersés, guérissant ceux qui sont brisés de cœur et bandant leurs plaies. Les versets 4, 5, 6 chantent Sa grandeur, Sa bonté et Ses jugements ; les versets 7-9, Sa bonté manifestée dans les bénédictions qu’Il accorde à la terre ; les versets 10-11, le plaisir qu’Il prend, non dans la force animale, mais en ceux qui Le craignent. Au verset 12 on retrouve le cantique de louange pour célébrer encore Ses voies à l’égard de Jérusalem. Les versets 15-18 célèbrent Sa puissance, manifestée dans l’ordonnance des saisons ; les versets 19, 20 disent comment Il a déclaré Ses paroles à Jacob et Ses statuts à Israël, ne faisant ainsi à aucune nation ; ces dernières ont pu voir la puissance, en création et en providence, du Dieu de Jacob, mais Sa pensée et Ses lois étaient la portion de Son peuple.

Le psaume 148 appelle d’abord les cieux et tout ce qui s’y trouve à prendre leur part dans le grand alléluia, en louant l’Éternel qui les a créés et les maintient dans leur position ; ensuite, il invite la terre et tout ce qu’elle renferme à se réunir pour louer Celui dont le nom seul est haut élevé, dont la majesté est au-dessus de la terre et des cieux, mais qui exalte la corne de Son peuple, la louange de tous Ses saints que nous avons rencontrés partout dans les Psaumes, mais qui désormais sont la plénitude d’Israël, du peuple qui est près de Lui. Le grand Créateur que les cieux et la terre doivent célébrer, est le Dieu d’Israël, et Israël est Son peuple.

Le psaume 149 invite Israël à la louange. Nous avons vu constamment l’ancienne création et Israël allant ensemble (comme la nouvelle création et l’Église), et formant la sphère des Psaumes. Cependant ici, l’on chante dans la congrégation des saints. La relation dans laquelle se trouve Israël est double : l’Éternel l’a formé pour Sa louange ; Il est son roi en Sion. Le psaume présente ensuite les raisons qu’il y a de Le célébrer : l’Éternel prend plaisir en Son peuple ; mais nous apprenons quels sont ceux auxquels appartient cette place : « Il pare les débonnaires de salut » ; alors les saints se réjouissent de la gloire. Mais si les louanges de Dieu sont dans leur bouche, l’épée du jugement terrestre et de la vengeance est dans leur main pour exécuter ce jugement sur les nations et sur les peuples, pour lier les puissants qui les avaient opprimés jadis. C’est là le jugement qui était écrit. Cette gloire est pour tous ses saints. Les personnes présentées ici sont donc, d’une manière évidente, les débonnaires d’Israël, maintenant délivrés, avec le Seigneur Jésus, roi en Sion, et exécutant le jugement sur ceux qui les avait opprimés. Tel est véritablement, selon l’expression du psaume, « le jugement qui était écrit » ; cela confirme l’aspect sous lequel j’ai envisagé les deux derniers livres. Le millénium lui-même n’est pas décrit : les Psaumes nous y introduisent ; mais, par la manière dont ils rattachent Christ, tel que nous Le voyons dans les évangiles, avec le résidu d’Israël aux derniers jours, ils jettent la plus vive lumière sur les évangiles eux-mêmes.

Le psaume 150 est une dernière invitation générale à louer l’Éternel — seulement, remarquez-le, il s’agit maintenant de Le louer en liberté dans Son saint lieu, aussi bien que dans le firmament de Sa force. On Le loue dans le saint lieu avec tous les instruments du temple. On Le loue pour Ses actes puissants et pour l’étendue de Sa grandeur. Tout ce qui respire est invité à louer Jah ! Ce psaume est comme un chœur final éclatant, plein de puissance et d’énergie, bien approprié à la position juive et au service du temple.

Nous terminons ici cette étude si intéressante et si instructive, à l’égard de laquelle je ne pouvais espérer d’apporter d’autre aide que l’esquisse des principes généraux qui peuvent mettre le lecteur en état d’user lui-même du livre des Psaumes. Je n’ai pas eu la pensée de présenter en détail le contenu si varié et si merveilleux de cette portion des Écritures : un tel travail aurait exigé des volumes, tant pour ce qui concerne les rapports prophétiques du contenu des Psaumes, que pour ce qui regarde les exercices et les sentiments de la foi, en tant que nous pouvons en faire l’application aux saints d’aujourd’hui.



  1. C’est dans l’acte de la mort que les souffrances de Christ, pour la justice (et ce à quoi Il s’est exposé pour être à même de sympathiser avec le résidu fidèle, quand celui-ci souffre sous la main gouvernementale de Dieu), et l’expiation se rencontrent. Les souffrances pour la justice ont leur expression typique dans l’offrande du gâteau, tandis que l’expiation est figurée dans le sacrifice pour le péché, brûlé hors du camp. Christ a souffert jusqu’à la mort ; alors, Il a fait aussi l’expiation pour le péché. Quelques-uns de ceux du résidu pourront souffrir jusqu’à la mort, comme fidèles dans l’épreuve sous ce gouvernement de Dieu ; mais dans ce cas, comme Christ Lui-même, ils obtiendront une meilleure résurrection. Je n’ai pas besoin de répéter que l’œuvre expiatoire est absolument et exclusivement l’œuvre de Christ.
  2. Je me sers ici du nom d’Israël en contraste avec l’Église et les Gentils ; plus tard, quand nous entrerons dans les détails de notre étude, nous verrons Juda distingué d’Israël.
  3. De là découle le caractère d’intimité dans les sentiments, et l’intérêt touchant des Psaumes. Ce sont comme les battements de cœur de Celui qui, dans les détails de Son histoire, dans l’ensemble de Sa vie, dans Ses relations avec Dieu et avec les hommes, en un mot dans Sa présentation extérieure, ainsi que dans toutes les voies de Dieu à l’égard de Sa manifestation en ce monde, a pris la place du résidu.
  4. Il ne faut pas s’arrêter trop longtemps sur ces souffrances en elles-mêmes, en les séparant entièrement de ce qui est le côté divin de la personne du Sauveur, si on ne veut pas que cette contemplation devienne sans profit, ou même funeste, n’étant plus réellement qu’un sentiment de la chair.
  5. Je pense que les deux premiers livres doivent être particulièrement distingués des trois derniers. Les deux premiers présentent davantage Christ personnellement parmi les Juifs ; tandis que les trois derniers s’occupent plutôt de la nation et de son histoire. C’est aussi pour cela que le psaume 72, le dernier du deuxième livre, s’arrête au règne de Salomon.
  6. De là vient aussi que, dans l’épître aux Romains, la Parole nous présente des expériences, parce que l’âme passe au travers du travail intérieur qui l’introduit dans la liberté, tandis que dans l’épître aux Éphésiens nous ne trouvons pas d’expériences, parce que l’homme est considéré, d’abord comme mort dans le péché, et ensuite comme uni à Christ, élevé à la droite de Dieu. L’épître aux Philippiens nous occupe presque exclusivement de l’expérience propre du chrétien.
  7. L’union n’est le propre que de la position de l’Église, elle a lieu par le baptême du Saint Esprit. Par un seul Esprit nous sommes baptisés pour être un seul corps (1 Cor. 12, 13) ; celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit (1 Cor. 6, 17) ; les Écritures ne font pas dépendre l’union de la vie seulement (comp. Jean 14, 20).
  8. Le psaume 8, tout en étant le grand résultat des voies de Dieu, en Christ, présente un changement considérable dans la position de Christ selon les conseils de Dieu, qui forme la base de tout ce qui suit. Cette nouvelle position, comme Fils de l’homme, est mentionnée en Jean 1 en contraste avec la confession de Nathanaël faite selon le psaume 2. On la trouve en Luc 9, 26 et dans les passages parallèles des autres évangiles. Elle est citée en Éphésiens 1, 1 Corinthiens 15 et développée en Hébreux 2. À la fin de l’évangile de Jean, nous avons aussi les trois caractères sur lesquels ces psaumes sont fondés, Dieu revendiquant en cela la gloire de Son Fils rejeté : Il ressuscite Lazare et le Fils de Dieu en est glorifié. Il fait son entrée à Jérusalem comme roi d’Israël, et, lorsque les Grecs se présentent, Il dit : « L’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié ». Mais pour prendre cette place selon le conseil de Dieu, Il doit souffrir et mourir. Comme conséquence, au chapitre 13, Il prend sa position céleste. C’est une autre sphère de gloire qui n’est pas ordinairement envisagée dans les Psaumes, quoique dans notre psaume 8, il en soit parlé prophétiquement au moment où Il y entre. Il y est appelé Fils de l’homme et c’est aussi le titre qu’Il aimait prendre quand Il était sur la terre.
  9. Ici, le résidu est envisagé comme étant dans les derniers jours, au moment où le jugement est sur le point de s’exécuter.
  10. Plus spécialement sur les Juifs, alors que le tiers est épargné et passe par la tribulation quand les deux tiers sont retranchés (Zach. 13, 8). Le jugement des dix tribus est une autre chose qui a lieu hors du pays où les rebelles n’entrent pas, selon Ézéchiel 20, 35. Le nom d’Israël, appliqué à la nation, est le terme général en rapport avec la promesse.
  11. Ici, Adonaï veut dire Seigneur, dans le sens d’un titre exprimant Sa suprématie officielle.
  12. Les versets 22-24 du chapitre 9 du Lévitique nous présentent cette vérité d’une manière frappante. L’acceptation par Dieu du sacrifice n’était pas manifestée avant que Moïse et Aaron — Christ comme sacrificateur et roi — fussent sortis du tabernacle, après y être entrés (v. 23). Ensuite le peuple adore ; mais Aaron bénissait auparavant d’auprès de l’offrande (v. 22). Nous savons par l’Esprit, descendu du ciel, que l’offrande a été acceptée, tandis que le sacrificateur est encore au-dedans du voile ; et par Lui, nous connaissons la pleine et entière valeur de la justice divine.
  13. Je n’ai pas la pensée que ce ne soit le cas d’aucun des psaumes : nous savons au contraire que plusieurs d’entre eux, et notamment le psaume 22, nous fournissent l’expression de Ses sentiments personnels, et que, d’un autre côté, il ne serait pas exact d’affirmer qu’on ne trouve dans les psaumes qui ne s’appliquent pas directement à Lui, aucune parole qui exprime Ses sentiments. J’aurai l’occasion d’en citer plusieurs exemples dans le cours de notre étude, et j’ai déjà établi le principe de leur application : mais ici je parle des psaumes qui nous occupent dans ce moment, savoir des psaumes 3 à 7.
  14. La petitesse de l’homme, comparée à la grandeur de la création dans les cieux, donne occasion à la révélation des conseils de Dieu dans l’homme.
  15. Ils ne comprirent pas une seule fois ce qu’Il leur disait.
  16. Comparez à ce point de vue Jean 12, 23-24, où Christ est rejeté, et la revendication de Sa gloire telle qu’elle apparaît dans les chapitres 11, 12 et 13, comme Fils de Dieu, roi d’Israël et Fils de l’homme.
  17. Devenant ainsi homme et en ce qu’Il glorifie Dieu dans Son œuvre comme homme, Il a aussi droit — par le don de Dieu — sur toute chair.
  18. Cela a été manifesté par l’envoi du Saint Esprit après que le Seigneur eut été glorifié. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront la pleine manifestation des résultats de l’œuvre de la croix qui sera, en outre, la juste base de la condamnation de l’homme incrédule.
  19. Quoique « le bois sec » soit proprement l’Israël sans vie, cependant, comme le résidu, qui a longtemps rejeté Jésus, le Messie, se trouve d’abord mêlé avec la nation, les fidèles traversent dans leurs âmes et en esprit les afflictions qui viennent sur la nation, exception faite toutefois de son jugement final de la part de Dieu qui a été porté par Christ pour eux : Il mourut pour la nation. Mais, ce jugement final à part, ils traversent tout, et sentent plus que jamais l’amertume de la douleur et de l’angoisse, en face du jugement, parce qu’ils ont le sentiment du péché qui l’amène. C’est pourquoi Christ, qui connaissait la cause de ce jugement qu’Il avait devant Lui et qu’Il devait traverser (subissant l’oppression, sans délivrance apparente, car l’heure était venue à laquelle Il devait être compté parmi les transgresseurs), a pu entrer pleinement dans leur position ; et bien qu’Il y soit entré en amour, cependant la justice qui effrayait Israël, était devant Lui.
  20. Remarquez qu’ils sont, en principe, dans cette position, dès le moment où le Messie est rejeté.
  21. Quand David, par l’Esprit, a employé cette expression il n’était pas encore roi, en fait. Mais l’esprit de Christ en lui, parlait par anticipation, et évidemment en vue d’une autre époque. Remarquez aussi qu’ici, les désirs de la foi embrassent tout Israël quoique aucune délivrance, même celle des Juifs, ne fût encore accomplie.
  22. Comp. Daniel 12, 3 et Ésaïe 53, où il faut lire, non pas : justifiera, mais « enseignera la justice à plusieurs, et lui il portera leurs iniquités ».
  23. Pour Christ et pour le nouvel homme, le monde est un désert n’ayant rien pour rafraîchir l’âme ; mais la gratuité de Dieu étant meilleure que la vie, nous pouvons Le louer pendant notre vie et notre âme peut être rassasiée comme de moelle et de graisse. Le saint n’est pas dans le sanctuaire, mais il a vu Dieu là et son désir est vers Dieu Lui-même. Christ pouvait dire cela littéralement. Et nous, nous avons vu le Père en Lui.
  24. La force de l’expression employée au verset 13 est controversée, mais je ne doute pas qu’elle ne s’applique aux étables des moutons et du bétail.
  25. De plus, comme nous l’avons déjà remarqué, l’identification avec la victime et la confession des péchés sur sa tête, n’étaient en aucun cas l’acte de l’expiation. C’était simplement l’indication de ce qui devait être expié.
  26. Ceci, pour le lecteur attentif, rend aisés à comprendre plusieurs psaumes qui, sans cela, seraient difficiles, parce qu’on y voit l’affliction et la détresse succéder à la confiance ; mais ces choses ne sont, en réalité, que le chemin à travers lequel l’esprit passe dans sa marche vers la confiance.
  27. Il faut remarquer la différence qu’il y a entre les noms de Adonaï et de Jéhovah ; ce dernier, traduit par Éternel, est le nom que Dieu a pris en fidélité éternelle dans Son alliance avec Israël ; tandis qu’Adonaï est le nom de Celui qui a pris le pouvoir et qui est pour nous, le Seigneur. Aussi, de fait, nous reconnaissons que Christ a ce caractère à notre égard — notre Seigneur Jésus Christ ; — il en sera de même pour les Juifs, bien qu’ils ne doivent Le reconnaître que lorsqu’ils Le verront. Cet Adonaï est Élohim.
  28. Quelques-uns, comme Venema, traduisent : « parce que j’ai été chassé et abaissé » au lieu de : « dès ma jeunesse » ; Rosenmuller donne les deux traductions. Comparez le psaume 129.
  29. Comparez le rapport et le contraste remarquable de ceci avec Jean 15.
  30. Christ, tout en sentant profondément ce qui était devant Lui, est précisément le contraste avec cette lutte contre la volonté propre, car Il est parfait dans Sa soumission (voir Jean 12 et Gethsémané). Pierre aurait résisté, mais Christ a pris la coupe de la main de Son Père.
  31. En Ésaïe 30, 32, où le bâton ordonné, qui est la verge décrétée, devait passer, ce devait être avec des tambourins et des harpes.
  32. Remarquez qu’il n’y a pas ici l’introduction de « moi » en rapport avec l’indignation et la colère, comme au psaume 22, bien que Christ réalise la chose en esprit ; mais, personnellement, Il est élevé et jeté en bas. C’est une clef qui aide beaucoup à comprendre les Psaumes.
  33. S’en référer aux promesses inconditionnelles faites à Abraham, ou à celles de Moïse dont l’accomplissement dépendait de la fidélité du peuple, est une chose bien différente et marque le caractère de la foi qui fait appel aux unes ou aux autres dans les temps où le peuple invoque la miséricorde.
  34. C’est en rapport avec Daniel 8, non pas avec Daniel 9.
  35. La montagne est ordinairement le symbole d’une puissance élevée, une haute montagne comme la montagne de Basan. Ici, c’est la montagne du Seigneur.
  36. Les trois formes de gouvernement avaient été manifestées, en Israël. D’abord la responsabilité directe envers Dieu, sous la sacrificature. Celle-ci avait failli avec Éli et I-Cabod avait été prononcé. C’en était fait d’Israël sur la terrain de la responsabilité. Alors Dieu était intervenu par un prophète : Il pouvait encore le faire ; c’était un acte de Sa souveraineté. Mais le prophète manque aussi et, de même, la royauté établie par le peuple. Nous voyons alors, en troisième lieu, la royauté établie comme puissance en grâce, comme elle le sera en Christ, et l’arche est ramenée. C’est ce que nous avons dans ce psaume.
  37. C’est un des deux passages de l’Ancien Testament, où il est parlé de la vie éternelle ; l’autre est en Daniel 12 ; les deux la présentent comme devant être accomplie au temps de la bénédiction à venir. Je n’ai pas besoin de dire que, dans le Nouveau Testament, elle est pleinement révélée en Christ et que celui qui croit en Lui a la vie éternelle.
  38. Comparer le psaume 8 : la manière dont la grâce l’envisage et l’impatience de Job (7, 17, 18) contre la discipline ; ainsi que la connaissance que Dieu, sous le rapport de Son gouvernement, prend des voies de l’homme.