Écho du Témoignage:Le cantique de Salomon

De mipe
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Chapitre 1

Il n’y a rien que les hommes de ce monde redoutent plus que la solitude et la réflexion. Ils aimeraient mieux être surchargés d’invitations et d’affaires que d’avoir du temps pour réfléchir. La conscience mal à l’aise veut, en de tels moments, faire entendre sa voix ; mais ses avertissements doivent être étouffés par ce mot commode, devoir, et son honnête discours est bientôt et volontiers oublié. Il y a là des péchés — beaucoup de péchés ; et la pensée de Dieu comme juge du péché est une pensée redoutable. L’état de l’âme est tel qu’elle ne peut supporter la lumière, c’est pourquoi elle aime les ténèbres. On recherche avec ardeur toutes les branches dans lesquelles se déploie l’activité de la vie présente, afin d’échapper au poids écrasant de la réflexion. Les plaisirs du monde servent aussi, en temps et lieu convenables, à atteindre la même fin.

Ainsi, on prend tout le soin possible pour éviter la solitude et n’avoir pas l’occasion de réfléchir dans le calme et d’une manière sérieuse. On n’accorde ni pensée ni temps aux solennelles réalités éternelles de l’âme ; on néglige entièrement la plus haute, la plus noble, la meilleure partie de l’homme, on n’en prend aucun souci, et on ne pourvoit à rien de ce qui la concerne, malgré ses profonds, ses pressants, ses éternels besoins. « Car que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ? Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ? » (Marc 8, 36, 37).

Hélas ! tel est l’homme — l’homme sans la connaissance de Dieu — sans la connaissance de sa condition comme pécheur — et sans la connaissance de Jésus comme le Sauveur des pécheurs.

Mais détourne pour un moment ton attention, ô mon âme, d’une scène si déchirante pour le cœur, quelque forts, quelque tendres même que soient les liens qui t’attireraient vers elle et te pousseraient à en retirer des êtres bien chers, et à les gagner à Christ. Entretiens soigneusement un esprit de méditation dans les douces solitudes de la séparation de l’âme d’avec le monde, où tout rayonne de la présence du Sauveur, et respire les joies ineffables du « Cantique des cantiques ». Plus est large la séparation d’avec le monde, plus la communion est profonde, plus est riche la bénédiction. Point de sympathie pour lui dans l’esprit et le cœur ; et réellement, quoique au milieu de lui, bien loin cependant de son agitation et de ses scènes impies. Un profond abîme sépare désormais les croyants de ce présent siècle mauvais : « Ils ne sont pas du monde, dit Jésus, comme moi je ne suis pas du monde ». La position de Christ en résurrection détermine la nôtre en tant que vus en Lui. Le calme, le repos réfléchi de l’âme en communion avec la personne du Seigneur glorifié, sont les moments les plus doux pendant qu’elle se trouve ici-bas sur la terre ; et on peut les trouver dans une chambre de maladie, au milieu des scènes champêtres, ou au siège même et au centre de l’activité de ce monde. Tout dépend de l’état du cœur. Être seul, et pourtant pas seul, quelle position bénie !

Mais pourquoi appeler ce précieux petit livre « le Cantique des cantiques » ? Précisément parce qu’il est de Salomon, ou plutôt de Christ qui au temps convenable sera roi à Jérusalem dans la gloire du vrai Salomon. C’est d’après le même principe qu’Il est appelé « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». La prééminence en toutes choses Lui appartient. Il y a plusieurs doux cantiques dans l’Écriture. Moïse, Marie et ses compagnes, Debora et David chantèrent tous d’une manière bien douce la bonté du Seigneur. Il est dit de Salomon lui-même « qu’il fit mille et cinq cantiques » ; mais pour celui-ci, il l’appelle « le Cantique des cantiques ». Il surpasse de beaucoup tous les autres. C’est la mélodie profonde de cœurs remplis de l’amour divin et qui trouvent leurs suprêmes délices dans sa parfaite et libre expression. « Nous l’aimons parce qu’il nous a aimés le premier ». Oh ! si seulement nous étions toujours capables de chanter le cantique du Sauveur, avec le cœur et aussi avec l’intelligence !

Verset 2. « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ».

Quelle affection pure, sereine, et ardente respire dans cette remarquable effusion ! C’est comme l’élan d’affection, simple, et néanmoins plein de chaleur, entre les plus proches parents, quand ils se rencontrent après une longue absence. Le cœur est tellement plein de son objet que tout le reste est perdu complètement de vue, formes, cérémonies, circonstances : l’âme est transportée par l’heureuse conscience qu’elle a de la place qu’elle occupe dans le cœur de Jésus. Qu’il y en a peu dans ce monde auxquels on pourrait s’adresser avec tant de simplicité et tant d’affection ; et cependant, c’est là le langage d’un pécheur sauvé, au saint et glorieux Sauveur. Comprends-tu cela, ô mon âme ? Le cœur qui peut parler ainsi à l’Époux divin, à Jésus glorifié dans le ciel, ne connaît ni doutes, ni craintes. De nos jours, plusieurs traitent de présomption la confiance entière, parfaite, exclusive de toute crainte, dans la grâce et l’amour de Christ ; et s’ils osent s’aventurer à se confier en Lui, c’est avec force doutes et force craintes ; et ils en agissent ainsi à Son égard après qu’Il a écrit en caractères de sang Son amour pour les pécheurs perdus, et qu’Il l’a gravé à toujours comme sur le roc. Que doivent-ils donc penser de la hardiesse de l’épouse ? Qu’elle s’est oubliée elle-même, qu’elle a oublié sa place ? Ah ! non, elle ne s’est point oubliée. Mais voici le secret : la conscience ayant été purifiée de tout péché par l’unique sacrifice de Jésus jadis abaissé, le cœur est maintenant libre et heureux dans la présence du Christ ressuscité et glorifié. Or, le sang de Christ pour la conscience, et la personne de Christ pour le cœur, voilà tout ce qu’il faut à tout pécheur pour qu’il se sente chez lui et heureux dans la chambre du roi. Ces deux choses renferment toute bénédiction, et tout chrétien les possède l’une et l’autre. Seigneur, aide tous tes enfants à le croire.

Dans ce précieux petit livre, remarque-le bien, ô mon âme, nulle mention de péché, de pardon, ou de justification. Pourquoi cela ? Ces questions ont été réglées auparavant, et maintenant le cœur est dans la jouissance d’une pleine et parfaite liberté dans la présence du Seigneur. Toutes les questions pareilles sont réglées en chaque cas lorsque le pécheur est amené pour la première fois aux pieds de Jésus ; elles sont réglées sur le solide fondement de l’œuvre accomplie et parfaite du Sauveur, et ne peuvent plus jamais, non jamais, être soulevées, pour ce qui concerne Dieu et la foi ! Satan et l’incrédulité de nos propre cœurs peuvent bien chercher à agiter la question pour toujours réglée, mais toutes pensées semblables devraient être traitées comme venant de ces sources. « J’ai connu que, quoi que Dieu fasse, c’est toujours lui-même ; on ne saurait qu’y ajouter, ni qu’en diminuer » (Eccl. 3, 14). De là vient que le cœur qui est instruit de ces choses se sent libre, heureux, et chez lui, dans la présence immédiate du Seigneur, et cela aussi dans le sens le plus élevé. « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ».

Ici, le cœur soupire, non pas après le sentiment du pardon, mais après une preuve plus directe de l’amour de Jésus. C’est Christ Lui-même qui l’occupe ; ce n’est pas tant quelqu’une de Ses qualités, ou quelque grâce particulière reçue de Lui, comme Lui-même personnellement. En Le possédant Lui, l’âme possède toutes Ses qualités et toutes Ses bontés, selon qu’elle s’écrie : « Qu’il me baise ». Elle ne songe pas à expliquer de qui elle parle de cette manière. Il y a dans l’amour une énergie de condensation, aussi bien qu’une énergie d’expansion. Cela nous rappelle le cœur aimant de Marie auquel avait été ravi son objet, lorsqu’elle dit : « Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis ». Jésus était le premier et le dernier dans sa pensée, il ne s’en trouvait pas d’autre dans son cœur duquel il fût nécessaire de le distinguer, et il n’y en avait point avec qui elle pût Le comparer. Sa pensée n’en connaissait pas d’autre, et elle ne s’occupait d’aucun autre. Rien ne pouvait satisfaire son cœur sinon la personne de son Seigneur, mort ou vivant. Merveilleuse affection ! Oh ! si Jésus avait dans mon pauvre cœur une place pareille ! « Encore un peu », et Il le possédera tout entier, et pour toujours. Oh ! hâte l’heureux jour, mon Seigneur, toi le bien-aimé de l’Église, ton Épouse.

Dans l’Écriture sainte, un baiser est le signe de la réconciliation, le gage de la paix, et l’expression de l’affection. Il est dit de David et de Jonathan qu’ils se baisèrent l’un l’autre, et pleurèrent tous deux jusque-là que David pleura extraordinairement (1 Sam. 20, 41). Douce image du vrai David toujours dépassant tout notre amour. « Où le péché abondait, la grâce a surabondé ». Joseph aussi « baisa tous ses frères et pleura sur eux, et après cela ses frères lui parlèrent » (Gen. 45, 15). De même, le père de l’enfant prodigue le baisa lorsqu’il était encore dans ses haillons. Et après qu’il fut purifié de toutes ses souillures et fut revêtu de la plus belle robe, trouve-t-on que c’eût été trop pour lui de demander de pareilles démonstrations d’amour ou de s’y attendre ? Assurément non ! Est-ce donc trop pour l’épouse dans les cantiques — pour le croyant en Jésus, de désirer une expression semblable de l’amour du Seigneur ? Certains sommes-nous qu’elle la désirait, non point qu’elle nourrît quelque doute à l’égard de cet amour, mais parce qu’elle prenait ses délices dans sa manifestation. L’amour seul peut satisfaire l’amour.

« Car tes amours sont plus agréables que le vin ». Maintenant l’amour de Jésus est préféré à toutes les joies de la terre. Le vin est le symbole des délices naturelles des hommes — des joies et des plaisirs de la terre. Mais que sont désormais toutes ces choses, sous leur forme la plus attrayante, pour l’âme qui fait ses délices de l’amour de Jésus ? Elles ont perdu leur charme pour les yeux et pour le cœur, et ne seraient plus maintenant que fatigue et pesant fardeau. Jésus Lui-même est les délices de l’âme. « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et croyant en lui quoique maintenant vous ne le voyez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pier. 1, 8).

La vigne a ses racines dans la terre. Le nazaréen, tout le temps qu’il était soumis à son vœu, ne devait rien goûter du fruit de la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau du raisin (voyez Nomb. 6). Il devait être entièrement séparé, pour le Seigneur, des plaisirs du monde. Tout croyant est un nazaréen, selon le propre vœu du Seigneur bien-aimé. « Je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’à ce jour-là quand je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Matt. 26, 29). Associés avec Lui que nous sommes, nous nous trouvons sous l’effet de Son vœu, et devons être de vrais nazaréens pour Dieu. Mais cela ne peut être qu’en trouvant toute notre joie, toutes nos délices, toute notre satisfaction dans l’amour de Jésus. Il est maintenant occupé à attendre patiemment, loin des joies de la terre, le brillant matin millénial où Il sortira de nouveau dans Son caractère de véritable Melchisédec, pour rafraîchir les armées victorieuses d’Israël, les enfants d’Abraham, avec le pain et le vin du royaume (Gen. 14). Nous aussi nous devrions attendre patiemment jusqu’alors, car nous sortirons avec Lui dans la gloire céleste. Alors la période du vœu sera pleinement accomplie. Le roi sera de nouveau uni dans Jérusalem à Son peuple terrestre, et toutes les nations se réjouiront dans leur joie et leur bonheur. Et la fille de Sion connaîtra alors le sens de ces paroles prononcées depuis longtemps aux noces de Cana en Galilée : « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ».

Verset 3. « À cause de l’odeur de les excellents parfums, ton nom est comme un parfum répandu, c’est pourquoi les filles t’ont aimé ».

Elle nous donne maintenant quelque idée du nom de celui qu’elle aime, « ton nom est comme un parfum répandu ». Il est pour son cœur une odeur des plus exquises. Tous les noms de Christ, Ses titres, Ses attributs et Ses relations diverses, sont pleins de douceur à son goût. Son nom c’est Lui-même ; il est l’expression de Sa nature, de Sa souveraine prééminence en toutes choses, et de toutes Ses grâces. Les expressions lui manquent pour dire les richesses de la bonté de Jésus ; c’est pourquoi elle dit que son « nom est comme un parfum répandu ». L’odeur du parfum de Christ ne s’arrête point à elle ; les filles, ses compagnes, participent à son abondance, attirées et rafraîchies par les doux parfums de Son nom. Heureuse pensée ! Ce n’est point un parfum cacheté, mais un parfum « répandu ». Oh ! quelle communion il y a dans l’amour de Jésus ! Arrête-toi un peu ici, ô mon âme, et médite sur la plénitude du nom de Jésus ; « car en lui toute la plénitude de la déité habite corporellement ». Quel centre, quelle source est ce nom ! L’Église de Dieu est maintenant rassemblée autour de Lui comme autour de son unique centre, par le pouvoir vivifiant et la demeure du Saint Esprit, conformément à cette parole : « Car où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Mais, avant longtemps, les cieux et la terre seront unis par Sa puissance et par Sa gloire. La Jérusalem terrestre et les villes de Juda avec toutes les nations d’alentour, la Jérusalem céleste, et les myriades d’anges — l’assemblée universelle, et l’Église des premiers-nés écrits dans les cieux seront toutes attirées et unies par ce doux et précieux nom, le seul nom à qui il appartienne d’unir. Le Père a préparé dans Son dessein cette merveilleuse gloire pour Son Fils, et il arrivera certainement, « que dans l’administration de la plénitude des temps (le millénium), il réunira en un (sous un chef) toutes choses sous le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre en lui » (Éph. 1, 10). Alors le parfum du nom de Jésus sera porté en tout lieu sur les ailes de la brise, et toutes les familles et toutes les langues s’uniront dans ce chant de louange : « Éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre ! » (Ps. 8).

Et lorsque les mille ans de la bénédiction et de la gloire milléniales auront achevé leur cours, que les cieux et la terre se seront enfuis, et que le jugement final sera passé, ce nom n’aura rien perdu de son parfum, de sa puissance, et de sa gloire. Il unira alors dans les liens de l’amour le plus doux, de la sainteté la plus haute, les nombreuses sphères, les myriades des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Christ sera la source, la puissance, le motif et l’objet de la joie de tous les cœurs, de la mélodie de toutes les langues ! Chaque montagne de myrrhe et chaque colline de parfum seront redevables de leur douceur à Sa présence ; et Son nom sera encore comme un parfum répandu : oui « répandu » et « répandu » à jamais. Ce n’est que myrrhe, aloès et casse, de tous ses vêtements, dans les palais d’ivoire. Et à mesure que les âges succéderont aux âges, les grâces si riches et si variées de Son amour seront encore « répandues » dans une profusion infinie, faisant distiller la myrrhe de toutes les mains, de tous les cœurs et de toutes les lèvres, et remplissant toute la scène des vastes royaumes des bienheureux, du parfum éternel de Son nom.

Verset 4. « Tire-moi et nous courrons après toi ».

Plus nous connaîtrons Christ, plus nous désirerons Le connaître. Plus nous serons rapprochés de Lui, plus nous désirerons en être plus rapprochés encore. Comme Paul s’exprime : « afin que je Le connaisse », et nul sur la terre ne Le connaissait aussi bien ; et encore : « afin que je gagne Christ », et jamais il n’y a eu de saint plus sûr de son prix que Paul. Quoique prisonnier à Rome et dans le dénuement, il pouvait dire avec vérité : « Pour moi vivre c’est Christ, et mourir c’est gain ». Quelle riche expérience, quelle paisible assurance, quelle joie sans borne, éclatent dans sa lettre aux Philippiens !

Il y a pour nous en Christ une telle infinité de bénédictions, que plus nous en avons saisi, moins nous croyons en avoir saisi. À mesure que nous goûtons davantage de la réalité et de la plénitude de Son amour, nous devenons plus véritablement capables de dire qu’« il surpasse toute connaissance ». Ce sont des largeurs et des longueurs, et des profondeurs et des hauteurs que nous ne sommes jamais en état de comprendre ; et Sa présence est la source d’une joie telle, que, même pendant que nous en jouissons, le cœur soupire si ardemment après une proximité plus grande encore, qu’il se sent comparativement comme à distance.

Si je devais lire dans le cœur aimant de l’épouse à travers ces paroles : « Tire-moi, et nous courrons après toi », je dirais que son désir d’être près de la personne du Seigneur est si grand, que tout proche et toute chère qu’elle est, elle éprouve quelque chose comme le sentiment qu’il y a quelque distance entre elle et Lui. De là, les profonds soupirs de son cœur : « Tire-moi ». Oh ! tire-moi, mon Seigneur, plus près, tout près de toi. Il y a croissance en grâce, en comparant avec le verset 2 — progrès dans son appréciation de la personne de Christ, dans la mesure dans laquelle elle s’en saisit. Elle éprouve un plus ardent désir d’une communion plus étroite. Cela ressemble à ce que nous trouvons dans plusieurs psaumes. « Ô Dieu, tu es mon Dieu ! car je te cherche au point du jour ; mon âme a soif de toi, ma chair te souhaite en cette terre déserte, altérée et sans eau… Mon âme s’est attachée à toi pour te suivre, et ta droite me soutient » (Ps. 63). La communion la plus bénie avec le Seigneur s’accorde parfaitement avec le plus vif désir d’être plus étroitement rapproché de Lui. Peux-tu dire cela de toi, ô mon âme ? Sais-tu cela par ta propre expérience ? Examine toutes tes paroles et toutes tes voies comme devant le Seigneur, et juge-les. Le Saint Esprit nous déclare que Christ a éprouvé Ses paroles comme dans un fourneau « sept fois » : et nous, hélas ! combien il nous arrive souvent de parler et d’écrire, sans même les éprouver une fois, nos paroles ou nos écrits.

Le Seigneur tire et nous courons. Ces deux faits sont magnifiques, liés l’un à l’autre. « Nous courrons » ; mais remarquez bien les deux derniers mots — « après toi » : ils contiennent beaucoup plus que nous ne saurions dire ici. Ils sont de la plus haute importance. « Après toi » : non pas après nos propres idées, ni même après l’homme le meilleur qu’il puisse y avoir sur la terre, mais « après toi ». Comme il est dit dans ce magnifique psaume seizième : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » ; non pas de temps à autre seulement, mais « toujours ». Que ne serait pas notre marche sur la terre, si tel était notre cas ! Combien elle serait séparée de tout ce qui n’est pas Christ. Certainement, lorsque nous disons au Seigneur « tire-moi », nous devrions, comme l’épouse et ses compagnes, ajouter en toute sincérité : « nous courrons après toi ».

Mais remarquez une autre pensée extrêmement précieuse que suggère le sujet de notre méditation. Celui qui tire, marche devant. C’est ainsi que le Seigneur va devant Son peuple dans le désert, et voit le danger et y pourvoit avant que Son peuple y arrive. Nombreux sont les dangers dont nous sommes délivrés par Lui et dont nous ne savons rien. « Et quand il a mis ses propres brebis dehors, il va devant elles, et les brebis le suivent ». L’ennemi nous a peut-être tendu un piège dans le chemin que nous nous étions disposés à suivre, mais notre divin Conducteur, voyant le piège, prend un autre sentier, nous mène dans une autre direction, et nous échappons ainsi au piège qui aurait pu nous être fatal. Et cependant, je puis me montrer si désappointé et si mécontent de ce que quelque chose m’a empêché d’arriver au lieu que je m’étais proposé d’avance ! Donne-nous, bien-aimé Sauveur, de pouvoir toujours et uniquement « courir après toi ».

« Lorsque le roi m’aura introduite dans ses cabinets, nous nous égaierons, et nous nous réjouirons en toi ; nous célébrerons tes amours plus que le vin ; les hommes droits t’ont aimé ». Maintenant nous avons le résultat, le fruit béni de l’attrait du Seigneur, et de la course du fidèle. La prière était l’expression chez ceux qui l’adressaient d’une faiblesse dont ils avaient conscience et d’un état de dépendance, tout cela se combinant avec un esprit de sainte diligence. Ils ont couru comme il faut et ont atteint le but. Et maintenant ils sont couronnés de joie et d’allégresse. Mais n’oublie jamais, ô mon âme ! que c’est la grâce qui tire, la grâce qui court, la grâce qui couronne, et que tout découle de l’océan sans rivage de l’amour du Sauveur. « Nous nous souviendrons de ton amour plus que du vin » (vers. angl.). Elle se sert maintenant du mot « se souvenir » ; elle connaissait l’amour de Christ avant, mais elle en jouit avec un intérêt fort accru. Il est pour elle comme l’air ; cet amour l’environne, elle est dans cet amour. « Le roi m’a introduite dans ses cabinets ».

Mais pour quelle raison Christ est-Il appelé ici « le roi » ? C’est dans une pensée prophétique, en vue de Sa relation avec Israël après son rétablissement. Pour ce qui est de Son droit, de Son titre à la royauté, Christ est toujours roi ; mais l’Écriture ne Lui donne jamais le nom de roi de l’Église. Il est roi, et digne de tout hommage ; mais Il est désigné dans l’Écriture comme Tête de Son corps, l’Église, et comme roi des Juifs. Et comme tel, Il vint d’abord dans la bassesse et dans une grâce exquise, et se présenta à la fille, de Sion : mais, hélas ! elle refusa de Le recevoir. Il fut méprisé et rejeté, crucifié et mis à mort ; mais Dieu Le ressuscita et Lui donna la gloire, justifiant ainsi, par la résurrection, Ses droits et Ses titres, non seulement comme roi des Juifs, mais aussi comme Tête de Son corps, l’Église, et comme centre de toute la gloire à venir (comp. Zach. 9 ; Jean 12 ; Act. 2 ; Éph. 1 ; Phil. 2). De la même voix dont ils avaient crié « Hosanna ; béni soit le roi d’Israël qui vient au nom du Seigneur », les Juifs s’écrièrent aussi : « Ôte-le, ôte-le ! Crucifie-le ! ». Hélas ! telle est la courte durée de la popularité humaine ! À la fin ils comblèrent la mesure de leurs péchés. Leur relation avec Dieu fut rompue ; le Messie fut retranché — on méprisa le témoignage du Saint Esprit — et, pour le moment, c’en fut fait de tout ce qui tient au royaume.

Mais la parole du Seigneur n’en demeurera pas moins ferme à toujours. L’incrédulité et le péché de l’homme ne sauraient jamais anéantir la fidélité de Dieu. Dans la rédemption accomplie par Christ, il fut posé un fondement pour la restauration future d’Israël, en grâce, selon le dessein immuable de Dieu, et pour la mise des enfants dans la pleine possession et la pleine jouissance de toutes les bénédictions promises aux pères. « Or, je dis que Jésus Christ a été serviteur de la circoncision, pour la vérité de Dieu, afin de confirmer les promesses faites aux pères » (Rom. 15, 8). Rien de plus clair que les prédictions que contient la Parole de Dieu sur le règne futur du Seigneur Jésus, en rapport avec le trône de David et toute la maison d’Israël. Naturellement, Son règne et Sa gloire ne seront pas limités aux tribus restaurées et au pays d’Israël ; mais Jérusalem et les villes de Juda constitueront le centre terrestre de Son royaume millénial. Absolument comme la Jérusalem céleste, la cité du Dieu vivant, sera le centre céleste des nombreux cercles de Sa gloire céleste qui se rattacheront à elle (Héb. 12, 22-24).

Mais comme c’est « le roi » qui est l’objet de notre méditation, nous nous arrêterons un peu aux prophéties qui nous Le révèlent et nous Le montrent dans ce caractère. « Car l’enfant nous est né, le Fils nous a été donné, et l’empire a été posé sur son épaule, et on appellera son nom l’Admirable, le Conseiller, le Dieu fort et puissant, le Père d’éternité, le Prince de paix. Il n’y aura point de fin à l’accroissement de l’empire et à la prospérité sur le trône de David et sur son règne pour l’affermir et l’établir en jugement et en justice, dès maintenant et à jamais. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela » (És. 9, 6, 7). Cette ancienne prédiction que la jalousie de l’Éternel des armées accomplira au temps convenable, fut en substance répétée à Marie par l’ange. « Tu enfanteras un fils et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume » (Luc 1, 31-33). Les prophéties sur ce sujet, non encore accomplies, sont innombrables.

Mais est-ce que jadis Jéhovah n’était pas roi dans Jérusalem ? Oh ! oui, très certainement, Il l’était ! Depuis le temps où Israël fut délivré et tiré d’Égypte jusqu’aux jours de Samuel, Jéhovah était leur roi. Alors ils désirèrent un roi comme en avaient les nations voisines, et rejetèrent Jéhovah comme leur roi. Mais cela aboutit à une chute complète, comme toute chose avec Israël sous la loi. Depuis les rivages de la mer Rouge jusqu’à la cime du Calvaire et à la lapidation d’Étienne, nous ne trouvons qu’une histoire continuelle de chutes : et non pas dans une position seulement, mais dans toutes les positions successives où le peuple fut placé. Que nous envisagions Israël comme sous la loi — comme une vigne qui avait été transportée hors d’Égypte et plantée dans le pays — comme la femme que Jéhovah avait épousée — ou comme le témoin de Dieu sur la terre, partout nous trouvons non seulement qu’il manqua sans cesse, mais que toujours il fut incorrigible dans son péché. En conséquence, les justes jugements de Dieu tombèrent sur lui à la fin. Leur bien-aimée Jérusalem fut environnée d’armées, leur temple et leur cité furent rasés jusqu’à terre, et ceux qui échappèrent au tranchant de l’épée furent dispersés par l’amer déplaisir du Seigneur aux quatre vents des cieux.

Depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui, la condition d’Israël a été « délaissée et en désolation » ; mais elle ne le sera pas toujours. Il est bon de remarquer dans un sujet tel que celui-ci, la différence qu’il y a entre les voies de Dieu en gouvernement à l’égard de Son peuple, et Ses voies en grâce. Selon le juste gouvernement de Dieu, les Juifs ont été et sont encore sous le châtiment de Sa main à cause de leurs péchés et de leur impénitence, mais la grâce et l’amour de Son cœur pour eux demeurent invariablement les mêmes. Remarquez les propres termes de l’alliance : « Ainsi j’affligerai la postérité de David à cause de cela, mais non pas à toujours » (1 Rois 11, 39). C’est là un principe d’une importance immense, non pas seulement avec Israël et avec l’Église, mais avec tout chrétien individuellement. L’apôtre fait allusion au même grand principe, quand il traite de la réjection et du rétablissement d’Israël. « Elles ont été retranchées à cause de… mais ils sont bien-aimés selon l’élection, à cause des pères. Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11).

Le prophète Osée décrit d’une manière touchante l’état actuel et la future restauration des Juifs. « Car les enfants d’Israël demeureront plusieurs jours sans roi et sans gouverneur, sans sacrifice et sans statue, sans éphod et sans théraphim. Mais après cela les enfants d’Israël se retourneront et rechercheront l’Éternel leur Dieu et David leur roi ; ils vénéreront l’Éternel et sa bonté aux derniers jours ». Précieuse pensée ! Ils « rechercheront encore l’Éternel leur Dieu et David leur roi ». Et qu’est-ce que le livre des cantiques ? N’est-il pas pour le résidu l’assurance et la réassurance de l’affection immuable du roi ? Les Israélites fidèles des derniers jours peuvent lire ici l’amour, l’infatigable, le patient amour, l’amour qui ne fait jamais de reproches, de « l’Éternel leur Dieu, et de David leur roi ». Dans le passé, tout faillit sous la loi ; ils étaient là sur le fondement de la partie conditionnelle de l’alliance. Dans l’avenir, ils seront sur le fondement de l’alliance inconditionnelle de Dieu, et leur bénédiction aura pour mesure la valeur du sacrifice de leur Messie jadis rejeté, et la plénitude de l’amour de Dieu. Mais qui peut mesurer ce qui est incommensurable ? Tel sera l’amour du roi pour son épouse juive.

Le livre de Ruth est comme l’illustration, de la manière la plus simple et la plus touchante, du passé, du présent, et de l’avenir d’Israël.

Il ne resta pas de fruit de la vie d’épouse de Naomi. « Ne m’appelez pas Naomi », dit-elle (ce nom signifie mon plaisir), mais « appelez-moi Mara », amertume ; « car le Tout-puissant m’a remplie d’amertume ». Son mari, Élimélec (nom qui signifie : Mon Dieu est roi) et ses deux fils étaient morts au pays de Moab. Naomi était maintenant veuve, sans enfants, et, naturellement, sans ressources. « Appelez-moi Mara… Je m’en allai pleine de biens, et l’Éternel me ramène vide ». Image frappante de la nation juive qui, ayant perdu Dieu comme son roi et son mari, est maintenant comme veuve et abandonnée. Mais un faible résidu, dans la personne de l’humble et débonnaire Ruth, s’attache à Naomi, et, virtuellement, s’abrite sous les ailes du Dieu d’Israël. « Bienheureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre ». Les champs dans lesquels elle entra d’abord comme une glaneuse, devinrent sa propriété. Mais le plus proche parent qui a droit de rachat refuse de racheter l’héritage, s’il faut qu’en même temps il prenne pour femme Ruth : et cela est constaté en présence de dix témoins. Ces dix hommes de la ville peuvent représenter les dix commandements qui furent donnés avant la venue du Christ ; mais il n’y eut pas de fruit pour Dieu sous la loi. Voyez Romains 7, 1-4.

Désormais, Boaz (ce qui signifie : en Lui est la force) épouse de tout son cœur la cause du faible résidu de la maison d’Élimélec. Il est type de Christ ressuscité, qui a été « déterminé Fils de Dieu, en puissance, par la résurrection des morts » (Rom. 1, 4). Une circonstance qui donne à ce tableau une si parfaite beauté, c’est que Ruth n’avait directement aucun droit sur Boaz. Il n’était pas le plus proche dans la parenté ; ainsi ce n’était absolument que grâce. Il faut désormais que tant Israël que les Gentils parviennent à l’héritage sur le fondement de la grâce pure. « Et Ruth enfanta un fils… Alors Naomi prit l’enfant, et le mit dans son sein, et elle lui tenait lieu de nourrice », et les voisins dirent : « Un fils est né à Naomi ». Scène touchante ! Aimable esprit de grâce ! Le cœur de la veuve est mis à même de chanter comme aux jours de sa jeunesse. La délaissée est devenue, pour ainsi dire, une mère d’enfants ; le sein qui avait perdu tous ses enfants possède de nouveau un héritier : tout est joie et allégresse ! Quelle délicieuse image nous avons là du plein retour d’Israël à l’honneur, à la gloire et à sa haute position dans le pays ! Avant longtemps, le véritable Boaz prendra en main la cause du résidu fidèle, et rétablira Israël dans sa terre sur un pied complètement nouveau. Tel est le radieux sujet de passages sans nombre de l’Écriture.

En voici un exemple : « Alors les nations verront ta justice, et tous les rois ta gloire : et on t’appellera d’un nouveau nom que la bouche de l’Éternel aura expressément déclaré. Tu seras une couronne d’ornement en la main de l’Éternel, et une tiare royale dans la main de ton Dieu. On ne te nommera plus la délaissée, et on ne nommera plus ta terre la désolation ; mais on t’appellera Hephtsi-bah (c’est-à-dire, mon bon plaisir est en toi), et ta terre Beulah (c’est-à-dire, mariée), car l’Éternel prendra son bon plaisir en toi, et ta terre aura un mari » (És. 62). Et encore : « Néanmoins, voici : je l’attirerai après que je l’aurai promenée par le désert, et je lui parlerai selon son cœur. Et je lui donnerai ses vignes depuis ce lieu-là, et la vallée de Acor pour l’entrée de son attente ; et elle y chantera comme aux jours de sa jeunesse, et comme lorsqu’elle remonta du pays d’Égypte… Et je t’épouserai pour moi à toujours, je t’épouserai, dis-je, pour moi, en justice et en jugement, et en gratuité, et en compassion. Même je t’épouserai en fermeté et tu connaîtras l’Éternel » (Os. 2). Merveilleuse, incomparable grâce ! La grâce de Dieu au premier des pécheurs ! L’amour est la source, la grâce coule, le perdu est retrouvé. L’amour est toujours le même. Le Seigneur aime Israël — Il aime l’Église — Il aime individuellement le croyant — Il aime d’un amour parfait toute âme qui est attirée à Lui. L’amour le plus profond, c’est le sien, et Ses joies sont les joies les plus profondes. Oh ! amour sans pareil — grâce illimitée — céleste joie, et éternelles délices — Alléluia ! « Le roi m’a introduite dans ses cabinets ».

Versets 5, 6. « Ô filles de Jérusalem, je suis brune mais de bonne grâce ; je suis comme les tentes de Kédar, et comme les courtines de Salomon. Ne prenez pas garde à moi de ce que je suis brune, car le soleil m’a regardée ; les enfants de ma mère se sont mis en colère contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes, et je n’ai point gardé la vigne qui était à moi ».

L’épouse a parlé des embrassements du roi, de son amour, de son nom et de ses cabinets. Maintenant, remuée par quelque chose qui s’est présenté, elle rappelle et confesse sans réserve ce qu’elle est en elle-même. Mais en même temps, elle affirme avec bonheur ce qu’elle est aux yeux de Christ ! Vérité nécessaire dans tous les temps, si nous voulons nous conserver dans un bon équilibre d’esprit. Plus nous connaîtrons complètement l’indignité, la bassesse de la chair, plus nous apprécierons la valeur de Christ, et plus nous comprendrons l’œuvre du Saint Esprit. Tant que la dépravation totale de la nature humaine ne sera pas reconnue dans l’âme comme une réalité, il y aura de la confusion dans notre expérience, quant aux vaines prétentions de la chair et aux divines opérations de l’Esprit.

Il n’y a absolument rien de bon dans notre nature charnelle. Le plus avancé dans la vie divine a dit : « En moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ». Comme c’est absolu, sans exception ! « Point de bien ». Mais ne pourrait-on pas l’améliorer par des soins avec la prière et la vigilance ? Non, jamais ; elle est entièrement incurable. Il y a longtemps, longtemps, que cela a été affirmé par le Dieu de vérité. Lisez Genèse 6 : « Et Dieu vit que la malice des hommes était très grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de leur cœur n’était que mal en tout temps… Et Dieu dit à Noé : la fin de toute chair est venue devant moi ». Or, qu’est-ce que la fin, ou le résultat de toute chair, sinon « le mal », « rien que le mal », et « le mal en tout temps » ? C’est-à-dire, évidemment, le mal sans aucun bien, et le mal sans relâche ; et remarquez-le, c’est ce qui est dit de toute chair, et non de quelqu’une seulement : de telle sorte qu’elles y sont toutes comprises. Il est vrai que chez quelques-uns, il se peut que nous trouvions une nature polie, cultivée, aux mœurs douces, et aux manières élégantes, et chez d’autres une nature rude, inculte, grossière ; mais dans les uns comme dans les autres c’est la nature charnelle. Il est possible que nous ne soyons pas capables de plier une barre de fer, cependant elle peut être étendue sous le marteau de telle sorte qu’elle devienne tout à fait flexible, mais c’est encore le même fer. Son apparence a changé, mais sa nature est la même.

Mais, en admettant que tout cela est vrai de notre triste nature morale, pourquoi l’appeler « une vérité nécessaire à un bon équilibre d’esprit » ? Parce qu’elle nous rend capables de distinguer entre la chair et l’Esprit, et de savoir d’où peut venir telle pensée, telle suggestion, ou tel penchant. Il est de toute importance de voir qu’ils sont tous les deux en nous, et que l’un est le bien sans mélange, et l’autre le mal sans mélange aussi. Une confusion inextricable, le trouble, l’angoisse, et, dans certain cas, une mélancolie profonde, sont les malheureux résultats de l’ignorance où l’on est sur ce point, je veux dire sur le sujet des deux natures. Il ne saurait provenir rien de bon de notre nature charnelle. Supposez que je rencontre une personne profondément inquiète à l’égard de son âme, et ardemment désireuse de connaître Christ et le salut. Je sais d’une manière certaine que le Saint Esprit est à l’œuvre dans cette âme. De semblables désirs pour Christ et le salut sont bons, et ne sauraient jamais provenir d’une nature qui hait à la fois Dieu et Christ, et qui aime mieux ce monde que le ciel. Il est possible sans doute que l’âme éprouve beaucoup d’angoisse, et soit remplie d’incertitudes et de craintes quant à l’issue, et même qu’elle refuse d’être consolée : mais dans la pensée de Dieu elle est sauvée déjà ; elle se réjouira lorsqu’elle croira la vérité. La bonne œuvre était commencée dans l’âme du fils prodigue, lorsque pour la première fois il dit en lui-même : « Je me lèverai et je m’en irai vers mon père ». L’Esprit de Dieu satisfera pleinement tout désir qui procède de Lui. Christ Lui-même est la parfaite réponse à tous les désirs du cœur.

L’Écriture sainte nous enseigne trois points d’une importance journalière pratique, savoir : que la chair est opposée à l’Esprit, que Satan est opposé à Christ, et que le monde est opposé au Père (Gal. 5 ; Gen. 3 ; 1 Jean 2). Ce sont là nos trois grands ennemis, et il en résulte qu’il importe beaucoup de savoir de quel côté nous sommes. C’est ainsi, par exemple, qu’au lieu de me mettre en perplexité pour rechercher où commence le monde et où il finit, en quoi consiste la mondanité, je n’ai qu’à me demander simplement : « Cela est-il du Père ? ». Dans des centaines de cas, il serait impossible de dire où la mondanité commence et finit, en regardant à la chose elle-même ; mais vous pouvez vous assurer bientôt « si elle est du Père ». Et quand nous voyons qu’elle n’est pas du Père, la question est résolue : il faut qu’elle soit du monde.

L’Écriture ne connaît pas de principe intermédiaire, de principe neutre. La même règle s’applique aux deux autres points que nous avons indiqués. Tout ce qui n’est pas de l’Esprit est de la chair, et tout ce qui n’est pas de Christ est de Satan.

Mais, quoique nous soyons entrés dans ces détails pratiques en méditant les paroles de l’épouse, nous ne pensons nullement que de semblables pensées occupassent son esprit, l’expérience de l’âme, chez les Juifs, étant plutôt d’un caractère plus extérieur, temporel et typique.

« Je suis brune ». Ces paroles sont relatives à son aspect extérieur, à son teint — elle est brûlée par le soleil. La chose a eu lieu selon l’avertissement du prophète : « Au lieu d’un beau teint, elles auront le teint tout hâlé » (És. 3, 24). Et à cause de cela, elle ressent vivement le curieux regard des filles de Jérusalem. « Ne prenez pas garde à moi de ce que je suis brune, car le soleil m’a regardée ». Il fut un temps où la fille de Sion était belle et glorieuse, un sujet de louange sur la terre. « Ta renommée, dit le prophète, se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite à cause de ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz. 16). Mais pour son ingratitude et son infidélité, elle fut réduite à la triste condition d’une pauvre esclave brûlée par le soleil. Le prophète Jérémie, dans ses « Lamentations » sur la chute de Jérusalem, décrit aussi de la manière la plus touchante, non seulement ce qu’elle fut jadis, mais ce qu’elle est devenue à la suite de l’affliction et de la souffrance : « Ses hommes honorables (vers. angl. : ses nazaréens) étaient plus nets que la neige, plus blancs que le lait ; leur teint était plus vermeil que les pierres précieuses, et ils étaient polis comme un saphir. Leur visage est plus noir que les ténèbres, on le les connaît point par les rues ; leur peau tient à leurs os ; elle est devenue sèche comme du bois ». Certes, il peut bien s’écrier dans l’amertume de son âme : « Comment l’or est-il devenu obscur ? Comment le fin or s’est-il changé ? ». Ô mon âme, si tels sont les redoutables, les amers et tristes fruits du péché dans ce monde où « la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement », quels ne seront-ils pas dans le monde à venir où il n’y a plus d’espérance, et où le désespoir s’empare de l’âme coupable ? Peux-tu reporter tes regards sur la croix, et y voir tes péchés, tous tes péchés, jugés, ôtés, et ensevelis dans les profondeurs de l’oubli éternel ? Dieu et la foi connaissent seuls la puissance de cette croix, et se glorifient dans son éternelle efficace. Juge donc pleinement, aujourd’hui, tout le mal qui se trouve en ton cœur et toutes tes voies, sachant que Christ a été jugé pour tout cela à la croix. Ce qui a été imputé à Christ ne te sera jamais imputé. « Bienheureux est l’homme à qui l’Éternel n’impute point son iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude » (Ps. 32).

Lorsque je vois que Christ a porté, et a ôté pour toujours, par le sacrifice de Lui-même, le péché sur lequel je pleure, toute fraude s’en va. Je n’ai aucun désir de cacher, d’atténuer, ou d’excuser mon péché. Il fut ôté à la croix, et maintenant il est pardonné sur ce fondement. En présence d’un tel amour et d’une bonté pareille, la crainte est bannie ; je me sens dans une entière liberté et le cœur au large, et ne puis que célébrer le Seigneur pour la grâce infinie dont Il a usé envers moi.

Le terme « noire » (la vers. angl. a : « Je suis noire ») sert généralement dans l’Écriture à exprimer un état d’affliction, de souffrance et de persécution. « Ma peau, dit Job, est devenue noire sur moi, et mes os se sont desséchés par l’ardeur qui me consume » (chap. 30, 30). Il en est particulièrement ainsi d’Israël rebelle. Mais dans notre passage, la confession que fait l’épouse est rattachée avec beaucoup de charme à la foi en Christ, et devient ainsi moralement la fidèle expression de tous les croyants : « Je suis noire, mais de bonne grâce ». En moi-même noire comme le péché — plus blanche que la neige en Christ.

Tel sera, dans le dernier jour, le langage du résidu craignant Dieu, qui aura passé par les profondeurs de la détresse de Jacob, et que l’ardeur de « la grande tribulation » aura, à vrai dire, douloureusement hâlé. Non seulement ces Juifs pieux seront persécutés sous l’Antichrist, le grand oppresseur, mais même leurs frères selon la chair se tourneront contre eux : « Écoutez la parole de l’Éternel, vous qui tremblez à sa parole ; vos frères qui vous haïssent et qui vous rejettent comme une chose abominable à cause de mon nom, ont dit : Que l’Éternel montre sa gloire ; Il sera donc vu à votre joie, mais eux seront honteux » (És. 66, 5).

C’est là, croyons-nous, ce à quoi fait allusion l’épouse maintenant joyeuse : « Les enfants de ma mère se sont mis en colère contre moi ; ils m’ont mise à garder les vignes ». Comme une autre Ruth, les vignes auxquelles elle fut forcée de travailler sont devenues siennes. Et heureuse désormais dans l’amour de son grand libérateur et son riche seigneur, elle peut parler librement de ce à travers quoi elle avait passé, et de ce qu’elle était encore à ses propres yeux : « noire comme les tentes de Kédar — gracieuse comme les courtines de Salomon ».

Les fils d’Ismaël, à ce qu’on rapporte, se servent des peaux rudes, velues, de leurs boucs noirs pour la couverture extérieure de leurs tentes, qui ont ainsi dans le désert, à l’œil du voyageur, un aspect extrêmement noir sous les rayons d’un brillant soleil. Et très certainement, placé, dans sa meilleure condition, sous les rayons du soleil de justice bien autrement brillant, l’homme serait de beaucoup plus noir que la tente de l’Arabe sauvage. Même une lampe allumée, comme on l’a dit : si on la place dans les rayons du soleil, on n’en peut rien voir que la mèche noircie. Mais, ô pensée trois fois heureuse ! si le sentiment de notre laideur peut nous troubler encore, il ne trouble plus le bien-aimé Seigneur. Il l’a éloignée de Ses yeux tout entière et pour toujours ; et l’œil de la foi voit avec Lui. Le jugement de Dieu et celui de la foi sont toujours les mêmes : tes péchés qui étaient en grand nombre sont pardonnés. Le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché.

L’expression « courtines de Salomon » peut avoir trait au magnifique voile du temple de Salomon, type de la sainte humanité de Jésus. Tous les croyants, cependant, seront rendus semblables à l’homme parfait maintenant qui est dans le ciel, le chef de la nouvelle création. « Comme nous avons porté l’image de celui qui est terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste » (1 Cor. 15, 49). Les « filles de Jérusalem » introduites ici, sont évidemment distinctes de l’épouse, quoique étroitement unies avec elle, ainsi que le montre la place importante qu’elles occupent dans cette magnifique scène. Si l’épouse représente la cité bien-aimée, Jérusalem, la capitale terrestre du grand Roi, les filles de Jérusalem peuvent représenter les villes de Juda, circonstance qui nous explique leur présence et leur place en maintes occasions, quoiqu’elles n’atteignent jamais dans la faveur du roi la position de l’épouse. Selon la parole du Seigneur, Jérusalem doit avoir toujours la prééminence : « Car j’ai maintenant choisi et sanctifié cette maison, afin que mon nom y soit à toujours ; et mes yeux et mon cœur seront toujours là » (2 Chron. 7, 16).

Verset 7. « Déclare-moi, toi qu’aime mon âme, où tu pais, où tu fais reposer ton troupeau sur le midi ; car pourquoi serais-je comme une femme errante vers les parcs de tes compagnons ? ».

Maintenant un changement béni a eu lieu dans l’occupation de l’épouse. L’époux remplit son cœur et ses regards. Le moi a disparu ! Quelle grâce ! Il ne s’agit plus maintenant du moi noir, ni du moi gracieux. C’est toujours malheureux en définitive d’être occupé du moi. Si les regards se portent sur le moi, au-dedans, au lieu de se porter au-dehors, et sur Christ, il en résulte des angoisses et des douleurs sans nombre.

Ce magnifique verset, ô mon âme, renferme trois choses qui méritent bien que tu les médites sérieusement.

1. L’affection ardente du cœur. Elle ne dit point, remarque-le, « ô toi que mon âme » doit aimer, ou même désire aimer, mais « ô toi qu’aime mon âme ». Il y a dans son cœur une brillante flamme d’amour pour la personne de son Seigneur et Sauveur. Elle L’aime Lui-même. « Déclare-moi, toi ». C’est là l’étroite intimité, « moi », « toi », — « toi », « moi ». Condition heureuse pour une âme ! Qu’est-ce, ô mon âme, que tu en connais ?

Le mot appréciation me semble plus propre à exprimer le peu que je connais de ce sujet béni, que l’idée d’une vive et ardente affection réellement sentie. Qu’y a-t-il parmi tout ce qui existe, je le demande, dont je me soucie plus que de mon Sauveur — que je voulusse Lui préférer ? Qu’est-ce que cela ? Est-ce de l’amour ? Quel autre — quoi d’autre — est aimé davantage ?

Mais, perspective radieuse ! le jour approche où ces yeux verront le roi dans Sa gloire. Et alors ce cœur si froid, si paresseux, sera ravi de Sa beauté, et brûlera à jamais pour Lui seul de la flamme pure d’un amour parfait.

2. C’est de lui-même directement qu’elle désire recevoir sa nourriture. « Déclare-moi… où tu pais ton troupeau ». Elle ne va point aux pasteurs d’Israël qui se souciaient plus de la toison que du troupeau, mais au souverain Pasteur Lui-même. Elle avait été amenée à Lui dans Son caractère de roi, maintenant elle Lui fait appel comme berger. Comme David jadis, Il est le roi-berger ; et avec quelle bonté, quel amour et quelle tendresse, ne rassemblera-t-il pas encore les brebis d’Israël maintenant dispersées ! Peut-on voir rien de plus miséricordieux et de plus beau que les versets que voici : « Car ainsi a dit le Seigneur, l’Éternel : Me voici, je redemanderai mes brebis, et je les rechercherai. Comme le pasteur se trouvant parmi son troupeau, recherche ses brebis dispersées, ainsi je rechercherai mes brebis, et les retirerai de tous les lieux où elles avaient été dispersées au jour de la nuée et de l’obscurité. Je les retirerai donc d’entre les peuples, et les rassemblerai des pays, et les ramènerai dans leur terre, et les nourrirai sur les montagnes d’Israël auprès des cours des eaux, et dans toutes les demeures du pays. Je les paîtrai dans de bons pâturages, et leur parc sera dans les hautes montagnes d’Israël ; et là elles coucheront dans un bon parc, et paîtront en de gras pâturages sur les montagnes d’Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et les ferai reposer, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz. 34).

3. Son cœur soupire après le repos que goûte à midi le troupeau si favorisé de Christ. « Déclare-moi… où tu fais reposer ton troupeau sur le midi ». Communion personnelle, nourriture divine, et tranquille repos, telles sont les riches bénédictions après lesquelles maintenant son âme soupire avec ardeur. Fatiguée d’avoir vainement cherché le repos et la nourriture loin de Dieu, elle soupire après les verts pâturages et les eaux paisibles de Son amour et de Sa grâce. Ceux qui ont erré sur les sombres montagnes que ne réjouit jamais la lumière de la face de Dieu, connaissent leur terrible stérilité. Mais lorsque le rétablissement est complet et heureux, le tendre gazon est plus doux que jamais. L’Église ayant goûté le bonheur qui se trouve dans la communion avec le Seigneur, tout son désir, maintenant, est qu’elle croisse et ne s’interrompe jamais.

La pensée que les autres peuvent douter de sa sincérité, la trouble extrêmement. « Car pourquoi, ajoute-t-elle, serais-je comme une femme errante (vers. angl., note marg. : « voilée ») vers les parcs de tes compagnons ? ». Quels sont ces « compagnons », c’est ce qu’il est peut-être difficile de dire, à moins qu’ils ne soient des sous-bergers qui pourraient ne pas la comprendre, ou ne pas sympathiser avec elle comme le berger royal lui-même. Il connaissait son cœur : elle pouvait se confier au sien. Le terme « voilée » semble suggérer l’idée d’une personne suspecte (Gen. 38, 15). C’est quelque chose de très blessant pour une âme honnête, une âme droite, mais ce n’est pas extraordinaire. Plusieurs de ceux qui font profession d’être les pasteurs des brebis de Dieu, sont peu en état de comprendre la voie d’une âme qui marche avec le Seigneur en dehors de toutes prescriptions, de toutes règles d’homme, et qui désire plaire au Seigneur, quand même il lui faudrait pour cela déplaire à tout le reste. Il existe une énergie de l’amour qui élève bien au-dessus de tous les arrangements humains, et qui met en communion immédiatement avec le Seigneur, et non pas médiatement ; une énergie qui ne peut s’accommoder de la lente routine des formes humaines. Une personne animée d’un esprit semblable sera très vraisemblablement mal comprise, et représentée sous un faux jour par ceux qui suivent des chemins plus battus : comme Anne, la mère de Samuel, qui priait avec une énergie intérieure, spirituelle, qu’Éli, le sacrificateur de Dieu, ne comprit point. Mais le Seigneur connaît le motif du cœur, et la source de l’énergie.

Mais voilà que juste au moment où la bien-aimée souffrait dans son âme des bas soupçons des autres, le bien-aimé apparaît pour sa consolation. C’est la première fois que nous entendons la voix de l’époux. Mais quelle grâce en découle pour elle ! Quelles paroles que celles qui tombent de ses lèvres ! « Ô la plus belle des femmes ! » est la première expression de son cœur, et elle suffit certainement pour adoucir la plus grande amertume d’âme.

L’épouse pouvait ressentir du trouble de sa propre apparence, et de l’indignité des pensées des autres ; mais une pareille assurance de l’amour et de l’estime de Christ est bien propre à éloigner tout son chagrin, et à remplir son cœur d’une joie sans bornes. Au lieu de la voir comme elle est en elle-même « noire comme les tentes de Kédar » — comme une esclave du dehors flétrie par le soleil — Christ lui assure qu’Il l’estime non seulement, belle et gracieuse, mais la plus belle des belles.

Verset 8. « Si tu ne le sais pas, ô la plus belle d’entre les femmes ! sors après les traces du troupeau, et pais tes chevrettes près des cabanes des bergers ».

La réponse de l’époux est prompte et nette, mais rien de plus. Elle n’exprime aucune approbation quant aux questions faites par l’épouse, questions fort importantes assurément. Pourquoi en est-il ainsi ? Le bien-aimé ne prend-il pas plaisir à entendre de telles questions de la part de sa bien-aimée ? Il ne le dit pas, quelle que soit leur importance. Il prend son plaisir en elle-même, et il lui en donne l’assurance dans les termes les plus forts. « Ô la plus belle d’entre les femmes ! ». Son amour est invariablement le même. Heureuse pensée ! Rien de ce qui peut se trouver dans ses voies, rien de tout ce que les autres peuvent dire à son sujet, ne saurait jamais altérer l’affection de son cœur pour son épouse, quoique, hélas, il y ait, dans ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, bien des choses qu’il ne saurait approuver. Le croyant est, personnellement, parfait en Christ et aux yeux de Christ. Il est « justifié de toutes choses » ; mais, dans la pratique, sa vie est pleine de manquements.

Dans ce cas-ci, la manière dont il s’adresse à elle, et sa réponse à ses questions, respirent un esprit différent. Pourquoi cela ? demandé-je encore. Mon âme voudrait savoir la pensée du Maître. Que ne m’est-il accordé de voir un brillant rayon de la lumière du Saint Esprit illuminer la page sacrée ! Je connaîtrais alors, non pas simplement la lettre de l’Écriture, mais les pensées et les sentiments de l’Esprit d’où elle découle. Apprends donc, ô mon âme, que jamais l’Écriture n’exprime d’approbation, excepté quand elle est compatible avec la vérité et la sainteté. Combien souvent ne nous arrive-t-il pas de prier pour des choses que nous avons ? Qu’il nous arrive souvent de demander lumière et direction quant à notre marche, lorsque la lumière d’un ciel sans nuage brille sur le chemin que nous devions suivre ! Naturellement la brebis est, de toutes les créatures des champs, la plus facile à s’égarer.

N’y a-t-il pas dans ce petit mot « si », quelque chose qui semble impliquer que Christ s’attendait à ce qu’elle eût connu le sentier de Son troupeau ? Comme s’Il avait dit — sûrement tu le sais. Ma pensée sur toutes ces questions, comme pasteur d’Israël, est clairement devant toi ; pourquoi ne pas lire, mon amour, et comprendre ? Il ne peut faire des reproches, cependant Son amour est fidèle. C’est de la même manière qu’Il dit à Philippe : « Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ». Avec quelle douceur Il conduit ! Quelle bonté même dans les reproches de Son amour !

Les jeunes chrétiens se préoccupent très peu ordinairement de la communion chrétienne, telle qu’elle est enseignée dans la Parole de Dieu. En général, ils suivent la marche qui leur convient le mieux ou qui leur est le plus agréable, sans que leur conscience soit travaillée sur la question s’ils marchent sur les traces du troupeau. Ils peuvent avoir raison ou avoir tort quant à la voie qu’ils suivent, mais ils n’ont jamais examiné la Parole de Dieu avec abondance de prières, pour s’assurer de Sa pensée sur ce point. Si l’Église eût continué de marcher sans division, telle qu’elle était à la Pentecôte, il n’y aurait pas eu lieu à un exercice de conscience et à un examen semblables ; mais l’Église professante se trouvant aujourd’hui divisée en tant de sections, il est convenable que tout enfant de Dieu sonde les Écritures afin de connaître et de faire Sa sainte volonté.

Il est douloureux de voir, néanmoins, tant de chers rachetés du Seigneur considérer ce sujet comme n’étant pas essentiel et n’ayant pas d’importance. Une pareille pensée, qu’il me soit permis de le dire affectueusement à ceux qui la tiennent, n’a jamais procédé de la Bible. Elle est très déshonorante pour Dieu et très préjudiciable à l’âme. Les épreuves par lesquelles nous voyons passer l’épouse, dans les diverses parties de ce livre, paraissent entièrement dues à sa négligence des instructions données ici. Nous sommes convaincus que la communion ecclésiastique vient en importance immédiatement après le salut de l’âme. Si le chrétien y est indifférent et n’a pas la conscience exercée sur la pensée du Seigneur à cet égard, il peut être certain de marcher selon sa propre volonté. Et alors, quelles doivent être les conséquences ? Dieu est dépouillé de Sa gloire ; Sa Parole est mise de côté ; le Maître n’est point suivi ; l’Esprit est contristé, et l’âme perd sa fraîcheur. En de telles circonstances, « le premier amour » décline bientôt, et la paix et la joie font place aux doutes et aux craintes.

Il s’en trouve comparativement bien peu, croyons-nous, qui gardent longtemps leur premier amour dans toute sa fraîcheur divine. Bientôt on ne se souvient que faiblement du sentiment vif que l’on avait d’abord du « grand amour » du Seigneur, et de la manière dont Il est venu au-devant de toutes nos nécessités. C’est là déchoir de notre premier amour. Et comment cela se fait-il ? Au lieu de continuer d’avancer dans une plus parfaite connaissance du Seigneur et de ne chercher qu’à Lui plaire, nous choisissons notre propre chemin, nous suivons notre propre volonté, et par là nous contristons le Saint Esprit ; par suite, les ténèbres s’épaississent sur l’âme, la lumière est, pour ainsi dire, repoussée, et nous devenons faibles et incertains en toutes choses.

En Matthieu 11, le Seigneur fait mention de deux sortes de repos que nous pouvons bien signaler ici : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos ». Ce repos-là est le don immédiat de Son amour par la foi en Lui ; tous les croyants, sans exception, le possèdent. Dès que nous venons à Jésus, tous nos pénibles et vains efforts après le salut prennent fin, et le lourd fardeau du péché sous lequel nous gémissions est pour toujours éloigné. Mais le Seigneur dit en outre : « Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ». Quant au repos de la conscience, Il le donne au moyen du pardon de nos péchés, du moment que nous croyons en Lui ; pour ce qui est du repos du cœur, nous le trouvons dans l’obéissance et la soumission à Sa volonté : « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi… et vous trouverez le repos » — repos et paix en toutes circonstances, quelque difficiles qu’elles soient. Ce passage fait comprendre pourquoi, chez tant de chrétiens, des inquiétudes d’âme suivent de si près les joies de la conversion, et pourquoi, lorsque des difficultés surviennent, tout en connaissant le pardon des péchés, ils sont inquiets et agités. La soumission à Christ, dans les détails de la vie, tant sociale qu’ecclésiastique, et le devoir d’apprendre de Lui sont, hélas ! perdus de vue par la généralité des enfants de Dieu. Être sous le même joug avec Christ, c’est marcher côte à côte et pas à pas avec Lui : « Prenez mon joug sur vous ». Ce serait là en vérité marcher étroitement avec le Seigneur, et de cette manière nous trouverions à coup sûr le repos, car toute notre faiblesse retomberait sur Lui. Lorsque deux êtres sont ensemble sous un même joug, le fort peut constamment donner assistance au faible ; et sûrement le plus faible chrétien placé sous le même joug que Christ, le puissant, n’a rien à redouter : il ne saurait y avoir une difficulté pour lui. Toutes nos vaines frayeurs s’évanouiraient devant Christ, et les roues de notre chariot se mouvraient légèrement à travers les sables les plus profonds du désert.

Mais il sera dit par quelques-uns que tout cela est assez clair quant à la marche et à la sainteté individuelles, mais que ce qui tient à notre marche et à notre position ecclésiastiques n’est pas aussi clairement révélé. Rien ne serait aussi peu convenable que de voir de jeunes chrétiens s’ériger en juges des diverses dénominations sous lesquelles se sont rangés ceux qui font profession de christianisme. Mais il est permis à tous, et c’est le devoir de tous, jeunes et vieux, de s’enquérir de la pensée du Seigneur sur cet important sujet. Nous sommes placés sous une responsabilité collective, aussi bien que sous une responsabilité individuelle : et la Parole du Seigneur nous parle aussi clairement de l’une que de l’autre.

Rien de plus clair, assurément, sur la communion ecclésiastique que Matthieu 18, 20 : « Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Ces paroles posent nettement la base de toute communion chrétienne — Christ pour centre, et les croyants rassemblés autour de Lui par le Saint Esprit. Remarquez que le Seigneur ne dit pas, où deux ou trois se rencontrent, ni, où deux ou trois s’assemblent, mais, où deux où trois sont rassemblés : faisant allusion par là à une énergie qui rassemble, et non pas simplement au choix ou à l’exercice de la volonté humaine. Le Saint Esprit, nous le savons, est l’énergie qui rassemble autour du nom de Jésus (Jean 14 ; 16). Christ est le centre donné de Dieu — Son Esprit, la puissance de rassemblement autour de ce centre — Ses enfants, ceux qui « sont rassemblés ». C’est là l’Église de Dieu ; et c’est ce que nous devons rechercher, non pas dans les mots ou dans l’esprit seulement, mais dans un corps réellement existant.

« Je prierai le Père », dit le Seigneur bien-aimé, comme Il était sur le point de quitter Ses disciples, « et il vous donnera un autre Consolateur, pour demeurer avec vous éternellement, savoir, l’Esprit de vérité, lequel le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas, et ne le connaît pas ; mais vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et sera en vous » (Jean 14, 16, 17). Nous avons, dans ces paroles, la puissance qui rassemble, qui forme, et qui maintient l’Église de Dieu. Tous les croyants sont rassemblés à Christ comme à leur centre unique, constitués en un seul corps, et maintenus en une vivante unité par la demeure du Saint Esprit.

Remarquez particulièrement trois choses par rapport à la présence du Saint Esprit dans l’Église : 1° « pour demeurer avec vous éternellement » ; non pas un temps limité, comme il en avait été du Seigneur Lui-même, mais éternellement ; 2° Il demeure avec vous : envisagés comme formant une assemblée, Il sera avec vous ; 3° et sera en vous : habitant en chaque croyant personnellement. Plus tard les apôtres enseignèrent clairement dans leurs épîtres ces précieuses vérités : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous ? » (1 Cor. 6, 19). « En qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2, 22). Oh ! la merveilleuse vérité ! Vérité précieuse et bénie ! L’Esprit « en vous », « avec vous », « éternellement ». Quel riche douaire que celui de l’Épouse de l’Agneau !

Maintenant arrêtons-nous un peu à un fait qui illustre d’une manière pratique le passage de Matthieu 18, 20. « Le soir donc de ce jour-là, qui était le premier de la semaine, et les portes du lieu où les disciples étaient assemblés, à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs, étant fermées, Jésus vint, et se tint là au milieu d’eux. Et il leur dit : Paix vous soit… Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20). Nous trouvons là un vrai et délicieux tableau de l’Église de Dieu. Christ au milieu, comme centre, et les disciples réunis autour de Jésus ressuscité. La paix, le culte, le service, et l’esprit d’adoption les caractérisent.

Une assemblée réunie sur cette divine base ne reconnaîtra pas seulement la présence de Christ au milieu d’elle, mais elle reconnaîtra le Saint Esprit comme conducteur suprême, et comme source de l’édification et de la consolation. On s’attendra au Seigneur, pour être guidés par Son Esprit, à la gloire de Dieu (1 Cor. 12 ; 14).

Ayant ainsi devant moi le précepte et l’exemple d’une manière aussi claire, ai-je besoin encore de venir au Seigneur et de Lui demander où Il paît Son troupeau ? Que peut-Il dire de plus qu’Il n’a dit ? Je puis être complètement incapable de dire en quoi diffèrent les diverses sections de l’église professante, et ne pas être pour cela embarrassé pour m’assurer si l’une ou l’autre est en harmonie avec l’enseignement aussi clair de la Parole de Dieu. Ce que j’ai à demander au Seigneur, c’est donc plutôt qu’Il me garde de tout chemin de traverse, qu’Il me garde de suivre ma propre volonté, et qu’Il daigne me conduire par Son Saint Esprit dans la voie de la vérité. Mais n’oublie jamais, ô mon âme, qu’Il s’est engagé Lui-même à être là où Ses disciples sont rassemblés en Son nom. C’est là qu’ils paissent, c’est là qu’ils se reposent. Sa présence suffit pour remplir l’âme jusqu’à la faire déborder. « Ta face est un rassasiement de joie ». Le plus attrayant ministère, les observances les plus séduisantes, les plus chères associations, ne sont pas Christ. Sa sanction peut ou non leur manquer ; ce que je désire, ce dont j’ai besoin, c’est de me trouver où la foi peut dire avec certitude : Christ Lui-même y est.

« Pais tes chevrettes près des cabanes des bergers ». Ayant appris de la Parole de Dieu le vrai fondement et le vrai caractère de la communion chrétienne, nous sommes sous la responsabilité de guider dans ces sentiers, sur les traces du troupeau de Dieu, les jeunes chrétiens qu’il y a parmi nous. C’est là que sera trouvée la nourriture divine, qui convient aux vieux et aux jeunes. L’agneau apprend vite à suivre les traces de sa mère, et à se nourrir de la même pâture. Le royal Berger d’Israël prend soin des agneaux de Son troupeau. « Il paîtra son troupeau comme un berger ; il assemblera les agneaux entre ses bras, il les placera en son sein ; il conduira celles qui allaitent » (És. 40, 11). Les plus faibles du troupeau étaient l’objet de Ses tendres soins, quand Il conduisit Son peuple hors d’Égypte et par le milieu de la mer. « Il n’en demeura pas un ongle ». Et le matin, il se trouvait autour de leurs tentes de la nourriture pour tous, tout le temps qu’ils voyagèrent à travers le sombre et aride désert.

Notre miséricordieux Seigneur voulait qu’il en fût ainsi maintenant, dans les assemblés de Ses saints. Et là où le Saint Esprit est libre dans Ses opérations, Il fournira sûrement du lait aux petits enfants, et de la viande solide aux hommes faits. L’Église est mentionnée comme « l’habitation », la tente ou le tabernacle de Dieu (Éph. 2, 22). Avec quelle ardeur et quelle affection ne devrions-nous pas prier pour que tous les agneaux de Jésus fussent rassemblés dans cette tente dressée au désert où Dieu Lui-même daigne habiter ! Puisse la présence de Jésus avoir plus d’attrait pour leurs cœurs que toutes les autres choses !

Écoute-le, ce bon Sauveur, disant, ô mon âme : « Je suis là au milieu d’eux ». Sois donc où se trouve Jésus. Quel autre, quoi d’autre pourrait remplacer Son absence ? Qu’est-ce que serait sur la terre la plus belle assemblée sans Lui ? Que serait le ciel lui-même sans Sa présence ? Zéro. Qu’est le désert par le fait de Sa présence ? Le paradis de Dieu. Partout, en quelque lieu que ce soit, Sa présence est le lieu de la bénédiction, de la joie, de la félicité. Oh ! que Dieu daigne rassembler tous les précieux agneaux de Jésus, de ces derniers jours, dans le véritable bercail du berger et du surveillant des âmes.

Versets 9-12. « Ma grande amie, je te compare au plus beau couple de chevaux que j’aie aux chariots de Pharaon. Tes joues ont bonne grâce avec les atours, et ton cou avec les colliers ».

Maintenant, il ne parle absolument que d’elle. Il laisse là le sujet des questions, et s’adresse directement à l’épouse qu’il entretient d’elle-même personnellement. Et comme il exprime pleinement et ouvertement son admiration et son amour ! « Ma grande amie, je te compare… tes joues ont bonne grâce… ton cou avec les colliers ».

Mais combien souvent n’arrive-t-il pas que la pensée humaine revêt des charmes les plus doux l’objet de son admiration, et ensuite aime et adore sa propre image ? Il n’en est point ainsi de la pensée divine. Ici, tout est réel. Le Seigneur pare de Ses propres attraits l’épouse de Son cœur, et alors Il l’admire. Telle est la manière d’agir de Dieu. « Dieu a constaté son amour à lui envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous ». Maintenant qu’Il l’a ornée de Sa propre beauté, il n’y a rien en elle qui puisse blesser Ses regards ou contrister Son cœur. Tu es toute belle, ma grande amie, et il n’y a point de tache en toi. « Les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles ». Elle possède la même vie et la même position que son Seigneur ressuscité et vivant. Quelle dignité, quelle gloire et quelle bénédiction !

Dans la grandeur de Son amour, Jésus « s’est donné lui-même pour nous » ; et, maintenant, dans Son caractère de crucifié et ressuscité, nous sommes cohéritiers avec Lui : « Je ne vous donne pas comme le monde donne » (Jean 14, 27). « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée » (Jean 17, 22). En admirant Son épouse, quoi qu’elle soit encore dans le désert, Il est conséquent avec Lui-même, car elle est parfaite de Sa propre perfection. Rebecca fut enrichie et parée des joyaux d’Isaac, longtemps avant d’avoir atteint la tente de sa mère.

« … C’est ainsi que jadis à Charan les parents de Rebecca contemplèrent, tout étonnés, la splendeur dont elle venait d’être revêtue. De riches bracelets environnaient ses bras, et sur son visage brillait, sous la forme d’un pesant anneau d’or, la preuve d’une valeur incontestable de la bonté d’Isaac. Pouvait-elle douter, quelqu’un pouvait-il douter en la voyant parée de tous ces présents, de l’amour assuré et du cœur généreux de celui dont ils étaient les messagers étincelants ? ».

Et de l’épouse de Jéhovah, il est dit : « Je te parai d’ornements, je mis des bracelets en tes mains, et un collier à ton cou. Je mis une bague sur ton front, des pendants à tes oreilles et une couronne de gloire sur ta tête… Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite à cause de ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur, l’Éternel » (Éz. 16).

« Nous te ferons des atours d’or, avec des boutons d’argent ». Un collier d’or est le signe, nous le savons, d’une haute faveur, d’une dignité élevée, comme dans le cas de Joseph et celui de Daniel. Mais que signifient ces merveilleuses paroles du roi ? Il a admiré son épouse, « ses atours », « ses colliers », et maintenant il est poussé à faire encore davantage pour elle : « Nous te ferons des atours d’or avec des boutons d’argent ».

Quelques-uns ont eu la pensée que le pluriel « nous » pouvait avoir rapport au mystère de la sainte Trinité. Il fut dit durant les œuvres de la création : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance ». Et dans l’œuvre de la rédemption, nous le savons aussi, l’occasion se présenta pour la manifestation des diverses personnes de la divinité. « Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera ma parole ; et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » ; et de l’Esprit, Il dit : « Vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et sera en vous » (Jean 14).

Mais que devons-nous entendre par « atours d’or avec des clous d’argent » ? N’est-ce pas, peut-être, d’une couronne qu’il s’agit ? Une couronne d’or parsemée d’argent. Il semble qu’Ézéchiel le dit : « Je mis une bague sur ton front, des pendants à tes oreilles, et une couronne de gloire sur ta tête. Tu fus donc parée d’or et d’argent ». Quoi donc ? La royale tribu de Juda restaurée portera-t-elle encore cette magnifique couronne dans le pays d’Israël, dans la ville sainte de Jérusalem ? Merveilleuse grâce ! Amour divin ! Et sera-ce le don de la Trinité tout entière ?

Juda pourrait-il ne pas se souvenir, ou pourrais-je jamais oublier, que ton front royal, ô Roi de Salem, a été jadis, dans ces mêmes lieux, ceint d’une couronne d’épines ? Nulles pierreries terrestres ne brillaient dans cette couronne, mais les riches gouttes vermeilles sorties de tes saintes veines faisaient son éternelle importance et son impérissable valeur. Réveille-toi, réveille-toi, mon âme ! Médite sur la grâce et sur l’amour de Jésus. Quelles seront tes pensées, quels sentiments éprouveras-tu, quand cette main autrefois percée placera autour de ta tête une auréole de gloire inflétrissable ? Tes yeux seront-ils séduits par l’éclat de la couronne, ou éblouis par la gloire ? Oh ! non, certainement ! la première vue de cette « face resplendissante » fixera tes regards et ravira ton cœur à jamais !

Il y a toujours quelque chose de fort agréable à l’âme dans la manière dont le Seigneur exprime Son amour. Il lui dit à elle-même ce qui est dans Sa pensée. Et c’est ce qui répond au premier désir de l’amour, la communion personnelle. Jésus sait bien comment remplir le cœur de la joie la plus profonde. Mais en sera-t-il toujours de même ? Oui, oui, ô mon âme ! Son amour durera à jamais. Jésus ne change point. Il est le même aujourd’hui, hier et éternellement. Dans le passé, dans le présent, et dans l’avenir, Il demeure le même. Mais comme le cœur prend plaisir à Le voir s’adresser ainsi à lui immédiatement, individuellement et d’une manière aussi nette ! Entre les myriades des rachetés, il n’en est pas un seul qui soit oublié ou négligé par Lui. « Il m’a aimé, et s’est donné lui-même pour moi », sera, dans le cantique de tous, la note vibrante. Son amour, dans sa plénitude et sa douceur éternelle, remplit tous les cœurs jusqu’à les faire déborder, et change tous les cœurs en harpes de la mélodie la plus suave, pour chanter à jamais Son amour qui n’a pas eu de commencement et n’aura jamais de fin.

Il y a une sagesse divine et de l’instruction pour l’âme dans le choix de sa première comparaison. « Ma grande amie, je te compare au plus beau couple des chevaux que j’aie aux chariots de Pharaon ». Ici l’épouse mystique du vrai Salomon se voit rappeler le souvenir de l’Égypte hors de laquelle Il l’a rachetée à bras étendu, et de « Pharaon » au pouvoir de fer duquel Il l’a soustraite : allusions bien riches d’instructions précieuses pour les enfants d’Israël, et aussi, moralement, pour nous. L’amour qui nous a délivrés de l’Égypte, qui nous amène en Canaan avec toutes ses gratuités tout le long du chemin, est une chaîne parfaite, non interrompue, de grâce et de vérité ; et de plus, toutes les diverses parties de cette chaîne demeureront éternellement dans notre souvenir. La grâce qui nous trouve dans le monde, nous conduit au cœur de Dieu, sa source première. « Mais, maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang de Christ » (Éph. 2, 13).

Le cheval de chariot, avec son magnifique harnais, peut être considéré comme le symbole de la force, de l’harmonie, de la promptitude, de la royauté, de la bonne volonté dans le service. À peine le conducteur du char a-t-il pris sa place, que ses coursiers sont prêts à partir : ils sont impatients de tout délai, et leurs piaffements, les mouvements de tous leurs muscles lui disent assez que s’il est prêt, ils sont tout prêts aussi. Et puis, comme ils obéissent, malgré leur puissance, au signe le plus léger de la rêne. Vois-tu, ô mon âme, dans ce service empressé, heureux, une fidèle image de ton propre service ? Est-ce ainsi que tu sers ? Ou bien, hélas ! de quelle manière ? Point de promptitude empressée, point d’harmonie, point de suite dans ton travail, point de soumission à la main qui conduit. Quoi ! les choses sont-elles ainsi ? Examine toutes tes voies sous les regards de l’œil du Maître. Y a-t-il sur la terre quelque chose que tu redouterais davantage que de te voir écarté de Son service ? Souviens-toi, oh ! souviens-toi ! que, quoique comme fils tu doives avoir place à jamais dans la maison de ton Père — que, quoique en tant que pécheur sauvé par grâce, tu sois sauvé pour toujours — cependant, comme serviteur, si tu perds ton temps dans la paresse, ou que tu gâtes ton œuvre, il est possible que ton service te soit retiré et soit confié à un autre. Ô le plus patient des maîtres, garde ton serviteur toujours veillant, toujours obéissant, toujours prêt pour le service, et n’ayant d’oreilles que pour saisir ta pensée !

« Tandis que le roi a été assis à table, mon aspic a rendu son odeur ». Il y a une différence infinie entre les qualités aimables naturelles, et les grâces de l’Esprit. As-tu bien considéré cela, ô mon âme ? Dans les sacrifices, il était défendu d’offrir du miel, symbole de la douceur naturelle. Un peu de miel au bout d’un bâton peut bien, au jour de la bataille, éclaircir les yeux et rafraîchir le cœur d’un guerrier, mais il ne saurait rafraîchir le cœur de l’Éternel des armées. Ses aimables qualités sont réellement précieuses pour la famille, pour notre cercle de société, et pour le monde en général, mais elles ne sauraient absolument pas convenir à l’autel de Dieu ou à la table du Roi. Dans sa douceur comme dans son âpreté, la nature est également rejetée par le Saint d’Israël. « Et ceux qui sont dans la chair, ne peuvent point plaire à Dieu » (Rom. 8, 8).

Il faut que nous ayons une nouvelle nature, que nous ayons dans notre âme la vie de Jésus ressuscité, avant d’être en état de faire quelque chose qui plaise à Dieu, ou de Lui offrir un sacrifice agréable. « Il vous faut être nés de nouveau ». « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Gal. 5, 22, 23). La vie divine, fructifiant par le Saint Esprit, est pour le Sauveur des pécheurs le plus embaumé, le plus rafraîchissant des fruits. « L’aspic » a pour lui « un parfum de bonne odeur », et sa vertu demeure à toujours (Phil. 4). Le vase d’albâtre de nard pur qui jadis remplit des plus suaves odeurs la chambre de Béthanie, n’a pas encore perdu son parfum pour Jésus. « Ce qui était dans son pouvoir, elle l’a fait », telle fut l’approbation sans mesure que Son amour donna immédiatement à cet acte, en l’accompagnant en outre de ces paroles : « En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, ce que cette femme a fait sera aussi publié en mémoire d’elle ».

L’amour est la providence la plus sûre,
Puisque son or est bon par-delà le temps ;
Évalué pour le besoin de l’homme « trois cents deniers ».
Avec Christ c’est : « elle a fait ce qui était en son pouvoir ».

C’est une erreur de supposer que nous n’avons rien à offrir au roi tandis qu’il est assis à table. Il est vrai que nous lui donnons de ce qui est à lui ; mais pour cette raison, il y a dans tout cela d’autant plus de douceur pour lui et pour nous. Quoi de plus doux que la grâce ? L’Israélite devait apporter une corbeille pleine des prémices de tous les fruits, et la présenter à l’Éternel son Dieu (Deut. 26). Le véritable culte est composé de communion. Si l’époux a ses « excellents parfums », l’épouse a son « aspic » ; néanmoins, ce n’est que grâce. La table est la table de Christ — le parfum et l’aspic sont siens aussi. « Tu dresses la table devant moi à la vue de ceux qui me serrent ; tu as oint ma tête d’huile ; ma coupe est comble » (Ps. 23).

Le cœur ne s’élève jamais à la hauteur du culte jusqu’à ce qu’il soit comble. Alors il n’a rien à demander. Le véritable culte consiste dans le débordement du cœur. Et combien il est doux, précieux et béni ! Quand le Saint Esprit sert à nos âmes de la plénitude de Jésus, comme le cœur est vite comble. C’est cet état du cœur débordant de la plénitude de Christ qui constitue le véritable culte, le culte céleste. De là résulte la différence importante qu’il y a entre une réunion de prières et une réunion de culte. Nous devrions nous rendre à la première avec des vaisseaux vides, et ainsi crier au Seigneur comme si nous voulions assaillir les cieux, plutôt que de nous retirer sans avoir obtenu notre réponse. Mais quant à l’autre, nous devrions y aller, le moi complètement jugé, et bien préparés à nous repaître des choses exquises du Roi, des dépouilles de Sa victoire, des fruits de la rédemption. De cette manière, nous verrons tous nos besoins et tous nos désirs satisfaits. Mais n’avons-nous rien à demander une fois assis à table ? Rien, à moins que le Roi n’ait oublié quelque chose dont vous avez besoin — si ce n’est un cœur d’une capacité plus vaste. Nous trouver dans le lieu même de la présence du Seigneur — le plus saint de tous — et nous nourrir des plus riches provisions de Sa table, pouvons-nous être autre chose que satisfaits ? Pouvons-nous faire autre chose que célébrer, admirer, adorer, aimer et bénir le Seigneur, notre Dieu et notre Père ?

L’épouse a maintenant atteint le degré le plus élevé de la bénédiction. Elle jouit paisiblement de la présence du roi pendant qu’il est assis à table. L’activité du service a fait place au repos du culte. Le hâle, la persécution, la pauvreté, la souffrance, tout est oublié dans la plénitude de cette joie que donne la présence de Jésus. Et maintenant le vase est rompu, le nard pur coule, le parfum remplit la maison, la tête et les pieds de Jésus sont oints, et Son cœur est ravi des progrès de l’amour de l’épouse.

Verset 13. « Mon bien-aimé est avec moi comme un sachet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes mamelles ».

Si le cheval de chariot suggère la pensée de la bonne volonté dans le service, et que « l’aspic » soit le symbole du culte divin, ne pouvons-nous pas voir dans le « sachet de myrrhe » l’emblème d’un témoignage pour Christ, journalier et de chaque instant ? Et quoi de plus naturel comme conséquence d’une profonde et solide communion avec le Seigneur ? Dans d’aussi heureuses saisons, le cœur n’est-il pas fortifié par le témoignage ? Notre service sera sans intérêt et sans puissance, si nous négligeons la communion personnelle. Qu’est-ce qui rendit David capable de déployer un tel courage dans la vallée d’Éla ? Est-ce la témérité de sa jeunesse sans expérience ? Oh ! non, certainement non ! Mais sa foi s’était élevée, par la secrète communion, jusqu’aux pensées mêmes de Dieu relativement à Son peuple : de là sa valeur en rase campagne. « Béni soit l’Éternel, mon rocher, qui dispose mes mains au combat, et mes doigts à la bataille » (Ps. 144, 1).

La même vérité nous est enseignée par notre bien-aimé Seigneur, en Jean 7, 37. « Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». C’est en vain que nous chercherons à devenir des moyens de rafraîchissement et de bénédiction pour les autres, si nous ne buvons, et ne buvons chaque jour et en abondance, à la source pour nous-mêmes. Chaque nouveau témoignage pour Christ devrait être le fruit d’une communion nouvelle avec Lui. Que les serviteurs du Seigneur ont besoin de se rappeler cela ! Ne l’oublie pas, ô mon âme, mais comme Moïse au pays de Madian, assieds-toi près du puits — le puits des eaux vives. « Et il s’assit près d’un puits » (Ex. 2). Ainsi près du puits, il fut à même de secourir les sept filles du sacrificateur de Madian et son troupeau. Nous pouvons voir dans cette scène un tableau qui nous présente Christ ouvrant à Son Épouse la source de Son amour rédempteur ; mais elle contient sûrement pour un évangéliste une fort instructive leçon. Quelle grâce que d’être ainsi, de cœur, près du puits de la vie — des sources de l’eau du ciel, et par là, de devenir pour les autres le canal de ces eaux vives.

Comme la femme près du puits de Sichar, le cœur de l’épouse déborde. Il faut qu’elle répande au loin la gloire du nom de son Sauveur. Son bien-aimé est plus précieux à son cœur que ne l’est au marchand un sachet de ce coûteux aromate. « Mon bien-aimé est avec moi comme un sachet de myrrhe ». Appréciation bénie de Christ ! Heureux fruit d’un état d’intimité avec Lui dans la communion ! Et remarque aussi, ô mon âme, l’affection qu’Il crée dans le cœur. Elle peut dire avec vérité : « Mon bien-aimé ». Oh ! heureuse épouse, épouse privilégiée ! Je ne m’étonne point de ta sainte et bonne résolution, « il passera la nuit entre mes mamelles ». Elle place là au plus près de son cœur, sa myrrhe au parfum si doux, son purifiant aromate. Et maintenant, quelque part qu’elle aille, le parfum de son précieux trésor est répandu au loin.

Un sachet de myrrhe porté dans le sein parfume les vêtements, et répand de tous côtés son parfum dans l’intérieur ou au-dehors ; qu’on travaille ou qu’on se repose, dans le sanctuaire ou dans notre cercle de société, d’une manière silencieuse mais sûre, la suave odeur, semblable à l’air, remplit la scène. Et même après que la personne s’est retirée, le doux parfum demeure comme témoignage du prix de ce qui est le plus près de son cœur. Délicieux emblème ! Est-ce là, ô mon âme, ta fidélité à Jésus ? Repose-t-Il embaumé dans ton cœur, et la douce saveur de Son nom t’accompagne-t-elle partout où tu vas, et reste-t-elle quand tu es partie ? Vérité de nature à atteindre l’âme jusqu’au fond ! « Trafiquez jusqu’à ce que je vienne » ; telles furent Ses paroles d’adieu à Ses disciples, lorsqu’Il fut rejeté ; et sur le mémorial de Son amour et de Sa mort, Il a écrit avec une merveilleuse grâce : « Faites ceci en mémoire de moi ». Il ne nous a pas demandé de faire pour Lui quelque chose de considérable, ou d’offrir sur Son autel quelque coûteux sacrifice. Non ; mais simplement de nous occuper de Lui durant Son absence, comme Christ que la terre a rejeté, et de Lui donner une place dans nos cœurs. « Souvenez-vous de moi » fut Sa dernière demande — pensez à moi — rapportez toutes choses à moi dans vos cœurs. L’avons-nous fait ? L’ai-je fait ? Est-ce que je le fais maintenant ? La fiancée de l’Agneau L’a-t-elle placé ainsi dans son sein, et L’a-t-elle porté ainsi durant la longue, longue nuit ténébreuse de Son absence ? Hélas ! hélas ! les requêtes de ton amour ont été oubliées. Des rivaux ont été admis et entretenus, et c’est une chose bien triste de te voir dehors dans ton infatigable amour, frappant à la porte, jusqu’à ce que, selon le mystique langage du Cantique des cantiques, ta tête soit pleine de rosée, et tes cheveux de l’humidité de la nuit. « Mais la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché ». Oui, il approche le jour heureux où, par ta patiente grâce, les affections de ton peuple céleste et de ton peuple terrestre répondront parfaitement à tes propres affections.

Verset 14. « Mon bien-aimé m’est comme une grappe de troène dans les vignes de En-Guédi ».

Le sachet de myrrhe est caché dans le sein loin du regard, mais la grappe de troène est un objet pour les yeux, et se porte ouvertement à la main. La myrrhe est la sève vivante qui découle de l’arbre à travers les parties rompues de l’écorce, quelque chose comme le sang qui s’échappe des veines, ou comme les larmes qui coulent des yeux. Les fleurs de troène consistent en grappes épaisses et sont aussi belles que parfumées. « De sorte que le Christ habite dans vos cœurs par la foi », est la prière de l’apôtre. Et nous devons « porter toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4, 10).

Quelles pensées différentes suggèrent un arbre tout en fleurs et un arbre tout déchiré avec la sève de vie distillant de ses veines. L’un est le symbole de la mort, et l’autre celui de la puissance de la vie. Le tendre bourgeon se frayant son chemin à travers l’écorce durcie par l’hiver, est toujours une frappante et intéressante image de la résurrection ; les fleurs et les fruits sont les manifestations de la puissance de la vie et de riches bénédictions pour l’homme. La petite semence qui est jetée en terre, et sur laquelle les mottes de terre sont entassées, peut sembler pour un temps perdue sans espoir ; mais le printemps revient avec son énergie restauratrice, et la puissance de la vie surmonte toutes les circonstances contraires : l’herbe tendre paraît, et au temps convenable fait ondoyer son épi d’or en triomphe au-dessus de tout.

Avec quelle douceur tout cela, et plus que cela, fut figuré dans la verge d’Aaron qui bourgeonna par l’intervention de Dieu en grâce (Nomb. 17). En une seule nuit, la verge sèche d’Aaron — un morceau de bois mort — poussa des boutons, fleurit, et porta du fruit. Type précieux de Jésus ressuscité, dont maintenant la résurrection est féconde ! Ici des types et des figures nous apprennent que nous avons besoin de Jésus ressuscité, comme notre grand souverain sacrificateur, pour nous conduire par le désert et dans le pays de Canaan. La grâce règne par la sacrificature et sauve le peuple. Il ne nous faut rien moins que le ministère sacerdotal de Jésus. Celui qui mourut pour nous rendre nets, est désormais vivant pour nous maintenir nets (Jean 13, 1-17). Il est à la fois notre sacrifice et notre sacrificateur. Le sang d’expiation et l’eau de purification sortirent tous deux du côté percé de Jésus. Ce fut là l’ouverture de la source pour le péché et pour la souillure.

Quel ravissant objet pour le regard, aussi bien qu’un délicieux parfum pour le cœur, est notre Seigneur ressuscité, exalté et glorifié ! Sa personne, Son ministère, Ses diverses relations sont d’un prix infini, toujours le même. « Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; un porte enseigne entre dix mille… tout ce qui est en lui est aimable » (chap. 5). « En lui toute la plénitude de la déité habite corporellement » (Col. 2, 9). « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre » (Col. 3, 1, 2). Quelles grappes de riches attraits il y a là, si seulement nous avions des yeux pour les voir, et des cœurs pour les goûter !

Les vignes de En-Guédi, à ce qu’on nous rapporte, étaient célèbres pour leurs fruits excellents et leurs précieux aromates. Ce qui est beau à l’œil, délicieux au goût et parfumé pour les sens, devait s’y trouver en abondance. Et ces lieux sont aussi renommés pour la retraite qu’ils offrirent à David et à ses gens, quand Saül les persécutait (1 Sam. 24, 1-4). En bas les fertiles vallées, et dans les montagnes environnantes les forteresses fournissaient à la fois un refuge, la nourriture et un lieu de repos à l’oint du Seigneur, et à ceux qui avaient uni leur sort au sien.

Et cependant, avec quelle faiblesse toutes les bonnes choses de la terre représentent les richesses insondables de Christ ! Toute abondance procède de Lui. Il n’y a rien de riche qu’Il n’ait pas enrichi, rien de doux à quoi Il n’ait pas donné sa douceur, rien de plein qu’Il n’ait pas rempli : et malgré cela, tout ce que nous connaissons maintenant de Sa plénitude, n’est que comme une goutte dans l’océan. Tout ce qu’il y a de bon descend d’en haut, et parle de Lui. Tout bien véritable qui se trouve dans la créature, te rappelle, ô mon âme ! Celui en qui toute perfection a son centre, l’homme Christ Jésus — Dieu avec nous. Que tu sois dans les champs ou dans le jardin, dans la vallée ou sur la montagne, ou dans le cercle habituel de tes devoirs de chaque jour, à chaque seconde tu peux penser au « bien-aimé » absent. La myrrhe découlante et le troène fleuri sont bien propres à rappeler à ton esprit la croix et la gloire, et à attirer ta pensée sur Celui « qui a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 25).

Jamais arbre n’a porté de fruits pour Dieu et pour l’homme, pareils à ceux de la croix du Calvaire. Là, le péché fut ôté conformément aux droits de la gloire divine ; et là, aussi, l’ennemi fut vaincu, et toute sa puissance détruite complètement. La croix est le fondement de notre pardon, de notre paix, de notre réconciliation, de notre acceptation et de toute bénédiction, dans le temps comme dans l’éternité. Elle est la cause qui nous fait tout obtenir. Là, Dieu a été révélé en amour parfait et en parfaite justice : comme haïssant le péché, et néanmoins, aimant le pécheur. L’amour triompha à la croix ; mais la sainteté et la justice, la vérité et l’équité s’y déployèrent et y furent glorifiées. Sur cette base solide, le premier des pécheurs est pleinement et libéralement pardonné, dès l’instant même qu’il croit en Christ ; et son pardon est aussi parfait que l’œuvre de la croix. Le péché et les péchés furent « ôtés » à la croix par le sang de la croix ; et sur ce principe, le péché de notre nature et les nombreux péchés de notre vie sont tous pardonnés par la foi en ce sang précieux.

La foi peut s’écrier dans un saint triomphe : « Il a été livré pour nos offenses ». Et où sont donc nos péchés ? Abolis — disparus — et disparus pour toujours. « Il a aboli le péché ». Celui qui mourut pour nos péchés a été « ressuscité des morts pour la gloire du Père », et c’est ainsi qu’a été réglée à toujours la question du péché. « Il a été ressuscité pour notre justification ». Le fait que Jésus est ressuscité, est le propre témoignage de Dieu que le croyant est justifié. C’est là le sûr, l’inébranlable fondement de la foi. Tout est paix. « C’est accompli ». Christ est ressuscité.

Et maintenant, venons-en aux conséquences de la foi, aux nombreuses et odorantes grappes de la plus riche bénédiction de l’âme. « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons eu accès aussi, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu… Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation » (Rom. 5, 1-11).

Verset 15. « Te voilà belle, ma grande amie, te voilà belle ; tes yeux sont comme ceux des colombes ».

Qu’est-ce, demandera quelqu’un, qui peut rendre un être souillé et défiguré par le péché, aussi « beau » aux yeux de Jésus ? Où, quand, de quelle manière, cela peut-il se trouver ? C’est là tout ce qu’il faut pour remplir, jusqu’à la faire déborder, la coupe de bonheur de l’âme. Que seraient toutes les richesses, les honneurs et les gloires de ce monde, comparés à de telles paroles prononcées par des lèvres semblables : « Te voilà belle, ma grande amie ! ». C’est là, très certainement, la félicité suprême pour l’âme. Mon ami, l’évangile de la grâce de Dieu fournit la réponse à ta question. Sache donc, qu’aussitôt qu’une âme est attirée à Jésus, elle est reçue par Lui et placée dans la lumière de la présence de Dieu, dans la pleine valeur de Son œuvre accomplie, et dans l’incomparable beauté de Sa personne adorable.

Telle est la grâce — la grâce de Dieu dans l’évangile de Son Fils, en faveur de quiconque croit. « Quiconque croit est justifié ». Et tous ceux qui croient sont « acceptés dans le bien-aimé » par l’œuvre accomplie de la croix (Éph. 1 ; 2). Son sang précieux purifie de tout péché (1 Jean 1). Et alors, oh ! que l’âme est « belle » ! « Que la beauté (vers. angl.) de l’Éternel notre Dieu soit sur nous » (Ps. 90, 17). Quelle parfaite beauté ce doit être ! « La beauté de l’Éternel notre Dieu ». La beauté des anges sera parfaite selon leur rang, mais le pécheur sauvé par grâce resplendira à toujours de la beauté du Seigneur.

Tout cela, répliquera peut-être quelqu’un, je le pense, je puis le croire ; mais une place pareille, une pareille bénédiction, peut-elle jamais être à moi ? « Crois au Seigneur Jésus Christ, et tu seras sauvé », telle est la réponse que fait le ciel à toute âme inquiète qui cherche, sa déclaration à tous relativement à la grâce parfaite. Crois au Seigneur Jésus, confie-toi en Lui, souillé et difforme comme tu l’es, et tu es entièrement « beau » à Ses yeux, plus promptement que ta pensée ne passe d’un sujet à un autre. « Crois seulement ». L’œuvre est finie depuis longtemps, bien longtemps. L’évangile semble trop simple pour avoir besoin d’explication. C’est une relation à croire, une invitation à accepter, une voix d’amour qui te supplie d’être réconcilié avec Dieu, une proclamation de pardon et de paix par Jésus Christ (Act. 10, 36 ; 13, 38-39). Ce n’est point, remarquez-le, la promesse, mais la prédication du pardon et de la paix. Et cela fait une prodigieuse différence. Remarquez de plus, que ce n’est ni par la loi, ni par la promesse, que l’âme est ainsi richement bénie, mais par Jésus Christ. Du moment que tu as foi en Lui, ton pardon, ta justification et ta réconciliation sont proclamés par la fidélité de Dieu.

Prenez un exemple qui contienne une image des voies de Dieu, en grâce, avec les pécheurs. Au chapitre troisième de Zacharie, nous voyons Joshua se tenant debout devant le Seigneur. Il est un type des voies de Dieu, en grâce, à l’égard de Jérusalem. À mon avis, ce chapitre nous fait voir comment il se fait que l’épouse du roi est ainsi « belle » à ses yeux. Cela est important pour la question qui nous occupe. Il nous présente aussi l’histoire de tout pécheur sauvé par grâce. Joshua est vêtu de vêtements sales ; et Satan est là pour le contrarier. L’ennemi cherche toujours à empêcher la bénédiction des âmes : mais le Seigneur abrite celui qui est sans défense. Il ne met point dehors celui qui vient à Lui. Il reprend l’adversaire et le réduit au silence ; et Il parle et agit en faveur de Joshua. C’est ce qu’Il fait toujours. Aie bon courage. Les vêtements sales sont ôtés ; ses péchés sont tous pardonnés. Il ne reste pas un haillon qui puisse donner prise à Satan. Ainsi purifié de toutes ses souillures, « il est vêtu de nouveaux vêtements ». La robe de Dieu est mise sur lui ; et maintenant, combien il est « beau » ! Mais ce n’est pas tout. Une tiare nette est placée sur sa tête. Sûrement, « la beauté de l’Éternel notre Dieu » est maintenant sur lui ! Il est ce que Dieu l’a fait dans « les immenses richesses de sa grâce ». « À lui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père : à lui gloire et force aux siècles des siècles ! Amen ! ». La couronne royale et la couronne sacerdotale sont toutes deux à nous — à nous en vertu de Son droit. Voilà leur gloire ! La plus élevée, quant à la dignité, appartenant au caractère royal ; la plus intime, quant au culte, appartenant au caractère sacerdotal. Et quelle douceur dans la pensée que l’œuvre est tout entière de Dieu, du commencement à la fin, et qu’ainsi elle ne peut jamais faillir. « L’Éternel a élu Jérusalem… N’est-ce pas ici ce tison qui a été retiré du feu ?… J’ai fait passer de dessus toi ton iniquité… Je veux te vêtir de vêtements neufs… Et je dis : Qu’on lui mette une tiare nette sur la tête ». C’est tout absolument de Dieu — par Christ Jésus, par le moyen de l’œuvre de la croix. « Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission ». La grâce règne — Dieu est glorifié — la foi triomphe — Satan est confondu, et le pécheur sauvé éternellement.

Une autre chose qu’il convient que tu saches, mon cher ami, c’est que, si ton désir de posséder Christ et de jouir de Sa faveur est réel et sincère, il doit y avoir déjà la grâce dans ton cœur. Il faut que le désir vienne de Christ. Là où il ne se trouve rien de plus que tout simplement l’action de la nature, on ne saurait soupirer ardemment après le Seigneur et Sa faveur précieuse. La foi, le salut et le désir vont ensemble, quoique dans sa timidité, le croyant hésite souvent à dire : « Il est tout mon salut et tout mon désir ». La preuve la plus manifeste de l’existence de la vie divine dans l’âme, c’est lorsque le cœur est occupé de Christ ; le lien de connexion est formé et ne peut être jamais rompu. La foi seule entre dans sa bénédiction. Oh ! reposez-vous, demeurez en Christ.

Étant associés avec Jésus ressuscité, nous sommes un avec Lui en résurrection (Éph. 2). C’est là ce qui nous donne, à Ses yeux, notre merveilleuse place. Tous ceux qui sont amenés à ce nouvel état — à cet état de résurrection, sont beaux comme Christ est beau. Seulement, qu’en toutes choses Il a la prééminence, selon qu’il est écrit : « Tu es plus beau qu’aucun des fils des hommes ». De là vient que les mêmes termes de tendresse et d’admiration sont appliqués à l’un et à l’autre, et que les mêmes choses sont dites de tous les deux, l’épouse étant le reflet de l’époux. Si les vêtements de l’épouse sont parfumés de myrrhe, il est dit de l’époux : « Tous tes vêtements sont parfumés de myrrhe, d’aloès et de casse ». Quel sujet béni cette grande vérité ouvre à notre méditation ! Unité avec Christ en tant que ressuscité et glorifié ! Que le monde nous paraîtrait petit dans toutes ses relations, et sous toutes ses faces, si nous les envisagions de ce point de vue où la foi nous place réellement !

Ce qui est dit ici d’une manière prophétique, d’Israël, ou du résidu : « Te voilà belle, ma grande amie », est vrai aujourd’hui dans un sens plus profond de l’Église de Dieu, l’Épouse de l’Agneau. En même temps le grand principe du Cantique est commun à l’un et à l’autre. L’amour du Seigneur est parfait. Il aime Israël ; Il aime l’Église ; et au temps convenable Il créera dans le cœur, tant de ceux qui font partie d’Israël que de ceux qui appartiennent à l’Église, des affections qui répondront parfaitement aux siennes. Aussi, la valeur morale de ce livre et son application aux chrétiens sont-elles d’une haute importance. C’est la communion des cœurs. Néanmoins, il est toujours bon de se souvenir de la différence qu’il y a entre la position dans laquelle sera le Juif au dernier jour, et celle qui appartient aujourd’hui au chrétien.

Quoique le temps des noces de l’Agneau ne soit pas encore arrivé, la relation entre Christ et l’Église est déjà formée. Ainsi que l’apôtre le déclare : « Je vous ai fiancés à un seul mari pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11, 2). Vérité bénie ! La fiancée du Sauveur, le Fils du Père ! Mais connais-tu, ô mon âme, les affections qui appartiennent à cette étroite et tendre relation ? Au lieu de l’incertitude pénible qui souvent agite l’esprit de ceux qui ne voient cette relation qu’en avant dans l’avenir, possèdes-tu cette affection calme et cette joie paisible qui découlent naturellement d’une union dans la jouissance de laquelle on est positivement établi ? Si cela est, ton cœur soupirera ardemment après le retour du Seigneur. L’affection est le vrai fondement de ce cri : « Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt ».

L’époux ajoute encore dans l’entretien actuel : « Tes yeux sont comme ceux des colombes ». Il y a beaucoup d’instruction dans la manière dont l’Écriture nous associe avec la colombe. Depuis le huitième chapitre de la Genèse jusqu’à l’époque du Nouveau Testament, elle occupe dans la Parole une place intéressante. La première fois que nous faisons connaissance avec la colombe, nous la trouvons en rapport avec l’arche de Dieu et l’olivier : précieux types du salut et de la paix de Dieu. Elle arracha, et retint ferme la feuille d’olivier, lorsque les jugements de Dieu couvraient la terre. Et tant que les eaux ne furent pas diminuées, elle ne put trouver de repos pour la plante de son pied, jusqu’à ce qu’elle fut revenue dans l’arche. Le monde sous le jugement n’était pas un lieu pour elle. Ensuite, nous trouvons que de toute la tribu emplumée, la colombe seule était offerte en sacrifice sous la loi, et typifiait ainsi le Seigneur Lui-même. Le même type sert pour Christ et pour Son Épouse. Merveilleuse unité ! « Car de même que le corps est un, et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ » (1 Cor. 12, 12). Remarquez-le, l’apôtre parle de ce qui est une figure de l’Église ; mais au lieu de dire comme conclusion : « Ainsi aussi est l’Église », il ajoute : « Ainsi aussi est Christ ». Il voit l’Église en Christ : ils sont un seul corps.

La colombe typifie encore le Saint Esprit. « Et Jean rendit témoignage disant : J’ai vu l’Esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui ». On rapporte aussi que lorsque la colombe est éloignée de sa compagne, elle reste solitaire et gémit : « Je gémissais comme la colombe », et « nous ne cessons de gémir comme des colombes » (És. 38, 14 ; 59, 11). Il semble que la colombe représente la simplicité, la pureté, l’innocence, la fidélité. Quand l’œil du chrétien est simple, chaste et fixé constamment sur Christ, ou peut dire de lui alors : « Tes yeux sont comme ceux des colombes ».

Versets 16, 17. « Te voilà beau, mon bien-aimé ; que tu es agréable ! Aussi notre couche est-elle féconde. Les poutres de notre maison sont de cèdre, et nos soliveaux de sapin ».

Cette réplique est d’une grande beauté. L’épouse ne parle point d’elle ; elle entend de quelle manière Christ exprime Son amour et Son admiration, mais elle ne dit pas un mot d’elle-même : pas même qu’elle est indigne d’un tel amour. Quelque profonde que soit son émotion, le moi est laissé de côté. C’est là l’humilité véritable. Nous pouvons parler de la méchanceté du moi, et de l’indignité du moi, et avoir un cœur rempli d’orgueil. La vraie humilité ne dit absolument rien du moi, soit en bien, soit en mal. Mais c’est une leçon difficile à apprendre. Christ est notre unique modèle parfait. Ce bien-aimé Sauveur s’humilia : Il prit la dernière place. Le premier Adam s’éleva, et il fut abaissé. Le dernier Adam s’est abaissé Lui-même et Dieu L’a haut élevé. Suis donc Jésus, ô mon âme ! Attends-toi uniquement à Dieu, confie-toi en Lui. « Car quiconque s’élève lui-même sera abaissé, et celui qui s’abaisse lui-même sera élevé » (Luc 18, 14). C’est là un principe d’une vaste application : il s’étend à tous les détails de la vie, et son importance pratique est immense. Apprends tous ses effets dans les deux Adam. Vois-le chaque jour à l’œuvre dans les deux natures. La pauvre nature humaine est toujours prête à écouter le mensonge du tentateur : « Vous serez comme des dieux » ; tandis que la nature divine est contente de la place où Dieu l’a mise, jusqu’à ce qu’Il dise : « Monte plus haut ».

Mais où en est la vieille nature dans le chrétien ? Les Écritures disent clairement qu’elle a pris fin à la croix. « Vous êtes morts », est une parole assez claire. Or, ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Et encore : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ est en moi ; et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Col. 3 ; Gal. 2). Si nous marchions dans la lumière et l’efficace de cette grande vérité fondamentale, l’humilité serait notre caractère ; la chair serait mortifiée dans sa vanité et son orgueilleuse prétention, et l’esprit doux et humble de Jésus serait manifesté.

« L’oiseau qui prend le plus haut son essor, bâtit son humble nid sur la terre, et celui qui chante avec le plus de douceur chante dans l’ombre alors que tout repose. L’alouette et le rossignol nous apprennent quelle gloire est accordée à l’humilité.

Lorsque Marie choisit la bonne part, elle s’assit humblement aux pieds de Jésus : et l’humble cœur de Lydie devint un temple convenable pour Dieu. La plus belle et la mieux parée est celle qui est revêtue d’humilité.

Le saint qui porte dans le ciel la plus brillante couronne se prosterne en humble adorateur ; le poids de la gloire le fait s’incliner le plus bas, alors que son âme s’élève le plus. La place la plus rapprochée du trône doit toujours être le siège de l’humilité. »

Lorsque Christ est l’unique objet que nous contemplons, le cœur est pleinement satisfait. Nous sommes assez riches pour prendre la dernière place, et tout ce qu’il faut pour nous rendre heureux se trouve en Lui. Il n’est pas seulement beau pour les yeux, mais Il est aussi agréable au cœur. Il y en a beaucoup qui sont beaux et ne sont pas agréables, et beaucoup qui sont agréables et ne sont pas beaux, mais Christ est à la fois l’un et l’autre. « Te voilà beau, mon bien-aimé, que tu es agréable ». Oh ! quel ensemble de qualités, quelles perfections, quelles harmonies se trouvent en Jésus ! Ici, et ici seulement, le cœur peut trouver le repos ; tranquille, parfait repos. C’est pourquoi l’Église ajoute de la manière la plus significative : « Aussi notre couche est-elle verte » (vers. angl.). Les verts pâturages et les eaux tranquilles de l’abondante grâce de Jéhovah sont depuis longtemps familiers à notre esprit, comme les symboles expressifs du repos et du rafraîchissement dont jouissent les brebis de Christ sous Ses tendres soins de Berger. « L’Éternel est mon berger ; je n’aurai point de disette. Il me fait reposer dans des parcs herbeux ; il me mène le long des eaux tranquilles ». « Des pâturages d’herbe tendre… des eaux tranquilles » sont la nourriture journalière de ceux dont les pieds se trouvent « après les traces du troupeau ». Mais le berger ne dresse jamais sa tente en dedans des murailles de la ville, car il n’y a là ni bourgeons d’herbe tendre, ni eaux tranquilles. C’est en dehors des sombres murs, au milieu des champs qu’il fait reposer son troupeau. Dans ce livre, « la ville », sans aucun doute, est le type du monde, le contraire des lieux célestes. L’épouse ne trouve que la honte et la souffrance lorsqu’elle est surprise dans la ville. Jamais l’époux ne se trouve là ; ses retraites favorites sont les vignes, les jardins, les montagnes de myrrhe, les coteaux des drogues aromatiques et les vallées où fleurissent les muguets.

Mais il y a dans ses dernières phrases un mot qui indique une pleine communion, une communion heureuse, consciente d’elle-même avec le « bien-aimé ». Je veux dire ce petit mot « notre » : « notre couche », « notre maison », « nos soliveaux ». C’est comme ces petits mots : « nous », et « avec » dans l’épître aux Éphésiens. Oh ! l’heureuse union — unité bénie : « notre, nous, avec ». Unité éternelle avec Christ. Être un avec Lui dans la vie, un dans la justice, un dans l’acceptation, un dans la paix, un dans le repos, un dans la gloire céleste, éternelle !

Certainement, les scènes de la terre les plus brillantes seraient sans joie, et la maison à plusieurs demeures le serait aussi, sans la présence du Seigneur bien-aimé, du divin Époux du cœur. Mais voici les termes sûrs de la promesse : « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». Et encore : « Afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi ». C’est assez, ô Seigneur ! c’est assez ! Avec toi, et comme toi ! Considère soigneusement cela, ô mon âme ! Ici se trouve pour toi le calme, le parfait repos. Avec toi, et comme toi, Seigneur, pour toujours dans le paradis de Dieu, dans la maison où il y a plusieurs demeures, remplir la parfaite mesure de notre félicité, de notre dignité, et de notre gloire éternelles !

Chapitre 2

Verset 1. « Je suis la rose de Saron et le muguet des vallées ».

Quelle merveilleuse chose que la grâce, la grâce de Dieu pour les pécheurs ! Quels changements extraordinaires elle opère dans les pensées, les intentions, les désirs, les affections ! Elle nous communique l’intelligence de ce que nous sommes aux yeux du Seigneur et à Son cœur. N’oublie point ceci, ô mon âme, et réfléchis-y profondément. La source est abondante, désaltères-y ta soif.

Connaître la grâce, c’est connaître Dieu et Son parfait salut en Jésus Christ, par l’enseignement et la puissance du Saint Esprit. Peu de temps avant, l’épouse avouait qu’elle était « brune… brune comme les tentes de Kédar » ; et maintenant, par la grâce, elle peut dire sans la moindre hésitation : « Je suis la rose de Saron et le muguet des vallées », la couronne et l’ornement de Saron, la beauté et le charme des vallées. Et remarquez ces expressions qu’elle emploie : « La rose… le muguet » ! Elle ne parle pas d’une manière générale de ses attraits qui lui ont gagné le cœur de l’époux, mais dans le sens le plus absolu. Elle ne tire pas vanité devant le public de ce qu’elle est, mais elle s’adresse directement à lui, avec le sentiment béni de la place qu’elle occupe dans son cœur. La communion est complète, car il ajoute aussitôt : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles », et plus tard, il dit ouvertement : « Ma colombe, ma parfaite est unique ; elle est unique à sa mère, à celle qui l’a enfantée ». Tel est le caractère distinctif de l’amour et de la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, et telle est la place spéciale qu’occupe l’Épouse à Ses yeux. Il va toujours plus loin qu’elle dans l’expression de Sa tendresse. Cela est très bien pour le cœur. Quelle différence entre le muguet si beau, si parfumé, et l’épine qui déchire !

Il est bien des personnes qui, à l’ouïe d’une pareille vérité, s’écrient : « Oh ! je ne suis pas digne d’une telle place ». C’est vrai, si vous parlez de votre propre mérite. Mais de quelle place vous jugez-vous digne ? Si ce n’est pas de celle-là, c’est d’une inférieure, je suppose. Est-ce là de l’humilité ? Non, mon ami, c’est de l’orgueil. Nous ne méritons aucune place en Sa présence.

En conséquence, s’il nous en est assigné une, c’est une grâce, une pure, une souveraine grâce. Être sur le seuil, en serait une aussi bien que d’être sur le trône.

Le fils prodigue pensait, sans doute, que ce serait témoigner beaucoup d’humilité que de dire à son père : « Traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Ce n’était pas de l’humilité, mais un reste d’orgueil et de légalisme. De telles pensées prennent leur origine dans le cœur naturel qui est essentiellement orgueilleux et porté à se placer sous la loi, et qui n’a aucune idée de sa propre condition, non plus que de la grâce de Dieu. Quelqu’un qui nous donne un véritable exemple d’humilité, c’est ce péager qui se tenait à l’écart et n’osait pas même lever les yeux vers le ciel (Luc 18, 13). Le fils prodigue n’avait pas plus de titres d’être reçu comme serviteur que comme fils. Il avait perdu tous ses droits sur le fondement de la justice. Tout ce qu’il avait à alléguer, c’était son pressant besoin. Il ne pouvait être reçu qu’en grâce ; s’il avait été rencontré en justice, il eût été condamné à jamais. Mais la grâce règne ; pas un mot n’est dit de ses péchés. Sur mille articles, il n’aurait pu répondre à un seul. La question du péché a été réglée entre Dieu et Christ sur la croix. Maintenant la grâce brille ; elle brille dans tout son céleste éclat. Le cœur du Père est le foyer d’où s’échappent ces rayons, et Il a dans tout cela Sa joie propre. Il agit de Lui-même, et comme Lui-même. Le fils prodigue n’a pas le temps d’achever le discours qu’il avait préparé ; il n’en vient pas au passage : « Traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Comment l’aurait-il pu ? La grâce le prévient ; son père court à sa rencontre, se jette à son cou et l’embrasse. La réconciliation s’effectue dès l’instant où ils se rencontrent. Le fils reçoit immédiatement le baiser de paix ; la grâce est gratuite. Dieu ayant accepté l’expiation de la croix, nous sommes réconciliés avec Lui au moment où nous Le rencontrons en Christ.

Une fois réconcilié par le sang de la croix, celui qui était auparavant perdu, ruiné, dégradé, redevient fils et héritier — héritier de Dieu, et cohéritier de Christ. Voilà la grâce, la grâce de Dieu en Jésus Christ ; mais il y a plus encore ; le même pécheur sauvé par grâce, brillera dans la grâce et sera le vase dans lequel elle se manifestera dans tout le cours de l’éternité pour tous ceux qui croient en Son nom. De même que des siècles innombrables succéderont aux siècles, de même tous ceux qui ont été les objets de cette grâce pendant le temps, brilleront d’une splendeur toujours croissante dans l’éternité. Oh ! quelle place pour le pauvre exilé qui n’avait ici-bas ni amis, ni famille, et cela pour toujours ! Mais Dieu veut établir Son caractère en grâce ; et tels sont les vaisseaux appropriés à Sa glorieuse et éternelle manifestation, dans la maison à plusieurs demeures : « Afin qu’il montrât, dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce, par sa bonté envers nous, en Jésus Christ » (Éph. 2, 7).

Verset 3. « Tel qu’est le pommier entre les arbres d’une forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ; j’ai désiré son ombre, je m’y suis assise, et son fruit a été doux à mon palais ».

De savantes recherches ont été faites, et de nombreux écrits publiés, pour essayer de démontrer à quelle espèce particulière appartenaient la rose et le muguet dont il est question dans le premier verset, et de quel arbre proprement il s’agit dans le troisième. Quelques auteurs soutiennent que la fleur désignée ici sous le nom de « rose de Saron », appartient à la famille des liliacées, et devrait être traduite par « le narcisse de Saron ». Nombre d’opinions diverses ont été également émises au sujet de ce que nous avons appelé le « muguet ». Des hommes pieux, éclairés, ont encore pensé que, dans le premier verset, nous avons la voix de l’époux et non celle de l’épouse. Et beaucoup d’écrivains, hélas ! se sont plus préoccupés des fleurs que des personnes. Mais sûrement, au second verset, l’époux reconnaît la personne qui a parlé au premier, pour sa bien-aimée : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles ». On est unanime à placer ces paroles dans la bouche du bien-aimé. Au premier verset, sans nul doute, c’est l’épouse qui parle. Dans le bonheur que lui procure la communion avec lui, elle déclare ce qu’il a fait d’elle dans sa grâce ; elle confesse qu’elle lui doit tout, et sa beauté, et l’affection dont elle se sent animée à son égard ; et, en se comparant à ces belles fleurs, elle se borne à répéter ce que lui-même lui a enseigné.

Mais remarque bien, ô mon âme, qu’elle dit : « Je suis le muguet des vallées », non pas des villes. C’est au fond de la vallée paisible qu’elle trouve son sol natal, et respire l’air qui lui est propre. Là elle fleurit pour charmer les regards de son bien-aimé, et répand son parfum pour lui plaire. « Il paît son troupeau parmi les muguets ». C’est dans la ville qu’elle perdit la joie de sa présence, que les gardes la battirent et lui ôtèrent son voile ; c’étaient hélas ! ses heures d’égarement.

Oh ! combien il eût mieux valu pour elle n’avoir jamais quitté la vallée qui l’avait vue naître ! Réfléchis sérieusement à toutes ces choses, ô mon âme. Place-toi loin du courant du monde, et insensible à son esprit comme à ses attraits, applique-toi à aimer Jésus, et à Le satisfaire. Quelle merveille que Celui qui est assis sur le trône de Dieu dans les cieux et environné de Sa gloire, daigne s’occuper de misérables tels que nous, qui ne sommes bons à rien, et surtout que, suivant notre manière d’agir, Il éprouve de la joie et du contentement, ou de la peine et de la douleur ! Combien il est triste, hélas ! qu’Il soit si fréquemment blessé dans la maison de ses amis ! Qu’y a-t-il sous le soleil qui puisse procurer un bonheur si réel, que de Lui être agréable ? Rien n’est plus indigne d’un chrétien que de rechercher sa propre satisfaction, et de se plaire avec les vanités du monde, sachant surtout qu’il afflige le cœur de Celui qui l’a tant aimé, de Celui qui est mort pour lui sur le Calvaire.

Après avoir jugé ton cœur et tes voies à cet égard, donne aux autres tes soins, ton amour, ta sympathie, et en particulier aux agneaux du troupeau pour la gloire du Seigneur. Combien Jésus est heureux, ravi, de voir ceux pour lesquels Il s’est sacrifié, marcher d’un pas ferme et joyeux sur Ses traces, et paître à côté de la tente du berger. Là croît une herbe tendre, là coulent des eaux paisibles. Mais combien souffrent, et le Berger, et ceux qui paissent le troupeau sous Lui, à la vue d’un jeune disciple qui, pendant un certain temps, semblait avoir donné tout son cœur au Seigneur, cédant aux séductions d’amis inconvertis et aux attraits du monde, et peu à peu s’efforçant d’excuser une marche conforme en bien des points aux usages du monde, et se demandant parfois : Dois-je rejeter ceci ? Dois-je abandonner cela ? Songez plutôt, cher frère, chère sœur, à ce que vous avez rejeté d’abord, afin de jouir de ces choses. Pensée solennelle ! Pour ces folies et ces vanités, vous avez abandonné Christ : j’entends votre jouissance personnelle et pratique de Lui. Vous savez que vous ne pouvez jouir du Seigneur et de ces choses à la fois. Il vous les faut abandonner ; auriez-vous une minute d’hésitation ? Regardez à la croix ! Oh ! quel amour ! Quelle mort ! Et c’est pour toi qu’Il meurt, et précisément pour ces péchés mêmes ! Oh ! jette-toi à Ses pieds bénis, avec une tristesse selon Dieu. Tu as blessé Ses yeux, tu as contristé Son cœur, tu as déshonoré Son nom ; confesse-Lui tout ; et ton relèvement sera complet, et tous tes péchés passés seront oubliés et pardonnés à jamais.

Mais jusqu’à ce que cela soit fait, la spiritualité d’esprit, le zèle du cœur, la communion avec le Seigneur sont interrompus. C’est un cas sérieux d’apostasie. Et si le Seigneur ne retient les roues du chariot, qui peut dire jusqu’où il ira, une fois lancé sur cette pente ? Un accident peut survenir et l’arrêter tout d’un coup, mais ce ne sera pas sans des avaries, dont les marques resteront ineffaçables. Ô Seigneur, fais luire les rayons de ta grâce ! Attires-en dans le désert beaucoup qui côtoient de trop près les rives du monde et jettent trop souvent un regard d’envie sur la ligne de démarcation. Sèvre-les de ce présent siècle mauvais. Que pour toi seul ils soient parés des douces et humbles beautés du muguet ; ne permets pas qu’ils en soient revêtus pour charmer les regards du monde. T’entendre dire, ô Seigneur : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles », ferait infiniment plus que récompenser tout notre renoncement à nous-mêmes.

Les personnes qui ont voyagé en Orient disent que l’arbre dont il est question n’est pas le pommier, mais, selon toute probabilité, le magnifique citronnier de Palestine. L’épais feuillage vert foncé des branches du citronnier offre un excellent abri contre les rayons du soleil, et ses fruits délicieux sont très parfumés et rafraîchissants. Le voyageur fatigué, qui le compare aux arbres ordinaires de la forêt, ne peut que l’admirer et le préférer aux autres. Aussi l’épouse établit-elle une comparaison analogue : « Tel qu’est le pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ». Nul n’est semblable à Christ. Il est « le premier entre dix mille ». Elle jouit pleinement de lui — non pas seulement de ses dons, quelque bénis qu’ils soient, mais de lui-même.

La communion personnelle est maintenant parfaite. L’épouse est dans la pure lumière de la faveur de l’époux. La réponse ne laisse rien à désirer : « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles ». — « Tel qu’est le pommier entre les arbres d’une forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ». Admirable effet de la grâce ! Voyez où elle conduit. Le Juif aurait-il pu jamais parvenir jusqu’au sein de Dieu, en escaladant les flancs escarpés du Sinaï ? Non ; tout doit être grâce du commencement à la fin. Il y a ici réconciliation complète et communion. Le Seigneur se repose dans Son amour, ainsi qu’il est écrit : « Il se réjouira en son amour, et s’égaiera à cause de toi avec chant de triomphe » (Soph. 3, 17). L’épouse, elle aussi, jouit d’un parfait repos en cet amour immuable : « J’ai désiré son ombre et je m’y suis assise, et son fruit a été doux à mon palais ». Son âme y trouve repos, joie et abondance. Son cœur se nourrit de Christ qui satisfait tous ses besoins. Elle occupe maintenant la place bénie qui lui convient ; elle avait auparavant une autre place, celle hélas ! du péché et de la mort ; mais le Seigneur l’en a délivrée pour l’introduire avec Lui dans la nouvelle place du Messie ressuscité. Cette dernière est maintenant la sienne ; elle ne peut être dans deux à la fois. « Je t’ai réveillée sous un pommier ». Le pommier c’est Christ.

Israël, nous le savons, sera bientôt réveillé de sa mort dans laquelle il est plongé actuellement comme nation, pour jouir des bénédictions de la nouvelle alliance sous Christ. Mais il ne pourra être réveillé que par Christ, et venir en bénédiction que sous Christ. Ils ne pourront s’appuyer que sur la miséricorde, alléguer qu’une nécessité sans remède, et suivre d’autre voie que Christ. Quand on en arrive à ce point, tout est bien, éternellement bien, tant pour le Juif que pour le Gentil. C’est sur ce même terrain, sous ce même Chef béni, qu’Israël sera de nouveau rassemblé. Alors il s’assiéra littéralement sous son ombre, et trouvera son fruit doux à son palais — le fruit glorieux de l’amour merveilleux qu’Il a témoigné en mourant pour la nation rebelle. « Ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : Le Libérateur viendra de Sion, et il éloignera de Jacob toute impiété » (Rom. 11, 26). — « En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, chacun de nous appellera son prochain sous sa vigne et sous son figuier » (Zach. 3, 10).

Séjour béni de gloire et de bonheur
Où pour jamais régnera le Sauveur,
Où, loin des maux dont la terre est la proie,
Nous goûterons une ineffable joie ;
Oh ! quand pourrai-je, à ce monde arraché,
Dans tes splendeurs, à l’abri du péché,
Près de Jésus oublier mes alarmes,
Et par Sa main voir essuyer mes larmes !



Verset 4. « Il m’a menée dans la salle du festin, et sa livrée, laquelle je porte, c’est amour ».

En méditant sur les différentes scènes de délices dans lesquelles l’heureuse épouse est introduite par le roi, arrête un instant tes pensées, ô mon âme, sur la source d’où découle ce fleuve de bonheur. C’est le privilège du chrétien de s’abreuver à la source aussi bien qu’au fleuve. Dieu Lui-même est la source de toutes nos bénédictions. Les plaisirs qui sont à Sa droite ne sauraient être comptés. Mais la source profonde de la parfaite bénédiction de l’âme, est la glorieuse assurance, qu’il n’était besoin de rien pour tourner le cœur de Dieu vers nous. Précieuse vérité ! Son amour est comme l’anneau qui fut passé au doigt du fils prodigue : il n’a pas eu de commencement, il n’aura jamais de fin. « Dieu est amour ». Il ne change pas. Ce qu’Il est en Lui-même, non pas ce que nous sommes, nous assure à jamais des riches bénédictions de Son amour. « C’est en ceci que consiste cet amour, que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils pour faire la propitiation de nos péchés » (1 Jean 4, 10). C’est là que la foi trouve son parfait repos, dans le cœur de Dieu, source de tout vrai bonheur. Comment douter d’un amour qui a donné un Fils unique ? Quelle réponse à toute espèce de questions : Il a donné Son Fils pour moi, pécheur ! « Dieu fait éclater son amour envers nous, en ce que lorsque nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5, 8). En quoi consiste l’incrédulité ? À ne pas croire combien Dieu est bon en donnant Son Fils pour mourir à notre place. En quoi consiste la foi ? À croire au parfait amour de Dieu et au don de Son cher Fils. « En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui écoute ma parole et croit à Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne viendra point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24).

L’œuvre de Christ n’était pas nécessaire pour tourner le cœur de Dieu vers le pécheur, mais pour tourner le cœur du pécheur vers Dieu. Toute l’Écriture révèle cette vérité bénie. La première occasion qui prêtât à cette manifestation, se présenta dans le jardin d’Éden, quand l’homme tomba. Le couple criminel cherchait un lieu où se cacher loin de la présence du Seigneur, derrière les arbres du jardin ; mais la voix de Celui qui vient pour chercher et sauver ce qui était perdu, se fait entendre pleine de grâce : « Adam, où es-tu ? ». L’homme est maintenant un pécheur perdu, et Dieu le cherche ; les premières paroles de l’amour qui rachète, caractérisent l’œuvre entière de la rédemption. La révélation de l’amour de Dieu dans la promesse que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, acheva de capter leur confiance, sans doute, et les engagea à sortir de l’endroit où ils se tenaient et à reparaître en la présence de Dieu. Dès lors, et maintenant, dans le temps actuel, quand le pécheur, par grâce, croit au parfait amour de Dieu dans le don et l’œuvre de Son Fils, il est amené au Seigneur par sa foi en l’efficace de la mort, de la résurrection et de la gloire de Jésus. De la sorte, il est pardonné, accepté dans le Bien-aimé, et répond pleinement aux désirs du cœur de Dieu.

Mais, bien que l’amour de Dieu à notre égard ait toujours été le même, il a rencontré chez nous beaucoup d’obstacles à son complet et libre épanchement. Si Dieu aime, Il est juste aussi ; s’Il est miséricordieux, Il est toujours conséquent avec Lui-même. Ce que Son amour désirait, Sa sagesse en traçait le plan, et Son pouvoir l’accomplissait. L’éloignement des obstacles prouve la grandeur de l’amour. Jésus vint pour faire la volonté de Dieu. Il acheva l’œuvre. Il abolit le péché en se sacrifiant Lui-même. L’amour, le divin, l’éternel amour, ne pouvait aller plus loin. À quelle fin, ô mon âme, tendait cet immense, ce mystérieux sacrifice ? L’apôtre répond : « Afin de nous amener à Dieu » ; pas seulement au ciel, mais à Dieu Lui-même, à Sa connaissance, et à notre parfaite réconciliation avec Lui. « Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour nous injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu » (1 Pier. 3, 18). Et encore : « Car il a fait Celui qui n’a point connu de péché être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu par lui » (2 Cor. 5, 21). Nous avons maintenant, c’est important à remarquer, l’amour et la justice en Christ. Il est également notre vie en tant que ressuscité des morts, mais c’est une vie au-delà du tombeau, une vie qui a le sceau de la victoire sur la mort et sur le sépulcre. Nous possédons maintenant en Christ tout ce qui nous est nécessaire pour jouir de la présence de Dieu, dans laquelle il y a plénitude de joie et plaisirs éternels.

Dans la compagnie de Jésus, l’Épouse contemple les mêmes scènes que Lui. Ils vont goûter aux nombreuses sources des félicités divines. Il la conduit aux « fontaines d’eaux vives ». Le roi, dit-elle, le matin l’a introduite dans ses cabinets. Peu après, les choses prennent un autre aspect. Nous voyons l’épouse avec son bien-aimé dans les champs, où il paît et fait reposer son troupeau à midi. Plus tard, dans la journée, elle s’écrie : « Notre couche est verdoyante. Les poutres de notre maison sont de cèdre et nos soliveaux de sapin ». Cette image semble représenter deux personnes étendues sur l’herbe verte, à l’ombre rafraîchissante des branches touffues du sapin et du cèdre. Elle s’assied ensuite sous le pommier et en trouve le fruit doux à son palais. À la fin du jour, son bien-aimé la conduit au festin, sous la bannière de son amour. L’amour qu’il lui témoigne, est le secret de toute sa joie, la source de toutes ses délices.

Longtemps, bien longtemps, l’étendard de son amour a été laissé de côté sans être déployé. La foi savait toujours que dans les pensées de Dieu, ce n’était que pour un temps ; que, selon la parole de la promesse, un jour viendrait, où il serait de nouveau déployé. Cependant des hommes pieux ont dit et écrit que la bannière de la faveur de l’Éternel ne flotterait jamais plus sur les murs de Son antique Sion. Les uns ont négligé complètement, d’autres ont spiritualisé la vérité de Dieu en ce qui a trait à la reconstruction de la ville et du temple, et au rétablissement d’Israël. Mais qu’enseigne l’Écriture à ce sujet ?

Depuis que l’homme de grande naissance, dont il est parlé dans la parabole, « est allé dans un pays éloigné pour recevoir un royaume et revenir ensuite », nul étendard de l’amour divin n’a flotté sur Jérusalem. Depuis plus de dix-huit cents ans, la cité bien-aimée, le temple magnifique ont été réduits en poudre, et le peuple dispersé aux quatre vents des cieux. Le Seigneur l’avait prédit Lui-même à diverses reprises : « Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui te sont envoyés ! Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre demeure va devenir déserte ; car je vous dis, que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Matt. 23, 37-39).

S’Il a tardé à venir, c’est, nous le savons, par pure grâce pour nous. Son amour n’est pas demeuré inactif, bien qu’il ne se soit pas exercé à l’égard d’Israël. Sa longanimité, c’est le salut. Par la puissance du Saint Esprit et la prédication de l’évangile, Il s’est choisi parmi les Juifs et les Gentils, un peuple consacré à Son nom (Act. 15, 14-18).

Depuis le jour de la Pentecôte, Il a fait « des deux un nouvel homme ». C’est là ce dont Dieu s’occupe maintenant et ce dont nous devrions être occupés ; à savoir du nouvel homme, non pas du vieil homme. C’est pour cela que nous sommes exhortés à « nous dépouiller du vieil homme », « et à revêtir l’homme nouveau » (Éph. 4). Mais bientôt l’Église qui est Son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, sera complète et enlevée à la rencontre du Seigneur en l’air — « et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (Éph. 1, 22, 23 ; 1 Thess. 4). Cela aura lieu avant qu’Israël soit reconnu de nouveau pour le peuple de Jéhovah. Mais bien que les Juifs aient été longtemps laissés de côté et châtiés à cause de leurs péchés, l’apôtre nous assure qu’ils ne sont pas rejetés pour toujours, et que « les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance » (Rom. 11).

Le temps où Dieu aura compassion de Sion, le temps assigné, viendra. On le verra dans Sa gloire, quand Il édifiera Sion. On annoncera le nom de l’Éternel dans Sion et Sa louange dans Jérusalem (Ps. 102). La parole du Seigneur demeurera ferme à jamais ; toutes les spéculations de l’esprit humain seront réduites à néant. « Car voici, les jours viennent, dit l’Éternel, que je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël et de Juda, et je les ferai retourner au pays que j’ai donné à leurs pères et ils le posséderont » (Jér. 30, 3). Et encore : « Je prendrai plaisir à leur faire du bien, et je les planterai dans ce pays-ci solidement, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jér. 32, 41). Alors sûrement la bannière de l’amour immuable de Dieu flottera au-dessus de leurs têtes. Oh ! qu’elle sera grande, la bénédiction de ce peuple que le Seigneur bénira de tout Son cœur et de toute Son âme ! Quelle grâce et quelle condescendance de la part de Dieu, de parler ainsi ! Quelles nombreuses bénédictions réservées au Juif maintenant rejeté et foulé aux pieds. Peu de personnes y ajouteront foi ; néanmoins il vient, il est près, le jour où le Messie, leur Roi, s’élèvera en leur faveur contre tous leurs ennemis, et sera comme un mur de feu autour de Sa Jérusalem bien-aimée qu’Il remplira de Sa gloire. Alors l’étendard de Son amour, caché depuis si longtemps, sera déployé pour ne plus être renfermé ; alors toutes les familles de la terre verront le fidèle amour du Seigneur, quand elles monteront à Jérusalem, pour se prosterner devant le Roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des Tabernacles (Zach. 14). Et alors, oh oui, alors s’accomplira cette parole si précieuse : « Il m’a menée dans la salle du festin, et sa livrée, laquelle je porte, c’est amour. Faites-moi revenir les forces avec des liqueurs ; faites-moi un lit de pommes ; car je me pâme d’amour ».

Eh bien ! ô mon âme, que te disent toutes ces bénédictions, toutes ces sources de pures délices ? Quelle signification revêtent-elles pour toi maintenant ? Bien que ce ne soient que des images et des allégories, elles ont été écrites pour ton enseignement. De fait, elles représentent les réalités de la communion avec Christ, l’Époux, et les affections conjugales, les sympathies de cœurs qui n’en forment qu’un. N’as-tu pas remarqué parfois qu’après une séparation momentanée d’avec le monde, et la jouissance d’une communion étroite avec le Seigneur, le ton et le caractère de notre esprit deviennent plus spirituels ? La présence du Seigneur est plus complètement réalisée ; le corps devient plus léger, l’esprit plus libre. Nous nous sentons alors éloignés de la terre et rapprochés des cieux ; nous jouissons davantage des choses célestes, assurés que nous sommes de l’amour du Seigneur et du bon plaisir qu’Il prend en nous.

Mais cet état de vives jouissances spirituelles n’est qu’accidentel : on n’y parvient pas non plus, généralement parlant, en un instant. Nous ne pouvons tout d’un coup, passer de la jouissance des choses de la terre, à cette mesure de jouissance du ciel. Il est vrai que nous avons Christ, le Saint Esprit, la Parole, l’amour du Père, qui ne changent point ; mais notre communion avec eux varie, elle est plus ou moins intime. Même la nécessité dans laquelle se trouvent l’esprit et le corps, de s’occuper des choses temporelles, émousse notre sensibilité spirituelle. La prière en secret, la méditation de la Parole, le jugement de soi-même, la mortification du corps, le plaisir que prend le cœur aux choses de Dieu, la révélation faite par l’Esprit à nos âmes de l’amour de Jésus, se trouveront, la plupart du temps, unis à cet état de jouissance spirituelle. Tous ces exercices doivent être habituels au croyant, s’il désire être animé de sentiments célestes. Nous avons à marcher par la foi, comme appartenant à la nouvelle création, et non par la vue, comme étant encore de l’ancienne (2 Cor. 5, 16, 17, 18). Il est bon en même temps de se souvenir que le Seigneur n’est restreint à aucun genre de moyens, en amenant Ses bien-aimés dans la salle de noces, le lieu de Sa présence où il y aura joie parfaite. Nous avons vu une âme ravie de bonheur par le sentiment subit de ses péchés et de l’amour assuré du Seigneur. Dans le cas de l’épouse que nous avons sous les yeux, il n’y a pas eu chute apparente, mais simplement progrès notable dans son expérience. Il en est comme d’une âme qui de son cabinet passe au culte de famille, et de là au banquet public de l’amour du Sauveur, amour qui va jusqu’à la mort. Sa communion devient de plus en plus intime à chaque transition nouvelle. Sa joie augmente jusqu’à ce que la révélation de l’amour et de la bonté de l’époux agisse si puissamment sur son âme, que le corps défaille de langueur. Et encore cherche-t-elle à se soutenir par ce qui l’a épuisée. « Faites-moi revenir les forces avec des liqueurs ; faites-moi un lit de pommes, car je me pâme d’amour ».

« L’amour, l’amour que je célèbre, opère des prodiges dans l’âme ; car, lorsque je suis fort il me rend faible, et si je suis faible, il me fortifie.
Je me sens abattu, sans vigueur, languissant, tant que l’amour ne relève pas l’amour ; l’amour divin peut seul fermer la blessure que l’amour divin a faite ».

Jamais l’âme qui se nourrit de Christ n’en est rassasiée. Quoique pleinement satisfait, son appétit est aiguisé. Et le Seigneur prend plaisir à donner en abondance. « Ouvre ta bouche toute grande, et je la remplirai ». Lui seul est capable de satisfaire les désirs du cœur et de l’esprit. Mais remarquez-le, il attire sa bien-aimée encore plus près de lui. « Sa main gauche est sous ma tête, et sa main droite m’embrasse ». Oh ! Seigneur Jésus, Dieu sauveur, céleste Époux, Tête de l’Église qui est ton corps ! comment sonder la hauteur et la profondeur de ton amour ? Comment en mesurer la longueur et la largeur ? Où trouver une communion plus intime, plus réelle, plus bénie ? L’Épouse penche la tête sur le sein de son Bien-aimé, lieu du parfait et de l’éternel repos. Il ne peut y avoir rien de plus haut, il ne doit y avoir rien de plus bas que cela. Oh ! que ne donnerais-je pas pour éprouver davantage cette puissance, qui épuise et qui fortifie à la fois, de la gracieuse présence du Seigneur ? Que ne donnerais-je pas pour avoir un cœur plus grand, une âme plus vaste ?

Verset 7. « Filles de Jérusalem, je vous adjure par les chevreuils et par les biches des champs, que vous ne réveilliez point celle que j’aime, que vous ne la réveilliez point jusqu’à ce quelle le veuille ».

À la fin de ce jour heureux et sans nuages, nous laissons l’épouse du roi dans le repos que son immuable amour peut seul procurer. À l’ombre de la bannière de son amour, entouré de ses bras, elle se repose dans son éternelle étreinte. Elle prend plaisir en ce qu’il est. Aussi parle-t-elle de son ombre, de son fruit, de son festin, de sa livrée, de sa main gauche, de sa main droite. Pour elle, il n’y a que Christ ; Christ est tout. Quand l’âme est ainsi occupée de Lui, Il veille à ce qu’elle ne soit point troublée. Les biches et les chevreuils sont les bêtes des champs les plus timides ; le sens de l’ouïe est chez eux tellement exercé, que la perception du danger qui les menace de loin, les épouvante. Ainsi devrions-nous prévoir à une grande distance l’approche de ce qui vient interrompre notre marche et notre communion avec le Seigneur, ou tout au moins faire tourner cela à la pratique de la sainteté, et à un dévouement plus complet à Christ.

« Voyez le craintif chevreuil, voyez la biche timide et tremblante, comme ils sont constamment sur leurs gardes, comme ils observent le changement de la brise, comme ils prêtent l’oreille afin de savoir si elle leur apporte sur ses ailes le bruit de quelque péril ! Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les chevreuils et par les biches des champs, je vous adjure, fils et filles du Dieu tout puissant, je vous adjure de veiller, de prier, d’observer avec crainte et d’éviter tout ce qui pourrait troubler ou essayer de troubler votre communion avec Dieu, les pensées de nature à distraire, l’exaltation de l’imagination, et le doute qui pousse à la défiance, à l’injustice ; qu’ils ne viennent pas essayer d’éteindre la flamme du saint amour allumé dans vos âmes, ni intercepter à vos yeux l’éblouissante clarté de la gloire ».



Verset 8 — « C’est ici la voix de mon bien-aimé ; le voici qui vient, sautant sur les montagnes, et bondissant sur les coteaux ».

Quand l’âme est demeurée longtemps, sans interruption, en communion avec le Seigneur, elle s’attache à Lui d’une manière plus vivante et désire plus ardemment Son retour. Es-tu saisie, ô mon âme, du même empressement que l’aimante et aimée Sulamithe quand elle prononçait ces paroles bénies : « C’est ici la voix de mon bien-aimé ; le voici qui vient » ? Est-Il réellement ton meilleur ami ? Nulle autre voix n’a-t-elle pour toi le charme de Sa voix ? L’attends-tu et soupires-tu journellement après Lui ?

Il existe une grande différence entre une personne qui croit en ce qu’on appelle « la doctrine du second avènement », et une âme aimante qui jouit de la communion du Seigneur et vit dans l’attente constante de Sa venue. Qu’elle est petite, l’influence que la simple croyance exerce sur le cœur et la vie, comparée à celle qui se produit lorsque Christ Lui-même est le grand objet dont le cœur subit l’action, et que, à l’exemple des Thessaloniciens, « on attend des cieux le Fils », ou que, comme l’Épouse, on attend l’Époux. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! ». C’est le cœur de l’Épouse qui dit : Viens ! bien qu’il soit poussé et aiguillonné par l’Esprit qui y habite. Il nous donne le sentiment si doux de la relation et des affections qui en découlent.

Nous entendons promptement et distinguons sans peine le son d’une voix aimée. À l’ouïe de son nom prononcé par une bouche bien connue, l’âme entière de Marie tressaillait. Alors même que la personne qui parle est trop éloignée de nous pour nous permettre de saisir ses paroles, le son suffit à lui seul pour faire vibrer au-dedans de nous les cordes les plus intimes, et pour mettre en activité nos forces assoupies. « C’est la voix de mon bien-aimé », s’écrie la Sulamithe, « le voici qui vient ! ». Tout son être est dans l’attente. Il approche. « Le Seigneur est près ». Le voici, Il vient ! Il vient ! « sautant sur les montagnes, bondissant sur les coteaux. Mon bien-aimé est semblable au chevreuil ou au faon des biches ». Ses pieds sont aussi légers que ceux du cerf.

Loin de satisfaire pleinement le cœur, la communion en esprit avec le Seigneur, rend plus vif le désir de posséder ce bonheur plus parfait que procure Sa propre présence. Qu’y avait-il de plus doux, de plus cher, de plus précieux, que cette communion dont, au commencement de nos méditations, nous avons vu l’épouse jouir par la foi ? Sa joie n’a pas été interrompue, elle a pu apprécier l’attachement de son bien-aimé et jouir de ses faveurs. Certains ont pensé que, dans ce passage, on voyait la communion de l’épouse subir des alternatives de hausse et de baisse, que le grand nombre de ses privilèges finissait par la rendre indifférente, et qu’un déclin d’affection succédait à ses grandes jouissances spirituelles. Sans doute pareille chose est souvent arrivée, mais ici nous n’en voyons pas traces.

Est-ce lorsque nous sommes en communion avec le Seigneur que nous souhaitons Sa venue, ou bien lorsque nous n’y sommes pas ? Tu peux aisément répondre à cette question, ô mon âme. On ne peut réellement soupirer après la venue du Seigneur quand on n’est pas heureux avec Lui. Nous sommes toujours en sûreté en Lui, c’est vrai, mais hélas ! avec Lui nous ne nous sentons pas toujours heureux. Si nous avons fait un pas de trop avec le monde, ou que nous ayons négligé de nous juger nous-mêmes, nous perdons notre bonheur avec Lui, et alors nous préférerions qu’Il ne vînt pas. « Pierre Lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne le lave, tu n’auras point de part avec moi » (Jean 13, 8). Il ne dit pas, remarquez-le bien : « Tu n’auras point de part en moi » ; jamais Il n’aurait pu le dire ; mais Il enseigne à Pierre aussi bien qu’à nous que, si nous oublions de nous juger nous-mêmes, si nos souillures de tous les jours ne sont pas nettoyées avec le lavage d’eau, par la Parole, notre communion avec Lui est interrompue. Il ne peut aller de pair avec des péchés qui ne sont pas jugés, qui ne sont pas confessés. « Tu n’auras point de part avec moi », est une parole profondément solennelle. De quoi ne préférerais-tu pas, ô mon âme, te séparer, plutôt que de renoncer à l’intimité de ton Sauveur, même pour un jour, même pour une heure ? Où serait ta force pour la marche, pour le culte et pour le service ? Qu’elle serait grande ta faiblesse ! Quelles épaisses ténèbres obscurciraient ton sentier ! La honte peut bien couvrir ton visage, la tristesse remplir ton cœur, quand tu mets tes pieds souillés entre Ses saintes mains, car sûrement Il verra où tu as été ; mais souviens-toi de ceci, c’est qu’ils ne peuvent être lavés, si Lui-même ne le fait : « Si je ne le lave, tu n’auras point de part avec moi ». Si tu veux marcher avec Jésus, si tu veux être heureuse avec Lui, tu dois marcher séparée, réellement séparée de tout mal, de tout ce qui est contraire à Sa sainteté et incompatible avec Sa nature. Ô Seigneur, dans ces jours mauvais, conduis-moi à travers ton sentier, afin que je puisse toujours plus ardemment prier pour ta venue et la désirer avec amour !

« Mon Seigneur tarde à venir » est le langage d’un cœur qui cherche sa satisfaction dans ce monde. « Viens, Seigneur Jésus, viens » est celui d’un cœur pénétré d’amour pour Jésus et qui désire avec ardeur d’être personnellement près de Lui. Plus nous jouissons spirituellement de Christ, plus il nous tarde de Le voir face à face. Dans la nouvelle Jérusalem, nous verrons Sa face. Comment quiconque a entrevu Christ, même confusément, comme à travers un miroir obscurci, ne soupirerait-il pas après ce moment béni ? C’est un moyen d’éprouver l’état de l’âme. Quand la maison est en désordre, la femme ne désire pas le retour de son mari. Elle commence par mettre tout en ordre, et une fois chaque chose à sa place et selon son goût à lui, elle se met à songer au moment où il reviendra ; il lui tarde d’entendre sa voix, et de voir son visage.

Ne me suffit-il pas, dira quelque chrétien, de savoir que je Lui appartiens ? Pourquoi attendrais-je chaque jour Sa venue des cieux ? Je sais que mes péchés sont pardonnés et que je suis sauvé. Je puis, en outre, me confier en Lui et L’aimer sans Le voir. Très bien, mon frère ; mais est-ce là le langage d’un cœur aimant, plein d’ardeur, ou bien celui de quelqu’un qui demeure froid et indifférent en ce qui a rapport à la personne du Sauveur ? Pouvez-vous songer à Son amour et à Sa grâce, à Ses souffrances et à Sa mort pour vous, à Son ascension et à Sa gloire, et ne pas souhaiter du fond de votre cœur de Le voir Lui-même ? Ne vous tarde-t-il pas de voir briller un rayon de cette face qui ravira votre cœur à jamais, et mettra sur vos lèvres les plus sublimes louanges ? Que dirait le mari absent, que penserait-il, si sa femme parlait ainsi : « Je sais que je suis à lui ; cela me suffit ; je suis satisfaite. J’ai tous les jours de ses nouvelles, je suis assurée de sa tendresse, mais je ne me préoccupe pas de son retour. Je ne prépare rien pour le recevoir. Il ne me tarde pas de revoir son visage » ? Ah ! mon ami, mon ami, comment expliqueriez-vous un tel état de choses ? Appelleriez-vous cela de l’amour pour l’absent ? Votre cœur serait-il satisfait, surtout si vous aimiez votre femme d’un « immense amour » ? Non ! l’amour réclame l’amour. « Nous L’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier ». L’amour chrétien est le reflet de celui de Christ. Plus une femme aimante reçoit souvent des nouvelles de son mari absent, plus elle soupire après son prompt retour. L’assurance réitérée qu’il lui donne dans ses lettres de son amour, ne contribue qu’à rendre plus vif en elle le désir de le voir. Elle peut être entourée de tous les conforts du chez-soi ; pour qu’elle soit tout à fait heureuse, il lui faut la présence de quelqu’un. Tant que ce quelqu’un, son mari, n’est pas là, rien au monde n’est capable de remplir le vide que laisse son absence. Hélas ! combien peu nous sentons le vide que la personne de Christ seul peut remplir !

C’est le Seigneur Lui-même, comme le Messie, le Roi, que l’Épouse attend ici-bas avec tant d’impatience. « C’est la voix de mon bien-aimé ; le voici qui vient ». Il s’est révélé à son cœur. Elle entre maintenant par la foi dans l’amour et la joie de l’époux, le roi en Sion. Elle connaît et apprécie la valeur de Son amour, et il lui tarde de Le posséder comme son propre Messie. Changement béni ! La place qu’Il occupait, méprisé et rejeté par la fille de Sion, et sur laquelle Il versait des larmes, va devenir la scène où s’exercera Son affection d’Époux et où brillera dans tout son éclat Sa gloire milléniale. Le désir du résidu craignant Dieu aux derniers jours, en ce qui concerne l’apparition du Messie comme Roi et Libérateur, est exprimé dans les Psaumes et les prophètes : « Je voudrais que tu fendisses les cieux, que tu descendisses et que les montagnes s’écroulassent devant toi ! comme un feu de fonte est ardent, et comme le feu fait bouillir l’eau, afin que ton nom fût manifesté à tes ennemis et que les nations tremblassent en ta présence » (És. 64, 1, 2).

Dans le Cantique, nous voyons, sous la figure d’une épouse, se manifester le même désir profond, quoique sous un caractère différent. Dans le passage que nous avons sous les yeux, il s’agit moins de la délivrance du résidu, et du renversement de ses ennemis, et même du royaume et de la gloire de Christ, que des soupirs du cœur pour la personne du Messie qui vient. C’est « mon bien-aimé… Il vient ! Il vient vite, semblable au chevreuil ou au faon des biches ! ». Il est déjà (c’est une réalité) derrière notre muraille ; il regarde par les fenêtres ; il se fait voir par les treillis. Les fidèles qui se trouvent à Jérusalem, ont ici des indices de l’approche du Roi, de leur propre délivrance et de la gloire milléniale. Il remplit leurs cœurs de joie en se révélant plus clairement encore, et en leur donnant une nouvelle assurance de son amour et du bonheur qu’il éprouve en eux. On ne saurait trouver rien de plus beau ni de plus touchant que les paroles du Seigneur dans les versets suivants. Il a parlé à sa bien-aimée ; elle se plaît à répéter ce qu’il lui a dit : « Lève-toi, ma grande amie, ma belle, et t’en viens. Car voici, l’hiver est passé ; la pluie est passée, elle s’en est allée. Les fleurs paraissent sur la terre, le temps des chansons est venu, et la voix de la tourterelle a déjà été ouïe dans notre contrée. Le figuier a poussé ses figons et les vignes leurs grappes et elles rendent de l’odeur. Lève-toi, ma grande amie, ma belle, et t’en viens » (v. 10-13). Quelques instants auparavant, elle pouvait seulement distinguer le son de sa voix, et saisir à travers les treillis un de ses regards. Maintenant, ô l’heureuse épouse ! il est assez près pour qu’il lui soit permis d’entendre les paroles de sa bouche. Pour la foi, son saint nom en soit béni, Il est toujours près, toujours présent. « Sa main gauche est sous ma tête, et sa main droite m’embrasse ». Telle est la foi ; elle peut s’appuyer sur son sein, reposer entre ses bras, et sortir avec lui le matin vers les vignes, pour voir comment poussent les grappes. Cela est très béni. Il n’est pas encore personnellement ici-bas. Il est aux cieux, nous sommes sur la terre. Connais-tu ces distinctions, ô mon âme ? N’est-ce pas, dis-le moi, lorsque par la foi tu reposes sur Lui, que tu soupires le plus ardemment après Sa venue afin qu’Il te prenne avec Lui dans la gloire ? Oh ! soit toujours libre vis-à-vis du monde, toujours prête, comme l’oiseau sur la branche de l’arbre, à déployer tes ailes pour t’envoler. Ce qu’il y a de plus beau sur la terre ne vaut pas un simple coin du ciel ; le plus grand bonheur ici bas, n’est pas le paradis de Dieu.

Maintenant, le jour des réjouissances va luire pour Israël longtemps opprimé. L’aube commence à poindre ! « Le Seigneur lui-même apparaîtra bientôt ». « Le royaume des cieux est proche ». Le long, sombre, et lugubre hiver de l’absence du Seigneur a pris fin. Le printemps est venu, l’été approche. Le matin pur et sans nuages va briller. Depuis le péché et la chute de l’homme, ce monde de douleur n’a pas été témoin d’une scène aussi splendide. Pourtant ces versets décrivent fort bien la gloire et les bénédictions futures du pays d’Israël et de toute la terre.

« Voyez, comme s’il était déjà présent, le jour où le calme aura succédé à la tempête des tribulations de ce rude hiver, où les nuées ne déverseront plus leurs torrents, où les flots retiendront leur menaçante rage. Voyez la terre rendue à sa beauté première… Le rameau desséché de Juda est enté sur celui d’Éphraïm — merveilleux signes précurseurs de l’été qui approche ! ».

Plusieurs ont cru et soutenu qu’Israël était condamné à un hiver perpétuel, que ce peuple rejeté n’aurait plus d’été ni de printemps. De semblables pensées ne sont pas tirées du Livre de Dieu. Là nous lisons, dans les termes les plus explicites, qu’au temps marqué, « Il fera prendre racine aux descendants de Jacob ; Israël fleurira et poussera des bourgeons, et couvrira de ses fruits la surface de la terre ». Les rayons bienfaisants du « soleil de justice » feront oublier la tristesse et la stérilité de ce long hiver. Les fleurs qui renaissent, les figues qui mûrissent, les vignes qui poussent des grappes, le chant des oiseaux, la voix de la tourterelle, sont de sûrs emblèmes, non seulement que l’hiver a pris fin, mais que le printemps est venu. Et quoique rien dans la vigne de l’épouse n’ait encore atteint son degré de maturité, il y a dans le jet qui se développe le gage assuré d’un excellent été, et d’un automne abondant.

Verset 14. « Ma colombe, qui te tiens dans les fentes de la roche, dans les enfoncements des lieux escarpés, fais-moi voir ton regard, fais-moi ouïr ta voix, car douce est ta voix, et ton regard est gracieux ».

Dans tes méditations sur les signes de la gloire à venir, sache discerner, ô mon âme, conformément à l’Écriture, ce qui est terrestre de ce qui est céleste, la vocation terrestre d’Israël de la vocation céleste de l’Église. Le Seigneur, sous Son titre de Jéhovah, épousera au dernier jour la cause de Son peuple terrestre, et Jérusalem deviendra le centre de la gloire et de la bénédiction terrestres, dans son caractère d’épouse du Roi. L’Église est l’Épouse de l’Agneau, de l’Agneau jadis humble, victime expiatoire, mais maintenant Christ exalté, céleste. L’une et l’autre sont des figures, mais des figures de quoi ? Le terme d’épouse est le symbole de l’affection, de la tendresse, et de l’unité quant à la position. L’épouse a le même rang que l’époux. L’épouse juive jouira de la même gloire terrestre que Lui ; l’Église, l’épouse céleste, partagera Sa gloire céleste. L’ayant confessé et s’étant confiée en Lui dans le temps de son humiliation et de sa réjection, elle sera plus près de Lui et Lui sera plus chère dans son exaltation et sa gloire. — Ce terme représente encore des myriades d’âmes sauvées. Un croyant ne pourrait pas parler maintenant de Christ comme de son Époux, mais comme de son Sauveur. Je puis dire : Il est mon Sauveur, « Il m’a aimé et s’est donné Lui-même pour moi ». Il est le Sauveur du pécheur, l’Époux de l’Église.

La gloire du royaume à venir sera céleste et terrestre à la fois. « Afin que, dans l’administration de la plénitude des temps, il réunit tout en Christ, tant ce qui est aux cieux, que ce qui est sur la terre, en lui-même » (Éph. 1, 10). Christ sera à la tête de la puissance, de la bénédiction, et de la gloire des deux sphères.

Remarquez ici la différence qui existe entre la position et la bénédiction d’Israël, en rapport avec le royaume à venir, et celles de l’Église comme en parle l’Écriture. Le Seigneur descend au lieu où se trouve Israël, et le bénit là. « Le Rédempteur viendra en Sion » (Luc 1, 68-80). L’Église, elle, est enlevée dans les nues, au-devant du Seigneur, en l’air (1 Thess. 4). Les Juifs recevront toute espèce de bénédictions temporelles dans un pays agréable (Amos 9, 11-15). Nos bénédictions, à nous, seront toutes spirituelles et dans les lieux célestes (Éph. 1). La Jérusalem terrestre sera le centre de la gloire et de la bénédiction terrestres — la ville royale — la capitale du monde entier, et, par elle, toutes les nations de la terre seront bénies, car la loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel de Jérusalem (És. 2). La Jérusalem d’en haut sera le centre de la gloire céleste. La splendeur de Dieu l’éclairera et l’Agneau sera son flambeau (Apoc. 21). Les saints célestes seront, dans leurs corps glorieux, rendus conformes au corps glorieux de Christ (Phil. 3, 21). Toute la maison d’Israël aura en partage la bénédiction dès longtemps promise, d’un nouveau cœur et d’un esprit nouveau (Éz. 36, 24-28). Et ils ne s’égareront jamais plus.

Il est anciennement parlé d’Israël comme ayant Jéhovah pour mari. « Car ton mari est Celui qui t’a faite ; l’Éternel des armées est son nom » (És. 54, 5). Mais à cause de son infidélité, et surtout parce qu’il rejeta Christ, il fut mis de côté pour un temps. Depuis lors, il est resté sur la même ligne que tous les autres pécheurs. La prédication de l’évangile s’adresse aux Juifs aussi bien qu’aux Gentils, comme à des pécheurs perdus, et tous ceux d’entre eux que la grâce de Dieu rassemble, forment « un seul corps ». Les uns et les autres jouissent des mêmes privilèges en Christ, et « le corps » participe aux mêmes privilèges que Christ dans les lieux célestes. Les Gentils que les dispensations divines tenaient jadis éloignés, tandis que les Juifs étaient rapprochés, ont maintenant, sur le principe de la foi, des bénédictions égales en Christ. Des deux Il en a fait un ; il a rompu la clôture de la paroi mitoyenne, afin que des deux, Il formât en Lui-même un homme nouveau, faisant ainsi la paix. « Car c’est par Lui que nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père, dans un même esprit » (Éph. 2, 13-22).

La véritable espérance de l’Église — laquelle est un seul corps qu’habite le « seul Esprit » — est la venue du Seigneur Jésus Christ des cieux, pour nous prendre à Lui. « Je m’en vais vous préparer le lieu. Et quand je m’en serai allé et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin que là où je serai, vous y soyez aussi ». Quand cette promesse aura reçu son accomplissement, Israël paraîtra de nouveau sur la scène. Alors l’Esprit de Dieu commencera Son œuvre parmi le résidu de Juda. Après que l’Église aura été retirée, et pendant le règne de l’Antichrist, avant l’apparition du Seigneur en gloire, dans l’espace qui séparera l’enlèvement des saints de cette apparition, ce résidu sera l’objet de la sollicitude toute spéciale et de l’amour du Seigneur. Parlant de lui sous l’image d’une épouse, Il dit : « Je l’attirerai, et je l’emmènerai dans un lieu solitaire, et je lui parlerai selon son cœur. Je lui donnerai ses vignes, depuis ce lieu-là et la vallée d’Acor, pour l’entrée de son attente, et elle y chantera comme au temps de sa jeunesse et comme lorsqu’elle remonta du pays d’Égypte. Et il arrivera en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu m’appelleras : ishi, c’est-à-dire mon mari, et que tu ne m’appelleras plus : Baali, c’est-à-dire mon Seigneur. Et je t’épouserai pour moi à toujours ». L’union sera désormais éternelle, et le Seigneur prendra Son plaisir en Son Épouse fidèle Lui rendant amour, admiration, adoration et culte (Os. 1 ; 2 ; 3).

Comment donc expliquer le passage sur lequel nous sommes arrêtés : « Ma colombe, qui te tiens dans les fentes de la roche, dans les enfoncements des lieux escarpés, fais-moi voir ton regard, fais-moi ouïr ta voix, car douce est ta voix et ton regard est gracieux ». Du verset 10 à la fin du quinzième, c’est une suite de paroles exprimant l’amour le plus tendre, les encouragements les plus doux, la plus radieuse espérance. Rien de plus béni pouvait-il sortir de la bouche même du divin ami ? Il a en vue de capter la tendresse et la confiance de Son Épouse. Il est évident que la splendeur de la gloire milléniale ne brillera pas tout d’un coup sur le pays d’Israël et sur les nations, mais seulement par degré, semblable au passage de l’hiver et à l’approche graduelle du printemps et de l’été. C’est là ce qui exige la foi de la part de l’Épouse. Mais Il la fortifie en l’assurant que le jour de la délivrance est près. Il lui donne à connaître qu’Il la suit toujours de son œil, et l’encourage à prendre patience. D’un autre côté, diverses parties de l’Écriture nous apprennent qu’elle sera pendant ce temps, l’objet spécial de la malice de l’Antichrist. Il essaiera de dévorer le résidu fidèle (Apoc. 12, 6-17). Mais guidée par l’Esprit de Dieu, elle trouve un refuge dans le désert. « Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient aux montagnes ». Le bien-aimé connaît son asile. Pour ses yeux et pour son cœur, elle est semblable à la colombe dans les fentes de la roche, dans les enfoncements des lieux escarpés, sur les bords du précipice.

Sa voix est douce à l’oreille de son bien-aimé ; il se plaît à l’entendre, bien qu’elle ressemble encore au plaintif roucoulement de la colombe, qui sied solitaire, s’attristant sur l’absence de son compagnon. Son air est plein de grâce : elle lui paraît belle, quoique défaite par la persécution, les souffrances et l’épreuve. Et il cherche à la voir, à l’entendre ! Quel tendre, quel profond, quel immense amour ! Qui a jamais aimé d’une manière semblable ? « Fais-moi voir ton regard, fais moi ouïr ta voix, car douce est ta voix, et ton regard est gracieux ». Oh ! amour miséricordieux, désintéressé ! quelle révélation, quel déploiement de son cœur ! Oui, on peut dire de Son cœur, mais de Son cœur seul : « L’amour est fort comme la mort, la jalousie cruelle comme le sépulcre ». Avec la même force que la mort se saisit de sa proie, avec la même force le Seigneur aime. Ne te lasse pas, ô mon âme, de méditer sur l’amour de Christ — l’amour de Christ pour Son Épouse — l’amour de Christ pour toi. Songe à la rude, à l’énergique étreinte de la mort. Songe à la puissante, à l’éternelle étreinte de l’amour du Sauveur. Mais tandis que l’une épouvante et accable, l’autre console, soulage, rafraîchit et fortifie au-delà de toute mesure. Oh ! qu’il est grand, qu’il est profond, immense, incommensurable, ineffable, l’amour de Jésus !

Plus encore : rassemble toutes tes facultés, et concentre tes pensées sur cet autre aspect de l’amour du Sauveur : « La jalousie est cruelle comme le sépulcre ». Quelle est la signification de ces paroles ? Elles paraissent difficiles à se concilier avec la tendresse infinie de Jésus. Mais de fortes comparaisons sont seules capables de donner une idée de la puissance de Son amour. Celle-ci en fait ressortir le double aspect. Si la mort s’empare d’une personne, le sépulcre la garde. Il est inflexible, il est cruel, le sépulcre. Il n’entend point les cris des malheureux qu’il a dépouillés. Il ne s’inquiète ni des gémissements, ni des soupirs, ni des larmes de la veuve ; il ne se laisse point émouvoir par les lamentations ou les sanglots de l’orphelin. Il ne lâche jamais sa proie. Il ne cède point aux supplications des esprits froissés, des cœurs brisés, des âmes meurtries. En vain vous jetteriez-vous à deux genoux, et adresseriez-vous au sépulcre les plus ardentes, les plus instantes prières ; jamais il ne vous rendrait le bien-aimé qu’il vous a violemment arraché du cœur, et englouti dans ses noirs abîmes. Que de fois il a été inutilement assiégé de pleurs amers, de cris déchirants ! Il reste sourd à tout, il ne fait cas de rien, il ne cède jamais. Qu’est-ce qui prend comme la mort ? Qu’est-ce qui garde comme le sépulcre ?

Comprends donc, ô mon âme, d’après ces sombres, mais saisissantes images, le caractère de l’amour du Sauveur. À l’abri dans les fentes de la roche — dans Son côté percé — nichée dans ce cœur mystérieux qui est tout amour, sa timide et tremblante colombe repose en parfaite sécurité. Nul oiseau de proie ne viendra l’y attaquer ; aucun vautour de l’enfer ne peut toucher à une plume de son aile ; aucun ne peut pénétrer dans la fente du rocher qui lui sert d’asile. Elle est bien haut, bien loin de leur plus puissant essor. Mais ne peut-elle pas un jour, par mégarde, perdre son lieu de refuge, être prise et périr sous les coups des ennemis qui cherchent à la dévorer ? Si sa sécurité dépendait de la manière dont elle conserve sa position, c’en serait vite fait d’elle. Mais, Dieu soit béni, c’est de Jésus que tout dépend. C’est le rocher qui l’abrite, et non pas elle qui abrite le rocher. Qu’est-ce qui prend comme la mort ? Qu’est-ce qui garde comme le sépulcre ? L’amour divin s’empare de son objet avec une puissance que n’égale point celle de la mort, et, quoique ineffablement doux, il est plus inflexible encore que le sépulcre. Le Seigneur abandonnera-t-Il jamais Sa colombe entre les mains des méchants ? Non, jamais, jamais ! « Je donne à mes brebis la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a donnés, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir des mains de mon Père » (Jean 10, 28-29). « Voici, un roi régnera en justice, et des princes gouverneront avec équité. Et ce personnage sera comme un lieu où l’on se retire à couvert du vent, et comme un asile contre la tempête ; comme sont les ruisseaux d’eau dans un pays sec, et l’ombre d’un gros rocher en une terre altérée » (És. 32, 1-2).

Mais tous les types, toutes les figures, toutes les allégories, toutes les images, sont impuissantes à exprimer complètement l’amour du Sauveur. Sa gloire sera manifestée et toute chair la verra ; mais Son amour ne peut pas être manifesté. Oui, nous Le verrons tel qu’il est, dans toutes les réalités de Son amour, et nous connaîtrons comme nous avons été connus ; en Son amour nous trouverons nos éternelles délices ; mais il y a dans cet amour des hauteurs et des profondeurs, des largeurs et des longueurs que nous devons ignorer et ne saisir jamais.

Verset 15. « Prenez-nous les renards et les petits renards qui gâtent les vignes, car nos vignes ont poussé des grappes ».

Le bien-aimé se joint très gracieusement à son épouse, dans les soins à donner à la vigne. « Prenez-nous les renards… Car nos vignes ont poussé des grappes ». Elles sont encore vertes et délicates ; elles commencent à pousser. Il faut y veiller attentivement. Les petits renards ont des dents pointues ; quoique jeunes, ils sont rusés et font beaucoup de dégâts. Pendant le froid et stérile hiver, il n’y a rien à craindre d’eux ; les sarments dépouillés de leurs feuilles ne les attirent pas. Mais quand renaît le printemps, le feuillage les met à couvert et ils trouvent de nombreuses occasions pour exercer impunément leurs ravages. Veille, ô mon âme, sur l’état de ton propre cœur ! Mets-toi surtout en garde contre les soucis journaliers de la vie présente, et contre les mille choses qui tendent à porter atteinte à ta fertilité. Demeure attachée au véritable cep et nourris-toi de sa sève. Alors tu porteras beaucoup de fruits à la gloire du Père. « Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses présentez vos demandes à Dieu, par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos sentiments en Jésus Christ » (Phil. 4, 6-7).

Dans les temps où la présence du Seigneur apporte du rafraîchissement, aux époques de grand réveil, il n’est pas nécessaire de redoubler de soins. L’œil suit avec bonheur les bourgeons et le développement des fleurs ; l’oreille écoute avec plaisir le chant des oiseaux, les notes douces et expressives de la tourterelle ; mais le gardien de la vigne a autre chose à faire qu’à en admirer les beautés, ou à écouter les chants mélodieux. Il doit prendre garde à ce que le subtil maraudeur ne vienne point se tapir sous le pampre luxuriant pour piller et détruire. Regardez autour de vous ; remontez le cours de vos expériences passées ; abandonnez-vous à vos réflexions ; vous verrez quelle grande partie de votre vigne a été endommagée pour un temps par la malice de l’ennemi qui se tient aux aguets pour commettre ses rapines ! Oh ! comme ils brisent le cœur, de pareils désappointements !

« Saints, redoublez de prudence ! Méfiez-vous du destructeur ! Bouchez les trous par lesquels il peut s’introduire en silence pour ravager les vignes ! Soyez constamment sur vos gardes ; car il est fort, votre ennemi ; à une méchanceté qui ne se donne aucun repos, il unit une finesse consommée, et l’amère certitude qu’il ne lui reste que peu de temps. Vous savez que si vous êtes de Christ, vous finirez, à force de luttes, par confondre l’adversaire et le mettre en déroute. Emparez-vous des méchants qui s’efforcent d’attirer la calamité sur la Jérusalem de Dieu, Dévoilez leurs artifices. Saisissez vos glaives acérés, serviteurs du Seigneur, et, l’épée à la main, le corps recouvert de vos armures, rebâtissez ses murs et ses forteresses renversés. Le plus faible est rendu fort s’il s’attache à Christ ! ».

Le vigneron, après avoir soigneusement veillé à ce que ses plants fussent bien cultivés et émondés, se retire le soir avec l’espérance de les retrouver le lendemain plus beaux encore. Mais, hélas ! à son amer désespoir, le destructeur est venu pendant la nuit, en a ravagé une partie et détruit, semble-t-il, le reste. Pendant que le gardien de la vigne dormait, le renard accomplissait son œuvre de dévastation ; il enfonçait ses dents aiguës jusques au cœur de la tige ; il la dépouillait de son écorce, en brisait les sarments, en répandait les feuilles sur le sol et dévorait les grappes encore vertes. Hélas ! c’étaient les plants les plus florissants, de superbes rejetons qui puisaient leur vigueur dans un terrain fort riche et se développaient sous les rayons bienfaisants du soleil du midi. Ils promettaient une abondante vendange. Et en une nuit, en une heure de ténèbres, tout cela est devenu la proie de l’ennemi ! Mais tandis que le vigneron regardait tristement ses souches détruites, une lueur d’espérance a jailli dans son esprit. Dieu soit béni ! les racines sont intactes, car les renards de l’enfer même ne peuvent pas abîmer les racines d’un seul des plants que le Père a plantés. Mais le dégât était tel que de longtemps il n’y avait pas à s’attendre à recueillir beaucoup de fruits.

L’application est simple et facile. Médite ces enseignements, ô mon âme, dans le secret de la présence divine. Dieu t’a-t-Il donné de l’amour pour les âmes ? un cœur de berger ? Efforce-toi de gagner des pécheurs à Christ ; veille sur les brebis et les agneaux de Son troupeau, guide-les et les conduis aux gras pâturages. « Paissez le troupeau de Christ qui vous est commis, en prenant garde à lui… et quand le souverain Pasteur apparaîtra, vous recevrez la couronne incorruptible de gloire » (1 Pier. 5, 2, 4).

Verset 16. « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui, il paît son troupeau parmi les muguets ».

L’heureuse épouse parle maintenant avec une pleine assurance de la possession de son objet. Il lui appartient en propre, elle le sent, elle le sait : « Mon bien-aimé est à moi ». Elle ne dit pas : « j’espère qu’il est », mais, « il est à moi », sans y apporter l’ombre d’un doute. Quand l’affection est sincère, profonde, le cœur ne se donne point de relâche, il ne peut être satisfait qu’il n’ait obtenu ce qu’il désire.

Nous avons vu précédemment l’épouse dans la parfaite jouissance des bénédictions de son bien-aimé ; nous l’avons entendue parler avec bonheur et admiration de ses nombreuses et excellentes qualités, mais elle ne le possédait pas encore. Quand on possède la personne même, on possède toutes les qualités et les vertus de cette personne. « Il est à moi », lui-même. Ainsi en sera-t-il au dernier jour ; Christ sera pour le résidu, et le résidu pour Christ. « Tu demeureras avec moi, tu ne seras à aucun mari, et aussi je te serai fidèle » (Os. 3, 3). Nous sommes tardifs de cœur à croire. À diverses reprises, l’époux réitère à sa bien-aimée l’assurance de son profond amour et du plaisir qu’il prend en elle ; l’expression de sa tendresse est admirable ; même quand elle dit qu’elle est brune, il lui répond aussitôt : « Ô la plus belle d’entre les femmes ». Comment pouvait-elle douter un seul instant de son affection ? Aussi dès qu’elle la reconnaît, s’écrie-t-elle dans le transport de sa foi : « Il est à moi ! ». Triomphe béni ! Heureuse victoire ! Jésus est à moi ! Jésus est à moi ! Ah ! maintenant il ne s’agit plus seulement des fruits de Son amour ou de Ses qualités, mais de Lui-même ; tout est compris dans Sa personne.

Pourrais-tu parler avec une telle assurance, ô mon âme, de la possession de quelque objet terrestre que ce soit ? Non, certainement. On peut jusqu’à un certain point dire : « Cet argent est à moi ; — cette demeure est à moi, ces honneurs, ce bonheur, sont à moi » ; mais combien tout cela est passager ! Au lieu que lorsqu’on est attaché à Christ, qu’Il est le centre de vos affections, on peut s’écrier avec vérité : « Mon bien-aimé est à moi ! ». Que de fois un objet auquel notre cœur prenait plaisir, ne nous a-t-il pas échappé alors que nous croyions le tenir sûrement, ou ne s’est-il pas flétri dans nos mains comme une fleur détachée de sa tige. Hélas ! que de lamentations les enfants des hommes feront entendre à la fin ! Que de bouches d’où s’échapperont ces cris : « Tous les objets de mes désirs, de ma sollicitude, de mes efforts, voilà, ils ne sont plus à moi maintenant ; jamais ils ne seront à moi, jamais ils ne pourront être à moi ; pour un morceau de viande, j’ai vendu mon droit d’aînesse, et maintenant tout est fini, plus d’espoir, je m’en vais sans argent et sans portion à toujours ! ».

Quelle vanité, de la part de l’homme, que de dire : « C’est à moi ! », en parlant des choses de la terre. En supposant qu’on pût dire, à propos de ce que le monde considère comme précieux : mes richesses, mon influence, mon pouvoir, ma science, ma réputation — de quelle utilité cela est-il et peut-il être pour l’âme, la partie la plus noble de l’homme ? Ah ! quelle différence lorsque Christ, le Bien-aimé, est l’objet des désirs, des affections ! Quelle différence, lorsque la foi peut s’écrier sans la plus légère appréhension : « Christ est à moi ; Il est mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi », à moi maintenant, à moi pour laver mes souillures, à moi pour me revêtir de la justice de Dieu, à moi pour habiter dans mon cœur par Son Esprit, à moi pendant la vie, à moi au milieu des flots du Jourdain, à moi dans la gloire du ciel ! Oui, ô mon âme, et plus, beaucoup plus encore. À moi pour Le contempler, à moi pour Le célébrer, à moi pour prendre soin de moi, à moi pour sympathiser avec moi, à moi pour me secourir, à moi pour m’aider à arriver jusqu’au bout de la course, à supporter la longueur et la fatigue du voyage, à moi pour m’enlever sur Son char de nuées et me prendre avec Lui à jamais ! Eh bien, ô mon âme, dis, cette part te convient-elle ? Est-ce assez pour un pauvre et vil pécheur ?

« Ah ! qui pourrait calculer quels inépuisables trésors sont cachés dans ces mots : Je suis à mon Sauveur et le Sauveur est à moi ? Quelle éclatante perspective ils nous laissent entrevoir pour l’avenir ! L’Épouse de Christ ne craint pas d’en faire usage ; elle y met sa gloire au contraire, et répète sans cesse : Mon Seigneur, mon Dieu, mon Sauveur, mon Bien-aimé ! N’y est-elle pas autorisée par Christ Lui-même ? N’a-t-Il pas dit : Comme le Père m’a aimé, ainsi je vous ai aimés ? N’a-t-Il pas aimé les siens jusqu’à la fin ? Et ne réclame-t-Il pas d’eux un seul don, le don de leurs cœurs ?

Mais avant d’abandonner ce sujet béni, précieux, glorieux, rappelle-toi ta surprise, ton étonnement, en apprenant qu’il y avait des gens capables de laisser de côté, de négliger, de mépriser même cette part, ce Christ, ce Bien-aimé : « car toute la plénitude de la divinité habite corporellement en Lui ». Tout le reste n’est que vanité et néant. Et maintenant, en tant qu’homme ressuscité en gloire, et héritier de toutes choses, Il invite les pauvres et les nécessiteux, les riches et les nobles, les vieux et les jeunes, à venir à Lui, afin de participer à Sa position, à Ses richesses et à Sa gloire. « Parce qu’il n’y a point de différence du Juif et du Grec ; car il y a un même Seigneur de tous, qui est riche envers tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. 10, 12, 13).

On rencontre cependant de bien chères âmes, qui aiment réellement le Seigneur et se confient en Lui, qui n’osent pas dire : « Mon bien-aimé est à moi ». Elles pensent qu’un tel langage serait de la présomption. Elles oublient sûrement que c’est Lui qui le tient le premier. Et peut-il y avoir de la présomption à affirmer que Sa parole est véritable ? Il y a toujours plus d’humilité à se laisser guider par Sa Parole, que par nos propres pensées ou nos propres sentiments. D’ailleurs, comment en est-on venu à L’aimer ainsi ? Parce que Lui a aimé le premier. « Nous l’aimons, dit Jean, parce qu’il nous a aimés le premier ». Nous ne prévenons jamais Christ. L’âme qui désire réellement Christ et Son salut, obtient les deux à la fois. Elle peut ne pas le croire, mais ce n’en est pas moins vrai. Il a déjà visité cette âme, dans les richesses de Sa grâce. Il crée en elle le désir qu’Il veut satisfaire, l’amour qu’Il veut rencontrer, la foi à laquelle Il veut répondre. Tout ce qui est bon vient d’en haut ; rien de bon ne prend naturellement son origine dans nos cœurs. Rien de bon ne peut y être implanté par le monde ou par Satan. Tout ce qui est bon doit nécessairement descendre d’en haut, et c’est le Saint Esprit qui introduit cela au-dedans de l’âme, par l’évangile. Toute bonne pensée ou tout bon désir procède du Seigneur, de sorte que nous pouvons dire avec vérité : désirer Christ, c’est L’avoir ; désirer Son salut, c’est L’avoir. Toute âme qui souhaite vraiment connaître Christ, se confier en Lui, L’aimer, Le servir, Le glorifier, Le connaîtra certainement, jouira de Lui, L’aimera, Le servira et Le glorifiera à jamais. L’homme peut éveiller des espérances qu’il est incapable de satisfaire ; il peut faire naître l’amour et le tuer par d’amers désappointements. Il n’en est pas ainsi du Sauveur ; Il est le vrai Dieu, Son amour est parfait et a été pleinement manifesté.

Chers frères qui partagez ma foi, soyez donc assurés que Christ est à nous, oui à nous, par le don gratuit de Dieu, à nous par le don qu’Il a fait de Lui-même, de manière qu’il nous est permis de dire en toute humilité : « Jésus est à moi ! Mon Bien-aimé est à moi ». Puissent nos âmes être rendues capables d’avoir une intelligence toujours plus saine et plus vive de tout ce qu’Il est et de tout ce qu’Il a pour nous !

« Et je suis à lui ». L’épouse sait très bien qu’elle appartient à son bien-aimé. Il l’a souvent assurée de cette précieuse vérité. Elle a l’habitude de dire aux autres ce qu’elle pense de lui ; lui, s’adresse directement à elle-même : « Ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ». On trouve en lui la dignité et la gloire du chef. N’est-ce pas une pensée vraiment bénie, que le chrétien ne relève de personne autre que de Christ, et est assujetti à Lui seul ? « Que personne donc ne se glorifie dans les hommes, dit l’apôtre, car toutes choses sont à vous : soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir, toutes choses sont à vous, vous êtes à Christ et Christ est à Dieu » (1 Cor. 3, 21, 22). Précieuse vérité ! Elle est nettement formulée. Cette parole est immuable : « Vous êtes à Christ ». Chacun peut dire individuellement : « Je suis à Lui ». Ainsi nous honorons la Parole de Dieu. Nous Lui appartenons exclusivement, et ne dépendons que de Lui seul.

Il est dit en outre : « Toutes choses sont à vous ». Tant que nous n’appartenons à personne autre qu’à Christ, toutes choses nous appartiennent. « Soit Paul, ou Apollos, ou Céphas », etc. Toutes choses sont à notre service et ne nous maîtrisent plus. La mort elle-même a perdu sa domination, elle n’est plus pour le croyant un maître, mais un messager de paix ; elle est sa servante. Elle ne peut plus me considérer comme sa proie ; le monde ne peut plus se vanter que je lui appartiens, l’ennemi ne peut plus dire que je suis à lui. Cette précieuse parole : « vous êtes à Christ », et à nul autre, met tout en règle. Oh ! croyez-y afin de ne suivre que Christ. Il nous a rachetés à grand prix ; nous Lui appartenons par droit d’acquisition ; le prix qu’Il a payé, c’est Son sang précieux. Mais ne te suffit-il pas, ô mon âme, de savoir que tu es à Lui, à Lui dès maintenant et à jamais, à Lui pour le temps, à Lui pour l’éternité ? Oui, Seigneur, c’est assez ; c’est une source de consolation et de repos pour mon cœur, d’énergie et de force pour ma vie, que de savoir que tu es à moi, que je suis à toi, et que jamais je n’appartiendrai à un autre. Ô mon âme, fais de ces réalités l’objet de tes méditations, examine-les soigneusement de près. Bien que tu ne doives pas t’en occuper constamment, reviens-y de nouveau. Tu y trouveras de vifs rafraîchissements.

« Il paît son troupeau parmi les muguets ». Elle se souvient du nom qu’il lui a donné, « le muguet ». Elle le répète avec bonheur, mais sans présomption. Oh ! puissions-nous songer davantage aux expressions dont Il se sert, aux titres qu’Il donne ! En la désignant sous le nom « du muguet », il embrassait tous les siens ; aussi les appelle-t-elle tous « des muguets ». Elle sait de plus qu’il paît son troupeau parmi les muguets. C’est là qu’on le trouve, c’est au milieu d’eux qu’il prend son plaisir, sa satisfaction, ses délices. Puisse-t-il continuer à mettre sa joie à ramasser des muguets dans son jardin, tout le temps qu’il diffère sa venue !

Verset 17. « Avant que l’aurore paraisse et que les ombres s’enfuient, retourne, mon bien-aimé, et sois comme le chevreuil ou le faon des biches sur les montagnes entrecoupées ».

La parfaite assurance de l’amour de son bien-aimé, et la jouissance bénie de lui-même par la foi, accroît le désir qu’elle éprouve de voir luire le jour de sa gloire. Alors toutes les ombres seront dissipées. Comme il sera la réalisation de tous les types et de toutes les ombres, ils n’existeront plus dès qu’il apparaîtra. Maintenant nous voyons obscurément, à travers un miroir, alors nous verrons face à face. Nous verrons ce même Jésus alors comme nous voyons maintenant, mais le miroir, qui ne produit qu’une ressemblance imparfaite, sera écarté ; « nous Le verrons tel qu’il est ». Pour Israël, les rayons levants du soleil de justice chasseront à jamais les ténèbres de la nuit, et l’obscurité de leur long et stérile hiver. Les fleurs paraissent, on commence à entendre le chant des oiseaux, la création tressaille de joie.

L’exercice de la foi et de l’espérance dans ces deux versets est admirable et instructif. En réponse à la description que l’époux a faite du glorieux jour millénial et de la place que sa bien-aimée occupe dans son cœur (v. 10-15), elle exprime ainsi sa foi : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui » ; et son espérance : « Avant que l’aurore paraisse et que les ombres s’enfuient ». Il n’est pas question dans sa pensée du jour de gloire qui est proche ; elle en attend seulement l’aurore, et elle sait qu’avant l’éclat du matin, toute ombre sera dissipée. « Il est comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, du matin qui est sans nuages ; il est comme l’herbe qui sort de la terre après la lumière du soleil, quand il paraît après la pluie » (2 Sam. 23, 4).

Mais en attendant l’aurore de ce jour béni, elle prie son bien-aimé de demeurer avec elle. Elle désire ardemment jouir de sa gracieuse présence, des consolations et du soutien que procure son amour, jusqu’à ce qu’il apparaisse lui-même en gloire. Elle s’attache à la personne de son bien-aimé. Heureux fruit d’une foi ferme et d’une espérance bénie !

« Retourne, mon bien-aimé, et sois comme le chevreuil ou le faon des biches sur les montagnes entrecoupées ». Elle est encore dans le désert, en proie à mille épreuves. Semblable à un pays entrecoupé de montagnes et de vallées, son sentier est difficile. Il lui tarde que son bien-aimé vienne en puissance et en gloire, avec la célérité du chevreuil ou du cerf sur les montagnes. Que sont les montagnes et les vallées pour la gazelle légère ? Rien. Que sont toutes les difficultés du complet rétablissement d’Israël pour le Seigneur ? Rien. Un rayon de Sa gloire à venir frappera de terreur les cœurs des ennemis de Son peuple et préparera la voie à Ses rachetés pour retourner et venir en Sion avec chant de triomphe ; « une joie éternelle sera sur leurs têtes, ils obtiendront la joie et l’allégresse ; la douleur et le gémissement s’enfuiront » (És. 35, 10). Alors, « toute vallée sera comblée, et toute montagne et tout coteau seront abaissés, et les lieux tortus seront redressés, et les lieux raboteux seront aplanis ; la gloire de l’Éternel se manifestera, et toute chair ensemble la verra ; car la bouche de l’Éternel a parlé » (És. 40, 4, 5). Mais jusqu’à ce qu’arrive ce moment si impatiemment attendu, l’épouse prie l’époux de la maintenir dans la jouissance de son amour et de l’environner de sa faveur comme d’un bouclier. Divine harmonie ! Heureux fruits de la grâce ! La foi qui s’attache à la Parole, l’espérance qui épie la première lueur du malin, la prière pour jouir actuellement de Sa bienfaisante présence ! Elle insiste, et elle insisterait avec plus de force encore si c’était nécessaire, pour être immédiatement avec Lui.

Songe sérieusement à toutes ces choses, ô mon âme ! Est-ce là ta condition ? Ajoutant foi à la Parole du Seigneur, attends-tu, soupires-tu après Son retour ? Demandes-tu constamment d’être maintenue en Sa présence, « jusqu’à ce qu’il vienne » ? On dit que l’heure qui précède l’aurore est la plus froide et la plus sombre de la nuit. Ainsi en sera-t-il pour le résidu juif au dernier jour. « Hélas ! que cette journée-là est grande ! Il n’y en a point eu de semblable, et elle sera un temps de détresse à Jacob ; mais il en sera pourtant délivré ! » (Jér. 30, 7). Mais la première lueur du matin sera pour le résidu qui attend et qui prie, le signal de la délivrance, celui de la destruction pour ses orgueilleux oppresseurs. « Sachez également ceci », dit l’apôtre, écrivant pour l’Église, « c’est qu’aux derniers jours, il y aura des temps fâcheux ». Heureux ceux qui se tiennent fermes à la Parole, suivant le Seigneur et attendant Sa venue ! La dernière heure de la nuit peut être froide et ténébreuse, mais ne t’en inquiète pas, ô mon âme, supporte la veille, prie ; le matin va briller ; sentinelle vigilante, demeure sur ta tour élevée. Bienheureux ceux dont l’œil vigilant saisira le premier rayon de l’étoile du matin.

« Mais vous, mes bien-aimés, vous appuyant vous-mêmes sur votre sainte foi et priant par le Saint Esprit, conservez-vous les uns les autres dans l’amour de Dieu, en attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ, pour obtenir la vie éternelle » (Jude 20-21).

Chapitre 3

Verset 1. « J’ai cherché, durant les nuits, sur mon lit, celui qu’aime mon âme ; je l’ai cherché, mais je ne l’ai point trouvé ».

Le cœur de l’épouse ressent la solitude de la nuit, en attendant l’aurore. Elle pense à celui qui amène avec lui la lumière du jour. Mais elle a perdu le sentiment de sa communion ; c’est là sa faute. Sa conscience n’est pas endormie, son affection est vivante : « J’ai cherché celui qu’aime mon âme ». Et pourtant elle est malheureuse, affligée. Pourquoi cela, ô mon âme ? D’où peut provenir cette tristesse ? Dans le cours de tes méditations, aurais-tu découvert la cause secrète d’un semblable état ? Comment concilier ces sentiments contraires ? Il ne saurait y avoir d’autre raison que celle-ci : le regard de l’épouse ne repose pas sur le bien-aimé lui-même. On peut trouver d’autres motifs apparents ; celui-là est le vrai. Son œil s’est porté sur d’autres objets, et la voilà plongée dans les ténèbres, dans une profonde solitude. Elle est en repos quant à son salut ; « mon lit », un lieu de repos ; et cependant, pour le moment, son âme se trouve dans la nuit.

Il importe peu à l’ennemi, pour l’exécution de ses projets, de quel côté se dirige le regard, pourvu seulement qu’il soit détourné de Christ. Il peut se porter sur ce qu’il y a de meilleur, par exemple sur l’œuvre du Seigneur, sur nos frères, sur l’amour fraternel, sur la communion des saints. Ces choses elles-mêmes, si bénies qu’elles soient, amèneront une chute, si l’une d’elles, usurpant la place qui appartient à la personne de Christ, devient l’objet dominant du cœur. Et que dirons-nous quand, sous mille formes variées, c’est à soi-même ou au monde que l’on s’attache ? Oh ! alors, ce qui en résulte, ce sont d’épaisses ténèbres, une grande faiblesse et une déplorable confusion.

Quelques-uns, je le sais, excusent un pareil état de l’âme en disant que c’est le Seigneur qui cache Sa face, qu’Il veut nous éprouver et ranimer notre affection pour Lui. Rien dans le Cantique des cantiques ne nous prouve que le bien-aimé ait recours à de tels moyens. Ici, comme dans son symbole de l’offrande du gâteau, il demeure parfaitement le même, malgré ses variations, à elle. Et sûrement une telle idée serait en contradiction avec l’enseignement renfermé dans les épîtres. Le jugement qui a frappé l’Agneau, a déchiré aussi le voile, de sorte que Christ et Ses rachetés ont pu entrer dans le saint des saints, et sont dans la lumière comme Dieu est dans la lumière. Assurément Christ demeure dans la lumière ; Il n’est jamais dans les ténèbres ; et nous, nous sommes là où Il est et tels qu’Il est. « Les ténèbres sont passées », ainsi que s’exprime Jean, « et la vraie lumière brille maintenant » ; et il ajoute : « Tel qu’il est, tels nous sommes dans ce monde ». Une fois en Christ, il n’y a plus de voile.

Quand elle est entourée de ténèbres, je l’admets, il semble à l’âme que Christ s’est retiré Lui-même d’elle, et l’a délaissée. Mais en pareil cas, c’est l’âme qui s’est éloignée de Lui. Il est évident qu’elle ne jouira pas de la manifestation de l’amour divin, lorsqu’elle perd Christ de vue, comme lorsqu’elle Le suit de près. Ainsi que le dit le Seigneur : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14, 23). Ceci me paraît suffisamment clair. Le Seigneur est toujours le même ; Il ne change pas. Quand il s’opère un changement dans notre communion, dans notre jouissance de Christ, il provient uniquement de nous-mêmes. Nous pouvons être persuadés qu’Il nous donnera le plus de témoignages possibles de Son amour, aussi longtemps que nos yeux demeureront fixés sur la personne du Seigneur ; et aussi longtemps qu’Il sera l’objet, le centre de nos affections, la lumière, l’amour, la paix et la joie rempliront notre âme.

Mais dès l’instant où l’œil s’égare, dès l’instant où tous ses rayons ne convergent pas sur Christ, les ténèbres s’épaississent autour de l’âme ; et bientôt, grâce à la ruse de l’ennemi, arrive le train des perplexités, des agitations, du trouble des pensées et des sentiments. « La lumière du corps, c’est l’œil : si donc ton œil est net, tout ton corps sera éclairé » (Matt. 6, 22).

Retire donc, ô mon âme, des expériences de l’épouse, cette leçon dont tu as tant besoin, à savoir, que « rien de moins que la personne du Seigneur Jésus Christ, ne peut jamais satisfaire les affections de la nouvelle nature ». « N’avez-vous point vu celui qu’aime mon âme », est le premier cri, le cri spontané de cette nature quand elle ne voit pas Christ Lui-même. La forme du cri peut différer selon les individus, mais la cause de leur inquiétude est la même chez tous. Un œil simple n’a pas en vue deux objets. L’épouse est demeurée occupée, pendant la nuit, d’autre chose que de son bien-aimé. Peut-être songeait-elle à la solitude, aux fatigues de la route ; peut-être entrevoyait-elle par anticipation les splendeurs de l’aurore prête à paraître ; mais à coup sûr, ce n’était pas sur Christ Lui-même que se portait directement sa pensée, comme lorsqu’elle s’écriait : « Mon bien-aimé est avec moi, comme un sachet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes mamelles ». Alors la paix et la joie inondaient son âme, et elle répandait autour d’elle le doux parfum de son nom. Maintenant elle est en proie à l’agitation et au trouble, et sa chute est manifeste.

Versets 2, 3. « Je me lèverai maintenant et je ferai le tour de la ville, des carrefours et des places, et je chercherai celui qu’aime mon âme. Je l’ai cherché, mais je ne l’ai point trouvé. Le guet qui faisait la ronde par la ville, m’a trouvée. N’avez-vous point vu, leur ai-je dit, celui qu’aime mon âme ? ».

La position de l’épouse a changé, mais elle n’a pas encore trouvé le repos. Elle a secoué sa nonchalance : son langage est celui de la passion. Mais ce n’est pas dans les rues et les places de la ville, où le guet est chargé de maintenir l’ordre, que se trouve son bien-aimé. « Il paît son troupeau parmi les muguets ». Elle le savait très bien ; seulement elle était honteuse et troublée, comme beaucoup le sont en de semblables circonstances. Les traces du troupeau, les cabanes des bergers, l’herbe qui croît, la montagne de myrrhe, le coteau d’encens, la campagne, le jardin, les drogues aromatiques, les scènes champêtres, étaient les lieux de prédilection de l’époux, et c’est là qu’il se tenait. C’est pourquoi, si l’inaction de l’épouse était une chute, l’activité qu’elle déployait après était une faute, faute qui aurait pu être évitée si elle s’était humiliée et avait confessé son péché. Cependant, oh ! qui pourrait ne pas admirer la ferveur de son amour, l’abondance de son cœur, la sincérité de sa confession ? Quatre fois dans ces quatre versets, elle parle de « celui qu’aime son âme ». Elle ne prétend jamais l’avoir trouvé jusqu’à ce qu’elle l’ait, ou être heureuse tant qu’elle ne l’est pas réellement. Plaise à Dieu que dans nos chutes nous déployions autant d’affection, autant d’ardeur, autant de loyauté. C’était la vivacité même de sa tendresse qui révélait sa chute. Oh ! puissions-nous, toutes les fois que nous nous éloignons de Dieu, être découverts par le moyen de notre affection profonde pour la personne adorable et bénie de Christ !

Mais telle est l’intensité de la tendresse de l’épouse pour son bien-aimé que rien de ce qui n’était pas lui-même n’aurait pu répondre aux besoins de son cœur. Eût-elle été dans le ciel, au lieu d’aller dans la ville, si elle ne l’y avait pas trouvé, il en eût été absolument de même : elle aurait passé successivement de scène en scène et de gloire en gloire, en adressant à tous ceux qu’elle aurait rencontrés sur son chemin la même question : « N’avez-vous point vu celui qu’aime mon âme ? ». Les cieux avec toutes leurs splendeurs, Lui absent, auraient été impuissants à satisfaire les affections de son âme renouvelée. C’était Lui-même qu’elle cherchait : c’était la personne de son Seigneur adoré, et rien autre, non, rien au monde n’aurait pu prendre Sa place. Seul l’amour du Rédempteur peut satisfaire l’amour de l’Épouse. Tel est l’ordre céleste, l’ordre voulu par la sagesse et la bonté de Dieu. Ainsi le Seigneur devient l’objet et le centre de tous les cœurs renouvelés, comme Il l’est de Dieu, et aussi l’objet et le centre de toutes leurs voies, comme Il a été et sera toujours l’unique objet, le centre de toutes les voies de Dieu.

Nous pouvons retirer une leçon profondément précieuse et très pratique de cette vérité capitale. « L’amour est de Dieu ; et quiconque aime, est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour… Par ceci nous savons que nous demeurons en lui, et lui en nous, (c’est) qu’il nous a donné de son Esprit » (1 Jean 4, 7-19). Au jour de notre régénération, quand nous sommes « nés de l’Esprit », l’âme reçoit une nouvelle vie qui ne trouve son repos qu’en Jésus. « Venez à moi, je vous donnerai le repos ». C’est là le repos de Dieu et de notre nouvelle vie. C’est au-dessus du monde, au-dessus des nuages, au-dessus des tempêtes, au-dessus des cieux, sur le sein du Bien-aimé qu’elle a son repos. Comment donc se fait-il que tant de chrétiens sincères sont étrangers à une paix solide et au repos, pour ne pas parler de la joie et de l’amour ? Tout simplement parce que Christ n’est pas Lui-même l’objet de leur esprit et de leur cœur, dans toutes leurs voies, qu’il s’agisse de Dieu ou des hommes. C’est cette raison seule qui explique l’état d’inquiétude, d’agitation de véritables chrétiens. Du moment que Christ obtient dans le cœur la place qui Lui appartient, toutes les autres choses descendent aussitôt à la leur conformément à l’ordre divin. Mais si on laisse s’interposer quelque chose entre le cœur et Christ, le Saint Esprit est attristé, les ténèbres envahissent l’âme, suivent la faiblesse et la confusion, et l’être moral tout entier est dans un état de désordre.

Verset 4. « À peine les avais-je passés, que je trouvai celui que mon âme aime ; je le pris, et je ne le lâcherai point que je ne l’aie amené à la maison de ma mère et dans la chambre de celle qui m’a conçue ».

Grande fut la joie de l’heureuse Sulamithe, lorsqu’elle trouva son bien-aimé. « Je l’ai trouvé », précieuse parole ! moi, la pauvre, la faible, l’errante, l’indigne créature. « Je l’ai trouvé », je « L’ai trouvé » — Celui qui est la source de toute joie, la fontaine de toute bénédiction. La voilà récompensée de sa recherche ardente, pleine de tendresse. Il en est toujours ainsi. « Qui cherche, trouve ». Un cœur réellement tourné vers le Seigneur, Le trouve bientôt. Il prend Son plaisir à se révéler à des cœurs pareils, comme Il fit à Marie. Il rencontre son épouse sur le chemin. Elle le voit — elle l’embrasse — elle le prend, elle ne le lâchera point qu’elle ne l’ait amené à la maison de sa mère.

Mais quelque grande que fût sa joie, elle n’était rien en comparaison de celle du bien-aimé. À première vue, il peut sembler que la joie est toute d’un côté, mais il n’en était pas ainsi. Notre douleur de la perte de celui que nous aimons, et notre joie de le retrouver, seront proportionnées à l’amour que nous avons pour lui. Vérité précieuse, quand on la voit en Christ ! Quel champ elle offre à notre méditation, quels trésors à y découvrir ! Nous pouvons y apprendre bien des choses sur les affections du Seigneur et Ses profondes sympathies pour Son peuple. Prenez un exemple.

Supposé que l’amour de l’époux soit cent fois plus grand que celui de l’épouse, la douleur qu’il éprouverait en la voyant ainsi errer serait-elle cent fois plus profonde que la douleur de celle qui s’est égarée ? Très certainement. Le degré de l’affection fait le degré de la peine ou de la joie. Quelle proportion y avait-il entre la joie du père et celle du fils prodigue, quand ils se rencontrèrent ? ou plutôt quelle différence ? Infinie ! Et il en doit être toujours ainsi, entre le cœur du Seigneur et le cœur des siens. Oh ! combien nous devrions être attentifs et vigilants de peur d’errer, et d’attrister par là et froisser le cœur si tendre, si aimant de Jésus. Et quel motif aussi pour nous repentir et revenir à Lui, quand nous avons erré loin de Lui, l’affligeant et déshonorant Son saint nom !

Mais qui est la mère, demandera-t-on peut-être, et que faut-il entendre par la maison de la mère ? Les prophéties d’Osée nous fournissent pleinement la réponse. « Appelez vos frères, Ammi ; et vos sœurs, Rukhama. Plaidez, plaidez avec votre mère ». Israël, en tant que nation, est la mère. Et quand les relations longtemps interrompues de l’Éternel avec Son ancien peuple seront rétablies, l’Éternel sera entré dans la maison de la mère. Mais nous nous sommes arrêtés déjà à diverses reprises sur ces points dans nos méditations, et il n’est pas nécessaire de nous y arrêter davantage ici.

L’épouse, ou le résidu fidèle de la nation, connaissant l’amour de son époux, se jette dans ses bras. Il ne pouvait y avoir pour elle de lieu de repos jusqu’à ce qu’elle l’eût trouvé. Et maintenant, épuisée et lasse de ses égarements, semblable au fils prodigue dans le pays éloigné, elle trouve son parfait repos dans son immuable amour. Le cœur du bien-aimé est le seul lieu de repos de son cœur. « Filles de Jérusalem, je vous adjure par les chevreuils et par les biches des champs que vous ne réveilliez point celle que j’aime, que vous ne la réveilliez point jusqu’à ce qu’elle le veuille ». Nous avons considéré cette adjuration en méditant le chapitre 2, 7. Elle se retrouve encore chapitre 8, 4, et chaque fois qu’elle est reproduite, la venue du Seigneur suit immédiatement. Dans le chapitre 2, 7, c’est la révélation de sa personne elle-même : « C’est ici la voix de mon bien-aimé ; le voici qui vient ». C’est de lui-même personnellement qu’il est question là. Au chapitre 3, 5, c’est le Messie venant en cortège royal, comme le vrai Salomon, couronné roi d’Israël par le cœur de la nation : « Regardez le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l’a couronné au jour de ses épousailles, et au jour de la joie de son cœur ». Le chapitre 8, 4 nous montre l’épouse quittant le désert comme unie à l’époux. Le progrès est manifeste. « Qui est celle-ci qui monte du désert mollement appuyée sur son bien-aimé ». C’est là tout ce que le cœur désire ; c’est le comble de la félicité. Être avec Christ — un avec Lui — et semblable à Lui, constitue la pleine, parfaite, et éternelle bénédiction de tous les siens.

La fin du chapitre, à partir du sixième verset, nous présente le tableau prophétique de la venue de l’époux montant du désert avec son épouse : « Qui est celle-ci (vers. angl. dans tous les cas analogues : Qui est celui-ci) qui monte du désert comme des colonnes de fumée en forme de palmiers, parfumée de myrrhe et d’encens, et de toute sorte de poudre de parfumeur ? ». Les Juifs ne s’élèvent pas, comme l’Église, à la rencontre du Seigneur, en l’air. Le Seigneur vient là où ils sont eux-mêmes. L’Esprit de prophétie nous apprend qu’ils étaient ensemble dans le désert. C’est là qu’Il s’est révélé à elle comme le vrai Messie, dans Son immuable amour « Voici, je l’attirerai après que je l’aurai promenée par le désert, et je lui parlerai selon son cœur ». « Et deux ailes d’un grand aigle furent données à la femme (au résidu juif), afin qu’elle s’envolât dans le désert, en son lieu, où elle est nourrie un temps, des temps et la moitié d’un temps, loin de la face du serpent » (Os. 2 ; Apoc. 12).

Et maintenant, à l’heure où s’accomplit la prophétie que nous méditons, ces « temps » sont écoulés. Les solennels événements accumulés dans ces années tant remplies se sont rapidement succédés. Le serpent ancien a été enfermé dans l’abîme, la bête et le faux prophète ont été jetés dans le lac de feu, et les nations rebelles ont été jugées. « Le balai de destruction » a balayé l’empire de l’antichrist. Ce que l’homme est a été pleinement démontré. Désormais il est mis de côté pour toujours comme vaisseau de témoignage, et Christ vient pour prendre la place de fidèle et véritable témoin pour Dieu sur la terre. La scène étant ainsi purifiée, le trône du Fils de David, du Prince de paix, est établi ; et l’Épouse du Roi est amenée avec les honneurs royaux du lieu où elle était cachée dans le désert. Glorieux spectacle ! Le jour paraît ! Le soleil levant inonde de ses rayons le pays. Jérusalem est pleine de joie. Et d’un commun accord tous s’écrieront désormais, sans que le cri ravissant expire comme jadis sur leurs lèvres : « Hosannah ! Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur ».

Le cortège royal s’avance. C’en est fait pour toujours du désert. Nous pouvons voir dans le verset sixième la description des grâces qui brillent dans l’épouse, la fumée d’encens et les drogues aromatiques symbolisant la louange, l’action de grâces, et les autres fruits de l’Esprit. Les versets 7, 8, 9, 10 disent plus particulièrement les dignités, les grandeurs, et les gloires du Roi. « Le lit » ou « chariot » est le char royal. Mais remarquez surtout qu’il est l’ouvrage du Roi lui-même. « Le roi Salomon s’est fait un lit du bois du Liban ». Christ pourvoit à tout et prépare tout pour les siens. Il ne nous laisse rien à faire, qu’à jouir de ce qu’Il a fait. Le bois de cèdre est le symbole de ce qui est incorruptible et de bonne odeur ; les colonnes, celui de la force ; l’« argent », celui de la pureté ; « l’or », celui de la justice divine ; la « pourpre », celui de la royauté. « L’amour » est la source de tout — Dieu est amour. « Les filles de Jérusalem » et « les filles de Sion » renferment une allusion aux villes et aux tribus d’Israël, en faveur de chacune desquelles l’amour divin a frayé la voie à la dignité nationale, et à la gloire du millénium.

Chapitre 4

Verset 1. « Te voilà belle, ma grande amie, te voilà belle ; tes yeux sont comme ceux des colombes entre tes tresses ; tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres lesquelles on tond lorsqu’elles sont descendues de la montagne de Galaad ».

Dès que la femme eut touché le bord du vêtement du divin Rédempteur, la puissance qui était en Lui déploya son efficace en elle (Marc 5). Le doigt de la foi ne toucha pas seulement le bord du vêtement de Christ, il toucha aussi le ressort secret de Son cœur que la foi seule pouvait atteindre : et tous les trésors de ce cœur furent ouverts à la foi. L’effet fut immédiat et parfait. La source de son mal fut tarie, et tous les courants auxquels elle donnait naissance furent emportés. « Elle connut en son corps qu’elle était guérie du fléau ». Elle était néanmoins sans la paix ou le repos de l’âme, pour ne rien dire de la joie. Elle tomba aux pieds de Jésus « effrayée et toute tremblante ». Arrête-toi ici un peu, ô mon âme, et médite dans la solitude du sanctuaire, sur cette scène pleine d’instruction.

Est-il possible, je le demande, qu’un croyant possède toute la vertu qui se trouve dans le Seigneur et que pourtant il soit étranger à la paix ? Il en fut ainsi de la chère femme qui nous occupe et dont la foi était grande. Et il en est ainsi, hélas ! de milliers d’enfants de Dieu en nos jours. Pour beaucoup, il y a là-dedans un mystère ; comment faut-il l’expliquer ? Dans le cas de la femme, la chose est assez claire ; et nous y trouvons aussi l’explication de tous les autres cas. Quoiqu’elle eût éprouvé relativement à son besoin extrême, l’efficace de toute la puissance qui était en Christ, elle était étrangère encore aux pensées de Son cœur envers elle. Elle avait besoin de la révélation de ce cœur à elle-même, pour lui donner parfaite paix en Sa présence. Ce qui lui manquait, c’était la connaissance de ce que le Seigneur pensait à son sujet ; et c’est là ce dont a besoin tout pécheur, aussi bien que la femme. Christ ne refuse rien à la foi. La foi assure tout d’abord à l’âme tout ce qu’Il est Lui-même, et tout ce qu’Il a à donner ; mais le parfait repos de l’âme ne se trouve que dans la connaissance du cœur qui a fait l’abandon de tout afin de nous gagner à Lui-même. C’est alors, mais non pas avant, que nous sommes dans le plein repos de Son amour. Oh ! quel bonheur de connaître Ses propres pensées à notre égard, de connaître Son amour pour nous ! « Il m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi » ! C’est bien le chant le plus sublime dont nous ferons jamais retentir les cieux.

Mais un coup d’œil encore, ô mon âme, avant de la quitter, sur cette scène bénie. Arrête-toi, ne serait-ce qu’un instant, aux effusions de l’amour du Sauveur pour cette pauvre femme. Qui saurait le comprendre, l’amour qui respire dans ces paroles : « Et il regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela » ? Quel amour ! Son cœur tressaille de joie ! Il a remporté son prix ! De toute éternité, Ses regards se portaient en avant sur ce moment bienheureux. Les œuvres de Satan sont détruites, Dieu est glorifié — la grâce brille et la foi triomphe. Mais il faut que ses yeux s’arrêtent sur elle. « Où est celle qui a fait cela ? ». Avec quel intérêt Ses yeux la contemplent ! Et maintenant, Il se révèle Lui-même à son cœur, et remplit son âme de la paix et de la joie de Son salut. « Ma fille » — expression de la parenté la plus intime et la plus chère — le plus tendre des liens humains — « ta foi t’a guérie ; va-t-en en paix, et sois guérie de ton fléau ».

Ces réflexions nous ont été suggérées par la méditation des sept premiers versets de ce merveilleux chapitre. Ici, le bien-aimé révèle d’une manière remarquable à celle qu’il aime les pensées de son cœur à son sujet, au sujet de la beauté sans égale dont elle resplendit à ses yeux. Oh ! puissions-nous être réellement circoncis de cœur et d’oreilles pour recevoir et retenir à toujours les paroles que l’époux a choisies pour exprimer l’admiration que lui inspire son épouse ! Il s’assied, pour ainsi dire, et contemple avec ravissement et délices, chacun des traits de sa belle fiancée. Ensuite il lui dit ouvertement à elle-même son amour et son admiration. « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ». De pareilles louanges de la part de l’homme seraient extrêmement pernicieuses ; mais sortant des lèvres de Christ, elles ne font que donner plus de profondeur à notre humilité et nous rendre plus semblables à Lui. Elles inondent l’âme d’une joie calme et pleine de paix ; elles nous unissent plus étroitement à Son cœur, et nous transforment davantage à Sa ressemblance. Elles sont le fondement béni de la plus intime communion.

Après avoir, en termes généraux, donné au cœur de l’Épouse l’assurance qu’elle est « belle » à ses yeux, Christ énumère sept traits particuliers qu’Il a contemplés séparément et minutieusement avec de grandes délices : ses yeux, ses cheveux, ses dents, ses lèvres, ses tempes, son cou, ses mamelles. Chaque trait étant parfait en lui-même, il voit en elle réunies la perfection et la beauté : « Tu es toute belle, ma grande amie, il n’y a point de tache en toi ». Le soin minutieux qu’il met à la considérer manifeste l’intérêt et les délices sans bornes qu’il prend en elle. Le nombre sept aussi, suggère l’idée de quelque chose d’accompli, de parfait. Mais devons-nous nous en étonner ? « La beauté de l’Éternel notre Dieu est sur nous » (Ps. 90, 17, vers. angl.). Dans toutes les parties et les proportions, le croyant est parfait dans la perfection de Christ, et d’un aspect tout plein de grâce dans Sa grâce à Lui. Christ a ôté tout ce qui était à nous, et nous a donné ce qui est à Lui. Aussi sommes-nous exhortés à dépouiller le vieil homme, et à revêtir le nouvel homme, qui est créé selon Dieu en justice et en vraie sainteté (Éph. 4, 22, 23, 24) Maintenant considérons rapidement chacun des sept traits à part.

« Tes yeux sont comme ceux des colombes entre tes tresses ». Selon la loi cérémonielle, la colombe était un oiseau pur ; c’était le seul de tous les animaux ailés qui fût offert en sacrifice sur l’autel de Dieu (voir la méditation sur le chap. 1, 14) ; elle est l’emblème bien connu de l’humilité, de la chasteté et de l’innocence. « Tes yeux sont comme ceux des colombes ». L’œil est un terme souvent employé dans l’Écriture pour désigner la lumière et l’intelligence spirituelles. « Si donc ton œil est simple, tout son corps sera éclairé ». Mais il y a dans les yeux de la colombe une particularité qu’il peut être dans l’intention du Saint Esprit de faire servir à donner au croyant une leçon bien nécessaire : je veux dire son étonnante faculté pour voir de loin. On suppose qu’elle aperçoit son colombier d’une distance immense. Emportée loin du lieu où il se trouve, on peut la voir, lorsqu’elle a été délivrée de sa cage, s’élever très haut — se tenir fermement dans l’air, jusqu’à ce qu’elle ait découvert son chemin pour retourner à sa demeure vers laquelle elle prend alors son vol d’une manière aussi directe que rapide. Oh ! que n’avons-nous cette puissance de vision lointaine et céleste, afin de pouvoir oublier les choses qui sont derrière et tendre avec effort vers celles qui sont devant — après avoir vu par la foi Jésus ressuscité. Christ est Lui-même, personnellement, le but du chrétien — mais il faut que nous voyions « le but » avant de pouvoir prendre notre essor vers lui. Fixe, d’abord, tes yeux, ô mon âme, sur l’homme ressuscité, exalté en gloire. Ensuite, tends avec effort au but, vers « le prix de la céleste vocation de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3). La comparaison est facile à comprendre — est-elle vraie de toi, ô mon âme ? C’est ici la question : À quoi vises-tu ? Que poursuis-tu dans ta course ? Quelle direction suis-tu ? Remarquez-le bien, les beaux yeux, les yeux rayonnants de l’épouse, regardant à travers ses tresses flottantes, rencontrent les yeux du bien-aimé remplis d’admiration, et ravissent son cœur : « tes yeux sont comme ceux des colombes entre tes tresses ». Ses tresses adoucissent leur éclat.

« Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres qui apparaissent de la montagne de Galaad » (vers. angl.). Il se peut qu’ici les termes de comparaison soient le poil long et luisant des chèvres qui broutent sur la montagne de Galaad, et la circonstance qu’elles apparaissent comme un troupeau, dans l’unité d’une troupe paissant dans les riches pâturages des lieux élevés. L’effet, pour l’œil, doit avoir été un sentiment de profusion dans chacune en particulier, et un sentiment d’unité dans l’ensemble. « Une longue chevelure », nous dit l’apôtre, « est un voile, et une gloire pour la femme » (1 Cor. 11, 15).

Mais ne pouvons-nous pas voir aussi dans cette comparaison une allusion aux longs cheveux du nazaréen, type de la puissance dans l’Esprit ? La grande force de Samson gît dans ses sept tresses. Elles étaient le symbole de sa fidélité à son vœu — sa consécration à Dieu. Tout croyant est un nazaréen pour Dieu, en Christ, et devrait l’être dans la pratique. « Je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu » (Luc 22, 18). Tel est le vœu de nazaréat de notre bien-aimé Sauveur, et tout croyant, par cela même qu’il est un avec Christ, est placé sous Son vœu. C’est là que gît la force du croyant, savoir, dans une sainte séparation conformément à la loi du nazaréat. Tout le temps que les sept tresses de Samson restaient non rasées, l’ennemi ne pouvait gagner aucun avantage sur lui. L’Esprit demeurait en lui avec puissance aussi longtemps qu’il gardait le secret de sa communion avec Dieu. Mais, hélas ! hélas ! qu’il est difficile à un nazaréen de conserver ses tresses dans le sein de Delila ! Comment est-il possible, hélas ! que les doigts impurs d’une prostituée touchent jamais les tresses d’un nazaréen de Dieu ? Mets donc tous tes soins, ô mon âme, par la vigilance et la prière, à vivre et à marcher en séparation d’avec le monde, dans la communion avec Christ et dans la puissance de l’Esprit, pour que tes tresses ne soient pas rasées, et que tu ne trahisses jamais le secret de ta communion.

« Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui remontent du lavoir, et qui sont toutes deux à deux, et il n’y en a pas une qui manque ». Ici, la comparaison est d’une exactitude et d’une appropriation parfaites pour tous les points. Dans les brebis tondues, nous voyons la délivrance des entraves du cœur naturel, la régularité, l’égalité ; « qui remontent du lavoir » — la pureté, la blancheur. Elles ont été lavées à la source qui ôte toutes les souillures. La rangée supérieure correspond exactement à la rangée inférieure : « elles sont toutes deux à deux. Il n’y en a pas une qui manque ». L’épouse peut maintenant manger le pain de vie — le vieux blé du pays : elle est dans la force de l’âge, et c’est du Messie ressuscité, exalté, glorifié, et qui vient, que son âme se nourrit. Aux yeux du Seigneur, il y a dans celle qu’Il aime égalité, pureté, fertilité ; rien n’y manque. Quelle bonté qu’il en soit ainsi, et qu’Il daigne nous dire Lui-même qu’il en est ainsi ! « Mon âme, bénis l’Éternel, et que tout ce qui est au-dedans de moi bénisse le nom de sa sainteté ».

« Tes lèvres sont comme un fil teint en écarlate, et ton parler est gracieux ». Comme le fleuve de la grâce de Dieu qui coule à travers ce monde est profondément teint du sang de la croix, ainsi devrait l’être la conversation du croyant. « Je n’ai pas jugé bon », dit Paul, « de savoir autre chose parmi vous, que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » ; et encore, « qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Cor. 2, 2 ; Gal. 6, 14). Remarque soigneusement, ô mon âme, toute la force de ce trait dans la sainte Écriture, et puisses-tu présenter le cordon de fil d’écarlate profondément empreint dans toute ta conversation ; de cette manière, ton « parler sera gracieux » à ton Bien-aimé.

Rien ne saurait être plus dégoûtant pour l’œil que les lèvres d’un lépreux ; et telles sont pour Dieu les lèvres de l’homme naturel. Sa lèpre est le type de l’état de péché de notre nature. Le lépreux devait « se couvrir la lèvre de dessus, et crier : le souillé, le souillé… Il demeurera seul, et sa demeure sera hors du camp » (Lév. 13). Telle est, hélas ! la représentation fidèle de la triste condition morale de l’homme devant Dieu, quelque embaumées que soient les lèvres, ou gracieux le parler, pour notre commune nature. Mais quel changement lorsque nous sommes lavés dans le sang de l’Agneau ! À la place des lèvres blanches et écailleuses du lépreux, c’est la pure et profonde couleur écarlate du croyant pardonné, guéri et purifié. « Et quelques-uns de vous, vous étiez tels ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Cor. 6, 11).

Lorsque dans une vision, Ésaïe vit la gloire du Seigneur, il fut amené à se voir lui-même moralement comme un lépreux, et il s’écria : « Hélas ! moi, car c’est fait de moi, parce que je suis un homme souillé de lèvres, et que je demeure parmi un peuple souillé de lèvres ; et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. Mais l’un des séraphins vola vers moi, tenant en sa main un charbon vif qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en toucha ma bouche et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres, c’est pourquoi ton iniquité sera ôtée, et la propitiation sera faite pour ton péché » (És. 6).

L’éclatant cordon d’écarlate qui était attaché à la fenêtre de Rahab appelle tes méditations. Il parle avec force et distinctement de l’efficace du sang de Christ ; mais pour le moment, nous pouvons le laisser. Plus que jamais, ô mon âme, garde tes lèvres de tout ce qui gâterait leur vive fraîcheur aux yeux de Jésus, et aussi aux yeux des hommes. « Que votre parole », dit l’apôtre, « soit toujours dans un esprit de grâce assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun » (Col. 4, 6).

« Ta tempe est comme une pièce de pomme de grenade au-dedans de tes tresses ». Le cœur de la pomme de grenade est choisi pour représenter les tempes de l’épouse. C’est « une pièce » ou une partie rompue, « d’une pomme de grenade », qui constitue l’emblème. On dit que ce fruit est délicieux au goût, et que lorsqu’il est ainsi rompu, il présente l’aspect d’une belle couleur rouge mélangée de blanc. Cette comparaison, je suppose, nous suggère l’idée de la modestie d’un cœur prompt à rougir de timidité et de pudeur. Précieux changement pour la maison de Jacob qui représente l’épouse ! Il fut un temps où le Seigneur devait dire de Son ancien peuple : « J’ai connu que tu étais revêche, et que ton cou était comme une barre de fer, et que ton front était d’airain » (És. 48, 4). Quel changement aujourd’hui ! Qu’est-ce qu’a opéré la grâce ? Aujourd’hui, le Seigneur voit dans celle qu’Il aime, la débonnaireté parfaite et un esprit de grâce plein d’humilité. La rougeur de ses tempes est même cachée par ses tresses flottantes. « Ta tempe est comme une pièce de pomme de grenade au-dedans de tes tresses ». Que dis-tu de ce trait, ô mon âme ? Médite-le, et prie pour que ta parure « soit l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité de la douceur et d’un esprit paisible qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pier. 3, 3, 4).

« Ton cou est comme la tour de David bâtie à créneaux (vers. angl., pour un arsenal), à laquelle pendent mille boucliers, tous les grands boucliers des vaillants hommes ». L’arsenal de David était orné des trophées de ses victoires. L’Éternel l’avait délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il soumit ses ennemis de tous côtés, et prépara le chemin pour le règne de la paix sous Salomon son fils. Mais qu’étaient ces victoires comparées à celles du Messie royal ? Tout le livre de Dieu peut être considéré comme les annales des victoires de Christ. Mais le cou de l’épouse, pareil à une tour, entouré de nombreux joyaux, symbolise les trophées qu’il a remportés au-dedans du pays de Juda. Il est parlé d’Israël comme d’un peuple de cou raide — comme ayant le joug de la transgression entortillé à son cou, et comme marchant avec impudence la gorge découverte. Des figures pareilles représentent un triste état moral. Mais à présent, par la grâce du Seigneur, le changement est complet — parfaits sont les triomphes de son amour. Le joug de la transgression est brisé de dessus le cou de la fille de Sion. Au lieu d’être revêche, et comme une barre de fer, elle est gracieuse, belle, et imposante comme la tour de David. « Réveille-toi, réveille-toi, Sion ; revêts-toi de ta force, Jérusalem, ville de sainteté ; revêts-toi de tes vêtements magnifiques !… Défais-toi ces liens de ton cou, fille de Sion, captive » (És. 52, 1, 2). Et maintenant le Seigneur prend plaisir à contempler ce trait si beau de Son Épouse — tout chargé de colliers glorieux — « faits pour le cou de ceux qui partagent le butin ». La sainte liberté et le parfait bonheur de Son peuple rappelleront à jamais les victoires de Son amour.

« Tes deux mamelles sont comme deux faons jumeaux d’une chevrette, qui paissent parmi le muguet ». Ce trait gracieux, le septième, symbolise d’abord le développement moral — la formation du cœur pour Christ — l’accroissement de l’amour dont Il est l’objet ; et, en second lieu, la nourriture fournie aux autres — le moyen par lequel on contribue à leur existence et à leur bénédiction. Le contraste entre l’épouse et « la petite sœur » du chapitre 8, 8, est remarquable et instructif. « Nous avons une petite sœur qui n’a pas encore de mamelles ». Quelques-uns pensent que le parfait développement de l’Épouse, et l’absence de ce développement dans « la petite sœur », représentent la condition morale respective de Juda et d’Éphraïm, ou des deux tribus et des dix. La différence sera manifeste, quand les douze tribus seront rétablies. Mais les dix tribus n’en jouiront pas moins des résultats bénis de l’œuvre accomplie, quoique Éphraïm doive demeurer étranger aux profonds exercices de cœur par lesquels Juda aura passé en rapport avec le Messie, et aussi, par conséquent, au développement moral, fruit de ses expériences. C’est durant l’état de la captivité des dix tribus, que Christ a paru, et a été rejeté et crucifié ; et c’est avant qu’elles soient assemblées de tous les pays et ramenées dans leur terre, qu’Il se sera fait connaître à Juda, comme venant de nouveau en puissance et en gloire. Au retour du Messie, le résidu sera composé principalement de membres de la tribu de Juda. Les deux faons jumeaux d’une chevrette représentent l’unité d’esprit et de cœur qui désormais prévaut parmi les Juifs relativement à leur Messie si longtemps attendu. En paissant « parmi le muguet », ils trouvent maintenant leurs délices là où il trouve les siennes. « Il paît parmi le muguet ». Ce qui attire le cœur, ce qui forme nos affections pour Christ, c’est la manifestation qu’il nous fait de Lui-même par le Saint Esprit. Oh ! puissions-nous désirer de plus en plus un plus parfait développement de Son amour dans nos cœurs !

Ainsi Juda deviendra l’instrument de la nourriture et de la bénédiction, non seulement pour les dix tribus, mais pour toutes les nations de la terre. « Réjouissez-vous avec Jérusalem, et vous égayez en elle, vous tous qui l’aimez ; vous tous qui meniez deuil sur elle, réjouissez-vous avec elle d’une grande joie, afin que vous soyez allaités, et que vous soyez rassasiés de la mamelle de ses consolations, afin que vous suciez le lait, et que vous jouissiez à plaisir de toutes les sortes de sa gloire. Car, ainsi a dit l’Éternel : Voici, je vais faire couler vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations, comme un torrent débordé ; et vous serez allaités, portés sur les côtés, et on vous fera jouer sur les genoux. Je vous caresserai pour vous apaiser, comme quand une mère caresse son enfant pour l’apaiser ; car vous serez consolés en Jérusalem » (És. 66, 10-13).

Après avoir contemplé avec de profondes délices la beauté sans tache de son épouse, l’époux lui propose de se retirer dans ses lieux de rendez-vous favoris — la montagne de myrrhe et le coteau d’encens. Il semblerait qu’en cette occasion elle l’accompagne. Mais soit qu’elle aille avec Lui, soit qu’elle reste en arrière, Il laisse tomber dans son cœur cette précieuse parole : « Tu es toute belle, ma grande amie, et il n’y a point de tache en toi ».

« Ton combat est fini ». « Christ est mort » ! Tes péchés, quoique rouges comme l’écarlate, ont été couverts de Son pardon gratuit et de Sa robe plus blanche que la neige ; tes crimes odieux ont été jetés dans les abîmes de l’océan. Ayant le mal en horreur, et fortement attachée au bien, oh ! vraiment, tu es belle ! « Il n’y a point de tache en toi ! ».



Verset 8. « Viens du Liban avec moi, mon épouse, viens du Liban avec moi ; regarde du sommet d’Amana, du sommet de Senir et d’Hermon ; des repaires des lions et des montagnes des léopards ».

Nous pouvons quelquefois, dans nos égarements insensés, nous trouver bien plus près que nous le pensons du « repaire des lions », et n’avoir pourtant nulle conscience de notre danger. Sous tout ce qui, dans l’ordre naturel, attire et charme le cœur, peuvent être cachés nos plus mortels ennemis. Le « Liban », comme type, s’unit en nous à l’idée de l’exaltation terrestre la plus grande. Mais , ce qui exerce sur l’œil extérieur un tel pouvoir de fascination, ce qui est si enchanteur pour les sens, abrite le lion dévorant et le cruel léopard. La richesse même et la beauté du lieu sont un abri sûr pour l’ennemi. Charmé outre mesure par les scènes magnifiques que déroulent sous ses yeux le Liban et Hermon, le voyageur peut être tenté de s’arrêter jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour gagner la plaine en toute sécurité. Par là son danger serait imminent, à moins qu’il n’eût un guide sûr et fidèle.

Tu feras bien, ô mon âme, de t’arrêter un peu ici. Souviens-toi que les scènes terrestres les plus belles sont infestées d’ennemis plus subtils et plus dangereux que les lions et les léopards du Liban. Balance le chemin de tes pieds. Pourquoi cette disposition à errer, à t’arrêter au milieu des choses visibles ? Apprends à connaître ta propre faiblesse, tes propres penchants. Quelques-uns des saints du Seigneur, tu peux l’avoir observé, sont détournés par la conformité avec le monde ; d’autres, par la lecture de livres qui fascinent l’esprit, mais dessèchent l’âme ; et un grand nombre, hélas ! sont pris au piège en suivant leur propre volonté et la voie qui semble droite à leurs yeux. Mais tout cela mène également au « repaire des lions, aux montagnes des léopards », ou à des expériences et des occupations d’un danger imminent pour l’âme. Il n’y a qu’un œil qui puisse découvrir le piège — qu’une seule voix qui puisse retirer le cœur du lieu du péril : « Du sommet d’Amana, du sommet de Senir et d’Hermon », voulait dire l’amour divin, « regarde à moi ». De cette manière, le monde, pour ainsi dire, disparu à tes yeux, sera sous tes pieds. « Amana », remarque-le, signifie vérité, intégrité. Du point de vue de la vérité, persévère à attendre le retour du Seigneur.

Rien de plus beau et de plus touchant que la manière dont le bien-aimé Sauveur cherche ici à appeler l’Épouse loin du théâtre du danger. « Viens avec moi », tel est son langage d’incomparable tendresse. Il ne dit point : « Va ! dépêche-toi de fuir, le danger est proche, tu es sur le bord du repaire des lions ». Oh ! non, ce n’est pas ainsi qu’il parle. « Viens », dit-il, « viens du Liban, avec moi, mon épouse, viens du Liban avec moi ». Il cherche à détacher son cœur du Liban, le lieu des joies terrestres, mais du danger spirituel. Quelle grâce ineffable respire dans ce mot, « Viens ». La phrase tout entière exhale les sympathies les plus tendres, la plus profonde sollicitude de son cœur. Comme « Viens » sonne infiniment plus doux à l’oreille que « Va » ! Le premier dit communion, l’autre parlerait de séparation.

« Viens, toi et toute ta maison dans l’arche », dit l’Éternel à Noé (vers. angl.). Il ne dit pas, « va, toi », mais « viens, toi ». Dans Sa grâce, le Seigneur étant entré dans l’arche avant Son serviteur, et se trouvant là, Il pouvait dire « Viens ! » ; et de cette manière, l’homme de foi était assuré que le Seigneur était avec lui dans l’arche du salut. Quelle consolation de savoir que le Seigneur se trouve avec nous dans la nacelle, quelque battue quelle puisse être par les eaux agitées ! Mais de plus, voici dans quels termes Il s’adresse à la maison rebelle d’Israël : « Venez maintenant, dit l’Éternel, et débattons nos droits » (És. 1, 18). Remarquez aussi le ton plein de grâce de Son raisonnement. Israël ayant obéi à Son invitation de venir, Il ne les embarrasse point par des arguments, mais leur dit avec douceur : « Quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige ; et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine ». Oh ! l’heureuse manière de raisonner pour un pécheur coupable ! Le Seigneur seul peut discuter ainsi. Béni soit Son nom, nous trouvons cette même grâce déployée pour le monde entier dans cette invitation de la portée la plus large : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos ». Cette parole n’est pas plus tôt l’objet de la foi, que le repos est assuré. « Moi, je vous donnerai du repos » — repos du fardeau du péché — repos de vos propres stériles efforts — repos avec moi-même dans le paradis de Dieu. Adorable Sauveur, puisse cette invitation si précieuse, « venez », être davantage appréciée par ceux qui sont encore loin ! Mais à toi la gloire et la louange de la grâce. Un mot encore. Qui n’a pas admiré ce qu’a de ravissant le souffle final qu’exhale l’Écriture sainte avec ses nombreux « Viens » ? « Et l’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif, vienne. Que celui qui veut, prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22, 17).

Mais il y a dans le tendre appel de l’époux deux autres mots qui peuvent être pour le cœur la source de la joie la plus profonde : « Avec moi ». « Viens avec moi ». Pourrait-on trouver deux mots plus propres à éloigner toute crainte et à remplir le cœur de confiance, quelles que soient les circonstances ? Impossible. Si le rugissement du lion a retenti à nos oreilles et que nous sachions qu’il est proche, nous pourrions bien être remplis d’effroi ; car quelle force possédons-nous en nous-mêmes pour lui résister ? Mais ces trois mots d’une grâce sans pareille, « Viens avec moi », confirment tout ce dont le cœur a besoin. Avec lui, elle est parfaitement en sûreté, quelque étendue que soit la chaîne de montagnes qu’elle a à franchir, et quel que puisse être le danger. Mais la grâce d’échapper au repaire des lions, est la plus petite des bénédictions comprises dans ces trois mots. Ils expriment l’extrême plaisir qu’il prend dans sa compagnie. La présence de l’épouse est sa joie. Vérité merveilleuse, bénie ! De toutes les pensées, c’est la plus riche : Il prend Ses délices en nous, Son désir est de nous avoir avec Lui-même ! Non, sans doute, qu’Il soit dépendant de la créature, ou qu’Il lui soit redevable, pour Sa suprême félicité, car Il est Dieu aussi bien qu’Il est homme et se suffit à Lui-même. Il est le Dieu indépendant, le Dieu éternel, le Dieu vivant ; Il est Jésus Jéhovah. Mais comme Fils de l’homme, dans Sa merveilleuse grâce et Son merveilleux amour, Il a voulu que nous fussions nécessaires à la pleine manifestation de Sa gloire et à Ses éternelles délices. L’Église qui est Son corps est Sa plénitude (Éph. 1, 22-23). Et pour ce qui est de la fille de Sion, Il lui dit aussi : « Écoute, fille, et considère ; rends-toi attentive, oublie ton peuple et la maison de ton père ; et le Roi mettra son affection en ta beauté ; puisqu’il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui » (Ps. 45, 10, 11).

Ce beau passage sera appliqué avec une puissance divine au cœur de l’épouse — le résidu juif — quand le Seigneur reviendra. Il cherche là à détourner leurs pensées et leurs sympathies de l’ancien ordre de choses juif, « la maison du père », afin qu’ils soient entièrement formés pour le nouvel ordre de choses sous le Messie dans Sa gloire royale. C’est sur la terre, dans le pays d’Emmanuel, que la bénédiction d’Israël aura lieu.

L’Esprit de Dieu a pris de tels soins pour la révélation de cette précieuse vérité, « avec Christ », que tu peux bien, ô mon âme, en faire quelques instants le sujet de tes méditations. Elle a son fondement dans le conseil immuable de Dieu, et court comme un fil d’or à travers toutes les circonstances qui se déroulent. « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui » (Rom. 8, 32). Quelle pensée ! « Toutes choses… avec Christ » — en communion avec Lui. Santé ou maladie — pauvreté ou richesses, dans chacun de ces états, je suis avec Lui ; et je Le possède dans tous ces états. Selon le raisonnement de l’apôtre, le plus grand renferme le moindre, et le moindre est possédé avec le plus grand.

Le chrétien se trouvât-il tellement réduit à l’étroit par les circonstances, qu’un morceau de pain sec et un verre d’eau froide fussent son plus riche repas, qu’il pourrait encore dire triomphalement, tout pauvre qu’est ce repas : Je l’ai avec Christ, et j’ai Christ avec lui. Depuis la plus humble condition sur la terre jusqu’au faîte le plus élevé dans la gloire, nous avons tout avec Christ, et notre bénédiction la plus riche consiste en ce que nous sommes un avec Lui. Notre unité avec Christ, tête de l’Église, est si merveilleuse, si réelle, si parfaite, que l’apôtre dit : « Je suis crucifié avec Christ », et qu’il dit de tous les chrétiens : « Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui ». Et en diverses parties de l’Écriture, il parle de cela sous sept aspects distincts, ce qui nous donne l’idée de quelque chose de divinement complet : 1° Nous sommes crucifiés ensemble ; 2° vivifiés ensemble ; 3° ressuscités ensemble ; 4° assis ensemble ; 5° héritiers ensemble ; 6° souffrants ensemble ; 7° glorifiés ensemble. Et cette unité, cette identité de l’Église avec Lui-même est tellement précieuse au cœur de Jésus, que, dans tous les endroits où il est parlé dans l’Écriture de notre état futur, il est précisé comme étant avec Christ. « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». « Absent du corps, présent avec le Seigneur ». « Ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur ». « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit. Je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi ». Amen ! C’est là le repos, le parfait repos pour le cœur à jamais. Rafraîchie, comme si tu t’étais plongée dans l’océan sans rivage de Son amour, retourne à tes méditations sur le beau Cantique des cantiques, toutefois pour sonder encore attentivement le livre de Son cœur, qui seul sait aimer.

« Ton meilleur repos sur la terre est encore interrompu ; des ennemis vigilants, le léopard tacheté, le lion rugissant en quête de sa proie, envahissent et troublent ton « Liban ». Mais viens avec moi dans des entretiens divins, et je te conduirai en des lieux dont ne peuvent approcher les animaux destructeurs, ni aucun adversaire nuisible ; où mes rachetés, dans la joie triomphale des cantiques éternels, agitent autour de ton trône, dans une félicité ineffable, leurs palmes victorieuses ; où il n’y a plus ni péché, ni mort, ni vicissitude, ni autre chose que la joie. Mon épouse, toi que je me suis acquise au prix de mon sang, regarde d’Amana, de Senir et d’Hermon, regarde au loin ! Fixée sur la base des promesses, contemple toujours ton glorieux repos ! »



Versets 9-11. « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ; tu m’as ravi le cœur par l’un de tes yeux et par l’un des colliers de ton cou. Combien sont belles tes amours, ma sœur, mon épouse ! Combien sont tes amours meilleures que le vin, et l’odeur de tes parfums plus qu’aucune drogue aromatique ! Tes lèvres, mon épouse, distillent des rayons de miel ; le miel et le lait sont sous ta langue, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban ».

Quelque incomparables que soient les perspectives diverses qui se déploient aux regards du sommet d’Amana, de Senir et d’Hermon ; — quelque splendides et ravissants pour l’œil que soient ces glorieux sites de la nature ; — tout embaumées des plus suaves parfums que soient ces montagnes si fertiles en aromates, l’œil et le cœur de l’époux se détournent de tout cela pour être entièrement à l’admiration de l’amie qui est là à côté de lui. Il voit en elle ce qu’il ne peut voir nulle part ailleurs : les sentiments et les affections de son propre cœur qui se réfléchissent sur lui-même du cœur de l’épouse. Les beautés de la scène qui se déroule autour d’eux peuvent symboliser les choses que les hommes du monde estiment comme très précieuses, exquises et distinguées ; mais c’est dans la beauté et l’amour de l’épouse que le royal époux trouve ses délices et sa satisfaction. Il voit en elle les heureux fruits de son propre inextinguible amour — les fruits du travail de son âme, et il en est rassasié (És. 53, 11). Vérité précieuse pour le cœur de tout croyant !

Un homme peut posséder une fort belle position et l’apprécier beaucoup, mais jamais il ne saurait avoir pour elle les mêmes sentiments qu’il a pour sa femme et ses enfants. Ceux-ci font partie de lui-même, et non pas sa position. Qu’étaient pour le premier Adam tous les plaisirs du paradis auprès des délices qu’il prenait en sa chère et belle compagne ? Elle était une partie de lui-même, et non pas la création. Il avait été plongé dans un profond sommeil, et de son côté ouvert il lui avait été formé une compagne. Lorsqu’il se réveilla de son sommeil et qu’il vit à côté de lui la beauté que l’Éternel Dieu dans Sa grâce lui avait procurée, il s’écria : « À cette fois, celle-ci est os de mes os, et chair de ma chair ». Cette fois, la lacune était remplie. Jusqu’à maintenant, il n’avait rien vu qui fût approprié à son cœur. La création avec tout son éclat, les beautés d’Éden, n’avaient été, pour ainsi dire, qu’un blanc pour le premier homme jusqu’au moment où il posséda le fruit béni de ses souffrances et de sa mort typiques.

Mais ce qui n’a existé simplement qu’en type dans le premier homme, s’est accompli réellement dans le second homme — le dernier Adam. Il a été certes plongé dans un profond sommeil — le sommeil de la mort ; et comme fruit de Son côté ouvert, une seconde Ève, pour ainsi dire, a été formée toute belle et sans tache à Ses yeux, qui bientôt partagera avec Lui les joies et l’empire de la nouvelle création, de la création rachetée, et là, au milieu de Ses gloires, réfléchira Son amour qui fut plus fort que la mort, et se réchauffera éternellement aux rayons de Sa faveur sans nuages. Pouvons-nous donc nous étonner qu’il admire avec transports la ressemblance qu’elle a avec lui-même ? La toute-puissance pouvait créer un monde ; il n’y a que l’amour divin qui fût capable, par les souffrances et la mort, de sauver un pécheur perdu. Qui saurait le comprendre, cet amour — cet amour pour un pauvre vil pécheur ? Mais s’il faisait plus habituellement, ô mon âme, le sujet de tes méditations, tu t’étonnerais moins de ces merveilleuses paroles : « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ». Et pourtant, malgré tout ce que tu connais maintenant, ou ce que tu pourras connaître jamais dans la suite, ces paroles seront à jamais des plus merveilleuses. « Tu m’as ravi le cœur » ; dans la note marginale (Bible angl.), nous lisons : « Tu as emporté mon cœur ». Vérité étonnante ! Le cœur de Christ ravi — emporté ! Et par quoi — par qui ? Par les attraits d’un pécheur sauvé par grâce — par quelqu’un qui a été lavé dans Son sang précieux, et qu’Il a Lui-même orné de Ses perfections, de Ses beautés sans pareilles.

Cette expression de l’amour du Sauveur se trouve au centre du volume sacré, et, sous quelques rapports, elle est la plus remarquable que nous lisions dans l’Écriture. Mais tout le chapitre dont elle fait partie, est, sous quelques rapports, une plus merveilleuse manifestation de Son amour qu’aucune de celles que nous présente ailleurs le livre de Dieu. Pour ce qui regarde les détails, il n’y a rien qui ressemble au Cantique des cantiques dans quelque autre partie que ce soit de la Bible. « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ». Il prend ici la place de frère aussi bien que celle d’époux. « Ma sœur, mon épouse ». Relation bénie ! Heureuse union ! bien connue et fort appréciée par Lui, quoique encore comparativement peu connue par elle ! Mais ce dont il s’agit surtout là, c’est du cœur, des sentiments, de l’amour du Sauveur, non pas pour les Juifs seulement, mais pour tous ceux qui croient en Lui. Son association avec le résidu dont Il parle comme de Sa sœur, Son épouse, est pour Lui l’occasion de déployer pleinement Son amour dans tout son éclat. Au milieu de toutes les magnificences, l’épouse seule attire Ses regards ; elle fait contraste avec tout ce qu’on peut trouver sur la terre ou parmi les anges du ciel. Nous ne lisons nulle part que les beautés de la création ravissent le cœur du Créateur. Ce mystère des mystères était réservé pour le Rédempteur et les rachetés.

Ici s’élève tout naturellement une question qui en a exercé plusieurs. Comment se fait-il que nous ayons dans le Cantique une expression de l’amour de Christ pour le résidu, aussi complète et aussi détaillée, en comparaison de ce que nous présentent les épîtres qui sont adressées à l’Église de Dieu, « l’Épouse, la femme de l’Agneau » ?

En premier lieu, on peut considérer le Cantique comme la révélation du cœur de Christ à tous les saints juifs ou chrétiens, terrestres ou célestes. L’amour de Christ est parfait, et toujours parfaitement développé selon la relation dans laquelle nous Le connaissons. C’est sous l’allégorie de l’amour de l’épouse et de l’époux, que les sentiments et les affections de Son cœur sont exprimés ici, et dans une harmonie parfaite avec cette position. Le roi Salomon, dans le jour duquel il y eut comme une passagère lueur de la gloire milléniale, est le vaisseau choisi et approprié pour représenter ces réalités bénies. Les paroles de Christ dans le Cantique ont une application morale qui est ineffablement précieuse au chrétien. Heureux ceux qui sont en état de boire à une pareille source !

Les remarques suivantes de la plume d’un autre peuvent être utiles dans l’étude de ce précieux livre, pour faire comprendre le caractère des affections qui y sont développées par les Juifs, comparées avec celles des chrétiens, et aussi la manière dont le Seigneur y exprime son amour :

« Le Cantique des cantiques prend l’homme dans ses rapports avec Dieu, c’est-à-dire, le Juif, au moins le résidu sous un tout autre point de vue, et montre les affections que le roi sait créer en lui, et par lesquelles il l’attire à soi. Quelle qu’en soit la force, ces affections ne sont pas développées dans la position dans laquelle se forment les affections chrétiennes proprement dites. En voici la différence. Elles n’ont ni le calme, ni la douceur profonde d’une affection découlant d’une relation déjà formée, déjà connue et pleinement appréciée ; d’une affection dont le lien est formé et reconnu, et qui compte sur la pleine et constante reconnaissance de cette relation ; d’une affection dont chaque partie jouit comme d’une chose certaine dans le cœur de l’autre. Le désir de quelqu’un qui aime et qui veut le cœur de celui qui est aimé, n’est pas l’affection parfaite, l’affection douce et formée d’une épouse avec laquelle le mariage a formé un lien indissoluble. Dans l’un des cas, la relation est la conséquence de l’état du cœur ; dans l’autre, l’état du cœur est la conséquence de la relation elle-même. Or, quoique les noces de l’Agneau ne soient pas encore arrivées, néanmoins à cause de la révélation qui nous a été faite de l’accomplissement de notre salut, ce dernier caractère d’affection est ce qui, grâces et gloire en soient rendues à Dieu, est propre à l’Église. Nous savons en qui nous avons cru » (Études sur la Parole, tome II, p. 373).

En second lieu, il y a une grande différence entre la position du Juif relativement à Christ dans le Cantique et celle du chrétien dans les épîtres ; et il est nécessaire de connaître cette différence, ou bien nous manquerons tant dans nos pensées que dans nos affections à ce qui est dû au Seigneur, et nous appliquerons à l’Église ce qui se rapporte à Israël, et à Israël ce qui appartient à l’Église. Nous connaissons la vérité bénie de notre unité avec Christ, comme ressuscité et glorifié. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec Lui » (1 Cor. 6, 17). L’union en vie et en position avec Christ glorifié, va bien au-delà de ce que l’apôtre appelle « la religion des Juifs ». Nous savons même, maintenant, aujourd’hui, que nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ ; et quoique ici-bas sur la terre, pauvres, coupables de bien des fautes, manquant en bien des points, nous savons que nous sommes scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage jusqu’à la rédemption de la possession acquise (Éph. 1). Mais, ce qui est infiniment plus doux que tout le reste, c’est que nous connaissons la grandeur de Son amour, selon le sacrifice par lequel Il nous a introduits dans cette position céleste, et dans une association éternelle avec Lui-même. Nous savons, en conséquence, que la question du péché a été complètement réglée, et que nous sommes pleinement et pour toujours pardonnés — justifiés parfaitement et agréables dans le Bien-aimé. Christ a été livré pour nos offenses et a été ressuscité pour notre justification (Luc 7, 48 ; Jean 5, 24 ; Act. 13, 38, 39 ; Rom. 4, 25). Notre rédemption est accomplie, notre relation est déjà formée ; nous n’attendons plus que la gloire — les noces de l’Agneau. Nous comptons sur Sa promesse : « Oui, je viens bientôt ». « Car encore très peu de temps et Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas ». Mais tout en attendant Sa venue, nous connaissons et nous goûtons, par la puissance du Saint Esprit, quoique bien faiblement, les affections de Son cœur qui appartiennent proprement à cette relation ineffablement bénie, et établie pour l’éternité.

La position d’Israël, telle que l’Esprit de prophétie la révèle dans le Cantique, est bien inférieure à celle-là. En tout cas, il n’y est point question de la purification de la conscience ; le pardon et la justification n’y sont point touchés : il s’agit davantage du cœur — de créer, de former les affections pour la personne du Bien-aimé, et de les faire se produire. Le résidu n’est pas encore entré pleinement dans la connaissance personnelle de Christ, dans la certitude de sa relation avec Lui, et n’en jouit point ; or, c’est là précisément ce que le cœur qui aime avec tant d’ardeur désire voir réalisé, c’est de cela qu’il se préoccupe. Naturellement, l’époux sait dans quelle relation il est avec celle qu’il appelle « ma sœur, mon épouse ». De là cette merveilleuse révélation qu’il lui fait, à elle-même directement, de son cœur, afin qu’elle puisse connaître les desseins de son amour. Il l’assure, avec insistance, de la beauté, de la valeur, du prix qu’elle possède à ses yeux. Et même après qu’elle a failli, en l’oubliant lui et son amour, il vient à elle avec une affection qui ne saurait être détournée de son objet. De cette manière, le cœur de l’épouse est exercé par la manifestation de l’amour, de la grâce, de la tendresse et de la bonté de Christ ; ses affections deviennent par là plus profondes, et à ses yeux le bien-aimé est exalté au-dessus de tous les autres, et apprécié comme le « premier entre dix mille… tout ce qui est en lui est aimable ». Son cœur est ainsi graduellement formé pour l’époux lui-même, et cela par la révélation de son cœur à lui. Le psaume quarante-cinquième est la révélation de ce résultat béni. Là, les Juifs — le résidu — sont salués comme les « compagnons » du Roi, et Jérusalem comme « la reine parée d’or d’Ophir ». Maintenant les nations lui font honneur avec leurs présents et sollicitent sa faveur ; désormais elle est dans la relation la plus intime avec le Roi, et se voit introduite dans les palais d’ivoire.

Mais revenons à notre texte.

« Tu m’as ravi le cœur par l’un de tes yeux, et par l’un des colliers de ton cou ». Ce peut être difficile de déterminer ce que le Seigneur entend par les mots « l’un de tes yeux, l’un des colliers de ton cou ». Il se peut que ce soit une allusion à l’appréciation qu’Il fait de chacune des grâces, de chaque ornement spirituel que possède le croyant, ou des délices qu’Il prend dans chaque croyant en particulier aussi bien qu’en tout Son peuple collectivement. Jamais ni dans le temps ni dans l’éternité, le moindre de tous les saints ne saurait être inaperçu de Lui, ou ne pas être distingué des autres. C’est comme individus que nous sommes aimés, sauvés et glorifiés. Cette vérité est clairement enseignée en Luc 15, et Jean parle beaucoup aussi de notre bénédiction individuelle, la famille de Dieu étant son thème principal, comme l’Église est celui de Paul, et le voyage à travers le désert, celui de Pierre ; pourtant c’est Paul qui dit : « qui m’a aimé et qui s’est donné lui-même pour moi ». Paul parle ici comme s’il était le seul que Christ a aimé et pour lequel Il est mort. La foi s’approprie ce que la grâce révèle, et ce n’est que de cette manière que le cœur jouit des révélations de la grâce. Comprends-tu cela, ô mon âme ? C’est de toute importance, et c’est du ressort de la foi seulement. Quelque grande que soit la bénédiction, la foi en fait une bénédiction personnelle. N’importe ce que la grâce révèle en Christ comme la portion des enfants, la foi dit avec certitude : « C’est à moi ».

Mais dans notre heureuse demeure d’en haut, ce n’est pas seulement du Seigneur que nous serons connus personnellement ; nous le serons aussi les uns des autres. Pierre ne semble pas avoir eu de difficulté à reconnaître, sur la montagne de la transfiguration, qui était Moïse, et qui était Élie. Ainsi en doit-il être dans l’état de résurrection où tout est parfait. La distinction des personnes sera entière et manifeste. Paul ne sera jamais pris pour Pierre, non plus que Pierre pour Paul, et chacun aura sa propre couronne et sa propre gloire. Pensée bénie et aussi solennelle ! chaque saint aura sa propre couronne : tous seront connus là pour ce qu’ils sont dans l’appréciation du Seigneur. Toutefois, ils seront tous parfaits, tous heureux, dans la pleine joie du Seigneur, et ils brilleront tous avec éclat dans Sa glorieuse image, qu’ils porteront tous alors parfaitement.

Verset 10. « Combien sont belles tes amours, ma sœur, mon épouse » !

Si nos méditations sur l’appréciation que fait le Seigneur de notre amour étaient plus profondes, plus sérieuses et plus simples, nos cœurs seraient plus entièrement pour Lui. L’amour engendre l’amour. C’est le feu près duquel je suis assis qui me réchauffe. Plus je suis près du cœur de Christ, plus le mien sera ardent et plus sera vive la flamme de mon amour pour Lui. Je ferais tout aussi bien de m’imaginer que je me réchaufferai en sortant au jardin et en regardant la neige, comme de chercher à accroître mon amour pour Christ en regardant à moi, en m’occupant de moi, en m’efforçant de L’aimer davantage. Mais, quoi qu’il en soit, disent plusieurs, je ne fais pas de progrès dans l’amour pour Christ, et dans le sentiment de Son amour pour moi, et je désire éprouver plus d’amour pour Lui. À la bonne heure ! Mais si c’est le feu auquel je suis assis qui me réchauffe, c’est aussi la nourriture que je mange qui me rassasie : Que ton âme donc se nourrisse de Christ. Tu trouveras un riche repas dans ce merveilleux chapitre. Médite-le attentivement, étudie-le parole après parole, et pense au cœur de qui toutes ces paroles découlent. L’incrédulité ne tient pour rien les paroles de Christ, la foi s’en nourrit. Sois ferme, et élève-toi dans tes méditations jusqu’au cœur d’où elles découlent. Étudie toujours Ses paroles en communion avec Lui-même ; et garde-toi bien de séparer la Parole de la personne de Christ. C’est ainsi que ton amour pour Lui s’accroîtra, et que ta ressemblance avec Lui s’accroîtra extrêmement. La connaissance de tout le cas qu’Il fait de notre amour nous conduirait à la contemplation de ce qui l’entretient et le fortifie. « Combien sont belles tes amours, ma sœur, mon épouse ! Combien sont tes amours meilleures que le vin, et l’odeur de tes parfums plus qu’aucune drogue aromatique ». Si de pareilles révélations de Son amour ne nous gagnent pas, qu’est-ce qui nous gagnera ? Il n’y a pas de vin, pas de joie terrestre, qui Lui soit agréable comme l’amour de Son épouse ; pas de senteur qui Lui soit aussi douce que l’odeur de ses parfums. Il lui déclare qu’ils surpassaient toutes les plantes aromatiques. Toute l’hospitalité du Juif à propre justice n’était rien pour Lui en comparaison de l’amour de celle qui était prosternée à Ses pieds. Mais un tel fruit de l’Esprit ne peut grandir que dans la lumière de Sa présence. Les plantes ne croissent jamais bien dans les ténèbres. Elles peuvent bien produire quelques feuilles pâles et maladives, mais ce sera tout. Le fruit et le parfum ne se trouveront que sur les plantes qui jouissent de la pleine lumière du ciel. « Je suis la lumière du monde », dit Christ. « Celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruit ; car, hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 8, 12 ; 15, 5).

Il faut d’abord que le rayon de miel soit rempli avec une patiente industrie, avant que rien en distille. Le miel doit être recueilli de toutes les fleurs. Telle devrait être l’habitude du chrétien : apprendre quelque chose presque de toute chose. Mais, hélas ! nous ressemblons trop au papillon, et trop peu à l’abeille. On peut voir le premier voltiger un instant sur la fleur, et s’enfuir ensuite sans avoir goûté sa douceur, tandis que la dernière s’attache fortement à elle et en suce le miel. Et de cette manière, son magasin se remplit peu à peu. Il faut étudier soigneusement la Parole et bien enrichir le cœur, avant d’avoir facilement sous la langue le mot approprié à l’occasion. Le Seigneur est tout heureux de trouver dans l’Épouse ce fruit de l’Esprit. « Tes lèvres, mon épouse, distillent des rayons de miel ; le miel et le lait sont sous ta langue, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban ». Les gouttes qui distillent du rayon de miel peuvent suggérer l’idée d’un choix attentif, en contraste avec « la multitude de paroles » dont parlent les Proverbes. Il en est des paroles comme des semences, elles germent et fructifient, que ce soient des paroles piquantes et amères ou de bonnes et salutaires paroles. Si nous semons de l’ivraie, nous ne saurions moissonner du froment ; et si nous semons du froment, nous ne risquerons jamais de moissonner de l’ivraie : « Car ce que l’homme sème, il le moissonnera aussi ». Oh ! puissions-nous distiller toujours des paroles de bonté, de douceur, de débonnaireté, de vérité, de foi, d’espérance et de charité ! Qu’y a-t-il de plus pur que le lait ? Qu’y a-t-il de plus doux que le miel ? Quoi de plus nourrissant que l’un ? Quoi de plus salutaire que l’autre ? Notre bien-aimé Sauveur nous voit et nous reconnaît dans l’Esprit, et non dans la chair, et Il parle ici des fruits précieux de l’Esprit qui Lui sont si agréables. C’est sur Ses propres lèvres que « la grâce est répandue » ; ce sont tous « ses vêtements qui sont parfumés de myrrhe, d’aloès et de casse, quand il sort des palais d’ivoire » ; et Il trouve, à Sa joie suprême, dans Son épouse bien-aimée, la parfaite réponse à ce qu’Il est Lui-même. « Grâce pour grâce » — la grâce répondant à la grâce : cela est infiniment plus doux à Son cœur que toutes les productions de la nature. Lorsque les montagnes et les vallées de Canaan, si embaumées du parfum de toutes les plantes aromatiques et « découlant de lait et de miel », auront disparu pour toujours, la bien-aimée demeurera en la présence du Seigneur, qu’elle réjouira de plus en plus durant toute l’éternité de la vue de sa fraîcheur toujours nouvelle, et de l’odeur toujours plus suave du parfum de son adoration et de son amour.

« Jamais encore n’ont été silencieux dans ton Église les cantiques de louange s’unissant dans un même thème aux concerts angéliques, non plus que les vœux ardents pour plus de sainteté, les pleurs d’une humble confession, et les soupirs après ta venue — après toi-même, ô Seigneur. Mais hélas, quelle faiblesse dans nos accents ! Seigneur, magnifie ta grâce, et donne-nous d’être davantage ce que ta miséricorde nous a faits ! Fais-nous trouver plus de douceur à ta Parole au fond de nos âmes ! — Ouvre nos lèvres, et qu’elle en distille, pour que tous te connaissent, t’aiment et t’adorent ! Sois comme la rosée à ton Israël. Revêts-le de beaux vêtements, pareils aux tiens propres, tellement parfumés du parfum d’en haut, que nul ne puisse s’approcher, sans reconnaître que tes saints ont été avec toi et ont reçu, de tes palais de cèdre, des odeurs particulières à ces hauteurs sacrées ! ».



Versets 12-14. « Ma sœur, mon épouse, tu es un jardin clos, une source close, et une fontaine cachetée. Tes rejetons sont un parc de grenadiers, avec des fruits délicieux de troène avec l’aspic, l’aspic et le safran, la canne odoriférante et le cinnamome, avec tout arbre d’encens ; la myrrhe et l’aloès, avec toutes les principales drogues aromatiques ».

Quelques moments de méditation sur la position et la nature physiques du pays d’Israël nous aideront extrêmement à comprendre ces belles et instructives comparaisons. On dit que la terre promise est située au centre du monde habitable : lieu d’élite d’une grande beauté et d’une grande fertilité naturelles. Il importe aussi d’observer que c’est en vertu d’un arrangement divin, et par suite de circonstances accidentelles qu’a été déterminé le lieu assigné pour pays aux Juifs. Des centaines d’années avant qu’Israël eût une existence nationale quelconque, « le Souverain », en établissant les limites des diverses nations de la terre, réservait cette place centrale pour Son peuple élu.

Le passage qui suit établit avec clarté ce point important. « Quand le Souverain partageait les nations, quand il séparait les enfants des hommes les uns des autres, il établit les bornes des peuples selon le nombre des enfants d’Israël. Car la portion d’Israël, c’est son peuple ; et Jacob est le lot de son héritage » (Deut. 32, 8, 9). On peut recueillir beaucoup de lumière de cette intéressante vérité, relativement à la place qu’occupe Israël dans les pensées et les desseins de Dieu. Ce lieu central a été déjà le théâtre d’événements qui surpassent de beaucoup tous les autres par leur importance et leurs résultats ; et il sera encore le théâtre d’événements que les cieux et la terre attendent et que toute l’Écriture annonce. La prédiction qui n’apparaît qu’en germe en Éden s’épanouira pleinement dans toutes ses gloires, dans la terre promise.

À cause de la chute d’Israël, le pays, comme nous le savons, est maintenant dans un état de désolation. Il ne rappelle rien moins que l’idée d’un centre ; il est foulé sous le pied des Gentils ; mais quoiqu’il ait été longtemps comme un désert et l’ombre de la mort, il ne sera pas toujours ainsi. Le Seigneur du pays est absent, à présent ; il s’en est allé dans le « pays éloigné » ; mais il reviendra, et prendra possession du sien (Luc 19). « La terre est à moi » dit le Seigneur ; et conformément à Son intention première, ce pays deviendra, au temps convenable, le centre de toutes les nations, la gloire de tous les pays, la louange de tous les peuples ; et Sa Jérusalem bien-aimée sera la métropole de toute la terre et le centre de bénédiction pour tous ceux qui y habitent. La bannière royale flottera alors sur ses remparts, comme le signe certain que l’« homme noble » est revenu, que le Roi des nations est là.

Moïse eut le privilège avant de mourir de contempler ce beau pays du sommet de Pisga. L’Éternel Lui-même le montra à Son serviteur Moïse. Quelle grâce ! Quelle condescendance ! Quel honneur accordé à Moïse ! « Je te l’ai fait voir de tes yeux, mais tu n’y entreras point » (Deut. 34). Il lui fut permis, avant de fermer les yeux dans la mort, de considérer la future demeure des rachetés de l’Éternel, de voir ses fertiles vallées, ses belles montagnes et ses plaines bien arrosées partout. Voici dans quels termes, sous la direction du Saint Esprit, il en fait la description. « Car l’Éternel ton Dieu te va faire entrer dans un beau pays, qui est un pays de torrents d’eaux, de fontaines et d’abîmes qui naissent dans les campagnes et dans les montagnes ; un pays de blé, d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers ; un pays d’oliviers qui portent de l’huile, et un pays de miel ; un pays où tu ne mangeras point le pain avec disette, et où rien ne te manquera ; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l’airain » (Deut. 8, 7, 8, 9).

Ne semble-t-il pas que les comparaisons de notre texte sont empruntées aux productions riches et variées de la terre sainte ? L’épouse du Seigneur est ici comparée à un « jardin », à un « parc », à une « fontaine » ; tant elle est remplie de tout ce qui Lui est agréable, de ce qui fructifie pour Lui ; tant sont variées les grâces du Saint Esprit en elle : il y a abondance pour le cœur de son Seigneur. « L’aspic et le safran, la canne odoriférante et le cinnamome, avec tout arbre d’encens, la myrrhe et l’aloès avec toutes les principales drogues aromatiques ». Quelle vérité pour tes méditations, ô mon âme, pèse-la bien ! Considère-la dans ses différentes parties. Le « jardin » peut être renommé pour son exquise collection de fleurs, pour ses arbustes aromatiques, pour toutes ses plantes agréables ; le « verger » pour toute espèce d’arbres portant des fruits précieux, et la « fontaine », ce qui arrose tout l’ensemble de la scène. Toutes les feuilles sont arrosées et humectées de ce qui provient de la vive fontaine des eaux. Quelles vastes et profondes pensées cela devrait nous donner de ce que le peuple de Dieu doit être pour Lui dans ce monde. Ce qu’est le jardin le plus délicieux, comparé au stérile et « hideux désert », les saints du Seigneur devraient l’être comparés aux hommes du monde. Eh bien, ô mon âme, qu’en est-il de toi ? Y a-t-il en toi fraîcheur, croissance, fertilité, dans les choses de Dieu ? Le Seigneur peut-Il venir dans le jardin de ton cœur, et manger ses fruits délicieux ? Il connaît toutes tes pensées et toutes tes voies.

Mais, remarque de plus, que le cœur charmé de l’époux décrit son épouse comme « un jardin clos — une source close — une fontaine cachetée ». Elle est toute pour lui et pour lui seulement. Ses yeux ne s’égarent point après un autre. Elle est parfaitement satisfaite de sa portion, dans son cher bien-aimé. Christ lui suffit. Il est, à ses yeux, un abri parfait — la satisfaction parfaite de tout son cœur. Nul regard pour un autre. Le contentement remplit son âme : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il paît parmi le muguet ». La fleur, le parfum, le fruit, sont pour lui, et rien que pour lui. Son jardin est clos contre tous les autres — le sceau royal est apposé sur la fontaine du roi ; les eaux vives jaillissent pour lui seul. « Sachez que l’Éternel s’est choisi un Bien-aimé » (Ps. 4, 3). Il n’est permis à aucun étranger de toucher à ce qui porte l’empreinte du sceau du roi. « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ; et : que tout homme qui prononce le nom du Seigneur se retire de l’iniquité » (2 Tim. 2, 19). « Mon fils, donne-moi ton cœur », est une demande solennelle. Oh, prête l’oreille, mon âme, à la voix de la sagesse. Quand nous avons satisfait à cette demande, nous ne pouvons plus avoir de cœur pour le monde. Nul homme ne possède deux cœurs ; quoique hélas ! nous semblions quelquefois en avoir deux. Que je veille contre cela. Si Christ possède mon cœur, je ne puis en avoir un pour le monde. Christ ne peut accepter un cœur partagé. Que je dise plutôt, en eussé-je deux, il les aurait tous les deux.

Les expressions « clos », « close », « cachetée » suggèrent avec force la pensée de l’entière et nette séparation du croyant d’avec le monde ; comme une pièce de terre qui a été recouvrée du terrain communal environnant, protégée par une solide clôture bien complantée, bien soignée, et gardée pour l’usage spécial et le plaisir du propriétaire. Quoique dans le monde, le chrétien n’est pas du monde. Ainsi que Christ le déclare Lui-même, « ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ». Il y est comme serviteur de Christ, et devrait apprendre à faire toutes choses pour Lui. « Et quelque chose que vous fassiez en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par Lui à Dieu le Père » (Col. 3, 17). N’importe ce que c’est, depuis la chose la plus petite jusqu’à la plus grande, il doit tout faire comme service pour Christ. Sera-ce là un service pour Christ ? Telle est la question à se poser, et non se demander simplement, quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela ? et alors, faire notre volonté au lieu de celle du Maître.

L’apôtre Paul pouvait dire : « Pour moi vivre, c’est Christ ». C’était comme s’il eut dit : « Pour moi vivre, c’est avoir Christ comme mon motif, Christ comme mon but, Christ comme ma force, et Christ comme ma récompense ». On serait ainsi séparé du monde, et on ferait pourtant dans le monde le meilleur service possible. Lorsque l’œil est tenu fermement attaché sur la personne du Bien-aimé, le cœur continue d’être plein de Lui — la conscience est nette — le jugement sain, et notre service fructueux. Plus nous sommes nous-mêmes tout près de la source, plus sommes-nous sûrs de devenir pour d’autres des canaux de bénédiction ; de même que la source dans le désert, ou le fleuve dans la vallée, qui profite à la contrée environnante. « Si quelqu’un a soif, dit Jésus, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». « Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. (Or, il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en Lui ; car l’Esprit Saint n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié) » (Jean 7, 37, 38, 39).

Le cœur ainsi rempli de Christ par la demeure en lui du Saint Esprit, rendra un témoignage béni à Jésus ressuscité et glorifié. Il devrait couler comme « des fleuves d’eau vive. ». Le croyant est responsable de ce témoignage vis-à-vis de son Seigneur absent. « Celui qui dit qu’il demeure en Lui, doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché » (1 Jean 2, 6). Nous entrons ici sur le terrain de la responsabilité chrétienne. Chrétien, je suis placé sous la responsabilité de marcher en chrétien, non pas, le Seigneur en soit béni ! afin de le devenir, mais parce que je le suis. Quelle grâce ! nous ne sommes pas sous la responsabilité de gagner une place dans la faveur divine : cela, notre Jésus l’a accompli ; mais étant d’ores et déjà, par l’efficace de Son sang précieux, dans la position d’une faveur parfaite, d’une paix, d’une joie, d’une acceptation parfaites, nous devons marcher selon la position dans laquelle la grâce nous a placés. Étant enfant de Dieu je dois marcher comme un enfant de Dieu, et étant serviteur je dois marcher comme un serviteur.

Notre bien-aimé Sauveur, en mourant pour nous, a parfaitement satisfait à notre responsabilité comme hommes — comme enfants du premier Adam ; et maintenant toute notre responsabilité découle de notre relation avec Christ — le dernier Adam, ressuscité et glorifié. « Comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie » (Jean 20, 21). Cette commission, remarquez-le, fut donnée par Jésus ressuscité aux disciples, et non pas seulement aux apôtres ; et nous aurons à Lui rendre compte de cette mission à la fin. Vérité extrêmement solennelle, mais salutaire à connaître et à conserver dans le cœur ! « Chacun de nous rendra compte pour soi-même à Dieu » (Rom. 14, 10-12). Comme nous avons rencontré bien des âmes peu au clair et en perplexité sur ce point, il sera bon peut-être de présenter ici deux ou trois remarques, relativement au tribunal de Christ.

En premier lieu, la personne du croyant ne peut jamais venir en jugement. « Il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24). Il est « justifié de toutes choses ». Christ a été livré pour ses offenses ; et où sont-elles ? Elles ont toutes disparu, et disparu pour toujours. Loué soit Son nom ! Il a été ressuscité pour sa justification ; et qu’en résulte-t-il ? Étant ressuscité avec Lui, le croyant est associé avec un Christ ressuscité, dans sa vie éternelle et son acceptation devant Dieu. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 4 ; 5 ; 8). Le croyant lui-même ne peut donc jamais être mis en jugement. D’ailleurs, quand il comparaîtra devant le tribunal de Christ, il sera dans son corps de gloire ; il sera alors semblable au bien-aimé Sauveur Lui-même, « qui transformera le corps de notre abaissement, afin qu’il soit rendu conforme au corps de sa gloire, selon l’opération de cette puissance, par laquelle il peut même s’assujettir toutes choses » (Phil. 3, 21). Je n’ai pas besoin de dire combien cette glorieuse vérité rejette au loin, bien loin, toute idée de jugement pour ce qui est de la personne du croyant. Il est glorifié avant d’être appelé devant le tribunal, et sait fort bien qu’il est cohéritier avec Christ, et dans une même gloire avec Lui.

Secondement — Les péchés et les iniquités du chrétien ne peuvent jamais être amenés en jugement. Christ a déjà porté leur jugement sur la croix, et les a tous abolis par le sacrifice de Lui-même. Il n’y aura pas un second jugement des péchés du croyant. C’en est complètement et absolument fini de tous les péchés, confessés par nous, et portés par Jésus (Héb. 9 ; 1 Jean 1, 9). « Lequel lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à la justice, et par la meurtrissure duquel vous avez été guéris » (1 Pier. 2, 24). L’œuvre de Christ sur la croix, comme le représentant des siens, a été tellement complète, tellement parfaite, qu’il n’est pas resté la plus petite question à résoudre relativement au péché. Toute question fut close pour toujours, lorsqu’Il s’écria : « C’est accompli ». L’amour divin peut rencontrer le premier des pécheurs, dans toutes les richesses de la grâce de Dieu, sur le fondement de cette œuvre si glorieusement accomplie. Cet amour envers le pécheur, qui fait valoir devant Dieu le nom de Jésus et se confie uniquement en Son sang précieux, est tellement grand, que non seulement tous ses péchés et toutes ses iniquités sont pardonnés, mais même sont dits être oubliés. « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés et de leurs iniquités ; car par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10). L’efficace, la puissance de l’amour, sur tous nos péchés, est telle qu’ils sont effacés du souvenir de Celui qui aime, et ne peuvent jamais venir en jugement.

Troisièmement — Mais quoique ni la personne, ni les péchés et les iniquités du croyant ne soient sujets au jugement du Seigneur en ce jour-là, ses œuvres, comme serviteur du Seigneur, doivent toutes être relevées devant le tribunal de Christ. De là la fidèle parole d’avertissement de l’apôtre : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15, 58). Il s’est arrêté longuement sur la doctrine de la résurrection du corps, maintenant il touche à ce que l’on peut appeler la résurrection des œuvres. « L’œuvre de chacun sera rendue manifeste, car le jour la fera connaître, parce qu’il est révélé en feu ; et le feu éprouvera (et montrera) quelle est l’œuvre de chacun » (1 Cor. 3 ; 4). Mais cette épreuve de la qualité de nos œuvres, ne devrait pas être envisagée comme un sujet d’effroi, mais plutôt comme l’un de nos plus grands privilèges ; car c’est alors que sera accomplie cette précieuse parole : « Alors je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu à fond ».

Dieu est lumière, et Dieu est amour. Il est tout amour — tout lumière pour Ses enfants. Mais Son amour veut qu’ils soient dans la lumière, comme Il est Lui-même. Ce sera la bénédiction parfaite, parce que nous serons alors dans la lumière parfaite de Dieu, aussi bien que dans Son amour parfait. « Dieu est lumière, et il n’y a en Lui nulles ténèbres ». Notre nouvelle, notre divine nature aime la lumière — prend son plaisir en elle. Les ténèbres les plus faibles seraient pour elle un fardeau insupportable. Être dans la lumière, c’est être manifesté, car la lumière rend manifeste. Là, rien ne peut être caché. Et, béni soit le nom du Seigneur, nous ne voudrions pas qu’un seul moment de notre histoire avec Ses voies à notre égard, si tendres, si miséricordieuses, fût laissé dans l’ombre. Le cœur en repousse même la pensée, nonobstant toute notre faiblesse, et notre méchanceté, « car il nous faut tous être manifestés devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5, 10). Quand tout le cours de ma vie sera manifesté dans la parfaite lumière de Dieu — de Dieu en Christ, « alors je connaîtrai à fond, comme aussi j’ai été connu à fond ». Mon jugement de tout ce qu’il y avait de bien et de mal, dans cette vie, sera conforme au parfait jugement de Dieu.

Tout ce qui aura été fait pour Christ, comme fruit de Sa grâce en nous, sera approuvé et récompensé par Lui. Tout ce qui aura été fait simplement dans l’énergie naturelle, ne saurait être reconnu, mais devra maintenant être consumé comme « du bois, du foin, du chaume ». Tout ce qui aura été produit par l’Esprit de Christ en nous, demeurera à toujours, comme « de l’or, de l’argent, des pierres précieuses » (1 Cor. 3, 10-13 ; 4, 1-5). Bien des services accomplis dans un grand esprit de renoncement — sous la croix, pour les motifs les plus excellents, mais avec des moyens que l’Écriture ne sanctionne pas, seront alors analysés avec une exactitude divine. Tout ce qu’Il pourra reconnaître comme bon, sûrement le Seigneur le reconnaîtra et le récompensera abondamment : et bon nombre de saintes pensées du cœur, de pieux desseins qui avaient pour but la gloire du Seigneur, mais qui n’ont jamais été accomplis, seront amenés alors en lumière, et recevront leur pleine récompense. Le plus humble service fait pour Lui sur la terre, ne sera point passé sous silence en ce jour-là. « Car quiconque vous donnera à boire une coupe d’eau en mon nom, parce que vous êtes de Christ, en vérité je vous dis qu’il ne perdra pas sa récompense » (Marc 9, 41). Si A a donné une coupe d’eau froide, et que B en ait donné deux, B aura une récompense double. Il sera aussi manifesté en ce jour ce que c’était qui nous empêchait de faire plus de bien, en considérant la lumière que nous possédions, les occasions favorables qui se présentaient, la grâce qui nous était accordée, et les opérations du Saint Esprit en nous. Néanmoins, chacun possédera la place préparée par Lui de la part du Père. Mais nous ne saurons jamais jusqu’à ce moment-là, combien nous sommes redevables à notre Seigneur et Sauveur bien-aimé. Nous ne saurons qu’alors tout ce qu’Il a été pour nous, et tout ce qu’Il a eu à supporter de notre part. On verra alors, dans la vraie lumière de Sa présence, l’amour de ce cœur qui toujours s’éleva au-dessus de toute notre indignité et se manifesta par sa patiente grâce, dans tout son tendre amour, et dans toute son inépuisable bonté. Et alors aussi on verra ces mille et mille cas dans lesquels nous avons cherché, dans l’orgueil de nos cœurs, à nous complaire à nous-mêmes, à nous exalter nous-mêmes, à nous rendre nous-mêmes quelque chose, au lieu de servir le Seigneur Jésus, de L’exalter, et faire de Lui notre tout en tout.

Nous connaîtrons alors et nous comprendrons dans toute leur perfection bénie la longanimité, la patience, la tendresse d’amour avec lesquelles Jésus nous a ainsi supportés durant tant d’années, et les doux souvenirs d’un amour qui surpasse de si loin tous les autres amours en tendresse, rempliront alors nos âmes de l’admiration la plus parfaite, de la plus fervente adoration, et des transports les plus sublimes de la louange pour toute l’éternité.

Et les nombreuses, les miraculeuses interventions de notre Dieu en notre faveur, et Ses merveilleuses délivrances durant les jours de notre inconversion, ne seront pas non plus ignorées ou oubliées en ce jour-là. Que de fois, lorsque Satan nous avait amenés par ses séductions et par ses mensonges à deux doigts de l’enfer, et qu’il pensait qu’il suffisait d’une autre impulsion pour nous y précipiter, le puissant, le tendre, l’adorable Jésus jeta autour de nous le bras que nous méprisions — nous sauva — et nous emmena avec bonté loin de son bord glissant ! Oh ! avec quels cœurs, débordant de reconnaissance, d’amour et d’adoration, nous nous retirerons de cette scène privilégiée — le tribunal de Christ ! Quelles matières il aura fournies pour les louanges du ciel ! Désormais nous saurons à quoi employer nos harpes d’or, et la source de joie qui nous aura été ouverte là, continuera de couler avec une abondance toujours plus profonde et une fraîcheur toujours nouvelle, à travers toute la longue, la brillante, la bienheureuse éternité.

Il est fait mention dans l’Écriture de deux autres sessions de jugement distinctes, qu’il peut être bon de signaler ici pour prévenir toute confusion : 1° le jugement des nations vivantes « quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire » (Matt. 25, 31-46). Celui-ci a lieu au commencement du millénium ; 2° le jugement des morts devant le « grand trône blanc », quand le ciel et la terre s’enfuient (Apoc. 20, 11-15). Celui-ci a lieu à la fin du millénium, et est tout à fait distinct du jugement des nations vivantes, et du jugement des saints dans le ciel devant le tribunal de Christ. La notion d’un jugement général des justes et des méchants n’est aucunement sanctionnée par l’Écriture.

Maintenant, en ce temps-ci, nous devrions marcher par la foi, dans la lumière de ce jour à venir. Le triple effet de cette vérité sur l’esprit de l’apôtre est digne d’une attention toute particulière de notre part. « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes, mais nous sommes manifestés à Dieu, et j’espère aussi que nous sommes manifestés dans votre conscience » (2 Cor. 5, 11). 1. Connaissant quelle chose terrible ce doit être pour un pécheur de paraître devant Dieu dans ses péchés, et rien que sous sa propre responsabilité, l’apôtre est poussé à prêcher l’évangile avec beaucoup d’ardeur. « Nous persuadons les hommes ». Il cherche à avertir, à convaincre les autres de la pressante et inexprimable importance du salut. Quelle chose redoutable ce doit être pour un incrédule de répondre personnellement du rejet qu’il a fait de Christ et du salut ! Qui est-ce qu’une considération pareille ne pénétrerait pas d’une profonde émotion et ne remplirait pas de ferveur dans la prédication de l’évangile ?

2. L’apôtre était déjà dans la lumière — déjà manifesté à Dieu. « Mais nous sommes manifestés à Dieu ». La pensée du tribunal ne causait pas de terreur à l’apôtre. Elle le poussait seulement à un plus grand zèle pour le salut des autres.

3. Marchant ainsi dans la lumière, l’homme de Dieu — le serviteur de Christ, poursuit son œuvre ; sa conscience, en attendant, réfléchissant la lumière et l’amour de Dieu. Il se recommande lui-même aux consciences de ceux parmi lesquels il travaille. « Et j’espère aussi que nous sommes manifestés à vos consciences ». Oh ! que tels puissent être, ô mon âme, pour toi et pour beaucoup d’autres, les résultats bénis, précieux, et pratiques, de tes méditations sur le tribunal de Christ. Et à cette fin puissions-nous faire l’expérience des diverses opérations du Saint Esprit, signalées par les paroles suivantes du bien-aimé Sauveur.

Verset 16. « Lève-toi, bise, et viens, vent du midi, souffle dans mon jardin, afin que les drogues aromatiques distillent ».

Le mot « vent » est quelquefois employé dans l’Écriture, en rapport avec le Saint Esprit ; et ce que nous présente ce verset, c’est comme si le Seigneur priait en vue des différentes opérations de l’Esprit dans les cœurs de Son peuple bien-aimé. « Souffle dans mon jardin afin que les drogues aromatiques distillent ». Il y a dans sa vigne des drogues aromatiques — « les principales drogues aromatiques », mais il leur faut quelque chose pour distiller. Il vient précisément de se promener dans son jardin, de considérer ses délicieuses plantes et de les appeler par leur nom.

Il connaît bien chaque plante de sa vigne — quand elle a été plantée — quels soins elle a reçus, et quels fruits elle devrait porter. Ce sont tous des plants que sa droite a plantés, « tellement qu’on les appellera les chênes de la justice, et la plante de l’Éternel pour s’y glorifier » (Ps. 80, 15 ; És. 61, 3).

Mais quelquefois, il règne sur toute la plantation un calme de mort qui fait sentir sa pernicieuse influence tant aux vieilles plantes qu’aux jeunes. Les branches balsamiques ne cèdent pas au souffle de l’Esprit, en sorte que le riche parfum n’est point recueilli et emporté sur la brise. « Lève-toi, bise, et viens, vent du midi » ; tel est le cri que pousse maintenant le patient vigneron : « Souffle dans mon jardin ». Un coup violent, pénétrant du vent du nord, ou les douces brises du midi peuvent servir à réveiller, vivifier les saints du Seigneur, à les faire sortir de leur triste état d’indolence. Mais, oh ! la douce pensée ! Celui à qui appartient le jardin et qui connaît parfaitement toutes les plantes qui s’y trouvent, tient en sa main le souffle qui rafraîchit, et le tourbillon qui balaie ; et c’est avec un soin parfait qu’il dispense à toutes ses tendres et précieuses plantes, dans la proportion convenable, le vent du nord et le vent du midi.

« Encore très peu de temps », et elles seront toutes transplantées sous le climat plus bienfaisant du paradis d’en-haut. Là, le vent du nord, si perçant, de l’affliction, du châtiment et de la discipline, ne sera plus nécessaire. Il n’y aura rien dans ces régions sans nuages pour flétrir la feuille, détruire le germe, brûler la fleur, ou étouffer le fruit. Nous avons eu dans ce monde glacé, assez, oh ! bien assez, de cette œuvre si triste, si douloureuse. Viens, viens, salut ! heureux jour, qui nous verra loin du désert où souvent l’épreuve arrive pareille à un coup de vent terrible, comme si elle voulait déraciner la faible plante, et où souvent la souffrance remplit le cœur, et la honte couvre le visage, parce que nous avons été si stériles dans le bien et si féconds dans le mal ! Mais alors, c’en sera fini de tout mal ; il n’y aura plus là de chagrin, plus de vers rongeurs. Plantés, enracinés dans le sol pur du ciel, nous désaltérant sans cesse à la rosée de l’éternel amour, nous fleurirons et porterons du fruit à la joie ineffable du cœur de notre Père — à la gloire de notre Seigneur adoré, par la présence permanente de Dieu le Saint Esprit avec nous.

Fais, Seigneur, que désormais mon cœur s’adonne entièrement à la culture que tu vois être la meilleure ; que mon cœur cède à chaque souffle de ton Esprit, et qu’il y ait dans ma vie des fruits et un parfum de nature à te réjouir. Oh ! que je sois toujours en état de dire : « Que mon bien-aimé vienne en son jardin, et qu’il mange de ses fruits délicieux ». Ces quelques mots sont les seuls qui sortent des lèvres de l’épouse dans cet admirable chapitre. Mais ce sont d’heureuses, de précieuses paroles. « Mon bien-aimé ». Elle est chez elle, et heureuse en présence de l’époux. Il est à elle, lui-même : elle le sait ; elle en jouit. Il est son bien-aimé Seigneur et Sauveur. « Mon bien-aimé ». Mais lorsqu’elle parle du jardin, elle l’appelle « Son jardin » ; et du fruit elle dit : « Ses fruits délicieux ». C’est là le véritable terrain, ainsi que nous lisons ailleurs : « Mon bien-aimé avait une vigne en un coteau d’un lieu gras. Et il l’environna d’une haie, et en ôta les pierres, et la planta de ceps exquis ; il bâtit aussi une tour au milieu d’elle, et y tailla une cuve ». Il dit encore en parlant de ses soins pour cette vigne qui s’est montrée si stérile pour Lui : « C’est moi, l’Éternel, qui la garde ; je l’arroserai de moment en moment, je la garderai nuit et jour afin que personne ne lui fasse du mal » (És. 5 ; 27).

Dans le quinzième chapitre de Jean, le Seigneur parle de Lui-même comme du « vrai cep », des siens comme des « sarments », et de Son Père comme du « cultivateur » — du vigneron. Quel spectacle merveilleux ! Le Père, regardant du ciel, contemple, sur tout le monde habitable, Son propre Fils bien-aimé portant du fruit à Sa gloire, par les nombreux sarments de ce cep exquis ! Quel vaste vignoble ! Ce n’est que par les riches sucs qu’ils tirent de la souche mère que les sarments portent du fruit. Quel délicieux spectacle pour l’œil du Père ! Quel objet de constante sollicitude pour le cœur du Père ! Mais aussi quelle joie, quand Il voit les sarments ainsi vitalement unis avec Son Fils « remplis du fruit de la justice qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1, 11). « En ceci mon Père est glorifié que vous portiez beaucoup de fruit » (Jean 15, 8)[1].

Chapitre 5

La belle et bien-aimée Sulamithe n’a pas plutôt invité son seigneur à venir dans son jardin, et à manger de ses fruits rafraîchissants, qu’il répond : « Je suis venu ». Il ne dit pas : « Je puis venir, ou je viendrai », mais « Je suis venu ». Pendant qu’elle l’invite encore, il est déjà présent. Son cœur est toujours prêt — faisant le guet pour ainsi dire, afin d’ouïr le cri de ses bien-aimés. Oh ! heureuse l’épouse — heureux le peuple qui se trouvent dans un cas pareil. Avoir le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, attendant, se tenant prêt à ouïr quand ils L’appellent ! Les fruits de l’Esprit Lui sont toujours agréables. Il les trouve maintenant riches et variés, et Il jouit vivement de ce banquet de l’amour.

Verset 1 — « Je suis venu dans mon jardin, ma sœur, mon épouse ; j’ai cueilli ma myrrhe avec mes drogues aromatiques ; j’ai mangé mes rayons de miel avec mon miel ; j’ai bu mon vin et mon lait ; mes amis, mangez, buvez, faites bonne chère, mes bien-aimés ».

Ces divers fruits peuvent représenter les divers résultats des opérations de l’Esprit dans les âmes par la vérité. De l’une peuvent couler des larmes aussi amères que la myrrhe, sous le sentiment profond d’une ancienne chute. L’Esprit de Dieu ayant appliqué avec puissance la vérité à la conscience, le cœur est brisé ; ses fontaines profondes sont ouvertes, et les larmes les plus amères de l’angoisse coulent comme un fleuve. Et maintenant, tout se produit devant Dieu dans une confession sans réserve. Dans la lumière pénétrante de la sainte présence de Dieu, on perd de vue les causes secondes. « J’ai péché contre toi, contre toi proprement, et j’ai fait ce qui déplaît à tes yeux ». Voilà les cabinets secrets où l’âme doit être avec Dieu. Quoique le péché de David eût été contre son prochain et contre la société, il n’en dit pas moins : « J’ai péché contre toi, contre toi proprement ». Tout péché est contre Dieu, et c’est une chose pénible d’avoir à faire avec Dieu au sujet de notre péché. Mais il nous faut aller tout droit dans le cabinet de la présence du Saint Esprit juste tels que nous sommes, si nous voulons être délivrés du fardeau du péché : ce n’est que là que nous serons pleinement soulagés. Il faut que le pénitent en pleurs dépose la multitude de ses péchés côte à côte avec la multitude des tendres compassions de Dieu. C’est ainsi seulement qu’il apprend tout ce que signifie cette parole : « Où le péché abondait, la grâce a surabondé ». Le Père rencontre Son enfant, béni soit Son nom, dans la grâce infinie de Son cœur, sur le fondement du sang précieux de Jésus. De même que le flot qui monte de l’immense océan, se hâte à la rencontre du flot qui descend, l’embrasse et le déborde de toute part, ainsi la grâce vient au-devant du pécheur repentant et efface pour toujours toute trace de son péché. Il se peut que, semblable à un fleuve, son cours ait été long et profond, mais désormais, impossible d’en saisir même la moindre trace.

Amour divin, tu as englouti mes péchés dans tes vastes et profonds abîmes ; mon iniquité est couverte ; je suis délivré de toute condamnation ; tandis que le sang de Jésus fait retentir la terre et les cieux de ce cri d’amour : Grâce ! Grâce entière ! Grâce illimitée !

Ayant passé par l’expérience décrite dans le psaume 51, David pouvait célébrer et adorer Dieu avec un cœur plein de joie dans les accents du 103 : « Mon âme, bénis l’Éternel, et que tout ce qui est au-dedans de moi bénisse le nom de sa sainteté. Mon âme, bénis l’Éternel, et n’oublie aucun de ses bienfaits. C’est lui qui te pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités, qui garantit ta vie de la fosse, qui te couronne de gratuité et de compassions ». Ainsi la majesté, la sainteté, et la fidélité de Dieu avaient été maintenues, le péché avait été jugé dans la lumière, la conscience avait été purifiée, le cœur rendu heureux, la communion pleinement rétablie, et l’âme établie dans la grâce. Les larmes peuvent avoir été plus amères que la myrrhe, mais les résultats sont pour le cœur de Christ plus doux que le miel, et plus parfumés que toutes les drogues aromatiques.

Le Seigneur trouve toute sorte de fruits dans les assemblées des siens. Il a la plus entière communion avec tout ce qui est de l’Esprit, et en jouit avec délices. « J’ai cueilli… J’ai mangé… J’ai bu ». Il a communion avec toutes les espèces diverses. Il n’en dédaigne aucune. Dans le disciple avancé, Il peut trouver ce qui indique la force et la vigueur du vin, tandis que dans le petit enfant nouveau-né, il peut y avoir la douce simplicité du lait. Un incrédule, vexé et irrité de la charmante simplicité d’une enfant convertie qui parlait de la joie et du bonheur d’être avec Jésus pour toujours, lui dit : « Mais si Jésus est dans l’enfer ? ». « Ah ! » répliqua la chère petite, « ce ne serait pas l’enfer, s’il y était ». Combien cette parole est simple, et pourtant combien irréfutable ! Comme elle honore le nom de Jésus — qu’elle est rafraîchissante pour Son cœur ! Qu’as-tu pour ton Seigneur, ô mon âme ? Que peut-Il cueillir de toi — que peut-Il manger — que peut-Il boire chez toi ? Quoi de plus doux que l’humilité ? Qu’est-ce qui honore plus le Seigneur qu’une complète dépendance de Lui ? Quoi de plus agréable à Son cœur que le désir continuel, croissant, de glorifier Dieu ?

Des hôtes nombreux auront part à ce souper royal, et entreront dans ses joies. Nombreux, fort nombreux, sont les « amis » de l’Époux. Et au jour de Sa gloire, ils entreront tous dans Sa joie. Jour merveilleux, jour longtemps désiré de la gloire céleste et de la gloire terrestre ! Tous les cœurs seront atteints et émus de cette joyeuse invitation : « Mes amis, mangez, buvez, faites bonne chère, mes bien-aimés ». Les « branches naturelles » longtemps retranchées du tronc de la promesse, seront, comme dit l’apôtre, greffées de nouveau. « En ce jour-là » — le jour du rétablissement d’Israël — « l’Éternel fera que Jacob prendra racine, Israël boutonnera et s’épanouira, et ils rempliront de fruit le dessus de la terre habitable » (És. 27). Quel banquet sera alors préparé pour toutes les nations par Israël rétabli ! Le dessus de la terre habitable sera rempli de fruit. « Et l’Éternel des armées fera à tous les peuples, en cette montagne, un banquet de choses grasses, un banquet de vins purifiés, un banquet, dis-je, de choses grasses et moelleuses, et des vins sans aucune lie bien purifiés » (És. 25). Et encore : « et il arrivera, en ce temps-là, que je répondrai, dit l’Éternel, que je répondrai aux cieux, et les cieux répondront à la terre, et la terre répondra au froment, au bon vin et à l’huile, et eux répondront à Jizreël. Puis je la sèmerai pour moi en la terre » (Os. 2). Ici il y a un changement de figure : ce n’est plus de greffer, mais de semer, qu’il s’agit, comme si Dieu allait opérer sur la terre une chose entièrement nouvelle.

« Nous savons, par le Nouveau Testament », dit l’auteur d’un ouvrage récent, « qu’en ce jour-là » « les cieux » seront occupés par Christ et les saints glorifiés. Jéhovah répondra aux cieux, « et les cieux répondront à la terre ». Christ, en qui toutes choses, tant ce qui est aux cieux que ce qui est sur la terre, seront réunies, sera Celui auquel s’adressera la prière de tout ce qui sera sur la terre, comme ce sera par Lui et par Ses saints glorifiés que la bénédiction sera universellement administrée. « Et la terre répondra au froment, au bon vin et à l’huile ». Alors plus d’indigence, plus de disette. La voix de plainte aura cessé de se faire entendre dans les rues. Le gémissement universel de la création se sera tu, et à sa place retentiront de toutes parts les hymnes de la gratitude et de la louange. « Et eux répondront à Jizreël ». Or, Jizreël, comme les savants nous l’apprennent, signifie : « la semence de Dieu », et cette interprétation du mot est confirmée par ce qui suit immédiatement : « puis je la sèmerai (Israël) pour moi en la terre »… Il y aura une chaîne non interrompue de bénédiction, du trône de Jéhovah, la grande source de tout, à la terre pour la jouissance, par le genre humain, de toutes les bénédictions de cette vie ; et la place occupée dans cette merveilleuse chaîne par Israël restauré, est celle de Jizreël, la semence de Dieu, semée, par Jéhovah et pour Lui, en la terre, et remplissant de fruit la face du monde. Jéhovah — les cieux, occupés par Christ et l’Église dans la gloire — la terre — Israël rétabli, ou Jizreël, la semence de Dieu — la bénédiction universelle sur la terre, même jusqu’à l’abondance du froment, et du vin et de l’huile, pendant que la guerre et la violence ont pris fin. « Alors la gloire de l’Éternel sera manifestée, et toute chair ensemble la verra ». Louange, louange éternelle à Celui qui seul fait des choses merveilleuses ! Que toute la terre soit remplie de Sa gloire.

Oh ! quel cercle de bénédiction nous est présenté ici ! Considère-le bien, ô mon âme, et fais-en le sujet de tes méditations. Porte tes regards en avant sur le jour heureux où Celui qui a été si longtemps absent sera de retour, et dira aux oreilles de Ses saints qui l’attendent : « Je suis venu » — « Je suis venu dans mon jardin, ma sœur, mon épouse ». Alors les promesses faites aux pères seront accomplies dans leurs enfants, conformément à la parole du Seigneur. Jéhovah dans les plus hauts cieux — Christ et Ses saints glorifiés dans les cieux qui sont rattachés à la terre — puis Israël rétabli dans la terre sainte et toutes les nations de la terre, liés ainsi ensemble par une glorieuse chaîne de bénédiction universelle ! Oh ! quel cercle de gloire ! Quel cercle « d’amis » ! Quel banquet d’amour ! Et quel accueil de radieuse allégresse de la part de Celui qui est « le Seigneur de tous » ! — « Mes amis, mangez, buvez, faites bonne chère, mes bien-aimés ».

Verset 2 — « J’étais endormie, mais mon cœur veillait ; et voici la voix de mon bien-aimé qui heurtait en disant : Ouvre-moi, ma sœur, mon épouse, ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ; car ma tête est pleine de rosée, et mes cheveux de l’humidité de la nuit ».

Dans cette triste confession de l’épouse, nous est présentée une expérience que font fréquemment beaucoup de croyants, parmi les chrétiens aussi bien que parmi les Juifs, et qui est bien digne de notre patiente méditation. La plupart des chrétiens sont beaucoup plus occupés d’eux-mêmes et de leurs sentiments variables que de la Parole de Dieu. C’est là pour l’âme une source abondante de troubles et de perplexités sans fin. Qu’il arrive souvent à des chrétiens de se hâter de conclure que Christ n’est plus à leur égard ce qu’Il était autrefois, lorsqu’ils éprouvent que leurs sentiments ont changé ! Ils jugent du Seigneur par leurs sentiments à eux, au lieu de croire en Lui conformément à Sa propre Parole. C’est là regarder au moi, au lieu de regarder à Christ, et être gouverné par les sentiments, au lieu de l’être par l’immuable vérité de Dieu.

Il y a à peine quelques heures, pouvons-nous dire, en suivant l’ordre de notre chapitre, l’épouse se trouvait dans la pleine joie de la présence de son seigneur. Elle était alors rayonnante et heureuse, comme certains chrétiens dans le plein courant d’une bonne réunion. Mais le souper fini, et les hôtes retirés, elle se retire aussi pour se reposer. Bientôt hélas, il survient dans ses sentiments un changement qui la trouble fort. « J’étais endormie, mais mon cœur veillait ». Elle est inquiète, triste, malheureuse. Son cœur soupire après Christ, mais elle n’est pas disposée à se donner de la peine pour Lui. Quel triste, déplorable état de choses, quand le bien-aimé Jésus doit frapper à la porte ! Mais c’est là un cas qui n’est pas rare, tout en étant généralement sincère de cœur. Le croyant peut être tombé dans un état d’assoupissement et de sommeil, où les devoirs spirituels deviennent un fardeau, et sont, ou bien entièrement négligés, ou bien accomplis avec nonchalance. Misérable état d’âme, que celui qu’exprime cette parole : « J’étais endormie, mais — mon cœur veillait » ! Il est bon de considérer les deux côtés de ce « mais ». Elle n’est ni endormie, ni éveillée : d’un côté, c’est une conscience endormie ; de l’autre, un cœur vigilant. Elle ne peut trouver ni paisible repos, ni rafraîchissement. Et il est bon qu’il en soit ainsi quand nous devenons indifférents aux choses du Seigneur. Mais quel tableau de milliers et de dix milliers de serviteurs qui devraient être sereins, heureux, et toujours prêts pour toute œuvre dans le service de Christ et des âmes immortelles !

Nous arrivons maintenant à l’heureux et brillant côté de cette scène remplie d’instruction. Le Seigneur a-t-Il changé parce qu’elle est changée ? Dans son aveuglement, l’incrédulité dirait hardiment que oui, et alors suivraient d’indignes pensées à l’égard de Christ, avec des doutes et des craintes sans fin ; quand on se laisse guider par ses pensées intimes, les paroles de Christ ne comptent pour rien. Mais la froideur et l’indifférence de l’épouse ne L’ont-elles réellement pas changé le moins du monde à son égard ? L’amour que Christ lui porte ne change jamais un instant, quelles que soient ses chutes et son inconstance. Mais impossible de faire à la question une meilleure réponse que celle que nous trouvons dans les paroles mêmes de l’épouse endormie. Toute assoupie qu’elle est, elle reconnaît son coup et discerne sa voix ; et en outre elle dit : « Mon bien-aimé ». Son âme possède une vie qui doit toujours répondre à cette voix, nonobstant la chute. « Et voici », dit-elle, « la voix de mon bien-aimé, qui heurtait, disant : Ouvre-moi, ma sœur, ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ; car ma tête est pleine de rosée, et mes cheveux de l’humidité de la nuit ». Ici, ô mon âme, tu as devant toi, face à face, sur la page de la vérité éternelle, le pauvre croyant toujours si prompt à varier, et le Sauveur qui demeure toujours le même. Quel est ton avis ? Vaut-il mieux dans un cas pareil s’en rapporter, relativement à la pensée de Christ, aux suggestions de l’esprit humain, ou à la Parole de Dieu si positive et si claire ? Que pourrait-il y avoir de plus clair et de plus précis que les paroles que nous avons là ? Considère-les bien, ô mon âme, et médite-les ; et puissent ton cœur ou ta conscience en réfléchir toujours la lumière bénie dans tous tes rapports avec des âmes en chute et dans la perplexité !

Quel patient, quel touchant amour respirent les paroles de l’époux à sa faible et fervente épouse ! Au lieu de se laisser influencer par le triste état de son âme, et de l’accuser d’ingratitude et d’indifférence envers lui, il s’adresse a elle dans des termes plus tendres que jamais : « Ouvre-moi », dit-il, « à moi — ton propre Messie — ton Bien-aimé. — Je suis Jésus — pourquoi me fermer la porte ? ». « Ouvre-moi, ma sœur, ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ». Jamais jusqu’ici il ne l’avait appelée sa « parfaite ». Cette expression d’une grâce et d’une signification merveilleuse était réservée pour le jour de sa chute profonde. Jamais non plus il n’avait fait auparavant allusion à la pesante « rosée », à « l’humidité de la nuit » plus pesante encore, par lesquelles il avait été surpris dans son sentier de dévouement, d’amour pour elle. Oh ! quel appel ! Ses accents profonds redisent, comme un écho des ténèbres de Gethsémané et des solitudes du Calvaire, la grandeur d’un amour que rien ne pourrait détourner de son but. Mais, hélas ! l’appel du Seigneur n’a que peu d’effet sur la conscience toute endormie de l’épouse.

Y a-t-il en tout cela, qu’on me permette de le demander, quelque chose qui ressemble à un changement dans l’amour de Christ pour Sa bien-aimée en chute ? Qui pourrait le dire ? À moins que ce ne soit ceci, qu’Il révèle plus pleinement Son amour et qu’Il s’adresse à elle avec plus de tendresse. Ne lui parle-t-Il pas d’une manière bien propre à disposer son cœur à L’écouter ? Ne parle-t-Il pas comme si ce devait être pour Lui une grande faveur qu’elle Le reçût sous son toit ? Or, tel qu’un voyageur fatigué qui a perdu son chemin par une sombre nuit d’orage, il sollicite un abri. Une circonstance digne aussi d’être particulièrement notée, c’est que jamais auparavant dans une occasion quelconque, il ne lui a donné autant de titres de tendresse : « Ouvre-moi, ma sœur, ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ». Tel est, ô mon âme, l’amour de Christ — l’amour de Christ pour une pauvre égarée. Considère-le attentivement. Il n’y a qu’un seul cœur qui ne change jamais. Oh ! comme nous devrions apprécier ce cœur — nous confier en ce cœur — compter uniquement sur ce cœur — et nous tenir toujours près de ce cœur invariable dans son parfait amour ! L’épouse assoupie n’accueille ce patient, merveilleux amour, qu’avec une grande indifférence, et ne lui répond que par les plus vaines, les plus frivoles excuses.

Verset 3 — « J’ai dépouillé ma robe, comment la revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les souillerais-je ? ».

Hélas, hélas, pauvre fille de Sion ! Comme sa chute la rend insensible aux droits de son propre Messie — de son miséricordieux Seigneur ! Quelle puissance le péché possède pour endurcir — pour tuer ! « C’est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l’Éternel ton Dieu ». Une fois loin de la présence du Seigneur, qui saurait dire jusqu’où nous pouvons nous éloigner de Lui, ou par combien de chemins de traverse nous pouvons nous égarer ? La pensée de toute la carrière qu’on peut fournir dans cette fatale direction est effrayante à contempler. Et plus nous aimons nos frères, plus il y a de spiritualité dans le sentiment que nous avons de ce mal terrible, plus aussi sera profonde notre douleur à la vue d’une âme en chute. Qui est-ce qui a souci des âmes et de la gloire du Seigneur, et n’a pas pleuré en secret sur le déclin trop manifeste du zèle, sur l’engourdissement d’un esprit jadis ardent et plein de ferveur ; sur la disparition de ce temps où le cœur du pasteur était si encouragé, si reconnaissant, si plein d’espérance, si réjoui de voir dans les âmes une telle fraîcheur d’affection, un tel zèle pour Jésus ? On était de bonne heure à toutes les réunions, l’air rayonnant — le cœur joyeux — chaque parole sur Christ faisant sur l’âme l’effet d’une huile de joie ; et on ne se retirait de la réunion publique que pour méditer sur quelque vérité nouvelle, et jouir en secret d’une plus intime communion avec le Seigneur !

Ceux qui ont ressenti la douleur que fait éprouver l’égarement d’une âme aussi heureuse, savent seuls ce qu’elle est. De même que le feuillage d’été tout vert et plein de fraîcheur apparaît flétri et languissant après une violente tempête — brûlé comme si un fer rouge eût passé sur lui — tel hélas ! apparaît celui qui s’est laissé prendre à quelque piège subtil de l’ennemi. Tout change dans ses manières et ses habitudes. Oh ! qu’il est changé ! Bientôt ce n’est plus qu’irrégulièrement qu’il assiste aux réunions. Il s’imagine que tout le monde a changé à son égard, lent à apprendre que c’est en lui-même que se trouve le changement. Il se blesse, peut-être, de quelque petite chose, et se retire. Désormais sa place est vide — il s’en est allé — allé où ? Dans la plupart des cas, le Seigneur seul peut répondre à cette question. Non que nous devions être indifférents à cet égard, mais il n’y a que le Seigneur qui puisse suivre la trace de ses égarements. Son œil vigilant suit partout le pauvre égaré, et le cœur qui fut jadis percé pour ses péchés, ne peut jamais, non jamais, cesser de s’occuper de lui. Dans la sagesse de Son amour, Il peut lui laisser goûter l’amertume et la douleur de ses propres voies, et il en sera ainsi bientôt d’Israël ; mais le Seigneur a toujours à Sa disposition le moyen d’amener à la repentance, et de rétablir pleinement l’âme dans la communion avec Lui-même.

Verset 4 — « Mon bien-aimé a avancé sa main par le trou de la porte, et mes entrailles ont été émues à cause de lui ».

C’est là un mouvement dans la bonne direction. Le Seigneur soit loué ! Sa propre main a fait cela. Nous avons maintenant comme une réponse à son amour, faible, il est vrai, mais réelle. Le cœur est ému à cause de lui. Elle n’a jamais cessé de l’appeler « mon bien-aimé ». Quoiqu’il y ait chute, il y a affection pour le Seigneur. Mais lorsque l’âme n’est pas attentive aux coups miséricordieux, pleins de douceur, que l’amour d’un Sauveur frappe à la porte, Il a recours à d’autres moyens. Il sait quel est l’état du cœur et ce qui sera efficace pour le tourner vers Lui. « Dieu ne s’en enquerrait-il point, vu que c’est lui qui connaît les secrets du cœur ? » (Ps. 44, 21). Quelquefois, c’est par des moyens inattendus qu’Il atteint la conscience. La lumière arrivant nous fait voir où nous sommes et ce que nous sommes. La grâce triomphe. L’âme recherche maintenant la présence du Seigneur et le bonheur qui ne se trouve qu’en Lui. Cependant, il est possible qu’il s’écoule quelque temps avant qu’elle soit pleinement relevée de sa chute ; elle peut passer par beaucoup de douleur, d’humiliation, d’abattement, avant d’arriver au parfait repos de la présence de Christ. Confus et agités, comme quelqu’un qui vient de se réveiller de son sommeil, nous pouvons nous mettre à courir et à chercher le Seigneur là où Il n’a jamais dit qu’on Le trouverait. C’est le sanctuaire et non la ville qui est le lieu de Sa bénie et réjouissante présence.

Verset 5 — « Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et la myrrhe a distillé de mes mains, et la myrrhe franche de mes doigts, sur les garnitures du verrou ».

Y a-t-il des larmes douces aussi bien que des larmes amères ? Et peuvent-elles couler en même temps, mêlées les unes aux autres ? Quoi de plus amer au goût que la myrrhe ; quoi de plus embaumé à sentir que la myrrhe franche ? « La myrrhe a distillé de mes mains, et la myrrhe franche de mes doigts, sur les garnitures du verrou » (myrrhe signifie, qui coule, qui pleure). Maintenant l’épouse répond d’une manière nette et réelle au persévérant amour de son époux. « Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ». Elle se relève de son état d’indolence spirituelle. Le sentiment du péché qu’elle a commis en n’ouvrant pas la porte quand il frappait, remplit son âme d’amertume, amertume mêlée toutefois du sentiment d’une affection profonde pour Celui qu’elle a méprisé. Arrivée à la porte à laquelle Il s’est tenu si longtemps, elle trouve tout embaumé du parfum de la personne du Seigneur ; elle saisit les garnitures du verrou, et « la myrrhe distille de ses mains, et la myrrhe franche de ses doigts »[2].

Maintenant qu’elle est réveillée, et qu’elle a un vif sentiment de ce qu’elle a été et de ce qu’elle a fait, la plus profonde douleur et les regrets les plus amers, mêlés à un amour tout pénétré d’adoration pour son Seigneur si miséricordieux et si bon, remplissent son âme et en débordent, comme quelqu’un qui, après une douloureuse chute, s’est décidé à revenir aux lieux de ses anciennes jouissances spirituelles. L’entrée bien connue — la vue de bien des visages si familiers — le son d’une voix non oubliée, et qui réveille encore un écho dans le cœur maintenant attendri — remplissent l’âme des plus profondes émotions. Tout rappelle à la pensée bien des jours écoulés du plus véritable bonheur. Et maintenant aussi, à l’abandon du cœur à l’amour de Jésus se mêlent les coups, les reproches de la conscience. Le cœur murmure en silence : « Seigneur Jésus, j’ai honte et je rougis devant toi. J’ai été misérable et malheureux toutes les heures de mes égarements. Oh ! que j’ai été ingrat ! Que j’ai été ingrat ! Est-il possible que j’aie mis cet opprobre sur ton nom béni ! Mon âme est toute honteuse d’elle-même, se fait les reproches les plus amers. Seigneur, puis-je être pardonné ? Mais, je t’en supplie ardemment, imprime plus profondément dans mon âme le sentiment du péché que j’ai commis en m’égarant, et celui de ta sainteté et de ta grâce à me ramener dans ton bercail. Rends-moi les joies de ton salut. Mon âme s’attache à toi ».

Verset 6 — « J’ai ouvert à mon bien-aimé ; mais mon bien-aimé s’était retiré, il avait passé ; mon âme se pâma de l’avoir ouï parler ; je le cherchai, mais je ne le trouvai point, je l’appelai, mais il ne me répondit point ».

Comme jadis Joseph chercha à exercer le cœur de ses frères de bien des manières, à cause du crime qu’ils avaient commis à son égard, ainsi dans les derniers jours, le vrai Joseph fera passer par des exercices profonds le cœur de Ses frères les Juifs, à cause de leur état devant Dieu. Mais pour avoir adopté envers eux une marche qui les éprouvait et les criblait douloureusement, Joseph n’avait pas moins d’amour pour ses frères. Son cœur était plein et prêt à éclater en expressions de l’affection la plus profonde, quand le moment convenable serait arrivé. Quel soulagement pour lui lorsque les écluses furent ouvertes et que l’amour longtemps contenu de son cœur put prendre son libre cours ! Il en sera ainsi du Seigneur, juste avant qu’Il se relève en puissance et en gloire pour la complète délivrance d’Israël, et la pleine manifestation de Son amour pour lui comme son propre Messie.

Cependant, l’analogie qui est ici si frappante entre Joseph et ses frères, et Christ et les Juifs, fait complètement défaut lorsqu’on l’applique à Israël et l’Église de Dieu. L’idée si répandue que Christ quelquefois se retire, ou cache Sa face aux chrétiens afin de les éprouver, n’a aucun fondement dans les épîtres. Avec les Juifs, sous la loi, les choses naturellement étaient toutes différentes ; Dieu habitait dans une épaisse obscurité. — Le chemin des lieux saints n’était pas encore manifesté — le parfait sacrifice n’avait pas été offert — la conscience du Juif n’avait pas été parfaitement purifiée, il ne pouvait donc pas avoir une pleine paix. Mais pour les chrétiens, la position est entièrement changée. « Les ténèbres s’en vont et la vraie lumière luit maintenant ». Nous sommes « agréables dans le Bien-aimé ». Nos péchés, selon le jugement de Dieu, furent tous et pour toujours, ôtés par l’offrande unique de Christ. Lorsque le plein jugement de Dieu contre le péché fut exprimé sur la croix, le voile fut déchiré, et le chemin des lieux saints fut ouvert. Nous, morts dans le péché, et Christ, mort pour le péché, fûmes vivifiés ensemble, ressuscités ensemble, et assis ensemble dans les lieux célestes, Dieu ayant pardonné toutes nos offenses. Il ne saurait y avoir de voile entre Dieu et Christ dans Sa gloire, et nous, étant en Christ, tous parfaits devant la face de Dieu, il ne saurait y avoir de voile entre Dieu et nous. Et de plus, le Saint Esprit est descendu comme le témoin et la puissance de notre union actuelle avec Christ ressuscité et exalté, et pour nous donner par Son habitation en nous la jouissance consciente de notre position et de notre portion avec Christ dans la présence de Dieu. L’idée même que le Seigneur veuille cacher Sa face à ceux qui sont dans la pleine lumière de Dieu avec Lui-même et comme Lui-même est assurément entièrement étrangère à toute la doctrine de l’Écriture concernant l’Église. Il est vrai — combien vrai, hélas ! — que nous pouvons oublier comme nous sommes richement bénis en Christ Jésus. — Nous pouvons oublier que nous sommes associés avec Lui comme ressuscité des morts et monté en haut — nous pouvons oublier que Sa vie est notre vie, et que Ses délices devraient être aussi les nôtres ; et oubliant ces choses, nous pouvons nous éloigner de Lui, et pécher contre Lui. Et nul péché, souvenons-nous en, ne saurait être aussi odieux à Dieu que le péché d’un chrétien, par la raison précisément que nous avons été amenés aussi près de Lui. Mais hélas, il faut que nous nous soyons éloignés de Lui, quand nous tombons dans le péché ; nul de nous ne pourrait pécher en Sa présence. , le péché nous est odieux, et nous avons puissance sur lui.

Il y a tant de dignité dans le langage du Saint Esprit quand Il fait allusion à ce point, qu’Il se borne à admettre uniquement la possibilité qu’un chrétien pèche. « Si », dit-Il — ce n’est que la possibilité d’une chose pareille qui est supposée — « si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste, et lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2, 1, 2). Nous avons là comment Dieu a pourvu à tous les besoins de notre marche de pèlerins. L’intercession de Christ fondée sur la justice et la propitiation garantit la purification de nos souillures, et nous maintient sans tache devant la face de Dieu. Comme l’idée tant répandue que quelquefois Dieu cache Sa face derrière un nuage pour mettre à l’épreuve la foi et l’amour de Ses enfants, est opposée à cette vérité bénie ! Nous pouvons manquer d’en jouir, ou nous pouvons l’ignorer, mais la vérité de Dieu demeure invariablement la même ; et la position de l’Église devant Lui, en Christ, est aussi invariable que la vérité qui la révèle.

Maintenant, si nous passons de l’Église à Israël comme tel, nous trouvons qu’il y a non pas analogie, mais contraste avec toute cette merveilleuse grâce. Car quoique « au temps de la fin » le résidu attende le Messie et soupire après Lui avec une sincère affection, il est encore sous la loi, et Dieu lui en laisse sentir la pression. Comme le meurtrier de jadis, il sera, pour ainsi dire, dans la ville de refuge jusqu’à ce qu’il survienne un changement dans la sacrificature (voir Nombres 35). L’apparition de l’oint du Seigneur, dans l’exercice de la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec, sera le grand antitype de cette ancienne loi. Un changement dans la sacrificature, par la mort, procurait la liberté à ceux qui étaient prisonniers dans les villes de refuge. « Mais, après la mort du souverain sacrificateur, le meurtrier retournera dans la terre de sa possession ». Israël, dans le dernier jour, avant que le Seigneur apparaisse, passera par une opération sous la loi qui le criblera profondément, comme le montrent clairement de nombreux passages. Il faut que le jugement solennel de Dieu contre le crime de meurtre dont il est coupable soit senti et reconnu dans sa conscience. Et quand le Seigneur apparaîtra, cette œuvre bénie, quoique sévère, sera plus profonde encore, mais alors ce sera sous la grâce. C’est à ce sujet que le passage suivant se rapporte. « Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’Esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi qu’ils auront percé, et ils en mèneront deuil, comme quand on mène deuil d’un fils unique ; et ils en seront en amertume, comme quand on est en amertume à cause d’un premier-né ». Lisez soigneusement Zacharie 12, aussi 13 et 14.

Mais n’est-ce pas véritablement beau, ô mon âme, de voir la réalité et l’ardeur d’affection que le Seigneur bien-aimé a créée dans les cœurs des siens, au milieu même de toutes leurs souffrances ? Avec quelle douceur le cœur de l’Épouse soupire après son Bien-aimé ! À la vérité, c’est là le caractère des Cantiques. Les Psaumes nous présentent davantage le travail de la conscience dans le résidu, les Cantiques essentiellement et par-dessus tout, les affections du cœur. Tel est le côté que nous avons ici, et c’est un côté précieux. L’amour d’époux de Jésus est manifesté ici, et il le réfléchit d’une manière douce et touchante dans le cœur plein de tendresse de Son épouse. « Mon âme se pâma de l’avoir ouï parler ». Elle put l’ouïr, mais ne put le voir, et son cœur se pâma en elle ; elle en avait fait peu de cas dans une heure mauvaise, et comme il était encore sur le principe de la justice, il s’était retiré et était parti. Mais il ne l’aimait pas moins pour avoir fait cela. Et si elle sentait vivement la douleur qu’il eût caché sa face, il sentait cela infiniment davantage. Jamais le cœur de Joseph ne brûla d’un amour aussi ardent pour ses frères que lorsqu’il se cachait d’eux. Mais il y en a ici un plus grand que Joseph ! « Jésus Christ le même hier, et aujourd’hui et éternellement ». Et remarquez-le, ce passage ne dit point : Dieu est le même hier, aujourd’hui, et éternellement ; naturellement Il est cela ; mais c’est de « Jésus Christ », Sauveur et Époux, qu’il affirme qu’Il ne change jamais. Apprends donc, ô mon âme, à te confier en Lui. Ne doute jamais de Son amour, quelles que soient les apparences, et te ne défie jamais de Sa grâce ; la grâce ne peut jamais faire défaut.

La scène qui suit est une pénible scène. Elle est hors de la communion, et tout est dans un état de confusion et de désordre. L’énergie même et l’ardeur de son amour l’amènent dans toutes sortes de troubles. Elle s’expose pour ainsi dire aux censures des disciples de profession au-dedans, et aux rudes traitements du monde au-dehors. Pour le moment, tout est hors de sa place pour ce qui est de ses voies, mais en général son cœur est droit et fidèle à son seigneur. « Filles de Jérusalem, je vous conjure, si vous trouvez mon bien-aimé, que vous lui rapportiez, et quoi ? Que je me pâme d’amour ». Oh, qu’il y en a peu parmi nous qui pourraient dire : « Je me pâme d’amour » ! Combien rarement il arrive que nous nous exposons à être persécutés pour la ferveur de nos affections ! Puissions-nous connaître davantage de cette communion qui fait que le cœur brûle, et que les paroles coulent en témoignage rempli de vie pour notre Seigneur absent !

Verset 9 — « Qu’est-ce que ton bien-aimé plus qu’un autre, ô la plus belle d’entre les femmes ? Qu’est-ce que ton bien-aimé plus que d’un autre, que tu nous aies ainsi conjurées ? ».

Quoi de plus agréable au cœur que de savoir que nous sommes plus beaux que tous les autres, pour celui que nous aimons le plus ? Être bien assuré que telle est la pensée du Seigneur, donne à l’âme un doux contentement. C’est aussi très agréable d’entendre que les autres, qui auraient pu être remplis de jalousie, parlent de nous et à nous, précisément comme Christ Lui-même. On ne saurait rien désirer de plus.

Eh bien, voilà ce qui est réservé pour un prochain avenir à la fille de Sion — la belle fiancée du vrai roi Salomon. Quand elle sera introduite dans la pleine bénédiction sous le règne du Messie et qu’elle sera hautement honorée par Lui, tous alors lui dirent avec joie : « Ô la plus belle d’entre les femmes ». Les « filles de Jérusalem » peuvent dans cette scène représenter les villes de Juda, qui auront une portion subordonnée à Jérusalem au jour prochain de sa gloire, quoique se trouvant néanmoins dans la même sphère de bénédiction. Jérusalem et les Juifs auront alors sur la terre la première place d’honneur et de gloire, et toutes les nations rechercheront leur faveur et l’abri de leur aile. « Ainsi a dit l’Éternel des armées : Il arrivera en ces jours-là, que dix hommes de toutes les langues des nations empoigneront et tiendront ferme le pan de la robe d’un Juif en disant : Nous irons avec vous, car nous avons entendu que Dieu est avec vous » (Zach. 8, 23). Évidemment, cela est encore futur. Mais, voici encore ce que dit l’Esprit de prophétie parlant du rétablissement des enfants de Sion : « Et les rois seront tes nourriciers, et les princesses leurs femmes tes nourrices ; ils se prosterneront devant toi le visage contre terre, et lécheront la poudre de tes pieds ; et tu sauras que je suis l’Éternel, et que ceux qui se confient en moi ne seront point honteux » (És. 49, 23).

Quel changement se fait alors pour les Juifs ! Quel heureux changement pour ce peuple longtemps foulé ! Quelle histoire que la sienne ! au moins, si nous embrassons le passé, le présent, et l’avenir. « Allez, messagers légers, » dit le prophète, « vers une nation dispersée et pillée, vers un peuple terrible depuis là où il est et par-delà ; une nation nivelée et foulée dont les fleuves ont ravagé le pays » (És. 18, vers. angl.).

Mais à présent, tout est heureusement changé. Il est parlé du résidu de Juda sous l’image d’une épouse, aimée, admirée, et dans laquelle le Roi prend ses délices. Le Seigneur Lui-même — le résidu épargné des autres tribus — et tous les Gentils, admirent sa beauté sans pareille. « Ô la plus belle d’entre les femmes ». Ainsi en sera-t-il en ce jour-là de la nation entière — les dix tribus et les deux tribus. Elles seront toutes réunies dans leur propre pays, et chaque tribu aura son propre lot.

En réponse à la question des filles de Jérusalem : « Qu’est-ce que ton bien-aimé plus que d’un autre, que tu nous aies ainsi conjurées ? », elle réplique immédiatement et trace le portrait fidèle de son bien-aimé. Il s’y trouve tout ce brillant de l’esquisse, et toute cette délicatesse des détails que peut seule donner une passion ardente et partagée. La force de son affection est rendue doublement puissante par les reproches qu’elle se fait elle-même. Le souvenir qu’elle conserve de lui est vivifié par la pensée de l’avoir dédaigné, et tous ses sentiments reçoivent une énergie nouvelle du fait qu’elle ne le trouve point. C’est dans un état de cœur pareil qu’elle le décrit aux filles de Jérusalem de la tête aux pieds. Oh, si nous étions prêts — toujours prêts, sous l’impulsion du moment, à parler de Jésus ! Il ne lui faut point de temps pour se préparer ; elle n’en demande pas. Toute heureuse de l’occasion, elle n’a besoin que d’oreilles qui veuillent écouter et de cœurs qui veuillent croire. Telle que la femme du puits de Sichar, son propre cœur débordait. Le désappointement avait transformé son amour en passion. C’est un soulagement pour son cœur de parler de lui. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être éloquente. L’amour est le don le meilleur de l’évangéliste — l’amour pour Jésus — l’amour pour le pécheur. Mais quand cet amour s’élève à la hauteur d’une passion, il doit y avoir une réelle, une brûlante éloquence. Jamais, jamais, ô mon âme, ne te contente de moins que cela. L’amour pour le Sauveur — l’amour pour les âmes, c’est certes une bonne chose, mais il faut plus à l’évangéliste. Tends à ce que ton amour s’élève en une ardente flamme. L’œuvre l’exige. Es-tu évangéliste ? Que tout ce qui ferait obstacle à ton œuvre soit consumé sur l’autel d’une entière consécration. Prêcher, ne l’oublie pas, ce n’est point enseigner ; et enseigner, ce n’est pas davantage prêcher. Fais appel aux âmes, lutte avec elles, empare-toi d’elles, martyrise-toi pour elles. C’est une affaire de vie ou de mort — d’ineffable, éternelle félicité, ou d’indicible ruine. Réalise l’avenir dans le présent, et crie au Dieu de toute grâce afin qu’aucune âme ne se retire non impressionnée, non bénie, non sauvée.

Des cœurs plus calmes, et plus sages aussi en bien des choses, c’est possible, diront peut-être : « La nature entre pour beaucoup dans un tel zèle, et il n’y a pas peu d’incrédulité ; souvenez-vous que l’œuvre est l’œuvre du Seigneur ». Admets pleinement, ô mon âme, que, quant à toi, tu ne fais que faillir, et que l’œuvre est l’œuvre de Dieu du commencement à la fin ; mais que rien ne ralentisse ton zèle, ou n’abatte ton énergie. Puisse la flamme de ton amour être inextinguible. Oh ! sois sérieuse ; le ciel et l’enfer sont des choses bien sérieuses, sois aussi profondément, profondément sérieuse. Le Maître pleura sur une ville, tu as un monde sur qui pleurer. Aime de Son amour, et que tes yeux pleurent Ses larmes.

Oh ! parle de Jésus — parle de cet amour dépassant toutes les limites de la pensée humaine, qui Lui a fait quitter Son trône du ciel, le cœur plein d’une profonde compassion divine, pour sauver de la mort notre race ruinée, nous purifier de nos crimes, tracer notre chemin.

Oh ! parle de Jésus — parle de Sa mort, car Il mourut pour des pécheurs tels que moi. « C’est accompli », s’écria de Son dernier souffle le Seigneur, Jéhovah Jésus. Cette mort de honte et d’angoisse m’ouvrit le chemin de la vie.



Verset 10 — « Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-enseigne entre dix mille ».

Il est dit de David qu’il était « vermeil et beau de visage » (vers. angl.), paroles relatives, sans doute, à l’éclat et à la fraîcheur de sa jeunesse. Mais dans la description qu’il nous donne ici du vrai David, l’Esprit de prophétie peut faire allusion à la pureté sans tache de Sa personne, et au caractère de Son sacrifice. Ce sont des termes significatifs que ces mots : « blanc et vermeil ». Le Saint Esprit se plaît à présenter, soit en types, soit sous forme d’allégories, les gloires de la personne de Christ, et l’infinie valeur de Son sang. « Pourriez-vous me nommer quelque chose qui soit plus blanc que la neige ? » demandait quelqu’un dans une école du dimanche. « L’âme qui a été lavée dans le sang de Jésus », répondit justement une petite fille. Mais si un tison arraché du feu noirci et consumé, pour ainsi dire, par le péché, peut être ainsi rendu plus blanc que la neige — pur comme la lumière du ciel, en vertu de ce sang précieux, quelles ne doivent pas être, pouvons-nous demander, la pureté essentielle, et la dignité infinie de Celui par l’effusion du sang duquel cette œuvre merveilleuse est accomplie ! Oui, certes, une seule âme ainsi bénie prouverait l’étonnante efficace du sacrifice ; mais que diras-tu, ô mon âme, lorsque dans le ciel tu verras des myriades de myriades d’âmes rachetées, chantant le cantique toujours nouveau : « À Lui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père, à Lui gloire et force aux siècles des siècles. Amen ». Oh ! quelles sublimes pensées toutes pénétrées d’adoration nous aurons alors de Celui qui fut jadis l’humble Fils de l’homme, mais qui est maintenant le Christ de Dieu souverainement exalté.

Ce que tu verras alors de tes yeux, ô mon âme, tu dois maintenant le croire dans ton cœur. Oh ! médite là-dessus, glorifie-toi dans la vérité ; « Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-enseigne entre dix mille ». Quoi d’aussi « blanc » — d’aussi pur — d’aussi saint, que la personne bénie du Fils de l’homme — Jéhovah — Jésus — la racine et la postérité de David ? Quoi d’aussi « vermeil » que le sang qui coula sur le calvaire de Ses veines immaculées ? Qui est digne d’être le capitaine de toutes les armées de Dieu, sinon le capitaine de notre salut ?

Ainsi, connaître Jésus, c’est le salut, la paix et le bonheur dès à présent. Savoir que mes péchés sont effacés par ces gouttes « vermeilles » — oui, effacés — je dis effacés pour toujours, c’est la félicité parfaite. Ils n’ont pas d’existence maintenant devant Dieu, le juge du péché. Pardonné, je le suis — je sais que je le suis, Dieu le déclare. Mais savoir que les péchés sont effacés, c’est une pensée plus profonde encore. Christ a aboli le péché par le sacrifice de Lui-même. Comme le caillou qui a été jeté dans les profondeurs de la mer, nos péchés ne peuvent plus se retrouver — ils sont ensevelis dans les profondes eaux de l’oubli de Dieu. Et Dieu a été tellement glorifié dans l’œuvre de Son précieux Fils, que désormais c’est pour Dieu une affaire de justice aussi bien que de miséricorde, de bénir tous ceux qui croient en Jésus. Il peut maintenant satisfaire Son amour en rencontrant en grâce le premier des pécheurs qui se prosterne devant le nom du Fils de l’homme jadis abaissé, mais maintenant souverainement exalté.

Verset 11 — « Sa tête est un or très fin ; ses cheveux sont crépus, noirs comme un corbeau ».

Après avoir répondu aux filles de Jérusalem d’une manière générale relativement à son bien-aimé, elle se met maintenant à en faire une description plus détaillée. Guidée par l’Esprit de Dieu, elle se plaît à s’arrêter sur ses perfections et ses gloires diverses, sous des figures prises des traits humains. Un mot, ô mon âme, dès l’entrée de ce sujet ; ne cherche pas, je t’en prie, le sens mystique de chacun de ces traits en dehors des limites de la Sainte Écriture. « Le lieu où tu es arrêté est une terre sainte ». Car, quoique l’Éternel ne défendît point à Moïse de s’approcher du buisson ardent, Il lui déclara nettement que ce devait être avec des pieds déchaussés. Que ce soit donc l’œil oint et le cœur en adoration que tu médites sur le Roi glorieux de Sion.

Dans le chapitre quatrième, l’époux, en décrivant les attraits de son épouse, fait l’énumération de sept traits. Ici, elle en signale dix dans la description de son bien-aimé. Les nombres significatifs, trois et sept sont réunis en lui. Maintenant nous méditerons brièvement sur chacun de ces traits séparément.

« Sa tête est un or très fin ». La majesté suprême peut être indiquée par « l’or très fin » comme en Daniel 2, 38 : « Tu es la tête d’or ». Il est aussi fréquemment employé dans l’Écriture pour représenter la justice divine en rapport avec la personne de Christ ; comme en Ésaïe 11, 5 et Apocalypse 1, 13. Nous lisons de ce même Jésus : « Voici, un roi régnera en justice, et les princes présideront avec équité. Et ce personnage sera comme le lieu auquel on se retire à couvert du vent, et comme un asile contre la tempête ; comme sont les ruisseaux d’eau dans un pays sec, et l’ombre d’un gros rocher en une terre altérée » (És. 32, 1, 2).

« Ses cheveux sont crépus, noirs comme un corbeau ». Les cheveux crépus, noirs de l’époux, font évidemment contraste avec les longs cheveux flottants de l’épouse qu’il compare « à un troupeau de chèvres qui apparaissent de la montagne de Galaad ». Une riche et abondante chevelure peut aussi indiquer la vigueur et la force de la jeunesse. Il est dit d’Éphraïm, Osée 7, 9 : « Les étrangers ont dévoré sa force, et il ne l’a point connu ; les cheveux blancs sont déjà parsemés en lui, et il n’en n’a rien connu ». Mais on ne verra jamais de signe de déclin dans le Seigneur et le Roi d’Éphraïm. Il est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. Quelques-uns pensent que « l’or très fin » se rapporte à la divinité de Jésus, et les « cheveux crépus » à Son humanité. Il n’est pas de vérité qui soit plus chère à la foi que l’humanité parfaite de notre bien-aimé Sauveur, et cela en connexion avec Sa divinité éternelle. « Christ qui est Dieu sur toutes choses, béni éternellement. Amen » (Rom. 9, 5 et Col. 1, 15-19).

« Admire, adore ce Dieu immuable, à qui seul il appartient de dire : « Je suis vivant aux siècles des siècles » ! Et à la vaste pensée duquel l’ombre même d’un changement est inconnue ».



Verset 12 — « Ses yeux sont comme ceux des colombes sur les ruisseaux des eaux courantes, lavés dans du lait, et comme enchâssés dans des chatons d’anneau ».

La note marginale de la version anglaise traduit : qui sont au complet. Dans Apocalypse 5, 6, saint Jean parle de « l’Agneau » qu’il voit au milieu du trône comme ayant « sept yeux qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés sur toute la terre ». Le nombre sept, nous le savons, indique la plénitude, la perfection, qui ici signifie l’intelligence. « Car les yeux de l’Éternel regardent çà et là par toute la terre, afin qu’il se montre puissant en faveur de ceux qui sont d’un cœur intègre envers lui » (2 Chron. 16, 9). Mais le croyant n’a rien à craindre du regard vif et pénétrant de cet œil d’un éclat septuple ; il est pour lui plein de douceur, de tendresse, de profonde affection, « comme les yeux des colombes sur les ruisseaux des eaux courantes ». C’est son heureux privilège d’en épier la direction. « Je te guiderai de mon œil ». Quel trait aussi expressif que l’œil ! Et, oh ! quel œil que celui qui se trouve maintenant devant l’œil de la foi ! Tendre comme celui de la colombe — rayonnant et éclatant comme lorsqu’il s’est baigné dans le ruisseau ; ou brillant comme d’une larme rapide de profonde compassion. La partie blanche de l’œil, pure comme du lait, l’œil lui-même « bien enchâssé comme dans ses chatons d’anneau ». Ni trop saillant, ni trop enfoncé, mais pareil à la pierre précieuse qui est parfaitement enchâssée dans son chaton.

Verset 13 — « Ses joues sont comme un carreau de drogues aromatiques et comme des fleurs parfumées ».

La note marginale anglaise, dit : comme des tours de parfum ; d’autres traduisent : des remparts de baume. Ces comparaisons représentent quelque chose d’une douceur, d’une fleur de beauté, d’un parfum extrêmes. C’est le visage, en général, que l’on peut voir sous ce trait. Seulement, pense à la différence entre le jour écoulé de la grâce en humiliation avec Jésus et le jour prochain de gloire merveilleuse. La fille de Sion, dans son aveuglement, Le méprisa et Le rejeta à cause de Son humilité ; et en grâce parfaite, Il se soumit à la volonté de l’homme qui est inimitié contre Dieu. « J’ai exposé mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui me tiraient le poil ; je n’ai point caché mon visage en arrière des opprobres et des crachats » (És. 50, 6). Et encore : « On frappera le gouverneur d’Israël avec la verge sur la joue » (Mich. 5, 1). Mais la fille de Sion sera alors affligée de tout son cœur, pour toute cette haine, toute cette cruauté dont elle s’est rendue coupable envers son Messie. Le voile sera ôté. Comme il disparaissait de dessus le visage de Moïse quand il retournait au tabernacle, de même il disparaîtra de dessus le cœur d’Israël, quand ils regarderont à Celui qu’ils ont percé. Et alors, au lieu de dire de Lui : « Il n’y a rien en lui à le voir qui fasse que nous le désirions », ce sera : « Tout en lui est aimable ». La joue, autrefois souillée, outragée et frappée, est pour le cœur de la nation comme des carreaux de drogues aromatiques — des fleurs parfumées — des tours de parfums — des remparts de baume. Oh ! quelle œuvre la grâce a accomplie ! Quelles merveilles ont effectuées les opérations de l’Esprit ! Quel triomphe ont remporté l’amour et le pardon de Dieu ! Hâte-toi, oh ! hâte-toi de luire, jour prochain — jour heureux du millénium !

« Ses lèvres sont comme du muguet, elles distillent la myrrhe franche ». La comparaison peut être prise du magnifique lis rouge de l’Orient (la version anglaise traduit : lis), mais le croyant connaît la vérité de cette parole bénie : « la grâce est répandue sur tes lèvres », non pas distillant pauvrement, mais répandue avec abondance. Les lèvres de Jésus, et seulement les siennes, peuvent parler de paix à une âme troublée. Jusqu’à ce qu’Il soit écouté, et écouté Lui seul, la véritable paix ne saurait être connue. « Le Seigneur, l’Éternel », dit-Il Lui-même par le prophète, « m’a donné la langue des savants pour savoir assaisonner la parole à celui qui est accablé de maux ».

« Oh ! répands-la bientôt, Dieu grand, Dieu de sainteté, répands-la dans les peuples les plus lointains ; dispose les cœurs les plus endurcis à l’accueillir avec joie et bonheur cette myrrhe franche des saintes lèvres de Jésus, dont le parfum porte partout où il pénètre la consolation, la pureté et la paix. Tu l’as promis, et quel bras de chair interviendra pour faire obstacle à l’accomplissement assuré de tes desseins éternels ? »



Verset 14 — « Ses mains sont comme des anneaux d’or où il y a des chrysolites enchâssées ».

Généralement, nous pouvons comprendre dans ce trait toutes les œuvres de la nature, de la providence, et de la grâce. Leur beauté, leur gloire, leur durée peuvent être représentées par l’or, l’anneau, et les pierres précieuses. « Les œuvres de ses mains ne sont que vérité et équité ; tous ses commandements sont véritables, appuyés à perpétuité et pour toujours, et sont faits avec fidélité et droiture » (Ps. 111, 7, 8). Mais la foi peut maintenant dire de ces mains ornées de pierreries : « Sa main gauche est sous ma tête et sa droite m’embrasse » (vers. angl.). Oh ! quel embrassement ! Heureux, trois fois heureux, ceux qui sont ainsi entourés de Ses bras éternels ! C’est une étreinte sans fin, comme l’anneau lui-même. « L’amour ne périt jamais ».

« Son ventre est comme d’un ivoire bien poli, couvert de saphirs ». Ici nous pouvons voir une allusion aux entrailles de ses profondes et tendres compassions. « Mon cœur est comme de la cire, s’étant fondu dans mes entrailles » (Ps. 22, 14). Une allusion aux entrailles suggère l’idée de la profondeur, et la couleur bleue du saphir celle du caractère céleste des tendres sympathies de Jésus. « Et sous ses pieds comme un ouvrage de carreaux de saphir qui ressemblait au ciel lorsqu’il est serein » (Ex. 24, 10). Purs comme « l’ivoire bien poli », profonds comme les entrailles, élevés comme les cieux, tels sont l’amour, la tendresse, la pitié, les compassions de notre précieux Seigneur Jésus Christ. « Si donc il y a quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement d’amour, s’il y a quelque communion de l’Esprit, s’il y a quelque tendresse et quelques compassions, rendez ma joie accomplie (en ceci) que vous ayez une même pensée, ayant un même amour, un même sentiment, pensant à une seule (et même chose) » (Phil. 2, 1, 2).

Verset 15 — « Ses jambes sont comme des piliers de marbre, fondés sur des soubassements de fin or ».

C’est la marche en général, qui d’ordinaire est représentée par ce trait. « Éternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers… Tous les sentiers de l’Éternel sont gratuité et vérité ». Les « piliers de marbre » peuvent exprimer la force, la fermeté, la permanence de son règne ; et les « soubassements d’or fin », la justice divine comme caractérisant toutes les voies de son gouvernement. La justice divine — la toute-puissance — les voies de « gratuité et de vérité » appartiennent au Roi de Sion — au puissant Roi de la terre. « L’empire a été posé sur son épaule ». « Mais quant au Fils, il dit : ton trône, ô Dieu, (demeure) aux siècles des siècles ; le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture. Tu as aimé la justice et haï l’iniquité. C’est pourquoi, Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons » (Héb. 1, 8, 9). « Et au temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais dissipé ; et ce royaume ne sera point laissé à un autre peuple, et il sera établi éternellement » (Dan. 2, 44).

« Son port est comme le Liban ; il est exquis comme les cèdres ». Ayant déjà décrit son bien-aimé de la tête aux pieds, l’épouse considère maintenant, nous n’en doutons pas, l’ensemble général de son aspect — tous ses traits glorieux réunis — sa parfaite stature. Et sa stature « est comme le Liban, exquise comme les cèdres ». Cette image exprime, évidemment, Sa glorieuse majesté, comme Messie. Les hauts cèdres « de cette bonne montagne du Liban » sont dans l’Écriture le type ordinaire de l’exaltation, de la gloire, de la majesté. Resplendissante comme « l’or très fin » de la tête aux pieds — ornée de toutes les grâces — embaumée de tous les parfums — glorieuse et majestueuse comme les cèdres du Liban, est la personne de son bien bien-aimé.

Verset 16 — « Son palais n’est que douceur ».

Les « lèvres » ayant déjà été mentionnées, ce trait-ci doit indiquer quelque chose autre que les paroles. Il me paraît se rapporter plus particulièrement à la grâce de Jésus — à l’expression de Sa bonté, des témoignages de Sa bienveillance — à Ses communications affectueuses. L’épouse a goûté souvent de sa grâce, c’est pourquoi elle pouvait dire par expérience : « son palais n’est que douceur ». La grâce et la bonté avec lesquelles il vient au-devant d’elle, même après ses égarements, suffisent pour pénétrer son cœur à jamais de la douceur de la grâce de son Seigneur. « Si toutefois vous avez goûté », dit l’apôtre, « que le Seigneur est bon ». Il en est qui pensent que c’est à la mélodie de sa voix qu’il est fait allusion. Mais elle continue en disant :

« Tout en lui est aimable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem ». L’expression lui manque. Elle n’est pas lasse de parler de lui, mais elle est incapable de dire tout ce qu’il est. En conséquence, elle clôt sa description par cette parole : « Tout en lui est aimable ». Comme si elle eut dit : tout ce qu’il y a d’aimable habite en lui — toute chose désirable se trouve en lui — et toute beauté non spécifiée lui appartient. — En Lui habitent toute la plénitude de la divinité et toutes les grâces de l’humanité. Il est aimable dans Son humiliation — aimable dans Son exaltation — « Tout en lui est aimable ».

Mais, n’est-ce pas la dernière note de ce délicieux cantique, qui est la plus riche de toutes, celle qui a le plus de douceur : « Mon bien-aimé… mon ami » ? Quelques-uns disent peut-être : « quelle description est cela » ! Mais toi, ô mon âme, dis : Quelle conclusion que celle-là ! « Tel est mon bien-aimé… mon ami ». Lui, lui-même est à moi. Elle est heureuse de s’arrêter sur ses qualités, mais elle est plus heureuse encore de pouvoir dire : Celui en qui toutes ces qualités brillent d’un si vif éclat est à moi ! Toutes ses qualités sont donc miennes aussi. Mais les qualités se trouvent dans la personne de Christ. Les trônes, les couronnes, les royaumes, les gloires, les félicités sont à Lui, et appartiennent au croyant, en Lui ; mais après tout, ces choses ne sont point Sa personne même. Quelle valeur auraient-elles toutes sans la personne du Bien-aimé ? Quelques précieuses qu’elles soient, elles ne seraient qu’une dérision pour les affections renouvelées. Il en serait comme d’une jeune mariée, délaissée par son mari, et dont le cœur a été brisé sur le seuil même de sa nouvelle demeure quand elle a vu aller à une autre les affections de celui sur lequel elle comptait. La maison, il est vrai, reste avec son riche ameublement, mais hélas ! il est évident que le cœur de son époux — auquel seul elle attachait du prix — est ailleurs. Elle le voit ; et tout est changé pour elle dans le fiel et l’absinthe du plus amer désappointement. L’ombre d’un épais nuage s’étend sur tout ce qui l’environne ; désormais tout porte l’empreinte de sa propre misère : c’en est fait de son bonheur ! C’est là, ô mon âme, une chose qui n’est pas rare avec les affections de la terre. Plus d’un cœur aimant et plein de confiance a été ainsi brisé et broyé par la lâcheté de celui auquel il se confiait. Mais jamais, non, jamais, il n’en est ainsi des affections du ciel. Bienheureux sont tous ceux qui ont mis leur confiance en Jésus. C’est le ciel sur la terre que de Le connaître — que de connaître Son amour, Son immuable amour : Son amour n’est pas en paroles seulement, mais en action et en vérité : il ne consiste point dans de simples et pauvres vœux où souvent même le cœur n’est pour rien, mais dans l’alliance éternelle de Sa grâce qu’Il a même scellée de Son sang précieux.

Chapitre 6

Verset 1. « Où est allé ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? De quel côté est allé ton bien-aimé, et nous le chercherons avec toi ? ».

Très précieux et variés sont les résultats qui découlent du fait béni que l’âme est entièrement occupée de Christ. Perdre de vue le moi et avoir Jésus pour objet, c’est la bénédiction immédiate, certaine. Quand les chrétiens tombent dans un pauvre état spirituel, comment en sortiront-ils de la manière la plus prompte et la plus efficace ? Ce sera en étant remplis et occupés de Christ pour eux-mêmes, et en en parlant aux autres. L’expérience de l’épouse est une magnifique preuve de cette vérité. Sa faute, sans doute, était de s’occuper d’elle-même : la préoccupation du moi — la recherche de la propre satisfaction. « J’ai dépouillé ma robe ; comment la revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les souillerais-je ? ». Mais lorsque les filles de Jérusalem la provoquent au sujet de la supériorité de son bien-aimé sur les autres, elle est amenée à ne penser qu’à lui, à ne parler que de lui ; et à mesure qu’elle poursuit, sa propre âme, tout d’abord, est pleinement et heureusement restaurée. Elle s’élève ainsi à une mesure de communion, qu’auparavant elle n’avait jamais atteinte ; et elle s’arrête tellement sur les perfections incomparables de son Seigneur, que celles qui l’avaient en quelque sorte défiée à son sujet, sont attirées par les gloires de sa personne, et éprouvent le désir de le voir et de le connaître.

Mais il est un autre fruit, ô mon âme, de ce témoignage de l’épouse à Christ que je ne voudrais pas te laisser passer inaperçu. Les filles de Jérusalem, remarque-le, concluent très naturellement que ce doit être l’époux qui a quitté son épouse, et non pas l’épouse qui a quitté son époux. En l’entendant parler de lui dans des termes aussi pleins de feu, elles ne pouvaient supposer un moment qu’elle pût jamais s’éloigner de lui. Un être tellement aimé — tellement admiré — si bon — si apprécié, l’œil de l’épouse ne pouvait jamais cesser de le contempler — son cœur ne pouvait jamais cesser de prendre en lui ses délices, et elle ne pouvait jamais, jamais, se lasser de lui. — Aussi lui disent-elles : « Où est allé ton bien-aimé ?… De quel côté est allé ton bien-aimé, et nous le chercherons avec toi ? ». Quel vif, quel sanglant reproche, tout indirect qu’il soit ! Et comme son cœur, cœur maintenant sensible, doit l’avoir vivement ressenti ! Mais en exaltant son Seigneur, elle se condamnait elle-même. Ainsi en est-il, et ainsi en doit-il être toujours. Quand l’âme n’est plus dans l’état de communion, tout semble frapper durement contre elle et condamner ses voies. Mais quand elle est restaurée, toutes ces choses contribuent à nous humilier plus profondément et à élever le niveau de notre communion. Le cœur qui vient de déborder des louanges de son bien-aimé, maintenant se réjouit en lui ; son œil repose sur lui. Elle sait où il est et ce qu’il fait. Heureux moment ! Tout est lumière et joie. Elle peut dire maintenant à ses compagnes où on peut le trouver.

Verset 2. « Mon bien-aimé est descendu dans son verger, aux carreaux de drogues aromatiques, pour paître dans les vergers et cueillir du muguet ».

Quelle délicieuse scène est celle-ci pour l’œil de la Sulamithe, en comparaison de celle qui est décrite au chapitre 5, 7 : « Le guet qui faisait la ronde par la ville me trouva ; ils me battirent, ils me blessèrent ; les gardes des murailles m’ôtèrent mon voile de dessus moi ». Telle est la différence entre marcher en communion avec Jésus, et errer dans le monde. Maintenant, elle se trouve dans des scènes champêtres avec son bien-aimé, entrant dans les conseils de son cœur et les œuvres de ses mains. Ce verset présente un ravissant tableau d’heureuse communion. Le Seigneur nous y est montré prenant Ses délices dans les siens ; il est dans son verger, cueillant du muguet. « Tel qu’est le muguet entre les épines, telle est ma grande amie entre les filles ». Elle entre dans ses pensées relativement aux siens en général, et relativement à elle-même en particulier. C’est là sa communion, communion bénie et solide. Son œil est simple, et la lumière du ciel remplit son âme. Maintenant elle s’écrie :

Verset 3. « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il paît parmi le muguet ».

Voilà un ton élevé, mais la foi le prend aisément. C’est la note tonique d’une âme qui a perdu de vue le moi. « Je suis à mon bien-aimé ». C’est précisément l’opposé d’une âme qui est occupée d’elle-même. C’est là véritablement avoir le cœur occupé de Christ ; c’est là entrer dans Ses pensées, Son amour, Sa grâce, Ses délices, au lieu d’être rempli et occupé de ses propres pensées à soi, de ses propres sentiments, de sa propre foi, ou de son propre service. L’œil, le cœur, les pensées, les lèvres, sont tous remplis de Christ et occupés de Lui. « Je suis à mon bien-aimé ». Au chapitre 2, 16, elle dit : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ». Là, c’est la joie qu’il y a à posséder Christ : Il est à moi. Ici, c’est la joie plus profonde d’appartenir à Christ : Je suis à Lui. Joies, toutes deux, extrêmement précieuses, mais la dernière marque un progrès divin.

Nous pouvons bien comprendre qu’une âme nouvellement réveillée soit pleine d’anxiété relativement à elle-même, en bien des manières, et que, quand elle a reçu la vérité, elle s’écrie : « Maintenant, je crois en Jésus — je suis sûre que je crois en Lui — je sais que je crois en Lui — je sais qu’Il est mort pour moi — qu’Il a versé Son sang pour me laver de mes péchés, et maintenant je puis me confier en Lui » ! Ayant suivi avec sollicitude les profonds combats d’une âme nouvellement vivifiée qui se dégage des ténèbres de la nature, et entendant le cri de victoire à mesure que les sombres nuages étaient emportés en arrière, « Jésus est à moi », nous avons été pénétrés d’une reconnaissance et d’une joie sans mesure. C’est tout ce que nous pouvions attendre alors, et nous étions satisfaits.

Mais bientôt, lorsque l’âme s’est calmée après les angoisses de la nouvelle naissance, nous attendons qu’elle s’élève, dans l’intelligence de la vérité, de son propre intérêt personnel à la source de sa bénédiction. D’où cette vie nouvelle est-elle venue ? peut-elle bien demander. Quelle en est la source ? Pourquoi toute cette grâce, toute cette bonté envers moi, pécheur ? Qui a injecté dans mon âme, autrefois morte, ce pouls de la vie éternelle ? Apprenant, par degrés, que la vie éternelle et toutes les bénédictions ne sont que les fruits de l’amour de Dieu en Christ pour moi pécheur, je suis doucement attiré à Lui dans la confiance de l’amour — de Son parfait amour pour moi lorsque j’étais dans mes péchés. Toute crainte disparaît, car la crainte porte avec elle du tourment. « Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils ». « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et, l’ayant entendue, ils vivront » (Jean 5, 25). L’âme est ainsi amenée dans la relation la plus étroite avec le Fils du Dieu vivant dans le ciel ; et trouvant que toutes les sources de sa bénédiction sont là, elle s’élève à Lui, comme l’eau s’élève à son niveau. « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ! », telle est, désormais, alors, la véritable expression de sa foi toute remplie d’admiration.

Verset 4. — « Ma grande amie, tu es belle comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, redoutable comme des armées qui marchent à enseignes déployées ».

Quelle salutation que celle que ces paroles expriment ! Considère-la bien, ô mon âme. Veux-tu connaître le cœur de Jésus ? Veux-tu connaître Son patient amour — Son infatigable bonté — Son inépuisable tendresse ? Arrête-toi un peu ici et médite sur cette scène.

Il peut y avoir de l’intérêt à déterminer le sens de l’allusion à Thirtsa, à Jérusalem, et à des armées qui marchent bannières déployées. Mais, oh ! ne laisse pas détourner un moment tes pensées de la personne du Seigneur Jésus par l’une ou l’autre de ces choses. Il est vrai, je l’accorde, que ces comparaisons peuvent être l’expression immédiate de son amour. S’il en est ainsi, qu’elles soient pour toi comme des courants au moyen desquels tu peux arriver sûrement à la source ; mais ne t’arrête pas trop longtemps au ruisseau, la source vaut mieux. L’heureux effet du vrai ministère de la Parole est de mettre l’âme en rapport direct avec la personne de Christ. Le but de l’ennemi, et l’effet d’un faux enseignement, sont de placer quelque chose entre l’âme et Christ. Thirtsa n’est plus, Jérusalem est foulée aux pieds, et depuis longtemps la bannière de Juda n’a pas été déployée ; mais le cœur qui recourait pour exprimer ses sentiments à ces significatifs emblèmes, n’a point changé et demeure le même invariablement. Cherche par-dessus tout à connaître le cœur de Jésus. « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17, 3). Connaître l’amour de Dieu en Christ pour moi, pécheur, est la meilleure chose que je puisse jamais connaître, car je connais alors la source — la source première de toute bénédiction. Que de fois il peut arriver que l’âme ne jouisse pas de Christ Lui-même, tout en se réjouissant dans la vérité ! Fais-y bien attention, ô mon âme, et ne cesse de prier à cet égard.

Maintenant, considère encore cette salutation sans exemple : « Ma grande amie, tu es belle comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, redoutable (ou éblouissante) comme des armées qui marchent à bannières déployées ». Ces paroles, remarque-le, sont les premières qu’il adresse à son épouse après sa triste chute. Ses lèvres s’ouvrent à la pauvre errante restaurée, par ces mots d’amour : « Ma grande amie, tu es belle ». C’est là Jésus Lui-même. Qui peut parler de Son amour ? Te sens-tu à l’aise, ô mon âme, dans cette atmosphère ? Ne te sens-tu pas comme clouée à ta place et confondue d’admiration ? Contemple, oh ! contemple, la personne qui s’exprime de cette manière, et vois devant Son cœur charmé une pauvre égarée de retour. Que rien ne vienne te distraire dans tes méditations. Tâche d’en profiter, surtout, en comprenant mieux la grâce de notre Seigneur Jésus Christ.

Il peut être utile de rattacher cette scène aux dernières paroles que l’époux lui adressa la dernière fois qu’ils étaient séparés : « Ouvre-moi, ma sœur, ma grande amie, ma colombe, ma parfaite ; car ma tête est pleine de rosée et mes cheveux de l’humidité de la nuit ». Rien ne pouvait être plus tendre ou plus affectueux que ce touchant appel ; pourtant elle n’y fit alors aucune attention et, en conséquence, elle s’égara tristement un certain temps. Mais à présent, nous la trouvons auprès de son Seigneur pleinement et heureusement restaurée. Elle a confiance parfaite en son amour. « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi », telle est la joyeuse expression de son âme. Mais ne lui dira-t-il rien de ses égarements et de sa folle conduite ? Ne voudra-t-il pas mettre d’abord au moins un peu de froideur dans ses manières, afin qu’elle soit honteuse devant lui ? Certainement non, puisqu’il la voit repentante de ce qu’elle a fait. Lorsque nous sommes repentants, le Seigneur ne pardonne pas seulement, mais Il oublie toutes nos offenses passées, et c’est avec la plus parfaite expression de Sa grâce qu’Il aborde toute âme pénitente. Du moment que l’âme est devant Lui à sa véritable place, Il ne garde aucune réserve et lui ouvre le riche trésor de Son amour. Voyez-en un exemple dans la femme syrophénicienne (Matt. 15). Elle n’eut pas plutôt pris la place d’une Gentile qu’elle vit couler à elle la pleine bénédiction du cœur de Jésus. Il fait même l’éloge de sa foi dans les termes les plus forts : « Ô femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux ». Il ne lui retient rien. Elle est bénie même jusqu’à la pleine satisfaction de son cœur. Témoins encore la pauvre pécheresse à Ses pieds dans la maison de Simon, et le fils prodigue dans les bras du père.

Telle est la grâce — la grâce de Dieu en Christ pour les pécheurs. La première chose, remarque-le, dont l’époux fait mention à son épouse, c’est sa beauté sans défaut à ses yeux. « Ma grande amie, tu es belle ». Pas un mot de plainte ne sort de ses lèvres : il ne fait pas une allusion au lieu même où elle est allée, ni à ce qu’elle a fait. Son amour est parfait, et la grâce de son accueil est semblable à l’abandon de son amour. Il veut être gracieux conformément à l’amour de son cœur. Il lui dit qu’elle est belle comme « Thirtsa, agréable comme Jérusalem ». Thirtsa signifie charmes. C’était la royale résidence des rois d’Israël avant qu’ils eussent bâti Samarie, comme Jérusalem était la demeure des rois de Juda. Jérusalem, nous le savons, est célèbre dans l’Écriture par ses nombreuses splendeurs. Il est parlé d’elle comme « le plus beau de la contrée, la joie de toute la terre, la ville du grand Roi. Dieu est connu en ses palais pour une haute retraite ». Thirtsa était la capitale des tribus révoltées. Mais au jour prochain de la gloire, les deux royaumes, Israël et Juda, seront unis sous un seul Chef pour ne plus être jamais séparés. Les prophètes nous enseignent dans les termes les plus formels et les plus clairs ce qui nous est présenté ici sous la forme d’une allégorie. « Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Voici, je vais prendre les enfants d’Israël entre les nations parmi lesquelles ils sont allés ; je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai rentrer en leur terre. Et je ferai qu’ils seront une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël ; ils n’auront tous qu’un roi pour leur roi, ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes » (Éz. 37, 21-22).

Quand les douze tribus seront réunies, et que le Messie sera leur roi, la gloire de la nation alors sera grande. « Ils n’auront tous qu’un roi pour leur roi ». Alors elle sera « redoutable comme des armées qui marchent à bannières déployées ». Ce n’est pas de quelque chose de terrible que cette image implique l’idée, mais de quelque chose d’éblouissant, de brillant, de glorieux — tel que l’effet imposant d’une armée marchant bannières déployées. Le Roi reconnaît que la gloire de son peuple bien-aimé ainsi réuni en un est d’un effet qui l’accable. « Détourne tes yeux qu’ils ne me regardent ; car ils me forcent ». Combien cela est merveilleux ! Qui pourrait le comprendre ? Pour le comprendre en quelque mesure, il nous faut connaître Jésus Lui-même. Nul cœur n’entre comme le sien dans la bénédiction et la joie d’autrui. Il trouve du soulagement à bénir les nécessiteux. Nous Le voyons durant les jours de Sa chair parcourir de grandes distances pour rencontrer et bénir une fille dégradée de Samarie, ou une pauvre Gentile des côtes de Tyr et de Sidon. C’est Sa joie et la joie de tout le ciel, de voir même un seul pécheur se repentir et venir à la plénitude qui est en Lui. Mais, quelle ne sera pas Sa joie, lorsque la maison de David et les habitants de Jérusalem se tourneront vers Lui avec deuil et avec larmes — lorsque les tribus longtemps perdues apparaîtront sur la scène et Le reconnaîtront comme le véritable Messie — quand tous les regards de toutes les tribus seront fixés sur Lui — quand Sa louange débordera de tous les cœurs — et que de Jérusalem, la bénédiction coulera vers toutes les nations de la terre !

Alors le chapitre cinquante-troisième d’Ésaïe fournira la matière du chant de deuil d’Israël, et l’expression de sa joie mêlée de larmes. « Il était navré pour nos forfaits et froissé pour nos iniquités ; l’amende qui nous apporte la paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous avons la guérison. Nous avons tous été errants comme des brebis ; nous nous sommes détournés chacun en suivant notre propre chemin, et l’Éternel a fait venir sur lui l’iniquité de nous tous ». Leur Jérusalem bien-aimée deviendra alors la Jérusalem des conseils de Dieu, et ne sera plus celle de l’orgueil et de l’oppression de l’homme. Environnée de montagnes, ceinte de murailles, de remparts, et de tours, elle sera la gloire de tous les pays. « Le nom de la ville depuis ce jour-là sera Jéhovah-Shamma — l’Éternel est là » (Éz. 48, 35 ; Ps. 48). Alors le Messie disposera tout selon Sa volonté ; Satan sera alors enfermé dans le puits de l’abîme, la terre sera délivrée, la malédiction, la puissance du mal sera réprimée, et le vrai Salomon régnera comme roi sur toutes choses. Impossible de concevoir quel sera l’effet en puissance et en gloire, sur la nature tout entière, de l’absence de Satan et de la présence de Christ.

« Oh ! quel monde radieux et béni sera cette terre qui maintenant ne fait entendre que des gémissements, lorsque, précipité de son trône, le tentateur laissera tout l’univers à tes lois, ô Seigneur !
Mais bien plus brillant, bien plus heureux, sera ce monde d’en haut où nous connaîtrons comme nous sommes connus, et d’où nous régnerons dans les douces étreintes de l’amour, sur cette terre rachetée. »



Versets 5-7. « Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres qu’on tond lorsqu’elles sont descendues de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis, qui remontent du lavoir, et qui sont toutes deux à deux et il n’y en a pas une qui manque. Ta tempe est comme une pièce de pomme de grenade au-dedans de tes tresses ».

Ces mêmes expressions se trouvent au chapitre 4, et cependant, nous le savons, le Saint Esprit ne fait pas de répétitions inutiles. Quel est donc le sens de celle-ci ? Depuis que l’époux s’est adressé à son épouse dans ces mêmes termes dans le chapitre quatrième, elle s’est égarée et est revenue. En lui répétant de la sorte ce qu’il lui avait dit auparavant, il donne l’assurance à son cœur que sa beauté n’est point altérée à ses yeux. Quoiqu’il ne dise rien de sa chute et de ses égarements, ses paroles auront désormais prise sur son cœur d’une manière plus profonde qu’auparavant. Leur prix s’accroît au septuple par suite des circonstances dans lesquelles elles sont de nouveau répétées. Le Saint Esprit peut bien se servir des mêmes paroles, lorsque c’est pour la gloire de Christ et la bénédiction de nos âmes. Dans le cas actuel, nuls termes n’auraient pu comme ceux-là redonner assurance au cœur de l’épouse.

Verset 8. « Qu’il y ait soixante reines, et quatre-vingt concubines, et des vierges sans nombre ».

Ce verset, nous n’en doutons nullement, a trait au millénium. Il vient à la suite de l’union des deux portions du peuple divisées depuis si longtemps. Les villes de Juda et les nations de la terre remplissent la scène glorieuse. Jérusalem a la première place. Cette vérité si manifeste dans l’Écriture est très pleinement exprimée et de la manière la plus touchante dans le verset qui suit.

Verset 9. « Ma colombe, ma parfaite, est unique ; elle est unique à sa mère, à celle qui l’a enfantée ; les filles l’ont vue et l’ont dite bienheureuse ; les reines et les concubines l’ont louée ».

Quelle place elle occupe dans le cœur de Christ ! Elle est la première à Ses yeux : aucune ne peut lui être comparée. Il y en a beaucoup d’autres, mais l’affection de Christ ne peut voir qu’elle seule. « Ma colombe, ma parfaite est unique, elle est unique à sa mère ». Dans les premières scènes, il parle de ses qualités, et fait la description de sa beauté personnelle ; mais à présent c’est d’elle-même qu’il parle, et de ce qu’elle est pour lui. « Unique à celle qui l’a enfantée ». La nation est envisagée ici sous l’aspect d’une mère, et la tribu de Juda sous celui d’une épouse. Tel est, ô mon âme, l’amour de Jésus comme Époux ! Voilà ce qu’Il sera au dernier jour pour le résidu fidèle de Juda — voilà ce qu’Il est maintenant — oui maintenant, pour nous en esprit. Abreuve-toi, oh ! abreuve-toi à longs traits à cet amour d’époux de ton Seigneur. La source est profonde, elle est inépuisable, elle est gratuite, elle est ouverte à la foi jusqu’au jour nuptial.

Il fut un temps où la fille de Sion, dans l’orgueil et la méchanceté de son cœur, repoussa Son amour ; il n’en resta pas moins le même pourtant, mais c’est dans les larmes qu’Il versa sur l’aveuglement de Son ingrate épouse que cet amour se montra alors. Abandonnée par Lui, elle devint la proie de ses ennemis cruels qui lui infligèrent de dures souffrances. Cependant, à travers tous ses égarements, l’Époux ne cessait pas de la suivre de Ses regards d’amour. Rien ne pouvait altérer les sentiments de Son cœur pour elle ; aussi, au temps convenable, la visita-t-il dans son état de dégradation. Il la trouva dans la condition d’une pauvre esclave, repoussée, toute brûlée par le soleil — réduite à garder les vignes d’autrui ; son cœur s’enflamma pour elle. Dans son amour et sa compassion, il sentit comme si elle avait « reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ». Et maintenant, « son temps marqué est accompli, son iniquité est pardonnée », et elle est consolée dans son Seigneur plein de grâce et de pardon. Mais, vérité bénie, l’amour de son Seigneur ne se donne pas de repos jusqu’à ce qu’il ait accompli tous les désirs de son cœur envers elle. Et maintenant, remarque-le, ô mon âme, où est-elle ? Qu’est-elle ? sinon la belle et radieuse fiancée du vrai roi Salomon — l’associée de son trône royal en Sion ? Et, remarque-le encore, elle n’est pas seulement l’objet des suprêmes délices du roi, mais elle est l’objet de l’admiration universelle. « Les filles l’ont vue et l’ont dite bienheureuse : les reines et les concubines l’ont louée ». « Et la fille de Tyr (type des Gentils) et les plus riches des peuples te supplieront avec des présents » (Ps. 45). Elle reflète la gloire et la beauté du roi, et c’est la beauté du roi que toutes les nations admirent en elle. « Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite à cause de ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur l’Éternel » (Éz. 16, 14).

Verset 10. « Qui est celle-ci qui paraît comme l’aube du jour, belle comme la lune, brillante comme le soleil, redoutable comme des armées qui marchent à bannières déployées ? ».

Il semble que ce verset nous fait entendre les admirateurs de l’épouse, et qu’il intervient dans le Cantique comme un chœur. Tout a une voix pour la célébrer. L’affreuse nuit est passée ; le jour se lève. « Qui est celle-ci qui paraît comme l’aube du jour » ? Elle se dégage juste, pour ainsi dire, des ténèbres de la longue, longue nuit, par laquelle elle a passé ! Mais à présent, elle la laisse toute derrière elle et s’avance dans la fraîcheur, la beauté, et l’espérance du matin, pour apparaître bientôt dans la splendeur de midi, revêtue des rayons du « soleil de justice ».

As-tu observé, ô mon âme, dans tes méditations, que la lumière, la gloire, et la dignité futures d’Israël sont fréquemment représentées par les corps célestes — le soleil, la lune et les étoiles ? Nous trouvons cela figuré dans les songes de Joseph. Toute la nation est représentée dans la famille de Jacob, et préfigurée par le soleil, la lune et les étoiles (Gen. 37). Dans le chapitre 12 de l’Apocalypse, nous voyons la tribu de Juda de laquelle notre Seigneur est issu, revêtue de la même lumière et de la même gloire. La figure est « une femme revêtue du soleil, et ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». La gloire des douze tribus semble se concentrer dans la tribu royale et l’avoir pour représentant. Ces luminaires célestes impliquent aussi l’idée de la stabilité. « J’ai une fois juré par ma sainteté (si je mens jamais à David), que sa race sera à jamais, et que son trône sera comme le soleil en ma présence ; qu’il sera affermi à jamais comme la lune ; et il y en aura dans les cieux un témoin certain » (Ps. 89, 35-37).

Arrête-toi ici un moment, ô mon âme, et médite sur la parole ferme de la prophétie touchant la gloire future d’Israël. Quel changement pour le Juif tant méprisé, si longtemps foulé ! Les vierges, les reines, les concubines ravies d’admiration, contemplent la royale tribu de Juda dans son aspect nuptial, « paraissant comme l’aube du jour, belle comme la lune, brillante comme le soleil, redoutable comme des armées qui marchent à bannières déployées ». Revêtue de lumière, de gloire, et de dignité, comme la belle épouse du Fils royal de David, elle devient le grand objet des délices de la terre et de l’universelle admiration. Salut, bienheureux matin ! Les ténèbres sont passées, « le soleil de justice se lève avec la santé dans ses rayons ». Déjà ils dorent les sombres montagnes de la Terre Sainte et réjouissent ses vallées. Tous les cœurs tressaillent. Hosanna au Fils de David ! La promesse est accomplie : « Lève-toi, sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi… Et les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la splendeur qui se lèvera sur toi » (És. 60, 1, 3).

« Prenez les rameaux des jours d’allégresse, la palme joyeuse, le saule du ruisseau, et célébrez la fête ; l’huile et le baume ont été versés sur les blessures de la pauvre affligée et les ont guéries ; la captive a vu sécher ses larmes, ses maux prendre fin ; réjouissez-vous, entonnez les chants de louange ; que la harpe et la cymbale redisent : « Que tes tabernacles sont beaux, ô Jacob, et tes pavillons, ô Israël ».
Comme les saules croissent sur les bords du ruisseau sinueux, ainsi désormais fleuriront les enfants de tes enfants ; ta longue captivité n’est plus qu’un songe — cette branche de saule est un doux mémorial de toutes tes douleurs, de ce pain mouillé de larmes dont ton âme fut nourrie sur le fleuve de Kebar.
Plantée dans le sol fertile de Canaan, ses fleuves nourriront ta racine étendue au loin ; jamais il ne se trouvera sur toi de feuille jaunie, car la rosée de Hermon entretiendra tes rameaux toujours verts. « Qu’est-ce que Jéhovah a opéré ! » s’écrient les nations — « de grandes choses en notre faveur ! » répliquent les tribus rachetées. »



Versets 11, 12. « Je suis descendu au verger des noyers, pour voir les fruits de la vallée qui mûrissent, et pour voir si la vigne s’avance et si les grenadiers ont poussé leurs fleurs. Je ne me suis point aperçu que mon affection m’a rendu semblable aux chariots de Amminadab ».

Qu’il est rare que l’agriculteur ait à exprimer sa surprise de l’abondance et de la qualité des fruits de sa vigne ! C’est trop fréquemment, hélas ! le contraire qui a lieu, et au lieu d’une douce et rayonnante satisfaction, il ne recueille pour tout fruit de son travail que des espérances déçues. Il en a été constamment ainsi d’Israël, nous pouvons bien le dire, comme vigne du Seigneur, jusqu’à maintenant. Mais, heureusement, voilà que tout est changé ! La grâce brille, la foi triomphe, le Seigneur a le dessus, le peuple regarde vers Lui, et ne compte que sur Lui seul. Tout est mûr en Juda pour la victoire et pour la gloire.

Jour béni ! Le Seigneur voit maintenant en Son peuple les fruits mûrs de Sa grâce ; Son cœur déborde de joie ; il semble qu’un pareil spectacle est trop pour Lui. Ce ne sont plus les scènes du désert, ni les relations qu’il y soutenait avec son peuple, mais le verger fertile avec ses grenadiers qui poussent leurs bourgeons, ses vignes en fleur, et les fruits de la vallée. Tous ces fruits de sa riche, de sa patiente grâce, le touchent profondément. Son amour l’emporte avec la rapidité des chariots de Amminadab vers son peuple, maintenant changé et devenu un peuple de franche volonté. « Je ne me suis point aperçu que mon affection m’a rendu semblable aux chariots de Amminadab » ; ou, m’a placé sur les chariots de mon peuple plein de franche volonté (Ps. 110, 3, note margin. de la vers. angl.). Merveilleuse scène, que le cœur du Seigneur soit tellement ému, tellement entraîné par la promptitude de Son peuple à Le recevoir ! N’y a-t-il pas, ô mon âme, dans cet aspect de l’amour du Seigneur, quelque chose qui veut être tout particulièrement profondément médité ? Combien merveilleux n’est-ce pas, mais aussi combien heureux et béni, que Celui qui est le Seigneur de tous soit ainsi transporté de délices en voyant les cœurs regarder à Lui et Le désirer ardemment ! Oh ! puissent toutes les âmes inquiètes, toutes les âmes qui pleurent sur leurs péchés, toutes les âmes pénitentes croire cette vérité précieuse ! Quand la fille de Sion arrosera les pieds du Seigneur de ses larmes, Il laissera tout le reste et s’empressera de la consoler. Les larmes de Son épouse seront Son chariot rapide : la plénitude de Son cœur s’épanchera pour elle, et Il réjouira son oreille attentive de la bienheureuse nouvelle d’un plein pardon, d’un plein salut, d’une pleine paix.

Nous pouvons contempler ce tableau dans bien des pages du Nouveau Testament. Il est vrai que c’est toujours de cette manière que Dieu en a agi avec l’âme pénitente, mais nous trouvons dans le Nouveau Testament des scènes nombreuses où sont pleinement décrits l’amour et la grâce du Seigneur personnellement. Et quelle est celle où Il ne nous apparaisse pas plus ravi de joie que le pécheur sauvé ? Ne se tourna-t-Il pas de tout côté dans la foule, et ne chercha-t-Il pas celle qui avait touché le bord de Son vêtement ? Elle aurait pu s’éloigner aussi tranquillement qu’elle était venue, mais il faut pour la satisfaction de l’amour de Jésus, que toute la scène soit mise en lumière, et racontée dans le livre du souvenir éternel. Personne qui s’intéresse comme Lui à ce qui vient de s’accomplir. Cette femme avait touché par la foi la fibre la plus intime de Son cœur, et la vertu qui y était en avait coulé pour elle. Mais le Seigneur a besoin de la voir elle-même, et d’entendre de ses propres lèvres l’expérience de son âme. Cela fait, Il ne peut la laisser aller jusqu’à ce qu’Il ait reconnu la relation qui existe entre elle et Lui, et les bénédictions qui en découlent : « Ma fille, ta foi t’a guérie, va-t’en en paix, et sois guérie de ton fléau » (Marc 5).

Et le cri par lequel le pauvre aveugle mendiant implore Sa compassion, Lui cause-t-il moins de délices, ou a-t-il moins d’empire sur Son cœur (Luc 18) ? En aucune manière. Il est en marche pour un voyage important ; faut-il que tout le cortège s’arrête pour le cri d’un pauvre mendiant qui élève la voix du sein des derniers rangs de la multitude ? Aussitôt que l’appel à Sa miséricorde arrive à l’oreille du Fils de David, Celui-ci s’arrête. Il ne fait pas un pas de plus. « Et Jésus s’étant arrêté, commanda qu’on le lui amenât ; et comme il s’approchait, il l’interrogea, disant : Que veux-tu que je te fasse ? ». Quel spectacle ! Oh ! considère encore. Un pauvre aveugle mendiant dans la poussière, et Jésus attendant après lui ! « Que veux-tu que je te fasse » ? Il ne cherche pas à en finir précipitamment avec Son œuvre de miséricorde ; Il s’arrête sur cette scène bénie et sainte ; elle remplit et émeut Son âme ; seul, Il en connaît la portée merveilleuse. Mais quelle position pour une âme qui se trouve dans un dénuement absolu ! Qu’aurais-tu demandé, ô mon âme, si tu eusses été à la place de ce pauvre aveugle ? C’est comme si le Seigneur avait dit : « Demande ce que tu voudras, je suis là pour te servir — pour t’accorder ta demande ». Pauvre âme, que demandera-t-elle ? Seulement ce dont elle sent le besoin — sa vue naturelle. « Et il dit : Seigneur, que je recouvre la vue ». Mais le bon et miséricordieux Seigneur daigne ajouter à sa requête mille fois davantage. « Et Jésus lui dit : Recouvre la vue, ta foi t’a sauvé ». Qu’elle est glorieuse, l’issue de cette scène ! Il suit Jésus, il glorifie Dieu, et tout le peuple donne aussi louange à Dieu. Quel tableau anticipé du siècle millénial !

Mais de toutes les scènes du Nouveau Testament, c’est la parabole du fils prodigue qui ressemble le plus complètement, croyons-nous, à celle que nous présente ici le Cantique des cantiques. La repentance du pauvre prodigue emporte le père vers lui comme sur un chariot rapide. Il court à la rencontre de son fils. « Et comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et courant à lui, se jeta à son cou et le couvrit de baisers ». L’amour qui brûle dans le cœur du père, et le désir que le fils éprouve de retourner vers lui, forment, pour ainsi dire, un rapide chariot de tendresse. Mais comme c’est le père qui en dirige la course, ils atteignent promptement leur éternelle et bienheureuse demeure.

C’est ainsi qu’il en sera du bien-aimé du Cantique. Les profondes et pieuses souffrances de son peuple dans le dernier jour, et particulièrement celles de sa propre tribu, et le désir ardent qu’éprouve tout le résidu fidèle de voir arriver le Messie, agissent sur son affection, et l’amènent rapidement sur la scène. « Je ne me suis point aperçu que mon affection m’a rendu semblable aux chariots de Amminadab ». Et maintenant, prenant en mains la direction de son peuple, il accomplit sa pleine délivrance, et le conduit promptement au triomphe et à la gloire.

Verset 13. « Reviens, reviens, ô Sulamithe ! Reviens, reviens, et que nous te contemplions. Que contempleriez-vous en la Sulamithe ? Comme une danse de deux bandes ».

Ici encore les vierges font éclater en chœur leur admiration. Elles expriment leur désir ardent de contempler une plus grande mesure de la beauté, de la perfection, et de la gloire de l’épouse. Elle se promène avec le roi dans le verger des noyers. Précieux privilège ! Elles l’appellent d’un nouveau nom. « Reviens, reviens, ô Sulamithe » ; ce nom est la forme féminine du mot Salomon, et son emploi est significatif. L’union est désormais accomplie : les relations longtemps interrompues sont rétablies ; la grâce a opéré dans l’épouse une œuvre parfaite. Béni soit le nom du Seigneur ! Il peut maintenant se faire connaître pleinement à elle, et elle réfléchit véritablement les rayons de sa gloire : « elle est belle comme la lune, brillante comme le soleil ». Elle est établie dans la faveur du roi, et dans la possession et la jouissance de ses affections. C’est là le repos pour le cœur — parfait — précieux repos ! Rien ne saurait le dépasser. Ô mon âme, dis, est-ce là ton lieu de repos — la manifestation, la jouissance des affections de ton Bien-aimé ? Il s’est révélé, Il s’est donné Lui-même ; que peut-Il faire de plus ? Nous ne saurions avoir dans le ciel une expression de Son amour pareille à celle que nous avons sur la terre, à celle qu’Il a fait briller sur la croix. Le sang qui fut répandu sur la croix est le repos parfait de la conscience — l’amour qui s’est révélé à la croix est le repos parfait du cœur ; tu possèdes tout à présent. « Crois seulement ». « Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos » (Héb. 4).

Maintenant, d’autres vierges se joignent au chœur, et demandent : « Que contemplez-vous en la Sulamithe ? ». La réponse est toute prête : « Comme une danse de deux bandes ». En elle on voit réunies la belle Thirtsa et l’agréable Jérusalem. Quelques-uns ont pensé que cette danse de deux bandes telle qu’elle apparaît dans l’épouse, représentait la vieille vie et la vie nouvelle, constamment en guerre l’une avec l’autre dans le chrétien. Nous croyons que c’est là une erreur. Il ne semble pas qu’il y ait ici la moindre allusion à un état de lutte ; c’est bien plutôt une allusion à un état de paix, d’unité et de gloire. Ces paroles n’expriment-elles pas la réunion, sous le Prince de paix, de la maison de Jacob si longtemps divisée ? Juda et Israël ne forment plus deux nations en guerre l’une avec l’autre, mais sont réunies en une seule nation et représentées par la tendre et paisible épouse du vrai Salomon. Cette union introduit au millénium le règne de paix. « Et la jalousie d’Éphraïm sera ôtée, et les oppresseurs de Juda seront retranchés ; Éphraïm ne sera plus jaloux de Juda, et Juda n’opprimera plus Éphraïm » (És. 11, 13). Le Roi de Salem règne, les douze tribus sont rétablies, les nations leur sont soumises : tout est paix maintenant. La trompette des combats ne retentit plus, les épées sont forgées en hoyaux, les hallebardes en serpes, et les nations ne s’adonnent plus à la guerre (És. 2, 4).

Mais indépendamment de l’allégorie que nous avons là, les Écritures expriment-elles l’idée que le combat du chrétien est entre la vieille vie et la vie nouvelle ? Certainement non. Le combat est entre la chair et l’Esprit. « La chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ». Ce n’est point « la vieille vie contre la nouvelle, et la nouvelle contre la vieille ». Il faut qu’il y ait une sérieuse lacune dans la connaissance qu’on a de la croix, là où on nourrit une pensée semblable. L’apôtre déclare formellement : « que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé » (Rom. 6, 1-11). Il est donc parfaitement clair que, aux yeux de Dieu, et maintenant pour la foi, notre vieille nature a trouvé sa fin à la croix. Quelle consolation pour nos cœurs ! Nous savons, naturellement, par une pénible expérience, que la vieille nature que nous avons, existe encore et n’est point une faible chose, et qu’en outre, si nous ne sommes pas fidèles à veiller sur elle et à la juger, elle sera tant pour nous que pour les autres une source de troubles sans fin. On peut dire que le christianisme pratique consiste en deux choses : 1° à entretenir la vie nouvelle en ayant le cœur et l’esprit soigneusement occupés de Christ ; 2° à juger la vieille vie sur laquelle Dieu a exécuté de la manière la plus terrible la sentence de mort à la croix. Mais il en est peut-être qui diront : « Comment devons-nous veiller contre ses mouvements et la juger ? ». Voici la réponse de l’apôtre : « Mais je dis : Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez pas la convoitise de la chair ». Nous n’avons de puissance contre la nature que par le Saint Esprit, et dans l’assurance, par la foi, que dans la pensée de Dieu la chair est une chose sacrifiée, et que c’en est fini avec elle pour toujours, béni soit le nom de Celui qui a porté la croix pour nous. C’est dans Sa croix que notre vieil homme a été crucifié ; il a été là réellement, pleinement et définitivement cloué au bois ; là il en a été fini à jamais avec lui. Nous avons à croire cela, et à marcher dans la puissance et la liberté que la foi communique.

Es-tu entrée, ô mon âme, dans la vraie intelligence de cette vérité capitale, de cette vérité qui donne la paix à l’âme troublée ? Sache donc, pour ton parfait repos et ta parfaite consolation, que du moment où nous avons la vie par la foi en Christ, notre nature corrompue tout entière est présentée et traitée dans l’Écriture comme une chose morte. « Vous êtes morts », tel est le langage expressif de l’Écriture ; mais grâces à Dieu, tout ne se borne pas à cela, et elle ajoute : « et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3, 3). Combien elle est sûre ! Comme elle est à l’abri de tout danger ! « Avec le Christ en Dieu » ! Notre vieille nature pourrait-elle se cacher là, ou quoi que ce soit qui lui appartienne ? Ah ! non, assurément : tout ce qui était à toi a disparu — disparu pour toujours ; tout ce qui est de Christ demeure — demeure dans son éternelle perfection dans la place la plus glorieuse de tout le ciel. Par la croix, nous sommes débarrassés de tout ce qui est à nous — dans la résurrection, nous sommes mis en possession de ce qui appartient à Christ. Jamais on ne trouvera dans la nouvelle création un atome de la vieille.

L’apôtre pose pleinement cette vérité bénie, comme à son propre sujet. « Je suis crucifié avec Christ », dit-il, « néanmoins je vis ; non pas moi pourtant, mais Christ vit en moi ». Il parle là de lui-même, à un point de vue, comme mort ; et à un autre, comme vivant. Comment cela peut-il être compris ? Par la foi seulement. Il parle de deux « moi » ; du vieux « moi », comme mis à mort — ou crucifié, du nouveau « moi », comme la nouvelle vie — Christ en lui. Le premier, il le traite comme mort, comme en ayant fini pour toujours avec lui ; le second, comme désormais son unique vie : « Christ vit en moi ». Lorsqu’elle est crue, cette vérité est d’un effet pratique immense. Le moi, le véritable moi, qui est la fin et l’objet de l’homme naturel dans tout ce qu’il fait, a disparu — j’entends, disparu pour la foi. Christ entre et prend la place du moi. « Pour moi, vivre c’est Christ ». — C’est avoir Christ et non le moi, pour ma fin et pour mon objet ; Christ et non le moi est désormais le mobile. Naturellement, nous savons que Paul avait ici-bas sa vie naturelle — la vie qu’il possédait toujours en tant qu’homme ; mais la vie dans laquelle il vivait, était une vie entièrement nouvelle — Christ en lui. « Et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ».

Tout cela est, en principe, aussi vrai de tout chrétien maintenant, que c’était vrai de l’apôtre, quoiqu’il se puisse que ce ne soit pas manifesté avec autant d’éclat. Il faut d’abord qu’il y ait la foi en la vérité, ensuite une vie répondant à la force que donne la foi. Cependant, il est écrit d’une manière bien nette : « Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » ; non pas, remarquez-le, qu’ils crucifient la chair, mais qu’ils l’ont crucifiée. Seraient-ce des chrétiens extrêmement avancés ? Non, mais tout simplement de « ceux qui sont de Christ ». C’est aussi vrai des jeunes enfants que des jeunes gens ou des pères en Christ. Qu’est-ce qui avait besoin d’être crucifié sur la croix ? Quelque chose appartenant à Christ ou à moi ? C’est le vieil et grand « moi » qui avait besoin d’être mis à mort — d’être cloué au bois, et cela a été fait en Christ, béni soit à jamais Son nom. Oh ! qu’il nous soit donné de le croire — de tenir le moi là où la croix l’a placé — de marcher dans la liberté et la puissance du Saint Esprit, et d’être uniquement et toujours occupés du Christ ressuscité et glorifié !

Chapitre 7

Verset 1. « Fille de prince, combien sont belles tes démarches (vers. angl., tes pieds) avec ta chaussure ».

L’épouse du roi est de nouveau l’objet d’une contemplation et d’une description minutieuses, et est saluée d’un nouveau titre : « Fille de prince ». Sa relation avec la royauté est désormais reconnue ; elle est avec le roi dans la relation la plus intime : cela est manifeste à tous. Ce sera là sa place lorsque le Messie prendra le trône, selon le langage plein de clarté et de force du psaume quarante-cinquième. « Ta femme est à ta droite, parée d’or d’Ophir », y lisons-nous en effet. Du moment que Christ paraît et prend le trône de David Son père, tout est changé en Israël. Quel changement pour Jérusalem ! Quel changement pour le peuple juif ! Jérusalem aura la première place, et toutes les villes de Juda la reconnaîtront. Alors aussi viendra la bénédiction de la terre par l’exaltation des Juifs. « Tes enfants seront au lieu de tes pères ; tu les établiras pour princes par toute la terre ».

Et maintenant, écoute les premières paroles, pour ainsi dire, qu’Il adresse du haut de Son trône à Son peuple bien-aimé. « Écoute, fille, et considère ; rends-toi attentive, oublie ton peuple et la maison de ton père. Et le roi mettra son affection en ta beauté ; puisqu’il est ton seigneur, prosterne-toi devant lui ». Ce n’est plus de la gloire des pères — Abraham, Isaac et Jacob qu’il s’agit, mais de la gloire autrement brillante de la vraie semence royale de la maison de Juda. Christ est tout en tous. Celui qui aime la justice et qui hait la méchanceté se montre capable de gouverner. Il a amené par la justice et le jugement le plein triomphe et la gloire du peuple juif. Il les a conduits à la victoire sur la tête de tous leurs ennemis. Celui qui les avait réduits en captivité est désormais captif lui-même dans le puits de l’abîme. Christ est sur le trône, et tous Ses ennemis sont devenus son marchepied. Et maintenant, c’est à Lui que le peuple doit regarder, et non aux pères dans lesquels ils avaient mis leur gloire jusque-là. « Nous sommes la postérité d’Abraham », tel fut jadis leur vain sujet d’orgueil vis-à-vis de l’humble Jésus ; mais tout est changé maintenant ; aussi la parole caractéristique adressée à la fille de Sion est-elle : « Oublie ton peuple et la maison de ton père, et le roi mettra son plaisir en ta beauté ; puisqu’il est ton seigneur, prosterne-toi devant lui ».

Mais n’y a-t-il rien pour toi, ô mon âme, dans ce magnifique appel sorti des lèvres de Jésus, quoique ce soit en qualité de Roi des Juifs qu’Il le fait entendre ? Ne convient-il qu’à Israël seulement ? Gardons-nous bien de le penser. Dans son esprit et dans son principe, il est applicable à tous les disciples de Christ de nos jours. « Demeurez en moi »« Suis-moi », sont des paroles d’une portée plus profonde encore. Une âme n’est pas plutôt convertie à Jésus, qu’elle doit, en ce sens, oublier toute sa vieille manière de vivre et s’en détourner. Tout ce qui est contraire à la volonté de Christ, ou nous empêcherait de l’accomplir, doit être abandonné, et, pour ainsi dire, oublié. L’application de ce passage est facile, pourvu seulement que nous soyons prêts à donner nos cœurs au Seigneur. « Mon fils, donne-moi ton cœur et que tes yeux prennent garde à mes voies » est assurément une juste demande, en tout temps, de la part de Celui qui s’est donné Lui-même pour nous. C’est un dévouement complet qu’Il nous a montré ; Il n’a fait aucune réserve ; Il a tout donné. Il nous a aimés et s’est donné Lui-même pour nous. Ce n’est pas seulement Sa vie qu’Il a donnée, quelque vrai et précieux que ce soit qu’Il nous en a fait le don, mais Il s’est donné Lui-même. Naturellement, la croix est l’expression la plus forte que nous puissions avoir jamais de Son amour. Mais en se donnant Lui-même, Il donne tout ce qu’Il est, comme l’homme Christ Jésus — le Sauveur des pécheurs. Remarque, remarque particulièrement, je t’en prie, la grandeur de ce don — Lui-même ! Et aussi quel est Celui qui donneIl s’est donné Lui-même. Toutes Ses qualités, toutes Ses perfections sont données dans ce don. Voilà l’amour — voilà le dévouement ; Il ne nous refuse rien ; Son amour est parfait. Lui, Lui-même, est à moi.

Grâces en soient rendues à Son nom adoré, c’est un Christ complet que nous possédons ! Puissions-nous ne rien nous permettre qui serait de nature à en diminuer la plénitude pour l’âme — puissions-nous regarder le moi et tout ce qui lui appartient, comme des ordures ! Sa sagesse, Sa justice, Sa paix, Sa joie, Sa grâce, Sa gloire — en un mot, la perfection de Son œuvre, Sa vie plus abondante en résurrection, et la gloire de Sa personne — tout cela est au croyant dans le don qu’Il a fait de Lui-même. Prends un exemple de cette vérité merveilleuse, ô mon âme, et tâche de comprendre pleinement ce mystère de l’amour parfait. Il est écrit qu’Il « a fait la paix par le sang de sa croix ». « Paix » signifie là réconciliation. Nous sommes réconciliés, ou la paix est faite conformément à la perfection de Son œuvre sur la croix. Mais il est aussi écrit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». Ici, paix ne signifie pas réconciliation, mais la propre paix de Christ. « Ma paix » — une paix correspondant à la gloire de Sa personne, et qu’Il nous laisse comme un legs dans cette scène de trouble et d’agitation. Et Il ne donne pas comme le monde donne ; le monde donne une partie et garde une partie ; mais Lui, Il donne tout. Oh quelle bénédiction ! Qu’est-ce que l’amour n’a pas fait ! Et quel fondement de confiance pour le cœur dans ce don ineffable ! Savoir que « Jésus est à moi », c’est connaître la douceur de la paix parfaite, et du parfait repos, en Sa propre présence bénie. Mais s’il y a dans ce don un pareil fondement pour la confiance, quel motif il renferme aussi pour tout le dévouement du cœur, pour une entière consécration du corps, de l’âme, et de l’esprit à ce précieux et glorieux Sauveur et Seigneur ! Qu’il nous soit donné de connaître la confiance et d’agir d’après le motif ! Et puisse notre amour être le pur reflet du sien !

« Ton confiant regard est l’expression de l’amour, d’un amour qui fait naître l’amour, et qui se reflète dans tout l’ensemble de ton être, comme dans l’eau le visage répond au visage ; ou, comme en passant près de la porte de Bath-Rabbim on peut voir dans les eaux le miroir uni des viviers de Hesbon, la fidèle image des cieux qui s’y mirent ».

Il est difficile de décider si, dans les cinq premiers versets de ce chapitre, ce sont les filles de Juda qui s’adressent à l’épouse, ou si c’est le langage de l’époux lui-même. L’accent du verset sixième, où c’est lui évidemment qui parle, a quelque chose de plus profond. Dans le chapitre quatrième, en parlant des qualités de l’épouse, c’est par la tête qu’il commence ; et au cinquième, où l’épouse fait une longue description de son bien-aimé, elle commence aussi par la tête. Mais ici il en est autrement, la description commence par les pieds, et finit par la tête. Il semble que dans ce passage, elle est envisagée du point de vue de la terre, comme si les filles de Jérusalem étaient d’abord attirées par sa marche. En outre, ce qui nous est présenté ici, ce n’est pas tant le portrait de sa beauté personnelle propre, de sa beauté sans tache tant admirée de l’époux, et sur laquelle il se plaît à s’arrêter, comme les circonstances de la royauté et ses rapports avec elle. Ou bien, peut-être, est-ce plutôt de gloire nationale qu’il s’agit là, que de beauté personnelle. Dans tous les cas, ne perdons jamais de vue à mesure que nous poursuivons, que l’épouse représente, pour tout Israël, la gloire et la bénédiction dans toute sa grandeur.

Ayant examiné avec quelque soin, dans nos méditations sur les chapitres 4 et 5 chacun des traits décrits ici, nous ne voudrions maintenant faire guère autre chose que signaler ce qu’il y a de plus manifeste dans la portée des divers sujets de comparaison.

L’expression : « Fille de prince, combien sont belles tes démarches avec ta chaussure », rappelle plutôt à l’esprit l’idée d’une marche avec majesté — de manières majestueuses, que celle de la marche en général. La comparaison des « hanches » à des colliers donnant de l’aisance à la marche, fortifie cette manière de considérer le passage. Le port de l’épouse est plein de noblesse et de majesté, tel qu’il convient à la dignité royale. « Une tasse ronde, toute couverte de breuvage… un tas de blé entouré de muguet », indiquent certainement l’abondance de ce qui réjouit et fortifie ; et néanmoins ces choses sont environnées de grâce et d’humilité. Une clôture de muguets n’empêche personne de venir et de prendre part à la munificence du roi ; elle fait bien plutôt, au contraire, entendre pour ainsi dire, une douce invitation dans ces paroles de la sagesse : « Venez, mangez de mon pain et buvez du vin que j’ai mixtionné ». Telles seront la plénitude et le caractère de la bénédiction terrestre sous le règne paisible du vrai roi Salomon : une abondance de froment et de vin protégée par une clôture de muguets. Quelle idée ces beaux et expressifs symboles ne nous donnent-ils pas de la bénédiction milléniale ! Une abondance sans mesure avec une véritable humilité de cœur ! Quels ne seront pas le parfum et la beauté, la paix et la sécurité de ce pays, dont les frontières auraient pour murs de défense les muguets de la vallée ! Sous quelle solennelle et ravissante impression seront tous ceux qui monteront à Jérusalem ! C’est là qu’est Jésus ! Le Roi de Salem règne, tout obéit à Sa volonté : ce fait seul explique tout.

Verset 3. « Les deux faons, jumeaux d’une chevrette », peuvent indiquer l’unité, l’harmonie, et la grande ressemblance de famille qui caractérisent alors le peuple du pays. Faisant allusion à leur bénédiction sous la nouvelle alliance dans les jours à venir, voici en quels termes la Parole s’exprime : « Et je répandrai sur vous des eaux nettes, et vous serez nettoyés ; je vous nettoierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un nouveau cœur, je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous ; je ferai que vous marcherez dans mes statuts, et que vous garderez mes ordonnances et les ferez. Et vous demeurerez au pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu » (Éz. 36, 25-28). Dans l’application qu’il fait de ces promesses à Israël, nonobstant son état actuel de dispersion, l’apôtre dit : « Car voici l’alliance que j’établirai à l’égard de la maison d’Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur. En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple. Et ils n’enseigneront pas chacun son concitoyen et chacun son frère, en disant : Connais le Seigneur ; car ils me connaîtront tous depuis le plus petit jusqu’au plus grand » (Héb. 8, 10, 11). Qui pourrait, avec de pareilles déclarations sous les yeux, douter de la pleine restauration d’Israël, de la réalité et de l’uniformité de sa bénédiction ?

Verset 4. La « tour d’ivoire » ferait penser à de grandes richesses et à une position exaltée. Elle parlerait aussi de gloire nationale, sinon de pureté nationale — l’ivoire étant de la blancheur de la neige. « Les viviers qui sont en Hesbon » figurent quelque chose de calme, de profond, de pur et de réflecteur. Et si « la tour d’ivoire » rappelle à l’esprit les richesses nationales d’Israël, « les viviers de Hesbon » ne pourraient-ils pas symboliser son caractère national ? Quoi d’aussi beau, d’aussi expressif, qu’un brillant regard plein de calme et de sérénité ? De plus, il est dit d’Israël : « Mes yeux sont continuellement sur l’Éternel » (Ps. 25). Ce sera là la simplicité de l’œil. Seigneur, hâte cela en son temps !

« La tour du Liban qui regarde vers Damas » suggère l’idée de la force, de la sécurité, de la suprématie. Les Juifs, jadis tant persécutés comme peuple dispersé sur la terre, et si fréquemment envahis en tant que nation, spécialement par les Syriens, peuvent désormais promener leurs regards sur la Syrie et sur toutes les nations environnantes, dans la puissance de leur force. Toutes les nations de la terre sont à leurs pieds. La tour « regarde vers Damas » — la capitale de leur infatigable et puissant ennemi de jadis. « Car la capitale de la Syrie c’est Damas, et le chef de Damas c’est Retsin ». Une tour sur les sommets du Liban a vue sur tout, et est vue par tous. On saura alors que la puissance de Jéhovah-Jésus demeure au milieu de Son peuple bien-aimé. Ce sera là leur suprématie nationale.

Verset 5. « Ta tête est sur toi comme le Carmel » (vers. angl.).

« Carmel », dans l’Écriture, est le type de la fertilité. Il était célèbre pour ses vignes, ses vergers, et son riche herbage. Cette expression : « Ta tête est sur toi », semblerait indiquer un ornement de tête, non la tête du corps. Ce peut être une allusion à une couronne, ou à des rameaux de lauriers entrelacés, représentant « l’excellence du Carmel » et emblème de la fertilité du pays — de l’abondance nationale. Israël est couronné de gratuités. Ils sont bénis de toutes les bénédictions terrestres dans le pays d’Emmanuel. Mais, quelque glorieux que doive être cet état de choses (et il sera glorieux), ce n’est cependant que le contraste, tracé sous l’inspiration divine, des bénédictions de l’Église même pendant qu’elle poursuit son pèlerinage dans ce monde. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Voilà le caractère et la mesure de la bénédiction du chrétien, si on peut la mesurer. Et ici, ô mon âme, note, pour en faire le sujet de tes méditations les plus profondes et les plus élevées, les trois choses mentionnées dans cet admirable verset : 1° « toute bénédiction spirituelle ». Il n’en manque pas une. Et, remarque-le, ce sont des bénédictions spirituelles, adaptées à notre nature nouvelle. 2° « Dans les lieux célestes ». La sphère la plus élevée — les lieux les plus excellents — non pas les lieux terrestres, comme pour Israël dans le pays de Canaan, tout bénis et précieux qu’ils seront. 3° « En Christ » — de la manière la plus bénie et la plus excellente dans laquelle Dieu pouvait les donner. Ici, impossible d’établir aucune comparaison ; nous ne pouvons que nous prosterner et adorer. Oh ! qu’il nous soit donné d’entrer plus pleinement dans ce qui est déjà à nous, en Christ, conformément à l’amour de notre Dieu et Père, afin que nous soyons saints et irrépréhensibles devant Lui dans l’amour.

« Et les cheveux fins de ta tête sont comme de l’écarlate ; le roi est attaché aux galeries ». « L’écarlate » est l’emblème de la royauté. Le regard allant de la magnifique chaussure à la couronne d’épouse, trouve tout parfait. La belle épouse du roi est sans tache. Et les termes de comparaison impliquent l’idée de la véritable grandeur et de la vraie gloire nationales. Le roi est vaincu par tous ses attraits. Il est subjugué, pour ainsi dire, par le charme que tout en elle respire — le charme dont il l’a revêtue. « Elle est toute pleine de gloire au-dedans des palais d’ivoire : son vêtement est semé d’enchâssures d’or ; elle sera présentée au roi en vêtements de broderie ». « Le roi est attaché aux galeries ». Il ne peut quitter sa royale épouse. Amour merveilleux ! Merveilleuse grâce ! Puissions-nous mieux connaître le cœur de Jésus !

« L’Être glorieux et plein de majesté, que la mort et l’enfer étaient impuissants à retenir à toujours, est subjugué par tes grâces irrésistibles et lié comme d’une chaîne qui défie tous les efforts.
Merveilleuse beauté que celle qui entraîne le souverain Maître des cieux, le forçant de s’arrêter et de regarder, tant ses regards sont attirés par tes charmes.
L’énergie de la foi triomphe du roi ; avec quel bonheur ils participent à la victoire, ceux qui dans ses saints parvis le gagnent et l’entraînent, et ensuite ont le pouvoir de le retenir ! »



Verset 6. « Que tu es belle, et que tu es agréable, amour délicieuse ! ».

C’est bien la voix de l’époux, nous n’en saurions douter, que nous entendons ici : elle se révèle dans la profondeur de sentiment et d’intérêt que les paroles de ce verset respirent et que ne présentent pas au même degré celles des cinq versets précédents. D’autres peuvent admirer l’épouse ; mais lui, il prend son plaisir en elle. L’œuvre de sa patiente grâce a eu ce résultat béni qu’elle lui ressemble moralement ; cette ressemblance, il la voit maintenant, et il y prend plaisir. Plus Christ apercevra en nous Sa propre parfaite image, plus Il prendra en nous Ses délices. Cela est nécessairement vrai, et c’est pourtant une vérité qui n’est pas aisément comprise par tous.

Un homme droit ne saurait trouver son plaisir en quelqu’un aux voies obliques, ni un honnête homme dans un homme sans probité. Une personne pure ne saurait avoir communion avec quelqu’un qui l’entraînerait dans toutes les souillures d’un naturel bas et dégradé. Assurément non. L’homme droit ne peut se plaire que dans la droiture ; l’homme honnête, que dans l’honnêteté ; et l’homme pur dans la pureté. De même le Seigneur ne peut trouver Ses délices que dans ce qui reproduit Ses propres perfections morales. Oh ! quelle leçon pratique absolument indispensable tu peux recueillir de ce fait, ô mon âme ! Sous quel rapport, et dans quelle mesure, laisse-moi te le demander, ressembles-tu moralement à Christ ? Pense à Son amour, à Sa sainteté, et à la perfection de toutes Ses voies ; et cherche ensuite — sous quel rapport et dans quelle mesure Il peut voir Sa propre image morale réfléchie pratiquement en toi, et en conséquence jusqu’à quel point Il peut trouver en toi Ses délices. Ne recule pas devant ces solennelles et pénétrantes recherches — demeure dans la lumière — examine bien à sa clarté toutes tes voies pratiques ; et poursuis par dessus tout une parfaite conformité avec Lui qui nous a laissé un exemple afin que nous marchions sur Ses traces. Quelle douceur une âme qui L’aime ne doit-elle pas trouver dans cette parole sortie de Ses lèvres : « Que tu es belle et que tu es agréable, amour délicieuse ! ».

Mais avant de quitter ce sujet, il peut être bon de considérer un moment l’enseignement de l’Écriture sur le précieux sujet de notre privilège d’être un avec Christ, d’être accomplis en Lui, et qui est comme l’autre face du même sujet. Dans la pratique, nous restons infiniment en arrière de Christ ; et néanmoins, en esprit et en vertu de Son œuvre accomplie, nous sommes un avec Lui, comme ressuscité et glorifié. C’est là une vérité glorieuse : est-elle clairement enseignée dans l’Écriture ? Prenez les passages suivants, entre beaucoup d’autres qu’on peut citer. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6, 17). « Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit » (1 Cor. 12, 13). « Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos offenses et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos offenses » (Col. 2, 13). « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8, 1).

La position bénie du croyant en Christ est abondamment enseignée dans l’Écriture ; et la foi ne demande rien de plus que la Parole manifeste de Dieu. Nos propres pensées et nos propres sentiments ne feraient que nous égarer dans ce sujet d’une si grande importance ; et les doutes et les craintes à son égard ne seraient que des doutes à l’égard de la rédemption sur laquelle est basée la vérité de notre unité avec Christ. Étant un avec Lui en tant que ressuscité d’entre les morts et exalté en haut, nous sommes participants avec Lui de la même vie et des mêmes privilèges devant Dieu. Il est nettement déclaré, par exemple, que Christ est notre vie : « Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté ». Si donc on soulève la question de savoir si nous avons la vie éternelle, le croyant peut répliquer en demandant à son tour, si Christ a la vie éternelle, car la Parole de Dieu affirme que Christ est notre vie. Puis, pour ce qui concerne notre unité avec Christ en fait de justice : nous sommes « devenus justice de Dieu en lui ». Quant à l’acceptation, nous sommes « agréables dans le bien-aimé ». Quant à la position, nous sommes « assis ensemble dans les lieux célestes en Christ ». Remarque la forme de l’expression : « En Christ — en Lui », et surtout remarque la richesse des passages suivants. « Or vous êtes de lui dans le Christ Jésus qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice, sanctification et rédemption » (1 Cor. 1, 30). « Et vous êtes accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité » (Col. 2, 10). « En lui », remarque-le, qui est au-dessus « de toute principauté et autorité », même des anges qui n’ont jamais péché.

Il en est, nous le savons, qui parlent de ce caractère céleste de la vérité comme ne renfermant rien de pratique, et quelquefois dans des termes moins dignes encore. Nous pensons que c’est là une grave erreur qui doit conduire à de sérieuses conséquences. Nous croyons fermement, au contraire, que la pleine assurance du chrétien, touchant le pardon, la justification, la paix, l’acceptation, sera en proportion de la clarté de son intelligence, et de la mesure de sa jouissance, de ces vérités-là, telles qu’elles sont enseignées dans la Parole de Dieu. Le salut n’est rien que le passage de la mort à la vie. Où suis-je donc, que suis-je, si la mort est derrière moi ? Associés avec un Christ ressuscité, et éternellement un avec Lui, « nous sommes membres de son corps ». De même que la main et le pied, l’œil et l’oreille, sont renfermés dans l’homme, de même le croyant est renfermé en Christ.

Bien loin qu’il n’y ait rien de pratique dans ce caractère de la vérité, nous n’hésitons pas à dire que notre ressemblance avec Christ maintenant sera proportionnée à notre connaissance de Lui comme notre tête exaltée dans le ciel, et à notre communion avec Lui dans cette position. Qu’est-ce qui fit de Paul un homme aux pensées et aux affections tellement célestes ? N’est-ce pas son regard fixé sur Christ dans la gloire et son cœur qui soupirait si ardemment après Lui, là ? « Je fais une chose », disait-il. Christ dans le ciel, voilà « la chose » qu’il avait toujours devant son âme. C’est cela, et cela seul, qui produira sur la terre ce en quoi Christ trouve Ses délices — Sa propre image morale réfléchie en nous. Sachant cela, puissions-nous nous proposer continuellement le Seigneur devant nous, et chercher toujours à pratiquer les choses qui Lui sont agréables.

Mais au milieu de tous nos manquements, il est consolant de savoir que, au jour prochain de Sa gloire, Il sera environné de ce qu’Il aime et en quoi Il se réjouit. Alors les saints célestes seront transformés à la ressemblance de Son corps glorieux — changés dans la même image. « Nous savons que, lorsqu’il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ». Et alors aussi, d’Israël comme nation sur la terre, il sera dit : « On ne te nommera plus la délaissée, et on ne nommera plus ta terre, la désolation ; mais on t’appellera Hephtsibah (c’est-à-dire, mon bon plaisir en elle), et ta terre Beulah (c’est-à-dire, la mariée) ; car l’Éternel prendra son bon plaisir en toi, et ta terre aura un mari » (És. 62, 4). Seigneur, hâte cela en ton temps, pour l’amour de ton nom !

Verset 7. « Ta taille est semblable au palmier, et tes mamelles à des grappes ».

Le « palmier » et ses « grappes » peuvent être considérés comme les emblèmes de la victoire et de la maturité, de la droiture et de la fertilité. Il est souvent fait mention du palmier dans toute l’Écriture, et, il est appliqué comme symbole d’une manière diverse. Quant à sa forme naturelle, son tronc est élancé, mais gracieux, droit et élevé, type de la droiture. « Ils sont droits comme le palmier ». Quoique sous une forte pression, ou abaissé pour un temps vers la terre par des liens, il se refuse à croître tortu et recouvre bientôt sa forme perpendiculaire. Image merveilleuse de la longue pression qui a pesé sur les Juifs, et de la manière dont ils lèveront de nouveau la tête. Ses feuilles et son fruit croissent au sommet de l’arbre en riches grappes, et ont la forme d’une couronne ou d’un dais. Quelques espèces s’élèvent à une telle hauteur, qu’il n’est pas facile d’atteindre le fruit, le tronc étant dépourvu de branches. C’est à cette circonstance-là que fait peut-être allusion le verset suivant : « J’ai dit, je monterai sur le palmier, et j’empoignerai ses branches ». Les fruits de l’Esprit n’échappent jamais au Seigneur. Il recueille et apprécie les faits de la grâce dans les siens. On dit que cet arbre est le signe certain de la présence de l’eau dans le désert — qu’il se trouve toujours dans son voisinage de fraîches sources d’eau, de sorte que rien n’est aussi agréable que le palmier aux yeux du voyageur brûlé par une soif ardente. Ce détail historique est fort intéressant et suggère bien des pensées ; il me semble en outre s’accorder avec l’Écriture. « Puis ils vinrent à Élim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante-dix palmiers, et ils se campèrent là auprès des eaux » (Ex. 15, 27).

Il est aussi fait souvent allusion dans l’Écriture aux branches de palmier comme emblème de la victoire. Elles étaient pour les Juifs le signe de la fête des tabernacles, période de grande réjouissance en Israël. « Et au premier jour vous prendrez du fruit d’un bel arbre, des branches de palmier et des rameaux d’arbres branchus, et des saules de rivière, et vous vous réjouirez pendant sept jours devant l’Éternel votre Dieu » (Lév. 23, 40). La multitude innombrable que, dans sa vision, Jean vit devant le trône et l’Agneau étaient « vêtus de longues robes blanches, et avaient des palmes dans leurs mains ». Bien des pensées relatives au passé, au présent, et à l’avenir de l’histoire d’Israël, se présentent à l’esprit, à mesure que nous méditons sur toutes ces images, mais nous devons nous borner maintenant à en faire une application rapide.

La belle épouse du roi a atteint maintenant sa majorité morale. Vérité bénie ! La grâce a triomphé ! Elle est parfaite aux yeux de l’époux — elle est les délices de son cœur — elle est le reflet de lui-même. La prière est exaucée et la promesse accomplie : « Que la beauté de l’Éternel notre Dieu soit sur nous » (vers. angl. du psaume 90) « Les justes fleuriront comme le palmier ». De plus, la fête des tabernacles est venue ! Elle agite ses palmes de victoire — sa joie est au comble : élevée et droite comme le palmier avec sa luxuriante couronne, et les eaux vives qui jaillissent de ses racines ; humble, faible et dépendante, telle que la vigne s’attachant toutefois au Puissant et portant beaucoup de fruit à sa gloire : le plus aimable des emblèmes de l’humble conduite de l’homme et de la fertilité abondante, fruit de la confiance en Dieu — de la demeure dans le vrai cep. « Car, quand je suis faible, alors je suis fort ». Mais elle est aussi embaumée comme le pommier — l’emblème de prédilection du bien-aimé ; elle répand de tout côté les doux parfums de son nom.

Il semblerait d’après le verset neuvième que maintenant l’époux se repose dans les charmes de son épouse. Son cœur est en repos. Vérité merveilleuse ! Il voit en elle le fruit du travail de son âme et il est rassasié ; les désirs de son cœur sont satisfaits. Quel amour ! Quelle grâce ! Quelle bénédiction ! Heureuse épouse ! Heureux Israël ! Parfaitement, et pour toujours restauré, l’Éternel ton Dieu se repose en toi. Il est ranimé, rafraîchi, et réjoui par « le meilleur vin » que tu as préparé pour ton bien-aimé, « faisant parler les lèvres de ceux qui sont endormis ». Et s’il restait encore dans l’esprit de mon lecteur le plus léger doute sur le plein, l’heureux et glorieux rétablissement des Juifs, qu’il lise attentivement la magnifique prophétie qui suit : il n’est assurément personne qui doute qu’elle soit encore inaccomplie. « Réjouis-toi avec chant de triomphe, fille de Sion, jette des cris de réjouissance, ô Israël ! Réjouis-toi et t’égaie de tout ton cœur, fille de Jérusalem ! L’Éternel a aboli ta condamnation, il a éloigné ton ennemi ; le Roi d’Israël, l’Éternel est au milieu de toi ; tu ne sentiras plus de mal. En ce temps-là, on dira à Jérusalem : Ne crains point, Sion, que tes mains ne soient point lâches. L’Éternel ton Dieu est au milieu de toi ; le Puissant te délivrera. Il se réjouira à cause de toi d’une grande joie, il se taira à cause de son amour, et il s’égaiera à cause de toi avec chant de triomphe » (Soph. 3, 14-17).

Verset 10. « Je suis à mon bien-aimé et son désir est vers moi ».

C’est là, nous pouvons véritablement le dire, la note la plus élevée du Cantique des cantiques. Et toutefois, pouvons-nous dire avec autant de vérité, elle en est aussi la plus humble. Maintenant, l’âme en a fini avec elle-même, et est entièrement occupée de Christ. Ses paroles sont l’expression de l’intelligence la plus élevée de Christ, de la manière la plus parfaite de Le saisir : « Son désir est vers moi » — il prend en moi ses délices. En conséquence, le moi est perdu de vue. La grâce a accompli son œuvre parfaite — l’âme est établie dans la grâce.

C’est là la perfection de la beauté dans les saints du Seigneur, et toujours ce en quoi Il prend Son plaisir. Aussi longtemps qu’une âme est sous la loi, elle n’atteint jamais cette position de confiance, de repos, de paix et de joie. Elle ne fait jamais entendre une note aussi élevée. N’importe qui, où, et quand, il faut que l’âme qui est sous la loi soit troublée par des doutes et par des craintes. Non que la loi ne soit pas bonne ; mais il nous est impossible de la garder, et nous ne pouvons pas rester ici toujours car nous devons quitter ce monde ; alors s’élève la solennelle question : Qu’adviendra-t-il de moi devant le tribunal ? Et un sombre nuage s’étend sur l’avenir. L’âme troublée ne croit point, quoique ce soit clairement écrit, que par la « grâce, par la foi, elle a la vie éternelle, et qu’elle ne viendra point en jugement, mais est passée de la mort à la vie » (Jean 5, 24).

La grâce seule peut amener l’âme à cet heureux état, cet état béni. La loi ne le peut jamais, parce qu’elle condamne ceux qui l’enfreignent, et qu’elle ne montre point de miséricorde. En outre, si j’éprouve maintenant de la crainte, j’éprouve du tourment. Mais « l’amour parfait chasse la crainte, car la crainte porte avec elle du tourment. Celui qui craint n’est pas consommé dans l’amour ». Cet « amour parfait » s’exprime dans la grâce parfaite, et la grâce seule établit l’âme dans l’amour parfait de notre Seigneur Jésus Christ, et dans l’œuvre parfaite qu’Il a accomplie pour nous. Israël chanta les louanges de Dieu sur le bord de la mer Rouge qui était du côté de Canaan, où tout n’était que grâce sans mélange d’aucun reproche dans leur complète rédemption. Mais au pied du Sinaï, où retentissaient les tonnerres de la loi, il n’y eut pas de chant : tout était tremblement et terreur. Depuis lors, Israël a été constamment sous la loi, et doit y être jusqu’à ce que leur Messie vienne de nouveau. En même temps, nous savons, cela va sans dire, que ceux qui aujourd’hui se repentent et croient en Jésus, abandonnent leur terrain juif, et deviennent membres de l’Église de Dieu — du corps de Christ, et sont introduits dans tous les privilèges et toutes les bénédictions d’un salut actuel.

La condition des Juifs comme tels, et spécialement comme ayant mis à mort le Seigneur, nous est présentée d’une manière bien frappante dans le cas du meurtrier sous la loi. Il était tenu de demeurer dans la ville de refuge, jusqu’à ce qu’il y eût un changement dans la sacrificature (Nomb. 35). Dans ce type expressif, nous voyons la pleine délivrance d’Israël lorsque son Messie vient dans Sa gloire de Melchisédec. Il les délivrera alors du joug accablant de la loi sous lequel ils souffrent, ainsi que de la main de tous leurs ennemis. Il viendra aussi au-devant d’eux, conformément à l’ancien type de Genèse 14, et rafraîchira et réjouira leurs cœurs défaillants avec le pain et le vin du royaume. Leurs yeux longtemps aveuglés seront alors ouverts pour voir leur propre Messie et connaître qu’il est tout pour eux ; et ce sera là la consolation, le repos et la joie de leurs cœurs.

C’est là une sorte d’expérience que l’Esprit de prophétie ne présente pas dans le Cantique ; elle ne serait point en harmonie avec le but qu’Il a, qui est de nous donner plutôt les exercices du cœur — les affections. Dans les Psaumes, par exemple, il s’agit principalement des exercices de conscience par lesquels passe le résidu.

Si nous revenons en arrière au chapitre 2, 16, nous voyons l’épouse exprimer la joie de son cœur de ce qu’elle avait trouvé le Messie — de ce qu’elle Le possédait : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ». Au chapitre 6, 3, nous trouvons son expérience considérablement plus élevée. Son cœur goûte une satisfaction à savoir qu’elle lui appartient : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ». Mais dans le verset que nous méditons en ce moment, elle atteint le point le plus élevé de l’expérience d’une âme ; elle se repose dans la bienheureuse assurance que le cœur de son bien-aimé se réjouit en elle : « Je suis à mon bien-aimé et son désir est vers moi ». Tel est l’heureux fruit de la patiente, parfaite grâce du Seigneur ; elle est toute beauté et perfection à Ses yeux — elle est revêtue de tous les attraits de la grâce. Elle le sait, et elle trouve là le parfait repos de son cœur : « Son désir est vers moi ». L’âme ne saurait jamais s’élever plus haut ; elle ne saurait jamais trouver mieux : c’est là trouver toute chose dans l’amour — l’amour immuable de Christ. C’est en cela et en cela seulement, que doit toujours consister la joie la plus profonde du cœur, et sa plus douce paix. Oh ! l’heureux état ! Et que ce puisse être l’état d’un pauvre pécheur sauvé par grâce, et l’être présentement ! Trouver toutes ses sources dans l’amour de Jésus ! Être à même de dire : « Il me connaît parfaitement — Il sait ce que je suis en moi-même, ce que je suis en Lui ; et toutefois, néanmoins, non seulement Il m’aime, mais Il prend Ses délices en moi ». Il n’y a rien au-dessus de cela. Oh ! la merveilleuse vérité ! Arrête-toi ici un moment, dans tes méditations, ô mon âme, et laisse-moi t’adresser ces questions. « Ta harpe a-t-elle jamais été montée au diapason de cette note ? Peux-tu la prendre facilement ? N’est-ce pas en vertu d’un effort que tu y arrives ? Et as-tu appris à t’y arrêter, la faisant vibrer longtemps et à fond ? ». Ce devrait être là la tonique de toutes nos louanges, la condition constante de nos âmes. Notre point de départ dans notre carrière chrétienne, si nous partons bien, c’est la connaissance de l’amour de Jésus, de l’efficace de Son sacrifice, de l’achèvement complet de la rédemption, de la certitude de la gloire. Et avec cela, la louange de Son amour devrait-elle jamais s’affaiblir sur nos lèvres ? Certainement elle devrait devenir de plus en plus forte, à mesure que nous approchons des royaumes brillants de la gloire où le même Jésus et le même amour seront à jamais notre heureux cantique.

Versets 11, 12. « Viens, mon bien-aimé, sortons aux champs, passons la nuit aux villages. Levons-nous dès le matin pour aller aux vignes, et voyons si la vigne est avancée, et si la grappe est formée, et si les grenadiers sont fleuris ; là je te donnerai mes amours ».

Maintenant l’épouse s’adresse à l’époux dans la pleine et heureuse jouissance de sa communion, et de son amour. Aussi quel changement dans le ton et le caractère de ses paroles ! C’est bien différent de tout ce que nous lui avons entendu dire jusqu’ici ; elle ne lui parle que des choses qu’elle sait lui être entièrement agréables. Il y a entre elle et lui unité d’esprit et de cœur. Sa foi a atteint la mesure des pensées et des affections de Christ à son égard. Il en fut de même de David dans la vallée d’Éla (1 Sam. 17). Sa foi s’éleva à la hauteur des pensées et des affections de Dieu envers Son peuple d’Israël, et en conséquence il compta sur Lui. C’est là le vrai fondement de la communion. Le croyant a cela pleinement et parfaitement manifesté en Christ maintenant, et tel devrait être le caractère de sa communion — unité d’esprit et de cœur avec Christ.

L’amour de Jésus envers nous ne consiste pas en paroles seulement ; Il l’a pleinement et parfaitement manifesté. Son œuvre est finie ; et de plus, conformément à la promesse contenue en Jean 14, nous avons le Saint Esprit en nous, en tant qu’individus (1 Cor. 6, 19), et avec nous, en tant qu’assemblée de Dieu (1 Cor. 3, 16, 17). Et n’est-Il pas le témoin, le sceau et le révélateur à nos âmes de l’amour de Jésus et de notre union avec Lui ? Pourquoi donc le ton et le caractère de notre communion seraient-ils au-dessous de toute la volonté de Christ à notre égard ? Mais il se peut que nous contristions le Saint Esprit par notre incrédulité, notre mondanité, et le manque d’amour de nos voies, et notre communion avec Christ perd ainsi le caractère qu’un Esprit non contristé peut seul lui donner. Oh ! veille et prie, ô mon âme, afin que tu puisses vivre, marcher et adorer dans la lumière et la puissance de la présence d’un Saint Esprit non contristé.

L’expression « sortons aux champs, passons la nuit aux villages », etc., me semble indiquer que les bénédictions et les gloires milléniales s’étendent au-delà des limites d’Israël. Les champs et les villages sont hors de la ville. Jérusalem et les villes de Juda, comme formant le centre terrestre de la gloire du Messie, en seront, sans aucun doute, remplies les premières ; mais elle se répandra de ce centre à droite et à gauche, jusqu’à ce que toute la terre soit remplie de la gloire de Christ. Mais ce qu’il y a de particulièrement doux et béni dans la vérité qui nous est ici présentée, c’est que les Juifs sont associés avec leur Messie dans cette vaste extension de la gloire. Ils sont formés l’un pour l’autre ; et ils s’étendent, témoignent, jouissent ensemble, et prennent ensemble leurs délices dans toutes les bénédictions de la terre. Cela me semble parfaitement clair d’après les paroles de l’épouse : « Viens, mon bien-aimé, sortonspassons la nuit — levons-nous dès le matin — voyons si la vigne est avancée », etc. Ils visitent et inspectent, dans une heureuse communion, les champs variés et s’étendant au loin de la gloire milléniale. Puis elle ajoute avec un abandon de cœur qui est tout à fait à sa place en présence du bien-aimé : « Là je te donnerai mes amours ». Son cœur déborde. Il y a maintenant, pour ainsi dire, un excès d’amour. C’est pour cela qu’elle se sert du pluriel, « mes amours ». Un amour immense sans mesure. Ah ! lorsque Christ en est l’objet, notre amour ne saurait être trop ardent ou trop abondant.

L’Église, je n’ai pas besoin de le dire, et tous les saints qui sont ressuscités avec elle seront, avant que tout ceci s’accomplisse, glorifiés avec Christ dans la Jérusalem d’en haut ; car c’est le dessein de Dieu de réunir ensemble tout ce qui est dans le ciel et sur la terre, sous un seul Chef, Christ, qui tiendra également sous Son pouvoir les provinces célestes et les provinces terrestres de Son royaume. Ces provinces seront alors jointes ensemble comme par l’échelle de Jacob. La gloire des saints célestes sera visible à ceux qui seront sur la terre, et même au monde entier. « Afin que le monde connaisse que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jean 17, 23). Et à l’égard de la nouvelle Jérusalem, il est dit : « Et les nations marcheront à sa lumière » (Apoc. 21, 24).

Verset 13. « Les mandragores jettent leur odeur, et à nos portes il y a de toutes sortes de fruits exquis, des fruits nouveaux et des fruits gardés, que je t’ai conservés, ô mon bien-aimé ».

L’heureuse épouse trouve maintenant qu’il y a dans son cœur pour le fils de David, une abondance de fruits précieux, tels que l’amour, la gratitude, la louange et une entière consécration : toute espèce de fruits précieux, vieux et nouveaux. Il y a beaucoup de profondeur et de beauté dans ses dernières paroles : « que je t’ai conservés, ô mon bien-aimé ». Des sentiments d’un caractère entièrement nouveau se sont réveillés dans son âme pour le Seigneur Lui-même, des sentiments comme elle n’en avait jamais éprouvés, et comme elle ne pourrait jamais en éprouver pour un autre. Son cœur si longtemps désolé et stérile est maintenant abondant en fruits et plein de l’amour de son Messie. Il a créé des affections particulières pour Lui-même — des affections qui ont été gardées, pour ainsi dire, pendant toute la période de ses égarements, et gardées pour le Seigneur seul, « que je t’ai gardées, ô mon bien-aimé ».

Chapitre 8

Versets 1, 2. « Plût à Dieu que tu me fusses comme un frère qui a sucé les mamelles de ma mère ! Je t’irais trouver dehors, je te baiserais, et on ne m’en mépriserait point. Je t’amènerais, je t’introduirais dans la maison de ma mère, tu m’enseignerais, et je te ferais boire du vin mixtionné d’aromates, et du moût de mon grenadier ».

Ces versets nous ramènent évidemment en arrière, quant à la position et à l’expérience de l’épouse. Nous nous sommes séparés d’elle à la fin du chapitre 7 au milieu des scènes de la gloire du dernier jour, et dans une heureuse association avec son bien-aimé. Ils étaient ensemble. La sombre nuit de son chagrin était passée avec toutes ses douloureuses expériences, et l’heureux jour de sa gloire était venu avec toute son indicible bénédiction. Mais ici, nous sommes ramenés en arrière au principe même de tous les exercices d’âme par lesquels elle a passé en tendant à ce point-là : savoir le désir ardent de son cœur après une communion sans obstacle et sans réserve avec le Messie, le Roi. Elle soupire après la pleine liberté d’une affection de famille. « Plût à Dieu que tu me fusses comme un frère » ! Ceci répond au commencement de ce livre : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ; car les amours sont plus agréables que le vin ».

Comme on l’a dit, le huitième chapitre est lui-même quelque chose de complet, et récapitule les principes de tout le livre. En l’envisageant à cette lumière, nous ne ferons guère plus que de signaler ce que nous croyons être la marche de l’Esprit dans ce dernier chapitre de notre beau Cantique des cantiques.

Les désirs ardents de l’épouse, tels qu’ils sont exprimés ici par l’Esprit de prophétie, sont aussitôt et pleinement satisfaits. Elle désire la pleine possession de Christ, et d’avoir l’occasion de Lui faire boire du vin mixtionné d’aromates et du moût de son grenadier. Elle sait maintenant que jadis, Il a bu pour ses péchés à elle la coupe amère de la colère de Dieu, et elle désire ardemment Lui présenter une coupe de vin exquis que sa gratitude et son dévouement ont mixtionné pour Lui seul. Et comme l’enfant prodigue à son retour, elle est immédiatement embrassée et repose dans les bras de son bien-aimé. Les filles de Jérusalem sont de nouveau conjurées de ne pas déranger ou réveiller la bien-aimée pendant qu’elle jouit de l’amour de son époux. « Que sa main gauche soit sous ma tête et que sa droite m’embrasse. Je vous conjure, filles de Jérusalem, que vous ne réveilliez point celle que j’aime, que vous ne la réveilliez point jusqu’à ce qu’elle le veuille » (v. 3, 4). Ensuite elle apparaît (v. 5) « montant du désert, mollement appuyée sur son bien-aimé ». Elle est en marche — poursuivant son voyage, vers les radieuses collines de Canaan, dans la dépendance de son bien-aimé et sous l’ombre de ses ailes, l’Égypte et le désert laissés en arrière.

Maintenant l’époux rappelle à l’épouse la source de toute sa bénédiction : « Je t’ai réveillée sous un pommier ». Le « pommier » est l’emblème de Christ Lui-même. « Tel qu’est le pommier entre les arbres d’une forêt, tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes ». C’est de Christ qu’elle tire sa vie divine et toutes les bénédictions qui s’y rattachent. « Je t’ai réveillée sous un pommier » — vivifiée — bénie de toutes les bénédictions terrestres dans un pays glorieux, sous Christ. Il n’est jamais dit que le chrétien a vie et bénédiction sous Christ, mais avec Lui. Cette importante vérité fait ressortir la différence qu’il y a entre la bénédiction juive et la bénédiction chrétienne. Naturellement, c’est de Christ que Juifs et chrétiens tirent leur vie et leur bénédiction, mais il est dit des chrétiens qu’ils sont vivifiés ensemble avec Christ — ressuscités ensemble — et assis ensemble dans les lieux célestes en Christ Jésus » (Éph. 2, 5, 6). Israël, comme tel, appartient à la terre ; nous, en tant que chrétiens, nous appartenons aux « lieux célestes ». Avant la conversion, nous appartenons à la terre ; après, nous appartenons au ciel. C’est là que nos noms sont écrits, et c’est là que maintenant nous sommes assis en Christ.

L’époux rappelle encore à son épouse sa relation avec la nation d’Israël. « Là où ta mère t’a enfantée, là où celle qui t’a conçu t’a enfantée ». Le résidu de la nation dans le cœur duquel la grâce opère, devient l’épouse du grand roi. Elle représente spécialement le résidu de Juda, qui sera à Jérusalem avant que le résidu d’Éphraïm, ou des dix tribus, y soit rassemblé ; mais, en principe, elle représente la nation d’Israël tout entière. Et comme Christ Lui-même naquit de la tribu de Juda, l’Esprit de Dieu sanctionne évidemment l’usage des titres de parenté et l’expression des affections qui leur appartiennent.

Le cœur est saisi d’un sentiment de tristesse et de souffrance quand nous pensons que ceux pour la foi et l’encouragement desquels ces relations sont reconnues, et ces magnifiques scènes décrites, sont encore dans les profondeurs et les ténèbres d’une terrible incrédulité. Le voile est encore sur le cœur d’Israël. Mais l’amour, si magnifiquement décrit dans ces Cantiques, deviendra avant longtemps l’expression fidèle de son expérience. En attendant, le chrétien a le bénéfice de cette révélation merveilleuse de cœurs et de sentiments, le Cantique des cantiques ayant à notre position une application morale bénie.

Le résidu vivifié — l’épouse du Messie dans son caractère de Roi de paix, de roi Salomon — désire maintenant d’être comme un cachet sur son cœur selon un amour qui surpasse toute connaissance.

Versets 6, 7. « Mets-moi comme un cachet sur ton cœur, comme un cachet sur ton bras ; car l’amour est fort comme la mort, et la jalousie est cruelle comme le sépulcre ; leurs embrasements sont des embrasements de feu, et une flamme très véhémente. Beaucoup d’eaux ne pourraient point éteindre cet amour-là, et les fleuves même ne le pourraient pas noyer ; si quelqu’un donnait tous les biens de sa maison pour cet amour, certainement on n’en tiendrait aucun compte ».

Où trouverons-nous un amour comme celui-là ? Uniquement dans le cœur de Jésus. Qu’est-ce qui saisit comme la mort ? Qu’est-ce qui garde comme le sépulcre ? Qu’est-ce qui épargne aussi peu qu’une véhémente flamme ? Rien n’est comparable à l’amour. Quand même quelqu’un offrirait les biens de sa maison pour l’amour, ce serait complètement dédaigné. Beaucoup d’eaux ne sauraient l’éteindre, les fleuves ne sauraient le noyer. Quand l’amour et la mort se sont rencontrés à la croix dans une lutte terrible, l’amour a triomphé, et la mort a été à jamais vaincue.

Le « cachet » sur le « cœur » et le « bras » peuvent faire allusion au pectoral et aux épaulettes de l’éphod que portait le souverain sacrificateur. Les noms des douze tribus d’Israël étaient gravés sur des pierres précieuses « de gravure de cachet » et portés sur le cœur (type de l’affection) et sur l’épaule (type de la force) du souverain sacrificateur, devant l’Éternel. C’est ainsi qu’avant longtemps, l’heureuse épouse sera comme un cachet sur le cœur aimant et le bras puissant de son Seigneur bien-aimé dans Son caractère de souverain Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec.

Versets 8, 9. « Nous avons une petite sœur qui n’a pas encore de mamelles ; que ferons-nous à notre sœur le jour qu’on parlera d’elle ? Si elle est comme une muraille, nous bâtirons sur elle un palais d’argent ; et si elle est comme une porte, nous la renforcerons d’un entablement de cèdre ».

La « petite sœur », nous n’en doutons pas, est une allusion à Éphraïm, ou aux dix tribus longtemps perdues. Leur captivité avait eu lieu avant la naissance de Christ ; de sorte qu’elles ne connaissent rien des exercices d’âme par lesquels Juda, ou les deux tribus, ont passé en rapport avec la naissance, la mort, la résurrection, et le retour du Messie. Mais elles n’en entrent pas moins dans la jouissance des résultats bénis de Sa première venue en grâce, et de Sa seconde venue en gloire. Et elles sont instruites, édifiées et établies dans la doctrine de Christ par Juda, leur sœur plus privilégiée. « Je suis comme une muraille », dit-elle, « et mes mamelles sont comme des tours ; j’ai été alors si favorisée de lui que j’ai trouvé la paix » (v. 10). Elle est forte dans le Seigneur, richement douée, et en pleine faveur avec le roi. L’Israël de Dieu est restauré ! Il y a dans l’Israël de Dieu douze tribus réunies, et non dix et deux divisées.

« Oh ! prie, prie instamment pour l’édification de Jérusalem, et Dieu exaucera les demandes qu’il a inspirées : Dieu exaucera, et de ses désolations lui fera sortir une muraille célèbre — les progrès de sa puissance, ses splendides palais apprendront au monde que Dieu est fidèle, et que sa promesse est sûre ».



Verset 11. « Salomon a eu une vigne en Baal-Hamon, qu’il a donnée à des gardes, et chacun d’eux en doit apporter pour son fruit mille pièces d’argent ».

Le terme « Baal-Hamon » signifie seigneur d’une multitude, et fait allusion évidemment à la multitude des nations — toute la terre, qui forme désormais l’immense vigne du Seigneur de gloire. « La terre appartient à l’Éternel avec tout ce qui est en elle, la terre habitable et ceux qui y habitent » (Ps. 24). Le millénium est arrivé ! La gloire de l’Éternel remplit la terre — tous les cœurs se réjouissent — Jésus règne ; désormais les gardiens de la vigne Lui en apportent un revenu convenable. Toutes choses sont maintenant sous l’œil de Christ et en accord avec les principes de Son gouvernement. Mais pour ce qui est de sa vigne à elle, l’épouse veut que tous ses fruits aillent au roi Salomon, sauf une portion destinée à ceux qui en sont chargés. « Ma vigne qui est à moi, est à mon commandement : ô Salomon, que les mille pièces d’argent soient à toi, et qu’il y en ait deux cents pour les gardes du fruit de la vigne » (v. 12). Tous auront part aux riches dépouilles de la fertile, paisible et heureuse terre milléniale ; mais Christ est le Seigneur de tout.

Et maintenant il s’adresse pour la dernière fois dans ces chants d’amour à sa belle épouse tant privilégiée. « Oh ! toi qui habites dans les jardins, les amis sont attentifs à ta voix ; fais que je l’entende ». Il l’invite à le célébrer. C’est à elle à donner le ton aux amis — à toute la terre. Alors tous les peuples, les tribus, et les langues seront emportés dans la joie universelle et feront retentir leurs ravissants hosannas « depuis une mer jusqu’à l’autre et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre ». La création tout entière est pleine de joie et d’allégresse, et ses chants prolongés et retentissants de louanges et d’actions de grâces parviennent aux oreilles de son roi glorieux. « Fais que je l’entende ».

Verset 14. « Mon bien-aimé, enfuis-toi aussi vite qu’un chevreuil, ou qu’un faon de biche, sur les montagnes de drogues aromatiques ».

Notre délicieux Cantique est fini. Quelle richesse et quelle plénitude renferme sa dernière note. La tendre épouse soupire ardemment après le prompt retour de son Seigneur. Les profondes affections de son âme pour Jésus se révèlent dans l’ardeur avec laquelle elle désire Son apparition glorieuse. Oh ! puissent tous nos cœurs se réunir comme le cœur d’un seul homme, pour se joindre à la profonde, fervente prière de l’épouse, pour qu’Il vienne promptement satisfaire notre besoin de Le voir, d’être avec Lui à jamais, pour qu’Il vienne pour l’enlèvement de l’Église, la gloire d’Israël, et la bénédiction de toute la terre.

« Une prompte et chaleureuse réponse, une réponse d’amour de la harpe sacrée de Sion, à cet ordre d’une bonté si exquise de son Époux qu’elle attend. — Hâte-toi, viens vite ! ô bien-aimé Seigneur ! comme le jeune chevreuil qui s’enfuit avec rapidité, qui ne s’arrête pas pour l’homme — comme le cerf agile qui s’élance d’un seul bond, que ta gloire apparaisse sur les montagnes aromatiques. Hâte-toi ! Viens vite ! ô bien-aimé Seigneur ».



  1. Outre ces réflexions pratiques sur les vents du nord et du midi, remarque aussi, ô mon âme, pour tes méditations ultérieures, la fréquente allusion que font les écrits des prophètes au « roi du nord » et au « roi du midi ». Ces rois, l’un au nord et l’autre au midi de la Palestine, furent souvent mêlés aux événements de la Terre Sainte. Aussi l’Esprit de Dieu nous a-t-Il donné beaucoup d’intéressants détails de leur histoire passée en rapport avec les Juifs (voir Dan. 11). Et touchant l’avenir, Il a écrit, versets 40, 41 : « Et au temps de la fin (vers. angl.) le roi du midi choquera avec lui de ses cornes (avec le roi sans loi, l’Antichrist, qui règne alors dans le pays) ; et le roi de l’aquilon se lèvera contre lui (l’Antichrist) comme une tempête avec des chariots et des gens de cheval, et avec plusieurs navires ; et il (le roi du nord) entrera dans ses terres et les inondera, et passera outre. Et il entrera au pays de noblesse, et plusieurs pays seront ruinés ». Cela, remarque-le, se passera « au temps de la fin », période à laquelle se rapportent surtout les scènes des cantiques, sujet de tes méditations. Un peu auparavant, et la comparaison était empruntée de l’Égypte (chap. 1, 9), puis du désert (3, 6), et maintenant du pays. Alors la longue, ténébreuse, et lugubre nuit de la dispersion d’Israël sera presque finie. Le dernier et puissant roi du nord viendra à sa fin « sur la noble montagne de la sainteté, et personne ne lui donnera du secours ». L’Antichrist et ses alliés seront finalement détruits, Israël pleinement restauré, « et l’Éternel sera seul exalté en ce jour-là ». Jusque-là, quant aux événements extérieurs, nous avons le vent du nord et le vent du midi — l’épreuve et la bénédiction.
  2. L’histoire nous fait connaître une coutume orientale qui jette du jour sur la comparaison que nous trouvons ici. Lorsque la personne aimée persiste à repousser les vœux de celui qui l’aime, celui-ci se dirige durant la nuit vers la maison de son père ou celle où elle demeure. Il suspend des guirlandes de fleurs tout autour de la porte, et en jonche le seuil de fleurs odorantes. Il oint aussi d’huiles parfumées la serrure et la poignée de la porte. Il avoue par là à toute la famille, que son affection, quoique méprisée, est une affection réelle.